B987352101_PFP3_2012_324.pdf
- Texte
-
Bulletin de la Societe
des Etudes Oceaniennes
Societe
Fondee
LE
1 er
c/o Service des Archives de
B.P. 110,
98713
•
e-mail:
JANVIER
:
1917
Polynesie frangaise, Tipaerui
Papeete, Polynesie frangaise
Facebook
Oceaniennes
Etudes
des
•
Tel. 41 96 03
-
Fax 41 96 04
Societe des Etudes Oceaniennes
seo@archives.gov.pf
•
web
:
etudes-oceaniennes.com
•
web
Banque de Polynesie, compte n°12149 06744 19472002015
CCP Papeete, compte n°14168 00001 8348508J068 78
Composition
du
M. Fasan Chong
:
seo.pf
63
Conseil d'Administration 2012
dit
President
Jean Kape
Vice-President
M. Constant Guehennec
Secretaire
M. Michel Bailleul
Mme Moetu Coulon-Tonarelli
Secretaire-adjointe
Tresorier
M. Yves Babin
M. Daniel Margueron
Tresorier-adjoint
Administrateurs
M. Christian Beslu
Mme Eliane Hallais Noble-Demay
M. Robert Koenig
Membre d'Honneur
M. Raymond Vanaga Pietri
des
Bulletin
DE LA SOCIETE
Etudes Oceaniennes
(POLYNESIE OR1ENTALE)
N °324
-
Janvier / Fevrier / Mars
2012
Sommaire
Les
Oceaniens, explorateurs
ou
colonisateurs ?
La verite est entre les deux !
p.
4
Jean Guiart
chronologie oceanienne
p. 45
plantes et les oiseaux de l’atoll de Temoe
Liste systematique des plantes
Liste systematique des oiseaux
p. 65
Tentative de
Jean Guiart
Les
p. 72
p. 85
Jean-Frangois Butaud,
Edward K. Saul,
Graham M. Wragg,
Jean-Claude Thibault
Petite histoire du
Contant Guehennec
logo
de la Societe des Etudes Oceaniennes
P-107
(bulletin de la Society des. Glades Oceaniennes
Avant-propos
Chers
chers
membres,
lecteurs,
A l’aube de cette nouvelle
annee
permettez-moi de vous adresser les
meilleurs de la S.E.O.
Que
2012
vous
apporte la serenite, la prosperity
et la reussite dans
actions.
vos
L’annee passee, notre Societe
ment par la
recomposition de
son
des petits
changements, notamConseil d’administration, le depart en
a connu
metropole d’un administrateur et le recrutement d’une nouvelle secretaire
en
la personne de Tetuanuimarurau Raufauore.
Cette annee,
la commengons deja avec quelques changements
par la redistribution des locaux de l’ancien Service
nous
envisages justifies
des Archives, devenu apres sa fusion avec d’autres entites du Pays, le Service du Patrimoine Archivistique et Audiovisuel. Monsieur Jean-Frangois
Cauvin, le directeur par interim de cette nouvelle entite, a en effet prevu
et
de reamenagement du batiment et la reaffectation des bureaux
dont celui de la Societe des etudes oceaniennes afin de pouvoir accueillir
des
travaux
de
nouveaux
de
son
agents
et
d’harmoniser
au
mieux l’accueil du
service et de la S.E.O. Ne soyez done pas
pubhc aupres
surpris de ne pas retrou4rae
cinquieme etage ; elle le quitte pour descendre au 3
etage ; e’est desormais l’unique point d’accueil du pubhc pour l’ensemble
ver
la S.E.O.
du batiment.
2
au
N° 324
Notre assemblee
2012
a
-
ou
donnez
votre
cotisation pour voter les resolutions
A la suite de l’assemblee
ront
Janvier / Fevrier / Mars 2012
generate ordinaire de l’annee se tiendra le 23 fevrier
16 heures. Soyez done present
vie de notre Societe
-
en
rendez-vous important de la
pouvoir a un membre a jour de sa
a ce
votre nom.
generate ordinaire, les membres se reunigenerate extraordinaire pour debattre et
assemblee
juste apres
approuver les modifications statutaires proposees par votre Conseil d’aden
ministration.
Enfin,
nous
devons la fabrication du present
numero au
binome de
de redaction, Robert Koenig et Christian Beslu ; vous troupour l’essentiel un article sur l’atolI de Temoe aux Gambier de Jean-
notre Comite
verez
Jean-Claude Thibault, respectivement botaniste et
omithologue, et un autre sur le peuplement et la colonisation des lies du
Pacifique par les Oceaniens de l’ethnologue Jean Guiart.
Francois Butaud
et
Bonne
lecture,
‘la
na!
ora
Le
Fasan
Chong
president
dit Jean Rape
3
Les
Oceaniens,
explorateurs
ou
colonisateurs ?
La verite est entre les deux !
geographiques: la carte les montre, du moins
pour une part (elles sont plus ou moins claires et pertinentes selon la projection choisie). Elies determined notre analyse, a condition d’en tenir
compte, en particular en ce qui concerne les donnees physiques: lies
hautes et lies basses, petites lies et lies de grandes ou de tres grandes
Regarder les
realties
dimensions, distance
entre
les lies, et entre les lies et le continent asia-
qualite de la navigation possible. Des mers, comme la mer de
tique,
Tasman, sont vraiment tres difficiles et dangereuses, et par consequent peu
frequences, on fait normalement le detour necessaire pour avoir des
et
la
chances de survivre : les Portugais s‘y sont aventures, ont vu de loin les
cotes occidentales de la Nouvelle-Zelande et ont juge Tabord trop dangeL’etendue marine entre la Nouvelle-Guinee, la Nouvelle-Bretagne, la
Nouvelle-Irlande et les lies de l’Amiraute : les tempetes y sont tout aussi
reux.
violentes,
si Ton veut traverser par le centre et
ments d’lles a
la circonference. Pour aller
N. B. La base de cet essai est
un cours
professe
a
aux
l'UDP
a
non
suivre les echelonne-
lies de
l’Amiraute,
I'automne 2010.
on
suit
N°324 Janvier/Fevrier/Mars
-
la chaine d’iles et d’atolls qui
la Nouvelle-Irlande.
se
suivent
en
2012
direction de l’ouest a partir de
En fin de compte, les masses continentales et les archipels dessinent
les routes suivies par les relations entre les populations et des continents
et
des
archipels. Quand on peut traverser un detroit de quelques milles
marins,
on
n’imagine pas de
se
lancer dans
un
voyage de deux
ou
trois
mille kilometres.
L’ensemble
a
considerer
L’ensemble qui doit etre considere va de Madagascar a l’ile de
Paques, ce qui fait pas loin de plus du tiers de la surface terrestre. Se limi-
Polynesie consiste a restreindre inevitablement la portee de l’analyse et done a la fausser. La vision du regrette professeur Douglas Oliver
ter a
la
etait d’une unite culturelle fondamentale de l’ensemble oceanien
: sous
d’autres mots, on retrouvait plus ou moins les memes institutions. J’approuve tout a fait ce point de vue. Avant l’an mille apres Jesus-Christ, Pen-
Polynesie orientale, la Polynesie occidentale et la
Melanesie orientale relevait d’une bien plus grande unite culturelle qu’il
n’apparait aujourd’hui. Les institutions locales, tres originales chacune,
semble
couvrant
la
premier contact, dans la mesure ou on les bien a comprises, ce qui n’est pas toujours le cas, avaient moins d’un millier d’annees
d’existence, et avaient fait diverger de toutes sortes de fagons des cultures
insulaires plus proches les unes des autres auparavant.
decouvertes
Les
au
races
humaines ?
proscrire, d’une part dans le principe. La pretendue valeur scientifique des principes qui fondent la discipline a abouti logiquement a la Shoah, parce qu’on s’est mis a hierarchiser
les races, ce qui est une idiotie, et dont la logique amene au crime.
Les apparences sont dues a des facteurs historiques secondaires et
des situations d’isolation relative, comme pour les Polynesiens en bout de
course (coupes de la Melanesie par la distance), comme les habitants des
Hebrides (les vraies) ou de l’lslande, et du jeu des lois genetiques dits effet
de fondateur et derive genetique. Ailleurs, les melanges par misgenation
La notion de
races
humaines
est a
5
{bulletin da Ui Jocieia dcx 6tiide,s Gcaanie/titas
sont tels que toutes les communautes
ou
d’une autre et souvent
les
remains
legionnaires
gardes mongoles
d’etrange
en
humaines sont metissees d’une
maniere
Suisse romande
: avec
ou en
les Huns
en
fagon
Bretagne,
Roumanie, les
avant-
dans le sud-ouest de la France, les troupes arabo-berberes dans le sud de la France jusqu’a Macon (les belles lilies aux cheveux
noirs et
a
la peau
mate), les descendants des pirates et commergants nor-
diques au beau milieu de 1’Ukraine et de la Russie.
D’autre part les etudes d’anthropologie physique en cabinet ont porte,
traditionpour 1’essentiel, sur les restes humains voles dans les cimetieres
nels au XIXe siecle, du fait de la curiosite morbide des medecins militaires
de toutes nationality occidentales qui, devant l’incapacite de tout prendre,
des types
imagines a
priori delaissant le reste, c’est-a-dire ceux qui representaient la majorite
choisissaient les
restes osseux
correspondant
a
,
de la population.
Scientifiquement,
aucune
ces
collections
osteologiqes n’ont de
ce
seul fait
que toutes les fausses etudes fondees sur elles.
collections seront rendues a leurs descendants pour etre
valeur, de meme
plus tot ces
inhumees, le mieux ce sera. On ne saurait done conserver que les notions
objectives, correspondant a des caracteres generaux observes sur de
grands nombres, et qui ont tenu la route, la dolicocephalie et la brachicephalie, le prognathisme, l’arcade sourciliere plus ou moins marquee par
un bourrelet osseux des Aborigenes australiens, mais aussi d’autres insulaires, disperses un peu partout.
On notera les deformations craniennes provoquees depuis l’enfance
aussi bien dans le sud de lUe de Malekula, au Vanuatu, qu’en France dans
la region de Toulouse. Ces curiosites restent sans explication, sinon qu’il
s’agit d’une vision esthetique. Dans la volonte de remodeler l’aspect physique dont ils ont herite, ces gens sont alles plus loin que nous.
Le
Ces caracteres sont visibles
a
l’ceil
nu.
Les tentatives de
mensurations,
a mon experience personnelle, sont d’une imprecision folle sur le vivant
et, sur le crane sec, tres relatives, les points indiques, dont la glabelle,
imprecis par nature (un creux). II faudrait une operation sur l’enfant
ce qui n’est pas
pour aboutir a des points satisfaisants a l’age adulte,
concevable, l’ossification n’etant pas controlable.
etant
6
N°324 Janvier/Fevrier/Mars 2012
-
Les
marae un pen
partout
particulier, il existe d’autres evidences neglicomme celle qui fait comprendre que la societe et la culture maori
A
ce
point
de
vue et en
gees,
de Nouvelle-Zelande represented pour une part un etat de la culture et de
la societe tahitiennes au moment des migrations vers la Nouvelle-Zelande,
avant le
temps des
marae
recede et, comme toutes
laire,
le fruit de la
Le marae
megalithiques construits qui sont une accretion
les innovations culturelles dans
maori,
done le
marae
monde insu-
entre les
grandes lignees.
polynesien ancien, est une place
competition de prestige
et
ce
soigneusement coupee. Pas la moindre pierre visible.
Le marae, le meme nom, sur 1’ile de Tongariki au Vanuatu central, est une
meme place herbeuse, entouree de roches transports la, servant de siege
a Paine de chacun des groupes de descendance constituant le village. Sur
Pile d’Efate, il n’y a que de l’herbe, et pas de rochers, mais e’est toujours
le marae, qui est aussi, comme dans tous ces cas, le nom du village affecte
d’une place de danse. Remonter la chaine des marae austronesiens
amene pile au milieu de la Melanesie orientale.
Le seul edifice semblable aux marae tahitiens, en dehors des heiau
hawai‘iens, plateformes coheres en pierres surmontees de statues en bois
recouverte d’herbe
a
vocation architecturales et d’edifices
religieux, est,
dans l’ouest de Viti
de pierres comportant
Levu, le nanga, une enceinte constitute d’un
des ouvertures se faisant face et au centre une pyramide de pierre a deux
mur
etages.
Les rites
recolte
d’ignames.
qui
ont
Aucune fouille n’a
lieu
eu
au
nanga
lieu dans
un
ont a
faire
avec
nanga, tant
on
les
premices de
la
craint les reactions
de la population environnante. La Mission methodiste
de pratiquer des sacrifices humains dans le nanga, mais
les Fijiens
enquete offi-
a accuse
une
cielle, au siecle dernier, a conclu que l’accusation etait fausse. L’accusation
venait des chefferies dont les tenants du nanga dans la region refusaient
de reconnaitre P autorite, qui n’etait pas traditionnelle, mais reposait sur
l’alliance de ces chefferies avec la Mission methodiste, patronne ecclesiascelle des Cakobau
tique d’une royaute fijienne fabriquee de toutes pieces,
europeens de cette chefferie ont ecrit des
dormir debout. Un historien sans formation anthropologique
(Thakombau).
histoires
a
Des
loyalistes
7
bulletin
specialise
chefferies
a cru
nees
Cet historien
sur
d& la
de
ne
Joctete de& Gtude& Oceaniennes
pouvoir denier
Tequipage
toute realite
de la
s’est pas adresse
a
la tradition
fijienne
des
de l’ouest.
pirogue Kaunitoni,
Fijiens, mais fait porter ses critiques
venue
aux
les scribes europeens de cette tradition.
Les chants et les
mythes maori traitant du passe tahitien
mythes recueillis sous l’egide de Sir Apirana Ngata,
dans les annees d’avant-guerre, et leur commentaire interpretatif par l’erudit maori (c’est le titre dont il se reclame), Pei te Hurinui, montrent que
Les chants et les
la tradition exposee se situe toujours au debut a Tahiti ou aux lies
Sous-le-Vent. Les deux langues sont mutuellement comprehensibles, j’en
toute
ai fait T experience par
lever
ou
de remettre les
Toute etude
paratif avec
aux
l’observation,
consonnes
le
petit effort intellectuel d’en-
manquantes.
le passe tahitien doit done passer par un travail comla situation maorie, en tenant compte des specificites dues
sur
contraintes materielles propres
que, si Ton
avec
a
la Nouvelle-Zelande. La difficulty est
de seulement
quelques centaines de pages de textes
tahitiens, on est en presence, en Nouvelle-Zelande, de milhers de pages
enregistrees en langue maori, qui attendent d’etre analysees. Il y a peu de
volontaires pakeha pour le moment, mais pas plus de candidats maori.
dispose
De VOcean Indien
Il
a
VOcean
Pacifique: Madagascar
s’agit pas seulement de l’ocean Pacifique a traverser. Les cotes
de l’ocean Indien ont ete de tout temps, au cours des mihenaires, le lieu
ne
de passages maritimes dans les deux sens et qui se sont marques, en particulier, par l’arrivee de populations de langues austronesiennes a Madagascar. Comment ? Et dans quelles conditions ? On ne sait pas encore. Je
vois aucune donnee permettant de poser une hypothese serieuse, sinon
ne
que les voyages ont du prendre des siecles, avant l’islamisation conquerante. et en suivant les cotes, pas en coupant tout droit et en frolant les
quai.c.iiemes rugissants. Done Titineraire devait etre connu. Depuis quand
exactemer t ? Les mouvements de
tures
individuelles, prennent toujours Titineraire
des femmes et des enfants
8
populations qui marquent, pas les aven-
a
le moins malaise
il y a
transporter. Les aventures unisexes au loin
:
Guiart/Apo
©
-
austronei
langues
des
Carte
m bulletin de fa Sociele des Slades
sont
forcement
mieux
armees
sans
pour
Oceam'ca/icx
lendemain. A moins de reussir
une
a
revenir et de
repartir,
installation.
periode coloniale, la mode chez les specialistes blancs
etait de considerer que cette arrivee a Madagascar etait tardive, precedant
de peu les contacts avec le monde musulman, ou chinois, arrivee ainsi sorAu cours de la
tie de nulle
part par rapport
avec
la Grande lie. On
ne
tenait pas
compte
diversifier
du temps necessaire, au moins
millenaire, pour peupler
culturellement sur un semi-continent. La connaissance archeologique est
et se
un
encore
trop faible
Madagascar, qui entreprend seulement aujourd’hui,
a
avec fort peu de moyens, le travail de repousser constamment dans un
passe de plus en plus lointain les dates obtenues dans les fouilles, travail
quand meme quelque peu plus avance dans l’ensemble
du
Pacifique pro-
prement dit.
Ce
jamais
qui signifie
ete
une
chose : le monde
isole des mouvements qui
linguistique
ont remue
austronesien n’a
le sud et le sud-est de
langues austronesiennes dans tout le sud-est asiatique
et, si Ton cherche bien, on en trouvera ailleurs. A cote de la mise sur pied
des grands Etats hindouistes dans l’interieur des terres, des allees et
venues de village en village, dans un sens ou dans un autre, tout le long de
la cote nord de l’ocean Indien, ont trace evidemment une histoire parallele
l’Asie. On trouve des
inconnue, parce qu’on a ete obnubiie par la Grande Histoire.
On ne s’est pas pose la question de quel etait le support des voyages
de Sindbad le marin, qui est le mythe qui sous-tend une realite mal
encore
connue : on a
pense,
logiquement, qu’elle refletait les voyages arabes pour
le controle des epices et qui ont provoque l’islamisation de 1’Indonesie,
ou les voyages plus tardifs chinois qui ont atteint la Come et la cote ouest
voyages sont trop tardifs pour y etre lies. On a cru
surtout que la constitution des Etats etait le seul facteur de dynamisme historique dans une region condamnee artificiellement a l’immobilite en
de
l’Afrique.
dehors de
C’est
catoire
en
Mais
ces
ces
demiers.
la sous-estimation de la fonction de la parente classifiOceanie, dont les auteurs europeens comprennent rarement les
comme
potentialites. L’histoire classique n’a pas les moyens de savoir, en Asie du
moins, ce qui se passe de village de pecheurs en village de pecheurs, au
10
N°324 Janvier/Fevrier/Mars 2012
-
long d’un developpement cotier
salt
de
plusieurs
Sindbad est passe, mais c’est tout. Les
ou
le support de
Les
ces
voyages
nous
milliers de kilometres. On
sociologies locales qui sont
sont inconnues.
langues tonales
Une autre
parlent guere,
interrogation dont les auteurs oceanistes occidentaux ne
c’est de l’opposition entre langues tonales et langues non
tonales.
Les envahisseurs
des
en
du nord et du
venus
froid,
si Ton
peut dire, parlaient
langues tons, quatre dans le chinois classique, huit dans les langues thai.
Nous avons decouvert trois langues a tons, des tons parfois instables,
a
Nouvede-Caledonie. II
a
fallu
avoir etudie toutes les
qu’Andre
Haudricourt s’en mele, apres
du sud-est asiatique. Mais il nous a
pour les langues a tons, Jean-Claude
langues
linguiste specialement
Rivierre, de fagon a pouvoir recueillir convenablement celles de NouvelleCaledonie. L’hypothese d’origine etait deja celle de Maurice Leenhard.
a tons
fallu former un
Curieusement, personne n’a releve ce dossier. Que venaient-edes faire la ?
Les dnguistes anglo-saxons ne se posent jamais la question.
La plus importante, la langue paaci, encore tres dynamique
aujourd’hui, appartient a un groupe tres coherent culturedement: la tradition donne son point d’arrivee en Nouvede-Caledonie, en bas de la vadee
de Kouaoua, et on peut suivre les peregrinations a l'interieur du pays; au
midenaire, ce groupe a manifesto un comportement
conquerant, deplagant les populations de zones entieres pour s’instader a
leur place. Il ne s’agit done pas de ce que les Anglais appedent afluke. Le
temps couvert par ces peregrinations toume autour de deux midenaires
cours
du dernier
tout au moins.
Il y a, certainement quelque part, d’autres langues a tons en Melanesie ou en Nouvede-Guinee. On ne les a pas decouvertes parce que les dnguistes travaidant sur la region ne sont pas formes pour les langues a tons.
a
ou
? Comment raisonner
tenir
la
dossier dont
Il y
un
compte de
armees
ce
on
entendra certainement
sur
les
parler,
mais
quand ? Et
region sans
langues de I’ensemble de la
langues a tons sont-edes venues
facteur-la ? Ces
du sud-est asiatique ? Ou sont-edes
nees
tout
d’une transformation
sur
11
m bulletin de- hi Socieie des Studes Qceaiue/mcs
de systemes d’accentuation devenus trop
besoin d’une forme de rationalisation ?
place
complexes et qui
avaient
Je ne saurais demontrer cette hypothese, que je caresse depuis longtemps. Mais Andre Haudricourt est mort qui aurait pu resoudre le probleme, il en avait seul les moyens intellectuels. Je ne suis pas sur que ma
solution soit la bonne. Mais le chinois classique, bien sur stabilise par
l’ecriture, a plusieurs milliers d’annees d’existence et les langues chinoises
locales, toutes a tons, sont multiples.
On peut done imaginer plusieurs milliers d’annees, moins stables
bien sur, pour la langue paaci. Mais quelle en est la signification pour
nous
ces
? Pas de reponse
langues
a tons
possible pour le moment.! Peut-on, ou pas, inclure
dans la
mouvance
austronesienne ? La
question
n’a
langues papoues n’ayant, pour le moment pas
ete decrites comme comportant des langues a tons, il y aurait done une
troisieme famille de langues en Oceanie, bien cachee dans les coins.
meme
pas ete posee. Les
Les mouvements de petits groupes
chez les auteurs, aux mouvements quotidiens de tout petits groupes, suivant les cotes, dans un sens ou dans un
autre, constamment, depuis des millenaires. Ou, devant l’encombrement
C’est la meme
des cotes, de la
un
indifference,
mer vers
fleuve, puis un
l’interieur,
et
depuis l’interieur en redescendant
autre.
C’est le mouvement brownien de tout un
peuple venu d’Asie, ou plutot
peuples sans nombre, allant grosso modo dans le meme sens, qui ont
peuple l’lndonesie, puis la Nouvelle-Guinee et les archipels qui en dependent, allant dlle en lie le long de Fare melanesien, puis, partant de la, toujours par petits groupes successes, pour decouvrir et peupler les lies qui
ont constitue la Polynesie. Ce mouvement fonctionne encore en NouvelleGuinee : les peuples de la montagne avancent de haute vallee alpestre en
haute vallee alpestre, puis redescendent encore vers la cote par les lignes
de
de cretes. Ce mouvement qui accumule les millenaires est toujours present. Il peut proceder par envahissements successes, et meme selon des
modalites fort peu charitables, par massacres systematiques pour chasser
devant soi les minorites trop faibles et qui sont mises devant
12
l’obhgation
N°324 Janvier / Fevrier / Mars
-
de fuir. J’ai ete temoin de cette violence dans la vallee de la
2012
Baliem,
en
Nouvelle-Guinee occidentale.
Mais
acteurs sont
quelque sorte aujourd’hui par la
puissance grandissante de la Chine a laquelle, cette fois, ils n’echapperont
ses
pas, la retrouvant
sur
rattrapes
les cotes
ou
en
elle
commence a
s’installer, pour des
raisons
d’exploitation economique des gisements miniers. Ils ont perdu la
Ils
avaient fui, il y a plus de quarante millenaires, et ne savent
partie.
pas
encore
que c’etait pour rien...
Les ties
aux
epices
La Micronesie
a ete peuplee aussi bien a
partir des des Philippines:
elles etaient le point de passage oblige et ont garde des relations
constantes avec la partie occidentale de la Micronesie. La
presence espa-
gnole a Manille a protege ces ties de la venue des dows arabes.
la, qu’elles n’etaient pas classees parmi les ties aux epices.
La noix de muscade
ne
venait pas de
la,
mais de la
11 faut
dire,
pointe occidentale
de la
Nouvelle-Guinee, faisant partie du pseudo-tribut paye par les Papous
de la region aux rajahs de Tidore et de Temate, qui les mettaient, en quelque
sorte,
il y
a
sur
le marche international
plus
que de
de deux mille
ces
ans.
a
partir de la. Deja au temps des Romains,
Le clou de
girofle venait des Moluques,
deux ties bees commercialement
a
ainsi
la Nouvebe-Guinee.
Le mouvement des traits culturels
Le
long
de
ces
itineraries, indefiniment ramifies, il n’y a pas que les
hommes qui bougent, mais aussi ce que Ton designe dans la profession
du nom de « traits culturels ». Ils bougent eux aussi, transports par les
hommes et les femmes
indefiniment,
sur
de petits allers et retours
ou a
l’echelle de migrations acceptables, a tres faible echebe numerique et qui,
de ce fait, ne genaient personne, mais indefiniment repetees. Ces mouvements n’ont pas cesse. Ils
peuvent changer de forme, mais ils continuent,
du sud-est
nee,
asiatique a travers l’Indonesie, de 1‘Indonesie a la Nouvelle-Guipuis a travers la masse meme de la Nouvelle-Guinee. Ils transportent,
entre autre
aujourd’hui,
des fusils d’assaut de contrebande
au
centre de
la Nouvelle-Guinee. Les camions qui les transportent sont attaques le
long
13
d&u/fetiM de
Societe- dex &adex Occam
fa
populations riveraines, d’ou une diffusion encore plus
de la route par les
large que prevue etc.
Le developpement economique colonial a induit par la suite des
migrations de main-d’oauvre (les Chinois ou les Hindous en Malaisie, les
Hindous a Fiji, les Chinois et les Japonais a Hawai'i), les evenements politiques en ont provoque d’autres plus recents (les Hindous eduques de Fiji
vers la Nouvelle-Zelande et le Canada).
Les
reponses a
nos
interrogations sur les continents
voisins
Lorsque j’etais etudiant,
on
cherchait
a
mettre sur
pied une vision
plus large qu’aujourd’hui, sachant qu’une part des interrogations trouveraient leurs reponses sur les continents voisins
qu’on connait finalement si peu. Quelles sont les methodes convenables pour assurer la
—
connaissance de
d’hommes ? On
ce
ne
qui
les
a
motive et sous-tend des centaines de millions
pas
encore
vraiment trouvees,
meme
si Ton met
de methode n’a
aujourd’hui sur pied plutot des raccourcis. Ce probleme
1’Oceanie
pas ete resolu en anthropologie, ni en Asie, ni en Afrique. Seule
nous offre la possibilite de l’etude de populations a des echelles numeriques scientifiquement maniables par un petit nombre de chercheurs de
toutes specialties, a condition qu’ils se coordonnent entre eux.
Mais il est etrange que ce que nous savions, et ce que nous pressendons, aient ete mis de cote par des generations plus etroitement specialises
que les notres.
Pacifique Nord
deja que le Pacifique Nord avait ete, et sur terre et surtout
sur mer, un autre lieu de passage constant. Faire passer les hommes a pied
est passe tellement. Et
par le detroit de Behring n’est pas satisfaisant. Il en
n’ont pu le faire, pour
passer a pied au moment des grandes glaciations! Ils
Le
Nous savions
part, que par voie maritime, rencontrant ou passant au nord immediat
des lies Hawaii’i; celles-ci ont ete, plus tard en effet, frequentees, en demiere
une
instance,
et par
des navires de
peche japonais a la derive, et par des navires
chinois zigzaguant lentement dans
14
cet
espace maritime (leurs autorites
N°324 Janvier /Fevrier/ Mars 2012
-
politiques n’etaient pas favorables a une expansion par mer), puis par des
embarcations
heurtes
large,
a
des Cosaques avancant vers Test et qui s’etaient
encore par des galions
espagnols passant tres au
montees par
l’ocean, ou
parfois condamnes a se rapprocher.
mais
suivaient
ces
demiers
a
la trace. Tout
ce
En
plus des corsaires qui
mouvement n’a pas pu
ne pas toucher les lies Hawaii. Et, s’il a existe au cours du dernier
demi-millenaire,
il a fort bien pu exister avant,
tout a fait avec
quoique differemment,
pas
les
acteurs, mais sur les memes cheminements, de Siberie orientale en Amerique du Nord. Les millions d’Amerindiens sont bien venus de
memes
quelque part. Et Ton sait qu’ils etaient deja la au moment des grandes glaciations.
Les Hawai‘iens
qui ont tue le capitaine Cook n’avaient eu de longtemps des raisons de considerer, l’un apres l’autre, tous ces nouveaux
venus comme des dieux, la curiosite
biologique de leurs enfants et celle
de leurs femmes
depouillant vite les etrangers de pareils oripeaux. La divi-
nisation des blancs par les Oceaniens est le fruit de la vanite des
premiers,
qui se sont pris pour des surhommes, des surhommes si souvent, en realite, bourres de whisky ou de gin. Attribuer cette divinisation des blancs
justement
a ceux
rieurs et les
des Oceaniens qui avaient
plus varies, consiste
Les auteurs actuels ont
eu
le
plus
de contacts exte-
remplacer la raison par Tinvention.
oublie la leqon d’Andre Leroi-Gourhan, dans
a
Archeologie du Pacifique Nord qui montre tout ce qu’il y a d’ethnographiquement commun entre la Siberie orientale, avant la russification,
et le nord-ouest de
l’Amerique. Claude Levi-Strauss a montre la parente de
son
,
Tart indien de la cote et des lies du Canada
occidental, avec Part de la
Chine ancienne. Les apparentements formels sont demonstrates, les interpretations dans chaque zone culturelle plus difficiles.
Ce qui amene a considerer comme evident que les environnements
continentaux du
Pacifique Sud n’ont pas pu ne pas pousser des pseudopodes
dans
toutes
les directions. La poussee principal conceme le devepeu
loppement de la nation mongole et de la nation chinoise un peu plus au sud.
un
qu’elles n’aient pris les formes politiques sophistiquees reconnues par
notre science historique, nous avions des masses confuses
qui cherchaient
une issue a la
pression interne de leurs nombres de plus en plus grands.
Avant
15
(Atd/elin
de la
Jociele dex Stadex Ocean
simple a comprendre, les hivers siberiens et l’aggravation des conditions de vie pour l’homme determinees par les periodes de
glaciations. Ces nations en devenir allaient vers le soleil au zenith.
Leur motivation etait
La pression
La pression
tions
vers
vers
le sud
le sud a, par voie de consequence, pousse les
parlant des langues austronesiennes,
elles aussi
encore
popula-
plus loin vers le
L’apparition de ceux qui deviendront les Vietnamiens, les futurs Thailandais ou les Khmers les ont pousses a leur tour vers Test, a travers l’Indonesie;
l’implantation de l’hindouisme, puis de l’lslam et la constitution d’Etats insulaires a partir des ports et des villes, les a pousses, une fois de plus, d’Indonesie en Nouvelle-Guinee, du moins au cours de la demiere periode.
II faut considerer, en effet, que ce sont les touts debuts des tres lentes
coalescences vers des systemes politiques centralises qui ont cree par voie
sud.
de consequence tous ces mouvements centrifuges, bien avant la naissance
des agricultures fondees sur les cereales. Les Oceaniens ont etabli leur
survie sur le taro et 1’igname, parce qu’ils les cultivaient deja a leur point
archai'ques (faciliter et desherber regulierement les habitats spontanes ou transferer systematiquement des plants
spontanes sur des parcelles choisies et preparees), sur le continent asiatique ; ils y vivaient de peche et de cueillette et de ce debut d’agriculture,
s’ils
et ils y avaient decouvert la partialite du taro vis-a-vis de l’eau
de
depart,
sous
des formes
—
avaient
avaient
Ils
le riz, ils l’auraient apporte
le metal.
connu
connu
ont
apporte d’Asie du Sud,
cultive, partout,
pour des raisons
et
non
avec
de
eux, et de
meme
Chine, le banian,
cultuelles, religieuses:
ses
un
s’ils
arbre
racines ter-
du pays souterrain des morts. II constitue un marqueur du point de depart de la migration vers Test a partir du
detroit de Malacca. On neglige aussi le roseau, implante partout par les
restres constituent
une
des
entrees
et
abords des habitats, forme de protection contre une attaque
materiau utile a toutes sortes de petites choses, dont les torches pour
la
peche de nuit.
hommes
aux
fagon, la diffusion de la noix de betel dans toute la Noucohere et la Melanesie jusqu’aux lies Salomon, indique un
De la meme
velle-Guinee
16
N°324 Janvier/Fevrier/Mars 2012
-
point de depart d’Asie plus au sud qu’au nord, ce que la theorie taiwanaise
ne satisfait pas. Celle-ci evite
soigneusement de se referer a ce qui la
contredirait
—
savoir la realite
a
geographique.
La
simple logique veut
que les Taiwanais austronesiens se soient diriges non pas vers 1’Indonesie
et la Nouvelle-Guinee, mais vers les lies
Philippines, plus proches. Ce qu’ils
ont fait d’ailleurs. II n’existe
ni de
pas de
Melanesiens,
seraient
Polynesiens, qui
partis de Taiwan.
Les Austronesiens ont du
partir bien plus tot, des milliers d’annees
plus
tot, devant des
mouvement,
nien
comme eux
masses en
plus tard,
masses en mouvement
mais les
brow-
nombres,
depart,
pratiquaient le controle des naissances
siens avec 1’ecorce de
Barringtonia ou autres abortifs), confronts a
des peuples qui ne le pratiquaient pas les Chinois et les
Mongols a ce
de leur
cote.
au
Ils
-
n’etaient pas
les Austrone-
-
moment-la.
Plus ou moins tard, par une succession de petits
decrochages en
echelle du nord au sud, en nombres indefinis, et sur ce
qui sera plus tard
les cotes chinoises, puis vietnamiennes, ils traverseront d’lles en lies a travers une
sant
Indonesie
derriere eux,
beaucoup plus largement etalee qu'aujourd’hui,
un
lais-
peu partout, de nombreuses communautes
en
position minoritaire ; beaucoup seront, plus tard, absorbees, les plus
importantes etant les Chams du sud du Vietnam, assez nombreux pourtant
pour avoir cree un empire detruit par l’expansion vietnamienne. La montee de la
mer
les remettra
en
rizicoles nouvelles
route,
avant
Tinstallation de communautes
du
disposant metal, du buffle et de la roue, a l’interieur
desquelles d’ailleurs une partie d’entre eux se fondra, du moins ceux qui
etaient restes sur place a travers l’lndonesie.
Les
acquis a partir de Vlndonesie
(Borneo) jusqu’a Samoa,
De Kalimantan
on
utilise les feuilles de
pal-
miers
Metroxylon pour couvrir les maisons et, surtout, pour trader,
hommes et femmes reunis, la moelle au sein du tronc afin d’en tirer une
fecule ; cest la nourriture principale dans toutes les
cageuses fluviales et, ailleurs,
une
certaine
quantite
grandes zones mare-
alimentation de famine, dont on prepare
pour passer la soudure annuelle. Mon information,
une
17
bulletin
recueillie
de la
est que les Samoans connaissaient la technique de
de la fecule du palmier sagoutier. Des auteurs recents le nient,
sur
confection
tfociete del Guides Oceaiiieimes
place,
peut-etre parce qu’ils sont eux-memes trop recents.
impermeables a la realite,
samoans
realises
a
nous
livrent
aujourd’hui
Mais
d’autres, moins
des recettes
de gateaux
partir du sagou.
cocotier, le bananier, la canne a sucre et l’arbre a pain constituent,
melanesemble-t-il, les apports plus particulierement oceaniens, et ici
et les lies
e’est, en effet, entre la cote nord de la Nouvelle-Guinee
Le
siens;
l'archipel Bismarck que ces plantes sont nees en tant que cultivars,
notre univers
plantes de cultures par et pour les hommes, a l’usage de
de
actuel. Elies ont ete diffusees partout, en un second temps, par les Portutoutes les autres
gais, qui ont fait des fortunes avec, bientot copies par
nations maritimes occidentales, dont les Anglais, qui se sont interesses
meme au
fruit
a
pain pour l’introduire
L’introduction de la canne
a sucre
aux
Antilles.
dans les pays
tropicaux et subtro-
picaux est a l’origine de plusieurs siecles d’esclavagisme europeen,
ou
le
Pacifique Sud a ainsi, indirectement, une part de responsabilite theorique.
Le moyen
La date ancienne de
ces
mouvements de survie culturelle
a
l’origine
de tous ces deplacements laisse planer
probleme du moyen. Nous
tout
savons
qui, ni ou, a imagine la pirogue a balancier ; on sait,
le
pas
moins, que l’aire de diffusion va,
ne
au
langues austronesiennes, de
deux phenomenes sont exactement
comme
les
Madagascar a 1’ile de Paques. Les
commence a
parallels. Mais ce que Ton sait, e’est que les Oceaniens ont
e’est
bouger tres longtemps avant l’invention de la pirogue. Evidemment,
moins romantique. Mais la verite et le roman font deux.
L’evolution oceanienne de la pirogue a balancier est allee vers la
la
pirogue double, de la Nouvelle-Caledonie a Fiji et jusqu’a Polynesie
de cette meme pirogue a balancier est allee
orientale. L’evolution
asiatique
le trimaran, dont l’aire de diffusion comprend l’lndonesie et les Phifavohppines par le prao et la Micronesie. Le premier progres technique
et le nombre de passagers, le second favorise la
rise le volume
vers
,
d’emport
vitesse, dans
18
un
univers
plus proche de l’Asie et plus dangereux.
N°324 Janvier /Fevrier/ Mars
-
2012
Les
an,
pirates de Nouvelle-Guinee occidentale qui allaient, une fois par
dans les alentours de Waigeo et
Halmahera, enlever des vivres
(ignames)
des femmes pour les rapporter chez eux, dans les lies de la
Geelvink, utilisaient des trimarans. II y avait d’autres pirates, aildont ceux qui ont tue Magellan. La
dans cette
et
baie de
leurs,
piraterie,
n’etait pas l’ceuvre de
mafflas,
mais de communautes
region,
entieres, hommes
et
femmes reunis, et eOe etait tres ancienne, comme les
naufrageurs bretons.
II etait souhaitable de pouvoir les
gagner a la course. Les lourdes pirogues
doubles n’auraient pas fait l’affaire. Contrairement a ce
les auteurs
que
anglo-saxons affirment, la pirogue a deux coques n’est pas nee aux lies Fiji
et a Tonga, mais en Nouvelle-Caledonie. Le Vanuatu n’en a
pas.
Mais, tout au debut du grand mouvement austronesien, les pirogues
a balanciers, catamarans ou trimarans n’existaient
pas encore. II faudra
attendre plusieurs millenaires.
Les radeaux doubles
Jusqu’aux lies Salomon comprises, les voyages pouvaient se faire
cependant d’lle en lie, avant l’invention des pirogues, avec des radeaux a
double epaisseur, perces d’une ouverture centrale et
manipules la a la
godille. Ces radeaux existent toujours au nord-ouest de l’Australie (lies
Melville) ainsi qu’aux Ties Loyalty; ils servent a idler en haute mer pour la
peche hauturiere aux lies Melville, et pour aller retirer les nasses posees
sur
les hauts fonds lointains
a
Lifou.
En choisissant
soigneusement le moment, ils permettaient sans difficulte le passage d’une Tie a l’autre, a condition de bien calculer
Tangle de
depart, pour profiter de la force et de la direction des courants dans les
detroits separant les lies. II fallait tenir compte de la derive provoquee par
ces courants. La distance la
plus rapprochee n’etait pas la moins difficile
de
ce
seul fait. Certains detroits etaient
plus faciles
a
traverser
du fait de
Texistence d’llots intermediaires.
En
1947,
jeune couple en rupture de ban avec ses families respectives, opposees au mariage, partit en radeau a double epaisseur, propulse a la godille, de Wetr a Lifou, pour aboutir au village d’Ohnyotr, a la
pointe orientale d’Ouvea, peuple d’immigrants anciens de Wetr et des
un
19
m bulletin f/c la Society t/es &fades- 0cea/ue/i//es
s’y installa. Le fait, plutot sportif, etaiit donne la force
du courant, a ete consigne dans les proces-verbaux des deux gendarmeoil j’ai
a
ries, au point de depart et au point d’arrivee. Je l’ai appris Ouvea,
rencontre ce couple. J’avais deja publie un article, redige par un chef de
Lifou qui me l’avait apporte et qui traitait justement de ce radeau.
memes
families,
et
L’ere des pirogues
Mais les radeaux
de Formose
ailleurs,
ne
a
balancier
permettaient d’aller
ni de Santa Catalina
aux
ni de Chine
a
Formose,
ni
Santa Cruz, ni de Santa Cruz
qui est passe par Taiwan ne peut etre que plus tardif et date du temps des pirogues, epoque a laquelle le Pacifique occidental etait deja largement peuple, et les langues austronesiennes deja en
aux
des Banks. Tout
ce
tout
place, jusqu’a Santa Catalina des Salomon ou les lies Santa Cruz
moins. Le Lapita etait deja en place aussi. Mais rien ne prouve que les
au
L’lndonesie serait
pirogues a balancier soient une invention oceanienne.
plus convenable comme lieu d’origine, a defaut du sud-est asiatique, qui
fait partie aussi de l’aire de diffusion des pirogues a balancier, et cela
jusqu’a Madagascar. Le Pacifique Sud n’est pas le centre de ce monde-la,
ou les langues
qui se situe tout aussi bien autour de la Malaisie actuelle,
austronesiennes sont
en
particular celles
des
cueilleurs dits Negritos de l’interieur.
Pourquoi parler des Santa Cruz ? Pour
populations de chasseurs-
qui avait echappe
a Raymond Firth et que les archeologues ne citent jamais, probablement
ou Vanikoro, il
par ignorance. Des Santa Cruz, c’est-a-dire depuis Tikopia
une
raison
pirogue pour parvenir au milieu de Fare qui va d’Espiritu Santo jusqu’aux lies Banks les plus orientales. Deux jours pour parvenir a Vatganay, llot volcanique isole au nord-est de l’archipel des lies
et
Banks, ou les equipages des pirogues trouvent des taros, des bananiers
successeurs.
des cocotiers, qu’ils doivent faire Feffort d’entretenir pour les
Le jour suivant, ils changent de cap et arrivent, en un jour, aux Banks
faut trois jours de
ou sur
la cote
d’Espiritu
Santo. Ils viennent y chercher des vivres
en
pour rester sur
periode de famine chez eux, des femmes pour epouser
a
place ou repartir, ou encore, de maniere plus modeme, chercher Luganlies
ville, Espiritu Santo, un emploi salarie a des taux plus eleves qu’aux
et
20
Les pirogues les plus
sophistiquees de I'Oceanie,
constitutes de plusieurs coques associees, entre six et
douze et jusqu'a trente, ces lakatoi
en haute
partaient
nord de I’Australie pour capter les
vents a I'aller et au retour,
apportant sur la cote des
deltas a I'ouest du golfe de
Papouasie, les poteries
qu'ils echangeaient contre les provisions de sagou (fecule du palmier sagoutier, Metroxilon
sp.)qui permettait la soudure entre deux recoltes le
long de la cote
semi desertique de la
Papouasie orientale Le sagou,
tres humide pour en faciliter la
conservation, etait plus
dense et necessitait plus de capacite de
portance au
retour. Les lakatoi etaient demontes et reconstruits a
deux fois plus de coques pendant
que le sagou etait
mer,
en
passaient au
fabrication. La fabrication du sagou
est connue
de-
puis Kalimantan a I'ouest (Borneo) jusqu'aux Ties
Samoa induses, comme aliment de soudure
(traduc-
tion du passage des ancetres des
Polynesiens
nesie, en Nouvelle Guinee et dans toutes les
Ties de la Melanesie.
Photo Ian
Hogbin,
ex:
Peoples of the South
en
Indo-
grandes
West Pacific.
bulletin de
la
Jocieta dc& &Ludc& 0tvea/ue/ineS'
archeologues anglo-saxons ignorent l’existence de Vatganay,
Salomon. Les
pourtant notee par les collaborateurs de Firth dans leur inventaire geogra-
pliique de l’Oceanie publiee au cours de la demiere guerre par l’Amiraute
britannique, et que l’on trouve maintenant mentionnee dans certains atlas
scolaires neo-zelandais.
Aborigenes australiens, peuples plus anciens dans la region que
les Austronesiens, avaient deja utilise ces memes radeaux pour passer
jusqu’en Nouvelle-Guinee et, de la, en Australie par les lies du detroit de
Torres (alors emerge), ou pour suivre les cotes des continents gigantesques de l’epoque (Sahul). Ils ont regu, a leur tour, les pirogues a balanLes
cier de Nouvelle-Guinee
en
passant aussi par les lies du detroit de Torres.
deja, pour la petite navigation cohere et entre autres en Nouvelle-Guinee, regu (mais est-ce plus tard ?) l’art de naviguer au plus pres
de la cote dans des pirogues monoxyles, choisis dans des arbres de grands
diametres pour qu’elles soient plus larges et par consequent plus naviIls avaient
gantes. Tous
passages de temoins
parfaitement claire.
ces
ne
chronologique
Lorsqu’il a fallu partir plusieurs jours,
presentent pas
ou
une
coherence
plusieurs semaines,
en
mer,
d’atteindre les lies Fiji a partir de la Melanesie orientale, les
pirogues a balancier etaient deja la, dont la coque en bois d’arbre a pain,
insubmersible (Tikopia, Vanuatu), etait une des forces. Quand a-t-on
en vue
pirogues doubles, venues apparemment avec l’homme en NouveUe-Caledonie, aux lies Fiji et en Polynesie occidentale ? Ce qui est sur est
que la Nouvelle-Guinee et le Vanuatu ont prefere perfectionner la pirogue
a balancier et en creer des formes de grandes dimensions, adaptees aux
invente les
mauvaises
mers
entre les lies
au
large
de la Nouvelle-Guinee
ou
du
les vagues sont relativement courtes et viennent de parVanuatu,
tout a la fois. La grande houle du Pacifique n’y est pas vraiment presente.
mais
ou
Par contre les tsunamis y sont
frequents.
physique
Nous connaissons done le moyen
; les radeaux pour sortir
d’Asie, en suivant les cotes et pour traverser la ligne de Wallace ; les
pirogues, apparemment, a partir des grandes lies de la Melanesie (par
exemple pour aller de la Nouvelle-Guinee aux lies de l’Amiraute, ou les
distances en haute mer depassaient les capacites des radeaux : les des de
22
N°324 Janvier / Fevrier / Mars 2012
-
l’Amiraute presentent
n’est pas
non
fort constituant originaire de Micronesie, qui
en radeaux, a quelle date ? Nous ne le savons pas.
un
plus venu
capacite technique de construire des radeaux
de plus grandes dimensions, propulses a la voile ou a la godille, ou les
II existe
peu partout la
un
l’opportunite. De cela on ne traite guere. Les
pirogues doubles caledoniennes se propulsent a la godille a l’interieur du
lagon lorsque les tetes de corail sont trop nombreuses et trop dangereuses
deux selon le moment et
la voile. Nous savons, par contre, ce que les pirogues transplus tard, depuis les invites a un mariage entre Samoa et Tonga
pour aller
a
portaient
ou Fiji perdus
d’echanges
en
Melanesie suite
de biens
rares
a une
tempete,
a
des
expeditions
contre des pores.
Le mouvement nord-sud
Ce que chacun oublie aussi est que le
le temoin de mouvements ouest-est,
Pacifique n’est pas settlement
le contraire, mais aussi nord-sud.
alors qu’on le sait depuis un bon
ou
dernier, trop ignore aujourd’hui,
demi-siecle, est bien sur minoritaire, en termes de volumes et d’individus
transports, mais il n’est pas culturellement insigiiifiant. Il a surtout transla Melanesie la
porte, depuis le Japon meridional au nord et au sud vers
de
plus en contact avec la Polynesie occidentale, les elements techniques
la peche en haute mer avec des leurres, qui sont partout semblables, et
cela jusqu’en Nouvelle-Zelande ; aussi entre autres les metiers a tisser
Ce
lame taillee dans la masse de
de traits culturels aussi types que les armes utilisant les
trouves aux des Santa Cruz et
l’herminette
a
benitiers; en plus
epines de raies, parfois a foison.
On sait que les
archipels micronesiens commergaient avec la cote
pirogues micronesiennes atterrissent, une
fois par generation, et le plus souvent involontairement, sur la cote occidentale de File d’Epi au Vanuatu, les courants amenant tout ce qui flotte
habitants de Tikopia
venu du nord a 1’ilot aux Chevres a proximite. Les
nord de la Nouvelle-Guinee. Les
nord du Vanuatu. Et
toujours en contact avec ceux des lies Banks
les Polynesian
un savant aussi respecte que Raymond Firth, concluait que
micronesiens
souvent
que polynesiens.
outliers etaient, en realite, aussi
auteurs n’ont pas tenu compte. Il existe
des
bien
dont
Jugement objectif
sont
au
23
Slid/elin
de la
dociete
dot
Sf//dc.i Oceanieanea
sorte de romantisme
une
sianite
en
Nous le
des Polynesian outliers, forteresses de la polypleine sauvagerie melanesienne. Les choses sont bien autrement.
plus loin dans un certain detail.
J’ai ajoute la liste classique des Polynesian outliers celles des arrivees polynesiennes,
qui sont parties dans l’interieur des grandes lies et ont
leur
:
perdu
langue les Samoans et les Wallisiens a Lifou, les Samoans
verrons
a
d’Ouvea
et
les Wallisiens partis
Makata d’Emae,
Tongariki
Futuna du Vanuatu. On
Plusieurs traits
ne
et
la Grande Terre, les Samoans
Tongoa au Centre Vanuatu, les Tongiens
sur
peut pas
ne
pas
en
sur
sur
tenir compte.
materiels, autrefois consideres comme classiques sont
aujourd’hui totalement oublies par les archeologues: ce sont des objets
en bois, qui ne laissent
pas de traces archeologiques.
Le Pacifique Sud se definit, entre autres,
par la presence ou l'absence
de Pare ou du propulseur. Le propulseur a sagaies existe
exclusivement,
e’est-a-dire hors la presence de Fare, dans PAustralie tout entiere, dans le
nord de la Nouvelle-Guinee a Pest (vallee du fleuve
comme a
Sepik),
l’ouest, sous forme de propulseurs rigides. La Nouvelle-Caledonie et les
lies Loyalty connaissent le propulseur souple. On retrouve le
propulseur
rigide au Perou ancien. Entre les deux, la Polynesie connait le propulseur
souple sous la forme d’un jeu d’enfant, pas toujours note par les observateurs. Le propulseur rigide ou
souple est present, ici et la, en Siberie orientale
dans la part de
l’Amerique lui faisant face.
Nouvelle-Caledonie, Parc a ete introduit, il y a un siecle, par les
evangelistes samoans de la London Missionary Society. Il n’existe pas en
Australie, mais couvrait une grande partie de la Nouvelle-Guinee, des iles
Salomon et du Vanuatu, en plus de la Polynesie : la, il peut ne pas etre une
et
En
de guerre, contrairement a la Melanesie et la Nouvelle-Guinee. A noter
les
fleches empoisonnees n’avaient pas recours a des poisons vegetaux,
que
arme
mais etaient
trempees dans des cadavres en decomposition.
Le commodore
anglais Goodenough en a ete la victime sur Malekula au Vanuatu.
Un trait culturel
Caledonie,
de deux
tre aussi dans
Japon
24
moins
Pexistence, en Nouvellepieces archeologiques dissemblables, que l’on renconencore
connu
est
l’hemisphere nord des deux cotes du Pacifique et dans le
s’agit d’une piece plate, en schiste, plus ou moins bien
ancien. Il
Le maniement d'un
Wogeo,
cote nord de
propulseur, pour la peche, a
la Nouvelle Guinee. Ce propul-
en imprimant un mouvesagaie, d'obtenir plus de force
de perforation et une plus grande portes, ici a la sagaie
de peche a deux pointes. Le propulseur rigide couvre
I'Australie et la Nouvelle Guinee. Le propulseur souple
(une tresse complexe a section carree), qui permet les
seur
rigide,
en
bois, permet
ment de vibration
a
la
resutats, est utilisee comme arme en Nouvelle
Caledonie et a Ouvea des Ties Loyalty, et comme jeu
d'adresse pour enfants dans toute la Polynesie. Le propulseur rigide se retrouve au Perou et sur les cotes de
memes
I'Ocean
Arctique.
Photo Ian
Hogbin, ex: Peoples of the South
West Pacific.
Q&uUetiii d& la Society dc& &tade& Ocea/iic/t/ies
polie
surtout sur
berance trouee
a
les cotes, en forme de croissant plat, portant une protuFinterieur de la corde de Fare de cercle et en position
pieces beaucoup plus jolies, des bicones a
jadeite
serpentine, que Ton retrouve dans le sol en
fragments plus ou moins importants et dans les collections melanesiennes
privees anciennes en tant qu’objets magiques ou de benedictions. Ils ont,
semble-t-il, preexiste a la hache-ostensoir actuelle.
On les trouve en Nouvelle-Caledonie, et pas aux des Loyalty, ils ont perdu
leur qualification originelle d’armes de lancer (visant le sternum et plus difcentrale. De
meme
gorge centrale
pour des
en
ou
ficilement la tempe),
avec une
tresse de
prehension disparue, les remontages
en bois sont des faux recents; ils sont aussi retrouves dans Faret dans cede des premiers habitants du Japon, eux aussi
siberienne
cheologie
venus de Siberie Tout cela se situe aisement dans cette relation nord-sud qui
avec
manche
laisse, depuis le sud du Japon de petits groupes de pecheurs de haute mer
sur une empreinte plus forte en Micronesie.
J’ai ete frappe au Japon, dans le theatre No, que les acteurs tragiques
(seulement masculins), prenaient dans les roles de femmes par moments
une tonalite de voix suraigue qui etait exactement celle de ma belle-mere
melanesienne dans son expression obligatoire de pleurs pour des raisons
a
ici et la et bien
sociales traditionnelles. Ce n’etait pas
un
hasard.
frappe, a Madagascar, en visitant les plus
anciens palais royaux malgaches, eloignes de Tananarive, de trouver des
constructions en bois dont le style et les techniques du decor faisaient penDe
meme
Fart
ser a
portes des
que
japonais
«
j’ai
ete
ancien de la construction
maisons
longues
plateau central
»
en
bois,
en
passant par les
de Kahmantan. On retrouve des maisons
d’Espiritu Santo au Vanuatu. Elies
existent aussi dans l’aire arrosee par le fleuve Sepik, ainsi qu’en Papouasie
longues
sur
le
oriental
ainsi que chez les Asmat de Nouvelle-Guinee occidentale, mais
leur a pas donne ce nom. Le resultat de cette difference lexicale est
occidentale,
on ne
que les auteurs
ne
Le passe de
font pas le hen.
Madagascar
Du passe de la Grande
lie, presque
colonial, e’est-a-dire la France,
26
a
tout est a
decouvrir. Le maitre
fait tres peu d’efforts de
ce
cote, n’y
N°324 Janvier / Fevrier / Mars
-
consacrant aucun credit. On
pour le
Pacifique Sud,
a
oil 1’on
culturel, considere
comme
fait que
devant
obtenu comparativement
ne
craignait
plus
de moyens
pas vraiment le nationalisme
le berceau du nationalisme
politique.
Ce
nombre de locuteurs
le
2012
qui
plus grand
monde, et que notre ignorance est ici la plus grande. Par
contre sur la langue merina, nous avons eu d’excellents specialistes, dont
nous avons
tronesiens
nous
aus-
au
Malgaches. Mais cela apporte fort peu de connaissances quant a la
culture malgache globale, si diversihee, et dont les langues multiples restent peu connues par rapport a la langue nationale, ecrite et publiee
depuis pres de deux siecles grace aux Missions chretiennes.
Certains missionnaires catholiques ont publie d’excellentes choses
sur la tradition malgache, de bien meilleure qualite que ce qui a pu etre
ecrit par d’autres missionnaires sur le Pacifique. On dispose de tres bons
films ethnographiques sur le si celebre retoumement des morts », un
point focal de la culture malgache. Cela cache le desert de la connaissance
serieuse, en dehors de quelques rares specialistes dont certains sont
Anglais ou enseignent a Londres. Mais ces demiers, curieusement, etant
donne le hen evident entre la Grande lie et le Pacifique, ne s’y interessent
Les pecheurs et
pas du tout. Comme si ce hen les genait aux entournures.
des
«
navigateurs cotiers
ont ete mieux
etudies.
cohaborahon, qui n’a den
donne, pas plus aujourd’hui qu’hier. Personnellement j’attends que la
situation se decante et que de nouvehes donnees viennent au jour, h n’y a
rien d’autre a faire. En attendant, mieux vaudrait eviter les hypothese aventurees, si ehes sont uniquement centrees sur le Pacifique.
Et en particuher il conviendra que nous en apprenions plus sur Thistoire ancienne inconnue des rives de l’Ocean Indien. On sait beaucoup de
choses sur le hen entre Zanzibar et le royaume de Mascate. Mais il s’agit
d’une evolution historique presque modeme. Mais aussi de la reproduction de comportements plus anciens.
Un auteur et temoin du debut du XlXe siecle, le peintre de marine
Julien Garneray, qui avait trame ses guetres dans tous les ports de la
avait
region, est une des seules sources pour la periode ou la llotte frangaise
encore quelque importance. Il decrit bien, sans le vouloir expressement,
Maurice Leenhardt avait tente d’etabhr
une
27
^bulletin
da la
Society de& &tude& 0cemuenne&
jour apres jour, la sorte d’univers particulier, parallele aux Etats, que
bateau
representaient les marins debarques et rembarques de bateau en
sans s’occuper outre mesure de leur nationality de cette espece de flottes
mais
de freres de la cote et de marchands aventureux
tain, qui allaient ainsi de port
en
—
port. On pouvait
et d’un courage cer-
trouver ces marins un
bateau de guerre, un autre jour sur un navire corsaire. Un
autre jour dans une prison espagnole a Manille, menaces d’etre sounds a
la garrotta, attendant d’etre rachetes, c’est-a-dire vendus.
jour
sur un
Les
interrogations sans reponse
Que se passait-il done avant, lorsque les flottes europeennes n’etaient
pas
encore
Nous n’en
plus
la ? Et que les seuls navires etaient des dows
savons
rien. Dans
quelques decennies,
riches d’informations. Une des
rares
ou
des prao ?
nous serons
peut-etre
donnees certaines que
nous
a un modele
ayons est que les fameuses poteries lapita correspondent
dont la forme, sinon le decor, se retrouve un peu partout archeologique-
Lapita est ainsi un cas particulier,
tres largement du
par le decor seulement, d’une tendance qui deborde
ment
dans le sud et sud-est
Paciiique Sud.
asiatique.
Ce n’est pas le seul
Le
cas.
peuple du Lapita », cas particulier d’un ensemble qui depasse le seul cadre du Paciiique Sud. C’est une invention romantique d’archeologues anglo-saxons. Ces derniers sont devenus incapables
d’utiliser la richesse d’information acquise par les ethnologues et, dans
leurs publications, ne citent plus que les jugements d’autres archeologues
sur les points principaux d’une tradition orale qu’ils n’ont pourtant pas
ete formes a recueillir. Ils ne savent pas faire, mais se pretendent competents et simplifient dangereusement. L’ouvrage portant sur Tikopia de Kirch
et Yen est le seul qui detonne, ou ces derniers suivent dans le detail et verifient les donnees si completes de Raymond Firth. Ce qui aurait du etre
eleve a l’etat de modele, comme la collaboration de Jose Garanger et de
moi-meme au centre sud du Vanuatu, ainsi que de l’ethnologue Bernard
Vienne avec l’archeologue Daniel Frimigacci aux lies Walks.
L’idee qu’un peuple, toujours le meme, puisse etre defini par une
mode, meme persistante, portant sur le decor de certaines poteries, n’est
II
28
n’y a done pas de
«
N°324 Janvier / Fevrier / Mars 2012
-
acceptable. C’est comme si Ton decrivait un peuple de la biere aUant
en Allemagne du Sud, compte tenu que les Allemands de Baviere
sont passes au Moyen-Age de la consommation du vin a celle de la biere,
du fait que les brasseries preindustrielles appartenaient a leurs maitres
politiques, grands feudataires de l’Empire ou princes-eveques, qui pous-
pas
d’lslande
saient done
a
la consommation de celle-ci. Les facteurs commandant les
archeologues: ils
ne laissent pas de traces. On peut seulement enregistrer les changements
de modes, modes que l’ethnologie met en evidence en divers points de la
phenomenes
de modes sont parfaitement inconnus des
region.
L’idee que les Lapita se soient installes dans des points cotiers ou sur
des lies au large des plus grandes est ainsi une illusion ; elle correspond
au simple fait que, pour des raisons de commodite et de confort, les
archeologues preferent les sites cotiers et ne s’interessent pas aux sites de
l’interieur des lies (excepte recemment aux Fiji); pourtant, aux Salomon,
un grand nombre de sites megalithiques leur tend les bras, mais il faudrait,
a chaque fois, une veritable expedition etant donne l’absence de reseaux
routiers. D’une certaine fagon, cette generation d’archeologues prefere le
sable chaud. Dire que le peuple du Lapita peut etre defini par ses sites
archeologiques cotiers, alors qu’on n’a meme pas tente de fouiller a Tinmoquer du monde. Lorsqu’on
toutes
les theories actuelles.
reviser
evidemment
terieur des
lies,
Les sites
est
se
s’y mettra, il faudra
cotiers, dont une grande partie ne temoigne pas d’une
occu-
pation permanente, sont attribues de ce fait a des pionniers de la decouverte oceanienne. Ceci est en contradiction avec la realite : les sites cotiers
ne beneficient pas toujours de terres fertiles en quantite suffisante pour
les
indispensables au retour de la fertilite du sol: par
jacheres
permettre
certains
groupes de pecheurs vivent des vies semi-nomades,
consequent,
changeant de lieu de vie au bout de dix a vingt ans. Ou alors c’est qu’ils
profitent de la presence, sur les pieds-monts, d’agriculteurs de l'igname
et du taro, avec qui ils pratiquent l’echange, produits de la mer contre produits de la terre ; ces echanges taisibles, specialite des femmes de la
Grande Terre de Nouvelle-Caledonie, dans le silence absolu, leur permettent de trader avec les adversaires de leurs hommes ou entre parentes
29
(ftu/lctin
de la
Joccele des totudes Occa/t
interdites. On etablit des tas
parallels de produits, augmentes lentement
jusqu’a satisfaction des deux parties.
La soi-disant expansion rapide du
constant
des hommes
est une autre
style lapita par mouvement
s’explique plus simple-
illusion. Elle
les mariages pi loin des potieres, qui enseignaient leur art a
leurs filles et a leurs brus qui, a leur tour, en ce qui concerne les filles,
allaient se marier de nouveau au loin etc. De villages en villages potiers, a
ment par
l’interieur des terres,
ou
les
archeologues
ne vont
jamais (en dehors de
les cotes, la transmission de
Golson), les sites d’argile fine
ce qui n’etait jamais qu’une mode, les motifs lapita se sont diffuses largement sans problemes particuliers. Lorsque les femmes n’en ont plus voulu,
le Lapita a disparu.
etant rares sur
Les
ethnologues et les archeologues occidentaux presentent la mala-
capacite de decisions culturelles
et ils construisent des civilisations utopiques a l’image de leur machisme.
Des archeologues femmes anglo-saxonnes se sont plaintes a moi du chaudie de refuser aux femmes oceaniennes la
vinisme male de leurs
coOegues
hommes et de
riere, si elles defendaient l’idee que les potiers lapita
La
la
pour leur caretaient des potieres.
menaces
premiere conquete de 1’ethnographic, anglo-saxonne d’ailleurs, dans
region, a ete pourtant la mise en evidence d’un partage equilibre des
taches entre les deux
sexes.
Beaucoup plus importante qu’une variation de decor de poterie,
et
archeologues parlent si peu, a ete cette revolution : l’abandon de
la poterie, qui correspond a une innovation vegetale en Melanesie, la mise
sur pied d’une variete de bananiers donnant uniquement des feuilles et pas
de fruits, rendant la cuisine par paquets de feuilles plus aisee et plus hygiedont les
nique que l’utilisation difficile des poteries, pas assez solides pour supporter de grands volumes d’eau bouillante. Elle permettait aussi d’utiliser de
maniere plus rationnelle, le four aux pierres chaudes, en particulier pour
la cuisson de quantites plus grandes de plats aussi varies que sophistiques.
Revolution qui arrangeait les deux sexes, les hommes foumissant les tas de
feuilles et les femmes les remplissant. Elle permettait aussi d’utiliser des
plats monumentaux en bois, sculptes et creuses (Salomon centrales), sinon
meme des coques de pirogue (Polynesie), pour faire cuire, dans le principe
30
rape . rape feuiles ouvert Pacifc.
coco detaro
de
noix
en
mas e ev ntails
peinte, theWest rn
et
of
pcuis on eti es deux sculpte Argonauts
par moyen louche
de
de
les
de ans
ex
bouilante, jet e maitrse moyen Malinowski,
eau
I
dans
au
d'une
sont
Bretires ronislaw
on
au
identique, d'huile sont Photo
-
supensio poterie projections beignets
en
une
dans les Les
obtenue que poterie.
huile ebuliton tandis
la
I
a
bois
de
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pour perche
abord obtenue, d'une hom e I'huile.
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un
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fois
une
hom e co tier boutpour
changemnts qu'un
Puis,
de au
bulletin
de /a
docce/e
des
Sludcs Oceeuueruies
norvegiennes, de grands volumes de nourriture en rempliset en
sant la coque, ou le plat, en y inserant les pierres brulantes au centre
des marmites
paquets de feuilles.
Nouvelle-Guinee, les poteries permettant la confection de l’huile
recouvrant le tout avec des
En
beignets de taro dans cette huile bouillante,
carenee
sont tres differentes de la poterie lapita, du moins de la poterie
(voir les photos publiees par Br. Malinowski). Cette forme precise se
retrouve dans l’archeologie de la Thailande.
En Nouvelle-Caledonie, des poteries ovales, avec un bouchon de
feuilles et des trous pour faire passer la vapeur, sont posees en diagonale
de
coco
sur
trois
met
et de faire cuire
des
Un peu d’eau au fond, qui peut etre de l’eau de mer, perla vapeur un repas familial a base d’ignames. En effet,
dans la region, ou que ce soit, n’a jamais
pierres.
de cuire
a
jamais aucune poterie lapita
de l’eau
permis de faire bouillir un volume important d’eau. La pression
les
ce que
bouillante aurait fait eclater la poterie
archeologues ne rele—
vent
jamais. Contrairement aux prehistoriens europeens, les archeologues
Leen-
Pacifique ne precedent a aucune experimentation. Mais Maurice
hardt s’etait deja trompe, lui aussi, en parlant de nourriture bouilhe
et de nourriture grillee.
du
«
»
L’opposition Melanesie /Polynesie ?
Un dernier
aspect
est
celui de la differentiation entre les differentes
enviparties connues du Pacifique Sud. L’Australie existe geologiquement,
ronnementalement (des aires parmi les plus difficiles a vivre au monde
pour 1’homme).
La Melanesie ne presente aucune unite, malgre tout ce que l’on
a la Polynesie
raconte, en tout cas pas une unite qui puisse etre opposee
a Pinqui en decoule. Les types physiques sont melanges depuis toujours
liee
terieur meme des villages, tout simplement parce que cette Melanesie,
elle a l’Asie,
sans probleme de deplacements majeurs a l’lndonesie et par
n’a pas cesse de recevoir de nouveaux arrivants, de nouveaux genes qui
loin a partir des cotes
se mettent aussitot a circuler ; certains vont assez
et
de la Nouvelle-Guinee occidentale, pas toujours accueillantes a l’ouest
tres
32
impaludees.
N°324 Janvier / Fevrier / Mars 2012
-
Les Melanesiens tendent
qu’une petite, des levres
epates
et
larges
larges
a
presenter aussi bien une grande taille
minces, des nez aussi bien
aussi bien que
que minces, sinon
meme
aquilins (le
nez
dit
’’papou”).
pourrait descendre dans des details moins frappants, on s’apercevrait
toujours que les Melanesiens sont de tous types et qu’il est impossible d’afOn
fecter
un
sein
leurs enfants
geographique. Ceux de la cote
est et sud-est de la Nouvelle-Guinees sont les plus clairs de peau du Pacifique Sud. On a tente constamment de creer un type melanesien a la peau
foncee, sauvage peu degrossi, mais c’est une illusion. Une maniere de se
parer, oui. Les chevelures sont frisees ou ondulees, jamais crepues.
Les femmes, qui ont des seins dits en pis de chevre, les ont, a mon
experience, parce qu’elles ont ete massees par leurs meres: je les ai vues
faire a Malekula, au Vanuatu, de fagon a ce qu’elles puissent donner le
a
certain
marmot en
type
a une
en
certaine aire
les amenant
le cote, a partir de la position du
dans une etoffe portee en baudrier,
sur
bas des reins, aujourd’hui
panier en filet caracteristique de la Nouvelle-Guinee.
avant dans le
distinguaient par leur chevelure en vaudrouille, de
meme que les Loyaltiens. Mais, sur les deux derniers siecles, les modes
pour la chevelure ont beaucoup change. A l’arrivee de la London Missionary Society en Melanesie orientale, au Vanuatu et aux lies Loyalty, traLes
vaillant
Fijiens
a
se
partir de Rarotonga
etaient faites de tresses
longues
de Samoa, les coiffures masculines
tirees en arriere et fixees ensemble en
et
arriere du cou, aussi bien chez les Melanesiens orientaux que chez les
Tongiens.
Les langues melanesiennes les plus proches du polynesien commun
sont, au Vanuatu central, le namakura et le nakanamanga et, aux lies
Loyalty, le drehu, la langue de Pile de Lifou. Les linguistes comparatifs
n’en tiennent pas compte. Ils preferent evoquer des langues qui n’existent
pas, niveau ou il est difficile de les contredire. Le iaai d’Ouvea est deja
plus archai'que. Ces hnguistes comparatifs n’ont souvent aucune bonne
etude en profondeur d’une langue oceanienne a leur acquit. Leurs comparaisons peuvent etre frappees au coin d’une trop grande rapidite et
superficialite navrante de leurs travaux. Certains ne valent rien
comme hnguistes et produisent essentiellement du vent. Comme certains
d’une
33
bulletin
de la
Societe de& Slades' Ocea/ue/mcs
geographes, ils parlent de tout et de rien completement a travers. II
convient de prendre ce qu’ils afflrment avec beaucoup de paidence.
Les Polynesiens ne sont ainsi pas differents des Melanesiens, et la distinction est seulement geographique. Les demiers pretres aujourd’hui, au
Vanuatu central et a Tanna, qui portent a Maui tikitiki ou Moshtektek, les
premices de la recolte, sont des pretres melanesiens et non polynesiens.
Selon Interpretation des gens de Tanna, je suis le seul Europeen vivant a
etre alle parler face a face au dieu Maui tikitiki, au sommet du mont
Melen.
Loyalty et une partie notable de la Nouvelle-Caledonie presentent des organisations sociales qui sont non seulement proches les unes
des autres, mais classables dans le meme ensemble que les lies Tonga ou
Les lies
les lies Fiji:
des chefferies hereditaires comportant une cour, lieu
barriere monumentale (hag aux Loyaty), ou les compor-
avec
protege par une
tements prennent des aspects formalises
plus specialises
du chef assumant les
proches,
tres
memes
les serviteurs les
fonctions d’un
archipel a
l’autre. Le recrutement par consensus des chefferies terriennes a Samoa,
matai, maitresses du pule, ou pouvoir fancier, est presque identique a ce
qui
se
passe
au
Centre du Vanuatu. Les comportements de respect sont
identiques.
La
ou a
Micronesie, par contre,
l’Asie,
a
travers les
part, liee au Japon ancien,
recevant, elle aussi, de constants
est vraiment a
Phihppines,
et
deux directions; la demiere a ete ceux des Espagnols, dont la maitrise de ces lies a toujours ete difficile de par les revokes
nombreuses, que les Allemands, leurs successeurs, liquideront a coups de
de
apports
nouveaux
canons
de marine.
Quant
au
ces
physique,
les
Polynesiens
les descendants de petits
plus fain ; ils n’ont emporte
sont
groupes ayant traverse la mer jusqu’a Fiji, ou
avec eux qu’une fraction du pool genetique de la Melanesie. A partir de ce
moment ont joue deux lois genetiques, « l’effet de fondateur » et « la
elles font que les Polynesiens sont passes lentement
de la dolichocephalic melanesienne en Polynesie occidentale, a la brachyderive
genetique
»
:
cephalie en Polynesie orientale, et que leur aspect physique est generalement plus coherent que celui de leurs premiers ancetres melanesiens ;
34
N°324 Janvier / Fevrier / Mars 2012
-
mais cette coherence dans
l’apparence, comme toutes les coherences partout, est un phenomene chronologiquement secondaire. Les Fijiens sont
plus divers, plus pres de leurs memes origines. Leur archipel a ete peuple
plus tot, par des apports plus nombreux et plus divers.
Les descendants des WaUisiens, des Futuniens, des Samoans arrives
a Ouvea des Loyalty (Uvea lalo, Uvea raro ou
rango de la tradition), avant
d’aller sur la Grande Terre et de la traverser, ou aussi d’aller peupler deux
lies, Rennell et Bellona, au sud des lies Salomon, dans les villages ou ils
sont exclusivement les habitants, presentent des visages tres contrastes:
certains peuvent etre confondus avec des Tongiens ou des Samoans (le
plus grand nombre des guerriers canaques de la grotte d’Ouvea etait issu
d’immigrants anciens venus de Samoa); d’autres ont des levres minces et
des nez aquilins, et d’autres encore presentent, comme on dit dans le jargon professionnel, des facies australoi'des: parlant une langue polynesienne avec des traits archa'fques, ils ressemblent a des aborigenes
australiens, quoiqu’en plus grands et en plus forts, et moins longilignes
(ils ne marchent pas indefiniment dans le desert).
Une caracteristique generate des Oceaniens est l’existence d’une
amorce de ph mongolique (terme propose par le dr Henri Vallois
epicantic eyefold), a la commissure interne de 1’oeil, chez absolument tous
(je l’ai verifie partout), le long de Fare melanesien, a Fiji, a Samoa et a
depuis l’lndonesie jusqu’a la Nouvelle-Guinee, la Melanesie et
Tonga
la Polynesie.
Les villes elevees en murs de pierres sur les plateaux coralliens, en
Micronesie, a Pohnpei (Ponape) et en d’autres lies (Chuuk), nous paraissent extraordinaires. Mais prenons les villages sur pilotis des cotes de la
Nouvelle-Guinee, au nord comme au sud, et remplagons le bois par de la
=
—
resultat. Sinon que les Micronesiens utilisent d’enormes cristaux de basalte dont la forme assure une grande part
pierre
de
: on
obtiendra le
meme
l’originalite de ces constructions,
trie d’extraction de
pas
eu
l’occasion
ces
cristaux,
ce
de, faire.
Les lies hautes de Micronesie
puisse s’epuiser,
qu’ils ont mis au point une indusque les Polynesiens n’ont pas su, ou
et
comme a
ne
sont pas si etendues que le bois
File de Paques; la
ne
provision de pierres, elle,
35
bulletin/ c/& la Societa c/e& $f//de& Qceanu
pierres n’a pas besoin
d’etre renouvele tous les cinq ou dix
pierres micronesienne
a au moins un bon millenaire d’existence. Elle n’a ete abandonnee qu’au
cours de la seconde moitie du XLXe siecle. La construction sur le plateau
recifal, posee dessus ou sur pilotis, a aussi pour fonction d’eviter d’attribuer de la terre arable, pas toujours suffisante sur les cotes, a I’etablissement d’un habitat collectif; de plus, les plateaux recifaux ainsi urbanises
sont au vent et, par cela meme, proteges des moustiques porteurs du palu-
est
quasi inepuisable,
et ce
qui
est construit
ans.
disme
sous
ou
de la filariose. On n’a construit
le vent
(Pohnpei
et
en
La ville
en
aucune
ville
sur une cote
situee
Chuuk).
La realite d’une societe melanesienne pretendue eclatee
Comme
toujours,
ce
sont
les donnees
physiques, biologiques,
tech-
lequel tout se construit. Les groupes locaux
observes au centre Malekula se specialised dans la culture de l’igname,
celle du taro ou celle du bananier, et echangent leurs productions entre
sont le socle sur
niques, qui
eux
fondement d’une economie commengant a se diversifier,
d’echanger des ceremonies ou des rituels qui fonctionnent chacun
; c’est le
avant
fagon differente
plan quotidien. Les contraintes, qui expliquent
bien des choses, dont leurs choix agricoles, ne sont pas les memes et ils
n’ont pas exactement le meme calendrier, agricole en premier, puis rituel
pour la protection mythique de l’agriculture. Leurs ceremonies des pred’une
mices sont
a
au
des dates differentes.
lexiques techniques ne sont pas completement identiques, et
lexiques agricoles peuvent etre sensiblement differents, tout se
Leurs
leurs
Ils n’ont pas besoin d’avoir des origines differentes.
On comprend tout a partir de l’observation des terres qui sont les
leurs, terres lourdes de bas-fonds trop arroses favorables a la culture irritenant.
guee,
nier
drainage, du taro ; cuvettes chaudes et humides pour le bana(et l’arbre a pain) ; terres de pentes legeres pour l’igname. Je ne
ou
de
parle la que de communautes voisines installees dans des environnements
de collines ou semi-montagneux.
Les differences dans les plaines coheres sont plus nuancees ; sauf a
distinguer les cultivateurs d’ignames et de taros des piedmonts (les pentes
36
et
niveau desbesoins, constiuer TiHabgbyen.
nouveau mesure jusqu’a Photo
un
-
a
et
recomne
fur
au
veg taux tout).
le
debris fixent
puis agrandir garni racine
HI
de
on
recif, pour solest
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meme
Le
les
(dont
pier es place. banians
de
de
et
sable
de
remplit
procede
On
la
de de
et
ga ner
ter e. de
a
ban iers
de
pirogues perm ten fruiters,
Ton
que les qui
Tie,
d'arbes
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aincline p reil s culture
future pour
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O
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plan
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un
de
pour ainsi
permet
murs qui
lais ant des
suite,
la
amengrat
en
veg tale
ter e
une
bulletin c/e /a tfoce'e/e
c/ex
Stac/ex Ocean
elles-memes peuvent etre infertiles, d’ou la necessite d’un apport en eleles
ments nutritifs par le biais de l’irrigation), et les pecheurs installes sur
faible
de
tres
n’avoir pour lot que des terres
bandes
coheres, qui peuvent
qualite.
ceux
obliges d’echanger les produits de leur peche contre
plus riche des premieres approches de la montagne,
Ceux-ci sont
de la
puisque
le
terre
ruissellement, qui
cree
les alluvions accumulees
en
bas des
sol au fur et a mesure. Dans
pentes, lui apporte les elements utiles de son
bien des cas, les
uns et
Austronesiens
les autres
se
placent entre
ces
deux extremes.
Proto-Polynesiens ?
ou
environnement, les variations sociales sont des plus nuanle Pacifique, une
cees. II n’existe pas deux categories de population dans
maritime, glissant d’lle en ile vers la Polynesie, une autre, interieure, agriDans
cole
et
tel
un
laissee
sur
du roman
par des marins aventureux. C’est
de 1’existence de ce raccourci
a aucune
place
preuve
pseudo-historique. II n’y
bons auteurs.
de
tant
a
tort
theorique, qui inspire
les
s’agit la du dernier avatar de la volonte de faire passer Polynesiens
au reste de l’Oceanie, et en particulier
pour un peuple superieur par rapport
II
aux
barbares
a
la peau foncee de Melanesie. C’est une forme de racisme
siea deja eu de nombreuses autres formes et pres de deux
sociale coloniale pour l’ensemble de
creant une
intellectuel, qui
cles d’existence,
Pacifique,
pyramide
les blancs
au sommet
bien sur, les
Polynesiens immediatement en
dessous, et les Melanesiens et les aborigenes australiens tout en bas.
Ce que Ton sait de sur, c’est que tous les Oceaniens
se
divisent
en
Polynesiens, groupes qui
non potiers, les hommes
services:
des
(et
potieres
echangent
malaxent la terre glaise pour leurs femmes quoique connaissant la techde la transmettre entre femmes de deux generaet etant
groupes de
specialites,
entre
nique
comme
d’ailleurs les
eux
capables
ou de
dons s’il manque l’intermediaire normale); fabricants de monnaies
colliers de perles de coquillages (aux Salomon centrales, ce sont les
femmes qui jouent ce role) ; constructeurs de grandes maisons rondes
dans les differentes regions de
Nouvelle-Caledonie et aux lies
(en
Loyalty,
Nouvelle-Guinee), rectangulaires (aux Salomon, au nord
sud du
Vanuatu, a Fiji et a Tonga) ou ovales (a Samoa, au Centre
1’interieur de la
du
38
N°324- Janvier /Fevrier/ Mars
2012
Ouvea); constructeurs de pirogues, sculpteurs de tambours de
ou de plats en bois; agriculteurs specialises dans telle ou telle
bois,
culture; maitres de la peche au large, maitres des techniques de navigation,
maitres des rites lies a la peche ou a l’agriculture, orateurs et porte-parole,
devins et voyants, pretres, guerisseurs, chirurgiens de la circoncision vraie,
rare, ou de l’incision du prepuce, plus commune. Aucune societe insulaire
ne fonctionne dans la region sans ces differentes composantes.
Elies ont ete decrites de cette fagon, pour la premiere fois, par Mariun
marin anglais six annees prisonnier des insulaires, dans sa descripner,
tion de l’archipel des Tonga. On les a retrouvees ensuite aux lies Fiji, puis
aux lies Loyalty, dans la plus grande partie de la Nouvelle-Caledonie, dans
une bonne moitie du Vanuatu, puis dans les des du Centre des Salomon.
Tous ces gens sont les memes, parlent les memes langues, participent
aux memes rituels a grand spectacle, appliquent les memes regies de com-
Vanuatu et
a
d’armes
portements sociaux. Us
se
marient de la
meme
maniere, allant chercher
tres souvent chez les
adversaires, avec
lesquels ils sont en relation d’oncle uterin a neveu, ce qui est un facteur
de controle des pertes dans le cas de guerre : on ne touche jamais a ses
uterins, meme classificatoires, ni aux membres de sa belle-famille, meme
classificatoires. Ce qui fait des centaines de gens qui sont inviolables sur
leurs femmes
le
champ
aux memes
de bataille
:
endroits,
Taction tend alors
pions, les fameux guerriers
a se
circonscrire entre cham-
orale, qui n’ont pas de
ils seraient impuissants malgre eux
cites dans la tradition
relations de parente entre eux, sinon
(Lifou). D’ou les guerres aux Salomon perpetrees au-dela de Taire geographique des parentes alliees, et par expeditions maritimes.
Les idees fatisses
Les
sur
le passe oceanien
recits de
poesie
blancs le fonctionnement et les
conse-
Oceaniens, qui transformed les guerres
epique, n’exphquent jamais aux
quences de ce fonctionnement, en
ce
qui
conceme
en
du moins la parente
classificatoire.
resulte que les recits des guerres anciennes enregistrees par les
missionnaires, ou meme par des ecrivains lai'ques europeens, expriment
un recit de massacres continuels
qui n’ont jamais eu heu. Chaque fois
U
en
—
39
Q&ulleti/i de la Societe de& lotude& Ocean/*
que j’ai verifie ce qu’il en etait de ces lignees massacrees dans la tradition,
elles etaient bien vivantes, mais souvent ailleurs, ayant ete obligees de
changer d’habitat et, chose importante au plus haut point, de changer de
noms. Changer de nom est une forme de mort sociale et a pour consequence la perte des droits fonciers ; c’est une raison tres forte pour aller
chercher fortune ailleurs, parfois a cote, un ou deux villages plus loin, en
d’autres
cas
ou vers une
provoquant une mini-migration de l’autre
autre
montagne
peuvent
sein des memes villages chretiens. Ce qui n’ar-
lie. Les soi-disant
aujourd’hui se retrouver au
cote de la
massacreurs et massacres
range pas les relations.
migrations a petite echelle peut avoir ete la
strategic de conquete d’un statut social renouLe jeu social des rivalites entre individus et des
Une autre motivation des
honte, provoquee par une
vele mal conduite et ratee.
competitions de prestige entre groupes de descendance peut creer des
oppositions potentielles controlees qui durent des generations. II peut
aussi provoquer des affrontements, pas necessairement guerriers, qui se
terminent brutalement par une telle perte de prestige que Ton voit des
departs au loin, ou meme des suicides. Les calculs ou les intrigues sont le
pain quotidien d’une part au moins des insulaires, les autres sont spectateurs; tout cela comporte des risques (et cela a Paris comme en Corse),
mais plus la societe locale est en nombres relativement faibles, plus le danger de devoir s’en aller est grand.
Au milieu d’une agglomeration urbaine, on peut glisser plus aisement a d’autres positions, d’autres fagons de vivre et d’autres strategies
sociales.
Le jeu de la parente
classificatoire
Les auteurs europeens, en particular sur la Polynesie, ignorent completement le jeu de la parente classificatoire et par consequent generalisent
des faits isoles.
i.a
tous les
parente classificatoire
evenements,
est la base de la structure sociale et
quels qu’ils soient.
Les auteurs
colore
specialises devraient
le savoir, mais ne se rendent jamais compte des consequences reelles:
leur discours a toujours trait aux parentes vraies, et le fonctionnement
40
N°324 Janvier/Fevrier/Mars 2012
-
de systemes de parentes,
ou
chaque categorie represente des dizaines de
plus, cela depend du lieu —, ne leur appa-
sinon beaucoup
personnes
rait jamais concretement.
—
II arrive ainsi que memes les meilleurs se trompent. Claude LeviStrauss, dans un ouvrage celebre qui constitue sa these d’Etat, a un cha-
pitre
le mariage de cousins croises en Chine ancienne, chapitre qui est
de bout en bout, parce qu’il ne repose sur aucune etude genealo-
sur
fragile
Or il n’existe pas
d’analyse de parente sans maitriser l’univers
genealogique
population concernee. Il l’a dit lui-meme. Et cette
population peut agir en contradiction complete avec les regies que Ton
gique.
de la
pouvoir mettre en evidence. Sur ce point Radcliffe-Brown, qui
discourait a partir de genealogies theoriques et pas de genealogies reelles,
aura cru
avait
completement
tort. Mais comment maitriser l’univers
genealogique
de centaines de millions d’individus ?
Un des facteurs si souvent
tions de
multiples
cas
ignores (quoiqu’on dispose de descrip-
dans la litterature
specialist)
est que la
parente
classificatoire a, entre autres, pour fonction d’assurer un reservoir de
main-d’oeuvre benevole important, du cote maternel aussi bien que du
a condition d’etre bien nourrie, ce qui demande une
paternel
capacite d’organisation et de programmation agricole d’existence generale
chez les Oceaniens. On en a des milliers d’exemples, mais on n’en a pas
encore tire la leqon.
cote
—
Deux cents Oceaniens
presents
au meme
lieu savent faire et peuvent
transporter le volume le plus lourd n’importe ou. Tout se met en
place sans difficultes, tant ils maitrisent tous les techniques adequates.
vous
Deux cents
Europeens
l’absence de cadres
constituent
professionnels
une
foule agissant
bien
formes,
anarchiquement
reconnus
et
en
acceptes.
Le probleme papou
L’opinion generale veut qu’il existe une autre categorie d’Oceaniens,
plutot meprisee de maints specialistes, que 1’on rencontre dans l’interieur
de la Nouvelle-Guinee, des lies Bismarck et des Salomon du nord, a Bougainville (voir sur ce point les analyses brillantes de Douglas Oliver chez
les Siuai, qui parlent une langue theoriquement papoue).
41
fl&uttelin
dc (a
Joaelc de& Sludcs Oicvamc/meii
categorisation est linguistique, mais, de ce point de vue, le dossier parait plutot incoherent. On a defini le nombre approximatif de
langues papoues, sans foumir la moindre definition coherente de qui sontelles. Les langues papoues sont toutes celles qui ne sont pas austronesiennes, ce qui n’est pas une definition satisfaisante. II y a des moments
Leur
ou
les
linguistes ne font pas vraiment leur travail.
linguistes comparatifs ne parlent jamais, des
langues classees comme austronesiennes presentent des caracteristiques
que Ton retrouve dans les langues de la Terre d’Amhem, en Australie: voir
les classes multiples de pronoms possesses, que Ton decrit aussi dans le
iaai, la langue melanesienne d’Ouvea, et aussi dans la langue du nord
d’Ambrym, au Vanuatu (langues dont Claude Levi-Strauss cite l’existence
en Amazonie). En plus des langues a tons, tout a cote, cela fait deja bien
des incoherences dans l’univers austronesien. II me semble evident qu’il
est plus multiple que prevu, et que certaines langues papoues mieux etudiees pourraient peut-etre retrouver place dans l’univers austronesien.
Une raison annexe est que de nombreuses langues papoues ont ete
etudiees par des bnguistes missionnaires americains, protestants evangeliques, qui sont tenus au secret par contrat. Nous n’avons souvent pas
Mais,
acces a
ce
dont les
memes
leurs materiaux.
Une autre raison est que,
depuis
Bronislaw
Mahnowski, les Papous
grands, minces, de belle allure, a la peau claire, au
filles belles, sexuellement agressives, font l’objet d’une
austronesiens cotiers
nez
aquilin,
et aux
forme de romantisme
Ton
qualifie
anthropologique
dont
ne
beneficient pas
ceux
que
de Papous de l’interieur.
ailleurs, toutes les classifications linguistiques fondees sur la lexicostatistique et en particuher sur la glottochronologie, qui ont regne trente
ans sur le sujet, sont a mettre au panier. Elies ne sont plus acceptables
comme methode de travail, du moins de la maniere dont elles ont ete utihsees par Isidore Dyen. Il y a eu la une sorte d’echec professionnelle de
Par
la
42
bnguistique nord-americaine.
N°324 Janvier/Fevrier/Mars
-
Elies constituaient
avait d'ailleurs
forme de raccourci qui
prognostique Andre Haudricourt au
C’etait d’ailleurs aussi
gaise.
trop
une
fragile,
la comparaison
mon
un
avis
a
a
fait
nom
faillite,
2012
comme
de l’ecole fran-
Le fondement etait
l’epoque.
lexique de
peu partout d’un
deux cents
mots.
globalites de
chaque langue. II n’y a pas de raccourcis possibles. Ce qui est plus facile
a dire qu’a faire et necessitera le recours aux ordinateurs de grande puissance et des logiciels qui n’existent, apparemment, pas encore. On est
oblige en attendant d’utiliser le simple bon sens: la simple recherche de
ce qui est possible et ce qui ne Test pas.
II faut tout
recommencer en
comparant
entre
elles les
II existe ainsi des modes dans les sciences humaines nord-americaines
qui
se
presentent
connaissance ; elles sont
a
chaque
fois
comme
des raccourcis
vers
la
rejeter des le depart, du moins si Ton a un peu
beaucoup souffert des discours de certains spe-
a
de jugeote. La Polynesie a
cialistes: l’un des plus dynamiques,
theoriquement, croyait mettre en evipolynesiens (ils etaient si generaux qu’ils
devenaient valables pour l’ensemble de l’Oceanie), mais n’etait jamais
vraiment sorti de chez lui. II y en a eu pour le prendre au serieux. Certains
specialistes modemes de la societe marquisienne n’y sont jamais vraiment
alles ou, s’ils l’ont fait, ne disposaient d’aucune methode de travail serieuse
dence des modeles sociaux
de temps. II n’existe aux Etats-Unis aucune formation
au terrain anthropologique et les individus sont obliges de reinventer la
methode chacun de leur cote. Ce n’est pas le meilleur moyen d’avancer et
et y sont restes peu
certains ratent leur affaire.
La realite est que les soi-disant
Papous
sont
difflciles, ethnographi-
quement, a distinguer des aborigenes australiens. En ethno-histoire, leur
recouvrement de la Nouvelle-Guinee et celle de l’Australie sont difflciles a
et peut-etre
separer, puisqu’il s’agit des memes perimetres geographiques,
finalement des memes groupes, ayant plus de 60.000 ans d’age ; les abod’Austrahe seraient une specialisation, relativement peu de rela-
rigenes
tions
ayant
ete conservees entre eux, sinon pour la
lies du detroit de Torres. Les
Aborigenes du
zone
intermediate des
sud-est de l’Australie sont
43
m ibulletin de (a uociete de& Oludev Ocean
devenus genetiquement plus clairs de peau, avec des cheveux ondules,
dans un environnement qui n’etait plus tropical. Ils etaient en train de passer
lentement
a
l’agriculture.
Une conclusion est que les
linguistes comparatistes,
ou
les
linguistes
disant historiens des langues n’ont pas eu, sauf exception, l’experience
de recueillir une langue convenablement et, par consequent, s’en tiennent
se
a ce
qui les interesse en fonction d’une theorie a priori. Ils ne connaissent
pas la situation
normale
sur
est que
le terrain et
ne se
rendent pas compte que la situation
en dehors de la Polynesie, sont
les Oceaniens, surtout
demi-douzaine de
langues non
cela depuis
mutuellement intelligibles sont extremement nombreuses,
l’enfance, ce qui a inevitablement des effets sur des langues ainsi parlees,
et done pour une grande part par des non-locuteurs. Cet effet n’a pas ete
reellement etudie, quoiqu’il soit signale de ci, de la. La methode n’est pas
evidente. Les linguistes n’aiment pas ces situations. L’ambigui'te n’est pas
multilingues.
Les personnes
parlant
une
et
une
categorie beneficiant de leur faveur.
politique des manages, pour une part notable en dehors de l’aire
linguistique, confirme cette tendance. Des parents multilingues ont des
enfants multilingues, et cela depuis des millenaries. La faible importance
geographique de la diffusion de nombreuses langues cree un etat de
choses qui rappelle les zones frontalieres en Europe, ou les habitants sont
bihngues a l’ouest, ou meme multihngues aux anciennes frontieres des
empires russes et autrichiens. Les gens renfermes sur leur territoire et ne
parlant que leur propre langue de naissance n’existent pas. Les frontieres
linguistiques ne se rencontrent que dans les archipels eloignes les uns des
autres, ou dans les hautes vallees de Nouvelle-Guinee separees par des plateaux de calcaire karstique difficiles a penetrer. 11 n’existe rien de pareil
le long des cotes et d’une ile a l’autre, le long de l’aire ou Ton se voit d’une
La
ile
a
l’autre.
langues austronesiennes remonteraient a 7.000 ans est
parfaitement inacceptable. La venue des Austronesiens le long des cotes
d’Asie, a travers l’lndonesie, la Nouvelle-Guinee, la Melanesie et la Polynesie,
L’idee que les
Mammiferes
placentaires
PI ate forme
ontinentak
Sund'a
Ligne
■
de Wallace
PI ate forme
coritinentale
Sahul
Mammiferes
marsupiaux
1000 km
0
•
=
site archeologique
A. Dettloff
Carte des
plateformes
continentales
et
de la
ligne
de Wallace
-
© Guiart /
Arapo
Q&ul/ctin
de !a
Jociele
des
Slades 0ixxxmiemic&
l
pris plusieurs dizaines de millenaires. Certaines demonstrations linguistiques ne sont pas des chef-d’ceuvres de bon sens. Les lexicostatisticiens
americains, travaillant sur des lexiques trop courts, paraissent etre de
a
grands naifs. Us imaginent que l’ancetre des langues austronesiennes etait
situe quelque part en Oceanie. Que font-ils de la
langue du Cham et des
de
?
Leur
etablissement de phylums»linguistiques
langues Madagascar
differencies est depourvue de valeur scientifique.
Les quelques linguistes qui ont veritablement travaille sur des
langues
oceaniennes qu’ils maitrisent sont beaucoup plus prudents. II a faUu beaucoup plus de temps. On ne peut pas parler de 7.000 ans pour l’apparition
des langues austronesiennes, alors que le peuplement de
1’archipel Bismarck remonterait a 30.000 BP. L’austronesien original a au moins 40.000
«
ans
il
d’existence.
Quant au lien essentiel des Austronesiens avec la pirogue a balancier,
s’agit d’une autre naivete. Les pirogues a balancier ne sont pas assez
anciennes et elles sont arrivees
le
tard. Ce lien existe, mais bien apres
partie de la Melanesie, qui s’est produit
assez
peuplement de la plus grande
elle. Et il s’agissait deja d’Austronesiens.
sans
Jean Guiart
46
Tentative de
chronologie
oceanienne
Les datations ci-dessous sont indicatives et
ou
moins mille
l’on
va
ans
jusqu’a moins
selon 1’auteur
relatives, elles sont a plus
plus, Nouvelle-Guinee, par exemple, oil
60.000 ou moins 40.000 ans BP (Before Present)
pres, sinon
conceme.
en
Elles peuvent etre
plus anciennes
tuellement proposees pour deux raisons.
L’une est qu’il n’y a dans le Pacifique que de
rares
que celles habi-
tentatives d’archeo-
logie sous-marine, alors que les dates les plus anciennes sont souvent a
rechercher dans les lagons ou les amorces des plateaux continentaux, du
fait de
l’importance
de la montee
postglaciaire
des
eaux
(on parle de
150 m).
L’autre est que les dates les
plus
anciennes donnees par les archeo-
logues ont trait a des etablissements evidemment bien plus anciens que les
dates elles-memes. Y voir la marque de pionniers, sinon meme des premiers decouvreurs, est le fruit d’une forme d'innocence. Il est impossible
de le prouver. Les archeologues sont comme les magistrats fran$ais, ils
travaillent trop souvent a partir de leur «intime conviction ». Il n’est rien
disputent constamment quant a la sobobbge de prendre des marges
qu’ils proposent.
securite beaucoup plus grandes que celles qu’ils proposent.
C’est ici une simple proposition de mise en ordre de faits connus,
de moins rationnel. En
de
tous
relatifs les
plus,
ils
se
On est done
elite des dates
uns
par rapport
autres, sans que la relation soit toubesoin d’etre affinee : les commentates
aux
jours clairement etabbe. Elle a
seront les bienvenus, les contradictions aussi,
c’est du choc que
surgit la
m f$u//e/in dc /a Society de& Qtmlcs Occa/ucnncs
lumiere. Je reflechis
depuis plus
d’un demi-siecle
oil il fallait mettre de l’ordre et cela donne
d’ailleurs
sur une masse
de faits
provisoirement ceci (je corrige
fois que je relis, et je l’ai fait ici
chaque
aujourd’hui en fonction
recentes).
plus
Pour realiser le grand mouvement d’Asie en Oceanie, a travers Tindonesie (la geographic impose cet itineraire et il n’y en a pas d’autre possible), il a fallu du temps, beaucoup de temps. Les apports culturels
oceaniens ne proviennent qu’en partie de l’aire qui sera plus tard chinoise
(ignames, taros, bambous, chiens, pores), mais aussi de l’aire sud asiatique (banian, betel) et indonesienne (pabnier Metroxilon ). En dehors
de la Nouvelle-Caledonie ou les especes vegetales autochtones sont si nombreuses, les plantes medicinales oceaniennes sont celles de la flore indopacifique, pas celles de la zone sino-siberienne. De cela, nos archeologues
ne traitent pas non plus. Us se sont
braques sur les plantes alimentaires et
ont oubhe les plantes medicinales et autres.
En plus, les auteurs ne tiennent jamais compte de Madagascar, dont
l’existence pesante, qui ne saurait etre negligee, reequihbre automatiquement le centre de dispersion principal des populations a langues austronesiennes plus du cote de la peninsule de Malacca que de la Chine du sud,
des donnees les
et surtout
pas de Taiwan.
40.000 BP
Acceleration d’un mouvement
deja engage de descente vers le sud ou
l’ouest, partir de la Siberie, en particuher au cours de la demiere
glaciation dont le maximum se place a 21.000 BP, de ceux qui deviendront
par la suite les Chinois et les Mongols. L’expansion mongole provoquera,
bien plus tard, un lent mouvement des populations turques vers le Moyen-
vers
a
Orient,
mouvement
qui
se
terminera par
fique devant Vienne sous la poussee
(son artiUerie lourde
enchainements
Tous
dispersion
ces
d’une
envasee
historiques peuvent
de toutes sortes de
a
langues
retraite de Soliman le
armee
de
secours
Magni-
chretienne
dans des marecages serbes). Les
etre
mouvements aboutiront
leur mouvement,
48
s’etant
une
surprenants.
aussi, au centre de la Chine,
a
la
populations montagnardes qui
complexes, plus lent que le long de la
tonales
termineront
N°324 Janvier /Fevrier/ Mars 2012
-
cote, dans les montagnes de l’Asie du Sud et du Sud-Est, bloquees
de compte dans une descente eventuelle vers une nouvelle cote
en
fin
par les
des nations actuelles, thais, vietnamiennes, khmers.
Les Austronesiens, peuplant apparemment les cotes et le bas des
grands
fleuves, feront mouvement, de ce fait, en direction du sud et sud-est.
ancetres
A
moment-la, les pirogues a balancier n’existaient pas. L’agriculture
non plus. Tous ces
gens se nourrissaient des fruits de la chasse,
de la peche cohere ou d’eau douce et plus tard de cultures d’ignames et de
taros. On ne semble pas savoir qu’il y a tres
longtemps que l’igname et le
taro sont manges en Chine, dont on imagine toujours les habitants avec leur
bol de riz: en general, ils cherchent justement ay echapper, echapper aussi
ce
de cereales
a
la valeur symbolique modeme de
La diffusion de
1’igname
et
ce
bol de riz.
du taro
a
partir de la Chine du Sud,
par
les habitants de cette region preexistant a l’implantation des Han, marque
le maintien de relations a travers l’lndonesie; cela permet une tres large
diffusion de
ces
tion, quel qu’il
cultivars
a
partir du point geographique de leur appari-
soit.
Ces Austronesiens
ne
connaissaient ni la banane, ni la canne
ni le fruit
a
culte
racines terrestres sont l’une des entrees
a
sucre,
Sur leur chemin de
pain.
migration lente, ils ont acquis le
banian, dont personne ne parle jamais, specifique du sud de l’Asie et qui,
en Oceanie, qui fait l’objet d’une veritable culture, sinon d’un veritable
pays souterrain des
morts. Ce banian est ainsi un marqueur du point de depart exact de la
migration oceanienne: il ne saurait etre qu’au point de jonction du mou: ses
au
le
long des cotes de l’ocean Indien a celui le long des cotes de l’Indonesie. Ces gens-la ont acquis par la suite la poterie dite cordee.
Les ignames longues, Dioscorea alata, semblent avoir ete mises au
point dans l’aire Nouvelle-Guinee-archipels melanesiens, Dioscorea bidbifera etant l’igname apportee d’Asie. La premiere est celle qui regne
en Nouvelle-Caledonie, la seconde est celle chantee par Malinowski,
introduite tardivement aux lies Loyalty, ou son centre de dispersion, y
compris vers la Grande Terre, est l’ile d’Ouvea. Ce que cela signifie n’est
pas evident. Les ignames cultivees au Vanuatu sont essentiellement des
vement
D. alata.
49
bulletin ilc
Parvenus
la
au
Society de& Stiidas Oicea/iicn/ics
sud du Vietnam et
a
la
peninsule de Malacca,
a ceux
qui
aspiraient peupler les lies riches qui se presentaient a leur vue, lorsqu’il
n’y avait pas de pont a sec, s’est pose le probleme du moyen de passer les
a
detroits
et
aller d’ile
graphique,
en
ile,
au
fur
absorbant la
et a mesure
de leur croissance demo-
australoide
population
precedemment instabee.
simple : il leur a ete foumi par cette meme population,
a savoir les radeaux a double
epaisseur, perces d’un trou au centre et
manoeuvres a la godille ; il leur avait deja
permis d’atteindre l’Austrahe,
en suivant les cotes du moment. Avec ce
moyen, on pouvait aller, par tout
a
la
bien
petits groupes
fois,
sur, (pas plus de six personnes sur un
radeau) jusqu’a Pile de Santa Catalina a Test des lies Salomon, en choisissant bien ses itineraires, ses jours et ses
angles de sortie et d’entree dans
les detroits separant les lies et parcourus par de forts courants
qu’il fallait
attaquer par diagonales successives: itineraires en forme de V place a
Le moyen etait tout
l’horizontale:
>.
Les itineraires suivis
Indonesie n’ont pas d’interet pour la reconstruction. Ils ont ete de toutes sortes et l’archeologie
prehistorique de Tindonesie presente trop de trous pour valider la moindre hypothese par
trop
detaillee. Le bon
sens
et
en
l’evidence
sont
que toutes les lies etaient rebees
elles par des abees et venues et qu’il s’agit d’un mouvement
general
ouest-est, avec des retours ou des abees et venues dans tous les sens imaentre
ginables.
Mais
permettait pas d’aller peupler Formose, ni les lies
Phibppines, pour lesquebes la pirogue a balancier sera necessaire. La
migration de Formose a la Polynesie, en gbssant d’ile en ile, etait, a ce
moment-la, impossible : Formose n’a pas encore ete peuplee, en tout cas
ce
moyen
ne
par des Austronesiens. La migration de Chine continentale
ble etre datee du Vie ou du Ve mibenaire avant J.-C. Ce
peut-etre aussi 1’apparition de la pirogue a balancier,
plement
n’ait utihse
Les reponses
plutot
les ancetres des
jonques,
a
Fonnose
sem-
qui marquerait
a moms
ou
que ce peules deux a la fois.
manquent a tant d’interrogations. Les voyages experimental^
repondent qu’a une partie des hypotheses possibles et ils peuvent etre
fondes sur de fausses hypotheses, comme cebe d’une origine polynesienne
ne
a
Taiwan,
50
couverture
culturelle d’une intrigue internationale toute
Jardin
suspendu dans un marecage. Waropen, cote
nord de la Nouvelle Guinee occidentale. Ces jardins
ou
le sol utile est constitue de dechets vegetaux, perde faire pousser des patates douces et d'avoir
mettent
un
aucune
pres des maisons sur pilotis, la ou
terre arable non salee. Cette techno-
couvre en
definitive des surfaces considerables
production
n'existe
logie
et
permet la vie humaine la oil la
mangrove
sur
populations
cote est couverte de
des centaines de kilometres
carres.
Ces
sont peu connues et peu travaillees etant
donne le peu de confort que represente leur habitat
pour un etranger, et les moustiques toujours presents.
Photo JG. J. Held,
ex :
The Papuas of Waropen.
(Sid/elin
de fa
Society dius Slade,i Ocea/u'e/tsies
moderne et d’une competition plus
Chine continentale et Formose sur ce
politique
scientifique
que
entre
la
point.
L’Insulinde est ainsi recouverte d’Austronesiens, avec une surface
emergee plus grande qu’aujourd’hui. Ils y sont toujours, mais la pression
interieure
a
tronesiens
l’Asie de
populations parlant
cotiers, poussera
ces
demiers
des
a
langues a tons,
poursuivre,
a
sur
les Aus-
traverser
l’lndonesie, puis aborder les cotes de la Nouvelle-Guinee, et
d’ile en lie, en direction de Test.
ment
Tout
a
ce
monde
en
est encore
reduit
a
la cueillette,
a
lente-
a
aller,
la culture d’ar-
archai'ques d’agriculture de l’igname et du
taro ; il va s’y ajouter, peu a peu, le fruit a pain, la fecule de palmier
Metroxylon (a partir de Kalimantan), le bananier, la canne a sucre et le
cocotier et, plus tard, la patate douce (on ne sait pas vraiment quelle est
la date de l’introduction de cette demiere en Chine continentale, ou elle
est tres appreciee ? Et introduite par qui, les decouvreurs chinois de l’Amerique ? Les Portugais, les Hollandais ?).
bres fruitiers et
a
des formes
Les formes de bananiers
plus
anciennes
en
aux
fruits devenus comestibles semblent les
Nouvelle-Guinee. Le mouvement
vers
Test
a
partir de
TAsie continentale s’est done traduit par des apports culturels nouveaux,
pas tous mis en evidence, a partir de la traversee de l’lndonesie, puis de
la cote nord de la Nouvelle-Guinee et des
grandes lies de l’arc melanesien.
20.000 BP
C’est le debut de la coupure culturelle entre l’Oceanie restee
a
Page
de la pierre et l’Asie et l’lnsulinde qui acquierent lentement le metal
selon la progression habituelle, d’abord la pierre pohe, puis le bronze,
—
enfin le fer.
Les relations entre l’lnsulinde et la Melanesie
a
travers la Nouvelle-
jamais cesse mais, pour le metal, elles ont ete bloquees par
une politique offlcielle, historiquement et physiquement attestee au cours
des millenaries, des tout premiers pouvoirs publics etablis en Indonesie
orientale, et qui interdisaient la transmission de l’industrie du metal aux
Papous. Il fallait que ces demiers restent a leur niveau de fournisseurs de
noix de muscade, et que les Indonesiens puissent en maitriser eux seuls
Guinee n’ont
52
N°324- Janvier /Fevrier/ Mars 2012
le
On n’a
explique,
bien
plus tard, ni aux Portugais, ni aux
Espagnols passant par la et qui eussent adore s’emparer de la Nouvellecommerce.
Guinee, s’ils l’avaient su, que la noix de muscade venait de la.
Par contre,
les assiettes et les
perles de verre chinoises ont couvert les cotes de la parNouvelle-Guinee, tresors echanges a l’occasion des
et
dont
marines
l’origine etait les expeditions de pirates a partir de la Gelvink Baay.
Date aussi du peuplement des lies de rarchipel Bismarck, le peuplement des lies de l’Amiraute etant intervenu, dit-on, six mille ans plus tard
(elles etaient plus difflciles a atteindre). Puis interviendra le peuplement
des Salomon du nord, avant celui des Salomon centrales. Les Salomon
tie orientale de la
orientales et le Vanuatu devront attendre l’intervention des voyages
en
pirogues.
10.000 BP
L’agriculture de cereales nait a pas comptes en Asie,
tard, le riz
au
L’elevage
nord et le ble
plus
sud (en Inde). Le riz gagnera partout.
des bovides nait aussi et la metallurgie du bronze passe
celle du fer. La
La
le millet et,
roue
pirogue
a
au
a
est inventee.
balancier
Indien, de l’lndonesie
apparait
et de la
tout
le
long
des cotes de l’Ocean
Melanesie, a partir d’un
centre
de diffusion
inconnu.
acmel est que bien des archeosont les derniers defenseurs d’une position par ailleurs consideree
N. B. Un
probleme methodologique
logues
aujourd’hui generalement comme heretique, celle de la coherence qui
serait necessaire entre l’aspect physique, la langue et la culture materielle
(c’etait le point de vue enseigne par le dr Paul Rivet, directeur du Musee
l’Homme, quand j’etais etudiant). Cette position n’est tenable ni en
Nouvelle-Guinee, ni en Melanesie, ou les populations de la Nouvelle-Guide
large s’etalant en chaines en direction de Test ne
presentent jamais de coherence dans leur aspect physique: ils n’en avaient
pas au depart, les Austronesiens etant melanges partout a leurs voisins non
austronesiens en Asie, puis aux populations australoi'des les ayant precedes
en Indonesie. Leur coherence est strictement linguistique au depart, et
nee
cohere et des lies
au
53
ibulletin
la variability des
encore
grande qu’il
jours
la
un
C’est
race
ne nous
metissees
meme
Jociete des &tudes Qcea/iu
de la
est si souvent
avec
comme
et
affirme. Toutes
ces
beaucoup plus
langues se sont tou-
les
c’est tout de
si Ton voulait que les Alsaciens represented
alors
qu’ils
se
des siecles et
marient
depuis
Allemagne,
de l’autre cote du
compte des consequences
sont
austronesiennes est-elle
langues papoues environnantes,
point generalement acquis.
coherente,
France,
langues
Rhin, en
genetiques de
toutes
et
a
qu’il faut
les invasions
une
seule
l’ouest
en
bien tenir
armees
qui
passees par la.
Par ailleurs les
archeologues tendent a croire qu’a l’arrivee de tel ou
tel element de culture materielle doit forcement correspondre un transfert
physique de populations entieres. C’est l’ideologie de la migration »,
attrape-tout et explique-tout. La fonction reelle des reseaux d’echanges qui
«
Nouvelle-Zelande (voir le voyage
du percoir a archet, qui n’est pas specifiquement chinois non plus, et dont
les archeologues ne recherchent pas les pointes en pierre dure enchassees
traversent
la Melanesie et
se
terminent
en
gomme vegetale : il serait important de dater son apparition un
peu partout), ne leur apparait pas clairement. Elle est pourtant justement
celle de la transmission culturelle sans qu’il y ait mouvement de popula-
dans
une
tion, peu
des
large
au
et aux
ou
prou, voir le voyage des coquilles d’huitre perliere depuis les
et les cotes nord de la Nouvelle-Guinee jusqu’aux montagnes
vallees
Micronesie et
de l’interieur. Certaines peuvent meme venir de
retrouver au fin fond de la Nouvelle-Guinee. Elies y par-
alpestres
se
viennent, de proche
pergoir
disque
a
en
proche, les porteurs changeant a chaque etape. Le
demi-coque de noix de coco ou un
dur) et contrepoids (trois pierres egales en poids), iden-
archet et
bois
en
a
volant (une
tique partout, est arrive jusqu’en Nouvelle-Zelande, sans etre lie a une
quelconque migration. Il a tout simplement suivi les hommes partout ou
ils sont alles. Il est bien
origine
est en Asie ou en
venu
de
quelque part.
Indonesie. On
ne
Nous
s’est tout
ne savons
pas si
son
simplement pas pose
la question. Or il s’agit de l’outil le plus sophistique de la region.
Les apports culturels asiatiques se poursuivent a travers l’lndonesie,
l’exception de ce qui pourrait detruire la superiorite
indonesienne, a savoir le metal, les cereales, les bovides et la roue. De ce
a
rythme lent
54
—
a
Pergoir a archet,Tuvalu (lies Ellice). La pointe de pierre dure est enchasdans de la resine vegetale. Le disque de bois dense sert de contrepoids. II peut etre remplace par trois pierres de poids egal attachees a
see
I'axe. En dehors du metier
le
a
tisser,
rare
(lies
Santa
Cruz), c'est la I'outil
plus complexe de
Guinee,
en
I'Oceanie que I’on retrouve aussi bien en Nouvelle
Melanesie qu'en Polynesie. II sert a la fabrication des mon-
naies de
perles de coquillage, a gros diametres (travail feminin, lies Salomon), qu'a la sculpture taillee dans les benitier (on perce des trous
rapproches,
des tresses
de
que Ton rejoint par un travail d'usure utilisant par sciage
fibres d'enveloppes de noix de coco entramant du sable
en
ou a tous ce qui necessite de percer des trous, en particulier
pierre polie. Ces outils sont peu represents dans les illustrations
publiees, qui se concentrent sur les objets realises grace au pergoir. Peu
au courant de I'existence de cet outil, les archeologues ne recherchent
pas systematiquement les pointes en pierre dure, ou les pierres contrepoids, ce qui fait que nous ne disposons d'aucune date pour I'apparition
riviere),
dans la
de cet outil. Ex: Gerd Koch, Die Materielle Kultur der Ellice-lnseln.
SSu/letin de
la
Socicle des Stades Ocea/Uennes
fait, les groupes indonesiens solidement etablis ne sont plus tentes de
poursuivre une migration vers Test. Us y auraient perdu en termes de commodites de la vie quotidienne. La consequence sera le passage des Papous
occidentaux a la piraterie, leur apportant entre autres les pieces chinoises
qu’ils appreciaient et des outds, ou des armes, de fer glanes ici ou la, ou
a eux vendus par les commergants malais, mais qu’on ne rencontre que
dans la partie des cotes de la NouveUe-Guinee occidentale frequentee par
les marchands malais.
La richesse miniere de la NouveUe-Guinee etait alors inconnue et le
minerai de nickel
pu provoquer
un
en
particulier n’avait encore aucune utilisation qui aurait
mouvement. La richesse des
gisements d’or, qui
aurait
pu provoquer un afflux chinois venant de loin, etait tout aussi inconnue.
Sinon eUe aurait eu la capacite de changer l’histoire de la region. L’Oceanie n’a pas ete troublee par l’histoire mfflenaire des
empires asiatiques,
parce qu’eUe n’avait rien d’interessant a leur apporter.
De ce moment, la specialisation oceanienne porte
sur
la
complexity
plus plus grande des rituels et des modeles sociaux, tenant compte
de ce que le support materiel est l’agriculture de tubercules, en plus de la
chasse (de moins en moins pertinente en aUant vers Test) et de la peche
de
en
mfflenaires. Les pieges a poisson en murets de pierres etablis un peu partout sur les plateformes recifales en sont une manifestation constante. Us
ne
sont pas
plus melanesiens
que
polynesiens,
ou
micronesiens, il y en
a
Us sont partout semblables.
Les absences techniques essentieUes sont ceUes du
partout,
roue,
et
qui
vont avec
l’elevage
des bovins, inconnus
metal, et de la
jusqu’a l’arrivee des
missionnaires.
hthiques utilises pour les lames d’herminettes ou de
haches ne permettaient pas de couper le bois, mais seulement d’en briser
les fibres, ce qui pouvait suffire pour certains bois tendres dans les operations de debroussage.
Les arbres de quelque importance etaient abattus au moyen d’un
Les materiaux
processus de conduite d’une combustion lente, sans Qamme, constantment maitrisee et alimentee, travaiUant dans le bois vert, les parties calcinees etant nettoyees
56
au
fur et
a mesure en
ayant
recours a
1‘herminette,
N°324-Janvier/Fevrier/Mars
souvent a
lame de tridacne dans les lies
des lies Salomon
ou au
de tridacne etablissent
au
large
de la
2012
Nouvelle-Guinee,
Vanuatu du nord et du centre nord. Ces lames
chaque fois un lien avec la Micronesie. J’ai
encore vu faire cette combustion, d’une
technologie sophistiquee, qui
permettait, devant moi, en 1949, a un vieux monsieur du nord d’Ambrym, sans aide, d’abattre un arbre de grandes dimensions en quinze
jours. Nous n’en sommes plus capables. Cette technologie, d’une grande
importance et d’une grande anciennete (elle etait utilisee dans la sculpture et le creusement des coques de pirogue), ne laisse aucune trace
archeologique.
L’absence de la
neaux sur
balancier
a
roue
(on
note ici et la l’utilisation de sortes de trai-
des pentes ou sur le plat), amene a faire evoluer la pirogue a
des modeles de grande taille puis, plus tard et plus loin, le
vers
a la pirogue a double coque paralleles et legerement inegales, perde transporter des cargaisons importantes.
Ou est apparue la technique de transporter d’enormes plaques
passage
mettant
rocheuses entre deux eaux, dans un filet de lianes tendu entre deux
pirogues, en application du theoreme de Pythagore ? On ne sait. Meme les
ingenieurs egyptiens ignoraient cette technique. On la connait pour sur a
Malaita (trait culturel apparemment melanesien) et a Tikopia (trait culturel apparemment
polynesien)
aux
lies Salomon. On
ne
sait pas
ou
cette
technique aurait pu etre pratiquee en Asie, nos savants ne s’etant jamais
pose le probleme. Un constat general pourtant est que les avancees techniques oceaniennes ont leur contrepartie en Asie. Les ponts suspendus a
partir de hanes de Nouvelle-Guinee ont leur parallele dans la Chine montagneuse, les hanes etant remplacees par des chaines en fer, illustrant d’ailleurs un episode celebre de la Longue Marche.
Apparition des cultures irriguees de taro a travers le drainage des
hautes vallees alpestres marecageuses de Nouvelle-Guinee. Apparition de
l’irrigation monumentale, selon un modele austronesien amene d’Asie, diffuse aussi aux Philippines par les Ifugao (eux aussi Austronesiens), dans
les basses vallees et la
ou
la pente s’y pretait,
sur
les flancs occidentaux
plus secs des lies de la Melanesie. La pratique de la petite irrigation de
proximite pour le taro avait ete constante depuis le debut, partout ou les
57
m {Bulletin de la Society de& Studcx &ceanicnne&
Oceaniens s’etaient installes. Des
tagneux sec,
ces
demiers
vont
qu’ils se sont etablis dans un milieu mon-
chercher l’eau pai’ des
canaux
qui peuvent
plusieurs kilometres. Je ne crois pas qu’on soit passee du drainage
a l’irrigation. Les deux etaient connus parallelement, l’un etant le contraire
faire
l’opportunite et Ton pouvait passer
ainsi d’une terrasse irriguee a un champ draine dans le meme environnement (une vallee alpestre, ce que j’ai observe personnellement dans la
logique de l’autre.
On choisissait selon
haute vallee de la Baliem,
en
Nouvelle-Guinee occidentale).
8.000 BP
separe de la Nouvelle-Guinee du fait de la montee des
reconfigure lentement les cotes de tous les archipels melanesiens
L’Austrahe
eaux,
et
qui
se
L’arret de la montee des
polynesiens.
eaux se
placerait apres 6.000 BP.
6.000 BP
Cruz, puis du Vanuatu, qui n’est pas
configuration actuelle de volcanisme jeune
Occupation lente des lies
encore tout a
fait dans
sa
Santa
plateaux des colfines de calcaire dur et de plateaux karstiques (centre est d’Espiritu Santo, nord-ouest de Malekula, centre
d’Efate). II n’y a pas trace de grands mouvements, et la structure des societes locales ne suggere pas de grandes arrivees, sinon en meme temps qu’il
s’en est produit, bien plus tard, en Nouvelle-Caledonie. Pas de flottes de
adosse
a
des
ou
pirogues: 0 n’y en a jamais eu, nulle part, pour avancer d’lle en ile.
Les raisons de la pratique de la circoncision vraie, au nord de Malekula et au nord de Ragha (Pentecote), alors que l’incision du prepuce est
la pratique generate en Oceanie, ne sont pas connues. Les chefferies Big
Nambas, qui pratiquent la circoncision vraie, les chirurgiens de cette cir-
population decrite
plus ancienne, se
veulent venues de l’ouest, par l’intermediaire du demiurge Xambat, a l’oriconcision etant issus d’une
comme
choses. Leur ceremonie du kava evoque celle des lies Fiji,
mais leurs rites lies aux premices de la recolte d’ignames ont des paralleles proches en Nouvelle-Caledonie (Bourail). Leurs rites agraires lies a
gine de
toutes
parallele dans la vallee de Houailou, y compris
la coiffure de plumes en forme de casque des pretres.
la lune ont aussi
58
un
dans
N°324 Janvier/Fevrier/Mars
-
2012
5.000 BP
Les
archipels ont atteint, avec la montee des eaux dues a la fonte de
glaciers polaires, presque leur configuration actuelle. Un des facteurs du
mouvement constant disparait, mais le mouvement se
prolonge par sa
force propre. II ne freinera que beaucoup plus tard.
La migration austronesienne a partir de Formose vers la
Polynesie en
passant par les cotes des ties de Fare melanesien devient impossible, elle
aurait
apporte le millet, cultive
en
Asie avant le
riz, ainsi que le metal. Les
Formose, glissent vers les Philip-
Austronesiens, installes depuis peu sur
pines, ou ils deviennent majoritaires, s’ajoutant
aux
Austronesiens
venus
d’Indonesie, provoquant des mouvements en direction de la Micronesie,
mais pas de la Polynesie. On n’avait pas besoin d’eux en Melanesie, deja
et
entierement
peuplee.
Occupation
ou
tres lente des ties
Loyalty, puis
de la Nouvelle-Caledonie,
l’inverse.
Le dessin des cotes
stabilise petit a petit, En Nouvelle-Caledonie, des
mouvements orographiques locaux s’y ajoutent. La mangrove emigre d’une
baie
a
l’autre
ou
se
de la moitie d’une baie
a
la moitie
en
face,
recouvrant
des
sites archeologiques potentiels. De tels mouvements orographiques pourraient certainement etre demontres ailleurs dans la region. Les dates les plus
anciennes sont
a
les
retrouver dans le
personne n’a encore travaille,
tenant pas compte de la montee des eaux dues a la fonte
lagon,
ou
archeologues ne
glaciations polaires. La petite periode glaciaire et ses consequences
hydrographiques ne sont pas prises en compte. Le site Lapita eponyme se
prolonge sous le lagon, et cela jusqu’a lilot Koniene, au-dela meme de ce
qui serait le fruit de l’usure de la cote par la mer, usure acceleree depuis la
des
«
»
des Europeens qui se sont attaques a la mangrove protectrice.
Multiplication des relations nord-sud et sud-nord, entre la Melanesie
venue
et la
Micronesie, y compris touchant la
cote
nord de la Nouvelle-Guinee,
les Salomon et le Vanuatu.
4.000 BP
departs, tres lents aussi, au-dela de la Melanesie orientale,
le chapelet d’lles dites depuis Polynesian outliers (qui ont
Premiers
d’abord par
59
m bulletin/ de/ la Society des &tude& &cea/uenne&
voyages dans les deux sens, les Polynesiens sont revenus
par la parce qu’ils avaient garde la tradition des elements pertinents du
voyage dans l’autre sens), puis plus directement vers Fiji, puis le reste de
ainsi send
aux
la Polynesie occidentale.
Pour la suite des evenements,
j’adhere pour le moment aux proposi-
tions actuelles. Si le role de diffusion des lies Samoa est mal
connu
(les
archeologues ne semblent pas connaitre la migration lente, au cours de
plusieurs siecles, de Samoa a Kiribati), peu etudie, celui des des Marquises
ne me semble pas contestable (la societe marquisienne est la plus proche
du modele multiple des societes melanesiennes ou Ton trouve de tout, du
big man au chef hereditaire, mais qui peut etre remplace s’il n’est pas
convenable, et qui est sounds a la meme competition de prestige que le
big man).
II s’y ajoute les multiples departs a partir de Samoa, vers la Micronesie (Tuvalu, Kiribati, dont les lies du nord seules sont micronesiennes),
vers les lies Tokelau, Rarotonga et les lies Cook, qui n’ont pas ete peuplees
seulement a partir de Tahiti etc.
La Polynesie se termine dans l’eblouissement des departs vers les
lies Hawai’i et vers la Nouvelle-Zelande. Le point de depart vers Pile de
Paques est inconnu, comme le point d’arrivee en Amerique, du fait de la
faiblesse de l’archeologie ciblee sur les cotes de l’ocean Pacifique. Je
favoriserais, pour ma part, la liaison entre Hawai’i et la Califomie (d’ou
Ton peut descendre aisement vers le sud), parce que c’est la plus facile,
et
qu’elle
ouest du
quelle
serait
Canada,
que soit
difficile
parallele aux allees et venues entre la Siberie
et
et
le nord-
peut-etre s’appuyant sur elles. Les preuves manquent,
l’hypothese.
est une constante de
Mais la recherche de la methode la moins
1’evolution des societes humaines. Les
plus
jamais le lieu du passage des migrations
humaines. Les marins nordiques ont fait le grand tour pour parvenir en
Amerique, en passant par l’lslande et le Greenland. Ils n’y sont pas alles
directement. On dit que Saint Brendan a reussi le voyage direct a partir
de l’lrlande, mais il n’y en a pas la moindre preuve. Et les coracles irlandais ronds, en cuir, n’etaient pas les plus adaptes a la traversee de l’Atmauvaises
mers ne
lantique Nord.
60
sont
N°324 Janvier / Fevrier / Mars
-
2012
3.000 BP
Date de
depart approximative et logique des ancetres des Malgaches,
de points multiples le long des cotes de l’ocean Indien, par des populations austronesiennes ayant acquis le fer, la roue, l’elevage des bovides et
les cereales. Ce qui etait l’achevement de leur lente migration du sud-est
asiatique vers 1‘ouest a partir du sud-est de 1‘Asie, et le long des cotes de
l’ocean Indien, oublies de tous sous la forme de villages de pecheurs,
eventuellement sur pilotis et dans des endroits impossibles, prolongeant
les orang laut indonesiens. Depuis, le Bouddhisme, puis l’lslam, ont
absorbes ceux qui n’etaient pas partis, ou les ont de nouveau pousses au
depart,
en
pirogue
Parmi tous
du Vietnam,
le
des groupes
cultivateurs de riz, similaires aux Chams
vers
etaient bien etablis
qui
fois de
plus.
migrants
Madagascar
une
ces
comme
se
placaient
de
point depart de ces groupes est egalement inconnu a
de
jour.
point
depart logique serait le Sri Lanka. Des linguistes veulent les faire partir de Sumatra, mais la encore, ce n’est pas le bon sens
et
Le
ce
partir de la situation au
c’est qu’il y avait multiplication de points de depart comme
il y a multiplication ethnique a 1’arrivee. La comparaison, point par point,
qui les inspire.
point d’arrivee,
des
La seule chose
langues malgaches
1’ocean Indien n’a pas
avec
encore
certaine,
qui
est
les
langues
ete tentee.
a
locales le
Elle
sera tres
long
des cotes de
difficile. Le mobilier
archeologique
comporte pas de variations d’une clarte eblouissante
dans l’interieur de ces regions. La civilisation du bronze sud asiatique etait
ne
qui voudrait aller travailler dans des aires culmrelles
d’oii sont issus, ou que frequentent encore, les pirates modemes ?
Debut de la diffusion du decor lapita en Melanesie, a partir d’un
decor I’annongant sur la cote nord de la Nouvelle-Guinee. Il s’agit done
d’un phenomene tardif, bien apres l’installation d’une population permanente aux lies de 1’archipel Bismarck, et qui n’a pu jouer le role unificateur qu’on lui attribue trop facilement. Il faudrait supposer une
plutot coherente.
Et
acceleration de l’histoire que rien ne vient confirmer. Par contre, la genetique des populations tendrait a proposer que les populations insulaires
de
ce
temps etaient majoritairement matrilineaires,
milation des apports etrangers. Cela va de
ce
qui facilitait l’assi-
pair avec l’adoption des motifs
61
dfouflclw
d& /a
tlaciele de& Otude& QceanL
tant que favorises par des artisans femmes, jusqu’a ce que ces
femmes l’abandonnent et passent a autre chose, ce qui est une
situation parfaitement normale. II n’y a jamais eu de peuple du Lapita,
lapita
en
memes
mais des
potieres qui
se
sont amusees
un
temps
a
jouer avec
cette
forme
de decor.
La date de l’introduction de
l’elevage de pores est donnee pour avoir
ete aux
venu d’Asie selon toute probability,
comme les gallinaces. La Chine du Sud n’en est pas obligatoirement le
point d’origine. II est arrive avec, ou a ete precede, par differentes formes
de l’elevage de chiens et de differentes especes de rats. L’homme a meme
environs de 3.000 BP. II est
transporte le crabe de cocotier
personne n’en parle.
Si le pore n’est pas parvenu
Nouvelle-Caledonie, le
tions contraires. Le
Les
Loyaltiens
l’arbre dont il
avec
se
nourrit.
Pourtant,
Loyalty et sur la Grande Terre de
chien, kuli, y etait par contre, malgre des affirma-
nom
aux
lies
vemaculaire local est le
nom
austronesien.
connaissaient 1’existence du pore, par leurs relations
plus au nord jusqu’a Epi, mais, pour une raison
autre,
adopte. Les ravages dans les cultures effectues
par les pores sauvages peuvent foumir une explication. La necessite d’etablir des barrieres contre les depredations des pores eleves en stabulation
libre a pu ne pas etre souhaitable, dans un milieu corallien souleve, en
grande partie karstique, et ou les pores n’auraient eu d’autre nourriture
possible que les tubercules plantes dans les champs par les hommes. Le
substrat corallien aux lies ne permettait pas facilement, dans un grand
nombre de cas, l’implantation de poteaux de barriere anti pores. La
maritimes
avec
ou une
Anatom,
ne
et
Font pas
pour la nourriture entre les hommes et les pores necessite
des terres nombreuses et fertiles, friables et profondes que Ton trouve
concurrence
dans la bonne proportion
au
Vanuatu,
mais pas
aux
lies
Loyalty.
2.000 BP
date
produit une arrivee importante sur la cote est de la Nouvelle-Caledonie, d’un peuple parlant une langue a tons, le paaci, arrivee qui, petit a petit, met en branle
A
toutes
62
une
a
determiner,
avant
ou
les structures existantes, qui
apres 2.000 BP,
se
mettent a
se
migrer du
centre
des
N°324 Janvier/Fevrier/Mars
-
2012
plaines littorales de la cote ouest vers le sud-est et le nord-ouest, ce moucontrecoup les lies Loyalty du nord-ouest
au sud-est. Pour le moment, rien ne nous
permet de croire que ce peuple
touchait au Lapita. La poterie, non decoree, ne semble pas avoir joue un
role autre que materiel dans sa vie quotidienne. Les locuteurs paaci se
sont installes, dans leur grande majorite, a cote d’une autre
langue a tons,
le cemuhi, deja installee et plus ancienne, dont l’aire d’expansion a ete
vement traversaiit a nouveau par
en
partie
recouverte par les nouveaux venus, evolution
acceleree par les
consequences des repressions militaires coloniales.
Si l’hypothese d’une creation autochtone d’une
langue a tons par
derivation d’un etat de choses a accentuations trop complexes necessitant
une remise en ordre, le point de depart ne serait
plus a envisager de la
meme facon. Mais ces
a
ont
langues tons, qui
plusieurs milliers d’annees
de presence concevable, ne sont pas venues de nulle part. Et ou doit-on
chercher leurs liens ? L’Indonesie ne comprend pas de langues a tons ?
Les arrivees polynesiennes (a Samoa, a Tonga, a Wallis, a Futuna, sont
pour bien plus tard, les toutes dernieres arrivees etant de Rarotonga au
Vanuatu et sur Mare et Lifou. Elies ont ete precedees, autour de 1.000
J.-C. par un mouvement venu de l’extreme nord de la NouvelleZelande, qui s’est installe aux lies du sud du Vanuatu et s’est prolonge
d’une part jusqu’a Epi, d’autre part aux lies Loyalty, puis sur la Grande
Terre de Tile des Pins jusqu’a Pouebo et Poum (l’avancee des chefferies
Xetriwaan en Nouvelle-Caledonie, de Tile des Pins a Poum : Jean-Marie Tjibaou appartenait a l’une de ces lignees). Ce mouvement est lie, tout au
moins geographiquement, a la poterie lapita (de des Pins, Kone), peutetre dans sa demiere phase locale, les informations obtenues etant que le
Lapita s’est maintenu en Nouvelle-Caledonie et a l’de des Pins, plus longtemps qu’ailleurs, sous forme de poteries de prestige ?
apres
63
bulletin dv /a Joccetv de& Studcs 0icecuuenne&
Sources
bibliographic du sujet comprend, linguistique, ethnographic,
anthropologie, archeologie melangees, aujourd’hui plusieurs milliers de
titres, impossible a rassembler dans le corps d’un ailicle. Ces titres se suivent et ne se ressemblent pas tous. Certains correspondent a une vision
perimee, tels les publications allemandes et suisses relevant de l’ecole de
la Kultur Kreis. Mais ils apportent de l’information ethnographique,
comme beaucoup de publications missionnaires, ou les epouses sont parLa
fois les meilleurs observateurs.
demi-siecle, les microfilms de l’ensemble de la
correspondance des missionnaires de la London Missionary Society avec
leur direction a Londres. Personne n’a daigne s’y interesser. Je l’ai depose
J’ai achete, il y a
en
fin de compte
au
un
Service des archives de la Nouvelle-Caledonie. C’est
par ce qu’ils disent et par ce qu’ils
ne disent pas. Mais il faut former les chercheurs potentiels a l’anglais ecrit
de la fin du XVIIIe siecle.
une
mine
Les
potentielle d’informations,
rares
pubhcations medicales, meprisees par tant de nos collegues
s’y reportent jamais, peuvent apporter une information essentielle,
comme la multiphcation des cas d’Alzheimer jeune chez les populations
oceaniennes vivant sur un sol constitue en tout ou partie de bauxite, en
qui
ne
general sur des sols issus
de
plateaux coralliens exhausses.
enseigne partout, de quasiment le meme
treponeme donnant en Asie et en Oceanie le pian, maladie parasitaire non
sexuelle, contractee en marchant pieds nus, et en Amerique du Sud la
syphilis, maladie sexuelle redoutable (la decouverte de l’identite d’origine
entre le pian et la syphilis et de leur immunite croisee est due a mon pere,
le professeur Jules Guiart, de la Faculte de medecine de Lyon).
Ce pian qu’aucun auteur de sciences humaines ne connait et qui, a
un stade terminal, donne des pertes de chair au nez ou aux oreilles, ce qui
l’a fait confondre longtemps avec la lepre par les medecins mihtaires de
la fin du XLXe siecle (d’ou les confusions faites par Marshall Sahlins a Fiji).
Le pian a bien du, lui aussi, passer par le detroit de Behring. Les peuples
a potieres lapita l’avaient normalement contracts, mais la plupart surviOu le cas,
64
qui devrait
etre
N°324 Janvier / Fevrier / Mars
-
vaient, le pian
2012
caracterisant par le
grand nombre de guerisons spontarevelees precieuses, plusieurs
l’adolescence, guerisons qui
millenaires plus tard, car ceux qui avaient ete gueris, et meme ceux
qui
ne 1’avaient
pas ete, etaient proteges de la syphilis importee par les blancs.
se
nees a
se sont
Le
serpent n’a pas pu en ce cas se mordre la queue. Tous les discours missionnaires et medicaux sur les ravages de la syphilis sont faux. II
s’agit de
la blennorragie, qui bloque les trompes chez les femmes et les rend steriles. La naivete de
auteurs,
tout aussi
ces
auteurs
ignorants,
ignorait la difference.
sur ce point.
Et tant d’autres
les ont suivis
On salt que les lies occidentales d’Oceanie sont soumises
disme dans les
Loyalty, les Fiji
entre
a
les deux
regions coheres,
et toutes les lies
mais que la
au
Nouvelle-Caledonie,
polynesiennes ne le sont pas.
palu-
les lies
La frontiere
Tanna du Vanuatu et la petite de de Futuna,
n’est pas impaludee. Ses habitants se reclament
commence entre
soixante milles de
la, qui
d’une relation
privilegiee avec Tonga. On n’a pas encore decouvert la raide cette difference et pourquoi les relations modemes, par mer et par
air, n’ont pas encore reussi a transferer vers Test le vecteur du paludisme,
son
alors que le moustique vecteur de la filariose est partout,
Nouvelle-Zelande. On s’est apergu que les manifestations exte-
l’anophele,
excepte
en
rieures de la
filariose, l’elephantiasis, evoluaient
avec
les
changements
dans l’habitat induits par la venue des Europeens. Au Vanuatu, mes observations m’ont montre que l’elephantiasis de la jambe, qui avait frappe de
vieux missionnaires
cathobques, dont en Nouvelle-Caledonie, avait disparu
(excepte aux des Torres). Je n’ai rencontre que de l’elephantiasis du scroturn. Vingt ans plus tard, d n’y avait plus de manifestations exterieures. L’archeologie de la filariose, bien sur, n’existe pas. Les geneticiens finiront
bien pas s’y interesser. Ainsi
de Creutzfeldt-Jakob.
La htterature
sur
le
qu’aux variahons
oceaniennes de la maladie
Pacifique conhent ainsi des tresors d’informahon
caches dans des coins restes obscurs. II faut la considerer dans
et
reflechir
par
son
entier,
evidence les contradichons et chercher
longtemps.
quel moyen les depasser, ou les utihser pour un meilleur eclairage de
Mettre
en
65
m bulletin de fa Society de& Htudm Gecaniennes
la situation. Un auteur peut avoir raison ici et pas la, sur ce point et pas
sur cet autre. II convient d’avoir rassemble un tres grand nombre de donnees
de toutes sortes pour pouvoir en juger sainement.
Mais les auteurs actuels qui maitrisent dans le detail les variations de
materielle oceanienne sont extremement rares, depuis la
l’ethnographie
disparition dans 1’anthropologie et l’archeologie americaine des chercheurs d’origine allemande ou autrichienne. Je suis le seul Francais survivant forme dans un musee, ayant eu en mains tous les objets du Pacifique
Sud et a m’etre pose des le depart des questions par rapport a la repartition de ces objets, les plus connus et les moins connus. J’ai trouve sur de
nombreux terrains insulaires des reponses, mais pas toutes. J’en rencontre
encore aujourd’hui, perdues dans le coin d’un livre que personne ne lit.
Jean
66
Guiart
Les
plantes et les
oiseaux
de l’atoll de Temoe
Sur les 76 atolls des Tuamotu
1
quelques-uns seulement beneficient
d’une monographie faisant la synthese des connaissances sur leur faune
et leur llore. Les classiques en la matiere sont les productions de Morrison
(1954) pour Raroia et de Chevalier, Denizot et al. (1968) pour Moruroa.
Ce type de syntheses est important a plusieurs titres et leur accessibilite a
en hgne
travers des revues pubhees ou
indispensable. Tout d’abord,
pour la connaissance generate des ecosystemes de l’archipel car les don«
nees
tres
presentees peuvent
atolls
ou
,
»
servir de base pour des
d’autres regions du
Pacifique.
comparaisons
Elies permettent
avec
d’au-
egalement a
pubhc non scientiflque, mais interesse par son patrimoine, d’en decouvrir la diversite. Notre objectif est d’inventorier les plantes vasculaires et
les oiseaux de l’atoll de Temoe en reunissant des informations historiques
et actuelles: connaitre le nombre des especes, leur statut d’indigenes ou
d’introduites pour les plantes, de reproducteur ou de migrateur pour les
oiseaux. Puis, nous replacons les informations dans un contexte plus general, c’est-a-dire dans une zone geographique comprenant le sud des Tuaun
Par Tuamotu, nous entendons I'aire geographique et non I'aire administrative; en effet,
les naturalistes comprennent generaiement I'atoll de Temoe ou ceux des Acteon, voire
Oeno aux Pitcairn, comme faisant partie de I'archipel geographique des Tuamotu alors
qu'ils sont indus dans les archipels administrates des Gambier ou de Pitcairn.
1
-
$>u//etin
de tu
doc/ete de& S///(/c
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O
d
Q_
Q_
LO
LO
LO
ZD
CO
aj
CL
CO
a;
^aj
E
D
h-
Indigens
TOTAL
Tableau 3
-
Liste comparee des oiseaux reproducteurs des atolls du sud desTuamotu, induant Oeno
*
N
au moins
present/reproducteur, N ? statut de reproducteur a preciser,
(Groupe Pitcairn).
=
=
Date du releve le
Marutea sud
Maria
Temoe
emergee (km
Distance a Temoe (km)
Superficie
=
2
)
plus ancien
3,59
277
-
Ca. 1903
Date du releve le
2010
Presence du rat
N
plus recent
polynesien*
3,75
(Seurat, 1903)
(J.-F. Butaud,
Presence du rat noir*
Presence du chat*
ce
travail)
1922
(WSSE)
1922
(WSSE)
N
N
(observe
Vuen 1992,12010
Oiseaux marins
Paille-en-queue
a brins rouges
Phaethon rubricauda
N
N
Fou a pieds rouges
Sula sula
N
N
Sterne blanche
Gyglis alba
N
N
Noddi brun
N
N
Noddi noir
Anous tenuirostris
N
N
Fou masque
N
N
N
N
N
N
N ?
N
N
?
Anous stolidus
Sula
dactylatra
Grande fregate
Fregata minor
Petrel de Murphy
Pterodroma ultima
Petrel de Kermadec
Pterodroma neglecta
Sterne fuligineuse
Sterna fuscata
Puffin de la Nativite
Puffinus nativitatis
Noddi bleu
Procelsterna cerulea
Fou brun
Sula leucoqaster
N ?
Sterne
V
V
9-11
9-10
N
N
huppee
bergii
especes reproductrices
Sterna
N
Oiseaux terrestres
Aigrette sacree
Egretta sacra
Becasseau des Tuamotu
Prosobonia parvirostris
N
Gallicolombe erythroptere
Gallicolumba erythroptera
N
Marouette
fuligineuse
Porzana tabuensis
Ptilope desTuamotu
Ptilinopus coralensis
Rousserolle des Tuamotu
Acrocephalus atyphus
N especes reproductrices
1
en
2002, Elie Poroi)
certains motu, V visiteur, t eteint. Superficies tirees de Andrefouet ef al.
(2005)
de celle de Oeno tiree de Florence et al. (1995).
sur
=
=
Marutea sud
Morane
Oeno
12,10
2,24
0,62
287
296
396
1922
1990
1922
1965
(WSSE)
(Lacan & Mougin, ms),
1995 (partiel, V. Bretaqnolle)
(Seitre & Seitre, undated)
2006 (M. Gaskin in lift.)
N
Non note par Seitre & Seitre
a
I'exception
Fangataufa
5,43
485
(WSSE)
1990-1992
1965
2007
(Lacan & Mouqin, ms)
(Serra, 2007)
(Brooke 1995b)
1990, puis (Pierce
et
N
en
al., 2003)
N
en
2003
1987
1939
(Beslu, 2008)
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
N
?
V
N
N ?
N ?
N
N
N
(rare)
N
N
N?
V
V
V
6-9
8
9-10
N
N
N
N
t
N
N
N
N
N
N
+ entre 1966 et 1987
L±5
3
3
9 ^ul/etui d& la* Society des &tude& &ceamenne&
Visiteur Deux femelles collectees
respectivement les 24 et 25 avril
1922 et deposees a 1’AMNH sont libellees Timoe (Murphy & Pennoyer,
1952), mais il semble que ces oiseaux furent collectes en mer par Rollo
-
«
»
Beck alors que le bateau de la WSSE toumait autour de l’ile.
Paille-en-queue a brim rouges Phaethon rubricauda TAVAKE
(JCT, JFB; Emory in Buck 1938). Bien repandu dans les regions tropicales des oceans Indien et Pacifique. Habite tous les archipels de Polynesie, mais c’est
aux
Tuamotu et
aux
Australes que les sites de
reproduction abritent le plus d’individus (Thibault & Bretagnolle, 2007).
Reproducteur Note par tous les observateurs. Au debut du XX siecle, (Seale, ms) et (Seurat, 1903) le trouvaient abondant. Il fut egalement
signale en 1922 par la WSSE qui collecta des specimens. Environ 200 individus dans les annees 1990. En avril 2010, l’effectif etait estime a 291
couples
C
-
11 motu du sud-ouest
repartis sur
(entre le motu H ?????? et Parekura), la
colonie la plus importante reunissant 114
Fou
a
espece par
pieds
Emory
couples (Ikoamonui est).
rouges Sula sula KENA (nom attribue a cette
1938, mais la description qu’il en donne cor-
in Buck
respond au fou bran)
Repandue dans les eaux tropicales et sub-tropicales des oceans Atlantique, Indien et Pacifique. Reproducteur assez commun en Polynesie
orientale, il est cependant mieux reparti aux lies Marquises-Societe-Tuamotu que
&
dans le sud,
aux
Australes
ou
il est localement absent
(Thibault
Bretagnolle, 2007).
Il semble que la WSSE ne l’ait ni observe (Quayle,
(collection de l’AMNH) lors de son passage en 1922. L’ef-
Reproducteur
ms),
ni collecte
-
fectif reproducteur etait estime
1990.
En avril
periode
de
2010,
au
moins
a
environ 500 individus dans les
annees
450 individus etaient recenses, mais la
touchait a sa fin et il est vraisemblable que la coloplus importante. 11 a ete neanmoins note comme
reproduction
numeriquement
reproducteur en petit nombre sur 16 a 18 motu. Il est vraisemblable, qu’en
raison de son isolement, Temoe serve egalement de dortoir a des fous
qui exploitent les ressources alimentaires des eaux de la region.
nie soit
«
92
»
N°324 Janvier / Fevrier / Mars 2012
-
Fou masque Sula
dactylatra
Repandu
tropicales et sub-tropicales des oceans Adantique, Indien et Pacifique. En Polynesie orientale, ou c’est la moins abondante des trois especes de fous, elle est surtout
presente auxiles Marquises,
Tuamotu et dans le Groupe Pitcairn (Thibault &
Bretagnolle, 2007).
Reproducteur Un individu avait ete observe le 24 avril 1922 par
la WSSE, mais sans preuve de
reproduction (Quayle, ms). Une vingtaine
dans les
eaux
-
d’individus
notes dans les annees
42
1990. En avril 2010, l’effectif comprenait
couples repartis
reproduisant sur le motu Koutuna.
13 motu du sud-ouest de
sur
l’atoll,
la moitie
se
Fou brun Sula
leucogaster (voir fou a pieds rouges)
Repandu dans les eaux tropicales et sub-tropicales des oceans Adandque, Indien et Pacifique. En Polynesie orientale, il se reproduit au nord
du tropique du Capricome, ne penetrant pas dans les eaux
sub-tropicales.
Ainsi, il est mieux represente dans le nord de la Polynesie que dans le sud
(Thibault & Bretagnolle, 2007).
Statut a preciser
annees
1990, puis
un
-
Observe en nombre limite:
couple
et
un
une
dizaine dans les
juvenile en avril 2010 sur le motu Ogeue.
Grande fregate Fregata minor MOKO’E
(Emory in Buck 1938)
repartition
tropicales sub-tropicales des oceans
Indien et Pacifique. Presente dans tous les archipels de Polynesie, elle se
reproduit essentiellement dans les ties inhabitees ou seulement occupees
d’une fagon temporaire (Thibault & Bretagnolle, 2007).
Reproducteur Pas de colonie de reproduction notee par la WSSE,
Vaste
dans les
et
eaux
-
mais seulement des individus isoles et
vol (d’une espece d’ailleurs non
identifiee formellement) (Quayle, ms). Environ 200 individus reproducteurs dans les annees 1990. En avril 2010, quelques dizaines d’individus
observes,
mais
aucune
preuve de
en
reproduction.
Fregate ariel Fregata ariel MOKO’E (generalement confondue
avec l’espece precedente)
Vaste repartition dans les eaux tropicales et sub-tropicales des oceans
93
Indien et
Paciflque, et localement dans l’Atlantique au large du Bresil. En
Polynesie, elle est presente aux lies Marquises, 'I’uamotu et de la Societe,
mais absente des Australes et du
Groupe
Pitcairn. Ne nichant pas
de 23 6rae de latitude sud, Morane est la localite la
bault & Bretagnolle, 2007).
Visiteur
vidus
en
vol,
-
Observee seulement
mais
aucun
indice de
en
avril 2010
reproduction
plus
avec
au
sud
meridionale (Thimoins de 10 indi-
trouve.
Aigrette sacree Egretta sacra KOTUKU (Emory in Buck 1938, JCT)
Vaste repartition depuis les cotes de l’Ocean Indien jusqu’a la Polynesie, a la Nouvelle-Zelande et aujapon (Mayr & Amadon, 1941). II existe
deux phases de coloration, l’une ou les oiseaux sont uniformement blancs,
1’autre ou ils sont gris. On voit souvent des oiseaux bigarres blanc et gris
qui sont des immatures de la phase blanche dont le plumage entierement
blanc est acquis seulement apres plusieurs annees.
Reproducteur Signalee au debut du XX siecle par Seurat (1903)
decouvrit
qui
egalement un nid contenant une ponte, puis par la WSSE qui
collecta deux specimens (Mayr & Amadon, 1941) et observa trois individus de phase blanche et un de phase grise en avril 1922 (Quayle,
ms). En avril 2010 l’effectif etait estime a plusieurs dizaines d’individus
des deux phases representees a egalite.
e
-
«
»
«
»
Courlis d’Alaska Numenius tahitiensis KTVI, KIVIKIVI ?
(Emory in Buck 1938)
Nicheur dans
restreinte de
l’Alaska, il hiveme essentiellement sur les atolls du Pacifique tropical, depuis les lies Hawai’i jusqu’a
Fidji et au Groupe Pitcairn (van Gils & Wiersman, 1996). Avec un effectif
de l’ordre de 10 000 individus, il est classe comme espece vulnerable
(IUCN, 2010). Il s’agit d’une espece protegee par la reglementation polyune zone
«
»
nesienne.
Migrateur Deux individus furent collectes le 24 avril 1922 par la
WSSE (Stickney, 1943) puis quelques dizaines (dont 6 ensemble) observes
en avril 2010. Temoe pourrait etre un site d’etape migratoire ou d’hivernage, ce que d’autres observations devront preciser.
-
94
N°324 Janvier/Fevrier/Mars
-
2012
Chevalier errant Heteroscelus incanus TOREA ?
(Emory in Buck 1938)
Reproducteur a T extreme nord-est de la Siberie et en Alaska, il
hiverne sur la cote Pacifique du sud de l’Amerique du Nord, mais egalement sur les lies d’une grande partie du Pacifique tropical,
depuis Hawai’i,
jusqu’a la Melanesie et au Groupe Pitcairn (van Gils & Wiersma, 1996).
Migrateur Un specimen collecte le 24 avril 1922 par la WSSE (Stickney, 1943), et Quayle (ms) en observa une petite dizaine. Plusieurs
-
dizaines d’individus furent comptees
en
avril 2010.
Sterne fnligineuse Sterna fuscata KAUEKA
(selon Emory in
Buck 1938)
Occupe les zones tropicales des trois oceans.
En
Polynesie orientale,
elle est nettement mieux representee au nord du 17°S, c’est-a-dire aux lies
de la Ligne et Marquises. Il est cependant vraisemblable que sa presence
Tuamotu soit sous-estimee
(Thibault & Bretagnolle, 2007).
(Seurat, 1934), elle niche en nombre
preciser
considerable », information qui semble avoir ete reprise par Emory (1939)
”the large gray-back tem (tara-ra) are also abundant". C’est probablement egalement 1’origine de la donnee signalee par (Lacan & Mougin, 1974)
dans leur liste des colonies de steme fuligineuse aux Hiamotu. Cependant,
aux
Statut
dans
a
-
son texte sur
Selon
«
la faune de Temoe
publie en 1903, Seurat ne fait pas allu-
l’espece. Plus tard, en avril 1922, la WSSE ne la cite pas non plus
(Quayle ms) et n’a pas collecte de specimen. Aucune steme fuligineuse ne
sion
a
fut observee dans les
annees
1990,
ni
en
2010. Nous pensons
qu’elle n’y a
e
pas niche durant le XX siecle et que c’est encore le cas actuellement. Ce qui
ne doit pas empecher des visiteurs de passer au-dessus de l’atoll.
Steme
huppee Sterna bergii TARARA (JFB; Emory in Buck 1938)
oceans. En Polynesie, elle niche dans un petit
Presente dans les trois
nombre d’Tles de la Societe et surtout des Tuamotu (Thibault & Breta-
gnolle, 2007).
Visiteur
-
[1 individu le 24 avril 1922
dont 1 juvenile sollicitant 1
Deux observations seulement
(WSSE) et au moins 3 ex. en avril 2010
adulte], mais aucune reproduction constatee.
95
($u/le/ui dc la docielv de& Slude& Qceaniennc
Noddi bleu Procelstema cerulea GAGA, GARORA
(Emory in Buck 1938)
Localise aux eaux tropicales et sub-tropicales du Pacifique. En Polynesie, il est present dans chaque archipel, mais bien represente seulement
aux lies Marquises et a Rapa (Thibault & Bretagnolle, 2007).
Reproducteur Une seule observation d’une cinquantaine de
reproducteurs dans les annees 1990. Sa presence serait a confirmer car
-
il n’a pas ete note par la suite.
Noddi brunAnous stolidus GOIO
(Emory in
Buck 1938, JCT)
sub-tropicales, il
occupe tous les archipels de Polynesie et il est vraisemblable que chaque
ile abrite au moins une petite population (Thibault & Bretagnolle, 2007).
Reproducteur Trouve en nombre relativement limite, mais peutPresent dans les
regions oceaniques tropicales
et
-
etre
parce que les visites ont ete faites surtout durant 1’automne austral.
specimens en avril 1922. L’effectif etait estime a 200
La WSSE collecta des
individus dans les
annees
1990. En avril 2010, il comprenait seulement
quelques dizaines d’individus, la reproduction etant etablie cependant sur
deux motu du sud-est de l’atoll.
Noddi noirAnous minutus GOIO ?, KIRIRI ?
(JFB), KIKIRIRI
OCT)
Pacifique. Present dans tous les
plus meridionales (Rapa,
archipels Polynesie,
Marotiri, lies de Paques) (Thibault & Bretagnolle, 2007).
Reproducteur En avril 1902, Seale (ms) Tobserva en petit nomOccupe les
oceans
Atlantique
et
mais absent des des les
de
-
bre. La WSSE collecta des specimens en avril 1922, mais n’apporta pas de
preuve de reproduction. Une cinquantaine d’individus reproducteurs
furent notes dans les
annees
1990. Enfin, il etait
rare en
avril 2010
et sa
reproduction non confirmee.
Gygis alba KOTAKE (Emory in Buck 1938, JCT)
regions oceaniques inter-tropicales, elle est assez bien
Sterne blanche
Habite les
96
N°324 Janvier / Fevrier / Mars
-
repartie sur l’ensemble de la Polynesie, presente dans
(Thibault & Bretagnolle, 2007).
Reproducteur
-
tous les
Seule espece pour laquelle il existe
fossile : des ossements, appartenant peut-etre
une
2012
archipels
donnee sub-
individu, trouves
une sepulture datee entre le XV et le XVU siecle (identification A. Tennyson, E. Conte comm, pers; Conte & Murail, 2004). La WSSE collecta des
reproducteurs en avril 1922, la trouvant eparpillee sur le motu principal,
mais assez abondante a son extremite (sans doute en se
rapprochant des
petits motu du sud-est). Dans les annees 1990, Teffectif des reproducteurs
etait estime a environ 500 individus. En avril 2010, plusieurs centaines de
reproducteurs etaient repartis sur tout l’atoll (20 motu), abondants seulement sur les petits motu du sud-ouest et de l’ouest.
dans
C
au meme
e
Discussion
Composition floristiqne
prospections, la flore de Temoe peut etre consi-
A Tissue des differentes
deree
comme connue
exhaustivement. Elle
se
compose de 29 taxons dont
indigenes, 2 introductions polynesiennes et 12 introductions modemes.
ces demieres, trois n’ont
pas ete retrouvees en 2010 (.Barringtonia
asiatica, Hibiscus tiliaceus subsp. tiliaceus ‘Sterilis’ et Cyanthilium cinereum) tandis que deux autres semblent vouees a Textinction a court ou
moyen terme (PhyUanthus amams et Terminalia catappa). Ce faible nombre d’introductions est du a Tabsence d’occupation permanente puisque
Tatoll n’est plus frequente qu’occasionnellement depuis plus de 50 ans.
Neanmoins, les rares installations temporaires se sont accompagnees d’introductions vegetales: c’est le cas de 4 taxons tous lies a des traces d’occupations recentes: Casmrina equisetifolia subsp. equisetifolia Davallia
solida var. solida, Nephrolepis hirsutida et Portulaca oleracea.
La flore indigene de Temoe apparait ainsi tres pauvre. En effet, a la
15
Parmi
,
lumiere des connaissances actuelles
sur
la flore des atolls des Tuamotu-
Gambier-Pitcaim, il s’agit de Tatoll comportant le plus faible nombre d’especes indigenes (a Texception du petit atoll de Ducie dans le groupe
Pitcairn qui ne comporte que 2 a 4 indigenes). Le Tableau 2 presente ainsi
97
fUti/letui
de la
Society dev &tude& 6cea/ue/uie&
comparatif de la flore de Temoe et d’autres atolls proches dont la flore
est bien connue. Plus a l’ouest, les atolls de Moruroa et Faugataufa comprennent ainsi respectivement 18 et 17 especes indigenes. La flore des 4
atolls des Acteon (Tenararo, Vahanga, Tenarunga, Maturei Vavao) est
constitute, quant a elle, d’un ensemble de 21 especes indigenes tandis que
un
celle des motu coralliens des Gambier
motu des Gambier
en
compte 25. Sans considerer les
qui beneficient d’un apport de plantes particulier du fait
de la proximite d’iles hautes, la pauvrete de la flore de Temoe est le resultat de 1’absence de plusieurs especes indigenes pourtant caracteristiques
de la flore d’atoll plus occidentaux : Cordia subcordata, Digitaria
stenotaphrodes, Guettarda speciosa, Heliotropium anomalum var. anomalum, Ipomoea violacea, Laportea mderalis, Nesogenes euphrasioides
ou encore Pisonia grandis. Cette absence ou disparition s’inscrit dans la
tendance a l’appauvrissement de la flore indigene des atolls observe d’Ouest
en Est dans l’archipel des Tuamotu. Plus a l’Est, l’atoll de Oeno possede le
meme nombre d’especes indigenes meme si ce ne sont pas toutes les
memes. II faut remarquer la presence du grand arbre Pisonia grandis sur
Oeno, alors qu’il est absent de Temoe et des Gambier. Faut-il y voir Pinfluence de l’homme, cet arbre ne supportant pas l’incendie ? Nous ne disposons pas
encore
de suffisamment d’elements pour I’affirmer.
Description de la vegetation
La vegetation de Temoe apparait ainsi marquee par sa composition
floristique tres simplifiee. En effet, les formations indigenes arborescentes
des forets denses de Pandanus tectorius var. tectorius, avec
pieds de Heliotropium foertherianum dans l’etage dominant et
se
limitent
de
rares
a
sous-bois pratiquement inexistant du fait de l’epaisse couverture de
feuilles seches. L’absence de Pisonia grandis et de Guettarda speciosa a
un
indigene limite ainsi considerablement la diversite des formations
vegetales. Des formations arbustives a Heliotropium foertherianum cernent les forets de Pandanus tandis que des fourres quasi-purs de Pemphis
acidula et de Suriana maritima se developpent sur des motu aux substrats particuliers (substrat massif faiblement exonde pour Pemphis ; subsl’etat
trat
98
sableux littoral pour Suriana).
bulletin
Les
Joa'etv des Slades Ocea/iA
de fa
peuplements vegetaux
semblent ainsi tendre
vers
la
monospeci-
flcite avec des formations marquees par l’abondance d’une seule espece
vegetale, ce qui est assez rare sous les tropiques ou le melange constitue
davantage la norme.
L’introduction du cocotier et surtout celles de Giiet-
equisetifolia subsp. equisetifolia ont eu
et vont avoir un impact certain sur la diversification du paysage vegetal de
l’atoll. En effet, les cocoteraies, aujourd’hui largement abandonees, couvrent probablement plus d’un tiers de l’atoll tandis que Guettarda speciosa semble promis a un developpement rapide dans toutes les
formations vegetales preexistantes.
tarda speciosa et de Casuarina
de
I’avifaune
depuis le debut du XX siecle permettent
d’avoir une vision assez precise du peuplement. Une seule espece d’oiseau
terrestre, la marouette fuligineuse, a pu echapper aux observateurs du fait
Composition
e
Les observations realisees
de
ves
releve pas de difference importante entre les reledans la composition de l’avifaune marine, sauf peut-etre pour le fou
sa
discretion. On
ne
masque dont l’accroissement des effectifs parait etre general en Polynesie
depuis le debut du XX siecle (Thibault & Bretagnolle, 2007). Nous ne
e
chercherons pas
a
comparer l’avifaune de Temoe
a
celle de
l’archipel des
Gambier dont les lies hautes etaient peuplees dans le passe par un assembiage beaucoup plus riche d’especes, en raison d’une plus grande diver-
revanche, nous comparons l’avifaune de Temoe a celle
des trois atolls les plus proches (voir pp. 88-89), auxquels nous avons
ajoute deux autres, geographiquement un peu plus eloignes : Oeno dans
le Groupe Pitcairn et Fangataufa (voir p. 68). Seul Maria n’a pas fait l’objet
site des habitats. En
de releve recent. Tous,
a
1’exception de Morane, abritent des populations
polynesiens, au moins sur une partie de leurs terres emergees. Les
etudes archeologiques menees a Temoe n’ont pas apporte beaucoup de
renseignements sur les oiseaux, mais il est vrai que les ossements se
conservent mal sur les lies basses, contrairement aux lies volcaniques ou
aux atolls souleves de la region qui ont revele la presence de nombreux
restes [Henderson : Wragg & Weisler (1994), Wragg (1995) : Gambier :
Worthy & Tennyson (2004), Steadman (2006)].
de rats
100
{$tdletin
de la
Societc des- Sl/ides Ocea/uenne
Oiseaux marins
-
On
distingue cinq especes d’oiseaux marins qui
reproduisent dans toutes les lies (voir pp. 88/89); ce sont des especes
largement repandues dans toute la Polynesie. Puis, deux petrels dont la
repartition est plus contractee, peut-etre a cause d’activites humaines dans
le passe sur certains atolls. Deux stemes (noddi bleu et steme fuligineuse)
ont des sites de reproduction plutot localises aux Tuamotu, et il n’est pas
etonnant qu’elles soient inegalement representees. Il n’est pas certain que
le fou brim se reproduise sur ces lies, situees a la limite sud de son aire
de reproduction. Enfin, la reproduction de la sterne huppee, si elle est
possible, n’a jamais ete etablie sur ces atolls.
Oiseaux terrestres Une seule espece, l’aigrette sacree, habite les
six lies, mais il est vraisemblable que l’ensemble des especes signalees
se
-
dans le Tableau 3 les occupaient toutes, leur extinction pouvant etre attribuee a des activates anthropiques plus ou moins recentes (introduction de
chats, defrichements
par le feu, developpement de la cocoteraie, tirs
thermo-nucleaires dans T atmosphere au-dessus de Fangataufa, etc.). Les
differences entre les especes dans leur presence ou leur absence entre les
six lies refletent leur degre de sensibilite aux facteurs d’extinction, et peutetre leur
capacite
recoloniser
a
plus
ou
moins
rapidement
des localites
d’ou elles ont
est tres
lent,
disparu. On salt que, pour les rousserolles, ce phenomene
necessitant des decennies ou bien davantage (Cibois et al
.,
Mais, il est
presse).
aptitudes,
sous
meilleures
tions
les lies
possible que le becasseau polynesien montre de
compte tenu du nombre non negligeable d’observa-
il
reproduit plus (Pierce & Blanvillain, 2004).
Brooke, (1995b)
fuhgineuses observees
dans les annees I960 et 1990 a Oeno etaient des immigrants reguliers ou
si elles constituaient une population reproductrice stable. Alors que dans
le nord des Tuamotu la plupart des atolls ont une grande superficie et
qu’ils sont proches les uns des autres, dans le sud ils sont disperses et de
faible superficie. Une telle situation accroit les risques d’extinction et
sur
ou
se
ne se
demandait si les marouettes
reduit les chances de (re) colonisation des oiseaux terrestres.
omithologique de Temoe consiste done dans son assemblage
assez diversifie avec au moins neuf especes reproductrices, representees par des effectifs importants pour le petrel de Murphy,
L’interet
d’oiseaux marins
102
N°324 Janvier / Fevrier / Mars 2012
-
espece protegee, et le
paille-en-queue a brins rouges. Pour le premier,
plus grandes colonies en Polynesie frangaise, meme si elle
reste modeste
comparee au Groupe Pitcairn (plus de 250 000 couples
selon Brooke, 1995a). Pour le second, Temoe
represente l’un des sites
majeurs des Tuamotu et du groupe Pitcairn.
c’est l’une des
Les facteurs limitant
Le chat
2010)
sec
a
ete
et il est
a
I’avifaune
Temoe
vraisemblable qu’il
est continu sur
Panuikakao par le
a
observe
en
a
1992,
mais
plus par la suite (1997,
disparu. Comme le passage a pied
les cotes nord et est, entre Tepu
Mootagi (voire
platier, (voir p. 72), on peut imaginer que sa repartition
et
pu y etre continue. Toute cette
partie de Pile est occupee actuellement
seulement
trois
par
especes d’oiseaux marins nichant dans les arbres
(noddi brun, sterne blanche, et fou a pieds rouges sur un seul motu).
Inversement, au moins quatre especes (petrel de Murphy, paille-en-queue
a brins
rouges, fou a pieds rouges, fou masque) se reproduisant pour la
plupart au sol, nichent de Panuikakao a Pakake (voir Figure 2). Si le chat
a effectivement
disparu, on devrait s’attendre a voir la premiere serie de
motu etre recolonisee par les oiseaux nichant au sol. C’est ce
qui se passe
a Panuikakao
qui est relie a Mootagi a pied sec par le platier, avec la presence de
quelques couples de petrel de Murphy.
Il n’y a pas de rat noir (Rattus rattus) a
Temoe, mais le rat polynesien (Rattus exulans) est present sur tous les motu,
particulierement
nombreux sur Tutapu (ou ils ont ete pieges en 2010 afin de determiner
Tespece), sans doute en raison de la presence d’une cocoteraie tres dense
au nord du motu,
Aujourd’hui les activites humaines, pratiquees par des
se
Mangareviens, limitent a la peche sur la pente externe de l’atoll,
quelques tentatives de reprise de la coprahculture et au ramassage occasionnel de poussins de petrel de Murphy et de
paille-en-queue comme
nourriture.
103
bulletin dc' la Society de& &tude& 0icea/ucfmcs
Conclusion
Mesures de conservation
V atoll de Temoe constitue done le temoin d’un atoll
secondarise et
a
la flore et
a
la vegetation
presente ainsi des formations
vegetales
indigene
rares ou
tres peu
encore
peu
diversifiees. II
absentes de la plus
grande
partie des atolls des Tuamotu, telles que des forets pures de Pandanus,
sans Pisonia ou Guettarda. Ainsi, sans qu’aucune espece vegetale patri-
signaler, les formations vegetales de Temoe, en d’autres
mots, les assemblages de plantes, sont remarquables. S’il parait peu raisonnable de vouloir eliminer ou limiter le developpement de Guettarda
speciosa, il semble tout a fait pertinent et opportun d’eradiquer les
quelques pieds de Casuarina equisetifolia var. equisetifolia presents
avant qu’ils ne se developpent trop vigoureusement au sein des formations
vegetales naturellement ouvertes et claires de l’atoll. En effet, 1’invasion
moniale
ne
soit
a
par le Casuarina a ete reportee comme tres preoccupante sur certains
atolls des Tuamotu (Meyer, 2007). Dans le meme ordre d’idee, la vigilance
recommandee, lors d’eventuelles installations futures sur Tile, de ne
pas introduce de nouvelles plantes adventices ou potentiellement envahissantes. Des eradications precoces pourront etre mises en place.
Pour la preservation de l’avifaune, 1’introduction de chats ou de
chiens est evidemment a proscrire. L’eradication des rats polynesiens
meriterait d’etre evaluee, car il serait envisageable d’y transplanter des
becasseaux polynesiens, dans la perspective d’une multiplication de sites
relativement accessibles et gerables pour en controler plus facilement
sera
1’evolution des effectifs.
104
N°324 Janvier / Fevrier / Mars 2012
-
Remerciements
agreable de remercier la Mission archeologique
dirigee par Eric Conte et Pascal Murail et a laquelle
anthropologique
le premier auteur a pu se joindre, ses participants dont Guillaume Molle, doctorant en archeologie ainsi que Kito Mamatui, Philippe Segala, Eric Paeamara et
Simeon. Nous sommes egalement reconnaissants envers Monique Richeton, mairesse des Gambier, Tepano et Helene Paeamara et Bernard Fert pour I'aide logistique, notamment pour les deplacements. Enfin, merci a Elie Poroi pour les
informations qu'il nous a communiquees sur I'Tle Maria, Didier Lequeux du service de I'Urbanisme (SAU) pour I'utilisation de la photographie satellitaire et
Clyde Imada du Bishop Museum de Hawaii pour I'acces aux documents de la
Mangarevan Expedition.
et
-
II
nous
est
de 2010
Jean-Fran^ois Butaud:
botanique polynesienne, Tahiti
Edward K. Saul :Takitumu Conservation Area Project, Rarotonga
Graham M. Wragg : Department of Zoology, Oxford University, Royaume-Uni
Jean-Claude Thibault: Departement Systematique et Evolution,
consultant
en
foresterie et
Museum National d'Histoire
Naturelle, Paris
105
{$ul/etuv de
la
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108
new
records of birds from Henderson island, Picairn
1
Petite histoire du
hasard de
Au
rencontres
logo
avec
de la Societe des Etudes Oceaniennes
des membres de la SEO
ou
des lecteurs du
Bulletin,
on
parfois interroge sur le pourquoi du logo de la Societe des Etudes Oceaniennes et sur
la signification de l’appellation en
langue tahitienne figurant dans le courrier a en-tete de
est
la SEO: Te niu ‘ihi ma’ohi.
De 1’alliance du ti’i
originel
avec
la
plume intemporelle
Ce logo est l’ceuvre de l’artiste Andreas Detdoff. 11 a ete cree a
Pinitiative de Robert Koenig alors president de la SEO, pour Panniversaire le ler janvier 1997 des quatre vingts ans de la Societe
des Etudes Oceaniennes. II
comme en-tete
sait
en
bonne
a
de la SEO dans
place
figure pendant quelques annees
ses correspondances et apparais-
dans le Bulletin de la SEO. Puis
par quel mystere Pusage est revenu a cet autre
des decennies a represente la Societe.
Ce
logo premier est apparu sous la presidence de Paul Moortgat
en
juin 1976
a
on ne
sait
logo, qui pendant
la premiere de couverture du Bulletin n°195- Si
a cote de l’autre les deux
logos un lien de
l’on examine Pun
parente s’impose. Dans celui de Dettloff on
associe
adresse
et
note
humour une main tatouee
que l’artiste
a
diligente
porte-plume en mouvement, le detoumant ainsi de
son emploi originel.
Ce ti’i est la transposition stylisee d’un motif fascinant compoavec
et
au
ti’i devenu
sant un
chasse-mouches
Pepoque du Contact'.
Part polynesien 2
tres ouvrage, en usage a Tahiti a
11 s’inscrlt done tout naturellement dans
.
1
Une
photo de lo poignee figure dons Pouvmge«Oceanie et Austrolie, Part de la Mer du Sud»par A. Biihler,
Mountford, editions Albin Michel, Paris 1962 (p.146).
T. Barrow et Ch. P.
2
On releve
Viri
avec
interet
Taimana, a realise
Louis Bonno alors
en
en
2™ e
qu'un eleve du Centre des Metiers d'Art que conduit avec beaucoup d'allant
une copie interessante de ce manche de chasse-mouches aux li'i. II
s'agit de
2006
annee.
109
bulletin
da la
Socicla da& &lude& Gceaniaruies
representation de Janus les deux figurines a caractere anthropien, sont opposees dos a dos en position semi-accroupie ; les bras
sont inflechis sur le ventre et le nombril est saillant; la tete triangulaire,
Telle une
simplifies a l’extreme presente deux curieuses protuberances
aux
traits
sur
le haut du front. Cette
oeuvre
enigmatique,
tres apuree
laisse
a
pen-
allegorie plutot qu’a un embleme figuratif. Pouriant ne cherchons pas aujourd’hui dans cette image de ti’i une supposee fonction
de gardien du temple ou 1’evocation d’un pouvoir de chef. Arretonsnous plus simplement a cette pose hieratique du ti’i ; le personnage
dans sa placidite parart traverser le temps plutot qu’en etre le jouet;
c’est sans doute la une forme de sagesse qu’il propose a chacun.
ser a une
De
hommes
est
jours les bois parlants
nos
desormais soumise
au
sont morts. La communication
des
bon vouloir de media souverains; ils sont habiles a
diffuser un discours haut en couleur que va retenir
manier les images ondoyantes et a
l’esprit. Regardons autour de nous, les fils de pub comme la mouvance pohtique ont elu
pour se faire connaitre, pour se faire reconnaitre, des vocables qui claquent et qui sonnent fort; il est souvent question du Peuple toujours souverain dans l’absolu sauf dans la
pensee de celui qui le dirige ; un peuple toujours indigene, je veux dire ma’ohi. Meme
une Eglise s’est convertie recemment au jeu des mots qui parlent, pour dire peu.
Te niu ‘ihi ma’ohi
Le lecteur
avec cette
aura
note aussi
signaletique
avoir cherche mais
En
reo
en
vain
tahiti, le vocable
servait autrefois
dans la symbolique qui
de quatre mots
comme
qui
en
en
etait
te niu est
le
langue
son
nom
occupe, l’association du logotype
tahitienne Te niu ‘ihi ma’ohi. J’avoue
nous
auteur
au
sein de la SEO.
generique du cocotier,
base de construction du
fare,
d’oii
materiau dont
son sens
on se
extensif de /fonda-
premier rang d’un ouvrage/.
L’acception du terme ihi forme erodee du prototype kihi pourrait etre /sage, arise, adroit/.
Enfin nul n’ignore que la Societe des Etudes Oceaniennes est une rieille institution indigene, c’est-a-dire stricto sensu ma’ohi /qui est du pays meme, qui en est originaire/.
tion de
’
Alors
pourquoi avoir
mis
en
exergue Te niu ‘ihi ma’ohi ?
appellation des termes Societe et
Peut-etre etait-ce pour attenuer l’austere
ment pour faire savoir plus largement la
Etudes,
sure-
place occupee par la SEO dans le paysage culturel du Pays, sans doute aussi campee la comme une antienne stimulante pour ceux qui
ceuvrent, a ne pas devenir le jouet du temps.
Constant Guehennec
110
Publications
Societe
des
Etudes Oceaniennes
de la societe/Archives Territoriales de
Tipaerui
2 000 FCP
17 €
2 000 FCP
20 €
2 000 FCP
20 €
2 000 FCP
20 €
1 000 FCP
10 €
2 000 FCP
20 €
1 200 FCP
13 €
Mai’arii Cadousteau
1 500 FCP
15 €
Papatumu Archeologie
1 200 FCP
13 €
1 200 FCP
13 €
2 200 FCP
20 €
2 000 FCP
20 €
2 500 FCP
24 €
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a
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Chefs
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N° ISSN: 0373-8957
Imprime a Tahiti par Timprimerie STP Multipress
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SOMMAIRE
DE LA
DU
SOCIETE
BULLETIN
DES
N°324,
ETUDES OCEANIENNES
:
Jean Guiart analyse les moyens qui ont permis
aux Oceaniens d’explorer puis de coloniser les
Ties du Pacifiques (invention des pirogues aux
coques multiples, du propulseur, du percoir a
archet, des poteries, des Ties artificielles et des
•
jardins suspendus)
chronologie.
•
et en
propose
Reunissant les informations
une
nouvelle
historiques
et
d'ornitho-
equipe de botanistes
par Jean-Fran^ois Buteaud et
logues,
Jean-Claude Thibault, fait l’inventaire des plantes
actuelles,
une
et
menee
et
des oiseaux de Temoe dans
Gambier.
N° ISSN: 0373-8957
l’archipel
des
Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 324