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Le drame Serbe
Lorsque les troupes allemandes et austro-hongroises occupent la Serbie et l’Albanie, les ordres
supérieurs intiment de façon catégorique aux troupes de la Triplice de ne faire preuve d’aucune
humanité vis à vis de l’armée serbe en déroute et des populations qui les accompagnent.
Les Serbes ont résisté aux Autrichiens pendant plus d’un an. Mais l’intervention des unités allemandes aux côtés
des autrichiens va changer la donne. Le 6 octobre 1915, Belgrade est bombardée. Plus de trente mille obus tombent sur la ville.
Malgré la résistance héroïque du Général Grokovitch, la ville tombe le 9 octobre. Avec l’entrée de la Bulgarie dans la guerre, les Serbes sont
attaqués au nord et à l’ouest. La première armée bulgare passe à l’offensive au nord-est. La seconde armée bulgare l’empêche, au sud, de se
replier et ferme toute intervention de secours des Alliés. Le 23, la ville d’Uskub est prise. La 11ème armée allemande et la 3ème armée autrichienne
sous la conduite d’August Von Mackensen referment la tenaille. La route du Vardar et de Salonique est fermée aux Serbes.
L’armée serbe et les populations civiles qui se sont jointes à elle sont contraintes à la retraite sous peine d’encerclement et de destruction.
La tentative de retraite vers le sud de la Macédoine est un échec. Les Serbes doivent refluer vers l’Ouest, vers l’Albanie dont les sommets sont
déjà enneigés, harcelés par des partisans albanais ou des groupes de brigands. Le froid sévit. Les Serbes affamés et épuisés se replient dans des
conditions extrêmes pour atteindre les rivages de l’Adriatique défendus par leurs alliés italiens qui occupent les deux grands ports de l’Albanie,
Valona et Durazzo. Le 6 janvier, les soldats exténués de l’exode serbe sont embarqués par les navires alliés pour l’île de Corfou et débarquent à
proximité de l’Achilléion, la résidence estivale de l’empereur Guillaume II.
Survivants serbes de l’exode.
Quatre hôpitaux de campagne des services de santé français, soient trois mille
cinq cent lits, accueillent les malades serbes. Parmi eux, le capitaine major
médecin de 1ère classe, Fernand Cassiau qui n’a pas suivi le mouvement de
l’exode serbe et a été évacué par une autre voie.
La citadelle de Corfou investi par les chasseurs alpin.
Collection privée
La Résidence Achilléion à Corfou est transformée en hôpital militaire. L’île de Corfou est occupée dans la nuit du 10 au 11 janvier 1916 par une
force d’occupation constituée du 6ème bataillon de chasseurs français. Le 10 avril, les chasseurs sont relevés par le 10ème bataillon territorial de
zouaves qui étend la défense de Corfou au large de l’île. Parmi ces chasseurs alpins, se trouve Louis, Auguste, Eugène Delfieu né à Taravao de
Tahiti le 29 juin 1884, fils de Louis Delfieu1, un Français d’Alès, directeur de la prison de Papeete et de Nina Atger. Boursier de la colonie, Eugène
a obtenu une licence en lettres et en sciences. Il est professeur de sciences au collège de Menton dans les Alpes-Maritimes quand il est mobilisé
début 1915 et incorporé dans le 6ème Bataillon de Chasseurs alpins. Louis, Auguste, Eugène Delfieu prend part ensuite à labataille de la Somme.
Cité : séparé de sa section, a porté son escouade en avant malgré le tir des mitrailleuses ennemies, a fait des prisonniers. Ce fait d’armes lui vaut le
grade de Sergent et la Croix de Guerre. Le 16 avril 1917, il est grièvement blessé devant Craonne (Aisne), la cuisse droite brisée et les deux mains
trouées par des éclats d’obus, sans compter de nombreuses éraflures au côté droit.
1 La famille Delfieu est bien connue des citadins de Papeete des années 1910-1920. Deux de leurs filles mourront en 1918 de la grippe espagnole. Eugène reste en France après la guerre pour ses soins. Il décède à Menton le 2 mars 1963.
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