Poilus Tahitiens_PANNEAU 25 Victoire.pdf
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Victoire !
Iaorana Tamari’i Tahiti
Le Gouverneur publie : Les nouvelles reçues cette nuit, quoique très brouillées par les perturbations
atmosphériques, apportent sur la situation de la guerre des précisions d’une extrême importance. Il semble bien
en résulter que l’Allemagne a capitulé entre les mains du Maréchal Foch.
Berthe Rougier écrit dans ses carnets : La nouvelle est officielle …et à 10h, on sonnait les cloches à Papeete…
Cela serrait le cœur et les larmes coulaient. Une foule énorme se pressait dans les rues, toute réjouie et émue…
Chez les Brander, c’est une joie délirante, leurs cris et leurs chants parviennent jusqu’ici ainsi que le bruit de
leurs danses. Pour eux, comme pour tous les Tahitiens du reste la victoire est surtout une occasion de se réjouir
car ils ne savent rien des horreurs de la guerre.
Il y a que trente Tahitiens de morts sur les mille qui sont
partis. Six mois passeront cependant avant que le corps
expéditionnaire océanien embarque de Marseille
sur le vapeur El Kantara pour le Pacifique.
Le 28 juin 1919, le navire est signalé
vers neuf heures par le sémaphore,
salué par une salve de vingt et un
coups de canon.
Néanmoins, lors du voyage,
cinq Tahitiens sont décédés.
Extraits :
Des goélettes et des embarcations diverses chargées de musiciens et de choristes affluent vers la passe où
s’engage El Kantara qui stoppe en rade. Les Poilus massés sur tous les ponts du navire répondent par leurs cris
et de leurs bras tendus à tous les signes de bienvenue. Les Poilus débarquent et retrouvent leurs familles pendant
une petite heure avant de laisser place à la cérémonie officielle.
Mais si les populations sont sur les quais, beaucoup de parents des Poilus tahitiens sont néanmoins absents.
Ils ont été terrassés par la grippe espagnole. Les Poilus tahitiens apprennent alors avec de la peine la perte
de leurs parents, frères, sœurs et amis qu’ils ont laissés au fenua il y a trois ans passés.
Toutes les familles de la colonie sont endeuillées.
Vers treize heures, les troupes magnifiques défilent en grande tenue avec entrain malgré les fatigues du voyage et
la lourde chaleur. Les Hommes ont revêtu leurs capotes de drap bleu et portent leurs casques Adrian.
Les poilus tahitiens abhorrent fièrement leurs décorations. Le défilé part du débarcadère de la Douane pour
passer sous les arcs fleuris en forme de croix de guerre pour venir se ranger devant les tribunes édifiées le long de
l’avenue Bruat où ont pris place deux cent chanteurs, élèves des Ecoles de Papeete, les autorités et les familles.
A la tribune officielle, Mademoiselle Raoulx coiffée d’un bonnet phrygien tient un drapeau de soie tricolore que
le gouverneur remettra de ses mains à un poilu mutilé et décoré lors de son allocution.
Les chanteurs entonnent la Marseillaise.
L’émotion est forte.
(sources : J.O.E.F.O.)
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