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OPÉRATIONS DE POLICE EN NOUVELLE CALÉDONIE
A partir de 1917, la Nouvelle Calédonie connaît un mouvement insurrectionnel.
A la fin de l’année 1916, les recrutements forcés dans les tribus mélanésiennes du Nord font que beaucoup des hommes prennent la brousse et vont constituer les troupes de chefs de guerre.
La battue aux volontaires par les recruteurs s’accompagne de peines d’emprisonnement de quinze jours pour les chefs et d’amendes. Le chef Noël a été investi par ses pairs comme chef de
guerre. Il exhorte les Canaques à la guerre contre les blancs plutôt que d’être incorporés dans leur rangs et partir au front. Après des actions de guérilla sanglantes, traqué, trahi Noël sera tué
et décapité par un colon arabe du nom de Ahmed Ben Mohamed.
Deux sections de la compagnie d’infanterie de marine, des gendarmes de la brigade de Koné vont mener campagne contre les récalcitrants. Cent soixante-quinze Tahitiens en station en
Nouvelle-Calédonie vont renforcer leurs rangs pour pacifier, puis réprimer les insoumis. La stratégie repose sur une démonstration de force, marche de colonne militaire, encerclement voire
destruction de villages avec un minimum de combats pouvant occasionner des pertes des deux côtés. Dans les tribus alliées qu’ils traversent, les Tahitiens font le spectacle par leurs danses
et leurs chants auxquels répondent à leur tour les Canaques par leurs chœurs et en faisant la coutume. Parfois, c’est l’affrontement. Le 28 juin un coup de fusil est tiré de la crête. Les tirailleurs
tahitiens ripostent sans qu’un ordre de feu leur ait été donné. Le soldat tahitien Tioroa a la cuisse traversée par une balle. Le tahitien Daniel Richemond dit Fanai est blessé lors d’une
escarmouche à Tipindje pour être évacué le 3 octobre 1917 sur Nouméa. Dans la nuit du 8 au 9 juillet, la troupe composée de tirailleurs tahitiens partent en direction de Wenkout (Tipindjé) pour
tenter de saisir le chef rebelle Caweath qui avait donné l’assaut à un détachement de marins. Les cases sont incendiées et quelques femmes et enfants du village blessés. Au retour de sa mission
punitive, le détachement exécutant des feux de salve pour prévenir les embuscades, est attaqué au passage d’une rivière dont le courant était violent. Les rebelles cachés dans la brousse tirent
sur la troupe au moment où elle traverse le gué. Pris sous un feu croisé, deux hommes s’écroulent. Le soldat tahitien Eliezera Titeraa Mai de Faa’a est touché en plein cœur. Le second, un breton
Jean-Baptiste Marec est grièvement blessé. Le cadavre du Tahitien est abandonné pour regagner le poste afin de sauver Marec qui saigne abondamment. Il décède deux jours plus tard.
Le lendemain matin, une patrouille fortement armée repart vers le creek pour récupérer la dépouille mortelle du tahitien et lui donner une sépulture. Horreur ! Le corps du Tahitien a été dépecé.
Il ne reste de lui qu’un os de la cuisse et quelques débris sanglants. Un nommé Saibé l’a dépecé pour le porter à Paetou. Paetou est le sorcier de Pombei, village de la haute Tiwaka.
Cuits sur des pierres chaudes, les morceaux ont été partagés entre le sorcier et les vieux de la tribu. Le foie a été placé dans une feuille de bananier et remis par Caweath à Noël
en réponse à la monnaie noire (la monnaie noire est une alliance de guerre scellée), que le second avait envoyé réconciliant les deux anciens ennemis.
Après cette mort violente au combat et le sort terrible réservé à son corps, Elizera a Mai est cité.
Archives de Nouvelle Calédonie
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