B987352101_PFP3_2011_321.pdf
- Texte
-
Bulletin de la Societe
des Etudes Oceaniennes
Societe
Fondee
LE
1 er
JANVIER
1917
Polynesie frangaise, Tipaerui
do Service des Archives de
110, 98713 Papeete, Polynesie frangaise Tel. 41 96 03 Fax 41 96 04
e-mail: seo@archives.gov.pf web : etudes-oceaniennes.com web : seo.pf
•
B.P.
•
Oceaniennes
Etudes
des
-
•
•
Banque de Polynesie, compte n°12149 06744 19472002015
CCP Papeete, compte n°14168 00001 8348508J068 78
Composition
Conseil d'Administration 2011
du
Presidente
Mme Simone Grand
M. Fasan Chong
63
dit
Vice-President
Jean Kape
Secretaire
M. Michel Bailleul
Mme Moetu Coulon-Tonarelli
Secretaire-adjointe
Tresorier
M. Yves Babin
Tresorier-adjoint
M. Pierre Romain
Administrateurs
M. Christian Beslu
•
M. Constant Guehennec
Mme Eliane Hallais Noble-Demay
M. Robert Koenig
•
M. Daniel Margueron
Membres Correspondants
M. Bernard Salvat
<
M. Darrell! Tryon
Membre d'Honneur
M. Raymond Vanaga Pietri
Bulletin
de la Societe
des Etudes oceaniennes
(Polynesie orientale)
N°321
Janvier /Avril 2011
-
Sommaire
Avant-propos
La mission d’Edouard Raoul
en
1887
a
Oceanie dans le temps missionnaire
Compte-rendu de missions dans l’archipel de la Societe ainsi
en
Ancres, poids de peche ou
en
p.
6
-
qu’a Rurutu et aux lies Cook
p. 21
Presente par Constant Guehennec
recueilb
4
botanique, photographie et colonisation
Tahiti:
Vaki Gleizal
Voyage
p.
mibeu marin
a
ex-voto
de
Ua Pou
(lies Marquises)
tortue ? Un nouveau
type d’objet hthique ancien
p. 45
Jean-Louis Candelot
Pierre, Andre et Vahine
Daniel
p. 65
Margueron
Mauvais traitement de la tradition orale
en
ethnologie
Jean-Marc Pambrun
p. 72
Hommage a Jean-Marc Pambrun
Eliane Hallais Noble-Demay
p. 88
Espace Debat
A propos du Rapport fait...
par la commission des cultures en 1865
p- 95
Simone Grand
A propos d 'Un silence assourdissant de Robert
Koenig
:
qui rend sourd
Veronique Mu, directrice du Musee de Tahiti et des lies
et Pierre Morillon, chef du service des Archives
Un silence
A propos de la descendance
Dr Lolita Schutz-Ahnne
P- 101
d’Edouard Ahnne
P-105
Avant-propos
Cher membre, cher lecteur,
Ce
de
premier numero de l’annee arrive un peu tard et nous vous prions
nous en excuser.
Notre societe
se trouve traversee par des tensions
portant sur plude
son
fonctionnement.
Les
seront
l’occasion
aspects
ajustements
d’une amelioration de l’ensemble et en particulier de la distribution des
sieurs
bulletins, operation
pour 1’heure
encore source
de
beaucoup de desagre-
ments.
Dans le
botanique,
present BSEO, decouvrons le regard de Vaki Gleizal
la
photographie
d’Edouard Raoul
en
et
la colonisation
a
partir de la
sur
la
mission
1887.
Introduits par Constant
Guehennec, interessons-nous aux ecrits missionnaires impregnes de la superiorite de leur pensee sur celle des insulaires. Transforme par le prisme de leur regard singulier, ils nous offrent
un
fascinant discours
gleterre
ete
sur une
du XVIIIe siecle
realite humaine autre, revelant ainsi l’Anobsessions. L’orthographe de l’epoque a
avec ses
respectee.
Rencontrons Jean-Louis Candelot
le dans
1’analyse d’objets lithiques
en
Saluons Jean-Marc Pambrun et
autorise et accueillons
ethnologique
Noble-Demay.
4
aux
Marquises
et
accompagnons-
forme de tortue.
analyse critique d’un discours
Thommage que lui rend Eliane Hallais
son
l’Espace Debat, votre servante interroge les propos des experts
agriculture du milieu du XKe siecle sur les Tahitiens et s’en etonne.
Dans
en
Quant a Veronique Mu, directrice du Musee de Tahiti et des lies et a Pierre
Morillon, chef du service des Archives, dans Un silence qui rend sourd,
ils retablissent
une
verite mise
a
mal par Robert Koenig
au
precedent
numero.
Notre prochaine assemblee generale aura lieu le 17 juin avec pour
ordre du jour: le bilan moral suivi du compte de tresorerie, du projet de
budget et des questions diverses. Venez nombreux et si vous ne pouvez
vous
joindre
Ainsi
nous
a
nous, merci de
n’aurons pas
Par souci
a
d’orthodoxie,
tenir l’Assemblee
generale
nous
envoyer
revenir la semaine
une
procuration
en
fevrier
au
blanc.
d’apres.
votre conseil d’administration
2012
en
plus
s’engage
a
tard.
Bonne lecture
Simone Grand
5
La mission d’Edouard Raoul
1887
en
a
Tahiti:
botanique, photographic
et
Le XKe siecle est
a
colonisation
la fois le siecle de la multiplication des
entreprises
Daguerre
coloniales et de l’invention de la photographie. La decouverte de
est annoncee en France a
attendre les
annees
l’Academie des sciences
I860 pour que les moissons
en
1839 mais il faut
d’images rapportees pro-
jettent dans les societes occidentales une vision plus precise de la diversite du monde. Toutefois l’apparition du daguerreotype va susciter diverses
prises de positions parmi les voyageurs, ecrivains et historiens de
l’epoque. Gerard de Nerval est largement hostile puisqu’il trouve que la
photo est un instrument de patience qui s’adresse aux esprits fatigues,
et qui, detruisant les illusions, oppose a chaque figure le miroir de la
1
verite ». Plus proche de nous, l’historien Raoul Girardet, a l’affirmation
categorique d’Emile Zola: dorenavant rien n’existera qui n’aura d’abord
ete photographie », apporte une correction qui donne ses limites a la photographie en tant qu’outil historique :
«
«
L’objectif est un ceil sans doute, mais un ceil qui ne s’ouvre que
lorsqu’on le souhaite et comme on l’entend. La realite qu’il restitue n’est
2
pas une realite exhaustive, saisie dans sa globalite
«
.
1
2
Voyage en Orient, in CEuvres completes de Nervol, p. 777.
R. Girardet, Le temps des colonies, Paris, Berger-Levrault, 1979, p.
»
N°321
-
Janvier/Avril
2011
Est-il
significatif qu’au developpement de cette nouvelle technique
qu’est photographie corresponde une nouvelle phase de la colonisation
europeenne ? Precedee par une seconde vague des voyages d’exploration
de Livingstone, Brazza, Burton, Stanley, Dumont d’Urville, elle s’oriente vers
une expansion en direction de
l’Afrique, de l’Asie et de l’Oceanie. La photographie, desormais indissociable de l’expansion militaire et missionnaire,
illustre la chronique de la colonisation. Ainsi si le role de la photographie
dans la construction de l’image de l’Autre, ses rapports complexes avec la
culture coloniale sont aujourd’hui admis, il reste a decouvrir dans quelle
mesure les interets de l’histoire coloniale et de la photographie ont
converge en Polynesie pour satisfaire a la fois la curiosite occidentale et
la
necessite de valoriser le pays colonise ? Comment leur rencontre s’est-elle
a
operee
Taliiti oil
l’imaginaire
de l’Ailleurs avait ete
largement exalte par
la litterature et la peinture ? Une chose est certaine : a travers l’accumulation d’images se lit l’histoire pohtique et sociale de Tahiti, mais egalement se
dessine
une
histoire des mentalites de cette fin de XlXe siecle.
objectifs de la mission d’Edouard Raoul de passage a Tahiti de mai
en partie les hens existants entre la photographie
et Tentreprise coloniale. Au XIXe siecle, les grandes expeditions sont la plupart du temps accompagnees ou suivies par 1’envoi d’ingenieurs, de savanLs
et de naturalistes (Egypte, Algerie), et les principales missions d’exploration et de conquete de l’Afrique noire comprennent toujours un medecin
aux sohdes connaissances botaniques, tels Kirk avec Livingstone ou Ballay
Les
a
octobre 1887 illustrent
avec
ment
Brazza3 A la fin du XIXe
.
conquises
en
Afrique
siecle, les gouvemeurs des colonies
et en Asie
font
egalement appel
a
recem-
des natura-
cartographier les ressources naturehes. Mais
les services rendus a Tentreprise coloniale par la botanique ne se limitent
pas a Tinventaire des produits susceptibles de devenir objet d’exploitation et
de commerce. Des la fin du XVHe siecle, la question du transfert des plantes
d’un point de la planete a un autre devient en enjeu crucial dans la lutte
hstes
charges
d’inventorier et
economique que
3
Voir
a ce
se
livrent les
puissances coloniales.
sujet Christophe Bonneuil, L'empire des plantes, Paris, CNRS, 2004.
7
bulletin
Les
mission. Us etoient deja fort ebranles par ses vives exhortations,
lorsqu’ils
dousa
regurent des lettres du Roi Pomare qui leur exprimoit profonde
revenir
de
aupres
leur sur leur depart, et qui les supplioit avec instance
des
Missi
des
sollicitations
de lui. Vaincus enfin par
pressantes, cinq
rembarquerent pour les lies, dans 1’automne de 1811, et
vinrent rejoindre MM. Hayward et Nott, qu’ils trouverent dans File d’Eisionnaires
meo
se
5
.
Depuis leur retour, le
Roi
ne cessa
de manifester la sincerite de
sa
profession chretienne par la predilection qu’il leur temoignoit publiquement. II
paroissoit
moignoit de jour
connoissance
de
ne se
en
heureux que dans leur societe ; il tedesir plus serieux d’avancer dans la
trouver
jour
l’Evangile;
un
il avoit
sans cesse
de nouvelles
explications
et dans le cours
demander sur les points importans de la foi chretienne;
de I’ete suivant, les Missionnaires eurent l’extreme douceur, de
a
se
croire
regarder comme veritablement converti.
Leur joie fut, bientot apres, accrue par les dispositions que manifestoient plusieurs autres Indigenes, dont toute la conduite sembloit attester
la foi, l’esperance et la charite.
Les fruits du travail des missionnaires a Eimeo devinrent de plus en
autorises
a
le
plus manifestes, pendant les annees 1813
et
1814
en etat de
; en sorte
qu’au
mois
Direc-
demiere annee, ils furent
rapporter
avoient
insulaires
des
le
nombre
abjure le culte des idoles
qui
teurs, que
a
pour se hvrer a celui de Jehovah, s’elevoit cinquante personnes; qu’ils
d’Avril de
cette
aux
recherchoient assidument les moyens de s’instruire; qu’ils pratiquoient
des devotions secretes; que la plupart avoient introduit dans leur famille
l’usage des prieres domestiques et d’une action de grace avant les repas;
du Dimanche; qu’ils paroissoient sentir le beobservoient le
qu’ils
soin du
avoit
5
un
secours
26
qu’il y
changement
Aujourd'hui Moorea
oux
repos
de Dieu pour le renouvellement de leur cceur; et
tres frappant dans leur conduite morale.
huit rodiotions).
-
Eimeo
ou
Aimeo
ou
Aimeho i te rava varu (que Teuira Henry avoit troduit por: Aimeho
N°321 Janvier/Avril 2011
-
Ce rapport lie regardoit que 1’ile
d’Eimeo, parce que les missionnaires
continuoient d’y resider, et que le Roi n’avoit
pas encore pu retablir son autorlte dans Otahiti. Cependant, MM.
Hayward et Nott venoient de faire un
voyage dans les lies de Huaheine, de Raiatea et de Taha ; ils avoient preche 1’Evangile aux Indigenes partout ou ils avoient
pu les rassembler ; et
leur cceur avoit ete rempli de joie
l’interet
et
l’attention soutenue avec
par
laquelle on les avoit ecoutes. « Les Dieux, ecrivoit M. Nott, sont tombes
dans
grand discredit;
le
peuple ne se fait plus scrupule de les appeler
de mauvais esprits, tandis qu’il appelle
Jehovah le Bon Esprit. C’est ainsi
la
sous
main
de
que,
puissante
Dieu, les orages dont cette Eglise naissante
venoit d’etre agitee, ne firent, en
dispersant ses ministres, que repandre la
bonne nouvelle avec plus d’etendue et de rapidite. Nous laisserons mainun
»
tenant les missionnaires reciter eux-memes la suite
leurs
de leurs travaux
et
de
Le 13 Aout
1816, MM. Bicknell, Crook, Davies, Hayward,
Tessier
et
Henry, Nott,
Wilson, adresserent aux Directeurs une lettre dont
nous alloiis extraire les faits les
plus importans:
Notre derniere lettre etoit datee du 5
Septembre 1815. Tout etoit
succes.
«
alors pour
plein de trouble et de confusion. La balance sembloit
partis; Eon avoit encore bien des raisons de craindre
que les fauteurs du paganisme, qui s’etoient armes pour venger la cause
de leurs Dieux, n’obtinssent la victoire, et n’exterminassent, au moins
dans Otahiti et dans Eimeo, tous ceux qui s’etoient declares pour 1’Evangile. Nous proclamames alors, pour le 14 de Juillet, une fete solennelle
d’humiliation, de jeune et de priere. Plusieurs centaines de nos insulaires se joignirent a nous pour implorer, la protection de Celui qui
egale
tient
en sa
main le
cceur
de tous les hommes et le fil de tous les
eve-
invoquames l’Eternel au jour de la detresse, et nous
croire qu’il a prete l’oreille a nos supplications, et que, selon sa
nemens.
osons
nous
entre les
Nous
promesse, il nous a delivres, quoiqu’il ne l’ait point fait sans doute, par
les voies que nous eussions imaginees. »
Apres que tous les Otahitiens qui avoient fait profession du christianisme, furent parvenus, par un effet sensible de la protection divine, a se
refugier dans l’tle d’Eimeo, leurs ennemis se livrerent entr’eux successivement a des guerres d’extermination, jusqu’a ce qu’enfin les derniers
vainqueurs inviterent tous ceux qui ne s’etoient enfuis que pour cause de
27
bulletin
e/c /a
Joc/e/-e
de& (Jfe/e/es
0cea/u<
religion a rentrer dans leurs foyers et dans les proprietes qu’on leur avoit
ravies. Cependant, comme cette reinstallation exigeoit, d’apres d’anciens
les emigres en possession de
usages, que le roi vint en personne remettre
ses sujets exiles, se mirent
et
tous
leurs biens, il en resulta que Pomare,
ensemble en mouvement pour retourner a Tahiti. Lorsqu’il approchoit de
He, il vit sur la plage les partisans de l’idolatrie rassembles en armes
ses canots furent
pour s’opposer a son debarquement, et meme des que
a portee, on fit feu sur les gens de son parti.
son
Pomare defendit
aux
siens de
repondre
a
cette
attaque
; il fit faire
les conferences s’enaupres des rebelles un message de reconciliation ;
dans leurs
rentrerent
gagerent; Ton traita la paix et bientot les fugitifs
foyers. Nous etions demeures a Eimeo.
Cependant, Ton ne tarda pas a voir
que cette apparente reconciliales animosites. Le dimanche, 12
tion n’avoit pas etouffe les defiances
Novembre 1815 pendant que Pomare et
et
peuple etoient rassembles
contre eux l’attaque la
pour le culte de ce jour, les idolatres dirigerent
plus furieuse et la plus inattendue. Leur prophete leur avoit promis une
victoire facile ; mais ils furent bien
son
trompes dans leur attente. Avant que
insulaires quittassent Eimeo, nous les avions prevenus de la probabilite de quelque trahison de ce genre ; en sorte qu’ils ne se rendoient
au culte sans etre bien armes. Le premier choc les jeta d’abord dans
nos
point
une
aux
ils firent face
espece de trouble ; mais ils se furent bientot reconnus,
ennemis et l’engagement devint furieux. Comme on combattoit dans
bois, ils n’en vinrent pas tous aussitot aux mains, en sorte que
ceux qui en eurent le temps se jeterent a genoux criant a Jehovah,
les
suppliant de soutenir sa cause contre les idoles des Parens.
Le chef de Papara principal appui des idolatres, fut tue des le
6
tous
et
le
com-
,
mencement du
combat; cette mort mit le trouble dans leurs rangs, et le parti
du roi remporta bientot une victoire complete. Cependant, les vaincus furent
traites avec beaucoup de douceur et de moderation ; Pomare defendit ex-
pressement qu’on les poursumt,
d’egards
6
Upufaro
28
et
voulut qu’on traitat
les femmes et les enfans. Il fut
parfaitement
avec
beaucoup
obei; les proprietes
N°321
-
Janvier/Avril 2011
des vaincus furent respectees, leurs morts furent ensevelis avec decence, contre l’usage barbare du pays, et le corps du chef de Papara fut envoye dans sa province, pour y recevoir les honneurs de la
meme
sepulture.
plus heureux sur
l’esprit des idolatres. Ils declarerent unanimement qu’ils n’avoient plus de
confiance en des Dieux qui les avoient
trompes, et qu’ils etoient maintenant disposes a recevoir une
religion qui se distinguoit si fort par son esde
douceur
et
de pardon. Le soir de la bataille, tous ceux
prit d’humanite,
qui professoient le christianisme se rassemblerent, pour rendre a Jehovah leurs actions de graces; et l’on vit meme, au milieu
d’eux, plusieurs
des hommes qui, jusqu’alors s’etoient montres les
plus ardens a soutenir
Ces evenemens et cette conduite eurent l’effet le
la
cause
des idoles.
Des
peu pres semblables ont fait triompher, dans les lies
de la Societe, la cause de l’Evangile. Tapa, leur
principal chef et l’un des
evenemens a
plus ardens propagateurs
s’etoient
armes contre
douceur
et
de
l’Evangile, ayant
les Chretiens
vaincu les rebelles
qui
conduite
lui,
pleine de
de sagesse a produit les memes effets a Raiatea que celle de
Pomare a Tahiti... Les chefs de Borabora nous ont fait
supplier de leur enet contre
sa
quelqu’un de nous, pour les instruire, et Mai, le plus puissant
d’entr’eux, nous a ecrit une lettre, ou il nous represente que Jesus-Christ
et ses Apotres n’ont pas borne leur ministere a une seule ville ou a un
voyer
seul pays.
Nos ecoles prospererent:
plusieurs centaines de nos ecoliers se sont
repandus dans les lies voisines, et Ton accourt a eux, pour apprendre a
Hre et a ecrire. Nous comptons deja plus de 3000 personnes qui possedent des
livres,
Nous
remis
ses
etat d’en
faire usage.
envoyons incluse une lettre du Roi Pomare qui nous a
idoles, en nous laissant le choix de les detruire ou de vous les
et
qui
sont
en
vous
envoyer.
Le lecteur prendra plaisir,
sans
doute, a Hre ici les premiers passages
de cette lettre. Elle est datee du 19 Fevrier 1816.
«
Amis, puissiez-vous etre sauves par Jehovah et Jesus-Christ,
veur! Voila
notre Sau-
j’avois a vous dire, mes amis. Je desire que vous envoyez mes idoles en Angleterre pour la Societe des Missions afin que les
ce
que
29
QSidlcti/i
dociete de# Slade# Oiceanieruie&
l
de la
C’etaient
Anglais puissent connoitre les Dieux qu’on adoroit a Tahiti.
les idoles de ma famille, depuis le temps de Taaroamanahune, Maintenant qu’on m’a fait connoitre le vrai Dieu, Jehovah il est Mon Dieu...»
Les idoles de Pomare furent d’abord envoyees a la Nouvelle-Galles,
—
d’ou M. Marsden
a
du les faire passer en
Angleterre, pour le Musee Bri-
tannique.
digne missionnaire au secretaire de la Sosatisciete, en date du 31 Octobre 1816, j’ai maintenant Tinexprimable
Ces
Otahitienne.
1’idolatrie
de
les
faction de vous envoyer
depouilles
«
ecrit
J’ai maintenant,
idoles
fait,
sont
etendues
en
pour
venir
a
ce
sur ma
table,
et
reellement,
il faut l’evidence du
croire que des etres humains aient pu mettre leur
pareilles images, et leur immoler des hommes en sacrilice de propitiation... Que d’heures d’angoisse j’ai passees, lorsque
confiance
en
de
la
!
j’ai vu cette mission menacee d’une ruine totale Aussi, joie que
desire cemes
de
toutes
au
dessus
Je
expressions.
j’eprouve est-elle
un systeme d’inlies
les
dans
pendant encore qu’on puisse organiser
des
dustrie, et que la Societe puisse parvenir, sans retard, a remplir par
occupations utiles, les dangereux loisirs de nos nouveaux convertis.
»
longtemps occupes de la
d’un vaisseau qu’on destine a porter l’Evangile dans les ties
Le Roi Pomare et les missionnaires ont ete
construction
voisines, et a faciliter des relations commerciales avec la colonie
de la Nou-
velle-Galles. M. Marsden avoit envoye sur YActif un M. Nicholson pour en
10 Decembre
diriger la construction et pour le commander ensuite. Le
1817,
on a
profite de l’equipage de YActifpour lancer a la mer le nouveau
1
voulu qu’on lui donnat le nom de Haweis
Void le sommaire des resultats de cette mission, tel que la Societe
de Londres le presentoit deja dans son rapport a l’assemblee generate
batiment,
et Pomare
du 13 Mai 1819
1
7
°
a
.
:
Subversion totale de l’idolatrie des sacrifices humains, et de plusieurs autres rites abominables chez les habitans d’Otaliiti et de 8
autres ties, dans lesquelles le christianisme vient d’etre introduit.
Note de I'auteur du texte: Le Reverend Docteur Haweis etoit
en
Angleterre I'un des amis les plus zeles des
recu une lettre naive et pieuse
missions de la mer du Sud. II est mort I'annee derniere peu de jours apres avoir
Otahitienne.
que Pomare lui avoit ecrite en langue
30
N°321 Janvier/Avril 2011
-
2° Abolition de
et
l’infanticide, de l’usage d’abandonner les infirmes,
8
nommee
Arreoy qui se distinguoit par sa
de l’association
,
barbarie.
3° Abolition de la coutume
batailles,
et
d’egorger les prisonniers faits dans les
grande
esperance de voir eteint pour toujours le
de la guerre.
4° Accroissement de la population
qui diminuoit depuis
fleau
meme
plusieurs
grande rapidite.
5° Reforme generate dans les moeurs et dans les habitudes sociales.
Les scenes scandaleuses, par
exemple, qui jadis se renouveloient
au
de
debarquement chaque navire Europeen, ont aujourd’hui
completement cesse.
6° Etabhssement des rapports
domestiques, autrefois inconnus. Les
femmes, nagueres les esclaves de leurs maris, sont maintenant
annees avec une
leurs compagnes.
7° Profession universelle de la Religion Chretienne,
profession qui
paroit sincere
de la part du plus grand nombre.
8° Erection, des la fin de 1817, de 67 edifices consacres au culte
public dans la seule ile d’Otahiti, de 20 autres dans Pile d’Eimeo, et d’un grand nombre d’autres dans le reste de cet archi-
pel.
9° Introduction d’un culte domestique dans la plupart des families.
10° Habitude presque generate d’observer le
jour du sabbat, et de
suivre les exercices du culte public, non seulement en ce
jour la,
mais aussi dans le
Ou
comptoit deja,
vers
cours
de la semaine.
le commencement de 1818
plus de
5 000 de
insulaires qui savent lire dans leur propre langue, les choses
magnifiques de Dieu. Le dernier rapport en compte 6 000 et Ton estime
ces
qu’avant
peu
ce
nombre
meme aura
double.
Nous rangerons maintenant
cipales,
ce
qui
nous reste a
sous
dire
les chefs des quatre stations prinl’etat actuel de cette admirable
sur
mission.
8
Lire: Arioi de la confrerie du
meme nom.
31
(Sitf/c/vi
dc fa
Jodele- de>s Stadcs 0.cea/ue/i/ics
9
lies de
Les
George
lies de George
mination
guer.
—
sont souvent
confondues
sons une meme
dino-
celles de la Societe; mais il est plus exact de les en distin10
Les quatre principals de ces lies sont Otahiti, Eimeo, Tetaroa
avec
Tapuamanu".
et
Otahiti
Nous marquerons a cote du
nom
de chaque missionnaire Fannie de
premiere arrivie.
sa
lie de 39 lieues de tour, nommie la Reine de l’Ocian Pacilique, divisie en deux presqu’iles et presentant l’aspect d’un verger continu dans
un
printemps perpetuel.
(1796), W.P. Crook (1796), Samuel Tessier (1800),
(1800), Robert Bourne (1816), Missionnaires.
Henri Bicknel
Charles Wilson
Les Missionnaires font chaque Dimanche deux services
deux
en
Tahitien. Outre
ces
offices les Missionnaires
et
en
Anglais et
les naturels
se ras-
semblent separement pour la priere au lever du soleil. Le soir du Dimanche est consacre a l’instruction des enfans. Tous les Lundis au soir,
aux
on tient des conferences ou les Otahitiens proposent des questions
Missionnaires. L’on tient encore des assemblies de priere tous les Mercredis
au
soir dans les districts d'Eimeo et d’Otahiti. Le
premier Lundi de
chaque mois ainsi que cela se pratique aujourd’hui dans tous les pays
evangeliques, on se rassemble pour demander a Dieu 1’avancement de
missions.
son regne en tous lieux, et plus particulierement le succes des
12
Dans les assemblies des naturels les Ratiras et quelques-uns des anciens
III»
appellation pretait a confusion. II est vroi que Wallis ovait nomme file Tahiti«lie du roi George
atolls des Tuamotu Takaroa et Takapoto,
en I'honneur du roi d'Angleterre mais c'est aussi le nom donne aux
9
Cette
on
trouve aussi
10
Lire: Tetiaroa
des«ties du roi George»aux Shetland du Sud et en Tasmanie.
Lire pour cette Tie rattachee d la commune de Moorea: Tapuai-manu ou Tapuaemanu
d'oiseau».
«empreinte d'oiseau»ou Mai'ao denomination actuelle qui signifie«serre
11
12
Lire:
32
qui signifie joliment
ra'atira, dasse de la societe tahitienne, entre les ari'i au sommet et les manahune
a
la base.
N°321 Janvier / Avril 2011
-
dirigent
pretres
prieres.
religieux et commencent tour
prieres domestiques sont generalement usitees.
Les
Ce fut
les exercices
tour
a
les
Juin 1817 que la premiere imprimerie fut etablie a Eimeo;
(car on avoit jusque la fait imprimer a la Nouvelle-Galles tous les Abecedaires, les Catechismes et les fragmens de la Bible qu’on avoit repandus.)
en
Le Roi Pomare
sorties. On
a
a voulu
composer lui-meme les premieres pages
d’abord traduit et distribue que l’Evangile de Luc,
qui en sont
quelques
avec
parties detachees de l’Ancien Testament et des Actes des Apotres.
Mais
on
maintenant dans la traduction de l’Ancien et du Nouveau Testament.
avance
«Ils comprennent l’Evangile de Luc, ecrit M. Crook, beaucoup mieux
que ne le fait le commun des Chretiens dans notre pays; et si vous leur
parlez de quelque sujet qui s’y trouve traite, ils savent aussitot vous en
indiquer la place et vous expliquer avec beaucoup de justesse le sens
de ce passage. Le gout de la lecture y devient de plus en plus general,
(ecrit encore M. Milne de Malacca). La premiere edition de TEvangile
de Luc s’est promptement ecoulee (a trois gallons d’huile de coco
l’exemplaire. On estime que dix jours sufflroient pour epuiser une edition de 10 000 exemplaires, etc.
»
L’un des
spectacles les plus interessans qu’offre a Otahiti cette grande
revolution, c’est sans contredit l’etabbssement, parmi les naturels euxmemes, d’une Societe auxibaire de missions. C’est le Roi qui la preside.
«
Une Societe vient de
sa
lettre
a
se
former ici
a
Tahiti, ecrivoit-il lui-meme dans
Mr. Haweis. Nous 1’avons formee
en
Mai 1818. Nous
re-
cueillons de l’huile de noix de coco, des pores, du bois de fleches et
du coton, pour servir a propager la Parole de Dieu. Notre affaire est de
vous
notre
envoyer dans votre lieu tout ce que nous avons recueilli: voila
affaire, a present. Les Chefs de Tahiti en ont ete nommes Gou-
verneurs.
Nous
avons
aussi
un
Secretaire et
un
Tresorier.
Quand
elle
procedera dans le meme ordre que la votre alors tout ira bien.
Ce Prince, pour faire oubber tous les temples des idoles et pour pou»
voir rassembler
en un meme
beu les hommes de
son
peuple,
a
fait elever
13
Papoa, dans le district de Pare un immense edibce de 712 pieds de long
sur 54 de large. Toute la magnibcence de Tarclbtecture Otahitienne a ete
a
13
,
Actuellement dans la
commune
d'Arue
33
bulletin
(le la
Society de& &tade& Gceanictuies
deployee dans la construction de ce temple qu’on a nomme Chapelle
Royale des Missions. L’on y a eleve 3 chaires, placees a une assez grande
distance les unes des autres, pour que 3 missionnaires puissent precher
que l’assemblee en soit troublee.
Le mois de Mai 1819 sera sans doute celebre a jamais dans Tahiti par
ceremonies qui viennent d’avoir lieu dans la Chapelle
en meme
les
temps
sans
importantes
Royale, savoir, l’inauguration
meme
de
ce
grand edifice,
la celebration
du premier anniversaire de la Societe des missions, la premiere promuldes lois, et enfin le bapteme du Roi Pomare. Toutes les lettres que
gation
les missionnaires ecrivent
a
cette
occasion, respirent une sainte joie,
et la
plus profonde admiration des voies du Seigneur.
Le jour de l’inauguration fut une fete nationale. Chacun s’etoit revetu
de ses plus beaux habits. Le Roi portoit un vetement blanc, et une natte
tressee lui couvroit les
epaules.
II etoit d’ailleurs chamarre d’ornemens
de belles etoffes
rouges et jaunes. La reine et ses dames s’etoient parees
indigenes; et rien ne troubla l’ordre ni la joie de cette solennite.
grand jour, Ton celebra le premier anniversaire
de la Societe des missions; et Pomare profita de cette reunion extraordinaire de tout son peuple, pour lui proposer un code de lois qu’on avoit
Tous les chefs d’Otahiti,
prepare et qu’on a fonde sur la Parole de Dieu.
d’Eimeo et des lies voisines y adhererent d’une meme voix ; et le peuple
tout entier (au nombre de plus de 6000 hommes) les accepta de meme,
Cette grande assemblee finit
au milieu des plus vives acclamations.
chants religieux.
par une priere, une exhortation et des
Enfin, le Dimanche 16 Mai, une ceremonie bien plus solennelle enle
core rassembla les sujets de Pomare dans la chapelle royale, c’etoit
Le lendemain de
ce
—
bapteme
de
ce
prince.
—
Les missionnaires s’etoient suffisamment
as-
profession chretienne; et lui-meme temoignoit
depuis longtemps un vif desir de recevoir le sacrement du bapteme.
sures
de la sincerite de
sa
Eimeo
Cette ile
a
deux des meilleurs havres de
34
l’Ocean.
(1796), James Hayward (1800), David Darling (1816),
(1816), Missionnaires John Gyles (1817), Cultivateur.
William Henry
George Platt
tout
-
N°321 Janvier/Avril 2011
-
M.
Hayward, parti de
niere est arrive
tablir
une
a
cette
lie
au
commencement de l’annee der-
Portsmouth le 27 Novembre, non seulement afin de rede longs travaux ont fort compromise, mais surtout
sante que
afin de consulter
avec les Directeurs sur les meilleures mesures a
prendre pour la conduite de la mission. L’on a decide qu’on y enverroit un
Surintendant, et qu’on entretiendroit d’ailleurs un agent a Port-Jackson.
M. Threlked
(d’Huaheine) ecrivoit sur les habitans d’Emeo, peu de
jours apres y avoir debarque: II y a dans leur maniere d’etre quelque
chose de tres frappant: rien de rude ; rien d’indecent; rien d’impertinent; et cependant quelque chose de male et de prononce.
On parle beaucoup de leurs dons naturels. Ils disoient aux missionnaires qu’avant leur arrivee, les hommes d’Eimeo etoient aveugles De
Trois Yeux, des deux yeux du corps et de l’ceil de l’entendement; c’est-adire qu’ils ne savoient ni bre ni comprendre.
M. Darling, dans une lettre du 23 Septembre 1818 parle de
l’empressement des indigenes a demander les Ecritures. L’Evangile
de St Luc sortoit a peine de la presse qu’ils s’en emparoient avec une
incroyable avidite, sans attendre que nous l’eussions relie. Eux-memes
«
»
«
le reboient ensuite tres proprement avec des peaux de
tant le travail qu’ils nous avoient vu faire. »
Le
vaste
26 Mai 1818, les missionnaires assisterent
a
belier,
en
la dedicace d’une
chapelle, qu’on a construite sur l’emplacement ou la Societe
reoy pratiquoit nagueres
traite des affaires publiques,
ses
rites abominables. C’est la
on
imi-
dite Ar-
qu’apres
avoir
faisoit ruisseler le sang des victimes
humaines.
Quelques
autres lies
Les deux autres Ties de
11
George, Tetaroa et Tapuamanu sont sous
les soins des missionnaires d’Otahiti et d’Eimeo. En 1817, la premiere de
ces Ties avoit deja trois temples.
14
Tetiaroa et Tapuai-manu
,
ouTapuoemanu
35
(bulletin
de /a
docietv des Studes 0ceani\
L’lle Pitcairine 15 habitee
,
le salt par les descendans d’un
Capitaine vient aussi d’attirer Fatten-
comme on
equipage Anglais revolte contre son
tion de la Societe de Londres. Les Directeurs ont adresse dernierement
vieux John Adams
de
hturgies
et
une
lettre affectueuse
de Bibles. On espere
avec un secours
meme
au
d’abecedaires,
pouvoir bientot y envoyer
un
Missionnaire.
Les lies Paumotu dont la ferocite et les coutumes abominables
proverbe viennent egalement d’abjurer le paganisme,
et professent aujourd’hui la religion chretienne. Ces lies, situees a 30
beues a l’Est d’Otahiti etant bvrees aux horreurs d’une guerre civile, un
grand nombre des habitans vinrent aux lies de George pour y chercher un
asile et participerent a la revolution qui venoit de s’operer dans les sentimens rebgieux des Otahitiens. A leur retour dans leurs foyers plusieurs
etoient passees
d’entr’eux
en
et surtout
Mourea, jeune homme tres pieux qui savoit bre le Ta-
hitien, s’efforcerent de communiquer
a
leurs
compatriotes
la connois-
grands que tous les districts ont
abjure le paganisme, a Fexception cependant de celui ou Mourea est ne.
D’aibeurs, on rapporte que trois Ratiras (ou chefs de province) Otahitiens tous les trois distingues par leur piete, travaibent a se construire
de larges pirogues pour aber proclamer la bonne nouvebe dans quelques
sance
du vrai Dieu. Leurs
succes ont ete
si
lies voisines.
Huaheine
possede deux excebens ports
John Davies (1800), Henri Nott (1796), Charles Barf (1816), Wbbam Ellis (1816), J.-M. Orsmond (1816), Missionnaires.
A Huaheine, la version des 4 Evangiles, cebe des Actes et cebe des
Psaumes sont enfin terminees. La premiere edition de FEvangbe de Luc
etant epuisee, FEvangbe de Matthieu doit etre sous presse. Celui de St.
Jean et les Actes seront imprimes a Tahiti. L’on a pubbe d’aibeurs un recueil de cantiques en langue tahitienne.
Cette lie
15
Pitcairn
une
du Capricorne
36
refugia Fletcher Christian et les mutins de la Bounty-e st situee sous le tropique
Sud-est de I'archipel des Gambier, a mi-distance entre Tahiti et Rapa Nui.
tie haute oil se
au
N°321 Janvier/Avril 2011
-
«
Si
nous
assez
nous
nous
de
avions ici 50 Missionnaires ecrit Mr.
Orsmond,
nous avons
pour les occuper tous. Les naturels des lies voisines
tendent les mains et nous crient: Envoyez-nous des hommes qui
temples
instruisent...»
Raiatea
Lancelot-Ed. Threlkeld
Les habitans de cette
(1816) John Wiliams (1816), Missionnaires.
lie, jaloux de montrer aussi leur foi par leurs
organise de leur propre mouvement une Societe de Missions.
Deux mille insulaires, nagueres idolatres, chantant d’une meme voix les
louanges de Jesus-Christ, presentoient aux Missionnaires un spectacle delicieux. Monsieur Orsmond ouvrit la seance par un petit discours, dans
lequel il rappela les horribles assemblies qui se tenoient autrefois sous
I’influence des faux Dieux. Apres lui, Tapa, le plus puissant des Chefs de
cette ile, et l’un de ses Chretiens les plus zeles, prononqa lui-meme un disoeuvres
cours
«
ont
d’une veritable
eloquence.
N’oubliez pas, s’ecrioit
-il, ce que nous faisions autrefois en faveur de
peuples; offrez avec joie ce
nos
idoles. Instruisez done aussi d’autres
que
vous
de
ceux
possedez
qui
rirent par le
que
ter
vous
temps que nombre
l’arche de Noe n’y furent point admis et pePrenez done bien garde a vous-memes, de peur
; mais souvenez-vous en meme
travaillerent
deluge.
aussi
vous ne
a
mouriez dans
la bonne nouvelle du salut
Trois autres Chefs
a
parlerent
vos peches, apres avoir fait pordes lies lointaines. »
encore
dans le
meme sens avec
beau-
coup de chaleur.
Cependant, les Missionnaires ont souvent a deplorer dans cette ile les
funestes effets du passage des Europeens et des Americains.
16
Borabora et Marua 17 sont
Les trois autres ties de la Societe, Taha
,
encore sous
16
lire Taho'o
17
lire Maupiti, qui
l’inspection
des Missionnaires d’Huaheine et de Raiatea.
designe de nos jours I'oncienne Mouruo
37
Voyage
en
Oceanie
dans le temps missionnaire
COMPTE-RENDUS DE MISSIONS
aijx Iles Cook et a Rurutu 18
Le rapport annuel et l’avant dernier numero du journal de la Societe
des Missions de Londres contiennent des nouvelles d’un si grand inte«
ret, que
rejouissons d’avoir a les faire connoitre. Quoi de
effet, que d’entendre annoncer tout a coup la conver-
nous nous
plus etonnant,
sion de plusieurs iles
en
tant succes
qu’ont
sauvages a l’Evangile ! Et tel est pourtant l’eclaobtenu les travaux de cette societe. Pour comprendre
la relation suivante, il
sie dans
importe de
se
souvenir
qu’une deputation choi-
de visiter les iles de l’Ocean Paci-
avait ete
sein,
chargee
flque ou la societe a fonde des stations; c’est de cette deputation qu’il
est parle et c’est a elle que s’adressent les missionnaires. De plus il faut
savoir qu’en 1821, M. Williams (missionnaire a Rajatea l’une des iles
son
de la societe) visitant pour sa sante la colonie situee au Sud de la Nou19
velle-Galles, avait, en passant, laisse dans Pile d’Aitutake deux instituteurs
indigenes
Tahitienne,
et une
avec
des
provision
exemplaires d’Evangiles
de livres elementaires dans le
idiome. Deux autres instituteurs de Borabora furent de
18
Extrait du retueil Archives du Christianisme au dix neuvieme siecle,
Archives du Christianisme, chez H. Servier, libraire,
rue
-
septieme annee
meme
-
a
Paris
langue
meme
places
au
Bureau des
de I'Oratoire n°6 Imprimerie de J. Smith,
1824 pages 569 a 573.
Note de la SEO:« Archives du Christianisme»fut fonde
morency n°l6
en
-
rue
Mont-
-
en
1818 par des Protestants de France. Destine
aux
membres de leur eglise ce recueil periodique servait de lien entre les Protestants de tous pays et rendait
compte des progres du Christianisme dans toutes les parties du monde.
19
Lire Aitutaki, atoll de I'archipel des Cook, a cent cinquante milles dans le nord de I'ile Rarotonga
N°321
dans une autre de
qu’on
ces
eut regu de
en
les visiter
lies peu
connues.
nouvelles,
Deux
ans
-
Janvier/Avril
s’etant ecoules
2011
sans
MM. Williams et Bourne resolurent de
sur le brick 1 ’Endeavour
appartenant aux
chefs des lies Leeward20 Ils partirent le 4 juillet 1823, prenant avec
eux six instituteurs natifs de
Rajatea et membres de cette eglise et de
celle de Tahaa avec leurs femmes, et arriverent le 9 du meme mois. »
s’embarquant
en
.
Lettre de MM. Bourne et
Williams, missionnaires, datee de Rajatea,
11 aout1823.
Chers
freres,
de
gulier
plus importans
succes
Nous
venons vous
nos travaux.
informer de notre retour et du sin-
Le groupe d’iles que
nous avons
visite est des
; il
comprend huit lies, dont quelques-unes sont habitees
quatre
tres-peuplees. Trois ne sont nominees sur aucune carte,
et c’est providentiellement que nous y avons ete conduits.
Quelques-unes
n’avaient jamais vu de vaisseau et les autres n’en avaient point apercu de21
puis le passage du capitaine Cook
et
surtout
.
Nous
le dessein
avons
d’y
en
etabb des instituteurs dans quatre d’entre elles
envoyer encore,
cinq
ou, six, des
qu’un
et avons
batiment y
re-
tournera.
Reception de l’Evangile dans l’ile de Aitutake.
Le premier cri qui vint frapper nos oreilles et dont nous fumes salues
a Aitutake, fut:
Cela va bien a Aitutake, Aitutake a embrasse la bonne parole de Dieu; la parole de Dieu a jete de profondes racines a Aitutake; les
morals sont tous detruits, la varua ino est brulee. C’etaient de pareilles
choses qui se faisaient entendre de chaque canot a notre passage. Comme
nous avions de la peine a les croire, les naturels montraient leurs chapeaux sur leurs tetes, (signes de leur civibsation), pour nous convaincre
de la verite de ce qu’ils disaient, et agitaient leurs bvres en l’air. D’autres
nous suppbaient de les laisser monter sur le vaisseau : nous y admimes
«
»
20
Lire iles-sous-le-vent.
21
Note
explicative de MM Bourne et Williams:«Ce groupe d'iles que nous designons sous le nom d'Tles Horpresente lo carte, est situe ou sud-est des lies de lo Societe, entre le 19° et le 22° degre de
lalit. sud, et les 158° et 160 degres de longit. o.»
vey, le seul que
39
;
Q&uHetui
Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 321