B987352101_PFP1_2011_019.pdf
- Texte
-
CB:
.T.
_
Coil
:
Cote
1 U U V-
PERMOi;,
:
P.&âP/L
U,
OCTOBRE 2011
Te hotu fflasohi
Ramées de littérature
polynésienne
Autochtonie
peuples autochtones
V
.
Littérama’ohi
Publication d'un groupe
d'écrivains de Polynésie française
Directrice de la
publication
Spitz
:
Chantal T.
Farepoiri Motu 'Ara'ara
Pluahine
E-mail
hombo@mail.pf
:
Numéro 19
Tirage
:
/ Septembre 2011
600 exemplaires - Imprimerie : STP Multipress
Mise en page : Backstage
Couverture
Peinture rupestre, grotte
Photo
:
:
4ian’so Te Boulc’h
de Eiaone, Tliva Oa, Marquises Sud
Tupuna et Nuuroa
N° Tahiti lti
:
-
Marie-Hélène Villierme
755900.001
Revue
Littérama’ohi
Ramées
de Littérature
Polynésienne
-
Te Hotu lVla’ohi
-
LISTE DES AUTEURS DE LlTTERAMA’OHl N°19
Patrick AMARU
Marceline APO
Manuela ATURIA
Liliane BABOU
Anne BIHAN
Rahiti BUCHIN
Shirley BUISSON MAIRAU
Steeve CHAILLOUX
Erehia CHAMBO
Abigail MARITERAGI
Chantal MILLAUD
MONAK
Hinanui MOPI
Alice CHATELAIN
Erieta NOBLET
Manutea CHAUVET
Hinatea PAMBRUN
Annie COEROLI-GREEN
Hong-My PHONG
Flora DEVATINE
Odile PURUE
Prunella FEUTI
Jenny RAGIVARU
Morgane FRANQUIN
Natacha GAGNE
Moeata GALENON
Heinarii GRAND
Julien GUE
Manutea REASIN
Chantal T. SPITZ
Régina SUEN KO
Edgar TETAHIOTUPA
Danièle Tao'ahere HELME
Kaulana TAMA
Isidore HIRO
Titi TAUIARII
Ophélie HOCQUARD
Abel TEAHUA
Louise HUARD
Iteone TEAHUTAPU
Ali KHADAOUI
Tenahei TEHURITAUA
Nicolas KURTOVITCH
Aliona LADUS
Karine LEOCADIE
E. TONOHITI
Tuarii TRACQUI
Pamiti TURINA
Athanase VANTCHEV DE TH RACY
Marie-Hélène VILLIERME
Quentin VITASSE
SOMMAIRE
LlTTERAMA’OHl N°19
Septembre 2011
Liste des auteurs
Sommaire
La
revue
Editorial
...
Littérama'ohi
-
Les membres fondateurs
Jimmy M. Ly
:
p.
4
p.
5
p.
7
p.
9
p.
11
14
16
18
Hommage à Jean-Marc Pambrun
Liliane Babou
.-.
Hinatea Pambrun
..;
.
p.
.
Ali Khadaoui
p.
.
Athanase Vantchev de Thracy
p.
DOSSIER
«
Autochtonie et
Peuples autochtones
»
Annie Coéroli-Green
Les
Les
peuples autochtones
peuples autochtones
:
Définition
p.
20 '
25
p.
37
p.
42
p.
59 ‘
p.
66
p.
86
p.
87
p.
89
p.
94
p.
:
Isidore Hiro
Autochtone suivi de Ta'ata Tumu
Natacha
Les
Gagné
peuples autochtones et leurs luttes
Steeve Chailloux
Dire le
temps et l'espace
Flora Devatine
Ecrits et dits autochtones
Régina Suen Ko
Iho tumu
Moeata Galenon
Autochtone
Edgar Tetahiotupa
Des mots et des
Chantal T.
représentations
1
Spitz
Sommes-nous
prêts
*
Création
1. Concours Nouvelles
policières
p.
99
p.
148
Karine Léocadie, Manutea Chauvet, Titi Tauiarii, Prunella Feuti,
Manuela Aturia, Hinanui
Mopi, Tenahei Tehuritaua
2. Poésie
Concours
poèmes sur la paix :
Marceline Apo, Shirley Buisson Mairau, Erehia Chambo, Abigail Mariteragi,
Iteone Teahutapu, E. Tonohiti, Eliane, Dominique, Raihau, Rosa
Concours
poésie salon du livre Ra'iatea : Morgane
Louise Eluard, Kaulana Tama, Quentin Vitasse
Franquin,
Danièle Taoahere Helme,
Flong-My Phong, Odile Purue, Tuari'i Tracqui,
Régina Suen Ko, Heinari'i Grand
3. Textes libres
Pâpâ rü'au
Un secret
p. 171
-
-
Manutea Reasin
Chantal Millaud
'À'amu müto'i huna
-
Collectif
:
Jenny Ragivaru, Erieta Noblet,
Pamiti Turina, Rahiti Buchin, Abel Teahua, Patrick Amaru
Auteurs invités
Anne Bihan
(Nouvelle Calédonie)
postale
Prières et carte
:
(Nouvelle Calédonie)
jouissance
p.
187
p.
190
p.
193
p.
199
p.
224
Nicolas Kurtovitch
Lire est
une
Etudiants de littérature
comparée : King's College de Londres
Ophélie Flocquard
Alice Châtelain, Aliona Ladus,
Julien Gué
précédé de la préface signée Monak
Théâtre à Nu’utania
L'artiste
Marie-Hélène Villierme
Littérama ’ohi
Ramées de littérature Polynésienne
-
La
revue
Littérama'ohi
a
Te Hotn Ma’ohi
-
été fondée par un groupe
polynésiens associés librement
apolitique d'écrivains
:
Patrick Amaru, Michou Chaze, Flora Devatine,
Danièle-Tao'ahere Helme, Marie-Claude
Chantal T. Spitz.
Le titre et les sous-titres de la
jourd'hui
-
-
revue
Teissier-Landgraf, Jimmy M. Ly,
traduisent la société
polynésienne d'au-
:
«Littérama'ohi», pour l'entrée dans le monde littéraire et pour l'affirmation
de son identité,
«Ramées de Littérature
Polynésienne», par référence à la rame de papier, à
pirogue, à sa culture francophone,
«Te Hotu Ma'ohi», signe la création féconde en terre polynésienne,
Fécondité originelle renforcée par le ginseng des caractères chinois intercalés
entre le titre en français et celui en tahitien.
celle de la
-
-
La
-
-
revue a
objectifs
:
originaires de la Polynésie française,
spécificité des auteurs originaires
la Polynésie française dans leur diversité contemporaine,
donner à chaque auteur un espace de publication.
de faire connaître la variété, la richesse et la
de
-
pour
de tisser des liens entre les écrivains
de
Par ailleurs, c'est aussi de faire connaître les différentes facettes de la culture
polynésienne à travers les modes d'expression traditionnels et modernes que sont
la peinture, la sculpture, la gravure, la photographie, le
tatouage, la musique, le
chant, la danse... les travaux de chercheurs, des enseignants...
Et pour en revenir aux premiers .objectifs, c'est avant tout de créer
ment entre écrivains
polynésiens.
un mouve-
Les textes
peuvent être écrits en français, en tahitien, ou dans n'importe quelle
langue occidentale (anglais, espagnol,... ) ou polynésienne (mangarévien,
marquisien, pa'umotu, rapa, rurutu...), et en chinois.
Toutefois, en ce qui concerne les textes en langues étrangères comme pour
ceux en reo ma'ohi, il est recommandé de les
présenter dans la mesure du possible
avec une traduction, ou une version de
compréhension, ou un extrait en langue
française.
autre
Les auteurs sont seuls
responsables de leurs écrits et des opinions émises.
général tous les textes seront admis sous réserve qu'ils respectent la dignité
personne humaine.
En
de la
Invitation
au
prochain numéro
Ecrivains et artistes
cette revue est la vôtre
de réflexion
la
:
polynésiens,
:
littérature,
tout article bio et
biblio-graphique
vous concernant,
l'écriture, sur la langue d’écriture, sur des auteurs,
sur l'édition, sur la traduction, sur l'art, la
danse,... ou sur tout autre sujet concernant la société, la culture, est attendu.
sur
sur
Les membres fondateurs
Editorial
Dossier
: «
Et la
courut enflammant les conversations dans toute la ville. On ne
rumeur
Autochtonie et
Peuples autochtones
»
parlait que du mot presque sacrilège qui a été prononcé. Ne réalisant pas encore
la portée de ce qu'il signifie, les esprits incrédules sont atterrés comme ne
pouvant
y croire. Comment peut-on faire un commentaire aussi à côté de la plaque, pour
utiliser ce mot détestable qu'on n'emploie que pour caractériser des circonstances
ostentatoires de nouveaux vainqueurs. Injuste ? Caricatural ? Péjoratif ? Crime de
lèse majesté ? Voire.
Mais à y bien regarder, il n'y avait pas vraiment matière à se scandaliser. Après
le doute, l'incompréhension, en examinant à tête reposée vient la clarté. En vérité,
les spectacles chorégraphiques pas si éloignées l'un de l'autre n'étaient que deux
façons parmi d'autres de concevoir l'orientation de sa propre culture.
D'une part, on peut aimer celle-ci dans une jolie modernité, soignée au
demeurant, mais peut-être plus « music hall » dans le sens du clinquant, du bravissimo. Ce qui n'exclut pas, et il faut le reconnaître, ni le sérieux, ni la discipline, ni
la rigueur, ni le travail.
De l'autre coté, on peut aussi préférer la deuxième vision d'un spectacle porteur
d'une authenticité plus secrète, plus ambitieuse à rechercher en soi mais qui, pourtant, inclurait aussi le même sérieux, autant de discipline et de rigueur comme de
somme de travail fourni. Et aussi avec le risque à courir, même si minime
peut-être,
de « se planter ».
Des deux voies, quelle est la meilleure et sinon quelle est la vraie ?
Le dilemme a été tranché par un jury mais il est dans une vision plutôt académique en ce sens que son choix ne vaut que pour l'instant. Il récompense les goûts
et les critères du moment mais il montre aussi les différentes directions
vers
les-
quelles tend aujourd'hui la danse polynésienne en tant que spectacle et culture. A
chacun de choisir la sienne.
Alors faut-il
toujours trancher ? Et
un
classement peut-il
conque supériorité artistique ou serait-ce pour récompenser
autre vision de soi-même et donc de nous-mêmes ?
prouver une quella recherche d'une
A moins d'être
aveugle et sourd, tout le monde s'est rendu compte avec fierté
la danse polynésienne est suprêmement vivante et évolutive.
Tout ce mois de Juillet, elle a démontré par rapport à d'autres domaines
artistiques
sa pétulante créativité et son extraordinaire vitalité. Et surtout, ce
qui n'est pas rien
par les temps qui courent, elle ne laisse personne au bord de la route.
Aussi pour en revenir par ce chemin détourné à notre chère littérature mao'hi,
peut-on penser aussi que la création littéraire pourrait être bling bling et être sujet
à polémique ? Bonne question.
Tous nos auteurs polynésiens connus ou inconnus aimeraient aussi
que le public
s'enflamme pour leurs récits. Comme ceux et celles qui dansent avec enthousiasme,
ils écrivent avec autant d'inspiration et de rigueur. Ils ne mégotent
pas non plus
avec la difficulté de leur travail de recherche
qui débouche sur leur propre vérité
et satisfaction que
en
lettres et
en
mots.
Ils sont éminemment conscients
«
s'en tartiner
un
»
qu'on peut écrire et décrire et commenter à
qu’en fin de compte,
peut déclencher le buzz événementiel, celui qui suscite tout de
lecteurs et déclenche les passions.
des feuilles et des feuilles. Mais ils savent bien
mot à lui seul
suite l'intérêt des
Si à l'occasion, vous lisez
feuilletez
avec
à trouver
ce mot
nos
intervenants dans
ce
numéro de Littérama'ohi,
avidité à l'intérieur de leurs phrases, et cherchez donc si vous arrivez
à controverse
magique.
Serait-ce dans... ?
Jimmy M. Ly
Hommage à Jean-lTIsrc Pambrun
A
mon
Jean-Marc
fils bien aimé
quittés
paradis
nous a
Pour
un
Mais
son
Dans
nos cœurs, nos
vert
souffle est resté
esprits
Toujours il
sera là
Blotti comme endormi ;
Son doux
Posé
Que
sur
regard sera
nous,
ainsi
sourire moqueur
Qui savait nous charmer.
ce
Tais- toi ô
Mon fils
ma
douleur !
nous a
quittés.
(Créteil le 12 février 2011)
Mon fils bien aimé
Tu viens de
nous
quitter,
A travers tes enfants
Tu resteras
présent,
Douce consolation !
Mais
quelle est raison
De cette
Qui, tous
grande tristesse
nous
bouleverse.
Nous te laissons
partir
Vers d'autres horizons
Où tu pourras agir
A Taise, à ta façon
Sous les yeux amusés
Des dieux de Panthéon.
(Créteil le 12 février 2011)
LitteRama’OHi
# is
Liliane Babou
Jean-Marc
quitté il y a un mois
toujours aussi vive en moi
Gardez une pensée pour lui
Là-haut dans son vert paradis.
nous a
La douleur est
(Bobital le 12
mars
Jean-Marc est
2011)
parti
depuis 2 mois,
Seulement
ou
déjà !
Mais la douleur reste
A
là,
peine atténuée.
Mon fils bien aimé,
Sera à jamais dans nos cœurs et nos
Une pensée pleine de tendresse pour
(Bobital le 12 avril 2011)
Nos
cœurs
désolés
Depuis trois mois
toujours
Du « manque » de toi.
Tu manques à tes frères,
Souffrent
Tes fils, tes neveux et ta mère,
A tous
ceux
qui t'ont aimé
0 Jean-Marc le bien-aimé.
(Bobital 12 mai 2011)
La révolte
Je
Du
gronde dans mon cœur,
puis calmer ma douleur.
haut de ton paradis vert,
ne
Aide-moi
mon
fils bien-aimé.
esprits.
lui
13
Hommage à Jean-iïlarc Pambrun
A cet être
qui
A celui
qui
A
papa
mon
a su me
Même dans
Qui
ne
a su me
raisonner, quand
guider, quand de
adoré, qui
mes
a
m'a jamais
mon
toujours été à
moments les
en
moi la raison disparaissait
chemin je m'égarais
mes
plus mauvais
abandonné
A toi papa
Je t'aime
12 février 2011
Perdue face à cette réalité
Je
ne
sais où
se
trouve la vérité
Car
aujourd'hui encore je te vois
en me prenant.dans tes bras
Pendant longtemps j'ai cru rêver
Aujourd'hui encore j'attends de me réveiller
Je rêve encore aujourd'hui
Revenir
Qu'avec
nous
Ce pays que
Ce pays que
tu rentres
au
pays
tu aimes tant
depuis toujours tu défends
Aujourd'hui je ne sais comment l'apaiser
Cette douleur qui a si profondément pénétré
Rire pour tenter d'oublier
Rire pour arrêter d'y penser
Pourtant face à cette réalité
à
mon
avenir
je n'ose
y songer
13 février 2011
Je n’ai rien pour apaiser ma douleur
Je ne sais comment sécher mes pleurs
J'espère
un jour guérir du cœur
Avant que complètement je ne meurs
côtés
LitteRama’OHi # 19
Hinstea Pambrun
Je
saurai
expliquer cette fureur
mon plus for intérieur
Je ne saurai expliquer cette peur
Qui en moi prend une telle ampleur
J'espère un jour te rendre honneur
En faisant en sorte que jamais ton combat
ne
Présente dans
25
mars
ne se meure
2011
Autrefois j'eus un
Aujourd'hui je
père
me retrouve sans
repères
Autrefois, par lui, j'étais guidée
Aujourd'hui je me sens égarée
Autrefois j'eus un cœur
Depuis rempli de tant de rancœur
Autrefois j'eus la foi
Aujourd'hui je ne sais si elle est encore là
Autrefois j'eus de l'espoir
Aujourd'hui je ne broie que du noir
Samedi 30 avril 2011
Errer à
ne
Errer à
ne
plus savoir où aller
plus savoir où l'on est
Seule
avec
Je
sais où il faut que
cette douleur si intense
je m'avance
Aveuglée par cette grande colère
D'avoir perdu un être à mes yeux si cher
Et pourtant tellement rassurée
ne
De le savoir bien là où il est
Aujourd'hui je
Aujourd'hui je
ne
sais quoi
penser
ne sais où je vais
J’erre donc telle un sans abri
En
ne cessant pas une seconde de penser à lui
J'avance tant bien que mal dans cette misérable vie
Mais tout est si difficile aujourd'hui sans lui
Parfois il
Mais
me
prend l'envie de tout abandonner
je sais
que pour rien au
Je continue alors à avancer
En
me
laissant
guider par ce qu'il m'a enseigné
je replonge dans ces nombreux écrits
sentir un tant soit peu près de lui
Parfois même
Pour
me
monde il l'aurait souhaité
Hommaga à Jaan-iïlarc Pambrun
Mercredi 11 mai 2011
Malgré le temps qui court
Il n'y a rien à quoi je puisse avoir recours
Pour apaiser cette profonde douleur
Qui chaque jour étreint davantage mon cœur
Il est dit que tout passe avec le temps
Alors pourquoi n'en ais-je pas l'impression ?
Peut-être devrais-je attendre quelque jour
Ou alors suis-je condamnée pour toujours ?
Il est dit que toute blessure guérit avec le temps
Alors pourquoi aujourd'hui j'en souffre toujours autant ?
Il y a une place qu'occupe normalement un père
Qui toute une vie doit servir de repère
Qu'en est-il de celui qui part avant l'heure ?
Nous laissant seuls ici bas en pleurs
Qu'en est-il de celui qui part à jamais
Nous laissant ici avec un cœur à jamais brisé ?
A cet être formidable qu'est ma mère
Le seul vrai amour de mon père
J'aurais tellement voulu qu'il en soit autrement
J'aurais tellement voulu que tout ce passe différemment
Samedi 21 novembre 2010
Elle
se
montre d'une telle férocité
Et pourtant derrière cela se
Elle doit se montrer chaque
cache sa grande sensibilité
jour de bonne humeur
Et pourtant de jour en jour elle se meurt
Malgré tout elle ne cesse de sourire
Mais qui sait réellement à quel point elle peut souffrir
A chaque instant elle doit se contrôler
Et pourtant elle a cette envie continuelle de pleurer
Elle aimerait tellement enfin
Mais elle
Elle
a une
fille à
demande
se
lâcher
rassurer
qu'elle deviendrait sans lui
s'imagine à quel point ce ne serait plus une vie
Mais malgré tout elle sourit
se
ce
Elle
Elle le fait pour
elle mais aussi
pour
lui
LittéRama’OHi
« 19
Hli Hhadaou'i
Jean -1VI arc
Iwa
a
Jean-Marc
Imkis tdeddit
Imkis teddit
xf ixf
Ilia
digi
n ennurz
ennk
Wendake
umarg n ususm
zeg
Asusm ennk
n
ill
d tatsa ennk
immgnunan
imzgura
isawall d
enna ur
nezri
Agrram tgit
Agrram attqqimt
abda g
ulawn
n
imzdagh imzwura
Usar nettu
Usar
n
tettu
tiwirga nid hnini ennegh
Dghiu ellig emyafa ugris d tghurart d
awd hah awd yan ighiyn ad ax ibdu
waman
Ini azul i imzwura
Inasn liât tarwa
ennun
tsul tella
han amadal ira tawuri
ennsen
ali khadaoui
afqqas
n
imdiazn
n
Tamazgha
Hommage à Jean-iïlarc Pgmbrun
Alors Jean-Marc...
Alors Jean-Marc
Comme ça tu t'en vas
comme
tu
es venu
la
pointe de l'espoir...
toujours manqué
depuis Wendake
océanique
et ton sourire mystérieux...
sur
Ton silence m'a
Ton silence
discutant
avec
les ancêtres
à notre insu...
Sage tu étais
Sage tu resteras
à
jamais
dans
Fidèles
nous sommes
Fidèles
nous
nos cœurs
de Premières Nations
resterons
aux
Et maintenant que
rêves de
nos
ancêtres
la glace le désert et l'océan
se sont
rien ni personne ne pourra
Donne le bonjour aux ancêtres
dis -leurs que
plus
retrouvés
nous
séparer
leurs peuples sont toujours là
et que le monde plus que jamais
a
besoin de leur sagesse...
ali khadaoui
Ambassadeur des Poètes de
Tamazgha(Afrique du Nord)
LittéRama’OHi
tt 19
Rthanase Uantcheu de
Thracy
A l’Ami Poète
i
Ô,
mon
Le
cœur
Ami, Fils des nénuphars roses,
seul sait où il
va
!
On
me dit que tu es mort !
Mort, toi, l'homme gai, hardi, pétillant,
L'homme à la tête
d’aigle blanc !
Toi, l'adolescent impénitent
A la luxueuse allure de
Le Poète cher à
Des
Des
mon
panthère,
cœur,
à l'âme tissée
plus purs rayons du soleil,
plus claires eaux des océans !
11
De tes
Cette
Et
ce
doigts de mer bleue à ta bouche écarlate,
magnificence de l'amour
paisible endormissement des larmes
Entre l'or des constellations de tes cils
Et le candide
engouffrement du matin.
Toi, mon Ami, empli de la vitesse des vents de Polynésie !
Toi, la générosité parfaite,
La
simplicité des âmes attentives
sanglots des êtres candides !
Aux
J'aimais tant les silencieux rituels de tes gestes,
La clarté apaisée de ton beau regard,
L'intelligence sensible de ta mélancolie !
J'aimais,
mon
Ami,
Les inflexions chaudes de ta voix
nombreuse,
Les étincellements farouches de tes
Les coulées
Dors à
regards,,
volcaniques de ta brûlante passion !
présent, Fils des terres somptueuses,
Dors dans les îles innombrables
De notre
amour avec
le chant sublime des abeilles
Déversé dans les calices solaires des fleurs exubérantes
De Tahiti !
Toi, orchidée éclose entre
mes
mains !
Dors dans les veines chaudes de notre tendresse,
Emporté vers l'éternité
Par les barques joyeuses des
O,
mon
Le
cœur
nuages
!
Ami, Fils des nénuphars roses,
seul sait où il
va
!
LittéRama’oHi
n 19
Rnnie Coéroli-Green
Quelques définitions
Tribu
Groupement de familles de même origine, vivant dans la même région ou
déplaçant ensemble, et ayant une même organisation sociale, les mêmes
croyances religieuses et, le plus souvent une langue commune.
Peuple : Ensemble de personnes habitant ou non sur un même territoire et consti:
se
tuant une même communauté sociale ou culturelle.
Nation
Grande communauté humaine, le
plus souvent installée sur un même terqui possède une unité historique, linguistique, culturelle, économique plus
moins forte et régie par les mêmes lois.
:
ritoire et
ou
Pour le dictionnaire, les termes
Selon le dictionnaire Larousse
Autochtone, du grec
même
«
autos
indigène et autochtone sont interchangeables.
Autochtone
aborigène - indigène.
:
» :
-
de lui-même et
«
khtôn
» :
terre
= «
issu du sol
».
Aborigène : du latin
aborigènes », de « origo-originis » : origine et du suffixe issu
= « qui habite depuis les origines le pays où il vit ».
Aborigène avec un A majuscule désigne un autochtone d'Australie.
Indigène, du latin « indigena » : « qui est né dans le pays qu'il habite». 3 Originaire
d'un pays d'outre-mer, avant la décolonisation.
«
du grec « genos » : race
En
latin, le mot indigenae était employé pour distinguer les personnes nées dans
un
lieu donné de celles
qui arrivaient d'ailleurs (advenae).
Les
peuples tribaux : Le seul facteur qui différencie les peuples « aborigènes » des
peuples « tribaux » tient à un passé de « conquête ou colonisation » et ils ont les
mêmes droits.
Selon
l'encyclopédie libre Wikipedia : Les peuples autochtones ou peuples indigènes sont les descendants de ceux qui habitaient dans un pays ou une zone géographique à l'époque où des groupes de population de cultures ou d'origines
ethniques différentes y sont arrivés et y sont par la suite devenus prédominants
par la conquête, l'occupation, la colonisation, ou d'autres moyens.
Dossier
Dans les
propositions de définitions, on parle souvent de l'auto-identification :
d'appartenir à un peuple autochtone et de son
acceptation en tant que membre de ce peuple par le peuple autochtone lui-même.
C'est la conscience d'un individu
Au début de l'activisme autochtone à l'ONU, seuls étaient
qualifiés d’autochtones
peuples qui vivaient dans les anciennes colonies européennes d’Amérique,
d'Australie et du Pacifique.
Pour les peuples d'Afrique et d'Asie, l'utilisation de ce terme était plus délicate,
étant donné que, parallèlement à leur décolonisation, des élites locales ont été
installées au pouvoir. On parle parfois de « colonisation interne » pour attirer l'attention sur la marginalisation de certains groupes ethniques. Parfois aussi il est
très difficile de déterminer quel peuple a habité une région en premier.
les
Selon I'
Etude du
problème de la discrimination à l'encontre des populations
présenté à l'ONU par le rapporteur spécial Martinez Cobo
1980 : « Par communautés, populations et nations autochtones, il faut entendre
celles qui, liées par une continuité historique avec les sociétés antérieures à l'invasion et avec les sociétés précoloniales qui se sont développées sur leur territoire, se jugent distinctes des autres éléments des sociétés qui dominent à
présent sur leurs territoires ou partie de ces territoires. Ce sont à présent des élé«
autochtones
,
»
ments non dominants de la société et elles sont déterminées à conserver,
déve-
lopper et transmettre aux générations futures les territoires de leurs ancêtres et
leur identité ethnique qui constituent la base de la continuité de leur existence
en tant que peuple, conformément à leurs propres modèles culturels, à leurs ins.titutions sociales et à leurs systèmes juridiques. »
Critères
sur
-
-
proposés par Mme Erica-lrène Daes, présidente du Groupe de Travail
Peuples Autochtones des Nations Unies :
Sont les descendants des groupes qui étaient sur le territoire au moment de
l'arrivée de groupes de culture ou d'origine ethnique différent,
le
En raison de leur isolement, ont
préservé presque intactes les coutumes et
les traditions de leurs ancêtres, similaires à celles que l'on considère comme
autochtones,
-
Se trouvent placés au sein d'une structure étatique qui possède
tères nationaux, sociaux et culturels qui leur sont étrangers.
La Convention 169 de l'OIT de 1989
des
carac-
n'appose pas de définition stricte au terme
peuples indigènes et tribaux » mais s'attache, dans son article 1, plutôt à décrire
les peuples qu'elle vise à protéger.
«
LittéRama’oHi
s 19
Rnnie Coéroli-Green
Article 1.1
La convention
s'applique
(a) Aux peuples tribaux dans les
indépendants qui se distinguent des
leurs conditions sociales,
culturelles et économiques et qui sont régis totalement ou partiellement
par des coutumes ou des traditions qui leur sont propres ou par une législation spéciale ;
(b) Aux peuples dans les pays indépendants qui sont considérés comme indigènes du fait qu'ils descendent des populations qui habitaient le pays, ou
une région géographique à laquelle appartient le pays, à l'époque de la
conquête ou de la colonisation ou de l'établissement des frontières
actuelles de l'Etat, et qui, quel que soit leur statut juridique, conservent
leurs institutions sociales, économiques, culturelles et politiques propres
pays
autres secteurs de la communauté nationale par
ou
certaines d'entre elles
L’Article 1.2
considère que
Le sentiment
d’appartenance indigène ou tribale doit être considéré comme
déterminer les groupes auxquels s'appliquent les
dispositions de la présente convention.
un
En
critère fondamental pour
résumé, il n'existe
pas de définition universelle généralement acceptée
cependant 4 critères sont considérés comme pertinents par les organisations
internationales, les peuples autochtones et les experts pour appréhender le
concept d’autochtone :
-la continuité historique avec les premiers habitants d’un territoire avant tout
processus de colonisation ;
-la perpétuation volontaire de caractéristiques culturelles, comprenant
notamment des aspects touchant leur relation spéciale à la terre, la langue,
à l'organisation sociale, aux valeurs religieuses et spirituelles, au mode de
production, ainsi qu'aux lois et institutions ;
-l'auto-identification et la reconnaissance par les autres groupes en tant que
collectivité distincte
-une
elusion
NB
;
expérience d'assujettissement, de marginalisation, d'expropriation, d'exou
de discrimination.
: Ce dernier critère est controversé. Pour l'OIT, aucun avantage ne revient à
peuple qui est considéré comme « aborigène », au sens où historiquement, il
a été victime de la conquête ou de la colonisation. La source des droits conférés
réside non dans le passé d'un peuple conquis, colonisé ou opprimé, mais dans le
fait qu’il est historiquement distinct en tan que société ou nation.
un
Dossier
Concept des droits des autochtones : Du mot population à celui de peuple :
Le concept des droits des peuples autochtone a pris forme en 1957 et fut introduit dans la convention N°107 de i'OIT relative à la protection et à
l'intégration
des populations autochtones, tribales et semi tribales dans les
pays indépendants».
En 1989, le terme de « peuples » sera soigneusement choisi
après de longues diseussions préalables comme le seul apte à décrire les peuples autochtones et tribaux lors l'adoption de la convention N°169.
On est
passé d'une conception géographique à une conception sociologique qui
une extension de l'application du principe de l'autodétermination aux
groupes non dominants à l'intérieur des frontières d'Etats indépendants.
implique
Cependant, il fut rappelé
que
le mandat de I'OIT
se
limite
aux
droits sociaux et
économiques et qu'il n'est
pas de son ressort d'interpréter le concept politique
d'autodétermination. La convention affirme les droits des peuples autochtones
à la
participation, à la consultation et à s'administrer eux-mêmes, ainsi qu'à décipriorités. Ces mécanismes jouent un rôle important.
der de leurs propres
Autodétermination
C'est la Déclaration de l'ONU
les droits des
peuples
qui identifie les peuples autochtones comme « peuples » bénéficiant du droit à l'autodétermination (souvent confondu avec
indépendance).
L'autodétermination, c'est le choix du statut politique par les habitants. Il peut
être celui de l'indépendance ou autre.
:
sur
autochtones
Article 3
Les
peuples autochtones ont le droit à l'autodétermination. En vertu de ce droit,
politique et assurent librement leur développement économique, social et culturel.
ils déterminent librement leur statut
Article 4
Les
peuples autochtones, dans l'exercice de leur droit à l'autodétermination, ont
le droit d'être autonomes et de s'administrer eux-mêmes pour tout ce qui touche
à leurs affaires intérieures et locales, ainsi que de disposer des moyens de financer
leurs activités autonomes.
Droits fondamentaux
liénables
(qu'on
est homme
sans
:
Les droits fondamentaux sont les droits de l'homme ina-
ne peut pas perdre) et intrinsèques (inhérent, du simple fait qu'il
autres conditions extérieures), que tout individu possède dès sa
naissance, quel que soit sa race, son origine ethnique, son sexe, sa religion, sa
classe sociale ainsi que son éventuelle origine et identité autochtone. Les personnes autochtones ont droit à jouir, au même titre
que toute autre personnes,
de tous les droits de l'homme et de toutes les libertés fondamentales. Parmi
ces
I
ittékama'oHi
# ig
Rnnie Coéroli-Green
droits fondamentaux, on citera notamment le droit à la liberté, à l'égalité, à la
citoyenneté, à la santé, à l'éducation,...etc. Faut-il ajouter que ces droits fondamentaux s'appliquent de la même façon aussi bien aux hommes qu'aux femmes.
Il peut sembler superflu de rappeler que les peuples autochtones possèdent éga-
lement
ces
droits fondamentaux mais, malheureusement, leur histoire a été sou-
vent faite de
génocides, d'ethnocides, de discrimination, de travail forcé et, bien
souvent, ces violations de leurs droits les plus fondamentaux se poursuivent.
Actuellement, on observe des violations des droits fondamentaux telles que le
refus d'accorder la
citoyenneté, la servitude
la restriction de l’accès à l'éducation et
souvent
plus victimes de
ces
aux
pour dette, la traite d’êtres humains,
services sanitaires. Les femmes sont
violations que les hommes.
25
Dossier
Les
peuples autochtones
Qui sont-ils ?
Plus de 5000
peuples sont reconnus comme autochtones ou indigènes d'après l’expression anglaise « indigenous people » et représentent 370 millions de personnes
réparties dans plus de 90 pays. Entre 150 et 200 millions vivent en Asie (hors Russie), 45 et 50 millions en Amérique latine, 14 millions en Afrique, 1 million et demi
en Amérique du nord (hors
Mexique), 1 million en Russie, 80 000 en Europe.
Ils constituent 5 % de la population mondiale, ils représentent 15 % des plus
pauvres.
Ils parlent
plus de 4000 langues dont la plupart sont en danger et risquent de
disparaître d'ici la fin du XXI° siècle.
Certains peuples vivent dans des conditions difficiles dues à leur milieu naturel
(ex : les Touaregs du désert saharien, les Yanomamis de la forêt amazonienne, les
Inuits du cercle arctique) ou à la périphérie des Etats dits développés luttant pour
survivre face à une société qui ne les reconnaît pas ou les exclue. Nombreux aussi
sont ceux qui, victimes d'abus divers ou pour chercher de l'emploi, ont quitté
leurs terres traditionnelles pour aller vers les villes. Dans de nombreux pays, ils
sont plus de 50 % à vivre en région urbaine.
Qu'ont-ils
en commun
?
Ces
peuples ont en commun un passé de marginalisation, de spoliation
elusion. Ils ont été marginalisés sur les plans politique, économique et
et d'ex-
culturel
colons, la spoliation de leurs terres, et
(déforestations, exploitations minières
et pétrolières, constructions de barrages, pêche industrielle), le développement
du tourisme de masse et par des conversions forcées niant leur culture et leur
par l’invasion de leurs territoires par des
de leurs ressources terrestres et marines
vision du monde.
Le processus de mondialisation au cours des dernières décennies a aggravé leur
situation. Ce néo-colonialisme a été mis en place par des pays dits développés et
les
pouvoirs de nombreux pays du sud dépendants de
firmes transnationales et des injonctions unilatérales
la volonté de puissance des
des institutions internationales (FMI-Fonds Monétaire International, BM-Banque Mondiale, OMC-Organisation Mondiale du Commerce).
Littéaama’OHi
tt 19
Annie Coéroli-Green
Souvent, les lois et les institutions qui les gouvernent leurs demeurent étrangères,
parfois ils n'en maîtrisent ni la langue ni les mœurs. Ils ont malgré tout conservé
des éléments de leurs modes d'organisation sociale et politique avec leurs
propres
coutumes et leur vision du monde. Dans les
grands débats sociaux de notre temps,
le plan
point de vue
culturel et spirituel. Ayant développé des savoirs et savoir-faire concernant leurs
terres et leur environnement, généralement transmis de
façon orale, ces communautés jouent un rôle important en matière de gestion et d’identification des ressources naturelles, de la biodiversité, des
disponibilités en eau, ainsi que de
maintien de la diversité linguistique, bien commun de l'humanité. Elles sont ainsi
au cœur des questions de
propriété foncière, intellectuelle (plantes, médicaments)
et de luttes pour le maintien de la forêt
tropicale.
leur apport, bien que trop rarement reconnu, est souvent primordial sur
de leurs conceptions politiques, sociales et écologiques comme du
Que demandent-ils ?
Les
peuples autochtones demandent le respect de leur culture et de leur langue
qu'ils souhaitent voir enseignée à l’école. Ils revendiquent le droit de préserver
leurs sites et leurs objets sacrés, leurs patrimoines artistique et
archéologique. En
effet, des tombes sont
encore
violées, des restes humains exhibés et des sites reli-
gieux exploités par l’industrie du tourisme. Par ailleurs, ils réclament le droit de
participer pleinement à la vie des Etats-nations dans le respect des spécificités
de chacun. Enfin, devant la menace environnementale dont fait
l’objet leur territoire (surexploitations minière, forestière et pétrolière,
pollution, etc.), les indigènes demandent que les habitants originels et l’environnement dont ils sont les
dépositaires soient protégés par des lois internationales.
Quelques définitions
Tribu
:
Groupement de familles de même origine, vivant dans la même région
ou se
déplaçant ensemble, et ayant une même organisation sociale, les mêmes
croyances religieuses et, le plus souvent une langue commune.
Peuple : Ensemble de personnes habitant ou non sur un même territoire et
:
constituant
Nation
:
une
même communauté sociale
ou
culturelle.
Grande communauté humaine, le
plus souvent installée sur un même
territoire et qui possède une unité historique,, linguistique, culturelle, économique plus ou moins forte et régie par les mêmes lois.
Pour le dictionnaire Larousse, les termes « autochtone » «
indigène » et « aborigène » sont interchangeables.
Autochtone, du grec « autos » : de lui-même et « khtôn » : terre = « issu du sol
même ». En mythologie grecque, un autochtone est un enfant né
spontanément
-
de la terre, sans parents.
Dossier
Aborigène, du latin
aborigènes », de « origo-originis » : origine et du suffixe
= « qui habite depuis les origines le pays où il vit ».
Aborigène avec un A majuscule désigne un autochtone d'Australie.
Indigène, du latin « indigena » : « qui est né dans le pays qu'il habite»... 3 Origi«
issu du grec « genos » : race
naire d'un pays d'outre-mer, avant la décolonisation.
En latin, le mot indigenae était employé pour
dans
un
lieu donné de celles
distinguer les personnes nées
qui arrivaient d'ailleurs (advenae).
Le seul facteur
un
qui différencie les peuples aborigènes des peuples tribaux tient à
passé de conquête ou colonisation, ils ont les mêmes droits.
Selon
l'encyclopédie libre Wikipedia : Les peuples autochtones ou peuples indigènes sont les descendants de ceux qui habitaient dans un pays ou une zone
géographique à l'époque où des groupes de population de cultures ou d'origines
ethniques différentes y sont arrivés et y sont par la suite devenus prédominants
par la conquête, l'occupation, la colonisation, ou d'autres moyens.
Dans les
propositions de définitions,
on parle souvent de l'auto-identification :
d'appartenir à un peuple autochtone et de son
membre de ce peuple par le peuple autochtone lui-même.
C'est la conscience d'un individu
acceptation en tant que
Le concept
peuple
des droits des peuples autochtones, du mot population à celui de
:
Au début de l'activisme autochtone à l'ONU, seuls étaient qualifiés de
peuples
autochtones ceux qui vivaient dans les anciennes colonies européennes
d'Amérique,
d'Australie et du
Pacifique. Pour les peuples d'Afrique et d'Asie, l'utilisation de ce
plus délicate, étant donné que, parallèlement à leur décolonisation, des
élites locales ont été installées au pouvoir. On parle parfois de « colonisation interne »
pour attirer l'attention sur la marginalisation de certains groupes ethniques. Parfois
aussi il est très difficile de déterminer quel peuple a habité une région en
premier.
On est passé d'une conception géographique à une conception
sociologique qui
implique une extension de l'application du principe de l'autodétermination aux
groupes non dominants à l’intérieur des frontières d'Etats indépendants.
terme était
Il n'existe pas de définition universelle généralement acceptée
cependant 4 critères sont considérés comme pertinents par les organisations internationales, les
peuples autochtones et les experts pour appréhender le concept d'autochtone :
la continuité historique avec les premiers habitants d'un territoire avant tout
processus de colonisation ;
la perpétuation volontaire de caractéristiques culturelles, comprenant notamment
-
-
LittéRama’oHi
» 19
Annie Coéroli-Green
des aspects touchant leur relation
sociale,
aux
qu'aux lois et institutions
-
-
spéciale à la terre, la langue, à l'organisation
spirituelles, au mode de production, ainsi
valeurs religieuses et
;
l'auto-identification et la reconnaissance par les autres groupes en tant que
collectivité distincte ;
une
expérience d'assujettissement, de marginalisation, d'expropriation, d'ex-
elusion
NB
:
ou
de discrimination.
Ce dernier critère est controversé. PourTOIT, aucun
avantage ne revient à
peuple qui est considéré comme « aborigène », au sens où historiquement, il
conquête ou de la colonisation. La source des droits conférés
réside non dans le passé d'un peuple conquis, colonisé ou
opprimé, mais dans le
fait qu'il est historiquement distinct en tant
que société ou nation.
un
a
été victime de la
Autodétermination
: C'est la Déclaration de l’ONU sur les droits des
peuples
qui identifie les peuples autochtones comme « peuples » bénéficiant du droit à l'autodétermination (souvent confondu avec
indépendance).
L'autodétermination, c'est le choix du statut politique par les habitants. Il peut
autochtones
être celui de
l'indépendance
Droits fondamentaux
liénables
(qu'on
ne
:
ou autre.
Les droits fondamentaux sont les droits de l'homme ina-
peut pas perdre) et intrinsèques (inhérent, du simple fait qu'il
extérieures), que tout individu possède dès sa
est homme sans autres conditions
naissance, quelle que soit sa race, son origine ethnique, son sexe, sa religion, sa
classe sociale ainsi que son éventuelle origine et identité autochtone. Les
personnes autochtones ont droit à jouir, au même titre
que toute autre personnes,
de tous les droits de l'homme et de toutes les libertés fondamentales. Parmi ces
droits fondamentaux, on citera notamment le droit à la liberté, à
l'égalité, à la
citoyenneté, à la santé, à l'éducation,...etc. Ces droits fondamentaux s'appliquent
façon aussi bien aux hommes qu'aux femmes.
Il peut sembler superflu de
rappeler que les peuples autochtones possèdent également ces droits fondamentaux mais, malheureusement, leur histoire a été souvent faite de génocides, d’ethnocides, de discrimination, de travail forcé
et, bien
souvent, ces violations de leurs droits les plus fondamentaux se poursuivent.
de la même
Les
peuples autochtones
:
Histoire d'une reconnaissance internationale.
L'histoire des
peuples autochtones sur la scène internationale commence dès 1924
Cayuga Deskaheh de la réserve des 6 nations iroquoises de
l'Ontario qui se rendit à Genève auprès de la Société des Nations
pour faire valoir
les droits de souveraineté de ces nations par les autres Etats.
Puis, dès la création
avec
le Grand Chef
Dossier
de
l'Organisation des Nations Unies, d'autres peuples autochtones
et tentent de faire reconnaître leur droit à l'autodétermination
la Charte des Nations Unies. Même si
ces
se mobilisent
fondant sur
en se
revendications sont restées
sans
succès,
elles marquent le début de la mobilisation des peuples
C'est l'intervention à l'ONU de la délégation belge en
autochtones.
1952 qui sera le point de
départ d'une réelle prise en compte des populations autochtones en provocant une
controverse. Elle interprète l'obligation pour les pays de communiquer à l'ONU des
rapports sur les indigènes en disant qu’elle s'applique non seulement aux colonies
d'outre-mer, mais également aux peuples autochtones dits « peu évolués » à fintérieur des frontières d’états indépendants dans toutes les régions du monde.
En 1969,
la création de la Fraternité nationale des Indiens du Canada
a
regroupé plusieurs organisations autochtones. C’est le début des ONG reprépeuples autochtones.
La même année, à Londres, le mouvement pour les peuples indigènes « Survival » est créé par des citoyens préoccupés par le sort des indiens d’Amazonie vietimes d'un véritable génocide au Brésil. Il a pour but d'alerter le public sur la
situation des peuples indigènes essentiellement par des campagnes d.'information. Aujourd'hui, présent dans une centaine de pays, ce mouvement est soutenu
par de nombreuses personnalités du monde entier, écrivains, artistes, photographes célèbres. Parmi ceux qui ont financé l'achat du siège londonien en 2001,
figurent le Dalai Lama et le prince de Galles.
sentant les
En 1994, la Révolte des indiens du
Chiapas (Mexique) attire l'attention du
Zapatiste de Révolution Nationale (EZLN) s'empare de quatre
grandes villes du Chiapa et, appelle le peuple mexicain à la résistance vis-à-vis
d'un gouvernement corrompu qui délaisse une majorité en proie à la misère et
à l'exploitation. Leur motd’ordre « hoy decimos basta » vient rappeler au
Mexique mais aussi au monde la présence de « ses oubliés » qui souffrent quotidiennement d'une grande pauvreté. »
monde
'
: «
L'armée
La
présence des peuples autochtones sur la scène internationale est liée à Thisl'Organisation des Nations Unies-ONU créée en 1945 pour remplacer
la Société des Nations-SDN fondée en 1919. Elle compte aujourd'hui 192 Etatsmembres et a pris une nouvelle dimension ces trois dernières décennies.
toire de
Au sein des Nations Unies,
dée, dès 1919,
l'Organisation Internationale du Travail-OIT fut fon-
le principe constitutionnel d'une paix durable basée sur une
justice sociale. C'est la seule structure tripartite dans le système des Nations
Unies
sur
qui implique les organisations des employeurs, des travailleurs ainsi
que
les
LittéRama’OHi
« 19
Rnnie Coéroli-Green
gouvernements. Elle définit des
.
normes,
adopte des conventions et des recomparties intéressées à les mettre
mandations et aide les gouvernements et autres
en œuvre.
C'est
en
examinant les conditions de travail forcé dans le monde que
TOIT s'est aperles peuples autochtones étaient particulièrement exposés à des formes
graves d'exploitation en matière de travail. Dès 1920, TOIT s’est penchée sur la question des « travailleurs autochtones » dans les colonies d'outre-mer des
puissances
européennes. Il fallait à ces peuples une protection spécifique en cas d'expulsion de
leurs terres ancestrales pour devenir des travailleurs saisonniers, migrants, à domicile,
ou travaillant en servitude
pour dette. L'un des résultats de cette constatation a été
l'adoption en 1930 de la convention de l’OIT N°29 sur le travail forcé.
L'étude sur les populations autochtones publiée en 1953 par l'OIT aboutit à la
Convention N°107 de 1957 relative à la Protection et à l'intégration des
populations autochtones tribales et semi tribales dans les pays indépendants
qui introduit le concept des droits des autochtones dans les premiers instruments juridiques internationaux pour
protéger expressément les droits des
«
populations aborigènes et tribales ».
çue que
En 1971, la Sous-commission de la lutte contre les
mesures
discriminatoires et la
protection des minorités, (aujourd'hui Conseil des droits de l'Homme relevant de
la Commission des droits de l'Homme) nomma Mr José Martinez Cobo
rapporteur
spécial et le chargea d'élaborer une étude exhaustive sur le problème de la discrimination à l'égard des populations autochtones. Ce travail, publié 10 ans
plus tard, se
démarque des conceptions précédentes, reconnaît et valorise la place des populations
autochtones au sein des Etats et surtout, toute idée d'assimilation disparaît.
Les peuples autochtones ne peuvent alors occuper aucune place officielle aux
réunions de l'OIT mais un certain nombre de leurs représentants s'arrangent pour
y participer en tant que membres des délégations syndicales et gouvernementaies. C'est ainsi qu'ils ont pris part aux débats dé la convention N°169.
La Convention N°169 de 1989 sur les peuples autochtones et tribaux est
adoptée
et fait disparaître la supposition implicite de la Convention N°107
que l'unique avenir
des peuples autochtones était l'intégration à la société majoritaire et
que la prise de
décisions concernant leur développement revenait à des personnes extérieures à ces
peuples. Cette avancée est due à la prise de conscience grandissante, à l'organisation
et à la participation des peuples autochtones au niveau national et international
pendant les années 1960 et 1970. Dans le Pacifique deux pays ont ratifié cette
convention : Fidji et la Nouvelle Zélande en avril 2010 après des années
d’opposition.
La France refuse de ratifier cette Convention au nom du
principe constitutionnel
d'indivisibilité de la République et de Légalité de tous les citoyens devant la loi.
C'est une interprétation abusive de la notion d'unité nationale sans
égard pour
les peuples indigènes des collectivités territoriales
françaises d'Outre-Mer qui
31
Dossier
souhaitent que soient reconnues leur spécificité culturelle et l'évidence de leurs
droits territoriaux, sans pour autant prétendre forcément à un
objectif politique
séparatiste. Ainsi aujourd'hui en Guyane, les Amérindiens, protégés uniquement
par des dispositifs réglementant l'accès à leur territoire, sont menacés par l'orpaillage illégal dont les conséquences socio-environnementales sont ravageuses.
Le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale
(CERD) réuni à
Genève en août 2010, a recommandé à l'état
français de « permettre une reconnaissance de droits collectifs aux peuples autochtones, surtout en matière de
droit de propriété » et de « prendre les mesures
législatives nécessaire en vue de
la ratification de la Convention 169 de l'OIT.
L'Organisation des Nations Unies
UNESCO, dans
sa
pour
l'Education, la Science et la Culture-
Déclaration Universelle
sur
la diversité culturelle de 2001
mentionne expressément les
peuples autochtones et des conventions ont été
adoptées pour encourager l’identification, la protection et la préservation du
patrimoine culturel et naturel à travers le monde considéré comme ayant une
valeur exceptionnelle pour l'humanité :
La Convention Concernant la Protection de
l'Héritage Culturel et Naturel
Mondial de de 1972 dont le programme est de cataloguer, nommer, et conserver les biens dits culturels ou naturels
d'importance pour l'héritage commun de
l'humanité. Le Comité du patrimoine mondial et l'UNESCO établissent la liste
du patrimoine mondial, ou patrimoine de l'humanité. Sous certaines
conditions,
les biens répertoriés peuvent obtenir des fonds de
l'organisation World Heritage
Fund. En juin 2010, 187 États parties avaient ratifié cette convention. En
juin
2011, 936 biens y étaient inscrits répartis dans 153 États parties. Depuis 1992,
cette liste est complétée par le registre international « Mémoire du monde
», qui
recense les collections documentaires d'intérêt universel. Au 31
juillet 2009, il
comprenait 193 éléments du patrimoine documentaire.
-
Dans le
Pacifique, des sites des îles Salomons, du Vanuatu
et de Nouvelle-
Zélande ont été classés.
En
Polynésie française, des associations culturelles ont demandé l'inscription des
Marquises (le dossier traîne depuis 14 ans) et de Raiatea (marae
Taputapuatea).
sites des îles
La Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel
adoptée
2003 à l'UNESCO a été ratifiée le 20/6/2007 par plus de 78 Etats. Elle est née
en
des recommandations de 1989
la, protection des cultures traditionnelles et
complète la convention concernant le patrimoine mondial qui était tourné
essentiellement vers les aspects matériels de la culture.
sur
LittéRama’OHi
a 19
Rnnie Coéroli-Green
En 1997, à l'initiative d'intellectuels marocains et de l'UNESCO réunis à Marrakech,
le
patrimoine oral de l'humanité » est défini, et, en 2001, une « Proclapatrimoine oral et immatériel de l'humanité » établit
une première liste de patrimoines sur candidatures proposées par les États. Une nouvelle liste est établie tous les deux ans par un jury international. Les chefs-d'œuvre
proposés doivent être une expression culturelle vivante ou menacée. Ils doivent aussi
faire l'objet de programmes de préservation et de promotion, le fait d'être inscrit
sur la liste de l'UNESCO.n'étant pas une garantie absolue de protection.
concept de
«
mation des chefs-d'œuvre du
On entend par patrimoine culturel immatériel les pratiques, représentations,
expressions, connaissances et savoir-faire - ainsi que les instruments, objets,
artefacts et espaces culturels qui leur sont associés - que les communautés, les
groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de
leur patrimoine culturel. Ce patrimoine culturel immatériel, transmis de génération en génération, est recréé en permanence par les communautés et groupes
«
en
fonction de leur milieu, de leur interaction avec la nature et de leur histoire,
et leur procure un
sentiment d'identité et de continuité, contribuant ainsi à promouvoir le respect de la diversité culturelle et la créativité humaine. Aux fins de
la' présente Convention, seul sera pris en considération le patrimoine culturel
immatériel conforme
aux
instruments internationaux existants relatifs
de l'homme, ainsi
et
aux
qu'à l'exigence du respect mutuel entre communautés,
individus, et d'un développement durable. »
En Océanie ont été classés
:
les dessins
sur
droits
groupes
le sable du Vanuatu et les danses et
discours chantés Lakalaka du royaume de Tonga.
En Polynésie française est en projet le classement
de sites d'envol des âmes dont
celui de Tataa à Tahiti.
-
La Convention de l'UNESCO
la
protection et la promotion de la diversité
expressions culturelles de 2005 prend acte de leur contribution au développement durable et s'efforce de promouvoir une éducation interculturelle et
multilingue qui accorde toute sa place à la langue maternelle et encourage
l'intégration des savoirs des peuples autochtones et de leurs façons de voir le
monde dans les programmes scolaires
sur
des
La Déclaration des Nations-Unies
les droits des
peuples autochtones du 13
l'Assemblée Générale malgré l'opposition
des Etats-Unis, du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle Zélande, a permis une réelle
participation des peuples autochtones. Elle établit un cadre universel de normes minimales pour la survie, la dignité et le bien être des peuples autochtones du monde
entier et affirme le droit de ces peuples à réparation et à l'autodétermination.
sur
septembre 2007 adoptée à New York
par
Dossier
On
peut encore citer les années internationales proclamées par l'ONU car elles
jalonnent les progrès des droits des peuples autochtones :
L'année 1993 est déclarée « année internationale des peuples autochtones » ;
Les années (1995-2004) furent proclamées « décennie internationale sur les
peuples autochtones » par l'Assemblée générale des Nations Unies avec pour
but l'adoption du projet de déclaration sur les droits des peuples autochtones
et la mise en place de structures au sein des Nations-Unies susceptibles de les
-
-
aider à faire valoir leurs droits ;
La 2eme décennie (2005-2014)
internationale des populations autochtones
but de continuer de renforcer la coopération internationale
pour la résolution des problèmes rencontrés par les populations autochtones ;
2010 fut l'Année internationale de rapprochement des cultures en même
temps que l'année de la biodiversité a offert une occasion unique de mettre
en valeur les liens directs qui existent entre la
protection des écosystèmes et
la préservation des cultures autochtones.
-
du Monde
-
Les
a
pour
Organisations Non Gouvernementales-ONG.
Le rôle des ONG est
important car elles constituent un contrepoids à un système
les Etats. Plusieurs organisations autochtones dont l'American Indian
Movement avec sa branche internationale l'International Indian Treaty Council
et le Conseil mondial des peuples indigènes, ont obtenu un statut consultatif
auprès du Conseil Economique et Social des Nations Unies et ont pu dénoncer
les atteintes aux droits de l'homme des populations autochtones au niveau international. Diverses conférences internationales des (ONG) des Nations Unies
furent ensuite organisées dont celle de 1981, sur les populations autochtones
et la question foncière.
dominé par
Le
GITPA-Groupe International de Travail des Peuples Autochtones, créé en
francophone de l'IWGIA- International Work Group for Indigenous Affairs, ONG Basée à Copenhague fondé en 1968
comprend plusieurs
ONG Maohi de Polynésie française » :
La Ligue Polynésienne Indépendante des Droits de l'Homme, Te Hui Tiama,
2003, branche
«
-
«
organisation de défense et de promotion des droits des peuples autochtones
du pays Ma'ohi, a été créée en 1991. Après avoir pris des contacts internationaux, Te Hui Tiama a fait porter son effort sur la constitution d'un réseau en
Polynésie même et la création de liens qui l'insèrent dans son « bassin naturel »,
le Pacifique. Ainsi est né le réseau Hiti Tau qui regroupe aujourd'hui une trentaine d'associations (0N.G) de tous les archipels. Les objectifs principaux de ces
deux organisations sont le développement durable et les droits des peuples
LittéRama’oHi
« ia
Rnnie Coéroli-Green
autochtones, incluant le droit à l'autodétermination du peuple ma'ohi. Le
réseau Hiti Tau est partie prenante du Pacific Islands Association of Non
Governmental
Organisations (PIANGO) - en français l'« Association des orgagouvernementales des îles du Pacifique », créée en 1991 et qui
regroupe les ONG de 22 pays et territoires du Pacifique.
Pû Fenua Pû Metua est une association créée en 2006 qui a pour objectifs de
faire la lumière sur les traités historiques franco-ma'ohi, de rencontrer des
juristes et experts des droits de l’homme reconnus par la communauté internationale pouvant étudier les traités franco-ma'ohi ; d'amener l'État français
et le gouvernement local à changer leur politique en matière de justice foncière inopérante dans l'application stricte du code civil en Polynésie française
(1887) dans un pays où la terre est conçue comme une Terre-Mère qui ne se
vend pas et qui ne se morcelle pas.
nisations
-
-
-
-
non
Moururoa
e
Tatou est l'association des anciens travailleurs des sites nucléaires
français dans le Pacifique. Ils militent pour que soient reconnues les conséquences sanitaires des expérimentations atomiques militaires et qu'un cadre
législatif soit mis en place au profit des vétérans malades.
Rohutu No'ano'a est une association créée en 2006, pour la revalorisation du
patrimoine matériel et immatériel ma'ohi. Elle mène une campagne très active
pour la préservation des sites Tataa, considérés comme les lieux d'envol des
âmes après la mort. Sur l'un de ces sites, Rohutu No'Ano'a, (commune de Faaa),
le plus connu de Tahiti, un promoteur projette de construire un ensemble de
quarante villas de luxe.
Paruru Moorea,est une association des femmes de Moorea qui a mis sur pied
plusieurs activités artisanales. L'objectif visé est de permettre à des jeunes
femmes de l'île de pouvoir créer leur propre structure artisanale ou de créer
des possibilités de revenus complémentaires. »
Les
réfugiés climatiques : D'autochtones à émigrés
Quel est l'avenir des
peuples autochtones Pacifique qui, face à la disparition
conséquences du changement climatique, seront obligés d’émigrer dans des pays étrangers ?
Pourront-ils conserver leur culture, leur langue etc. D’autochtones ils deviendront émigrants, parfois étrangers. Quels seront les traumatismes de ces peuples
qui, ayant un attachement viscéral à la terre, voient leur île engloutie avec un
sentiment de totale impuissance ? Impuissance à agir face à la montée des eaux
mais aussi impuissance face aux états les plus riches qui refusent de diminuer
suffisamment leurs émissions de gaz considérées comme la cause principale de
l'accélération du réchauffement planétaire.
de leurs terres due
aux
Dossier
Les actions
niveau international,
au
Au niveau international
-
régional et local
:
:
Le sommet de la
Terre, à Rio (Brésil), en 1992, a marqué la prise de conscience
internationale des risques et des enjeux liés au changement
climatique. Des
conventions ont été ratifiées par
émissions de gaz.
En 1997, le
divers
protocole de Kyoto entré
en
pays
qui
se sont
engagés à limiter leurs
vigueur le 16 février 2005,
a
été ratifié
par 156 pays, à l'exception notable de l'Australie, des Etats-Unis et de la Chine,
les plus gros pollueurs de la planète. Les conférences de
Copenhague et de
Mexico qui ont suivi, ont été décevantes mais elles ne doivent
pas faire oublier
l'extraordinaire mobilisation
si nombreux à
ees
citoyenne qui a poussé les chefs d'État à se rendre
conférences essentielles pour l'avenir de la planète et de l'hu-
manité.
Le
Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) ou United
Program (UNEP) créé en 1972, fait partie du Conseil
économique et social des Nations Unies et représente la plus haute instance
chargée des questions environnementales au sein de cette organisation. On lui
doit le concept de développement durable.
Le Groupe Intergouvememental d’Experts sur l’Evolution du Climat
(GIEC) ou
IPCC (International Panel on Climate Changé], créé en 1988, traite des éléments
scientifiques de l'évolution du climat.
La Convention sur la biodiversité adoptée le 22/5/1992
par la conférence de
Nation for Environment
Nairobi, vise à la protection des forêts, des rivières, la diversité de la faune sur
marine, la protection des côtes. (La mer nourrit 100 millions de
personnes dans le monde). Elle inclut également les recherches de stratégies pour
terre et la faune
faire face
aux
changements climatiques.
Au niveau
régional :
réfugiés climatiques des petits états insulaires du Pacifique : En 1994, l’AIlianee des Petits Etats Insulaires (AOSIS) a été créée au sein des Nations Unies
pour agir auprès des instances internationales et des puissances étrangères. Elle
regroupe 43 pays victimes des effets des changements climatiques sur la mer. La
Les
présidence reviendra à Nauru
cés sont les îles
en
2011. Les atolls de basse altitude les plus mena-
Marshall, Kiribati et Tuvalu. Les populations de
commencé à immigrer en Nouvelle Zélande et en Australie.
En
ces
îles ont déjà
Polynésie française : L’archipel des Tuamotu compte 78 atolls, tous menacés
disparition en cas de montée des eaux. Le maire de l’île de Napuka-Tuamotu,
lors du congrès des maires de Polynésie réuni à Tahiti en 2010 a dit : "C'est mon
de
LittéRama’oHi
« 19
Hnnie Coéroli-Green
devoir de réfléchir maintenant à des solutions pour déplacer la population vers
d'autres régions de la Polynésie française". Un élu des Marquises, a répondu que lui
et ses
collègues n'étaient pas hostiles par principe à l’accueil de la population des
qu’ils souhaitaient à ces fins une assistance de la Polynésie française
et de l’Etat français. Cette situation a été évoquée lors du Forum des îles du Pacifique au Vanuatu.
Tuamotu mais
Un programme de formation pour les peuples autochtones francophones
Le Haut Commissariat aux Droits de l’Homme a proposé au Centre d’Etude et de
Recherche Politiques (CERPO) de l’Université de Bourgogne de développer un programme pour les autochtones francophones en matière de coopération internationale
dans le domaine des droits de l’homme, des droits des peuples autochtones et de l’or-
ganisation de la société internationale. Plusieurs candidats, issus d’ONG représentatives, reçoivent une bourse et sont accueillis chaque année à Dijon pendant 4
semaines. Des stagiaires Kanak (Nouvelle-Calédonie) ont pu ainsi suivre ce programme.
Après la formation théorique à l’Université, les candidats effectuent des stages pratiques au sein d’organisations internationales (UNESCO, OIT, etc) pendant lesquels ils
élaborent des initiatives concrètes à destination de leur communauté
Les ONG de
respective.
Polynésie française pourraient présenter des candidats à cette formation.
Conclusion
Les
peuples autochtones sont maintenant reconnus au niveau mondial, ils participent activement aux multiples structures internationales, régionales et nationales
pour être acteurs de leur développement et non plus victimes. Des progrès ont été
accomplis mais il reste encore beaucoup à faire pour résoudre les divergences qui
subsistent entre leurs intérêts et le
développement national ou privé.
risques opposés les menacent : La dissolution dans une mondialisation culturelle ou l’évolution vers une radicalisation interne et extrémiste d'exclusion (religieuse ou autre).
Ils ont un rôle essentiel à jouer dans le domaine de la gestion de l’environnement
et du développement en raison de leur savoir et de leurs pratiques traditionnelles
pour un développement durable, « pour l’unité dans la diversité de l’humanité toute
entière et une prise de conscience de la richesse d'autrui dans la construction d’un
monde respectueux des valeurs de la culture de paix. »
Deux
Sources
site de
«
principales : ONU, OIT, UNESCO, Raphaël PORTEILLA (maître de conférence
en sc po
à l'Univer-
Bourgogne), Survival, GITPA, ICRA International, dictionnaires Larousse, Wikipedia, association
Adéquations », FIDA (Fonds International de Développement Agricole) etc sur internet.
Dossier
Autochtone
(taata tumu)
(Traduit du tahitien)
1
de
Il y a encore peu de temps le mot
français «autochtone» n'était pas
chez nous, on n'en avait jamais entendu parler et d'ailleurs,
l'équivalent
mot n'existe pas dans notre langue. Depuis l'enfance
-
connu
ce
jusqu'à l'âge adulte,
soit le lieu où je me trouvais, que ce soit dans les réunions politiques,
les rassemblements religieux, auprès de mes parents ou de toutes les
personnes
âgées de mon enfance, à aucun moment je n'ai entendu utiliser ce mot par qui
que ce soit Cela fait peu de temps qu'on l'entend dans notre pays.
D'après ce dont je me souviens, c'est vers la fin des années 80 que j'ai
entendu pour la première fois ce mot «autochtone». Ce
qui m'étonne beaucoup,
c'est à quel point son usage s'est répandu de nos jours. À
l'époque on n'arrivait
plus à comprendre qui on était exactement, où on était et comment on pouvait
se situer par rapport à cette nouvelle
expression : «autochtone». Qui était vraiment cette personne qu’on appelle « autochtone » ?...
À ce que j'ai compris, nous n'étions plus des Tahitiens, nous n'étions plus des
Paumotu, nous n'étions plus des Mangaréviens, ni des Marquisiens, ni des habitants des Australes, ni des Maupiti, ni d'autres gens des Iles sous le Vent, ni des
Maiào, ni des « Mooréanéens », cela signifiait que nous n'étions plus des Maôhi
mais plutôt des autochtones, c'est-à-dire des gens du pays...Mais
qui ? D'où
viennent-ils ?
Qui sont leurs parents ?.... Toutes ces questions sont sans
importance, ils sont nés dans le pays donc ce sont des gens du pays, il ne faut pas se
poser de question, il ne faut pas chercher à comprendre, c'est ainsi...
Mais peut-on se fier à cela ? C'est pourquoi nous allons
essayer d'expliquer
la signification véritable de ce mot «autochtone».
quel
que
...
...
2
Le mot «autochtone»
deux
significations : on parle en l'employant de
catégorie. On peut se questionner: si on parle de deux catégories différentes de
personnes quand on prononce
ce mot «autochtone»
qui représentent-elles ? C’est ce que nous allons définir
-
a
deux catégories de personnes et non d'une seule
maintenant.
LitteRama’OHi
a)-
Isidore
a
# 19
Hiro
On appelle en français la première catégorie «les autochtones natifs».
langue quelqu'un qui est né dans notre pays. Mais
Ce qui veut dire dans notre
b)-
qu'il faut bien préciser c'est que ce n'est pas une personne originaire de ce
maisune personne dont les parents ou les ancêtres sont venus de l'extérieur
et, à ce sujet, il ne faut pas oublier que les étrangers sont arrivés pour la première
fois chez nous à la fin du 18ème siècle, que certains se sont installés définitivece
pays
ment chez nous, se sont
unis à des Maôhi
ou
bien entre eux, ont eu des enfants,
sont devenus
propriétaires de terres et que ce phénomène a perduré jusqu'à la
génération d'aujourd'hui.
Ce sont ces personnes qu'on appelle «autochtones natifs», c'est-à-dire des
personnes nées dans le pays, qui ont grandi dans le pays, sont mortes dans le
pays et y ont laissé des descendants. Donc nous pouvons dire que ces personnes
sont des gens d'ici.
Nous allons examiner maintenant la deuxième
signification que peut avoir
mot «autochtone» et ainsi nous constaterons les différences entre ces deux
ce
catégories de
personnes.
La deuxième signification de ce mot se dit en français «autochtone de
souche», ou bien «originaire», cela désigne dans notre langue les premiers habitants de ce pays.
de
Un «autochtone de souche»
est
un
homme de souche,
originaire
pays, attaché au socle de sa terre, relié à ses ancêtres par son nom depuis
la nuit des temps, depuis des générations et des
générations jusqu'à ce jour. Cette
ce
personne-là
son
pays.
Le lien
a un
lien
avec sa
terre, un lien
avec sa
généalogie et fait
corps avec
les
origines se fait aussi par le sang (le sang maôhi), on peut par: le peuple Maôhi, du lien
symbiotique de ces personnes avec
l'animal protecteur de leur famille, venu de la terre, de l'océan ou du ciel. On
peut évoquer sa terre, son placenta, le nombril de sa terre, sa montagne, sa
avec
1er aussi de l'ethnie
d'eau douce, le lieu où les gens se rencontrent, s'installent et discutent,
embouchure, sa passe, son marae et son Dieu. Il a un hymne pour son pays
source
son
le t rava, le ûte, le rùau, le patautaù, le pehepehe, le
paripari (éloge du pays). Il
ses instruments de
musique, sa conque marine, son tambour, son toère, sa
flûte nasale et pratique ses danses comme le tea, le hivinau, le
:
utilise
paôâ, le àparima
etc. Il
a son
nelles
(pirogues de pêche, pirogue de
four
traditionnel, où il fait cuire les plats habituels, sa nourriture
composée des fruits de la terre et des ressources de l'océan. Le tatouage et la
sculpture font partie de ses coutumes,, il est très habile au tressage et connaît les
techniques pour construire les habitations locales et les embarcations traditionC’est l'ensemble de
terre et conduisent à dire
course et
richesses et de
ces
:
ces
«C'est vraiment
un
grandes pirogues doubles) etc.
qui le lient au socle de sa
savoirs
autochtone de souche.»
Dossier
Pour conclure
se
référer à
un
que l'on peut dire sur cette personne et sur sa terre on peut
proverbe maôhi : «La terre est la mère nourricière du Maôhi.»
ce
Voici la démonstration de la différence entre ces deux
catégories
l'un a un lien viscéral avec sa terre et ses ancêtres, on
sonnes :
l’appelle
de
çais «autochtone de souche», donc il appartient à sa terre natale et au
dont il est originaire alors que l'autre n'a pas de lien ancestral avec la terre
premiers habitants de cette terre
per-
franpeuple
en
et les
parents ou ses ancêtres sont
venus de l'extérieur et donc on
l'appelle, en français, «autochtone natif» : il est
né dans le pays, y a vécu et c'est tout.
Cela dit, nous sommes tous des humains : comme l'a dit le Grand Prêtre
parce que ses
Vaita
: «Ils seront
d'aspect différent de nous et pourtant ce sont nos semblablés, issus du même tronc.». Donc il n'y a aucun problème pour vivre ensemble
au quotidien en se respectant mutuellement.
Isidore
a
Hiro
LitteRama’oHi
Isidore
a
# 19
Hiro
Taata tumu
(autochtone)
1
Aita terâ parau « autochtone» i itehia aènei' e aore ra i faaroohia aènei i te
e aita roa atoà atu terâ taô i roto i te reo o te maôhi, mai toù â tamariiraa
-
fenua nei
mai
tae
mai i toù
paariraa, tae noa atu i te mau vahi atoà taù i haere i roto
poritita, faaroo ânei, i pihai iho i toù iho na metua ânei
e i te feiâ paari atoà no toù ra tau, aita roa atu terâ
parau e parauhia ra e i faaroohia aènei. No teie roa nei terâ parau i te àtùtùraa i roto i to tatou nei fenua.
Noù noa nei, i roto paha i te pae hopeà no te mau matahiti 1980 ra toù faarooraa no te taime matamua roa i terâ parau “autochtone”. E o taù ia e maere
rahi nei ua riro roa teie parau, ei parau rahi roa i teie mahana. Eita atu ra ôe e
e
roa
ànei i te tahi
taa maitai
i
mau
faahou
rùrùraa
e : o
vai
mau
atu
na
râ hoi ôe... tei hea ôe...
e
eaha to ôe tiàraa
i teie parau âpï “autochtone”... O vai teie taata...
Te âuraa ia hiôhia atu, èere tatou i te Taata Tahiti faahou,
mua
èere i te Paùmotu
faahou, èere i te Maareva faahou, èere atoà i te Nuuhiva tae noa atu i te Tuhaa
Pae ânei, te Maupiti ànei e to Raro Matai mâ taatoà, te Maiào atoà e aore ra èere
i te Taata Moorea faahou, te âuraa, èere tatou i te Maôhi faahou e “autochtone”
râ, ôia hoi ; e taata ia no te fenua nei... aita rà e faataa ra e : o vai mau na râ
ôna... no hea mai ôna... e o vai tona mau metua... haapaô noa râ e, ua fanauhia
i te fenua nei e taata ia no te fenua nei, eiaha e feruri, eiaha e tuatâpàpà, mai terâ
ihoâ... Terâ
teie parau
2
noa.
-
mau
ànei râ hoi...
tamata ia tatou i te hiô mai i te âuraa
mau no
“autochtone”.
“Autochtone”
E ui ia tatou e,
“autochtone”...
a)
e
o
e
piti
mai te
vai ia
piti taata teie e parauhia nei èere ra hoê
piti taata teie e faahitihia nei i roto i teie taô
auraa tona, e
peu e
raua...
ta tatou ia
e
hiô mai i teie nei.
Te âuraa matamua e parauhia teie taata na roto i te reo farani e :
natif’, te âuraa na roto i to tatou reo : e taata fanauhia i te fenua
nei. Te vahi râ o te tià ia haapapü maitaihia, èere râ i te taata tumu no teie fenua
e taata rà e tona mau metua e aita ra tona mau
tupuna, no rapae mai ia i te haer-
“autochtone
eraa
mai io tatou nei
i tae mai
ma
vaùraa
te
e
eiaha atoà ia àramoinahia ia tatou e, te mau taata èê atoà
roa io tatou nei, tei te pae hopeà ia no te àhuru
taime matamua
(18)
(1800), ua noho tumu roa mai, ua faaea i te taata
i rotopü noa ia ratou ratou iho, ua huaàihia, ua fenuahia e tae
aènei i teie ànotau i to tatou, te üi no teie tau.
maôhi
roa
no
e aore ra
o te tenetere
Dossier
O ratou teie
mau taata e parauhia nei e: “autochtone natif’ ôia
hoi,e taata
fanauhia i te fenua nei, paari i te fenua nei, pohe i te fenua nei e ua huaàihia râ
i te fenua nei, e parau ia tatou e taata atoà ia no te fenua nei. E hiô mai râ tatou
i teie nei i te piti no te âuraa no teie taô
“autochtone”, i reira tatou e taa
papü
maitai ai i te taaêraa
b) - Te piti
souche”
roa
ia
fenua
nâ taata
âuraa,
toopiti nei.
roto i te
farani te na ô ra ia e : “autochtone de
“originaire”, te âuraa na roto i to tatou reo : te taata matamua
teie fenua, e taata tumu, e taata âià,taàmuhia i nià i te
pàpà no tona
e aore
no
e
no te
no
taàtihia i nià i te
tau âuiui mai
na
reo
ra,
e
pàpàraa iôa no tona
mau
tae roa mai i teie mahana. E
tupuna tona i nià i te tino
no
tupuna mai te pô mai, mai té
pàpàraa fenua tona,
e e
pàpàraa
tona fenua.
E 5 mai te parau no te
taata
maôhi), tae
noa atu
tôtô (e tôtô maôhi), te parau no te taura taata (e taura
i te parau no te tâüra no terâ e terâ ôpu fetii taata, i nià
ânei i te fenua, i roto i te moana üriüri pao ânei e to te reva. Te
parau no tona
fenua, te pü fenua, te pito o te fenua, tona mouà, tona puna pape ôra, tona tahua
e tona vauvau o tona ia
turuiraa, tona ôütu, tona âva, tona pü-marae e tona Atua.
E himene âià tana : e târava, e ûte, e ruàu, e
pataùtaù, e pehepehe, e paripari
fenua. E ùpaùpa tana mai te pü, te pahü, te toère, te vivo e tae noa atu i tana
ôri,
mai te ôteà, te hivinau, te paôâ, te àparima etv... E âhi-maa tana e
hopehope
maite aè tana maa-tahiti, tana maa tumu te reira e te mau hotu rau atoà o te fenua
e
to te tai. Te vai nei tana tatâu
e
tana
nanaô,
no roto
mai i tana peu-tumu, tona
àravihi i te
ôhipa haùne e te raraa, tona ite i te haamani i tona fare maôhi e te
ôhipa tarai vaa (te vaa taià, te vaa hoehoe, te vaa tauàti) etc.
Teie o te tahi no te mau faufaa tumu atoà e te
paari o tona ite, tei natinati
maite iana i nià i te pàpà o tona fenua i parauhia ai ôna e : e taata tumu no te
fenua ôia hoi “autochtone de souche” e parauhia ra. E no te
puôhu i teie parau i
tona e tona fenua, te na ô ra te tahi
parau paari a te maôhi e : «Te fenua ra e
metua vahiné ia
no
te maôhi».
Teie te taaêraa no na taata toopiti nei, e pàpàraa fenua, e e
pàpàraa tupuna to
tahi, ia âu i te parauraa na roto i te reo farani e : «autochtone de souche» ôia
hoi, e taata-âià e taata tumu no te fenua. Areà i to te tahi iho ra, aita ia tona e
pàpàraa fenua e pàpàraa tupuna i nià i te tino no teie fenua e te mau taata matamua no teie fenua, no te mea, tona mau metua e aore ra tona mau
tupuna, no
rapae anaè mai ia i te haereraa mai io tatou nei i parauhià ai ôna e : e «autochte
tone natif» ôia hoi fanauhia
e te ôra râ i te fenua nei, e tira râ atu ai.
Hoê â anaè râ tatou, ia âu i te parau paari a te Tahuà Rahi ra o Vaita e :
«E tino ê to ratou e tino ê to tatou, hoê â anaè râ hum no te TUMU mai».
No reira aita e tafifiraa i te pae no to tatou ôraraa, e ôra
âpipiti noa tatou mâ te
faatura maite te tahi i te tahi, e tià roa ai.
LittéRama’OHi
8 19
n.atacha Gagné
Les
peuples autochtones
et leur lutte1
Dans le mouvement mondial de
décolonisation, certains États d'Océanie ont
acquis leur indépendance complète. D'autres ont progressivement acquis un certain
degré d'autonomie, tout en restant dans le giron d'un autre État. Ailleurs, comme
en Nouvelle-Zélande, en Australie et à Hawai'i, où la voie de
l'indépendance n'était
pas ou difficilement une option concevable, les populations autochtones, qui sont
devenues des minorités démographiques, ont gagné différentes mesures de protection et de contrôle sur leur destin en recourant à la stratégie autochtone. Dans
les années 1970, des leaders M ori, Hawaiiens et Aborigènes d'Australie, aux côtés
de militants amérindiens et inuit, furent en effet responsables d'une mobilisation
de la catégorie « autochtone » à des fins politiques et légales particulières à l'international. Des représentants d'autres peuples se sont par la suite joints à eux.
Aujourd'hui, on estime à environ 300 à 350 millions le nombre de personnes se
considérant et pouvant être considérées comme autochtones dans le monde
(IWGIA 2007 : 10 ; WGIP 2001 ; pour des estimations régionales, voir MayburyLewis 2006 : 22). Ces personnes représenteraient près de 6°*de la
population mondiale et constitueraient pas moins de 5000 peuples dans 77 pays.
Dans les pages qui suivent, nous verrons d'abord ce que sous-tend la
«
autochtone
tones. Nous
autochtones
catégorie
portée générale des revendications autochrésumerons enfin les principaux moments marquants des luttes
à l'international, en particulier sera soulignée l'importance centrale
».
Nous
verrons
ensuite la
de l'ONU dans l'avancée de la
1
Ce texte
cause
autochtone
au cours
des dernières décennies.
reprend de grands passages de notre chapitre intitulé « Les peuples autochtones, une catédéveloppement » publié dans Introduction au développement international : approches,
acteurs, enjeux, sour la direction de P. Beaudet, J. Schafer et P. Haslam (Presses de l’Université d'Ottawa,
2008 : 372-390). Sur la question, les lecteurs pourront aussi trouver utile de consulter
Gagné, Martin
et Salaün (2009) et Gagné et Salaün (2010a).
gorie
en
Dossier
L'autochtonie
Il existe
:
acceptions universelle et particulière
distinction
importante entre deux acceptions de l'autochtonie :
catégorie universelle aux usages anciens et l'autochtonie
comme catégorie
particulière, une catégorie identitaire et politique, mais aussi
légale relevant du droit international depuis la fin des années 1970.
Jetons d'abord un œil à l'étymologie du mot français « autochtone ». Celuici renvoie au grec autokhthôn qui se
décompose en deux mots : « autos » qui
signifie « même » et « khthôn » qui signifie « terre ». Le mot grec signifie donc
«
qui vient de la terre même ». En français, ce qui est autochtone est défini
comme étant ce «
[q]ui est issu du sol même où il habite, qui est censé n'être pas
venu par immigration ou n'être
pas que de passage » (Dictionnaire Le Petit
Robert, 1993 : 160). Des synonymes d'« autochtone » sont « aborigène » et
«
indigène ». Dans son acception générale, « autochtone » est l’antonyme
d'« étranger ». Donc, une coutume autochtone est une coutume relative aux
habitants du pays, une espèce autochtone d'arbres est une espèce de la
région,
qui n'a pas été importée, et être autochtone à un lieu signifie être originaire de
ce lieu. On voit que dans cette
acception générale, il s'agit d'un concept propreune
l'autochtonie
comme
ment universel.
De tout
à
temps, ce qui est universel, c'est la propension de toutes les sociétés
ce et ceux qui viennent d'ici et ce et ceux qui viennent d'ailleurs.
société, il s'agit de définir ses frontières propres en identifiant un
altérité, sur des bases qui lui sont spécifiques et partant, varient
distinguer
Pour toute
Autre,
une
d'une société à l'autre. Peu
importe la langue dans laquelle elle s'exprime, la
autochtone » a été utilisée de tous temps pour marquer cette distinction entre ceux qui sont d'« ici » en opposition à ceux qui viennent d'ailleurs, les immigrants. On retrouve cette distinction tant chez les Grecs anciens,
les Celtes, les Romains, les Kanaks de la Nouvelle-Calédonie, les
peuples d’Amazonie, les Mossi de l'Afrique subsaharienne, que les Égyptiens de l'époque des
Pharaons, pour ne nommer que quelques exemples classiques (voir, entre autres,
Bensa 2008, Detienne 2003, Sahlins 1989). C'est aussi cette distinction entre
ceux qui viennent d’ici et ceux
qui viennent d’ailleurs qu'on retrouverait derrière
catégorie
«
l'identité
tn
'ohi, fer de lance du
mouvement de renouveau culturel tahitien
depuis la fin des années 1970, comme l'a indiqué Saura (2008), citant Dura Raapoto : « Maohi est l'exact opposé de hutu painu (graine à la dérive). Il est générâlement défini de la manière suivante : commun, indigène, qui n'est
pas
étranger » (1978 : 115 cité dans Saura 1998 : 121). Saura précise que le terme
« hotu
p inu (ou hutu p inu) (...) désign[e] stricto sensu le fruit de l'arbre Barringtonia [hotu) qui dérive [p inu) sur la mer et vient prendre racine sur les
rivages » (2008 : 121).
LittéRama’oHi
» 19
flatacha Gagné
utilisée comme base de la
légitimité spatiale, juridique et politique, et cette légitimité est fondée sur le lien
privilégié d'un groupe avec la terre où il demeure et donc, sur l'antériorité d'occupation du territoire. Dans tous ces cas, l'autochtonie est habituellement le fait
des majoritaires, et est potentiellement utilisée comme base à la relation avec
les immigrés. Chez les Kanak, les Mossi et les Fidjiens, par exemple, avant la colonisation européenne, la distinction entre les deux groupes distincts, voire antagonistes, est à la base de l'idéologie juridique et politique : aux autochtones la
terre et sa maîtrise juridique et religieuse, et aux étrangers le pouvoir politique
Dans
ces
sociétés, la catégorie « autochtone » est
les hommes (Bensa 2008).
Depuis les années 1920, mais avec plus de force depuis la fin des années
1970, dans le cadre du mouvement plus large de décolonisation et des luttes
pour les droits civils, on a assisté à une remobilisation du concept sur la scène
internationale dans un contexte politico-historique très précis.
Cette remobilisation comporte deux dimensions importantes. D'un côté, on
assiste à la formation d'un mouvement social qui récupère la dénomination
« autochtone » à des fins identitaires et politiques qui leur sont propres eu égard
sur
contemporaine. Le qualitatif d'« autochtone »
des populations marginalisées pour demander justice pour la
droits humains dont elles sont victimes depuis la colonisation ou
revendiquer des droits en vertu de leur antériorité d'occupation
à leur histoire et à leur situation
est alors utilisé par
violation des
l'invasion, et
d'un territoire.
De l'autre, on
activités
en
assiste à l'émergence à l'ONU
principalement à travers les
économique et social et
matière de droits de l'homme, le Conseil
l'Organisation internationale du travail (OIT) d'une catégorie légale corresponun ensemble particulier de populations discriminées dans les États. Si
aucune définition formelle de la catégorie n'a été formulée jusqu'à ce jour - les
autochtones eux-mêmes s'y opposant -, certains critères généralement admis la
balisent. Ces critères se retrouvent en grande partie dans la définition de travail
de José Martinez Cobo, le rapporteur spécial qui fut chargé en 1971 par la SousCommission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection
des minorités de l'ONU d'étudier le problème de la discrimination contre les
populations autochtones dans le monde. Cette définition qui a guidé les travaux
des Nations-Unies depuis est la suivante :
dant à
379. Par
communautés, populations et nations autochtones,
il faut entendre celles
par une continuité historique avec les sociétés antérieures à l'invasion et
les sociétés précoloniales qui se sont développées sur leurs territoires, se jugent
qui, liées
avec
qui dominent à présent sur leurs territoires
parties de ces territoires. Ce sont à présent des éléments non dominants de la société
et elles sont déterminées à conserver, développer et transmettre aux générations futures
distinctes des autres éléments des sociétés
ou
Dossier
les territoires de leurs ancêtres et leur identité
ethnique qui constituent la base de la
peuple, conformément à leurs propres
culturels, à leurs institutions sociales et à leurs systèmes juridiques.
continuité de leur existence
modèles
en
tant que
380. Cette continuité
historique peut consister dans le maintien, pendant une longue
période jusqu'ici ininterrompue, de l'un des facteurs ou de plusieurs :
a) L'occupation des terres ancestrales ou au moins d'une partie de ces terres ;
b) L'ascendance commune avec les premiers occupants de ces terres ;
c) La culture en général ou sous certaines de ses manifestations (telles que religion,
vie en système tribal, appartenance à une communauté autochtone, costume,
moyens d'existence, mode de vie, etc.) ;
d) La langue (qu'elle soit utilisée comme langue unique, comme langue maternelle,
comme moyen habituel de communication au
foyer ou dans la famille, ou
comme langue
principale, préférée, habituelle, générale ou normale) ;
e) L'implantation dans certaines parties du pays ou dans certaines régions du
monde ;
f) D'autres facteurs pertinents.
381. Du
point de vue de l'individu, l'autochtone est la personne qui appartient à une
population autochtone par auto-identification (conscience du groupe) et qui est
reconnu et accepté par cette
population en tant que l'un de ses membres (acceptation par le groupe).
382. Cela laisse
aux communautés autochtones le droit et le
pouvoir souverain de
quels sont leurs membres, sans ingérence extérieure (extraits du document de
E/CN.4/Sub.2/1986/7/Add. 4, cité dans Schulte-Tenckhoff 1997 : 134-135).
décider
l'ONU
La catégorie « autochtone » correspond donc à une configuration
spécifique
de rapports de pouvoir, incluant le fait que les peuples autochtones sont les derniers peuples à être encore colonisés et à être victimes d'activités expansionnistes. Les populations autochtones 1) sont sous domination ; 2) ne peuvent pas
(ou difficilement) à leurs propres ressources naturelles ; 3) sont en minopolitique et souvent non reconnues ; 4) sont exploitées économiquement par
les sociétés voisines ; et 5) sont niées culturellement (Schulte-Tenckhoff 1997).
C'est la combinaison de ces caractéristiques qui les distingue, les peuples autochtones figurant parmi les populations les plus défavorisées du globe. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'on parle souvent d'elles comme faisant partie du Quart
Monde, c'est-à-dire qu'elles sont parmi les populations les plus défavorisées et
opprimées au sein des pays développés et du Tiers Monde.
La catégorie « autochtone » suppose aussi une continuité historique avec les
sociétés antérieures à l'invasion ou .à la colonisation. Elle suppose de
plus une
spécificité culturelle au plan de l'ontologie, de la cosmologie, de la langue, de la
coutume, de la religion. La définition de Cobo insiste d'ailleurs sur la nécessité
de la présence d'une volonté de maintenir et de perpétuer les environnements
et les systèmes ancestraux et donc, la spécificité culturelle.
accéder
rité
LittéRama’OHi
flatacha
# 19
Gagné
autochtone » est le critère
Un autre critère
d'autodéfinition
ou
important balisant la catégorie «
d'auto-identification. Ce critère est
en
effet maintenant
lar-
gement reconnu dans les instances onusiennes. Ainsi, par exemple, on peut lire
dans la Convention 169 de l'OIT, une convention très importante pour la cause
comme nous le verrons plus loin, que le « sentiment d'appartenance
tribale doit être considéré comme un critère fondamental pour déterminer les groupes auxquels s'appliquent les dispositions de la présente convention »
(cité dans Schulte-Tenckhoff 1997 : 141). On peut aussi lire à l'article 33 de la
Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones adoptée par
l'Assemblée générale de l'ONU en septembre 2007 que « Les peuples autochtones
ont le droit de décider de leur propre identité ou appartenance conformément à
autochtone
indigène
ou
leurs coutumes et traditions
».
Ce critère d'autodéfinition entre directement en
conflit, dans plusieurs cas, avec les catégories définies par les Etats.
autochtone » est qu'elle
particularité distingue la
catégorie de celle de « minorité » qui demeure associée, du moins à l'ONU, à la
revendication de droits individuels comme c'est le cas, par exemple, dans la
Déclaration des droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou
ethniques, religieuses et linguistiques de 1992. C'est sur leur histoire de dépossession, d'exclusion et de domination, sur leurs modes de vie propres et leurs
capacités en tant que sociétés autonomes avant d'être colonisés ainsi que sur
leur situation actuelle comme communautés et cultures menacées que se fondent les revendications en termes collectifs des autochtones (voir, par exemple,
Bellier 2009, Saganash 2009, Schulte-Tenckhoff 2009).
Il faut préciser que les rapports de domination dont souffrent les populations qui s'identifient comme autochtones et revendiquent des droits en lien
avec la catégorie légale « autochtone » semblent plus clairs dans les sociétés
issues de la colonisation occidentale puisqu'est évidente la distinction entre le
peuplement aborigène et les peuplements issus de la colonisation européenne
et des immigrations subséquentes (Schulte-Tenckhoff 1997). En effet, à l'ONU,
la définition des peuples autochtones concernait d'abord les habitants originels
des colonies de peuplement européen. Cette référence était implicite dans la
définition de travail de Cobo. Sans qu'une liste n'ait jamais été établie par
l'ONU, les peuples emblématiques de l’autochtonie sont donc les Amérindiens
des Amériques, les Inuits des régions circumpolaires, les M ori de la NouvelleZélande et les Aborigènes d'Australie (voir, entre autres, Schulte-Tenckhoff
1997 ; Sissons 2005; Tsing 2007). Les leaders de ces peuples furent d’ailleurs les
premiers responsables, comme nous l'avons vu en introduction, d'une remobilisation de la catégorie « autochtone » à des fins politique et légale particulières
Un autre
point fondamental relatif à la catégorie
sous-tend la revendication de droits collectifs. Cette
à l'international.
«
47
Dossier
Des
représentants d'autres peuples qui se sont identifiés comme autochtones
la suite rejoint leurs rangs, qu'on pense aux Saami de Scandinavie, aux
peuples autochtones de Sibérie, aux insulaires du détroit de Torres en Australie
et aux Ainu du Japon. Ces peuples sont aujourd'hui
largement reconnus comme
ont par
autochtones.2
La situation est
beaucoup moins claire quand il s'agit des peuples dits « trid'Afrique auxquels on applique parfois aussi la
catégorie « autochtone », comme le fait l'OIT (Schulte-Tenekhoff 1997). La situation de plusieurs peuples dits « tribaux » est très semblable à celle des
peuples
autochtones quand il est question de la menace que la société industrielle fait
courir à leurs terres, à leur économie traditionnelle, à leur
ontologie et à leur
identité particulière.
S'ajoute d'ailleurs à la définition de Cobo un volet sur les conditions similaires
de marginalisation et de non-dominanee de communautés qui n'ont
pourtant
pas été victimes de conquête, de génocide ou d'assimilation forcée :
baux
»
d'Asie
et
En dépit du fait que les groupements de population isolés ou marginaux
qui existent
dans le pays n'ont été ni conquis ni colonisés, il faut
également lés inclure dans la
notion de 'populations autochtones', pour les raisons suivantes : a) ils sont les des-
cendants de groupes qui se trouvaient sur le territoire du pays au moment de la venue
d'autres groupes, de culture ou d'origine ethnique différente ; b) ils ont conservé
presque intactes leurs coutumes et traditions ancestrales,
été qualifiées d'autochtones, en raison précisément de
analogues à celles qui ont
leur isolement des autres
couches de la population du pays ; c) ils sont, ne serait-ce même que formellement,
placés sous une structure étatique qui est l'expression de caractéristiques nationales,
sociales et culturelles qui leur sont étrangères (extraits du document de l'ONU
E/CN.4/Sub.2/L.566, § 45, cité dans Schulte-Tenckhoff 1997 : 136).
C'est en lien avec ce dernier volet de la définition de Cobo que la situation
plusieurs peuples d'Asie et d'Afrique a été abordée à l'ONU comme une question autochtone. Pourtant, comme le souligne Schulte-Tenckhoff, le texte semble
surtout faire référence « à des populations occupant des habitats
écologiquement fragiles, comme les régions forestières et désertiques, nécessitant des
modes de vie adaptés » (1997 : 136). Semblent donc toujours faire problème dans
la définition de l'autochtonie les peuples transfrontaliers et nomades, les
peuples
constitutifs des États africains, asiatiques (et océaniens) issus du mouvement de
décolonisation et victimes de diverses formes de néocolonialisme (pour des
exemples, voir Schulte-Tenckhoff 1997 : 136-137, Pelican 2009), bien que ces
de
2
Fait à noter, les
populations du Pacifique Sud francophone et, plus largement de l'ancien empire colofrançais, ne participent que depuis très récemment à la mobilisation, à l'exception des Amérindiens
Guyane et du Canada français dont des leaders se sont joints rapidement au mouvement.
niai
de
LittéRama’OHi
flatacha
# is
Gagné
peuples aient fait l'objet d'une plus grande attention au cours des
années dans les instances onusiennes s'intéressant à l'autochtonie.3
dernières
Les demandes autochtones
Comme
nous
l'avons montré ailleurs
(Gagné et Salaün 2010b), historique-
ment, dans le mouvement général de décolonisation, les revendications nationalistes
(indépendantistes) et les revendications autochtones n'ont pas visé, en
général, le même type d'autodétermination : ce que réclament les mouvements
indépendantistes, c'est l'exercice d'une pleine et entière souveraineté en tant
qu'État après une sécession d'avec l'État original, alors que ce que demandent la
très grande majorité des mouvements autochtones, c'est la possibilité d'exercer
une autonomie à l'interne, en restant citoyens de leur pays, tout en pouvant profiter de droits supplémentaires par rapport à leurs concitoyens au motif de droits
collectifs qui leur seraient reconnus au nom de leur histoire partagée de dépossession, d'exclusion et de domination, de leurs modes de vie propres et de leurs
capacités en tant que sociétés autonomes avant d'être colonisés, ainsi que de
leur situation actuelle'
de la Déclaration
comme
communautés et cultures menacées. L'article 46
les droits des
peuples autochtones permet d'ailleurs d'interpréter et de qualifier leur droit à l'autodétermination tel qu'énoncé aux articlés 3 et 4 de la même déclaration. Cet article précise :
sur
qu'aucune disposition de la présente déclaration ne peut être interprétée comme
impliquant pour un Etat, un peuple, un groupement ou un individu, un droit quelconque de se livrer à une activité ou d'accomplir un acte contraire à la Charte des
Nations Unies.
■
Et les Nations Unies,
minorités nationales de
jusqu'à maintenant, ont défini les contours du droit des
façon telle qu'il n'a de portée légale qu'en matière d'au-
todétermination interne.
«
En
ce
sens,
les minorités nationales n'ont de droit que
protégées à l'intérieur d'un État souverain. Ce droit n'a rien de collectif au sens où un État souverain serait dans l'obligation d'octroyer un tel pouvoir à l'une ou l'autre de ses minorités » (Bariteau 2009).
Les articles 19, 21,22 de la Déclaration soulignent aussi le devoir de l'État de
s'acquitter de ses obligations de garantir le droit au développement, ce qui souligne encore le maintien des peuples autochtones au sein des États.
celui d'être
3
Sissons
formule.
(2005) décrit l'effet de l'élargissement du mouvement
sur sa
définition et les demandes qu'il
Ce que les autochtones revendiquent généralement, c'est un contrôle sur leurs
vies et leur propre destin. Henriksen (2001) identifie différentes significations que
■peuvent revêtir les demandes autochtones qui s'articulent en termes d'autodétermination
:
•
contrôle
sur
•
contrôle
sur
•
pleine participation à la vie nationale comme citoyens à part entière, ce qui
un redressement des disparités socio-économiques
représentation dans les instances de l'État et consultation dans l'élaboration des lois et programmes qui les concernent
la décolonisation des institutions et des services (santé, éducation, environnement...) et leur contrôle (total ou partiel)
reconnaissance de droits coutumiers dans certains domaines (droit foncier,
droit familial, justice pénale)
valorisation des structures et modes de vie traditionnels et liberté de préserver et promouvoir leur culture
mise en place de mécanismes de résolution de conflits et de réparation des
préjudices.
la gouvernance locale, tribale
le territoire « traditionnel » ou ancestral
peut impliquer
•
•
•
•
•
La très grande majorité des autochtones ne visent donc pas l'obtention de la
pleine souveraineté et pour la grande majorité d'entre eux, elle n'est pas une
option envisageable étant donné, entre autres, leurs conditions extrêmement
précaires et leur poids démographique4 (voir Gagné et Salaün 2010b). Dit autrement, la majorité les autochtones ne visent pas une autre citoyenneté, mais
après avoir initialement mené des luttes anti-discrimination pour cesser d'être
considérés comme des « citoyens de seconde zone », ils revendiquent en quelque
sorte une forme de « super-citoyenneté », où ils gardent les mêmes droits individuels que leurs concitoyens non autochtones tout en ajoutant le bénéfice de
droits collectifs. On comprend dès lors combien leurs revendications heurtent
nombre de conceptions de l'égalité citoyenne.
1
Plusieurs populations autochtones sont en effet très petites au plan démographique. En Australie, les
Aborigènes et les insulaires du détroit de Torres ne représentent que 2,5 % (recensement de 2006) de
la population totale australienne, alors qu'au Canada, l'ensemble des nations autochtones - très diversifiées entre ellès aux plans de la culture et des conditions socio-économiques et politiques - représentent 3,8 °/o (recensement de 2006) de la population canadienne.
LittéRama’oHi
flatacha
Les
#19
Gagné
grands moments qui ont marqué la lutte autochtone
son acception onusienne
dans
L'établissement véritable des mouvements autochtones nationaux et inter-
national et leur
expansion commença après la Deuxième guerre mondiale, même
ne vint que dans les années 1970.5 L'impulsion vint du
constat d'échec des politiques assimilationnistes révélées par les statistiques dans
les années 1960 et 1970 qui démontraient les limites de l'égalité juridique, des
frustrations engendrées chez les autochtones par l’incapacité d'obtenir justice
auprès des gouvernements des États dont ils font partie et de leur refus de se
reconnaître dans les catégories politiques établies par ces mêmes États. Les peuples
si le véritable momentum
se
reconnaissant
tés
avec
comme
autochtones furent alors amenés à établir des solidari-
d'autres autochtones au-delà des frontières des
États
et à établir des liens internationaux avec divers acteurs non
blés à leur
où ils habitaient,
autochtones sensi-
tout en faisant appel aux instances internationales, en particufaçon à faire entendre leurs doléances et leurs demandes. Un des
objectifs est alors de mettre en défaut les États en exposant certains cas d'abus
sur la scène internationale dans l'idée de ce que Blaser, Feit et McRae (2004, suivant Keck et Sikkink 1998) appellent la « stratégie boomerang » : l'arène internationale est utilisée afin de créer une pression sur les États en se servant de
l'opinion internationale pour influencer les décisions au niveau national. Et,
comme le remarque Niezen (2003) et Morin (2005, 2009), l'ONU est devenue le
foyer central du mouvement autochtone international. À ce niveau, un autre
objectif important de la lutte autochtone est la reconnaissance de leur situation
et problématiques particulières et la mise en place de standards internationaux
pour garantir leur protection, leur développement et leurs droits.
Les ONG autochtones et non autochtones jouèrent, à partir de cette période,
un rôle très important à l'ONU dans la dénonciation des violations des droits de
l'homme dont étaient victimes les peuples autochtones et dans la reconnaissance
de leur cause en représentant un contrepoids aux États qui dominent le système
onusien encore aujourd'hui (voir Bariteau 2009, Niezen 2003). La Fraternité
cause
lier l'ONU, de
nationale des Indiens du Canada, créée en 1969, fut accréditée en 1974 comme
première ONG autochtone ayant un statut consultatif à l'ONU (Minde 1996).
organisation qui fut à l'origine de la création du Conseil
mondial des peuples indigènes en 1975 à la suite d'une rencontre entre des
représentants saami, inuit, m ori, aborigènes d'Australie et amérindiens à Port
la
C'est d’ailleurs cette
5
Pour des
Tenckhoff
précisions sur le contexte favorable de cette époque, voir Minde (1996), Allen (2002), Schulte(1997). Pour une synthèse, voir Gagné (2008).
51
Dossier
Alberny,
en Colombie-Britannique (Canada), avec l'appui
\'International Work Group for Indigenous Affairs (IWGIA), des
Scandinaves et du Conseil des
tion à l’ONU
en
comme
gouvernements
2009). L’ONG obtint son accrédita-
1981.
En 1977, se tint
Palais des Nations à Genève une première conférence porles questions autochtones : la Conférence internationale
la discrimination à l’encontre des populations autochtones dans les Amé-
tant directement
sur
au
sur
riques. Celle-ci réunit
en
Églises (Morin
d’ONG
soixantaine d’organisations autochtones. Elle fut suivie
conférence sur les populations autochtones et la question
une
1981 par une autre
foncière.
Ces rencontres, ainsi que
l’étude de Cobo sur le point d’être achevée6, ont
grandement contribué à la création, en 1982, du Groupe de travail des Nations
Unies sur les populations autochtones dans le cadre de la Sous-Commission de
la lutte contre les mesures discriminatoires et de la
protection des minorités, une
constituante de la Commission des droits de l’homme. Le
Groupe de travail est
une des avancées
importantes dans la cause autochtone à l’ONU. L’un des principes du Groupe de travail est la participation la plus large possible de représentants d’organisations (gouvernementales et non
gouvernementales) et de
communautés autochtones. Chaque année, environ 700
personnes participent
aux sessions du
Groupe, notamment des observateurs de gouvernements, d’ONG
et de peuples autochtones, ainsi
que des spécialistes et des universitaires.
À partir de 1985, le Groupe de travail se pencha sur l’élaboration d’une déclaration portant sur les droits des peuples autochtones.
L’adoption publique de ce
projet eut lieu en 1994 sous le titre « Projet de Déclaration sur les droits des peupies autochtones ». Le document fut alors soumis à la Commission des droits de
l'homme pour examen. Cette commission créa en 1995 le Groupe de travail sur
le projet de déclaration sur les droits des populations autochtones
chargé d’examiner le texte en vue de son adoption par l’Assemblée générale de l’ONU.
Plusieurs autres initiatives ont été prises par la communauté internationale
en matière de droits autochtones dont des séminaires
spécialisés et des réunions
d’experts. Des références de plus en plus fréquentes sont aussi faites aux peuples
autochtones dans les rapports et conférences sur des thèmes généraux. D’autres
initiatives à portée plus symbolique ont été la proclamation
par l’ONU de l’année
1993 comme Année internationale des
populations autochtones, les décennies
1995-2004 et 2005-2014 comme les première et deuxième Décennies internationales des populations autochtones. Le 9 août a aussi été déclarée Journée
internationale des populations autochtones.
6
L'étude réalisée par
1984.
José Martinez Cobo comprend cinq volumes qui furent présentés entre 1981 et
LittéRama’oHi
riatacha
À
» 13
Gagné
la Conférence mondiale
sur
les droits de l'homme
qui
se
tint à Vienne
en
1993, à laquelle participèrent des centaines d'autochtones, on recommanda à
l'Assemblée
générale de l'ONU d’examiner la possibilité d’établir
une
instance
permanente autochtone à l’ONU. L'Instance permanente sur les questions
autochtones des Nations Unies fut créée à l’été 2000.7 L'année suivante, la Cornmission des droits de l’homme décida de désigner un. Rapporteur spécial sur la
situation des droits de l’homme et des libertés fondamentales des populations
autochtones.8
Notons aussi que
depuis 1916, l’OIT joue un rôle important dans la lutte
penchant sur le sort de la main-d'œuvre autochtone. La
Convention 107 de l'OIT (1957) fut en fait le premier instrument international
traitant des droits des peuples indigènes et tribaux et des obligations des États à
l'égard de ces populations. Bien que novatrice, cette convention aurait pourtant
eu un ton paternaliste (Morin 2009 ; Schulte-Tenckhoff 1997), qualifiant les
populations faisant l'objet de la convention de « moins avancées » et privilégiant
une approche assimilationniste de « la protection et l'intégration des populations
aborigènes et autres populations tribales et semi-tribales dans les pays indépendants »9. La Convention 169 portant sur les droits des peuples indigènes et tribaux
dans les pays indépendants adoptée en 1989 aurait mis un terme à la visée assimilationniste. Cette convention comporte certains droits collectifs puisque « la
Convention No. 169 part du principe que les cultures et les institutions des peupies indigènes et tribaux doivent être respectées et affirme leur droit à continuer
de vivre dans leurs sociétés nationales, à établir leurs propres institutions et à
déterminer leur propre mode de développement » (ONU 2001). Comme le souligne
Schulte-Tenckhoff (1997 : 128), l'effort dans la reconnaissance de droits colléetifs demeure malgré tout très timide : les intérêts des États restent la priorité. La
convention 169 est entrée en vigueur en 1991. Elle a été ratifiée jusqu'à maintenant par 19 États10. De nombreuses instances ou programmes comme le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et la Banque mondiale
se réfèrent pourtant à la Convention 169 pour le développement de leurs propres
politiques et programmes relatifs aux populations autochtones, ce qui contribue
autochtone
à
7
en
faire
en se
une
Pour des détails
référence
sur
en
droit international.
l'Instance, voir http://www.un.org/esa/socdev/unpfii/fr/ (site consulté le 28 juin
2011).
8
Pour des détails sur le mandat et son titulaire actuel, voir http://www2.ohchr.org/french/issues/indigenous/rapporteur/ (page consultée le 28 juin 2011).
Pour le texte intégral de la Convention 107, voir http://www.ilo.org/ilolex/cgi-lex/convdf.pl7C107
(page consultée le 28 juin 2011).
9
10
Pour le texte
intégral de la Convention 169 et
une
liste à jour des
États
l'ayant ratifié, voir
http://www.ilo.org/ilolex/cgi-lex/convdf.pl7Cl69 (page consultée le 28 juin 2011).
53
Dossier
Le 29
juin 2006, après plus de 20 ans de discussions, la Déclaration sur les
peuples autochtones fut adoptée lors de la première séance du nouveau Conseil des droits de l'homme de l'ONU (en
remplacement de la Commission des droits de l’homme). Son adoption par l'Assemblée générale de l'ONU fut
aussi recommandée. Un pas important fut alors accompli pour l'avancée de la
droits des
cause
autochtone.
Pourtant, l'adoption de la Déclaration ne fit pas l'effet d'un consensus et
vote formel fut demandé
30
États votèrent
un
faveur de
l'adoption de la Déclaration, 2 États le Canada et la Fédération de Russie votèrent contre et 12 États
s'abstinrent dont six États africains, soit l'Algérie, le Ghana, le Maroc, le Nigéria,
le Sénégal et la Tunisie. La nature collective de certains droits stipulés dans ce
:
en
texte est controversée.
La Déclaration
sur les droits des peuples autochtones est donc
perçue comme
certains États et populations majoritaires. À y regarder de plus
près, on s'aperçoit aussi que des pays tels que la France et le Royaume-Uni, tout
en apportant leur soutien au nom des droits de l'homme, limitent fortement la
portée de ce soutien, affirmant que cette Déclaration ne s'applique pas dans leur
espace national. Ils insistent aussi sur l'idée qu'ils ne sauraient reconnaître des
droits collectifs qui priment sur les droits individuels. Ainsi, la France a voté en
faveur de la Déclaration, tout en faisant savoir qu'au niveau national, « la France
a relevé des difficultés
juridiques »11 quant à son application en vertu du principe
d’indivisibilité de la République, du principe d’égalité et de son corollaire, le principe de non-discrimination.
Plusieurs pays, tel que le Canada, soulignent par ailleurs le fait que la Déclaration est juridiquement non contraignante. En effet, selon le droit international,
les déclarations internationales
contrairement aux conventions pour les pays
les ayant ratifiées - ne sont pas contraignantes pour les États souverains étant
donné le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États
une menace
par
-
contenu dans la Charte des Nations Unies.
À
l'automne 2006,
plusieurs questions de procédure retardèrent la considéra-
tion de la Déclaration par l'Assemblée générale de l'ONU. Il fut décidé que la Troisième Commission (responsable des questions sociales, humanitaires et culturelles),
considérerait d'abord la Déclaration. Il apparut rapidement que plusieurs pays africains avaient des préoccupations importantes avec le texte de la Déclaration,
notamment relativement à la définition des « peuples autochtones », relativement
au
11
droit à l'autodétermination
qu'ils interprétaient
comme un
droit à la sécession,
Voir
http://www.unhchr.ch/huricane/huricane.nsf/view01/BCE215C018CE4384Cl 25719A007055F7?opendocument (page consultée le 28 juin 2011).
LittéRama’oHi
flatacha
b 19
Gagné
et relativement
au
droit
d'appartenir à
une
communauté
ou une
nation autoch-
tone, au droit de propriété des terres et d'exploitation des ressources et au droit à
la création d'institutions
politiques et économiques distinctes qu'ils voyaient
l'intégrité nationale et territoriale des États africains et/ou
comme contrevenant aux dispositions constitutionnelles africaines.12
Le 28 novembre 2006, la Namibie, appuyée par 29 États africains, présenta à
la Troisième Commission un amendement demandant le report du vote de la
Déclaration sur les droits des peuples autochtones par l'Assemblée générale à
septembre 2007. Cette résolution fut approuvée (82 votes pour et 67 contre) et
le vote fut entériné à l'Assemblée générale le 23 décembre 2006 (85 pour et 89
abstentions) (IWGIA 2007 : 560). De vives pressions auraient été exercées par le
Canada, les États-Unis, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
Manifestement, l'émergence d'un droit universel des peuples autochtones
pose problème. Non seulement les États doivent faire face à plusieurs enjeux
relatifs à l'émergence de ce droit à portée universelle dans lequel la définition
de la catégorie légale « autochtone » et l'identification des peuples autochtones
demeurent ambigus, mais les peuples autochtones eux-mêmes doivent aussi faire
face à toute une série d'enjeux. Rappelons que ni la Déclaration des Nations
Unies sur les droits des peuples autochtones, ni l'OIT, qui établit des standards
minimums pour la protection des populations autochtones, n'identifient ni ne
définissent avec précision lesdits « peuples autochtones ». La notion de « peuples
autochtones » serait pourtant suffisamment délimitée pour prévenir une inflation sans limite des revendications en termes d'autochtonie puisqu'elle ne peut
pas s'appliquer à n'importe quel groupe s'attribuant une certaine ancienneté.
Un des avantages d'une définition sans critères absolus et sans liste nominative de peuples est de garder ouverte la possibilité pour des peuples ayant
jusqu'alors utilisé d'autres voies pour se faire entendre de recourir à l'autochtonie
comme stratégie
politique. Un autre avantage d'une définition sans critères
absolus est de permettre l'expression et de favoriser la reconnaissance de la
diversité des populations autochtones. Plusieurs analystes ont d'ailleurs souligné
déjà les dangers inhérents à une définition à portée universaliste ou trop étroite
des peuples autochtones et des droits autochtones. La chercheuse m ori Linda
Tuhiwai Smith avance que : « [le] terme « autochtone » est problématique parce
qu'il semble collectiviser plusieurs populations distinctes dont les expériences de
comme
des
menaces
à
12
Pour des détails relativement à
à
:
ces
préoccupations, voir le Draft Aide Mémoire du Groupe africain
http://www.iwgia.org/images/stories/int-processes-eng/decl-rights-ind-peop/docs/AfricanGrou-
pAideMemoireOnDeclaration.pdf (page consultée le 28 juin 2011). Il est à noter que la plupart des
États africains ont à peine participé aux 20 ans de négociation entourant l'élaboration du texte de
la Déclaration, ce qui expliquer plusieurs erreurs d'interprétation.
55
Dossier
l'impérialisme ont été grandement différentes » (1999 : 6; notre traduction). La
du pluriel dans les expressions « peuples autochtones » (en anglais,
«
indigenous peoples ») a d'ailleurs été vigoureusement revendiquée par les leaders autochtones. L'autochtonie est hétérogène : elle
comprend une multiplicité
d'identités et d’enjeux locaux, territoriaux, tribaux, communautaires (voir aussi
Poirier 2000). Pourtant, un des inconvénients d’une absence de définition absolue tient au fait que les autochtones font toujours
l’objet de définitions décrétées unilatéralement par les États auxquels ils appartiennent. Cette situation
permet à certains États, sur la base de leur propre cadre juridique, d'affirmer que
le problème ne les concerne pas (Schulte-Tenckhoff 1997).
Le 13 septembre 2007, à quelques jours de la clôture de sa 61e
session, l'Assemblée générale de l’ONU a finalement adopté la Déclaration sur les droits des
peuples autochtones. Le résultat du vote a été de 143 voix pour, 4 voix contre
(Australie, Canada, États-Unis et Nouvelle-Zélande13) et 11 abstentions (Colombie, Azerbaïdjan, Bangladesh, Géorgie, Burundi, Fédération de Russie, Samoa,
Nigéria, Ukraine, Bhoutan et Kenya). L'adoption a entre autres été rendue possible grâce à un intense dialogue entre les États africains, des États
appuyant la
Déclaration et des représentants autochtones entre novembre 2006 et
septembre
2007.14 Au début de septembre 2007, une entente a finalement été atteinte avec
les États africains sur neuf amendements qui ne remettent pas en
question les fondements du texte de la Déclaration. C'est le texte amendé qui fut
adopté en septembre 2007.15 Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a salué l'événement,
marque
13
Les arguments
alors évoqués étaient similaires à ceux évoqués par le Canada en juin 2006 : « le
les dispositions sur les terres, territoires et ressources sont générales et vagues et
qu'elles se prêtent à de multiples interprétations. On pourrait les invoquer pour revendiquer de vastes
droits de propriété sur des territoires traditionnels, même
lorsque ces droits ont été légalement cédés
par traité. Ces dispositions pourraient aussi gêner nos processus de revendications territoriales où les
Canada estime que
droits des Autochtones relatifs
aux terres et aux ressources sont fondés sur un
équilibre avec ceux
des autres Canadiens, dans le cadre de la Constitution canadienne,
laquelle définit notre façon de
travailler ensemble. En outre, dans le Projet de déclaration, la notion de consentement
préalable, libre
et informé est utilisée dans de nombreux contextes. Elle
pourrait être interprétée comme donnant
peuples autochtones un droit de veto sur plusieurs questions administratives, lois, propositions
développement et activités de défense nationale qui intéressent la population en général et qui
pourraient les toucher. Quant aux dispositions sur l'autonomie gouvernementale, elles n'indiquent
pas clairement comment les gouvernements autochtones pourraient travailler avec les autres ordres
de gouvernement, notamment en ce qui concerne les lois d'une
importance nationale majeure et les
questions de financement » (voir http://www.ainc-inac.gc.ca/nr/spch/unp/06/ddr_f.html, page consultée le 25 juillet 2007).
14
Pour des détails sur ce dialogue, voir le site de l'IWGIA à
http://www.iwgia.org/human-rights/interaux
de
national-human-rights-instruments/declaration-on-the-rights-of-indigenous-peoples/iwgia-updateon-african-position-2006-2007 (site consulté le 28 juin 2011) et Morin (2008).
15
Voir le texte de la Déclaration telle qu'adoptée à :
http://www.un.org/esa/socdev/unpfii/fr/drip.html
(page consultée le 28 juin 2011).
LittéRama’OHi
flatacha
« 19
Gagné
qu'il a qualifié d'historique, comme « un triomphe pour les peuples autochtones
à travers le monde » et a invité les gouvernements et la société civile à intégrer
les droits
qui
y sont
inscrits dans le droit international, dans les programmes de
« afin que la vision qui
développement et dans les politiques à tous les niveaux,
fonde la Déclaration devienne
une
réalité
».
L'adoption de la Déclaration fut suivie, la même année, par l'établissement
d’Experts sur les droits des peuples autochtones dans le but de
doter le Conseil des droits de l'homme d'une compétence thématique en matière
de droits des peuples autochtones. Le Mécanisme d’experts remplace et continue
les travaux du Groupe de travail sur les populations autochtones.16
Finalement, à la suite de pressions exercées par ses populations autochtones
et par l'attention internationale suscitée parson vote en défaveur de l'adoption
de la Déclaration, l'Australie a décidé d'annoncer son appui, en avril 2009, à la
Déclaration sur les droits des peuples autochtones. La Nouvelle-Zélande fit de
même un an plus tard. L'exemple fut ensuite suivi par le Canada en novembre
2010 et par les États-Unis en décembre de la même année.
Il faut enfin remarquer que même avant son adoption et malgré le fait que
la Déclaration sur les droits des peuples autochtones ne soit pas contraignante,
la Déclaration avait des impacts sur les lois et les politiques de certains pays ainsi
que sur les pratiques de compagnies multinationales et d'agences internationales
et régionales. De façon plus significative encore, elle possède une
légitimité
significative aux yeux des peuples autochtones du monde depuis plusieurs
années déjà (Schulte-Tenckhoff 1997) et a favorisé plusieurs avancées même si
du Mécanisme
la lutte continue.
La
stratégie autochtone est pourtant qu'une option parmi d'autres et
ne
convient pas nécessairement à tous les contextes. L'intérêt pour cette stratégie
manifesté par les populations de la République française, en particulier en Océanie, est récent. Plusieurs facteurs expliquent cette situation. La question linguis-
tique, entre autres raisons, n'y est certainement pas étrangère, les francophones
étant largement exclus, par la langue, des débats internationaux. L'emprise maintenue et même réaffirmée de l'État français sur certains de ses territoires, comme
ce fut le cas en Océanie après la Seconde
guerre mondiale, est certainement une
autre raison, tout comme la possibilité réelle de la pleine souveraineté
qui
demeure une option dans plusieurs cas. Cette option de la souveraineté semble
pourtant aujourd'hui s'être complexifiée avec l'apparition d'une forme de dissodation, jusque-là inédite, entre « indépendance » et « souveraineté » puisque
16
Pour des details, voir http://www2.ohchr.org/french/issues/indigenous/ExpertMechanism/index.htm
(page consultée le 28 juin 2011).
Dossier
l'une et l'autre
Salaün
ment
recoupent plus nécessairement totalement (voir Gagné et
2010b). Pour le dire
un
de fait
ne se
Etat
«
souverain
autrement
» en
:
les prérogatives dont dispose théorique-
droit international et
sa
situation
sociopolitique
coïncident
plus nécessairement puisque divers liens de dépendance à
l’égard d'autres Etats peuvent mettre en cause le principe même de sa souveraineté. Cette dissociation peut pourtant aussi être l'occasion d'explorer de nou-
velles
ne
avenues en
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Dossier
Dire le temps et
l’espace :
l’exemple des particules A/l va et A/liiri
dans
une
Qu’est
»2.
problématique anthropo-linguistique
ce que
de commentaires
le temps ? Cette notion
a
en
Polynésie
souvent été l’objet de réflexions et
philosophiques depuis l’antiquité,
car
les conséquences du
temps qui coule tel le fleuve d’Héraclite, conduit inexorablement l’Homme à se
poser la question de son trépas et surtout de la survivance, si ce n’est de son
corps, de sa mémoire du moins, au delà des berges de la vie. Ne pouvant repousser, ad vitam aetemam, les limites du sablier de la vie, le génie humain su créer
nombre de religions à dimensions eschatologiques pour tenter
d’échapper abstraitement à la mort physique et donc à l’effritement du temps. Cependant, au
delà des considérations purement
philosophiques rendant quasiment consubstemporalité de la vie, il est toutefois notable de remarquer que la
notion de temps est un puits de signifiés aussi divers que variés. Dans le
domaine des sciences sociales par exemple, dans lequel cette notion
prend une
tantielle la
autre
dimension, François Ost dans
son ouvrage «
Pour
une
temporalité
citoyenne » renvoie le temps à une construction sociale et souligne que celui-ci
«
.a toujours été
manipulé en fonction des idéologies et des puissances »'. A
titre d’exemples, toujours selon Ost, « à chaque fois qu’un
empereur chinois ou
un pharaon égyptien montait sur le
trône, il faisait recommencer l’histoire
..
sociale à la date de
son intronisation, contraignant les scribes et les mandarins
l’histoire, les manuels d’écoliers, comme si l’histoire naissait avec la
prise de pouvoir de cet empereur, de ce pharaon
Le caractère « construit »
du temps sera effectivement l’objet de notre propos au travers de la controverse
des représentations spatio-temporelles s’articulant autour des particules mua et
mûri en langue tahitienne. Pour se faire, nous nous référerons
principalement
aux travaux des
anthropologues Bruno Saura et Serge Tcherkézoff qui ont fourni
à réécrire
1
Ost, François, 2003 « Pour une temporalité citoyenne » Ed Parenthèse. Cité par Bruno Saura dans
Tahiti Ma'ohi, culture, identité religion et nationalisme en Polynésie
française » Ed Au vent des
îles. 2005. p 261.
«
2
Ibid.
LitteRama’oHi
» is
Steeue Chailloux
les
principales analyses du sujet qui nous intéresse ici. Concernant la polémique
évoquée, Bruno Saura, dans son dernier ouvrage3, reprend et affine sa réflexion
qu’il avait déjà eu l’occasion d’exprimer dans son article datant de 1996 intitulé
«
Langue,.représentation du temps - muahnuri - et vision du monde à Tahiti4 ».
Mais que nous apprend t-il exactement ?
Le renouveau culturel qui s’est opéré à Tahiti au travers de l’activisme intellectuel des philosophes, poètes et théologiens tahitiens Duro Raapoto et Henri
Hiro a permis l’émergence d’un discours fortement culturaliste. La iangue tahitienne te reo ma ’ohi fut notamment le canal par lequel les discours prônant
les différences et les spécificités culturelles mâ’ohi devaient s’exprimer. Dès les
années 1970, un retour aux traditions ancestrales exprimant une volonté de rupture avec le Tahiti « moderne » de plus en plus occidentalisé sera le leitmotiv
d’une intelligentsia tahitienne grandissante. Le tatouage, disparu des pratiques
usuelles depuis les années 1820 reviendra sur le devant de la scène culturelle et
identitaire tahitienne au même titre que la danse « traditionnelle », te ’ori tahiti.
Les pratiques, les rituels, bref tout ce qui est relatif à la « coutume » reprendra
un nouveau dynamisme grâce au souffle culturaliste
qui sera insufflé par les
deux personnages que nous évoquions ci-dessus. Il en ira de même pour la
langue tahitienne qui n’échappera pas à un examen culturaliste constituant le
soubassement d’une idéologie politique à peine voilée.
-
-
L’opposition mâ’ohi et occidentale de la conception
de l’espace et du temps
A
priori, lorsque Ton veut exprimer un positionnement spatial, devant ou
nous ferons usage en langue tahitienne des particules mua et mûri. Te
ta ’ata i mua ia ’u (la personne devant moi) te ta ’ata i mûri ia ’u (la personne
derrière moi). Tous s’accordent quant à l’usage de ces particules pour exprimer
la répartition spatiale telle que nous l’avons montré au travers des exemples
donnés. Cependant, lorsque nous basculons d’un ordre spatial à un ordre temporel, les chantres de la culture ma ’ohi prônant un « vrai » usage de mua et mûri
nous montre l’exemple à suivre. En effet, leur théorie voudrait voir dans Temploie de mua l’expression du passé et de mûri celle de l’avenir. La justification
de cette théorie (mua = devant (espace) /passé (temps); mûri = derrière (espace)
/ futur (temps)) viendrait de l’existence du terme et de l’expression mâtâmua
(jadis) et I mua nâ (au commencement, autrefois). A l’inverse dans le cas de
derrière,
3
Saura, Bruno, 2005 « Tahiti Ma'ohi, culture, identité religion et nationalisme en Polynésie
française » Ed Au vent des îles. Chapitre 6, partie 3.
4
Bulletin de la Société des Études Océaniennes, Papeete, n°296-297.
Dossier
mûri
exprimant l’avenir il y aurait l’expression e a mûri noa atu (pour toujours,
l’éternité). Cependant, comme le note Saura, cette conception de l’usage
temporel de ces particules est faiblement répandue parmi la population, y cornpris parmi les personnes âgées qui maîtrisent en principe intimement leur
langue. Il suffit en effet d’allumer son poste de radio, ou de parcourir les rues
de Papeete pour s’apercevoir que l’individu lambda utilisera très souvent mua
pour exprimer le futur et mûri le passé, par l’emploie par exemple de te ’âva’e
i mua (le mois à venir) et te ’âva’e i mûri
(le mois dernier). C’est d’ailleurs à ce
niveau que se situe la controverse, car les partisans d’un retour à «
l’authentique
» y voient là, la
preuve d’une corruption manifeste de la pensée et de la conception mâ’ohi du temps par une représentation temporelle occidentale, visible à
pour
travers le
«
mauvais
»
usage que
lés tahitiens font de
mua
et mûri dans l’ordre
du temps.
La rivière du
temps mâ’ohi
Les traditionnalistes
évoquent la métaphore de la rivière pour donner corps à
l’idéologie de la conception « authentiquement » mâ’ohi du temps qui se trouve
être foncièrement opposée à celle des occidentaux. Cette conception nous montre
l’image du temps qui s’écoulerait « telle la rivière des expériences humaines, sur
le bord de laquelle serait assis l’homme mâ’ohi5 » regardant en direction de l’embouchure (muriâvai6). Ainsi, le jour à venir se situerai derrière l’homme te
mahana i mûri nei, le jour à venir. La partie en amont de notre homme mâ 'ohi, i
mûri ia na, serait alors le siège du futur. Faisant suite à cette
logique, lorsque le
jour « s’écoule » celui-ci passe du mûri au mua de l’homme. Le jour passé est
alors temporellement (et spatialement) devant {mua) l’homme
qui devient le
siège du passé. Alors qu’à l’opposé, l’hommepopa’â serait assis dans le sens
inverse de celui du mâ ’ohi, car il fait face au haut de la rivière, donc vers le futur.
Le jour
à venir serait alors te mahana i mua nei (le jour devant) et le jour passé
L’interprétation qui nous est offerte est que l’occidental privilégierait alors la fuite en avant dans le temps, alors que les tahitiens valoriseraient pour leur part le passé. Les confusions sociales, culturelles, et
linguistiques
te
5
mahana i mûri nei.
Saura, Bruno, 2005
«
Ed Au vent des îles, p
6
Tahiti Ma'ohi, culture, identité religion et nationalisme
266.
en
Polynésie française
»
«
...qui bien qu'étant spatialement devant lui - i mua ia na - se dit mûri vai car elle est la fin, la
partie ultime - mûri - de la rivière - vai » ibid. Il faut veiller à ne pas confondre le raisonnement spatial et temporel. Le décorticage lexical du terme mûri vai opéré par Saura se situe dans un ordre
spatial, il ne faut toutefois pas perdre à l'esprit que ce terme doit être ramené dans le contexte général
d'une métaphore temporelle de la rivière. Nous reviendrons à la fin sur une possible confusion de
S.Tcherkézoff.
LitteRama’OHi
819
Steeue Chailloun
qu’auraient apportées l'occidentalisation, pour ne pas dire la colonisation, de
cause du trouble que les Tahitiens auraient à se représenter et à
exprimer « authentiquement » le temps au travers d'une utilisation « adéquate »
des particules mua et mûri, c'est à dire mua = passé et mûri = futur. Penser ainsi
reviendrait alors à considérer que ces particules exprimeraient des lieux du temps.
Tahiti seraient la
Devant
qui et derrière quoi ?
Le schéma que nous avons vu
précédemment est tout à fait évocateur de
l’opposition entre une conception temporelle mâ'ohi se situant à l’envers d’une
conception occidentale du temps que certains chercheraient à légitimer. Ce qui
nous frappe dans l’image qui nous ait donnée, c’est le caractère statique de
l’homme comme point de référence autour duquel le temps s’agence et se positionne. Le temps, passé ou futur, se positionne devant ou derrière l’homme.
Mais si ce dernier ne devait pas être le point de référence ? Qu’en serait-il si le
temps ne s’agençait pas spatialement autour de l’homme ? L’hypothèse conciliatrice de Bruno Saura est justement d’appréhender mua comme pouvant exprimer tout à la fois le devant spatial et l’avant temporel (inversement pour mûri)
qui est rendu possible à travers une perspective exo centrée en prenant comme
point de référence, non plus l’homme, mais l’événement en soi. Un événement
à venir qui est qualifié à l’aide de mûri peut tout à fait se situer derrière (mûri)
un événement qui se déroule dans le présent. Dans cette perspective l’homme
n’est plus le point de référence autour duquel doit nécessairement être placé les
événements devant ou derrière lui. Saura défend ainsi l’idée selon laquelle mua
et mûri ne devraient pas être appréhendés comme des particules relevant fondamentalement de l’espace et du temps, mais plutôt comme relevant de l’ordre de
la connaissance et de la perception.
La
comparaison régionale
L’hypothèse de Bruno Saura est confirmée par Serge Tcherkézoff, anthropologue spécialiste de Samoa, qui, au travers de son article « MuaiMûri : ordre,
espace et temps en Polynésie. Le cas samoan comparé au tahitien et le rapport à
l’occident7» dans lequel il fait appel à la comparaison régionale des langues polynésiennes et plus particulièrement à la langue samoane. 11 a pu montrer également
que mua et muli (les équivalents samoans de mua et mûri) étaient primordialement des catégories cognitives. A l’aide des listes du POLLEX8 de l’équipe de
7
Bulletin de la Société des
8
II
Études
Océaniennes n°276. 1998.
s'agit d'une liste qui référence sous la racine proto-polynésienne (PPn) reconstruite, toutes les
traductions données par chaque dictionnaire existant pour chaque langue issues des langues austronésiennes.
Dossier
Bruce
Biggs et Ross Clark (Auckland University, listing 1993), Tcherkézoff monest issu d’une racine proto-polynésienne (PPn) MUQA et a donné
des réflexes dans toutes les langues polynésienne, affichant une certaine homogénéité des sens. De manière massive la signification au sens temporel et spatial
serait « avant / devant ». Cependant, une nuance est
marquée du coté samoan,
chez qui mua signifierait plutôt premier, à l’opposé de muli
qui voudrait dire dernier. La dimension spatiale n’est pas présente dans le mua samoan car
pour indiquer l’espace, les samoans utiliseront plutôt i luma (ce qui est devant) et i tua (ce
qui est derrière). Au sujet maintenant de la dimension temporelle on pourrait
croire que mua fait référence au passé au travers de
l’expression ’o aso anamua
(les jours d’antan), mais selon Tcherkézoff, le marqueur du passé n’est pas donné
par mua mais par ana. Les exemples d.onnés par l’auteur sont multiples : «pô —
nuit (et soir) —> anapô =la nuit dernière (ou hier soir); taeao = matin —>anataeao = ce matin (quand, au moment où l’on parle, on est
déjà dans l’après-midi
ou le soir) ; afiafi =
après-midi —> ananafi = hier ; fea = où ?, âfea = quand ?
(Pour une question portant sur le futur) —>anafea = quand ? (Pour une question
portant strictement sur le passé: “quand est-ce arrivé?”)9 »
Bref, à la suite de ce bref résumé, il est possible d’établir que les divers dietionnaires dont les réflexes sont référencés par le listing POLLEX, aient souvent
interprétés d’emblée mua et muli {mûri) en tenues spatio-temporels alors que le
sens à privilégier, selon l’auteur de cet
article, serait « premier » pour mua et «
dernier » pour muli. L’hypothèse de Saura portant sur la caractère
cognitif des particules mua et mûri en tahitien serait corroborée par la particularité de
l’usage de
muli dans le contexte samoan. Nous citons encore une fois Serge Tcherkézoff10:
un fruit muli est un fruit jeune, non encore mûr
une pirogue muli est neuve, non encore
essayée
et une jeune fille {teine) dont on dit
qu’elle est teine muli est, sans ambiguïté
une fille encore vierge.
Il apparaît clairement à présent, que nous nous situons sur une échelle de
valeurs et non pas sur un plan spatial ou temporel. Un fruit muli est un fruit dont la
tre que mua
—
—
—
maturation est
encore
loin de nous, il ne nous est pas encore connu à l’état de fruit
mûr. Une
pirogue neuve est dite muli car elle est encore inconnue de son propriétaire du point de vue de sa performance et de sa robustesse. Et enfin, une teine muli
est une fille (vierge) dont on n’a pas encore connu l’intimité.
Ainsi, le caractère cognitif, c’est à dire portant sur la connaissance, des particules mua et mûri en tahitien
semble avoir trouvé des équivalents significatifs dans la langue de Samoa.
9
Tcherkézoff, Serge, 1998 « Mua / Mûri : ordre, espace et temps en Polynésie. Le cas samoan comparé
tahitien et le rapport à l'occident» Bulletin de la Société des Études Océaniennes n°276.
pi2.
au
10
Ibid, p
20.
LitteRama’OHi # 13
Steeue ChaillouH
Quelques confusions ?
Comme
nous l’évoquions au début de ce travail, il faut essayer de se garder
de toute confusion dans l’ordre du raisonnement spatial et temporel. En effet,
malgré l’excellence de la démonstration de Serge Tcherkézoff dans le cadre
d’une comparaison linguistique régionale, nous pensons toutefois que celui-ci
n’a pas su rentrer totalement dans la logique temporelle exprimée par la métaphore de la rivière du temps ma ’ohi, telle qu’elle a pu être rapportées par Bruno
Saura11. En effet, celui-ci a montré, comme nous l’avons indiqué au début de
notre propos, que les chantres de la culture tahitienne, défenseurs d’une conception « traditionnaliste » du temps, considéraient que le futur était placé à l’arrière
(mûri) de l’homme mâ’ohi, lequel avait le regard porté en direction de l’embouchure. Or, Tcherkézoff, en faisant la synthèse de cette conception tirée de l’artide de Saura, commet apparemment l’erreur de la résumer à l’inverse en
évoquant au début de son article que « Le Polynésien traditionnel regarderait
vers l’embouchure comme un espace futur, là où l’eau va couler 12». Plus loin,
faisant suite à
le “futur” du
résumé, il écrira
son
« cette
“embouchure” n’est
sans
doute
pas
d’eau
temporel mais, simplement, la “fin” de la terre 13» A
cela, nous voudrions répondre que de toute manière, dans la conception culturaliste tahitienne, telle qu’elle est relatée par Saura, l’embouchure n’a jamais été
le futur ou le lieu du futur. Cette apparente confusion de Tcherkézoff se situerait
peut être subtilement ici, lorsqu’il ajoutera « Saura (op. cit., p. 24) rapporte, nous
l’avons vu, que certains veulent voir dans l’exemple tahitien muriavai l’idée que
le temps coule comme l’eau, le futur étant alors vers le Mûri... 14». A la suite
de cela, nous pouvons faire deux remarques. Premièrement, la référence ici au
muriavai symbolisant de manière synecdotique la rivière du temps au sens métaphorique, démontre la fixation que porte Tcherkézoff sur ce terme et qui le
mènera sans doute vers la confusion. Deuxième remarque, effectivement, si le
futur est placé vers le mûri, c’est à dire spatialement et temporellement derrière
l’homme, ce mûri, siège du futur, ne doit pas être confondu avec le muriavai,
qui est placé devant l’homme et qui constitue seulement une indication directive
du regard à l’intérieur du schéma temporel « traditionnel » mâ’ohi. La fixation
consacrée au terme « embouchure » en tahitien sur lequel Serge Tcherkézoff
11
cours
Saura, Bruno, 1996
voir page
12
«
Langue, représentation du temps -mua/muri- et vision du monde à Tahiti
»
n°8.
Tcherkézoff, Serge, 1998 « Mua / Mûri : ordre, espace et temps en Polynésie. Le cas samoan comparé
tahitien et le rapport à l'occidentl2 » Bulletin de la Société des Études Océaniennes n°276. p 2.
13
Ibid, pi 6.
14
lbid.pt 6.
au
Dossier
dédie un examen minutieux, lui a peut être fait oublier
que muriâvai (muri-avai), qui veut dire « derrière l’eau » sous entendu comme la fin de la rivière15, !
n’est pas l’équivalent temporel de mûri qui désigne le futur et
qui se situe spatialement derrière l’homme. Tout ceci explique peut être le fait que Tcherkézoff
ait mal restitué les propos de Bruno Saura, lequel n’a évidemment
jamais écrit
que « Le Polynésien traditionnel regarderait vers l’embouchure comme un
espace futur... ». C’est en tout cas là notre hypothèse.
Pour conclure notre propos,
l’apparente opposition d’une conception du
temps mâ’ohi et du temps occidental qui est résolu, in fine, par l’hypothèse de
Bruno Saura, selon laquelle les particules mua et mûri relèveraient de la
connaissance plutôt que de l’espace et du temps, a démontré deux manières
autochtones de penser la langue. En effet, l’analyse montre qu’il s’agirait
plutôt
d’une
opposition philosophique, c’est à dire de la façon dont les Tahitiens penl’intérieur de leur langue. Les exemples de mua = passé et mûri = futur
ou alors inversement mua = futur et mûri =
passé, démontrent que faire partie
d’une même communauté linguistique ne veut pas forcément dire
penser de la
même manière à l’intérieur de la langue partagée et au travers de celle-ci.
Enfin,
lorsque des considérations idéologiques et politiques viennent chosifier la
langue, au service d’une prétendue conception « traditionnelle » du temps, dont
cette polémique fut un brillant exemple, nous nous
apercevons que le temps peut
également être une construction culturelle voir culturaliste. La langue peut être
piégée dans une dialectique sibylline qui amalgame politique, culture, traditionalisme et linguistique et dans ces conditions, nous pouvons
comprendre la frustration du locuteur qui voit sa langue lui glisser entre les mains,
pour la voir se
transformer en véritable arme politique au service d’idéologies fratricides.
sent à
15
Tcherkézoff déclare à
ce sujet que « l'idée
proto-polynésienne dans la racine *MURI-WAI ne serait
temporelle ni spatiale (du moins au sens de “devant" ou "derrière1'). L'embouchure est la « fin »
du cours d'eau, très simplement, du point de vue d'un observateur se référant d'abord au coté
ni
'terre'
»
ibid, p
17
LittéRama’oHi
n 19
Flora Devatine
Ecrits et dits autochtones
La
préparation de cette intervention sur l'autochtonie, m'a amenée à traverser
long en large des lagons, des anses d'écriture, à me pencher sur la langue, sur
les mots de notre langue.
Pour ce faire, j'ai utilisé ce que j'avais en son temps appelé « la technique du
huri », c'est-à-dire celle qui consiste à « tourner », à « retourner », quelque chose,
pour le prendre autrement, parfois à contresens, ce qui donne un autre point de
vue, parfois très inattendu.
de
J'ai
plongé dans « Te Fa'atoro parau a Fare Vana'a
ce qui touche au « huri », « tourner »,
Tout ce qui « tourne » autour du « huri »,
» pour y
pêcher
Tout
Pour
«
Et j'en
Fluri
Traduire
», «
Flurifenua
«
actes
tempête,
:
séditieux
Huritumu
: renverser
«
Hurita'ere
;
en
«
«
«
«
«
autrement.
:
ouragan ;
quelqu'un qui perturbe la paix d'un
jusqu'à la fondation, de fond en comble »,
quille en l'air, renverser le gouvernement ; renverser de fond
tourner la
comble »,
Huriama
qui retourne le balancier de la pirogue »,
la tempête »,
Hurire : faire changer la victoire de camp ».
Huri i ni'a i te tahi : faire porter par quelqu'un, « pour se déculpabiliser » ; mettre
sur quelqu'un, ou « pour transmettre »,
Huriea : délibérer, peser le pour et le contre, dans une assemblée où l'on décide
de la guerre ou de la paix »,
Hurifau : quelqu'un qui reste indemne au milieu d'une bataille »,
:
Fluriavero
vent
:
être retourné, chaviré par
et
«
pays par ses
»,
«
«
»,
ai extrait les termes de
Hurira'a
» :
inversion, traduction.
Dossier
A
partir de là,
On
se
laisse
glisser,
On suit le courant des vents, de la mer,
On
ne va
pas
à l'encontre,
On
file,
On surfe,
On ralentit,
On remonte
Parfois,
On
nous
on
joue
légèrement la
vague,
la prend de court,
avec
les
vagues.
On traverse le « 'opape », le « courant », le trou, les ronds dans l'eau, qui
attirent, qui peuvent nous entraîner, et qui inspirent, nous inspirent.
Parce que dans la vie, seul, on se prend en charge,
Mais sur la base des anciens, de ses ancêtres,
En ayant pour
Et seul, on
Seul, on se
Seul, on se
Seul, on se
Cela
Ça
ceux avant nous.
réfléchit !
forme !
fait !
construit !
fait pas
forcément en ligne droite,
parfois dans tous les sens.
ne se
va
fondement,
Alors, ai-je bu
la culture avec le lait au sein de ma mère » ?
Je sais seulement que ma mère m'a aidée, soutenue tout au
long des études, puis plus tard, dans les recherches. Elle m'a certainement donnée
au début de la vie, les premières
gouttes de lait qu'elle pouvait me donner.
Mais de même qu'elle s'en était remise très tôt, par la suite, aux vaches pour
Je
me
ne
«
sais pas.
donner leur lait,
Pour ce qui est de la culture, elle s'en était remise, aussi, à tous les anciens,
A toutes les personnes qui pouvaient me nourrir, culturellement, socialement,
fondamentalement, spirituellement, intellectuellement.
Mauruuru
e
Mama !
LittéRama’OHi
tt 19
Flora Deuatine
écrit, à partir de moi, comme je suis, tout en m'en cachant,
partir de là où j'étais, et où je suis encore,
A partir de ce que j'ai vu, j'ai entendu, j'ai ressenti,
A partir de ce qui me plaisait, me déplaisait,
De ce qui me faisait peur, m'amenait à dépasser mes peurs,
De ce que je refusais, voulais qu'on n'en sût rien.
Et j'ai
J'ai écrit à
J'ai écrit
sur
les paysages, sur
les pentes, les falaises, les rochers des mon-
tagnes, sur les feuilles des arbres, sur les ailes des oiseaux, sur le dôme
du ciel,
les nuages.
J'ai écrit sur les vagues, sur
sous
sous la pluie, au soleil
Je me suis laissée porter par
pirogues,
la mousse des vagues, dans les sillages des
brûlant, dans le vent, sur le dos des dauphins.
le vent, par la pluie, par la mer, par la terre, par
le soleil.
compter avec tout cela, et avec les changements subits, imprévus,
imprévisibles, soudains, de tout ce qui constituait mon environnement,
Où chacun prenait sa part dans ce que chacun vivait.
Je devais
Je n'étais pas comme mes camarades de la ville, pas comme ceux
leur vie entre la ville et la campagne proche de la ville,
La ville
partageant
qu'ils rejoignaient en voiture.
Nous n'avions pas le même mode de vie, pas les mêmes expériences, pas la
même langue, pas les mêmes références culturelles, sociales, pas les mêmes
bibliothèques.
Longtemps cela m'avait isolée, gênée, complexée, jusqu'au moment où je
de signer ma différence.
décidais d'assumer, de tracer, de marquer,
de
D’ailleurs, cela devenait insupportable, invivable, parce que cela devenait un déni
soi, par soi autant que par [es autres ! Il y fallait un sursaut, réflexe de survie,
quelque chose de l'instinct de conservation. Et j'ai vécu en suivant mon instinct,
Ce qui m'amenait à faire des recherches dans tous les domaines ; parce que
tout était relié, en lien, feti'i, et aussi, relatif, mais à faire ! J'ai vécu en suivant
mon inspiration du moment,
En fonction de mes disponibilités familiales, professionnelles, et en accord, le
plus possible, - ce qui n'était pas toujours facile ! -, avec moi, et avec les miens.
Et j'ai écrit comme je pouvais écrire, avec les rudiments de mots, de langue,
grammaire, de rhétorique, de stylistique, de poétique que j'avais acquis,
davantage à l'école de la nature et des Anciens que sur les bancs de l'Université.
de
Dossier
Une
façon de faire, de
penser,
d'organiser, de construire, d'écrire, de dire, de
concevoir, d'imaginer, de créer, d'inventer,
Qui n'a pas
changé
du temps, et des écrits, des dits, en dépit des
cannes à pêche aux lignes courtes, en
lieu et place des longues lignes de pêche de « 'uravena », de «
paru », des monstrès des profondeurs !
au cours
essais, tentatives de changer, d'utiliser des
Alors qu'en est-il des Ecrits et dits autochtones ?
Tout
d'abord, la définition actuelle de l'autochtonie, de l'autochtone, du peu-
pie autochtone, dont l'historique vient d'être exposé par Annie Green-Coeroli,
administrative, politique, et utilisée par des instances internationales, en prenant en compte « 4 facteurs : une spécificité culturelle, un facteur
subjectif d'appartenance à un peuple,
un lien de filiation avec un passé précolonial, et une situation de dominé ». (Tamatoa Bambridge)
est avant tout
Ce n'est pas une définition par les gens des groupes sociaux du lieu,
qui eux
pourraient choisir un tout autre terme. Pour ceux d'Australie, le terme retenu en
français est « Aborigène » ; ceux du Canada ont choisi d'être des « Amérindiens ».
Ainsi, en termes d'autochtonie, c'est « une question d'identification du groupe
humain et d'identité du groupe », et la question concerne la définition, se réfère
à l’appellation :
Qui est-on? Comment
ou
se
définir ? Comment voudrait-on être
désigné ? Quel
auquel on appartient ?
Mais la question est aussi celle de savoir si la nouvelle définition, désignation,
appellation sera reconnue, retenue par les groupes humains concernés.
serait le
nom
du groupe
En tout état de cause, c'est parce
Polynésie française
que
qu'il n'y a pas d'appellation en français en
la question est abordée ici, et que le débat est ouvert
aujourd'hui.
C'est dire que
mêmes,
aux
la question de l'autochtonie s'adresse
habitants de
Mais d'ores et
Du moins
déjà,
on
nos
pourrait dire qu'il
ya
».
nous-
plusieurs façons d'être autochtone,
/ et
Jusqu'à présent, lé terme tahitien qui rassemble
Ma'ohi
premier chef à
ici, où dans les dits et dans les écrits, il y a autant de façons d'être,
de faire que de gens qui parlent, qui écrivent.
Mais ce qui les rassemble, c'est un vocable dans
naissent.
«
au
îles.
sous
lequel ils
ceux
qui sont d'ici, est
se recon-
LittéRama’oHi
tt 19
Flora Deuatine
Mais
rigène
qu'en est-il en français, entre
autochtone » ?
«
indigène
», «
indien
», « canaque », «
abo-
», «
Par ailleurs, il y a des gens qui sont d'ici, mais qui mettent de la réticence à
l'admettre, peut-être à cause du sens des termes « indigène », « canaque », « abo-
rigène
autochtone » ?
qui proclament haut être d'ici, et ils surenchérissent !
Là, il me vient en mémoire ce que j'appelle « la leçon de la pirogue » qui dit
que pour assurer une navigation stable, il ne faut pencher ni trop à droite ni trop
à gauche,
De crainte d'un chavirage de la pirogue, d'un retournement de la société.
», «
Et il y a ceux
Alors, comment ou pourquoi certaines sociétés ou civilisations, en parlant de
la littérature issue des sociétés de tradition orale, enferment-elles ces dernières
dans
une «
réduite
aux
autochtonie
»
que
l'on ressent réductrice
pour ces
sociétés, et bien
frontières ?
Qu'est-ce que
l'autochtonie ?
La
question est de fond, c'est une question de concept.
qui viennent d'ailleurs, et qui habitent ici, ne sont pas autochtones. Et
quand les gens de l’Outre-mer vont en France, ils s'y retrouvent avec des autochtones,
bien que les gens en France ne se disent pas et ne sont pas désignés autochtones.
Cependant pour celui qui y passe, ce sont bien des indigènes, en tant que
gens du lieu.
En même temps, il observe et remarque que l'habitant de la France profonde
de la campagne, des hameaux de la province, est un indigène, un autochtone,
pour les Français de la ville,
Pour ceux de la ville, qui, parce qu'ils vivent à la ville, après avoir quitté la
campagne ou la région de leurs grands parents, oublient leur origine campagnarde, provinciale, et se disent Français, en général, parisiens, se sentent plus
Français que les paysans, agriculteurs qui vivent au pays,
Et qui, eux, sont ce qu'ils sont, et ont toujours été, c'est-à-dire des autochtones, des indigènes, mais définis ou eux-mêmes se définissant spontanément
en tant que « paysans », gens « du pays », plus qu’en tant que Français.
Ceux
Donc l'autochtonie est liée
Ainsi, ici
en
au
sol,
au
lieu où l'on habite.
Polynésie française, si l'on est autochtone parce que l'on est ici, d'ici,
l’on a été éduqué d'une façon autre, à la fran-
On est aussi métis parce que
çaise, à l'anglaise, à la chinoise, à l'américaine, à l'océanienne, et/ou à la ma'ohi.
Dossier
En tant que «
métis à la jonction de deux branches d’origine diffé-
il y a à reconnaître et à connaître chaque branche, à se poser
des questions, à chercher à comprendre de tout côté, paternel et
maternel, pour intégrer l'histoire de manière complète. Et ce n'est pas
rente »,
l'on dit et que l'on écrit que l'on connaît l'histoire que pour
à étudier l'histoire, puis à l'accepter, à apprendre à vivre avec l’histoire.
parce que
autant l'histoire est traversée ! Il y a
Le thème du dossier du n° 16 de Littérama'ohi,
de l'Oubli
questions
», nous a
sur
«
L'Histoire, Mémoire
menés tout naturellement à l'autochtonie, aux
l'autochtonie :
l'autochtonie ? Qu'est-ce qu'un autochtone ? Qui est
Qu'est-ce que
autochtone ?
Ainsi, aborder la question de l'autochtonie, c'est dire tout simplement
que l'on veut entrer dans l'histoire, et que l'on veut comprendre, sans
parti pris. '
Aussi, aborder la question de l'autochtonie, est-ce, et n'est-ce que
procéder à des constats.
Vivre
sans se poser de questions, c’est éluder les
questions essentielles,
questions existentielles. Quant à se soumettre à la question, c'est
ce à quoi tout naturellement nous mène tôt ou tard la
littérature,
C'est-à-dire à chercher, à comprendre, à connaître.
les
Alors, qu'en est-il des écrits et des dits autochtones ?
Sommes-nous
Le 15
autochtones
4
ans
Roi
-
5
littérature.
-
en
littérature
propos
»
?
des auteurs espagnols
: «
Je les croyais
»
:
avant le passage
Georges
», en
1767
avant celui du
à Tahiti de l'anglais Samuel Wallis qui l'appela
«
L'Ile Du
;
français Louis-Antoine de Bougainville, qui créa "La nouCythère » faisant du même coup de Tahiti un mythe, en 1868 ;
6 ans (puis 10 ans, 14 ans) avant le passage de l'anglais James Cook
qui y aborda
en 1769, puis en 1773 et 1777 ;
9 ans (et 11 ans) avant celui de l'espagnol Domingo Boenechea, en 1772, et en
1774 ; avec des missionnaires espagnols
catholiques, et l'échec de la christiaans
velle
-
autochtones
juin 1763, Voltaire écrivait, à
en
1763, c'était
-
«
nisation ;
LittéRama’OHi
# is
Flora Devatine
ans avant la mutinerie du Bounty, qui va ancrer plus profondément le
mythe de Tahiti, en travestissant la vérité, en 1788-1791 ;
Il y a des descendants de la Bounty ici, et il faut sortir de ce mythe, mais on se rend
compte de la difficulté de sortir de ce mythe,
30 ans, avant le début de la dynastie des Pômare, en 1793 ;
34 ans, avant l'arrivée de l'anglais James Wilson par le Duff avec les premiers
missionnaires anglais, en 1797 ;
40 ans, avant le début du règne de Pômare II sur Tahiti, en 1803 ;
-
25-28
-
-
-
-
52
Pi
ans
avant la conversion de Pômare II au
perdue
par
christianisme, et la bataille de Fei-
les chefs traditionnels polynésiens après la mort de ‘Opuhara,
en
1815;
A partir de ce moment-là, « Très vite Tahiti devient un enjeu stratégique entre les
principales puissances européennes, notamment l'Angleterre et la France. »
56 ans avant la publication du code de Pômare, en1819 ;
63 ans avant l'arrivée des missionnaires catholiques français, en 1826 ;
73 ans avant l'expulsion des missionnaires catholiques français par les protestants anglais, en 1836 ;
78 ans avant la proclamation du protectorat français sur Tahiti, initiative ratifiée
par la Grande Bretagne, en 1841 ;
79 ans avant la proposition d'instauration du protectorat français par l'amiral
Dupetit-Thouars à la Reine Pômare IV, en 1842 ;
79 ans avant que ne commence à s'exercer sur Tahiti, l'influence de la France,
par le traité de Protectorat, à partir de1842 ;
80 ans avant la ratification du Protectorat par Louis-Philippe, roi des français,
-
-
-
-
-
-
-
1843 ;
en
-
à 84 ans, avant la guerre franco-tahitienne, et la
commandement du Gouverneur Bruat, del 844 à 1847 ;
81
ans
fin de la
guerre sous
le
Pômare IV n'accepte le protectorat de la France, en 1847 ;
premiers travailleurs chinois, en 1865 ;
[(« Deux ans plus tard, en 1867, un rapport remis au commandant dénombre dans la
plantation 916 chinois et 323 océaniens^ Les Chinois étaient originaires de Canton et des
environs, et appartenaient à deux groupes ethnolinguistiques distincts, les Cantonais (surnommés les « Punti ») et les Hakka (en mandarin, kejia »)].
117 ans avant l'annexion des îles de la Société et dépendances à la France, en
-
-
84 ans, avant que
102
ans
avant l’arrivée des 329
-
1880 ;
134 ans, avant
le regroupement des Archipels de Polynésie française en Etablisfrançais d'Océanie, en 1903,...
«...La Polynésie française connaît alors un véritable essor économique et commercial
qui nécessite entre autre l'importation de main d'oeuvre. Des colons, en majorité français, s'implantent de plus en plus nombreux tandis que l'immigration chinoise se poursuit. Les bases d'une société pluriethnique sè mettent en place. »...
-
sements
Nous arrêtons là, l'énumération de ces dates de l'histoire de nos îles
tre
avec,
les
depuis la renconpuissances européennes. Mais cette énumération permet de prendre la mesure
Dossier
du métissage qui a été intense dans nos îles, et de voir combien les
gens
étaient ouverts, et l'étaient plus qu'ailleurs.
Enfin, elle vient
Que l'on
-
-
-
Alors,
a
nous
affaire à
du
du
du
dans
nos
îles
dire aussi que l'autochtonie en Polynésie est à base de métissage,
autochtonie issue du métissage :
une
métissage des ethnies
métissage des cultures
métissage des religions.
sommes-nous «
autochtones
» ou «
métis
» en
littérature ?
»
Il y a, ou il y aurait, des plus ou moins autochtones en littérature,
Des autochtones d'une autochtonie locale et ceux d'une autochtonie métis-
sée,
avec une
littérature de la base de la population,
Une littérature basée
sur
les récits anciens que
•
l'on reprend,
que
l'on recrée,
l'on imagine,
que
Que l'on invente pour
remplir les trous,
ou par
esprit créatif, poétique, litté-
raire, artistique, théâtral,
Une littérature basée aussi
de littérature, de
le
grand livre d'histoire, de mémoire, et d'oubli,
croyances, de savoirs, de philosophie, de
poésie, de foi, de
sagesse,... qu'est la
Et dans laquelle
Bible,
la population de
sion du savoir,
Et où elle apprend
et la
sur
nos
îles
se
forme
la langue, où elle apprend à
au
penser,
savoir et à la transmis-
à structurer
sa
pensée,
rhétorique.
Et il y a la littérature de ceux dont nous ici,
La littérature de ceux et de celles qui ont été
formés ici, ailleurs, dans d'autres
de poésie,
livres de savoirs, de philosophie, de littérature, d'histoire, de sagesse,
à l'école, au collège, au lycée, à l'université,
Et par les voyages, les rencontres, les confrontations avec d'autres,
Par les lectures diverses, nombreuses ou non, des classiques, des modernes,
des
bibliothèques familiales, scolaires, municipales, universitaires.
Et il y a une littérature de ceux au milieu du gué,
Dans le passage de l'oralité à l'écriture, de la littérature orale à celle écrite,
Un passage sur la lancée initiée depuis plus de deux siècles, et
par lequel la
littérature, dans ce qui s'écrit en Polynésie française, avance à son rythme, et que
l'on découvre peu à peu,
LittéRama’OHi
tt 19
Flora Deuatine
Dont
que nous écrivons, dans des textes qui se présentent, une fois écrits,
qui résonnent d'une façon étrange, bizarre, étonnante, par ceux qui les lisent,
comme à ceux qui les entendent, les écoutent,
Et qui suscitent des questions qui sont posées mais n'ont pas leur réponse.
Aussi devons-nous veiller à ne pas à notre tour imposer une façon de penser,
de dire, d'écrire, selon des normes strictes, rigides, voire sectaires d'arasement
ce
anti créatif.
Car il y a une
façon de concevoir, de
penser,
de
se
représenter, d'organiser la
société, autre, et qui apparaît dans les dits, dans les écrits autochtones,
A
partir de la langue, l'âme de la pensée autochtone... Bien que l'encourageau passage à l'écriture, à laisser des traces imprimées, dans un mode d'organisation, de structure de la société, de l'histoire, de la mémoire, autre,
Ne soit pas totalement exempt d'une forme atténuée de recherche de rigueur,
De fait, de connaissance, d'humilité, d'équilibre.
ment
Que sont
ces
écrits et
ces
dits autochtones ?
Ce sont des écrits divers, des écrits
multiples, des écrits infinis, illimités, à parpoint de vue de chacun,
A partir de sa pirogue, à la fois stable et mouvante sur son aire d'évolution,
de navigation, et à partir de l’ancre de sa pirogue qui donne le temps et l'espace,
Dans une navigation dépendant du sens et de l'aspect changeant du temps,
du vent, de la pluie, toujours subits dans leur variabilité,
Une navigation imprévisible, se faisant et s'étendant, après levée et jetée de
l'ancre de sa pirogue, sur l'élément liquide mouvant, instable de l'océan,
tir de chacun, d'un
D'où
forme
d'esprit, de pensée qui nous fait parler, dire et redire les
dans l'exercice présent, où nous parlons dans l'écriture,
Où nous pensons dans l'oralité, écrivant et disant les choses indéfiniment et
différemment, à partir de là où nous sommes, avec notre âme, notre langue, et
choses,
ce
une
comme
que nous sommes,
Dans une variété de dits,
d'écrits, pour d'aucuns incompréhensibles, qui
échappent à la logique d'ailleurs, qui sait, devenue peut-être d'un autre temps,
Dans une variété d'interprétations, chaque auteur, chaque orateur, chaque
artiste ayant sa facture, son style propre.
L'art, de l'orateur, du poète, ou de l'artiste peintre, graveur, sculpteur, acteur
particulier à chacun, au moment de la création ou de la recréation,
ou
autre, est
de
l'interprétation.
Dossier
Il est
sa
Et il est
au moment
particulier à son groupe, à son clan, à son lieu, à
particulier à l'artisan artiste en son genre
l'écrit, de l'acte, du produit, du fait.
Pour illustrer
«
huri
», «
tourner
Tournons à notre tour autour du terme
autres mots
feti'i,
avec
lesquels « huri
», «
tourner
«
», «
huri
»,
C'est
traduire
jouant
ce sur
«
Huri
»
et
ses
acolytes
c'est tordu
c’est tortueux
c'est
colique
c'est douleur d'intestin
c'est à donner et à avoir la
colique
c'est tordu
c'est tortueux
c'est pervers
c'est colique
c'est frivole, c'est léger, c'est superficiel
c'est frivolité, légèreté, superficialité
sans
terme
est en lien, affilié, allié,
apparentés, polyphones,
»,
quoi sont fondés Ecrits et Dits de notre autochtonie comme dans
acolytes, qui pourrait appa-
le texte ci-dessous et à propos de « Huri » et de ses
raître incompréhensible à d'aucuns... et pourtant !
«
au
et tournons avec tous les
avec les traductions de tous les termes
relevés dans Te Fa'atoro parau a Te Fare Vana'a,
en
temps,
du dit, de
son
dits, revenons au début de notre intervention,
mentionné plus haut,
ces
»,
société, à
profondeur,
sans
fondement
c'est être étourdi, étourdi
c'est être éméché
c'est état de
légère ébriété
LittéRama’OHi
« 19
Flora Deuatine
c'est tournis, c'est étourdissement et
c'est à donner, et c’est à avoir des
on
vertige
vertiges
tourne, on tourne
le tournis, et des
on a
vertiges
on a un
étourdissement, et des vertiges
on va en
zigzag
grand degré d'étourdissement et de vertige
c'est
un
on va en
c'est
un
zigzag comme une flèche ou un éclair
grand degré d'étourdissement et de vertiges
on a
le tournis, on a la tête
qui tourne
c'est étourdissement, effet de la maladie
c'est
on
étourdissement, effet de l'ivresse alcoolique
tourne, on tourne, on tourne doucement
comme une
légère brise
c'est
»
«
'aviri
le but, c'est « te 'avirira'a
de faire
un
»
filet
de
«
réunir les feuilles de cocotier
en
les tordant et
en
les enroulant pour
le moyen pour y arriver
c'est tordre, tourner, enrouler, associer
on
tord et
on
y
on
s'associe à
on
enroule les feuilles
associe plusieurs personnes
plusieurs personnes
on se
groupe
à quelques-uns
ou
pour poursuivre un but commun
on forme une société
un
groupe
à plusieurs,
défini
social à l'intérieur d'un même
pays
faire
un
filet
»
le filet
conforme à la
ligne de l'horizon
conforme
au
dôme du ciel
conforme
au
rivage de l'île
conforme à l'environnement
c'est pour encercler
attraper du poisson ou des hommes
contenir poissons et hommes
pour prendre au piège poissons et humains
pour
pour
on
pose en couronne le filet
sert de feuilles, de plusieurs
on se
on
tourne, on tourne
au
risque de chavirer la pirogue
risque de retourner la pirogue
risque de se retourner
au
au
on
a, et on est,
ornements des
on
a, et on
pirogues et de la société
est,
dépendance des
on
on
on
enveloppe
s'enveloppe
est enveloppé dans
maraes
une
étoffe
comme on
encercle les
comme on
est filet
comme on
est
on
est
on
roule
on
feuilles
poissons dans
poisson
enveloppe d'étoffe
une natte, une natte, une étoffe
roule dans l'étoffe
on
roule dans l'étoffe, dans
vivants et morts
on
retrousse
vers
le haut
on
retrousse
vers
le bas
manches et
jambes
une
natte
un
filet
LittéRama’OHi
»19
Flora Devatine
on
tourne
on
tourne en rond
on
tourne
en
on
tourne
plusieurs fois
on va en
rond
en
rond
cercle
on
tourne en cercles
on
tourne dans une ronde circulaire
on
tournoie
on
fait tourner
on
dérive
on
fait dériver,
on
fait dériver
on
change continuellement
comme
la
comme
le vent
comme
la
comme
le temps
comme
la vie
comme
comme
les gens
les saisons
comme
la
mer
pluie
politique
c'est instable
c'est inconstant
on
est
c'est
changeant
c'est
tournoyant
changeant, changeant
inconstant, instable
on
change continuellement
on
fait des tours
on
produit un mouvement tournant
tournoie
on
Dossier
on
tourne
on
tourne
on
on
tourne, on tourne
on
fait des rondes
on
fait des tours
on
est manivelle
on
chancelle
on
titube
en
cercles
comme une roue
tourne
on cesse
on
on
s'installe
est vent
vent
vent
qui tourne
qui cesse
qui s'installe
on
est courbé vers le
comme une
on
dérive
sous
bas, voûté
branche d'arbre
le vent
‘aiha
on
est
on
est amoncellement de
on
est
débris rejetés par la mer sur le rivage
débris, on est talus de terre
rempart de terre
«
»,
c'est nuage au sommet
on
est nuage
qui
d'une montagne
le sommet d'une montagne
couronne
c'est paquet
on
est
de nourriture enveloppé et cuit au four
paquet de nourriture enveloppé et cuit au four
on
verrouille
on
déverrouille
on
tourne la
on
tourne
clé,
on tourne
LittéRama’oHi
n 19
Flora Devatine
on
tourne les mots, on
on
verrouille les mots
on a
verrouille
la clé, on détourne
déverrouille les mots
on
on
tourne la clé
on
est la clé
la clé pour ouvrir
la clé qui ouvre, la
clé qui ferme
qui déverrouillent
la clé des écrits et des dits
avec
des mots
des mots
des mots
qui entraînent, qui signent les actes
qui du signe font passer à l'acte
qui actent les signes
réunir, tordre, enrouler
faire, feuilles, guirlandes
filet, feuilles, guirlande
.
on
réunit
on
enroule
on
tord
on
fait
on
édifie
on
embellit
on remue
on
mélange
on
mélange de manière répétée
mélange les langues
mélange les mots
on
on
on remue
on
est
bâton, bâton qui remue
qui mélange
on
agite,
on
embobine
Dossier
on remue
on
sème
on
sème la
on
sème la confusion, le désordre
détourne le regard
on
pagaille
est vivo
on
flûte nasale
est vini
on
petite perruche bleue
petits oiseaux importés
est
on
téléphone portable
vini, volubile, toujours prêt à répondre
on
est vini
vinivini,
on
est vivo
vivovivo,
parlant
avec
facilité et volubilité.»
Tout ce qui précède n'est que traductions des termes tournant autour de
huri », « tourner, retourner », pris dans tous les sens traduits et donnés
par Te
Fa'atoro parau a te Fare Vana'a.
«
Sommes-nous
Nos écrits et
«
autochtones
nos
en
littérature
»
?
dits sont-ils autochtones ? Qu'est-ce que l'autochtonie ?
Nous disions
plus haut « qu'il faut se poser des questions », là où l'on est
jonction de deux branches d'origine différente », « chercher à cornprendre de tout côté...pour intégrer l'histoire »,
Puisqu'aborder la question de l'autochtonie, c'est dire que l'on veut entrer
dans l'histoire, que l'on cherche à comprendre sans parti pris.
C'est éveiller la conscience, ainsi que cela a été écrit en 1977, et qui a été
repris en 2002 dans le numéro 1 de Littérama'ohi :
«
métis à la
«
Littérama'ohi
Quelle conscience
polynésienne émerge de ces écrits de Polynésiens ?
polynésienne s'exprime et se construit
la littérature polynésienne d'aujourd'hui ?
Quelle identité
dans
A suivre !
»
LittéRama’OHi
# 19
Flora Deuatine
après, ou 33 ans, 34 ans après,
toujours la même question qui demeure, qui est posée publiquement
pour qu'on y entre, et qu'on en débatte !
A chacun d'y entrer ou non, d'y mettre ses mots.
Des mots pour ses maux, par les dits et par les écrits.
Parce que si l'on n'y entre pas, on traîne un fardeau que l'on transmet à sa
8 ans, 9 ans
C'est
descendance.
C'est le
qui a été primé par
Salon Lire en Polynésie).
de Vaianu, le livre de Patrick Ara'ia Amaru,
sens
les étudiants de Te U'i Mata
(le 15 octobre 2010
au
la question de l'autochtonie, de s'exprimer à son propos,
quotidien. Chacun, aujourd'hui, tant que nous sommes
et tels que nous sommes, est confronté au poids des mots de mémoire « aborigène », «indigène », « autochtone », « canaque », « indien », mots qui apparaissent
avec l'histoire de leurs connotations, dans les premiers écrits d'histoire des navigateurs, de l'administration, des journaux.
L'intérêt de poser
c'est
d'alléger
C'est
ce
à
sa
vie,
quoi
C'est-à-dire, à
son
nous a
ne pas
conduit la littérature, et en particulier Littérama'ohi,
éluder les questions essentielles, les questions existen-
tielles.
On
ne se
rend pas compte
combien Littérama'ohi est une pirogue perfor-
mante,
On ne rend pas
dans
qui
y est
a pu
Mais le
cœur
ce
On
suffisamment compte de l'impact profond de Littérama'ohi,
dit, écrit de la société, par les auteurs qui y écrivent.
reprocher à Littérama'ohi d'accueillir dans ses colonnes le tout venant,
même des fondations du marae, symbole de la société, de la
culture, est constitué de tout venant,
Les
pierres taillées constituant la partie visible, venant uniquement structurer
extérieurement l'ensemble !
« pierres et débris qui remblayent les murs des
le vocable de « te 'a'au » dont l'un des sens emblématiques, symboliques forts, toujours actifs, et de plus en plus réactivés, est « les
En tahitien,
est
marae »
le tout venant de
désigné
sous
entrailles »!
Ainsi
ma'ohi,
«
te 'a'au », «
nous
Que les
Que
de la culture autochtone
pierres taillées sont fondées sur le tout venant,
sans
Que les
les pierres et débris...des marae »
remet bien en mémoire, si besoin est,
tout venant,
elles
ne
tiendraient pas, en manquant de fondation,
pierres taillées sont légitimées par le tout venant.
83
Dossier
Le tout venant offre, et n'a cessé
et
un
d'offrir,
une
place,
fabuleux terrain d'archer d'envol et de création
un paepae aux orateurs,
aux auteurs
autochtones
d'aujourd'hui.
Et la littérature autochtone ?
Comme il y a une
autochtonie locale et
une
autochtonie métissée,
avec
des
degrés d'autochtonie, où l'on est plus ou moins autochtone,
Pour ceux qui n'ont pas eu l’opportunité d'une formation ailleurs,
spontanément la littérature autochtone serait avant tout celle de la population de
langue
polynésienne, et en langues polynésiennes.
Et à côté d'elle, il y aurait, la littérature des lettrés, des instruits, des éduqués
«
ailleurs
».
Pour nous, aujourd'hui, la littérature autochtone, de demain, sera celle que
publient les maisons d'édition qui exposent tout autour de Te paepae o Him,
Mais la littérature autochtone, aujourd'hui, avec ses degrés d'autochtonie,
est déjà dans Littérama'ohi ; la littérature autochtone, d'aujourd'hui, c'est Littérama'ohi.
Littérama'ohi est
fondée
en 2002 par 7 auteurs (Patrick Amaru,
Jimmy Ly, Chantal T. Spitz, Marie-Claude
Teissier-Langraf), et qui a fait ses preuves en ouvrant ses colonnes pendant ses 9
premières années d'existence à plusieurs générations d'auteurs,
une revue
Michou Rai Chaze, Danièle-T. Helme,
Plus de 400 auteurs !
A
présent, Littérama'ohi navigue
sa pleine maturité.
en
haute
mer,
Elle est dans
Et afin que chacun puisse en mesurer l’impact, et pour encourager, si besoin
est, tous les auteurs et les membres de l'Association Groupe Littérama'ohi, à
poursuivre
sur leur lancée,
Je vais lire un extrait de l'article d'un chercheur
loway (University of London) à
vers
libres
propos
post-doctorant au Royal Holpar des
de Littérama'ohi, avant de clore
:
Aux nombreuses
questions qui font débat en ce début du vingtcolloques internationaux en anthropologie, littérature,
études post-coloniales, ou performance studies, Littérama'ohi propose des
réponses, et met en lumière que les questions de création, de mémoire, de
patrimoine culturel, de rôle de la femme, de pratiques rituelles et de foi se
«
...
unième siècle dans les
I.ittéRama’oHi
« 13
Flora Devatine
pensent et se discutent depuis des décennies en Polynésie, comme en témoignent également les articles publiés le long du parcours de vie de la première
Source et
interdisciplinaire, littéraire, anthropologique, culturelle et d'évasion, invitant, à chaque numéro, tous les talents
écrivains et artistes
polynésiens à offrir leur contribution, Littérama'ohi
propose, enfin, un modèle d'actes liés à la parole, au sein duquel lycéens et
célèbres écrivains peuvent trouver leur place côte à côte. Modèle civique
donc, la revue fait aussi voir et exister, un autre modèle de société. »
directrice de la
revue.
-
ressource
-
Estelle Castro
Postdoctoral Research Associate
L’odeur de la
Contre l'étrave de la
Dont l'odeur
Toutes
assiègent
Sensations d'eau
(2008-2009)
(Royal Holloway, University of London)
mer
pirogue clapotent des vagues
mêle à celles de la terre
se
mon esprit et mon corps oublieux
vallées sur le corps sous la pluie
en
La
pluie
Encore elle
Toujours elle
Partout elle
La
sur les flaques alentour
vol d'oiseaux bruissant des ailes
pluie jouissive
On aurait dit
.
un
S'abattant de toutes parts
Pluie de mots
Pluie de
sons
Que
Dont
je ne peux retenir
je ne sais qu'en faire
Sous le double toit éventré
De
Où
en
ma
maison délabrée
sécurité pourtant je me sens
Dossier
L'orage
je redoute
que
Ne m'y atteindra pas...
«
Fragiles ligules. Lémures encoignures.
Rouget grondin. Ariège. Méninge.
Enneige. Sortilège. Et myosotis. »
J'ai
connu
Effroi
égaré
piéta
Piéride
Une diablerie
En
«
effigie.
Circule. Renoncule. Recule. Pédoncule.
Ecume. Bitume.
Equille. Béquille.
Morigéné. Surinam. Séquence... Cadence.
»
Ecris-tu...re
Coeurement
Ecris-moi.:.re
Chairement
Ecris-toi...re
Hermétique ? Idiotique ? Malêtrique ?
Riénacirique !
Par
La
l'écriture, je m'octroie des mots d'écrits des pays que j’habite
me permet des audaces, dont celle d'écrire à sec et à vide.
poésie
L'écriture est
ciselure
d'inscription où à défaut de plume, je taille et j'aligne
porte-plume sans fin.
ma
Des bâtonnets
Intervention
débat
Les
peuples autochtones » (16 octobre 2010),
en Polynésie, (14-17 octobre 2010),
Paepae-a-Hiro, Te Pare Tauhiti Nui (TFTN) - Maison de la Culture
au
sur «
10° Salon Lire
sur
Références
Dictionnaire
Te
bibliographiques
Tahitien-Français Fa'atoro Parau Tahiti-Farani, Fare Vana'a
Article du BSEO
Article de Estelle Castro
LittéRama’OHi
# 19
Régina Suen Ho
lho tumu
‘Aahiata,
ua
‘ümatatea te
Po’ipo’i,
ua
‘üa’a te ora
Avatea,
Pô,
ua
ua papa
ora
te ora
tae te ora i te rôhutu no’ano’a
Te ora, e
aho nui
Te ora, e
faufaa rahi
Te ora, e ô
faahiahia
I riro ai tatou ei taata
Taata tô
na
fenua
Fenua tô
na nunaa
Nunaa tâ
na
iho tumu
lho tumu faufaa ia
o
te nunaa
A here i tô fenua
A here i tô
nunaa
A here i tô iho tumu
A tü
e
te nunaa
mâ’ohi ia
ora
tô iho tumu
87
Dossier
Autochtone
Ce soir la lune est Hotu,
Ses reflets brillent
Seule
sur mon
sur
l'eau calme,
vaa,
Je crois entendre Hina tout la haut
Mais c'est
mon
tupuna'qui
Profite des rayons
Sent le maoa'e
qui bat
me murmure
de la lune
pour
son tapa.
à l'oreille
regarder l’aube
:
au
loin,
qui arrive bientôt,
Ajuste tes voiles,
Observe, observe, observe
encore...
L'observation, grand secret des Maohi.
L'observation
Te ite, ite
qui
a
permis
aux
ancêtres de savoir
car
ils avaient
vu.
(E ite te ite)
L’observation encore, pour comprendre,
Que l'arbre est source, source de soins.
Te tumu, te tumu ra'au
(Te tumu
raau te
tumu)
Que la sagesse est solidité,
Te
pa'ari, paari (E paari te paari)
Que le
passé est devant tes
yeux,
afin que tu te rappelles de l'apprentissage,
Que le
passé est devant tes
yeux,
afin
que
tu te rappelles de l'histoire,
LitteRama’oHi
« 19
(Tloeata Galenon
Que la terre te définit,
Que la
mer
te
rapproche des Dieux,
Que les étoiles te montrent le chemin,
Que la voie du Fe'e
Que l'homme fait
se
révèle à toi si tu sais
valeurs,
qu'un élément d'un écosystème, fragile ou solide...question
d'équilibre,
question d'équilibre.
Et si toi, tu oublies tout ça
Alors tu n'es
ses
partie de la Nature,
Que l'homme n'est
Que tout est
pratiquer
qu'un hotu painu...
Dossier
Des mots et des
représentations
Que reste-t-il des anciennes représentations ?
Le
désigne l'objet, parce que
objet porte des caractéristiques
qui donnent la définition du mot1.
nom
cet
Les mots ont-ils
encore un sens
aujourd'hui ?
De
prime abord, la question peut paraître saugrenue, puisque évidemment
les mots ont un sens. Au-delà de cette question, il s'agit de savoir si les mots ont
gardé leur sens premier. La question est-elle importante ? La réponse est laissée
à l'appréciation de chacun. J'ai, en revanche, estimé qu'elle est nécessaire, parce
qu'elle permet d'une part d'éviter des malentendus et des contresens, et d'autre
part de remettre les choses à leur place, afin de rendre les situations, les événements, les faits plus intelligibles. Plus encore, elle nous interroge sur la distance
qui nous sépare du sens compris et vécu par nos ancêtres, de celui compris et
utilisé, par nous, aujourd'hui.
Je me propose donc, ici, de traiter des mots suivants : fe'eet tangata manu.
Le premier est en relation avec la navigation traditionnelle, le second, avec le
culte de « l’homme-oiseau » pratiqué à Rapa Nui.
Fe'e
Ces derniers mois, la Polynésie française a vécu au rythme des pirogues traditionnelies : Upo'o Tahiti, Fa'afaite, Tahiti Nui Freedom. Pour cette pirogue-ci, il
s'agissait de faire le périple inverse effectué, il y a plus de dix mille ans, par les
lointains ancêtres des Polynésiens, à partir de la Chine. La traversée, relayée par
la presse locale et internationale, fut un immense succès.
'
Propos tenus
par un
écrivain
sur un
plateau de télévision.
LitteRama’oHi
» 19
Edgsr Tetahiotupa
L'animal utilisé le
Il
se
dit fe'e
pa'umotu
en
plus souvent pour représenter la navigation est le poulpe.
tahitien, heke en pa'umotu, fe'e ou heke en marquisien. Heke en
ou en
marquisien signifie glisser. Il
ne
s'agit
pas
ici de
se
déplacer, uni-
quement, par un mouvement continu sur une surface lisse, mais d'un point élevé
à un point situé plus bas. Aux îles Marquises, heke est utilisé pour définir un
déplacement de la vallée vers le rivage, le déplacement inverse se dit hiti. Ce
même terme, heke, est employé pour évoquer un déplacement en mer, vent
arrière ou en suivant les courants, étant entendu que, la plupart du temps, c'est
un courant et un vent d'est. En
pa'umotu, on trouve des définitions identiques :
se rendre dans un village
qui se trouve à/vers l'ouest, c'est heke, c'est-à-dire aller
en bas, haere ki mro (Stimson,
p. 128). Dans cette même langue, hakaheke, c'est
aller en bateau, c'est émigrer, c'est mettre la voile, c'est être porté par le vent
(ibid., p. 128). Hekeheke ou paheke, c'est naviguer vent arrière (ibid., p. 129). Par
ailleurs, le poulpe se dit 'e/ce en langue des îles Cook. Il s’avère que ’eke nous le
trouvons aussi en pa'umotu (ibid., p. 67). Mais 'eke ou eke (sans la glottale), on
le trouve dans veke qui signifie : circuler sur des voies navigables (ibid., p. 604),
quant à aveke, il veut dire : avancer sans direction définie, sans but (ibid., p. 605).
Pour avancer sans but défini à l’avance, on ne peut que se laisser porter par les
courants et les vents. Parmi les mots composés avec heke, nous avons haveke.
Stimson (p. 605) nous dit que haveke est « une petite pirogue qui transporte une
ou quelques personnes, utilisée
pour la pêche, pour des activités quotidiennes »
Les notions comme roro (bas) et runga (haut) marquent un ancrage profond
dans la manière dont heke est
des îles Tuamotu
représenté. Nous les trouvons dans certains
noms
Tenarunga, Marutearunga, Amanurunga qui se trouvent
i runga (en haut), donc à l'est, alors que Tenararo, Maruteararo, Amanuraro sont
respectivement des îles qui se trouvent i raro (en bas), donc à l'ouest. Par ailleurs,
les termes tua et aro désignent le dos et la face de l'homme. Nous les retrouvons
dans certaines parties des aires géographiques des Tuamotu avec Tapuhoe tauaro
et Tapuhoe tautua. Ces deux régions indiquent clairement la position de l'homme
et la direction de son regard. En effet, Tapuhoe tauaro se trouve à l'ouest de
Tapuhoe tautua. Takaaro est l'ancien nom de Takapoto qui se trouve à l'ouest de
comme
Takaroa.
Si
naviguer c'est glisser
vers
l’ouest (heke),
se tourner vers
l’ouest (aro), c'est
donc que les ancêtres des Polynésiens sont partis vers l'ouest. Sinon le terme
heke n'aurait pas été attribué au poulpe, animal symbolisant la navigation ancestraie. Affirmer l'inverse, c'est supposer que heke, c'est glisser d'un point situé en
bas pour
arriver à un point élevé..., c'est admettre que hiti devrait prendre la
place de heke, c'est-à-dire du poulpe... C'est considérer que affirmer quelque
chose, c'est dire son contraire. Dire que quelqu'un est en haut (runga) de l'arbre,
reviendrait à regarder en bas (raro), au pied de l'arbre !
Dossier
ar3
Heke porte une. autre
chasser
signification, bannir (Stimson, p. 128). Bannir, c'est
pays, c'est le faire aller loin, très loin. Lorsqu'on
d’un lieu, il vaut mieux partir en s'aidant des courants et des vents,
quelqu'un d'un lieu, d'un
est chassé
heke. Partir contre les courants et les vents, c'est fatalement revenir
sur son
lieu
de
départ. Il me semble difficile de croire que les anciens Polynésiens auraient
poussé le ridicule à revenir sur les lieux où se trouvaient, et se trouvent encore,
leurs ennemis, d'autant, disent les spécialistes de la navigation traditionnelle,
que
les pirogues polynésiennes remontent mal au vent.
Les tentacules du poulpe se disent aveave, elles sont au nombre de huit. Elles
symbolisent le lien, rendu par ave (filament), qu'entretiennent les îles entre elles.
Cette idée se retrouve dans le terme ava2 qui désigne une passe, un passage et
qui signifie chemin, voie. Ava et/ou ara sont les voies navigables symbolisées
par les tentacules, aveave, du poulpe.
Dans les langues polynésiennes, le poulpe se dit, de manière unanime : fe'e,
feke, heke, 'e/re, wheke... Son aspect gluant, et donc glissant, n'est sans doute pas
étranger au nom qu'il porte. Par ailleurs, le mot heke renvoie à la navigation vent
arrière, mais aussi aux liens qui unissent les îles entre elles.
Tangata
À
manu
l'île de
Pâques existe le rituel annuel du tangata manu. Il s'agit de récupérer le premier œuf pondu, par l'oiseau manu tara4, sur l'îlot Motu Nui, et de
le rapporter sur l'île. La traversée du bras de mer qui sépare l'île de l'îlot n'est
pas
dénuée de danger, les requins y sont fréquents. Le serviteur, appelé hopu,
qui
rapporte cet œuf honore son chef du titre de tangata manu, ce qui donne à ce
dernier « prestige, qualification et donc puissance politique » (Perez, p. 192). Il
incarne sur terre, dit-on, le dieu Makemake pour une durée d'un an. « Makemake
est le dieu suprême de Rapa Nui, mais il semble cependant issu, lui aussi, de l'œuf
originel de Ta'aroa ou Tangaroa, selon les archipels polynésiens. Les représentations le figurent sous forme d'un être humain à tête d'oiseau, rappelant l'œuf
originel et le mythe du dieu fondateur tout seul dans sa coquille devenant trop
petite pour lui [...] » (ibid., p. 187).
2
Les
«
a »,
3
De la même manière que « e » et « a » peuvent se
langues polynésiennes ont ceci de particulier, c'est que le son « e » peut se substituer au son
comme, en tahitien, avec mei'a et mai'a qui tous deux signifient banane, ou Hina (nom de le
première femme, épouse de Ti'i) et hine (personne de sexe féminin).
même
4
particularité avec « v » et
Sterne huppée, Sterna bergii.
« r »,
vahiné
ou
substituer l'un l'autre,
rahine
nous
nous retrouvons cette
renvoient à femme.
LitteRama’OHi # 19
Edgar Tetahiotupa
En quoi le fait de rapporter le premier œuf et d'être honoré du titre de tangata manu est-il important ? Cet œuf « est censé apporter l'abondance. L'œuf
est un magicien qui donne des patates douces, des poulets, du poisson, des
anguilles, des langoustes. La pêche hauturière commence d'ailleurs sitôt après sa
découverte. C'est le début des festivités de la saison de l'été austral, saison de
l'abondance » (ibid., p. 196). Nous avons ici, la remémoration de l'œuf primordial,
c'est-à-dire : l'œuf originel de Ta'aroa, source de toutes vies.
Concernant le rituel tangata manu la quasi-totalité des commentateurs ont,
pratiquement, traduit tangata manu par homnie-oiseau. Quel lien peut-il y avoir
entre le fait de ramasser le premier œuf, de le rapporter sur l'île sans le briser et
le titre d'homme-oiseau ? Le titre d'homme-oiseau comporte une idée d'homme
volant au sens commun, ce que le rituel ne donne pas à voir. Par ailleurs, au-delà
du sens courant attribué à manu, comme étant un oiseau, manu désigne, en
autres, des êtres vivants. Firth (p. 230) en fait une catégorie d’animaux terrestres
comprenant les mammifères et les arthropodes5, à l'exclusion des animaux
marins. Le terme m.anu s'adresse aussi à l’homme, Jaussen nous parle de manu
pa'ari, homme avisé, de manu tipao, homme volage. Si, dans ce contexte culturel, manu signifie homme, nous aurions alors deux fois homme, ce qui n'aurait
aucun sens. Ce qu'il faut savoir c'est qu'en langues polynésiennes le deuxième
terme, celui qui accompagne le nom est généralement un qualifiant. Nous
aurions alors un homme (tangata) qualifié de manu.
Si dans ce contexte manu ne signifie pas oiseau ou, en tout cas, aurait un
autre sens, quel est-il ? Stimson, renvoie manu à man ia, c'est-à-dire au succès,
à la chance. Dans cet ordre d'idée, le terme marquisien manuk signifie prendre
beaucoup de poissons, k désigne ici la marque du superlatif (Dordillon, p. 255).
Mais cette chance, ce succès est affaire de pouvoir. Manu, selon Stimson (p. 283),
est un personnage vénéré doué de pouvoirs surnaturels. Firth (p. 231) reprend la
même idée, puisque, selon lui, manu représente un pouvoir extraordinaire, immatériel, exercé par les chefs à travers la manifestation des esprits. Si l'on parle de
pouvoirs extraordinaires, il s'agit alors de mono, ce à quoi nous renvoient Dordillon et Firth dans leur dictionnaire respectif.
C'est sans doute comme cela qu'il faut comprendre la description suivante
de Perez (p. 197) : « Ils deviennent des ariki nui, grands-rois, hommes-dieux. Forts
de la présence de la divinité, ils peuvent, sans crainte d’une opposition sacrilège,
s'emparer de biens et jouir d'avantages qui, en d'autres temps, leur seraient probablement contestés par les armes. »
5
Terme
culés,
désignant les animaux invertébrés possédant un squelette externe et des appendices artiles insectes, les araignées.
comme
Dossier
En
guise de conclusion
Nous
venons de voir, à travers ces deux exemples, la nécessité de bien saisir
profond des mots dans leur contexte culturel. Heke est un animal gluant,
donc glissant, il signifie poulpe en français, octopus en anglais. C'est dire que
dans la définition de cet animal, la particularité retenue par les Polynésiens est
le facteur glissant, d'un point considéré comme élevé vers un point considéré
comme plus bas. En Europe l’attention est
portée sur les tentacules considérés
comme des pieds. Quant à
tangata manu, cette expression ne s'arrête pas seu-
le
sens
lement à homme-oiseau. Comme
nous venons
de le voir, elle va au-delà de la
simple traduction littérale. Tangata manu, c'est celui qui incarne la chance, le
succès, manu, en apportant l'abondance, le pouvoir, manu, puisqu'il est considéré
comme l'égal des dieux. Si le terme oiseau, dans son
usage culturel, renvoie à des
représentations divines, il est cependant insuffisant pour rendre l'idée de chance,
de succès et de pouvoir. Dans ce contexte-ci, les Polynésiens ont, sans doute, utilisé l'homophonie, manu, avec une représentation de l'oiseau, pour inscrire sur
la pierre les concepts de chance, de succès et de pouvoir, forcément immatériels,
incarnés par celui [tangata], appelé tangata manu, c'est-à-dire homme-dieu.
Fe'e
(réf.
ou
heke, symbole de lien et de navigation
Pétroglyphe représentant tangata
gré des vents et des courants,
E. Teta-hiotupa, 2009, EMA)
Références
-
-
bibliographiques
Académie tahitienne, 1999, Dictionnaire
français
-
tahitien.
Perez, Christine, 2007, Cultures méditerranéennes anciennes. Cultures du triangle polynésien
d'avant la découverte missionnaire
-
manu
(photo : E.Tetahiotupa)
au
:
les formes et les
pratiques du pouvoir,
ÉPU.
Dordillon, René lldefonse, 1931, Grammaire et dictionnaire de la langue des îles Marquises, mar-
quisien-français, Institut d'Ethnologie.
-
-
-
Jaussen, Tepano, sd, Dictionnaire de la langue tahitienne, Société des Études océaniennes.
Firth, Raymong, 1985, Tikopia-English Dictionary, University of Auckland.
Stimson, Franck et Marshall, Donald, 1964, Dictionary of Some Tuamotuan Dialects of the Polynesian
Language, The Hague.
LittéRama’oHi
» 19
Chantal T. Spitz
Sommes-nous
prêts à hériter
de notre autochtonie ?
Il y a
plus de trente ans Henri Hiro nous exhortait à cet héritage. Avec ses compail nous engageait à nous dire Mâ'ohi
Mâ'ohi au sens premier du terme à savoir « qui n'est pas étranger
indigène1». Mot
communément employé avant l'arrivée des Européens puisqu'on le trouve dans la
Bible pour signifier « homme du lieu2 », il est pourtant violemment
rejeté par beaucoup sous le prétexte que seuls les animaux et les plantes sont mâ'ohi indigènes. Pour
tenter de comprendre ce rejet il semble intéressant de suivre l'évolution des mentalités et des mots associés à notre identité à l'image que nous avons de nous-mêmes.
gnons
A l'arrivée des
Européens l'indigène de ce qui deviendra la Polynésie française par
la colonisation est Mâ'ohi Ta'ata tumu, homme racine homme souche, tumu se
disant d'une plante forte car bien enracinée. Le Ta'ata tumu
s'origine dans la terre
laquelle il est planté dès sa naissance par l'enterrement de son.placenta. Le placenta « pü fenua» : noyau-cœur/terre, parcelle de terre incluse dans le
corps de la femme et dont se nourrit l'enfant, est par nature destiné à être mis en
ancestrale dans
terre pour
qu'un arbre vienne
se
nourrir de lui à
son
tour. Cette même terre de
laquelle il naît lui sert de dernier refuge. C'est le même terme « tanu » qui est utilisé
pour désigner les actions de planter un arbre et d'enterrer un être humain : les
hommes plantent les autres hommes dans la terre comme ils
plantent les arbres3.
Le Ta'ata tumu affirme
communautaire
baie. Il
Tahiti»
:
son
identité
montagne, rivière
en
déclinant le
nom
Dictionnaire
Ezekiela, pêne 23, irava 42
16-Juin, 2009, pp 74-84
4
» :
Terre de l'Homme. Il est
Tahitien-Français
2
-
- Académie tahitienne
VoirTokainiua Devatine A propos du terme Maohi
voir Bruno Saura Le maintien des coutumes relatives
nésie
espace
plantes, place de réunion, pointe ou
est alors Ta'ata 'ai'a homme territoire. Il n'est
pas Tahitien mais « Ta'ata
: Homme Tahiti. Il n'habite
pas Tahiti. Il est Tahiti. Il n'est pas Marquisien
« Enana » : Homme4..Sa terre est « Eenua Enana'
Reao. Il est Rurutu. Il est Huahine. Il est sa Terre.
3
son
ou source,
mais
1
des lieux de
au
placenta et
au
-
Litteramâ'ohi n°
cordon ombilical
française - Les dossiers de l'obstétrique, août-septembre 2008, n°374, pp. 36-39
équivalent du terme tahitien Ta'ata, qui désigne de façon générique le genre humain
en
Poly-
Dossier
Cette manière de
se
disent
au
se
fondre dans
sa
terre
V° siècle autochtones, ceux
rejoint la définition des Athéniens qui
qui sont nés tout à la fois de la terre
même et de la même terre.
L'Autre, tous les Autres vont le définir.
Les christianisateurs
l'appellent « 'ëtene » « païen », mot apparu lors de la traducanglaise.5 «'Ëtene-Païen », « personne étrangère à la
religion chrétienne », prend très vite une connotation péjorative définissant les
indigènes rétifs à la christianisation qui deviennent « sauvage, rustre, barbare,
mal élevé6 ». Aujourd'hui il est réservé aux Ta'ata tumu mal occidentalisés en
tion
en
tahitien de la bible
échec scolaire et social.
Les colonisateurs
l'appellent « indigène ». Le dictionnaire de la langue française
indique : 1/ « - indigène, adjectif : qui est né dans le pays même, qui est
originaire du pays où il vit. NB : Ce mot ne s'emploie guère qu'en parlant des
habitants des pays lointains et primitifs, et il a souvent une valeur un peu méprisanté ; c'est pourquoi on évite de l'employer lorsqu'on parle d'une population
indigène. » 2/« - indigène », nom masculin ou féminin : personne qui habite le
pays où elle est née et où ses ancêtres sont nés et ont vécu quand ce pays est un
pays lointain et primitif. NB : ce mot s'employait notamment pour désigner les
habitants d'origine non européenne des territoires coloniaux ou semi-coloniaux ;
il est considéré de nos jours comme péjoratif et on évite son emploi. »
Bordas
Ainsi très vite, le Ta'ata tumu Mâ'ohi devient « indigène, sauvage, rustre, barbare,
mal élevé » puis « primitif» parce que « d’origine non européenne ». Les lois missionnaires plus connues comme « code Pômare » puis le code de l'indigénat appli-
qué
en 1897 aux îles qui ne dépendaient pas du royaume des Pômare devenu
colonie française le 29 juin, 18807, signent jusqu'en 1946 le statut de sujets
indignes d'être citoyens indigènes français de la colonie, confirmant l'état soushumain des Ta'ata tumu Mâ'ohi. Peut-on s'étonner alors des réactions violentes
quand Hiro
nous
exhorte à revendiquer notre indigénéité et
identifier à des ancêtres dont
entrée
5
6
7
en
humanité
ce
faisant
nous
aujourd'hui encore qu'ils n'ont fait leur
qu'en devenant chrétiens puis français...
on
pense
Du grec : Ethnos ou Ethnikos - De l'anglais : Heathen
Dictionnaire Tahitien-Français - Académie tahitienne
Pierre Dareste Traité de droit colonial, vol 2, Paris 1931 pp.
502-512
LittéRama’OHi#
Chantal T.
Comment
19
Spitz
en
effet
accepter de revendiquer une identité porteuse de tous les stig-
mates d'une non-humanité ou du moins d’une humanité au rabais une humanité
zone. Les discours officiels publics nous ressassent pourtant que les
Polynésiens sont fiers de leur culture. Qu'ils la vivent sereinement. Qu'ils sont
bilingues dans une société multiculturelle. Il est vrai que jamais nous n’avons
autant dansé. Jamais nous n'avons autant mis à l'honneur les sports dits traditionnels ni l'artisanat. Jamais nous n'avons autant porté de tatouages. Jamais
nous n'avons autant vêtu le pâreu dans les lieux publics. Pratiques interdites par
les missionnaires chrétiens réappropriées dans un espoir de se réapproprier simultanément une identité effacée. Paradoxalement, dans des temps où l'on a jamais
autant parlé de culture jamais nous n'avons moins parlé les langues originelles de
notre pays. Jamais nous n'avons moins consommé les nourritures indigènes de nos
peuples. Jamais nous n'avons moins été étrangers à nos ancêtres autochtones.
de seconde
Comme si nous portons en nos tréfonds un dédoublement de nous-mêmes, ambiguïté schizophrénique entre fierté d'être polynésien et honte d'être indigène, une
part de nous revendiquant exhibant les signes extérieurs d'une culture d'une identité pensées traditionnelles, une autre part refusant l'identification aux ancêtres
indigènes qui nous ont donné patrimoines en nous donnant naissance et désirant
s'identifier à tous les Autres qui ont envahi nos espaces. Vouloir se dire de ce pays
sans se dire de ce peuple. Ce désir de s'identifier à l'Autre, né dès les premiers
mariages mixtes, tend à se généraliser dans une société dirigée par les descendants
de ces mariages, aristobourgeoisie qui a repris à son compte le mépris des colonisateurs pour les indigènes. Il importait en effet en ces temps-là de se désolidariser
de ses ancêtres indigènes pour entrer de plain pied en humanité. Ce mépris soigneusement transmis de génération en génération s'étale sournoisement
aujourd'hui dans les stigmatisations incessantes que subissent les autochtones qui
n'ont pas su pas pu pas voulu s'intégrer à la société dominante très occidentalisée.
La société
française qui voudrait en théorie que tous soient citoyens de la
République, distingue pourtant des français issus de l'immigration, des français
de la deuxième génération ou des beurs. Nous, autochtones indigènes, au
contraire, n'osons plus affirmer ni revendiquer fortement notre différence dans
une société étouffée par la bienpensance et transformant le mâ'ohi en polynésien, mot fourre-tout fourre-rien pour des êtres en mal d'identité, peuplant
notre pays de Polynésiens de souche d'adoption de cœur, toutes expressions
démontrant la difficulté générale de se définir sereinement et donnant à penser que tous communient une identité assumée. A observer la société contemporaine il apparaît rapidement que seuls les mots ont changé. Le racisme est
désormais plus feutré. On ne dit plus 'ëtene, quoi que, on dit « petit tahitien,
97
Dossier
feia ri'i
ri'i,
sociaux, Polynésie d'en bas, populations défavorisées
». On dit
petite moue de mépris,
on dit aussi « les
» avec un accent paternaliste condescendant Cette
condescendance affichée pour « les gens des îles » s'explique sans doute en partie
par leur état de sujets maintenu jusqu'en 1946. Par ailleurs, les médias dans leur
ensemble présentent une image dévalorisante de l’autochtone. Ces dernières
semaines la une de la Dépêche titrait plusieurs fois sur l'ambigüité et la malhonnêteté des tahu'a et l'exorcisme toujours en cours dans notre pays, comme si
l'exorcisme n'était pas le fait de l'église catholique. De même régulièrement les
sujets télévisés traitant de problèmes de santé ou de société sont illustrés par
d'images d'autochtones en surpoids au marché de Pape'ete. La Société française
des jeux a même un dessin animé caricaturant les tahitiens dans sa publicité
pour l'euromillions, Une banque vient d'éditer une affiche pour le compte solidarité qu'elle propose aux plus démunis de nos concitoyens, avec en illustration
un coupe d'autochtones avec un enfant, aux
visages tristes le père de famille
vêtu d'un tshirt délavé déformé. Toutes les affiches positives sont quant à elles
et quel que soit le sujet traité illustrées par des représentants de l'aristobourgeoisie élégamment vêtus et souriants de toutes leurs blanches dents. Comment
s'identifier à une image si négative. Une image née dans les illusions de Bougainville et désormais véhiculée par l'aristobourgeoisie aux pouvoirs à laquelle la
société s'est adaptée peu à peu, intériorisant l'idée de sous-humanité à laquelle
il convient d'échapper en se soumettant à la pensée unique castratrice d'une
humanité humaine parce qu'occidentale française.
même
cas
simplement
tahitien
gens des îles
«
ou
ta'ata Tahiti
» avec une
S'il est
légitime d'être indigné par les deux derniers siècles de notre histoire, il
plus temps de reprocher à la christianisation le désamour de nous-mêmes.
Il n'est plus temps de reprocher à l'état français une société coloniale perpétuée
par nous-mêmes. Depuis trente ans le statut d'autonomie donne aux élus indigènes autochtones la possibilité la responsabilité d'accompagner tous les peuples
autochtones de notre pays à la traversée de notre histoire pour apaiser nos doun'est
leurs et restaurer notre humanité. Le refus
ou
du moins la difficulté de
nous
défi-
nir
indigènes autochtones et en assumer l'héritage collectif entraine au-delà des
mal-aises mal-être psychologiques une joyeuse adhésion à la folklorisation de
nous-mêmes une funeste apathie devant le pillage systématique de notre patrimoine matériel et immatériel auquel nous participons volontiers. Nous n'avons
jamais été aussi étrangers à nous-mêmes que depuis les trente dernières années.
La
signature de la Déclaration sur les Droits des Peuples Autochtones par l'assemgénérale des Nations Unies le 13 septembre 2007 est passée quasiment inaperçue dans notre pays alors qu'elle a été célébrée par les peuples autochtones
blée
LitteRama’OHi » 19
ITlanuteB Chauuet
1
mua noa
I taua mahana pae ra,
a’e i te mata
i te tapera’a mahana, i te otira’a atu te hôrue, hôho’i atura
po’ia, ‘aita nâ hoa i ha’ama-
‘o ‘Atamoe ‘e ‘o Ra’inui i te fare. No te rohirohi ‘e te
rirau n5 te vai iho atu i mûri ia râua te ‘5utu
mene noa
ia ‘o Ra’inui nô te
: e
ta’ata
mea
Ma te momi i te tuha’a vï tâna
-1 hea
roa
Tefauroa i Mahina. ‘A himene-
noa
pohe ! Parau atura ‘o Ra’inui :
na i terâ tumu ‘uru,
-‘Atamoe, ‘a hi’o
«
no
ai i tâna vï ‘ôhure pi’o, te ‘ôtohe atura
të ‘ite nei ‘oia i te tahi ‘ohipa mâere i mûri i te tumu ‘uru
ai ‘o ‘Atamoe ‘e ‘a ‘amu’amu
e
e
aha ho’i te ‘ohipa i mûri ?
pâhono atura ‘oia :
‘amu ra,
? Terâ tumu ‘uru ?
‘Ë ! E tino ta’ata, e ‘ere ânei ?
‘Oia ! Tera ihoâ, e ta’ata.
la hi’o atu vau, e tino ta’ata pohe paha...
E aha ia ! ‘Aita paha, e ta’ata terâ e ta’oto ra. Peneia’e, ‘ua inu rahi roa ‘oia
pia, mai ia ‘oe, i te hepetoma i ma’iri a’e nei ! »
‘Ata atura ‘o ‘Atamoe, mea au ihoâ nâna te ‘ohipa ‘a’a. No Ra’inui râ, e ‘ere
-
-
-
-
i te
roa
atu i te tahi
No te
mea ra
‘ohipa hô’ata
no
te mea, ‘ua pâpü ‘oia i te ‘ohipa tâna e ‘ite nei.
ti’aturi i tâna parau, ‘ôpua ihora râua
ë, ‘aita ‘o ‘Atamoe e hina’aro e
tâpiri i pïha’i iho i te tumu ‘uru. Nâ ‘Atamoe i haere na mua, ‘âpe’ehia atu e
noa ‘o Ra’inui, ‘âre’a ia ‘Atamoe ra, e’ita
‘oia e ti’aturi ra i te mau ‘ohipa mâere. ‘E no te mea ato’a ë, e mea ‘âpï a’e ‘o
Ra’inui ia ‘Atamoe, e rahi ihoâ ia te ri’ari’a. Tâpiri atura ‘o Ra’inui i teie vâhi
e
Ra’inui. E taure’are’a mehameha haere
mâere, parau atura :
mua,
paha terâ, tâpe’a tâua i ‘5 nei.
e ri’ari’a ra ? Mai te peu eita ‘oe e hina’aro e haere fa’ahou i
‘a fa’aea noa ia i ‘ô nei. ‘Aita vau e ‘ite maita’i ra nô te pôiri i raro a’e i teie
tumu
‘uru.
«
‘Ua nava’i
E aha tâ ‘oe
-
»
‘Ua ‘ite ‘o Ra’inui ë, mea au roa nâ
riro ‘oia ‘ei mâmoe,
tei haere
ma
‘Atamoe te ‘ohipa moemoera’a, noa atu e
te tâ’ua ‘ore i te mau fifi tâna e
nehenehe
e
fare-
rei, tapa’o ato’a ra ‘aita ‘ona e feruri nâ mua i te haere, no reira mai paha tôna i’oa.
Vai iho atura ‘o ‘Atamoe i tâna ‘iri fa’ahe’e i raro, i piha’i iho ia Ra’inui, ha’amata
tâpiri i te tino ta’ata. ‘Ua piri roa ‘oia i teie nei, e piti ‘aore râ e
Rainui :
‘Atamoe, e aha tâ ‘oe e ‘ite ra ? E ta’ata ihoâ ?
fa’ahou ‘oia i te
toru
mëtera, hitimahuta ihora ‘oia. Pi’i atura
«
Création
‘Aita râ taua tamaroa
flouuelles policières
■
i
pâhono mai. Ho’i vitiviti atura ‘oia :
pohe ihoâ !
‘Ua pâpü ia ‘oe, ‘ua pohe ‘oia ?
‘Ë ! ‘Ua ‘ü’umihia tôna ‘arapo’a. Mea rahi ato’a te toto i ni’a iâna. E
ra
...’ua tano ‘oe...e tino ta’ata
-
-
-
hâ’iri’iri
‘ Auë
-
! Nâfea tâua i teienei ?
E haere tâua
-
mea
!
roa
e
‘imi i te tahi rave’a
no
te tâniuniu i te
Nâ reira ihora râua. Rave atura i tô râua ‘iri
mau
müto’i.
fa’ahe’e, ‘e, n5 te
»
mea
‘aita
e
ta’ata fa’ahou i te pae tahatai, nâ raro noa râua i te haerera’a, tae roa atu i te fare
toa « Vénus Star ». Tomo atura râua i roto, ani ihora i te tahi niuniu ‘âfa’ifa’i.
‘Ahum minuti i mûri mai, faura mai
ra
to’otoru mûto’i i piha’i iho i te vâhi i
reira te tino ta’ata i te ‘ite-ra’a-hia. Hora
ono i te tapera’a mahana i te reira
tâpa’o piti to Tihôni e fa’atere i te mau ‘imira’a ‘ohipa. I
mûri iho i te arohara’a i nâ taure’are’a, ani atura ‘oia :
« Tei hea roa te tino o te ta’ata
pohe ? »
taime. Nâ te müto’i
Pâhono atura ‘o Ra’inui
«
:
I mûri mai i te tahi tumu
E haere mâtou pauroa e
-
‘5rua.
râ’au, i te pae tahatai.
hi’o i terâ tino i teie nei. E ‘âpe’e atu mâtou ia
»
Haere atura râtou i mûri i te tumu ‘uru. Terâ râ, ‘aita e tino ta’ata fa’ahou,
‘ua mo’e. Hitimahuta atura nâ tamaroa e to’opiti no te mea, ‘ua ‘ite râua i terâ
tino. Ha’amata atura ‘o Ra’inui i te ri’ari’a.
«
‘Auë ! ‘Aita
e
tino ta’ata
Parau atura ‘o Tihôni
«
‘oia
E aha tâ ‘oe
e
nehenehe
‘ôrua i te
-
‘Aita
e
»
parau ra ? ‘Aita e aura’a ! Mai te peu e tino ta’ata pohe, eita
hâhàere fa’ahou. ‘Aita ‘ôrua e ha’avare ra ? E mea pâpü ia
e
ë, e ta’ata pohe tâ ‘ôrua i ‘ite ?
mâua e ha’avare ra ! E aha te
‘Ë ! ‘Aita
tumu mâua
e
ha’avare ai ia ‘oe?
‘âpî !
Penei a’e
-
te
mea
e
pohe fa’ahou ! ‘Ua reva !
:
ia, ‘ua ti’ihia mai ‘oia ! E ti’a ânei ia ‘ôrua
e
fa’a’ite i te huru
o
tino ?
Nâ ‘Atamoe i
-
hiti.
-
e
pâhono atu :
piri roa i te tino. E tâne, hau ri’i i te maha ‘ahuru mataE pôpa’a, mea pârarai roa ‘oia. Terâ ana’e tâ’u i ‘ite.
‘Ua ‘ite ânei ‘oe na hea ‘oia i te pohera’a? E aha te tahi ‘ohipa ‘ë atu tâ ‘oe
vau
te ta’ata i
ha’amana’o
ra
?
‘Ua ‘ü’umihia tôna
‘arapo’a, ‘e e mea rahi te mau pëpë i ni’a i tôna tino. ‘Aita
‘ohipa ‘ë atu tâ’u i tâpa’o mai. Mea iti roa te taime tô’u hi’ora’a atu i te tino.
-
e
‘O
-
‘Aita
e
fifi. Mâuruuru
‘ôrua i’oa. E nehenehe ‘ôrua
roa.
e
A hôro’a mai i tâ ‘orua nümera niuniu ‘e tô
ho’i i tô ‘orua fare i mûri a’e.
»
LitteRama’OHi # 19
iïlanutea Chauvet
ra. Te ‘imi noa ra nâ müto’i to’opiti i te tino i
piha’i iho i te tumu ‘uru. Ta’i mai nei te tahi niuniu ‘afa’ifa’i.
Na reira atura nâ taure’are’a
te mau
vâhi ato’a i
Pi’i ihora ia Tihôni
:
niuniu terâ nô te fare müto’i mai. Ua ‘âfa’ihia te tahi tino ta’ata
pohe i te fare ma’i, aita i mâoro a!e nei. Mea piri roa te hôho’a o te tino i tâ te
«
Tihôni,
taure’are’a
-
e
teienei.
fa’ati’ara’a.
mau
E aha ia !
‘Api’i atu i te tahi müto’i,
e
haere tatou to’otoru i te fare ma’i i
»
e ta’ata tahiti tê tïa’i noa ra ia râtou ma te
piha’i iho i te tino o te ta’ata pohe. E tâne, piri
‘ahuru matahiti, ‘e mea ‘ito’ito noa ra â. Nâ na i ‘âfa’i i te tino
I tô râtou taera’a i te fare
ma’i,
ha’uti’uti i tâna niuniu ‘âfa’ifa’i, i
roa
‘oia i te torn
i taua fare ma’i
«
Ta
ra.
ora na.
Uiui atura te müto’i Tihôni iâna
:
‘O vai to ‘oe i’oa?
Pâhono maira teie tâne
ma
te tu’u atu i tâna
niuniu ‘âfa’ifa’i i roto i tôna
pütê :
te
-
‘O Mâui.
-
Ta
Mâui. ‘O Tihôni to’u i’oa. E müto’i
ora na
hina’aro nei
au e
uiui atu ia ‘oe
:
tâpa’o piti
au
nô Mahina ‘e
Nâfea ‘oe i te ‘itera’a i teie tino ?
I tô’u ho’ira’a mai nâ te tautai. ‘Ua ‘ite au i te tahi ‘ohipa i ni’a i te one.
Tâpiri atura vau i terâ tino ta’ata tâ’u i ‘ite. Ha’amana’o atura vau ê, ‘ua ‘ite a’e
nei au iâna i tô’u ho’ira’a mai i tai nô te ho’o i te tahi mâ’a nâ’u. Tê ‘âparau noa
râ ‘oia i te tahi tamâhine. ‘Aita râ vau i tâu’a roa, ravera’a ia vau i tô’u poti
mâtini, ho’i fa’ahou i te vahi tâ’u e haere noa ra nô te hl.
E aha tâ ‘oe e nehenehe e parau i ni’a i teie pôti’i ? Tôna hunt, tôna i’oa,
te ‘ohipa tâ ‘oe e ha’amana’o.
E tamâhine nô Tahiti. Mea ‘âpï roa ‘oia, piti ‘ahuru matahiti paha tôna.
Mea nehenehe maita’i tôna tino, te rouru ‘ehu rôroa ‘e te mata rehu. ‘Ua ‘ite
pinepine au iâna i terâ vâhi. E ‘âpe’e noa ‘oia i te mau tâne huru faufa’a moni
rahi. Tôna i’oa ? ‘Aita vau i pâpü maita’i i te reira. Tâ’u râ i fa’aro’o, e i’oa piri
roa i te Tehina, ‘aore ra Tehani.
-
-
-
-
Terâ ana’e tâ ‘oe
e
ha’amana’o
ra
?
Feruri-maita’i-ra’a ia ‘o Mâui, hi’o i raro, hi’o
i
mua,
hi’o i ni’a.
Tâpiti ihora ‘o müto’i Tihôni i tâna uira’a, ma te fa’aô i te parau nô te tahi
tatau, ‘aore ra te tahi ‘ohipa faufa’a i ni’a i tôna tino nô te ‘ite i tôna ihota’ata.
Pâhono ‘oi’oi atura ‘o Mâui
-
hôho’a
e
honu te
tâpa’o i piha’i iho.
piriaro nâ teie nei ta’ata i mua iâna, ‘ani ihora
noa
mai i te ‘ôhure, i te pae ‘atau. E
‘ite-maita’i-hia ‘e te tahi atu
Tê hi’o
‘oia iâna
-
:
‘Oia ! E tatau tôna i ni’a
noa
râ ‘o Tihôni i te
mau
:
Aita
e
piriaro fa’ahou i ni’a i teie tino ta’ata. Nâ ‘oe i tâtara mai ?
Création
Hitimahuta
fa’ateiaha i tôna
‘Aita
roa
te
■
flouuelles policières
‘apoparau i teie ‘anira’a. Pâhono atura ‘oia
ma
te
reo :
atu. Terâ ato’a te
‘ohipa tâ’u i maere. I te taime ‘oia i ‘âparau ai
piriaro nehenehe roa tâna, ‘e i tô’u ‘âfa’ira’a mai i nei, ‘aita
fa’ahou. ‘Ua mo’e ato’a tâna mau ‘ohipa faufa’a moni, mai tâna niuniu ‘âfa’ifa’i, tâna pütë ‘e tâna tïti’a mata nô te pârurura’a i te mahana.
Tü’ou’ou noa taua müto’i ra ma te pâpa’i i te ‘ohipa e parauhia e, ‘e fa’aoti
-
e
roa
tamâhine,
te
atura
-
e
te parau ë :
‘A hôro’a i tô ‘oe i’oa ‘e to ‘oe
ma
niuniu, ‘ia hina’aro mâtou
ia ‘oe
e
e
pa’era’a i tô’u nei hoa, ‘e te tahi nümera
‘ani fa’ahou ia ‘oe i te tahi ‘ohipa. I mûri iho, e ti’a
ho’i i tô ‘oe fare. Mâuruuru nô tâ ‘oe
fïfi. Mâuruuru ia ‘oe,
Haere atura te tahi atu müto’i
‘Aita
-
e
mau
pârahi ana’e.
e
farerei
fa’a’itera’a.
»
iâna, ‘e i te tahi utuutu ma’i. Pae
minuti i mûri mai, ‘ua mo’e a’e ra taua tàne.
Nâ mua roa, ‘ua mana’o râtou ê, ‘ua târî paha teie tâne iâna iho, nô teie
tâpa’o taura i ni’a i tôna ‘arapo’a. Te ‘ohipa râ tâ râtou i maere, te parau ia no te
‘eiâ-ra’a-hia tâna mau ‘ohipa faufa’a. Te parau ato’a nô te mau pëpë i ni’a i tôna
tino. Penei a’e paha, ‘ua taparahihia ‘oia nâ mua roa i tôna târî-ra’a-hia. Nô
reira, ‘ôpua ihora te mau müto’i e ‘imi i te i’oa ‘o teie nei ta’ata pohe nâ mua
roa. E vahiné ‘aore ra e tamari’i ânei tâna, no hea mai
‘oia, ‘e te tahi atu mau
uira’a i ni’â i tôna ihota’ata. Nô te
mea ra ë, e tâere ri’i teie ravera’a
‘ohipa,
müto’i, i te mahana i mûri, i teie ‘Ôutu nô te ‘imi i te
tamâhine tâ te ta’ata tâi’a i fa’ahiti mai. Nô te mea ra ë, e mahana mâ’a, e mea
rahi roa te ta’ata i te pae tahatai, ‘aita ia tâ râtou ‘imira’a i manuia. Nô reira râtou
i ‘ôpua ai i te ho’i fa’ahou nô te ‘imira’a i te monirë. I rotopü i terâ ârea taime,
ua ‘itehia te ihota’ata ‘o te tino ta’ata
pohe: ‘o Jean tôna i’oa, e ta’ata tô’ivi ‘oia,
hô’ë noa tôna tamâroa e të noho ra i te fenua Farâni. A pae matahiti i teie nei i
tôna haerera’a mai i Tahiti, mai te fenua Farani mai. ‘Ua rave ‘oia i te
‘ohipa i
roto i te hô’ê taiete tuiro’o i Pape’ete. ‘Ua ‘ite ato’a râtou i te tahi
‘ohipa i raro
a’e i tôna mai’u’u rima, ‘aita râ râtou i hi’opo’a atura i teie tapa’o.
haere atura teie
mau
Haere atura te
müto’i
uiui i te
ta’ata
‘ohipa i roto i teie
‘ohipa maita’i tâ râtou i roâ’a mai, ‘oia ho’i te parau nô te hô’ë hoa
tôna, ‘o Eric tôna i’oa. ‘Aita râ ‘o Eric i te ‘ohipa i terâ mahana. Haere atura te
mau
e
mau
rave
taiete. Te
mau
müto’i
e
farerei ia Eric i tôna fare. Tê noho
noa ra
â ‘o Eric i te fare
o
tôna
i ‘Àrue. Nâ tôna pâte’a ino i fa’ari’i i nâ müto’i to’otoru. ‘Aita râ tâna
i te fare, ‘ua ma’ihia ‘oia mai te mahana maha noa ra, e ‘ua fa’aea ‘oia
nâ metua,
tamâroa
i te fare ma’i mai taua mahana
nehenehe
e
e
fârerei iâna. Ho’i fa’ahou i te
parau
Tâpa’o ia terâ nô Tihôni, eita ‘o Eric e
‘ohipa; ‘e nô reira, ‘aita râtou i haere
‘ômuara’a. Te ‘ohipa noa tâ râtou e ‘ite ra, te
ra.
riro ‘ei ta’ata hara i ni’a i teie
ia nô te tamâhine. Monirë i teie nei, hora ‘ahuru
ma
hô’ê i te avatea, teie
LitteRama’oHi n 19
fTlanutea Chauuet
ràtou to’otoru i te ‘ôutu nô Mahina. ‘Aita râtou i ‘o’omo i to râtou ‘ahu
nô te fa’ari’ari’a ‘ore i tâua tamâhine
tia’i-noa-ra’a. Mau tâ’ue
Tihôni
«
-
atura
hô’ë
‘A
piti,
te
o
müto’i,
hora i teienei tô râtou
müto’i, parau atura ‘oia ia
a toru
mau
:
‘O ‘ôna !
»
Ani ihora ‘o Tihôni
«
noa
ra.
I hea
roa
(‘e tahi atu müto’i)
:
?
Terâ tamâhine
e
‘àpe’e
ra
i nâ popa’a to’opiti. E piriaro ‘ute’ute
e te
piri-
‘ere’ere.
pau
-
‘Eiaha tatou
e
rü. ‘A tïa’i i te taime
TTa’i atura râtou
ma
e mea
pâpü ‘o ‘ôna ihoâ »
te hi’o noa ra i tâua tamâhine ra. Tae i te hô’ë vâhi i
piha’i iho i tâua popa’â ra, parahi ihora ‘oia i ni’a i te one. Tâtara atura i tâna
piriaro, ‘itehia te tatau o te honu i te vâhi i parauhia e Mâui. ‘Aita râ te mau
müto’i i ha’uti a’e. ‘Ua hi’o maita’i râ râtou iâna, te ‘ohipa tâna e rave, te ta’ata
tâna e farerei. I te hô’ë taime, haere atura taua tamâhine e ‘âparau i nâ popa’â e
piti. ‘Ahuru minuti i mûri a’e, ho’i atura ‘oia i te vâhi tâna i parahi i mua a’e.
‘Ua tâpiri atu te tahi ta’ata tahiti, pâutuutu maita’i, i piha’i iho i terâ tamâhine.
I mûri a’e tô râtou ‘itera’a ë, tôna
hoa iti terâ. Mana’o a’era nâ müto’i to’otoru
ë, terâ tâ râua ravera’a : E fa’atlaniani te poti’i i te mau popa’â rü’au, ‘e nâ te
tâne, tôna ia hoa rave hara, e ‘eiâ ia râtou ma te fa’a’ohipa i te pü’ai ‘e, penei
a’e i te tahi
taime, mai te peu ‘aita te mau pôpa’a e fa’aro’o iâna, i reira te fifi
tupu ai, mai te popa’â ‘o tei pohe. Nô te mea ra ë, e ta’ata fa’a’oroma’i ‘o
Tihôni, tla’i noa atura râtou nô te hi’o e aha mau te ‘ohipa e tupu i mûri iho.
e
Haere atura te
poti’i i roto i te miti, i te tahi vâhi âtea roa, i tai, ‘âpe’e-’oi’oi-hia
popa’â to’opiti. ‘Aparau fa’ahou râtou e torn, ‘e i taua ârea taime, tâpiri
atura te tâne i piha’i iho i tâ te popa’â mâ tauiha’a. ‘Aita râua i ‘ite ë, të ‘eiâ ra
te hoa o teie tamâhine, te tamâhine tâ râua e hi’o ‘e ‘âparau noa ra. E ravera’a
‘ite maita’i teie nâ râua. I te hô’ë taime râ, ‘ua huri mai te tahi popa’â i tôna
upo’o, ‘ite atura te ta’ata ‘eiâ. Horo mai nei ‘oia i râpae’au i te miti. Tâere roa
râ ‘oia, ua horo a’e nei te taure’are’a i te fa’aro’ora’a atu i tâua popa’â i te
tuôra’a. ‘Auë, mea ‘aroha roa nô te mau müto’i i te ‘itera’a iâna ! Tâpapa atura
te tahi ta’ata i te ta’ata ‘eiâ, hô’ê hoa müto’i no Tihôni ‘o tei fa’a’ine’ine a’e na
iâna. ‘Ua roa’a te hoa rave hara, të tla’i noa râ ‘o Tihôni ‘e te tahi müto’i i te
tamâhine ra. ‘Ua ‘ite ‘oia i te ‘ohipa i tupu, ho’i mai nei ‘oia i ni’a i te one, tâpiri
‘oia
e
atura
«
-
nâ
‘o Tihôni iâna ra, parau atura :
‘O ‘oe ‘o Tehani ? ‘Aore râ ‘o Tehina ?
‘O Tehanihanirea ato’a to’u i’oa. Nô te aha ? E müto’i ânei ‘oe ?
‘Ë ! Müto’i tâpa’o piti ‘o Tihôni. ‘la ora na ‘oe Tehani. ‘Ua ‘ite
‘ohipa tâ ‘oe ‘e tô ‘oe hoa iti i rave, e ‘ere roa i te mea maita’i !
-
au
i te
Création
-
-
‘oe
e
E aha tâ ‘oe
‘Eiaha
fari’i,
roa
e
e
atu
haru
parau
e
vau
râ ? ‘Aita tô’u
ia ‘oe i
mua
Feruri maôro ‘oia. Ti’a atura
«
Haere ia tâua!
e
ha’avare iâ’u nei. E
i te
‘oia,
•
flouuelles
hoa iti.
‘âpe’e mai ‘oe iâ’u, mai te
mau
parau
ta’ata ato’a. E aha tâ ‘oe
ihora
policières
peu
e
râ eita
mà’iti ?
»
:
»
‘Ua haere râua i te hô’ê vâhi mo’emo’e n5
‘âparau. Fa’ahiti ihora ‘o
pohe i ‘itehia. ‘Ua ha’amana’o ‘oia i terâ
pôpa’a, ‘ua fa’ati’a mai ‘oia, ‘ua ‘eiâ râua o tôna hoa iti i tâna tauiha’a faufa’a,
‘aita râ taua tamâhine ra i ‘ite ê, ‘ua pohe ‘ona. Eita ‘o Tihôni e nehenehe e
te
Tihôni i te parau nô te tino ta’ata
fa’a’ite nô te aha, ‘ua ti’aturi râ ‘oia i tâna parau.
I terâ taime, ta’i mai nei tâ Tihôni niuniu. Te feiâ nô te tuha’a ‘imira’a i te
fare mûto’i te niuniu maira iâna. Te ‘ohipa tâ râtou i ‘ite, te
‘ohipa i raro a’e i te
mai’u’u rima, e tuha’a ‘iri, ‘e i tâ râtou ma’imira’a nô vai, te i’oa ‘o « Mâui T. »
tei matara mai. Hitimahuta roa ‘o Tihôni, ‘aita roa ra ‘oia i mâere rahi.
Ha’amana’o ihora ‘oia i te niuniu ‘âfa’ifa’i tâ Mâui i tu’u i roto i tôna
pütë, nâ
pôpa’a ia ! Ha’amana’o ato’a ‘oia i te hôho’a mata ‘o Mâui, no te mea, i
piha’i iho i tôna ‘utu, e maha tâpa’o ‘âfaro, e toto pa’ari tô ni’a iho. ‘Aita *oia i
feruri nâ te popa’â i pâra’u iâna. Ha’amana’o atura ‘oia i te ‘anira’a a te tahi
utuutu ma’i i ni’a i teie mau tâpa’o. Tâ Mâui pâhonora’a, pâra’uhia nâ tâna ‘ürî
i tô râua ha’utira’a. Terâ râ, ‘aita ‘oia i fa’ahiti i te parau nô tâna ‘ürî, nô te mea
‘ua haere ‘oia e hi ! ‘E mai te peu ‘ua pâra’uhia ‘oia i te mau mahana i ma’iri,
‘ua mo’e ia teie mau tâpa’o ! Tu’u atura ‘o Tihôni ia Tehani, haere atura i roto i
te pere’o’o, ape’ehia e tôna mau hoa müto’i, ‘e ‘o Hiro, te tâne â Tehani. Ho’i
te
atura râtou i te fare müto’i nô te vai iho ia Hiro i ‘ô. Ferurira’a ia râtou i te hô’ë
râve’a nô te haru mai ia Mâui. Ha’amana’o a’era i te nümera niuniu tâna i
hôro’a,
ti’aturira’a ë, terâ ihoâ tâna nümera niuniu mau. Tâniuniu atura
e nümera ‘ë roa !
Tmi atura râtou i roto i tâ râtou mâtini roro uira, roa’a mai nei te nümera niuniu mau, tâniuniu atura. Nâ tâna vâhine i pâhono mai. ‘Ua parau ‘oia ë, ‘ua
haere tâna tâne i tôna hoa ra, i Papeno’o. ‘Aita e fifï, haere atura ‘o Tihôni i terâ
ra vâhi nô te ti’i iâna. I tôna ‘itera’a ia Mâui, ha’avare atura ‘oia
ë, mea hina’aroma te
râtou, ‘aita râ i manuia,
hia ‘ôna i te fare müto’i
ha’apâpüra’a ë, ‘ua haru râtou i te tamâhine mau
fa’ati’a mai ‘o Tehani ë, nâna ihoâ i ha’apohe iâna.
Mea faufa’a roa ia fa’ati’a mai ‘oia i mua i te tiripuna ë, terâ poti’i te ta’ata taparahi. Vare ihora Mâui, ‘âpe’e atura ‘oia ia Tihôni. Rahi roa tôna mâere i te
tâpaera’a i te fare müto’i, nô te mea ‘o ‘oia tei fa’arirohia ‘ei mau ‘auri. ‘Aita
tâna parau i tâu’ahia.
I te mau mahana i mûri mai, ‘ua ‘âfa’ihia ‘oia i mua i te
tiripuna nô Pape’ete,
‘e ‘ua rahi te mau parau fa’ati’a tei fa’ariro ia Mâui ei ta’ata hara tei
taparahi,
‘eiâ ‘e ha’apohe ia Jean: te ‘iri i ‘itehia i raro a’e i tôna mai’u’u rima, te mau
tei
‘âparau i te popa’â ‘e
no
ua
te
LitteRama’OHi tt 19
fflariutea Chauvet
i
tapa’o i ni’a i tona ‘arapo’a, ‘e te vai atura. ‘Ua ‘aipa ‘oia na mua roa; 1 mûri
iho, ‘ua fari’i ‘oia i te fa’a’ite i te parau mau. ‘Ua pe’ape’a râua terâ popa’â, ‘e
‘ua ‘aro râua, ‘e nô te mea ë, mea püai a’e ‘oia, ‘ua upo’oti’a ‘oia i mua i teie
tâne rü’au-roa-a’e. I te hô’ë taime, ‘ua tu’u ‘o Mâui i te upo’o nô Jean i roto i te
pape miti nô te mea te tuô noa ra ‘oia. I reira ‘oia i te pâra’u-ra’a-hia i ni’a i te
hôho’a mata. I tôna ‘itera’a ë, ua pohe teie pôpa’a, ‘ua tupu te tahi ri’ari’a, nô
te mea e ‘ere terâ ‘ohipa tâna i hina’aro. ‘Ôpua atura ‘oia e ‘eiâ iâna nô te pari
atu i tâua
tamâhine
e
tôna hoa iti. I te otira’a ‘o tâna
fa’ati’ara’a, mâmâ-roa-hia
‘oia i te parau mau. ‘E no reira, ‘aita tâna taime
tâpe’ara’a i te fare ‘âuri nô Nu’utania i te mea maôro, hau râ i te pae matahiti.
tôna
mâfatu, nô te
mea ua parau
107
Création
•
nouvelles
policières
1 taua TTiahana pac r3,itetapera’amahanaiteotira’aatu
te home
hôho’i
atura
o
Atamoe ‘e ‘o Rainui i te fare
‘aita nâ hoa iti i ha’amarirau
i Mahina. A hïmenemene
pi’o, te ‘otohe atura ia
o
ai
noa
o
Rainui
i mûri mai i te tumu ‘uru:
e
Atamoe ‘e
te rohirohi
‘amu’amu
noa
e
no
po’ia,
te
Tefauroa
ai i tâna vi ‘ohure
‘ite nei ‘oia i te tahi ‘ohipa
maere
pohe.
E i tona hi’o maita’ira’a atu ,e
ua
a
no te mea te
ta’ata
no
vaiho atu i mûri ia râua te ‘ôutu
te
no
‘avae ana’e teie
e
‘itehia nei i te
ho’i ë
mea
tapo’ihia tona nei tino i te ni’au.
Parau atura ia Atamoe ê
A hi’o
«
-
hi’ora’a
o
i te
na
Parau atu
ra o
‘aita râua to’o
ta’ata
e
o
e
Hauarii,
‘aita ‘oia
no te mea
‘ohipa
i te
‘ite ato’a nei i te
e papu roa ra,
maere, e te
pohe ihoa.
hi’o
piti i haere
to’o toru ‘oia ho’i
mai
e
Atamoe ia Rainui ê
Mai haere ana’e
«
-
‘ohipa maere?»
Atamoe te ‘ite nei ‘oia i te ho’e
ta Rainui i ’ite:
mea
:
vai
o
:
mau
hi’o maoti
o
Tainui
ânei tera ta’ata
».
No te ri’ari’a
Rainui
faura ato’a maira to râua nau hoa
Heiarii. Tuo atura ia râtou no te haere
ra, te
e o
hi’o i teie tino. I to ratou hi’o-amui-ra’a ‘eita te hôho’a
e
o
e
te
tino
o
teie
ta’ata tapu e ‘itehia, toôna noa ‘avae teie e ‘itehia nei, e i piha’i iho iâna ua ‘ï i
te toto. Aita re’a ta’ata i ha’uti noa a’e i te ni’au e i te mau ‘ohipa i piha’i iho
iâna
a
roa’ahia râtou i te
Ua mana’o
-
«
E
mea
Ho’ë
-
«
o
ra o
hau a’e
e
e
:
niuniu i te muto’i
».
Heiarii tei i’oa tei parau:
niuniu vaiho noa ra mai tërâ
râtou
‘Eiaha
parihia.
Atamoe
o
e
‘itehia ihoa ‘ananahi ‘aore
teie nei pô ihoa. Ua turu ra te toe’a o te mau hoa i te mana’o o Atamoe.
atura te tama’i i rotopü ia Atamoe e o Heiarii tei parau ê :
-
«
‘ohipa,
la niuniu ‘oe i te muto’i ‘eiaha
roa
atu ‘oe
e
e parau ra ‘oe o ‘outou ana’e tei ‘ite i teie tino pohe. » I te reira
o Heiarii e te riri ato’a. Are’a ia Atamoe ‘aita ‘oia i fa’ataere, ua
‘oia i te ‘aua muto’i
no
Mahina
te
ha’avitiviti
no
te
Tupu
mea
te haere
noa
taime,
niuniu
atura
i
poirira’a,
-
«
E
e ma te parau ê :
tino pohe tâna e ‘ite nei i mua iâna i te ‘outu
Pâhono maira taua muto’i
-
ra
no
i
fa’aô iâ’u i roto i ta ‘oe
ho’i atura
te
ra
«
Na
i reira
»
no
Tefauroa
:
reira, te haere atura tera ra, ‘eiaha e ha’uti ho’ë noa a’e ‘ohipa e vai
‘Ahuru miniti i ma’iri, te faura maira te mau muto’i, tape’a atura o
Atamoe ia râtou
ma
te parau
ë
:
LitteRama’oHi
» ig
Titi Tauiarii
Tei ‘ô nei te ta’ata
«
-
tapu?
»
müto’i ‘itera’a atu, pou ‘oi’oi atura mai ni’a i te pere’o’o no te tâtara
i te mau ni’au. I te tâtarara’a i te mau ni’au, te ‘ite nei râtou i te ho’ë tamahine ‘âpi
‘aita e ‘ahu fa’ahou, ua ta’utuhia tôna vaha e ua ta’amuhia tôna rima. E rave rahi
I to te
mau
puta te ‘itehia i ni’a i tôna nei tino, i ni’a i tôna hoho’a e tae
nei hua
e au ra
I to te
ê
mau
noa atu
i te
pae o
tôna
patiatiahia teie vahiné i te tipi,
e ua màfera-ato’a-hia.
müto’i fatata-maita’i- ra’a i teie nei tino pohe, e mea
ua
‘ohipa i te tupura’a
‘âpi teie
ë no teie noa nei taime, no te mea e mea ‘âpi â te toto.
mau müto’i i ta râtou tïtorotorora’a, e ho’ë tei uiui ia Ata-
e au ra
Ha’amata atura te
moe ma :
Ua ‘ite ânei ‘outou
«
-
vai teie tamahine?
o
fa’aro’o ânei ‘outou i te tahi maniania?
Pâhono atura
«
E,
ua
o
Atamoe
‘ite mâtou
vai i ‘ite i teie tino
nehia ‘ôna i teie nei ‘outu i te
mau
e
tamahine horue teie,
mahana ato’a
no
te
mai to mâtou na’ina’ira’a, ua reva ‘ôna i te fenua marite
Ua ho’i fa’ahou mai tae
mea
tôna metua tâne
e
pohe?
ua
»
:
vai teie tamahine,
o
na
‘ite ânei ‘outou iana i te ho’ira’a?
ua
noa
atu i tôna nâ metua
a
e
‘ite pinepi-
mea ua ora
mai mâtou
no
tâna tau
ha’api’ira’a.
tahi matahiti i teie nei, no te
e vahiné marite ihoâ
ta’ata tahiti ‘are’a i te metua vahiné
ia. E teie nei mahana te
ha’api’i nei ‘ôia i te
reo
marite i te fare ha’api’ira’a tua-
Mahina e, i te mea e tei roto ‘ôna i te taime fa’afa’aeara’a ha’api’ira’a e
taime tano ia teie nôna e haere e horue. E te i’oa o teie nei vahiné o Meherio ia
rua no
e
piti ‘ahuru matahiti tôna i teie nei. Teie taure’a vahiné, ‘aita ‘oia
mau
ua
ta’ata,
‘ite ato’a
e
aroha
‘ôna
iâna i te
vau
Pâhono atura
-
noa
o
Rainui i tâna
atura ia Atamoe
no
te
ma’iti i te
:
Nâ’u i ‘ite iâna i mûri mai i teie tumu
«
e
atu ‘aita i matau e tamâhine paraparau roa, e
ho’ira’a. »
noa
‘uru, ‘aita ho’i
hi’o. I to mâua nei ‘itera’a atu
e
‘avae
au
i
noa
papu roa,
tuo
ta
‘ite
maua e
nei, i parau mai ai o Atamoe no te haere e hi’o, ‘aita ho’i au i fa’ari’i no te mea
ua
ri’ari’a
i tuo ai
vau
i te reira taime. Maoti te ho’i
Atamoe ia râua, i ‘ore ri’i ai tô’u
Are’a ia Tainui uaparau ‘oia ê :
o
Te fa’aeara’a
ra o
Hauarii
e o
Tainui i to râua fare
riari’a».
teie nei tamahine
e ‘ere ia i te mea atea i tô’u nei fare, e
i ‘ite iâna i te ho’ira’a. ‘Aita ato’a vau i fa’aro’o
i te ‘ohipa i tupu no te mea, i te mau ho’ira’a ato’a, mâua ihoâ teie e ho’i nei, i
teie ra mahana, ua nâ mua ‘oia i te ho’i».
-
«
nô’u iho
nei, ‘aita
o
roa atu vau
Parau atura te müto’i ia râtou
Mauruuru
‘outou
:
pâhonora’a, e i teienei, e ho’i ‘outou i roto i
parau i te tahi noa a’e ta’ata, a riro teie mau
parau i te ‘atutu e i te fa’ahuru’ë-ato’a-hia. E riro vau i te tuo atu ia ‘outou ‘anânahi po’ipo’i no te tahi â mau ha’amâramarama.
-
«
to ‘outou mau
no ta
‘ütuafare
ma
mau
te ‘ore
e
109
Création
Pâhono ‘âmui atura râtou i te müto’i
«
Na reira ia
e
‘ite fa’ahouhia
•
nouvelles
policières
:
müto’i, e ti’ai atu ia mâtou i ta ‘oe niuniu».
I te ho’ira’a atu te mau taure’are’a, te tütonu noa ra te mâ’imira’a a te mau
mûto’i e te mea ‘âpi i ‘itehia, te ‘ahu ia o teienei vahiné, tâna ‘iri fa’ahe’e, e te
piriaro o te ta’ata taparahi. E te ‘ohipa ta râtou e hina’aro nei te ‘imira’a ia i te
moiha’a ta teie ta’ata i fa’a’ohipa no te pâtiara’a i te tino o Meherio, ‘aita i ‘itehia, e ua mana’o ê, e vaiho ia po’ipo’i a’e teie ‘ohipa e fa’aoti roa ai, no te mea
-
‘aita
No te
mau
e
te
ra.
taure’are’a,
‘aifaito to râtou
Parau atura
mau
ua
haere ‘oia i te ho’ê vâhi
mana’o i te taime
Hauari’i ia Atamoe ë
o
« E pa’i, o Heiarii ia te ta’ata
‘ôna ato’a tei ‘ite i te tino pohe».
-
Pâhono atura Atamoe ê
E,
e
e ua
uiui ia râtou iho ia
uiui fa’ahouhia ai râtou
e
te
müto’i.
:
fa’ahiahia no te
mea
‘aita te
mau
müto’i i ‘ite
:
ta ‘oe, ‘eiaha ra ‘oe e ha’ape’ape’a no te mea ‘aita
ho’ê a’e ‘ohipa hape ta tâtou i rave, te ‘ohipa e tano ia rave, te tauturura’a ia i te
-
mau
«
e parau mau roa
müto’i
no
te ‘imira’a i teine nei
‘ôutu ‘eiaha teie
Horo’a atura
-
«
ta’ata,
e
fifi ia tupu fa’ahou».
Tainui i tona nei mana’o
i te paruru-ato’a-ra’a i to tâtou nei
maua
o
Mai teie atu mahana
râtou, e o vai mâ te
mau
e moemoe
taure’are’a
e
:
tâtou i te
mau
tamahine ia ho’i ana’e
‘ape’e atu».
O Hauarii i tôna:
Na reira
hoa, ia rave tâtou i te ‘ohipa na roto i te ho’era’a, e
fa’a’ohie-ato’a-ra’a i te mau mâ’imi’imira’a».
‘Are’a no te mau müto’i, üa niuniu i te pere’o’o uta ma’i no te ‘âfa’i i teie
vahiné i Mamao i te vâhi o te mau pohe, i te mau ‘ihi ra, no te mau
-
«
maita’i ai te
e
te mau
‘ohipa,
e e
mâ’imi’imira’a. Penei a’e nâ roto i te
mau
râve’a. Te vâhi
fa’a’itera’a
e
‘itehia mai te tahi
fifi, te fa’a’itera’a ia i tôna nâ metua ‘e ua fa’aru’e mai ta râua
nei tamâhine nâ roto i te ho’ë ‘ati taparahi. Tuo atura i te muto’i ia Tainui no te
numera niuniu a te metua o Meherio, e ua horo’a mai. I te ‘ütuafare ra o Meherio, te hepohepo nei nâ metua o Meherio i te mea ë, ‘aita a i ho’i mai. A tira,
penei a’e tei te mau hoa ra. Te patëra’a te niuniu io râtou, e au ra ë ‘ua ‘ite teie
nei metua vahiné e ‘ohipa fifi tei tupu, e ‘ere i te tapa’o maita’i. Aita ‘oia i
hina’aro e pâhono ‘ua parau i tâna tâne :
« ‘A pâhono na ‘oë i te niuniu, no te mea te hum ‘ino nei au ».
Pâhono atura o Tapunui te metua tâne i te niuniu, parau mai nei te müto’i ë :
-
-
«
la
ora na.
O ‘oe te metua
Pâhono atura te metua tâne:
-
«
‘E, eaha teie ?
»
Parau mai nei te müto’i ë
:
o
Meherio
»
I.itteRama’oHi
# 19
Titi Tauiarii
e
‘Eiaha ‘oe
«
-
e
‘ino’ino mai, e müto’i farani teie, e parau
‘Ua fa’aru’e mai
‘ôutu
no
taime,
te fa’a’ite
no
Meherio, ‘ua ‘itehia mai i mûri mai i te tumu ‘uru i te
tapera’a. mahana ».
fa’aru’e o Tapunui i te niuniu ‘e ‘ua horo e haru i tâna
ua
e :
‘Ua fa’aru’e mai ta tâua tamahine
«
-
o
Tefauroa i teie
I te reira
vahiné
pe’ape’a teie tâ’u
nei.
parau atu
»
‘Aita ia ‘o Karen te metua vahiné i
ti’aturi, no te mea ‘aita ‘oia i fa’ari’i i
teie nei pohe. Teie te pitira’a o ta râua tamari’i tei taparahi pohe-roa-hia, ‘e i teie
nei te toe ra te hope’a o te tamari’i, e tamahine ato’a.
Parau atura i tôna nei hoa:
Ananahi
«
-
müto’i
po’ipo’i,
e
haere taua
e
horo i te ta’ata taparahi i te ‘âua
».
No
Atamoe, ‘aita roa atu tona ta’oto e topa ra, no te mea ‘aita e fa’ari’i ra i
pohe, e tamahine teie o tana i matau mai tona na’inaTra’a ‘e ‘ua rahi. Te
‘ohipa ra ‘aita i ti’a iana i te ani, te anira’a ia fa’aea raua no te mea tona
tona
na’ina’ira’a tona here-noa-ra’a i teie vahiné, noa atu ‘ua reva i te fenua marite,
‘ua vai noa tona here, ‘aita ra teie here i ha’afaufa’ahia. E, i teie nei, ua pohe o
tâna i here
ato’a
ua
pohe ato’a tôna mâfatu. ‘Eita ra
ta râua i
o
Pi’i atura i te Atua
‘e
e
«
No tô’u here ia
‘oe,
itehia mai ihoà ‘ôna
‘A
no
te ta’i ato’a
e
e mo’e iâna te mau ‘ohipa maita’i
‘aita ‘e ta’ata ‘ë atu.
:
haere’a, ia haere ‘oia mâ te hau
poro’i ato’a i tâna i here:
E mâ te
-
ma
‘ôna ana’e
Ta tauturu i tôna
«
-
te mea,
rave no
e tauturu vau
»
ia ‘itehia mai te ta’ata i taparahi ia ‘oe,
»
po’ipo’i a’e, haere atura nâ metua o Meherio i te ‘âua müto’i
rave i tera ‘ohipa mâ te parau i te müto’i ë:
no
Mahina
te horo i te ta’ata i
-
Ta ‘ite-noa-hia-atu teie
«
fa’aeara’a i te fare ‘auri
I te
ta’ata, ia fa’autu’a ‘e ia rahi tôna mahana i te
».
otira’a,
ua haere râua i te ma’i i Mamao no te hi’o i ta râua tamahine. I
‘itéra’a atu, ua ta’i nâ metua no to râua aroha i te ‘ite-mata-ra’a i te
hôho’a e te tino o Meherio ‘e ua poro’i :
to râua
-
«
Te mauiui nei to mâua ‘a’au i te ‘itera’a atu ia ‘oe mai tera,
mâua i mana’o
nei
e
e e
tauturu ato’a mâua i te
mau
I te reira avatea titauhia atura
müto’i
no
te
te müto’i ë
tahi â
‘aita ho’i
e i teie
pohe ‘oe mai teie te huru. A tira, ‘ua oti ihoâ ia parau,
mau
müto’i
na
no
te
‘imira’a i teie ta’ata
taure’are’a to’o maha
no
».
te haere i te ‘âua
ha’amaramaramara’a. I to râtou tapaera’a na’o mai nei
:
«Tnapo ra, ua ‘itehia mai ia mâtou te ‘ahu o teie nei tamahine, tâna ‘iri
fa’ahe’e, e te piriaro o te ta’ata i rave i teie ‘ohipa. Tei roto noa mâtou i te
-
Création
ma’imira’a i teienei
e
teie
mau
fa’a’ite mai i te tai’o mahana
Tera
mau
ra
‘ohipa ‘ua ‘afa’ihia i
fare,
nouvelles
mua
policières
i te ha’ava,
e nana e
».
‘aita te müto’i i fa’a’ite i te
taure’are’a i te
•
e ma
mau
‘ohipa i ‘itehia mai. Ho’i atura te
te uiui ê:
‘Ahani
paha te muto’i i fa’a’ite mai i te piriaro o te ta’ata taparahi e riro
paha i te ‘itehia mai i teie mahana ».
A haere noa ai o Atamoe mâ e fa’ahe’e, te ferurira’a ra tei ni’a ia ia Meherio
e au ra ë, te ‘ite nei ‘oia ia Meherio ia fa’ahe’e ana’e, ‘e ‘a moemoe noa ai i te
mau taure’are’a ‘ia ‘ape’e ana’e i te mau tam.ahine ia ho’i ana’e. ‘Are’a no nâ
metua, te mihi noa ato’a ra i ta râua tamahine, ‘e ‘ua parau i ta râua hope’a:
« Ha’apa’o maita’i ia ‘oe ia haere ‘oe i te ‘5utu a riro i te taparahi-ato’ahia. ‘la tupu ana’e te ho’ê ‘ohipa, a niuniu mai ‘aore ra a tuo ia fa’aro’o mai te
mau ta’ata i piha’i iho noa ».
Tau mahana i mûri iho, te farerei nei o Heiarii ia Atamoe, parau atura o
-
«
'
-
Heiarii iâna ë:
-
«
E aha atura terâ
Pâhono mai
-
e
te
«
‘Aita te nu’u
mau
«
Pâhono atura
-
«
o
pohe ai
‘E,
ua
teienei,
o
«
«
‘ohipa
».
e ta’ata pa’ari, tei roto i te
i ‘5 nei i Mahina ».
area
maha
Atamoe:
matau vau i te reira ta’ata, te fa’aea nei ‘ôna i ‘5 nei ».
No te aha teie uira’a ?
Pâhono atura
-
Meherio
Tapunui ?
e te ora
Ui fa’ahou atura ia Heiarii
-
o
Heiarii
‘Ua matau ânei ia ‘oe ia
‘ahum matahiti i
»
i mua, i te mea ho’i ë, ‘ua itehia te tahi mau
noa ra
müto’i i te vâhi i
Ui fa’ahou atura
-
‘ohipa to terâ vahiné ?
‘o Atamoe:
ra
o
Heiarii:
Aita mai tera
I te ho’ira’a ‘o
uira’a, penei a’e
Pae ava’e i
e :
»
noa »
Atamoe, te
maere
‘oia i te uira’a
a
Heiarii,no te aha ra ia teie
hoa ato’a teie nona, ‘aita ‘oia i ha’apa’o fa’ahou.
mûri iho, te fa’ataehia mai nei te mau rata i na taure’are’a
e
e
maha, no te haere i mua i te ha’ava, no te mea ua riro ‘ei mau ‘ite, ‘e, teie
ha’avara’a, e tupu ia i teie hepetoma i mûri nei.
I te hepetoma i mûri iho, haere atura nâ taure’are’a to’o maha i te fare ha’ava
no te ‘ohipa i tupu i ni’a ia Meherio, ‘e ‘ua uiui te pâruru o te feti’i o Meherio
ia Atamoe ë
-
«
:
E aha te
‘ohipa ta ‘oe i ‘ite i taua mahana pae
Pâhono atura
-
i te
«
o
Atamoe
‘Ua ‘ite ho’i
mau
ni’au,
e
au
‘avae
ra
?
»
e :
i teie nei vahiné i mûri mai i te tumu ‘uru,
noa
te ‘itehia »
‘ua tapo’ihia
LitteRama’OHi
#19
Titi Tauiarii
Ui fa’ahou atura te
«
-
E aha te
pâruru
‘ohipa ta ‘oe i
Pâhono atura
o
Atamoe
:
rave
i te reira taime
»
:
I te reira taime ‘ua ri’ari’a ato’a vau,
‘aua’e ra teie nau hoa te ho’i ra râtou,
ia râtou ia hi’o ‘àmui matou, ‘e i to matou ‘itera’a atu, te ‘ohipa
mâtâmua tâ’u i hina’aro, te ‘itera’a ia o vai teie nei vahiné, ‘aita ra i ti’a iâ’u i te
hi’o no te mea ua tâpo’ihia i te ni’au, ‘e i piha’i iho iâna ua pu’e tona toto »
Ui fa’ahou te pâruru :
« ‘E i to ‘oe ‘itera’a atu i te hôho’a o teie nei
vahiné, ‘e aha te ‘ohipa i puta
«
-
parau atu
ai
au
,
-
mai ia ‘oe?
»
Pâhono atura
-
teie
«
e
‘Aita
au,
o
Parau atura te
-
«
la
Atamoe
:
i mana’o e, ‘ôna
teie vahiné,, e
mai tô’u ihoâ na’ina’ira’a ».
vau
au
i te
muto’i, ‘aita
mâ’imira’a
pâruru
mau
te mau ‘e te
mau
fa’a’itera’a
e no
Heiarii,
nana
te
e
iho.
farerei ai
I te ho’ira’a
i ‘itehia
mau
piriaro
:
E vaiho i teie
toma tatou
te mau
o te ta’ata taparahi, ‘ua ta’a ‘oi’oi atura
teie te piriaro o tâna i pupu i tôna ‘ôro’a, ‘e o
mahana ra, ‘aita ra i fa’a’ite noa a’e i tôna nau hoa, ua
ra
‘ohipa, e ti’ai i te mau mâ’imi’imira’a,
hepetoma i te maoro no te mau ma’imi’imira’a ‘e i te monire
«
a
ia i te
no te mea
Fa’aoti maira te ha’ava
-
noa
».
tâna ato’a i ‘omo i taua
tape’a noa
a
‘ohipa ‘âpï i itehia mai, tei roto
I te fa’a’ite-ra’a-hia mai
ia Atamoe
vahiné matarohia
:
mâ’imi’imira’a
te tahi
a
no te mea e
mai,
na
e
horo’a
vau e
o
te torn
o
te
piti
hepe-
».
taure’are’a to’o maha, ‘ua feruri noa ia o Atamoe i te
ha’amana’o
‘ohipa
‘ona ihoâ te ta’ata i ho’i mai na mûri iho ia
Meherio i taua mahana ra, e i te ho’i-fa’ahou-ra’a mai ‘aita e piriaro fa’ahou, i
ta’a ai ‘oi’oi ai iana, ‘ona ihoa te tumu o teie ‘ohipa. Piti hepetoma i mûri iho, i
te tapati i te tapera’a mahana, ‘ua haere ia na taure’are’a
to’opae e ‘oia ho’i ‘o
Atamoe, ‘o Heiarii,’o Hauarii, ‘o Rainui e ‘o Tainui i te ‘outu no te haere e
horue.’E i taua mahana ra, ua haere ato’a mai te tuahine ra o Meherio, o Heirani
tei i’oai Piti ihora i mûri iho, te ho’i ra ‘o Heirani i te fare, ‘e i te reira ato’a
taime, te haere ato’a ra o Heiarii.
e ma te
e,
Parau atura ‘o Atamoe ia Rainui
-
«
Mai haere
ana’e,
e au ra
Pâhono atura ‘o Tainui ê
au, e
‘ohipa te tupu
».
:
Na
reira, mai haere ana’e tâtou pauroa ».
‘a piri atu i te vahi i reira ato’a Meherio i
taparahi-ra’a-hia, te fa’aro’o nei râtou i te tahi tuo. Horo ‘oi’oi atura râtou, ‘e
-
«
Haere ana’e atura ratou pauroa e
te
ma e :
ia mana’o ana’e
113
Création
i to ratou ‘itera’a atu, te
flouuelles
policières
Heiarii i te taparahi ia Heirani, horo atura
roa’a mai nei. ‘ Are’a ia Atamoe ua horo ia
te tuo i te mau muto’i ia ha’avitiviti mai, ‘ua ‘itehia ia
ha’amata ra
o
va’uva’u ‘e ‘aita i maoro,
o
Tainui
e
ti’i i tâna
e
•
niuniu,
rtâou te ta’ata
no
ra ‘ua ri’ari’a roa ‘oia.
‘Ahuru miniti i mûri iho, te tae mai nei te mau muüo’i,’afa’ihia atura ‘o
taparahi, are’a no Heiran
Heiarii i te ‘âua müto’i.
‘Ua ui atura te müto’i ia Heiarii
-
I te
:
ho’i e, ‘ua
pohe ho’ë tamahine i te vahi mau ‘oe i te ha’amataparahi i teie nei tamahine, na ‘oe ato’a pahaia i taparahi pohe roa i
tamahine ‘tahi ava’e e piti hepetoma i teienei ? »
«
mea
tara’a i te
te
tahi
Pâhono atura
-
o
Heiarii
Ui fa’ahou te muto’i
No te aha ‘oe i
«
Pâhono atura
-
mea
e :
‘E, na’u i taparahi pohe ia na ».
«
o
:
rave
ai teie
Heiarii
‘ohipa,
e e
aha te ‘ohipa
o
tâna i rave ? »
:
‘Aita ho’ë a’e
«
‘ohipa tana i rave, te tumu vau i rave ai teie ‘ohipa, no te
maha ra, te ‘imi nei au i te ho’ ta’ata te fa’aea nei i’o nei, e
teie ta’ata ra ‘o tapunui ia. la au ite fa’ati’ara’a a to’u metua vahiné, ‘ua
‘aitaëâ tu riri
te i’oa
o
e
pohe a tahi matahiti na roto i te ho’e ‘ati ma’i, ‘o tei parau mai ia’u nei hou a
pohe ai, teie ta’ata, o to’u ia metua tane, ‘e te ‘ohipa tana i rave i to’u metua
vahiné, ‘aita vau i mauruuru, ‘ua mafera e ua taparahi, e ma te poro’i iana, ia
fa’a’ite noa atu ‘oe i te muto’i e taparahi pohe roa vau ia ‘oe. E teie mau parau,
te vai
noa ra
i roto i to’u nei ‘a’au, i te mea ‘ua fa’a’ite ato’a mai to’u metua
o teie ta’ata, e teie hoho’a ua mau roa ia i roto i tona upo’o »
vahiné i te hoho’a
Fa ‘aea iho nei te uiuira’a
a
te
muto’i
e
‘afa’ihia atura ‘oia i roto i te ho’e
a tano atua ai i te mea, ‘ia po’ipo’i a’e teie ‘ohipa e tupu fa’ai te ha’ava. I te po’ipo’ira’a ‘afa’ihia atura o Heiarii i te tiripuna.
piha hi’opo’ara’a,
hou ai i
mua
Te ‘ite nei ‘oia i teie ta’ata i
iana, tupu a’era tona riri no te mea, teie te ta’ata
taparahi. I tona uira’ahia e te paruru:
« No te aha ‘oe i rave ai i teie ‘ohipa ? »
Ua pâhono ‘oia mai tana i pâhono i te muto’i. Huru ‘e atura o Tapunui i te
mea e, ‘aita i ‘ite ‘ua fanaü te vahiné o tâna i taparahi na.
tana
e
hina’aro nei
mua
e
-
Ui fa’ahou atura te pâruru e :
« ‘Ua ‘ite ânei ‘oe o Meherio
Heiranai
e
tamahine ?
i ‘ite. Te vahiné
o
ta’u i taparahi pohe roa o to’u
te tatarahapa i mua i te metua
-
tane ?
Pâhono atura ‘oia
-
«
‘Aita, ‘aita
iho ia tuahine
vahiné
metua
e o
ua
na’ to ‘oe metua
»
o
».
:
roa atu vau
Ua ta’i ‘oia i te reira taime
Meherio. Fa’aoti ihora te ha’ava
tane, ho’e ahuru ma pae
e
e ma
fa’autu’a ia Heiarii tae
matahiti i te
maoro.
noa
atu i tona
LitteRama'oHi
s ib
Titi Tauiarii
‘Are’a
ia
Karen, ‘ua ‘ino’ino ‘oia i te ‘ohipa a Tapunui i rave i ni’a i te
Heiarii, te aura’a ra, ua ha’uti tata’ipiti noa ‘oia e nona ato’a ia
te hape i taparahi-pohehia ai o Meherio. Piti hepetoma i mui iho, ho’i atura o
Karen tae noa atu ia Heirani i te fenua marite, ma te vaiho mai te mau ‘ohipa
‘ino. ‘Are’a no te pae o te home, te vai hau noa ra ia, e no Atamoe, ua riri i tna
hoa ‘e ‘ua ‘oa’oa no te mea ua tape’a i tàna parau fa’aau.
metua
no
vahiné
o
115
Création
•
nouvelles
policières
Hunara’a parau i roto
i te hô’ë ’utuâfare
ra
I taua mahana pae ra, i te tapera’a mahàna i te otira’a atu te hôrue, hoho’i atu
’o Atamoe ’e ‘o Ra’inui i te tare. Nô te rohirohi ‘e te po’ia, ‘aita nâ hoa iti i
ha’amarirau nô
vai iho atu i mûri ia râua te ’ôutu nô
te
ai ’o ’Atamoe ’e ’a ’amu’amu
Tefauroa, i Mahina. ’A hïme-
ai i tâna vï ’ohure
pi’o, të ’ôtohe
ohipa maere i mûri i te tumu ’uru
: e ta’ata pohe. Tuô atu ra i tôna hoa ma te ri’ari’a i
te’ohipa tâna e ’ it era : te tino
o Ra’imoana. Horo atu ra ’o ’Atamoe ’i
piha’i iho i tôna hoa, ma te fa’aru’e atu i
tâna vï ’ohure pi’o, e hi’o e aha te ’ohipa e tupu ra. I te ’itera’a atu i te tino o taua
ta’ata pohe ra, piha’e atu ra i te mâ’atâna i ’amu iho nei, parau atu ra :
« E... E aha teie ? E aha teie
’ohipa i tupu i ni’a iâna ? ’O vai te ta’ata i rave
i terâ ’ohipa i ni’a iâna ? ’auë ! ’auë ! ’Ua tâniuniu ’oe i te müto’i? te taote? »
pâhono atu ra ’o Ra’inui :
nemene noa
atu
’o Ra’inui nô te
ra
mea
«
’Aita, ’aita
«
E aha ïa tâ ’oe
te
’ite nei ’oia i
i ha’amana’o a’e
vau
e
tï’a
ra
»
te
noa
tahi
tuhi atu
? ’a niuniu atu,
ra
tôna.hoa iâna
:
ha’ape’epe’e, ha’ape’epe’e,
■ha’ape’epe’e
e Ra’inui ».
Niuniu atu ra ’o Ra’inui i te müto’i ’e i te taote. I mûri maii mâta’ita’i
atu
noa
i te tino
tôna
pohe o Ra’imoana : ’ua ’iravarava roa, të toe noa ra i ni’a iâna
piripou. E ta’ata tautai o Ra’imoana e mea au-roa-hia ’ôna e te ta’ata nô
tôna
hum, ta’ata marü. Tôna noa fifi, ’ia haere ana’e ’ôna
ra
’e’ere i te inu tanotano. ’Ua riro ato’a
te i’oa
tâna vahiné
o
e
tautai
e
ino ato’a ïa,
Ra’imoana ’ei metua, ’oia ho’i, o ’Aute
piti tâ râua tamari’i, ’o Ra’imanu te i’oa o te matahiapo,
teina. E va’u matahiti tô te matahiapo, ’e ono noa ia
’âva’e tô te teina. Të fa’aineine ra râua e i teie hepetoma imuri nei, teie râ,’ua
tupu teie’ati, ’eita ïa terâ ’ôpuara’a e tâ pae i tôna hope’ara’a. Nô tôna mata’u
rahi i te ’ohipa i tupu i ni’a ia Ra’imoana, mo’ehia ia Ra’inui e fa’aara i tô na
’e ’o
o
Tipanie te i’oa
tuahine
o
e
o te
’Aute. Ha’amana’o atu
ra
o,’Atamoe iâna
e
fa’aara i te ’ütuafare i teie
’ati. ’Ua fa’aea ato’a ’o ’Atamoe ’e ’o ’Aute, i tô râua
’âpïra’a teie râ, .’ua ta’a
feti’i râua i te pae o tô râua nau metua tâne. E taea’e te pâ’ino
o te pâ’ino o ’Aute nô te
pâtea’ino o te pâ’ino o ’Atamoe. I teie mahâna të vai
noa ra terâ here i roto ia râua, ’aita râ râua e fa’a’ite nei i mua i te ta’ata, e ’aita
râua, nô te
mea e
râua iho e’ite nei.
LitteRama’oHi »19
Prunella Peuti
,
’la ’ite ato’a tâtou, ’aita o Ra’imoana i ’ite i te ’ ohipa i tupu i roto ia râua.
’ôpani -’eta’etahia-hia ’o ’Aute ’e ’o ’Atamoe nâ to râua mau metua, ’ia farerei râua, ’ia ’âparau râua ia râua iho, ’a ’ati ai râua. Pi’i atu ra o Ra’inui ia ’Aute
mâ te ’oto rahi, tâtara atu ra iâna it e ’ohipa i tupu i ni’a ia Ra’imoana, mâ te
’ôpani atu iâna e ’âmui ato’a ia râtou ra, nô te mea e haere mai te pere’o’o
utara’a ma’i ’e te pere’o’o müto’i no te ti’i it e tino o Ra’imoana ’e nô te uiui ia
E
farerei ia râua it
râUa. Te aura’a ra, e
e
fare ma’i
no
Mama’o. I te reira ato’a
piti pere’o’o müto’i ’i piha’i iho ia râua. Pou mai nei e
piti müto’i mai rotoi te pere’o’o mâtâmua nô te ’âua i te vâhi i reira te tino pohe
i te târavaravara’a, ’ia ’ore te mau ta’ata e haere mai e fa’ataupupü i tâ râtou
’ohipa. Pou mai nei e piti müto’i mai roto i te piti o te père’o’o, haere mai ra, ia
’Atamoe mâ ra, nô te uiui ia râua i ni’a i te terera’a ’o te ’ohipa i tupu hou a’e
râua ’a niuniu ai ia râtou. Tâtara atu ra o Ra’inui it e ’ohipa tâ râua i rave, hou
taime, te tae mai nei
e
’a ’ite aria Ra’imoana. Nâ’ ô atu
Nô te aha ’ôrua
ra
te müto’i ia râua :
pi’i ai iana ’o Ra’imoana? Aita hô’ê noa a’e ’ api
fa’a’itera’a ia ’ôrua i tôna ihota’ata. » pâhono atu ra ’ôna :
« ’Oia, ua ite mâua,’ôna ihoâ teie, nô te mea e ta’oete ’ôna nô’u, ’e e vai«
taea’e ia nô ’Atamoe.
»
e
Vai iho atu
ia râua i roto i teie ’ati. Tau minuti
ra
te mau müto’i ia râua ma te fa’aitoito atu
noa
i mûri iho tae mai nei te
père’o’o utara’a
ma’i, huri atu ra i te tino pohe i roto i te faura’o. ’Âpe’e atu ra nâ ta’ata nei ia
râtou, tere ti’a atu ra râtou i te fare ma’i nô Ta’aone. ’ I te taera’a atu râtou i te
fare ma’i, tê haere mai nei te mau tuati ma’i nô te ‘âfa’i i te tino i roto i te piha
fa’ato’eto’era’a, ’e ’aita i maoro atu të tae mai nei te pere’o’o o ’Aute i mua ia
,
râua. 1 te
poura’a mai tôna tuahine, horo ato’a mai ia Ra’inui ra, mau mai nei i
te pa’ufifi o tôna taea’e i roto tôna rima, parau atu ra mâ ta ueue iâna :
« ’E Ra’inui iti, ’a parau mai, tei hea roa ’o Ra’imoana? Tei hea roa ’ôna ? »
Tüturi atu
ra
i
tôna metua tei
mua
’Aute. Vai iho atu
atu
iâna mâ te auë i tôna nâ hoa here, ’ite atu
’âpe’e-ato’a-hia tam au metua
ra
’o ’Atamoe ia Ra’inui mâ,
Ra’inui,
ra
’o ’Atamoe i
’ape’e mai râtou ia
tâpapa atu ra i tôna metua, parau
o
ua
ra :
Pâpâ, mâmâ, ua pohe ’o Ra’imoana, e au ë ua taparahihia ’ôna, mai te peu
reira ïa. » Pâhono atu ra tôna pâtea ’ino :
« ’Aita e ta’u tamaiti, e fa’aea noa tâtou ’i ’ô nei. E fîfi rahiterâ, e ti’a ïa ia
tâtou ’e fa’aea nô te tâmaru ia Merehiti mâ, (ta i’oa ïa o tepatea 'ino o ’Aute
mâ) » pü’oi atu ra tôna pâ’ino :
« E ua ’itehia te ta’ata i terâ peu? E aha ia teie, ua taui roa te huru ’o te ta’ata
i teie tau. E aha te ’ohipa ’i tupu i ni’a iâna? » Pâhono atu ra ’o ’Atamoe iâna :
« Pâpâ tapiri ana’e ia râtou râ, e ’ite ia tâtou i te parau ‘âpï. » Haere atu ra ia
«
e
ho’i tâtou, nâ
râtou
«
:
’O vai te ta’ata
e
ti’a iâna
e
haere mai
e
ha’apâpü ia mâtou ’o Ra’imoana
Création
ihoà te i’oa
o
teie ta’ata
pohe? »Ti’a atu
ra
•
flouuelles
’o ’Aute haere atu
ra
policières
i
i te
mua
müto’i,
parau atu ra :
Nâ’u e haere e hi’o, nô te mea e tâne
’5na nâ’u. » Haere atu ra râua i te
piha fa’ato’eto’era’a. Hô’ë ’âfa hora i mûri nei, të ho’i mi nei râua. 1 te reira
ato’a taime të faura mai nei tô râtou tuahine, ’o Mareva tôna i’oa, të ta’i noa ea
’oia, parau atu ra i te tâ’âto’ara’a o te ta’ata i ’âmui mai, ma te tohu atu ia ’Ata«
moe
«
Nô
na
hae iâna.
iana i te
hape. Nâ ’oe ’Atamoe i ha’apohe ia Ra’imoana nô tô ’oe pohe,
pô’ara,
’Aita
«
te
Mau mai nei te
»
rouru o
parau atu ra
iâna
»
Ani atu
E aha ïa tâna
e
hina’aro
i teie parau ’e teie
ra ’Atamoe iâna :
’ati,
e
ra
te mûto’i ia râtou
ra e
ti’a iâ’u
o
tôa tu’âne tei ’urne
:
i tâhiti i te fa’ahuehue i te orara’a
oe
ia ’oe ia ’Atamoe.
«
Mareva i roto i te rima
o
’Aute ? Teie nei tei ni’a
roa
:
? Mai te peu të vai ra te tü’atira’a i roto
fa’ahoro iâna i te ’âua müto’i. » Pâhono atu
parau
e
« ’Aita, të hape ra ’outou, ’e’ere nâ’u i ha’apohe iâna, nô te aha ’oe e parau
ai te reira parau e Mareva? ’Aita mâua o Ra’imoana e farerei fa’ahou nei e rave
rahi mahana i teie nei. » Haere mai ra nâ müto’i toopiti e ti’i iâna nô te fa’ahoro
atu i te ’âua
müto’i, nô te uiui iâna. I te reira ato’a taime, te haru mai nei te
pâtea’ino i tâna tamaiti mâ te parau atu ia râtou, e vai iho i tâna tamaiti, parau
atu
ra
«
tôna hoa iâna
E
:
Tahanea, eita
atu ia râtou
e ti’a ia tâtou e pato’i it e fa’auera’a a te müto’i, ’a vai iho
’âfa’i i tâ tâua tamaiti, nâ mûri ato’a tâua i te haere. » Vai iho atu ra
e
te metua vahiné i tâna
tamari’i, mâ te ta’i, nâ mûri atu ra i te pere’o’o müto’i. Të
Mareva, të haere mai nei tô na tuahine i mua iâna, parau atu ra :
« ’Aita i rava’i i teie ’ati rahi, ’âfa’i fa’ahou mai ’oe i tâ ’oe. ’Ua T roa tô ’oe
’a’au i te ’ino e Mareva » I mûri mai, haere atu ra ’ôna nâ mûri ia ’Atamoe mâ.
ta’i
noa ra
ia
o
I te reira ato’a taime të parau
«
Të haere
ra
mai nei tôna pâ’ino iâna
’oe i hea? ’Aita i
maoro ua
:
mo’ehiaia ’oe tâ ’oe tâne! ’Aute
fa’aea mai i ’ô
«
nei, e pô’ara vau ia ’oe. » Nâ’ô atu ra
E ti’a ato’a iâna ’e tôna tuahine ë tae atu ia ’oe
müto’i,
»
e
uiui ato’a mâtou ia ’outou. I mûri mai
Haere atu
uiui
noa ra
«
-
-
-
-
râtou it
mau
e
Ra’inui
e
haere it
e
’âua
’âua müto’i. I te reira ato’a taime i te ’âua müto’i ra, të
müto’i ia ’Atamoe
E aha te taime
e
fa’aho’i atu mâtou ia ’outou.
:
hope’a ’ôrua i farerei ai ?
tâpati ra, i te fare pure.
te mahana maha i te tapera’a mahana ?
’Ua tarerai mâua i te
Tei hea
roa
’oe i
Të fa’aineine
ra
mâua
o
Ra’inui it
e mau
ra mâua e haere e püpuhi pô, nâ ni’a
Te aura’a, ’ua farerei ihoâ ïa ’outou ?
’ôpua
-
ra
te
e
te müto’i iâna :
it
e
mauiha’a tautai, nô te mea të
poti
o
Ra’imoana.
LitteRama’OHi
tt 19
Prunella Peuti
’Aita, tê fa’aineine
-
ra
mâua o Ra’inui e ani
iâna i tôna poti, teie râ, i tô
farerei iâna, ’aita ’5na i te fare fa’ahou, ’e i te po’ipo’i ra ’ua
Ra’inui e farerei iâna, ’aita ato’a ’e poti fa’ahou. Ho’i atu ra mâua
mâua haerera’a e
haere ato’a
o
o
tahi pia.
’ua ’itehia ia ’ôrua tô na tino i piha’i iho i te tumu ’uru, tei hea
Ra’inui i te fare, inuinu atu ra i te
Mai te peu
-
ïa te
roa
poti ?
Aita
-
i ’ite, i mûri mai i tô mâua 0
vau
Ra’inui inuinura’a, ’ua haere au e
Ra’inui ra, ’ua ho’i ia iô na.
Te. vai ra te ta’ata e ti’a e ha’apâpü ia matou e parau mau ta ’oe e parau nei ?
’E, tei te fare ato’a tô’u nâ metua.
Nâ reira ïa, e ti’a ia ’oe e ho’i i te fare. » Ho’i atu ra o ’Atamoe ’e tona nâ
metua i tô râtou fare. I mûri mai, tae mai nei o ’A,ute mâ, haere atu ra râtou i roto
i te mau piha fa’ata’ahia nô te uiui ia râtou. I roto it e piha mâtâmua, tê ui mai
ta’oto, ’are’a
o
-
-
-
nei te müto’i ia Ra’inui
,
o
Ra’imoana i farerei ai ?
ra i te po’ipo’i, ’aita râ mâua i paraparau
ani iâna i tôna poti nô te mea ’ua ’ôpua mâua o ’Atahaere e püpuhi pô i tâua mahana ra. I te taera’a râ vau.iô na, tei ni’a ïa
tôna pere’o’o ta’ataahi të haere râ i tai, teie râ, mea huru ’ë roa tôna
-’Ua ’ite
a’e
:
E aha te taime ’ôrua
«-
au
iâna i te mahana maha
tê fa’aineine râ vau e
moe e
’ôna i
ta’ahira’a atu i tôna faura’o, e au e...
’ua inuinu ’ôrua i terâ pô.
’aita i noa’a ia mâua o Ra’imoana, ’ua haere nâ ni’a i tôna
-’Ua fa’ati’a mai tô ’oe hoa ia mâtou,
-’E, nô te
mea
poti.
-I mûri mai ’ua ho’i ’oe iô ’oe ?
-’E
’ohipa i rave i tô ’oe ho’ira’a atu iô ’oe ?
tahatai i te ’ôtu’e ra nô Tefauroa e ha’apau i tâ’u pia,
mai, ho’i atu ra vau i te fare.
-’E aha ïa tâ ’oe
-’Ua haere
i mûri
au
i te pae
-E aha te hora ia ’oe i ho’i atu ?
-’Aita
vau
i ’ite, ’ua ta’ero roa vau.
E
au
5, tê mâramarama noa atu ra, i reira
tô’ü ho’ira’a.
të haere ra i te hora pae i te po’ipo’i.
-’Aita ’oe i ’ite, aore ra i fa’aro’o i te hô’ë ’ohipa maere?
Te aura’a ra,
.
’ua fa’aro’o vau i te hô’ë mâniania, mai te hô’ë pa’a’ina. ’Aiata râ
ha’apa’o atu ’ua ho’i au i te fare ato’a tô’u nâ metua.
-’Oia
i
vau
-
,
Nâ reira ïa
»
Ra’inui i râpae it e piha e tïa’i i tôna nâ tuahine. ’Âre’a i roto
piti 0 te piha, të ui noa ra ia te müto’i ia ’Aute :
«[...] - ’Aita vau i haere nâ mûri ianâ, ’ua ri’ari’a roa vau, nô te mea ’ua
riri ’ôna iâ’u, ’aita vau i ’ite nô te aha râ, ’e ’ua ta’ero roa ’ona. ’Ua ha’amata
Haere atu
i te
ra o
Création
•
nouvelles policières
’oia i te inu i te pô
mahana torn, ’ua haere mâua o Ra’imoana ’e tô’u ato’a tuafa’atupuhia iô tô’u vahiné tupu, tei titau manihini mai
ia matou to’o torn ato’a ’e tô’u nâ tamari’i to’opiti, nô te ’ôro’a ’âvarira’a o tô
râtou fare ’E, i te hora iva i te pô, fa’aho’i atu ra vau i tâ’u nâ tamari’i i te fare.
Hora hitu roa i te po’ipo’i, tô Ra’imana ho’ira’a mai. I reira tôna fa’ahuehue-noa-ra’a iô matou, ma te parau mai iâ’ü ê, ’ua ha’avare au iâna, e vahiné
fa’aturi au, ( ta’i noa atu ra ’ôia )
hine i te hô’ë tamâ’ara’a i
.
-1 terâ tamâ’ara’a toe
-’Ë,
-
Mea
-’Ë,
noa
atu
ra
’ôna ’e tô ’oe tuahine ?
nô te aha ?
au
ânei nâ Ra’imoana tô’oe tuahine ?
tao’ete ho’i râua ! tê mana’o ra ’outou ë nâ Mareva i taparahi iâna ?
-’Aita, teie râ, e aha te huru o terâ here ?
-’Ua ti’aturi au i tô’u hoa. Teie râ,’ua ’ite au tê here ato’a ra o Mareva iâna,
e
pohehae roa ’ôna iâ’u.
Nô te aha ’ôna i pari ai, nâ ’Atamoe i ha’apohe ia Ra’imoana ?
Ta parau ana’e au mea here roa ’ôna ia Ra’imoana, te aura’a ra ’ua here
’ôna iâna mai te hô’ë vahiné e here ra i tâna tâne. ’Ua parau ’ôna i terâ
parau nô
e mea
-
-
’ua ’âno’i ’ôna i te ’ohipa i tupu i roto ia mâua ’e ’o ’Atamoe. I tô mâua
’âpïra’a ’ua fa’aea mâua o ’Atamoe, ’aita hô’ë a’e ta’ata i ’ite, tae roa mai i te
mahana i ’ite ai ’ôia ia mâua i te ’âpaâra’a, fa’a’ite atu ra i tô mâua mau metua,
te mea,
te tumu ïa mâua
-
-
i ta’a ai.
Te aura’a ra, të
here noa ra ’ôrua ?
au i tô’u hoa, ’e të fa’atura nei ’o ’Atamoe i tô mâua nei
’Aita, ’ua here
orara’a.
-
-
E tô ’oe
hoa, ’ua ’ite ’ôna i teie ’â’amu ?
’Aita tô ’oe tuahine i
’oe ia mâtou, të
here
ra
pâtia atu iâna i terâ parau, nô te mea te parau mai nei
’ôna i tô ’oe hoa, ’âre’a tô ’oe hoa, mea fa’atura roa ia
’oe. ’Aita ânei tô ’oe tuahine i
pâtia iâna i terâ parau nô tôna hina’aro
e
tâiroiro
ia ’oe ?
’Aita vau i mana’o i te reira, mai te peu râ,
-
’Ua oti te uiuira’a. E ti’a ia ’oe
-
tïa’i ato’a mai
ra
’ua rave ’ôna i terâ peu, ’ua rahi
ïa tâna.
roa
ra o
Ra’inui ia ’orna.
e
haere i
râpae
e
tïa’i i tô ’oe tuahine, tei
»
I te reira ato’a taime, ’ua fa’aoti ato’a te uiuira’a i tôna tuahine. Fa’aho’i atu
hô’ë müto’i ia râtou i to râtou fare. Hi’o noa atu ra nâ müto’i to’opiti ia râtou
i te
haerera’a, të tauahi
ra o
Ra’inui ia ’Aute, ’âre’a
râua te ta’i-noa-ra’a. Parau atu
«
’Ua tuea ihoâ ïa te
i te tumu ’uru ? E te
tâtou
e
haere
e
ra
hô’ë nâ müto’i
ra o
Mareva, tei
mua
ïa ia
:
’â’amu, terâ râ, mea nâhea tô Ra’imoana tâpe’ara’a
poti, tei hea roa ? Te mo’e ra te hô’ë ta’o ia tâtou. E ti’a ia
’imi i te
mau
poti.
»
LitteRama’oHi
« is
Prunella Feuti
Teie râ, ’ua pôiri roa ’ino i râpae, vai iho atu ra i tâ râua ’ôpuara’a ra nô
po’ipo’i a’e. Haere atu ra nâ müto’i to’opiti i te fare ma’i i reira te tino pohe e
vai ai. I te taera’a atu i roto i te piha fa’ato’eto’era’a, të hi’opo’a noa ra te taote
i te tino pohe, a nni atu ra râua i te parau ’âpï, pâhono mai ra te taote ia râua :
«
Tano maita’i tô’ôrua haerera’a mai. N5 oti noa mai ra tâ’u hi’opo’ara’a i
te tino pohe. ’Aita ’ôna i taparahihia, ’ua ’ite mai au i te tahi ’âpa’apa’a to’a i
-
roto i te hô’ê o te mau ’ïravarava.
-
E aha ïa te tû’atira’a
e
te huru
o
tôna
pohe ?
Te aura’a ra,
’ua pëpë ia ’ôna i roto i te miti.
Te aura’a ra, ’ua haere ihoâ ïa ’ôna nâ ni’a i tôna poti !
-’Aita i oti, ’ua ’ite ato’a vau, mea teitei roaa te faito o te ‘ava i roto i tôna
tino, ’e ’ua pohe ’pohe ’ôna i teie mahana, i te ârea hora iva i te po’ipo’i, ’e ’ua
-
-
fa’a’ohipa ’ôna i te toe’a o tôna puai i roto i te hô’ê tü’aro ra te huru. »
Hâro’aro’a atu ra nâ müto’i to’opiti i te terera’a o te ’ohipai tupu i ni’a ia
Ra’imoana, fa’ari’i atu ra ’ia fa’aho’ihia atu te tino pohe i te ’ütuafare ’ati nô te
huna atu iana. I te mahana i mûri mai, haere atu ra te müto’i e ’imi i te poti. I te
reira ato’a taime i te pae o te ’ütuâfare ’ati, të fa’aineine ra ïa e huna i te tino o
Ra’imoana. ’Ua ’âmui pauroa mai te mau ta’ata o te mata’eina’a i te fare
’âmuira’a nô Mahina, ’âre’a i te pae o te ta’ata pohe ’aita hô’ê a’e, nô te mea e
tamari’i ’ôtare ïa nô ’ô mai i te fénua Raromata’i.
’Aita ato’a tôna
e
hoa,tôna ’ütuâfare,
o te
«
o tâna vahiné. I te
pâ’ato’a mai iô ’Aute mâ,
’ütuâfare ïa
hora va’u i te pô, tê tâmâ’a ra ïa te ’ütuâfare tei ’âmui
të faura mai nei e torn müto’i iô râtou, parau mai ra :
pohe tâ Ra’imoana i fa’aruru mai. » I mûri mai
haere atu ra râtou i roto i te piha rahi nô te fa’aro’o atu i tâ râtou
Të ui mai nei te müto’i ia râtou :
’Ua ’itehia ia mâtou te huru
i taua parau,
parau.
« ’Aita ’outou i fa’aara atu i te ’ütuâfare
’Aita tô râtou
metua !
«’Aita tôna
«
’o
hô’ë
o
ra o
roa
râtou ?
’Aute ia râtou
:
metua, e tamari’i ’ôtare ’oia, ’o mâtou tôna ’ütuâfare. » Parau
te mau müto’i ia râtou :
e
’Aita i tano terâ parau
’Apetahi te i’oa
o te
nô te mea, nô Mahina te mau metua o Ra’imoana,
pâtea’ino o Ra’imoana ’e’o Tâne te i’oa o tôna pâ’ino,
’Aute mâ, tei titau manihini ato’a ia râtou nô terâ ’ôro’a
mau ta’ata tupu ïa o
’âvarira’a i tô râtou fare.
te
»
Tupu atu
ra te maere
müto’i te terera’a :
«
Ra’imoana ?. Tei hea
».
Pâhono atu
atura te
o
upo’o i ha’ape’ape’a a’e nô tô râtou tamaiti ? E aha ïa huru
rahi i roto i te ’ütuâfàre. I mûri mai, fa’ati’a atu
’Ua fa’aro’o ’oe ’e ’ua
tü’ati maita’i te terera’a
o
tapa’o mâtou i tâ ’outou
tâ ’outou
mau
mau
ra te
fa’ati’ara’a, ’e ’ua
fa’ati’ara’a. Te aura’a ra, ’ ua ha’amata
Création
’ohipa
taua
■
nouvelles
policières
i te ’ôro’a ra iô ’Apetahi mâ. I mûri mai i tô ’Aute ho’ira’a atu iô
ra
’ua fa’aea
o Ra’imoana ia Mareva ra, noa’a atu ra iâna te mana’o, e
fa’ahina’aro ia Ra’imoana. I te reira taime, türa’i atu ra ’o Ra’imoana iâna, mâ
te fa’aha’amana’o iâna i tôna ti’ara’a i roto i tôna orara’a, e tao’été ïa. Fa’a’ite
na,
’o Mareva
atu
ra
roa
atu
ra
iâna, i te ’ohipa i tupu i roto ia ’Atamoe râua
’o Ra’imoana mâ te ani atu ia Mareva
e
o
tâna vahiné, riri
fa’aea i te parau
paru hâ’iri’iri, inu pu’upu’u atu ra ’ôna i te pia nô te mea
Mareva iâna. I mûri mai i tôna ho’ira’a atu i te fare ...»
i te reira mau
tê pâtiatia noa ra ’o
I te reira
taime, ti’a tâ’ue noa atu ra ’o ’Aute, tê fa’aineine ra e haere e tapaMareva, haru atu ra ’o Atamoe iâna, topa tâ’ue atu ra te riri o Aute. Hi’o
noa atu ra te mau metua o ’Atamoe iâna, tae noa atu i te mau metua o
’Aute,
hi’ohi’o noa atu ra râtou ia râtou iho, parau atu ra ’o ’Atamoe ia ’Aute :
« Pârahi, fa’aro’o i te parau a te müto’i farâni e mea faufa’a roa nô tâtou,
rahi ia
fa’a’oroma’i.
»
Parahi atu
e
ra
’o ’Aute i
piha’i iho ia ’Atamoe, tei tauahi atu iâna mâ te ’ore
ha’apa’o i tô râua
«...
Tae atu
ra
mau metua. Pü’oi atu ra te müto’i farâni :
o Ra’imoana iô râtou, nô te reira ’ona i ’iriâ ai i ni’a i tâna
vahiné. I mûri mai, ’ôpua atu ra e haere nâ ni’a i tôna poti, te taime ïa o Ra’inui i
haere mai ai i te fare, tê ta’ahi atu ra ’o Ra’imoana i tôna faura’o. Haere atu ra nâ
ni’a i te poti, nô tôna ho’i ta’ero, haere noa atu ra e ori haere mâ te ’ore e ha’apa’o
i te hora.
Ha’apôiri atu
mana’o atu ra e ho’i i te fare nô te rohirohi ato’a, te
poti ’e ’o Ra’imoana ato’a. ’Ua mo’e ato’a iâna
te ’avei’a, ’âehuehu roa tôna mau mana’o, tâpiri mai te ’ava ’e te rohirohi,
üpâ’ina
atu ra tôna poti i ni’a i te hô’ë to’a, topa atu ra ’ôna i roto.i te miti. ’ïravarava roa
tôna tino, ’au noa atu ra ë, nâ te vâve’a o te miti i fa’aho’i atu iâna i te pae tai, teie
ïa te mâniania tâ ’oe e Ra’inui, i fa’aro’o. I te taera’a i ni’a i te one tahatai, mana’o
atu ra e ho’i i te fare, no te rohirohi, haere atu ra i mûri i taua tumu ’uru ra, pohe
atu ra i roto i tôna ta’otora’a. Terâ ïa tâ mâtou tuha’a, na reira ïa. »
Ho’i atu ra te mau müto’i farâni, toe noa atu ra te ’ütuâfare ’ati, ti’a mai nei
te pâtea ’ino o ’Atamoe mâ te fa’a’ite hua atu i tâna tamaiti :
« ’Ua oti, ’ua rohirohi roa vau i te hi’o-noa-ra’a i tâ’u tamaiti i te mâuiuinoa-ra’a erâ a’e na te tau, ’Atamoe, te i’oa o tô’oe mau ...» Pü’oi atu ra tôna
tumu ïa i ’ore i
ra
,
’itehia ia ’outou te
pâ’ino
mea
ra
:
Ua fa’aamuhia
’oe, ’aita mâua i ’ite e tü’ane o Ra’imoana nô ’oe, nô te
hô’ë â tô ’ôrua metua, teie râ, ’ua here mâua ia ’oe mai te hô’ë metua e here
«
i tâna
mau
tamari’i, ’eiaha ’oe ’e riri ia mâua, ’aita mâua i fa’a’ite ia ’oe i te
’oe ia râtou ra nô tô mâtou veve. »
reira parau nô tô mâua ri’ari’a ’ia haere
Pâhono atu ra ’o ’Atamoe ia râua:
«
Nâfea
vau e
here ’e te aroha.
riri ai ia
’ôrua, ’ua fa’a’ï ’ôrua i tô’u orara’a i te
parau o te
LitteRama’OHi # 19
Prunella Peuti
’
Aita
vau
i riri a’e, e .tumu ia ’ôrua i nâ
reira ai. »Tauahi atu
ra nâ metua
i ta
râua tamaiti.
Ani atu
«
-
’Aute ia râua
ra o
:
Teie nei, e tu’âne o ’Atamoe nô
Ra’imoana, erâ a’e te tau i te maorora’a
tô ’outou ’itéra’a !
Nô te aha i ’eta’eta ai i ni’a ia mâua,
aita ia
e
’Ua tano ihoâ
-
i ni’a i terâ ’ohipa i tupu i roto ia mâua,
!
tano ra
’oe, (tô na pâtea’ino) nâ tô ’oe iho pâ’ino i ’ore i
fa’ari’i i te
reira
Nô te
-
mea e
Riri atu
«
feiâ ri’iri’i tatou.
’Aute i tôna
ra o
Te hâro’a atu
ra
»
pâ’ino
parau
atu ra :
ia ‘oe i hea tô ’oe ’ino i te haerera’a ? ’Ua
hüno’a tei riro ato’a ei tu’âne nô Atamoe, ’e ’ua matara te parau
i roto i te
pôiri,
e
pohe tâ ’oe
ti’a tei hunahia
haere mai ihoâ i te vahi mâramarama. »
mau parau, rave atu ra o ’Aute i tâna mau tamari’i, ho’i atu
I mûri mai i teie
ra
iô
na
’Atamoe mâ.
I teie
te metua
o
mahâna, ’aita ’o
tuahine. ’Are’a
ïa
ra râua i roto i te hô’ë fare i Mahinarama, ho’ohia e
’Atamoe, ’ua tâ’ati -ato’a-hia râua i teie nei. Mai te reira ato’a
mahâna, tê fa’aea
fanau
’Âute ’e tôna pâ’ino e paraparau fa’ahou nei, tae noa atu ’e tôna
o
Ra’inui, ’ua manuia ’ia i te
’ohipa i teie nei.
mau
tata’ura’a müto’i farâni, tâna
Création
Te
flouuelles policières
pohe, te pohehae te turrm
I taua mahana pae ra, i
ra o Atamoe e tôna hoa
atu
•
te tapera’a mahana, i te otira’a atu te home, hoho’i
Ra’inui i te fare. Nô te rohirohi
po’ia, ‘aita nâ
piti i ha’amarirau nô te vaiho atu i mûri ia râua te ‘ôutu o Tefauroa
i ‘Uporu. A hîmenemene noa ai o Atamoe ma te ‘amu’amu i tâna vî ‘ohure pi’o,
‘otohe tâ’ue iho ra o Ra’inui nô tôna ‘itera’a i te tahi ‘ohipa maere i mûri mai i
te tumu ‘uru : e ta’ata pohe !...
o
e
te
hoa iti to’o
‘Ahiri ana, e
ia ta’a maite te
ho’i tâtou i te mahana maha i mûri mai hou teie ‘ati
‘ohipa i tupu
Mai tei mâtauhia
Ra’inui,
metua
e
haere ‘oia
e
tupu ai,
na.
Atamoe, hou ‘oia
e haere ai e fârerei i tôna hoa iti o
ti’i i te huero râ’au i te fare râ’au nô ‘Uporu nâ tôna
e
pa’ari. O Atamoe,
o
te hô’ê ïa teie taure’are’a nô ‘Uporu, ‘ahum ma pae
matahi tôna. E tino ‘ie’ie
noa
e
te
e
puai ato’a. Ua pa’ari ‘oia i piha’i iho i tôna
pâpâ rû’au
a pae matahiti i teie nei, mai te pohera’a mai i tôna nau metua. I taua
mahana maha ra, ua fa’aro’o ‘oia i te ta’ata tûtuô i mûri noa mai i te fare toa rahi
o
Venus. I tôna
ta’ata nô te ‘ino
mum
-
tâpirira’a atu, ‘ite iho ra ‘oia ia Vaita, te fatu
te
e
‘ore i te tahi
o
nounou
moni to’a. Tê fa’a’ite
tôna ta’ata
Atamoe i vai
o
o te
fare toa rahi. E
Vaita i tôna mana’o mâu-
‘ohipa :
pia e, e ta’i piti hanere pû’ohu ‘ava’ava !
rave
Ua ‘iahia ta’i ‘ahum ‘âfata
‘Aita râ
ra o
maoro
i reira nô te
mea
tê tia’i
noa ra
tôna metua
tupuna i te huero râ’au. I tôna taera’a atu i te fare, ua fa’aineine ‘oia i te râ’au a
tôna pâpâ rû’au nô te rapa’au i tôna ma’i rahi. Nâ teie pâpâ rû’au i fa’a’amu ia
Atamoe mai tôna na’ina’ira’a tae
roa
te metua vahiné
iho, fa’aara atu
ê:
E haere
o
Atamoe. I mûri
atu
i tôna
pa’arira’a,
ra o
e metua tâne ‘oia nô
Atamoe i ônae pâpâ’u ma
te parau
-
au e
fârerei ia Ra’inui nô te fa’aineine i tâ mâua
mau
moiha’a
home nô ananahi.
E, nô te atea ho’i
-
E ta’oto
o
te vâhi nohora’a o Ra’inui, parau atu ra te metua tupuna :
na. E mea maita’i a’e nô ‘oe. Eiaha ‘oe .e
ha’ape’ape’a
‘oe i’ô
roa
mai nô’u.
Nô te haere i te fare
te
fa’a’apu ‘uru
nau
metua
ma
a
te
o
Ra’inui i Tuauru, hô’ê ana’e ‘e’a ‘âoaoa tei fa’a’ati i
Vaita. I tôna taera’a, aroha iho ra o Atamoe ia Ra’inui e tôna
e ta’oto ‘oia ia râtou, tâ te metua tâne o Ra’iui i
ha’apâpû atu
LitteRama’oHi
» is
manuels Rturia
fa’ari’i nô te
tau
mea e
fa’aineine i tâ râua
Ra’inui,
e
fa’afa’aeara’a
taea’e ‘oia nô Atamoe
E tamaroa ‘ao’ao
moe.
fa’aro’o
‘Aita
atu
roa
nô Ahonu te
mum
te
: e
roa.
ra o Atamoe mâ e
maha matahiti tô
tu’âne tôna pâpâ nô te metua vahiné o Ata-
Fa’ati’a iho
tahi ‘ohipa ‘ia i te fare toa
Ra’inui i
o
Ua fa’a’itehia
-
e
ma
ra o
Atamoe i te
‘ohipa
‘ore
e
fa’ahou i te
mau
vau e
‘aito,
tô’u
e peu
te âfaro ‘ore
mau
maere noa
o
nau
a’e,
o
Venus.
atu ra ‘oia :
mana’o, o te mau taure’are’a
râtou. Ua fa’aro’o ato’a vau i te mâue parau
metua. I tô ‘u
matauhia
e
Vaita. Kaitoa nôna !
Ha’api’ira’a iâna eiaha
e
tâviri
râua
e tau-
hoani.
‘Aita râ râua i
tuatâpapa hohonu roa i teie parau ‘âpî, haere atu ra
i te metua tâne 0 Ra’inui nô te paru i tâ râtou mau pua’a ‘ôviri.
turn
tâna i
o
:
Ua tupu te
-
ha’api’ira’a. ‘Ôpua atu
moiha’a nô ananahi. ‘Ahuru
mau
Terâ, te ‘ohipa ïa i tupu i te mahana maha i ma’iri.
I teienei
o
Ra’inui
‘âvae
e
noa
mahana, mahana pae, hora iva i te po’ipo’i, ua ineine o Atamoe râua
e fa’ahe’e, tâ râua mau mauha’a i raro a’e i tô râua rima, nâ
haere
râua ia haere i te ‘outu nô Tefauroa i
Ua fa’ahe’e râua mai te
‘oa’oa iti nei ! Ua
te târava. E
mea
rau
po’ipo’i
te huru
‘ê ïa te nâ
o
raro
te
a avatea
fa’ahe’e
:
te
‘Uporu.
atu. Auê ho’i te
mea
ti’a, te
ê ! ‘E’ere te
tûturi e tae noa
au
mea
‘ae i te tâfare. E nâ taure’are’a aravihi teie nô te
‘ohipa home. E aha ho’i ! Pauroa te mahana, tei roto i te miti ! ‘E’ita ïa
te fa’ahe’e !
e
‘ite i
‘Ahiri ana, e vira e fa’aû i te mau aito nô Tahiti !
‘Atîrâ
pa’i ! Ua tae i te hora nô te ho’i, ua tape te râ. Ua rava’i terâ. Ua ho’i
e te po’ia, ua
pôfa’i râua i te tahi vî ‘ohure pi’o i te
pae purûmu. A hîmenemene noa ai râua ma te ‘amu’amu i te vî. I te taera’a atu
râua i te fa’a’apu ‘uru a Vaita, fa’aea tâ’ue iho ra o Ra’inui e ‘otohe iho ra i
mûri. Ua ‘ite ‘oia i te tahi ‘ohipa huru ‘ê i piha’i iho i te tahi tumu ‘uru. A
fa’atata atu ra ‘oia i taua vâhi ra, e parau atu ra ‘oia ia Atamoe :
iho
ra
-
râua. Nô te rohirohi
Aiaaa ! hô’ê tino teie
e
târava
noa
mai
ra
!
Tupu iho ra te mehameha e te mata’u rahi i rotopû ia râua. ‘Aita râua i pâpû
pohe ânei, tô râua ïa i tâpiri i piha’i iho i te tinoa. Auê ho’i ê ! ua ‘î te
tino i te toto e te mau pêpê. ‘E’ita e ‘ore ua mate teie ta’ata. ‘Aita roa atu râua i
‘âhîhî noa a’e nô te mea a tahi nei râua a ‘ite mata roa ai i te hô’ê ta’ata pohe e,
e te mea ato’a ua ‘î roa râua i te mana’o
hepohepo.
e
ta’ata
‘Imi iho
iho
ra o
’oia i atea
i te hiti
ra
râua i te hô’ê rave’a nô te fa’aara i te
Atamoe
o
roa
te
e
haere
e
tê ‘ite nei *oia i te tahi ‘âfata
‘e’a, te
mau
mau
ta’ata i teie ‘ati.
‘Opua
fârerei ia Vaita nô te fâtata i tôna nohora’a. ‘Aita râ
pia pau
e te
tahi
mau
tauiha’a ‘iahia paha teie i te fare toa
a
pû’ohu ‘ava‘ava
Vaita. E toto tei
125
'
Création
•
ni’a i teie
mauha’a. Ua ô atu
mau
nâ ‘ô atu
‘oia
ra
Ua ‘ite
-
Mana’o iho
ra
mau
râua
ra
râua i te fare niuniu
‘Aita i
ra o
nouvelles policières
hepohepo i roto iâna
Atamoe, fa’ati’a atu
ra
e ua
‘oia ia Ra’inui,
:
i te tahi
au
te tahi mana’o
ra
rahi atu â i tôna ri’ari’a. ‘Otohe atu
■
o
e
tao’a i ‘iahia i roto i te fare toa Venus.
Vaita
vai
ra
paha tô mûri mai i teie ‘ohipa ‘ino. Haere rû atu
i te fare râ’au nô te tâniuniu atu i te fare muto’i.
i tô râua
tia’ira’a, tê tae mai nei te mau muto’i farâni. Arata’i iho
ra râua ia râtou i te vâhi ‘ati. I reira,
hi’opo’a haere atu ra te muto’i i taua vâhi
ra e te tino ma te
tâpa’opa’o i te mau mea ato’a tâ râtou e ‘ite ra : te huru o te
tino, te mau ‘ohipa huru ‘ê
Uiui atu ra te tahi o râtou ia Atamoe mâ :
E mea nâ hea tô ‘ôrua i te ‘itera’a atu i te tino e, e aha te hora ?
Pâhono atu ra o Ra’inui nâ roto i te ri’ari’a, te ta’a ‘ore e te hepohepo :
maoro
...
-
Tê ho’i
-
‘uru, ‘aita i
mâua i te fare
ra
a
‘ite ai
au
i teie tino i
piha’i
noa
mai i teie tumu
tâniuniu mâua ia ‘outou.
maoro ua
Tâniuniu atu
te parau
ma
ananahi i te
atu
ra
râua
ra hô’ê o te mau muto’i i te pere’o’o ma’i e te ta’ata tîtorotoro
atu ia Atamoe mâ e ho’i i tô râua nohora’a, e, e tîtauhia atu râua
fare muto’i nô ‘Uporu nô te tahi ïa fa’ahohonura’a hou atu. Haere
ma
uiui ‘ore. ‘Aita râ râua i ho’i
te
mai i te tahi tumu ‘uru
noa
ta’ote
a
roa atu, tâpuni iho ra râua i mûri
hi’opo’a noa ai i te ‘ohipa â te mau muto’i e te mau
Tau miniti i mûri
e rave ra.
iho, tae mai nei te tahi ta’ata,
e
vahiné. E
vahiné
pâutuutu maita’i e te roa ato’a, e rouru ma’ere’ere poto, e ia haere ho’i
‘oia e hapehia ra e tâne. E vahiné huru ‘eta’eta e te femrira’a pa’ari ato’a. E ‘ahu
tôna mai tô te mau ta’ata hi’opo’a i roto i te mau hoho’a teata, e ua ‘âfa’i ato’a
mai ‘ôna i tâna
i’oa, i te
-
-
mau
Tei hea
tauiha’a mâ’imira’a. Ani atu
roa
te
‘O
vau
ra
mau
taure’a i ‘ite i teie tino
ananahi
‘oia i terâ fa’aotira’a
te ‘arata’i i
Ha’amata atu
ra o
ra
teie
vahiné,
o
Vainatea i tôna
:
Ua ho’i râua i te fare e,
Riri iho
-
mau
muto’i
teie
‘ohipa
Vaiatea i tâna
roa
ma
râua
pohe ?
e
te parau
haere mai ai i te fare muto’i,
atu :
nâ’u e horo’a i te mau fa’auera’a.
‘ohipa. ‘ Are’a o Atamoe e tône hoa,
e
ato’a atu râua. ‘Aita râ ‘o Atamoe i ho’i atu nâ mûri ia
Ra’inui,
ua
ua
ho’i
‘âfaro ti’a atu
‘ôia i tôna vâhi.
I te taera’a atu
Atamoe i tôna
nohora’a,
ua ta’oto tôna metua tupuna, ‘aroha
piha. I ni’a i tôna ro’i, ‘aita te ta’oto
o Atamoe e topa ‘oi’oi, ua tapitapi tôna ferurira’a i teie ‘ati rahi. ‘Âre’a râ i te
vâhi i tupu ai i te ‘ati, tê tâmau noa ra te mau mâ’imira’a.
iho
ra
iâna hou
I teie
mua
i te
mau,
ia
a
o
haere atu ai i roto i tôna
pô mahana
pae, ua vauvau te feiâ tîtorotoro i tâ râtou ha’amâhuira’a i
ve’a, e maoti i tô râtou reo, e ‘ati taparahira’a ta’ata teie ‘Oia
i tâ râtou mau tuatâpapara’a, e ta’ata mâtau maita’i i te ta’ata
mau
au
.
LitteRama’OHi tt is
(Tlanuela Hturia
taparahi-pohe-hia e i te vâhi i tupu ai i teie ‘ohipa ‘ino : ‘oia ho’i, e vâhi
mo’emo’e roa te fa’a’apu. Te taime a tupu ai i teie ‘ati, hora hô’ê ‘aore ra hora
piti i te avatea.
Te uira’a rahi a Vainatea, maoti ra, e aha te ‘ohipa a terâ mau ta’ata i ‘ônei ?
E vâhi ta’ata ‘ore ho’i. ‘Aita ânei e ‘ohipa hum ‘ê tô mûri mai !
I te otira’a te tino pohe i te hi’opo’ahia, pâheru-maite-hia atu ra te fa’a’apu.
Parau atu
-
ra
‘oia
•:
Ua haere mai râtou i inu i te
roto mai i te
pia i ‘ô nei
Te mana’o mâtâmua i ô i roto
Fa’aue
atu
e, e au ra e mau
tao’a ‘iahia mai
fare toa.
‘oia i tôna
ra
O Vaita tâ tâtou
mau
iâna,
o te
ta’ata fatu fenua te ta’ata taparahi.
ta’ata tauturu
:
hi’opo’a mâtâmua roa, o ‘oia ho’i te ta’ata fatu o te.
fa’a’apu e o te fare toa. A haere e ti’i iâna ananahi po’ipo’i e a poi mai iâna i
roto i tâ’u piha ‘ohipa.
Mahana maha, hora va’u e te ‘âfa i te po’ipo’i, ua ‘âfa’ihia mai o Vaita i te
-
e
fare muto’i. Fa’aro’o atu
-
‘Aita
Fa’a’ao atu
-
e
te
mau
ra
a’e
raro
fa’ataui
atu
ra o
‘ohipa i roto i teie ‘ati !
Vainatea nâ te ‘ûputa ma te parau atu
A tomo mai. Eiaha ‘oe
Au
‘oia
-1 hea
:
a’e i
Vaita
e
‘oe i te
ra o
area
Vaita
-1 roto i tâ’u fare toa,
-
-
Tê vai
ra
te tahi
‘Ê, tâ’u mau
Inanahi
Tâpû atu
Parau
ra o
mau.
tâ ‘oe i
ra.
Iâna i
hora hô’ê
e
te hora
ra o
ra
?
nô te aha
ra
ta’ata nô te
?
ha’apâpû i tâ ‘oe
parau
?
rave
e
horo i te ‘ohipa ‘ia i tupu
na
i roto i tâ
e, o
Vainatea
:
tauiha’a ‘ia i
piha’i iho i te vâhi o te tino pohe, i
ê, e ta’ata ‘ino ato’a o ‘oe : ‘ohipa ‘i’ino ana’e
te tumu ato’a ïa i mau ai ‘oe i te fare ‘âuri i Nu’utania.
fa’a’apu. E,
rave na
piti i te avatea inanahi
:
Vaita i te parau ma te ui e :
E aha ïa tô’u tu’atira’a i teie ‘ati ?
Pâhono riri atu
‘Aita
e :
noa
ânei ?
Ua ‘itehia i te tahi
roto i tâ ‘oe
o
mau
ta’ata
Pâhono ‘iriâ atu
-
tomo atu
‘ohipa.
po’ipo’i, ua haere mai ‘oe
‘oe fare toa, aore
-
‘ino’ino mai. E ‘imira’a
e
:
roa
Pâhono atu
-
:
teie. ‘Aita e parira’a.
poihia mai, ua pâheruhia tôna fare
aore re’a ‘ohipa huru ‘ê i ‘itehia mai. Maoti fa, ‘aita te reira i
te ferurira’a o Vainatea : o Vaita ihoâ te ta’ata taparahi. Nâ’ô
ra o
muto’i
noa
Vainatea ia Vaita i te tûtuô i roto i te âroa
ra o
atu tâ’u
roa
ra o
mau
e au ra
Vaita
:
ra i tâ ‘outou mau parira’a. ‘E’ere nâ’u i rave i
‘ohipa taparahira’a ta’ata ! E parau ha’apâpûra’a tâ ‘outou nô tâ ‘outou mau
parira’a ?
-
teie
roa
atu vau
e
‘âfaro
Création
Hi’o tûtonu atu
‘eta’eta
ra o
Vainatea ia
Vaita,
parau
■
nouvelles
policières
atu ra ‘oia nâ roto i te
reo
:
Eiaha
ha’ape’ape’a e Vaita. Nô te pae o te mau parau ha’apâpûra’a, nâ te tau e fa’a’ite mai i te parau mau.
I reira, ho’i atu ra o Vaita i tâna vâhi ravera’a ‘ohipa. ‘Aita ato’a maoro roa,
e ‘ahuru ma
pae minuti i mûri mai, tê tae mai nâ taure’are’a to’o piti o Atamoe
-
râua
Ra’inui. E
o
roto i te
o
e
mea
haere ‘atâ
noa
mai
e te
ri’ari’a ato’a. Tomo iho
piha ma te aroha atu i te vahiné tîtorotoro
Vainatea
-
atu
roa
-
Eiaha ‘ôrua
‘Ahuru
ra
te reo
ri’ari’a mai, e uiui noa vau ia ‘ôrua i te tahi ha’amâramara-
e
pae matahiti tô ‘u e
mai i te fa’a’apu a
o Vainatea :
ma
fare i mûri
Pû’oi atu
-
Vainatea. Nâ ‘ô atu
râua i
:
mara’a. E hia matahiti tô ‘ôrua e, e aha tâ ‘ôrua e
O Atamoe tei pâhono atu ma te reo marû :
te
o
ra
noa
ra
‘ohipa i roto i te fa’a’apu ?
‘ahuru ma maha tôna
Vaita.
e, e
tê ho’i
ra
mâua i
E aha te hora i ‘ite ai ‘ôrua i te tino ?
Nâ Ra’inui i
-1 te
pâhono atu :
tapera’a mahana, i te ârea
o
te hora maha, mea ho’i mai mâua mai te
home i Tefauroa.
Nâ ‘ô atu
-
‘Aita
Hô’ê
-
e
reo
ra o
:
‘ohipa huru ‘ê o tâ ‘ôrua i ‘ite i reira ?
tô râua i te pâhonora’a atu :
‘Aita ! ‘Aita
I te reira
Vainatea
roa
taime,
atu !
mai te hô’ê muto’i ma te vaiho atu i te hô’ê pu’e
o Vainatea i ha’apa’o atu, ua tâmau ‘oia i tâna
ua tomo
i ni’a i te ‘iri. ‘Aita râ
parau
uira’a:
-
Ua mâtau ânei ia ‘ôrua i terâ ta’ata
Te
-
‘aore
reo o
‘Aita
Atamoe tei fa’aro’ohia atu
roa
atu. l‘ite atea
i te pae purûmu. Te
Nâ’ô atu ra o Vainatea :
-
ra
mâua iâna i te tahi taime i te fare
ha’api’ira’a
reira atu ai.
Ua ‘ite ânei ‘ôrua tei hea tôna nohora’a ?
O Atamoe fa’ahou â
-
na
pohe ?
:
:
‘Aita... ‘Aita.
Parau atu
ra o
Ra’inui
:
Mana’o ana’e vau, i Ahonu paha !
Hi’o tûtonu ihora te vahiné tîtorotoro ia râua
-
fa’a’ite i te parau mau,
Mea fa’ahepohia
-
‘orna ei ta’ata turn
ma
te mana’o
e
‘aita râua
nâ ‘ô atu ra ‘oia ma te reo taiaha :
‘ôrua ia fa’a’ite mai i te parau mau, ia ‘ore ana’e
i teie ‘ohipa. E utu’a fare ‘âuri tô mûri mai.
e
e
riro
LitteRama’OHi # ia
manuels flturia
Hi’ohi’o atu
ra
râua ia râua iho. Nô tôna mata’u rahi, fa’ati’a atu ra o Ata-
‘ohipa o tâna i ‘ite : te mau tauiha’a, te mau ‘âfata pia pau e te mau
pû’ohu ‘ava’ava, e te toto ihoâ ra... Tae noa atu te parau o te ‘ia-ra’a-hia i roto i
te fare toa a Vaita e tôna hum hepohepo.
E ‘oe, Ra’inui, ‘aita tô ‘oe e mana’o ?
la au te mana’o o Ra’inui, te ta’ata pohe o te ta’ata ïa e matauhia e te
huira’atira nô Mahina.nô tâna ‘ohipa ‘ia, ‘ê, ‘e’ita e ‘ore o ‘oia tei ‘ia haere nâ
te mau vâhi ato’a. I te hope’ara’a o te uira’a, ua ho’i râua i tô râua fare. ‘Are’a
o Vainatea, ua tai’o ‘oia i te pu’e parau i vai na i ni’a iho i te ‘iri, i te otira’a, ua
moe
i te
-
mm
‘oia i tôna
mau
ta’ata raverave, e nâ ‘ô atu ra :
a te taote hi’opo’a. Te tino pohe, o te tino ïa teie
hô’ê taure’are’a tâne, o Moana tôna i’oa, ‘ahuru ma pae matahiti tôna e, i
noho na i Ahonu. Ua patiahia ‘oia e te hô’ê tipi. Ua rau te mau pêpê i ni’a i te
-
o
Teie te tahi
ha’apâpûra’a
te
pohe. E ha’amata tâtou tâ tâtou mâ’imira’a nâ ni’a ia Vaita. E ho’i â ‘outou
pâheru i roto i te fa’a’apu, e ‘imi ‘outou i te hô’ê moiha’a ‘oe’oe mai te tipi.
I roto i tâna mâtini roro uira, patapata iho ra o Vainatea i te i’oa o Moana nô
te tahi parau ha’amâramaramara’a, tau tetoni noa, tê puta mai nei ihoâ te i’oa o
taua taure’are’a : te pa’era’a, te vâhi nohora’a, te nûmera niuniu e, tôna mau
metua. Te aura’a, e ta’ata matauhia teie e te mau muto’i, ua rave a’e nei ‘oia i te
‘ohipa ‘ino. Tâniuniu atu ra o Vainatea i te mau metua nô te fa’aara i te ‘ati rahi
tino
e
i ro’ohia
-
e
tâ râua tamaiti. Parau atu
Tê ani nei
ha’apâpûra’a
Nâ ‘ô atu
-
-
au
o te
ra
ia ‘ôrua ia
tino pohe
ra
‘oia ia râua
:
ha’ape’epe’e mai i te fare ma’i nô Mama’o nô te
mau
â
o
tâ ‘ôrua tamaiti.
te metua tâne :
E tae atu ihoâ mâua ananahi. A ti’aturi mai.
Nâ reira ïa. Ananahi tâtou
e
fârerei ai.
pô tô te mau muto’i i te ho’ira’a mai te fa’a’apu mai. ‘Aita
‘ohipa ‘âpî : ‘aore e tipi, ‘aore e moiha’a.
Ua hora hitu i te
re’a
Nâ ‘ô atu
ra
te vahiné tîtorotoro o Vainatea :
Tei roto tâtou i te
Mai nanahi mai â, aore re’a
‘ohipa i nu’u noa a’e.
tuatâpapara’a a te pû hi’opo’ara’a nô te
fa’ahaere tâ tâtou ‘ohipa i mua. E fa’aea tâtou i teie hora, ua rava’i nô teie
mahana. E ha’amata ‘âpî fa’ahou tâtou ananahi po’ipo’i i te hora pae. A haere
-
Hô’ê
noa
rave’a,
e
rem.
tia’i i te
mau
ana’e ! la hau tô ‘outou ho’ira’a.
Tâpati hora maha i te ‘a’ahiata, i te ‘âua muto’i, tei reira noa ihoâ o Vainatea,
a ferari, a ‘imi ê a ‘imi... O tâna ïa ‘âu’a
taofe. ‘Aita tâ te tu’u ! E pae minuti toe e.hora va’u ai, ua fa’aro’o ‘oia i te
maniania i râpae mai i te fare muto’i, haere atu ra ‘oia e hi’o, ‘ite atu ra ‘oia to’o
piti ta’ata, te tâne e te vahiné, ui atu ra ‘oia :
‘aita ‘oia i ho’i i tôna fare. A feruri ê
Création
-
O vai ‘ôrua ? E aha tâ ‘ôrua
Pâhono atu
-
te tâne
ra
O mâua te
mau
■
nouvelles
policières
‘ohipa i ‘ô nei ?
e
:
metua
o
Moana, tê hina’aro’o nei mâua
e
hi’o i te tino
o
tô
mâua tamaiti iti.
Parau atu
-
Pâhono atu
-
mau
Ua haere
-
-
mai,
-
Eiaha
Maoti
ra o
Vainatea
taime,
‘Aita
e
a
e
uiui
au
ra
roa
te metua vahiné
atu
‘Aita ‘ôrua i
‘Aita
roa
noa
‘oia i tâna
:
e
mâtauhia
pa’i nô te ori !
mau
e ana, e
mahana
ra
mo’e nei ‘oia i te
mau
hepetoma
?
ihoâ, ‘oia ho’i, te te’ote’o. Ua ha’amata ‘ôna i te te’ote’o i te taime
mau
taure’are’a. Te tumu ato’a ïa i fa’aea ai
ha’api’ira’a.
mau
‘ohipa tâna i
rave na
?
:
‘ia puai te ‘ohipa.
:
Ua ‘ite ânei ‘oe nâ vai i
O Vainatea
-
mo’era’a,
:
Te metua vahiné
-
nô te tâmâ’a e, te
:
Ua ‘ite ânei ‘ôrua i te
‘E,
ra
ha’ape’ape’a noa a’e i tôna mo’era’a ?
atu. E peu
Te metua tâne
-
hi’o.
ra.
E aha tôna huru i taua
Terâ
e
tâ ‘oe ‘ohipa.
‘ôrua ia Moana ?
Ua ho’i mai ‘oia i te fare i te mahana toru
‘âmuimui haere ai ‘ôna i te tahi
-
‘oia
ia ‘ôrua i tahi atu ha’amâramaramara’a.
fifi nô te reira pae. A rave ‘oe i
e te vâhi hope’a i ‘ite ai
Te metua tâne
-
peu o
:
E aha te taime
ato’a. E taure’are’a
-
iti, mai te
:
Te metua vahiné
-
tô mâua ‘aiû
haape’ape’a. la mâtara te fare ma’i a haere atu ai ‘ôrua
ra pa’i ïa, e tia’i ihoâ ïa ia mâtara te fare ma’i.
Nô teie râ
mo’emo’e
-
o
e
Nâ ‘ô atu
-
:
mai mâua nô te ‘ite i te tino
Te metua tâne
-
:
tomo mai ! Ua tae vave mai ‘ôrua i ‘ô nei.
te metua tâne
ra
ru
a
ihoâ.
Nâ’ô atu
-
Vainatea ia râua
ra o
A ‘ê ! Haere
‘E’ere i te
rave
i teie
‘ohipa ?
:
mea
pâpû
roa
i teienei taime. Tê toe
noa ra te
i’oa
o
te ta’ata i nâ
mûri iâna i taua avatea.
Te metua tâne
-1‘âpe’e
Ua uiui
tae
na
noa o
mai ai te
:
‘oia i te hô’ê taure’are’a
mau
Vainatea i nâ metua
muto’i mai te
e
e
noho
tae
roa
fa’a’apu mai.
ra
i Fare ro’i.
iva, te hora ato’a i
atu i te hora
LitteRama’oHi # 19
(Tlanuela flturia
Nâ’ô atu
ra o
Terâ ïa, ua
-
Vainatea i te
mau
metua :
hope tâ’u uira’a ia ‘ôrua, tê ha’amâuruuru maita’i nei
‘ôrua. Teie tâ ‘u nûmera niuniu ia hina’aro
rama
hou atu
Nâ’ô atu
-
taua
ia ‘ite
atu ‘ôrua
noa
te metua tâne
i te tahi
‘ohipa
ra.
I te hora
ihoâ te
au
ia
atu ‘ôrua i te tahi ha’amârama-
‘ohipa huru ‘ê.
:
Nâ reira ïa. E tia’i ïa mâua i te
E haere ti’a atu mâua
hope’ara’a e pâpû atu ai te vaira’a
o tô’u hoa vahiné i te fare ma’i.
mau o
ua tae mai te parau fa’aotira’a a te pû ‘imira’a i roto
tâ te vahiné tîtorotoro ïa i tâtara o’i’oi atu ma te ti’aturi ê, o Vaita
piti i te avatea,
i te vehi rata,
a Vainatea nei i tôna tai’ora’a atu i te ‘api parau
‘aita pa’i e tû’atira’a i tôna mau mana’o e tô te mau
taparahi. ‘E’ere te riri iti
! E aha
ra
? Te tumu mau,
‘aivana’a. E
Moana e, te
atu
e
ra
noa
ra o
piti putara’a rima i ‘itehia e te mau ‘aivana’a hi’opo’a, hô’ê nô
piti nô te tahi atu ïa ta’ata. ‘Aita roa atu i tô Vaita ! Ha’aputuputu
Vainatea i te
mau
muto’i
ma
te
parau atu e :
Ha’amata
‘âpî fa’ahou â tâtou. Eiaha e ha’aparuparu. A fa’aitoito !
Ha’amana’o iho ra ‘oia i te mau parau a te metua tâne o Moana, e nâ’ô iho ra
-
-
A haere
a
‘imi mai i te tahi hoa
o
Moana i noha
na
:
i Fare ro’i !
‘Aita i maoro, ua haruhia taua ta’ata ra o tei
‘ôpua i te horo e tâpuni i te ‘itermuto’i, ‘aita râ i manuia. Poi-ihora-hia taua ta’ata ra i te ‘âua
muto’i ma te pônao i te rima. I te pâheru-ra’a-hia i tôna vâhi nohora’a, ua ‘itehia
mai te hô’ê tipi o tei tâfetafeta i te toto. Ua ‘âfa’ihia taua tipi ra i te pû
hi’opo’ara’a. I roto i tôna piha ‘ohipa, ua ui to Vainatea i tô ta’ata nei :
a’a atu i te
i
-
mau
O vai tô ‘oe i’oa ?
‘Aita
pâhonora’a. Ua vai mû noa ‘oia. Pû’oi atu ra o Vainatea :
taparahi pohe roa ia Moana ?
‘Aita tâ te pâhono ! Maoti ra, ‘aita ato’a o Vaiatea i ‘âhitahita.
‘Aita e pe’ape’a. E mau ‘oe i te fare ‘âuri i Nu’utania i te hô’ê tau maoro,
penei a’e e tae noa atu i tô ‘oe pohera’a !
Nô tôna mata’u, fa’a’ite iho ra taua taure’are’a i te parau mau. O Temanava
tôna i’oa. Vauvau maite iho ra ‘oia i te tupura’a o taua ‘ohipa ‘ino ra. ‘Oia mau,
e ‘ôpuara’a feruri-maoro-hia e ana : te ha’apohera’a ia Moana. Te tuha’a mâtâmua, e fa’ata’ero ia Moana. Te fifi, ‘aita e moni nô te ho’o i te pia. Te rave’a, e
haere e ‘ia i roto i te fare toa. Te ‘ohipa ïa i tupu i te pô mahana torn, i te fare
toa o Venus. I mûri iho, te fa’ainura’a ia Moana mai te reira iho pô e tae roa atu
i te mahana pae i te po’ipo’i. Unuhi ihora o Moana i roto i te fa’a’apu a Vaita,
te hô’ê vâhi mo’emo’e. Te piti o te tuha’a, te pâtiara’a ïa i te tipi nô te ha’apohera’a iâna. E rave rahi taime i tôna pâtiara’a ia Moana. Ua uruhia tôna upo’o !
Te toru o te tuha’a, te tûmâra’a i tôna mau putara’a rima ia ‘ore ‘oia ia ‘itehia
nâna i teie ‘ohipa. E te tuha’a hope’a roa, te fa’anahora’a i te mau moiha’a ‘iahia
-
-
e
‘O ‘oe ânei te ta’ata i
131
Création
ia
parihia te tahi atu ta’ata ‘ê, mai ia Vaita, te fatu
‘Oia,
Te
e mea
mâramarama
mau
atu te mau
ta’ata
Parau riri atu
e
ra o
‘âfaro
flouuelles policières
fenua
â taua taure’are’a ! Te tumu
pohehae ! Nô te aha ? E taure’are’a auhia
roa
o te
•
ra
o
e o te mau
o
Moana, ‘âre’a
taua
o
moiha’a !
‘ohipa ‘ino ?
Temanava ‘aita
iâna nô tôna huru ‘ino.
Vainatea iâna
:
E
‘ohipa ma’au roa o tâ ‘oe i rave ! Nô te hô’ê tumu ha’apa’ora’a ‘ore roa
pohe roa atu ra te hô’ê taure’are’a ‘âpî roa ! E ‘ohipa tamari’i ana’e tâ ‘oe !
Tâ’iri’iri noa iho ra o Temanava i tôna upo’o. Tê ‘ite nei ‘oia i te teimaha o
te ‘ohipa ‘ino o tâna i rave. Tupu atu ra tôna tâtarahapa rahi e te ‘oto. Maoti ra,
poi-ihora-hia ‘oia i te fare tâpe’ara’a o Nu’utania.
Monirê, hora ‘ahum i te po’ipo’i, ua topa te mau hi’opo’ara’a : nô Temanava
ihoâ te mau puta rima i ni’a i te mau môhina pia e te tipi. Ua oti ïa ‘ohipa. Ua
maere e ua fa’ahiahia ato’a te nûna’a i te vitivitira’a o teie nei ‘ohipa i te rav-
era’ahia
: e
maha
noa
Ua hunahia te tino
mahana !
Moana i te vâhi hunara’a ma’i a te ‘oire o Mahina.
mâtini pata hoho’a i roto i tâna fare toa. Te vahiné
tîtorotoro, ua tîtauhia ‘oia i roto i te tahi atu ‘ohipa taparahira’a ta’ata. O Atamoe ? Ua riro taua
‘ohipa ‘ino i tupu na ei ha'api’ira’a nâna : o te ora te faufa’a
rahi, e mea ti’a ïa ia ha’apa’o i te a’ora’a a tôna mau tupuna. Ua tâmau noa â
Ua tâmaumau
o
pohe
Vaita i te
‘oia i te fa’ahe’e.
o
mau
LitteRama’oHi a 19
Hinanui
(Tlopi
Te fa’autu’ara’a
I tâua mahana pae ra,
ra o
'Atamoe
e o
hope’a
i te tapera’a mahana, i te otira'a atu te home, hôho'i atu
e te pô'ia, 'aita nâ hoa iti i
Ra'inui i te fare. Nô te rohirohi
ha'amarirau nô te vai iho atu i mûri ia râua te 'ôutu nô Tefauroa i Mahina. A hîmenemene noa
atu
ra
ia
o
tumu 'uru
E
ai
o
'Atamoe
Ra'inui nô te
: e
ta'ata
e
'amu'amu
mea
noa
te 'ite nei
o
ai i ta
na
ia i te tahi
vi 'ohure
'ohipa
pi'o. Tê 'otohe noa
i mûri mai i te
maere
pohe.
rahi tô
Ra’inui, i te 'ôpuara'a e 'ite pâpü roa. 'Aita roa o 'Atamoe i
a'e i te ma'irira’a atu tôna hoa i mûri, ia tae roa o ia i te hôpe'ara'a
pürümü, i 'ôpua ai e ho'i mai i mûri e 'imi i tôna hoa. 'Ite atu ra o ia ia Ra'inui i
roto i te hepohépo e te ri'ari'a i piha'i iho i tâua tumu ra'au ra. Fa'a'ite atu ra e e
maere
ha'apa'o
noa
tino tâna i 'ite i mûri mai i te tumu 'uru, 'aita o na i 'ite o vai ra, o tâna ra i pâpü,
pohe mau â teie ta’ata. E mea tâpupu-hia te tino, a vai iho hia atu ai i roto i te
pü'ohu 'urina. Ua pahaehia tâua mau pü'ohu ra, ua puehu te mau 'apa'apa i
mûri a'e i te 'amu hu'ahu'a-ra'a-hia e te mau 'uri pohe pô'ia.
I mûri a'e i tô 'Atamoe 'itera'a i teie 'ohipa ri'ari'a, 'opua iho ra o ia e niuniu
i tôna metua tâne, te muto'i 'oire. I mûri noa iho, ha'aputuputu iho ra te muto'i i
tôna nau nu'u. E pae miniti i mûri iho, te tae nei râtou i tâua vâhi ra no te
hi'opo’ara’a. I te taime i fa'a'ati ai te muto’i i te 'oti'a arai, e uiui-hia ai te mau
'ite no teie 'ati, ua rave âto'a te mau muto'i i te mau hoho'a no tâua vâhi ra. Rave
iho ra e 'afa'i roa i te pu mâ'imira'a no te hi'opo'a maita'ira'a. I po'ipo'i a'e, i
mûri a'e i te pu'oi'oi-ra'a-hia te tino, 'ite iho ra te taote e te toe ra te üpo'o o te
tino. Ua 'ite hia te mutura'a tipi tei fa'ata'a'ë roa te üpo'o i te tino. Nâ te reira
mutura'a i ha'apau 'oi'oi ai te toto i te tahe, mûri mai, tapüpühia atu ai i te matini
tapu ra'au. Ua tu'u-hia atu ai te mau 'apa'apa i roto i nâ pute 'urina e toru, mai te
tumu 'ore, e pute rarahi maita'i mai tei fa'ari'i-noa-hia nei te mau pehu. Ua fa'aoti
te taote e, e 'ohipa 'ôpua a’e na hia, e mea fa'aineine hia. E 'ohipa na te tahi ta'ata
'aravihi, 'aita hô'ë noa a'e tafetafeta toto, 'aita e putara'a rima, e 'ohipa rave nehenehe hia, e ‘ohipa rave mâ hia. Ua 'ite hia te tahi putara’a nira i ni'a i te 'arapo'a
o te tino pohe, penei a'e e pâtia no te ra'au fa'ata'oto i te tino, a ha'apohe roa atu
ua
mau
ai. I te taime
a amo
hia te tino
i ni'a iho i te 'ouma
o
vai
mau
o
o
teie ta'ata, ua tütonu atu ra te taote
tâua ta'ata ra,
i te hô'ë tatau
pata iho ra i te tahi mau hoho'a no te 'itera'a
teie ta'ata e, no te tauturura'a te titorotorora'a a te mau
mutoi huna.
Création
I mûri a'e i tô Ra'inui tu’urimara'a i tâna parau
mata i ni'a i te tatau
•
nouvelles policières
'itera'a, tano atu
tôna
ra
tino
pohe. O tôna ânei metua tâne ? Ani atu ra i te
muto'i no te hi'o pâpü i te tino, no te mea e au ra e ua 'ite o ia o vai teie ta'ata,
o Raupea, tôna metua tâne. Hi'o atu ra i te ta'âto'a ra'a o te tino o
Raupea i
pü'oihia, o te metua hôpe'a ho'i e toe ra. Ani atu ra i te müto'i 'oire ia vai iho
te
o
nâ na iho e 'imi, e tltoro, no te mea o tôna ihoâ te reira toro'a e no te tâho'ora'a
âto'a ho'i. Fa'ari'i mai nei te müto'i i te mea ho'i ê, 'aita âto'a râtou i rave a'e
nei te tahi
'ohipa mai teie a'e te teimaha e no te rava'i 'ore âto'a ho'i te ta'ata
'ohipa. I mûri a'e i te hi'opo'ara'a, fa'aho'i atu ra te müto'i i te tino a Raupea ia Ra’inui ra e tauturu iho ra no te hunara'a ma'i. Ua fa'ariro roa teie müto'i
rave
ia Ra'inui 'ei tamaiti nô
na
i te
hi'o ê, e hoa rahi o ia no 'Atamoe mai to
mea
râua ne'ine'ira’a mai ihoâ.
I te
hi'opo'ara'a te mau 'aivana'a i te mau pute 'urina,
huruhuru 'uri
e
te tahi
mau
'ôfa'i,
rima
o
mau
'ôfa'i i 'ite hia i roto i tâua
niu
a
tâi'a
tei hu'ahu'a
te
müto'i,
roa
'ite hia te tahi
mau
i mûri a'e i te amura'ahia
e
te 'uri. E
mea maere roa
te
teie
mau pute ra, i tâua taime ra, ta'i mai nei te niu'ite hia mai te tahi mau pute 'urina rarahi, na te mau ta'ata
ua
hopu 'opupu 'aravihi i 'ite mai i teie
E hu'ahu'a ta'ata to roto i tâua
müto'i
ua
'ite âto'a hia mai te ha'ae 'uri i ni'a i
ua
mau
pute i tua a'e i te motu Martin
pute pehu 'urina 'ere'ere. Haere atu
mau
ra.
ra te
ta’ata tüpohe auahi 'oti'a moana na reira no te
pute ra i te pü hi'opo'ara'a. E torn hepetoma teie moemoea no te 'ati mana'o 'ore hia i te vai noa ra'a. O ia mau, 'e'ere teie ta'ata i
rave iho nei i teie 'ohipa e a tahi ra o ia a rave ai, ua hau i te toru 'ahuru ra'a o
te pute tei fa'aho'i hia mai i te pü mâ'imira'a ë, 'aita teie
'ohipa i oti atu ra. Ua
tupu te mau mâ'imira'a a te mau tüpohe auahi 'oti'a moana i te ta'ato'ara'a o te
mau
pupu
fa'aho'i mai i tâua
mau roto no
e te mau
mau
Mahina
tâ teie ta'ata
tâparahi ta'ata i fa'ariro 'ei vâhi fa'aru'era'a
o ia ho'i hô'ê i rapae
noa a'e mai i te Tahara'a, hô'ê i
rapae noa a'e i te 'aua a te nu'u fa'ehau, hô'ê i
rapae e piri atu i te motu ra no Martin, e te hôpe'a, e riro ra e, e pae hânere
metera i mua atu, piri atu i te pae no Papeno'o. Ua riro teie mau vâhi mai te hô'ê
i te
mau
o
pute 'urina. Ua 'ite hia
hunara'a ma'i i
raro
i te
moana.
e
maha vâhi pâpü maita'i
Ua tâhô'ë hia te
mau
müto'i âto'a
no te
ravera'a
i tâua
'ohipa ra. Ua hepohepo roa o Tahiti e te mau motu. Tei roto te huira'atira
i te arara'a, 'aita teie 'ohipa i 'ite hia a'e nei i roto i te 'a'amu o te fenua nei. E
mea
tâpupu hu'ahu'a hia te tino
i matau
noa
i te
rave.
a
tu'u atu ai i roto i te
Fa'atü'ati iho
ra
ha'apohera'a hia o Raupea. Ua riro te
te
mau
mau
pute 'urina mai tâna
müto'i huna i ni'a i te
tâparahi
'ôfa'i i 'ite hia 'ei fa'ateiahara'a i te
mau pute no te tütau atu ai i raro i te moana ia 'ore roa e 'ite â fa'ahou hia. Nô
Ra’inui ra, a pau ia mahana ra, ua 'ü'ana roa atu tôna hïna'aro ia roa'a mai teie
ta'ata tâparahi i tôna metua tâne, 'eiaha noa atu nô tôna noa metua tâne, no te
mea ra
mau
ho'i ë, o te ta'ata huehue e te ri'ari'a roa a'e i roto i te 'a'ai nô Porinetia.
j
LitteRama’oHi # 19
Hinanui fTlopi
hi'opo'a fa'ahou hia te mau tao'a i roa'a mai, ua roa'a mai nei te tahi
tapa'o 'api, o ia ho'i, ua 'ite hia mai te tahi remu iti tâ'a’e roa tei tupu i ni'a
'ôfa'i tûtau. Teie remu miti, e 'ite hia i roto e toru tai roto, o ia ho'i, e piti to
Ua
mau
i
roto noa
ihoâ i te 'oire
te ta'ata
i
rave
i te tahi tai
no
âto'a hia teie
no
Mahina. Fa'aoti iho
ra
te mau müto'i huna ë, e
poti tâ
e riro o ia e tâ’amu i t5na faura’o i te roto
Mahina i te vahi i reira te remu tei 'ite hia mai e tupu ai. Ua 'ite
i teie
remu
'ohipa hâ'iri'iri,
i te 'ôutu
motu ra no Martin. Ua roa'a
no Tefauroa, i te vâhi te ta'ata e fano atu ai i te
mai ia Ra'inui te hô'ë 'uputa pâpü no tâna mau
'atu'atu-'ore'ore e
ha'apa'o-hia-atu. Fa'atae atu ra o ia i te ânira'a i te müto'i 'oire ia tâmau hia mai
te tahi tâvirira'ara'a hôho'a, penei a'e te ta'ata i 'imihia nei i te haere mai i ni'a
mâ'imira'a. No te
ra'a-hia,
i tôna
e
pôiri ho'i i ni'a i te
nehenehe
noa
mau
tâpe'ara'a poti,
e te
te mau ta'ata âto'a e haere nâ reira mâ te
poti.
'Ôpua iho
ra te mau 'aivana'a e ha'amau mai te hô'ë vaira'a tino pohe i
pTha'i iho i ta râtou pü ravera'a 'ohipa 'ei fa'a'ohiera'a i ta râtou mau
mâ'imira'a no te pü'oi'oira’a i te mau mero o te tino o te mau ta'ata pohe i roa'a
mai. 'Aita ra teie mau 'ohipa i fa'a'ohie noa a'e mâoti ra ho'i te to'eto'e o te
anuvera o te 'aru moana i fa'aherehere maita'i mai i te mau tino. Te tino pohe
mâtamua, ua hau ia i te 'ahuru mâ hô'ë matahiti i te maoro. Ua piri atu i te ono
o te mahana e o te ru'i no te pü'oi'oira'a i te mau mero e hope roa ai. Tâna
ravera'a, 'oia ho'i e tâpupu o ia te tino e fari'i atu ai o ia i roto e maha a'e pute
pehu 'urina hou a tütau atu ai i nâ pute i nâ vâhi e maha i roto i te miti. la au i
te tâpupu-ra'a-hia i te mau tino e te 'ôpere-ra'a-hia i te mau pute, 'aita roa atu
teie mau mero i rau'a hia i te pü'oi e te mau 'aivana'a. Mâoti ra to râtou 'aravihi,
ua oti teie mau tino i te pü'oi'oi-hia i te va'u-ra'a o te mahana. Të vai nei i roto
ia râtou tei hi’opo’a ra 'are'a ra vetahi, tei tâpa'opa'o ra ia 'aore ra tei tânumerara’a mai te tino matamua tei tâparahi hia e tae roa mai i te hôpe'a o te tino a rave
atu ai i te tahi mau hôho'a pata no te mau tino tâta'i tahi. I tera ra'a ra pô, mutu
mai nei te uira o tei ha'afifi i te piha fa'ato'eto'e-ra'a, tei fa'atupu i te maere i
roto i te mau 'aivana'a, te ha'amata ra te mau tino i te pê, e te püai âto'a te
Ra'inui
hau'a. Haere atu
ra o
uira, 'ite iho
'o ia ë,
ra
fa'ato'eto'e-ra'a. Mâoti
e
e
hi'o
a
aha te tumu
o
teie fifi,
ta'ata tei tâtara i te nuinui
ra ua
ineine te
mau
'aivana'a
e
i
mua
e
fa'atere
no
te fa'aoti
i te 'afata
i te mau
hôpe roa ta
ra
tuatâpapara'a, te hôho'a e te mau parau ti'ara'a o te mau tino tâta'i
pau-roâ-hia teie mau parau o te mau tino tâta'i tahi i roto i te rima
o te mau müto'i huna, fa'aue atu ra tô râtou ra'atira ia fa'a'oi'oi te mau
mâ'imira'a o te mau feiâ âto'a i mo'e, e 'o vai tei riro mai 'ei târaihara na teie
rave hara ri'ari'a mau. Haere atu ra te mau pâpa'i ve'a e 'imi i te mau parau 'api,
te 'âua müto'i, te pü müto'i huna e te pü mâ'imira'a âto'a o tei ha'atihia e te
mau müto'i no te âraira'a i teie mau pâpa'i ve'a ia tomo atu i roto. I roto i teie
râtou mau
tahi. Fa'aho'i
135
Création
hlna'aro tu'utu'u 'ore
hôro'a te tahi
o
te
mau
pâpa'i ve'a,
ua
•
'ôpua iho
nouvelles policières
ra
te ra'atira müto'i
parau 'àpl i te huira'atira, i te mau 'ôhipa e tupu ra i mûri
i te 'ite-ra'a-hia mai i teie mau tino mâ te tltau atu i te mau feti'i âto'Ui e te
mau
tô râtou metua
tei mo'e
e
a'e
vai
piri atu i te 'ahum matahiti i mûri, ia haere mai
hôho'a, huru 'âpî no te fa'a'âplra'a i ta râtou parau
mâ'imira'a. I te po'ipo'i a'e, i mûri a'e i te parau 'âpî i roto i te ve'a, ua
fa'ata'ahia nâ Ra'inui e ha'apa'o i te mau parau horora'a a te mau feti'i o te mau
ra
o
a
mâ 'âfa'i âto'a mai te
tino tei
mo'e, 'ei fa'a'ôhiera'a ihoâ i tâna
ta'amura'a i vai
ra
i ni'a i te
mau
mau
mâ'imira'a. Hô'ë
noa
a'e
ra
tino i roa'a mai, fa'a'ôhiera'a tîtorotorora'a
e
tae atu ai i ni'a i te ta'ata i
tâparahi. I mûri a'e tau pu'e parau hôro'a, nümera
iho ra o Ra'inui ê, e 'a Tva atu ra tâna tino ta'ata tâparahi ta'ata, fa'aâra atu ra i
te ra'atira müto'i ê, e feiâ tâparahi ta'ata âna'e, tuatâpapa iho ra ra'atira,
hi'opo'a
iho ra i te mau pu'e parau o teie mau ta'ata, pâpü maita'i atu ra ë, e mau ta'ata
rave hara âna'eo tei mau i te fare 'auri, e tei tu'u hia i
rapae'au no te râva'i 'ore
te vaira'a i te fare tâpe'ara'a, te toe'a ra, no te rava'i 'ore ia i te
parau
ha'apâpüra'a no te fa'aütu'a ia râtou. Ua tae vitiviti te parau 'âpî na te mau
motu, o tei tâmarü i te tahi pae huira'atira, 'âre'a ra te tahi pae, 'aore â ia i
mâuruuru. No te râva'i 'ore o te mau ha'apâpüra'a, e te mau tâpa'o, ua
'ôpua
a'e ra o Ra'inui e mâta'ita'i i te mau hôho'a ha'aputu i tâviri hia i ni'a i te mau
uâhi ta'amura'a poti, o tei fa'atupu i te maere i roto ia Ra'inui, te 'ite nei ô ia i
te hô'ë ta'ata huru maere, o tei ni'a i tôna poti e te pâmu ra i te tahi ra'au ta'a'ë
roa, e riro e no te ha'amo'e-roa-ra'a i te tahi mau 'ohipa huru 'ë, mai te toto
ta'ata ânei, ia 'ore ia 'ite hia. E ta'ata huru pâ'utu'utu, i roto i te piti 'ahum ‘aore
ra
tom 'ahum ânei
matahiti,
e
tâne. Fa'aâra atu
ra o
ia i te ra'atira müto'i
o
tei
tono rü atu i te nu'u müto'i e mâ'imi i teie ta'ata fa'ati'ara'a hum ’ë roa. I mûri
a'e tau
hepetoma, 'aita
roa
a'e
e parau
'âpî. Tltau atu
ra te mau
müto'i te tahi
pupu ta'ata 'aravihi no te tîtorotorora'a i te huru, te fa'ati'ara'a iho ta'ata. I mûri
a'e i te hi'opo'ara'a, i te mea ra ë, e tâne tei roto i te ârea matahiti
piti 'ahum e
toru 'ahuru matahiti, e ta'ata ha'avare pâpü mâ te huna i tôna hum e tâna
peu,
tâparahi 'o ia i te mau feiâ tâparahi ta'ata âna'e. E ta'ata mâramarama,
fa'ati'ara'a maita'i e 'ore roa i ti'aturi hia, 'aita ho'i tôna puta i tâfetafeta i te
fare ha'avâra'a. Hô'ë teie ta'ata o tei ü i te fîfî, 'aore ra tei 'ite i te tahi 'ohipa
teimaha roa i roto i tôna orara'a, no reira 'ôna i 'ore i 'ite fa'ahou i te huru’ë ra'a
e
'ohipa âto'a, o o ia âna'e i roto i tôna hum, tâna peu e tôna orara'a. I
pâpa'ira'a hia i tôna hôho'a, piahia atu ra nâ roto i te mau ve'a i
ti'a te huira'atira e 'ite i te huru mau o tâua ta'ata ra, penei a'e ia fa'aro'o 'ôna
e ia 'ite i tôna hôho'a, rahi roa atu 'ôna i te mata'u. I te
po'ipo'i a’e, 'ite hia mai
nei i te tahi tino pohe i te 'ôtu'era'a i 'Orofara, o Ra'inui tei tae mâtamua roa
atu i tâua vâhi ra, hô'ë â fa'anahora'a, ua rave fa'ahou tâua ta'ata ra i tâna
'ohipa
'ino, ua 'ite hia i te hô'ë î'oa i pâpa'i hia i ni'a i te 'ôuma o te ta'ata tei tâparahihia.
o te mau
mûri a'e i te
LitteRama’OHi
Hinanui
fTlopi
« 19
'
aha te aura'a o teie pâpa'i ? O tôna ânei teie ï'oa ? Tupu iho ra te
Ra'inui, puta mai nei te hôho'a o t5na tuahine o Taraina âto'a tôna
ï'oa o tei pohe na. Hôpoi'e hia atu ra te tino no te hi'opo'ara'a, o 'Ita'ata tôna
T'oa, ua fa'aütu'a hia i te 'ohipa mâferara'a tamari'i e te tàparahi ta'ata âto'a.
Rahi fa'ahou â ia te riri o Ra'inui i te mea 'aita e tâpa'o pâpü i roa'a mai, e aha
«
Taraina
» e
huru 'ë ia
te mea e
hïna'arohia nei
e
te ta'ata
ra
? E aha tâna
poro'i
e
fa'a'ite mai
ra
? Ua
'iriti hia pau roa te mau puta no te mau « Taraina » âto'a i fïfï, 'aita roa to tôna
tuahine i 'ite hia mai. 'Aita âto'a ho'i 'ona i 'ite i te 'ohipa i tupu i ni'a iho i tôna
tuahine i te mea ho'i ê, mea ‘api roa ia 'ona i tera ra tau.
i
mai, roa'a hia mai i te feiâ hapu miti i te taha tai ra no te
pohe. I reira â, o Ra'inui tei tae matamua atu, hô'ê â fa'anahora'a, mea tâpupu âto'a hia e 'aita e tâpa'o i 'ite hia. I
ni'a i teie tino, ua pâpa'i âto'âhia, o « Tevai » te ï'oa i 'ite hia. Ua hitimahuta
fa'ahou o Ra'inui, no te mea te ï'oa âto'a teie o tôna metua vahiné i fa'aru'e
âto'a mai, no te aha teie mau ï'oa i matau noa hia e ana e tei hiti mai i teie
mahana. O o ia anei te tumu ? Na mua atu, o tona tuahine i mûri mai, tona metua
vahiné, e aha te 'ohipa i tupu, uiui maere-noa-ra’a nâ na. Te otira'a i te
Piti mahana i mûri
hotera ra Radisson i te hô'ê fa'ahou â tino
:
.
hi'opo'ara'a e te tïtorotorora'a, ua 'ite hia mai ê o Matera teie, hô'ê ta'ata pohe
hae e tei tàparahi i tâna mau vahiné e pohe roa a'e nei.
E ta'ata ori pô o 'Atamoe, i tôna ho'ira'a mai na te vâhi âreareara'a, ua
ta'ero
roa
ho'i
e
nâ te 'âua müto'i
mai nei
no
te ti'i
mai ia Ra'inui, mâ te 'ite
tâpiri mai hô'ê ëpititore i ni'a iho i tôna tua. Ua haere atu ra e
fa'arerei ia Ra'inui tei roto i te mâna'ona'o, te feruri i te 'ohipa e tupu nei i ni'a
ia na, te 'ohipa a teie ta'ata e rave nei i ni'a ia na nei, te mau parau no te 'ati o
'ore
o
ia ê
ua
tôna metua vahiné e tôna âto'a
ho'i tuahine tei mo'e mai
na
roto mai te 'aua
müto'i, mâna'ona'ora'a rahi nâ na. Nô te rohirohi o 'Atamoe, haere atu ra i roto
i te tahi piha piri noa mai i tâ Ra'inui i te ta'otora'a. Tau taime noa i mûri iho,
haere atu ra 'o ia e hi'o i tôna hoa, e i tôna tütonu maita'ira'a atu, te 'ite nei 'o
ia i teie 'ëpititore i tâpiri hia atu i ni'a i tôna hoa, te vâhi maere, hô'ê â huru
pâpa'i tei 'itehia i ni'a iho i te ta'ata mâfera e te tâne pohe hae. E aha, ua farerei
mai teie 'aito tuiro'o ia 'Atamoe? I roa a'e ra o Ra'inui i te hae, fa'ara atu ra i
tôna hoa mâ te âni tu'utu'u 'ore
i te
mau
feiâ
o
tâna i farerei i tâua 'âru'i ra, te
vâhi, 'o vai mâ i tâna i mâtau tâna i 'aparau atu i roto i te hôtera ra Beach
House ? Riri roa a'e ra ho'i no tôna ihoâ hïna'aro e ha'amau i te 'auri i teie
tàparahi i tôna metua tâne. Rave fa’ahou atu ra i tâna mau tïtorotorora'a
'ëpititore i roa'a mai, te fa'a'ite âto'a mai e te hô'ë tïtaura'a ia
tae mai ihoâ i tâua vâhi ra, e'ite 'o ia i te ta'ato'a ra i te parau mau. I tâua vahi
ra, o te hô'ë ia fare i ho'ohia mai e te ta'ata ra o Tinomana ARITMATE, e toru
'ahum mâ piti matahiti tôna. 'Aita o ia i fa'ahapa noa hia a'e e te tare, 'aita âto'a
ra tôna hô'ë noa a'e e feti'i fa'ahou e ora nei, e te rave nei o ia i te 'ohipa i te
ta'ata
mai ni'a atu i te
'
Création
■
flouuelles
policières
fare ha'avâra'a. Ua fa'aru'e mai tôna metua vahiné
o tâna i 'ite i te pohera'a. E
fërurira'a, ua mau roa ia na, e ua fa'a'amuhia mai o ia e te
tahi na ta'ata pa'ari tei 'ore i fanau. Ua haere 'ôna i te fare ha'api'ira'a teitei tuatorn nô Puna'auia e ua roa'a mai te tahi parau tü'ite teitei. la au i ta hi'ora'a, e
tano tôna ti'ara'a e tôna hum, i te hôho'a ta'ata e 'imihia ra e te mau 'aivana'a.
Taime maoro tô Ra'inui 'imi-noa-ra'a i teie hôho'a ta'ata, tôna uiui-noa-ra'a e
o vai, e 'inaha, teie o ia i mua i teie ï'oa tei tia'i-maoro-hia ua hau i te 'ahuru
âva'e e e piti hepetoma, tôna moemoeâ-noa-ra'a. I reira noa iho, ua ha'aputu iho
ra i tôna nu'u müto'i no te harura'a ia Tinomana. 'Inaha, tei mua o Ra'inui i te
'uputa fare o te ta'ata i tâparahi pohe roa i tôna metua tâne e penei a'e o te
ta'ato'a ra'a paha o te feiâ i pohe. Tê fa'a'ea ra o ia i roto i te tahi fare fa'a'eara'a
maita'i, hô'ë 'âua nehenehe e te mâ maita'i, ua ineine ho'i 'ôna i te tomo atu i
roto i te orara'a o tei tâparahi i tôna metua tâne. I tôna tae-ra'a atu i roto i te fare,
te vâhi taha noa ra te fare, 'aita hô'ê a'e taiha'a fa'ahou i roto, o te hô'ë âna'e
'âfata hum rahi te vai noa ra i rôpü maita'i i te fare, 'aita hô'ê a'e ta'ata e ora
nei i roto. Ua tâpiri atu ra o ia i tâua 'âfata ra, te 'ite nei i te hô'ê parau-i pâpa'i
hia. « te parau mau ». Te vai âto'a ra te tahi rata e vai ra ni'a i tâua 'âfata ra, mea
fa'ata'a hia nâ na e teie ia te parau i pâpa'i hia i roto :
« Ua rave au i teie 'ohipa nô te nûna'a âto'a, nô tëra e tëra
'ôpu feti'i, nô 'oe
iho e nô'u nei ho'i. Ua fa'aütu'a vau ia ràtou mai tei ti'a i te mea ho'i ë, 'aita te
tei fa'afifi
i
ture
rave
roa
i tôna
maite i tâna
E hoa iti e,
âtea
'ohipa.
'eiaha 'oe
e
'ino'ino mai, i teie taime 'oe
e
tai'o nei, tei te vâhi
roa vau.
'Eiaha 'oe
e
rohi fa'ahou, 'aita vau e noa'a fa'ahou ia te müto'i.
la
'Iriti a'e
ora na
tô Tahiti.
»
'ôna i te
'afata, hitima'ue roa a'e ra i te 'itera'a i te üpo'o o tôna
a'e, te vai nei e piti pu'e parau : to tôna metua vahiné e to tôna
te tahi pu'e hôho'a, nô na, nô tôna tuahine, nô tôna pâpâ e nô tôna
ra
metua tâne. I raro
tuahine ;
mâmâ i tëra te vai
ora noa
te 'ômuara'a i tô râtou
mai â râua
e
ta
vai atu â
orara'a, tô râtou 'â'amu
ra.
E fare metua teie nô râtou,
'ohipa âto'a i tupu.
'ohipa i tâua mahana torn ra i te 21
nô fepuare i te matahiti 1979, roa'a maita'i hia mai te metua tâne i te mâferara'a
i tâna tamahine, mâniania iho ra e ua tâparahi mai ra ia na e pohe roa a'e i mua
i tâ râua tamahine tei rürü-noa ra i te ri'ari'a i te 'ohipa i tupu. Hôpoi atu ra i te
tino e fa'aru'e i raro mai i te Tahara'a o te 'itehia mai i te po'ipo'i roa a'e. 'Ôpua
a'e ra e fa'aotiroa i te parau nô Taraina, 'ahuru mâ hô'ë noa â ia tôna matahiti i
te reira taime, 'âfa'i atu ra i 'Orofara ra fa'am'e. I te reira mahana, tei te fare a
tôna mâmâ ru'au ia o Ra'inui, a piti noa ia matahiti tôna. 'Aita atu ra tôna metua
o
Mea ho'i mai tô râua metua vahiné nâ te
e
te mau
LitteRama’oHi
Hinanui
« is
fTlopi
tâpe'a hia n5 te rava'i 'ore te mau parau ha'apâpüra'a e 'oia mau tei rave
'âpîra'a mai e tae noa atu i tôna pa'arira'a, 'aita âto'a o
Raupea i fa'ahiti noa a'e i tô ràtou parau, o te tumu ia e 'ite hia ai teie nâ T'oa i
ni'a iho i teie nâ tino hôpe'a e piti. Mai te 'omuara'a mai, te fa'a'ite noa mai ra
o Tinomana i te mau tapa'o o tôna iho orara'a. Teie ta'ata o tei 'ite pâpü i te
orara'a a Ra'inui e tei ta'a 'ore hia âto'a e Ra'inui. 'are'a ra o Ra'inui, e aha tâna
tâne i
i teie hara. Mai tôna
i 'ite i ni'a iho ia Tinomana ? Vai
noa
mai nei
o
Ra'inui i roto i tôna ta'a'ore,
tôna hitima'ue e tôna fa'aea 'otahi-noa-ra'a.
>
Tu'uhia mai nei 'o ia i rapae e te mau
fa'afa'aeara'a
'ohipa
i to râtou
feti'i tei mo'e. Ua
müto'i, fa'ahaere hia atu ra i tâna tau
e te tahi mau hi'opo’ara'a tu'u 'ore.
Tau matahiti i mûri a'e, ua mo'e roa te parau nô Tinomana, te parau nei vai
tahi e mea haere mai o ia e tâmâ i tô tâtou mau orara'a e te heva nei te tahi pae
ra
tôna
mau
'â'amu, te ha'amata'u
tâpiri te ture i tâua
noa ra
ia.
mau
pu'e
parau ra,
'are'a
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Création
•
flouuelies
policières
1 tana mahana pae ra i te tapera’a mahana, i te otira’a atu
te
hôrue hôho’i atu râ
o
Atamoe ’e
’aita nâ hoa iti i ha’amarirau
i Mahina. A himenemene
no
ai
noa
o
Ra’inui i te fare. No te rohirohi ’e te
te vaiiho atu i mûri ia râua te ’ôutu
o
Atamoe ’e
’amu’amu
a
pi’o te ’otohe atu râ ia
o Ra’inui no te mea te
i mûri mai i te tumu ’uru : e ta’ata pohe.
noa
no
po’ia
Tefauroa
ai i tâna vl ’ahure
’ite nei ’oia i te tahi ’ohipa
maere
Tupu iho râ te hitimahuta ’e te ri’ari’a i rotopû iâna.
Tu5 atu râ ’ôna ia Atamoe
-
«
E Atamoe
e a
Ui atu râ tôna hoa
-
Fait partie de Litterama'ohi numéro 19