Ia mana te nunaa_Bulletin n°98 FT 12 mai 1983.pdf
- Texte
-
·
1 2· no Me/Mai
.
'Politi-que
La séance du 28 avril
1983 de l'Assemblée Ter-ritoriale
avait bien été préparée
par annonces
successives
d'une
conférence
de
presse
de
Gaston
FLOSSE,
chaque fois reportée,
comme pour ménager le suspense.
De report
en report,
on finirait
bien par être
informé.
Un
autre
événément,
technique
celui-là,
étai t
également
annoncé
à savoir
la
retransmission
de la séance
en direct
à la télévision
et à la radio.
Et de fil
en aiguille
chacun apprit
que le Pré~ident actuel
de l'Assemblée
Territoriale
allait
faire
son discours,
puis
que le
moment
tant
attendu,
l'allocution
de
~~~~~
__~~~~
__~~~~~~~~~~~~~~
Enfin,
un
"débat"
était
semble-t-il'
programmé entre les membres de l'A.T.,
toujours
en direct
bien sûr.
Avec une
telle
publicité
chacun
attendait
avec
impatience
le jour J. Et vint
le jour
J !
Comme une
machine
bien
huilée
la
stratégie
majoritaire
se mit en place et
Gaston FLOSSE pouvait entamer u.n monologue de 45 mn qui en substance
décrivait. la
situation
occasionnée
par
le
passage en Pol ynésie
de 5 cyclones
et
d'une
dépression
tropicale
du 10.12.1982
au 15.04.1983.
Dans le même temps,
il
~~~~~~~~~~~~~~~r~~r~e~c~o~nstruire.
CD
Permanente,
nomination
Comptable.
Conseil de
*
*
on
Sur le financement,
le budget
dé l'ATR
s'élèverait
à
7,100
milliards
de FCP
é
la souscription,
la création
de l'agence
territoriale
de
la reconstruction
(A. T . R. ) ,
* la modification du budget d'équipement de l'exercice
1983, f
* l'octroi
de facilités
bancaires
pour
les entreprises
et les
particuliers
et
enfin,
* l'extension
à la Pol ynésie
de la loi
82600 étendant
les garanties
des entreprises
cl' assurances
aux dommages Gccasion nés par une catastrophe
naturelle.
couverts
essentiellement
par 3 emprunts
à hauteur
de 5,500 milliards
et près de
2 milliards
par rééval uation
de certaines prévisions
de recettes
et majorations
de taxes
parafiscales.
Autrement
di t la solidarité
demandée
allait
être
supportée
par
les
pl us démunis,
non
pas par ceux gui ont les moyens et qui
profitent
du système,
Gaston FLOSSE ne
touchant
pas un seul instant
à ceux qui
détiennent
la
richesse
et
les
hauts
revenus.
De plus,
dans les emprunts,
une avance à moyen terme de 3,5 milliards
auprès
de l' Etat
était
programmée
sans
aucune
garantie
préalable.
Il y a fort
à parier
que le budget
de l'ATR se
situe plus aux alentours
de 3 ou 4 milliards
que 7 milliards - de -FCP.
Sur la modification
du budget extraordinaire de l'exercice
1983 enfin,
un milliard
de
crédits
de
paiements
sont
annulés et près de 600 millions empruntés auprès
de la CCCE (300 millions)
et
de la CPS (250 millions)
cela fait en
tout cinq emprunts,
de pl us de 6 milliards
sur une somme supposée
dégagée
de 8,800 milliards
et des dégats estimés
à près de 17 milliards
de FCP.
Pour les trois
premiers
moyens cités,
"l'effort
global"
selon
l'expression
de
Gaston FLOSSE était évalué à 8,800 milliards
de FCP.
Enfin et pour ce qui concerne la forme
du discours,
Gaston FLOSSE- s'est
longuement apesanti
sur "la nécessité
pour
r ecc ns t r u i r e d'un
effort
de rassemblement et d'unité,
de la mobilisation
de
tous sans arrière-pensée,
d'un
consensus général,
du sens du devoir
et de
la responsabilité".
Devant tant d' insistance
et
la
nécessité
d'une
"pa use
sociale"
chacun se disait
"à situation
exceptionnelle
moyens exceptionnels
!".
Le financement
de l'agence
territoriale
pour la reconstruction
et le remboursement
des
emprunts
à
contracter
(5)
allaient
se
faire
éq ui table ment ,
en
fonction
des revenus
et de la richesse
de chacun
!!!
Cela,
c'était
ni
sur
la
du Directeur
C'est
de la
Gouvernement
procédure
de
et de l'Agent,
compétence
du
nous répondit-
Au plan financier,
les premières
estimations s "élevant
à lb,717
milliards
de
FCP, les moyens dégagés
a n n o nc s ont
été :
le discours.
Vint le débat promis qui n'en fut pas
un puisque
chaque conseiller
ne pouvait
s'exprimer
qu'une
fois, ou pas du tout
selon la largeur
du champ de vision du
Président
de l'A. T .
Une fois de pl us
les élus du peuple
étaient
bafoués par
un homme aux méthodes
qui pourraient
s'apparenter
à la dictature.
Les véritables
révélations
eurent
lieu
l'aprèsmidi, loin de tous les micros ou caméras de télévfsion,
après
le discours
on
allait passer à la réalité.
La réalité
se présenta
sous forme
trois rapports
traitant
de la création
l' ATR, de son financement,
et de
modification
du budget d'équipement
l'exercice
1983.
Sur le principe
fout
le monde
contre,
aucune
fournie
sur la
d'Administration
de
de
la
de
Enfin,
le remboursement
de ces nouveaux
emprunts,
ajoutés
à
la
dette
publiq ue actuelle
ne permettront
pl us
à la Pol ynésie
de développer
ses investissements
productifs,
gages véritables
de notre
indépendance
économique
et
partant,
de
notre
indépendance
tout
court.
!=le la création
de l'ATR
semblait
d'accord.
Par
information
nous
était
composition
du Conseil
et
de sa, Commission
CD
L'Etat
allait
payer
le
resté
Telle
était
la réalité
cours,
la solidarité
oui,
darité sélec;tive.
nous
d i t=-o'n
Ce retour
à l'essentiel,
il 'se fait au
sein des familles
où face à l'épreuve,
les l i e n.s se resserrent,
où chacun comprend mieux so u da i n le prix de -la vie
et le prix de la sol Li c Lt ude des siens.
Il se fait aussi
au sein des communautés comme nous l' av ons vu à la téléVISIon où les habitudes
du travail
collectif,
de
la vie
collective,
parfois
masquées
par
l'individualisme
de
lai
société
de co n sommat i on importée,
r e>:
prennent
vite
leurs
dr o i t s au sein de.
la société polynésienne,
face à l'adversité et à l' ép r e uve . Cette aptitude
à la
solidarité,
au partage,
à la
mise en
commun
des
peines
des
joies,
des
biens,
de l'effort,
constitue
à nos yeux
une
richesse
i ncornpar ab le .
C'est
sur,
~tte
riche~selà
q li' il faut rebâtir.
après
le dismais une soli-
Pour ac.heve r le tout comme pour régler
compte
personnel
et
après
avoir
demandé
une
"pa use
soc i a le " ,
Gaston
FLOSSE allait
supprimer
un
poste
à
l'Inspection
du
Travail,
simplement
parce que .La tê te de cel ui q ur devait
l'occuper
ne lui plaisait
pas !!! C'est
aussi cela la sol i d.ar ité sélective.
un
A1Q)r
s b loq ue-r les saI aires des Co ns ei l
lers de Gouvernement
et Territoriaux
à
leur niveau actuel
pour 1983., c'est
un
peu faire l'aumône
à un pauvre en lui
jettant
uri franc
par la portière
de sa
Mercedes a ux vitres
teintées,
c'est
un
peu comme pour se do n n er bonne co ns+
e rerice mo a s i e.u-r FLOSSE
Quelle d i s t or=
sion. entre le DiSCOURSet la REALITE.
>
C'est
l'évidence.
Il
fi' Y
a de vraie
richesse
que
dans
l' homme.
On
le
redécouvre
aujourd'hui,
dans l'épreuve.
Nous le répétons
tous les jours,
il faut
bâ tir
sur l' homme et non sur l'argent,
l 'argent
ne doit être qu'un
moyen pour
l' homme et
non comme c'est
le cas
a u j our d 'hui
dans une société
pervertie
où l' homme est trop souvent
un moyen
pour l'argent.
Face aux éléments
déchaînés
qui dans·
certains
quartiers
ont a r r ac h le rideau
de verdure
et de fl e ur s qui rnes quai t
la m ie èr e , face à cette
mise à nu de
notre
pa ys,
d.e notre
société,
de nos
carences,
de nos égoismes,
il coriv ena i t
peut-être
de prendre
des mesures extra-:
ordinaires...
Des mesures
qui ne touchent
pas seulement
au matériel,
des
mesures
gui soient
la juste
réponse
à
notre n udi té soudain dévoilée.
é
Nous n'avons
rien
vu
de tel
au niveau
g o-uv e r n enre n ta l ,
Nous espérions
. un
grand
élan
pour
transformer
notre
vie,
pour
entraîner
tout
le monde dans
l'aventure
de la
reconstr uc t.i on ,
un
grand
mouvement
pour
-re dLst r i la uer
les
cartes,
pour
donner enfin un peu pl us de chanêe à
qui en ont eu le moins,
un peu pl us
de dignité à ceux que la société actuelle a o ub l i és , un peu plus de culture,
d'édu.cation
d' humanité
aux
laisséspour-compte
du système...
Nous irnagin Ie n.s q ue c'était
là l'occasion
a sa i s i.r;
po-ur
'changer
profondément
nos attitude s, nos pr j u g s , pour faire
en sorte
que ce ne soient pas toujours
les mêmes
qui gagnent à la loterie de la vie ..•
QU'AVONS-NOUS FAIT D'EXTRAORDINAIRE?
Veeria , ç'est
un. peu
l tocc as-Ion de
faire le point.
Faire le p o in t , s' interroger sur autre
chose que les futilités
ha.b-i t uel Les du q u oti d i e n . Une é-preuve
dé ce genre nou s oblige à nous poser
quelques
questions
es s e n t Le l l e-s
qui
s'estompent
avec le fracas de la vie et
les pr éoc cupa t i e n s matérielles
de plus
en pl us nornbr e u.se.s ~ue nous i mpœs.e le
mode de vie "moderne".
é
é
* * * à*la *Mana
* * * * *
Abonnez.vous
3
Quelle
ordinaire
a
été
réponse
extra-
cette
interrogation
sur nous-mêmes
? .•
notre
extra-
à
ordinaire
*
Nous avons
refusé
de renoncer
à
nos p r t v i l ège s
Nous avons conforté
nos
égolsmes.
En France,
et dans t ous les
pays du monde ...
ou presque ...
chaque
citoyen
donne à la collectivité
en p:::-oport ion de r e qu'il
gagne (de son r e ve
nu) et très souvent
en p r opor t ic n c'e
qu'il
possède
(sa richesse).
Aine" Cf'
France,
les
p I us
for ·une~
donne n"
chaque
année
sous forme d impô t bS t
de leurs
revenus
à la collectivité.
Ce
chiffre
est encore plus élevé dans b i e n
d'autres
pays.
Ainsi,
les c i toy e ns (le
ces pays ont estimé
que lorsque
quelqu'un
a un r ev e n u me o s ue l de ~ millions de francs,
.ci pouvait
d on ne r à la
collectivité
2 millions
en sac han l qu'il
lui
resterait
1 million
pour v i vr e , ce
qui
est
très
largement
supérieur
au
SMIG.
*
Nous avons refusé
cette
so l l dar i té
élémentaire.
Nous avons
préféré
placer
des troncs
et des urnes pour soulager
la co nsc Ie n ce des plus
oches
et susciter
l'élan
des rnoi ns riches
en faveur
des plus
pauvres.
C'est
plus
spectaculaire
et
c es t moins douloureux
que- l'impôt
sur
le revenu.
t
t
au remboursement
de la dette publique,
et
obèrera
de
façon
importante
nos
ca pac i t é.s d'emprunt
pour l'avenir.
*
Nous avons exhorté
les travailleurs
a la modération
et à ]' a us 'érité,
ma i s
nous avons
laissé
les
prix
libres
de
monter.
Au
PL
nom
de
la
lioerté
s t e n r i l'ir
condamne
le s
de
quelques
nous
plus fa i bl e s à voir
se dissoudre
dans
~
Fait partie de Ia Mana : bulletin de liaison du Ia Mana te nuna'a du 20 janvier (n° 93) au 23 juin 1983 (n° 101)