Les Poilus Tahitiens.pdf
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Avertissement
La liste des conscrits et des volontaires tahitiens de la Grande Guerre dont l’épopée vous est
rapportée n’est pas exhaustive.
Les patronymes tahitiens peuvent être aussi sujets à erreurs.
Enfin, parmi ces Poilus tahitiens, le visiteur pourra être étonné de découvrir de nombreux
patronymes d’origine française et étrangère et de s’interroger sur le bien-fondé de leur
intégration dans la communauté polynésienne du siècle passé.
Pour répondre, à cette interrogation légitime, est reproduit ce cri du cœur de mon
parent Teriivaea Neuffer.
Mahana maa 18 no Tiunu 2011, I Mataiea
Mataiea, le jeudi 18 Juin 2011.
Faatara no to tatou amui tahiraa
Qui sommes-nous ?
Eiaha te taiva e te mata e …
Loin de moi l’indifférence et le reniement …
Noa atu te rau o to’u mau puna
En complément à mes origines diverses,
Teie ra,
J’affirme ici que :
I to u fanauraa hia mai,
Dès ma naissance,
E nau metua to’u,
J’ai des parents,
E ioa to’u,
Je porte un nom,
E aufau tupuna to’u
E fenua to’u, ei taahiraa avae,
Tei peipei to’u tino,
E reo to’u,
E iho tumu to’u i i taata maohi ai au !
E tiaturi au ite atua, faufaa ora,
E faufaa tupuna atoa !
Je possède un patrimoine et une généalogie,
Mes pieds reposent sur ma terre,
Mon soutien et ma fierté,
Ma langue issue de ma Culture,
Affirme et confirme mon identité Maohi.
Je crois en Dieu, fondement de ma foi,
Complément vivant à mon patrimoine ancestral !
E ere au i te hotu painu, ite overe,
Je ne suis ni un va nu pied, ni un sans domicile fixe,
E taata tumu ra no to’u aia maohi !
Mais un être vivant de ma patrie Maohi !
Te mau tupuna e ! Mauruuru a !
Vers vous mes ancêtres,
je me dois d’être humble et reconnaissant !
Jean-Christophe Teva SHIGETOMI
POILUS TAHITIENS
De la grande guerre, la mémoire polynésienne ne retient aujourd’hui que la citation du Bataillon mixte du Pacifique (BMP) engagé au sein
de la Xème Armée en octobre 1918 à Vesles-et-Caumont. Elle ignore ou méconnait l’épopée des premiers conscrits ou volontaires tahitiens
qui ont gagné le front de France dès la déclaration de guerre.
Dès 1915, des natifs de Tahiti, collégiens ou étudiants sont incorporés et se battent déjà dans les tranchées.
La mémoire tahitienne occulte aussi les autres engagements dans les corps d’armée comme les chasseurs alpins, les zouaves, l’artillerie,
les scaphandriers, les marins, le train et l’aviation. En 1916, une centaine de conscrits et de volontaires tahitiens versés dans l’Armée d’Orient
1sont dirigés sur Salonique, front qui reste encore absent de la mémoire collective nationale laquelle continue à privilégier les théâtres d’opérations
de France, de la Marne, de la Somme et de Verdun. Or, c’est sur ce front d’Orient que l’offensive victorieuse des Alliés en septembre 1918 amènera
l’effondrement de la Triplice avec la demande d’armistice de la Bulgarie suivie de l’Autriche-Hongrie et enfin de l’Allemagne en novembre 1918.
.
Les jardiniers de Salonique auront payé un très lourd tribut à l’effort de guerre sur les fronts macédonien et serbe. L’âpreté des combats conjuguée
à la rigueur du climat, été comme hiver, les maladies et l’éloignement (les permissions sont très rares), feront que les Poilus tahitiens d’Orient vont
connaître malgré l’exotisme apparent de Salonique, une guerre des plus cruelles.
D’aucuns conviendra que l’on peut toujours écrire, développer, compléter ou raconter ce qui n’a pas été dit, et surtout que l’accès
à des documentations inédites permet d’ouvrir de nouveaux chapitres. Des fonds familiaux sont par ailleurs restés inexplorés
comme des documents d’archives publiques.
Enfin, la commémoration du centenaire de la première guerre mondiale a permis, cent ans passés, l’accès et la consultation en ligne des livrets
militaires des Poilus tahitiens conservés par les Archives nationales d’Outre-Mer d’Aix en Provence (A.N.O.M).
Après Tamari’i Volontaires, fasse donc que l’exposition Poilus tahitiens complète ce vaste chantier pour la mémoire
des combattants tahitiens des deux guerres mondiales.
Jean-Christophe Teva SHIGETOMI
Commissaire de l’exposition Poilus tahitiens
Auteur de Tamari’i Volontaires, les Tahitiens dans la seconde guerre mondiale
et de Poilus tahitiens.
Le drame Serbe
Lorsque les troupes allemandes et austro-hongroises occupent la Serbie et l’Albanie, les ordres
supérieurs intiment de façon catégorique aux troupes de la Triplice de ne faire preuve d’aucune
humanité vis à vis de l’armée serbe en déroute et des populations qui les accompagnent.
Les Serbes ont résisté aux Autrichiens pendant plus d’un an. Mais l’intervention des unités allemandes aux côtés
des autrichiens va changer la donne. Le 6 octobre 1915, Belgrade est bombardée. Plus de trente mille obus tombent sur la ville.
Malgré la résistance héroïque du Général Grokovitch, la ville tombe le 9 octobre. Avec l’entrée de la Bulgarie dans la guerre, les Serbes sont
attaqués au nord et à l’ouest. La première armée bulgare passe à l’offensive au nord-est. La seconde armée bulgare l’empêche, au sud, de se
replier et ferme toute intervention de secours des Alliés. Le 23, la ville d’Uskub est prise. La 11ème armée allemande et la 3ème armée autrichienne
sous la conduite d’August Von Mackensen referment la tenaille. La route du Vardar et de Salonique est fermée aux Serbes.
L’armée serbe et les populations civiles qui se sont jointes à elle sont contraintes à la retraite sous peine d’encerclement et de destruction.
La tentative de retraite vers le sud de la Macédoine est un échec. Les Serbes doivent refluer vers l’Ouest, vers l’Albanie dont les sommets sont
déjà enneigés, harcelés par des partisans albanais ou des groupes de brigands. Le froid sévit. Les Serbes affamés et épuisés se replient dans des
conditions extrêmes pour atteindre les rivages de l’Adriatique défendus par leurs alliés italiens qui occupent les deux grands ports de l’Albanie,
Valona et Durazzo. Le 6 janvier, les soldats exténués de l’exode serbe sont embarqués par les navires alliés pour l’île de Corfou et débarquent à
proximité de l’Achilléion, la résidence estivale de l’empereur Guillaume II.
Survivants serbes de l’exode.
Quatre hôpitaux de campagne des services de santé français, soient trois mille
cinq cent lits, accueillent les malades serbes. Parmi eux, le capitaine major
médecin de 1ère classe, Fernand Cassiau qui n’a pas suivi le mouvement de
l’exode serbe et a été évacué par une autre voie.
La citadelle de Corfou investi par les chasseurs alpin.
Collection privée
La Résidence Achilléion à Corfou est transformée en hôpital militaire. L’île de Corfou est occupée dans la nuit du 10 au 11 janvier 1916 par une
force d’occupation constituée du 6ème bataillon de chasseurs français. Le 10 avril, les chasseurs sont relevés par le 10ème bataillon territorial de
zouaves qui étend la défense de Corfou au large de l’île. Parmi ces chasseurs alpins, se trouve Louis, Auguste, Eugène Delfieu né à Taravao de
Tahiti le 29 juin 1884, fils de Louis Delfieu1, un Français d’Alès, directeur de la prison de Papeete et de Nina Atger. Boursier de la colonie, Eugène
a obtenu une licence en lettres et en sciences. Il est professeur de sciences au collège de Menton dans les Alpes-Maritimes quand il est mobilisé
début 1915 et incorporé dans le 6ème Bataillon de Chasseurs alpins. Louis, Auguste, Eugène Delfieu prend part ensuite à labataille de la Somme.
Cité : séparé de sa section, a porté son escouade en avant malgré le tir des mitrailleuses ennemies, a fait des prisonniers. Ce fait d’armes lui vaut le
grade de Sergent et la Croix de Guerre. Le 16 avril 1917, il est grièvement blessé devant Craonne (Aisne), la cuisse droite brisée et les deux mains
trouées par des éclats d’obus, sans compter de nombreuses éraflures au côté droit.
1 La famille Delfieu est bien connue des citadins de Papeete des années 1910-1920. Deux de leurs filles mourront en 1918 de la grippe espagnole. Eugène reste en France après la guerre pour ses soins. Il décède à Menton le 2 mars 1963.
Aux Armes Tahitiens !
Alors que les Balkans s’enflamment, Tahiti festoie. François Cardella, Maire de la ville de Papeete
organise un bal en l’honneur du navire amiral Montcalm croiseur cuirassé
et navire amiral de la flotte française d’Extrême Orient
qui s’est ancré le 10 juillet 1914
dans le port de Papeete.
La Zélée, canonnière de six cent quatre-vingt tonneaux
armée de deux canons de 100 mm, quatre de 65 et six de 37
commandée par le lieutenant de vaisseau Maxime Destremau.
Collection Daniel Palazc.
Photographiés à partir du motu Uta par Lucien Gauthier, à l’écart à droite,
le cuirassé Montcalm ancré dans le port de Papeete et à gauche, la canonnière Zélée.
Le dernier courrier arrivé d’Auckland a bien informé les Établissements français d’Océanie
de l’assassinat de l’archiduc François Ferdinand et de son épouse à Sarajevo mais l’Europe
reste très loin des rivages océaniens. Le 3 août, le Montcalm appareille pour les
îles Sous-le-Vent accompagné de la canonnière Zélée commandée par le lieutenant de vaisseau Maxime Destremau.
La nouvelle que la guerre a éclaté entre l’Allemagne et l’Angleterre leur est apprise à Raiatea par le Talune, cargo assurant la ligne
Auckland-Papeete par Raiatea et Rarotonga. La participation de la France au conflit ne peut être qu’évidente même si elle n’est pas officielle.
Le Montcalm décide de regagner sa base d’Extrême Orient via Nouméa. Le lieutenant de vaisseau Destremau nommé par le gouverneur
commandant des troupes de la colonie organise immédiatement la défense de l’île. Un des deux canons de 100 mm de la Zélée est démonté
et mis en batterie sur le mont Faiere. Les réservistes et territoriaux sont armés. Leurs rangs sont complétés d’un groupe d’intervention cycliste
pour repousser tous débarquements ennemis. Le premier acte de guerre : le 11 août 1914, la Zélée dépêchée à Makatea arraisonne le cargo
allemand Walküre et son équipage de trente-deux hommes dont vingt Allemands qui sont ramenés malgré leurs protestations à Papeete.
Le 1er septembre, le gouverneur proclame que les dépêches reçues
Les pièces de la Canonnière Zélée ont été démontées et mises en batterie : l’un des deux canons de 100 mm
par le courrier d’Australie ont confirmé
a été installé avec ses trente-huit obus sur le mont Faiere. A droite le poste téléphonique.
la guerre avec l’Allemagne.
Collection Daniel Palazc.
Fonds Marcel Barrier
Marcel Barrier
Fonds Marcel Barrier
Les réservistes et territoriaux
A gauche, le Quartier maître Le Quessonec, à droite le Quartier maître Protet ;
1er rang : Tournois, commerçant, Lomel économe à l’hôpital, Gicaud, ouvrier aux Travaux publics, Magaud, idem, Chevrier, infirmier à l’hôpital, Orsini, commis des douanes, Paté idem, Bérard Alphonse, employé,
Pia instituteur, Daugas, employé de commune, Kock, mécanicien, Vernaudon Jules, Roure commis des PTT, Besson employé à la C.F.P.O, Delpit , avocat,
Gentilhomme, horloger, Dufour, homme nature, Vernaudon François, forgeron, Cabouret, comptable ;
2ème rang Fouquet, professeur de violon, Ratier, bourrelier, (?) , Gauthier, photographe, Barrier imprimeur, Ferrand menuisiser, Monard, comptable aux travaux publics, Caillat, magistrat, Fourès, employé,
Cailar, caissier de banque, Gallien, commis des secrétariats généraux ; Gendre idem, Fléjo, agent des douanes, Faugerat, direction de l’enregistrement, Bertaud, interprète, Charles Vernier, pasteur ;
3ème rang entre Cailar et Gallien, l’enseigne de vaisseau Lebreton.
Fonds Marcel Barrier
De gauche à droite, le quartier maître Poudoulec chargé de l’instruction des 32 recrues affectés à la section cycliste
sous les ordres de Lebreton, Loulou Spitz (Ruru), Etienne Jardonnet dit Louba, Marcellin Sage, Théodore Coppenrath dit Piki,
Vernaudon, Léon Rey, Emmanuel Lucas, Jean Hérault, Maurice Langomazino, Henri Cadousteau, Benjamin Drollet,
Emile Juventin, Louis Juventin, Henri Courtet, un sous-officier marinier, et Lebreton.
Fonds Spitz.
Le Bombardement de la Ville de Papeete
Le Gneisenau et le Scharnhorst sont des cuirassés
de onze mille cinq cent tonnes armés de huit canons
de 210, six de 150, vingt de 88, quatre de 37.
Ils sont escortés de petits
croiseurs légers de trois mille
cinq tonneaux armés de
six pièces de 105 et huit de 52 :
l’Emden, le Nüunberg
et le Leipzig.
Collection Daniel Palazc.
Le Gendarme Garet
Courtesy Haynes Garet
Deux grands croiseurs de l’escadre impériale allemande du Pacifique ont quitté la
colonie allemande de Tsing Tao en Chine. Les archipels des Établissements français
de l’Océanie sont sur leur route. Les deux bateaux mouillent à Bora Bora trompant
sur leur nationalité, le gendarme Garet en poste qui leur confirme l’existence d’un
stock permanent de charbon à Tahiti.
Le 22 septembre, les guetteurs tahitiens allument les feux d’alerte. Destremau observe
l’escadre qui s’approche. Les croiseurs Gneisenau et Scharnhorst sont reconnus et
trois salves de 65 sont tirées de la côte pour leur intimer de montrer leur pavillon de
reconnaissance. Les couleurs allemandes sont levées et les cuirassiers allemands se
mettent en ordre de bataille. Destremau donne l’ordre de faire sauter les marques de
la passe. Le feu est mis au dépôt de charbon de Papeete. Les Allemands se résignent
à prendre la passe pensant qu’elle peut être minée et évoluent parallèlement à la côte
pour effectuer trois passes successives ouvrant le feu de leurs pièces de 210 dirigés vers
le mont Faiere et ses batteries qui restent muettes pour ne pas être repérées, puis sur la Zélée restée à quai, qui est touchée et coulée.
Le Walküre est touché à son tour mais il ne coule pas.
Les obus éclatent aussi en centre-ville. Deux quartiers entiers de Papeete sont détruits et brûlent.
Le marché de 1914, ici complètement rasé et en bas, était encore à structures de bois.
Celles-fit furent remplacées en 1927 par une construction métallique.
Le Walküre touché
par des obus,
sombre dans la rade
de Papeete.
Fonds Daniel Palazc
La rue qui sera bâptisée
rue du 22 septembre 1914.
Fonds Daniel Palazc
Le Magasin Leboucher et le Cercle Bougainville
Fonds Daniel Palazc
Maxime Destremeau
On peut situer l’emplacement de
ce bloc détruit, photographié à 15 h,
à la position actuelle de
la Chambre de Commerce.
La cathédrale est vue de profil.
Les premiers coups de
canons allemands
ont provoqué un exode
instantané des
populations qui sont parties se réfugier dans les vallées intérieures. Le gouverneur Fawtier et ses préposés ont
aussi abandonné Papeete avec les fuyards. Seuls sont restés les défenseurs de la ville qui se recroquevillent
tant bien que mal sous les éclats des explosions et la courageuse Jane Drollet pour le maintien des liaisons
téléphoniques entre les principaux postes de défense de l’île.
Destremau a gagné mais sa victoire sera rapidement amère par son discrédit fomenté par le gouverneur Fawtier
qui jouera l’insubordination. Le gouverneur Fawtier doit rapidement retourner à son avantage l’humiliation de
sa fuite de Papeete et ses compassions intéressées pour la protection des intérêts allemands de la colonie.
Destremau plus militaire qu’administrateur civil ne saura se défendre face aux attaques de Fawtier ainsi qu’aux
interrogatoires de l’amiral Huguet revenu à Tahiti. Relevé de ses fonctions, Destremau quitte Tahiti sur le Montcalm.
Il retrouve sa famille en France mais très affecté par la sanction, Maxime Destremau décède trois mois après son
arrivé. Il faudra attendre l’intervention de l’administrateur Mercadet qui est désavoué à son tour par le gouverneur
Fawtier pour que Maxime Destremau soit réhabilité comme le vrai responsable de la défense de Papeete
ce 22 septembre 1914. La guerre est venue jusqu’à Tahiti, les Tahitiens iront désormais
à elle sur les fronts de France et de Salonique.
Fonds Raoul Cere
Fonds Marcel Barrier
LES INTERNÉS ALLEMANDS
DANS LES ÉTABLISSEMENTS FRANÇAIS DE L’OCÉANIE PENDANT LA GRANDE GUERRE.
A la veille de la première guerre mondiale, les Établissement français de l’Océanie recensent dans leurs îles une quarantaine de nationaux austro-allemands.
L’économie locale est pour beaucoup allemande. Dès que la déclaration de guerre est connue, des mesures de sûreté sont prises à l’encontre des nationaux réputés
allemands et leurs biens sont confisqués. La canonnière Zélée procède au rapatriement de nationaux allemands résidant dans les îles. Fin août 1914, tous les
recensés sont internés. Le capitaine Ludwig Westphal officier de bord du cargo allemand Walküre capturé à Makatea avec son équipage de trente-deux hommes
dont une vingtaine d’Allemands et un Autrichien ont été aussi ramenés à Tahiti. Leurs conditions de détention sont cependant assez
souples. Logés à la prison de Tipaerui, ils restent comme les autres internés, totalement libres de leurs mouvements dans la journée. Ils
seront ensuite détenus sur l’ilot du Lazaret à Motu Uta. Mais, la nuit venue, ils s’en échappent avec la complaisance de leurs gardiens
tahitiens au grand dam de Maxime Destremau, commandant d’armes de la garnison de Papeete. Destremau dénoncera
avec véhémence les tolérances du gouverneur Fawtier. En 1916, le Ministère des Colonies ordonne le déplacement des
Camp de l’île de Somes
en Nouvelle-Zélande.
E.F.O de tous les nationaux allemands des E.F.O pour leur internement en France. Ils sont embarqués sur le vapeur
néo-zélandais Moana à destination de Wellington en Nouvelle-Zélande. Le groupe de déportés comprend une femme
et quatre enfants dont trois enfants de souche polynésienne et de nationalité française. Les trente-huit prisonniers
allemands sont provisoirement détenus à leur arrivée en Nouvelle Zélande dans l’île de Somes située en face de
Wellington. Ils sont ensuite dirigés sur Sydney que doit toucher le vapeur Gange, parti de Nouméa le 3 décembre
1916, avec à son bord le troisième contingent du Bataillon mixte du pacifique. A son escale à
Sydney, les prisonniers allemands sont embarqués et arrivent à Marseille, le 11 février 1917.
Les déportés des E.F.O sont alors dirigés vers l’un des soixante de camps d’internement ouverts
à l’intérieur des terres. Les Allemands venus des E.F.O sont internés pour la plupart sur l’ile
de Sainte- Marguerite située en face de Cannes. Les familles, cas d’Adolphe Stein et ses trois enfants, sont détenus dans le camp de
concentration de Garaison, tel qu’il s’est lui-même défini comme « camp de concentration » par les
timbres de ses papiers administratifs. Il est en fait, totalement éloigné de la notion de camp
de concentration nazi. Lors de la défaite de Caporetto en Italie, les Allemands détenus dans
la forteresse de Sainte- Marguerite, cas des cinq frères Neuffer, sont dirigés sur la Corse pour
être internés dans le couvent de Corbara. En juillet 1918, les Neuffer transitent par le camp
de Saint-Rémy de Provence avant d’être dirigés, conformément aux Accords de Berne, vers la
Suisse pour être libérés. En 1921, seuls Johan Georg Neuffer et son frère Christian reviennent à
Uturoa. Ils seront naturalisés français en 1930.
Fonds Stein
Groupe d’Allemands retenus au Lazaret de Motu Uta.
Au-dessus, photos d’identité des frères Neuffer,
de gauche à droite, Wilhem Lubeck, Christian, Fritz et Johann Georg.
Dès 1915, avant même le départ des premiers contingents de conscrits tahitiens, des fils de souches polynésiennes demies, des natifs de Tahiti,
collégiens ou étudiants, volontaires ou incorporés en France se battent déjà dans les tranchées.
Marcel Fléjo est incorporé dans le 21ème Régiment d’infanterie coloniale puis devenu aspirant est versé au 1er régiment de zouaves.
Il est grièvement blessé le 16 juin 1915 ;
Albert Claude Octave Matohi Guillot est engagé volontaire dans le 19ème bataillon de chasseurs alpins. Il est porté disparu le 21 juin 1915
à Notre Dame de Lorette ;
Adrien Lepage de la classe 1914 est incorporé à Nantes en mars 1915 et versé au 113ème Régiment d’infanterie, le 23 mars 1915. Adrien, Simon,
Jean-Baptiste Lepage est né le 16 octobre 1894 à Papeete. Il est le fils de Sébastien Cyprien Lepage, négociant et de Marie Céline Amiot.
Il est nommé caporal, le 14 juillet 1915 et affecté au 57ème Bataillon de chasseurs alpins. Il est nommé Sergent, le 1er février 1916.
Le jeune sergent tahitien est titulaire de trois citations dont : S’est offert volontairement pour faire une patrouille et avoir des prisonniers.
Est revenu avec deux prisonniers sans avoir éprouvé la moindre perte. Déjà cité deux fois, sergent de sang-froid et de courage s’est présenté
comme volontaire pour faire sauter un poste de mitrailleuse ennemie qui gênait les opérations de relève.
A réussi dans sa mission et a ramené un prisonnier. Sergent dévoué montrant le plus grand mépris de la mort.
Pierre Alphonse Bernière sert au 21ème d’Infanterie coloniale. Il est grièvement blessé le 25 septembre 1915
lors de la grande offensive de Champagne.
Cyrille, Marie Dauphin, né le 19 août 1895 à Huahine, aux Iles Sous le Vent, de la classe 1915 est affecté au 2ème régiment du Génie
comme 2ème sapeur le 5 février 1915. Il passe au 19ème bataillon du Génie le 31 mai 1915 pour être engagé en Belgique.
Blessé et évacué le 18 juillet 1918.
Edouard William Tetuanui Ahnne, étudiant en chirurgie dentaire en Europe s’est engagé au 35ème de ligne de Besançon.
Léonce Rodolphe Brault junior s’est enrôlé dans la cavalerie puis est versé dans l’artillerie. Il est gazé à Verdun.
Le médecin Fernand Cassiau a embarqué avec l’autorisation du gouverneur le 30 août 1914 pour Marseille pour s’engager à
quarante-trois ans. Il a été versé au 117ème régiment d’infanterie territoriale. Il arrive au corps en novembre 1914. Le 117ème Régiment
d’infanterie territoriale occupe les Grandes Loges en Champagne depuis que le front s’est stabilisé après la guerre de mouvements et s’est enterré. Cassiau décrit les réseaux et la vie dans les tranchées :
Je voudrais avoir la plume d’un peintre pour te décrire ce que sont nos tranchées puis la pénible vie qu’on y mène. Imagine toi que depuis la mer du nord jusqu’à la Suisse, en suivant une ligne brisée sur environ
quatre cent mètres, existent des réseaux de tranchées presque incroyables. Sur trois rangées séparées l’une de l’autre de cent à deux cent mètres et dans des positions tactiques déterminées sont
des canaux profonds d’un mètre quarante environ. La terre qui a été retirée a été jetée des deux côtés augmentant ainsi la profondeur et formant comme une protection pour
la tête des hommes qui sont debout nuits et jours dans ces excavations. Au-dessus de ces protections ont été aménagées, de distance en distance des trous
Pierre Alphonse Bernière.
bordés de sacs de terre et qui constituent de véritables créneaux de quinze à vingt centimètres de côté par lesquels passent les Lebel pointés dans la
direction de l’ennemi, qui de son côté est réfugié dans des tranchées analogues avec les mêmes dispositifs de créneaux, de protections et autres,
et comme nous constamment à l’affût.(…) Cette longue, longue ligne de tranchées est divisée en régions qui sont réparties en secteurs et en
sous-secteurs, avec des chefs ou des commandements spéciaux pour chaque élément, car toutes les armes y sont représentées (…)
une série interminable de régiments d’infanterie depuis la Suisse à la Belgique, avec toutes les troupes de compléments et d’autres qui
doivent entrer ensemble en action le moment venu ou convenu.
La vie dans les tranchés. Cassiau la décrit : Occupation des tranchées avec le 100ème Régiment d’infanterie et les détachements de toutes
les autres armes pour quatre jours car la vie dans les tranchées est épouvantable. Les tranchées sont insuffisamment hautes,
les hommes doivent se courber. Un homme a reçu une balle entre les deux yeux en observant à l’extérieur. Il y a trois rangées de
tranchées distantes l’une de l’autre de deux à trois cent mètres et reliées entre elles par un boyau creux tortueux. La 1ère tranchée n’est
qu’à cent mètres de la première tranchée ennemie. Les mouvements et le ravitaillement ne peuvent se faire que la nuit sans la moindre
lumière. (…) Une humidité malsaine nous étreint les jambes tandis qu’un air glacial nous paralyse la tête.
Pauvres hommes de trente à quarante-quatre ans qui sont soumis aux plus extrêmes rigueurs physiques
et atmosphériques. Je gèle moi-même (…) je n’avais jamais autrefois souffert du froid.
Dans une lettre datée de décembre 1915, Cassiau raconte : Nous sommes rentrés des tranchées
neuf jours après au lieu de sept sans quitter nos vêtements à cause de la prolongation de l’action
engagée le 20 dans notre région. Cette action coûta la vie à deux mille huit cent dix hommes de
nos troupes de couleur (marocains et sénégalais). Notre régiment envoyé vers Merrehauld a aussi
eu des pertes. Le capitaine Jacquemin a eu la poitrine traversée par une balle, le sous-lieutenant
Lamolassi blessé, l’adjudant Jullian et sept hommes ont été tués.
Traqués par l’ennemi, les territoriaux défendirent chèrement leur peau à la baïonnette malgré
le fait qu’ils soient des pères de familles de plus de quarante ans.
AUX TRANCHÉES
1 Les sorties se font par
des échelles et au
pas de courses
2 Le peu de profondeur
des tranchées impose
aux observateurs l’emploi
d’un périscope
1
3 Des caisses de munitions
sont disposées à divers
points de la tranchée
4 Le « gourbi »,
abri sommaire, creusé
dans la hauteur du mur
5 Observatoire élevé,
brièvement occupé
car très exposé
2
Fonds Meuel
Fonds Palazc
5
3
4
LA CONSCRIPTION
Par ordre du 12 octobre 1914, ont été appelés sous les drapeaux les hommes des classes 1913
et 1914 résidant à Tahiti. Par ordre du 19 février 1915, sont mobilisés et appelés sous les drapeaux les
hommes des classes 1909 à 1899. Par ordre du 25 février 1915, sont appelés sous les drapeaux les hommes des classes
1915 et 1916. Mais pour des raisons variées, à cause des problèmes de transport, et parce que le ministère des Colonies en métropole
freine l’envoi de soldats, le gouverneur Fawtier supprime le 21 septembre tous les actes relatifs à la
mobilisation dans la colonie. Cette décision implique que sont renvoyés dans leurs foyers tous les
hommes de détachement local composant la compagnie dite des recrues, les engagés volontaires
pour la durée de la guerre, les hommes de toutes les classes appartenant soit à la réserve de l’armée
active, soit à l’armée territoriale, ou à la réserve de l’armée territoriale. Mais fin 1915, début 1916, le
besoin de soldats sur les fronts allant croissant et l’arrivée du gouverneur Julien à Tahiti, entraîne
la reprise à compter du 28 décembre 1915 de la conscription et de l’appel aux volontaires. Les
Ordre d’appel de Marcel Barrier
engagements volontaires sont autorisés. Les administrateurs des Iles Sous-le-Vent, des Tuamotu,
Les classes actives sont mobilisées et appelées sous les drapeaux.
des
Marquises,
de
Rurutu
et
de
Rimatara
sont
saisis
le
3
janvier
1916
pour
la
mise
en
œuvre
des
Les engagements volontaires sont autorisés.
mesures d’appel de classes de l’active et de la réserve. Les chefs de districts ont reçu des imprimés
avec des mentions spéciales en tahitien. Par décision du 20 mars, il est prescrit que les jeunes gens
des classes 1915 et 1916 seront dirigés sur Nouméa. Seuls sont incorporés les hommes reconnus aptes à faire campagne en Europe mais ils sont mis en sursis de départ ou en permission jusqu’à
ce que la colonie soit en mesure d’organiser leur transport jusqu’à Nouméa. Peu de réfractaires sont recensés. Certains appelés tentent parfois d’être démobilisés, sans succès. La mobilisation
vide cependant les districts en hommes valides. Elle est dénoncée comme préjudiciable à l’économie de l‘île par le Prince Teriihinoiatua Pomare ainsi que le chef Tati Salmon. La conscription
s’applique tout autant aux natifs français des Etablissements français de l’Océanie qui ne résident pas dans la Colonie. Ainsi, les jeunes Alphonse, Alexandre, Maurice Vidal, Georges Sage et les
deux frères Dexter résidents à Auckland sont mobilisés.
Fonds Marcel Barrier
Fonds Tony Bambridge
Conscrits Tahitiens.
Fonds Tony Bambridge
Le Prince Teriihinoiatua
Pomare
Fonds Tony Bambridge
LES MANIFESTATIONS PATRIOTIQUES DE LA COLONIE
Dès le début de la guerre, la Colonie des E.F.O s’est mobilisée. Des quêtes et de nombreuses soirées philanthropiques
sont organisées pour améliorer l’ordinaire des soldats tahitiens par l’envoi de colis. Divers comités de soutien se
sont créés pour collecter des fonds permettant d’offrir aux hommes mobilisés des vêtements et du tabac.
Les Enfants patriotes de la Colonie.
Fonds Chapman.
De gauche à droite Mlles Orsini, Chéchillot, Frogier, Léonie Copprenrath, Poma, Dupond, Villierme Pauline Copprenrath. En arrière-plan, la princesse Tekau Pomare Vedel.
Fonds Marcel Barrier.
Le Sontay
gagne ensuite Fremantle, port de la côte ouest de l’Australie puis Colombo, Aden, le canal de Suez et entre en mer Méditerranée. Après soixante-quatre jours
de mer, le Sontay accoste à Marseille. Les Tahitiens quittent Marseille en train pour Lyon puis Saint-Maurice de Gourdans et le camp de Valbonne pour leur instruction militaire avant de monter
au front. Ils sont versés au 5ème colonial. Francis Brault a choisi l’Armée d’Orient. Le 21 février 1916, le 5ème colonial relève dans le secteur de Canny-sur-Matz le 139ème Régiment d’infanterie et occupe
les tranchées. Elie Juventin est blessé le 3 avril 1916 à Lassigny. Le 2 septembre, le 5ème colonial relève en ligne le 6ème régiment d’infanterie coloniale dans le secteur de Belloy en Santerre et Barleux.
Les océaniens du Sontay
traversent les quais de Marseille.
Fonds Felix Vautrin
Camp de prisonniers français.
Le 4 septembre à 14 heures, le 1er bataillon du 5ème Régiment d’infanterie coloniale monte à l’assaut
des tranchées ennemies, s’empare de la première ligne, la dépasse pour atteindre la route
Berny-Barleux. L’ennemi en déroute se replie mais rapidement se ressaisit.
En milieu d’après-midi, l’ennemi contre-attaque.
Leurs tirs de mitrailleuses causent des pertes énormes
aux troupes françaises avancées qui reçoivent un
ordre de repli sur la ligne de départ.
Le lendemain, 5 septembre,
une nouvelle attaque est
ordonnée pour rétablir
la liaison avec le
Les tentes du camp de Valbonne.
6ème Régiment
colonial. Les unités engagées sont accueillies par une vive résistance
ennemie. La première ligne allemande est réoccupée.
Le 6 septembre, le Régiment est relevé par le 57ème colonial qui se
porte au camp de Marly pour se reconstituer.
Pendant ces journées des 4 et 5 septembre, le caporal Joseph
Quesnot, mitrailleur a gagné une seconde citation à l’ordre
de la brigade. Une balle a atteint le frère Marcel le blessant
grièvement. Il est évacué sur Paris avant d’être transféré à
l’hôpital de Pau dans les Basses-Pyrénées.
Le 2ème classe François Vincent est porté disparu.
Fait prisonnier, interné à Munster en Westphalie
(Allemagne), il décède de ses blessures
le 23 septembre 1916. Le 2ème classe Gaston Largeteau
a été tué le 5 septembre au sud-ouest de Barleux.
Les survivants du Saint François rejoignent d’autres
régiments. Marcel Bonnet est permissionnaire à
Tahiti avant d’être dirigé sur les fronts de Tunisie puis
de Salonique. Elie Juventin est affecté au Bataillon mixte
du Pacifique le 31 août 1917 où il retrouve ses frères d’armes
tahitiens. Joseph Quesnot bénéficie d’une longue permission à Tahiti.
Fonds Doucet. Courtesy Gérard Doucet
Repas à bord
Archives de Nouvelle-Calédonie
Le sergent Joseph Quesnot.
Année 1917. Son col arbore
son grade, son unité, le 5ème Colonial,
la Croix de guerre avec
deux étoiles de bronze
indique deux citations à l’ordre
de la brigade. Sur le bas de manche,
deux années de guerre et plus haut
l’écusson des mitrailleurs.
Fonds Quesnot.Courtesy Vatea Quesnot
Les Conscrits du Saint-François
Le 21 mars 1915, neuf conscrits des Établissements français de l’Océanie embarquent sur le vapeur Saint-François
de la compagnie Ballande de Nouméa pour le front de France via la Nouvelle-Calédonie : Joseph Quesnot, Elie Juventin,
Paul Louis Manaore Bouzer,
Paul Bouzer, Gaston Verhaegue, le frère Louis Georges Marcel, François Vincent, Gaston Largeteau, Marcel Bonnet et
dit Titi, appelé de la classe
un certain Salomon.
1916, embarqué sur le vapeur
Saint-François ne sera pas du
Georges Louis dit Frère Marcel né le 3 avril 1895 à Guerche de Bretagne dans l’Ille-et-Vilaine est arrivé à Tahiti
premier contingent océanien
parti de Nouméa sur le Sontay.
le 15 mars 1914. Il est appelé le 20 mars 1916. Joseph Georges Alphonse Quesnot, est né le 27 septembre 1885
Il gagnera Marseille avec des
à Béziers dans l’Hérault. Il suit des études de commerce, d’industrie et d’agriculture à Grenoble à l’école Vaucanson
éléments du Bataillon mixte du
pacifique sur le vapeur El Kantara
avant de gagner Tahiti où son père est un ancien commissaire de police. Elie François Tetuanui Juventin,
le 10 novembre 1917.
né le 27 avril 1895 à Papeete est le fils de feu Samuel Elie Theodore Juventin (1858-1911) et de Sophie Natuaivaea
Vaitura Poroi (1867-1931). A la déclaration de guerre, Elie est typographe de métier dans l’imprimerie du gouvernement.
L’Imprimerie Juventin ne sera créée qu’en 1924. Marcel Antoine Bonnet né le 8 septembre 1895 à Papeete est le fils de Léonard et de Marie
Yvonne Salou. François Teriimana Vincent est un des fils du notaire Gustave Pierre César Vincent. Gaston Largeteau est né le
20 août 1895, à Paris dans le 17ème arrondissement, fils de René Largeteau employé de l’administration coloniale et d’Amélie Liais.
Gaston Verhaegue est venu de France, certainement natif de Dunkerque. Paul Louis Manaore Bouzer, dit Titi,
est le fils de Charles Auguste Bouzer venu à Tahiti en 1885 pour exercer comme imprimeur relieur
et de Turia Vahirua a Terorotua.
La foule salue le contingent
Un Salomon Williams, fils d’un anglais originaire de Grimsby et de mère tahitienne, né en Australie le
embarqué sur le Sontay.
17 septembre 1896 séjourne adolescent à Tahiti où il est scolarisé de 1903 à 1911. Marin, il sera interné
comme prisonnier de guerre à la prison de Ruhleben, à Berlin.
Lors de son internement, des chants furent enregistrés par des
anthropologues intéressés de connaître les langues du Pacifique.
Ainsi, les bandes enregistrées de l’Université de Humboldt à Berlin contiennent
la voix de Salomon qui s’exprime conjointement en langue samoane et tahitienne.
Pierre Alphonse Bernière.
Les Tahitiens quittent Nouméa sur le Sontay le 23 avril 1915 pour toucher Sydney cinq jours plus tard.
Paul Bouzer embarquera sur le Gange le 4 juin 1916 et sera versé au Bataillon mixte du Pacifique (BMP).
Le volontaire Francis Brault dit Franck accompagne le contingent embarqué sur le Sontay.
Sources : Onac - Vg
Sources Archives de la Nouvelle-Calédonie.
Fonds Meuel
Les deux frères Juventin ;
à gauche Maurice et Elie.
Fonds Pugibet
À Nouméa, arrivée à quai des troupes.
Collection privée
Marcel Bonnet
Sources Onac-Vg
Conscrits tahitiens à Nouméa
Conscrits Tahitiens à Nouméa.
Fonds Tony Bambridge.
Les conscrits tahitiens qui arrivent à Nouméa sont logés à la Caserne de Gally-Passebosc et engagent de premiers entraînements.
Le commandant supérieur des troupes du groupe du Pacifique commente l’accueil qui est réservé aux conscrits tahitiens : Rien n’a été négligé pour éloigner
toute appréhension qu’auraient pu concevoir les recrues tahitiennes au sujet des rigueurs de la discipline et des fatigues du service militaire.
Aucune précaution n’a été omise en ce qui concerne l’arrivée au corps, leur installation fort convenable dans les quartiers, leur entretien et leur éducation
militaire. Nouméa le 2 juin 1916. Le séjour des conscrits tahitiens en Calédonie n’est pas toujours vécu par ceux-ci avec
le même enthousiasme. L’un d’eux Maiturai a Teiva dit Punua de Papenoo envoie à un pasteur une lettre dans laquelle
il dénonce l’insalubrité de leur casernement, l’absence de vêtements chauds et une nourriture de mauvaise qualité.
L’affaire fait alors grand bruit à Tahiti. Le gouverneur Julien se devra de publier un démenti et des sanctions seront
prises à l’encontre de ce soldat. Avant les premiers départs, les rixes entre soldats océaniens
alcoolisés dans les rues de Nouméa sont légion.
Fonds Tony Bambridge.
Fonds Tony Bambridge.
LES CONTINGENTS
les conscrits du Marama. Au premier rang : de gauche à droite, Tony Bambridge, Jean Bonnet,
Benjamin Ceran Jerusalemy et Jean Lebihan. Au troisième rang, Alfred Domingo, Ori Laurent,
Henri Drollet, Orla Johnston, Adolphe Laharrague, Paul Vidal, Alfred Jammet, Efa Bourgeois,
Alexis Alexandre, Emile Largeteau, Martin Neagle. Au quatrième rang, Maurice Lehartel,
Louis Graffe, William Bambridge, John Robson, Alfred Coppenrath.
Fonds Tony Bambridge.
Brassard offert par les Alliés
aux conscrits tahitiens.
Fonds Millaud
Pendant les six premiers mois de l’année 1916, sept contingents de volontaires totalisant environ mille
soixante-dix-neuf hommes vont être successivement embarqués sur les vapeurs de l’Union Steam Ship Company
pour la Nouvelle Zélande, l’Australie, puis la Nouvelle Calédonie.
Les contrats d’affrètements des vapeurs de l’Union Steam Ship stipulent que les contingents des troupes indigènes
sont transbordés à Auckland sur un second steamer de la même compagnie pour les conduire à Sydney en Australie.
Ainsi, le trajet à bord du Marama (photo ci-dessous) constitue la seconde étape de leur voyage.
- 145 hommes embarquent sur le Maitai le 21 janvier 1916 ;
- 139 hommes sur le Moana originaires de l’agglomération de Papeete le 15 février 1916 ;
- 175 sur le Flora le 28 mars 1916. Ce contingent est composé en majorité d’îliens de Moorea.
- 149 hommes sur le Moana le 11 avril 1916 ;
Le consul indique dans un message radiotélégraphié du 20 avril que la température a baissé et sollicite l’achat de laines.
Message radiotélégraphié Auckland 20 avril 1916 : Jerseys, laines indispensables mobilisés vu abaissement température
prière autoriser achat et expédition quantité requise par Moana. Signé Rigoreau. Julien par câble du 23 avril 1916 autorise
les achats mais les factures sont à adresser à Nouméa.
- 200 sur le Maitai le 9 mai ;
- 76 sur le Moana le 7 juin ;
- 22 sur le Maitai le 7 juillet.
Eté 1917, trois nouveaux départs de la classe 1918 se suivent :
- 87 hommes sur le Paloona le 13 avril ;
- 74 hommes sur le Moana, le 9 mai ;
- 12 hommes sur le Paloona, le 12 juin.
Les soldats sont circonscrits au pont du navire entièrement
recouvert de tôles. Les conditions sanitaires sont spartiates.
Le vapeur néo-zélandais Maitai
A leur arrivée en Nouvelle Zélande, les populations leur font
un accueil triomphal.
Les vapeurs néo-zélandais ne débarquent pas que des contingents de soldats
Tahitiens en route pour Nouméa. Sont aussi embarqués de Tahiti, des
nationaux allemands ayant statut de prisonniers de guerre qui sont expulsés
139 hommes sur le Moana
des Établissements français de l’Océanie.
originaires de l’agglomération
Collection Jean-Luc Piart.
de Papeete le 15 février.
Fonds Tony Bambridge.
OPÉRATIONS DE POLICE EN NOUVELLE CALÉDONIE
A partir de 1917, la Nouvelle Calédonie connaît un mouvement insurrectionnel.
A la fin de l’année 1916, les recrutements forcés dans les tribus mélanésiennes du Nord font que beaucoup des hommes prennent la brousse et vont constituer les troupes de chefs de guerre.
La battue aux volontaires par les recruteurs s’accompagne de peines d’emprisonnement de quinze jours pour les chefs et d’amendes. Le chef Noël a été investi par ses pairs comme chef de
guerre. Il exhorte les Canaques à la guerre contre les blancs plutôt que d’être incorporés dans leur rangs et partir au front. Après des actions de guérilla sanglantes, traqué, trahi Noël sera tué
et décapité par un colon arabe du nom de Ahmed Ben Mohamed.
Deux sections de la compagnie d’infanterie de marine, des gendarmes de la brigade de Koné vont mener campagne contre les récalcitrants. Cent soixante-quinze Tahitiens en station en
Nouvelle-Calédonie vont renforcer leurs rangs pour pacifier, puis réprimer les insoumis. La stratégie repose sur une démonstration de force, marche de colonne militaire, encerclement voire
destruction de villages avec un minimum de combats pouvant occasionner des pertes des deux côtés. Dans les tribus alliées qu’ils traversent, les Tahitiens font le spectacle par leurs danses
et leurs chants auxquels répondent à leur tour les Canaques par leurs chœurs et en faisant la coutume. Parfois, c’est l’affrontement. Le 28 juin un coup de fusil est tiré de la crête. Les tirailleurs
tahitiens ripostent sans qu’un ordre de feu leur ait été donné. Le soldat tahitien Tioroa a la cuisse traversée par une balle. Le tahitien Daniel Richemond dit Fanai est blessé lors d’une
escarmouche à Tipindje pour être évacué le 3 octobre 1917 sur Nouméa. Dans la nuit du 8 au 9 juillet, la troupe composée de tirailleurs tahitiens partent en direction de Wenkout (Tipindjé) pour
tenter de saisir le chef rebelle Caweath qui avait donné l’assaut à un détachement de marins. Les cases sont incendiées et quelques femmes et enfants du village blessés. Au retour de sa mission
punitive, le détachement exécutant des feux de salve pour prévenir les embuscades, est attaqué au passage d’une rivière dont le courant était violent. Les rebelles cachés dans la brousse tirent
sur la troupe au moment où elle traverse le gué. Pris sous un feu croisé, deux hommes s’écroulent. Le soldat tahitien Eliezera Titeraa Mai de Faa’a est touché en plein cœur. Le second, un breton
Jean-Baptiste Marec est grièvement blessé. Le cadavre du Tahitien est abandonné pour regagner le poste afin de sauver Marec qui saigne abondamment. Il décède deux jours plus tard.
Le lendemain matin, une patrouille fortement armée repart vers le creek pour récupérer la dépouille mortelle du tahitien et lui donner une sépulture. Horreur ! Le corps du Tahitien a été dépecé.
Il ne reste de lui qu’un os de la cuisse et quelques débris sanglants. Un nommé Saibé l’a dépecé pour le porter à Paetou. Paetou est le sorcier de Pombei, village de la haute Tiwaka.
Cuits sur des pierres chaudes, les morceaux ont été partagés entre le sorcier et les vieux de la tribu. Le foie a été placé dans une feuille de bananier et remis par Caweath à Noël
en réponse à la monnaie noire (la monnaie noire est une alliance de guerre scellée), que le second avait envoyé réconciliant les deux anciens ennemis.
Après cette mort violente au combat et le sort terrible réservé à son corps, Elizera a Mai est cité.
Archives de Nouvelle Calédonie
Mourir à Gaba Tepe
Le cuirassé d’escadre Bouvet.
Collection privée.
Gallipoli
La Nouvelle Zélande compte alors quatre districts militaires relevant des provinces d’Auckland, de Wellington, de Canterbury et d’Otago.
Charles Edmund Lyle Young embarque le 16 octobre 1914 pour Suez en Egypte où il débarque le 4 décembre. Il stationne en Egypte jusqu’au
12 avril 1915 avant d’être engagé le 25 avril à Anzac Cove à Gallipoli. Il sera parmi les premiers soldats néo-zélandais à débarquer avec
les douze mille ANZAC qui touchent le rivage ouest de Gapa Tepe. Le corps expéditionnaire néo-zélandais ne se constitue que d’une
seule brigade d’infanterie qui a été couplé à la 4ème brigade australienne. La brigade néo-zélandaise débarque avec pour mission de
soutenir la gauche de l’attaque australienne.
Malgré l’héroïsme
La résistance turque ne leur occasionne que peu
des équipages français,
de pertes en hommes. Par contre, le feu des canons turcs
l’opération navale engagée
empêche le débarquement de leurs pièces d’artillerie.
par les Alliés contre les Turcs
Les Néo-zélandais longent la bande de plage étroite et entreprennent de gravir le sommet
dans le détroit des Dardanelles
d’une petite colline où ils se regroupent. Ils abandonnent leurs sacs. Ils doivent rapidement renforcer le
est un échec. Les bâtiments français
centre du dispositif d’attaque qui est rapidement menacé de rupture par les contre-attaques turques.
Suffren, le Gaulois et le Bouvet qui
ème
Le
16
Waikato ouvre la marche pour s’engager sur la route qui serpente vers le plateau.
composent l’escadre française avec le
La ligne de crête est franchie. Les hommes qui descendent les pentes du ravin sont rapidement
Charlemagne, sont touchés.
soumis au feu sévère des snipers et des obusiers turcs. Sans soutien d’artillerie,
Le Bouvet heurte une mine et coule : soixante-dix hommes
les Néo-Zélandais passent à l’offensive. Le sergent Young tombe à la tête de sa
sur les sept cent de l’équipage survivent.
section, touché à mort par un shrapnel. Il est évacué en vain.
Les Alliés devront prendre pied sur les
Les néo-zélandais vont perdre cent-cinquante-trois hommes
plages de Gallipoli.
principalement issus du bataillon d’infanterie d’Auckland
Les livrets matriculaires des Poilus Tahitiens semblent
et du 16ème Waikato. Beaucoup d’autres vont
indiquer qu’aucun d’entre eux n’a débarqué de vive force
tomber dans cette vallée qui sera surnommée
le 25 avril 1915 dans la péninsule de Gallipoli, à l’exception de
la vallée des sharpnels.
Charles Edmund Lyle Young. Léonce Brault servira aussi à Gallipoli.
Young est inhumé au cimetière des ANZAC
Le sergent major Thomas Merlin Winiki du 2ème Bataillon maori,
du Lone Pine Memorial en Turquie.
né à Tahiti stationne en Egypte d’où partiront les soldats de
La campagne des Dardanelles fut
l’ANZAC qui débarqueront à Gallipoli mais déclaré inapte,
un échec sanglant.
il sera renvoyé à Tahiti.
Les Dardanelles
sont évacuées
Léonce Brault
en octobre 1915.
Collection privée.
Paysage ci-dessus,
Kangaroo beach, Gaba Tepe et Suvla beach.
National Library of New Zealand.
Charles Edmund Lyle Young est né à Tahiti le 16 mai 1891.
Il est sergent dans le 16ème Waikato du Régiment d’Auckland.
National Library of New Zealand.
Position de résistance turque.
La poudrière des Balkans
La première guerre mondiale est la troisième des guerres balkaniques.
Le conflit mondial qui va embraser l’Europe a commencé dès 1912. Les deux premières guerres
balkaniques ont recomposé la carte des Etats chrétiens et orthodoxes de la péninsule des
Balkans qui se sont émancipés d’un Empire ottoman affaibli mais que les deux grandes puissances que sont
l’Autriche-Hongrie et la Russie Tsariste souhaitent contrôler. Lors du Congrès de Berlin en 1878, la diplomatie
européenne et en particulier le Royaume Uni, a imposé de faibles territoires et des frontières sujettes à convoitises
entre les nouveaux Etats de la péninsule balkanique. Ce processus de fragmentation politique appelé
la balkanisation provoque rapidement de nouvelles tensions. En juillet 1908, les Jeunes-Turcs prennent le pouvoir
à Istanbul. En octobre de la même année, l’Autriche-Hongrie annexe la Bosnie-Herzégovine, l’Alsace-Lorraine
de la Serbie. La Bulgarie proclame son indépendance.
Son souverain, Ferdinand 1er de Bulgarie se proclame tsar. Ces violations unilatérales du traité de Berlin
mécontentent la Serbie et la Russie et vont entrainer les deux guerres balkaniques de 1912 et 1913.
1 Les Balkans avant
la Conférence de Berlin (1878 )
La Première Guerre balkanique (1912)
La Serbie, la Bulgarie, la Grèce et le Monténégro forment la Ligue balkanique avec l’appui de la Russie, leur principale alliée. La Roumanie n’entre
pas dans la Ligue balkanique qui prône une neutralité affirmée face à un Empire ottoman qui sort très diminué de son conflit avec l’Italie.
Fin octobre 1912, l’Empire ottoman est attaqué sur plusieurs fronts et recule abandonnant 90 % de leurs territoires balkaniques. Un armistice avec
la Turquie est signé le 19 avril 1913. Salonique devient notamment grecque. L’Albanie unifiée demande son indépendance privant la Serbie d’un
accès à la mer. La Bulgarie va contester le partage de la Macédoine qui est plus favorable aux Serbes et provoquer la seconde guerre balkanique.
La Seconde Guerre balkanique (1913)
Les Serbes reçoivent alors le soutien des Grecs et des Roumains qui étaient restés neutres et des Turcs qui espèrent une revanche. Fin juillet
1913, les nouveaux alliés repoussent les bulgares et l’emportent. La Bulgarie perd par le traité de Bucarest du 10 août 1913 une grande partie de
ses conquêtes de la Première Guerre qui sont partagés entre les vainqueurs. Andrinople est rendue à l’Empire ottoman. La Dobroudja du Sud
est annexée par la Roumanie. Ce nouveau découpage des frontières particulièrement fragile parce qu’il ne prend pas compte les revendications
territoriales des diversités ethniques de la péninsule balkanique va alimenter par le jeu des alliances avec les grandes puissances leur implication
dans la première guerre mondiale. L’assassinat de l’archiduc héritier d’Autriche en visite officielle à Sarajevo, qui sera exploité par les Austro-hongrois
va alors embraser l’Europe par les mécanismes de la Triplice et de la Triple Entente.
Débarquement des ANZAC
BOSNIE
SERBIE
ROUMANIE
MONTE
NEGRO
BULGARIE
Gallipoli
Salonique
Corfou
GRECE
GRÈCE
TURQUIE
CRÈTE
2 Les Balkans à la veille des guerres balkaniques
3 Les accords entre les Alliés de
la première guerre balkanique et le Traité de Londres
Détroit des
Dardanelles
TURQUIE
CRÈTE
4 Les modifications territoriales à la suite de
la seconde guerre balkanique, au Traité de Bucarest.
L’île de Corfou
et la résidence Achilléion.
Achilléion Statue d’Aphrodite. Fonds Palazc
Le 6 janvier 1915, les soldats exténués de l’exode serbe sont embarqués de deux ports albanais de l’Adriatique par
des navires français pour l’ile de Corfou et débarquent à proximité de l’Achilléion, la résidence d’été de l’empereur
Guillaume II. L’Achilleion, palais néoclassique de style pompéien a été construit en 1889-1891 en l’honneur du héros
homérique Achille par l’impératrice Élisabeth d’Autriche-Hongrie, plus connue sous le surnom de Sissi .
Il est racheté par le Kaiser Guillaume II d’Allemagne en 1907. Quatre hôpitaux de campagne des services de santé
français soient trois mille cinq cent lits accueillent les malades serbes. Parmi eux, le capitaine major médecin de
1ère classe, Fernand Cassiau, auteur des photos illustrant le présent panneau.
La résidence Achilléion est transformée en hôpital militaire. L’impératrice Sissi se rend, pour la première fois,
à Corfou, en mai 1861 à bord du yacht anglais Victoria-and-Albert II.
Charmée par l’île, elle y reviendra dans sa quête de l’histoire grecque ancienne pour s’installer à la Villa Vraila
(ou Villa Braila) de Gastouri. En novembre 1888, Sissi prend la décision de s’y faire bâtir un palais. Elle rachète la
Villa Vraila et la fait remplacer par un palais dédié au héros antique Achille. La construction de l’Achilleion prend
fin en octobre 1891. Sissi elle-même la décore en achetant une série de statues représentant le héros mythologique
Achille. Sissi qui a gardé le goût des voyages
ne réside que peu de mois dans l’année. La souveraine
s’y rend chaque printemps jusqu’à son assassinat par
l’anarchiste italien Luigi Luccheni, à Genève,
en 1898. La fille cadette, l’archiduchesse
Marie-Valérie hérite de la villa qui est
abandonnée. Le Kaiser Guillaume
II d’Allemagne a visité le palais en
novembre 1890, alors que celui-ci
n’est même pas encore terminé.
Comme Sissi, il est en fasciné par le
héros grec Achille. Il fait de fréquents
séjours à Corfou à bord de son yacht
Hohenzollern avant de pouvoir devenir
le propriétaire de l’Achilléion en 1907
après deux ans de négociations pour
en faire sa résidence méditerranéenne
où il y séjourne plusieurs semaines,
chaque printemps, entre 1908 et 1914.
L’empereur fait restaurer la villa pour y
adjoindre un grand bâtiment, modifie
l’organisation des statues des jardins.
Il déplace l’Achille blessé et le remplace
par l’imposant Achille Victorieux.
Au pied de cette statue, l’empereur
fait inscrire en allemand la dédicace
suivante : Au plus célèbre des Grecs,
le plus célèbre des Allemands.
Le drapeau français flotte sur Achilléion transformé en hôpital.
Les français l’effaceront lors de leur
En 1917, le gouvernement de Venizélos déclare la guerre à l’Allemagne. Avec le Traité de Versailles de 1919, le palais
occupation de l’île.
est nationalisé par la Grèce en guise de réparation de guerre. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, les forces de
Fonds Cassiau
Jardins de l’impératrice galerie des muses. Fonds Palazc
l’Axe occupent Corfou. Ils utilisent l’Achilleion comme quartier-général et comme hôpital.
LES POILUS TAHITIENS DE L’ARMÉE D’ORIENT
Les conscrits et engagés volontaires tahitiens du 22ème colonial versés dans la 17ème division d’infanterie coloniale
débarquent à Salonique en octobre 1916.
- Henri Courtet
- Dauphin François
- Le Caill Jean
- Nollemberger Emile
- Juventin Louis
- Bouzer Charles
- Vincent Henri
- Moise Emile
- Rochette Mauarii dit Tioni
- Blanchard François
- Coppenrath Théodore
- Aumeran Paul
- Arnaud Louis Auguste dit Harione
- Lequerré Vincent
- Rey Léon
- Wohler Rinahan
- Labaste Patieroo
- Durietz François
- Mercier Huitoofa
- Hérault Jean
- Brander John
- Drollet Anatole
- Fuller Teheiura
- Baron Egbert
- Rapa a Teehu
- Ravaki Daniel Marere
- Teremai a Putoa
- Raka Maratinoa Marutua
- Tepunuaitua Taumataura
- Teupootahiti aTeriimamau
- Oropeti Teraimana
- Nui a Terii
- Haumatanui Temanara
- Tuahu Tapatoa
- Terupaeiterai Paaeho
- Taumarii a Teriitehau
- Teiva a Mau
- Tane Marere Rata
- Tapi Tehoa
- Mihirai Peni
- Tereuaa Tutea
- Matamua Taupua
- Teave Richmond
- Tetuaitehau a Tau
- Tiamatai a Fiu
- Hiro
- Heremoana a Tuteraiahua
- Temauri a Teihoarii
- Tinau Emile
- Teriierooterai Alfred (Tahuri)
- Taimana a Maono
- TematuaTihoni
- Tuarae a Taero
- Teanoa Tahito
- Tuana Terii Tetuahinau
- Maui a Hoata dit Viri
- Pupaura a Tevahitua
- Puhi Tuahoro
- Teiva Tehau
- Terii Huitoofa Teriiehiraiterai
- Nuihiva Tauripa
- Tumahai Tetuanuiemaruraiterai dit Moe Tane
- Hiapo a Metua
- Poroi Teraitua
- Tumahai Ariinuifa’atomoavaae dit Fano
- Toahiti a Tau
- Rota Fareura dit Ducrot
- Tama a Tama
- Haopua a Puu Pierre
dit Koki
- Tane a Puairau
- Burns Maximilien
- Ruatupua Teriinohotua
a Maiouna
- Ateni Teriitauirai
- Perry Georges
- Tehuitua Huioutu
- Jamet Joseph
Ils ont embarqué à Marseille le 23 septembre 1916 pour suivre une voie
maritime qui les a conduits de Toulon au Cap Corse, puis les îles italiennes.
Après une escale à Mytilène, ils ont gagné le Golf de Salonique.
Les Tahitiens découvrent le port de Salonique dans la brume marine qui se
dissipe, amphithéâtre de maisons blanches avec des toits de tuile rouge, toutes
accrochées à des collines de cyprès et de pins. Le tableau est magnifique.
Les murailles et les créneaux renvoient au temps des croisades et les dizaines
de minarets qui surplombent la ville, rappellent que Salonique a été turque
pendant plus de trois siècles. La ville de Salonique est découpée en secteurs
religieux séparés, les églises orthodoxes se mêlant aux synagogues
et aux mosquées en très grand nombre.
Les maisons bourgeoises du quai.
Fonds Félix Vautrin.
Une antique Tour blanche domine la rade vers l’est.
Dans la rade d’innombrables bateaux sont au mouillage.
Ils sont venus de Marseille ou d’Egypte. Les navires hôpitaux sont ancrés
au large. La rade s’ouvre à leur bâtiment que des dizaines de barques à voile ou
menées par un seul rameur debout en poupe, escortent. Les pêcheurs se distinguent
par leurs barques multicolores dont la proue est ornée d’un œil porte-bonheur.
Ils sortent chaque nuit à la voile pour poser leurs filets et rentrer à l’aube.
Les poilus Tahitiens débarquent. Les maisons bourgeoises du quai
ont leurs volets clos. Les couleurs tendres du tableau de pastel de leur arrivée
Émile
par la mer laissent place à des édifices délabrés. Les coloniaux tahitiens prennent rapidement
Nollemberger
à pied la route du camp de Zeitenlick. Après six kilomètres de marche, les réseaux de barbelés déployés
sur une large plaine annoncent le camp de Zeitenlick. La colonne contourne un cimetière. Les croix de bois
enfermées dans les murets de l’enceinte sont celles de leurs frères d’armes tombés au combat. Toutes les autres qui
s’éparpillent autour, renforcées de premières fosses communes sont celles des victimes des maladies qui déciment
les rangs de l’Armée d’Orient car les campements organisés sur un site marécageux sont insalubres et favorisent
les épidémies. Des roulottes de Tsiganes stationnent entre les tombes. Les coloniaux tahitiens venus du dépôt de
la 17ème division d’infanterie coloniale seront progressivement répartis dans les rangs des 54ème et 56ème régiments
d’infanterie coloniale de la 33ème brigade sous les ordres du Général Têtard ou dans des unités tierces. Les Tahitiens
sont renforcés de natifs de Tahiti incorporés en France : c’est le cas du 1ère classe Charles Louis Natuaevaru
Bouzer né le 16 avril 1889 à Papeete.
De la classe 1909, Charles Bouzer est incorporé à Belfort.
ème
Les minarets rappellent que la ville
Les
Belfortins
de
la
57
division
conduite
par
le
général
Jacquemot
de Salonique a été turque
sont les héros de la prise de la cote 1248. Il est permis de penser
pendant plus de trois siècles.
que Charles Bouzer, enrôlé à Belfort demanda à être versé au 54ème
colonial pour retrouver ses frères d’armes Tahitiens.
Charles Bouzer est tué le 25 décembre 1916 à Orahovo pendant la
prolongation de son service, par un projectile de crapouillot alors
qu’il est à son poste de téléphoniste.
La garde au drapeau du 54éme colonial au camp de Zeitenlick.
Coll. privée.
La petite centaine de renforts tahitiens quitte Salonique le 25 novembre 1916.
Ils descendent dans une petite station au matin et entament plusieurs jours de marche
pour gagner par étapes Monastir, après avoir remonté la vallée du Vardar et crapahuté
dans celle de la Cerna. Le réseau routier est vétuste. Le pays est constitué de collines, de plateaux,
de ravins et de vallées fluviales. Sur la route, les coloniaux tahitiens rencontrent le Docteur Cassiau,
chef de l’ambulance alpine n°1. Le 1er décembre 1916, les coloniaux tahitiens ont atteint un ravin
en 28ème ligne. Le bivouac d’un petit groupe d’entre eux est alors atteint par un obus. Koki le
marquisien et Paheroo Labaste de Huahine sont tués sur le coup. Henri Vincent, le fils du
notaire de Papeete est gravement atteint. Sa main droite
a été fendue jusqu’au-dessus du poignet, son flanc droit
ouvert. Il décédera de ses blessures le 15 décembre
1916. Son frère François Vincent, blessé
et fait prisonnier dans les rangs du 5ème
colonial à Barleux le 4 septembre 1916,
est décédé en captivité à Münster en
Westphalie. Nui a Terii, de Papeari
a eu la jambe gauche coupée
juste au-dessus du soulier, le bras
gauche cassé et des éclats dans la
L’ambulance alpine n°1 où les Tahitiens rencontrent le docteur Cassiau.
jambe droite.
Il sera amputé et évacué sur la France. Il n’est pas impensable que Terii a Nui décède en route et que son
corps a été immergé en Méditerranée. Les soldats Anatole Drollet, Alfred Teriimamau Teupootahiti et
Tihonuia Tematua ne sont que légèrement blessés. Teraitua Poroi, Jean Le Caill, Jamet et Paul Aumeran
dit Tifana, Maximilen Burns sont indemnes. Le 54ème colonial va tenir les tranchées.
Les tahitiens sont affectés à l’organisation de secteurs défensifs qui s’étendent
de Monastir, la côte 1050 glacée battue par les vents, les rives gelées des lacs
de Prespa et d’Okrida jusqu’à la Cerna. Ils sont particulièrement exposés aux salves
d’artillerie allemandes et bulgares. Dans ces reliefs macédoniens tourmentés,
les reconnaissances et les patrouilles offensives sont dangereuses.
Premier décembre 1916 : Le bivouac tahitien est décimé par deux salves.
Koki le marquisien et Paheroo Labaste
de Huahine sont tués sur le coup.
Le 24 décembre, Jean Hérault est blessé à l’épaule. Le 2ème classe, Daniel Ravaki Marere,
originaire d’Anaa aux Tuamotu,de la 3ème compagnie au 54ème colonial, est aussi blessé
dans la plaine de Monastir. Il est évacué sur l’hôpital temporaire n° 6. Le Tahitien Raka
Marohua est mortellement blessé le 23 décembre 1916 à Orahovo. Le froid s’installe.
L’hiver macédonien est rude. Beaucoup de Tahitiens sont malades. Certains les pieds
gelés doivent être évacués. Teremaia Putoa est évacué le 2 décembre 1916. Georges Perry
versé au 56ème régiment d’infanterie coloniale est évacué de la ligne de front de Monastir
Daniel Ravaki Marere,
sur l’hôpital n°4 à Salonique le 12 décembre 1916. Il a les pieds gelés et est atteint de
et au dessus, Georges Perry
paludisme. Tuahua Tapatoa du 54ème colonial est évacué malade le 14 décembre 1916.
Le 2ème classe Puhia Tuahoro est évacué malade le 21 décembre 1916. Il décédera le 28 mars 1918 à l’hôpital complémentaire
n°58 à Nice. Le 2ème classe du 56ème colonial Louis Juventin, malade est aussi retiré du front le 21 décembre 1916. Il est évacué
le 14 janvier 1917 sur un hôpital de Toulon.
Teriitauiaraia Ateni est évacué le 22 décembre 1916
Assaut bulgare contre une position
du 54 colonial.
pour pieds gelés et paludisme. Tehoaa Tapi
de la classe 1915 du 54ème colonial est évacué
malade le 28 décembre 1916 et hospitalisé à
Zeitenlick à Salonique.
ème
Poilus tahitiens d’Orient
La neige tombe et les
températures chutent, accusant
parfois moins vingt degrés.
Anatole Drollet : En ce moment,
il fait de plus en plus froid, tout
autour de nous, les montagnes
sont couvertes de neige.
Les poilus tahitiens souffrent
du froid et sont sujets aux
maladies de poitrine et aux
pieds gelés. Fernand Cassiau
témoigne : Si l’hiver n’a pas
été très rigoureux, jusqu’ici, je
puis vous certifier qu’il l’a été
assez pour les troupes indigènes
puisque même des Européens ont
été très sensibles au froid.
Depuis quatre jours, la température
est très basse : gel, neige et pluie
glaciale sont notre lot.
Anatole Drollet : Toahiti (a Tau) (…) Emile Tinau, malades, les pieds
gelés sont évacués. Toahiti a Tau évacué sur la France décède à l’hôpital de la marine
de Saint-Mandrier à Toulon le 28 mars 1917. Au dépôt des Eclopés, il y a Mihirai a Peni, Rota a Fareura, Edgard Baron. Le dépôt des éclopés est une
formation sanitaire organisée dans la zone des armées pour rassembler des
malades et des blessés légers dont l’indisponibilité ne dépassait pas quatre
à cinq semaines, lesquels remis sur pied rapidement regagnaient leur unité.
Edgard Baron dit Farani du 56ème colonial a été évacué malade
le 21 décembre 1916. On dit que Bérard (Alfred) est à l’hôpital n°4.
Ruatupu a Teriinohotua a Maiouna est évacué malade le 2 janvier 1917.
Fareura Rota dit Ducrot est évacué le 17 janvier 1917 pour gelure des pieds.
Teano a Tahito (Fanau) du 54ème régiment d’infanterie coloniale
et Tiamatai a Fiu sont évacués le 24 janvier 1917.
Mauarii Aripau Rochette surnommé
Tihoni, évacué le 25 janvier 1917 décède
le 9 février 1917 à l’hôpital temporaire
n° 9 de Zeitenlick. Les centres de
soins dont dispose le Service de
santé militaire ne permettent
pas de recevoir tous les malades
et les blessés de l’armée d’Orient
en campagne. Ainsi, de nombreux
hôpitaux annexes sont créés et portent
Anatole Droller
le nom d’hôpitaux temporaires (HT).
Fonds Droller
Les effectifs fondent
Henri Courtet né le 16 avril 1885 à Tahiti décède de ses blessures le 25 janvier 1917 à l’hôpital n°2, secteur postal 510.
Tauripa Nuihiva du 54ème colonial est évacué malade le 25 janvier 1917. Matanua a Taupua surnommé Taihiataura né le 14 octobre 1894 à Faa’a
est évacué le 26 janvier 1917. Terii Brander, Alfred Teriierooiterai et John Riharau Wolher sont aussi hospitalisés. Riharau Wolher est évacué sur l’hôpital américain de Nice.
Beaucoup de ceux qui sont évacués du camp de Zeitinlink vont décéder dans des hôpitaux du Sud de la France, ports d’entrée des retours du front d’Orient.
Punuaitua a Tamatauraa du 54ème colonial, malade est évacué le 16 janvier 1917 sur Salonique puis sur la France. Il décède de tuberculose le 17 avril 1917 à l’hôpital n°68
de Mandelieu, à Cannes. Taumarii a Teriitehau est hospitalisé aussi à l’hôpital temporaire n° 11 à Salonique. Il décédera à son retour
à Faa’a le 9 août 1919 des suites de maladie. Paeho a Teriitaieaterai né le 8 septembre 1895 à Arue décède le 18 mai 1917
à l’hôpital de Chambrin à Marseille.Le 2ème classe Teremai a Putoa est à nouveau évacué malade et dirigé sur Toulon à l’hôpital temporaire n° 7.
Heremoana a Teuteraiahua de la classe 1914 est évacué de Salonique en France le 1er février 1917 et hospitalisé à l’hôpital complémentaire n° 17
à Menton. Hiro a Tetumu né en 1894 à Faa’a, évacué malade le 16 février 1917 est hospitalisé à l’hôpital militaire de Perpignan
le 18 janvier 1918, puis le 2 février à l’hôpital de l’Esplanade de Perpignan.
Il décède le 18 avril 1918. Maui a Hoata dit Viri décèdera de maladie à l’hôpital temporaire n° 11 à Salonique
le 20 septembre 1917. Le 24 février, l’ordre de bataille place le 54ème colonial à Rapech et le 56ème colonial à Bernick.
À Rapech, le paysage est dépourvu de végétation, la montagne est morne, les villages misérables sont en partie détruits.
Les pentes des ravins, face au sud ont un aspect de désolation presque lunaire.
La réaction ennemie est vive par des bombardements du village de Bernick.
Le Tahitien Teraitua Poroi est blessé par un éclat d’obus,
Edgard Baron dit Farani
Léon
Burns
est
évacué
pour
pieds
gelés.
du 56 colonial.
Ariinuifa’atomoavaae a Tumahai dit Fano atteint de fièvre est évacué sanitaire sur l’hôpital de Florina le 16 février 1917.
Le plan d’attaque allié a désormais pour objectif de rompre le front dans la boucle de la Cerna.
Le 27 août 1917, le 2ème classe Théodore Coppenrath dit Piki
versé dans le 1er régiment d’infanterie coloniale est tué à Rapech.
Le livre de marche de la 17ème division d’infanterie coloniale indique : 26 août 1917,
activité moyenne de l’artillerie ennemie.
Le 1er bataillon du 3ème RIC est relevé au centre Bataille par le 2ème bataillon
du 1er Régiment d’infanterie coloniale, le 2ème bataillon en soutien
est relevé par le 96ème bataillon sénégalais.
Pertes 54ème RIC : 5 blessés, 56ème RIC : 4 blessés, 1er RIC : 1 blessé.
Théodore Coppenrath
27 août 1917 : préparation d’artillerie ennemie entre une heure trente
et trois heures, tentative d’un coup de main après un violent
bombardement par obus de tous calibres, un groupe ennemi
d’une vingtaine d’hommes cherche à pénétrer dans nos tranchées
sur la rive gauche de la Lozata. L’ennemi est repoussé après
un court combat en laissant un prisonnier entre nos mains.
Pertes 1er RIC : 6 tués, 12 blessés. Theodore Coppenrath
est tombé à son poste de combat fauché avec ses camarades
par une salve du bombardement précédant
la tentative de pénétration ennemie de leurs tranchées.
Il est cité à l’ordre du régiment.
Le 2 octobre 1917, Georges Maritua, né le 16 janvier 1892
à Faa’a du 56ème RIC décède de ses blessures de guerre à Rapech.
Le 8 octobre 1917, Marutua a Tuuhia né le 14 janvier1892
à Faa’a est tué à l’ennemi dans les combats de Rapech.
ème
Fonds Meuel
Poilus tahitiens d’Orient
A partir de 1918, seuls quelques Tahitiens sont engagés sur le front d’Orient. Une circulaire ministérielle
a relevé une grande partie des Tahitiens de l’Armée d’Orient. Georges Gouzy, le Délégué de Tahiti au conseil
des colonies est intervenu auprès du Ministre de la Guerre pour que les mobilisés tahitiens ayant dix-huit mois de présence
effective au front compris le temps passé en Nouvelle-Calédonie puissent venir jouir dans leur colonie d’origine de la permission
de vingt-cinq jours à laquelle ils ont droit. Ruatupua Teriinohotua a Maiouna du 4ème colonial venu du front d’Orient débarque Le Rochambeau de la Compagnie Général Transatlantique.
à Papeete le 12 février 1918 pour passer une permission de trente jours. Il réembarque le 3 mai 1918 à destination de la France
pour être versé au bataillon mixte du Pacifique le 4 juillet 1918. Mihirai a Peni a débarqué en provenance de Salonique à Marseille le 1er mars 1918. Il est dirigé sur
Bordeaux le 6 mars 1918 où il arrive le 7. Il embarque avec une cinquantaine de permissionnaires tahitiens le 12 mars sur le vapeur Rochambeau à destination de Tahiti.
Les permissionnaires vont débarquer à New York le 24 mars 1918, puis traverser les États-Unis en train en vue de leur embarquement sur le Moana à San Francisco.
Ils sont invités par l’Église des Saints des Derniers jours à Salt Lake City dont Philibert Montaron, Maurice Langomazino, Clément Coppenrath, Jean Lecaill, Louis
Juventin, Viri Teraimano, Maono Maiotui, Tane Pouairau, Auguste Bonnet, François Durietz, Anatole Drollet, Terai Hunter, Egbert Baron, Joseph Jamet, Maximilien
Burns, François Blanchard, Emile Nollemberger. A leur arrivée à San Francisco, le bateau est déjà parti. Pendant le mois où ils attendent le nouveau bateau, les
invitations se succèdent, tant des résidents français que tahitiens. Les permissionnaires touchent finalement Papeete le 30 avril 1918. Les permissionnaires tahitiens
pour beaucoup issus du front d’Orient vont bénéficier de sursis de permissions et notamment : Teriitauirai a Ateni, Ioane, Haumatanui a Temanaha, Teroonui a
Mahinepeu, Mihirai a Peni, Temauri a Teihoarii, Tiamatatua a Fiu, Tetuaitehau a Tau, Jean-Baptiste, Alfred, Teupootahiti, Tereua a Tutea, Taihia, Matauoa a Taupua,
Tevahitua a Pupaura, Teano a Tahito, Teroonui a Terorotua, Tetaatanui a Tumahai, Arunuifaatotaa a Tumahai, Poroi, Teraitua, Teuateua, Nollemberger, Emile, Perry
Charles, Lecaill Jean, Blanchard François, Rey Léon, Coppenrath Clément, Auméran Paul Victor Tefana, Arnaud Louis, Durietz François, Wolher John, Lequerré
Vincent, Hérault Jean, Mercier Huitoofa, Brander Terii, Drollet Anatole, Baron Egbert Farani … Le 7 février 1918, le 2ème classe Teriiehiraiterai Huitoofa conducteur au
15ème escadron du Train décède de maladie à l’Hôpital temporaire de Florina. Le 18 mai 1918, le 2ème classe Aïdara Almany né en 1894 aux Gambier, du 26ème bataillon
sénégalais décède de maladie à l’Hôpital temporaire de Florina. A Tahiti, les radiotélégrammes reçus via Awanui par le poste de T.S.F de Fare Ute annonçaient :
Dans la nuit du 17 au 18 septembre : Les Alliés ont commencé l’offensive sur le front de Salonique et avancé de cinq milles, capturant d’importantes positions.
Dans la nuit du 19 au 20 septembre : Le rapport serbe annonce que les défenses bulgares sont brisées que l’ennemi est en retraite et que l’avance faite dépasse douze milles.
En Macédoine, nous avons poussé jusqu’à la Cerna, les Bulgares se retirent en désordre. Le 30 septembre, parvient l’annonce de l’armistice conclu avec la Bulgarie.
Le 4 novembre, l’Autriche-Hongrie demande un armistice. Marcel Antoine Bonnet, le conscrit de l’épopée du Saint-François arrive à Salonique en novembre 1918.
Il est venu avec le 131ème bataillon de Tirailleurs sénégalais par Livourne, Tarente, le port italien d’Itéa puis le camp de Zeitenlick pour cantonner dans le Vardar.
Passé au détachement d’infanterie de Salonique le 1er février 1919, Marcel Bonnet ré-embarque de Salonique
le 4 février 1919. Il débarque à Saint-Raphaël pour être affecté au BMP le 17 février 1919.
Jean Lecaill
Fonds Lecaill
Permissionnaires tahitien
à Salt Lake City.
Fonds Jim Shutts
Le Bataillon mixte du Pacifique
Le 4 juin 1916, le Bataillon du Pacifique au départ de Nouméa qui embarque
sur le vapeur Gange se dénomme le Bataillon de Tirailleurs du Pacifique.
Il est composé de deux compagnies canaques et de deux compagnies
tahitiennes encadrées par des éléments français.
Les Tirailleurs néo-calédoniens, tahitiens et canaques
débarquent à Marseille, le 11 août 1916. La centaine de
Tahitiens placée au dépôt des isolés coloniaux et Sénégalais
de Marseille est affectée au 22ème régiment d’infanterie
coloniale à Cassis.
Ils seront pour la plupart dirigés sur le front de Salonique.
Au début de l’année 1917, l’unité est restructurée avec l’arrivée
de cinq cent Tahitiens embarqués avec leurs frères d’armes
néo-calédoniens de Nouméa
Jean-Baptiste Céran Jerusalemy,
le 3 décembre 1916 sur le Gange.
malade est débarqué du vapeur Gange
er
pour être hospitalisé à Fremantle où
Le
1
mai 1917, le Chef de bataillon
il décède le 4 janvier 1917.
Trouilh est chargé du
commandement de l’unité,
qui prend alors le nom
de Bataillon Mixte du Pacifique.
En 1917, le panachage avec des
soldats canaques et l’adjonction
d’une compagnie d’artilleurs
justifie le caractère mixte de
l’unité océanienne.
Le troisième contingent sur les quais.
Archives de Nouvelle Calédonie.
Le contingent du 3 décembre 1916 salue une dernière fois la foule.
Fonds Tony Bambridge.
Les Tirailleurs Tahitiens du troisième contingent embarquent
avec leurs frères d’armes néo-calédoniens et canaques
de Nouméa le 3 décembre 1916 sur le vapeur Gange.
Fonds Tony Bambridge.
Le Bataillon
Le 3 août 1917, le Bataillon gagne la zone des armées. Le transport s’effectue en deux échelons forts de 20 officiers, 1062 hommes, 87 chevaux, 42 voitures. La montée en train au front sera cependant fatale au tirailleur Henri Bouzer qui monté sur le toit du wagon, heurte de la tête la paroi supérieure d’un tunnel.
Son frère Charles Bouzer incorporé à Belfort a été tué sur le front de Salonique le 25 décembre 1916. Le 5 août 1917, le Bataillon débarque à la gare de Rouilly- Géraudot dans l’Aube. La 2ème compagnie cantonne à Assencières, les 1ère, 3ème et 4ème compagnies stationnent dans le village de Luyères villages
respectivement situés à 15 kilomètres de Troyes. La Ville de Troyes sera pendant toute la durée de la guerre un centre de transit stratégique par lequel a aussi transité l’été 1914, le Dr Fernand Cassiau ainsi qu’ une ville hôpital.
La Ville de Troyes accueillera jusqu’à 20 hôpitaux. Les hôpitaux sont installés le plus souvent dans des écoles. L’orphelinat Audiffred, 3 rue des Tauxelles devient l’hôpital complémentaire n° 3 de Troyes.
Cet hôpital dispose notamment d’une aile réservée à l’isolement et au traitement des tuberculeux. Le 17 octobre 1917, Tehaotua a Pea dit Papoioo de la 4ème compagnie de Punaauia, atteint de tuberculose, y décède. Le soldat Ru Marae de Haapiti s’y éteint le 17 août 1917.
Le lycée de jeunes filles Marie de Champagne devient en 1917 l’hôpital complémentaire n° 8 de Troyes, un hôpital militaire canadien, d’une capacité de mille quatre cent lits. Le 2ème classe Metua Tuahu a Mateau, de Tiarei y décède le 26 août 1917.
Metua a été hospitalisé, le 7 août 1916, le lendemain de son arrivée au bivouac de Luyères. Les trois Tahitiens sont inhumés au carré militaire du cimetière de Troyes. En 1959, leurs restes mortels seront transférés au cimetière militaire de Suippes-la-Ferme, situé à 100 kilomètres de Troyes.
Le Bataillon rembarque les 25 et 26 août à la gare de Rouilly-Géraudot pour gagner Valmy où il cantonne jusqu’au 26 août. Le Bataillon est ensuite dirigé le 27 août sur le Moulin de Virginy-Minaucourt pour être rattaché au 72ème d’infanterie.
Lorsque le Bataillon mixte du Pacifique rejoint la zone des combats, près de Moronvilliers en Champagne, il est assigné à des travaux de tranchées et forestiers consistant à l’abattre des arbres, pour les ébrancher et en tirer des poutres pour les tranchées.
Hors travaux, les hommes poursuivent leur instruction. Le 30 août, le sergent Tahitien Tabanou est tué par un éboulement d’une tranchée dans lequel est aussi blessé le soldat Robert Harry qui est évacué. Les tranchées sont terminées le 27 octobre 1917.
Le 8 novembre, le Bataillon est embarqué en gare d’Arcis-sur-Aube pour regagner en train le camp de Fréjus pour hiverner. Le voyage vers le sud se fait en deux jours sans incidents. Le Bataillon débarque le 10 novembre à Marseille en gare d’Arenc et gagne à pied par étapes de trente kilomètres par jour
le camp de Fréjus. Un tirailleur témoigne : Quelle chance, j’ai eu de ne pas participer à cette marche qui fut très dure d’après ce que m’a dit Tony (Bambridge). Lorsque le Bataillon est arrivé à Marseille, il ne pouvait plus disposer de train à cause du grand mouvement de troupes vers l’Italie
(Les Italiens sont défaits à Caporetto le 24 octobre 1917). Ca fait qu’ils ont fait les quelques soixante-seize kilomètres à pied, c’est quelque chose… Mano Tony Bambridge écrit : Nous sommes en marche de Marseille à Saint Raphaël, nous avons déjà fait quatre-vingt-dix kilomètres (…) Je t’écrirais plus long, je suis fatigué
de cette marche d’aujourd’hui. Tony. Le 24 novembre, les hommes retrouvent le camp de Darboussières à quatre kilomètres à l’ouest de Fréjus, leurs baraques Adrian et ils peuvent prendre enfin de vraies douches. Certains tirailleurs tahitiens partent en permission et en profitent pour découvrir comme de vrais
touristes le sud de la France. Ils sont parfois accueillis par des proches de Tahiti. Le 22 janvier 1918, le Kantara débarque à Marseille un quatrième contingent fort de 357 tirailleurs Néo-calédoniens et Tahitiens.
À gauche, poilus tahitiens dans l’Aube autour de leur aumônier.
Mentions manuscrites de Tony Bambridge.
Fond Tony Bambridge
Les effectifs du camp de Boullouris devant le Grand Hôtel.
Fond Tony Bambridge
Le contingent du 3 décembre 1916 salue une dernière fois la foule.
Fonds Tony Bambridge.
La contre-offensive du 18 juillet 1918
Le 27 mars 1918, le bataillon reçoit l’ordre de se tenir prêt à monter au front. Une épidémie de grippe retarde le départ des Tirailleurs.
Le Bataillon est consigné jusqu’au 29 mai. Le 7 juin, le Bataillon Mixte du Pacifique gagne la zone des Armées. Le voyage en chemin de
fer est long et pénible pour les hommes pour débarquer le 9 juin 1918 en gare de Pont- Sainte- Maxence dans l’Oise. Une fraction de la
Compagnie mixte du Pacifique est rattachée à la 72ème division d’infanterie du 2ème corps d’armée de la IIIème Armée et au Génie pour le
renforcement des positions et sa défense sur l’ancienne tête de pont de Compiègne à l’ouest du Chemin des Dames. La 1ère compagnie
est rattachée au 164ème régiment d’infanterie, la 2ème compagnie au 418ème régiment d’infanterie, la compagnie de mitrailleuses est en
réserve. Le 18 juin 1918, une section de la 4ème compagnie tahitienne est envoyée à Clairoix pour être mise à disposition du génie.
Le 20 juin, toute la compagnie est mise à la disposition du Génie pour l’organisation du secteur. Le 3 juillet, les 1ère, 2ème, 4ème,
3ème compagnies et les sections de la compagnie de mitrailleurs sont réparties entre les 164ème et 324ème régiments d’infanterie.
La 72ème division d’infanterie reçoit l’ordre de progresser au-delà du ravin de Pernant. La 1ère compagnie et la 2ème compagnie sont
respectivement détachées au 164ème et 418ème Régiment d’infanterie. Le 18 juillet, dès 4 heures 35 du matin les unités s’élancent à
l’assaut. Les lignes allemandes sont franchies sous le barrage roulant et le premier objectif du ravin de Pernant est atteint. Mais tous les
objectifs ne sont pas atteints. L’ennemi s’est rapidement ressaisi et infiltre le périmètre. Les rangs tahitiens accusent de premiers blessés
et tués : les 1ère classe Taimaue a Tiafaaio dit Pupure, Manoa a Faatoa, Tuterai Iotefa a Puarii d’Afaahiti, Tinau Maheirava de Haapiti et
Tavi a Tariihaa ont été grièvement blessés ainsi que les Tirailleurs Manoa a Faatoa, Tinau a Maheirava de Haapiti, Ariirai a Huitoofa et
Tetuaaeroa a Topa qui sont évacués. Topa décèdera de ses blessures le 22 juillet à l’ambulance n° 109. Le caporal Julien Scholermann a
reçu sa première blessure. Il refuse d’être évacué. Il sera blessé, une seconde fois le lendemain. L’ordre est donné de poursuivre l’attaque
le lendemain au petit jour. Les premières vagues d’assaut sont freinées à cause de mauvaises conditions d’installation de départ et
s’accrochent autant que de possible aux pentes conquises. Le 2ème classe Teamo a Terii de la fratrie des Terii de Papetoai est porté
disparu lors de l’action sur la Montagne de Paris. Deux des frères de Teamo seront aussi tués dans les jours qui suivent.
Les hommes extenués par les combats de la veille ne peuvent poursuivre leur action. Le Bataillon Mixte du Pacifique compte dans
ses rangs 3 nouveaux tués, 2 disparus et 25 blessés. Les 2ème classe Henri Hamblin, Mauarii des Iles sous le Vent, Tehana a Teauna
et Elie Juventin figurent parmi les blessés. Une chaîne de coureurs assure la liaison entre les sections. Les missions de liaison sont
particulièrement dangereuses exposant ses volontaires aux tirs ennemis comme amis. Les Tahitiens Teuimaitua a Teuri dit Teuhi et
Tinomana a Fararere sont blessés tous les deux en exécutant une de ces missions de liaisons dangereuses. Plusieurs tirailleurs tahitiens
sont cités pour leur habilité et leur audace dans ces missions de liaison. Certains gagnent en renommé comme Maurice Lehartel et
surtout Tautora a Teururai cité deux fois pour son courage et son sang-froid. Louis Graffe dit Loulou, Taataparea Colombel, Viritahi a
Urima , Faatea a Taioho, Laurent a Tarahu et Taharaura a Aroita sont aussi cités pour le succès de missions de liaisons dangereuses.
Concrits tahitiens de classe 1918, appelés le 1er mai 1917. Ils seront embarqués pour Nouméa le 10 mai 1917 puis de Nouméa le 10 novembre 1917 pour la France.
Premier au deuxième rang à gauche, le caporal Auguste Juventin.
Fonds Pugibet
21 juillet, l’attaque a pour objectif principal Mercin-et-Vaux.
Les bataillons ne peuvent cependant profiter du barrage d’artillerie roulant
et leurs vagues d’assauts sont accueillies par des tirs nourris de mitrailleuses
les obligeant à revenir à leur position de départ. Les autres assauts de la
journée échouent.
Les 2ème classe, Tutapuarii Pitoa, Tetuarae a Hotahota, Jean Teihotu a Tehei
ont été blessés.
Dans la nuit du 21 au 22 juillet, la 72ème Division d’infanterie est finalement
relevée par la 11ème Division d’infanterie.
Elle ne remontera en ligne que début août. Mais, les tirailleurs tahitiens
détachés dans ces unités de combats ont fait l’admiration de leurs frères
d’armes poilus français. Leur bravoure est unanimement reconnue.
Le commandant Trouilh écrira sur son lit d’hôpital : J’ai été fier de commander à
ces hommes… Je ne m’étais pas trompé. Ils ont reçu le baptême du feu brillamment
…nous avons été soumis pendant deux jours à un très violent bombardement
par obus de tous calibres. Je n’ai pas vu sur leur figure la moindre trace de la
moindre émotion. Ils sont restés calmes et souriants…ce sont de beaux soldats,
de véritables poilus.
Le 2 août, la 1ère, 2ème, 4ème compagnie et la compagnie de mitrailleuses mises
à la disposition du 164ème Régiment d’Infanterie devenu détachement
de poursuite marche vers Soissons.
Le 3 août, Georges Bryant est tué au Pont du Bois Roger.
Choi Cheong Ah Min de Papeari est très grièvement blessé. Il sera amputé de
son bras gauche. Le 2ème classe Tiapua Haami en mission de ravitaillement en
première ligne est atteint par un éclat d’obus. Dans la poursuite de l’ennemi,
Teuaura a Taaroa et Matarua a Teriitevaearai sont blessés par éclat d’obus.
Le 4 août, Tetua a Teata de Tubuai est tué par un éclat d’obus à Filain.
Le 5 août, Raatira a Tehei de Papeari, est tué à Mercin.
Le 6 août, Paul Hérault, est blessé au ravin de Pernant.
Le 9 août, l’artillerie ennemie reste active blessant quatre hommes du
Pacifique. Maopi a Tau de la 4ème compagnie est porté disparu à Osly Courtil.
Il décède le 3 décembre 1918 dans l’hôpital n°48 de Rouen.
Teraiareva a Amaru est blessé au ravin de Pernant.
Le 18 août, Tetuatoto a Teaiarii de Pirae est tué à Pernant.
Du 20 au 26 août, plusieurs tirailleurs tahitiens sont affectés au génie
pour permettre le franchissement des rivières comme Punuarii a Teheiura,
Peutahiriterai a Taumihau, Tera de Mataiea, Teriitahua Pahio
et Tehahe Teissier. Tahua a Papa est blessé.
Paul Teuraehe Mercier, Jean René Tiare, le caporal fourrier Jules Millaud,
les 2ème classe Teriitaotua a Vaiotaha de Hitiaa, Teraiefa a Moe,
Motoiapoo a Teaea sont cités pour leur sang-froid ou pour leur audace
comme Viritahi a Urima blessé en attaquant à la grenade un groupe
de combat ennemi.
Le 20 août, Terupe a Tefaarere est tué à l’ennemi par un éclat d’obus
au sud de Tartiers.
Le 21 août 1918, Pahuri a Oito dit Puhi est blessé à Pommiers.
Le 24 août, Teavau a Terii, frère de Teamo a Terii disparu
à la Montagne de Paris le 19 juillet 1918 est tué. Tetuanui a Nuu dit Punaa
est blessé au genou droit.
Dans la nuit du 27 au 28 août, les unités se replacent dans le dispositif
d’attaque. Elles sont chargées d’attaquer le plateau de Paoly.
Tefaifaipua a Papauru est blessé et évacué.
Il décède de ses blessures à l’hôpital n°45 de Chamalières.
Le 28 août, à l’heure H les troupes d’assaut privées de barrage roulant sont
prises à partie par de violents feux de mitrailleuses et obligées de se terrer.
Le quatrième des frères Terii, Teraa dit Pato est tombé la poitrine
transpercée d’un éclat d’obus au Bois Roger.
Le 29 août, Maimitua a Mahuta blessé est évacué vers l’intérieur.
Taeura a Punuataahitua est intoxiqué par ypérite.
Les Océaniens ne participeront pas à la poursuite des opérations offensives.
Le 30 août, le groupement du commandant Gondy est relevé.
Pendant les combats du 21 au 30 août 1918, les Tirailleurs du Pacifique n’ont
pas démérité par leur courage et le sang versé. Le caporal Auguste Henri
Deligny est tombé mortellement fauché par une balle de mitrailleuse dans
la Haute Villée. Ont été gravement blessés par éclat d’obus,
Tefau a Tefana a Timiona, Tetuarii a Teururai, Tau a Tupuraa a Maino,
Teraiareva a Amaru, Charles Tuterai, Taata a Uaua, Taumatahiro a Taputuarai.
Sont cités, Edouard Deligny frère du caporal Henri Deligny, le caporal
Charles Palmer, le mitrailleur Marie Joachim Huriara a Huruhau,
le 2ème classe Tetumana a Teahutapu, Fareira a Tane, Puhiava a Teamo a Terii,
Charles Maraetefau a Temauri, Taero a Tuaiva, Tauraa a Maiau.
Le Bataillon part se reformer à Osly-Courtil et stationne à Laversine.
A partir du 1er octobre, le Bataillon mixte du Pacifique se positionne
pour la bataille de la Serre qui sera engagée du 20 au 30 octobre 1918.
Le 1er octobre, Tahahe a Teriitevaearai de Papenoo est tué.
Le 2 octobre, Tuterai a Amaru en mission de liaison est blessé par un éclat
d’obus. Albert Ariihoro Manutahi dit Paepae est enterré par une explosion
avant d’être dégagé. Algernon Robson est tué à Filain par un éclat d’obus
Le 3 octobre, Mihimana a Mihimana est mortellement atteint par un éclat
d’obus au Pont du Bois Roger.Il décède de ses graves blessures ledit jour.
Tufaanaa Teraitetua ainsi que le sergent Claude Nouveau sont blessés
à Filain par éclat d’obus.
Le 4 octobre, le caporal Julien Scholerman de la 3ème compagnie s’élance à
Filain à la tête de sa section, en criant : Allez les Fei ! Une balle de mitrailleuse
perce son casque Adrian et le blesse mortellement. Avec Julien Scholerman
est aussi tombé mortellement blessé en essayant de traverser le tir de barrage,
le soldat de 2ème classe Tetuateata a Tahuatua, natif de Tubuai.
Tefaaruru a Pito est blessé et évacué. Tevaearai a Ori est blessé à Filain.
Pairi a Teriiutua a Pairi est blessé par éclat d’obus.
Le 5 octobre, une balle de mitrailleuse tue le 2ème classe Horoi a Moera.
Le 7 octobre 1918, le 365ème Régiment d’infanterie passe à l’attaque.
Viritua a Maoni et Victor Alexandre réduisent à la grenade un groupe
de combat ennemi. Le 2ème classe Teamai a Nahenahe est légèrement blessé.
Tetuaitehau a Faua de Tiarei est cité pour son courage.
Il sera blessé neuf jours plus tard à la tête par un éclat d’obus à Samoussy.
Le caporal Antony Bambridge dit Tony est blessé par une balle
de mitrailleuse au mollet droit.
Sont tués par éclats d’obus à Filain, Teriitanaroha a Teoroi de Teavaro
Teriitahi Terai Photo Onac-Vg
Johnston Henri Photo Onac-Vg
Tefaaruru Pito Fonds Pito
Tavaea Tutairi
René Drollet Fonds Chapman
Adrien Aumeran Photo Onac-Vg
et Teriivaetua a Teuaura de Haapiti. Sont blessés Narii Tehaapano Domingo
et Faahiva a Tamu dit Arave.
Le 8 octobre, Torii a Araia est tué par un éclat d’obus à Filain. Tauraaa Fana
est commotionné par l’explosion d’un obus sur les bords de l’Ailette et évacué.
Le 9 octobre 1918, Tufaana a Teraitetua et Teiho a Vaianomi
sont blessés. Tute a Teena d’Arue est tué à Filain.
Le 11 octobre 1918, Poaitu a Marurai et Tavi a Mateau sont blessés.
Les 2ème classe Tuaraiterii Paperetua a Paaehoo et Terii Tuarae décèdent
de leurs blessures.
Le 16 octobre, sont blessés, Haamana a Paaeho, Tetuatehau a Faua,
Huitoofa Mahinepeu dit Poro, le caporal John Lopez, Tepuvana a Taraufau,
Tahahe a Teriitevaearai dit Mana (il décèdera de ses blessures), Charles Arthur
et Urerii a Tane a Taitoa.
Le 17 octobre, Mana Tahahe est tué.
Le 18 octobre 1918, les éléments du bataillon du BMP font mouvement
pour se regrouper à Athies.
Le 19 octobre 1918 sont blessés le caporal Motoiapoo a Teaea,
Taimaraea a Roita, Tauraa a Tane, Tetuanui a Nuu dit Punaa
et Teheiura Tehei a Roo.
Le 20 octobre, Tekahio Alexandre est grièvement blessé par un éclat d’obus
en menant ses hommes à l’assaut d’une tranchée ennemie de la côte 96.
Ariiania Mercier blessé est aussi évacué.
Le 21 octobre, toutes les compagnies du Bataillon mixte du Pacifique
regroupées à Athies forment un groupement avec le 1er bataillon
du 164ème Régiment d’infanterie.
Dans les airs, le pilote tahitien Henri Cadousteau évolue dans son biplan.
Depuis trois mois, il a exécuté plusieurs missions de haut risque
et combats aériens.
Le 22 octobre, la 1ère,2ème, 3ème compagnie et la compagnie de mitrailleurs
sous le commandement du chef de bataillon Gondy progressent entre la cote
81 et la ferme de Savy, puis par le village de Favières, passent la rivière la
Souche. L’ennemi s’est replié à l’est derrière la zone des marais de la Souche
sur la Hunding Stellung. Toutes les tentatives faites par la 72ème Division
d’Infanterie pour traverser la Souche ont échouée.
L’attaque par le 365ème Régiment d’Infanterie, du village de Pierrepont,
puissamment défendu a aussi échoué.
Ce 22 octobre, Roometua a Punua a Rotua est blessé à Fay le Sec.
Le 23 octobre 1918, Florès Tamahana Moo est à son tour blessé
par éclat d’obus à Fay le Sec.
Le soir du 24 octobre, le passage de la Souche est décidé,
par la zone des Marais, en même temps que par Favières.
L’attaque est prévue pour 5 heures 50, le 25 octobre au matin.
Elle sera appuyée par un barrage roulant progressant de cent mètres en trois
minutes. Le bataillon mixte du Pacifique reçoit l’ordre de s’emparer de la ligne
des tranchées allemandes au nord du petit village de Vesles-et-Caumont,
village fortifié de la Hunding-Stellung, situé à vingt kilomètres au nord-est
de Laon puis se déployer à l’est en tournant la côte 79 par le nord pour ouvrir
la voie au 365ème Régiment d’Infanterie qui débouchera de Pierrepont.
La bataille de Vesles-et-Caumont et de Pierrepont
Archives de la Nouvelle Calédonie.
Fonds Teedy Oopa
Le corps des infirmiers du bataillon mixte du Pacifique. Assis au premier rang, à partir de la gauche Clément
Schmidt. Lors de la prise de Vesles et Caumont, l’infirmier Clément François Schmidt originaire des Gambier porte
inlassablement secours à ses camarades blessés sous les feux battant des mitrailleuses et le tir de l’artillerie ennemie.
Photo Onac-Vg
Fonds Teedy Oopa
Le 25 octobre, les Océaniens traversent de nuit la zone marécageuse. Les pluies des jours précédents ont gonflé les marais.
L’eau est glacée et s’étend sur plus de mille cinq cent mètres. Le canal de Buze est traversé puis celui de la Souche. Sans
passerelle du génie, des hommes, l’eau jusqu’aux épaules font de leurs corps des ponts sur lesquels leurs camarades s’appuient
pour traverser. En silence, ils se regroupent pour l’assaut prévu à l’aube.
A 5 heures 50, précédé du barrage d’artillerie, le Bataillon s’élance en hurlant.
L’ennemi, la surprise passée réagit par des tirs de mitrailleuses et de mortiers pointés sur les premières vagues d’assauts
qui s’immobilisent. Les hommes tombent, les blessés appellent à l’aide. Auariiroa a Tiaiho est mortellement atteint par une
balle de mitrailleuse. Avec lui sont aussi tombés Teura a Vahineteratua de Hitiaa, Ehu a Nuupurii de Papara. Le caporal
Gabriel Redeuilh a été aussi tué.
Les tirailleurs Taeura a Punuatathitua, Taatahiti a Tetuanui a Paerai, Faahio a Pito, Tapuhoa a Uraeva, Teriitefaroua a Tutai,
les deux cousins Winchester sont blessés. Teriiroa a Tiaahau dit Ina grièvement blessé décèdera de ses graves blessures deux
jours plus tard à l’ambulance n° 181 de Villers-Cotteret. Victor Alexis Tevaearii, l’agent de liaison au bras gauche tatoué d’un
papillon n’est que légèrement blessé.
Les infirmiers Teiva a Tefaata de Pare, Teiva a Tefaatau et Clément François Schmidt des Gambier portent secours aux blessés
sous les feux battant des mitrailleuses et les tirs d’artillerie ennemis. Mario Anapa a Tiapatai de Papara évacue sur son dos
un de ses camarades gravement blessé. Le 2ème classe Tahifia Teuira, tireur d’élite essaye de contrebattre la mitrailleuse qui
arrête la progression mais il est rapidement blessé.
Le caporal Charles Maraetefau a Temauri attaque et réduit avec sa section un nid de mitrailleuse en position au sud-est de
l’entrée du village.
Tauraa a Tarihaa armé d’un fusil mitrailleur appuyé par Marie Joachim Huriara a Huruhau couvrent alors les sections
d’assauts. Le Caporal Tautuarii a Oopa de Huahine secondé par son caporal Augustin Teahu a Teaha en profitent pour
prendre à nouveau l’avantage et dégager des factions clouées au sol par les mitrailleuses.
Ils sont rejoints par les intrépides François Kumiumihi Foucaud, le marquisien, Puni a Amaru de Mataiea, Amaru Teraiareva, le 1ère classe Agmon a Marurai
surnommé Teoorai et Pahiri a Hiva d’Afaahiti. Tuteraimarama a Maraeauria d’Afaahiti les suit entraîne avec lui ses camarades à l’assaut pour conquérir dans
de furieux combats de corps à corps Vesles-et-Caumont qui est pris à 9 heures. Maraetehiva a Taamato s’est battu comme un lion. Les grenadiers réduisent
les dernières poches de résistance. En face, dans la ferme du Petit-Caumont des tirs sont encore dirigés sur les lisières nord du village. Les jets de grenades de
Tatoaa Terai de Mataiea, de Tahuitira a Taimoe, de Taruri a Tipuu et de Tau a Maopi ont raison de l’ennemi. Le grenadier Tanetui a Maihuti dit Teraitoa paye
de sa vie son action. Grièvement blessé, il succombe à ses blessures le 15 février 1919 à l’hôpital bénévole du jardin colonial de Nogent sur Marne. Puahio
Fetuura grièvement blessé décède aussi. A 10 heures, le Bataillon charge au son du clairon de Jean René Tiare de Tautira et enlève à la baïonnette la ferme
du Petit-Caumont. Pahiri a Hiva d’Afaahiti, Raua Tuahine, Teura a Vahineteratua de Hitiaa se distinguent par leur bravoure et leur témérité alors que Hoarai
a Tehuritaua de Papenoo l’agent de liaison court de postes à postes sous les balles car un redoutable point d’appui ennemi subsiste et
domine la zone de combat, la côte 79 vers lequel le Bataillon se rue maintenant sous la protection des mitrailleuses. Rooarii a Pohemai de
Papenoo après son action remarquée lors de l’attaque du village se rue sur les tranchées de la côte 79. A ses côtés, Tanehiatua a Tuahu,
Teaurai a Nahenahe, Natua Tama a Moe, Faahio a Pitoaito et Tiori a Taraihau. Ils sont blessés en se portant à l’avant. Ehu Nuupure a Teohu
est porté disparu. Il sera déclaré mort par jugement du tribunal administratif de Papeete en date du 5 février 1924. Teurukura a Taurau de
Hikueru s’est écroulé dans l’assaut, mortellement blessé. Les compagnies s’infiltrent dans le point d’appui qui est pris à 15 heures. Tehihira
a Punuataahitua, Tehihira et Teotahi, fusiliers mitrailleurs audacieux épaulés de Teriitua a Pairi, grenadier d’élite, de Tuteraimarama
a Maraeauria s’emparent d’un premier
élément de tranchée fortement
défendue. Le sergent Charles
Tehihira Punuatahitua
Maraeteafau réitère son
élan de l’entrée sud-est du
village de Vesles-et-Caumont,
pour prendre une tranchée
de la côte 79. Lorsque les
munitions viennent à
manquer, c’est à la baïonnette
que les hommes se défendent.
Uraeva a Uraeva de Papara
est cité : soldat très courageux
n’ayant plus de munitions a
contre-attaqué à la baïonnette au
Tautuarii Tematahiapo a Oopa,
Croix de guerre avec Etoile
combat de Vesles et Caumont.
d’argent, instituteur de Huahine
Certains le paient de leur
est né le 7 septembre 1897
sur la goélette Huahine
vie. Dans l’action,
à dix miles de Tahiti.
Il est le fils de Pouvaana a Oopa,
le 1ère classe Tau a Neti
Tutapu, Tetuaapua et de Tetuanui
est tué. Les défenseurs
Raita Adamu, Faosa a Vahinerii,
fille de A. Kiau Pang.
allemands de la côte 65
Son frère Pouvaana a Oopa
ci-dessous, débarque avec
qui interdisent
le quatrième contingent
le débouché de
parti de Nouméa
le 10 novembre 1917.
Pierrepont sont pris à
revers. Vers 17 heures,
l’ennemi contre-attaque
violemment.
Les positions conquises
sont néanmoins conservées
grâce à la détermination des
tirailleurs du Pacifique.
Teheiura a Teuinatua est cité pour sa
vaillance.
Le village de Vesles et Caumont en ruine.
Le 27 octobre, les compagnies du Bataillon sont relevées et se regroupent à la ferme d’Etrepoix.
Le 28 octobre, les tirailleurs dont la conduite au feu a été remarquée sont décorés par le général Ferradini,
commandant la 72ème division d’infanterie.
Le 29 octobre les compagnies sont au repos à la ferme d’Etrepoix. Le caporal Marcel Favereau, grenadier d’élite, est porté disparu,
présumé tué.
Les 30 octobre, le 2ème classe Opura a Teraimaha grièvement blessé lors de l’assaut de Vesles et Caumont décède
à l’ambulance 15 /13 SP 100 alors que le 2ème classe Temaehu a Tiaihau défie le feu de l’ennemi en 1ère ligne dans une mission de liaison.
Les 2ème et 3ème compagnies avec la compagnie de mitrailleurs font alors mouvement pour occuper le secteur de Pierrepont
sous le commandement du chef de bataillon Gondy.
Le 1er novembre Farohia a Tatahio est blessé dans une mission de liaison avec une unité de première ligne à Pierrepont.
Le 4 novembre, tout le Bataillon se regroupe à Etrepoix.
Le 5 novembre, Georges Sage le Tahitien incorporé à Auckland en mission de liaison est blessé à Pierrepont par un éclat d’obus.
Le 7 novembre, les 1ère, 2ème et 3ème et 4ème compagnies sont affectées à des travaux sur le pont du chemin de fer situé à environ
1,5 kilomètres de Bucy les Pierrepont. Les tirailleurs sont finalement ramenés à l’arrière pour stationner au repos
du 8 au 12 novembre à Bucy où la déclaration d’armistice tombe.
Le 12 novembre, Tony Bambridge convalescent écrit : Chère mère, hier, il y a eu une grande fête ici en France.
La guerre est finie, le monde est fou de joie. (…) A bientôt Tony. Le Bataillon est ensuite déplacé vers Soissons
où un train spécial le ramène le 19 novembre dans le sud de la France, en deux détachements distincts.
Le 22 novembre 1918, le Bataillon du Pacifique arrive à Fréjus et prend ses quartiers au camp de
Valescure- Golf. Les tirailleurs vont y attendre leur rapatriement pour l’Océanie.
Le 10 décembre, le Bataillon Mixte de Marche du Pacifique est cité à l’ordre de la Xème armée
pour sa conduite pendant l’attaque de Vesles-et-Caumont.
Ordre du 10 décembre 1918 : Le 25 octobre 1918, sous les ordres de son chef, le Commandant
Gondy, s’est porté d’un seul élan et sous un violent bombardement à l’attaque du village
de Vesles-et-Caumont fortement occupé et
garni de mitrailleuses, dont il s’est emparé de
Le caporal Antony Bambridge sur motocycle Indian.
En 1914, Indian est le plus grand constructeur au
haute lutte. Continuant sa progression au son
monde de motocycles avec vingt mille unités par an.
Indian équipera l’armée US durant la grande guerre
de la charge, sonnée par tous les clairons du
ainsi que la Nouvelle Zélande, le Canada
et l’Australie. Cinquante mille Indians furent produites
Bataillon, a enlevé le ferme du Petit-Caumont,
durant la première guerre mondiale.
et se jetant vers sa droite, s’est emparé d’un
point d’appui important.
Fortement contre-attaqué dans la soirée,
a maintenu intacte la position conquise.
Dans la journée a fait cinquante prisonniers,
pris trente mitrailleuses lourdes et légères
et deux fusils anti-tank.
Sont par ailleurs cités à l’ordre du Bataillon
du Pacifique les Tirailleurs Maraetehiva,
Croix de guerre pour citation à l’ordre du corps d’Armée.
Tuteraimarama a Maraeauria,
Pendant les premiers mois de la guerre, la France ne dispose
pas de décoration spécifique pour honorer les actes
Marii a Maraeura, Uerii a Marama,
de bravoure individuels des soldats. En effet, il n’existe que la
Légion d’honneur, créée en 1802 par Napoléon Bonaparte et la
Tavi Mateau, Teaha Manès, Tautu a Tauatiti
médaille militaire, instituée en 1852 par Louis-Napoléon Bonaparte.
La croix de guerre est créée en 1915 pour récompenser les soldats ayant
de Haapiti et Mata a Tehautoto.
fait preuve d’une conduite exceptionnelle au feu. La décoration, œuvre
du sculpteur Albert Bartholomé se présente sous la forme d’une croix en bronze
Le Bataillon mixte du Pacifique reçoit la
florentin à quatre branches avec, entre les branches, deux épées croisées.
Sur l’envers de la décoration est représentée une tête de «Marianne» coiffée
Croix de guerre 1914-1918 avec une palme.
d’un bonnet phrygien et ornée d’une couronne de laurier,
avec écrit République française. Au revers, figure l’année de la récompense.
335 océaniens ont été tués, sur une unité
La croix de guerre est suspendue à un ruban vert avec liseré rouge à chaque bord
et comptant cinq bandes rouges, ruban de la médaille de Sainte-Hélène.
d’un millier de combattants.
Elle se porte sur le côté gauche de la poitrine. Pour une citation à l’ordre de
la brigade, du régiment ou unité assimilée, une étoile en bronze :
Le prix du sang a été particulièrement élevé
· pour une citation à l’ordre de la division, une étoile en argent ;
· pour une citation à l’ordre du corps d’armée, une étoile en vermeil ;
par rapport aux autres unités de combat.
· pour une citation à l’ordre de l’armée, une palme représentant une branche
Fond Tony Bambridge
de laurier en bronze.
Fonds Félix Vautrin
Murmures océaniens dans les Creutes
Jérome Buttet spécialiste en archéologie de la première guerre mondiale nous fait l’amitié de partager sa passion, ses recherches et
ses découvertes dans les Creutes (grottes en patois) soissonnaises, gardiennes privilégiées du passage, il y a cent ans des Tirailleurs
tahitiens du bataillon mixte du Pacifique.
La carrière des Tahitiens, le 15 août 1918
Après l’attaque de la 10ème armée Mangin le 18 juillet 1918, le Bataillon mixte du Pacifique s’est arrêté à Ambleny sur le plateau bordant
la rive gauche de l’Aisne à l’Ouest de Soissons. Une escouade de ces soldats laissa un ensemble exceptionnel de graffiti mettant en
exergue l’identité tahitienne à travers leurs noms, leur écriture et leur culture. Dix-sept traces au noir de fumée constellent le ciel d’un
coude de couloir dans une carrière. S’adressant à leurs successeurs aussi bien qu’à leurs camarades, et s’ils consentent à se battre c’est
moins pour la France que pour défendre l’honneur de leur patrie : Tahiti.
Arriver ici le 15 Août 1918
TAAROA, TANE, TAMARII, TAUE
Coquille de noix de coco
parmi quelques débris.
Cl.J.Buttet, 2013
Cl.J.Buttet, 2013
Le Notre Père. Collection privée.
Taaroa, le dieu créateur du
monde dans la mythologie est
cité trois fois. Ici, il apparaît
comme le géniteur originel et la
paternité suprême de ces soldats
par le truchement de Tane,
un dieu viril. Le rappel de ces
valeurs et croyances ancestrales
est symptomatique de la crainte
d’une mise en péril du groupe et
des individus.
TAAROA, UERII, Tahiti, 1918.
Cl.J.Buttet, 2013
TAAROA 1 est omniprésent,
il sacralise et rayonne en
protecteur sur tout cet espace.
L’identité tahitienne se décline
avec trois référents : familial,
géographique et culturel.
Le millésime 1918 rappelle
évidemment le contexte de la
guerre à laquelle Uerii prend
une part active au nom de sa
patrie tahitienne. On assiste en
même temps à un processus
mémoriel individuel et collectif
dont le but est effectivement
la reconnaissance de leur
participation et de leur sacrifice,
non par le chercheur presque
cent ans après, mais par leurs
contemporains.
Jérome Buttet.
La grotte est le refuge naturel des Tahitiens en guerre. Jadis, pendant les guerres tribales les
anciens polynésiens se cachaient dans les grottes et les souterrains des îles comme à Mo’orea
ou à ‘Anaa.
Il s’agit d’une prière de la bible en tahitien, probablement la version protestante 2.
Tahitien et
Traduction littérale en français
To matou metua i te ra’i
à/ nous/ parent/ à/ le/ ciel
Ia ra’a to ‘oe i’oa
que/ sacré/ à/ toi/ nom
Ia tae mai to oe ra hau
que/ arrive/ à/ toi/ règne
Ia haapaohia to oe hinaaro i te fenua nei
que/ respectée/ à/ toi/ volonté/ à/ la/ terre/ ci/
Mai tei te ra’i atoa ra
comme/ à/ le/ ciel/ aussi/ donc/
Hö mai i te ma’a ia au ia matou
échange/ vers moi/ à / la/ nourriture/ qui/ bonne/ à/ nous/
I teie nei mahana
à/ ce/ ci/ jour
Traduction littéraire en français
Notre père qui êtes aux cieux
Que ton nom soit sanctifié
Que ton règne vienne
Que ta volonté soit faite sur la terre
Comme au ciel
Donne nous notre pain
quotidien
John Doom, pasteur et ancien président de l’Eglise évangélique protestante de la Polynésie française reconnaît que même aujourd’hui, Taaroa reste un mythe fondateur très fort de la création dans la foi chrétienne de ses
paroissiens.
2
Duro Raapoto a introduit progressivement dans cette prière dès 1980 des modifications qui furent adoptées par l’Eglise évangélique de Polynésie française en 2002. Ainsi, entre autres, à la pentecôte,
il fait remplacer le pain (l’ostie) et le vin par le uto (germe de coco) et l’eau de coco.
1
LES UNIFORMES ET LES ARMES
1
2
5
En 1915, le fantassin français est encore équipé de la capote modèle 1877 et du képi modèle 1884 qui ne le protège pas contre les balles
Collection Eric Minocchi
ou les éclats d’obus. Le képi bleu modèle 1914 remplace le képi modèle 1884.
Le képi est remplacé à partir de 1915 par le caque Adrian du nom de son inventeur avec un écusson pour indiquer l’arme
(les canons croisés désignent l’artillerie) et l’uniforme bleu horizon remplace la tenue garance (pantalon rouge).
A partir de 1916, nos fantassins tahitiens sont équipés comme suit :
3
Le képi des troupes coloniales.
4
1915
7
6
9
8
10
11
12
1
3
2
1-Couvre casque : la couleur n’est pas propice à la guerre des tranchées, la réflexion sur le bleu vernis du casque offrant
une cible aux tireurs embusqués. Un couvre casque de couleur kaki est distribué à partir de 1916.
2-Le Ceinturon et le brelage sont en cuir fauve
3-Capote Poiret 4ème type : elle comprend deux poches en toile renforcée avec un rabat à deux boutons pour emporter des munitions supplémentaires.
4-Chevron : en forme de V renforcé, il indique le nombre d’années passées au front.
5-Rouleau d’épaule : il permet de retenir les bretelles de l’équipement et du fusil.
6-Masque à gaz modèle M2 : il s’agit d’un masque à gaz complet qui recouvre le visage en totalité.
7-Boite métallique du masque à gaz
8-Petite cisaille à main modèle Peugeot 1915
9-Pantalon culotte bleu horizon modèle 1915 : il remplace le pantalon garance de couleur rouge. Le bas de la jambe se resserre
au niveau du genou et se ferme soit par un lacet ou des boutons. Il dispose de genouillères renforcées.
10-Baïonnette modèle 1915 (sans le quillon)
11- Fusil Berthier 1917 modifié 1915 : à partir de 1916, il remplace le Lebel.
12-Brodequin modèle 1916
Elle particulièrement reconnaissable
à son quillon courbé qui sera supprimé à partir de 1915
pour éviter de se prendre dans des obstacles de tranchées.
La baïonnette n’est pas une lame mais une pique cruciforme
pointue pour provoquer une hémorragie interne.
Les soldats se servent plus dans les combats de tranchées
de leur poignard dont le modèle type est le poignard vengeur.
1916
4
5
6
7
8
1-Casque Adrian 2ème type : à partir de juin 1916, ils sont de couleur terne pour les dissimuler de l’ennemi.
2-Capote modèle croisé : le modèle croisé protège mieux la poitrine et le ventre du froid et de l’humidité d’autant
que la tuberculose décime les rangs des combattants.
3-Numéro de collet en forme de losange : cousu sur le col, il indique le numéro du régiment
4-Masque à gaz modèle M2 relayé en masque de secours
5-Poignard de tranchée : le modèle le plus courant est le poignard vengeur.
6-Masque à gaz modèle ARS dans sa boite métallique : inspiré du modèle allemand l’appareil respiratoire spécial (ARS)
ou masque MCG est fait de tissu caoutchouté englobe le visage et se fixe avec des bandes élastiques réglables.
Il permet une respiration au travers d’une cartouche filtrante.
7-Bande molletière 2ème type : il s’agit d’une bande en drap de laine
Le pistolet réglementaire, modèle 1892
Le pistolet réglementaire français,
En arme de poing,
enroulée autour des mollets
modèle 1892 est l’arme de poing
les allemands ont
par excellence. Il est complété
8-Brodequin modèle 1917 : la tige a été rehaussée de 15 mm
le pistolet automatique
de pistolets automatiques de calibre 7.65 mm
PO8 Luger de 9 mm.
pour mieux tenir la cheville.
comme le Ruby espagnol.
Fusil mitrailleur Chauchat-Sutter modèle 1915,
8 mm Lebel. En service en 1916.
Le fusil Lebel modèle 1886/ 93
Le fusil Lebel modèle 1886/ 93 est l’arme réglementaire de l’armée française. Il contient un magasin de huit
cartouches de calibre de 8 mm qui doivent être logées une à une. Privé de lame chargeur, le rechargement
est donc long. Ces conditions de rechargement et sa longueur le rendent peu maniable dans les tranchées.
Le fusil Berthier modèle 1916
A partir de 1915, le fusil Berthier modèle 07/15, dérivé de la carabine de cavalerie
modèle 1890 entre en dotation complémentaire au Lebel 1886/93. Son chargement est plus aisé grâce à un clip
de trois cartouches. Il est composé d’une monture en bois de seul tenant
Le fusil Gewehr 98
Les allemands ont en dotation le fusil Gewehr 98 de calibre 7.92 mm qui est
alimenté par lames chargeurs de cinq coups.
La première mitrailleuse est américaine conçue par Hiram Maxim. Il s’agit d’une
mitrailleuse automatique à refroidissement par eau. L’Allemagne produit la MG08 en
calibre 7.92 avec une cadence de tir de 500 coups par minutes alimentée par bandes de
250 coups. La Grande Bretagne dispose de la mitrailleuse Vickers MK I très proche de
la mitrailleuse allemande MG08. Son calibre 7.7 mm utilise une cartouche 303.
La Hotchkiss modèle 1914.
La Mitrailleuse française Hotchkiss
est de calibre 8 mm. Sa cadence de tirs
est de 500 coups par minutes alimentée
par des bandes chargeurs de 25 coups.
Clip de trois
cartouches
Le Lee-Enfield N°1 Mark III
Les fantassins anglais sont équipés
du fusil réglementaire
Lee-enfield N°1 Mark III, alimenté par des lames
chargeurs de cinq balles 303 de calibre 7.7 mm.
Mitrailleuses
Saint-Etienne
modèle 1917
La baïonnette française
appelée Rosalie est
la baïonnette Lebel modèle 1886.
Artillerie
Deux types de pièces s’imposent :
Ici le canon français de 75 à tir oblique
(représenté ici), et les obusiers à tir oblique.
Les allemands disposent de gros obusiers
à tir courbe comme le Minenwerfer
de 170 mm qui peut envoyer
un projectile de 120 kilos contenant
30 kg d’explosifs.
Papeete Port d’escale des navires hôpitaux
Papeete fut aussi le port d’escale de navires hôpitaux qui ramènent sur la Nouvelle-Zélande et l’Australie les blessés des contingents
ANZAC. Le mercredi 5 septembre 1917, à deux heures de l’après-midi, le navire-hôpital NZ HS Maheno mouille dans la rade de Papeete.
Le paquebot propriété de l’Union Steam Ship Company est arrivé directement de Bristol après une escale à Panama.
A son bord, les héros d’Ypres, de Messine et d’Armentières.
Fonds Jean-Luc Piart
Le sergent John Roy Leslie, fils de D. Leslie domiciliée à Lynton Avenue, Onehunga à Auckland matricule n° 2.577 né à Hawera, Taranaki
décède de ses blessures à bord du bateau hôpital NZ HS Maheno dans la soirée du 5 septembre 1917 à l’âge de vingt-trois ans. Il avait
quitté la nouvelle Zélande le 16 octobre 1916 sur le Limerick ou le Arawa à destination de Suez en Egypte pour être incorporé dans
l’artillerie de campagne. Les obsèques de John Roy Leslie furent organisées en terre tahitienne le lendemain à neuf heures du matin pour
être inhumé au cimetière de Tipaerui. Le détachement d’Infanterie Coloniale lui rendit les honneurs militaires.
Le journal officiel nous relate l’arrivée à Tahiti du NZ HS Maheno commandé par le lieutenant-colonel R. W. Anderson. A son bord,
vingt-cinq officiers dont le Lieutenant-colonel, Commandant des troupes, R. M. Gunn, le Major Adjudant. W. Bond, le Major,
Le sergent Roy John Leslie.
Medical Officer F. G. Gibson, Major, doctor P. E. Foster, Capt. doctor J. E. Duncan, Capt., doctor J. Hyde, Capt.,
doctor Ready, Capt., doctor J. Noakes, Capt.,Dental Officer, J. Murphy, Chapelain et sept nurses pour accompagner
quatre-vingt-deux blessés (officiers), trois cent cinquante blessés (sous-officiers et soldats). La ville de Papeete informée
de l’arrivée du navire hôpital allié s’était parue de sa physionomie des jours de fête se couvrant de pavoisements.
Le navire hôpital était à peine annoncé au large que les populations tahitiennes impatientes se pressaient sur les quais
alors que la musique des Frères de Ploërmel embarqué sur une gazoline allait à leur devant. Le NZ HS Maheno fut
amarré au wharf de la Compagnie des Phosphates pour charger sept cent tonnes de charbon. L’officier Anderson
fut accueilli par les autorités de la colonie représentées par le
Le Gouverneur, des notables des E.F.O.
et le commandement du corps de l’ANZAC.
Lieutenant Pierrot accompagné du Dr. Williams, Consul
d’Angleterre. Un service d’automobiles improvisé charge les
officiers et les soldats pour les conduire au Cercle Colonial
et la caserne de l’Infanterie où les réceptions officielles les
attendent, accueillis par le Secrétaire Général intérimaire
Solari. Le Major Gunn remercie en français les autorités
françaises et tahitiennes pour leur fabuleux accueil
salué par le God Save the King, la Marseillaise et le Stars
Spangled Banner. Un concert en soirée va suivre exécuté
par le Comité des Anciens Elèves des Ecoles de Papeete
avec le concours de la Société Philharmonique renforcé
de deux Anzac.
Fonds Anne Crozier
Fonds Sue Baker Wilson.
Le HS Maheno appareille le 8 septembre
Fonds Raoul Cere
Durant son escale les populations des districts n’auront
de cesse d’apporter aux blessés Néo-Zélandais fruits, fleurs et victuailles.
Un comité de dames visite les blessés qui n’avaient pu descendre à terre le bord en raison de leurs graves
infirmités. Le Consul Britannique Williams exprimera officiellement en retour toute sa gratitude
pour l’accueil généreux que Tahiti réserva aux vaillants blessés de la Colonie voisine et alliée.
Le soldat australien Robert William Fuhrstrom repose au cimetière de l’Uranie. Originaire
du village de Beauford, près de Ballarat dans l’Etat de Victoria où il travaillait au Fiery Creek Dredge,
affecté au dragage de l’or, il se porte volontaire en 1916 pour servir dans les rangs de l’A.I.F.
en Méditerranée. Atteint par la rougeole et souffrant de pleurésie chronique, il est évacué sur l’Australie.
Il décède le 29 mai 1918 sur le retour et est inhumé au cimetière de l’Uranie.
Le journal officiel des Établissements français d’Océanie relate aussi l’escale du 22 décembre
à Tahiti du S/S Rotorua avec à son bord des blessés des armées néo-zélandaises
dont deux Tahitiens enrôlés comme volontaires à Rarotonga impatients
de retourner au front. Ces troupes néo-zélandaises sont encadrées
par le Lieutenant-Colonel A. Cowles, commandant la N.Z Rifle Brigade
et le Major A. G. B. Price, du Régiment d’Auckland.
L’escale tahitienne prometteuse fut cependant écourtée privant les hôtes
néo-zélandais des hautes festivités qui leur étaient préparées.
Le Commandant du Rotorua reçut l’ordre en fin d’après-midi de se porter
au secours du vapeur Maitai, échoué à Rarotonga.
Pendant ces quelques heures passées en terre tahitienne,
des centaines de régimes de bananes, de cocos et de maïore1 sont expédiées
à bord avec des souvenirs artisanaux de corail, de nacre et de coquillages.
Le Comité des Anciens Elèves des Ecoles de Papeete organise même
promptement une collecte pour offrir aux soldats néo-zélandais quarante boîtes
de cigares et cent paquets de cigarettes.
Dans le cimetière de Tipaerui repose aussi Patrick Arthur Tierney décédé
quelques années plus tard en 1922 à Bora Bora, vétéran du 6ème bataillon
d’infanterie d’Auckland embarqué le 14 août 1914
sur le Willocha ou le Tofua pour Suez. Son histoire est épique.
Il fut retrouvé mort en octobre 1922 sous un ponton à Bora Bora
(Auckland Observer), avec plusieurs blessures sévères au couteau après avoir dîné
avec un docteur de Raiatea et une autre personne. Les autorités néo-zélandaises
ont officiellement sollicité une enquête mais les autorités françaises ont rapidement
conclu à un suicide. Le vétéran Putua Kainuku originaire des îles Cook,
décédé le 9 septembre 1964 y repose aussi.
Il peut s’agir du père ou d’un parent de Taivi Kainuku radio-mitrailleur
engagé et disparu en opération dans le groupe Lorraine en 1941.
Le soldat australien Robert William Fuhrstrom
Fonds Sue Baker Wilson.
1
Fruit de l’arbre à pain
Les aviateurs tahitiens de la Grande Guerre
Adrien Lepage
Henri Cadousteau
Henri Cadousteau passe au 1er groupe d’aviation de l’aéronautique militaire, le 19 décembre 1917.
Adrien Simon Jean-Baptiste Lepage, incorporé en mars 1915 dans les chasseurs
Il est né le 26 mars 1890 à Mahina, fils de François Cadousteau et de Rerehaore Tearanuku née
alpins passe à l’aéronautique militaire en octobre 1917. Le 1er octobre 1917, élève
en 1867 dite Marie de son nom de baptême a Tairapaa Fanaurai, car fille de Fanauraia Tairapa.
pilote, il suit la formation militaire et théorique à l’école militaire d’aviation de
Henri exerce la profession avant-guerre de forgeron. Il quitte Nouméa sur le vapeur Gange,
Dijon-Longvic. Le 14 janvier 1918, il obtient son Brevet de pilote militaire n° 10.920
le 3 décembre 1916 pour être affecté successivement dans divers régiments d’infanterie coloniale.
à l’école militaire d’aviation d’Ambérieu, suit un stage de perfectionnement
Admis le 4 janvier 1918, comme élève pilote, il passe son Brevet de pilote militaire qu’il obtient à
(bombardement) à l’école militaire d’aviation d’Avord,
l’école militaire d’aviation de Châteauroux, le 18 avril 1918 (n° 12.797).
puis un stage de spécialisation à l’école militaire d’aviation du Crotoy,
Il devient pilote militaire, le 23 mai 1918. Henri engage ensuite un stage de perfectionnement
jusqu’au 18 avril 1918. Il intègre comme pilote un stage au centre G.D.E
à l’école militaire d’aviation d’Avord, suivi d’un stage de spécialisation à l’école militaire d’aviation
(groupement des divisions d’entrainement) de Voves du 18 avril
de Voves, jusqu’au 19 juillet 1918. Henri Cadousteau est nommé Caporal,
au 28 juin 1918. Il se tue malheureusement au cours d’un accident aérien,
le 10 septembre 1918, passe pilote du GDE du 19 juillet au 23 septembre 1918 puis pilote de l’escadrille SAL
sur le territoire de Gouillons (Eure-et-Loir), le 28 juin 1918 : le sergent pilote
50 du 23 septembre 1918 au 8 mars 1919. L’escadrille 50 est créée le 11 février 1915 à Villacoublay.
Adrien Lepage, pilote de la division Voisin basée à Avord dans le Cher,
Sa première dénomination est V21 Bis pour se démarquer de l’escadrille V21 créée en décembre 1913. Elle prend
détaché au GDE est décédé
ensuite le nom d’escadrille MF 50 en avril 1915, puis F 50 en août 1916, AR 50 en 1917, puis SAL 50 le 25 février 1918.
de ses blessures consécutives
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Lorsqu’il reçoit son affectation à la SAL 50 en septembre 1918, l’escadrille vole sur des Salmon 2A2 et des bimoteurs Letord 2.
à la chute d’un avion
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Henri appelle son avion Salmon 2A2 Tahiti. Il passe sergent, le 8 novembre 1918. Il est cité le 31 décembre 1918 à l’ordre de
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de Gouillons (Eure et Loire).
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les commandes de l’avion. Il bénéficie d’une permission coloniale qui lui est accordée à partir du 28 janvier 1919.
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à l’hôpital de Chartres.
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Il débarque à Tahiti le 18 juin 1919. Il est démobilisé, le 27 août 1919 pour être versé dans la réserve au détachement d’infanterie
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Henri Cadousteau est le premier des pilotes tahitiens.
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Henri Cadousteau
et son avion Salmson 2A2,
baptisé Tahiti.
Charles
Bernard Nordhoff
Charles Bernard Nordhoff est né à Londres le 1er février 1887.
Fonds Nordhoff
Le groupe Lafayette
James Norman Hall
James Norman Hall et Charles Bernard Nordhoff sont des figures connues du Tahiti d’hier. Ils sont les auteurs de livres
cultes et notamment Mutiny on the Bounty et The Hurricane. Ils ont pris tous deux épouses tahitiennes et ont donné des
souches polynésiennes. Ces deux américains d’adoption ont été des aviateurs de la première guerre engagés
respectivement dans l’escadrille La Fayette et dans le La Fayette Flying Corps. Des volontaires
américains en reconnaissance pour l’engagement du marquis de La Fayette dans la guerre
d’indépendance américaine ont constitué en 1916 une escadrille de chasse qui
est financée par des américains francophiles
sous commandement français.
Elle va compter dans ses rangs quarante-deux
aviateurs dont quatre Français.
Elle accueillera aussi
Eugène Jacques Bullard
unique pilote de chasse noir
pendant toute la
Première Guerre mondiale.
James Norman Hall
né le 22 avril 1887 à Colfax
dans l’Iowa, s’engage le
18 août 1914 à Londres dans
l’armée anglaise. Il se fait
passer pour un canadien
car les Américains sont
interdits d’enrôlement.
James Norman Hall est
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classe dans le
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9ème Bataillon des Royal
Fusiliers. Mitrailleur, il participe à la bataille de Loos. Fin novembre 1915, il retourne aux États-Unis où il publie une série d’articles sur son
engagement dans l’Armée britannique. L’Atlantic Montly lui propose alors d’écrire un article sur une escadrille américaine engagée sur le front
d’Europe. Le 11 octobre 1916, James Norman Hall s’engage dans la section aéronautique de la Légion étrangère avec le matricule LM.11.921.
Il est formé dans les écoles de Buc et d’Avord et au Groupe des Divisions d’entraînement (G.D.E) du 16 octobre 1916 au 14 juin 1917 où
le 23 avril 1917 il reçoit son brevet de pilote militaire n° 6051. Le 16 juin 1917, le caporal Hall rejoint l’Escadrille La Fayette à Chaudun
où il engage de premiers vols de reconnaissance et de patrouilles de combat. James Norman Hall livrera son histoire dans son livre High Adventure.
Il totalise quatre victoires aériennes : le 1er janvier 1918, il abat un Albatros allemand.
Le 27 mars, il obtient une deuxième et une troisième victoire sur des avions ennemis de reconnaissance.
Le 29 avril, il abat un chasseur Pfalz. Le 7 mai 1918, son Nieuport est atteint par un coup direct et Hall se pose brutalement dans un champ près de Pagny.
Les deux coudes et le nez brisé, il est capturé pour être transporté dans un hôpital de campagne allemand à Jarny-Conflans
où il reste convalescent six semaines. Hall est ensuite interné dans un camp de prisonniers à Landshut au Palatinat jusqu’à l’armistice.
Les Tahitiens des autres forces françaises et alliées
Les volontaires et conscrits tahitiens n’ont pas tous servi dans l’Armé d’Orient et le Bataillon mixte du Pacifique. D’autres armes les ont accueillis tant dans les forces françaises que alliées.
Avertissement : la liste des soldats tahitiens n’est pas exhaustive et les noms peuvent être sujets à des orthographes erronées.
Un tahitien scaphandrier de combat
Roita a Temahahe né le 1er décembre 1889 à Hitiaa dirigé sur la France le 3 décembre 1916e est versé au 22ème colonial le 15 février 1917, il arrive au camp de Fréjus le 21 mai 1917,
puis passe à la 3ème compagnie le 6 juin 1918. Versé au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient le 25 juin 1918. Il passe au centre de perfectionnement scaphandrier le 1er septembre,
puis au centre administratif de Lorient le 1er janvier 1919. Il passe au 4ème dépôt de Rochefort le 19 janvier 1919. Il embarque sur le Kersaint le 13 avril 1919.
Portraits d’artilleurs tahitiens
Marc Grand et André Hoarai a Teave servent comme canonniers.
André Hoarai a Teave né le 29 avril 1884 à Pare s’engage pour cinq ans le 11 juillet 1903 au 1er Régiment
d’artillerie coloniale. Il embarque pour la Nouvelle-Calédonie le 6 avril 1904 affecté au 3ème Régiment d’infanterie
coloniale le 7 février 1907. Rengagé en juillet 1908, part en détachement à Marseille puis Dakar le 22 novembre 1908 affecté au
6ème Régiment d’artillerie. Aux armées, du 2 août 1914 au 12 mars 1919, participe aux combats aux frontières.
Cité. Croix de guerre avec Etoile de bronze. Médaille militaire.
Salmon Ernest
Mobilisé le 9 janvier 1916, il est embarqué de Papeete le 21 janvier 1916 pour
débarquer à Nouméa le 29 février 1916. Il est dirigé sur la France à bord
du vapeur Gange le 4 juin 1916, débarque à Marseille le 11 août 1916.
Affecté au 22ème colonial, 29ème compagnie, il est nommé caporal.
Il passe ensuite au 6ème groupe d’artillerie à pied d’Afrique du Nord
le 16 décembre 1916. Il est dirigé sur le dépôt de passage à Toulon
le 11 mai 1917, passe au 10ème Régiment d’artillerie à pied
le 6 novembre 1917. Il est affecté à la 202ème batterie le 1er mai 1918.
Un groupe d’un régiment d’artillerie lourde
en mouvement. Dans ce train de remorques,
un canon de 120 long. Fonds privé
Maurice Langomazino
Incorporé le 15 avril 1914, en sursis d’appel, le 16 avril 1915 prolongé le 24 septembre 1915.
Rappelé le 9 janvier 1916, embarque le 21 janvier 1916 pour la Nouvelle Calédonie où il débarque
le 29 février 1916. Il est dirigé sur la France le 4 juin 1916 à bord du vapeur Gange et est affecté au 22ème colonial.
Il ne part pas sur le front d’Orient avec la centaine de Tahitiens de la 29ème compagnie, affecté le 12 décembre 1916 au
Ernest Salmon Fonds Salmon
10ème Régiment d’artillerie à pied de Toulon, le 2 avril 1917 au 3ème Régiment d’Artillerie à pied,
le 1er août 1917 au 70ème Régiment d’Artillerie légère. Maurice Langomazino est gazé et souffrira atrocement les quinze dernières de sa vie des séquelles
de ses poumons brûlés.
Portraits de Chasseurs alpins tahitiens
Adrien Lepage né le 16 octobre 1894 à Papeete est incorporé à Nantes en mars 1915 et versé au 113ème Régiment d’infanterie, le 23 mars 1915.
Il est nommé caporal, le 14 juillet 1915 et affecté au 57ème Bataillon de chasseurs alpins.
Albert Guillot né le 17 février 1895 à Taiohae est engagé volontaire, le 2 septembre 1914 au 19ème Bataillon de chasseurs alpins.
Henri Drollet
Fonds Chapman
Les deux frères Drollet.
Denis et Henri Drollet servent tous deux dans le corps du 22ème bataillon des chasseurs à pied devenu alpin en 1916. Ils servent en Italie, titulaires de
la Fatiche di Guerra italienne. Ils sont engagés en avril 1917, dans l’Aisne à Anthenay, Champlay, en mai à Cormicy et la côte 108 qui fait l’objet
de combats acharnés.
La côte 108
Le 31 mai, à trois heures cinquante, sept mines de très grande puissance explosent simultanément. De la fumée des explosions surgissent des
Stosstruppen précédées de lance-flammes qui inondent les tranchées de liquides enflammés. Le combat fait rage. L’ennemi arrive au corps à corps.
Les chasseurs se battent pistolet au poing à la baïonnette ou à la pelle de tranchée. Les chasseurs doivent rapidement se dégager pour ne pas être
submergés et se replient vers la carrière de Sapigneul. Denis Drollet est cité : S’est distingué pendant le combat du 31 mai 1917 par son calme et son sang-froid
en restant comme guetteur sous un tir d’artillerie très violent. A assuré la liaison avec l’artillerie, en traversant des barrages d’une extrême violence.
Chasseur intelligent et très actif.
Le chemin des Dames
D’août à novembre 1917, le 22ème Bataillon de chasseurs à pied est engagé au chemin des Dames entre le bois Beaumarais et Craonelle, le secteur de Champagne et le plateau de Californie.
André Drollet est blessé le 18 juillet 1918 au bois de Thiroux par éclat d’obus. Il rentre au 22ème bataillon de chasseurs alpins le 9 septembre 1918 au sein de la 4ème compagnie pour être engagé dans la Bataille de Saint-Quentin.
Le 6 octobre 1918, André Drollet repousse à la grenade une contre-attaque allemande. Une balle de mitrailleuse qui prenait à flanc son groupe le blesse à la cuisse droite. Après la guerre, il se retire à San Francisco.
André Drollet est titulaire de la Croix de guerre avec Etoile d’argent, l’ Insigne pour blessures, la Médaille commémorative de la Grande guerre 1914-1918, la Médaille de la Victoire,
la Médaille militaire et la Croix du combattant. Denis Drollet est blessé le 18 août 1918 par éclat d’obus.
Troupes Alliées
Des natifs de Tahiti ont été identifiés pour avoir servi respectivement dans les armées alliées : ANZAC, armée américaine et anglaise.
Australian New Zealand Army Corps (ANZAC)
L’Australian and New Zealand Army Corps connu sous l’acronyme d’ANZAC regroupe les soldats d’Australasie engagés dans la Première Guerre mondiale. Cette troupe va accueillir aussi dans leurs rangs des îliens d’Océanie anglophone et notamment des volontaires de l’île de Niue, des îles Fidji, de Tonga, de Kiribati,
de Tuvalu, des Samoa, des îles Norfolk et des îles Cook.
Parmi les mille océaniens qui s’engagent dans le corps expéditionnaire néo-zélandais une vingtaine de natifs d’Océanie française sont recensés. Ils seront majoritairement versés dans les rangs des contingents en provenance des îles Cook, exception faite de Richard Bambridge qui sert dans l’armée australienne.
Ces volontaires d’Océanie française sont originaires de Tahiti mais aussi des archipels périphériques des Australes, des Tuamotu et des îles sous-le-vent.
Quarante-sept hommes des îles Cook ont composé le premier contingent rarotongien qui est parti pour la Nouvelle-Zélande sur le Moana en octobre 1915. Ils sont transportés au Caire pour être affectés à des tâches logistiques. Ils seront ensuite versés dans le New Zealand Pioneer Battalion pour gagner en Avril la France.
Le 15 septembre 1916, la New Zealand Division passe à l’assaut des positions allemandes à Flers. Les pionniers sont chargés de réparer le long de la ligne de front les tranchées endommagées par l’artillerie allemande. Le travail de sapeur se fait sous les tirs de l’artillerie et des mitrailleuses allemandes.
Le Tahitien Mahoa, natif de Bora Bora connu aussi sous le nom de Mahoa Nahi figure parmi les blessés, atteint par un shrapnel. Il est évacué sur la Nouvelle Zélande. Mais beaucoup de ces Pionniers comme leurs frères d’armes tahitiens du bataillon mixte du Pacifique sont hospitalisés pour maladie imputable au service.
Le Tahitien Metua Mou est hospitalisé le 15 décembre 1916 au 1er NZ Field Ambulance pour une pneumonie sévère. En octobre 1917, la New Zealand Division est engagé dans la 3ème bataille d’Ypres. George Victor Bennett né à Tahiti, résidant en Nouvelle
Zélande lors de son engagement le 14 novembre 1916 au sein du 22ème Renforcements, est gazé le 17 octobre 1917 et évacué en Angleterre.
Les îliens du Pacifique sont transportés pour l’Egypte. A leur arrivée en Egypte, les soldats du 1er Rarotonga Contingent sont versés au dépôt du camp de Moascar situé à environ à un mile à l’ouest d’Ismailia. Un second contingent débarque à Suez
le 27 décembre 1916, le contingent. Les hommes gagnent à leur tour le camp de Moascar.
Dans leurs rangs, on compte les Tahitiens suivants :
Paiaa Tu né le 29 décembre 1893 à Tahiti. Paia a Tu, qui est pulmonaire sera rapidement hospitalisé dans divers hôpitaux à Moascar, au Caire, Kantara, Héliopolis et à Port Saïd. Il est libéré le 20 mars 1919. Il décède le 12 décembre 1968.
Tioni Tutai Taero est né à Rurutu dans l’archipel des îles Australes. Malade, il est admis au 76ème Casualty Clearing Station à Belah le 13 octobre 1918 où il séjourne jusqu’au 23 octobre 1918. Renvoyé sur la Nouvelle Zélande le 20 mars 1919 sur le S/S Malta.
Un 3ème contingent quitte Rarotonga le 25 février 1918 sur le S/S Navua. Ce 3ème contingent compte le plus de natifs d’Océanie française partis de Rarotonga ou engagés en Nouvelle-Zélande ;
Aniva Tau est né à Rurutu dans l’archipel des îles Australes ;
Tia Brown versé dans la Rarotongan Company le 20 septembre 1918 est affecté aux cuisines ;
Utu Ratia, natif de Tahiti, travaille à Rarotonga lors de son enrôlement à Rarotonga le 12 mars 1918 dans les rangs du 3ème contingent rarotongien ;
Fariu Tehui connu aussi sous le nom d’Arapari né à Tahiti est résident de Rarotonga. Enrôlé le 12 mars 1918 au camp de Narrow Neck à Auckland, débarqué à Suez le 4 août 1918 est versé dans les rangs de la NZ Mounted Rifle Brigade Training
Regiment.
Teokotai Teokotai, de mère tahitienne et de père rarotongien est enrôlé au camp de Narrow Neck le 12 mars 1918 ;
Omao Omao est natif de Raiatea aux îles sous-le-vent. Résident à Rarotonga lors de son engagement au camp de Narrow Neck le 12 mars 1918 ;
Mauore Namiro est aussi néà Raiatea Résident des îles Cook il travaille en Nouvelle Zélande où il est enrôlé le 12 mars 1918 ;
John Mitchell né de père américain de New York et d’une mère originaire des îles Cook né à Tahiti est forgeron à Rarotonga employé par l’administration rarotongienne. Enrôlé dans le 3ème contingent, il est dirigé sur le camp de Narrow Neck
le 12 mars 1918. Versé dans la Rarotongan Company le 15 septembre 1918, il est transporté de Beyrouth pour Alexandrie le 9 novembre 1918 à bord du S/S Dundee Castle.
Certains sont réformés.
Le Tahitien D. Teina est recensé le 27 septembre 1915. Il est déclaré inapte lors de son stationnement au camp de Narrow Neck. Il décède de tuberculose à Rarotonga le 12 août 1918.
Le Tahitien Aura Tera est réformé pour tuberculose dont il décède le 27 avril 1925 à Rarotonga ainsi que Puta Reo né à Kaukura dans l’archipel des Tuamotu qui est renvoyé dans ses foyers le 12 avril 1918.
Un 4ème contingent fort de quatre-vingt-treize hommes quitte les îles Cook le 13 juin 1918 ainsi qu’un 5ème contingent le 29 octobre 1918. Les deux derniers contingents stationneront en Nouvelle-Zélande jusqu’à la fin de la guerre.
Albert Cowan est sergent dans le 4ème contingent. Il est incorporé le 7 décembre 1918. Libéré, il retourne à Tahiti pour retrouver son épouse et sa famille.
John Everett Otis Tautuarii Winchester né à Tahiti est employé à Wellington en Nouvelle Zélande lors de son enrôlement le 2 juillet 1918. Libéré en Nouvelle Zélande le 7 décembre 1918.
Albert Henry Thompson né à Tahiti travaille dans une ferme en Nouvelle Zélande lorsqu’il est enrôlé à Wellington le 2 juillet 1918 pour être transféré au camp de Narrow Neck. Libéré le 7 décembre 1918, il retourne à Tahiti.
Armée britannique
La NZ Mounted Rifle Brigade Training Regiment en Egypte.
Edmond Roura Walker est le plus jeune de la famille Walker Il a quitté Tahiti au début de l’année 1915 pour s’engager dans l’armée anglaise.
Il a embarqué le 2 janvier 1917 sur le bateau Opawa pour Londres où il est versé dans le 20ème Reinforcements Company. Après avoir pris part à plusieurs combats,
Edmond Walker a été renvoyé en Angleterre pour y faire un stage dans une école d’officiers à Oxford et est promu second lieutenant dans le Régiment de Hampshire.
Lors de l’offensive d’Artois, Il est grièvement blessé le 4 octobre 1917.
Georges Darsie, fils de G. Darsie et de Tetuanui Reiaiteraiatea Salmon, fille d’Alexandre Salmon et de la princesse Ariitaimai Cheffesse de Papara, et neveu de Tati
Salmon et de la Reine Marau Taaroa Salmon conduit une exploitation agricole au Canada quand la guerre éclate. Il regagne l’Ecosse, son pays d’origine et s’engage.
Vers lafin de l’année 1915, il est attaché en Orient au corps des chameliers d’Egypte et de Palestine, et se bat en Afrique du Sud. Il est ensuite versé dans les Scottish
Rifler pour combattre sur le front de l’ouest où il est sévèrement blessé et décède de ses blessures.
Armée américaine
Gabriel Drollet, né le 18 septembre 1893 à Papeete accomplit quinze mois et dix jours de service dans l’armée américaine est admis à l’équivalence des services par
application de l’article 13 de la loi du 1er avril 1923.
Paul Raphaël Mauarii Punuiratane Langomazino dit Paulo né le 8 septembre 1899 à Papeete, frère de Maurice Langomazino qui sert dans l’artillerie française
s’engage le 19 décembre 1917 dans l’Armée américaine au 62ème Régiment de la 8ème division d’Infanterie. Une partie du 64ème sert en France, une autre en Sibérie
expliquant un parcours qui le conduit jusqu’à Vladivostok. Lorsque le Tsar de Russie est renversé, le gouvernement provisoire russe négocie une paix séparé avec les
Allemands. Le Président américain Wilson va dépêcher sous la pression des Anglais des troupes en Russie du nord pour la protection des intérêts vitaux des Alliés en
Sibérie. Se sont aussi engagés dans les rangs de l’armée américaine Taurana Cearo de Rapa, James Manarii de Punaauia, William Joseph Maxwell, John Tahu
Pai, Isidore Richmond, Charles Pierre Simonin, William Snow, Taururoaa Temahinepua. Un certain John Davis venu de Tahiti s’est engagé à Honolulu dans la
marine américaine. John Davis va survivre au torpillage du S/S Aztec, bâtiment sur lequel il était embarqué.
Le S/S Aztec va être torpillé.
Les grands convalescents tahitiens
Les maladies ont plus décimé les rangs des coloniaux tahitiens que les balles et les obus allemands.
Malgré l’exemption de beaucoup de jeunes gens à cause d’handicaps physiques, les critères de sélection
n’empêchent pas l’envoi à Nouméa de nombreux volontaires inaptes au service armé et leur renvoi à Tahiti
voire leur hospitalisation et leur décès. Ceci démontre amplement le mauvais état sanitaire des E.F.O,
alors quasiment dénué de médecins. Certains des réformés décèderont sur le chemin du retour vers Tahiti.
Nouméa est venteux et frais. Les Tahitiens résistent difficilement à l’hiver calédonien.
Un médecin major commente : Les Tahitiens, qui pourtant ont l’aspect de colosses, n’offrent que très peu de
résistance à la maladie, et les points faibles chez eux sont la poitrine et l’intestin (…).
Le nombre des adénites est également très grand, quelques-uns sont d’origine tuberculeuse,
mais la grande partie est due à de la filariose (…).
Il s’interroge sur leur comportement en France quand ils auront à faire les frais d’un entraînement autrement intensif
que celui auquel ils ont été soumis en Calédonie.
Les contingents partis de Nouméa vers la France accuseront aussi des décès à bord de tirailleurs tahitiens. À bord du vapeur
El Kantara ramenant le corps expéditionnaire tahitien en 1919, Maui a Temauri de Haapiti et Teriihaetua a Faufau
dit Teura, décèdent respectivement le 4 juin et le 14 juin 1919.
Tautu a Opuhi d’Afareaitu dirigé sur Tahiti par l’Asie, décède à Saigon
le 12 novembre 1919.
Certains décéderont de leurs blessures de guerre ou de maladie
contractée en service juste après avoir retrouvé leur terre natale.
Tetuanui a Nuu dit Punaa d’Afareaitu, blessé deux fois en France,
est hospitalisé à son retour le 29 juin 1919.
Il décède à Mataiea le 15 août 1919.
Hiromarama a Ruai et Tefaatau a Teihotaata a Vairaa hospitalisés
le jour de leur débarquement à Tahiti le 28 juin 1919
décèdent tous les deux le lendemain à l’hôpital de Papeete.
Teriiruea a Heimanu né le 30 août 1893 à Mataiea,
rapatrié que le 7 juin 1921, décède à Papeete
le 1er septembre 1921.
Félix Huitoa a Aitamai, né le 6 novembre 1897
à Punaauia, blessé dans le ravin de Saconin
le 19 juillet 1918 et débarqué à Tahiti le 28 juin 1919
entre à l’hôpital de Papeete du 22 juillet 1919 jusqu’au
16 août 1919. En permission de sortie, il décède
le 18 août 1919 dans ses foyers.
Taaroa Maituraia Toheira né le 3 mai 1896 à Tautira
décède le 28 août 1919 ;
Tiafariua Tai né le 1er février 1897 à Punaauia décède
à Vairao le 14 septembre 1919. La rigueur du climat
européen, les privations, la fatigue et les souffrances
plus que les combats ont eu raison de la santé des
coloniaux tahitiens. Dans un livre culte Water colors
South of France 1918-1919, l’infirmière américaine
Susan Farley Nichols raconte les convalescences de ces
soldats tahitiens hospitalisés dans l’hôpital auxiliaire
Célina Langomazino née Martin,
n° 203 de Cannes où elle exerce. Ses enfants, comme
mère du volontaire John Martin, Infirmière en 1918,
elle aime à les appeler sont souvent en phase finale. (…)
pose avec ses collègues de l’hopital de Papeete
Fonds Bambridge
Mais les vies de ces soldats malades sont comme les feuilles des arbres qui tombent avec le vent. Ces convalescents, jour après
jour se dessèchent comme des feuilles flétries que le Mistral de la région du sud fait tomber des arbres…
Ainsi, beaucoup de soldats tahitiens encore trop malades pour supporter le long voyage du retour ont été placés
dans les hôpitaux militaires du sud de la France où le climat est réputé plus clément. Avant-guerre la Côte d’Azur est
connue pour ses vertus médicales et notamment le traitement des poitrinaires. Ces jeunes hommes des îles sont tous
poignants de gentillesse et de simplicité. Leurs personnalités respectives vont toucher les infirmières qui les
accompagnent dans leurs derniers jours.
Avertissement : la liste des soldats tahitiens décédés dans les hôpitaux de France
n’est pas exhaustive et peut-être sujette à des orthographes erronées des patronymes.
Vont décéder à Cannes, Hôpital complémentaire auxiliaire n° 203 Continental,
les soldats tahitiens :
- Aroa Faatae né le 9 juillet 1893 à Papara. décède le 13 février 1918 ;
- Tavia Teihoarii né le 29 février 1896 à Tautira, décède le 1er avril 1918 ;
- Tetauroura a Terai né le 26 septembre 1891 à Haapiti, décède le 15 décembre 1918 ;
- Le caporal Joseph Aitamai a Tetiarahi né le 10 septembre 1898 à Faa’a, décède le 5 juin 1918 ;
- Taea a Tetuanui né le 17 août 1898, décède le 2 mars 1918 ;
- Teahui a Hopara né le 13 juin 1898 à Teavaro, décède le 27 février 1919 ;
- Teha a Moe né le 16 août 1889 à Arutua, décède le 3 avril 1918 ;
- Moohono a Manahio, né le 3 février 1897 à Papeete, décède le 17 octobre 1918 ;
- Paihura a Mouaura né le 28 avril 1894 à Tautira, décède le 13 août 1918 ;
- Teiho a Matehau, né le 3 mars 1898 à Tautira, décède de blessures de guerre le 4 avril 1919 ;
- Maitia a Maitia né le 28 août 1897 à Afareaitu, décède le 12 juillet 1919 ;
- Terevaura a Tapare fils de Manu a Tapare et de Tearaitua a Tati, né le 27 décembre 1896 à Afareaitu. Il avait participé aux
opérations de police contre les rebelles kanaks avant d’être dirigé sur Marseille le 10 novembre 1917 sur le El Kantara.
- Teriimanaa Tino né en 1896 à Afareaitu, décède le 14 juillet 1919 ;
- Tairua a Tehautapapa, décède
le 23 juillet 1919 ;
- Tetuanui Mereni a Taeae né le 17 août 1898
à Vairao, décède le 2 mars 1918 ;
- Nohorai (Nohoraiatuuaihenuaura)
a Haupuni, né le 12 mai 1892 à Tubuai,
décède le 20 août 1919 ;
- Alfred Mataihau Domingo né le
2 mars 1893 à Papeete, décède
de tuberculose le 14 août 1919.
L’église protestante a remis à chaque soldat tahitien parti de Tahiti, un recueil de prières.
Fonds John Doom
Les poilus Tahitiens décédés à Cannes n’auront pas tous sépulture chrétienne.
Leur rang de tirailleur leur a décerné par méconnaissance des fossoyeurs, la confession musulmane.
Photos P. Buquet
Vont décéder dans les Hôpitaux des Bouches du Rhône et du Var, les Tirailleurs tahitiens suivants :
Avertissement : la liste n’est pas exhaustive et le patronymes peuvent être sujets à erreurs
Année 1917 :
- Tamataura a Punaaitua, né le 22 mai 1895 à Papeete, évacué
de Salonique décède le 24 mars 1917 à l’hôpital n°68 de Mandelieu.
- Daniel Guifford né le 21 avril 1882 à Pare, décède le 13 avril 1917
à l’hôpital auxiliaire n° 2 à Marseille ;
- Peretai a Faaitoa né le 13 juin 1892 à Papara, décède le 19 avril 1917.
Son jeune frère Faaitoa a Uratua a Peretai décède le 17 février 1918 à
l’Hôpital bénévole 1 bis Hôtel- Dieu ;
- Tinomana Marurai né le 14 mars 1895 à Pueu, décède le 30 avril
1917 à l’hôpital La bourse libre du Travail ;
- Lucien Georges Teririha Tahuka Chebret né le 28 octobre 1892 à
Papeete, décède le 17 mai 1917 à l’Hôpital auxiliaire n° 2 de Marseille ;
- Otaha a Temehameha, fils de Taataroa et de Tetuaehané en 1888
à Papara, décède le 17 novembre 1917 à l’Hôpital Michel Levy ;
- Tane Marere a Rata né le 15 août 1895 à Teaharoa, évacué
de Salonique, décède le 14 décembre 1917 à l’Hôpital Michel Levy ;
- Hapare a Afo, né le 18 juin 1893 à Afaahiti, fils de Hapare a Afo et de
Tupaia Noia, décède le 24 juillet 1917 à l’hôpital sénégalais n° 66 de Fréjus;
- Ambrosis Arai a Puariri, né le 31 janvier 1895 à Haapiti, décède le
17 septembre 1917 à l’hôpital sénégalais n° 66 de Fréjus ;
- Vairoa a Tehahe né le 19 août 1890 à Afareaitu, décède
le 15 décembre 1917 à l’hôpital sénégalais n° 66 de Fréjus ;
- Temauriuri a Faara né le 12 avril 1893 à Vairao, réformé par la
commission spéciale de Marseille réunie le 4 juillet 1917 est renvoyé
dans ses foyers. Il est débarqué lors d’une escale en Tunisie et décède
le 22 août 1917 à l’Hôpital maritime Sidi Abdallah;
- Auguste, Antoine dit William, Le Prado, né le 15 mai 1891
à Papeete. Le comptable d’avant-guerre décède le 29 novembre 1917
à l’hôpital complémentaire n° 78 ;
- Teuira a Ti né à Taravao, décède de tuberculose le 9 août 1917
à l’hôpital n° 55 de Fréjus dans le Var ;
- John Robson né le 8 mai 1895 à Paea, décède à l’hôpital Hospice
de Douera en Algérie le 19 décembre 1917.
- Pautu a Pautu né le 22 mai 1892 à Papeari, décède le 19 août 1917
à l’hôpital n° 62 dans les Alpes Maritimes ;
- Tahuea a Tutua dit Tuné le 27 octobre 1887, décède
le 18 septembre 1917 à l’hôpital n° 20 de Nice;
- Teriipaiiterai a Paaeho, fils de Teriipaparetua a Paaeho et de Ritia
a Puia, décède le 17 mai 1917 à Nice de tuberculose.
Année 1918 :
- Pehe a Agnie né le 11 octobre 1896 à Teavaro, décède le 2 août 1918
à l’hôpital militaire n°68 de Mandelieu ;
- Tiaarue a Tiaahu, né le 17 avril 1882 à Papara, décède le 1er avril 1918
à l’hôpital complémentaire n° 73 de Cannes ;
- Tauhiro a Mahinepeu, né le 11 mars 1896 à Teavaro-Teaharoa
à Moorea, décède à l’hôpital auxiliaire n° 44 à Saint-Raphaël
le 26 mars 1918 ;
- Teihoarii a Teihoarii né le 12 avril 1882, décède le 29 janvier 1918 ;
- Tetuanui Taeae dit Mareni né le 17 août 1898 à Vairao, décède
le 2 mars 1918 à l’hôpital auxiliaire n° 44 de Saint- Raphaël ;
- Temaurifaatoai a Narai né le 4 décembre 1895 à Teahupoo, décède
le 9 février 1918 à l’Hôpital Michel Levy ;
- Faaitoa a Uratua a Peretai né le 24 octobre 1895
à Papara, décède le 17 février 1918
à l’Hôpital bénévole 1 bis Hôtel-Dieu.
Son frère Peretai est décédé l’année précédente ;
- Teraiapua a Maheanuu né le 16 février 1889 à Faa’a, décède
le 25 février 1918 à l’Hôpital Michel Lévy ;
- Hurupa a Faatau né en 1887 à Huahine, décède le 4 mars 1918
à l’Hôpital complémentaire n° 83 La Rose Malpassé à Marseille ;
- Opura a Aitamai, né le 20 septembre 1894 à Punaauia, décède
le 9 août 1918 à l’hôpital sénégalais n° 66 ;
- Teamo Tumataha a Apa, né le 2 juillet 1898 à Rairoa,
décède le 25 mars 1918 à l’hôpital n° 78 à Saint-Raphaël ;
- Patoi a Teriitehau né le 14 septembre 1895 à Faa’a, décède
le 25 avril 1918 à l’hôpital sénégalais n° 66 ;
- Tepoaitutaharoaa Tauirarii né le 15 mai 1893 à Papara, décède
le 26 juin 1918 à l’hôpital sénégalais n° 66 ;
- Teiho a Maraeuria né à Faaite en 1896, décède le 23 mai 1918
à l’hôpital sénégalais n° 66;
- Pao a Tavae né le 1er avril 1884 à Haapiti, décède le 30 mai 1918
à l’hôpital sénégalais n° 66 ;
- Tetafifiuraiterai a Raihau né en 1897 à Avera aux îles sous-le-vent,
décède de pneumonie le 22 mai 1918 à l’hôpital sénégalais n° 66 ;
- Teiho a Vaianani né le 9 novembre 1896 à Afaahiti,
décède le 28 mai 1918 à l’hôpital sénégalais n° 66 ;
- Tainuna a Hautia, né le 1er mai 1887 à Papeete,
décède le 1er août 1918 à l’hôpital sénégalais n° 66 ;
- Tefaifaipua a Papauru dit Pani né le 6 mai 1897 à Afareaitu,
décède de ses blessures le 19 août 1918 à l’hôpital n° 95 de Chamalières
dans le Puy de Dôme ;
- Titifa a Airima né le 18 octobre 1886 à Paea, décède le 28 février 1918
à l’hôpital complémentaire n° 78 de Fréjus ;
- Tepiia a Fatue né le 24 décembre 1893 à Hitiaa, décède le 9 juillet
1918 à l’hôpital complémentaire n° 78 de Fréjus ;
- Tetara a Mihinoa né le 9 décembre 1891 à Papara, décède
le 25 décembre 1918 à l’hôpital complémentaire n° 78 de Fréjus ;
- Paepahu a Tetuanuifaahiti, décède le 12 février 1918 à l’hôpital
complémentaire n° 18 de Saint- Raphaël ;
- Teehuvivi a Teotahi né le 6 septembre 1895 à Pueu, décède
le 19 janvier 1918à l’hôpital complémentaire n° 78 de Fréjus ;
- Tumataha a Teamo né le 1er juillet 1898 à Rairoa, décède
le 26 mars 1918 à l’hôpital complémentaire n° 78 de Fréjus ;
- Tuana a Aito, né le 15 mars 1895 à Papeete, décède le 27 mars 1918
à l’hôpital complémentaire n° 18 de Saint-Raphaël ;
- Maui a Teuira né le 29 octobre 1892 à Faaite, décède à l’Hôpital
complémentaire n° 86, le 16 octobre 1918 ;
Sont décédés lors de la montée aux armées dans l’Aube en Champagne,
les tirailleurs Marae a Tu, TuahuMetua a Mateau et TehaotuaaPea.
- Tahiriura a Homai dit Tahiri, né le 6 mai 1892 à Papeete,
décède le 25 septembre 1918 à l’hôpital Béjin ;
- Heeiho a Afai a Tetiarahi, né le 8 mai 1894 à Pueu,
décède le 24 juillet 1918 à l’hôpital mixte de Carcassonne ;
- Tanetefaaruru a Maueau né le 24 octobre 1894 à Haapiti,
décède le 7 septembre 1918 à l’hôpital temporaire n° 57 de Saint Amand
en Puisaye (Nièvre) ;
- Hiro a Tetumu né le 17 octobre 1894 à Faa’a, décède le 18 avril 1918
à l’hôpital des Esplanades de Perpignan ;
- Félix Marie Taupotini Pahaeinui dit Taupo Lagarde né le
27 juillet 1893 à Taihoae, décède le 11 octobre 1918 à l’hôpital maritime
de Rochefort sur mer ;
- Maopi a Tau né le 6 avril 1894 à Punaauia, décède le 3 décembre 1918
à l’hôpital n° 48, caserne Hatry à Rouen ;
- Tiaarue a Tiaahu né le 17 avril à Papara, décède le 1er aout 1918
à l’hôpital complémentaire n° 73 ;
- Tinihau Bourne né le 3 décembre 1898 à Paea,
décède le 27 juillet 1918 à l’hôpital n° 68 de Mandelieu ;
- Tuanuna a Tivahu né le 29 mars 1894 à Teaharoa,
décède le 17 mars 1918 à l’hôpital complémentaire n° 30 de Menton ;
- Tianuu a Tuahu né le 29 mars 1894 à Teavaro-Teaharoa, décède le
17 mars 1918 à l’hôpital complémentaire n° 30 Alexandra de Menton ;
- Tehaiharoa a Tefatua né le 30 janvier 1885 à Tautira, décède
de maladie tuberculeuse le 5 avril 1918 à l’hôpital complémentaire
n° 30 de Menton ;
- Tuaoharoa a Puhine le 21 juillet 1893 à Tautira, décède
le 28 mars 1918 à l’hôpital complémentaire n°58 Terminus à Nice.
Année 1919 :
- Faarea a Tiaoao, né le 14 novembre 1895 à Haapiti,
décède le 7 juillet 1919 à l’hôpital militaire Michel Levy.
- Huirai a Tahutini né le 4 novembre 1897 à Teahupoo,
décède de maladie le 19 janvier 1919.
- Terii a Nonoha né le 3 juin 1894 à Pueu, décède le 10 février 1919 ;
- Teraiareva a Amaru, né le 11 juin 1892 à Mataiea.
Blessé le 9 août 1918, décède de tuberculose le 2 avril 1919
à l’hôpital n° 66 de Fréjus ;
- Teuira a Hora, né en 1895 à Tautira, décède le 14 avril 1919 ;
- Raauri a Arutahi, né le 8 mai 1895 à Pueu, décède le 29 juillet 1919
à l’hôpital n° 66 de Fréjus ;
- Tautetua a Faaave né le 8 février 1896 à Hitiaa, décède le 4 avril 1919
à l’hôpital complémentaire n° 78 ;
- Tereva a Ueva né le 26 février 1893 à Mataiea,
décède le 15 février 1919 à l’hôpital complémentaire de Saint-Raphaël;
- Efa Bourgeois né le 5 février 1896 à Punaauia, décède le 21 mai 1919
à l’Hôpital complémentaire n° 80 Hôtel Prince de Galles.
- Maraehaunui a Taataura né le 16 octobre 1895 à Paea,
à l’Hôpital n° 18, le 29 mars 1919.
- Maitai a Vaitape né le 27 février 1896 à Papara,
décède le 12 avril 1919 à l’hôpital n°65 Bis de Carpentras.
- Inoarii a Tehuritaua né le 10 octobre 1892 à Punaauia,
décède le 7 janvier 1919.
- Tumataaroa a Teururai né le 23 février 1890 à Pueu,
décède le 5 février 1919 à l’hôpital bénévole n° 18 à Nogent-sur-Marne.
- Tao a Vero (a Tutiri), né le 16 juillet 1896 à Arue, décède
de tuberculose le 19 janvier 1919 à l’hôpital sanitaire de Larressore.
- Tevivirau Lemaire, né le 7 février 1896 à Uturoa,
décède à l’hôpital complémentaire n°1
de Libourne le 24 février 1919.
La grippe espagnole
Si les populations sont sur les quais, beaucoup de parents des Poilus tahitiens sont néanmoins absents.
Ils ont été terrassés par la grippe espagnole. Les Poilus tahitiens d’El Kantara accusent avec de la peine la perte de leurs parents, frères, sœurs et amis qu’ils ont
laissés au fenua il y a trois ans passés.
Berthe Rougier nous relate ces tragiques journées qui vont endeuiller toutes les familles de la colonie. Leurs noms nous sont devenus familiers. Extraits :1(…)
Hier est arrivé un télégramme apprenant la mort d’une jeune fille que nous avons vues chez Manini le 15 août et qui est morte à New York en quelques jours …
Elle était partie pour un voyage d’agrément !
Personne n’ose l’apprendre à son père Mr Vincent, il a déjà perdu deux fils à la guerre.
Samedi 23 novembre : Grand banquet de la victoire aujourd’hui …
Il y a eu beaucoup de discours, la séance a duré cinq heures. Madame Brander a la grippe.
Lundi 25 novembre : Millaud le pharmacien nous a appris qu’il y avait déjà quatre cent cas ! Madame Brander est très mal et Mr Brander est au lit.
Le Navua, un paisible vapeur anglais arrive à Papeete le 16 novembre 1918.
À son bord, des membres d’équipages sont malades et le service de santé décide de les isoler au lazaret de Motu Uta.
Mardi 26 novembre : Nous sommes allés à Papeete munies de camphre. Deux mille personnes sont malades en ville (…) Mme Sovina est très malade.
Cependant, les passagers et marins qui ne présentaient aucun symptôme visible sont autorisés à débarquer du vapeur
Mercredi 27 novembre : Tous les Raoulx sont malades …
qui allait devenir le plus meurtrier des bateaux.
Jeudi 28 novembre : En arrivant en ville, nous voyons tous les drapeaux en berne. (…) chez Millaud, la boutique était pleine de monde. Il y a trois mille malades.
Savina est morte ainsi qu’une dame Bambridge. A la sortie de Papeete, nous trouvons l’enterrement de Lovina (…) ancienne grande cheffesse, et en temps ordinaire
toute la ville aurait suivi son convoi. Aujourd’hui il y avait une dizaine d’hommes à pied et quatre autos. Nous passions devant Motu Uta quand une barque à rames et une embarcation à voiles s’en détachèrent et prirent la direction de la grande passe.
On avait le cœur très serré, c’est le 6ème qui est jeté en mer.
Vendredi 29 novembre : Rencontre de deux enterrements : Mme Bambridge qui est mère et grand-mère de quarante enfants, s’en est allée toute seule à sa dernière demeure.
Samedi 30 novembre : Une fille de Mme Bambridge est décédée : Mme Gournac âgée de trente-cinq ans. Elle est morte le lendemain de sa mère.
Dimanche 1er décembre : Les pauvres Vincent sont bien éprouvés. Un jeune de dix-sept ans est mort hier à moins de quinze jours de sa sœur. Le vieux père est fou de douleur.
Mardi 3 décembre : Chez les Bambridge quinze sur vingt-deux sont morts et un matin ceux qui se réveillent trouvèrent huit des leurs morts. On a divisé la ville en quartiers et par religion,
et tous les malades sont réunis dans les salles de cinéma. Les Chinois tombent comme des mouches, et comme les os des Chinois doivent retourner en Chine, leurs amis les enterrent
chez eux (…) Mme Brander, son fils et son neveu sont morts (…).
Des Tahitiens se trainent le long des routes et fuient Papeete où, chose macabre, on jette tous les morts à la mer (…) On les arrache à leurs familles car pour les Tahitiens
c’est pire que tout d’être jeté à la mer.
Vendredi 6 décembre : Cette nuit et l’autre, il est mort cent trente et cent quarante personnes chaque nuit. On les brûle maintenant pour que cela aille plus vite (…).
Mme Raoulx est morte il y a quatre jours. (…) Le pharmacien Millaud est décédé l’autre nuit. Mr et Mme Levy, Petiti. Mr Gournac est mort le lendemain de sa femme.
En ville, on est ému par des radios d’appel des Samoa. Que répondre à ces S.O.S fréquents quand ici c’est la désolation et la mort.
Samedi 7 décembre : Chez les Mallardé (bouchers), ils vont tous très mal. La vielle mère est morte.
Dimanche 8 décembre : Hinatea a été voir ses fetii, tahitiens qui l’avaient adopté. Il est revenu navré, ils sont morts tous les deux, et les maisons des alentours sont vides.
Chigetomi 2 est venu le voir ; sans argent et sans travail, il souffre beaucoup à Papeete. Lui aussi a vu beaucoup de choses macabres. Il parle de huit cent morts,
sans compter les districts ; mais qu’en sait-il ? (…) A la Mission, tous les domestiques sont morts.
Mardi 10 décembre : Le capitaine du Moana a annoncé la mort de Mrs Young en Nouvelle-Zélande et de cinq mille personnes à Wellington.
Mercredi 11 décembre : On a su aujourd’hui que Tati Salmon ainsi que sa belle-fille et son fils étaient morts. (…)
A Pirae, Gifford, un anglais que nous connaissions bien est mort hier. (…) A Mahina, le télégraphiste Gerelan est mort et sa femme est devenue folle. Ils s’aimaient
beaucoup et avaient chanté la Marseillaise ensemble au banquet de la Victoire. Que de gens qui étaient au banquet ne sont plus. (…) A Papeete, Mme Héraud est
morte, puis Mme Miller. (…) Le capitaine Neagle qui devait conduire le Manureva à Christmas est mort et a été brûlé. Raoulx a perdu presque tous ses capitaines (…)
Mme Vermersch est morte aussi (…) Notre voisin Mr Graff est mort après sa mère. (…) Le fils de Mme Pindray et le petit-fils de ce pauvre Vincent notaire est mort avant-hier ;
on dit le grand-père un peu fou. (..) Mme Kock de Paea est morte. Son mari est soldat : elle laisse trois enfants, l’aîné a sept ans. Le père Célestin les a pris sous sa garde.
Il en a trente-deux qui n’ont plus personne (…) Les Brander ont perdu vingt membres de leur famille.
Carnet IX de Berthe Rougier-1918 dit Carnet lugubre - Bulletin de la Société des Études Océaniennes.
2
Il s’agit de Yochiro Shigetomi, grand-père du commissaire de l’exposition.
1
Victoire !
Iaorana Tamari’i Tahiti
Le Gouverneur publie : Les nouvelles reçues cette nuit, quoique très brouillées par les perturbations
atmosphériques, apportent sur la situation de la guerre des précisions d’une extrême importance. Il semble bien
en résulter que l’Allemagne a capitulé entre les mains du Maréchal Foch.
Berthe Rougier écrit dans ses carnets : La nouvelle est officielle …et à 10h, on sonnait les cloches à Papeete…
Cela serrait le cœur et les larmes coulaient. Une foule énorme se pressait dans les rues, toute réjouie et émue…
Chez les Brander, c’est une joie délirante, leurs cris et leurs chants parviennent jusqu’ici ainsi que le bruit de
leurs danses. Pour eux, comme pour tous les Tahitiens du reste la victoire est surtout une occasion de se réjouir
car ils ne savent rien des horreurs de la guerre.
Il y a que trente Tahitiens de morts sur les mille qui sont
partis. Six mois passeront cependant avant que le corps
expéditionnaire océanien embarque de Marseille
sur le vapeur El Kantara pour le Pacifique.
Le 28 juin 1919, le navire est signalé
vers neuf heures par le sémaphore,
salué par une salve de vingt et un
coups de canon.
Néanmoins, lors du voyage,
cinq Tahitiens sont décédés.
Extraits :
Des goélettes et des embarcations diverses chargées de musiciens et de choristes affluent vers la passe où
s’engage El Kantara qui stoppe en rade. Les Poilus massés sur tous les ponts du navire répondent par leurs cris
et de leurs bras tendus à tous les signes de bienvenue. Les Poilus débarquent et retrouvent leurs familles pendant
une petite heure avant de laisser place à la cérémonie officielle.
Mais si les populations sont sur les quais, beaucoup de parents des Poilus tahitiens sont néanmoins absents.
Ils ont été terrassés par la grippe espagnole. Les Poilus tahitiens apprennent alors avec de la peine la perte
de leurs parents, frères, sœurs et amis qu’ils ont laissés au fenua il y a trois ans passés.
Toutes les familles de la colonie sont endeuillées.
Vers treize heures, les troupes magnifiques défilent en grande tenue avec entrain malgré les fatigues du voyage et
la lourde chaleur. Les Hommes ont revêtu leurs capotes de drap bleu et portent leurs casques Adrian.
Les poilus tahitiens abhorrent fièrement leurs décorations. Le défilé part du débarcadère de la Douane pour
passer sous les arcs fleuris en forme de croix de guerre pour venir se ranger devant les tribunes édifiées le long de
l’avenue Bruat où ont pris place deux cent chanteurs, élèves des Ecoles de Papeete, les autorités et les familles.
A la tribune officielle, Mademoiselle Raoulx coiffée d’un bonnet phrygien tient un drapeau de soie tricolore que
le gouverneur remettra de ses mains à un poilu mutilé et décoré lors de son allocution.
Les chanteurs entonnent la Marseillaise.
L’émotion est forte.
(sources : J.O.E.F.O.)
François ou Francis Brault
Le soldat inconnu du monument aux morts de Papeete.
En avril 1917, le journal officiel des Établissements français de l’Océanie publie dans sa rubrique Tableau d’honneur : (…)
Le gouverneur des Établissements français de l’Océanie a le devoir de porter à la connaissance de la colonie la belle conduite du soldat Brault (François)
du 54ème régiment d’infanterie coloniale, disparu le 28 octobre 1916 devant Kenali (Serbie). Brault François appartenait à la classe 1913. Faisant partie
du contingent de Nouvelle-Calédonie, il était arrivé à Marseille par Sontay le 26 juin 1915. Fils de M : Ferdinand Brault, décédé à Taravao en septembre
dernier, il était le neveu de MM. E. Brault, chef de bureau des secrétariats Généraux, et L. Brault, Avocat-Défenseur à Papeete.
Dans la généalogie de Ferdinand Brault, il n’existe pas de François Brault comme il n’a été trouvé trace de lui dans les registres officiels.
Ferdinand Brault est né le 18 mai 1860 à Laval dans la Mayenne. Il épouse Sophia Anna Freitas née à Guildford en Australie en 1861 avant de gagner
Nouméa pour le commerce du café et du tabac. Quelques années après, ils migrent à Tahiti. Ferdinand Brault tiendra notamment un hôtel restaurant
sur pilotis à Taravao avant de décéder en septembre 1916. Sophia Freitas-Brault, retourne alors sur l’Australie pour séjourner quelques années à Sydney
puis revenir à Lismore.
Les époux Ferdinand Brault ont eu quatre fils mais cependant, aucun dénommé François : Gabriel Ferdinand né à Punaauia en mars 1889,
Francis, Félix et Léonce alias Peter Freitas. Le couple Brault a eu aussi cinq filles.
François ou Francis Brault ?
Francis Charles Emile René Brault plus connu sous le nom de Franck, né le 3 septembre 1893 à Koné en Nouvelle Calédonie décédera
le 6 juillet 1968 à Brisbane. Si Francis est François, c’est donc que ce garçon de la lignée de Ferdinand Brault qui a été grièvement blessé
(sa jambe gauche est paralysée) a survécu à ses blessures.
Engagé volontaire à Nouméa, il part avec le premier contingent néo-calédonien embarqué sur
le Sontay. Les Tahitiens Joseph Quesnot, Elie Juventin, Henri Vincent et Gaston Largeteau sont
aussi du voyage. Ils gagnent Lyon en train pour être affecté au 6ème colonial. Le 8 août 1915,
ils sont dirigés sur le camp de La Valbonne. Les Tahitiens sont rayés de la liste pour l’Orient
et passent au 5ème colonial. On peut présumer que Francis Brault, par son statut d’engagé
volontaire néo-calédonien a été affecté à sa demande dans le 54ème régiment d’infanterie
coloniale : deux cent cinquante Poilus néo-calédoniens serviront à Salonique.
Si le journal officiel des E.F.O, le déclare disparu devant Kénali, le 28 octobre 1916,
il semble que Francis Brault a finalement survécu à la Grande Guerre.
On peut penser que la disparition du soldat Brault a été notifiée par les Armées aux autorités
des Établissements français d’Océanie car les parents de Francis y résidaient. La disparition
annoncée au Gouvernorat est alors inscrite au Tableau d’Honneur du Journal officiel de
l’année 1917 avec une erreur de retranscription du prénom : Francis est devenu François.
Son père Ferdinand Brault est décédé en septembre 1916 et sa mère Sophia est repartie
après la mort de son époux en Australie avec ses jeunes enfants. Le principe du décès
de Francis Brault a donc été acté après-guerre, sans possible infirmation par des parents
proches et son nom sera intuitivement inscrit dans les années 1920 sur
À gauche, Francis Brault
convalescent.
le monument aux morts de Papeete. Car sa mère Sophia n’est pas sans
ignorer que son fils est vivant. Francis Brault lui
écrit de Bordeaux le 28 septembre 1919 pour lui
annoncer sa réforme.
Il retrouve ensuite en Australie sa mère
Sophia Freitas qui décède en 1930.
Francis décédera à Brisbane le 6 juillet 1968
à l’âge de soixante douze ans.
Collection privée
Carte postale écrite par Francis Brault à sa mère. Bordeaux 1919.
Collection privée
Francis Brault
Collection privée
Chronologie
6-sept-14
28-juin-14
10-juil-14
23-juil-14
25-juil-14
28-juil-14
29-juil-14
30-juil-14
31-juil-14
1er Août 1914
2-août-14
3-août-14
4-août-14
6-août-14
7-août-14
8-août-14
10-août-14
11-août-14
16-août-14
19-août-14
21-23 août 1914
23-août-14
26-août-14
30-août-14
31-août-14
1er-sept. 14
3-sept-14
4-sept-14
Assassinat de l’archiduc François Ferdinand Joseph à Sarajevo.
Le Montcalm navire amiral de la flotte française d’Extrême Orient
jette l’ancre à Tahiti.
Soutenue par l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie lance
un ultimatum en dix points à la Serbie. Il impose notamment que
les autorités autrichiennes puissent enquêter en Serbie.
les Serbes décrètent à leur tour la mobilisation générale.
Si les Serbes acceptent tous les termes de l’ultimatum, ils refusent
les enquêteurs autrichiens.
L’Autriche rompt ses relations diplomatiques avec la Serbie.
Elle mobilise à son tour.
Le 29 juillet, la Russie alliée de la Serbie déclare la mobilisation
partielle contre l’Autriche-Hongrie.
La Russie ordonne la mobilisation générale contre l’Allemagne
qui proclame « l’état de danger de guerre ».
Le dirigeant socialiste français Jean Jaurès est assassiné.
L’Allemagne déclare la guerre à la Russie.
La France mobilise. Le Luxembourg est envahi par les troupes
allemandes. Ultimatum allemand à la Belgique, en vue d’utiliser
le territoire belge pour attaquer la France. Refus belge. Signature
de l’alliance militaire secrète entre l’Allemagne et la Turquie.
L’Allemagne déclare la guerre à la France et à la Belgique
Le Royaume-Uni déclare la guerre à l’Allemagne après la violation
par les troupes allemandes de la neutralité belge.
L’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Russie.
Le Talune cargo néo-zélandais apprend au Montcalm en escale à
Uturoa que la guerre est déclarée entre l’Allemagne et l’Angleterre.
Destremau organise la défense de Papeete. Une portion
de territoire alsacien est occupée et redevient française.
Mulhouse est repris par les Allemands.
Le Gouverneur des E.F.O proclame l’état de guerre non confirmé.
Les nationaux allemands de la colonie sont internés.
Ordre de mobilisation à Papeete. Le Walküre cargo allemand
est saisi par la Zélée à Makatea.
La France déclare la guerre à l’Autriche - Hongrie.
Liège est pris par les Allemands.
Les Allemands entrent dans Bruxelle.
Echec de la percée française en Lorraine.
La France perd la bataille des Frontières.
Repli des troupes françaises. La Bataille de Rossignol se termine
par une victoire allemande et le quasi anéantissement du corps
colonial français. Repli des troupes britanniques de Mons.
Le Japon déclare la guerre à l’Allemagne.
Adrien Lepage s’engage au 113ème Régiment d’infanterie.
Les Allemands arrêtent à Tannenberg l’offensive russe.
Départ de Tahiti pour Marseille du Dr Fernand Cassiau.
Les Franco-britanniques franchissent la Marne.
Le Gouverneur des E.F.O confirme l’état de guerre avec
l’Allemagne.
Von Kluck passe la Marne à Château Thierry.
La ville de Reims est occupée par l’Armée allemande. Gallieni
gouverneur de Paris réquisitionne les taxis parisiens comme
transport de troupes pour la ligne de front.
22-sept-14
1 - 9 octobre 14
19-oct-14
27-oct-14
4-nov-14
15-nov-14
15-déc-14
23-janv-15
16-févr-16
20-févr-14
La première bataille de la Marne débute. Retraite des armées
allemandes jusqu’à l’Aisne, la Vesle et la Suippe.
Bombardement par des croiseurs allemands de Papeete.
Engagement de la bataille d’Arras.
La course à la mer : les Allemands, les Belges et les Français
cherchent à atteindre Dunkerque, Boulogne sur Mer et Calais.
A Ypres, les Allemands passent à l’offensive.
Le Dr Fernand Cassiau est affecté au 117ème Régiment territorial.
Les armées françaises, britanniques et belges sont victorieuses
autour d’Ypres et de Dixmude.
La XVème Armée française lance l’offensive en Champagne.
Pierre Bernière est engagé volontaire.
Deuxième offensive française en Champagne.
Reims est bombardée.
3-avr-16
1er mai 1916
9-mai-16
3-juin-16
7-juin-16
7-juil-16
4-juin-16
1er juillet 1916
4-août-16
11-août-16
23-août-16
24-août-16
27-août-16
25-févr-15
16-mars-15
21-mars-15
14-avr-15
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23-mars-15
1er mai 1915
7-mai-15
9-mai-15
23-mai-15
15-sept-15
5-oct-15
19-oct-15
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9-janv-15
16-janv-16
21-janv-16
15-févr-16
21-févr-16
28-mars-16
Mobilisation à Tahiti des classes 1915 et 1916.
Expédition des Dardanelles.
Echec de la tentative de percée française en Champagne.
Départ de neufs conscrits Tahitiens sur le Saint-François.
Le Dr Fernand Cassiau est volontaire pour la Serbie pour
combattre l’épidémie de Typhus.
Les Allemands utilisent à Ypres les gazs de combat.
Départ de Nouméa du Sontay.
Débarquement d’un corps expéditionnaire allié aux Dardanelles.
Le sergent Charles Edmund Lyle Young est tué.
Adrien Lepage s’engage au 113ème Régiment d’infanterie.
Marcel Flejo est incorporé au 1er régiment de Zouaves.
Le paquebot Lusitania est torpillé.
124 citoyens américains périssent.
Offensive française en Artois.
L’Italie déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie.
Les troupes serbes occupent Tirana en Albanie.
Le sergent Alphonse Bernière est grièvement blessé.
Entrée en guerre de la Bulgarie et arrivée des premières troupes
de l’Armée d’Orient. Les Tahitiens du saint François sont affectés
au 5ème colonial. 3 frères Vautrin et Francis Brault sont désignés
pour l’Armée d’Orient.
L’Italie déclare la guerre à la Bulgarie.
L’armée serbe battue sur tous les fronts bat en retraite
vers l’Albanie.
Les troupes françaises engagées à Salonique se replient
sur le Vardar.
Offensive allemande en Champagne.
Occupation de Corfou. Les troupes serbes sont accueillies dans
l’île, les malades soignés par le Dr Cassiau.
145 hommes sur le Maitai, 18 tahitiens ont signé
un engagement volontaire.
139 hommes sur le Moana le 15 février 1916, originaires de
l’agglomération de Papeete.
Début de la bataille de Verdun.
175 hommes sur le Flora le 28 mars, originaires de Moorea.
4-sept-16
5-sept-16
3-oct-16
24-oct-16
2-nov-16
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19-nov-16
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13-févr-17
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13 avril 1917
14-avr-17
16-avr-17
4-mai-17
9-mai-17
15-mai-17
12-juin-17
30-juin-17
8-juil-17
31-juil-17
Elie Juventin est blessé dans l’Oise
Pétain est nommé commandant en chef des armées du centre.
200 hommes sur le Maitai.
Prise du Fort de Rupel par les troupes germano-bulgares.
76 hommes sur le Moana conduit par Georges Spitz dit Ruru.
Les Allemands prennent les fort de Vaux, de Thiaumont,
de Fleury-devant- Daumont à Verdun.
22 hommes sur le Maitai.
Départ de Nouméa du 2ème contingent sur le vapeur Gange.
Début de la bataille de la Somme.
Les Serbes passent à l’offensive dans la région du Lac Prespa
en Macédoine.
Arrivée du vapeur Gange à Marseille
L’armée bulgare bouscule ses troupes serbes à l’ouest du dispositif
de l’Armée d’Orient.
Les Français prennent Maurepas dans la Somme.
La Roumanie déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie. L’offensive
roumaine enrayée, Bucarest tombe. Un armistice est conclu.
François Vincent, blessé est fait prisonnier à Barleux, il décède le
23 septembre 1916 au camp de prisonniers de Munster en
Allemagne. Le néo-calédonien Philippe Vautrin est tué.
Gaston Largeteau est tué à Barleux.
Offensive serbe sur Monastir en Macédoine.
Le fort de Daumont à Verdun est repris.
Prise du Fort de Vaux par les Français.
Une centaine de Tahitiens du 22ème colonial débarquent
à Salonique.
Prise de Monastir.
Le gouvernement provisoire grec déclare la guerre à l’Allemagne.
Un bivouac de Tahitiens du 54ème colonial est décimé par un obus.
Athènes est occupée par l’Armée d’Orient.
Départ de Nouméa du Gange avec un troisième contingent
d’Océaniens.
Joffre est nommé à la tête des Armées.
Arrivée du Gange à Marseille.
Entrée en guerre des Etats-Unis.
Les Anglais lancent l’offensive en Artois.
87 hommes embarquent sur le Paloona.
Le vapeur Gange est torpillé sans victime. A son bord des
permissionnaires tahitiens pour Tahiti via Nouméa dont
Joseph Quesnot.
Offensives Nivelle au Chemin des Dames.
Echec des offensives Nivelle.
74 hommes embarquent sur le Moana.
Philippe Pétain remplace Nivelle
12 hommes embarquent sur le Paloona.
Débarquement à Saint-Nazaire des premières troupes
américaines.
Une centaine de conscrits tahitiens sont engagés dans les actions
de police contre les insurgés canaques. Le Tahitien Eliezera Titera
a Mai est tué.
Offensive anglaise dans les Flandres.
5-août-17
16-août-17
27-août-17
24-oct-17
6-nov-17
10-nov-17
26-nov-17
15-déc-17
21-mars-18
23-mars-18
8-avr-18
27-mai-18
28-mai-18
30-mai-18
6-juin-18
15-juil-18
18-juil-18
8-août-18
15-sept-17
30-sept-18
29-sept-18
25-oct-18
29-oct-18
31-oct-18
9-nov-18
11-nov-18
9-mai-19
28-juin-19
Le Bataillon mixte du Pacifique débarque en gare de
Rouilly-Géraudot et stationne à Assencière et Luyères dans l’Aube.
Trois tirailleurs tahitiens vont décéder de maladie : Ru Marae,
Pea et Mateau.
Succès de l’offensive franco-britannique dans les Flandres.
Le bataillon mixte du Pacifique est au Moulin de Virginy.
Le sergent Eugène Tabanou décède le 28 août 1917.
Le Tahitien Théodore Coppenrath est tué à Rapès en Macédoine.
Pétain lance l’offensive au nord de Soissons et reconquiert
le nord-ouest du Chemin des Dames. Défaite des Italiens à
Caporetto. Les Tahitiens André Drollet et Denis Drollet soldats du
22ème bataillon de Chasseurs alpins sont engagés en Italie.
Le Bataillon mixte du Pacifique regagne le sud de la France
pour hiverner.
Les Canadiens sont victorieux à Passchendaele.
Départ de Nouméa du dernier contingent d’Océaniens
sur le El Kantara.
La Russie sous la pression bolchevique signe un cessez-le-feu
avec l’Allemagne.
Les Allemands et les Bolcheviks signent un armistice
à Brest-Litovsk.
Offensive allemande en Picardie.
Paris bombardé par les obus de la Grosse Bertha.
De retour des montagnes italiennes, les Tahitiens André et Denis
Drollet du 22ème Bataillon de Chasseurs Alpins sont engagés
dans la 3ème Bataille des Flandres.
Offensive allemande du Chemin des Dames.
Contre offensive alliée. La 1ère division américaine enlève
le village de Cantigny.
Les Allemands sont à Château Thierry
Le Bataillon mixte du Pacifique remonte aux armées.
Offensive allemande en Champagne.
Seconde bataille de la Marne.
Le Bataillon mixte du Pacifique réparti dans diverses unités est
engagé dans les contre-offensives françaises.
Victoire des Alliés sur la Somme.
Offensive de l’Armée d’Orient à Salonique.
La ligne de Hindenburg est brisée.
La Bulgarie demande un armistice.
Le Bataillon mixte du Pacifique attaque et prend le village
de Vesles-et-Caumont.
La Hongrie menacée par l’Armée d’Orient, le gouvernement
autrichien demande un armistice.
La Turquie signe un armistice à Moudros.
Abdication de l’empereur Guillaume II face à la révolution
intérieure allemande.
Signature de l’Armistice.
Les soldats du Bataillon mixte du Pacifique embarquent
à bord du El Kantara pour Tahiti.
Le El Kantara arrive à Tahiti.
Conclusion
Cent ans sont maintenant passés. Le dernier poilu tahitien s’est éteint centenaire
en 1994. Il a été certainement inhumé comme tous ses frères d’armes avant lui
avec les quelques reliques qu’il avait conservées précieusement avec fierté :
un calot, une vielle capote sur laquelle aura été agrafée sa croix de guerre acquise
par le prix de son courage ou celui du sang versé. La Grande guerre aura été
pour tous ces océaniens une extraordinaire aventure humaine.
Elle les a conduit au gré d’un long voyage de Tahiti via la Nouvelle-Zélande,
la Nouvelle Calédonie, l’Australie et diverses escales jusqu’en France, la Mère
patrie afin de courir à son secours. Mais leur enthousiasme du départ s’est
rapidement estompé dans les affres de la guerre des tranchées, les charges
insensées face à la mitraille. Et si l’acier
des obus ne les a pas emportés, la
maladie les a rongés de l’intérieur.
Le dernier des poilus
tahitiens aura donc gardé
pour lui seul par pudeur
océanienne comme tous
ses frères d’armes, le récit
de leur courage et leurs faits
d’armes individuels. Il a emporté
avec lui leurs souvenirs amers des
entraînements répétés, des longues
marches, la rigueur des hivers, les obus
fusant ou à gaz, la perte d’un frère ou d’un
compagnon d’armes. Car cent ans après que reste-t-il
de toutes leurs souffrances, leurs peurs, leurs meurtrissures et leurs peines? Rien,
car la transmission polynésienne est orale avant tout et aucun écrit n’existe ou si
peu, quelques notes sur un carnet ou quelques lettres, quelques cartes postales
à leurs familles, quelques publications. Certes la ferveur patriotique des Poilus
tahitiens est souvent restée intacte pendant les années qui ont suivi leur retour.
Certains rengageront même à l’appel du Général de Gaulle ou donneront leurs
fils. Mais pour les autres, elle s’est souvent dissipée au constat que le sang versé
n’avait pas pour autant permis à la société océanienne dont ils étaient issus de
grandir. Oubliés de Mama Farani, la Mère patrie, ils sont retournés humblement
à leurs premières occupations, agriculteur ou pêcheur. Certes, il existe le
monument aux morts de Papeete érigé dans les années vingt mais grâce à une
souscription locale. Ses déplacements au gré de contraintes urbaines permettent
de rappeler à leurs contemporains le sacrifice de ces aînés même si beaucoup
de noms sont manquants ou controversés. Le temps a donc fait son œuvre
et comme le chantait Georges Brassens tout le monde s’en fiche
à l’unanimité presque autant que l’on se souciait des guerres de Cent Ans.
La commémoration de l’Armistice du 11 novembre 1918 survivra-elle aux
prochaines décennies ? L’histoire le dira. Fassent donc que poilus tahitiens
forgent par cette modeste contribution l’histoire de nos héros
de la Grande guerre, les premiers pères fondateurs
de la Polynésie moderne d’aujourd’hui.
RÉALISATION GRAPHIQUE JEAN-LOUIS SAQUET - INFOGRAPHIE ARLISIMO
IMPRESSION TAHITI SIGN
Fait partie de Les Poilus Tahitiens