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B.E.& M.TH. DANIELSSON
MERVEILLES
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DANS LES CINQ PARTIES DU MONDE.
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DESCRIPTION
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E T DES ARTS.
LA NOUVELLE-HOLLANDE.
L a Nouvelle-Hollande que le navigateur
Cook désigne sous le nom de Nouvçllc-Gulles
méridionale, est file la plus vaste qui soit sur
la terre j sa longueur eu ligne droite est d’en
viron neuf cents lieues, e f son immense sur
face excède celle de l’Europe entière. L’inté
rieur de ces régions australes est tout-à-fait
inconnu; on n’a même que des détails super
ficiels ou imparfaits sur les cotes; et comme
cela doit être, elles ollrent tantôt l’image de
là stérilité la plus complète, tantôt des paysa
ges assez rians, couverts de verdure et riches
de végétation. Ces côtes sont eu général peu
élevées; vers le nord , les rochers dominent;
vers le sud au contraire, ce sont des plages
■J
LES
M E R V E IL L E S
sablonneuses où croissent d’assez grands ar
bres, où le sol se couvre surtout d’une herbe
(•paisse et haute à travers laquelle il est pres
que impossible de se frayer un passage. Les ar
bres ne se voient guère qu’à sept ou huit toi
ses éloignés l’un de l’autre; mais lets terrains
marécageux que les marées inondent sont hé
risses de palétu\ iers; l'herbe et les broussailles
occupent le fond des vallées, et le sol paraît
peu susceptible d’être soumis à une culture ré
glée. On n’y trouve point do rivières, mais
seulement des ruisseaux peu profonds où le
plus souvent les marées pénètrent, ce qui pro
duit beaucoup de lagunes salées.
On y trouve deux sortes d’arbres qui peu
vent fournir du bois de charpente. L’un ressem
ble assez ayx pins de KEurope; l’autre a les feuil
les semblables à celles du saule. De ce dernier
qui est le plus commun , on voit couler une
résine d’un rouge foncé , de laquelle on pour
rait tirer grand parti. Il y a aussi un arbre
dont l'écorce fibreuse s’enlève très facilement.
Ou emploie cette écorce pour calfater les bàtimens. Quelques portions de cotes offrent des
palmiers de trois sortes. Celui de la première
espèco a les feuilles plisséescn éventail; il donne
un chou petit, mais d’un goût exquis; ses noix
ne sont bonnes que pour nourrir les porcs. Le
second, peu différent du chou palmiste de l’A
mérique , a les feuilles ailées comme celles du
OE I.A RATURE.
O
cocotier j son chou est plus gros, mais sa qua
lité est mediocre. Le troisième, dont le tronc
n’a que dix pieds de hauteur, porte des feuil
les qu’on prendrait pour celles de la fougère.
Cette espèce qu’on ne rencontre, que dans les
contrées septentrionales ne produit point de
chou , et ses noix de la grosseur d'un marron
ont des propriétés malfaisantes et provoquent
les nausées.
beaucoup de buissons et d’arbustes inconnus
en Europe croissent aussi dans la NouvelleHollande. Leurs fruits sont bien loin d’égaler
en saveur ceux que nous possédons. Parmi les
plantes qu’on y rencontre, on en remarque
une à feuilles longues, étroites, épaisses, la
quelle distille une résine d’un jaune brillant,
d’une odeur suave; cette substance ressemble
A la gomme-gutte, mais elle ne tache point
comme elle.
Les montagnes ont toutes dans ces contrées
une direction générale du nord nu midi. La
chorine immense qui descend depuis le cap le
pl us septentrional, à peu de distance de la eôte
orientale, va s’unir par des branches sous-ma
rines aux montagnes île Van Diémeri. Cette
chaîne orientale s'aperçoit au fond de l’hori
zon comme un rideau bleuâtre, A quinze ou
seize lieues de distance. On la découvre très
bien de Botany-Bay; la couleur constante dont
elle semble revêtue lui a fait donner le nom
4
LES
M E R V E IL L E S
d e MoiUaynct-Iileu.es. Leur sol aride repousse
toute espèce de végétation.; il se compose de
grauit et de grès-, inaccessibles à l'hom m e, elles
ne lui olïrent de toutes parts que des rochers
abruptes et d’aflrcux précipices.
Eu 1789 le lieutenant Dawes tenta, mais
sans succès, d’y pénétrer -, il ne put jamais s’a
vancer dans leurs profondes gorges au-delà de
huit à neuf milles. Eu 1790 le capitaine Tench,
suivi d'une troupe nombreuse armée d’instrumeus et de crocs de fer, partit dans l'intention
de traverser la chaîne-, trois ans après le co
lonel l’aterson, et plus tard encore le voya
geur bass ont renouvelé cette épreuve; tous
ont échoué, et si l'on ne trouve un passage sur
quelque autre point il est vraisemblable qu'on
ne connaîtra jamais l'intérieur de la NouvelleHollande, qui d'ailleurs peut-être ne renferme
là que des oables déserts.
Ce qui rend cette conjecture probable, c’est
«pie malgré ces montagnes qui semblent devoir
opposer aux vents du nord-ouest une barrière
qu’ils lie sauraient franchir, ces vents brùlans
et délétères se font sentir avec violence sur la
côte orientale, où ils répandent la dévasta
tion. Les vents du nord et de l'est n’y exercent
pas moins de ravages, et leur pernicieuse iotlueuce se fait principalement sentir sur les cô
tes du sud et de l'occident. Dans les mois de
janvier çt de février, été de ces clim ats, la cha-
DE
LA N A T tm E .
5
leur acquiert tant (l’intensité par l’effet de.ces
vents désastreux qu’il n’est pas rare d’y voir
le thermomètre monter à l’ombre jusqu’à
trente degrés. Le 10 et le 11 lévrier 179 1, dit
M. Collins, il s’éleva au-dessus de trente-deux
degrés-, et l’on vit la terre couverte des corps
de mille espèces d’oiseaux qui périrent sufl'oqués par la chaleur.
11 n’est point possible qu’un climat si chaud
ne soit pas souvent tourmenté par les orages.
Nulle part le tonnerre ne gronde avec plus de
fracas. Au milieu de ses éclats redoublés, ac
compagnés d’éclairs effroyables, les nuages
s’entr’ouvrentj des torrens d’eau et de grêle
tombent sur la terre, arrachent, déracinent
les arbres que la foudre n’a point frappés, em
portent en un quart d’heure l’espoir du culti
vateur. J’ai v u , dit le meme Collins, des gré
ions de six à huit pouces de longueur, épais
de deux travers de doigt; j ’ai vu des ruisune heure à la hauteur de plusieurs brasses.
Celte chaleur excessive tient saus doute à
des causes locales, car dans l’îlc Maria, à l’est,
do la terre de Van Diémeu, à deux cent cin
quante lieues du port Jackson , M. l’eron n’a
essuyé pendant le mois de février qu’une cha
leur de quinze degrés; encore n'était-ce qu’au
milieu du jour; et toutes choses égales, la
différence qui existe entre les latitudes ne sau-
6
LE S M E R V E IL L E S
rait amener une aussi grande variation dans
les températures.
J’ai dit que la chaîne des Montagnes-lMeues
correspondait à celles qui couvrent la terre de
Van Diémen , et celles-ci ont en eflet la même
direction; mais vues de la côte elles semblent
s’élever comme par degrés. Des neiges éternel
les couronnent leurssommets. On sait que cette
terre est séparée de la Nouvelle-Hollande par
un large détroit découvert par Bass, q u i,
poussé par son amour pour la science et son
zèle pour ses progrès, osa s’abandonner sur
une clmloupc à des mers inconnues, semées
d’écucils et presque toujours agitées par les
vents. Les Anglais reconnaissans conservent re
ligieusement la chaloupe de Bass au port Jack
son , et le détroit a pris comme par acclama
tion générale le nom du célèbre navigateur.
Les côtes de l’ouest de la Nouvelle-Hol
lande n’ofirent point de montagnes; elles sont
couvertes de sables stériles et n’ont point de
rivières : aussi la nature y parait-elle morte.
Du côté des terres de Leuw in, de Wit et d’Eudrach le terrain est très peu élevé, et le ri
vage est partout bordé de collines qui descen
dent en pente jusqu’à la mer: mais ces collines
sont d’un aspect triste; la végétation y lan
guit; dans beaucoup de lieux même on n’en
aperçoit pas le moindre vestige.
Tout le pays manque d’eaux courantes ; si
DE h \
RA TURE.
7
quelque? rivières, sur la cote de l’est, ont à
leur embouchure l'apparence d’un fleuve, c’est
par l’effet des marées. Aussitôt qu’on veut les
remonter, oti v o it, à bien peu de distance, le
fleuve devenir un humble ruisseau; plus d’une
fois encore ce ruisseau reste à se c , dès que les
chaleurs arrivent. Aussi est-il difficile de faire
de l’eau dans ces parages où la nature semble
n’agir qu'à regret.
Les Anglais , possesseurs de Botany-Bay et
du port Jackson , n’ont rien négligé pour na
turaliser dans ces contrées les productions vé
gétales et les animaux de l'Europe, de l'Asie
et du Nouveau-Monde. Le commodore Phi
lips, principal fondateur decctte colonie, avait
fait les premiers efforts; d'autres après lui ont
marché sur ses traces, et le gouvernement les
a secondés de ses propres moyens. On y a
transporté des ch evaux, des boeufs et des bétes
A laine ; tous ces animaux y ont prospéré, el
ils s'y sont multipliés de manière à passer tou
tes les espérances. Ce qui a favorisé le déve
loppement de leurs races, c’est qu’elles ont pu
s’étendre en liberté dans les prairies où elles
trouvent d’aboudans pâturages saus y être ex
posées aux attaques des bêtes féroces. Les mou
tons deTace espagnole s’y élèvent si bien qu’on
croit généralement que dans peu d’années la
Nouvelle-Hollande pourra fournir ù l’Angle
terre autant de laines qu'elle en tire aujourd’hui
8
LES
M E R V E IL L E S
de ses voisins. Toutes les espèces d’oiseaux do
mestiques y ont pris aussi les plus rapides accroisscmcns.
On cultive encore avec succès à Botany-Bay
le coton, le café et le blé. Ou a cherché à y
faire croître la vigne; des plants de Bordeaux,
de l’Espagne et du Cap avaient d’abord très
bien réussi; des vignerons français avaient
été appelés pour en prendre soin; mais ils
n’ont pu résister au souffle empoisonné des
vents «lu nord-ouest; ceux qu’on a pu en
abriter se sont bien conservés.
Les fruits de l’Europe et surtout le pécher
s’accommodent très bien du clim at, de même
que les grains. On a vu le blé sur un premier
défrichement donner quatre-vingt-quatre pour
un, l’orge donner cent quarante et le maïs
jusqu’à deux cents.
Les huttes des habitons sont fort petites; ils
leur donnent la forme de nos fours; ils les cons
truisent au moyeu de longues branches flexi
bles dont ils enfoncent les deux bouts dans la
terre; ils recouvrent ces branches de feuilles
ou d’écorce de palmier. Chaque hutte ne peut
contenir que trois ou quatre individus; ils
sont même obligés de s’y coucher ployés en
rond de manière que les pieds de l’un touchent
Ir tête de l’autre. Elles n'ont qu’ une petite
ouverture, du côté opposé au vent. Comme
les naturels mènent une vie nomade, ils cons
DE LA RATURE.
9
truisent leurs cases là où ils veulent s'établir,
et ils les abandonnent lorsqu’ ils changent de
place. On voit presque toujours dans le voisi
nage de ces tristes habitations des trous creusés
dans la terre à une assez grande profondeur;
les naturels en retirent un peu d’eau saumâtre,
non en puisant avec des sceaux, mais en l’as
pirant au moyen d’un tube qu’ils font avec la
tige du céleri sauvage. Ils ont pourtant des
vases de goémon.
Quand la horde errante ne doit pas rester
trop long-tem ps dans le meme lieu, elle
s’épargne la peine de construire des cases :
un peu d'herbe sèche devient un lit-, un simple
buisson sert, d’abri.
Le mobilier consiste en un vase d’écorce
attaché par l’orilice à une baguette flexible
qui sert à le porter, et en un petit sac à mailles
où l'on renferme les hameçon», la ligue, quel
ques coquillages tranchons et «les pointes de
javeline.
Pour allumer du feu, ils font tourner rapi
dement un bâton dont le bout est émoussé
sur un morceau d«* bois plat et peu de temps
leur suffit pour produire une étincelle.
La javeline et la lance sont leurs armés les
plus communcs.Celle-ci ajusqu’à trois ou qua tre
pointes, garnies d’un os aiguisé, barbelées audessous de l'os et enduites d’une résine qui
durcit à Pair. L i javeline est formée de plu
to
LES MERVEILLES
sieurs pièces de jour ou de canne qui s'enchâs
sent les unes dans les autres; elles sont fort lé
gères, leur pointe est de bois dur, d’os de
poisson ou de morceaux de. coquille. Ils les
lancent à lu main et visent assez juste, quand
ils veulent atteindre »\ de grandes distances,
ils ajouteut un morceau de bois arrondi à l'ex
trémité inférieure; le contre-poids augmente
la force du jet. Ils ont pour arme défensive
un bouclier d'écorce d'arbre de trois pieds de
long sur un et demi de large. Ils le taillent et le
découpent sur l’arbre avant de l'enlever; l'ex
périence leur a appris que laissée sur le trqnc
après avoir été entaillée, l'écorce devient plus
épaisse et plus forte.
Leurs pirogues grossièrement faites ne m é
ritent pas qu’on les décrive. Tout ce qu’on
peut dire e’esl que pour ces constructions ils
n’ont qu’une hache tie pierre, un maillet de
bois cl quelques fragment» de corail, et que
pour aiguiser la pointe de leurs inslnimeus ils
ne sc servent que des feuilles d'une sorte de
figuier sauvage.
La colonie anglaise s’était d'abord établie
à Botany-Bay, mais quaud le gouvernement
voulut que l’établissement acquit de l’impor
tance, il fut transféré- au port Jackson sur la
même côte, un peu plus au nord. Le com
modore Philips chargé d’y conduire les dé
portés dont l’Angleterre purgeait son sol, y
DE
LA
N ATURE.
li
i arriva Pan iy8H. Sept cent soixante-quinze
l condamnas parmi lesquels on comptait d ix huit enfanset cent quatre-vingt-douze femmes,
j y furent débarqués. Le commodore les exhorta
dans une courte harangue à changer de con
duite. et à se rendre digues par la soumission
j et le travail du sort heureux dont ils pour
raient jouir, dès qu'ils seraient sortis de l’é
preuve pénible qu’ils devaient subir. Ce dis
cours ne tit d’abord que très peu d’effet. Plu
sieurs déportés endurcis au crime tombèrent
en de nouveaux écarts et périrent par le sup
plice: d’autres furent relégués dans îles îles
- désertes-, quelques-uns s’amondèrent (1). Eux
| et leurs descendons sont devenus à la longue
citoyens utiles île leur nouvelle patrie.
LE POUT JACKSON.
Lb port Jackson, dit James G ran t, est le
plus beau , le plus vaste et le plus sur de l’uni
vers. Mille vaisseaux peuvent y mouiller et y
manœuvrer sans obstacle. La ville de SydncyTown s’élève au fond de la baie, au milieu d’un
pays dont l’aspect est aussi varié que piltorcs( i ) \ o y n le J u i f d u fmrt Jackson.
(2
LES MERVEILLES
que. La petite île tie G arden Island située de
vant la ville a été convertie en un Heu de plai
sance. Plusieurs particuliers possèdent sur le
rivage à droite et à gauche de belles maisons
de campagne, que l’Européen qui arrive s’at
tendait peu à trouver aux extrémités de la
terre. La ville paraît grande et surtout popu
leuse, si l’on considère que sa fondation ne
remonte pas à un demi-siècle. Elle a des rues
larges et bien alignées, et l’on y voit circuler
beaucoup d’équipages; il y a même pour ceux
(pii n’ont point de voiture des cubriolets de
louage et des fiacres.
• Le gouverneur faits»résidence ù Paramatta,
joli village que les Anglais appelaient Rotcf f i U , dans un vaste hôtel situé à l’extrémité
d’ une rue qui a un quart de lieue de long. Un
jardin magnifique , planté d’arbres fruitiers de
toute sorte, fournit aux besoins du gouverneur
et de sa maison. Les habitations des particu
liers sont aussi ornées de jardins, tous très
productifs.
Les maisons des déportés sont presque toutes
construites de claies et couvertes de planches.
Les claies sont revêtues dans l'intérieur d’un
enduit de plâtre, et à l’extérieur d’une couche
de terre soutenue par un enduit de ch au x .
qu’on fabrique sur les lieux mêmes avec le»
coquillages que fournissent les bords de la mer.
On prétend que la présence eu ce lieu des ma
DK LA HA T t IU Ï.
l3
tières calcaires fut une des raisons détermi
nantes qui firent préférer le port Jackson à
Botany-Bay. 11 est rare de voir deux familles
habiter dans la même maison ; chacune a la
sienne. Ou en voit dans le nombre qui sont de
brique, et paraissent aussi bien construites
que celles d’Europe. Beaucoup de gens en
Angleterre sont moins bien loges que les dé
portés du port Jackson. Aussi voit-on la plu
part de ces derniers témoiguer le désir d’y
rester après que le terme de leur exil est ar
rivé.
Les naturels dont les hordes erraient dans
les environs de Sydney, familiarisés aujour
d’hui avec l’aspect des Européens, commen
cent à s’établir à demeure dons les lieux que
naguère encore ils ne faisaient que parcourir ,
attires par les avantages qui résultent pour
eux de la fréquentation des Anglais. Mais au
lieu «les chétives cabanes, ou plutôt des mi
sérables lanières où ils passaient leur vie
enfouis comme des hôtes fauves, ils construi
sent des cases solides, commodes et spacieu
ses , d’où ils peuvent se rendre fréquem
ment à la ville pour y consommer leurs
échanges.
L’air de Sydney et en général celui de la
Nouvelle-Galles méridionale est pur et salubre
malgré les chaleurs extrêmes de l’été. Un le
remarque sur la ligure des déportés. Ils arri
l4
L E S M E R V E IL L E S
vent presque tous soutlrans, épuisés de fatigue,
accablés de chagrins : à peine quelques mois sc
sont-ils écoulés que la santé brille sur leurs
visages.
LES 1G 0 L 0 TES, LES MALAIS El’ LES NOIKS
DE LA MElt Dü SUD.
U n e chaîne immense de hautes montagnes
traverse Tile de Luçon du nord au m id i, s’a
baisse en s'approchant du rivage, et se lie par
des branches sous-mariucs aux montagnes de
Samar et de Mindanao, au sud-est et au sud
de Luçon. Toutes ces montagnes qui occupent
l’intérieur des terres, recèlent dans leurs gorges
profondes et dans leurs forêts une race sau
vage de noirs à cheveux courts et crépus. Los
noirs vivent toujours en guerre avec les Espa
gnols qui n’ont jamais pu les soum ettre. ils
n’ont point de communication avec les Tagals, autre race indigène des Philippines. On
leur donne dilli rens noms, mais généralement
on les désigne sous celui d’Igolotes.
La passion extrême de ces noirs pour une
indépendance absolue les isole, même entre
eux , et les rend peu dangereux pour les Espa
gnols. fis deviendraient redoutables s'ils sa-
vaieut Ç ititjr fin corps de nalion , el s’ils vou
laient se soumettre A obéir à un chef qui
dirigerait leurs cfl'orts et leur courage: mais
chaque famille vit séparément sans observer
d’autres lois que celles de la nécessité présente*
Aussi les voit-on toujours errans et vagabonds,
accompagnés de leurs femmes et de leurs enfans. Ils ont pour armes des /.agaics et des llèclies empoisonnées. Ils ont la plus-grande vé
nération pour les vieux arbres; les noirs de
Mindanao qui sont évidemment de la même
race croient que h-s troncs des arbres renfer
ment les antes de leurs ancêtres.
Les Igolotes diffèrent des Tagals par la cou
leur, le poil frisé qui couvre leur tète et leur
constitution physique-, autant que par l’i
diom e, les moeurs el les habitudes. Les tra
ditions qui font descendre les Tagals des
Malais «le Roméo, représentent les Igolotes
comme les restes de la race primitive qui ,
vaincue par 1«ïs Malais et chassée «les contrées
qu’elle habitait, chercha un nsilo dans les
Montagnes. Cette tradition ,si elle n’est fondée
sur la vérité qu’il n’est guère possible de dé
couvrir, a pour elle au moins toutes les pré
somptions de vraisemblance et de probabilité.
Si l’on compare entre êlles toutes les rela
tions des voyageurs qui ont visité les îles de
l’Océan Pacifique, on demeure à peu près con
vaincu que la mer a vu naître autrefois dans
l6
LES
M E R V E IL L E S
son sein deux races d’hommes bien distinc
tes : les Malais à teint jaune ou olivâtre, et
les noirs à cheveux frisés. Et les uus et les
autres doivent paraître indigènes, car ni ces
derniers ne sont sortis de l'Afrique , ni les pre
miers des rivages de l’Inde ou de la côte de
M alacca, comme on l’a prétendu plus d’une
Ibis et toujours sans preuves.
La configuration des divers contiueus, en >
comprenant la N ouvelle-H ollande, semble
indiquer que toutes les parties de la terre lu
rent construites sur les mêmes buses, et que
partout les longs efforts de l’Océan ont produit
des résultats semblables. D’ un autre côté,quand
on considère la direction des principales mon
tagnes qui constituent la charpente de la terre,
et qu’on retrouve au milieu des mers deux
grandes chaînes qui suivent à peu près la même
direction que celles des deux cont incus; dont
l'une traversant les îles Mari ânes et courant
à l’est vers les Carolines, retombe vers le sud
en passant par les îles Mulgrnves, et l’autre
venant de Formosa et traversant les Philip
pines, Célèbes et les Moluques, va se perdre
sur les derniers rivages de la Nouvelle-Hol
lande , on est tenté de croire que tous ces ar
chipels qui couvrent les mers du sud formè
rent jadis uri seul continent, dessiné par la
nature des mêmes traits qu’elle avait employés
pour la formation de l’Afrique et de l’Amérique
| ;9 B
LA S A T U R E .
17
méridionale. Les eaux do l’Océau poussées aveu
rapidité de l’est à l’ouest par le mouvement
contraire de rotation du globe de l’ouest à
l’est, n’ont-elles pas dû par le laps des siècles,
parvenir à rompre de trop faibles barrières,
et envahir les terres basses cpie ne protégeait
point leur constitution solide et montagneuse ?
Partout où des chaînes de montagnes ont
existé sur les côtes, l’envahissement des eaux
a été contenu : des masses énormes dont les
fondemens sont jetés au centre de la terre, ont
pu opposer une résistance efficace $ les terres
légères, friables, peu adhérentes, ont été en
traînées. D’autre p a rt, ce continent austral,
s’il a existé, a du souffrir des courans et des
vagues plus que l’Afrique et l’Amérique méri
dionale, et c’est ce qui rend moinssurprenante
I sa submersion. La force des eaux de l’Océan s’ac
croît en raison de leur vitesse, et la vitesse en
raison de la durée ou de la prolongation du
mouvement impulsif. Or les eaux de la mer
des Indes ou celles de l’Océan Atlantique ont
bien moins d’espace à parcourir que celles de
la mer du Sud ; elles subissent donc un moin
dre degré d’impulsion. D’ailleurs la côte orien
tale du Brésil et la côte orientale de l’Afrique,
fortifiées par de longues chaînes de montagnes,
ont eu beaucoup plus de moyeu do résistance.
En admettant la supposition d’un ancien
continent dans les mers du sud, on peut eon-
ÎO
I.ES
BIER V E IL L E S
cevoir l’existence des deux races de noirs et
de Malais dans les divers archipels qui eu
tiennent aujourd’hui la place, sans qu’on soit
obligé de recourir à des hypothèses peu vrai
semblables de migrations, de colonies , d'hahitans portés par les vents sur de frêles piro
gues à des distances incommensurables. Les
noirs se trouvent dans toutes les iles les plus
méridionales, telles que ln Nouvelle-Guinée,
la Nouvelle-H ollande, la Nouvelle-Calédo
n ie, etc. Ils occupent seuls tout le pays, sans
mélange de Malais: ils ont occupé de même
autrefois les Marlines, les Philippines, les Moluqucs, etc. Les Malais nés en des climats plus
doux et de mœurs moins rudes peuplaient les
îles de la Sonde et de Bornéo; de là ils se sont
répandus au nord et à l'est-, ils out peu à peu
expulsé les noirs ou ils les ont resserrés dans
l’intérieur; ils ont transporté dans les terres
conquises les produits cl les plantes de leur sol.
Les noirs, dénués de toute aptitude*, étrangers
à toute industrie, vivant dans l’abrutissement
et la misère, loin de songer à faire des con
quêtes n’ont pas su même défeudre leur pays; les
Malais, au contraire, vils, courageux, entxcprenans se sont établis partout où la nature
leur a paru belle et féconde.
Quoi qu’il en soit, on ne saurait douter que
les Malais qui habitent l’Océan depuis Sumatra
jusqu’aux îles de Sandwich cl des Am is, ne
DF. LA R A T U R E .
»9
soient un mémo peuple, sorti d’une sour hr
commune* Outre qu’on peut le présumer sur
plusieurs circonstances, la couleur de leur
teint, leur physionomie, leur caractère, leurs
formes physiques qui ne diffèrent que par de
légères nuances, on peut en acquérir une sorte
de certitude en comparant entre eux les usages
de ces peuplades, leurs fêtes, leur religion,
et surtout leurs idiomes. Et cependant c’est
par tous ces traits qu’ils se distinguent des ha
bitons de l’Amérique. D’un autre cô té , la
mémo ressemblance existe parmi tous les noirs
des contrées australes; on remarque leur face
très aplatie, la longueur de leurs bras, la té
nuité de leurs membres inférieurs, leurs che
veux crépus sans niélange de laine; et c’est
encore par tous ces signes qu’ils diffèrent des
Africains, dont la tète plus arrondie est cou
verte de laine, et dont les membres en général
sont mieu\ proportionné*.
Si fUcéan n’a point reçu de l’Amérique scs
colonies, s’il ne doit point à l’Afrique ses ha
bitons, il faut conclure que les deux races
dont ces derniers se composent sont indigènes.
Comment supposer eu effet l’existence ni même
la possibilité de telles migrations? Comment
les Africains luttant contre la force constante
des vents d’est et la violence dcscourans, au
raient-ils pu sur leurs simples nacelles s’avan
cer vers l’orient à douze ou quinze cents lieues
20
LE S M E R V E IL L E S
de leurs côtes? Où l’Afrique possède-t-elle
d'ailleurs vers ses rivages orientaux des peu
ples assez nombreux pour envoyer tant de
puissantes colonies? Gomment de simples voya
geurs poussés par la tempête et abordant à des
terres inconnues, auraient-ils pu se multiplier
au point d’être forcés à chercher plus tard des
contrées nouvelles? Quelle eBrayante série de
siècles n’eût-il pas fallu d’ailleurs pour de tels
résultats !
Quant aux Américains, la chose paraîtrait
moins improbable , parce que le mouvement
de l’Océan aurait pu aisément les porter sur
les îles de l’ouest. Mais la différence totale de
langage, de mœurs et de constitution physi
que entre eux et les insulaires de la mer du
Sud, repoussera toujours celte supposition.
Tout montre d’ailleurs que les Américains sont
un peuple nouveau et que la terre qui les
porte commence à peine à se reposer des ré
volutions qui l’ont agitée.
I.a seule idée que l’on pourrait avoir con
traire à l’hypothèse que j ’énonce, c’est que les
premiers habitons de l’Océan sonl sortis des
côtes de l’Asie , comme on l’a dit quelquefois ;
mais outre que la race des noirs ne s’y trouve
pas, il faudrait toujours admettre, pour ren
dre ces migrations probables, la possibilité de
naviguer en canot à d’immenses distances
contre les vents et les moussons.
D E LA. N A T U R E .
21
LA BAIE DUSKY, ou LA BAIE OBSCURE (i).
P o u r des navigateurs qui arrivent du fond
des mers australes où pendant plusieurs mois
luttant contre les glaces, les tempêtes et les
brouillards, ils n’ont eu que de longues fati
gues sans un seul jour de repos, combien l’as
pect de la terre doit paraître délicieux! et
quand cette terre, parée des dons de la nature,
offre l’image du printemps, de la paix et du
bonheur, combien ils doivent trouver de plai
sir à pouvoir l’embrasser ! Ce fut dans cette
disposition de cœur et d’esprit que les Anglais
entrèrent dans la baie Obscure, lorsqu’on 1770
ils revenaient avec Cook des environs du
pôle antarctique où ils devaient chercher un
continent qui probablement n’existe pas. Un
temps doux , des arbres dont le vert feuillage
contrastait avec la teinte jaune que l’automne
répand sur la plaine, de nombreuses baudes
d’oiseaux de mer qui animaient le rivage, des
oiseaux de terre dont le bruyant ramage fai
sait retentir les forêts-, des points de vue les
plus variés, des forêts antiques dans l'éloigne
m ent, de hautes montagnes présentant leur
(1) .Sur In tô le île In Nouvelle-Zélande.
22
LBS
M E R V E IL L E S
masse bleuâtre, des cascades qu’on voyait bril
ler sur leurs flancs: telle parut la terre quand
les Anglais l’aperçurent.
Cette baie a deux entrées. Celle du midi se
distingue par cinq roches pointues qui sortent
de la mer, serréés les unes contre les autres ,
et qui pour cette raison prirent le nom de CinqDoùjts. Elles forment un promontoire étroit,
d’une hauteur médiocre et couvert de bois.
Cette entrée est difficile, mais n’est point dan
gereuse: la seconde entrée, éloignée d’envi
ron cinq lieues, est plus spacieuse et se fait re
connaître à ses côtes élevées-, un groupe de
petites îles la défend des grosses lames. L’in
térieur de la baie est très vaste, et l’eau très
profonde , mais on trouve sur tous ses rivages
un grand nombre de hdvros où l’on peut
mouiller commodément.
Le pays a «les sites d’une beauté pittoresque
et sauvage5 les montagnes qui le ferment au
loin sont d’une hauteur prodigieuse; des rocs
chargés de neige forment leurs sommités, mais
le terrain intermédiaire jusqu’à la mer est cou
vert d’arbres et d’arbustes. Ce terrain paraît
entrecoupé, excepté au fond des liâvrcs où le
cours des ruisseaux l’a nivelé par le dépôt suc
cessif des débris des montagnes. On y voit des
bois propres à la marine et des bois de char
pente et d’ébénisterie. Les sapinettes qui s’y
trouvent en grand nombre s’élèvent jusqu’à la
m:
H
LA
I B
p
.
SATURE.
25
hauteur de cent pieds; leur tronc a de huit A
dix pieds de tour.
Les bois qui dans plusieurs parties descen
dent jusqu’à la mer sont remplis d’énormes
lianes, longues do cinquante et soixante bras, ses. Leurs tiges entrelacées avec les buissons
qui couvrent le s o l, rendent le pays impéné
trable. On y voit beaucoup d’arbres, abattus
par le temps,engraisser la terre de leurs dépouil
les, et de jeunes plants s’élancer du milieu de
leur tronc pourri. La terre est partout noire et
humide; elle produit A l’ombre des arbres, du
lin , du chanvre, et quelques plantes potagè
res, telles cpie le cresson et le céleri.
Dans ln baie la mer est très poissonneuse;
ses eaux y sont couvertes d’oiseaux de toute
espèce. On trouve aussi des oiseaux dans les
bois et dans la campagne mais ou n’y voit
point «le quadrupèdes.
MUSIQUE ZÉLANDAISE.
Les nouveaux Zélandais ont une musique
et des instrumens; mais cette musique est au
niveau des mœurs de ces antropopbages, et
leurs instrumens sont faits pour leur musique.
Ils chantent, pour mieux dire ils hurlent, ils
H
LE S
M E R V E IL L E S
beuglent, sans chercher même l’unisson ( 1 ) ,
l’accord qui plaît le mieux aux sauvages et
qui fut sans doute la base de toute musi
que primitive*, quanta leurs chants de guerre,
ce ne sont que des aecens de fureur et de rage,
tels qu'ils doivent être chez des hommes qui
savent qu’avant la fin du jour ils dévoreront
les membres pnlpitans des vaincus ou qu’ils se
ront dévorés eux-mêmes parleurs vainqueurs.
Leurs instrumens consistent en une trom
pette ou tube de bois, long de quatre pieds,
auquel ils font rendre un son rauque et dur ;
en un cor composé d’une espèce de murex (2),
monte sur bois et troué à 1a pointe par laquelle il
s’embouche; le son qu’on en tire imite le mu
gissement d’un bœ uf, ou si l’on veut ressem
ble au bourdonnement d’une cornemuse. Un
troisième instrument qu’on peut appeler une
llùte parce qu’il en a la form e, n’est pas plus
harmonieux que les précédons. Le tuyau lé
gèrement renilé vers le milieu de sa longueur
a dans cette partie une large ouverture \ en se
promenant sur cette ouverture, la main mo
difie le son de l’aigu au grave sur un intervalle
de trois ou quatre tons.
(1) C’est ce qu’un écrivain , favorablement disposé, ap
pelle chanter it p l u s i e n r t p a r t i e l d i s t i n c t e i .
* (3] Muret, espèce de coquillage hérisse de pointe».
25
I»E LA MATURE»
TEMPLE D’OTAITI-PIIIA.
Au sud-ouest de Pile si célèbre d’O taïti, il
en est une moins grande qui se fait reconnaî
tre de loin par ses hautes montagnes dont In
cime se perd dans les nuages. Le sol n’y est ni
moins riche ni moins fertile, et l’aspect du
pays n’oflre pas moins de charmes.
Sur la côte de l’est, on découvre un bdtiràeut de pierre ayant la forme d’une pyramide
tronquée dont les côtés ont à la base trente
pieds d’étendue. L’édifice consiste en plusieurs
terrasses posées les unes sur les autres, comme
on l’observe à quelques-unes des pyramides
d’Egypte; mais celle d’O laïti, moins solide,
tombe déjà de toutes parts eu ruine, tandis
que les autres défient et long-temps encore dé
lieront les ravages du temps et l’efibrt des siè
cles. Autour de ce monument, qui devait
offrir au roi de Pile un tombeau, on voyait plu
sieurs pièces de bois fichées en terre et ornées
de figures sculptées des deux sexes. Un peu
plus loin était un toit soutenu par quatre po
teaux. C’était en ce Heu que la divinité venait
recevoir les offrandes que la superstitieuse
piété des insulaires lui destinait; elles étaient
étalées sur un treillage dé bois et cousislaienl
en bananes et noix de coco.
OCÉAMK.
a
26
LES
M E R V E IL L E S
LE CASA RUINA.
C ’ e s t le nom que les Européens oui donné
à un arbre de la mer du Sud , que les naturels
appellent toa, mot qui signifie guerre, parce
que son bois qui est extrêmement dur leur
fournit la matière de toutes leurs armes offen
sives. Les branches du easaruina retombent
autour de lui comme celles du saule pleureur.
Le bois passe pour indestructible, c-t jamais
les vers ne l'attaquent : c’est le sycomore de
l’océan Pacifique. Il n’est pas moins pesant
qu’il n’est dur, et il a une belle couleur d'aca
jou. On commence à le cultiver en France; il
réussirait en pleine terre dans ses provinces
méridionales.
L’ ILE MAOUNA.
C e t t e ile tristement célèbre dans le s anna
les de la navigation par l’assassinat de M. de
Langlc, infortuné compagnon de l'infortuné La
Pérouse, est l’une des plus belles, des plus ri
ches et des plus fertiles de l’archipel des Navi
gateurs. Un large ressif de corail en défend les
DR I, A K AT t R B .
27
approches du col»; 8
LE S M E R V E IL L E S
le pourtour et supporte le toit couvert tie feuil
les de cocotier. Des nattes d’un tissu très fin
et tombant les unes sur les autres comme les
écailles de poisson garnissent l’entre-eolonncment •, ces nattes peuvent se lever à volonté au
moyen des cordes qui les soutiennent, de
même que nos persiennes. Le sol de la case se
compose tie petits cailloux formant une cou
che d’environ deux pieds; c’est un préservatif
contre l’humidité; des nattes semblables à
celles des côtés sont étendues sur le sol.
Mais les mœurs des Maouniens forment un
triste contraste avec la douceur du climat et
les ravissantes beautés du pays qu'ils habi
tent. L’opinion qu’ils ont de leurs forces phy
siques , dues à leur très haute taille et plus en
core à la vigueur de leurs membres, les rend
Hors, querelleurs, même féroces; la force est
l’unique arbitre de leurs différends comme la
source de tous leurs droits. Leur corps est tout
couvert de cicatrices qu’ils montrent avec
orgueil comme un trophée. La Pérouse avait
remarqué les dispositions presque hostiles de
ces hommes sauvages, grossiers et vivant dans
une anarchie complète, n’ayant même entre
eux d'autres liens que ceux qui pouvaient naî
tre d'un besoin commun et n’obéissant qu’à
l’impulsion que donne un intérêt présent,
n’ayant au surplus que îles idées très vagues
sur le droit de propriété : il n’avait cédé
D E I.A N A T U R E .
»9
qu'à regret au ddsir du capitaine do Langle
qui voulut iaire provision d'eau fraîche pour
la frégate qu’il commandait.
Cet. officier se rendit avec soixante hommes
de l’équipage à une anse qu’il avait jugée la
veille vaste et commode; mais il ne l’avait vue
qu’au moment du flu x; il se trouva sur une
barre de corail avec moins de trois pieds d’eau.
ses chaloupes échouèrent; ses canots mêmes ne
purent manœuvrer. Les Maouniens profitè
rent pour l’attaquer du désavantage de sa po
sition. Plus de deux mille sauvages armés de
pierres qu’ils lançaient avec une vigueur ex
traordinaire , ayant Peau jusqu’à la ceinture,
entourèrent ses chaloupes. M. de Langle reçut
les premiers coups; atteint d’une pierre, il (ut
renversé; malheureusement il tomba dans la
mer du côté des Maouniens qui l’assommè
rent sur-le-champ. Dix hommes de l’équipage
parmi lesquels était un Chinois eurent le même
sort. Les autres ne se sauvèrent qu’avec beau
coup de peine et couverts de blessures. Ils ne
purent faire aucun usage de leurs armes à feu
qui avaient été mouillées dans le débarque
ment. L’ardeur «lu pillage que montrèrent les
insulaires, maîtres des chaloupes échouées,
donna aux canots le temps «le s’éloigner.
Ce désastre vin t, «lit-on, de la distribution
que lit M. «le Langle de quelques verroteries à
ceux qui semblaient êjrc les chefs. Cette pré-
5O
I.E S M E R V E IL L E S
l&rooec qui donnait l'exclusion uu plu» grand
nombre produisit le mécontentement et les
menaces. Un coup de lusil en l’air fut tiré de
l’une des chaloupes; loin d'imposer aux insu
laires. cet acte devint le signal des hostilités.
Au même instant une grêle de pierres tomba
sur les Français. Ceux dont les fusils se trou
vaient en état tirèrent sur les agresseurs,
mais ceux-ci ne leur laissèrent pas le temps
de recharger leurs ormes, qu’au surplus les
Maounieus qu'on avait trop ménagés ne regar
daient que comme propres à faire du bruit( I ).
COMPOSITION INFLAMMABLE DES
NOUVEAUX - GUINÉENS.
A près avoir parcouru toute lu cote orien
tale de la Nouvelle-Hollande , le navigateur
Cook voulut s’assurer si les terres dont il s’é
loignait étaient ou non séparées de celles de la
Nouvelle-Guinée. Parvenu au cap Nord . il
lit voile vers l’occident, entra dans le dé
troit qui sépare ces deux vastes contrées et
il se fraya même un passage entre plusieurs
(i) Voyc* pour il'nutrwdètail* l'article Archipel de%Na\'if(Mcur$.
DE L K
WATI: 11K.
5 l
îles qui v: présentèrent sur sa route. Ce pas
sade reçut le nom es hommes s’occupent exclusivement de la
bourage, de pèche eu pleine mer et de chasse-,
les femmes recueillent les racines de fougère .
ramassent les coquillages, apprêtent les alimens et fabriquent les étoiles.
LE KANGOUROU.
C e quadrupède, de la grandeur d’un loup
ordinaire, commun dans la Nouvelle-Hollande
et daus les îles de la mer du Sud , offrirait une
utile ressource aux navigateurs, si moins agile
et moins sauvage il n’échappait aux chiens et
aux chasseurs par sa vitesse qui en un iuslaut
le transporte à de grandes distances, et par son
naturel méfiant qui le tient constamment en
garde contre le danger.Sa tête, son cou et ses
épaules sont très petits en proportion des au
tres parties de son corps-, ses jambes de devant
n’ont que huit pouces de long taudis que celles
de derrière en ont vingt-deux; aussi ne mar-
DF. L A K À T Ü R K .
cke-t-il que par sauts et par bonds, tenant la
tête droite-, il porte une queue aussi longue
que son corps, épaisse à la naissance, pointue
par le bout. 8a peau est couverte d’un poil
court,de couleur grisâtre; ses oreilles et même
sa tête ressemblent à celles du lièvre; ses jam
bes du devant ne paraissent lui servir que
pour creuser la terre.
Le naturaliste Pérou a trouvé plusieurs va
riétés de kangourous, dont l’une est rouge;
leur chair est tendre et bonne à manger. On
prétend que lorsque la femelle est blessée, elle
moutre un courage et un dévoùment admi
rables. Elle place ses petits dans une poche qui
se trouve située entre scs cuisses, et elle ne
songe à fuir que lorsqu’elle s’est chargée de ce
dépôt; 8i elle est poursuivie elle ne l’aban
donne pas, quoique su tendre sollicitude l’o
blige à retarder sa marche. On ajoute que ces
animaux redoutent 1« chasseurs, restent ca
chés la plus grande partie du jour et qu’ils ne
sortent guère que la nuit.
Ils sc plaisent dans les pays entrecoupés,
semés de broussailles, de rocs, obstrués de fo
rêts qui leur offrent un asile où l’on ne peut
les atteindre. Les gens du capitaine Cook en
poursuivirent inutilement quelques-uns, lorsqu’après avoir manqué de voir leur vaisseau
se briser contre les écueils, ils relâchèrent
dans une baie de la Nouvelle-Hollande. Le sol
52
LES M E R V E IL L E S
«Hait partout couvert d’une herbe «'paisse et
très haute où les chions mêmes ne pouvaient
pénétrer, et le kangourou franchissant légère
ment cet obstacle bravait impunément les
efforts des chasseurs.
LE BARINGTONIA.
L es Anglais ont donné ce nom à un arbre
que les naturels des îles de la mer du Sud ap
pellent houddoueh. C’est une des plus belles
créations végétales, autant par son feuillnge
immense qui est du plus beau vert, que par scs
fleurs qui ressemblent aux lis par la forme et
par la couleur, mais dont les nombreuses éta
mines sont du plus brillant cramoisi. Il pro
duit une noix qui a la p r o p r i é t é d’enivrer les
poissons quand on en jette quelques-unes au
lieu où on veut les prendre: dès qu’ils en ont
m angé, ils perdent leurs sens et viennent
surnager i\ fleur d’eau; on les ramasse avec la
main.
DE
LA S A T U R E .
55
TAILLE D’ UN INSULAIRE DE LA MER
1)U SUD.
n’est point rare de trouver dans les îles
de la Société ou dans les archipels voisins des
hommes de six pieds, et même d’une plus haute
taille. Ceux que la nature a pourvus de cette
stature gigantesque soul presque toujours
choisis par le peuple pour le gouverner. Car
en général les hommes aiment à voir dans leurs
princes des qualités qui les distinguent du
vulgaire : ils sont plus disposés à offrir leurs
hommages à celui que la nature elle-même
semble leur indiquer comme plus digne du
commandement. Chez les peuples civilisés où
la force et les attributs corporels ne sont point
regardés comme nécessaires â c’est par les qua
lités morales qu’un souverain commande l’a
mour et le respect; chez des hommes nouveaux
pour qui la force n’est que trop souvent l’ar
bitre des querelles et le modérateur des droits,
on veut que le prince s’élève sur les autres par
les avantages physiques.
Un chef de l’ile d’Uliétéa était remarquable
sous ccs rapports. Sa taille excédait six pieds,
et sa grosseur répondait à sa taille; mais à me
sure qu’il avait avancé eu âge, su corpulence
s’était augmentée au point qu’il paraissait
I
l
54
LE S M E R V E IL L E S
monstrueux. Mesuré à la cciuturc, il avait
près de cinq pieds de circonférence; chacune
de ses cuisses avait trente-deux pouces de
tour. Ses cheveux tombaient en tresse jusqu’au
bas de son dos, et ils étaient si touiVus que sa
tête semblait énorme.
AKMES DES ILES DES AMIS.
L es (haïtiens ont plus d’opulence que les
hahitans de Tongntabou et d’É oua, dans l’ar
chipel des A m is; mais ici les arts sont plus
avancés, et les manufactures mieux entrete
nues donnent de plus beaux produits. Les
armes de ces insulaires méritent surtout d’etre
remarquées, et la perfection qu’on y remarque
doit étonner d’autant plus, que ces hommes
doux et hospitaliers ne paraissent point avoir
d’ennemis à craindre, et qu’ils montrent euxmêmes l’humeur la plus pacifique.
Cependant pour la classe des guerriers, ces
armes sont un objet de luxe; aussi mettent-ils
tous leurs soins à leur donner des formes élé
gantes, et à les enrichir d’ornemens divers.
Ces ornemens consistent pour l’ordinaire en
petites plaques d’os artistornent incrustées.
D E LA. H A T U R E .
55
q u i r c .p r é ^ n t e n t d e s é t o il e s d e m e r , d e s o i
s e a u x c l d ’a u t r e s o b je t s d e c e g e n r e .
I æ u ï s m a s s u e s , d ’ u n b o is d u r e t p e s a n t ,s o n t
t r a v a i l l é e s e t c is e lé e s a v e c b e a u c o u p
d ’ a rt-,
e lle s o f f r e n t s u r l e c o n t o u r d u m a n c h e d iv e r s e s
s c u lp t u r e s q u i , à d é f a u t d ’ in s t r u m e n s c o n v e
n a b le s , o n t d ù ê t r e c h e r e u x l’ o u v r a g e d e la
p a t i e n c e l a p lu s o p i n i â t r e . Q u e lq u e s - u n e s s o n t
t e r m in é e s p a r n u e t ê t e p la t e e t p o i n t u e , d ’ a u
t r e s o n t l a tè t e r o n d e , d ’ a u t r e s e n c o r e o n t à
l ’e x t r é m i t é u n e f o r m e c a r r é e o u r h o m b o id ale-,
il
j e n a q u i s o n t e m m a n c h é e s d ’ u n e lo n g u e
p iè c e d e b o is , c e q u i le u r d o n n e l’ a p p a r e n c e
d ’ un
lo u r d
m a ille t;
on
en v o it au ssi
d’os
e t d ’ u n e s e u l e p i è c e l o n g u e d e t r o is p ie d s . C e s
o s se m e n s n e p e u v e n t a p p a r t e n ir q u ’ à d e g r a n d s
c é t a c é e s ; l’ ile n e r e n f e r m e a u c u n q u a d r u p è d e
q u i p u is s e le s f o u r n i r . L e s la n c é s s o n t d u m ê m e
b o is q u e le s
m a s s u e s , e t t r a v a illé e s a v e c le
m ê m e s o in .
L ’ a r c , l o n g d e s i x p ie d s e t s t r ié e n - d e d a n s ,
f o r m e q u a n d il n ’ e st p o in t b a n d é , u n e c o u r b e
l é g è r e ; p o u r le
b a n d e r , o n le p lo ie e n se n s
c o n tr a ir e d e la c o u r b u r e . L a
f lè c h e c o n s is te
e n u n m o r c e a u d e b a m b o u a r m é d e b o is d u r à
la p o i p t e .
56
LE S M E R V E IL L E S
FLUTE DE LA MER DU SUD.
T o u t comine les mêmes besoins font naître
partout les mêmes moyens pour les satisfaire,
il est naturel dê penser que chez tous les hom
mes un fait observe a fait naître les mêmes
résultats. La flûte ou plutôt les pipeaux de
Pan composés de plusieurs roseaux, dont le
son a été gradué diatoniquement, sont l’un
des plus anciens iustrurnens de musique qu’il
y ait au monde. Le veut qui en passaut sur
une plantation de roseaux, faisait résonner le
reste des tiges que la cognée avait épargnées,
donna la première idée des pipeaux. Le souf
fle de l’homme introduit dans les tuyaux eu
tira des sons mélodieux. D’épreuve en épreuve,
les pipeaux furent perfectionnés, et la flûte
fut inventée. Les insulaires de Tongatabou ont
trouvé les pipeaux: ils sont loin encore de
franchir le second pas. (.’instrument qu’on a
trouvé chez eux consiste en une dizaine de
petits roseaux attachés ensemble sur une seule
ligne; on le joue en le faisant glisser sur les
lèvres. Ces roseaux de même grosseur, mais
coupés à des longueurs inégales, doivent pro
duire des sons différons ; cela ne suflit point :
pour que ces sons parcourent avec justesse uue
octave, il faut d’abord connaître la théorie du
DK LA RATURE.
son; onanitc on a besoin d’une oreille assez
exercée pour pouvoir déterminer chaque ton
de l’octave avec précision ; et tout cela man
que aux insulaires de la mer du Sud. Aussi
leurs pipeaux ne donnent-ils que deux ou trois
tons distincts; tous les autres sont vagues et
ne forment pas même des demi-tons qu’on
puisse employer dans un système régulier de
musique.
La llûte des mêmes insulaires, telle encore
qu’elle fut dans les mains de son inventeur,
consiste en un long tuyau de bambou qui n’a
que quatre trous; ils en jouent en y soufflant
avec le nez.
I’our accompagner ces deux instrumens, ils
ont «les tambours q u i, ainsi que je l’ai dit
ailleurs, ne consistent qu’on une pièce de bois
creuse.
CASES DE L’ARCHIPEL DE LA RELNE
CHARLOTTE.
C e t archipel, visité par Carteret et nommé
par lui du nom qu’il porte aujourd’h u i, est
situé au sud-est de la Nouvellc-Rretagne vers
le dixième degré de latitude méridionale. D
se compose de dix ou douze iles et d’un grand
3.
58
LE S M E R V E IL L E S
nombre d’ilots déserts. Les îles ont au contraire
beaucoup d’hahitans chez lesquels on découvre
quelques traces vagues de civilisation. Ceux
île Portland, l'une de ces îles, u’ont pas seu
lement des cases construites avec une régula
rité qui paraît être le résultat de règle* posi
tives, mais ils en ont qui sont fort grandes et
semblent uniquement destinées à recevoir les
habitans dans les jours d’assemblée ou de réu
nion; ce ne sont peut-être que des magasins
communs ou des arsenaux. Ce qui peut le faire
penser niusi, c’est que plusieurs Anglais qui
y entrèrent virent un grand nombre de fais
ceaux de flèches suspendus aux poutres qui
soutenaient le toit. I.a case entière était en
tourée de vergers délicieux où l’igname crois
sait à côté de la datte et de la banane.
l.e$ Auglais virent aussi dans cette île un
grand village bâti sur le bord de la m er, et
défendu contre l’effort des vagues par un mur
ou parapet construit en blocs de pierre de
plus de quatre pieds de liant.
Les habitans se montrèrent remplis d’au
dace et de courage, soumis à des chefs et à
une sorte de discipline militaire. Leurs armes
sont l’arc , les flèches, les zagaies et la fronde.
Ils ont la tête laineuse, peu de barbe,les traita
assez réguliers et le teint moins noir que celui
des nègres. Ils nagent et plongent avec une
facilité prodigieuse et laissent voir beaucoup
DK L A M A T U R E .
5g
et de force dans tous Tours exercices.
Outre qu’ils visent très juste avec leurs flèches,
ils les lancent avec tant de vigueur qu’une de
ces flèches traversa le bordage du bateau de
Carteret et blessa un officier à la cuisse; elle
avait à la pointe une pierre aigue; il ne pa
rait pas que ces insulaires possèdent aucun
métal.
Leurs pirogues sont de planches assemblées
avec a r t , et ornées de sculptures et de coquil
lages; les coutures sont revêtues extérieu
rement d’une sorte de mastic très solide, im
pénétrable à l’eau.
d ’a d r e s s e
LttLE NORFOLK.
C e t t f . île , située par le v i n g t - n e u v i è m e
degré' de latitude sud, et le cent soixantehuitième de longitude à l’orient de Paris,
sert en quelque sorte de succursale à la co
lonie anglaise de Botauy-Bay ou port Jackson.
C’est là qu’on envoie les déportés qui se mon
trent le moins susceptibles d’amendement et
dont on craint pour les autres le mauvais
exemple.
Les approches de cette île sont partout dan
gereuses , et ses rivages inaccessibles pour les
6O
LES
M E R V E IL L E S
vaisseaux, qui n’y trouvent pas même une mé
chante rade où ils puissent mouiller. Du côté
du uord et de l'est, elle est entourée d’ une
ceinture de rochers coupés perpendiculairemcuL, et recouverts d’une couche épaisse de
lave qui a coulé autrefois du sommet de la
montagne qu’on voit s’élever au centre de File.
Cette lave, en sc refroidissant, a formé en
beaucoup d’endroits, au bord supérieur du
rocher, une espèce d’avant-toitqui a plusieurs
pieds de saillie; en d’autres endroits, l’écartemcnt. des rochers laisse couler des torrens très
rapides qu’il faut remonter pour pénétrer dans
les terres, ce qui n’est praticable que pour les
canots: encore faut-il que la mer ne soit pas
trop agitée.
Du côté de l’ouest, on a moins de diilicultés
à surmonter, mais comme le fond est partout
de corail, ce qui rend l’ancrage impossible,
les vaisseaux qui viennent du port Jackson se
voient souvent obligés de louvoyer pendant
un mois avant de pouvoir aborder. Turnbull
qui a parcouru les mers du Sud dans le com
mencement de ce siècle, fait de l’île Norfolk
la plus riante description. Elle est toute cou
verte d’arbres et de verdure; l’aloès, le p in ,
lu canne à sucre , l’arbre à pain , le cocotier,
le chou-palmiste y croissent naturellement;
la terre donne, sans engrais, deux récoltes
chaque année, l’une de blé de mai eu octobre,
D E LA S A T U R E .
6 l
Pautre de tuais de novembre en avril. Les ter
rains bas y fournissent d’exccllens pâturages,
où se nourrissent de nombreux troupeaux de
pores dont on fait l'approvisionnement du port
Jackson (1).
Il ne manquait â cette île que des hommes-,
les Anglais y ont jeté les fondcmcns d’une ville
qui renferme déjà mille lmbitans, pris dans
la masse des déportés ou colons libres. Les
plus mutins ou les plus incorrigibles parmi les
premiers sont transportés aux îles Népiu ou
Philips, voisines de Norfolk.
LA FORCE DU NATUREL CHEZ LES
NOUVEAUX- HOLLA N DAIS.
L e s habitudes d e l a vie sauvage ont tant
d’attrait pour les habitons de la Nouvelle-Hol
lande, qu’il est à craindre que tous les efforts
que fout les Anglais pour les civiliser ne soient
complètement infructueux. Durant le séjour
(i) On trouve dans l'intcricur plusieurs sources d'eau
douce, du cresson et des plantes anti-scorbutiques. Les bords
de U inrr sont ornés de choux-palmistes; la côte est poisson
ncusc. hes pins y acquièrent une grosseur prodigieuse et
s'élèvent en proportion, les bois sont peuplés de perroquets,
de pigeons, de râles et d'autres oiseaux, et les champs nour
rissent beaucoup de gibier.
62
LES
M E R V E IL L E S
de Turnbull au port Jackson , on conduisit à
Londres un Nouveau-Hollandais; il n’y éprouva
que de l’eunui et du dégoût pour tout ce qu’il
y vit. Un colon du port Jackson, comptant
sur les effets de l’éducation commencée de
bonne heure et bien dirigée, prit chez lui deux
cnfàns en bas âge, une fille et un garçon. Il
les lit élever avec le plus grand soin , tant pour
former leurs mœurs que pour orner leur es
prit de connaissances utiles. Ils ne furent pas
plus tôt arrivés l’un et l'autre au terme fixé
pour le temps de leur éducation que , s’affran
chissant de toute dépendance et se dépouillant
de leurs vêtemens européens, ils s’enfuirent
tous deux au milieu des bois, beaucoup d’au
tres essais du même genre n’ont pas mieux
réussi.
LT LE WAIGIOU.
C e t t e ilequcseshnbi tans nomment O uorijo
et qu’on trouve presque sous l’équateur vers
le cent vingt-neuvième degré de longitude
est de Paris, s’élève considérablement audessus du niveau de la mer. Elle est toute cou
verte de très grands arbres, à l’ombre desquels
les insulaires construises leurs cabanes sur
des pieux dont la hauteur est de sept ou huit
D E LA M A TU R E.
63
pieds. La charpente de ces cases est de bois de
bambou ; des feuilles de latanier en Forment
la couverture.
L’ilo renferme tin grand nombre d’oiseaux ;
on y trouve surtout «les poules sauvages qui
sont à peine de la taille d’une perdrix c^qui,
disent les voyageurs menteurs ou crédules,
pondent des oeufs de la grosseur de ceux d’une
oie. Les insulaires sont de couleur noirâtre-,
ils ont les cheveux frisés, mais assez, longs.
Leurs armes consistent en «1e longues lances
armées par le bout d’une pointe de fer ou d’os:
ils se servent aussi très adroitement d’arcs et
.de flèches. Ils ont beaucoup de relations avec,
les Chinois et surtout avec les M alais, de qui
probablement ils descendent.
Le sol de l’ile est d’une grande fertilité; il
produit abondamment des cocos, des oranges;
des papayes, des ignames, des pamplemouses,
des citrons, des bananes et beaucoup d’autres
fruits.
IDOLES DE LA NOUVELLE-ZÉLANDE.
L es Nouveaux-Zélandais «le la «:ôte nordest , observés par M. «le Surville, ne sont point
dépourvus d'idées religieuses. Presque tous por-
64
LE S
M E R V E IL L E S
tent suspendus à leur cou, en guise d'orne
ment ou plutôt comme une amulette, une
petite figure à forme humaine, représentée ac
croupie sur les talons; et quand ils montrent
aux étrangers cette idole, ils regardent le ciel
en joignant les mains, ce qui semble indiquer
que c’est dans les cicux que réside l’être dont
cette figure est l'image et que c’est à lui qu’ils
adressent leurs vœux. Ces idoles sont d'une
pierre très dure à laquelle ils donnent un poli
parfait; ils leur font des yeux de nacre do
perle, et ce qui a droit d’étonner c'est qu'ils
façonnent ainsi la pierre saus le secours d’au
cun métal; leurs outils ne consistent qu’en
coquillages ou en pierres tranchantes.
Ces insulaires ont la taille haute, les traits
réguliers, le teint basané, les cheveux longs,
les jambes très grosses et presque enflées. Leur
vêtement consiste en une grande natte de
jo n c, dont ils s’enveloppent, et eu pelisses de
peaux de chien. Us se nourrissent île poisson
qu'ils font cuire sur des cailloux rougis au feu;
ils mangent au lieu de pain la racine de fou
gère, après l’avoir bien battue pour l'attendrir.
Pour éviter les surprises de leurs ennemis, ils
construisent leurs habitations sur des rocs d'un
accès difficile; cette précaution n’est point
superflue, puisque les peuplades sauvages de
ces contrées tuent et dévorent leurs prison
niers. Leurs cases sont petites, longues, basses,
D E LA K A T U R E .
65
étroites. Ib fabriquent leurs barques et tous
leurs ouvrages en bois avec, une hache de
pierre qui ressemble à l’ardoise par la forme
et par la couleur, non par la dureté.
On a vu chez eux îles cordages de chanvre*
on ignoresi le ch ainrc croit dans leur île ou
si ces cordages viennent des Européens ou de
leurs voisins. Us recueillent sur leurs rivages
une résine transparente que les Ilots de la mer
y déposent. Cette résine donne eu brûlant une
flamme très claire, et il s’en exhale une odeur
douce et suave.
MOUSTIQUES DE GUAHAM.
I . ’ i l b de Guaham l’une des Mariaucs est
décrite par le commodore Anson connue un
lieu enchanté sur lequel la nature a répandu
avec profusion ses trésors les plus doux. .Mais
au milieu de ses vertes prairies émaillées de
fleurs, de ses vergers délicieux, de ses forets
antiques de palmiers et de bananiers, on est
tenté de sc demander avec amertume pour
quoi celte nature qui là s’est montrée si
rich e,si variée et si complaisante, fait payer
tous ces avantages aux hahitaus de ces lieux
par d'innombrables essaims de moustiques qui
66
LE S
M E R V E IL L E S
les fatiguent, les tourmentent et les dévorent
la nuit comme le jour.
Il n’est pas possible aux Européens de se
faire une juste idée de l’incommodité que font
éprouver ces insectes dont on peut regarder
I’cxistencc comme un vrai fléau. Les officiers
de l’expédition du commodore Byron qui prit
terre dans la rade de Guaham eu 1765 ayant
voulu faire une excursion dans l'intérieur, con
trariés par les mauvais chem ins, les buissons
épineux qui rendaient les forets impénétrables
et surtout par la chaleur brûlante du soleil,
ne souffrirent de rien autant que «les mous
tiques. Ils en étaient couverts de la tête aux
pieds; s'ils ouvraient la bouche pour parler,
elle en était remplie à l’instant, et ces insectes
pénétraient jusque dans leur gorge.
ILE DES COCOS, DE L’ARCHIPEL
DES NAVIGATEURS.
L’i l e des Cocos, à quarante lieues environ
vers le sud de l’archipel des Navigateurs, doit
le nom qu’elle porte aux superbes cocas qu’elle
produit. Elle a la forme d’un pain de sucre
très élevé, d’une lieue de diamètre à sa base.
Ce qu’il y a de plus extraordinaire, c’est de
D E LA. N A T U R E .
67
voir la surface entière de l’îlc , depuis le bord
de la mer jusqu’au plus haut sommet, toute
couverte de cocotiers; on dirait d’une pyra
mide de verdure.
A une petite lieue de Pile des cocotiers on
voit celle que Sckoutcn a désignée sous le nom
d’ile des Traîtres; elle est basse et unie; un
bras de mer de cent cinquante toises de large
la divise en deux.
Outre leurs beaux cocos, ces deux îles pro
duisent des ignames et des bananes que les ha
bitera échangent pour des rassades, des clous
et des morceaux de fer. Ils mettent dans leurs
manières avec les étrangers plus de bonne foi
que les Maounie ns, quoiqu'ils soient évidem
ment de la même r a c e . puisqu’il y a confor
mité de goûts, de lungage, de moeurs et de
physionomie dans les deux peuples. Toutefois
ils sont moins grands, et leur taille n’excède
pas celle des Européens.
ARCHIPEL DES AMIS.
C f. t a r c h i p e l s e c o m p o s e d ’ e n v i r o n c e n t c i n
q u a n t e île s d o n t la p l u p a r t n e s o n t q u e d e s
r o c h e r s i n h a b i t é s , ta n d is q u e le s a u t r e s , p a r
u n s i n g u lie r c o n t r a s t e , s o n t lia sses e t p l a t e s ,
68
I.E S
M E R V E IL L E S
et s’élèvent à peine au-dessus du niveau de la
mer. Cette circonstance pourrait faire penser
que toutes ces îles formèrent autrefois une
grande terre dont les parties basses ont été
submergées par l’effet des invasions de l’Océan,
lui plus considérable de toutes ces îles est celle
de Toungatabou; sa surface est bien cultivée,
et l’on y voit de rians vergers; mais le terrain
est loin d’être fertile comme celui des îles dos
Navigateurs; la nature y a besoin, pour pro
duire , du travail de l’homme.
I-n nécessité d’être agriculteurs a rendu ces
insulaires industrieux, et s’ils sont obligés
d’arroser de leurs sueurs les champs qu'ils cul
tivent , ils sont dédommagés de leurs fatigues
par les découvertes qu’ils ont faites daus les
nrts utiles et leurs progrès dans la civilisation
beaucoup plus "avancée chez eux que pnrmi
leurs voisins.
Les cases des insulaires ne sont pointréunies;
on les voit éparses dans les campagnes. Chaque
famille habite auprès du champ qui lu nourrit.
Quant à leur origine, s’il faut en juger par des
raisons d’analogie, on peut dire qu’ils sont de
la même race que les habilans de Maouna;
cependant ils n’ont ni une aussi haute taille
ni des traits aussi durs; rien o’annoncc en eux
la férocité comme dans les Maouniens : il est
à présumer que cette différence daus les pro
portions physiques, et même dans l’expres-
1>E L A
SATURE.
69
sion de lu physionomie vient de l'action du
climat et du s o l, et d’autres causes locales qui
out déterminé ^avancement des idées sociales.
Une coutume singulière qui existe chez tous
les habitons des îles des Amis, c’est celle de se
couper les deux phalanges du petit doigt de la
main gauche, lorsqu’ils viennent à perdre un
parent ou un ami.
INDUSTRIE DES INSULAIRES DE LA MER
DU SUD.
L e s superbes produits de l’industrie euro
péenne sont faits pour exciter l’admiration la
plus vive*, car on ne peut les voir sans être
frappé de cette idée que les puissances de
l’homme ne s’arrêtent que lil où commence
d’agir la puissance suprême de son Créateur.
L’homme ne peut sans doute changer les lob
immuables de la nature ni se soustraire luimême à leur effet *, mais tout ce que .le Créateur
n’a point réservé pour lui-même, l’homme,
l’être créé peut le concevoir et l’exécuter.
Toutefois quand on réfléchit que ce n’est qu’a*
prês bien des siècles, eu profitant de toutes les
découvertes faites jusqu’il lui et par le secours
d’instrumens qui de jour eu jour sc perfec-
70
LES mkryf.il i .es
donnent, qu’un Européen peut enfanter aujour
d’hui ces prodiges d’industrie qui nous surpren
nent; il semble qu’il faut mettre des bornes au
sentiment qu’on n d’abord éprouvé, et res
treindre pour ainsi dire la part du mérite qui
revient à l’artiste.
Mais plus ce dernier est privé de secours
accessoires plus cette, part de mérite s’accroît;
et la reconnaître c'est lui payer un juste tri
but. Ainsi, A l'aspect de çcs tissus merveilleux
de l’ Inde, dont la finesse et In beauté surpas
sent tout ce que nous aurions pu concevoir,
il est permis, ce me semble , d’admirer fran
chement et sans restriction : on sait que les
tisserans hindous fabriquent leurs inimitables
étoffes sur des métiers composés de deux pièces
de bois liées par deux traverses et soutenues
horizontalement par quatre pieux, à peu près
comme les métiers de nos matelassiers. Cepen
dant une observation nuit encore à l’estime
qu’on peut faire de l’habileté des ouvriers
hindous : d’après une ancienne règle qui ne
souftre point d’exception, le fils est obligé
dans l’Inde d’exercer la profession de son
père; dès sa plus tendre eufanee, l’artisan
doit former ses mains au travail qu’il fera
toute sa vie, de sorte qu’à sa propre expérience
il réunira l’expérience héréditaire de trente
ou quarante siècles.
Mais ce qui est vraiment digne de notre at-
D E LA. N A T U R E .
71
tention. CO qui montre bien que la puissance
de l’homme est en lui-même et dans son génie
plus encore que dans les procédés qu’il met
en usage, ce sont les ouvrages simples, sou
vent grossiers mais toujours merveilleux , de
ces peuples sauvages qu’à des époques qui
nous sont inconnues la main du Tout-I’uissant
a jetés au milieu du vaste océan. Ici rien n’est
dû à la perfection des instruinens : tout est le
produit de la patience, de l’adresse et de l’ima
gination.
Pour ne citer qu’un exemple, ne parlons que
des Otaïticns et de leurs ustensiles de pêche,
delà charpeute de leurs maisons et de la cons
truction de leurs pirogues. Us ont des hame
çons de nacre, aussi délicatement travaillés
que s’ils étaient l'ouvrage de nos meilleurs ar
tistes; leurs cases, dont le cocotier et le latanier fournissent les m atériaux, feraient hon
neur à nos plus habiles charpentiers. La texture
des feuilles qui en composent la couverture,
leurs étoffes d’écorce de mûrier non tissues,
leurs nattes «le plusieurs sortes, tout se re
commande à l’attention de l’observateur : il
ne faut pas oublier que pour façonner leur
bois ils n’ont pas d’autres outils qu’une horminette de pierre et des coquillages pointus; que
pour fabriquer leurs étoiles ils n’emploient
qu'un morceau de bois, dont ils battent les
filameos qu’ils détachent l’un après l’autre de
72
LE S M E R V E IL L E S
l’écorce qui les coulieul; que pour leurs filets
et tous leurs tissus ils ne font usage que de
leurs mains.
ARBRES DE LA NOUVELLE-ZÉLANDE.
S u r la c ô t e orientale d e la Nouvelle-Zélande,
vers le trente-cinquième degré de latitude mé
ridionale, on découvre une contrée boisée
qu'arrose une large rivière que sa ressemblance
avec la Tamise lit nommer de ce nom par le
capitaine Cook. Il n’est point sur la terre,
dit le célèbre navigateur, de plus superbes ar
bres que ceux q u i, sans soin et sans culture ,
croissent dans ces parages solitaires. Mesurés
à la hauteur d'une toise, tous ces arbres ont de
quinze à vingt pieds de tour, et quatre-vingtdix pieds au inoinsde hauteur depuis les racines
jusqu’à la naissance des premières branches.
Tout le reste est en proportion avec ces di
mensions colossales. Le bois de ces arbres est
pesant et solide, propre à faire d’excellentes
planches; et comme il a , de même que le
piu, la propriété de devenir léger par dessica
tion , on pourrait en tirer de très bons mats.
Les bords de la rivière sont cou verts de bois,
de plantes et de verdure; elle forme à son cm-
DE LA
70
M ATURE.
b ouch ave UjïO vaste baie de quatorze lieues de
long et de trois ou quatre de large. Dans quel
ques parlies ses rivages sont marécageux., en
d’autres ils offrent des îlots bien boisés-, a son
entrée du côté de la mer, est une longue chaîne
de rochers qui eu défend l’intérieur contre la
marée et le ve n t, de sorte que l’ancrage est
sûr dans toute la baie. I.es naturels qui habi
tent près de ees lieux et dans le voisinage de
la mer sont grands et bien faits, mais ils se
barbouillent le corps d’huile et d’ocre rouge.
Ils sont industrieux si l’on en juge d’après leurs
pirogues qui sont solidement construites et
soigneusement sculptées.
SAUVAGES DE BOTANY - BAY.
L a côte d e Botany-Bay dans la NouvelleHollande fut découverte par le capitaine Cook
dans son premier voyage; clleest médiocrement
élevée. La baie dont l’entrée n’a guère que deux
cent, cinquante toises de large, oll're aux vais
seaux de bons mouillages avec les moyens de
faire de l’eau et du bois, l,a mer y est poisson
neuse, ses rivages se couvrent de coquillages
excellons, et les terres voisines produisent tant
O CKA NI X.
4
74
1.F.S M E R V E IL L E S
de plantes, la plupart nouvelles pour les An
glais à l’époque où ils y abordèrent, qu’ils lui
donnèrent le nom de Baie botanique.
Ils y trouvèrent une race d’hommes d’un
naturel si sauvage, que tous les cflbrts pour
former avec eux quelque liaison furent en
tièrement perdus. Ou les voyait armés de lon
gues piques et de lames tranchantes de bois
courir sans vêt omens sur le bord de lu m er; et
tout en invitant par leurs gestes les Anglais à
descendre à terre, ils les menaçaient et leur
lançaient des pierres et des javelines. Ils avaient
le visage saupoudré de terre ou craie blanche,
et de larges raies de la même couleur se dessi
naient sur leur corps noir et luisant. Ces raies
tombaient obliquement des épaules sur les
reins, en se croisant sur le dos et sur l'estomac
comme les bandoulières de nos soldats, mais
autour des jambes et des cuisses elles for
maient des cercles réguliers. Quelques-uns va
quaient sur le rivage A leurs occupations or
dinaires; ils regardaient les Anglais sans cu
riosité comme saus crainte et sans surprise;
mais à peine ceux-ci descendaient-ils de leurs
chaloupes, qu’ils fuyaient dans les bois en
poussant de grands cris. Les Anglais entrèrent
dans leurs cases et y déposèrent quelques pré
sens: les naturels n’y touchèrent point, et l’on
ne put réussir par aucun moyen à les rendre
moins farouches ou moins méûans.
DE
LA 3 A T U K E .
75
ILE PALMERSTON.
C e t t e île, qu’avec peu de soiu on pourrait
convertir eu uu lieu de délices, est comme la
plupart des petites îles de la mer du Sud, l’ou
vrage des polypes. Elle se compose de plu
sieurs îlots rangés cireulairement, et ne s’élève
que de trois pieds au-dessus du niveau de la
mer. Des débris de corail, mêlés d’un terreau
noirâtre que produit la décomposition des vé
gétaux ont recouvert les rochers d’une couche
épaisse et fertile sur laquelle sont nés des ar
bres. des buissons et des plantes de plusieurs
sortes. Les oiseaux du tropique, au brillant
plumage, y déposent leurs œufs par milliers.
Uu lac d’eau limpide occupe le centre de
file ; dans le fond uu rocher de corail se pro
jetant sur l’eau 0Aie sous scs voûtes la fraî
cheur et l’ombrage. Des stalactites, des con
crétions nombreuses, sous toutes les formes,
ornent les bords du lac; des coquillages de
plusieurs couleurs éu..iellcnt sur le sable; des
poissons rouges, bleus, jaunes, se jouent sur la
surface de l’eau. Des .anguilles., à la peau ta
chetée, se montrent duns le creux des rochers
et, quand on s’avance vers elles, ou les voit
élever leur tète et menacer de leurs dents lt*
main qui les poursuit.
76
LES
M E R V E IL L E S
Le cocotier sc plaît
Fait partie de Merveilles de la nature et de l'art dans les cinq parties du monde : Océanie