Poilus Tahitiens_PANNEAU 6 Aux tranchées BIS.pdf
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Dès 1915, avant même le départ des premiers contingents de conscrits tahitiens, des fils de souches polynésiennes demies, des natifs de Tahiti,
collégiens ou étudiants, volontaires ou incorporés en France se battent déjà dans les tranchées.
Marcel Fléjo est incorporé dans le 21ème Régiment d’infanterie coloniale puis devenu aspirant est versé au 1er régiment de zouaves.
Il est grièvement blessé le 16 juin 1915 ;
Albert Claude Octave Matohi Guillot est engagé volontaire dans le 19ème bataillon de chasseurs alpins. Il est porté disparu le 21 juin 1915
à Notre Dame de Lorette ;
Adrien Lepage de la classe 1914 est incorporé à Nantes en mars 1915 et versé au 113ème Régiment d’infanterie, le 23 mars 1915. Adrien, Simon,
Jean-Baptiste Lepage est né le 16 octobre 1894 à Papeete. Il est le fils de Sébastien Cyprien Lepage, négociant et de Marie Céline Amiot.
Il est nommé caporal, le 14 juillet 1915 et affecté au 57ème Bataillon de chasseurs alpins. Il est nommé Sergent, le 1er février 1916.
Le jeune sergent tahitien est titulaire de trois citations dont : S’est offert volontairement pour faire une patrouille et avoir des prisonniers.
Est revenu avec deux prisonniers sans avoir éprouvé la moindre perte. Déjà cité deux fois, sergent de sang-froid et de courage s’est présenté
comme volontaire pour faire sauter un poste de mitrailleuse ennemie qui gênait les opérations de relève.
A réussi dans sa mission et a ramené un prisonnier. Sergent dévoué montrant le plus grand mépris de la mort.
Pierre Alphonse Bernière sert au 21ème d’Infanterie coloniale. Il est grièvement blessé le 25 septembre 1915
lors de la grande offensive de Champagne.
Cyrille, Marie Dauphin, né le 19 août 1895 à Huahine, aux Iles Sous le Vent, de la classe 1915 est affecté au 2ème régiment du Génie
comme 2ème sapeur le 5 février 1915. Il passe au 19ème bataillon du Génie le 31 mai 1915 pour être engagé en Belgique.
Blessé et évacué le 18 juillet 1918.
Edouard William Tetuanui Ahnne, étudiant en chirurgie dentaire en Europe s’est engagé au 35ème de ligne de Besançon.
Léonce Rodolphe Brault junior s’est enrôlé dans la cavalerie puis est versé dans l’artillerie. Il est gazé à Verdun.
Le médecin Fernand Cassiau a embarqué avec l’autorisation du gouverneur le 30 août 1914 pour Marseille pour s’engager à
quarante-trois ans. Il a été versé au 117ème régiment d’infanterie territoriale. Il arrive au corps en novembre 1914. Le 117ème Régiment
d’infanterie territoriale occupe les Grandes Loges en Champagne depuis que le front s’est stabilisé après la guerre de mouvements et s’est enterré. Cassiau décrit les réseaux et la vie dans les tranchées :
Je voudrais avoir la plume d’un peintre pour te décrire ce que sont nos tranchées puis la pénible vie qu’on y mène. Imagine toi que depuis la mer du nord jusqu’à la Suisse, en suivant une ligne brisée sur environ
quatre cent mètres, existent des réseaux de tranchées presque incroyables. Sur trois rangées séparées l’une de l’autre de cent à deux cent mètres et dans des positions tactiques déterminées sont
des canaux profonds d’un mètre quarante environ. La terre qui a été retirée a été jetée des deux côtés augmentant ainsi la profondeur et formant comme une protection pour
la tête des hommes qui sont debout nuits et jours dans ces excavations. Au-dessus de ces protections ont été aménagées, de distance en distance des trous
Pierre Alphonse Bernière.
bordés de sacs de terre et qui constituent de véritables créneaux de quinze à vingt centimètres de côté par lesquels passent les Lebel pointés dans la
direction de l’ennemi, qui de son côté est réfugié dans des tranchées analogues avec les mêmes dispositifs de créneaux, de protections et autres,
et comme nous constamment à l’affût.(…) Cette longue, longue ligne de tranchées est divisée en régions qui sont réparties en secteurs et en
sous-secteurs, avec des chefs ou des commandements spéciaux pour chaque élément, car toutes les armes y sont représentées (…)
une série interminable de régiments d’infanterie depuis la Suisse à la Belgique, avec toutes les troupes de compléments et d’autres qui
doivent entrer ensemble en action le moment venu ou convenu.
La vie dans les tranchés. Cassiau la décrit : Occupation des tranchées avec le 100ème Régiment d’infanterie et les détachements de toutes
les autres armes pour quatre jours car la vie dans les tranchées est épouvantable. Les tranchées sont insuffisamment hautes,
les hommes doivent se courber. Un homme a reçu une balle entre les deux yeux en observant à l’extérieur. Il y a trois rangées de
tranchées distantes l’une de l’autre de deux à trois cent mètres et reliées entre elles par un boyau creux tortueux. La 1ère tranchée n’est
qu’à cent mètres de la première tranchée ennemie. Les mouvements et le ravitaillement ne peuvent se faire que la nuit sans la moindre
lumière. (…) Une humidité malsaine nous étreint les jambes tandis qu’un air glacial nous paralyse la tête.
Pauvres hommes de trente à quarante-quatre ans qui sont soumis aux plus extrêmes rigueurs physiques
et atmosphériques. Je gèle moi-même (…) je n’avais jamais autrefois souffert du froid.
Dans une lettre datée de décembre 1915, Cassiau raconte : Nous sommes rentrés des tranchées
neuf jours après au lieu de sept sans quitter nos vêtements à cause de la prolongation de l’action
engagée le 20 dans notre région. Cette action coûta la vie à deux mille huit cent dix hommes de
nos troupes de couleur (marocains et sénégalais). Notre régiment envoyé vers Merrehauld a aussi
eu des pertes. Le capitaine Jacquemin a eu la poitrine traversée par une balle, le sous-lieutenant
Lamolassi blessé, l’adjudant Jullian et sept hommes ont été tués.
Traqués par l’ennemi, les territoriaux défendirent chèrement leur peau à la baïonnette malgré
le fait qu’ils soient des pères de familles de plus de quarante ans.
AUX TRANCHÉES
1
1
Les sorties se font par
des échelles et au
pas de courses
2
Le peu de profondeur
des tranchées impose
aux observateurs l’emploi
d’un périscope
3
Des caisses de munitions
sont disposées à divers
points de la tranchée
4
Le « gourbi »,
abri sommaire, creusé
dans la hauteur du mur
5
Observatoire élevé,
brièvement occupé
car très exposé
2
Fonds Meuel
Fonds Palazc
5
3
4
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