Ia mana te nunaa_Bulletin n°134 F 31 décembre 1985.pdf
- Texte
-
31 Décembre
VE'A NO 134
1985
Éditorial
Taurama
..
p. ')
p. 2
3
9
10
Siège du parti
p. 4
5
6
Congrès de Mahina
p. 7
La chronique du Prince p. 8
T/lUR/lMA 85
EDITORIAL
Déjà la ans ! Le 15 Novembre
1975, sept camarades créaient
la Mana Te Nunaa. Issus de milieux sociaux, d'origine ethnique,
de cultures, de formations différentes, ils décidaient de prendre
le pari d'un socialisme à la couleur du monde maohi, d'un
socialisme basé sur la responsabilité de chaque citoyen. Ce
socialisme, fortement appùyé sur
une dimension. culturelle, misant
sur l'avenir d'une jeunesse émancipée des vieilles recettes du
paternalisme et du clientelisme,
nous y croyons plus que jamais,
aujourd 'hui.
Dans une société organisée, conçue pour le profit d'une minorité .
de privilégiés de la fortune ou '.~:
de la connaissance, où tout se .
mesure à l'aulne du compte
en banque, où la consommation
de biens importés constitue le
veau d'or de notre système économique, seule une perspective
de rupture peut amener un assainissement salutaire.
En dix ans, bien des événements
déroulés en Polynésie
et dans notre environnement.
Dans la proche actualité, l'attitude complaisante du pouvoir socialiste vis-à-vis du régime haitien
de Tonton FLOC doit constituer
pour tous les camarades un sujet
permanent de réflexions. La situation en Kalédonie doit aussi
être analysée en permanence afin
d'en tirer les leeons.
•
se sont
Pour nous, la Mana Te Nunaa, les
la ans du parti ont été fêtés
dignement par l'inauguration officielle du siège acquis à partir
du mois de juillet et par les festivités de Taurama 85. C'est à ce
compte-rendu en images que
nous invitons aujourd'hui les militants.
***
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-e
TAURI/MA 8S UN FRANC
socces
Sortie du Ahimaa
~ Le Secrétaire Général
en pleine action
Le groupe de Moorea
conduit /711r vlauric.: R tn t: 1
._.
//
Sa valeur n'attend point
le nombre des années
Batteur
.-.
Préparation
du lait de coco
Des enfants
de Moorea
de Moorea
UN FRANC
sacces
TAU RAMA 85
Effort sans précédent cette année
pour l'organisation de la fête du
parti: Taurama 85 ; fête anniversaire des 10 ans du parti. Au programme : un énorme tamaraa de
près de 3 000 repas servis, une
après-midi folklorique le 16 novembre consacrée à la présentation des groupes de Papeete,
Moorea, Faaa et Papara, un
sketch politique très apprécié
sur l'ATR, le soir, une marche
sur le feu aussi réussie qu'il y a
deux ans, où près de 500 personnes ont pu contempler
ou
expérimenter
cette étrange et
fascinante pratique polynésienne.
"-'5
,
1
Notons que tous les ingrédients
maa tahiti ont été fournis
gratuitement
par l'ensemble des
comités communaux de toute la
Polynésie.
Des Marquises, des
Australes, des Iles Sous-le-Vent,
des Tuamotu ont afflué vers la
Pointe-Vénus où se préparait le
repas (les taro, les fei, les uru, le
poisson, le cochon), nécessaire à
cette grande entreprise. Le sens
de l'entreprise commune est encore bien vivace dans l'esprit
des Polynésiens.
"....,.
...~-;"'1 du
,'._.
1. Le groupe de FAAA
2. Ici s'est tenue la marche sur
le feu
3. Maison d'artisanat des Austra-
les
4. Discours du Secrétaire Général
5. Chacun attend son tour pour
manger
6. Préparation du poisson
e11./,
7. Le groupe de PAPA RA.
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IICHII T DU SIEGE
décembre 84, notre propriétaire
venait nous voir en disant: «ça y
est, je vous vends l'Immeuble».
Le moment de surprise passé,
il fallut bien se rendre à l'évidence, ce n'était pas une plaisanterie, nous nous trouvions en
face d'un sérieux problème:
ce
que nous caressions comme un
rêve, devenait quelque chose de
concret. Nous étions alors confrontés à un cruel dilemme :
• Si nous n'achetions pas, il fallait s'attendre
dans l'immédiat
et avec un autre propriétaire, à
une augmentation de loyer et à
terme, sans doute, une expulsion .
• Si nous achetions,
l'argent?
Les militants repeignent le ...
Une organisation politique a besoin pour vivre d'un siège. Créé
en 1975, la Mana Te Nunaa
trouvait à se loger en 1977 dans
une pièce au 1er étage d'un immeuble faisant angle entre l'avenue du Commandant Destremeau
et la rue Cook. L'extension des
activités du parti, surtout après
l'élection
de 3 conseillers
à
l'Assemblée Territoriale,
a progressivement nécessité l'occupation de tout le premier étage de
l'immeuble.
Au cours d'une conversation avec
notre propriétaire
avec lequel
nous entretenions
d'excellentes
relations, une boutade jaillit soudain : «Si tu vends ton immeuble, penses à nous! ». Nous plaisantions bien sûr ... il s'agissait
d'un rêve. Quelle ne fut par notre
surprise lorsqu'un beau matin de
où trouver
...premier étage de l'immeuble
Au cours du Congrès de, décembre 84, la proposition fut faite
aux militants. Dans l'enthousiasme, on décida d'acheter
mais
encore fallait-il trouver avant juin
les 12 ,millions d'apport
personnel nécessaire à obtenir l'emprunt de ces millions auprès
d'une banque de la place.
Disons-le tout de suite, la chose
ne fut pas aisée. Comme toutes
les grandes entreprises, il fallut
de la persévérance, de la mobilisation, du temps. Les 4 millions
furent
atteints
en mars, les
8 millions en mai et les 12 millions en juin. Cet argent a été apporté sous forme de «parts» par
les militants les moins démunis.
Chaque «part» était fixée à
400. OOOF et était financée, soit
par des individus, soit par des
comités
communaux.
Certains
camarades se sont endettés pour
financer cette première tranche.
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Fin juin, l'argent de la première
tranche était réuni, le contrat
de prêt signé et les actes notariés
signés, l'immeuble nous appartenait. Restait à régler le financement de la deuxième tranche,
c'est-à-dire le remboursement de
l'emprunt.
Trouver 600. OOOF
par mois n'était pas, là non plus
une chose facile. Et pourtant,
4 mois après, en novembre, nous
y sommes presque arrivés. Financement largement réparti sur les
comités communaux lesquels alimentent leur compte à partir
de fêtes ou de cotisations mensuelles, c'est donc l'ensemble
des militants qui est associé au
financement du siège.
Un beau cadeau pou ries
du parti!
10 ans
Equilibre'
Une entrée du parti remise à neuf
REMISE A NEUF
Tout le monde au travail !
L'immeuble
acquis, le bureau
exécutif décidait d'entreprendre
les premiers travaux d'urgence.
Reprise de la façade côté avenue
du Commandant
Destremeau et
peintures
extérieures
du bâtiment. Le 7 septembre par un
samedi ensoleillé, 30 camarades
se sont donné rendez-vous sur le
chantier où tous les «dlqnitaires»
du parti, élus et responsables,
militants de base de la zone urbaine, retroussèrent les manches
et rendirent en une journée un
aspect nouveau à notre immeuble. Comme il se devait, la couleur dominante était le rouge et
l'immeuble fut baptisé derechef
«Te Fare Ura », c'est-à-dire
la
maison rouge.
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INAUGURATION
Restait à couper officiellement
le ruban, ce qui fut fait le 15 novembre, jou r anniversaire des 10
ans de la fondation du parti. Le
secrétaire général Jacqui DROLLET découvrait la plaque inaugu-.
raie commémorant
l'acquisition
de l'immeuble grâce au financement de tous les militants. Après
dix années d'activités,
peu de
partis politiques peuvent s'enorgueillir d'être logés chez eux.
Même le «Tahoeraa»
qui est
réputé recueillir des millions auprès des capitalistes intéressés à
la poursuite de sa politique n'a
même pas pu offrir à ses militants un siège propre. Il faut dire
que les acquisitions immobilières,
Gaston FLOSSE préfère les faire
pour son propre profit.
Le Secrétaire Général vient de
découvrir la plaque commérno-'
ratùie de l'achat du siège.
Trois des 7 membres fondateurs
de la Mana Te Nunaa
~
Dix ans déjà !
Des idées nouvelles pour changer
notre Société et préparer l'avenir ...
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CONGRES EXTlil/OR DINII/{(E DE MAN/Nil
Vote du Congrès
Une intervention de
militant
Le 26 novembre dans la salle
Omnisport de Mahina s'est tenu
le Congrès extraordinaire du parti convoqué essentiellement pour
désigner les candidats aux élections territoriales dans les différentes circonscriptions de Polynésie.
Le travail de désignation à partir
des comités communaux,
commencé depuis près de deux mois,
a donc été officialisé pour trois
circonscriptions
: les Iles du
Vent, les Iles Sous-le-Vent et les
Tuamotu.
Pour les Marquises,
seule la tête de liste a été choi.sie,
pour les Australes, la consultation des militants n'est pas encore achevée. Le bureau exécutif
de décembre sera chargé par
mandat du Congrès d'officialiser
les deux listes qui sont en souffrance : celle des Marquises et
celle des Australes.
Les règles au niveau des futurs
conseillers territoriaux
ont été
réaffirmées et renforcées:
1°) Signature d'une lettre de démission anticipée pour tous
les candidats;
2°)
Participation à hauteur de
20 % du salaire de l'élu au
parti;
30)
Limitation
du cumul du
mandat à celui de conseiller
territorial,
maire ou conseiller-député
à condition
que le conseiller ne fasse
pas partie de la majorité
auquel cas il devra abandonner un de ses mandats;
4°)
Obligation de s'exprimer à
l'Assemblée Territoriale en
tahitien autant qu'il sera
possible.
Le Congrès a décidé la mise en
place d'une commission financière conduite par le trésorier
général et chargée d'examiner
les modalités de participation
mensuelle de tous les militants
en fonction du revenu de chacun.
Le Congrès commencé à 8H30
s'est achevé à midi pour permettre à tous les participants
d'aller se régaler à la PointeVénus au tamaraa organisé par
Taurama.
***
ce
L'admonestation
publique
de la chambre
basse était à la
merci de la trahison
supplémentaire
d'un
seul mécontent
du
parti du Prince. Le pouvoir chancelait
les mercenaires
qui
peuplaient
les antichambres
du
palais commençaient
à rassembler leurs frusques
en prévision
d'un
rapatriement
précipité.
Il
fallut que le Prince en personne
reprenne
en main ses troupes,
admoneste
les bilieux, menace les
récalcitrants,
satisfasse
les appétits des intéressés,
promette,
rudoie,
concède
pour
que
les
valets, un instant égarés par le
ressentiment,
reviennent
dans le
droit chemin.
Grand émoi dans les antichambres et les officines de la cour.
La fronde
à la chambre basse
s'enflait
avec les premières
bourrasques de la saison des pluies.
Les opposants
au Prince redressant
la tête,
unissaient
leurs
efforts pour adresser une admonestation
publique
au potentat
qui régentait
à sa guise et selon
son humeur
fantasque
le pays
depuis
l'an de grâce 1982.
Il
se trouvait
même au sein de la
chambre basse, certains valets du
Prince
qui s'enhardissant,
laissaient courir en confidence
leur
dépit, agacement
et même exaspération
au sujet des fantaisies
de leur «bienfaiteur»
et de son
acharnement
à les faire plier tous
à ses moindres caprices.
Certains,
sachant
proche
le renouvellement
de
la chambre
basse, sentaient
bien qu'un 'courtisan, proche ou allié du Prince,
serait préféré
à lui. La rancœur
d'une
longue
fidélité
bafouée,
l'approche
de la disgrâce,
déliaient les langues et ouvraient
les cœurs des serviteurs
dy Prin-
Le jour de l'admonestation
publique, le peuple assista stupéfait
au résultat des méthodes
et agissements du Prince à l'endroit
de
ses valets. Tous ceux qui jusqu'alors
étaient,
au sein de la
chambre
basse,
sans voix tels
les muets du sérail, se mirent
soudain
à s'épancher
en éloges
du Prince et de ses bienfaits. Il en
alla de même du renégat baron
VON SPITZ qui, pour se faire
pardonner
du Prince ses entreprises séditieuses,
se vautra avec
veulerie dans la louange la plus
hypocrite
des mérites du Prince
dont il recherchait
pourtant
la
perte quelques
jours
plus tôt.
ce. Il s'en déversait
des flots
d'imprécation,
de fiel et de rancune.
Le plus décidé
des frondeurs,
prêt à trahir la cause du monarque, était sans conteste
le baron
VON SPITZ
Napoléon,
réputé
pour ses traîtrises
et ses bons
mots.
Depuis
de longs
mois
déjà, il caressait le projet de renverser le Prince qui, semble-t-il,
mesurait
par trop parcimonieusement les libéralités
nécessaires
à alimenter
son prestige
dans
sa baronie
des Tuamotu.
Le
baron VON SPITZ avait pourtant
largement
et puissamment
concouru
à l'avènement
du Prince
en 1982 mais depuis de longs
mois déjà il complotait
la déchéance du souverain.
La récente défection
du baron
VON
GRAFF qui rejoignait avec éclat
les. rangs de la ligue lui parut de
natu re à favoriser
son dessein
d'usurpateur.
Craignant toutefois,
malgré tout
les incertitudes
du vote secret,
le Prince interdit
à ses valets de
la chambre
basse de se prononcer sur l'admonestation
publique
présentée
par la ligue. Chacun
resta sagement
figé à sa place
sous l'œil vigilant et sévère du
maître.
Nous en étions
rendus
dans l'histoire
du Royaume
au
point où le Prince se méfiant de
ses propres serviteurs
leur interdit de déposer
dans la boîte
noire le libellé qui scellerait son
sort. Le Prince prenait
peur de
son ombre!
Il engagea avec la ligue, force
pou rparlers et conciliabu les exigeant pour prix de sa trahison
la couronne
et le sceptre du Prin-
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Fait partie de Ia Mana : bulletin de liaison du Ia Mana te nuna'a du 28 février (n° 127) au 31 décembre 1985 (n° 134)