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Les grands convalescents tahitiens
Les maladies ont plus décimé les rangs des coloniaux tahitiens que les balles et les obus allemands.
Malgré l’exemption de beaucoup de jeunes gens à cause d’handicaps physiques, les critères de sélection
n’empêchent pas l’envoi à Nouméa de nombreux volontaires inaptes au service armé et leur renvoi à Tahiti
voire leur hospitalisation et leur décès. Ceci démontre amplement le mauvais état sanitaire des E.F.O,
alors quasiment dénué de médecins. Certains des réformés décèderont sur le chemin du retour vers Tahiti.
Nouméa est venteux et frais. Les Tahitiens résistent difficilement à l’hiver calédonien.
Un médecin major commente : Les Tahitiens, qui pourtant ont l’aspect de colosses, n’offrent que très peu de
résistance à la maladie, et les points faibles chez eux sont la poitrine et l’intestin (…).
Le nombre des adénites est également très grand, quelques-uns sont d’origine tuberculeuse,
mais la grande partie est due à de la filariose (…).
Il s’interroge sur leur comportement en France quand ils auront à faire les frais d’un entraînement autrement intensif
que celui auquel ils ont été soumis en Calédonie.
Les contingents partis de Nouméa vers la France accuseront aussi des décès à bord de tirailleurs tahitiens. À bord du vapeur
El Kantara ramenant le corps expéditionnaire tahitien en 1919, Maui a Temauri de Haapiti et Teriihaetua a Faufau
dit Teura, décèdent respectivement le 4 juin et le 14 juin 1919.
Tautu a Opuhi d’Afareaitu dirigé sur Tahiti par l’Asie, décède à Saigon
le 12 novembre 1919.
Certains décéderont de leurs blessures de guerre ou de maladie
contractée en service juste après avoir retrouvé leur terre natale.
Tetuanui a Nuu dit Punaa d’Afareaitu, blessé deux fois en France,
est hospitalisé à son retour le 29 juin 1919.
Il décède à Mataiea le 15 août 1919.
Hiromarama a Ruai et Tefaatau a Teihotaata a Vairaa hospitalisés
le jour de leur débarquement à Tahiti le 28 juin 1919
décèdent tous les deux le lendemain à l’hôpital de Papeete.
Teriiruea a Heimanu né le 30 août 1893 à Mataiea,
rapatrié que le 7 juin 1921, décède à Papeete
le 1er septembre 1921.
Félix Huitoa a Aitamai, né le 6 novembre 1897
à Punaauia, blessé dans le ravin de Saconin
le 19 juillet 1918 et débarqué à Tahiti le 28 juin 1919
entre à l’hôpital de Papeete du 22 juillet 1919 jusqu’au
16 août 1919. En permission de sortie, il décède
le 18 août 1919 dans ses foyers.
Taaroa Maituraia Toheira né le 3 mai 1896 à Tautira
décède le 28 août 1919 ;
Tiafariua Tai né le 1er février 1897 à Punaauia décède
à Vairao le 14 septembre 1919. La rigueur du climat
européen, les privations, la fatigue et les souffrances
plus que les combats ont eu raison de la santé des
coloniaux tahitiens. Dans un livre culte Water colors
South of France 1918-1919, l’infirmière américaine
Susan Farley Nichols raconte les convalescences de ces
soldats tahitiens hospitalisés dans l’hôpital auxiliaire
Célina Langomazino née Martin,
n° 203 de Cannes où elle exerce. Ses enfants, comme
mère du volontaire John Martin, Infirmière en 1918,
elle aime à les appeler sont souvent en phase finale. (…)
pose avec ses collègues de l’hopital de Papeete
Fonds Bambridge
Mais les vies de ces soldats malades sont comme les feuilles des arbres qui tombent avec le vent. Ces convalescents, jour après
jour se dessèchent comme des feuilles flétries que le Mistral de la région du sud fait tomber des arbres…
Ainsi, beaucoup de soldats tahitiens encore trop malades pour supporter le long voyage du retour ont été placés
dans les hôpitaux militaires du sud de la France où le climat est réputé plus clément. Avant-guerre la Côte d’Azur est
connue pour ses vertus médicales et notamment le traitement des poitrinaires. Ces jeunes hommes des îles sont tous
poignants de gentillesse et de simplicité. Leurs personnalités respectives vont toucher les infirmières qui les
accompagnent dans leurs derniers jours.
Avertissement : la liste des soldats tahitiens décédés dans les hôpitaux de France
n’est pas exhaustive et peut-être sujette à des orthographes erronées des patronymes.
Vont décéder à Cannes, Hôpital complémentaire auxiliaire n° 203 Continental,
les soldats tahitiens :
- Aroa Faatae né le 9 juillet 1893 à Papara. décède le 13 février 1918 ;
- Tavia Teihoarii né le 29 février 1896 à Tautira, décède le 1er avril 1918 ;
- Tetauroura a Terai né le 26 septembre 1891 à Haapiti, décède le 15 décembre 1918 ;
- Le caporal Joseph Aitamai a Tetiarahi né le 10 septembre 1898 à Faa’a, décède le 5 juin 1918 ;
- Taea a Tetuanui né le 17 août 1898, décède le 2 mars 1918 ;
- Teahui a Hopara né le 13 juin 1898 à Teavaro, décède le 27 février 1919 ;
- Teha a Moe né le 16 août 1889 à Arutua, décède le 3 avril 1918 ;
- Moohono a Manahio, né le 3 février 1897 à Papeete, décède le 17 octobre 1918 ;
- Paihura a Mouaura né le 28 avril 1894 à Tautira, décède le 13 août 1918 ;
- Teiho a Matehau, né le 3 mars 1898 à Tautira, décède de blessures de guerre le 4 avril 1919 ;
- Maitia a Maitia né le 28 août 1897 à Afareaitu, décède le 12 juillet 1919 ;
- Terevaura a Tapare fils de Manu a Tapare et de Tearaitua a Tati, né le 27 décembre 1896 à Afareaitu. Il avait participé aux
opérations de police contre les rebelles kanaks avant d’être dirigé sur Marseille le 10 novembre 1917 sur le El Kantara.
- Teriimanaa Tino né en 1896 à Afareaitu, décède le 14 juillet 1919 ;
- Tairua a Tehautapapa, décède
le 23 juillet 1919 ;
- Tetuanui Mereni a Taeae né le 17 août 1898
à Vairao, décède le 2 mars 1918 ;
- Nohorai (Nohoraiatuuaihenuaura)
a Haupuni, né le 12 mai 1892 à Tubuai,
décède le 20 août 1919 ;
- Alfred Mataihau Domingo né le
2 mars 1893 à Papeete, décède
de tuberculose le 14 août 1919.
L’église protestante a remis à chaque soldat tahitien parti de Tahiti, un recueil de prières.
Fonds John Doom
Les poilus Tahitiens décédés à Cannes n’auront pas tous sépulture chrétienne.
Leur rang de tirailleur leur a décerné par méconnaissance des fossoyeurs, la confession musulmane.
Photos P. Buquet
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