B987352101_R229.pdf
- Texte
-
ENCYCLOPEDIE DE LA POLYNESIE 8
vivre
en
Polynésie 1
RîfiwIlï'W.'^&iSl
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ENCYCLOPEDIE DE LA POLYNESIE
l'Encyclopédie de la Polynésie, les habitants de la
Polynésie française ont à leur disposition, pour la
première fois, un inventaire complet et détaillé du
monde dans lequel ils vivent. Pour la première fois, la
somme des connaissances acquises sur tout ce qui
Avec
concerne ce
pays en ce moment du XX® siècle est
publiée pour décrire les 118?les qui le composent, pour
faire revivre les hommes et les sociétés des temps
passés, pour faire l'inventaire des richesses que leur
offre leur environnement et dresser le tableau de la vie
quotidienne dans la Polynésie d'aujourd'hui.
Une encyclopédie de toute la Polynésie fran¬
çaise : si Tahiti et sa capitale Papeete restent l'organe
vital du Territoire, il est aussi vrai que les archipels qui
le composent jouent un rôle déterminant.
Par
conséquent, tout au long des 9 volumes de l'Encyclo¬
pédie, Australes, Tuamotu, Gambier, Marquises et
Société sont évoqués, à la fois pour leur appartenance
à l'ensemble polynésien et pour leurs caractères
spécifiques. Ainsi, qu'il s'agisse d'histoire, d'archéo¬
logie, d'économie ou de l'étude des milieux naturels,
l'Encyclopédie apporte un témoignage de la richesse
et de la diversité des îles.
Une encyclopédie thématique : dans cet esprit, une
énumération alphabétique des sujets serait apparue
comme une restriction à l'ampleur du
propos. Alors
que la répartition de ces 9 volumes en thèmes
successifs permet une compréhension plus complète
et
plus profonde des sujets, où l'on
verra que,
bien
souvent, l'exploration du passé éclaire les conditions
du
présent et les possibilités de l'avenir.
Une
encyclopédie visueile
: à notre époque où la
l'image joue un si grand rôle, il
paraît évident de lui donner une place prépondérante
dans un ouvrage de cette importance. Cartes,
schémas, dessins et photographies occupent plus de
la moitié des pages, ajoutant ainsi à l'informatîon écrite
une vision concrète et attrayante de celle-ci.
communication par
Une encyclopédie pour tous : qu'il
| s'agisse du
peuplement de la Polynésie et de sa culture ancienne,
de. ses ressources et de la gestion attentive de son
environnement, ou de l'état actuel desonOrganisation,
il va de soi que le désir de la connaissance!
passe par le
plaisir de son approche, textes et illustrations ont
donc été conçus dans un souci de simplicité qui laisse
intacte la rigueur scientifique. Dans chaque volume,
une bibliographie permet de connaître les sources de
la documentation ou d'aller plus avant dans l'étude
d'un sujet. Enfin, un index et un glossaire éclairent les
termes techniques et facilitent la lecture.
Une
encyclopédie des Polynésiens : un ouvrage de
conception représente un outil de travail pour les
enseignants, une source de références pour les élèves
et les étudiants, un moyen d'information pour tout
esprit curieux. Il permet à tous ceux qui sont nés ou qui
vivent en Polynésie de la mieux connaître et, pour tous
ceux de l'extérieur, de découvrir une image différente
de celle des cartes postales.
Mais, les dimensions de l'Encyclopédie de la Polynésie
dépassent ces aspects pratiques. Comme tout pays en
plein essor, la Polynésie française est confrontée à ce
défi que constitue l'insertion de sa croissance démo¬
graphique et économique dans le cadre géographique
et politique qui est le sien. Des 9 volumes de cet
ouvrage se dégagent l'historique et le bilan des
ressources dont dispose ce pays. En conséquence
cette
directe, ils mettent l'accent sur ses richesses poten¬
tielles, mais aussi sur la fragilité des équilibres naturel,
et humain dont chaque Polynésien est le garant.
En couverture
: Les pouvoirs territorial et d'Etat,
représentés par Gaston Flosse et Pierre Angéli, réunis
pour une inauguration aux Tuamotu (cl. G. Hucault,
Service de l'Information et des Relations avec la
Presse de la Présidence du Gouvernement).
Une explosion nucléaire aérienne : ce symbole apo¬
calyptique de la présence du C.E.P. a cédé la place
depuis 1975 à de plus discrets tirs souterrains.
ENCYCLOPEDIE
DE
LA POLYNESIE
ENCYLOPÉDIE DE LA POLYNÉSIE
produite par Christian Gleizal
© 1986 C. Gleizal/Multipress pour la première édition
Editée et
Tous droits réservés. Il est interdit de reproduire, d'utiliser dans une banque de
données ou de retransmettre par quelque moyen que ce soit cet ouvrage,
partiellement ou totalement, sans l'autorisation préalable écrite des éditeurs.
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ENCYCLOPEDIE DE LA POLYNESIE
vivre
en
Ce huitième volume de
Docteur de 3e
Polynésie 1
l'Encyclopédie de la Polynésie
cycle
en
a
été réalisé sous la direction de
François Ravault,
Géographie, Directeur de Recherche à l’O.R.S.T.O.M.,
Pambrun, Maître en Sciences sociales et Sciences humaines,
Département des Traditions du Centre polynésien des Sciences humaines,
assisté de Jean-Marc
Directeur du
avec la collaboration de : Gilles Blanchet, Docteur d'État en Sciences économiques. Économiste à l’O.R.S.T.O.M.,
Philippe Gouraud, Docteur-Ingénieur en Agro-Économie, Service de l’Économie rurale, Michel Etilage, Maître en Droit,
Attaché juridique au Service des Affaires administratives, Paul Hodée, Docteur ès Sciences de l’Éducation,
Vicaire général de l’Archevêché de Papeete, Claude Marere, Journaliste indépendant,
Thierry Nhun-Fat, Docteur de 3e cycle en Statistiques,
Responsable du département Études et Programmation au Service du Tourisme,
Arapari Paparai, Pasteur de l’Église évangélique de Polynésie française. Paroisse de Mahina,
Jean-Marius Raapoto, Titulaire d’un D.E.A. en Phonétique, Conseiller à l’Assemblée territoriale,
Claude Robineau, Docteur d’État ès Lettres et Sciences humaines. Directeur de Recherche à l’O.R.S.T.O.M.,
Bruno Saura, Titulaire d’un D.E.A. d’Études politiques, Journaliste au Nouveau Journal,
Geneviève Simon, C.A.P.E.S. de Sciences économiques et sociales. Professeur au lycée d’Orange,
William Vanizette, Titulaire d’un D.E.A. en Sciences économiques. Analyste chargé d’études au Service des Affaires économiques,
Henri Vernier, Licencié en Théologie, Pasteur de l’Église évangélique de Polynésie française.
Conception et production : Christian Gleizal
Maquette et coordination de la réalisation technique ; Jean-Louis Saquet
Assistante de production : Catherine Krief
Illustrations et cartographie : Catherine Visse et Jean-Louis Saquet
à la State
L’iconographie de ce volume a été rassemblée grâce à l’aide qui nous a été apportée par :
Library of Australia : Barbara Perry, Pictorial Librarian, Sylvia Carr, Acting Pictorial Librarian ;
Library of New South Wales, Dixson Library : Mrs Rhodes, Dixson Librarian ; à l’O.P.A.T.T.I. : Christian Vernaudon, directeur général,
à la National
Patrick Robson, directeur des Relations Publiques, Hyacinthe Cao, photographe ;
Service de l'Information et des Relations avec la Presse de la Présidence du Gouvernement : Philippe Guésdon, chef du service,
Roland Gloaguen, adjoint, Gilles Hucault, photographe ; au Service des Archives territoriales : Pierre Morillon, chef du service ;
à l'Institut territorial de la Statistique : Gérard Baudchon, directeur, Emile Bruneau, adjoint ; à La Dépêche : Michel Anglade, directeur ;
aux Nouvelles : Heimata Hirshon, directeur, Lucien Maillard, directeur de la publication ; le Service de Documentation de l’Église évangélique ;
à l’Église réorganisée de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (sanito) : le Président et le Secrétaire ;
à l’Église adventiste : Roger Brotherson, directeur du Département de Communication ;
à l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (mormone) : le Président ; et l’Association des Témoins de Jéhovah.
au
Nous remercions
également les collections privées qui nous ont été accessibles grâce à l’obligeance de
A. Ata, Jacqui Drollet, A. Poroi, R.P. Patrick O’Reilly, F. Sanford.
: J. Bouchon, H.
G. Hucault, H. Lemasson, Ch.
Photographies
Cao, E. Christian, D. Darqué, M. Folco, B. Hermann,
Pinson, Cl. Rives, G. Simon, A. Sylvain, B. Vannier.
CHRISTIAN GLEIZAL / MULTIPRESS
Avant-propos
a déjà été relaté, mais il mérite de l’être à nouveau car il fut lourd de conséquences"poüf la P(%nésie. Décembre 1962 : le général
reçoit à l’Élysée une délégation de conseillers à l’Assemblée territoriale venus “quêter cenf millions de Iraiics CFP pour boucler
leur budget.... armés d’une motion [proclamant leur] attachement à la République française”. La subvention est bien entendu accordée,
mais le Général en profite pour annoncer à ses visiteurs qu’il a décidé de transférer en Polynésie le Centre d’Expérimentation nucléaire
de Reggane au Sahara, “dans un but de Défense nationale et pour des raisons que vous savez... [une] installation... [qui] devra être profitable
à l’expansion et à l’équipement du Territoire”. A Jacques Tauraa qui lui “signale qu’au sein de l’Église évangélique des craintes se sont
manifestées... de Gaulle réplique en substance : Dîtes à vos pasteurs qu’ils fassent d’abord cesser les expériences nucléaires russes et
L'événement
de Gaulle
américaines”.
Général, qui. à vingt-cinq
vit alors
malaisément un processus de décolonisation et de modernisation engagé
prudemment au lendemain de la Seconde Guerre mondiale (chcipiirc /),
Une démarche, celle des conseillers, et un propos, celui du
Mais qui. en 1962. pouvait imaginer que le Territoire, qui
ans
de distance, ont un caractère prémonitoire.
allait voir le
cours de son histoire s’accélérer aussi brutalement avec
l’installation du C.E.P.. et basculer, près de deux siècles après la
Découverte, dans le second âge de la
modernité, la modernité post¬
coloniale (néo-coloniale, diront certains) ?
C’est cette mutation quia profondément changé
la “vie en société” des
Polynésie française que les volumes 8 et 9 de
l’Encyclopédie ont pour objet et de décrire et de comprendre. Deux
volumes qui constituent un seul livre. Les chapitres en ont été
habitants de la
numérotés de I à 16 à dessein,
car.
bien entendu, il existe
une
relation
logique de continuité et de complémentarité entre les thèmes
généraux qui traitent des changements intervenus dans les
structures et les institutions, les croyances et les mentalités... et ceux
plus concrets qui replacent ces changements (économiques,
politiques, culturels) dans le contexte social ou géographique
(chapiircs /J el 14) dans lesquels ils sont effectivement vécus.
Au terme de cette analyse consacrée au “changement” (et aux
formes de résistance au changement), les deux derniers chapitres
dressent le bilan d’une histoire dont le
récemment. Un bilan
provisoire
débouche tout naturellement
concernant
sur
-
cours
s’est
encore
î
accéléré
l’histoire n’a pas dit son dernier mot - qui
quelques interrogations fondamentales
le devenir de la formation sociale territoriale.
Comme les autres volumes de
l’Encyclopédie. Vivre en Polynésie 1 et 2 est un ouvrage collectif
vingtaine de collaborateurs ont participé. Ils ont dû toutefois en maîtriser un certain nombre
de contraintes spécifiques. Témoins et (ou) acteurs d’une histoire en train de se faire, ils n’ont pas pu se prévaloir en effet du privilège'dc
l’historien qui travaille sur des matériaux qui ont eu le temps de se décanter. Faut-il préciser, et pour cause, que dans certains domaines,
les travaux
référence sont pratiquement inexistants.
Dans ce contexte, chacun d’entre eux a
une fois déterminée une méthode d’approche commune de la réalité - analysé les thèmes
(ou les sujets) dont il avait la responsabilité en fonction de sa propre grille de lecture. Il revenait alors au directeur de ces volumes de veiller
à la cohérence générale du propos, de garantir le sérieux de l’information et de la compléter, le cas échéant, par un légendage
auquel
une
-
circonstancié des illustrations.
11
reste
à avertir le lecteur que
l’information n’est
pas
et
queiians d’autres
-
souvent pour
parce qu’il n’était pas question, dans le cadre du découpage
dans certains domaines elle n’est pas toujours fiable
exhaustive. En premier lieu
retenu.ide sacrifier l’essentiel à l’accessoire. En second lieu parce que
des raisons politiques
-
elle^’èst
pas
accessible.
François RAVAULT
“uaif
L'emblème territorial
flottant aux côtés du
drapeau tricolore, lors
de la célébration de la
fête nationale sur la
place d’armes d’Uturoa à
Raiatea. Au terme d'une
longue évolution
statutaire, la Polynésie
française est devenue en
septembre 1984 un
Territoire autonome au
sein de la République.
Une situation qui est
vivement contestée par
les courants
indépendantistes qui
représentaient en 1986
moins de 20% de
l'électorat.
r^'
'*'■
' ' N»'
Sommaire 1
D’hier à
9
12
2
Une société stratifiée
16
Une société
18
La crise
20
La crise
/ 22
fTi Statut
Les
60
Implantation et
86
ambigu
P.
l’Église catholique en Polynésie française
organisation de l’Église catholique
présence au monde
L’Église évangélique en Polynésie des origines à
L’organisation de l’Église évangélique
L’Église évangélique dans la société
Défis actuels et
L’œcuménisme
en
HODÉE. H. VERNIER. A. PA PA RA!
nos
P. Hodée
P. Hodée
P. Hodée
jours
H. Vernier
H. Vernier
H. Vernier
marche
Des
A. Paparal
g. simon
premières implantations jusqu’en 1940
De la Deuxième Guerre mondiale à 1984
Organisation et implantation actuelle
Les Saints des derniers jours
Doctrines et pratiques
Convergences et divergences
Le dynamisme des groupes chrétiens minoritaires
Les études universitaires
96
La recherche
98
Les radios
102
La vie
La presse
R.FiO
Les élections
119
124
F. Ravault
L’implantation électorale des partis
Du pragmatisme à l’idéologie
L’organisation des partis politiques
(john Teariki ej Francis Sanford
Gaston Flosse
Jacqui Drollet
i-M. Pambrun
i-M. Pambrun
i-M. Pambrun
fi. Saura
s. Saura
E. Ravauh
fi. Saura
-
L’agriculture
La pêche
p. couraup. g. blanchet. t. nhun-eat. m vanizette
en'Polynésie
Le tourisme
128
Commerce et services
132
Transports et communications, énergie, bâtiment et travaux publics
L’amorce d’un développement industriel adapté au Territoire
134
Le secteur informel
137
Bibliographie
138
Raapoto
J.-M. PAMBRUN. B. SAURA. F. RAVAULT
126
130
I.-M.
Cl. Marere
La vie economique
121
Raapoto
Cl. Marere
multiplication des partis politiques
108
117
Raapolo
I.-M.
F. Ravault
politique
La
114
J.-M.
privées
quotidienne
105
112
/.-m. raapoto. e ravault. ci. marere
L’enseignement en Polynésie française
L’enseignement aujourd’hui
94
110
française dans le second
âge de la modernité.
renouveau
Formation 6t information
100
le monde extérieur et
ville symbole d’une
croissance qui a fait
entrer la Polynésie
plan territorial
plan des subdivisions
Églises minoritaires
92
sur
au
de
Le
89
Page suivante :
Papeete, porte ouverte
au
communes
57
84
l'importation de
produits pétroliers.
autonomie interne
L’organisation administrative
L’organisation administrative
Églises majoritaires
80
84% par
:
retrait de la loi-cadre et malaise institutionnel
Un cadre institutionnel et administratif
82
est assurée à hauteur de
1984
en
autonomie de gestion
La création des
78
en
:
54
70
Les
1 977
m. etilage
52
76
production actuelle
redéploiement
L’emprise de l’État et la poursuite de l’indépendance économique
Les Institutions
73
de 17 fois, mais la
à-coups et des déséquilibres croissants
Croissance urbaine et déséquilibres démographiques régionaux
Des
Les tentatives de
68
électrique ont augmenté
économique
a. blanchet
d’Expérimentation du Pacifique
Une consolidation difficile
66
d’une société de
consommation qui vit
dans la dépendance.
Entre 1963 et 1985, les
ventes d’énergie
Ci Robineau
F. Ravauh
F. Ravauh
économique et démographique de 1960 à 1986
36
64
L’énergie, symbole
:
34
62
1
F. Ravauh
du nationalisme
Pouvanaa, ascension et chute
Le boorn
50
6
Cl. Robineau
: aux sources
28
48
5
politique
politique
L’installation du Centre
i 44
4
crise
en
25
38
F- Ravmih
Ci Robineau
L’annonce des temps nouveaux
L’évolution
32
/■'. RAVAUl.T. Cl. ROBINEAU
originale
L’héritage économique de la période précédente
14
30
3
aujourd’hui 1960-1986
Une formation sociale
fi. Couraud
G. Blanehel
T. Nhun-Eai
W'. Vanizene
w. Vanizene
. Vunizeiie
H
G. Blanehei
Index
7
1 D’hier à
aujourd’hui
1960-1986
Lavingtaine
vie quotidienne
des ethabitants
de cetous
Territoire
a beaucoup
changé depuissocial,
une
d’années,
ceci dans
les domaines
: économique,
Les “héritiers”
“traditionnel” qui est souvent vécu rétrospectivement avec nostalgie ou s’inscrit-il
dans une certaine continuité ? En dépit de certaines apparences, c’est la seconde
les Ta’ata Rurutu
politique, culturel, religieux... Ce changement traduit-il une rupture avec un
passé
la vie des hommes continue à se
période coloniale, mais le système
connaît de sérieux signes de dysfonctionnement. Tout simplement parce que la
Polynésie française, en dépit de son isolement géographique, n’échappe pas, depuis la
fin de la Seconde Guerre mondiale, au processus de décolonisation qui emporte la
planète, un processus inséparable d’une certaine ouverture au monde qui, deux
siècles après la “Découverte”, constitue ce que l’on pourrait appeler le “second choc
hypothèse qui a été retenue ici. Certes, en 1960,
dérouler dans le cadre des structures héritées de la
de la modernité”.
Une décolonisation
politique très progressive qui s’effectue dans un contexte
social qui ne cesse de s’aggraver avec le développement de la crise de l’économie de
traite. Une opportunité que saisit un leader polynésien, Pouvanaaa Oopa, pour fonder
nationalisme authentiquement populaire qui lie le problème de l’émancipation
politique à celui de la réforme sociale. Un projet politique bien près de se réaliser (loicadre Defferre) jusqu’à ce que, avec l’arrivée du général de Gaulle au pouvoir, les
intérêts de l’État ne coïncident à nouveau avec ceux des privilégiés du système
colonial. Un projet qui, vingt ans après, n’a rien perdu de son actualité ; dans un tout
un
autre contexte...
Une formation
sociale
originale
74,2% de “Polynésiens”,
lO, l% de
“Demis”, I l,3% de “Chinois”, 4,4% d’“Européens” et autres blancs : une petite commu¬
nauté de 84 551 habitants (recensement de
1962) qui, en situation coloniale, il convient de
le
rappeler, n’a jamais succombé aux démons
constitue pas pour
formation sociale harmonieuse,
du racisme. Mais elle n’en
autant
une
elle est le produit des transformations
historiques complexes qui, à compter de la
Découverte, ont affecté l’ancienne civili¬
car
sation ma’ohi pour aboutir à l’émergence de
catégories socio-culturelles originales dont,
au-delà des classifications simplistes (et des
rapports démographiques très approximatifs
qu’elles entraînent), il importe de préciser le
contenu, du moins en ce qui concerne les trois
principales. Cette analyse est nécessaire à la
compréhension de ce qui fait l’objet de ce
chapitre : le fonctionnement de la société
globale dans les années 60... et les tensions qui
la traversent, inhérentes à sa formation.
mieux les Ta'aia Tahiti,
lespopa’a
(blancs) qualifient volontiers d’“indigènes”,
sont, pour la plupart, encore rassemblés dans
Les
Polynésiens,
ou
...
tous ceux que
pêcheurs et d’agricul¬
(les mata’eina’a) dont l’existence atteste
des communautés de
teurs
certaine continuité de l’Histoire. Une
continuité qui n’a pas été totalement brisée
une
les événements tragiques (guerres,
épidémies, éradication du paganisme entre
autres...) qui, dans les décennies suivant la
Découverte, ont sapé les bases matérielles et
spirituelles de l’ancienne civilisation ma’ohi et
du système économique et social ayant pour
fonction de la reproduire. Dans le domaine
(pae varua) des “croyances et des pratiques
populaires relevant de la vision du monde non
matériel”, comme dans celui (pae maa) de la
techno-économie et de l’organisation sociale,
ces communautés sont en effet les légataires de
ce qui, dans l’héritage “traditionnel”, n’a pas
été radicalement détruit par la violence initiale
du'contact. Et ceci au prix d’un “compromis
historique” - la formule est d’Alain Babadzan
dont les termes se sont progressivement
élaborés tout au long de la phase d’accul¬
turation au monde occidental qui débute avec
par
-
la
conversion massive
au
christianisme et
ultimes conséquences avec
l’imposition tardive, en milieu populaire (fin
développe
ses
XIX*^ et début du XX' siècle) d’une
économie de traite fondée sur le coprah.
du
“compromis” (j’aurai l’occasion d’y
cette Encyclopédie) qui est
“médiation” au sens étymologique du terme,
c’est-à-dire relation de réciprocité entre les
Un
revenir
dans
Un tare missionnaire à
Papetoai
en 1848.
Installés sur des fenua
qui leur ont été
“donnés” par les
communautés locales,
les missionnaires de la
L.M.S., livrés à
eux-mêmes, devront
s’intégrer à
l’environnement
physique et social
ambiant pour mener
bien leur entreprise
à
d'évangélisation.
Un fusilier marin vers
1870. La colonisation
militaire initiée par
Armand Bruat en 1846
(voir volume 7,
pp. 89-90) a été un
échec. Quelques
anciens combattants
des guerres coloniales,
menées à Tahiti en 1844
et aux îles Sous-le-Vent
en1854 et en 1896-1898,
n'en ont pas moins fait
souche localement.
9
VIVRE EN
POLYNÉSIE
principes qui, dans chacun des
présence, le ma'ohi et l’occiden¬
tal, fondent et justifient l’existence des formes
d’organisation sociale et des institutions qui
gouvernent la vie familiale, la vie économique,
la vie religieuse...
Un compromis qui, tout au long de la
période en cause - la présence de l’adminis¬
tration coloniale, à compter du Protectorat,
restera toujours fort discrète dans les districts
a eu ses médiateurs privilégiés ; je veux
parler
des Églises majoritaires, la Réformée et la
Catholique qui, en se relayant dans le temps et
dans l’espace, vont jouer un rôle décisif dans
valeurs et les
systèmes
en
-
l’accouchement du monde nouveau. En
convertissant les Ma’ohi au christianisme,
elles
ne
vont pas
seulement mettre un terme au
processus de désintégration - l’effondrement
des structures démographiques en témoigne -
menaçant d’emporter une société dont la
violence naturelle, inhérente à l’ordre social
a été portée à son paroxysme à l’occasion
du “contact”. Tout en imposant un nouveau
ari’i,
idéologique, elles vont aussi
investir progressivement et subvertir ce qui
reste des anciennes structures. Ce faisant, en
s’enracinant dans la réalité socio-spatiale des
districts, les Églises vont, dans une très large
consensus
mesure,
jeter les fondements spirituels et
s’édifier une nouvelle
précisément, une
matériels sur lesquels va
société
ma'ohi.
Plus
catégorie socio-culturelle “traditionnaliste”
(A. Babadzan) disposant d’un certain espace
de liberté
au
sein d’une formation sociale
territoriale, dans le cadre du système colonial,
dominée (entre autres) par les Demis, ou du
moins par certains d’entre eux.
Les Demis : une catégorie
socio-culturelle peu homogène
Les
Demis, dans les années 60,
ne
tiennent pas
particulièrement à être confondus avec les
Polynésiens. Même si, en raison du caractère
inextricable des liens de parenté existant dans
une aussi petite communauté, ils
comptent
parmi eux d’innombrables feti'i. Même si,
dans le monde rural notamment,
il en est
beaucoup qui en ont objectivement le statut.
Une réalité complexe que je me contenterai
d’évoquer, en ayant, bien entendu, recours à
l’histoire.
Polynésiens et Demis ont en commun
métissés, c’est-à-dire d’avoir pour
d’être
ancêtres des soldats de l’infanterie coloniale
ou
des marins (déserteurs ou non), des
gendarmes
ou
des missionnaires, des fils de
famille en rupture de ban... qui, joignant
l’utile à l’agréable, ont tenté de faire fortune en
Océanie (ou de faire triompher leurs idées
pour les plus vertueux) tout en succombant
charmes des femmes du pays... Commu¬
aux
nauté d’origine ne signifie pas pour autant
communauté de destin et, à sacrifier aux jeux
de l’amour dans une société qui accueille
volontiers les éléments allogènes, tout en
intégrant à ses propres conceptions les valeurs
dont ils sont porteurs, on ne s’enrichit pas
forcément. Nombreux sont, hier comme,
aujourd’hui encore, les descendants des
premiers immigrants que rien, sinon leursH
patronymes aux consonances anglo-saxonnes
ou françaises, ne
permet de distinguer de la
masse de la population.
Et cependant, il en est qui n’oublient pas
dans les bras des vahiné qu’ils sont venus en
Polynésie pour faire du “business”. Je n’insis¬
terai pas ici, faute de place, sur la formation
d’une petite bourgeoisie, urbaine dès l’origine
(commerçants, artisans, petits fonction¬
naires...), qui constitue ce que l’on pourrait
appeler une classe moyenne en gestation.
Pendant l’époque coloniale, l’essentiel est
en effet ailleurs. Dès 1850, le
principal objet
du “business” est la terre, sur laquelle on peut
planter des cocotiers produisant l’huile de
coco, puis le coprah qui va devenir le principal
moteur
de
l’économie
coloniale.
Les
premières cocoteraies ont déjà conquis les
fenua des riches héritières de l’ancienne aris¬
tocratie polynésienne des ari’i fort opportu¬
nément épousées par certains colons. Ces
plantations vont se multiplier rapidement à
partir du moment, en 1880, où l’application
effective de la législation métropolitaine (le
Code civil) permet à un vaste domaine foncier.
j
Un fonctionnaire popa’a
à la fin du XIX’ siècle.
Quand il n'est pas dans
l’exercice de ses
fonctions. Monsieur le
Substitut
“s'encanaque".
WÊ
A droite :
Portrait de
jeune fille.
Aquarelle de
F. Marant-Boissauveur.
Cette jeune fille de la
société "demie” est
habillée à l’européenne,
conformément à son
statut, mais elle n’a rien
perdu de la grâce qu’elle
ses origines
doit à
polynésiennes.
10
D'HIER A AUJOURD'HUI 1960-1986
français, leur sont accordées au comptepopa’a puis “demi”, de se constituer dans des
conditions souvent douteuses, grâce à la
goutte. Il n’est donc pas étonnant qu’à
mobilisation des propriétés indigènes dûment
l’exception de quelques agriculteurs qui
répertoriées et rendues aliénables. Dès lors, la
s’intégrent bien souvent au milieu polynésien,
production de coprah va se développer
planteurs de vanille à Moorea et aux îles
Sous-le-Vent, maraîchers à Tahiti, les Tinito
rapidement et favoriser l’émergence d’une
société typiquement coloniale dont les intérêts
se soient spécialisés dans le commerce, où leur
et les valeurs
n’ont pas grand-chose en ( labeur acharné et leur sens de l’éparghe font
commun avec ceux du peuple polynésien. ( merveille. Partis de rien, ils parviennent en
Cette catégorie socio-culturelle “demie” n’est
quelqûés décennies à monopoliser le
commerce et l’artisanat, à contrôler toutes les
pas pour autant homogène : dans beaucoup de
familles, certaines branches sont restées au
district
pour
s’occuper directement de
transactions touchant la vanille et la nacre, à
investir de gros capitaux dans la flottille de
goélettes qui assure le trafic entre Tahiti et les
îles, à conquérir aux dépens des popa’a et des
Demis dont c’est le domaine réservé, des
positions importantes dans l’import-export...
Le commerce detPargenï leur échappe, mais
tous les commerçants tinito des districts
accordent un large crédit à leurs débiteurs
polynésiens imprévoyants... On ne saurait se
passer des Chinois.
r
tonnes
Évolution des deux
l’exploitation de leurs domaines ; tout en
principales productions
exerçant le leadership sur le plan local, elles se
de traite entre 1875 et
,1934. La vanille, qui est
tahitiannisent progressivement par le biais des
alliances matrimoniales et des adoptions ; £une culture très
spéculative (voir l'allure
de la courbe), et le
elles ne perdent pas toutefcfis le contact avec
coprah dont la
leurs feti’i installés en ville que bien souvent,
progression est plus
elles représentent.
iente et plus régulière
(elle atteint en 1934 des
Ceux-ci, plus entreprenants, ne se
sommets qu'elle ne
contentent pas, en bons propriétaires absen¬
retrouvera plus
téistes, de toucher la rente foncière accumulée
grâce au travail à mi-fruit de leurs métayers
polynésiens
dans
ils investissent l’argent gagné
interinsulaire, l’importnégoce... toutes activités fort
;
l’armement
export,
le
rentables liées
au
fonctionnement normal de
l’économie de traite. Peu à peu se
une
constitue
grande bourgeoisie urbaine qui pratique
l’endogamie, soigne l’éducation de ses enfants
qui deviennent fonctionnaires ou font carrière
dans les professions libérales. Ils ne manquent
jamais de rappeler aux popa'a leurs origines
polynésiennes (de plus en plus lointaines)
mais, comme l’a remarqué l’un d’entre eux,
G. Coppenrath, ils demeurent “tournés vers
un monde extérieur” qui, c’est moi qui précise,
n’a rien de polynésien.
: une
marginalisée
métriques
240
.
.230
Production de la vanille.
220
-
;
210
.
200
-
,
190
-
qu'exceptionnellement)
ont joué un rôle
180
-
déterminant dans la
formation d'une société
170
-
originale, en faisant
basculer dans la
modernité coloniale un
certain nombre de
descendants “demis”
des anciens ari'i, en
contribuant à
160
.
150
-
-
l'émergence d'une
catégorie socio¬
-
culturelle ma'ohi
traditionaliste
-
(voir p. 42).
-
r
-
K-
La communauté chinoise
.
des
origines plus
premiers Tinito qui arrivent à
Tahiti sont de simples coolies recrutés par un
colon britannique, W. Stewart, qui veut
lancer la culture du coton dans la plaine
d’Atimaono, la seule qui ait une ampleur suffi¬
sante pour se prêter à une expérience de
grande colonisation. L’entreprise démarre
bien, mais les cours s’effondrent à la fin de la
guerre de Sécession et W. Stewart fait faillit^,)
Quelques Chinois ne sont pas rapatriés dans
leur pays. Ils sont bientôt rejoints par des
compatriotes que le surpeuplement et la
misère chassent de la région de Canton en
Chine du Sud. Ce courant migratoire ne
s’arrêtera qu’à la veille de la Seconde Guerre
mondiale.
Très vite, ces étrangers qui
modestes. Les
demeurent
très attachés
on
leur
se
130
120
110
100
tonnes
métriques
90
24 000
-
40
I. 23 0 0
30
19 000
70
60
50
22 000
-
21 000
-
i;
-
17 000
U 10
-
ir) b». O
h- h» œ
CO eo CO
CM CO ^ ift O)
œ eo 00 00 00 eo
CO œ 00 OO 00 CO œooco
20 000
18 000
20
16 000
T-
œo)a)0)œo>o>o>
ooœ
0)0>0> O)a>o>o>o>o> o>o>o> 0)0>o>
15 000
o>o>o>
14 000
13 000
12 000
11 000
10 000
9 000
8 000
à leurs traditions
l’opinion publique :
reproche volontiers leur passion du jeu
et leur goût pour l’opium. On ne fait d’ailleurs
pas grand-chose pour les intégrer à la société
locale. A partir de 1932, de crainte qu’ils ne
mettent la main sur les terres “indigènes” qui
n’ont pas encore été acquises par les Demis et
les popa'a, on leur refuse pratiquement l’accès
à la propriété immobilière, ' Les naturalisa¬
tions, qui leur permettraierlt d’exercer toute
une série de professions réservées aux citoyens
ancestrales
-
-
a
140
80
-
communauté
260
250
-
■
Les Chinois
^
7 000
heurtent à
Production du
coprah.
6 000
5 000
4 000
3 000
2 000
1 000
ir)(Otvo^CMco^u)0)Oco^g^çMeo5
r*-t«-r*-eoeoooeoeoooooo>0)0>a>oooooo^^r-^T-^^eMCMeMCMeMCMN2iwçMÇ2Ç2o>o>o)0) o>o>o> o>o>o> 0>0>0)00>0)0) 0)0)o>
11
0
VIVRE EN
POLYNÉSIE
L’héritage
économique
de la période
précédente
Une économie
encore
les deux règles suivantes : la
réservoir de matières premières
et de produits primaires (non transformés)
nécessaire à l’économie métropolitaine ; elle
est également un marché de débouchés pour
cette économie dont le développement repose
pendant le XIX'^ et la première moitié du XX*-'
traduit
siècle
coloniale
sens
strict
et
économie coloniale
sur
un
l’industrie
:
l’économie industrielle
l’exclusivité (“l’exclusif’) de
l’approvisionnement de la colonie en produits
de la
historique du terme, une
est fondée sur le régime du
pacte colonial ou exclusif au profit de la
métropole : l’économie de la colonie n’existe
que par et pour la métropole ; régime qui se
Au
par
colonie est
métropole
a
manufacturés.
Au milieu du XX' siècle, on n’affirme
plus “noir sur blanc” de tels principes, mais ils
prévalu dans les comportements et
ont
attitudes des autorités et des milieux d’affaires
B
1200
-1
et de vanille entre 1945
et 1960. Le coprah, dont
la production est
relativement stable,
1100
1000
900
Évolution des
exportations de coprah
fournit les revenus
monétaires de base des
-
les archipels, sauf aux
Australes où le café lui
sert de substitut
(Tubuai, Raivavae).
Quant à la vanille,
surtout
produite dans
l’archipel de la Société,
c'est
une
culture
partir de l’entreprise de colonisation qui
avec le Protectorat de 1843 que parfait
l’Annexion de 1880. De plus, ces principes se
sont trouvés rajeunis après 1880, avec l’élabo¬
ration d’une doctrine économique coloniale
de la République que les historiens ont
appelée “néo-mercantilisme” et qui revient à
assurer à la métropole à la fois l’exclusivité des
approvisionnements en produits primaires et
celle du débouché en produits manufacturés.
C’est ce que d’autres ont appelé le
“capitalisme colonial” ou le “mode de
production colonial” : une exclusivité des
échanges entre la colonie et la métropole dans
une relation asymétrique telle que les termes
de l’échange soient favorables à la métropole ;
toutefois, cette question est beaucoup moins
simple qu’on ne l’a présenté parfois, car les
à
débute
relations
“d’aubaines", beaucoup
plus assujettie à la
bilatérales
entre
la
métropole n’ont Jamais
variabilité des cours.
Certaines années,
aux îles Sous-le-Vent
une
forme
pu
absolue
colonie et la
s’exprimer
:
sous
l’économie
métropolitaine, d’une part, n’était
du
agriculteurs dans tous
marché
mondial
et,
d’autre
pas isolée
part, le
monopole métropolitain des relations de la
avec
l’extérieur n’était pas d’ordre
institutionnel direct, au premier degré, mais
de fait, indirect, au second degré : il ne fut
jamais en réalité absolu, et moins encore en
Polynésie qu’ailleurs.
Sinon, comment expliquer l’importance,
voire la prépondérance des produits manu¬
colonie
800
700
600
-\
facturés alimentaires, textiles, industriels en
500
des Etats-Unis, de la Nouvellel’Australie, voire du Sud-Est
asiatique ou de l’Amérique latine sur le
provenance
400
Zélande, de
300
200
marché
exportation coprah
A
Indice
B
Indice prix moyen export
polynésien ? Comment expliquer
-
coprah
100
0
1960
Une plantation de tara
Rurutu (Australes).
Qu’il soit consommé
localement ou exporté
vers
Papeete à
l’occasion du passage
d’une goélette, le tara,
dont la culture donne
lieu à des pratiques
12
à
"traditionnelles” très
sophistiquées,
disparues partout
ailleurs (maîtrise de
l’irrigation), joue avec le
pandanus un rôle
essentiel dans
l’économied’îles comme
Rurutu et Rimatara.
D’HIER A AUJOURD'HUI 1960-1986
également les fortes variations de cours des
produits primaires en fonction du marché
mondial, qu’il s’agisse notamment du coprah
de la vanille ?
Un autre trait fait, également, l’origi¬
nalité de l’économie polynésienne par rapport
aux autres économies coloniales liées à la
ou
pas
s’agissant des produits
de grosses plantations
au
autochtones que
les maigres rémunérations de
D’autre
primaires,
étrangères
part,
pays
ne
laissant
aux
métropole : c’est la moindre importance du
capital étranger (métropolitain ou autre) au
qui ne veut pas dire, là non plus,
que la main-d’œuvre polynésienne n’a pas été
exploitée ; que des colons n’ont pas fait
fortune et ne sont pas partis fortune faite ; que
les bénéfices tirés du coprah, de la vanille ou
pays.
D’une part,
diffusés dans les districts et les
fut
jamais exclusivement en des mains étrangères
au
pays : moins de compagnies de traite
étrangères qu’ailleurs, et moins de maîtrise des
le
flux de détail dans
commerce
de traite
ce commerce
des
ne
produits
manufacturés ; des “locaux” de souche
“demie”, chinoise voire polynésienne, ont eu
de bonne heure une part notable du marché.
Ce qui ne veut pas dire non-exploitation de la
masse
faire
-
polynésiens, mais
présomption des bénéfices à se
des consommateurs
seulement
une
sinon à demeurer
-
dans le Territoire.
salariat. Ce
de
la
nacre
se
cela veut dire que,
soient
harmonieusement
archipels. Mais
plus qu’ailleurs, la masse a
recevoir ici des miettes du gâteau un peu
plus grosses qu’en d’autres endroits, en Asie
du Sud-Est, en Afrique, sur les bords
pu
méridionaux
de
la
Méditerranée,
en
à
en
échange des produits
originaires des économies
capitalistes d’Europe occiden¬
redistribuer
manufacturés
industrielles
tale et des Etats-Unis de l’Est. Cette situation
en Polynésie jusque dans
années 1960. Les principaux
les débuts
produits
primaires sont le coprah, la vanille, le café, la
nacre
et les phosphates. En échange, le
Territoire obtient la totalité des produits
primaires ou manufacturés alimentaires,
prévaudra
des
textiles
et
industriels
nécessaires
à
sa
subsistance, les seules productions locales de
subsistance consistant dans les tubercules, les
pain, les bananes et leur
l’élevage des cochons, le poisson
fruits de mer, le café conservé pour les
fruits de l’arbre à
variante fe’i,
et les
Amérique latine, où l’on a pressuré la force de
besoins de la consommation familiale. Mise à
Une économie de traite
de Makatea, la population salariée est faible,
la population rurale importante par rapporté
travail.
Au XIX^
siècle, la traite coloniale consiste à
produits primaires de la colonie et
collecter les
part
la
l’exploitation industrielle des phosphates
population urbaine, la monétarisation de
polynésienne peu élevée.
l’économie rurale
Nettoyage des nacres
après une séance de
plonge dans un atoll des
Tuamotu. La plonge
nacrière,
une ressource
complémentaire pour
les Paumotu qui, après
chaque campagne,
dilapident souvent leurs
gains à Papeete dans de
formidables
bringues.
A gauche :
Coprah séchant à même
le sol dans un atoll des
Tuamotu. Une
technique très
rudimentaire (pas de
séchoir) autorisée par
ia sécheresse du climat.
Aux Tuamotu, le coprah
est une quasimonoculture qui, dans
certains atolls de l'est de
l'archipel, fournit la
totalité des revenus
nécessaires à
l’acquisition des
produits alimentaires
importés.
La pêche au grand filet
est une forme de pêche
artisanale pratiquée
collectivement autour
de Tahiti et de Moorea.
Elle permet de capturer
des ature et des orare
avec de grandes sennes
à petites mailles dont la
longueur peut atteindre
plusieurs centaines de
mètres. Le maximum
des prises intervient
entre janvier et mai.
13
VIVRE EN
L’argent
POLYNÉSIE
se trouve surtout en
ville et
en
milieu
mains des propriétaires popa’a et
“demis”. En 1956, l’agglomération urbaine,
limitée à Papeete, Pirae et Faaa, ne rassemble
rural,
aux
30% de la population du Territoire
(contre 23% en 1936). Une population encore
essentiellement rurale qui, dans les “districts”
de Tahiti et des Iles ne perçoit pas de salaires,
sinon ceux des travailleurs employés sur les
propriétés popa’a ou “demies”. Une popula¬
tion qui a encore très largement recours à
que
Une société stratifiée
On a coutume, comme partout dans le
Pacifique, et sous l’influence d’une anthro¬
pologie sociale et culturelle anglo-saxonne, de
parler des phénomènes sociaux en termes de
cultures qui se juxtaposent et coexistent, et en
oblitérant les aspects de tensions et de conflits
propres à toutes les sociétés humaines et qui
l’autosubsistance.
viennent de différents processus
l’œuvre.
Une économie de subsistance
Territoire
de 1939-1945,
française était
basée sur l’autosubsistance, l’import-export
et le fonctionnement de quelques services
industriels pour les besoins internes. On notait
lendemain de la guerre
de la Polynésie
Au
l’économie
en
1947 l’existence de la sucrerie d’Atimaono,
brasserie, de l’usine électrique de
Papeete, de quelques huileries et savonneries,
d’une
d’affaires d’extraction de fibres de coco, d’un
chantier de construction navale et d’ateliers de
mécanique générale assez nombreux.
La proportion de la population rurale
(les deux-tiers de la population totale en
1956), l’importance en 1960 des exportations
des produits agricoles et de la mer (50% des
exportations à côté des exportations brutes de
phosphates, 34%, et des bénéfices du
tourisme, 14%), en 1960 encore, la place des
produits de l’agriculture, de l’élevage et de la
pêche dans la production intérieure brute
(27% dans une économie pour un tiers
urbaine, déjà assez largement dépendante de
l’extérieur
exportations 1 843 millions FP,
importations 1 618) - tous ces éléments
-
montrent le rôle de l’économie rurale
tradi¬
tionnelle. On n’oubliera pas que ces chiffres
traduisent la survalorisation des produits
industriels et des services par rapport aux
produits
ruraux.
On voit bien effectivement, face à cette
économie traditionnelle, le rôle grandissant
du commerce, notamment du tourisme, mais
avec
une
très forte concentration de ces
sur la ville, ou plus exactement, en
du milieu rural traditionnel. Plutôt que
d’économie dualiste, il faudrait ici parler
activités
marge
compartimentée avec un secteur
(qui dépasse le milieu urbain,
:
l’hôtellerie touristique dans
d’économie
moderne
exemple
quelques îles),
phosphates) qui
un
va
minier (les
disparaître, et des
secteur
économies rurales traditionnelles de districts,
d’îles et d’archipels, reliées à Papeete par un
moins mince cordon ombilical, le
la goélette.
Un indice supplémentaire du caractère de
subsistance de cette économie polynésienne en
1960 : la place importante du marché vivrier
de Papeete dans les flux, marché pour
l’approvisionnement des urbains en
tubercules, fruits, légumes, viandes, poissons,
mais aussi pour l’approvisionnement des
ruraux en produits manufacturés dans les
boutiques qui ceinturent le marché, en
poissons voire tubercules même sous la halle.
plus
truck
ou
ou
Une économie
encore coloniale certes,
sein de laquelle (voir pp. 16-17) les
facteurs de transformation sont à l’œuvre...
mais
14
au
dynamiques à
.
On
ainsi
décrit
de
la
la
société
Polynésie
dans
comme
le
pluri¬
associant des Polynésiens de
le professeur Douglas Oliver
appelle Ma'ohi à des Caucasoïdes (euphé¬
misme pour parler des Européens, Blancs,
Popa’a), des Chinois ou personnes de souche
chinoise, et à des métis appelés Demis qui (ou
que) traduisent les expressions Ta’ata Afa
Popa’a, Ta’ata A fa Ma’ohi fou Tahiti).
Dans une perspective plus sociologique
et qui restitue mieux l’histoire, il nous paraît
souhaitable de jeter au feu ce classement
lénifiant et de faire apparaître la réalité plus
crue, plus cruelle mais plus juste et plus
culturelle,
souche
que
honnête d’une société
hiérarchique dominée
D’HIER A AUJOURD’HUI
par
le groupe qui, dans la période coloniale
se poursuit jusqu’à 1960, détient sinon
tous les aspects, du moins les réalités du
qui
pouvoir et la coercition.
Popa’a et Ta’ata Tahiti
Au sommet de la
pyramide sociale
sans
doute
mesure
où
quelque
statuts
peu
qui est
arbitraire dans la
économiques et statuts
sociaux ne coïncident pas forcément, où les
hiérarchies réelles, multiples, sont affectées
par
ce
qu’on appelle des phénomènes de
tuilage. On peut, cependant, accepter cette
on trouve,
Français
de Métropole, d’abord hauts-fonctionnaires,
officiers de la “Royale”, chefs religieux ; puis
les petits et moyens fonctionnaires, militaires,
marins, le personnel du secteur privé, les
“locaux”
;
enfin, les étrangers établis.
en
Un classement
Américains surtout.
1960, les Européens (popa'a), les
stratification.
En principe, les gens du premier rang
peuvent tout, ceux du second et du troisième
ne
peuvent rien contre les premiers ; en
revanche, et du fait d’un acte réglementaire de
1932, tout Français peut être expulsé du
1960-1986
la condition d’étranger,
tellement plus facile que
ceux qui se trouvent alors dans cette condition
évitent généralement de tomber sous le coup
des excès du pouvoir colonial,
A la base, les
Ta’ata Ma’ohi (dits
Polynésiens) : cultivateurs, pêcheurs, artisans,
salariés. Ils n’ont qu’une faible représen¬
tation, d’une part parce que les organes
représentatifs sont peu nombreux, d’autre
part parce que peu ont accès à ces organes ou
même aucun pour les plus élevés.
L’instance représentative de base est le
conseil de district élu qui, à l’image de son
président, le tavana, est constitué souvent par
les notables que les Eglises, l’école et la
richesse foncière secrétent. Une instance qui,
au demeurant, en I960, n’est rien, au regard
du droit public français (voir pp. 52-53) sinon
une
(bonne ou mauvaise ?) courroie de
Territoire ; quant à
elle rend l’expulsion
transmission de l’administrateur.
Les Demis
un niveau plus élevé, l’Assemblée élue au
suffrage universel, depuis la fin de la Seconde
Guerre mondiale. Mais ce n’est déjà plus
beaucoup, ici, le domaine des Ta’ata Ma’ohi,
mais bien plutôt celui des Demis (Afa Ta’ata
Ma’ohi ou Afa Ta’ata Popa’a), voire des
Popa’a : en tout cas, les “ténors” le sont,
“demis” ou européens. Les Demis sont pr'ô^
A
priétaires fonciers, instituteurs, agents de
; ils font carrière dans le
l’industrie locale, les professions
libérales. En fait, il s’agit d’une couche cul¬
turelle, à cheval entre les deux cultures.
l’administration
commerce,
ma’ohi et
européenne, maîtrisant à peu près
bien les deux langues, le tahitien et le français,
voire au surplus l’anglais, et jouant de ce
La Tamara à
quai
atoll des
Tuamotu. Les armateurs
tinito ou “demis" se
livrent à une
concurrence acharnée
dans
un
anarchique - la
fréquence et la
régularité des voyages
et
Un tare vanira. L'argent
de la vanille gagné avant
et après la Première
Guerre mondiale a
permis à certains
notables ma'ohi ou
"demis" de construire
des maisons dont
l'architecture s’inspire
d’un certain style, dit
"colonial",
en
honneur
dans le sud des
Unis.
États-
souffrent - pour
collecter les produits
traite (le coprah
en
de
essentiellement) et
redistribuer les tôles, le
pétrole... et les produits
alimentaires (farine, riz,
sucre...) vendus “à
l’aventure” au magasin
du bord. Autant de biens
importés dont les
insulaires
ne
peuvent
plus se passer.
monopole, du fait que tous les Popa’a ne
parlent pas tahitien et que de très nombreux
Polynésiens ne comprennent pas le français,
plutôt que d’une classe sociale, ne serait-ce
parce que l’on trouve dans cette couche cultu¬
relle “demie” tout l’éventail des statuts écono¬
miques depuis le petit cultivateur de vallée
plus pauvre que nombre de ALo’o/ï; jusqu’au
grand bourgeois qui entretient appartement à
évidemment)^_y
Paris et villa sur la Côte (d’Azur
Les Demis et les Popa’a n’ont
pas,
toutefois
dans les années 60. le monopole de la
représentation parlementaire (ou quasi parle¬
importante dansv^la
ils occupent satts
les sièges de\
économique et
social, mais depuis 1948, par la grâce du
suffrage universel, la fonction de député leur
échappe ; elle échoit d’abord à Pouvanaa a
Dopa (voir pp. 20-21), puis, après sa desti¬
mentaire)
la
plus
hiérarchie politique. Certes,
discontinuer depuis
1946
Sénateur et de Conseiller
tution en 1958, à son fils Marcel.
L’élection d’un authentique Polynésien
Page de gauche :
Le gouverneur Toby
tait la bringue. Ce
gouverneur, qui fut par
ailleurs
un
excellent
analyste de la situation
politique locale à
l’époque de son
proconsulat (1954-1958,
voirp. 21), ne dédaignait
pas les plaisirs offerts
par le Papeete
nocturne.,, ce qui a très
largement contribué à sa
popularité.
à
importante a évidemment
une
signification qui n’est pas seulement
politique et qui atteste que la société
tahitienne est travaillée en profondeur par le
changement.
Un changement qui, en
une
fonction aussi
apparence, ne concerne pas les Chinois que
leur statut d’étrangers tient en marge de la
population. Ce qui
communauté
ne
asiatique
veut pas dire que la
ne
joue
pas un
rôle
important, qu’elle saura faire valoir plus tard,
dans la société territoriale.
15
VIVRE EN POLYNÉSIE
Une société
en
crise
système colonial qui vient d’être décrit
ses aspects essentiels fonctionne à
peu
Le
dans
près correctement entre les deux guerres.
Certes, la société de ce qui constitue alors les
Établissements français d’Océanie a ses
contradictions.
Demis, tout
Les
au
moins
qui tiennent le haut du pavé,
n’apprécient guère le dynamisme économique
des Chinois qui, partis de rien, sont parvenus
en
quelques décennies à monopoliser le
négoce et une partie de l’artisanat, à contrôler
la plupart des transactions touchant la vanille
et la nacre, à investir de gros capitaux dans la
flottille de goélettes qui assure le trafic entre
Tahiti et les archipels, à conquérir des
positions importantes dans l’import-export
qui fut longtemps leur domaine réservé et
celui des Popa’a. Quant aux Ta’aia Tahiti, ils
apprécient sans doute d’être sous-administrés,
mais ils n’oublient pas que la plupart des fenua
appropriés par les autres catégories sociales
ont jadis appartenu à leurs ancêtres ; ils
éprouvent quelque animosité à l’égard de leurs
ceux
créanciers
chinois
confusément que
;
ils ressentent surtout
leur destin leur échappe : ce
ne sont
pas eux qui fixent les prix du coprah et
de la vanille, ce ne sont pas eux non plus qui en
tirent les plus gros profits.
Mais les conséquences de ces contra¬
dictions restent relativement bénignes tant
que la pression démographique n’augmente
pas trop vite, tant que l’écart entre le prix du
coprah, de la vanille, de la nacre et des
phosphates et celui des produits importés des
pays industrialisés n’est pas trop grand. Ce
fragile équilibre va être rompu après la
Seconde Guerre mondiale par la conjonction
de toute
Par
d’abord
série de facteurs défavorables.
une
une
pression démographique
accrue
1931 et 1946, le taux moyen de
croissance annuelle de la population est de
: entre
2,5%
; entre 1946 et 1962, il passe à
affaiblissement du potentiel
3,3%. Par
productif
ensuite : l’exploitation des phosphates de
Makatea arrive à son terme ; les lagons
nacriers, trop sollicités, s’épuisent ; les
plantations pérennes (cocoteraies, caféières),
atteintes par un vieillissement, ne peuvent être
un
renouvelées
en
l’existence
coutumière
raison des obstacles liés à
indivision foncière
d’une
non
ration
reconnue.
rapide, enfin,
l’échange”. Entre 1948
calculs
de
exportations
Cl.
Par
une
détério¬
des “termes de
et 1960, selon les
Robineau, la valeur des
accuse une hausse annuelle
inférieure à 5%, alors que celle des impor¬
tations approche les 18%. Dans le même
temps, toujours selon le même auteur, l’indice
coût de la vie progresse d’environ 70
du
points.
Ce sont bien entendu les ruraux qui
pâtissent le plus de cette situation. Dans les
années 50, ils émigrent toujours plus nom¬
breux : vers la Nouvelle-Calédonie, qui
accueille les travailleurs
venus s’embaucher
le chantier de construction du barrage de
Yaté ; vers l’agglomération urbaine de Tahiti
sur
(Papeete, Pirae, Faaa) dont le poids
démographique relatif s’accroît de 4,65%
entre 1946 et 1962. Quant aux privilégiés du
16
système colonial,
avec la baisse de la rente
foncière, ils cessent d’investir dans l’agri¬
culture au moment où celle-ci en a le plus
L’inspecteur général Guillaume note
dès 1956 que “l’on spécule [déjà] sur les plusvalues à attendre du développement des
besoin.
centres
urbains et des
faveur
d’une
tourisme”.
Une
zones
puissante
résidentielles à la
expansion
du
politique d’investissements
qui, dans le passé,
guère intéressé à une lointaine
colonie qui devait se suffire à elle-même,
s’inquiète de la dégradation d’une situation
socio-économique qui contribue à nourrir une
revendication politique dont on analysera
plus loin les implications spécifiques. Par le
biais de la planification - deux plans de
développement se succèdent en se
Le Gouvernement central
ne
s’était
chevauchant entre
actions
1947 et
1960
-
dont les
financées par
le Fonds d’inves¬
tissement économique et social (FIDES) qui
sont
Papeete à la fin des
années 60. La politique
d'investissements
menée dans les années
qui ont précédé et qui
ont immédiatementsuivi
l'installation du C.E.P.
s'est essentiellement
attachée au
développement des
Infrastructures. Sur
photo. Papeete a
conservé son aspect
colonial. Seule
concession visible à la
modernité en matière
d'urbanisme : ia
cette
présence des bâtiments
de l'Office du Tourisme
au
premier plan à droite.
émarge
investir
au budget métropolitain,
3 631 millions de FCP
Territoire
en
15
ans.
La
somme
dérisoire
l’Etat
dans
nous
va
le
paraît
aujourd’hui, mais elle est fort
importante à l’époque. Plus de 80% de ces
crédits, le fait est significatif, “portent sur des
travaux d’infrastructure
et sur des équi¬
...
pements sociaux”. Avec le passage du temps,
la finalité de ces investissements se modifie
progressivement. Au lendemain de la Seconde
Guerre mondiale, les crédits en cause servent à
rénover un “équipement vétuste et démodé”
qui, pour l’essentiel, “datait de 70 ans”, nous
précise la Documentation française. Dans la
décennie qui précède l’installation du C.E.P.,
il s’agit plutôt d’ouvrir la Polynésie française
sur
le monde extérieur
:
la construction de
l’aéroport international de Tahiti-Faaa,
inauguré en 1961, nous y reviendrons,
symbolise cette “ouverture”. Une ouverture à
laquelle il faut préparer les jeunes esprits : le
lycée Paul Gauguin ouvre ses portes la même
année. Une politique qui, somme toute, ne
vagues ; on ne saurait en dire
l’action menée en faveur de la
pouvait faire de
autant
de
production qui s’inscrit dans
explosif.
Dans le
l’agriculture, qui demeure
social
un contexte
domaine
une
de
activité
en 1956, elle procure 46% des
la réussite du plan de relance et de
diversification des cultures, préconisé par
l’inspecteur Guillaume, dépend de l’adoption
essentielle
emplois
et de
-
-,
la mise
en œuvre
de toute
une
série de
dispositions portant reconnaissance et
“aménagement” d’une indivision coutumière
que les pouvoirs publics ont en vain essayé
d’éradiquer pendant plusieurs décennies. Une
réforme préparée par une commission ad hoc,
la commission Bonneau, qui suscite l’oppo¬
sition passionnée des Demis parce qu’elle
déroge du Code civil métropolitain,
instrument juridique de
la colonisation
foncière et par le fait même symbole de leur
prééminence socio-économique et de leur
identité.
Le Gouvernement
central, qui dispose
pourtant des moyens institutionnels
d’imposer son point de vue au risque de passer
pour
colonialiste, capitule devant cette
opposition. Malgré quelques succès - la
production de coprah atteint des sommets
dans les années 60 grâce au baguage de la
cocoteraie, une opération agro-technique qui
ne
soulève pas de problèmes sociaux - la
réussite du plan de relance de l’agriculture est
bien compromise avant même que le C.E.P.
ne lui porte le coup de grâce. Cet échec dans le
domaine de la production et l’augmentation
importante des importations de biens d’équi¬
pement, qui est la conséquence de
l’intervention croissante de
autres
secteurs
180% 160 140 -
FAAA, PIRAE
l’Etat dans les
de l’économie, se
traduisent
par une détérioration de la balance commer¬
ciale ; le taux de couverture des importations
de 90% dans les
L’équilibre socio¬
économique du Territoire est donc en train de
se modifier quand la même année, le général
par les exportations passe
années 50 à 56% en 1962.
de Gaulle
annonce
par
Polynésie française :
importations
les exportations {en %)
de 1944 à 1963.
croissance et
"Sèséqullibres
démographiques
(1946-1962). L’inégale
répartition de la
ARUE, MAHINA,
PUNAAUIA, PAEA
l’installation du C.E.P.
Couverture des
A droite :
1946
CVJ O
O
T
I
80% n
®4
107
1951
5 742
.
1956
.
7 728
,
1
J
1962
.STE DE TAHITI
croissance
démographique qui a
contribué à la formation
de la proche (Pirae,
Faaa) et de la lointaine
(Arue, Mahina,
Punaauia, Paea),.
banlieue de Papéete et
au déséquilibre entre
Tahiti et les archipels
(voir.pjj. 32-33), est un
ILES DU VENT
phénomèrie'qui apparaît
lendemain de la
Seconde Guerre
mondiale.
au
1962
ILES SOUS-LE-VENT
1956
TUAMOTU-GAMBIER
(avec Makatea)
rpf'J
41»
»?.'
MARQUISES
AUSTRALES
17
VIVRE EN
POLYNÉSIE
politique
La crise
:
aux sources
du nationalisme
Le 12 octobre 1958. Pouvanaa a
lendemain de la Seconde Guerre mondiale et
symbolisant
Oopa,
vice-président du Conseil de Gouvernement
de la Polynésie française, député à l’Assem¬
blée nationale, chef du Rassemblement démo¬
cratique des
populations tahitiennes
(R.D.P.T.) et leader charismatique du peuple
ma’ohi (le meliia, le père) était arrêté au
matin, à son domicile, sous l’inculpation
d’avoir “invité en public et à plusieurs reprises
ses partisans à brûler Papeete et à en faire un
désert’’.
d’Assises
criminelle (la Cour
Territoire) sous l’inculpation
volontaire, comme s’il s’était agi
Jugé
du
d’homicide
en
cour
simple pyromane, et non d’atteinte à la
sûreté de l’Etat - une accusation qui aurait été
d’un
peuple". 11 reprit alors dans le calme après un accident de parcours qui en constitue
sans doute l’épisode le plus important - une
carrière politique commencée vraiment au
son
plus sérieuse mais peut-être plus difficile à
prouver -. Pouvanaa fût incarcéré en France
“à la prison des Baumettes, sous le régime...
des prisonniers politiques, régime qui montre
bien l’inanité de l’inculpation de pyromane ; et
après huit ans de détention, puis de résidence
surveillée, après avoir été gracié, il revient à
Tahiti le 30 novembre 1968, objet d’une
manifestation grandiose et d’une prière
d’action de grâce pour les retrouvailles avec
pour
la première fois à Tahiti
l’émergence d’un nationalisme populaire dont
profondes mais
qui Jusqu’alors n’avait pas réussi à s’exprimer.
Un nationalisme authentiquement populaire
parce qu’il ne se contente pas de remettre en
cause les relations de dépendance existant
entre la France et sa lointaine possession du
Pacifique, mais conteste fondamentalement
l’ordre social mis en place localement par le
système colonial.
les racines sont anciennes et
Des racines profondes
et anciennes
symbolisé par Pouvanaa n’a
pas de peine à trouver des aliments dans le
passé, tant la lutte pour l’indépendance des
Polynésiens le marque, sinon vigoureuse¬
ment, du moins très régulièrement. Après la
victoire des royaux-chrétiens en 1815 à Tahiti
qui est, aussi, la défaite d’une indépendance
Le nationalisme
tahitienne, la crise de la Mamaia (en
extrêmes
festation
refusant
ses dates
1826-1840) est également une mani¬
la
de
de
se
personnalité
dissoudre dans
tahitienne
un
univers
européen-chrétien. Le protectorat français de
1843 amène trois années de guerre
dure : 1844-
1846. Et l’annexion des îles Sous-le-Vent en
1887 déclenche des résistances armées à
Huahine et à Raiatea. Les Tahitiens n’ont
Jamais compris, ni admis, que leur union à une
grande puissance européenne, reconnaissance
de la puissance technologique et religieuse de
celle-ci en échange de sa protection, puisse
son intrusion dans leurs propres
affaires, l’aliénation de leurs terres au profit de
entraîner
sujets ou citoyens, le peuplement
îles par des colons étrangers. “Malen¬
tendu pacifique” écrit l’ethnologue J.-F'. Baré,
ses
des
propres
dans un livre tout récent. Les
temps
des premiers
missionnaires voyaient très bien “Peretane”
(la Grande-Bretagne) comme une unité
politique de rang élevé apportant Jéhovah
dans les îles et formant avec les unités
à
ce
propos,
Tahitiens
politiques traditionnelles une confédération à
la tête de laquelle elle aurait eu une suprématie
toute nominale (à l’âge des ari'i maro ’ura ou
maro
tea). Lorsque, le 18 avril 1958,
J.-B. Céran-Jérusalemy “se faisant l’inter¬
prète de M. Pouvanaa a Oopa”, déclare à
l’Assemblée territoriale que le R.D.P.T. s’est
assigné la tâche de mener le pays vers une
république tahitienne dans l’Union française,
la conception
n’est guère différente, et
A.-R. Grand a raison de répéter avec force
dans
sa
thèse de doctorat que,
dans
son
nationalisme, Pouvanaa demeurait attaché à
la France.
conquête de
l'archipel de la Société.
Ces reproductions
{ci-dessus : une
aquarelle de C.C. Antig
représentant un fortin
La
dominant les hauteurs
de Papeete et édifié par
les troupes françaises ;
à gauche : la résidence
fortifiée, le pa de
Teraupoo à Raiatea) de
vestiges aujourd'hui
disparus nous
rappellent que la
domination française a
été imposée par la force
dans cet archipel. Cet
événement historique
alimente aujourd'hui
la revendication
nationaliste de certains
encore
partis indépendantistes.
18
du
D’HIER A AUJOURD’HUI 1960-1986
Un nationalisme
contenu
longtemps
conquête coloniale
longtemps à se remettre de la perte de
Le nationalisme né de la
mettra
l’indépendance. Le Tahiti colonial d’avant la
Première Guerre mondiale est
paternaliste,
seulement
un
Tahiti très
un territoire “assoupi”, en proie
éclats de voix, aux intrigues et
aux
scandales de la toute petite colonie
européenne dressée en clans antagonistes,
“locaux” contre “métropolitains”, “privés”
aux
contre
administration, colons contre maisons
de commerce.
Français contre Anglo-Saxons.
De la masse polynésienne, au demeurant peu
nombreuse (27 000 habitants en 1918), mais
écrasante majorité par rapport à la colonie
euro-américaine, il est peu question. Bien que
citoyens, les habitants de Tahiti, des Tuamotu
et des Marquises n’ont pas d’assemblée élue au
niveau du Territoire, ni de député au niveau
République, seulement un
délégué au Conseil supérieur des Colonies, qui
sera,
le plus souvent, un étranger au
Territoire.
Une certaine conception
tahitienne, paternaliste et hiérarchique des
rapports sociaux qui n’exclut pas, tradition¬
nellement, le contrôle rigoureux des leaders,
correspond au paternalisme autoritaire et
du Parlement de la
tâtillon
l’administration
de
et
à
celui,
exploiteur, des colons, et peut expliquer
l’apparente passivité des Tahitiens.
Une
passivité dont ils vont sortir
progressivement quand la Première Guerre
mondiale
va
les faire entrer dans le monde
combattants destinés à
de bataille de l’est ; et
leurs survivants, qui ont découvert l’existence
en Métropole d’une société relativement égali¬
taire et démocratique - au moins par rapport
contemporain
mourir
aux
sur
comme
les champs
conditions sociales et
à Tahiti
-
îles, dans
politiques prévalant
vont se retrouver,
une
à leur retour
aux
société figée, paternaliste et
qui se refuse à faire la moindre
place à leur nouveau statut de fait d’anciens
combattants ayant donné leur sang, souvent
décorés et donc citoyens plus qu’à part entière.
Pouvanaa est de ceux-là et un premier
autoritaire
nationalisme
tahitien
s’ébauche
et
va
revendiquer, dans le cadre de la France, mèrepatrie. l’égalité de régime entre Tahiti et la
Métropole dans le cadre d’une République
démocratique dont les anciens combattants
ont
constaté l’existence lorsqu’ils s’y
trouvaient pour faire la guerre et la défendre.
Le Père fondateur et ses
héritiers. L'arrestation
de Pouvanaa a Oopa le
12 octobre 1958
(ci-contre) ne sonne pas
le glas du combat
nationaliste, repris avec
vigueur par John Teariki
(ci-dessous) (voir
118-120), son fils
spirituel, rejoint en 1967
par Francis Sanford
(en bas à gauche).
Le scrutin législatif du
10 juin 1976 (durant
lequel F, Sanford mène
pp.
campagne en
compagnie de
Pouvanaa. autorisé
à
revenir à Tahiti en 1968)
montrera que le peuple
polynésien est en
majorité favorable à
l'autonomie interne.
19
VIVRE EN
POLYNÉSIE
politique
La crise
Pouvanaa,
ascension et chute
Une
tiellement
revendication de caractère
essen¬
politique qui devra attendre les
lendemains de la Seconde Guerre mondiale
et
le discours fameux
prononcé à Brazzaville par
le général de Gaulle pour être enfin prise en
considération par le Gouvernement central
qui, en 1945, accorde la citoyenneté à tous les
ressortissants des Établissements français
d’Océanie
et
leur
octroie
le
droit
d’être
représentés,
la voie du suffrage universel,
au
français, à l’Assemblée de
l’Union
française et localement à une
Assemblée représentative (sans pouvoirs sur
le plan politique) qui deviendra Assemblée
par
Parlement
territoriale
en
1953.
Ci-dessus :
Noël Mari présidant
l’Assemblée territoriale
(1954-1958). Curieux
destin que celui de cet
homme "de tradition”
faire fortune à
Tahiti en 1934 après
avoir fréquenté la bonne
société parisienne.
venu
Antigaulliste de choc
pendant la Seconde
Guerre mondiale
(et après), son chemin
croiser celui de
Pouvanaa qui fut
va
partisan du générai de
Gaulle en 1940 : leur
nationalisme "ouvert" et
une haine commune de
l'administration les
Des
mesures
qui
1958, il se retire alors
volontairement dans son
"Ermitage
Sainte-Hélène" où il
achèvera ses jours. De
cette “terre d'exil”, il
rédige pour le Journal
de Tah/f/de savoureuses
chroniques où il
continue à ferrailler avec
verve contre les
administrateurs et les
gendarmes. Il est
l'auteur de "Secrets
tahitiens, journal
popa'a farani".
d'ury^
l’espace politique ainsi libéré. Faut-il préciser,
s’agissant de ces derniers, que dans la mesure
où ils participent des deux cultures, l’euro¬
péenne et la ma’ohi, ils se sentent tout natu¬
rellement désignés pour représenter le peuple
tahitien tout entier. Un point de vue que
Pouvanaa ne partage sûrement pas mais qu’il
n’a pas encore les moyens de faire valoir. En
1945, il n’obtient que 44 voix (sur 14 330 vo¬
tants) lors des élections qui permettent aux
habitants de la colonie d’envoyer un député à
la première Assemblée constituante. Il ne fera
pas partie non plus des 20 membres élus de la
première Assemblée représentative, une
assemblée dominée par les Demis, dans
laquelle siègent six Européens.
On connaît la suite et point n’est besoin
ici de réécrire par le menu l’histoire du metua
et de son mouvement dont les épisodes essen¬
tiels ont déjà été décrits dans un autre tome de
cette Encyclopédie.
représentative elle-
même a contesté le
recrutement. Les
meneurs
(dont
Pouvanaa et N. Ilari),
accusés notamment
“d’immixtion dans les
affaires du
Gouvernement local (et)
de complot en vue de
résidence surveillée à
Tubuai (où il a acheté
de l'affaire du'
Ville d'Amiens, il est élu
conseiller R.D.P.T. des
Australes à l'Assemblée
territoriale. Battu en
les “droits" des anciens
combattants du
Bataillon du Pacifique,
et le Comité Pouvanaa,
dont les objectifs sont
des Volontaires et le
Comité Pouvanaa
20
propriété) à la suite
Volontaires, qui défend
politique
Ville d'Amiens
va
être le
catalyseur de la vie
politique locale et, deux
ans plus tard, l'Union
fusionneront pour
donner naissance au
R.D.P.T.
récupérations
exceptionnelle
d’une aventure
-
qui, aujourd’hui
encore, continue à nous interpeller. 11 fut
exceptionnel, en effet, le destin de cet homme
que son origine populaire ne prédisposait pas
à jouer les premiers rôles dans un système
dont les Ta’ata Tahiti étaient exclus. Doué
d’une autorité naturelle
s’imposer à
qui lui permettra de
de route Demis
(certains le trahiront plus tard), il saura
d’abord structurer les différents groupes de
mécontents qui s’opposent à l’administration
en fondant en 1947 le Comité Pouvanaa
qui
ses compagnons
donnera naissance
R.D.P.T.
au
en
1949. 11
profit le système repré¬
sentatif octroyé par la Métropole - il est élu
député en 1951 - et chaque campagne
électorale lui fournit l’occasion de “prendre la
saura surtout mettre
COMITE
à
POUVANAA
(37-3-47 Dodlilé 22-3 47]
débarquement de trois
fonctionnaires popa'a
■prendre le pouvoir”,
seront acquittés faute de
preuves. L'affaire du
une
-
les
toutes
manifestation pour
s’opposer au
dont l’Assemblée
exceptionnel
Il faut quand même tenter de dégager la signi¬
fication profonde, trop souvent occultée ou
déformée
le pouvanisme fait l’objet de
plus clairement
politiques, organisent
en commun une grande
En haut à droite et
ci-contre :
L’affaire du
Ville d'Amiens et le
Comité Pouvanaa. Le
21 juin 1947, l'Union des
rapprochent. Mis en
Un destin
permettent aux colons - le vocable est encore
en usage à l’époque - et aux Demis, d’occuper
:
ütférrrrn Uttri
tion
m.
U7 C*». Ji 2-1-ir âe Monùtmr le Couetrneer
Entre les soussignés. Ü a été composé une associa¬
politique qui prend le
nom
■
provisoirement
■
de:
"TOMITE
créera dans les Etablissements Fran¬
de I Oceonle un parti politique avec des repré¬
sentants dans chaque Ile ou district, et il présentera
des candidats â toutes les élections.
Ce Comité
çois
Son but
la * Modification du Décrei organique
un esprit tahiilen por les Tahitiens,
1885*. dans
pour une
q
est
adhésion pleinement et librement consentie
I Union Française.
LE
Préildeel
(PerelliiDl)
Vic«-PréildflDl
Secrétoire
Secrétaire
Trétorlei
(PercUléBl mono)
(PopoJ porou)
ad|olDt (Popol porou mono)
(Hoopao moDl]
Membres du Bureou
(Mero
ne te
Bureau)
j
OOPA.
POUVANAA”
E faa tupu loua Tomlie râ 1 roio 1 te E F. O., l te
hoè pupu polltila, ma te laa toro'a 1 te hoè mau fêla
no te mono raa la'na i roto i te vetahi mau ienua e i
te mau malaelnaa E tuu oto'o mol ola i te mau iela e
ou
la maltl l te mau maltl rao ato'a.
Te vahl e hlna’aro hla. la taul hla te * Décret or¬
roa o te Toaia
Tahiti na te Taola Tahiti, no te lahi laho'e roa tl'a o
TAHITI la FARANI i rotopu 1 te AMUIRAA FARANI
ganique de 1885 *, no roto 1 le leruri
(Union Française).
BUREAU
Pomnee
e
OOPA
TIXIER Pierre
CepAN./BRUSALBMY /ren-SepriiK
COLOMBANI Benjemln
BUILLARD Anihelme
AUMERAN Henri
URARII Totea
"TE ARATAI”
-
POUVANAA
—
"COMITÉ POUVANAA"
de
à Montieer
I rotopu 1 tel papal ana’e l te lo'a l raro nel, ua
laa ll'a hia le hoé. talete polittla o tel topa hla — no
tele nel mau mahana
i te lo'a o :
BULUTIN DU COMITE POUVANAA
-
D’HIER A AUJOURD’HUI 1960-1986
parole” et, ce faisant, de la rendre à un peuple
qui n’a jamais eu la possibilité de s’exprimer
directement. Une parole “traditionnelle” dans
la forme
Pouvanaa est un grand orateur
polynésien nourri de culture biblique - mais
-
nouvelle dans
son contenu.
Pouvanaa n’innove pas dans le champ
politique quand il réclame une véritable
décolonisation des rapports existant entre la
Métropole et le Territoire. Certes, pour
certains colons et Demis, la France demeure le
meilleur garant de la reproduction du système
colonial, mais il en est d’autres qui, depuis
débats tumultueux du Conseil général à la
du
les
fin
XlX'^siècle, réclament périodiquement une
qui en tient lieu)
“autonomie interne” (ou ce
qui,
outre
sa
finalité
spécifique,
aurait
l’avantage de les préserver des velléités de
réforme sociale d’un gouvernement de gauche
métropolitain. Pouvanaa innove parce qu’il
fait
de
la
revendication
autonomiste
un
préalable à l’amélioration des conditions de
vie des Ta’ata Tu/î/t/qui sont, nous l’avons vu.
les
principales victimes de la crise du système
qui, bien entendu,
passe par une transformation des rapports
faits
colonial. Une amélioration
foncière,
Une
révision
perspective insupportable pour les privilégiés
dudit système, Pouvanaa l’apprendra à ses
dépens. Commentant la campagne électorale
des
élections
législatives de 1956, le
gouverneur Toby n’hésite pas à écrire dans un
rapport officiel que : “Rudy Bambridge est
apparu comme le candidat de la classe
possédante s’opposant par contraste [à
Pouvanaa
candidat des] cultivateurs et
pêcheurs tahitiens des districts et des îles”. On
ne saurait être plus clair.
Au plan politique, le R.D.P.T. obtient
satisfaction : la loi-cadre élaborée par le
ministre socialiste Defferre est promulguée
acquis”
sociaux
nés
de
dans le Territoire
en
la
colonisation.
1957 et
son
leader devient
Conseil de
tarpéienne est
près du Capitole : le metua en fait la cruelle
expérience quand il veut faire entrer dans les
vice-président
du
nouveau
Gouvernement. Mais la Roche
son
transferts
programme
il
refuse
immobiliers
droits
des
;
“social” : en matière
autorisations de
les
et
demande
fonciers
une
“indûment
J.-B. Céran-Jérusalemy fait voter à
en avril 1958 un impôt sur le
l’Assemblée
revenu.
C’est le commencement de la fin
devant
l’émeute, le texte doit être retiré.
:
L’administration centrale était-elle hostile à la
politique suivie par le metua ? Ce n’est pas sûr.
A l’époque, il convient de le rappeler, elle n’est
pas hostile à une réforme foncière qui devrait
permettre de relancer une agriculture moins
assujettie au marché mondial.
On connaît la suite. Pouvanaa, déçu, fera
de s’opposer à de Gaulle lors du
l’erreur
référendum constitutionnel du 29
1958. Affaibli par cet
politiquement
en
échec, il
septembre
liquidé
sera
octobre dans les conditions
que nous avons relatées. Le 23 décembre, le
Gouvernement central rend au gouverneur les
que la loi-cadre avait transférés aux
élus de l’exécutif local. LeC.E.P. peut arriver.
pouvoirs
Le premier exécutif
iocai. Institué par la
loi-
cadre, ce Conseil de
Gouvernement, élu par
l’Assemblée territoriale,
est présidé par le
gouverneur Toby mais,
“le vrai pouvoir se trouve
entre les mains du vice-
président du Conseil",
Pouvanaa a Oopa
Les manifestations
d’avrii 1958 contre
i’impôt sur le revenu.
Pouvanaa, suivi
notamment de
J.-B. Jérusalemy et
de
Jacques-Denis Drollet,
traverse une
foule de
“petits et moyens
contribuables” qui ne
(“Mémorial
polynésien”). Tous les
“ministres”, qui
appartiennent au
R.D.P.T., (à l'extrême
droite on reconnaît
Pierre Hunter, actuel
conseiller Here Ai'a) ne
sont pas d’accord, tant
s’en faut, avec le
programme
Metua.
Ci-dessus :
Pouvanaa et
social du
l’Église
évangélique. Pouvanaa,
qui assiste à
l'inauguration d’un
temple, n'a sans doute
pas apprécié la position
opportuniste prise par
l’Église évangélique lors
l’impôt si certains “gros
du référendum
constitutionnel de 1958.
Par la voix autorisée et
radiodiffusée du pasteur
s'illustreront d'ailleurs
au cours de cette
effet savoir, tout comme
seraient sûrement pas
venus manifester contre
contribuables”, qui
journée mémorable, ne
les y avaient pas incités
d’une
campagne de
“désinformation”
au cours
soigneusement
organisée.
Koringo a Poo
(voir p. 85), elle fera en
l'Église catholique (qui
recrute davantage dans
les milieux “demis")
qu'elle n’est pas
favorable
au
“non”
prôné par le Metua.
21
VIVRE EN
POLYNÉSIE
L’annonce
des
temps
nouveaux
Dans les années 60, le
place,
système colonial
solide, du moins en
apparence. Pourtant, il n’en finit pas de sortir,
dans l’ordre socio-économique comme dans
l’ordre politique, d’une crise profonde qui est
seulement le signe tangible des changements
qui affectent la planète depuis la fin de la
Seconde Guerre mondiale, des changements
que la Polynésie, en dépit de son isolement
géographique, ne peut ignorer. Dans ce
contexte, le C.E.P., qui est l’agent et le
symbole de la grande mutation que connaît le
Territoire depuis un quart de siècle, n’est pas
un événement fortuit. Certes, en raison de la
est
en
nature
encore
même
dimension, il
de
a
ses
dû très largement passer, si l’on peut
“par-dessus la tête” de son auditoire.
Après avoir rappelé les liens étroits que le
propos a
dire
ses
activités
et
de
Territoire a tissés avec la France Libre lors du
second conflit mondial, le Général ajoute :
“Depuis les années
ont passé, et par
le monde change. 11
pas difficile maintenant de voir quels
toutes sortes de moyens,
n’est
les traits nouveaux que notre terre est en
train de prendre. Ces traits nouveaux, les voici
sont
comme
je les vois.
«D’abord, il y a la tendance de toutes les
entités
ethniques populaires et nationales à
garder leur caractère propre et à disposer
d’elles-mêmes. 11 y a en même temps la
nécessité primordiale de se rattacher
délibérément à un grand ensemble
économique, culturel, politique, sans quoi
chaque territoire tomberait vite dans la
misère, serait la proie de l’ignorance et
servirait de champ de bataille à tous les impé¬
rialismes du monde.
«Un autre trait du monde nouveau, c’est
tout autour de notre terre, de
rétablissement,
sa
responsabilités
propres
dans l’accouchement du monde dans lequel
nous vivons. Mais ce monde
qu’il marque de
empreinte et dont il accélère l’évolution,
déjà en gestation au cours de la
période précédente ? Ce monde, le général de
son
n’est-il pas
Gaulle lui-même n’a-t-il
avènement dès 1956 ?
Le voyage
pas
annoncé
son
du général de Gaulle
Quand le général foule le sol tahitien le 30 août
1956, à l’invitation du maire de Papeete, il n’a
pas encore terminé sa “traversée du désert” et
si, face à la légalité vacillante de la IVe
République, il ne doute pas de sa légitimité,
rien, à cette date, ne laisse présager son retour
prochain “aux affaires”. Ce jour-là, devant
une
foule chaleureuse massée place du
Maréchal Joffre, il prononce un discours,
parfois cité, plus rarement commenté, dont le
22
De Gaulle visite les
districts. Le Général,
qui n'est pas
en odeur
sainteté dans les
instances dirigeantes
de la IV' République,
est reçu très
de
officiellement dans
Territoire où il jouit
immense prestige
auprès du peuple
(en majeure partie
“pouvaniste”), tout
un
d'un
amitiés politiques de
certains milieux
“demis”. A côté des
personnages officiels,
en
bénéficiant de solides
du gouverneur Toby et
des tavana, on note la
présence de
son
"compagnon de ia
France Libre"
John Martin, et celle de
Jacques Foccart son
conseiller spécialisé
dans les missions
politiques discrètes.
ce
grand réseau de communications aériennes,
navales, aéro-navales, qui enserrent le monde
et sans lequel, de plus en plus, on ne peut plus
imaginer de relations humaines, d’échanges ni
d’activités.
«Le
nouveau,
troisième
trait
de
notre
monde
c’est le commencement du règne de
CD.EP6,
D'HIER A AUJOURD'HUI 1960-1986
l’énergie atomique qui apporte à tous les
hommes à la fois d’immenses
progrès et
possibilités de
une terrible menace.
«Voilà bien, je crois, comment on peut
exprimer les trois conditions nouvelles dans
lesquelles va maintenant marcher pour une
période plus ou moins longue notre terre...
«Eh bien, dans le monde tel qu’il devient.
Tahiti jusqu’à présent lointaine, isolée au
milieu
des
s’ouvrir
mers,
rôle
Tahiti
tout
important,
à coup voit
rôle nouveau
sur le globe terrestre. 11 n’est
que de regarder la
mappemonde et d’y tracer les communi¬
un
un
cations aériennes de demain pour voir que
Tahiti est nécessairement pour beaucoup de
communications une étape indispensable
capitale, et, d’autre part, il n’est que
d’imaginer les périls que la menace atomique
fait peser sur la Terre pour voir que Tahiti, là
ces
et
où
elle
est.
entourée
d’immensités
invulnérables de l’Océan, Tahiti peut être
demain un refuge et un centre d’action pour la
civilisation toute entière. Voilà comment la
transformation du monde à laquelle nous
assistons donne à votre île, et aux îles qui
l’entourent, une importance tout à coup très
grande. Eh bien ! Ce destin nouveau qui lui est
ouvert, Tahiti y marchera avec la France.»
On peut bien entendu, plus de trente ans
après, gloser rétrospectivement sur
l’ambigu'îté du propo.s du Général en matière
nucléaire, voire sur sa duplicité s’agissant des
institutions. La gaullolâtrie inconditionnelle
Tahiti-Faaa en chantier.
Avec l'aéroport de Faaa,
inauguré en 1961, la
Polynésie s'ouvre
trafic aérien
international. En 1950,
Air France avait tenté
au
de lancer une ligne
Paris-Bora Bora, mais
sans
succès, les moyens
navigation et les
renseignements météo
disponibles étant encore
de
Insuffisants.
Un Bréguet décollant de
Tahiti-Faaa à la fin des
années 60. Ce type
d'appareil, utilisé
par
l'armée de l'air, assura
les liaisons rapides entre
la "base arrière de
Tahiti" et les "sites" du
Il
sera
(voir chapitre 2).
remplacé par le
puis par la
Caravelle.
23
POLYNÉSIE
VIVRE EN
à vrai dire, meilleure conseillère que
l’antigaullisme systématique. L’homme privé
n’est pas,
de 1956, si conscient fût-il de l’incidence de la
crise algérienne sur la décomposition des insti¬
République, n’imaginait sans
doute pas si proehe la chute de ce régime.
Savait-il, à l’époque, que l’issue du conflit le
conduirait six ans plus tard à transférer les
sites d’expérimentations nucléaires du Sahara
dans un Territoire où l’indépendance n’est pas
encore à l’ordre du jour et où la loi-cadre qui
doit y conduire n’est pas encore promulguée ?
Raisonnement
purement conjectural qui
devient plus vraisemblable deux ans après,
quand l’homme d’État, l’homme de la raison
d’État, le visionnaire de la politique qui sait
jouer des circonstances aura pris toute la
tutions de la IV^
dossiers nationaux, mais aussi
locaux dont M. Etilage nous rappellera la
mesure
des
substance
en
matière institutionnelle.
En 1956, nous n’en sommes pas
là. Reste
fresque géo-politique magistrale qui permet
au
Général d’intégrer par anticipation le
la
Territoire à
un
monde
en
devenir
; reste
dans
le cadre de cette vision du monde l’annonce de
ces
temps nouveaux dont les
bientôt
Tahitiens vont
avant-goût avec la
construction de l’aéroport de Tahiti-Faaa
24
connaître
un
dont les “travaux, nous
dit Cl. Robineau, font
un volume de main-d’œuvre considé¬
rable”. De grandes sociétés métropolitaines de
appel à
publics s’implantent dans le Terri¬
ne sont pas prêtes à le quitter.
Autre événement prémonitoire... «le tournage
du film “Les Mutinés de la Bounly" réalisé par
la
Metro-Goldwin-Mayer qui», nous dit
toujours Cl. Robineau, «coûte 27 millions de
dollars, dure dix mois à partir de décembre
travaux
toire
:
elles
Le tournage du film
“Les Mutinés de la
Bounly ”. Réalisée par
Frank Lloyd et jouée par
Clarke Gable et
Charles Laughton,
la
première version des
“Mutinés de la Bounly"
avait été un évènement
artistique dont les
retombées socio¬
économiques étaient
passées inaperçues
dans la Polynésie de
1934... On ne saurait en
dire autant de ce
"remake" qui n'a pas
marqué l’histoire du
dépit de la
présence de
7e art, en
Marion Brando.
1960 et mobilise à Tahiti 2 000 salariés. La
main-d’œuvre est
payée quatre fois le tarif
local ; les locations de logement triplent».
Reste enfin, dans le discours du Général - de
Gaulle, décidément, n’avait pas encore prévu
d’installer le C.E, P.
aux
Tuamotu
-
la formule
évoque, qui peut en douter, ce
que devraient être les relations du Territoire
avec la France.
Un propos d’une actualité
où le Général
brûlante...
2 L’évolution
économique
démographique de 1960 à 1986
et
Quand le premier
contingent de légionnaires
tahitien dans
le 19 juillet
1963,
socio-économique
Territoire,foule le sol
l’avons
le premier
l’équilibre
du
nous
vu
chapitre, est en train de se modifier. Du fait notamment de l’intervention de l’État qui a
beaucoup investi (déjà !) “dans les travaux d’infrastructure... et dans les équipements
sociaux” sans pour autant réussir à restaurer les bases productives d’une économie
qui reste essentiellement agricole.
Ce processus de transformation va brutalement s’accélérer avec l’installation du
C.E.P. Un organisme, nous dit G. Blanchet, qui a “(ses) motivations et (ses) objectifs
propres” ; un organisme dont les activités sont sans aucune mesure avec celles qui
étaient jusqu’alors “exercées sur le plan local”. En quelques années d’une croissance
aussi exceptionnelle qu’artificielle - une croissance générée par l’injection massive de
crédits publics tant militaires que civils (selon un effet d’entraînement) -, le Territoire
va connaître une extraordinaire “mutation”. Une mutation économique bien sûr : à la
“traditionnelle économie d’exportation” se substitue en effet une “économie de
services”. Mais aussi et surtout, une mutation démographique et sociale : les archipels
se vident au profit de Tahiti qui connaît une urbanisation sauvage, et la “manne
atomique” est très inégalement répartie. Une mutation enfin qui, cela va sans dire, se
traduit par une dépendance accrue de la Polynésie française à l’égard delà Métropole.
Autant de déséquilibres dont les pouvoirs publics, étatiques et territoriaux, vont
prendre progressivement conscience. Dans les années 70, le C.E.P., après avoir réduit
le volume de ses activités, entame un repli progressif sur Moruroa où, à compter de
1975, pour se concilier une opinion “régionale” et locale de plus en plus hostile, il
substitue des tirs souterrains aux expériences dans l’atmosphère. La question de
l’après-C.E.P. et de la reconstruction d’une économie moinsdépendantede’Temprise
de l’État” et moins génératrice d’inégalités sociales est désormais posée. Elle l’est
toujours dans la mesure où tous les efforts consentispourrelancerl’agriculturesurde
nouvelles bases et diversifier la production en rééquilibrant les activités économiques
et les transferts sociaux au profit des archipels (la “revitalisation”) n’ont obtenu jusqu’à
maintenant que des “résultats mitigés”. Quant à “l’emprise de l’État” qui se fait plus
“civile”
ia part des militaires'dans le P.I.B. n’a cessé de baisser - elle ne s’est pas
desserrée pour autant... en dépit des changements majeurs apportés au cadre
-
institutionnel.
L’installation du
Centre
d’Expérimentation
du Pacifique
C’est
au
début de 1963 que sont
posés les
premiers jalons de l’installation du C.E.P.
Placé
sous
l’autorité du ministre des Armées,
le C.E.P. fait
armes,
appel à des militaires des trois
à des civils du Commissariat à l’énergie
atomique (C.E.A.) et à des entreprises
chargées d’en mettre en place les infrastruc¬
tures. Sa mission officielle est de préparer et
entretenir les moyens et l’infrastructure
nécessaires aux expérimentations ; d’assurer
le soutien logistique des moyens du Centre et
ceux du Groupe opérationnel des expériences
nucléaires (G.O.E.N.), constitué pendant les
campagnes de tirs
; de participer aux
opérations pendant les tirs. 11 est dirigé dans ce
but par un organisme mixte, la Direction des
centres d’expérimentation nucléaire
(DIRCEN), à la tête de laquelle se trouve un
officier général de la Marine assisté de deux
adjoints, un ingénieur qui représente le C.E.A.
et la Direction des applications militaires et un
officier qui commande le G.O.E.N. Sur
chaque terrain d’expérimentation, se trouve
Le C.E.P. et
ses
qui
se
rapportent à une activité
pratiquée aux Tuamotu
(les expériences
aériennes dans
l'atmosphère ci-dessus
et le moni de la
rapport de
au plus
suggèrent-ils que les
retombées atomiques
ont pris la forme d’une
aucun
retombées. Entre ces
deux clichés
causalité. Tout
manne monétaire dont
les effets induits vont
bouleverser la vie de la
société territoriale.
perliculturé) Il n’y a
25
POLYNÉSIE
VIVRE EN
interarmée placée sous l’autorité
base
une
d’un commandant de site.
Le 6 février 1964, par
deux,
trois voix
Commission
la
contre
permanente de
l’Assemblée territoriale cède gratuitement à
l’État,
les
pour une durée égale à celle du C.E.P.,
atolls domaniaux de Moruroa et de
Fangataufa et,
sur
terrain
nécessaire
aérodrome.
De
l’atoll voisin de Hao, le
à
l’installation
d’un
grands travaux
d’infrastructure
Tout
un
dispositif
place autour des
Fangataufa, autour de
se met en
sites de Moruroa et de
la base avancée de Hao et de la base arrière
que constitue Tahiti. De grands travaux sont
entrepris avec une importante main-d’œuvre
locale et le
concours
de milliers de techniciens
métropolitains.^Selon
militaires,
effeetués
début de
au
sur
les statistiques
1966, auraient été
les sites deux millions de mètres
cube de terrassements,
coulés 100 000 m^ de
béton, édifiés deux kilomètres de quais, trois
‘aérodromes, 7 400 m de pistes et réalisés
25 hectares de surfaces couvertes.
une
passe
récifale,
S’y ajoutent
artificielle percée dans la couronne
de contrôle de tir de
5 000 tonnes, du nom d’Anémone, ét deux
postes d’enregistrement avancé, cathédrales
de béton de 50 000 tonnes capables de résister
aux explosions et baptisées Denise et Dindon.
un
poste
Sur la base avaneée de Hao, la réalisation
l’aéroport a entraîné l’abattage de 7 700 coeotiers, le déplacement de 880 000 m-’ de béton
et 4 000 tonnes d’acier, tandis que l’approfon¬
dissement de la passe d’accès a imposé l’éva¬
de
cuation de 50 000 m’ de corail. Sont aussi
créés un centre technique du C.F.A. et une
accueillir l’ensemble
quelque 4 000 personnes.
A Tahiti, qui fait fonction de base arrière
et
de plaque tournante, sont également
entrepris des travaux importants. Fn Juin
1966, après deux ans d’efforts et une dépense
de 100 millions de FP, est inauguré le nouveau
port de Papeete qui incorpore l’îlot de Motu
Uta et se trouve désormais protégé de l'océan
par une digue de 800 m de long, érigée Sur le
récif-barrière. La longueur des quais en eau
profonde est portée de 100 à 1 100 m, la
capacité de stockage pétrolier de 22 500 à
50 000 m\ les terre-pleins de 4 000 à
90 000 m2 et les entrepôts de 10 000 à
base de soutien pouvant
des services et
22 500 m2. La Marine et le C.E.P.
disposent,
quais, de 13 000 m- de
terre-pleins, de 6 600 m- d’entrepôts, d’ateliers
de réparation navale et d’un dock flottant de
3 500 tonnes. Malgré leur importance, les
en
outre, de 350 m de
avec un
en
aménagés à Moorea et à
Parallèlement,
un complexe d’installa¬
paramilitaires voit le jour :
camp d’Arue, base aérienne de Faaa, bâtiment
de l’état-major et hôpital Jean-Prince à Pirae.
Des hôtels préexistants sont affectés aux
besoins des armées : le “la Orana” pour les
officiers, le “Arahiri” pour les sous-officiers, le
“Grand Hôtel” pour l’état-major. Des eités
tions militaires
résidentielles
et
et
des
villas
de
fonction
surgissent de terre, des foyers ou des centres de
détente et de repos sont installés à Arue,
Mataiea, Vairao...
Des
dépenses considérables
ces
aménagements représentent des
dépenses considérables de l’État dont l’inter¬
Tous
vention
dans
la vie du
Territoire devient
prépondérante.
L’importance des
investissements consentis pour la mise en
route du C.E.P. est illustrée parla progression
des dépenses publiques qui passent de 32% du
suffisantes
élargissement de la passe et la
; des mouillages
puissance
publique s’accompagne de la venue
d’entreprises métropolitaines et d’un
développement rapide des entreprises locales.
nouvelles installations
Vairao,
sont
Bora Bora.
en 1960 à 98% en 1966. Entre 1960 et
1969, les dépenses de l’État décuplent et leur
montant cumulé s’élève à 75,5 milliards de FP,
dont 44,5% - près des deux tiers - pour le
ne
sont pas
pour recevoir tous les bâtirhents de la Force
du Pacifique au moment des tirs. Un port
annexe de dégagement est créé dans la baie de
mise
secondaires
place de coffres
P.I.B.
C.E.P. proprement dit.
Cette intervention accrue de la
Moruroa : les tirs sous
ballons. "Les avantages
du tir sous ballon"
fut utilisé pour la
première fois
(qui
août
1968 lors de l’explosion
de la première bombe H
baptisée Canopus)
“ayant dépassé toutes
les espérances”, il était
parfaitement inutile de
prendre une"précaution
supplémentaire” en
invitant la cinquantaine
en
d’habitants de Tureia à
passer le juillet à Tahiti
"pour son plus grand
plaisir" (Revue du
C.E.A.).
Ci-dessus :
Moruroa : le blockhaus
Dindon. Ce chefd’œuvre de
l’architecture militaire,
si gracieusement
nommé, constituait le
poste avancé où
Commerce, transports et services
Industrie et T.P.
Agriculture et pêche
s’effectuait
l’enregistrement
automatique des
mesures pendant les tirs
aériens.
Moruroa
au
temps des
bateaux-bases. Pour
loger le personnel
affecté à la construction
des installations
nucléaires, le C.E.P.
utilisé d’anciens
paquebots devenus
disponibles avec la
diminution du trafic
a
vers
l’Afrique du Nord
(Sidi-Ferruch,
El Mabrouk, El Mansour,
Savorgnan de Brazza).
26
1962
1963
1964
L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE ET DÉMOGRAPHIQUE DE 1960 A 1986
à Moruroa
A l’occasion d’un passage
en mars
1965, le ministre des Armées fait état de plus
entreprises travaillant pour le C.E.P.
époque, un recensement, portant
sur
les 145 principaux établissements du
Territoire, souligne que 17 d’entre eux ont
plus de cent salariés et que, mis à part la
Compagnie des phosphates, l’Électricité de
Tahiti et trois sociétés d’acconage et de
transport, tous se situent dans le secteur du
bâtiment et des travaux publics. La valeur des
de 1 000
A la même
effectués dans cette branche d’activité
travaux
passe de 815 à
4 172 millions de FP. Elle tend à fléchir à la fin
quintuple de 1962 à 1965 et
la
de
construction
mais reste
C.E.P.,
du
effets induits qui
se
traduisent par un développement des
équipements collectifs à caractère écono¬
mique et social. S’y ajoutent, à partir de 1967,
les
charges d’entretien des installations,
importante
en
raison de
ses
évaluées à 600 millions de FP par an.
1960
1961
1962
1963
1964
1965
Une main-d’œuvre
importante
multiplication des chantiers civils et
engendre un brusque appel de maind’œuvre et les entreprises installées sur les sites
La
militaires
doivent elles-mêmes affréter des bateaux pour
aller recruter des travailleurs dans les îles. En
mai 1965, le gouverneur Sicurani estime que
3 500 ouvriers sont employés par le C.E.P. et
que
Texode rural momentané touche de 85%à
90% des travailleurs agricoles. A la main-
locale s’ajoute une population
expatriée formée de techniciens, de fonction¬
naires et de professionnels du secteur privé,
dont la venue répond au déploiement des
activités et au développement parallèle des
services
administratifs et techniques.
Certaines estimations permettent d’évaluer les
flux de travailleurs engendrés par le C.E.P. à
4 000 personnes en 1964, 7 000 en 1965 et
13 000 en 1966. En leur sein, les effectifs des
d’œuvre
1966
1967
1968
travailleurs locaux passent de 500 en 1964 à
5 400 au début de 1967 et représentent le tiers
des salariés du Territoire. Une fois les
infrastructures achevées, leur nombre régresse
et, en 1969, ils
L’ensemble du
C.E.P.
s’expliquent
1965
1966
par
l’irrégularité des
dont
une
privé. Le gonflement
des salariés à partir de
1968 s'explique par une
meilieure saisie
1967
campagnes
alpha”, force
circonstance,
partie des éléments se déplace de
venue
Métropole pour renforcer ceux qui sont déjà
sur
place. En 1970, les rapporteurs des
budgets militaires à la Commission des
Finances de l’Assemblée nationale, de retour
Polynésie, évaluent
le Centre d’expéri¬
mentation à 12 000 personnes, chiffre qui
diminuerait de 45% après chaque campagne
d’une mission d’études
les effectifs
employés
en
par
de tirs.
Camp d'Arue.
Construit pour héberger
Ci-dessous :
Évolution du nombre
de salariés du secteur
des fluctuations,
du “groupe
aéronavale constituée pour la
de tirs et la
Le
Ensemble des administrations
lui-même
redescendant à 7 000 personnes en 1967 et
culminant à 15 000 en 1968. Ces variations
1969
C.E.P./C.E.A., Armée
m| Administrations civiles
connaît
ne sont plus que 2 800.
personnel employé par le
statistique, l'institution
d'une allocationvieillesse ayant conduit
les employeurs à
déclarer la totalité de
leurs employés. Source :
Inspection du Travail.
1968
majeure partie du
personnel militaire
la
affecté à la "base
arriére" de Tahiti, il
abrite principalement
le 57' Bataillon de
Commandement de
1969
Soutien du Pacifique et
la Direction de
l'Infrastructure et du
Matériel, et compte
environ 300 militaires et
380 civils “P.R.L."
(personnel recruté
localement).
1970
27
POLYNÉSIE
VIVRE EN
Le boom
produits par les industries mécaniques et
électriques métropolitaines font l’objet d’une
économique
demande étroitement liée à celle du C.E.P. Ils
constituent le
venu se fixer
des motivations et des
Brusquement
dans le
objectifs
qui lui sont propres, le C.E.P., du fait de
l’ampleur de ses activités et de leur dispropor¬
tion avec celles exercées sur le plan local,
transforme le paysage économique et social au
point d’en masquer provisoirement les
réalités. Quelques indicateurs économiques
permettent de se faire une idée de son impact.
Territoire
avec
1962 à
De
1970, le Produit intérieur brut
habitant est multiplié par 3,5
contre
2,2 en Métropole. En valeur, il
représente 83% de celui de la France en 1968,
(P.I.B.)
par
lieu de 45% au début de la décennie. Dès
1964, les dépenses du C.E.P. sont quatre fois
supérieures au budget territorial et, entre 1966
et 1970, elles sont plus de deux fois supérieures
à celles du 5ème plan qui couvre la même
période et connaît lui-même un taux de
réalisation
de
160% par rapport aux
au
prévisions initiales.
Croissance des activités
et hausse du niveau de vie
L’installation du C.E.P. permet
libérée par la
d’éponger la
Société des
dragages, à l’achèvement de l’aéroport de
Faaa, et celle de la Compagnie des
Phosphates, à sa fermeture. Elle entraîne
l’afflux de métropolitains, civils et militaires,
agents de l’État et travailleurs du secteur
privé. Le nombre des Européens résidant à
Tahiti double
entre
1962 et 1965
et
s’élève
Dans le Territoire, ils
représentent en 1971 une population active de
7 500 personnes au lieu de 2 000 en 1962.
alors à 5 500 personnes.
L’accroissement des salariés dans le secteur
public
secteur
26 000
de pair avec celui des salariés du
privé dont le nombre triple et atteint
va
en
La
les
sur
1970.
progression de l’emploi
revenus
se
Leur
distribués.
répercute
montant
quadruple dans le même laps de temps et passe
de
4,4 à 18,1 milliards de FP. L’accroissement
n’est pas uniforme et, alors que les salaires
versés par l’administration sont multipliés par
dix,
distribuent les entreprises ne le
sont que par cinq, et les revenus des entre¬
preneurs individuels connaissent un
coefficient
d’augmentation deux fois
ceux que
moindre. L’ensemble des administrations est à
l’origine de 34% des revenus, au lieu de 12%
ans plus tôt,
et les entreprises indivi¬
duelles n’y contribuent plus qu’à raison de
dix
33%,
au
lieu de 60%.
D’importants besoins d’équipement et de
se font jour et il y est fait face
des importations. Comme le constate
consommation
par
l’I.N.S.E.E., “l’installation
traduit
en
1963 du C.E.P.
plus tard par un véritable
décollage des importations”. De I960 à 1970,
se
un
an
leur montant s’élève de 1,6 à 13,6 milliards de
FP,
avec une
croissance
en
dents de scie
septuple de 1962 à 1966 et régresse
;
il
1967 et
en
1969, années de reflux de l’activité du
C.E.P. En l’absence d’une métallurgie de
transformation,
les
biens d’équipement
28
fonctionnement du C.E.P. chutent de moitié
1967 et 1969, leur régression n’est que
légère, indice de la résistance à la baisse de
produits caractéristiques d’une consomma¬
tion moderne : biens ménagers, automobiles,
en
en
continu
L’accroissement
vêtements...
le coût de la vie augmente de 60%. La
production agricole progresse faiblement et sa
valeur ajoutée passe de 848 millions de FP à
I 304, la baisse des productions exportées
étant compensée par une augmentation de la
production vivrière. En moins de dix ans, les
ventes locales de fruits et légumes, d’animaux
de boucherie, de poissons et de crustacés
triplent, mais les importations corres¬
pondantes progressent deux fois plus vite par
appel à des produits de substitution ou de
complément.
que
des
importations
se répercute sur la, balance
commerciale dont le déficit passe de 275 mil¬
lions en 1960 à 10,8 milliards deFPen 1970 et
dépasse 13 milliards
d’intense activité.
1966 et 1968, années
en
Fléchissement des
traditionnelles
LU
'LU
CE
productions
O
Q.
Z
Le déficit provoqué par le gonflement des
importations est aggravé par le déclin conco¬
mitant des exportations de matières premières
et de produits agricoles. Avec la fermeture en
1966
main-d’œuvre
principal poste d’importations
dépassent régulièrement la moitié.
Dans le même temps, les achats de biens
alimentaires et de produits finis sextuplent et
connaissent un rythme annuel de croissance
supérieur à 20%. Lorsque les dépenses de
dont ils
diminuent de I lOO à 434 millions de FP alors
de
mine de
la
ü
3
Q
Makatea, cessent les
phosphates qui
livraisons de
O
O
chiffraient à
se
CE
CL
30% des ventes à l’extérieur. Parallèlement,
régressent les cultures traditionnelles d’expor¬
tation. La production commercialisée de
coprah tombe de 25 000 à 16 000 tonnes de
1964 à 1967 ; cette diminution de 40%
s’explique par la baisse des cours mondiaux et
des rendements et surtout par la pénurie de
main-d’œuvre engendrée par le C.E.P. 11 en
est de même pour la vanille, dont les cours ne
retrouvent qu’en 1970 leur valeur nominale de
1959. Dans l’intervalle, la production chute de
84% et les plantations sont peu à peu
Tahiti
à
abandonnées
dégénérescence engendrée
soins
se
doublant
fusariose. Les
chiffraient
par
Moorea,
le
maladies
en
à 114 tonnes
1964 et cessent
en
en
Installations à l’abandon
la
comme
se
1960, sont
1965. Avec
ÇM
l’implantation du C.E.P. et la dégradation
continue des cours, les exploitations cessent
d’être entretenues et la cueillette ne se fait plus
que pour la satisfaction des besoins locaux. La
production nacrière suit une trajectoire
identique et tombe en dix'ans de 645 à 185
tonnes, par suite de la concurrence de produits
de synthèse, de cours déprimés, de lagons
surexploités et d’une pénurie de main-d’œuvre
qui s’exerce au détriment de la plonge. Le
déclin des productions locales se réflète dans
les valeurs exportées qui, de I960 à 1970,
Évolution de la
production vivrière
commercialisée sur le
marché (en tonnes).
Comme l'a noté
Cl. Robineau,
“l’expansion toute
récente du salariat liée
besoins directs et
indirects du C.E.P.
entraîne un
aux
développement rapide
de la production vivrière
commercialisée...'' qui
n’en est pas moins
en
en
Compagnie des
Phosphates de
rOcéanie (C.F.P.O.)
qui avait entamé
l'exploitation du
gisement en 1908, cesse
ü
3
Q
activité en 1966 et
licencie quelque 500
"ouvriers et
manœuvres" qui, pour la
son
O
CE
Q.
plupart, trouveront à
s'employer sur le
marché de l’emploi créé
directement et
indirectement par le
C.E.P.
O)
CO
CO
i
incapable de faire face
nouvelles normes de
consommation.
<
ü
O
à Makatea. La
de
manque
O)
LU
la
exportations de café vert, qui
encore
de 29 tonnes
de
et
CO
a>
440
aux
430
894
481
I960
1970
Viande et volailles
1960
1970
Pêche
y compris les importations
de conserves de poissons
1960
Fruits et
y
1970
I
légumes {
compris les tubercules
et féculents traditionnels
•
1
L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE ET DÉMOGRAPHIQUE DE 1960 A 1986
Essor du
commerce
et des services
rythme
travaux
quelques années, s’opère une transfor¬
mation profonde de la structure économique
du Territoire, qu’illustre le déclin du secteur
primaire au profit du secteur secondaire et
En
du
surtout
tertiaire
secteur
dont
la
prééminence se renforce. La baisse du secteur
primaire est due à la fin de l’exploitation des
phosphates, à la transformation sur place du
coprah après 1968 et à la diminution de
l’importance des activités agricoles. Jusqu’en
1965, la croissance du secteur secondaire
découle
des
d’infrastructure
travaux
du
qui en dérivent en
matière d’énergie ou de construction. Un léger
reflux se produit à la fin de ces travaux et le
C.E.P.
et
Années
des besoins
Importations
Exportations
publics,
alimentaires
de
boulangeries industrielles...)
1 343
1 352
0,64
1962
2 266
1 258
0,55
1963
2 894
1 338
0,46
1964
6 391
1 392
0,21
1965
9 637
1 355
0,14
1966
15 372
2 025
0,13
1967
10 230
1 783
0,17
1968
15 619
1 753
0,11
1969
10 368
2 068
0,19
1970
13 580
2 800
0,20
1971
14 855
2 997
0,20
1972
14 944
2 714
0,18
1973
16 916
3 227
0,19
1974
25 151
5 686
0,22
1975
22 317
5 159
0,23
1976
25 576
5 309
0,20
1977
28 697
6 083
0,21
1978
32 401
7 323
0,22
1979
35 936
8 562
0,23
1980
41 459
9 906
0,23
1981
54 830
12 270
0,22
1982
62 310
15 760
0,25
1983
74 230
18 100
0,24
1984
86 260
18 100*
0,21
1985
89 800
24 864*
0,27
qui
déjà 50% de la production intérieure
brute en 1962, dépasse 67% en 1967. Après le
coup de fouet que lui donne l’ouverture de
l’aéroport international de Faaa, le tourisme
connaît un temps d’arrêt à la venue du C.E.P.
et ne recommence à se développer qu’à partir
de 1966. Ses recettes, estimées à partir des
atteint
expériences dans
des importations par les l’atmosphère. Le
fléchissement
ultérieur
exportations (exprimées
Secondaire
•Tertiaire
Valeur
des
des activités du C.E.P. et
les “achats des
millions de francs
:
touristes",
I.N.S.E.E. et I.T.STAT.
Le déficit de la balance
commerciale des biens
et services ne date pas
de l’installation du
C.E.P. il culmine en
ajoutée
au
prix de
27%.
Cette
commercial qui, comme celui des
services, avoisine 4 milliards de FP en 1970.
Le développement parallèle des achats à
une forte augmentation
les biens importés. De 1960 à
1970, elles passent de 1 à 4,5 milliards de FP
et, en même temps qu’elles quadruplent,
atteignent près de la moitié du montant total
des importations.
l’extérieur entraîne
des marges sur
comptabilisés dans les
exportations, rendent
compte du léger
rétablissement opéré
depuis lors.
Coco
Café
râpé
vert
377 462
450
368 784
467
1962
326 735
1963
321 247
1964
374 117
1965
318 620
1966
200 113
Années
Phosphates
1960
1961
1967
1968
1969
-
Vanille
Coprah
114
179
23 915
645
49
223
21 692
513
433
85
181
26 855
298
419
106
194
23 200
309
88
29
165
24 876
402
132
21 103
149
115
20 222
185
59
15 830
130
76
17 064
183
55
17 529
183
28
14 969
185
-
-
-
-
-
-
1970
-
-
■
Nacre
marché
En haut
:
port, vue d'ensemble.
A la fin des années 60,
le port n’a pas encore
tout à fait sa
Le
physionomie actuelle.
Évolution comparée des
structures de la
1965
à
secteur
aux non
Répartition des travailleurs
1960
15%
concerne
Territoire tend ainsi à devenir une économie
de services et voit, en corollaire, grandir un
résidents, doublent
entre 1960 et 1963 et, après une stagnation de
quatre ans, doublent à nouveau entre 1967 et
1970. Alors qu’en dix ans, la valeur ajoutée
par le tourisme passe de 3,5% à 4,5% de la
1968, à la grande époque
:
Taux de couverture
CFP). Sources
de
aussi bien le secteur
le secteur privé (transports,
communications, enseignement, logement,
banques, assurances...).
L’économie du
se ralentit.
La contribution du secteur tertiaire,
achats de devises
s’élève
progression
public que
(brasseries,
0,83
1 618
2 096
en
services
Taux de
1961
Primaire
production intérieure brute, celle des autres
du bâtiment, des
industries
comme
des
transformation
couverture
I960
Ci-dessus
de’ progression
production et de la
population active.
Sources : comptes
économiques I.N.S.E.E.
J.
1969
1962
1971
et recensements
I.N.S.E.E.
Exportations de
“produits du cru” de
1960 à 1970, en tonnes.
Selon Robert Le Verre,
statisticien à l'I.N.S.E.E.,
“l’économie naturelle",
qui repose sur
l’exportation, “peut être
suivie à la trace pendant
un moment, puis elle
disparaît, entièrement
phagocytée par cet
événement" (le C.E.P.).
Seul le coprah, peu
exigeant en temps de
travail, résiste. (A partir
de 1968, on regroupe
sous ce terme l’huile et
les tourteaux.)
29
VIVRE EN
POLYNÉSIE
Des à-coups
et des déséquilibres
croissants
Au
cours
un
des années 70, la croissance et la
variations du C.E.P. et à la dété¬
aux
rioration de la
conjoncture extérieure.
Fluctuations du C.E.P.
et renforcement du rôle de l’État
Après deux années de marasme, le C.E.P.
développe son activité au moment où s’ac¬
croissent les dépenses civiles pour accueillir
les Jeux du Pacifique qui se tiennent à Papeete
en 1971. Un fléchissement général y fait suite,
et l’année suivante, le P.I.B. diminue de 5%.
En 1973, au contraire, une active campagne de
tirs coïncide
avec
renforcement
du
rôle
l’Etat
de
dans
l’économie. La croissance des transferts
modernisation de l’économie se poursuivent à
une cadence moins rapide et avec des à-coups
liés
P.I.B.
(contre 13% en Métropole) et
atteignent la moitié des dépenses. Mais leur
importance tend à se réduire au profit d’inves¬
tissements publics qui, eux-mêmes, traduisent
aux
ménages témoigne également d’une prise en
charge croissante des particuliers. Toutes ces
dépenses sont couvertes, dans une proportion
de 61%, par des fonds métropolitains qui
continuent d’augmenter plus vite que les prix
(14% contre 8,5%). Leur ventilation montre
que l’intervention de l’État s’accroît plus vite
que celle du Territoire, dont la part n’est que
42% en 1980, contre 52% en 1970, et se
réduit à 33%, si on y ajoute les frais engagés
de
par
le C.E.P., le C.E.A. et l’armée.
le lancement d’une im¬
portante tranche de travaux publics : route
de dégagement ouest (R.D.O.), canalisation
de la Fautaua, percement de l’avenue du
Prince Hinoï et construction du Centre de
Sciences humaines de
Punaauia. La
croissance des
modérée
en
devient fébrile
dépenses publiques est plus
1974, mais l’activité militaire
la dernière campagne
de
préparation des essais
souterrains. Les effets du premier choc
pétrolier commencent aussi à se faire sentir. A
la hausse brutale du coût des biens importés,
répond une flambée des prix de détail qui
tirs
aériens
avec
et
la
s’élèvent de 18%. Leur hausse est encore de
14%
en
1975 et la contraction des activités du
privé s’ajoute à la stagnation des
dépenses publiques pour entraîner une
nouvelle chute de 5% du P.I.B. Le passage à
des
tirs souterrains s’accompagne d’une
diminution des moyens mis en œuvre. Le
secteur
C.E.A.
et
le
C.E.P.
réduisent
1 500 hommes. Dès le début de 1976, le
gouvernement met sur pied un plan de relance
axé sur un accroissement des travaux publics.
Réparti en deux tranches semestrielles, il se
poursuit l’année suivante alors que s’amorce
une reprise de l’économie et que se maintient
le rythme du' C.E.P. après la reconversion
qu’il vient d’opérer. En 1979, le deuxième choc
pétrolier entraîne un renchérissement des
importations et une aggravation du déficit
commercial. Il se répercute sur le P.I.B. qui
stagne en 1980, avec un fléchissement de la
production marchande, compensé par une
légère accentuation de l’intervention civile et
l’État.
règle générale, les pouvoirs publics
s’attachent
à
régulariser le cours de
l’économie, en tempérant les irrégularités de
fonctionnement du Centre d’expérimenta¬
tion. Leurs dépenses continuent ainsi de jouer
un rôle essentiel et, si leur importance relative
militaire de
En
tend à décroître dans la seconde moitié des
elles représentent encore plus de
50% du P.I.B. En leur sein, la part du C.E.P.
années 70,
diminue et celle des administrations civiles
Les seuls frais de personnel
s’élèvent, en fin de décennie, au quart du
30
fréquentation dans le
port de Papeete est
fonction des variations
de l'activité du C.E.P.
qui, bien entendu,
augmente à chaque
de tirs.
Globalement, il va
quand le
C.E.P., avec le passage
des expériences dans
l'atmosphère aux tirs
souterrains, se repliera
campagne
diminuer
sur
Moruroa.
leurs
personnels expatriés de 25%, soit environ
progresse.
Navires de la Marine
nationale. Leur taux de
100%
Ci-dessous
80
baisse
De
1970 à
se
productions orientées vers
poursuit et les exportations
1980, l’ensemble des ventes à
cru passe de 15 000 à
12 000 tonnes et leur valeur de 478 à 663 mil¬
l’extérieur de
produits du
prix de détail
production de
coprah s’établit à une moyenne de 16 000
tonnes, contre 21 500 tonnes pour la période
1960-1970, avec des fluctuations parfois
lions de FP, alors que les
doublent dans l’intervalle. La
brutales.
Les
cours
mondiaux
restent
déprimés et leur remontée éphémère en 1974
et 1977 ne suffit pas à contrecarrer la tendance
à la baisse, non plus que les relèvements
successifs des prix payés aux producteurs. La
valeur annuelle des exportations se chiffre à
une moyenne de 370 millions de FP contre 300
pour la décennie précédente. Un même
mouvement affecte les exportations de vanille
qui tombent de 28 tonnes en 1970 à moins de 2
tonnes en 1982, à la suite d’une décroissance
régulière qui se répercute sur leur valeur qui
n’est plus que de 13 millions de FP contre 47
en 1970. Quant aux plantations de café, la
cueillette pour les besoins locaux oscille
autour de 120 tonnes par an. A partir de 1975,
le relèvement des cours et des prix payés aux
producteurs se répercute sur les quantités
commercialisées qui, entre 1970 et 1980,
passent de 110 à 168 tonnes et de 9,5 à 60 mil¬
lions.
Mais, à la concurrence du café
calédonien vendu moins cher, s’ajoute celle
des cafés solubles dont sont importées plus de
200 tonnes chaque année. La production
nacrière continue de son côté à se dégrader et
chute de 186 à 26 tonnes, malgré un redresse¬
ment des cours depuis 1969. Cette diminution
est largement imputable à l’épuisement des
gisements et se répercute sur la valeur des
exportations qui baisse de 42 à 8 millions de
en
dix
ans.
partir de 1976, les
pourcentages ne
tiennent plus compte
à
dans les salaires du
montant des délégations
de soldes payées en
Métropole
demeurées
60
des
nouvelles de fruits, de trocas ou de perles ne
suffisent pas à contrebalancer la diminution
des ventes de coprah, de vanille ou de nacre.
FP
Sources : I.N.S.E.E. et
I.T.STAT. PourleC.E.P.,
70
La
l’exportation
:
Évolution de l’ensemble
des dépenses publiques
de 1970 à 1982, en
pourcentage du P.I.B.
90
Régression continue
productions traditionnelles
des
aux
en
familles
France.
50
40
30
20
10
0
miiijjjjjjj
1970
1971
1972
1973
1974
im C.E.P./C.E.A., Armée
Administrations civiles
Ensemble des administrations
1975
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE ET DÉMOGRAPHIQUE DE 1960 A 1986
Un secteur tertiaire
vulnérable et artificiel
un développement très
secteur tertiaire voit sa position se
Après
rapide, le
consolider
et, en 1980, il représente plus des deux tiers de
la population locale. Bien que son importance
avec
industrielles
transformation
de
43 000 personnes en
ans
plus tôt.
trois,
90 000 grammes
80 000
70 000
60 000
Perles
50 000
1977.11 occupe alors deux
lieu de une sur deux six
au
de 1 à 8,5 milliards de FP en dix
nombre des visiteurs, il double,
mais cette progression est irrégulière et
connaît deux coups de frein sévères avec les
chocs pétroliers. Au sein des autres services,
les
dépenses liées aux transports, aux
bution passe
Quant
pour peser sur
produits du cru ne représentent plus que 7%
des exportations au lieu de 33% et 1,5% des
importations au lieu de 3,5%.
agro¬
Le quart des ressources procurées par les
services le sont par le tourisme, dont la contri¬
ans.
produits importés
les prix et le coût de la vie. En
le renchérissement des
au
alimentaire, il regroupe une part croissante de
la population active, qui est évaluée à
personnes sur
avec
dix ans, le déficit de la balance commerciale se
creuse de
11 à 32 milliards. En valeur, les
profit du secteur
l’implantation d’unités
relative tende à diminuer
secondaire
passant de 6 à 28,5 milliards de FP,
progressent plus vite que le P.l.B. L’augmen¬
tation parallèle du taux de marge se conjugue
■
10 000
Coprah
au
télécommunications
et
au
250 tonnes
200
150
100
50
Fruits
frais
0
logement
sensiblement et témoignent d’un
d’équipement des administrations et des
ménages, au détriment de leur consommation
qui croît de façon plus modérée. L’activité des
augmentent
effort
banques, assurances et professions libérales
progresse elle aussi rapidement, et la microinformatique entame une percée prometteuse.
Malgré cela, la branche des services reste
250 tonnes
200
150
Trocas
100
50
0
70 tonnes
60
50
40
Nacre
30
20
vulnérable et tributaire des flux de touristes et
de fonctionnaires
La
même
expatriés.
remarque
s’applique
entraîne
qui,
10
0
25 tonnes
20
au
en 1980 comme en 1970,
valeur ajoutée de l’ordre du quart
du P.l.B. Il continue de dépendre du C.E.P. et
commerce
15 000 tonnes
Vanille
une
des administrations
qui forment le principal
élément de la demande. Les marges brutes sur
les produits importés représentent 95% du
chiffre d’affaires du
commerce
local et,
en
Évolution comparée des
Primaire
Secondaire
Tertiaire
structures de la
production et de la
population active.
Sources : comptes
économiques et
Exportations des
“produits du cru” de
1971 à 1985. Avec le
développement de la
perliculture, la structure
recensements I.N.S.E.E.
La “tertiairisation” de
l’économie s'accuse
de ces exportations
connaît une
encore.
Valeur
1970
1976
rapport à la période
précédente fvo/r tableau
p. 29). Le coprah est le
seul produit de base de
l'ancienne “économie
naturelle" qui résiste
encore.
Répartition des travailleurs
ajoutée au prix de marché
1980
modification
fondamentale par
1982
1983
31
VIVRE EN
POLYNÉSIE
Croissance urbaine
déséquilibres
démographiques
régionaux
et
En même temps
qu’elle
rural et la concentration
population,
aec
en zone
l’implantation
1ère l’exode
C.E.P.
les distorsions entre Tahiti et les
accentue
autres îles.
à Papeete à près de 27% à Faaa. Elle se
développe d’abord dans la proche banlieue
ainsi qu’à Arue, siège du C.E.P., puis gagne la
banlieue éloignée. A partir de 1971, son
rythme se ralentit (3,6% de 1971 à 1983) et le
noyau urbain voit le nombre de ses habitants
légèrement diminuer au bénéfice de la
périphérie, notamment de Mahina dans le
courant des
Une urbanisation accélérée
Depuis
l’administration française y a
siège au milieu du XIX'-' siècle,
Papeete est devenue le principal pôle du
Territoire et sa population s’est accrue de
que
son
façon naturelle et
par
un
long processus
migratoire en provenance des districts ruraux
de Tahiti et des autres îles. Dès 1956 (voir
années 70 et de Punaauia ensuite.
1977
et
s’accentuent
en
Entre
installé
de 28 975 à 93 294 habitants de 1956 à
1983, avec un rythme annuel de progression
de 8,2% contre 7,5% pour l’île de Tahiti et
4,4% pour l’ensemble du Territoire. Cette
croissance n’est pas uniforme et varie de 1,1%
par an
urbaine de la
du
passe
les flux
1983,
direction des
trophes de Papeete qui
migratoires
communes
limi¬
représente plus que
20% de la population de l’île au lieu de la
moitié à la fin des années 50. La multiplication
des fonctions politiques, administratives,
ne
financières, industrielles et commerciales de la
y favorise le développement de la
ville
spéculation foncière
au
point
que
le prix du
mètre carré de terrain dans le centre devient
supérieur à celui des Champs-Elysées, passant
de 5 000 FPen 1970à50 000en 1983etjusqu’à
80 000 en 1985. Elle s’exerce aussi au
détriment
de
l’habitat
qui reflue vers
l’extérieur. Plus de la moitié
nombreuses.
déséquilibres
régionaux accrus
Des
L’urbanisation
de l’île, ce
avec
les districts suburbains de Pirae et de
Tahiti
s’opère ainsi
au
les
déséquilibres. Alors qu’en 25 ans sa popu¬
lation passe de 50% à 70% de celle du
Territoire, celle des archipels des Australes,
des Marquises et des Tuamotu-Gambier n’en
représente plus que 15% au lieu de 25%.
L’exode rural a surtout touché l’archipel des
moitié des
la moitié de
pourcentage s’élevant à 70%
ceux
de
détriment des autres îles, dont elle aggrave
16-17) Tahiti- concentre la
habitants du Territoire et Papeete
pp.
(54% en 1983) des
travaillant à Tahiti, la plupart à
Papeete, exercent désormais leur activité hors
de leur commune de résidence, ce qui entraîne
des migrations quotidiennes de plus en plus
personnes
L’urbanisation sur ia
côte ouest : Punaauia
dans le secteur de la
pointe Tapuna Tout
i’espace compris entre le
lagon et les premiers
Faaa. Au début des années 60, cette tendance
s’accentue avec la construction de l’aéroport
contretorts de la
de Faaa et le tournage du film “Les Mutinés de
la Boiiniy" (voirpp. 22-24). En 1963, le C.E.P.
montagne (bande
littorale) est occupé
par les "constructions".
Au premier plan, le
prend le relais à
une tout autre échelle. Il
entraîne l’éclatement de la ville de Papeete
lotissement social de
Punavai. Pour
l’ensemble de la
qui, enserrée entre la mer et la montagne,
déborde sur la plaine alluviale, surtout sur la
commune,
la croissance
annuelle de la
population a été de
moyenne
côte ouest où elle rencontre des conditions
8,17% entre 1962 et
Son extension se fait de façon
intercalaire, par densification de l’habitat le
long d’un littoral où il était épars. Le reflux
vers
l’extérieur s’accompagne d’une
restructuration du centre, sous le double poids
de
la
pression démographique et du
développement urbain. Il provoque une
ségrégation sociale croissante. Les plus
démunis, attirés par la ville, sont rejetés dans
ses
zones
ingrates, au fond de vallées
favorables.
1983. Les popa'a y
très largement
contribué.
ont
TAHITI et MOOREA
42 640 actifs
insalubres
où
ils
s’entassent
dans
des
bidonvilles. Les plus favorisés s’échappent du
gagné par les immeubles administratifs
en direction d’une périphérie
plus souriante où se multiplient les résidences
centre,
et
commerciaux,
de luxe
en
bord de
mer ou sur
des terrasses
aménagées à flanc de montagne.
Cette
évolution
rejaillit dans le
vocabulaire et, alors que, dans les années 50,
on se contente d’évoquer Papeete par rapport
aux
districts
ruraux
qui, comme elle,
comptent une dizaine de milliers d’habitants,
en 1960, on commence à parler de la zone
urbaine en y incluant les districts de Pirae et de
Faaa. A partir de 1965, date de leur trans¬
formation en communes, on englobe sous le
vocable d’agglomération, non seulement les
communes de Papeete, Pirae et Faaa, mais les
districts limitrophes d’Arue et Mahina à l’êst
et de Punaauia et Paea à l’ouest. François
Doumenge distingue alors la ville de Papeete,
sa proche banlieue qui comprend Pirae à l’est
et Faaa à l’ouest et sa lointaine banlieue qui
s’étend jusqu’à Mahina et Paea, selon les
mêmes axes. Prise dans cette acception, la
population recensée dans l’agglomération
32
Population active par
grandes zones
géographiques et
grands secteurs
d'activité (1983).
L’intervention du
Territoire et de l’État
(création des
communes), en
favorisant le
□
Primaire
□
Secondaire
□
RESTE DU TERRITOIRE
15 223 actifs
Tertiaire
développement du
a très largement
salariat,
contribué à la
"tertiairisation’’ des
activités dans les
archipels où 35%
seulement des actifs
se consacrent à
l’agriculture, à l’élevage
pêche.
et à la
L'ÉVOLUTION ÉCONOMIOUE ET DÉMOGRAPHIQUE DE 1960 A 1986
qui, de 1962 à 1967, a
perdu presqu’un tiers de ses habitants, tandis
que leur nombre augmentait dans les mêmes
proportions dans les îles du Vent et de près de
40% dans l’agglomération de Papeete. Après
1970, s’opère une certaine stabilisation et, en
1977, le niveau de la fin des années 50 est de
nouveau
atteint.
Depuis lors, le taux
Tuamotu-Gambier
d’accroissement de la
des Australes et des
population des archipels
Marquises est voisin de
celui de Tahiti et des îles du Vent et, dans les
Tuamotu-Gambier, il lui est supérieur. Cela
permet d’avancer l’hypothèse d’un
tarissement des mouvements migratoires en
provenance des archipels périphériques et
celle d’un reflux dans leur direction. De 1977 à
1983, leur population augmente un peu plus
vite que
dans l’ensemble du Territoire, 25%
21%, et beaucoup plus vite que dans les
îles Sous-le-Vent (17%).
Malgré ce redressement apparent, les
contre
déséquilibres persistent. Ce sont dans les îles
éloignées que la proportion des moins de 20
plus forte et celle des adultes en âge
plus faible, l’exception des
Tuamotu-Gambier s’expliquant par la maind’œuvre présente sur les sites. A Tahiti et à
Moorea, sont recensés en 1983 74% des
ans
reste la
de travailler la
du
habitants
Territoire
et
une
même
proportion de travailleurs. Mais celle des
salariés y est de 84% contre 59% ailleurs. C’est
là aussi que s’agglomèrent 86% des personnes
qui sont nées hors de Polynésie (un peu plus de
23 000) et qui, dans une proportion de quatre
sur cinq, y sont depuis moins de 8 ans. La
répartition par activité de la population met
en
évidence des distorsions du même ordre.
On trouve à Tahiti et à Moorea le
plus grand
nombre de commerçants (89%) et le plus petit
nombre d’agriculteurs et de pêcheurs (6%).
vers des emplois tertiaires y est
particulièrement forte. Près de trois actifs sur
quatre travaillent dans le commerce et les
L’orientation
au lieu de un sur deux ailleurs, et un
appartiennent à l’administration. Ce
pourcentage est de 42% dans le reste du
services,
tiers
des îles.
Le recensement effectué en 1983 met
aussi en relief les disparités qui existent entre
ethnies différentes. Le taux d’activité est de
65% chez les Chinois et les Européens, mais il
n’est que
60-
de 52% chez les Polynésiens. Ceux-
ci, bien que représentant plus des deux tiers de
la population et les quatre cinquièmes de celle
archipels éloignés, n’occupent que 63%
emplois, alors que les Chinois et les
Européens, qui en représentent 16%, en
occupent 23%. Le taux de chômage est deux
fois plus élevé chez les Polynésiens et un
décalage analogue se retrouve dans le
des
des
domaine
de
la
scolarisation.
des
71%
Européens et 42% des Chinois ont un niveau
d’instruction secondaire ou supérieure, alors
n’est le cas que pour le cinquième (20%)
Polynésiens.
que ce
des
déséquilibres
démographiques
PAPEETE
sont
agriculteurs
rôle clé que
jouent les pouvoirs publics dans l’économie
Croissance et
J70-
l’État
les agents de
désormais plus nombreux que les
et les pêcheurs (35%), signe du
Territoire- où
AUTRES/
1 272
(1971-1983).
58,7%
-,
25 342
40-
20.
o_
1971
240%.
1977
CHINOIS
5 895
1983
FAAA, PIRAE
220-
200180.
160%-
160.
140-'
140.
120-
120.
84 552
123 069
101 392
29 020
40.
20.
1971
1977
15 120
Territoire) atteint 49%
aux îles du Vent, 54,9%
201971
îles Sous-le-Vent,
59,2% aux îles
aux
1977
1983
1983
.
ILES SOUS-LE-VENT
180.
EUROPÉENS
moins de 20 ans (49,8%
pour l'ensemble du
0-
0.
64,5%
(grandsparents). La proportion
des individus âgés de
4033 950
les sites contient
des feti'i
60-
60.
archipels, les adultes
partis travailler à Tahiti
souvent leurs enfants à
80-
80,
DEMIS
13 891
Un groupe d’enfants aux
Australes. Dans les
ou sur
100-
100.
200%
ILES DU VENT
Marquises, 56% aux îles
Australes et seulement
40,9% dans l'archipel
des Tuamotu-Gambier.
51,8%
160.
140.
120
POLYNÉSIENS
ARUE, MAHINA,
PUNAAUIA, PAEA
,
100.
70 385
60%-
80.
40-
60.
TUAMOTU-GAMBIER
(avec Makatea)
20-
40.
20.
17 441
25 794
35 848
0
J
8 226
1971
0.
1971
5 419
40
20
0
'
1977
8060
1983
MARQUISES
RESTE DE TAHITI
.
1977
54,3%
1983
120%.
100
-905^
.6 548
1983
Situation d’activité
60%-|
.
,
40-
,
200
,
1971
1977
1983
(
origine ethnique en
1983. Source :
recensement de 1983
AUSTRALES
-
5 079
1971
5 208' ■
1977
6283...
1983
(population née avant
juillet 1969).
le 1er
ENSEMBLE
106 563
33
VIVRE EN
POLYNÉSIE
Une consolidation
difficile
L’aggravation des déséquilibres pousse à
y porter remède et à engager une politique de
rechange au C.E.P., dont la présence demeure
provisoire. Dès la fin de son installation, les
pouvoirs publics s’attachent à compenser les
effets prévisibles d’une diminution de ses
activités par un renforcement du tissu produc¬
tif local et la mise en place d’infrastructures
d’accompagnement et de soutien.
l’agriculture
Réactivation de
Le
développement
la production est
de
direction d’une agricul¬
modernisée. Parallèlement à un effort
d’abord cherché
ture
en
coprah, une
jour en 1968. Pareillement
encouragée, la production vivrière progresse,
avec une orientation de plus en plus marquée
vers
des cultures maraîchères (fruits et
légumes) qui tendent à se substituer aux tuber¬
cules et féculents (tara, tarua, fe’i, patates
douces...) qui constituaient auparavant la
d’intensification de la culture du
huilerie voit le
d’offrir un travail temporaire à quelques
centaines de personnes. Ils sont relayés parles
chantiers de reconstruction mis en place au
lendemain des cyclones de 1983. Le SMIG
fait l’objet de revalorisations successives.
Entre 1977 et 1980, il augmente de 95%,
autant que
pendant le reste de la décennie. De
1980 à 1983, il progresse à nouveau de 77%,
alors que l’accroissement concomitant de
l’indice des
prix à la consommation est de
55%. La situation est moins favorable pour la
couverture sociale qui s’étend cependant en
agriculteurs, aux pêcheurs et aux
prestations servies par habitant
sont,
en
moyenne,
cinq fois moins
importantes qu’en Métropole, sur la base de
prélèvements également cinq fois moindres.
Depuis 1976, elles progressent toutefois à un
rythme annuel supérieur à 20%. Le décalage
entre les rémunérations du secteur public et du
secteur privé s’est également atténué, à la suite
des mesures prises, à la fin des années 70, pour
1980
aux
artisans. Les
résorber les distorsions existantes. Outre
sa
augmentation, le SMIG a cessé d’être
référence pour la grille des salaires de la
fonction publique locale qui ne s’aligne plus
forte
une
automatiquement
de
correction,
indemnités
territoriaux,
lement.
sur ses
variations. L’index
servant
au
des fonctionnaires
a
calcul
des
expatriés et
lui-même été abaissé graduel¬
L’écart
entre
la
rémunération
des salariés des administrations et
salariés des entreprises s’exerce
encore au bénéfice des premiers mais n’est
plus que d’un quart, et a été réduit dans la
même proportion de 1976 à 1982.
L’adaptation du système scolaire aux
besoins du Territoire est plus problématique.
Le taux de scolarisation est proche de 100%,
mais celui des échecs reste préoccupant
malgré une succession de réformes pédago¬
giques et la mise en place, à partir de 1980, de
filières adaptées. Aujourd’hui encore, plus de
la moitié des enfants d’une même classe d’âge
se retrouvent dans la vie active sans diplôme et
moyenne
celle des
sans
formation facilitant cette insertion. Les
base de l’alimentation locale. Avec l’aide du
Service de l’Économie rurale et des résultats
probants, sont expérimentées des
productions nouvelles : cultures sur motu de
melons et pastèques à Huahine, Maupiti ou
souvent
Tahaa dans les îles
Sous-le-Vent, acclimata¬
tion de la pomme de terre dans l’archipel des
Australes au climat plus tempéré, culture de
ou de fleurs (anthuriums,
gardénias-t/are Tahiti) à Tahiti.
l’ananas à Moorea
roses
ou
Dans le domaine animal, des efforts sont
déployés pour mieux couvrir la demande,
malgré les contraintes qui découlent de la
rareté et du coût des pâtures disponibles. En
1983, la production de viande bovine ne
représente que 5% de la consommation, mais
celle de la viande porcine la couvre à 88%. Les
habitudes alimentaires
production
tend
à
se
transforment
s’orienter
la
plus que
l’exportation de produits traditionnels, à
satisfaction de la demande intérieure
vers
et la
vers
la rentabilité aléatoire. Mais elle le fait dans
contexte peu favorable et se développe
moins vite que les importations, en sorte que
un
Le Raromatal Ferry. Mis
en service en 1985, ce
bateau affrété par ia
dépendance vis-à-vis de l’extérieur pour les
principaux produits commercialisés ne fait
la
que
Lutte contre les
Afin
inégalités
d’enrayer les conséquences fâcheuses
d’une urbanisation mal contrôlée, à la fin des
années 60, un programme de lotissements
sociaux à destination des plus défavorisés est
mis en place. Il entraîne la construction en
douze ans de 1 700 logements qui malheureu¬
sement
ne
bénéficient guère aux plus
nécessiteux et ne suffisent pas à résorber
l’habitat insalubre (voir vol. 9, pp. 30-31).
dispositions sont prises pour
réduire les inégalités de revenus et lutter
contre l’apparition du chômage (voir vol. 9,
pp. 28-29). Outre les programmes de travaux
publics entrepris en 1976, des chantiers de
développement permettent, à partir de 1980,
D’autres
34
Compagnie tahitienne
maritime (C.T.M.,
croître.
L’aéroport de Terre
Déserte à Nuku HiVa.
Exception faite de
Tahiti-Faaa, ie Territoire
équipé en 1985 de
35 aérodromes
desservis par ie trafic
commerciai général :
1 est situé à Moorea,
4 aux îles Sous-le-Vent,
2 aux Australes, 4 aux
est
Marquises et 24 aux
Tuamotu-Gambier.
“Deux de ces aéroports
disposent de pistes
accessibles
aux
quadri-réacteurs
; une
douzaine peuvent
accueillir des avions
de capacité moyenne
(de type Fokker ou
A.T.R.) ; les autres pistes
ne peuvent recevoir que
de petits avions".
Groupe Cowan), assure
deux fois par semaine
le trajet PapeeteHuahine-RaiateaTahaa-Bora Bora et
' retour. Il est homologué
pour transporter
550 passagers et
55 voitures.
L’ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE ET DÉMOGRAPHIQUE DE 1960 A 1986
élèves achevant leurs études
B.E.P.C. sont
en
au
niveau du
nombre excessif et il y a
pénurie d’ouvriers qualifiés, de techniciens et
de cadres de haut niveau.
Désenclavement
des
archipels isolés
disparités les plus
couple avec une politique de désen¬
clavement des archipels isolés qui vise à
freiner l’exode rural en même temps qu’à
encourager les retours et le développement des
activités productives dans les îles périphé¬
riques. Elle passe par une amélioration des
dessertes intérieures, d’autant plus nécessaire
que le renchérissement des coûts de transport
se répercute sur les échanges. C’est dans le
domaine aérien que les progrès réalisés sont
d’abord les plus sensibles et, entre 1970 et
1980, le nombre des aérodromes quintuple et
La volonté de réduire les
criantes
Un
se
élevage porcin
industriel dit “par
bandes”. Il existe 4
élevages de ce type en
Polynésie française, y
compris celui du Service
l’Économie rurale à
Papara. En 1985,
l'élevage porcin a
de
satisfait 88% de la
demande locale, mais
celle-ci a beaucoup
triple. Mais seules 27 îles
liaisons commerciales
régulières et le fret transporté est infime,
compte
tenu
d’avions spécialisés dans
l’acheminement de voyageurs et de tarifs
marchandises prohibitifs par rapport à la voie
maritime. Une vingtaine d’armements et
autant de petits caboteurs, toujours appelés
goélettes, assurent depuis les années 50 la
desserte des archipels, avec un itinéraire et un
rythme de rotation qui varient en fonction de
l’éloignement, du fret et des infrastructures
d’accueil. Un dénombrement opéré en 1977
recense
18 unités, représentant un port en
lourd de 4 215 tonnes et une capacité de 650
passagers, ainsi qu’une demi-douzaine de
celui des passagers
font l’objet de
navires administratifs cumulant
lourd de 2 000 tonnes.
port en
S’y ajoutent la desserte
caboteurs et
un navire
de l’île de Moorea par quelques
celle
des
îles
Australes par
appartenant à une
un
société d’économie mixte.
La même
année, entre
en
vigueur
un
plan de
transport maritime, assorti d’un cahier des
charges détaillé, qui vise à régulariser et
rationaliser les dessertes intérieures. Sa mise
application coïncide avec une
augmentation sensible du cabotage interinsu¬
en
laire.
1980 à
De
1983, les mouvements de
progressent de 75% et ceux de
marchandises de 60%. Dans le même temps, le
trafic en direction de Moorea triple, par suite
de l’instauration de liaisons quotidiennes par
passagers
ferry. En revanche, le trafic intérieur aérien
traverse une période de récession qui semble
liée à la
service
concurrence
d’unités
maritime
de
et
à la mise
en
plus
transport
performantes. En 1983, les passagers
transportés par avion sont cependant trois
fois plus nombreux que par bateau alors que,
dans le domaine du
fret, la voie aérienne reste
négligeable, avec moins de 1% des quantités
transportées.
baissé ; elle ne couvre
plus que 7% de la
consommation des
produits carnés contre
15% il y a quelques
années.
Indices
annuels
Ci-dessus :
Les cultures
maraichéres de plaine.
Un succès dans la
“réactivation de
l’agriculture”.
Concentrées surtout
aux îles du Vent, qui
assurent 63% de la
production globale,
elles couvraient
une
en
1985
part très importante
de la consommation
locale de
légumies.
En haut :
Le lotissement social de
Fautaua Val. Situé dans un
quartier insalubre en voie de
rénovation, ce lotissement
permettra aux attributaires
de
propriétaires de
logements dont "les prix de
tdevenir
vente se situent entre
2 000 000 F pour un F2 et
4 250 000 F pour un F5, avec un
taux de subvention
pouvant
varier de 32 à 60% {Les
Nouvelles), 18 octobre 1986).
35
POLYNÉSIE
VIVRE EN
Les tentatives
de redéploiement
celle de naissains d’huîtres. 11 s’oriente aussi
d’aménagement et de conso¬
va de pair avec la
volonté de créer des pôles de développement
capables de donner à l’économie un second
souffle et de fournir une solution de rempla¬
L’effort
cement au
C.E.P.
La recherche de nouveaux
de développement
axes
Outre la modernisation de l’agriculture, de
nouveaux
axes
de
développement sont
recherchés
du
direction de la pêche et
en
tourisme, qu’il s’agit de faire passer du stade
artisanal au stade industriel. Cette orientation
exige des investissements importants et
implique le recours à des capitaux en
provenance de la Métropole ou de l’étranger.
Dans le domaine touristique, malgré le
lancement, à la fin des années 60, de deux
grands
hôtels
de
international
standing
l’eau de surface
source
d’exploitation des océans, s’implante
signe avec le Territoire un accord
portant sur l’aquaculture de la chevrette, la
production et la capture d’appâts vivants et
lidation des structures
la
production de crevettes et de
mollusques. La plupart des opérations sont
vers
expérimentales, mais la culture de
à
la technologie désormais
éprouvée, est en cours de transfert au
Territoire et au secteur privé. Les campagnes
d’appâts vivants ont montré que les ressources
n’étaient pas suffisantes pour justifier l’inter¬
vention d’une flottille équipée pour ce type de
capture des thonidés. Quant à la culture de
perles noires, obtenues naturellement ou par
greffage, avec des ventes s’élevant à 859 mil¬
encore
chevrettes,
lions
de
FP
1983, elle est devenue le
en
principal poste d’exportation et intéresse une
quinzaine d’entreprises privées et une quaran¬
taine de coopératives au lieu d’une seule
début des années 70.
Le C.O.P. se penche aussi sur
société
au
aux prévisions. Celles, exagérément
optimistes du 6ème plan (1971-1975), envisa¬
geaient à l’horizon 1975 une capacité hôtelière
inférieurs
7 000 chambres,
la création de 7 000
venue de 240 000 touristes. Au
début des années 80, le nombre des touristes
emplois et la
plafonne
aux
alentours de 100 000, la capacité
hôtelière à 2 000 chambres et le nombre des
emplois à 2 000 également. Dans le secteur de
la pêche, après une série d’études et d’essais
infructueux de mise sur pied d’une pêcherie
industrielle de thonidés, celle-ci n’est encore
pratiquée dans les eaux territoriales que par
une
flotte asiatique de palangriers qui
travaillent dans des conditions difficiles. De
côté, la pêche artisanale plafonne depuis
quinzaine d’années à 2 000 tonnes de
son
une
poissons commercialisés sur les marchés
municipaux. Les cultures traditionnelles
d’exportation ne cessent elles-mêmes de
décroître. En dépit de la création d’une usine
de fabrication d’huile et de tourteaux et d’une
aide à la
production qui atteint
en
dix
ans
1,7 millia.rd de FP, la production de coprah
chute d’un quart et l’huilerie ne tourne qu’à la
moitié de sa capacité de trituration.
production
La diversification de la
Après 1975, les effets conjugués de la crise et
repli du C.E.P. conduisent à davantage
tenir compte des contraintes imposées par un
du
environnement
privilégier des
moins
et
à
opérations de dimensions
restreintes. Mieux assises
les
favorable
sur
les
ressources
et
énergies locales, elles doivent permettre de
les importations et d’augmenter
réduire
l’autosuffisance du Territoire.
point d’application
privilégié la mise en valeur des ressources
marines dont les potentialités se sont accrues
Elles
avec
ont
pour
l’extension à 200 milles marins des
territoriales
et
la
création
d’une
eaux
zone
économique exclusive couvrant ce périmètre.
En
1972, le Centre océanologique du
Pacifique (C.O.P.), émanation du Centre
36
l’énergie
thermique des mers et l’exploitation d’un eycle
thermique utilisant comme source chaude
(Taharaa, Maeva Beach), les résultats sont
de
(de l’ordre de 25") et comme
froide l’eau profonde (de l’ordre de 4”).
Le coût d’une usine de ce type, d’une puissance
national
à Tahiti. 11
Les Installations de la
Société pour la
Commercialisation et
l'Exploitation du
Poisson à Apataki.
Créée
en 1973 par
hommes d’affaires
des
locaux, la S.C.E.P., qui
proposait d'améliorer
l’approvisionnement de
Papeete en poissons
lagunaires et
pélagiques provenant
des îles périphériques,
se
a
dû
en
cesser
toute activité
1982, malgré le
soutien qu’elle recevait
du Territoire. Une
expérience
malheureuse de pèche
semi-industrielle en
Polynésie française.
mégawatts, serait de 10 milliards de FP.
celui auquel était estimé le barrage
hydroélectrique de la Papenoo avant que la
Société d’énergie polynésienne (Enerpol),
constituée pour la circonstance, ne tombe en
déconfiture en 1979 avec des impayés de plus
de 500 millions. A une échelle plus modeste, le
Territoire inaugure en 1978, avec le C.E.A.,
de 15
C’est
programme triennal d’énergies renouve¬
lables portant sur 295 millions. Aux applica¬
un
tions
ration
- climatisation et
réfrigé¬
solaires, pompage d’eau douce par
envisagées
photopiles - s’ajoutent bientôt
par les mêmes procédés ou par
mini-centrales hydrauliques et le
éolienne
ou
l’élecfrification
des
dessalement
inverse
en
de
l’eau
association
de
mer
avec une
par
osmose
éolienne. Ces
expériences débouchent en 1981 sur un plan
d’équipement dirigé vers les archipels
éloignés. A Tahiti, où l’électricité d’origine
thermique est distribuée par l’Electricité de
Tahiti (E.D.T.), se créent parallèlement deux
L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE ET DÉMOGRAPHIQUE DE 1960 A 1986
privées, la produisant à
partir de petites centrales hydroélectriques
nouvelles sociétés
installées
sur
des
cours
d’eau situés
en
dehors
l’agglomération de Papeete (près de 10%de
l’énergie distribuée en 1983).
de
La diversification de la
production est
également encouragée en matière industrielle
artisanale. Institué en 1966 pour favoriser
l’industrialisation du Territoire, le code des
investissements est refondu en 1971 et en 1976,
tourisme voit le jour en 1981.
spécial d’investis¬
pour le développement de la pêche et
pement du
L’année suivante, un Fonds
sement
des industries
annexes
(F.S.I.D.E.P.) et
un
Fonds spécial pour le développement de
l’agriculture (F.S.D.A.) naissent de
l’éclatement d’un autre fonds. Jugé insuffi¬
samment
différencié et fonctionnel.
et
façon à s’ouvrir aux entreprises de plus
petite taille. En plus d’exonérations et d’allè¬
gements fiscaux, une prime d’équipement est
modulée en fonction de l’éloignement de
Papeete et d’autres primes le sont en fonction
des emplois créés. Un nouveau remaniement
de
1983 exclut de
en
son
bénéfice
ces
mêmes
petites entreprises qui doivent désormais
relever de fonds particuliers financés par
l’État et le Territoire. Un Fonds spécial pour le
développement de l’industrie et de l’artisanat
(F.S.D.l.A.) est créé en 1978 et devient en
1984
le
Fonds de développement
des
entreprises. Un Fonds spécial pour le dévelop¬
La revitalisation des îles
le truchement de ces
institutions s’inscrivent partiellement dans la
politique de revitalisation des archipels
éloignés menée pour résorber l’exode rural et
y encourager le développement d’activités
productives traditionnelles (pêche, culture du
coprah) ou nouvelles (perliculture, tourisme
chez l’habitant). Celle-ci a pour point de
départ la réforme communale de 1971 qui
Les aides
prodiguées
transforme
communes
les
par
districts de
de droit
droit local en
collectivités
commun et en
République. Elle allège leur
fonds intercommunal de
péréquation, alimenté par les recettes fiscales
territoriales de la
tutelle et,
grâce à
un
Territoire, et une dotation
tionnement versée par l’État,
du
globale de fonc¬
leur donne une
ce dispositif
greffer un Fonds
d’aménagement et de développement des îles
de la Polynésie française (F.A.D.I.P.) dont
l’objet est de donner aux habitants des
archipels éloignés les moyens de rester sur
place et de fournir à ceux qui ont été attirés à
Tahiti une incitation à s’y réinstaller. De 1980,
réelle autonomie financière. A
d’encadrement, vient
se
entrée en fonction, à 1983, les
distribuées
par
le F.A.D.I.P.
atteignent 1,4 milliard de FP et sont affectées
pour moitié à l’aide au retour et, pour plus
date de
son
sommes
productéurs de coprah. S’y
depuis 1983 l’action menée par
l’Agence territoriale de la reconstruction
(A.T.R.) pour indemniser les victimes des
cyclones. Les dégâts qu’ils ont provoqués ont
conduit à intensifier les opérations de régéné¬
ration de la cocoteraie, timidement reprises en
1978 après une éclipse de dix ans. Elles
d’un tiers, aux
ajoute
doivent,
de
1984
à
1987,
entraîner
des
dépenses annuelles de l’ordre de 350 millions
de F P.
Les Installations du
C.O.P. à Valrao. Dans
ses bassins (les plus
anciens sont à droite de
la photo, côté
montagne), le Centre
ses techniques
d'élevage intensif de la
améliore
chevrette et de la
crevette d'eau de
mer et
il poursuit ses travaux
de recherche sur les
poissons tropicaux et
tempérés, en mettant
l'accent sur les espèces
locales (mérous,
carangues).
Une centrale
hydroélectrique “au fil
de l’eau”. La société
Coder-Marama Nui a
construit 3 centraies
de ce type sur la
Vaihiria (côte sud de
Tahiti), Vaihiria i, il et
III, mises en service en
1982, 1985 et 1986. Leur
puissance installée est
respectivement de 1 300,
1 300 et 2 000 kW.
Page de gauche, en bas
:
L'hôtel Taharaa. Ouvert
en
1969, cet hôtel de
grand standing dispose
de 200 chambres. Son
taux
d'occupation,
peu
élevé en 1985, a doublé
en 1986 grâce aux
croisières du Liberté.
Le
village d'Anaa
reconstruit. Le village
de Tukuhora qui avait
été rasé par un raz-demarée en 1906 a été
entièrement détruit lOrs
du passage des
cyclones de 1982-1983.
Il
a
été reconstruit
sur
les
soins de l'A.T.R. qui a
transporté sur l'atoll des
tare préfabriqués,
conçus et découpés par
une entreprise privée.
un
autre site par
37
VIVRE EN
POLYNÉSIE
L’emprise de l’État
et la poursuite
de l’indépendance
économique
un
partir de 1972, et leur sont trois fois
supérieures en 1982. Leur augmentation à
partir de 1978 s’explique par un accroissement
des frais de personnel, dû à des améliorations
à
développement davantage centré sur les
potentialités locales.
L’emprise de la Métropole
une revalorisation des salaires,
plus encore, à un développement des
opérations de redistribution de caractère
statutaires et à
un rôle prépondérant au
l’installation du C.E.P. et à
Après avoir joué
de
moment
l’occasion
des
et,
et économique, qui passent de 18% à
22% du total de 1976 à 1982. La ventilation
des dépenses civiles montre que l’intervention
de l’État s’est accrue plus vite que celle du
social
de tirs aériens,
pouvoirs publics se stabilise,
campagnes
l’intervention des
début des années 70, à un niveau deux fois
plus élevé que celui qui était le sien dix ans
plus tôt. Elle tend ensuite à fléchir sous l’effet
au
Les tentatives de
redéploiement de
l’économie se juxtaposent avec un renfor¬
de l’intervention de l’État et une
pérennisation du C.E.P. qui renforcent la
situation de dépendance et assurent un niveau
de vie et des revenus plus élevés que ceux que
pourraient valoir au Territoire ses ressources
propres. Sans remettre en cause la situation
acquise, se dégage aujourd’hui la volonté de
mettre en place, avec l’aide de la Métropole,
du
cement
Ministères civils
progresser
aux
un
de la Défense
Retraites
deux tiers du P.I.B.
25 471,5
692,3
46 062,1
51
4 169,6
3 820,2
4 594,6
Haut-Commissariat,
2 631,7
2 164,5
Programmation. Les
dépenses du ministère
75 174,6
83 698,1
3 202,5
15 526,3 lU
16 414,4 (2)
TOTAL
47 354,1
53
547,3
considérablement
22 660,6
20 233,1 (3)
64 132,4
467,5
Évolution des dépenses
l’État (1981-1985)
Polynésie française,
millions de francs.
Source :
en
Bureau de la
de la Défense retrouvent
en 1984 et 1985 le niveau
que,
selon toute
vraisemblance, elles
n'auraient
perdre.
jamais dû
L ARBRE DE L INDEPENDANCE
ÉCONOMIQUE
L’arbre de
l’Indépendance
économique “mis en
terre" par la Chambre
de Commerce et
d'industrie en 1985. Les
actions cohérentes à
pour atteindre
objectif sont
mener
Une visite ministérielle
en
Polynésie française.
secrétaire d'État aux
Le
D.O.M.-T.O.M.
Georges Lemoine est
accompagné du haut-
commissaire Alain Ohrel
et suivi
protocolairement par
l'amiral Montpellier
commandant le C.E.P.
38
tel
d’organismes métropolitains,
celui d’établissements publics
ou
par
(1J dont 11 468,2 pour le C.E.A
(2) dont 10 344,4 pour le C.E.A
(3) dont 12 833,2 pour le C.E.A
en
indique aussi qu’une fraction
territoriaux dont le nombre et le rôle
21 037,4
815,9
Dépenses diverses
comme
1985
18
Elle
communes
1984
15 403,9
2
l’armée.
croissante de cette intervention s’effectue de
manière indirecte, par le truchement des
peu
de
Ministère
Pensions
1975 et à
13 408,2
18
à
jusqu’en
plus de la moitié aujourd’hui.
Leur répartition souligne l’importance initiale
des dépenses militaires et le relais pris, peu à
peu, par les dépenses civiles, qui les dépassent
s’élèvent
526,8
603,7
ne recommence
sans retrouver son importance
Les dépenses correspondantes
antérieure.
1983
15
C.E.P., et
qu’après 1978,
1982
1981
Territoire, dont la part est de 41% en 1983 au
lieu de 52% en 1969 et se réduit à 33%, si on y
ajoute les frais engagés par le C.E.P. et
de la crise et de la réorientation des activités
un
innombrables...
Le port, "poumon” du
Territoire et expression
concrète de sa
dépendance. Sur cette
photo, prise en 1982,
n’apparaissent pas
installations de la
société Pétrocéan.
les
accrus en
se
sont
quelques années.
L’ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE ET DÉMOGRAPHIQUE
En
1982,
administrations
63%
des
ressources
des
proviennent de fonds
transférés de Métropole. Les salaires qu’elles
distribuent représentent la moitié de la masse
salariale globale et le tiers des revenus dont
disposent les ménages, soit près du quart du
P.I.B. La consommation qu’engendrent ces
salaires s’ajoute à celle qui découle de leur
fonctionnement
pour
stimuler les
importations, qui s’élèvent à près de 40% des
biens et services disponibles. Ces flux
d’importations entraînent, à leur tour, un
gonflement continu du secteur tertiaire, qui
représente 70% de la valeur ajoutée de la
production marchande contre 6% pour
l’agriculture, l’élevage et la pêche. Ils alimen¬
tent aussi les finances du Territoire, dont les
ressources propres proviennent, en grande
partie (73% en 1982), d’impôts indirects assis
sur les importations. Le
poids et le caractère
non
productif de l’intervention des
administrations incitent moins
au développe¬
production qu’à l’acquisition
immédiate auprès de la puissance de tutelle de
biens qui renforcent la situation de
dépendance.
ment
de
la
La volonté d’autonomie
C’est
cette
à la rendre moins vulnérable
en permettant
certaine autosuffisance alimentaire. Elle
répond à une initiative du pouvoir central et se
met en place au moment où les responsables
axent
politique,
leurs
pour
autonomie
efforts
obtenir
dans
Territoire. En
sur
une
le
terrain
plus grande
l’administration
du
juillet 1977, un nouveau Statut
augmente leurs pouvoirs et accroît leur marge
d’intervention dans les affaires courantes. Un
nouveau
autorités
directes
dépendance que s’attachent à
réduire l’État et le Territoire. Lorsqu’on 1975
la crise entraîne un repli général des activités,
ils adoptent une série de mesures favorisant le
développement d’entreprises de taille
artisanale ou semi-industrielle, capables de
jouer un rôle de substitution d’importations.
Cette politique vise à diversifier l’économie et
une
locaux
DE 1960 A 1986
style de relations s’ébauche avec les
métropolitaines, et des négociations
s’instaurent
avec
les
ministères
techniques parisiens. Elles conduisent à la
conclusion de conventions particulières et à la
création d’établissements publics territoriaux
spécialisés. Parallèlement, les élus locaux
peuvent plus librement nouer des rapports
directs avec leurs homologues d’autres pays
du Pacifique Sud.
Les élections de 1981 portent au pouvoir
une nouvelle majorité, qui souhaite
disposer
d’une plus grande autonomie, sans remettre
en cause les liens qui unissent le Territoire à la
Métropole. En matière économique, se
39
POLYNÉSIE
VIVRE EN
dessine
allier
orientation nouvelle
une
les
méthodes
qui cherche à
traditionnelles
et
les
techniques les plus modernes pour se tourner
vers le futur. Elle témoigne d’une ambition et
s’appuie sur un constat. En 20 ans, le
Territoire est passé, presque sans transition,
d’une
économie
de
subsistance
à
une
économie de services et, aujourd’hui, il plonge
à la fois dans le passé et dans l’avenir. Il
caractéristiques de pays sousdéveloppé et de pays à la pointe du
développement, avec une main-d’œuvre non
qualifiée, peu ou mal employée, mais aussi un
fort
potentiel scientifique, des salariés
nombreux et des salaires élevés. Les îles péri¬
phériques restent désavantagées et mal reliées
cumule des
entre
elles, mais
un
réseau central de télécom¬
satellite avec l’extérieur
symbolise la modernité d’un pôle urbain
favorisé. Faute de pouvoir progresser selon les
méthodes habituellement préconisées pour les
pays en voie de développement, qui reposent
sur de faibles capitaux, une main-d’œuvre
nombreuse et bon marché, des technologies
appropriées et des activités au ras du sol, elle
munications
par
essaie de relever le défi
en sens
performantes et une orientation vers des
produits de qualité et de “haut de gamme”.
C’est la solution adoptée en matière de
tourisme où, de 1982 à 1985, la capacité
hôtelière doit augmenter d’un tiers, de 900
chambres, avec des investissements de 8,5 mil¬
liards de FP, alors que, de I976à 1982,ellen’a
progressé que de 300 chambres avec un capital
de 1,4 milliard.
Une telle politique ne peut se mettre en
soutien actif de la
d’une ouverture sur
l’extérieur pour attirer les investisseurs et les
capitaux étrangers. Elle suppose une grande
qu’avec un
Métropole, doublé
œuvre
marge .de manœuvre des responsables locaux,
à la fois pour nouer des relations avec des
partenaires extérieurs et pour développer, sur
un pied de plus grande égalité, celles qu’ils
entretiennent avec
les
représentants du
pouvoir central. L’autonomie interne,
accordée par le nouveau Statut de mars 1984,
n’a pas l’extension de l’équivalent anglosaxon
circonstances.
Tahiti, “paradis fiscal”.
Ce thème, évoqué par
ce
dossier paru
mensuel néo-
du terme. Elle renforce néanmoins leurs
pouvoirs et, dans les affaires intérieures,
remplace la tutelle a priori par un contrôle a
posteriori. Elle doit aussi avoir, selon son
article 1, un caractère évolutif, adapté aux
TAHITI
dans le
calédonien 30 jours en
septembre 1983, a été
récemment repris par la
revue Epargner sous la
plume de
Paul-Loup Sulltzer,
UN PARADIS POUR
TA RECHERCHE ET
L'INVESTISSEMENT
inverse. Elle
choisit de résoudre les
problèmes par le haut,
par une valorisation maximale des ressources
locales, l’emploi de méthodes modernes et
Structure des dépenses
directes des
administrations en 1976
et en 1982. Ces
dépenses ont augmenté
en moyenne de 28,2%
par an. Cette croissance
a surtout concerné
celles des services civiis
de l’État dont la
contribution à
l’ensemble est passée de
23,1 à 28,9%.
1976
de
,t£»mande
-
O
miques
rman „oiammenr aax P
S-nSa^nrenraaxprodans \es Vor
et socva
es
conformement
□□
40
État
:
services civils
«
Caisse de Prévoyance sociale
Territoire
I. t '1
Établissements publics territoriaux
Communes et syndicats de communes
□
Autres administrations
:
Armée et C.E.A.
conventions,,
ps^^rpèu^"' reduu
- g
passées U
..r.nies
par
m,,
\e!
oouverne-
1982
□
État
par
l'Fiai
covcovrs
□
el
du
services.
Les conventions. Le
statut du 6
septembre
.
1984, d’où est extrait ce
document, stipule que
“l’aide
I aiae
technique
lec
3 Les Institutions
Ill'État
ne se serait rien passé en matière
entrede décembre
qui voitet
acquits institutionnelle
décentralisateurs
la loi-cadre1958,
Defferre,
remettre
en cause
les
juillet 1977, qui voit l’adoption d’un statut d’autonomie de gestion, si le Gouvernement
central, en 1971, n’avait étendu le régime communal à l’ensemble de la Polynésie
française. Une incontestable avancée démocratique qui doit cependant être située
dans son contexte : celui d’une politique d’assimilation destinée à faire pièce aux
autonomistes locaux qui ont le mauvais goût de lier le problème des institutions
(retour au statu quo ante) à celui du C.E.P. dont ils ne cessent de réclamer le départ.
Une manœuvre qui fera long feu... même si, tous comptes faits, elle n’a pas totalement
échoué. En assurant la tutelle des communes qu’il exerce par le biais des chefs de
subdivisions administratives, l’État continue à jouer un rôle essentiel dans les affaires
locales.
manœuvre qui fera quand même long feu car le gouvernement central sera
obligé de restituer en 1977 et surtout en 1984, en négociant un vrai statut
d’autonomie interne, ce qu’il avait retiré en 1958. Une restitution qui, à vrai dire, n’en est
pas tout à fait une. La finalité de la loi-cadre, nous dit M. Etilage, était de “préparer...
l’indépendance” des colonies. Le statut de 1984, quant à lui, tout en conférant à la
Polynésie française “une grande liberté d’action pour gérer (ses) affaires... et pour
affirmer (sa) présence et (son) identité dans une région du monde située à 20 000 km
de ia métropole et dont les conditions de développement sont entièrement
différentes... cherche à (transposer) dans le Territoire les principes de la décentra¬
lisation en vigueur en métropole au bénéfice des communes, départements et
régions”. Dans ce contexte, les concepts d’appartenance à la République et d’intégrité
du Territoire national conservent toute leur force. Décentraliser n’est pas forcément
Une
bien
décoloniser.
l’ordonnance n° 58-1337 du 23 décembre 1958
relative
Conseil de Gouvernement et à
au
territoriale de la Polynésie
française. Seule l’extension des pouvoirs de
l’Assemblée
l’Assemblée territoriale subsistera.
Conçu pour dégager des.élites politiques
locales, les former à la vie administrative et
préparer ainsi l’indépendance de leur pays, le
issu de la loi-cadre était considéré par la
majorité politique locale du moment plus
.conforme aux exigences des territoires
d’outre-mer d’Afrique, alors à l’aube de leur
statut
émancipation politique, qu’à celles de la
Polynésie française. Or cette dernière a mani¬
festé
attachement à la France lors du
son
référendum du 28
Les
septembre 1958.
élus ont alors sollicité eux-mêmes
restriction de l’autonomie relative dont
une
jouissait le Territoire à cette époque. Us
semblent avoir eu pour souci de chasser le
spectre de l’indépendance qui s’était profilé
sur la scène politique lors de la mandature de
Pouvanaa, premier vice-président de l’histoire
polynésienne. Pour cela, si les compétences
accordées
l’essentiel
aux
instances locales ont été pour
sauvegardées, les élus ont demandé
leur exercice fût davantage bridé par un
accru du représentant de l’État. Ce qui a
été fait par l’ordonnance n“ 58-1337 du 23
décembre 1958 d’où il ressort les points
suivants. D’une part, le Conseil de Gouver¬
nement est présidé par le gouverneur ou son
représentant le secrétaire général. La fonction
que
rôle
Statut en retrait
de la loi-cadre
et malaise
institutionnel
vigueur en 1960, découle
des dispositions du
juillet 1957, pris en
application de la loi de 1956 appelée commu¬
nément “loi-cadre”, du moins en ce qui
concerne les pouvoirs de l’Assemblée terri¬
Le statut, en
pour une certaine part
décret n" 57-812 du 22
toriale.
au préambule de la Cons¬
qui prévoit l’évolution du
Conformément
titution de
1946
loi-cadre
le décret de 1957 ont constitué une
étape fondamentale dans la vie politique du
pays. Pour la première fois dans l’histoire des
Territoires d’outre-mer et en particulier de la
Polynésie, un régime de décentralisation poli¬
tique est mis en place. 11 s’agissait en effet
“d’associer plus étroitement les populations
d’outre-mer à la gestion de leurs intérêts
propres” (article 1, loi n“ 56-619 du 23 juin
statut
des Territoires d’outre-mer, la
ainsi que
1956, loi-cadre).
Relativement
décentralisatrices,
ces
dispositions de 1957 vont pourtant être
abrogées quelques mois plus tard par
de
vice-président, exercée auparavant par le
en tête de liste, disparaît complè¬
conseiller élu
tement. Les
titres de ministres sont remplacés
par la dénomination plus neutre de conseillers
de gouvernement. De plus apparaissent de
nouvelles incompatibilités avec les fonctions
de conseillers de gouvernement.
D’autre part, dans son fonctionnement,
le Conseil de Gouvernement
devient étroi¬
dépendant de l’Assemblée terri¬
toriale. En effet, celle-ci peut, par un vote de
tement
Le fronton d une mairie
des Tuamotu.
L'évolution statutaire
de ces dernières
décennies n'a jamais
remis en cause
l'appartenancé du
Territoire à ia
République.
.
41
POLYNÉSIE
VIVRE EN
censure
à la
fonctions
majorité des 3/5, mettre fin
l’ensemble
de
aux
en
des conseillers de
de
Cette dépendance à sens
unique de l’exécutif vis-à-vis du législatif
s’apparente à l’échelon du Territoire à un
régime d’Assemblée. De même, la tutelle sur
:
dorénavant,
se
renforcent. Outre
publics territoriaux
services de l’État.
réforme
La
un
nement en
du
Conseil
1958 comporte
de
d’État chargé des Départements et Terri¬
toires d’outre-mer. Ultérieurement, plusieurs
propositions de loi seront déposées tant à
l’Assemblée nationale
qu’au Sénat, afin de
Polynésie française
doter le Territoire de la
d’un
nouveau
statut.
Gouver¬
donc une restriction
gestion locale.
évidente de l’autonomie de
qu’en 1957 une telle procédure n’était
possible que sur proposition du viceprésident. Mieux encore, une procédure
nouvelle est mise en place. Les conseillers
peuvent être collectivement suspendus de
l’exercice de leurs fonctions par arrêté du
gouverneur de la Polynésie française.
Enfin, du point de vue des attributions du
Conseil, il y a suppression pure et simple des
des
gouver¬
direction des services
alors
individuelles
pouvoir
sans aucun partage. Il
naturellement sa qualité de chef des
conserve
conseiller de gouvernement peut être démis de
ses fonctions par le seul chef du Territoire
attributions
son
suspension des conseillers de
nement, il retrouve la
gouvernement.
les conseillers est accentuée
revanche
Le malaise institutionnel
système ainsi mis
place a cependant
jusqu’en 1967, date à
laquelle l’Assemblée territoriale a demandé le
retour à l’autonomie interne prévue par la loiLe
fonctionné
sans
heurts
en
cadre de 1957.
Mais
conseillers.
une
mission de
cette
assemblée,
composée de Jean Millaud, président de cette
assemblée, Francis Sanford, député, et John
Teariki, ancien député, se voit en 1968
opposer un refus par Pierre Billotte, ministre
Ceux-ci ne conservent plus que des tâches insi¬
gnifiantes de contrôle du fonctionnement de
l’administration. Les pouvoirs du gouverneur
A gauche :
Le gouverneur Sicurani.
C'est un homme
d'autorité et de
Pierre Messmer a été un
très libéral gouverneur
de l'A.O.F. sous la
IV® République. Devenu
ministre des
D.O.M.-T.O.M.
sous
V®, il est la parfaite
la
incarnation de cette
raison d’État gaulliste
qui voit dans
l’autonomie interne
l’antichambre de
l’indépendance... et la
fin du C.E.P.
compétence qui préside
à la grande mutation que
connaît la Polynésie
française avec
l'installation du C.E.P.
Chef du Territoire entre
1965 et 1969, il a
auparavant exercé de
hautes fonctions
administratives en
Algérie en 1961-1962, à
l'époque du conflit,
avant d’être directeur
de cabinet du ministre
des Armées entre 1962
et 1964.
Monument à Charles
de Gaulle. Rarement le
destin d’un tout petit
peuple n’a autant
dépendu de la décision
d’un seul homme. Le
Territoire se devaitde lui
rendre hommage.
Organigramme des institutions du Territoire
REPRÉSENTANT de l'ÉTAT
préside
suspend
révoque
SERVICES et
1958.
EXÉCUTIF TERRITORIAL
CHEF du TERRITOIRE
J
en
CONSEIL de GOUVERNEMENT
I
sur
les affaires
compétence
(limitativement énumérées)
de
ÉTABLISSEMENTS PUBLICS
'ASSEMBLÉE
CONSEILLERS de GOUVERNEMENT
délibère
,
LÉGISLATIF TERRITORIAL
sa
TERRITORIAUX
▼
SERVICES et
ÉTABLISSEMENTS PUBLICS
■
;• d’ÉTAT
générale
compétence territoriale
(par arrêtés en Conseil de Gvt.)
assure
l'administration
des matières de
rend exécutoires les délibérations de
l’A.T.
42
ou
de la Commission permanente
annulation des
délibérations par
décret ministériel
.
dissolution par
décret ministériel
PEUPLE
POLYNÉSIEN
COMMISSION
PERMANENTE
LES INSTITUTIONS
Malgré cela le problème n’est à nouveau
qu’en 1975 au cours d’entretiens à
Paris entre une délégation de l’Assemblée
territoriale et Olivier Stirn, secrétaire d’État
aux Départements et Territoires d’outre-mer.
Celui-ci, au cours d’un voyage en Polynésie du
abordé
15
au
25
mars
1975,
annonce
devant
l’insistance pressante et les aspirations auto¬
nomistes de plus en plus vives, le dépôt d’un
projet de loi modifiant le statut du Territoire.
Les autonomistes jugeant ce texte insuffi¬
sant, l’Assemblée territoriale sous la prési¬
dence
de
novembre
Frantz
1975
un
Vanizette,
avis
émet
défavorable
le
à
19
ce
projet. Elle estime qu’“il diffère trop - et en
trop de points fondamentaux - avec la réforme
qu’attend la Polynésie française depuis plus de
puissions nous eontenter
d’y proposer des amendements partiels”. Un
contre-projet très audacieux est donc
présenté.
Le 10 juin 1976, l’Assemblée, convoquée
15
ans
pour que nous
session ordinaire, élit un nouveau bureau
anti-autonomiste présidé par Gaston Flosse
en
L’autonomie interne est,
avant
1977,
avec
le
retrait du C.E.P., le
cheval de bataille
électoral de
Francis Sanford et de
John Teariki. Ils devront
se contenter d’un C.E.P.
moins "polluant” et d'un
statut d'autonomie
de gestion.
tandis que
les bâtiments de l’Assemblée terri¬
occupés par les autonomistes. Le
17 du même mois, Francis Sanford, député de
Polynésie, annonce sa démission afin
toriale
sont
d’obtenir
la
dissolution de
l’Assemblée
territoriale et de démontrer que la majorité
des Polynésiens est favorable à l’autonomie
interne. 11 est réélu le 12 septembre 1976 avec
55,74 % des voix.
qui risquait de
incidents, tant les
passions étaient exacerbées, et la réélection
Devant
déboucher
très
une
sur
confortable
Oopa, père spirituel de
John Teariki et
Francis Sanford. Dans
combat pour
l'autonomie interne
puis pour
son
l’indépendance, il s’est
violemment opposé à
cet autre nationaliste
de
Francis
Sanford,
le
gouvernement central élabore alors, après des
entretiens avec les élus de la Polynésie, un
nouveau
projet de statut assurant “une large
décentralisation administrative” et accordant
au
Territoire
commun,
l’État
compétence
une
ne conservant que
de droit
des attri¬
butions limitativement énumérées. Mais
ce
D. Millaud,
sénateur, et F. Sanford, député, ce dernier
n’hésitant pas à déclarer, le 10 février 1976 :
“Dans l’état actuel des choses, je ne vois
qu’une solution pour nous libérer d’institu¬
tions qui entravent notre développement
économique : l’indépendance”.
Les négociations avec le gouvernement
reprennent à l’initiative de Daniel Millaud et
nouveau
statut
aboutissent le 4
En bas :
Monument à Pouvanaa a
situation
de graves
est
issu le
est
refusé par
mars
1977 à
un
accord, dont
projet de loi qui est soumis à
l’Assemblée nationale.
dégel de la situation est très
Gaston Flosse, leader de la tendance
anti-autonomiste, se rallie à l’accord ainsi
réalisé, tandis que les autonomistes cessent
leur occupation des locaux de l’Assemblée
Dès lors, le
rapide
:
territoriale le 1er avril 1977.
qu’était
Charles de Gaulle.
L’occupation de
i’Assembiée territoriaie
en
juin 1976, la
démission de F. Sanford
de son poste de député
puis sa réélection et la
menace
de
l’indépendance
poussent le pouvoir
central à un accord avec
les autonomistes,
concrétisé par la loi du
12 juillet 1977.
43
VIVRE EN
POLYNÉSIE
1977
autonomie
:
lement par
un
gestion
de
Le
élaboré
projet
en
statut laborieusement
devenu la loi n° 77-772 du
juillet 1977 relative à l’organisation de la
Polynésie française. Bien qu’approuvé à
l’unanimité
par
l’Assemblée territoriale
12
nouvellement élue, ce statut reste néanmoins
bien en-deçà des revendications autono¬
le retour à
l’autonomie interne issue de la loi-cadre. Sans
doute face à l’inertie calculée, les tergiver¬
mistes
sations
initiales,
ne
pour
savoir
à
dire l’opposition du
pas
gouvernement central à octroyer une trop
large autonomie, la lassitude a joué chez les
autonomistes.
Le
nouveau
statut
été
a
présenté à l’Assemblée nationale comme se
distinguant “essentiellement du précédent par
l’accroissement considérable des prérogatives
reconnues
au
vice-président et par la
réduction des compétences d’État”. En
réalité, ce statut ne diffère pas fondamen¬
talement
du précédent.
En effet, si
l’appellation de vice-président est réhabilitée,
ses
pouvoirs en revanche ne sont pour
l’essentiel que de pure forme et ont surtout un
caractère
honorifique. En revanche, le
gouverneur n’a rien perdu de ses prérogatives
continue de coiffer l’ensemble des institu¬
tions territoriales.
et
Pour le reste,
essentiellement
sur
le
nouveau statut
les cinq
innove
points suivants.
Le Conseil de Gouvernement
(composition et attributions)
titre du Conseil de Gouver¬
le précédent statut, le
gouverneur,
désormais dénommé hautcommissaire. Ce changement de termino¬
logie ne reflète pas pour autant une diminu¬
tion de ses prérogatives. Même s’il ne figure
plus expressément dans l’énumération des
Le
président
en
nement est, comme sous
institutions territoriales, son rôle dans les
affaires locales reste capital. Ainsi, le haut-
commissaire, président du Conseil de Gouver¬
nement représente le Territoire en toutes
circonstances, sauf dans un cas de litige entre
l’État et le Territoire. 11 est le chef de
l’administration
territoriale
qualité, prend toutes
et,
en
cette
mesures utiles pour
décisions du Conseil de
l’exécution des
Gouvernement. Il peut déléguer tout ou partie
de cette fonction au secrétaire général, son
suppléant légal. 11 est ordonnateur du budget
territorial et peut confier ses pouvoirs en cette
matière à un fonctionnaire relevant de son
autorité. Il nomme les chefs des services
publics territoriaux après avis donné
Conseil de Gouvernement. 11
du
personnel.
assure
la
en
gestion
En outre, le Conseil de Gouvernement
comprend sept membres élus (au lieu de cinq
auparavant) dont l’un porte le titre de viceprésident. Les attributions de ce dernier sont
toutefois mineures.
Cela étant, les
autres membres du
Conseil, les conseillers de gouvernement, ne
disposent pas réellement d’attributions indivi¬
duelles. Ils peuvent être désignés individuel¬
44
le Conseil de Gouvernement, dans
de
l’administration
territoriale
certains services et établis¬
pouvant regrouper
publics, à l’effet
sements
de
1977 est
secteur
;
de contrôler
l’exécution des décisions du Conseil
le Conseil de
propositions relatives
tionnement du secteur
n’ont chacun
aucune
vis-à-vis des chefs de
toriaux
de saisir
fonc¬
contrôlé. De plus, ils
autorité hiérarchique
services publics terri¬
celle-ci incombe seule
;
;
au
au
commissaire.
haut-
concerne la tutelle, tous les
actes du Conseil de Gouvernement doivent
être
rendus
exécutoires
par
le hautEn
ce
qui
après signature par le viceprésident. En revanche, cette tutelle ne vise
plus les conseillers de gouvernement pris
commissaire
Néanmoins, dans son
ensemble, le Conseil de Gouvernement peut
individuellement.
dissous par
Ministres. Dans ce
être
assure
seul
décret
en
Conseil
des
le haut-commissaire
l’administration locale sous
cas,
compétences de l’Assemblée terri¬
toriale, jusqu’à l’élection d’un nouveau
Conseil de Gouvernement par l’Assemblée.
réserves des
La
répartition des pouvoirs entre
l’État
le Territoire et
Comme avant, le
dispose
d’une
Conseil de Gouvernement
compétence
d’attribution
quelques exceptions, les attri¬
qui lui sont confiées ne sont pas
limitative. Sauf
butions
réellement nouvelles. Le Conseil de Gouver¬
chargé collégialement de la gestion
nement est
des
affaires
locales.
11 détermine, dans les
compétence territoriale, l’action
des services publics territoriaux. 11 arrête le
projet de budget et le transmet à l’Assemblée.
11 a, concurremment avec celle-ci, l’initiative
des dépenses. 11 délibère sur un certain
matières de la
nombre de matières limitatives.
Par
reçoit
l’Assemblée territoriale
compétence générale de droit
ailleurs,
une
commun
en
l’État
au
toutes
matières
non
réservées à
Conseil de Gouvernement. Les
délibérations continuent de faire l’objet d’un
rendu
ou
exécutoire
par
le haut-commissaire.
Enfin, tout comme le Conseil de
Gouvernement, l’Assemblée territoriale peut
être
dissoute
Ministres.
par
décret
en
Conseil des
Pour sa part, l’État ne conserve que les
attributions limitativement énumérées, qui se
matières de la compétence du
pouvoir central, conformément à la Constitu¬
tion et à la tradition juridique française. 11
s’agit d’une innovation importante, l’État
n’ayant plus qu’une compétence d’attribution.
L’État est représenté par le haut-commis¬
saire, dépositaire des pouvoirs de la
rapportent aux
LES INSTITUTIONS
République et chef des services d’État, qui,
promulgue les lois et décrets dans
le Territoire après en avoir informé le Conseil
assemblée consultative
composée de représen¬
groupements professionnels et d’asso¬
ciations qui concourent à la vie économique,
sociale et culturelle du Territoire, à l’exclu¬
notamment
tants de
de Gouvernement, assure leur exécution, est
ordonnateur des recettes et des dépenses
sion des titulaires d’un mandat électif local.
l’État. En outre, le haut-commissaire
veille à la légalité des actes des autorités
civiles de
territoriales.
Comme
sous
restrictions,
territoriale
peut
ses réglementations
peines de simple police et, sous réserve
d’homologation législative, de peines correc¬
assortir les infractions à
de
tionnelles
et
de
sanctions
administratives
complémentaires, elle peut réglementer le
droit de transaction de l’administration.
reçoit
également des pouvoirs analogues dans la
limite des peines de simple police. 11 s’agit ici
Conseil
Le
de
innovation.
d’une
cependant,
dissuasives.
ces
Gouvernement
les
Dans
sanctions
deux
restent
cas
peu
La création d’un Comité
économique et social
économique et social
revendiquée dès 1969. C’est une
La création d’un Comité
avait été
CONSEIL de GOUVERNEMENT
HAUT-COMMISSAIRE
VICE-PRÉSIDENT
technique et financière
l’État
L’État, dans le cadre des lois de finances,
financier et technique
apporte son concours
aux
investissements et peut
tionnement des services
participer au fonc¬
territoriaux, dans des
conditions fixées par convention. L’interven¬
tion éventuelle d’organismes ou établisse¬
ments publics métropolitains est également
prévue et peut faire, de même, l’objet de
convention.
La politique conventionnelle est une des
principales et plus originales innovations
introduites dans le statut de la Polynésie, mais
également dans celui de la NouvelleCalédonie. Les objectifs visés sont très divers :
solidarité nationale en matière de santé par la
prise en charge des personnels, ou par la parti¬
cipation à une meilleure couverture sociale ;
contribution à des dépenses d’infrastructures
nécessaires au développement, à l’animation
culturelle et artistique, à l’amélioration de
<
ASSEMBLÉE
.
TERRITORIALE
et CONSEILLERS
I
I
des actes
par
contractuelle de
l’ancien statut, avec toutefois des
l’Assemblée
des autorités territoriales.
L’aide
pénales
Les sanctions
compétences sont définies
Ses
\
PERMANENTE
\
COMITÉ '
ÉCONOMIQUE^
et
COMMISSION
SOCIAL,
SERVICES et
TERRITORIAUX
règle collégialement les
-
SERVICES et
affaires du Territoire
entrant dans sa
compétence
(limitativement énumérées)
-
rend exécutoires les arrêtés
et décisions du Conseil de Gvt.
et les délibérations de l’A.T.
et de la Commission
règle les affaires du Territoire
qui ne relèvent pas de la
compétence de l’État ou de celle
-
ÉTABLISSEMENTS PUBLICS
d’ÉTAT
permanente
...
Ceci étant, les possibilités offertes par ce
statut seront vite explorées. Très vite de
nouvelles revendications statutaires se font
jour au lendemain de l’arrivée de la gauche au
pouvoir (mai 1981) et visent une plus large
décentralisation.
tardent
pas
dispose
Les
du Conseil de Gvt.
-
détermine l’action des
services
publics territoriaux
-
vote le
budget
contrôle le Conseil de Gvt.
dissolution par
décret ministériel
PEUPLE
POLYNÉSIEN
limites
du
statut
ne
à apparaître. Le Territoire ne
d’une réelle maîtrise de gestion de
pas
affaires. Le maintien du dédoublement
fonctionnel du haut-commissaire
à la fois
ses
-
représentant
du
gouvernement chargé
d’assurer la tutelle du Territoire et également
chef du Territoire (à ce titre il est seul
légalement habilité à représenter le Terri¬
toire) -, ne permettra pas aux élus d’exercer
pleinement leurs compétences. Au
dernières semblent laisser à
de manoeuvre relativement
faible
pour
assurer
le développement
économique du Territoire alors qu’il s’agissait
d’un objectif de ce statut. En effet, le Territoire
ne
dispose d’aucune compétence réelle en
demeurant,
ceux-ci
une
matière
ces
marge
de
transports
aériens,
commeree
extérieur, crédit, relations financières avec
l’étranger. La double fonction du hautcommissaire le conduisait naturellement, en
cas de divergences d’intérêts entre l’État et le
Territoire, à faire davantage prévaloir les
intérêts de l’État sur eeux du Territoire.
Page de gauche :
Une visite ministérielle,
une de plus, celle de
Bernard Stasi (en
compagnie d’Alec Ata et
du gouverneur Daniel
VIdeau au second plan)
qui sera en 1974 un très
éphémère secrétaire
d’État aux
D.O.M.-T.O.M. Trop
éphémère pour que ce
très libéral ministre
ÉTABLISSEMENTS PUBLICS
f
l’habitat social
puisse donner
mesure.
sa
En haut, à gauche :
Le Front uni au pouvoir.
Autour du vice-
président F. Sanford
(E’a Api) qui est
encadré, en bout de
table par John Teariki
(Here Ai'a) et Frantz
Vanizette
(Indépendants), on
reconnaît de gauche à
droite : Emile Le Caill
(qui vient du Tahoera'a),
Paul Bourgeois
(directeur du cabinet du
vice-président), Maco
Tevane (Indépendants)
et Yannick Amaru
(Here Ai'a).
Ci-dessus :
Les deux têtes de
l’exécutif. En devenant
haut-commissaire de la
République, le
Charles
auxcôtésdu
vice-président
F, Sanford), disparu
tragiquement en mer en
1977, n’a pas perdu
beaucoup de ses
prérogatives.
gouverneur
Schmitt (ici
45
VIVRE EN
POLYNÉSIE
1984 : autonomie
interne
Conseil constitutionnel. Cette démarche tend
non
septembre 1981, Francis Sanford,
vice-président du Conseil de Gouvernement,
au nom du Territoire, prend l’initiative de
demander au nouveau gouvernement issu des
élections présidentielles et législatives de maijuin 1981 d’engager des négociations en vue
d’apporter des aménagements au statut en
vigueur. G. Flosse, qui lui a succédé à la viceprésidence du Conseil de Gouvernement le 2
Juin 1982, a poursuivi dans cette voie en faveur
En
*•
de la réforme statutaire. Contre toute attente
et
G.
devançant les autonomistes de longue date,
Flosse avait même dès le
13 mai
1980
proposition de loi sur le bureau de
l’Assemblée nationale pour revendiquer une
plus large autonomie.
En réponse à ses demandes, le gouver¬
nement a mis en place dès août 1981 un comité
État-Territoire chargé d’examiner les modifi¬
déposé
une
cations statutaires
élus territoriaux.
en
concertation
avec
les
et
de
sa
avis
sur ce
de
la
il
suscite
raison de son
insuffisance, les autres en raison de son
inutilité. Sur rapport n° 146-83 du 19
septembre 1983 présenté par les conseillers
Franklin
Brotherson, Terii Sanford et
Georges Kelly et adopté par l’Assemblée terri¬
toriale, l’avis rendu par l’Assemblée dénonce
le caractère peu audacieux de la répartition
des compétences entre l’État et le Territoire,
relevant même des points en recul par rapport
statut
de 1977.
Suite à cet avis, d’ultimes modifications,
après arbitrages rendus par le président de la
République sollicités par le vice-président
Flosse, et après examen par le Conseil d’État
et son adoption par le Conseil des Ministres,
sont apportées au texte soumis aux élus. Fe
texte étant sensiblement remanié mais n’ayant
pas fait pour autant l’objet d’une nouvelle
consultation de l’Assemblée territoriale, celleci prend l’initiative d’émettre un nouvel avis
un risque de censure de la future
loi par le Conseil constitutionnel. Cet avis,
rendu le 12 avril 1984, souligne la nécessité
afin d’éviter
d’une amélioration du texte
compétences. Pas plus
que
sur le plan des
lors de son premier
avis, l’unanimité des élus territoriaux
dégage
statut.
sur
la dernière mouture de
Déposé
ce
ne se
projet de
le bureau de l’Assemblée
après examen
par le Conseil d’État et adoption par le
Conseil des Ministres, le projet de loi est
finalement adopté par l’Assemblée nationale
sur
nationale le 7 décembre 1983
le 2 août 1984.
Sitôt le texte adopté,
l’opposition parle¬
U.D.F.) saisit le
mentaire nationale (R. P. R. et
46
l’article
un
2
de
la
Constitution’’, le Conseil
constitutionnel par sa décision n° 84-177 DC
du 30 août 1984 donne finalement gain de
requérants en l’annulant. Dès lors,
plus rien ne s’oppose à la promulgation et à la
publication de la loi au Journal officiel (Foi
n° 84-820 du 6 septembre 1984 portant statut
du Territoire de la Polynésie française cause aux
L’océan Isation des
cadres. De gauche à
droite :
MM. Roland Garrigou,
secrétaire général du
Tahoera’a : Jean-Marc
Daussin-Charpantier,
l’hostilité des élus, les uns en
au
Gaston
Léontieff, ministre du
projet, conformément à l’article 74
D’emblée
Flosse venait précisément
siège au titre de la liste R. P. R.
lors des élections européennes du 17 juin 1984.
Estimant
cette
disposition “contraire à
l’indivisibilité de la République consacrée par
Or,
d’obtenir
Tourisme et de la Mer ;
Albert
séance du 21
Constitution.
Territoire et, entre autres, celle de membre de
l’Assemblée des Communautés européennes.
Cabinet d’Alexandre
septembre 1983,
l’Assemblée territoriale, réunie en session
extraordinaire, exprime officiellement son
Fors
conforme à la Constitution. Cet article
instituait
une
incompatibilité entre les
fonctions de membre du Gouvernement du
Lestienne, chef de
politiques sur
projet de loi
la procédure législative
Les réactions
le
J.O.R.F. du 7
à faire déclarer l’article 10, alinéa 2 du statut,
directeur de Cabinet
du président du
gouvernement et
Jean Ferez, secrétaire
général du
gouvernement. Le
Territoire a la gestion
de ses propres affaires,
mais il fait toujours
appel à la matière grise
de certains
métropolitains.
présidence du
gouvernement. D'un
La
statut à l'autre,
le
président du
gouvernement occupe
l'ancienne résidence du
directeur de Cabinet du
haut-commissaire.
.
septembre 1984
p.
2831).
Présentation du statut
loi portant statut du Territoire de la
Polynésie française tire son origine d’une
double volonté : d’une part, celle du Territoire
visant à accéder à davantage d’autonomie et
d’autre part celle de l’État cherchant à
transposer dans le Territoire les principes de la
décentralisation en vigueur en Métropole au
bénéfice des communes, départements et
régions.
En
acceptant un certain degré
d’autonomie interne, dans lequel certaines
compétences attribuées au Territoire sont
administrées librement par des élus du
Territoire, le gouvernement central a voulu
répondre à l’aspiration des élus polynésiens de
voir reconnue leur spécificité au sein de la
Fa
LES INSTITUTIONS
République.
Ceci implique
plus grande liberté
d’action à la fois pour gérer les affaires du
Territoire et pour affirmer leur présence et
leur identité dans une région du monde située
à 20 000 kilomètres de la Métropole et dont les
conditions
de
une
développement
sont
entièrement différentes. Le nouveau statut
modifie donc les institutions du Territoire
difficile à atteindre”. De même encore, “il
fallait savoir Jusqu’où il pouvait ne pas aller
trop loin pour éviter d’aboutir d’une façon
insidieuse et contre leur volonté même à une
solution que récusent 99 % des Polynésiens” les dernières élections territoriales viennent
encore
de le confirmer - “c’est-à-dire au
détachement des liens avec la France”.
également et surtout la répartition des
compétences entre le Territoire et l’État.
Cela
étant, il est remarquable de
constater que ce qui
était apparemment
impossible en 1977, est devenu réalité en 1984,
alors que dans un cas comme dans l’autre la
Polynésie française ne remettait pas en cause
mais
appartenance à la République. Ainsi,
Christian Bonnet, ministre de l’intérieur,
déclarait devant les députés le 24juin 1977 que
le statut constituait un “point d’équilibre
son
aux seules améliorations formelles
rédactionnelles apportées au texte alors en
Favorable
ou
discussion, le ministre poursuivait : “le
gouvernement ne peut laisser rompre à
l’occasion de ce débat l’économie générale du
tentative d’élargissement
disposition de l’accord ou
même simplement
des amendements de
grignotage ou de dérapage
risqueraient de
ruiner l’œuvre si patiemment, si difficilement
statut ...” “... toute
de telle
ou
telle
...
...
si méritoirement élaborée et unanimement
avalisée”. Or, sept ans plus tard, la Polynésie
et
française
voit dotée d’une plus grande
que
les liens avec la
Métropole ne soient pour autant rompus
La décentralisation que le gouvernement
a entendu appliquer en Polynésie française est
analogue à celle dont bénéficient les
départements métropolitains depuis l’entrée
en vigueur de la loi n” 82-213 du 2 mars 1988.
se
autonomie
sans
...
L’exécutif de la collectivité territoriale est
à un président élu, les tutelles
administratives et financières sont
transféré
supprimées, le contrôle a priori est remplacé
par un contrôle a posteriori sur la légalité des
délibérations des autorités territoriales, qui
est assuré par le Tribunal administratif à l’ini¬
tiative du haut-commissaire de la République.
Comme en Métropole, les délibérations des
autorités locales sont transmises au repré¬
sentant de l’État et sont exécutoires dès leur
publication.
Jacky Teuira, ancien
président de
M.
i'Assemblée territoriale.
Ce vieux compagnon de
G. Flosse, co-fondateur
du Tahoera’a, est le chef
d'une majorité
disciplinée verrouillant
le pouvoir législatif
territorial. Il est devenu
en 1987 président du
gouvernement du
Territoire.
Le premier
gouvernement de
Gaston Flosse, formé en
septembre 1984.
De gauche à droite :
Sylvain Millaud, ministre
de l'Agriculture ;
Georges Kelly, ministre
de la Jeunesse,
des Sports,
de l'Éducation populaire
et de l'Artisanat
traditionnel ;
Lysis Lavigne, ministre
de la Santé,
de la Recherche
Gaston Flosse,
scientifique et de
l'Environnement ;
Alexandre Léontieff,
vice-président du
gouvernement, ministre
de l'Économie, du Plan,
du Tourisme, de la Mer,
de l'Industrie et du
Commerce extérieur :
Organigramme des institutions du Territoire
REPRÉSÉNTANT DE L'ÉTAT
nomme
HAUT-COMMISSAIRE
ministre des Affaires
sociales, de la Solidarité
et de la Famille ;
Michel Buillard, ministre
de l'Émploi,
de la Formation
professionnelle et du
Logement :
Jacques Teheiura,
ministre de l'Éducation
et de la
ASSEMBLÉE
COMMISSION
_
PERMANENTE
-TERRITORIALE
PRÉSIDENT et MINISTRES
N
;
de l'Équipement,
de l'Aménagement,
de l'Énergie et des
Mines ; Alban Ellacott,
ministre des Transports,
des Postes et
Télécommunications
et des Ports.
Une visite ministérielle
dans une commune. Le
secrétaire d'État
G. Lemoine visite la
commune de Paea en
compagnie notamment
le
Président
-
Culture
Patrick Peaucellier,
ministre des Finances
et des Affaires
intérieures ;
Édouard Fritch, ministre
LÉGISLATIF TERRITORIAL
EXÉCUTIF TERRITORIAL
GOUVERNEMENT du TERRITOIRE
président du
gouvernement ;
Huguette Hong Kiou,
du conseiller-maire
J. Greffe et du députémaire de Papeete,
Jean Juventin.
/
COMITÉ
ÉCONOMIQUE
'
SERVICES et
ÉTABLISSEMENTS PUBLICS
d'ÉTAT
contrôle la légalité
territoriaux (A.T..
des
des actes
Conseil
Ministres. Commission
permanente)
SERVICES et
et SOCIAL
ÉTABLISSEMENTS PUBLICS
TERRITORIAUX
règle les affaires
qui
sont pas attribuées
-
règle collégialement les
affaires du Territoire
entrant dans sa
du Territoire
ne
au
compétence
dissolution par
décret ministériel
Conseil des
Ministres
ou au
Président du Gvt.
du Territoire
-
-
vote le
budget
contrôle, le Gvt.
(motion de censure)
PEUPLE
POLYNÉSIEN
47
POLYNÉSIE
VIVRE EN
L’organisation
En revanche, il
de
administrative
Comme les précédents, le statut de 1984
caractérise par une double structure, celle
de l’État et celle du Territoire, chacune étant
se
rattachée
à
un
domaine
de
compétences
propres.
Les
compétences de
l’État
représentation de l'État dans le Territoire
continue
d’être
assurée
par
un
hautcommissaire de la République nommé par
La
décret
en
Conseil des Ministres. En tant que
délégué du gouvernement et conformément à
l’article 72 de la Constitution, il a la charge des
intérêts nationaux, du respect des lois, de
l’ordre public et, dans les conditions fixées par
le statut, du contrôle administratif. Il veille à
l’exercice régulier de leurs compétences par les
autorités du Territoire
territoriaux
administratif.
en
déférant les actes
importants, les
voirs du haut-commissaire
se
sont
pou¬
amenuisés.
perdu son autre qualité de chef du
qu’il détenait auparavant. La
situation ambivalente qui existait alors lui
permettait par définition d’intervenir direc¬
tement dans la gestion des affaires terri¬
toriales et, en cas de divergence d’intérêts, de
faire prévaloir ceux de l’État.
En ce qui concerne les compétences de
l’État, quelques modifications de fond sont
apportées par rapport à 1977. Attribution
expresse de compétences est ainsi donnée à
l’État en matière “d’importation, commerce et
exportation de matériel militaire, d’armes et
de munitions de toutes catégories”. L’État
retrouve une compétence entière pour fixer
“les principes généraux du droit du travail”.
a
Territoire
compétence en matière
à la liberté
relative
compétences du Territoire
Les
l’État dans le domaine de l’audiovisuel doit
dorénavant s’exercer “dans le respect de
aux
précédents statuts, le
plus représenté par le hautcommissaire, mais par le président du Gou¬
vernement du Territoire, élu par l’Assemblée
territoriale parmi ses membres. Bien qu’il ne
reçoive pas expressément la dénomination de
chef du Territoire, il en exerce les pouvoirs.
lation
restent
du statut et à condition que le Territoire lui en
fasse la demande, il n’aura plus pouvoir en
matière “d’enseignement du second cycle du
degré”. En outre, la compétence de
second
l’identité culturelle
propre
au
polynésienne et de la légis¬
Territoire”. Toutefois, le
Territoire, sous réserve des missions confiées à
la Haute autorité audiovisuelle, a la faculté de
créer une société de production d’émissions à
caractère social, culturel et éducatif pouvant
passer pour leur diffusion
avec les sociétés d’État.
des conventions
Enfin, le statut de 1984 prévoit la compé¬
principe de l’État en matière de zone
tence de
économique.
Toutefois,
celui-ci “peut
au
Territoire la compétence en
d’exploration et d’exploitation des
ressources
naturelles, biologiques ou non
biologiques, du fond de la mer, de son sous-sol
et des eaux sur-jacentes”.
concéder
matière
Contrairement
Territoire n’est
ailleurs, les autorités du Territoire
compétentes dans toutes les matières
Par
qui ne sont pas réservées à l’État. Il s’agit donc
toujours d’une compétence de droit commun.
Sur le plan des institutions, le Territoire
est
désormais
doté
d’un
gouvernement
composé de six à dix ministres désignés par un
président, lui-même élu par l’Assemblée terri¬
toriale. Le gouvernement du Territoire se
réunit
en
Conseil des Ministres
au
moins trois
mois, sur convocation de son
président qui en fixe l’ordre du jour. Le
président du gouvernement, chef de l’exécutif
fois
par
territorial,
définit
les
attributions
des
ministres, délègue à chacun d’eux les pouvoirs
correspondants, dirige et coordonne l’action
irréguliers devant le tribunal
Même s’ils restent
Ainsi, il
sa
surveillée des mineurs”. De même, au terme
d’un délai de cinq ans après l’entrée en vigueur
plan territorial
au
perd
“réglementation
Le bâtiment qui a abrité
jusqu’en 1986 les
services du hautcommissariat. Cet
édifice aux ailures
modestes a été jusqu'en
1984,
en
dépit de
certaines apparences
statutaires (1977), le
siège du pouvoir réei.
Ci-dessous :
Le haut-commissariat
s'adapte à la nouvelle
donne du statut. Le
transfert des
compétences de l’État
au
Territoire l’a contraint
à réorganiser ses
structures dans le sens
du contrôle de la légalité
et de l'assistance
technique et financière
aux communes
48
et au
LES INSTITUTIONS
révoquer un ministre à
procéder dans les mêmes
formes à son remplacement. Le gouvernement
du Territoire est responsable devant
l’Assemblée territoriale qui peut mettre fin
aux fonctions de celui-ci par le vote d’une
motion
de
censure.
Le
président du
gouvernement du Territoire dispose des
pouvoirs nécessaires à la conduite des affaires
locales ; ordonnateur du budget, chef de
l’administration territoriale, il dispose
également des services de l’État et des agents
de l’État selon les modalités fixées par voie de
convention entre l’État et le Territoire. Il
exerce
des compétences dans les relations
des ministres ; il peut
tout
moment
extérieures
et
et
peut
en
outre
recevoir
par
délégation du gouvernement local certaines
des compétences attribuées à celui-ci. Le
président du gouvernement du Territoire rend
compte périodiquement à l’Assemblée terri¬
toriale de l’activité du gouvernement, de la
Également nouvelles, et spécifiques
au
Polynésie française, sont les
compétences attribuées au président et au
Territoire de la
Gouvernement du Territoire dans le domaine
des
relations
extérieures.
Le président du
désormais
Gouvernement peut
proposer au
République l’ouverture
gouvernement de la
négociations diplomatiques avec les États
du Pacifique Sud, négociations auxquelles un
représentant du Gouvernement du Territoire
pourra participer : il est également autorisé à
représenter, conjointement avec le hautcommissaire, le gouvernement de la
République au sein des organismes régionaux
du Pacifique Sud. En outre, le Gouvernement
du Territoire peut participer à la négociation
situation du Territoire, de l’état des différents
publics ; l’Assemblée territoriale peut
en outre organiser librement, dans le cadre de
son
règlement intérieur, les procédures de
de
d’accords intéressant la desserte aérienne et
maritime internationale de la Polynésie
française. Il peut enfin être habilité par les
autorités de la République à négocier les
traités dans certaines matières ressortissant de
la
compétence du Territoire,
services
contrôle de l’action du gouvernement.
Sur le plan des compétences, on
A
ces
nouvelles
Conseil des Ministres du Territoire dans les
qui relèvent de la compétence de
en ce qui concerne le
crédit, le gouvernement local est assisté par un
comité
consultatif
du
crédit, composé
domaines
l’État. Par ailleurs,
notamment de représentants de l’État et du
Territoire, tandis qu’en matière monétaire il
prises par les
République.
Il convient cependant de relever que dans
plusieurs autres domaines, le statut définit une
nouvelle délimitation des compétences respec¬
tives de l’État et du Territoire qui apparaît
parfois comme une reprise par l’État d’attri¬
butions jusqu’alors, soit dévolues au
Territoire, soit partagées avec le Territoire.
C’est surtout le cas de l’exploration, l’exploi¬
tation et la gestion des ressources naturelles de
la
zone
économique exclusive de la
République, mais également du droit du
travail, de la possibilité de fixer les échelles de
peines aux infractions des actes du Conseil des
est
tenu
informé des décisions
autorités de la
Ministres et
compétences, il convient
d’ajouter les attributions qui sont conférées au
et
de
la
judiciaires.
ceux
de l’Assemblée territoriale,
réglementation
professions
des
peut
premier lieu, le
Territoire reçoit un certain nombre de
compétences qui sont destinées à lui permettre
d’affirmer son identité et sa spécificité au sein
de
la
République (signes distinctifs
permettant de marquer sa personnalité dans
les manifestations publiques et officielles,
enseignement des langues locales dans le cadre
des programmes scolaires, enseignement du
premier cycle du premier degré et celui à terme
du second cycle à la demande du Territoire,
droit d’autoriser les acquisitions de propriétés
immobilières par les étrangers et droit de
préemption.,.). En second lieu, le Territoire
bénéficie de nouveaux pouvoirs économiques
(restrictions quantitatives à l’importation,
autorisations préalables aux investissements
directs étrangers en Polynésie française, et
exploration, exploitation, gestion des
ressources naturelles de la zone économique
exclusive de la République au large des côtes
de la Polynésie française après concession de
compétence par l’État ...).
noter
innovations.
des
Le gouvernement
En
du Territoire de ia Poiynésie française.
Organisation du
gouvernement du
Territoire telle qu'elle se
présente dans le second
gouvernement de
G. Flosse,
démissionnaire le
7 février 1987.
M.
MINISTRE de
de la
RECHERCHE SCIENTIFIQUE
Au-dessus
el de la CULTURE.
:
Le nouvel immeuble
administratif de la rue
du Commandant
Destremeau. Du verre et
du béton, symboles du
modernisme et de la
bureaucratie rampante
qui s'est beaucoup
développée depuis 1984.
Mme Huguette
Jacques TEHEIURA
l'ÉDUCATION,
M. Alexandre
MINISTRE
du TOURISME et
de la MER
PORTE-PAROLE du GOUVERNEMENT
et CHARGÉ des RELATIONS
avec le PACIFIQUE SUD
M. Michel BUILLARD
MINISTRE
de l'EMPLOi.
et de fa
du LOGEMENT,
FONCTION PUBLIQUE
LÉONTIEFF
M.
Georges KELLY
MINISTRE
de l'AGRICULTURE
et de
l'ARTISANAT TRADITIONNEL
M. Patrick PEAUCELLIER
M. Gaston TONG SANG
VICE-PRÉSIDENT
MINISTRE
MINISTRE de
l'ÉCONOMIE
et
des FINANCES
M.
Lysis LAViGNE
MINISTRE
de la SANTÉ
et de
fENVIRONNEMENT
de
de
l'ÉQUIPEMENT,
l'AMÉNAGEMENT.
de l’ÉNERGIE el des MINES
M. Manate V1VISH
MINISTRE
de la JEUNESSE, des SPORTS
et des
AFFAIRES INTÉRIEURES
HONG KIOU
MINISTRE des
AFFAIRES SOCIALES,
de la SOLIDARITÉ el de
la FAMILLE,
CHARGÉE
des RELATIONS avec
l'ASSEMBLÉE TERRITORIALE
et le COMITÉ ÉCO. el SOCIAL
M. Jeftrey
SALMON
MINISTRE
du
DÉVELOPPEMENT des ARCHIPELSl
des TRANSPORTS et
des PTT
49
POLYNÉSIE
VIVRE EN
L’organisation
Les chefs de subdivision
administrative
au
de
des subdivisions
Marquises) placées
l’autorité d’un fonctionnaire des
généraux. Ces circonscriptions font
place à des subdivisions qui tirent leur origine
cadres
du décret n® 72-408 du 17 mai 1972 portant
création de subdivisions administratives dans
le
Territoire
de
la
Polynésie
française
(J. O. R. F. du 29 mai 1972). Ce texte, pris en
application de la loi n“ 71-1028 du 24
décembre
1971
par
19
dans
gouvernement,
d’outre-mer, à
Jusqu’en 1972, le Territoire reste divisé
administrativement en cinq circonscriptions
(îles du Vent, îles Sous-le-Vent, Australes,
sous
décret n° 80-918 du 13 novembre 1980 portant
de la loi n° 77-1460 du 29
régime communal
en
Polynésie française). Représentants du
haut-commissaire dans leur ressort géogra¬
phique, les chefs de subdivision avaient,
avant le statut de 1984, et à l’image du hautcommissaire, une double qualité de représen¬
tants du gouvernement central et de représen¬
application
...
décembre 1977 modifiant le
tants
du chef du Territoire.
géographique de chacune des subdivisions et
abroge les dispositions visant les circonscrip¬
tions administratives.
Tout comme ces dernières, les subdivi¬
sions sont
placées sous l’autorité d’un
l’État, chef de subdivision.
Celui-ci est dans son ressort le représentant du
haut-commissaire et possède seulement, par
un
certain nombre
circonscrip¬
d’attributions. Comme pour les
tions administratives, il n’existe également
aucun texte définissant la structure adminis¬
interne, pas plus qu’il n’existe de
dispositions réglementaires de portée générale
trative
fixant les attributions du chef de subdivision.
Les
subdivisions n’ont pas la
personnalité
de simples
morale ; elles ne constituent que
découpages géographiques.
Ci-dessus et à gauche :
Les chefs de subdivision
territoriaux (ici
Terii Sanford
accompagné de
Gaston Tong Sang,
ministre de
l’Équipement,
participant à une
réunion de travail à la
mairie d'Uturoa), dont
l’action est
"chapeautée” par le
Service de
l’Administration des
Archipels, exercent les
attributions territoriales
qui, avant la
promulgation du statut
de 1984, étaient
déléguées par les
gouverneurs (ici
Daniel Videau en
tournée aux Marquises)
et les hautscommissaires aux
administrations d’État.
A droite
:
L’archipel des TuamotuGambier est administré
depuis Papeete par
un
chef de subdivision dont
les services sont
installés rue des Poilus
Tahitiens, dans
un
bâtiment dont il partage
les locaux avec son
collègue,
l’administrateur des îles
du Vent.
50
Territoires
-
relative à la création et à
délégation de celui-ci,
certains
déléguer leur signature ;
également, loi n°. 71-1028 du 24 décembre
1971 article 20
alinéa 2 ; également encore,
l’organisation des communes dans le
Territoire de la Polynésie française (article 14)
définit uniquement la consistance
fonctionnaire de
disposent
le haut-commissaire (décret
juin 1970 portant délégation
pouvoirs et autorisant les délégués du
accordées
plan
chacune
pouvoir
n° 70-544 du
Tuamotu-Gambier,
ne
propre. Ils n’agissent que
dans le cadre des délégations de signature
d’aucun
En tant que
représentants du gouvernement central, les
chefs de subdivision assurent, par déconcen¬
tration des pouvoirs du haut-commissaire, et
à titre
principal, la tutelle administrative des
communes
de leur subdivision. En tant que
représentants du chef du Territoire, ils gèrent
un
certain nombre d’affaires territoriales, en
application des réglementations édictées par
les instances territoriales.
disparaître ce
puisque le hautcommissaire a perdu sa qualité de chef du
Territoire au profit d’un élu. Les chefs de
subdivision n’assurent donc plus que la
gestion d’affaires ressortissant de la
compétence de l’État.
Cette compétence des chefs de
subdivision comprend presque essentielle¬
Le
statut
de
1984 fait
dédo'iblement fonctionnel
ment la
tutelle des
prévoit
en
effet
communes.
que
La loi de 1977
la tutelle
sur
les actes
LES INSTITUTIONS
exercée par le hautPolynésie française, sauf
dispositions législatives ou réglementaires
antérieures contraires, et que le hautcommissaire peut déléguer ses fonctions aux
l’État. Ces derniers continuent d’être nommés
par le haut-commissaire de la République
après consultation préalable du Gouverne¬
ment du Territoire,
lequel est également
consulté sur la création, suppression ou
règle est du reste reprise dans de nombreuses
dispositions du Code des Communes (art. L.
121-37 à L. 121-39, L. 122-21 et L. 314) ainsi
que dans le décret n° 80-918 du 13 novembre
1980 (article 22). En tant qu’autorités de
tutelle des communes, la loi n° 77-1460 du 29
décembre 1977 modifiant le régime communal
en Polynésie française, assimile les chefs de
subdivision à des sous-préfets pour l’applica¬
tion du Code des Communes ainsi que le Code
électoral en Polynésie française.
Cela étant, ils signent également les
tives (statut
municipaux
est
commissaire de la
chefs des subdivisions administratives. Cette
arrêtés attribuant les subventions de l’Etat
imputables sur les ressources du Fonds
d’Aménagement et de Développement des lies
de la Polynésie française (F.A.D.I.P.). De
même, ils signent les actes d’ordonnancement
et toutes pièces justificatives d’ordonnance¬
ment pour les dépenses imputées sur le budget
de
l’État
en
modification
des
subdivisions
administra¬
de 1984, article 31.8'=).
Quoi qu’il en soit, l’organisation mise en
par le Territoire a été fixée par une
délibération n° 85-1037/AT du 23 mai 1985
portant création du Service de l’Administra¬
tion des Archipels en Polynésie française. Ce
service est composé, d’une part, d’un bureau
central appelé Centre de formation,
d’animation, de coordination et de gestion des
circonscriptions administratives des archi¬
pels ; d’autre part, de quatre sections de
service appelées circonscriptions administra¬
tives, et dirigées chacune par un administra¬
teur : îles Sous-le-Vent, îles Marquises, îles
place
Tuamotu-Gambier et îles Australes.
Les fonctions du bureau central portent
sur des actions de formation, d’animation et
de gestion de personnel des
circonscriptions.
également la coordination et le
suivi du fonctionnement des circonscriptions
administratives des archipels.
Pour leur part, les attributions des admi¬
nistrateurs comportent notamment plusieurs
missions : présentation et coordination des
Elles visent
services territoriaux, délivrance d’autorisa¬
tions administratives, participation à des
commissions,
membre
observateur
ou
commissaire du gouvernement des sociétés
d’économie mixte. Ils assurent également des
consultations pour avis sur les procédures
administratives et peuvent se voir confier
toutes attributions complémentaires que le
président du Gouvernement
leur délégueraient.
ou
les ministres
matière de chantiers de développe¬
ils gèrent les services de leur
(congés annuels, ordres de
ment. En outre,
subdivision
déplacement, ordonnancement des dépenses
de fonctionnement, d’entretien et de frais de
représentation). Enfin, ils centralisent les
enregistrés dans chaque
résultats électoraux
des communes et les
haut-commissaire. En effet,
les subdivisions administratives constituent
de
bureau
vote
transmettent au
également des circonscriptions électorales.
Par ailleurs, les chefs de subdivision n’ont
plus aucune attribution territoriale depuis
1984. 11 en résulte que le Territoire ne dispose
plus d’une autorité unique le représentant au
niveau des subdivisions. Cependant, quelques
services territoriaux disposent de structures
décentralisées
et
permanentes dans les
archipels (subdivisions du service de l’Équi¬
subdivision
pement,
service
de
territoriaux
en
du
l’Aménagement à Uturoa, circonscriptions
médicales ...). C’est la raison pour laquelle le
Territoire nomme dorénavant ses “propres
chefs
de
parallèle
subdivisions”
avec
les chefs de subdivisions de
Madame
L’Astrolabe permet aux
administrateurs qui
exercent leur autorité
sur les subdivisions les
plus étendues
géographiquement
(les Tuamotu-Gambler
et les Australes) de
deux fols
visiter
une ou
par an
les îles dépendant
de leur ressort. Les
services d'État et
territoriaux intéressés
peuvent participer à ces
tournées
administratives.
Marie-Françoise
Desgranges (en haut)
qui, à la mi-1986,
a
succédé à
Daniel Canepa
(participant au Tiurai,
en bas) à la tête de la
subdivision des îles du
Vent, est la première
femme qui, en Polynésie
française, ait été
nommée à un tel poste
de responsabilité.
51
VIVRE EN
POLYNÉSIE
La création
des communes
Ensuite, la loi prévoit l’intervention de décrets
Conseil d’État pour la définition des limites
territoriales, la fixation des chefs-lieux, les
en
Avant la mise
en place progressive des
(1890, 1931, 1965 et 1971), les
constituaient la plus petite unité
communes
districts
administrative.
Ils
avaient
Conseil de District élu
à
leur
tête
un
suffrage universel
par les électeurs du district. Ce conseil com¬
prenait de 7 à 11 membres, selon le nombre
d’habitants, élus pour six ans. Il désignait en
son sein un président (tavana) et un viceprésident.
Le régime communal a pour la première
fois été introduit en Polynésie française en
1890,
avec
au
la création de la
commune
de
Papeete. Il faut attendre le décret du 17
décembre 1931 pour voir la création d’une
seconde
commune,
autres, Pirae et Faaa,
rition en 1965.
La création des
en 1971
celle d’Uturoa. Deux
font ensuite leur appa¬
communes
gouvernement
cupations financières et budgétaires qui ont
empêché l’Assemblée territoriale de pour¬
suivre sa politique de transformation progres¬
sive des districts en communes.
Enfin et surtout, on assiste à
une
nouvelle
amputation des prérogatives du Territoire
après celle de 1958, puisque le Territoire était
compétent en matière de création de
communes de plein exercice (art. 58, décret de
1957).
Le contenu de la loi
prévoit tout d’abord, puisque telle
Ce texte
était
sa
institué
finalité, que le régime communal est
sur
le
Territoire
française. Il s’agit d’une mise
de
en
la Polynésie
place progres¬
sive dont les modalités sont déterminées par
des décrets en Conseil d’État, après consul¬
tation des Assemblées territoriales. Il est inté¬
les communes créées sont
partir d’un ou de plusieurs districts.
Quarante-quatre nouvelles communes sont
créées (en plus des quatre déjà existantes).
ressant de noter que
formées à
52
communal dressé
ment
et
section
en
section de fonctionne¬
d’investissement,
tant
en
qu’en dépenses. De plus, un fonds
intercommunal de péréquation reçoit une
quote-part des impôts, droits et taxes perçus
ou à percevoir au profit du budget territorial.
Le taux de cette quote-part qui ne peut être
inférieur à 15% est fixé par décret en Conseil
d’État après consultation de l’Assemblée
niveau communal
territoriale et avis du haut-commissaire et
sur
proposition du ministre chargé des Départe¬
ments
et
Territoires
d’outre-mer.
Au
31
décembre 1985, ce taux est de 25%.
communes au nom
Cela
municipaux (nombre
élire, dissolution des conseils
municipaux, élections, réunions du Conseil
municipal ...).
Sous réserve de certaines adaptations,
une seconde étape dans la mise en œuvre du
régime communal est ensuite intervenue en
1977
avec
la loi n° 77-1460 du 29 décembre
1977, modifiant le régime communal de la
Polynésie française. Par cette loi, le législateur
étendu aux communes de Polynésie une
partie du Code des Communes. Ainsi ont été
rendues applicables les dispositions du livre I
“Organisation Communale”, du livre II
a
“Finances
Communales”,
du
livre
III
“Administrations et services communaux” et
du livre IV “Personnel Communal”. Entre¬
temps la loi n° 77-772 du 12 juillet
Une mairie “new look”.
Les maires des
nouvelles communes
polynésiennes
disposent de moyens
financiers que
pourraient leur envier
beaucoup de leurs
collègues
métropolitains.
1977
vienne
en
fait amoindrir
de
l’État.
étant, l’œuvre d’assimilation des
polynésiennes à leurs homologa¬
métropolitaines n’a pas été poursuivie
par le gouvernement central. Le régime
communal en vigueur en Polynésie reste donc
pour l’instant en retrait par rapport aux
communes de Métropole et encore bien plus
depuis la réforme de la décentralisation de
communes
tions
relative
1982,
communes,
non
Enfin, la loi détermine les règles de fonc¬
ne
pouvoirs de l’Assemblée territoriale et
renforcer en contrepartie ceux du hautcommissaire appelé à exercer sa tutelle sur les
les
recettes
de conseillers à
prise à la seule
central a été
marquée par un certain nombre de réactions
de défiance. On ne peut toutefois pas parler,
semble-t-il, de vives oppositions, malgré les
revendications autonomistes de l’époque. Les
représentants de ce courant suspectaient le
gouvernement central de vouloir départemen¬
taliser le Territoire “par petits morceaux’’.
Cependant, l’aspect financier a
davantage paru susciter les hésitations et les
questions des élus tant le projet était imprécis
sur ce point. La participation financière de
l’État, auteur de ce projet, n’y est pas expres¬
sément proclamée. Le projet prévoit la
création d’un fonds intercommunal de péré¬
quation dont le financement devra être assuré
par le Territoire à concurrence de 15% de son
budget. Cette charge nouvelle imposée au
Territoire est d’autant plus mal ressentie qu’il
n’a pas sollicité cette généralisation des
communes. Or, précisément, ce sont les préoc¬
du
plan budgétaire et financier, le texte
définit également la nomenclature du budget
Sur le
tionnement des conseils
L’élaboration de la loi de 1971
initiative
regroupements des communes actuellement
avec un ou plusieurs districts, et la
détermination du domaine des communes.
existantes
portant organisation de la Polynésie française
(article 62) avait réservé exclusivement à l’État
la
compétence en matière communale.
Certains ont donc pu craindre que la
poursuite de la décentralisation réalisée au
aux
droits et libertés des
des départements et des régions,
applicable dans le Territoire.
revanche, c’est bien
En
en
,
conformité
l’Assemblée territoriale,
le gouvernement n’était juridi¬
quement pas tenu de le suivre, que les
communes
de
Polynésie française se
démarquent de leurs homologues de
Métropole en matière électorale. Sur ce point,
et avant les élections municipales de mars
1983, le gouvernement central se proposait
d’étendre aux trois communes de plus de
10 000 habitants (Papeete, Faaa, Pirae) le
d’un avis rendu par
que
encore
de scrutin proportionnel
Métropole pour les communes de
habitants et plus. Ce nouveau système
nouveau
institué
3 500
mode
en
électoral allie le
principe proportionnaliste,
permettant d’améliorer la représentativité des
partis, et le principe majoritaire, qui empêche
ingouver¬
Craignant “la politisation excessive
la constitution d’assemblées locales
nables.
LES INSTITUTIONS
Le
découpage
communal. Dans la
"définition des limites
territoriales” des
communes, le
législateur de 1971 n’a
pas beaucoup innové.
En règle générale, dans
les îles hautes, les
anciennes collectivités
territoriales insulaires
baptisées “districts” ont
érigées en
été
communes. Sauf à
Tahiti, Moorea et
NUKU HIVA
Raiatea (3 communes),
où il a été procédé au
regroupement de ce qui
UA HUKA
POU"
HIVA OA
va
TAUUATA'
'Hlp^
s'appeler désormais
des "sections de
®
communes”. Aux
Tuamotu, où les
communautés
humaines sont
FATIJ HIVA
QU/S^£s
beaucoup plus
restreintes
démographiquement, il
.
s’est efforcé de réunir
des atolls voisins en
tenant compte parfois
(Manihi-Ahe, TakaruaTakapoto) de l’existence
de certains liens
historico-
géographiques. Ce qu’il
n’a évidemrhént pas pu
toujours faire à l’est, où
la dispersion
géographique des îles
constitue,un obstacle
0
UPITI
„
0
insurmontable.
BORA BORA
TA|HAA^
RAIATEA
’
JHUAHINI
MOOREA,
£4
%
TUBUM
»
RAIVAVAE
I RI PAU
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V'^ÎC'/FAAAHA
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ARCHIPEL DES AUSTRALES
NIW^ ' "T^vAITOARE
UTUROA,.^—
TAHAA
TEVAITO^ I A«ERA .
rTEHURlJi'X '>
RAPA
'
TUMARAA
VAIAA^U
_
qu’elle risque d’entraîner dans les débats des
municipaux” et estimant que ces
derniers “fonctionnent parfaitement avec les
dispositions existantes”, la majorité de
l’Assemblée territoriale s’oppose à l’intro¬
duction de la proportionnelle pour l’élection
conseils
des conseils
Prenant
municipaux.
cet
secrétaire d’État
toires
avis
aux
d’outre-mer,
manqua
regrets :
en
Départements et Terri¬
Henri Emmanuelli,
ne
néanmoins d’exprimer des
“Une certaine dose de proportion¬
pas
OPOA
—
FETUrTAÜ." ^'ûOHINE-*
RAIATEA
aux citoyens de ces
l’apprentissage de la
démocratie locale”. Quoi qu’il en soit, les
communes de Polynésie française sont actuel¬
lement les seules de la République à demeurer
sous le régime du scrutin de liste majoritaire.
nalité
considération, le
Y_;'
TAPUTAPUATEA
aurait
communes
de
permis
faire
53
VIVRE EN
POLYNÉSIE
Un cadre
institutionnel et
administratif ambigu
départements et territoires d’outre-mer est
souvent tentante à faire (existence d’une
assemblée
délibérante,
représentant du
gouvernement central, un exécutif local), il
n’en résulte pas moins qu’elle doit être
condamnée
comme
étant juridiquement
Si la loi n“ 84-820 du 6 septembre 1984
portant statut du Territoire de la Polynésie
attachée
française a fait disparaître la principale source
d’ambiguïté des précédents statuts, c’est-àdire la double qualité du haut-commissaire,
d’autres cependant subsistent encore.
Ainsi
en
est-il d’abord de la création des
compétences propres.
Territoire d’outre-mer depuis 1946 (Consti¬
tution de la IV'^ République du 27 octobre
1946 articles 60 et 74), la Polynésie française
dispose à ce titre d’une “organisation parti¬
culière”, afin de tenir compte des particula¬
rismes locaux (géographie, ethnie ...). C’est
dire
que
les territoires d’outre-mer se
distinguent totalement des départements
métropolitains ou même d’outre-mer lesquels
communes
et de leurs
-
se
caractérisent
au
contraire
par
une
principe au territoire
métropolitain. Aussi, si l’analogie entre les
assimilation
de
Gaston Flosse,
secrétaire d’État de
Jacques Chirac, Premier
ministre gauiiiste
"pompidoiien". Celui-ci
s'accommode fort bien
du statut d’autonomie
interne de 1984,
concocté par son “frère"
G. Fiosse et le ministre
socialiste G. Lemoine,
ii ne s’inscrit pas en
effet, comme ia loi-cadre
de 1957, dans une
perspective
indépendantiste.
Prise d’armes à Uturoa
(Raiatea). L’embiéme
territorial, symbole de la
“personnalité de la
Polynésie française”
(Préambule du Statut
du 6 septembre 1984)
flotte à côté du drapeau
de la République.
54
inexacte.
La notion
d’“organisation particulière”
aux
territoires
d’outre-mer
et
préserver leur spécificité ne postule
précisément la nécessité d’une organi¬
sation communale à l’image de celle en place
dans les départements de Métropole ou
destinée à
pas
d’outre-mer.
le gouvernement central en ait
en 1971 est particulièrement
révélateur de la politique d’assimilation
poursuivie alors (départementalisation). De
Le fait que
décidé autrement
surcroît,
il
lui
avait
fallu
faire
fi
des
compétences alors dévolues au Territoire en la
matière. 11 appartenait en effet aux seules
instances territoriales de juger de l’opportu¬
nité de la création de
communes ou
de toutes
circonscriptions administratives
(collectivités rurales, districts, conseils de
circonscriptions).
Quel que soit le degré d’autonomie
autres
une collectivité terri¬
République, son statut
demeure de nature législative et même de
nature de législature ordinaire. C’est la raison
pour laquelle la loi de 1971 a pu indirecte¬
ment amputer le Territoire des compétences
qui étaient siennes avant 1971, une loi
ordinaire pouvant toujours modifier une loi
auquel est
toriale
au
parvenue
sein de la
ordinaire antérieure.
au niveau de la
prolonge également
sur le plan des compétences des relations entre
le Territoire et les communes de Polynésie
française. Si le législateur a réglé les rapports
entre l’État et le Territoire, d’une part et entre
l’État et les communes d’autre part, il est resté
muet en revanche sur les rapports entre le
L’ambiguïté relevée
création des
Territoire
communes se
et
souvent des
les
communes.
incertitudes
ou
concurrentes entre ces deux
11
en
résulte
prétentions
types de collec¬
des
tivités, nées rivales dans l’idée même de leurs
créateurs. Ces ambiguités n’ont pourtant
jamais été levées, même à l’occasion du statut
de 1984.
régime communal
l’organisation du
simple. En généralisant le
L’articulation entre le
introduit
en
1971
Territoire n’est pas
et
LES INSTITUTIONS
système communal, la loi de 1971
communes
a
fait des
des collectivités décentralisées de
République, et non du Territoire, soumises
régime dépendant uniquement de l’État
et aussi proche que possible de celui appliqué
en Métropole. Aussi, logiquement, la loi du 12
juillet 1977 puis la loi n" 84-820 du 6
septembre 1984, portant statut du Territoire
de la Polynésie française ont attribué à l’État
compétence en matière d’“organisation
la
à
un
communale,
financier
de
des
établissements
La
contrôle
administratif et
de
leurs
l’ensemble
n’est
communes
publics”.
cohérence
de
les deux derniers
compé¬
tences qui, pour pouvoir être exercées pleine¬
ment, impliquent souvent une action sur la vie
des communes elles-mêmes. De plus, il existe
des cas où compétences territoriale et commu¬
nale se superposent (santé publique, hygiène,
qu’apparente.
statuts
En effet,
et
accordent
au
polices administratives, énergie ...). Dans
certains domaines, cependant, le règlement
territorial
se
trouve
hiérarchiquement
supérieur à la réglementation communale.
Ainsi, l’article 19 de la loi n" 77-1460 du 29
décembre 1977 (loi communale) a prévu que,
pour l’application des dispositions du Code
des
Communes
dans
le
Territoire
de
la
Polynésie française, dans les articles, les
qui sont faites au Code de l’Urba¬
références
de l’Habitation, au Code rural, au
Code de la Santé, au Code de la Famille et de
nisme
et
l’Aide sociale, sont remplacées par les termes
“réglementation territoriale en vigueur”.
Pour autant,
les incertitudes entre les
Territoire des
Le second
gouvernement de
G. Flosse se différencie
du 1" par le départ de
S. Millaud, E. Fritch et
A. Ellacott et par
l'arrivée de M. 'Vivish,
G. Tong
Sang et
J. Salmon. P, Peaucellier
devient le vice-président
à la place de
A. Léontieff, élu député.
J. Teheuira manque sur
ce
cliché.
compétences des deux types de collectivités ne
doivent pas être exagérées. Aucun conflit
sérieux ne paraît devoir être signalé Jusqu’à
présent. Une nécessaire clarification garan¬
tirait cependant un meilleur équilibre insti¬
tutionnel.
En
dehors
communes,
des
des
rapports Territoire
ambiguïtés
et
apparaissent
ensuite dans les relations Territoire-État. En
effet,
ces
dernières
sont
fondées
sur un
partage
compétences. La compétence de droit
commun a été renversée en 1977 au
profit du
Territoire
à
l’instar
d’une
organisation
fédérale. Il en résulte que |es compétences de
l’État sont limitativement énumérées. De plus.
de
En bas
Un
:
pouvoir partagé
hautcommissaire
entre
un
représentant l'État,
un président du
gouvernement du
Territoire “qui
s'administre librement
par ses représentants
élus” et l'amiral auquel
délégués les
pouvoirs détenus par le
sont
ministre de la Défense.
55
VIVRE EN
POLYNÉSIE
peine de ruiner l'économie du statut, les
ne peu\ent être inter¬
prétées que strictement. Or. tout partage de
compétence entraîne inévitablement des dilïiSOUS
attributions de celui-ci
cultés de détermination de frontière
entre
les
tion
Territoire.
du
C'est
raison
la
pour
été prér uc une commission paritaire
de concertation, chargée généralement de
toute question dont le règlement requiert une
laquelle
a
coordination des actions et des décisions de
sphères d'action de chacun, quelle que soit la
qualité de rédaction des te.xtes.
Précisément, l'un des objectifs poursuivis
par la loi portant sur le statut du Territoire
l’État d’une part, du territoire, d'autre part
(article .72. statut de 1984). Sur le plan juri¬
l'application du précédent texte, et
notamment celles relatixes à la gestion très
importante de la zone économique et
maritime. Ainsi, la rédaction très imparfaite
du statut de 1977 permettait-elle de soutenir la
thèse du partage de compétences en ce
tifs
était de le\er certaines difficultés rencontrées
dans
domaine
entre
l’État
et
le
Territoire.
Au
contraire, le statut de 1984 affirme clairement
la compétence de principe de l’État, lequel
concéder au Territoire la
compétence en matière d'exploration et
d'exploitation des ressources naturelles,
biologiques ou non biologiques, du fond de la
dorénavant "peut
mer. de son sous-sol et des eaux sur-jacentes”
(article .T loi n" 84-820 du 6 septembre 1984).
L'effort
de
clarification
mené
par
le
législateur de 1984 n’a pas permis - il ne
polirait guère en être autrement - de lever
toutes les incertitudes propres à l’organisa¬
dictionnel. les conlTts de compétence pcu\ ent
toutefois, en dernière extrémité, trouter leur
règlement auprès des tribunaux administra¬
ou du Conseil d’État dans le cadre du
contrôle
de
légalité dé\olu au hautcommissaire de la République (article 92.
statut
de 1984). De son
côté, le Territoire peut,
auprès des
mêmes juridictions contre les arrêtés du Itautcommissairc et
actes
réglementaires du
gouvernement central qui ne respecteraient
pas les compétences attribuées au l erritoire.
En revanche, ce dernier ne semble disposer
d’aucun
moyen
juridique de sanction
lorsqu’une loi applicable de plein droit dans le
Territoire ou applicable en vertu d’une dispo¬
sition expresse porte atteinte à la répartition
des compétences posée dans son statut. Sur ce
point, il n’est pas rare de constater des
"grignotages de compétences” qui sont autant
de remises en cause du statut. Cette particu¬
larité .s’explique par le fait que les territoires
de
même,
intenter
un
recours
L'administration
"aux
champs”.
Gaston Flosse,
Pierre Angéli et
l'administrateur
au cours de
d'État
l'inauguration de l'abri
anticyclonique d'Anaa,
L'État apporte "son
concours technique et
financier" aux
investissements
économiques et sociaux
Territoire.
56
■
d’outre-mer sont des collectivités tcrritoritiles
subordonnées.
Elles tiennent
l’ensemble de
compétences de l’État, collectivité
originaire. Celui-ci peut donc modifier
l’organisation et les pouvoirs de ses collec¬
tivités secondaires comme il l’entend, au gré
des nécessités politiques
ou de la raison
d’État !
Ces difficultés pourraient être réglées de
façon juridique par une modification de
l’article 74 de la Constitution de 1958 qui
prévoit que l’organisation particulière des
leurs
...
territoires d’outre-mer est définie et modifiée
par
la loi après consultation de l’Assemblée
territoriale intéressée. Ainsi,
au
pourrait-on prévoir
ordinaire
lieu d’une loi
une
loi consti¬
tutionnelle (article 1 I et .79. Constitution), ou
à tout le moins, une loi organiqtie (article 46,
Constitution) lesquelles ne pourraient être
directement
ou
indirectement modifiées que-
des lois de même nature.
De façon plus radicale et sur un plan
politique, CCS conflits peuvent naturellement
par
trouver
leur
solution
dans
le
cadre
d’une
qui
simple décen¬
tralisation administrative vers la personnalité
politique (autonomie accrue, fédéralisme,
indépendance).
évolution
du
statut
du
Territoire
s’orienterait sensiblement de la
4 Les
Églises majoritaires
La décolonisation et ses implications
politiques ; lale bombe
et
qui institutionnelles
interpellent les et
consciences
dévelop¬
ses
“retombées” de tous ordres
;
pement rapide des inégalités ; l’emprise de plus en plus grande des institutions
étatiques et territoriales sur une société civile qui, dans le monde rural notamment, est
encore très largement encadrée par les hiérarchies ecclésiales... Autant de faits
d’essence profane qui, pour certains d’entre eux tout au moins, ne sont pas sans
relations avec un certain développement de l’incroyance en milieu urbain, avec le
dynamisme des Églises minoritaires (voir chapitre 5j et avec les tensions qui traversent
l’Église évangélique (existence, par exemple, de l’association Te É’a Porotetani)...
T rois thèmes que n’évoquent pas directement le Père Hodée et le Pasteur Vernier
lorsqu’ils délivrent un bulletin de santé satisfait de leurs Églises qui, selon eux,
vivraient plutôt bien leur nécessaire adaptation aux réalités du monde d’aujourd’hui.
Trois thèmes auxquels ils répondent indirectement en s’interrogeant : la “vitalité dans
la foi” ne compense-t-elle pas une certaine perte d’audience ? Les Églises ne sont-elles
pas, grâce à leurs oeuvres, à leurs activités socio-éducatives, profondément
enracinées dans une réalité populaire dont elles expriment la convivialité et les
aspirations profondes ? Ne sont-elles pas devenues majeures, ce qui leur permet de
proclamer en toute indépendance avec le Pasteur Vernier que “le but de l’Évangile est
le service des hommes éclairé par l’esprit du Christ et (que) chacun doit rechercher à
réaliser ce but dans sa vie religieuse, professionnelle et même politique”.
Mais il s’agit là d’un but difficile à atteindre dans un Territoire où, du fait de
l’Histoire, la frontière entre laïque et confessionnel n’est pas (encore ?) clairement
délimitée et où les pratiques politiques et économiques ne se prêtent pas à cette
clarification.
Le
de
renouveau
l’Église catholique
Polynésie
en
française
Vivre à Tahiti
ment
aujourd’hui amène rapide¬
à découvrir la vie chrétienne des commu¬
l’importance de l’âme reli¬
gieuse des Polynésiens et les visiteurs sont
souvent saisis par la qualité de la vie spiri¬
tuelle des
paroisses et des quartiers :
nautés. Chacun sait
célébrations festives, chants polyphoniques,
créations musicales et artistiques innom¬
brables
s’épanouissent dans une ambiance de
chrétien très explicite depuis 1978
renouveau
surtout.
Les mutations
-
affectueusement
missionnaire.
Ce changement est fruit du 21 ème concile
œcuménique Vatican 11, ouvert le 11 octobre
1962 et clôturé le 8 décembre 1965. Mgr Paul
Mazé, honoré pour son grand âge et célèbre
pour sa magnifique barbe blanche, participa
avec
minutie à tous les travaux. Les îles de
Polynésie suivirent l’événement par les
journaux et les revues. En fait et contraire¬
ment à ce qui se passe ailleurs, la “mise à jour
des sources” et le “dépoussiérage de l’Église”
par cette “nouvelle Pentecôte” - selon les mots
de Jean XXlll
se déroulent paisiblement à
Tahiti. La fidélité à l’Église, la vie paroissiale
-
La date majeure qui marque cette nouvelle
étape est le 21 juin 1966. Ce jour-là, les
vicariats apostoliques de Tahiti et des îles
Marquises deviennent l’archidiocèse de
Papeete et le diocèse de Taiohae. Mgr Paul
Mazé
archevêque de l’Église catholique en Poly¬
nésie avec Mgr Louis-Bertrand Tirilly comme
suffragant à l’évêché de Taiohae. L’érection
des diocèses marque, pour l’Église, la fin offi¬
cielle de l’époque dite des Missions où le
peuple chrétien était confié directement à la
responsabilité première d’une congrégation
religieuse, la Congrégation des Sacrés-Cœurs
de Jésus et de Marie, dite de Picpus, dans le
cas de la Polynésie française. Même si l’aide
extérieure doit encore continuer, elle se réalise
désormais comme entraide entre partenaires
majeurs, responsables d’eux-mêmes. Un
diocèse, même petit et isolé, c’est l’Église uni¬
verselle présente et réalisée chez un peuple
particulier vivant dans un lieu donné.
Progressivement, chaque diocèse, comme
Église locale ou particulière, doit se prendre
en main pour se suffire et même partager avec
les autres dans une perspective de partenariat
surnommé
le
“patriarche du Pacifique” - devient le premier
centrée
sur
l’eucharistie, les nombreux efforts
d’expression liturgique en langues locales
depuis les débuts de la Mission aux Gambier
en 1834, la longue expérience de Mgr Mazé,
missionnaire dans les îles depuis 1910, la peti¬
tesse
des communautés concernées souvent
animées par
des laïcs depuis longtemps (les
La prière avant une
séance de l’Assemblée
territoriale. La Polynésie
a connu, avant
l’instauration du
Protectorat, de
véritables théocraties
missionnaires, dans le
Tahiti protestant de la
reine Pômare comme
dans les Gambier du
Père Laval. Dans la
France laïque et
républicaine, les Églises
majoritaires n'assurent
plus de telles
responsabilités
politiques.
Leurs ministres n’en
continuent pas moins
à intervenir pour que la
parole divine inspire
le législateur local.
57
VIVRE EN
POLYNÉSIE
kaiekiia) font de cette période conciliaire plus
épanouissement heureux qu’une mutation
brusque avec rupture du passé.
un
Ce
renouveau
l’ordination de
autochtones
:
les
favorisé
est
nouveaux
frères
par
prêtres diocésains
Michel et
Hubert
Coppenrath de retour à Tahiti en 1959, les
pères Lucien Law de Raiatea ordonné en 1964
et Norbert Holozet de la presqu’île ordonnéen
1968. C’est l’amorce d’un clergé séculier local
qui se développe dans les années 80 et est
épaulé par l’ordination, à partir de 1979, des
premiers diacres permanents mariés. Ceux-ci
sont
huit
en
1985.
Le
16
février
1968,
Mgr Michel Coppenrath devient coadjuteur
Mgr Mazé et administrateur du diocèse
avant d’en être l’archevêque le 5 mars 1973.
Cette époque de mutation profonde de la
de
Polynésie est dominée par la tenue des deux
synodes diocésains de 1970 et 1973 pour le
diocèse de Papeete et celui de 1978 pour celui
des Marquises. 1978 en voit la reprise par une
année de “révision apostolique”. Après un
pèlerinage en Terre Sainte, c’est le démarrage
rapide du “Renouveau dans l’Esprit”. Ce
mouvement spirituel, sous diverses formes,
marque profondément le style d’expression de
la foi et les activités d’évangélisation de
l’Église catholique en Polynésie.
Dame des Anges, originaires du Canada et
expulsées de Chine, viennent renforcer les
trois congrégations présentes depuis les
débuts : sœurs de St Joseph de Cluny (1844),
frères de Ploërmel (1860), pères des SacrésCœurs (1834). D’autres suivront : filles de la
Charité du Sacré-Cœur en 1972, Sœurs du
Bon Pasteur en 1967 (parties en 1985), sœurs
Clarisses en 1982, frères du Sacré-Cœur en
La vitalité dans la foi
Cette
vitalité
spirituelle et
s’enracine dans la diversification
apostolique
dévélop-
et le
l’Église., En
missionnaires de Notre-
pement du personnel au service de
1950, déjà, des
sœurs
Une communauté des
Sœurs de St-Joseph de
Cluny. Ces religieuses,
dont la Congrégation a
été fondée en 1906 par
Anne-Marie Javouhey,
"cherchent à faire ia
volonté de Dieu par
i'ouverture missionnaire
et la disponibilité aux
besoins concrets, aux
besoins des personnes
imprévus du
quotidien : catéchisme,
malades, paroisses,
écoles" (P. Hodée).
et aux
Monseigneur Paul Mazé.
Né en Bretagne en 1885,
ordonné prêtre à 25 ans,
Paul Mazé, qui a
prononcé ses vœux à la
congrégation des Sacrés-
Cœurs de Picpus, part
comme missionnaire
aux îles Cook où il
exerce son ministère
pendant 8 ans avant
d’être affecté aux
Tuamotu de l’Est qu’il
sillonnera
inlassablement pendant
20 ans. Nommé évêque
titulaire d’Ascalon et
vicaire apostolique de
Tahiti en 1938, il devient
archevêque de Papeete
1966, charge qu’il
en
transmettra à
Mgr Coppenrath en
1973. Il prend alors une
retraite bien méritée au
presbytère de Taravao
où il meurt à l’âge de
90 ans le 21 décembre
1976. Il laisse derrière
lui une œuvre immense.
Monseigneur Michel
Coppenrath lors des
cérémonies d-’ouverture
du IV® Festival des Arts
du Pacifique à Tahiti, le
juin 1985.
Mgr Michel, qui
appartient à une grande
29
famille “demie” de la
place, a fait des études
de droit et de lettres
avant d’être ordonné
prêtre à 30
ans en 1954.
Nommé vicaire général
de
Mgr Mazé
il devient
son
en
1966,
coadjuteur
et administrateur
apostolique le 16 février
1968. Il est archevêque
de Papeete depuis le
24 juin 1973.
58
LES
1982, tous - sauf le Bon Pasteur - venant du
Canada. Ainsi l’accueil et l’épanouissement
des vocations locales peuvent se développer :
fondation de la congrégation locale des filles
en 1962, ouverture de l’école
1970, de celle des diacres en
de Jésus-Sauveur
des katekita
en
1976, de l’École théologique-grand séminaire
en
en
1983 après le foyer-séminaire Jean XXIII
1979. Les années 1977 pour les soeurs de
pour les frères des SacrésCœurs voient l’ouverture de leurs noviciats
Cluny et 1985
respectifs.
Il convient de
souligner
un
aspect bien
caractéristique de ce renouveau de la vie de
l’Église : la créativité musicale et liturgique. La
joie de la foi célébrée ensemble dans des
messes chantantes où l’on prend son temps est
bien connue comme une dimension spécifique
des communautés catholiques àTahiti et dans
les îles. Les nombreux groupes de prière
l’expriment dans leurs réunions hebdoma¬
daires
un
Cela
peu partout
remonte
dans les quartiers.
premiers mission¬
aux
naires des Sacrés-Cœurs aux Gambier et aux
plus célèbre - dont le souvenir
est toujours présent - est le père Albert
Montiton, missionnaire de 1852 à 1893 : sa
clarinette et son accordéon ainsi que sa belle
Tuamotu. Le
voix ont fait merveille à travers les atolls. Il
écrit le
tahitiens
premier recueil de chants religieux
en
1855. Une seconde édition de 328
pages sera publiée en 1889.
La possibilité d’utiliser sans
réticence les
langues locales dans la liturgie depuis le
concile Vatican II a libéré la créativité des
compositeurs locaux. La célèbre fanfare du
collège La Mennais des frères de Ploërmel,
disparue en 1966, a joué un rôle important
dans la formation de ces compositeurs.
Citons, parmi bien d’autres, les noms de
Lantereis, Bambridge, Ganivet, Toti
Leboucher, Dédé Nouveau, Coco Mamatui,
ÉGLISES MAJORITAIRES
Richard Mai, Teipo vahiné, Maurice Frogier,
Médéric Bernardino. De grands chanteurs
à mettre leur talent pour
promouvoir le chant religieux. De nombreux
jeunes et groupes composent à leur tour des
locaux n’hésitent pas
en mélodies l’expression de
s’aidarrt d’orchestres modernes avec
refrains et mettent
leur foi
en
guitare, batterie, etc.
Le père Ernest Amans, arrivé à Tahiti en
1966, a entrepris, en plus de la formation
patiente de nombreux jeunes et groupes, de
noter un
certain nombre de
ces
créations
en
langue tahitienne. Aidé de Mélanie
Desroches, un répertoire noté et harmonisé
est publié en mai 1984 : "Mau himene no te
Pure Tutia".
exprimée de façon
style traditionnel en
Polynésie, fondé sur les amuiraa, donne son
visage particulier à l’organisation de l’Église
catholique dans nos archipels.
Cette vie renouvelée
communautaire selon le
La fanfare de l’École des
Frères. Les auditeurs de
l'O.R.T.F. des années
60-70 se souviennent
sans doute de l’indicatif
fort martial qui servait
de fond sonore à
l'annonce radio-diffusée
du Banquet annuel des
Anciens de l’École des
Frères.
Une
procession aux
Gambier, premier fief de
l'Église catholique
en
Polynésie. “La vitalité
^
dans la foi" dans les îles
pas sans un certain
faste des manifestations
ne va
religieuses.
Une
Église moderne.
L'église Paulo Peata à
Mahina. Contrairement
à l’Église évangélique
qui reste attachée à
une
certaine tradition en
matière architecturale,
l'Église catholique
dédaigne pas le
ne
modernisme surtout
quand celui-ci
a pour
fonction d'évoquer la
multitude du peuple de
Dieu.
59
VIVRE EN
POLYNÉSIE
\
Implantation
et
de
Revault, commissaire territoriale aidée d’une
responsabilité du frère Alain Celton
soixantaine de cadres, environ 400 enfants et
adolescents ; le Mouvement eucharistique des
organisation
l’Eglise catholique
l’Église catholique représente,
l’ensemble de la Polynésie - soit les deux
diocèses de Papeete et de Taiohae - plus du
tiers de la population, environ 60 000 fidèles
pour 170 000 habitants. Elle est majoritaire
aux Gambier, Marquises et Tuamotu, impor¬
tante à Tahiti, principalement dans la zone
l’Asso¬
manière souple compte aux alentours d’un
millier de jeunes de 12 à 25 ans dans les
(M.E.J.), lancé en 1969 et surtout actif
scolaire, regroupe environ 800
jeunes animés par 120 moniteurs sous la
Jeunes
en
;
ciation du Monde des Jeunes (A.M.D.J.),
fondée par le synode en 1971, fédérée de
milieu
quartiers et les paroisses, et
bureau
son
En 1985,
pour
urbaine de Mahina à Paea, très minoritaire
ailleurs. Les 84 paroisses du diocèse de
Papeete sont desservies par 26 prêtres, aidés
par 8 diacres permanents et 22 katekita diocé¬
sains
institués
officiellement.
En
plus,
plusieurs centaines d’aides, catéchètes et ani¬
de
mateurs
apportent
mouvements
un
précieux aux nombreuses activités
du peuple chrétien, principalement au service
des paroisses, des jeunes et des familles. Il faut
souligner que de nombreuses paroisses,
spécialement aux Tuamotu, ne voient de
prêtre qu’une fois par an et qu’elles sont sous
la responsabilité, depuis l’origine, de ministres
concours
Cartes de l'Implantation
de l'Église catholique
en
Polynésie française
et à Tahiti. Outre
Gambier, des Tuamotu
ARCHIPEL DES MARQUISES
Marquises, l'Église
catholique est bien
implantée dans
l'archipel de la Société
FATU HIVA
considérablement
renforcé ses positions
des dernières
années. Dans la zone
urbaine de Tahiti,
notamment, grâce à
MATAI VA
l'immigration popa'a.
“
°
ê P d»
RAIATEA
■’
•
HU/^IIÆ
/ NIAU7.
kaukura'’''^v'
ARUTUA
de
activités, rencontres
cadre
et
Ce “vouloir vivre ensemble”
pour
plus
les adultes,
par
ANAA
SOCIÉTÉ
RURUTU
services.
Utuafare
au
service des familles
Pour
la
RAIVAVAE
ARCHIPEL DES AUSTRALES
pour
jeunesse,
il
existe
divers
mouvements, sans compter la participation
mouvements des adultes. En voici les
aux
principaux
regroupe
60
: le Scoutisme, lancé en 1947,
actuellement autour de Léone
\
\
•
^
RAROIA
TAENG/?
•
„
MAKBMO
KATIU
rarAKA
\
FAA|TE
rIAROKAU
/7
FAKAWNA
"
%IANU
'
HAO
°
TAT/|*p/). 134-136). Ces
types d’occupation révèlent la présence d’un
sous-emploi important qui touche des
personnes non qualifiées, et plus particu¬
(réparations,
lièrement les femmes.
Cette réalité économique, faite d’une
conjugaison d’éléments d’une société pré¬
industrielle et d’une société post-industrielle,
illustre à
sa
manière la contradiction d’un type
développement qui est à l’origine d’une
multiplication des situations de précarité et de
marginalisation sociales.
de
gym-tonic, etc. Le
processus de “tertiairisa¬
tion” de l’économie s’est amplifié à un point tel
que la prépondérance des activités
revêt un caractère hypertrophié.
Si les services traditionnels
aux
tertiaires
ménages
stabiliser, les services rendus
aux
entreprises ont connu une expansion
soutenue : cabinets de conseil, agences de
ont tendance à se
publicité-marketing, officines de formation
professionnelle, entreprises de traitement de
l’information, cabinets d’experts-comptables,
établissements financiers spécialisés,
entreprises de maintenance de biens
d’équipement, sociétés d’irigenierie, cabinets
de promotion immobilière et d’architecture...
La société de
consommation dans
laquelle est entrée la
Polynésie se traduit à
Papeete dans les
boutiques de vêtements
de luxe et dans les
services nouveaux,
jusque-là réservés aux
sociétés occidentales,
que sont les soins de
beauté et le culturisme.
129
VIVRE EN
POLYNÉSIE
Transports et
communications,
énergie, bâtiment
et travaux publics
développement reposant
d’irrigation des dépenses publiques
sur
l’ensemble du
tissu économique a
naturellement suscité l’expansion de secteurs
d’activité généralement situés en aval du
processus de développement. Il était en effet
nécessaire de faire face à l’augmentation expo¬
nentielle de la consommation énergétique, à
l’effort d’équipement massif des administra¬
tions et des ménages, et à l’intensification de la
Le modèle de
sur
l’effet
circulation, interne
ou externe,
des personnes.
Papeete et Faaa :
plaques tournantes pour les
transports et communications
L’agglomération de Papeete constitue
l’unique pôle de croissance du Territoire. En
effet, par son port et son aéroport, Papeete est
le point de départ et d’arrivée de toutes les
personnes et de tous les biens, aussi bien dans
les relations du Territoire
avec
l’extérieur que
dans les relations de Tahiti et de
Papeete avec
archipels. Le port absorbe en
particulier la totalité des importations du
Territoire (produits pétroliers, produits bruts
et semi-finis et produits alimentaires) et est
desservi par treize compagnies maritimes dont
une
seule est détenue par des capitaux
polynésiens.
L’acheminement des produits, leur entrée
les
îles des
Territoire, entraîne toute une
série de prélèvements sur les échanges
effectués. La complexité des transactions
permet souvent l’apparition de nombreux
intermédiaires : magasins généraux, sociétés
d’acconage, agences, maritimes, transitaires,
ou
leur sortie du
commissionnaires
en
douane, transporteurs
marchandises, entrepôts frigorifiques,
experts maritimes, déclarants en douane...
Enfin, les activités de gestion des
infrastructures
nécessaires
aux
échanges
regroupent de nombreuses entreprises. Un
de
équipement important est en effet requis pour
le transport, l’expédition ou la réception de
produits étrangers : voies de communication
et matériel de transport pour drainer ou
redistribuer les produits dans le Territoire,
port de Papeete et aéroport de Faaa, flottes
maritime et aérienne, installations simples ou
spécialisées de stockage...
Une partie des produits importés est
redistribuée par des petites unités qui
effectuent la desserte maritime interinsulaire,
considérée comme un service public. Les
armateurs sont tenus de respecter un cahier
des charges qui fixe entre autres la ligne et la
fréquence minimale de desserte. Celle-ci est le
fait d’une vingtaine de petites compagnies
dont certaines ont
accru
de manière sensible
capacité de transport en raison d’un
accroissement régulier du trafic.
leur
130
Toutes les marchandises destinées à la
capitale
(coprah, poissons et produits
maraîchers ou vivriers) sont collectées par
différents navires et débarquées à Papeete.
Celles qui sont destinées à l’exportation sont
expédiées après transit (huile de coprah).
Faaa a cette vocation de point de
réception et redistribution dans le domaine de
la desserte aérienne. L’aéroport a été réguliè¬
rement
agrandi avec le double objectif
d’intensifier la
laire
nécessaire
desserte
au
aérienne interinsu¬
désenclavement
des
archipels et d’accompagner le développement
du tourisme international. Cependant, son
extension future semble être conditionnée par
la réalisation d’un tunnel sous la piste..
Le trafic international régulier est assuré
par
sept compagnies internationales et
le
régulier est partagé entre
compagnies aériennes détenues en
majorité par des capitaux polynésiens. La
modernisation indispensable de la flotte
interinsulaire est amorcée avec l’acquisition
trafic interinsulaire
deux
de deux ATR 42.
de télécommu¬
office territorial
qui dispose d’un équipement moderne. Les
futurs plans d’équipement de l’office seront
Les services postaux et
nication sont assurés par un
surtout
liaisons
orientés
avec
les
l’amélioration
vers
des
archipels.
Une réduction progressive
de la dépendance énergétique
énergétique de la Polynésie
importante et en très grande partie
La consommation
est
Le pétrolier Tahitien
de la société Pétrocéan.
Cette société, dont les
principaux actionnaires
sont Albert Moux et le
groupe Martin,
et distribue du
importe
carburéacteur, du gasoil
(“13 000
d'hydrocarbures toutes
les 6 semaines", selon le
et du fuel
Nouveau Journal du
25 août 1986). Son
principal client est
i'E.D.T. qui, il y a peu,
appartenait encore au
groupe Martin. Pour
protester contre le
stationnement du
Tahitien qui menacerait
la sécurité de ses
administrés, le maire de
Papeete Jean Juventin
fait une pétition qui, en
1985, a réuni la signature
a
de 9 000 personnes.
L’A.T.R. 42 en vol de
démonstration. La
compagnie Air Tahiti
(nouveau sigle d’Air
Polynésie) a commandé
à l'Aérospatiale trois de
ces appareils qui doivent
remplacer
progressivement ses
vieux Fokker. D’une plus
grande capacité
(46 places au lieu de
30), plus rapide, plus
économe
en
carburant,
plus disponible en
raison de son système
de maintenance (il peut
voler 2 500 heures par an
au lieu de 1 700 pour
le Fokker), cet avion
d'une technologie
avancée devrait
permettre à Air Tahiti de
faire face, à de meilleurs
coûts, à toute
croissance du trafic
aérien interinsulaire.
Tahiti-Faaa : l’aire de
stationnement des
avions. Outre les
compagnies locales et le
COTAM, l'aéroport
international accueille
actuellement les vols
réguliers de
6 compagnies
internationales (U.T.A.,
Air France, Qantas,
Air New Zealand,
Lan Chile et
Continental) et de la
compagnie de charters
Minerve.
LA VIE
satisfaite
carbures,
des importations d’hydro¬
pèsent lourdement sur la
par
qui
balance commerciale.
s’est
Cette consommation
bien sûr accélérée
avec
la croissance
économique de ces dernières années :
l’augmentation moyenne de la demande a été
7% par an.
Si, dans le domaine des transports, la
dépendance énergétique est complète, il n’en
de l’ordre de
l’électri¬
cité. Sur l’île de Tahiti, la production
d’électricité est assurée à 85% par l’énergie
thermique, et à 15% par l’énergie hydraulique,
grâce à l’implantation de micro-centrales “au
est
plus de même
en ce
qui
concerne
thermique
industrielle de la
Punaruu se substituera progressivement à la
production de la vieille centrale de Papeete.
Le projet “Transport de l’Énergie poly¬
nésienne”
complétera le dispositif de
production électrique. 11 prévoit en effet la
construction d’une ligne haute tension qui
acheminera le courant électrique des zones de
production vers les zones de consommation,
en particulier vers l’agglomération urbaine.
Dans les archipels, la multiplicité des îles
et l’éparpillement des communes posent de
tion
de
la
nouvelle
implantée dans la
centrale
zone
fil de l’eau”.
La production d’énergié d’origine
hydraulique, réalisée par la Compagnie de
Développement des Énergies renouvelables
Marama-Nui, s’est élevée à 23,5 millions de
kW/ h. Grâce à cette société à capitaux publics
et privés, l’hydroélectricité est devenue une
réalité
polynésienne en 1984 et permettra
plusieurs centaines de millions
de francs Pacifique de devises. L’objectif que
s’est assigné le Territoire est relativement
ambitieüx : à l’horizon 1992, plus de 50% de la
production électrique de Tahiti sera d’origine
hydraulique.
L’Électricité de Tahiti, entreprise privéeà
capitaux polynésiens et métropolitains (parti¬
cipation importante de la Lyonnaise des
Eaux), poursuit sa modernisation. Laproducd’économiser
En
haut, à droite
:
Un groupe de l'E.D.T.
Grâce à ses centrales
thermiques, l'E.D.T. qui
comptait
24 922 abonnés en 1985
a contribué pour 84% à
la production d'énergie
électrique du Territoire.
A droite
:
Dépôts d'hydrocarbures
à Fare Ute. Pour
remplacer le pétrolier
Tahitien qui sert d’aire
de stockage flottant à la
société Pétrocéan et
pour permettre à laShell
de s'implanter sur le
Territoire, le
gouvernement local,
selon la presse
internationale et
locale,
serait prêt à autoriser la
construction de
Trafic passagers
nouvelles
zones
de
dépôts (40 000 m®) qui
viendraient compléter
les installations
existantes (35 000
m^)
que se partagent les
sociétés Total et Mobil.
17%
intérieur
1969
102 188
133 682
1970
124 165
197 323
1971
165 030
244 151
1972
186 105
268 688
1973
208 087
297 418
1974
224 828
316 812
de
d’électricité
sociétés
ou
collectives et de
production et de distribution
gérés par les communes ou des
concessionnaires.
Un
effort
restructuration et de rationalisation de
de
ces
réseaux est
entrepris
le Territoire avec la
qui regroupe les
principaux intervenants dans le domaine de
l’électricité thermique dans les îles. L’hydro¬
électricité dispose de peu de sites exploitables
à l’exception de Raiatea et des Marquises.
Sous l’impulsion du Groupement d’intérêt
économique Soler, structure à caractère
commercial, la formule solaire photovol¬
taïque a été retenue et est largement
développée,
notamment
aux
Tuamotu
(équipement solaire de plus de 20 atolls). Au
cours de ces dernières années, plus de 5 000
modules solaires ont été installés. La pile
photovoltaïque est particulièrement bien
adaptée aux zones à fort ensoleillement et à
l’équipement de communautés isolées des
zones
de production d’énergie à grande
échelle. Les applications se diversifient de plus
en
plus : équipement de véritables “fare
solaires”, pompage de l’eau.
Ce programme d’énergies renouvelables
a
permis la création d’une mini-filière
industrielle de fabrication d’équipements
énergétiques (batteries solaires, congélateurs,
réfrigérateurs, chauffe-eau, régulateurs...).
L’avance technique du Territoire est
désormais reconnue dans le Pacifique Sud où
son rôle d’exportateur de savoir-faire et de
matériel
confirme. A cet effet, le Territoire
par
création de la société Électra
se
Cette structure pourra intensifier la recherche,
la formation et la diffusion des techniques
éprouvées
en
avec
succès
en
Polynésie.
port de Papeete
tonnes marchandises
international
en un an.
international
réseaux
de l’Énergie, d’un Institut des
Énergies renouvelables pour le Pacifique Sud.
Trafic du
de l’aéroport de Faaa
installations individuelles
Maîtrise
dépend des commandes
(1 414 contre 1 361 en
1984) a augmenté de
problèmes de rentabilité pour les groupes
électrogènes de moyenne puissance. On
assiste donc à la coexistence de multiples
gros
s’est doté, dans le cadre de sa coopération avec
le C.É.A. et l’Agence française pour la
En bas, a droite :
Un immeuble privé en
construction à Papeete.
Alors que le secteur des
travaux publics qui
territoriales a vu son
activité régresser
fortement en 1985, le
bâtiment continue à
bien se porter : le
nombre des permis de
construire délivrés
ÉCONOMIQUE
interinsulaire
1975
471 462
78 658
1976
452 114
83 274
1977
527 884
84 690
1978
569 644
83 360
1979
487 579
87 746
1980
467 198
104 840
1981
475 152
124 494
1982
547 747
144 516
1983
537 850
168 078
1984
594 767
206 910
1985
584 637
230 824
1975
213 033
318 186
1976
236 300
354 715
1977
235 958
371 956
Énergie électrique
en
millions de kWh
1978
242 847
428 862
1963
10,6
1971
58,6
1979
127,3
1979
255 874
480 813
1964
13,3
1972
63
1980
130,9
1980
217 803
458 307
1965
17,1
1973
71,5
1981
136,7
1981
241 900
447 595
1966
24
1974
75,9
1982
146,6
1982
289 938
418 821
1967
32,2
1975
84,1
1983
156,1
1983
282 289
403 457
1968
39,1
1976
90,8
1984
176,7
1984
271 389
349 023
1969
46,6
1977
106,4
1985
182,4
1985
307 071
358 152
1970
53,2
1978
116,6
131
VIVRE EN
POLYNÉSIE
plus long terme, l’Énergie thermique
(E.T.M.), technique utilisant les
différences de température entre les eaux de
surface et celles des profondeurs, sera expé¬
rimentée sur le site du port de Papeete par
rifremer et d’importantes firmes industrielles
françaises.
Ainsi, la politique énergétique volon¬
tariste développée depuis une dizaine d’années
a
permis de réduire progressivement la
dépendance de la Polynésie vis-à-vis de
l’extérieur.
Le
Territoire, grâce à son
expérience, participe de plus en plus au
développement énergétique des Territoires et
États du Pacifique du Sud. 11 dispose dans le
domaine des énergies renouvelables d’atouts
certains qu’il conviendra d’exploiter de la
manière la plus efficace possible dans le but
d’en accroître les retombées économiques et
sociales pour la population polynésienne.
A
des
Mers
Bâtiment et travaux publics :
consolidation nécessaire
une
Après avoir
formidable accéléra¬
dépenses publiques et
l’équipement des ménages dans les années 60
connu une
tion induite par les
et
le
début
des
années
bâtiment et des travaux
L’amorce
d’un développement
industriel adapté
au Territoire
En l’absence d’un tissu industriel
capable
produits industriels
des couches sociales privilégiées, celle-ci a été
satisfaite en très grande partie par le
commerce
d’importation, relais entre la
Polynésie et les centres industriels extérieurs
(les importations de produits industriels
représentent 85% des importations totales).
Cette structure de consommation, calquée sur
celle des pays industriels, qui s’est étendue à
toutes les couches plus ou moins solvables de
la population, par le jeu bien connu des “effets
d’absorber la demande
en
de démonstration”, est la source de toute une
série de déséquilibres : gaspillage de devises,
dépendance commerciale caractérisée par une
fuite importante de ressources financières vers
l’extérieur (plus de 80 milliards de francs
Pacifique en 1985), opportunités de création
d’emplois industriels gaspillées, dépendance
financière
accrue...
Cette situation de
et
commerce
l’industrie locale, résulte de la
de multiples facteurs plus ou
moins maîtrisables par le Territoire.
En premier lieu, la Polynésie est soumise
à des mécanismes qui la dépassent puisqu’ils
convergence
se
situent à l’échelle mondiale
concentration
:
productions industrielles d’avenir dans les
pays les plus avancés, dynamisme des firmes
transnationales, politique de modernisation et
des
de rationalisation dans de nombreux pays,
spécialisation de tous les
pays dans les pro¬
plus compétitives,
intensification des échanges... En second lieu,
certaines contraintes propres à la Polynésie
ductions
nationales
sont autant
les
d’obstacles à la diversification des
activités industrielles
:
la rareté des matières
premières, l’éloignement des sources
d’approvisionnement et de débouchés, l’étroi¬
tesse du marché en raison d’une population
peu nombreuse, et limitant de ce fait la taille
des séries produites, l’exiguïté des surfaces
disponibles...
70, le secteur du
publics a atteint un
palier durant la période 1976-1982 puisque sa
valeur ajoutée a progressé au même rythme
que la production intérieure brute. 11 a été
souvent
utilisé
comme
instrument de relance
économique car ses effets d’entraî¬
nement sur l’emploi et l’activité des petites et
moyennes entreprises locales sont importants.
Il a bénéficié après les cyclones d’une
période euphorique en raison des dépenses de
de l’activité
reconstruction
considérables
l’endettement de la
ménages.
financées
par
puissance publique et des
Une phase de consolidation et de
rationalisation caractérisée par la recherche
gains de productivité succède à ce boom
Cela se traduit en particulier, dans
un
secteur employant
une main-d’œuvre
importante, par une réduction des effectifs.
de
passager.
Mais
ces
deux
activités
sont
relativement
différenciées.
Le domaine du bâtiment est
davantage
logements de
ménages. 11 est principalement le champ
d’activité des petites et moyennes entreprises
et
de l’artisanat de métier (maçonnerie,
plâtrerie, couverture, plomberie, peinture,
décoration...).
Les travaux publics sont largement tribu¬
taires de programmes d’équipement lancés
par l’État, le Territoire et les communes. Ces
travaux sont généralement confiés à des
sociétés plus importantes. Cette dépendance
vis-à-vis des dépenses publiques nécessite une
concertation étroite entre les entreprises et les
pouvoirs publics qui peut déboucher sur une
programmation rigoureuse des travaux.
Cependant, le secteur du bâtiment et des
travaux publics dépend avant tout de la
conjoncture économique globale. Un ralentis¬
sement de la croissance peut engendrer des
fluctuations importantes de son activité, car il
celui de la construction des
est
situé
en
aval de nombreux autres secteurs
économiques.
132
L’usine de
jus de fruits
de Moorea. Mise en
service en 1981, cette
usine a traité en 1985,
1 241 tonnes d'ananas et
71 tonnes de
pamplemousses.
sous-
développement industriel, caractérisée en par¬
ticulier par l’absence d’articulation entre le
La Brasserie de Tahiti
la nouvelle usine de la
zone Industrielle de la
Punaruu. En mettant
service cette usine
:
en
(la première est installée
place Notre-Dame à
Papeete), le groupe
Martin a rationalisé son
activité. En 1985, il a
produit 85% de la bière
consommée dans le
Territoire.
L’entreprise Plastiserd.
Installée dans la vallée
de la Tipaerui, cette
entreprise de
transformation
“fabrique bouteilles,
gobelets, assiettes, et
beaucoup d'objets en
plastique, du pot de
yaourt au pot de fleurs
et jusqu'à la poubelle,
grâce à des
équipements modernes,
pour la plupart
automatisés" (La
Dépêche, 12 mars 1987).
Selon le "Dixit 85", elle
est la 41e “grande
entreprise” du
Territoire.
LA VIE
Enfin
dominants
et
surtout,
accordent
les
acteurs
sociaux
relativement
peu de
développement de la petite et
moyenne industrie. La bourgeoisie commer¬
ciale fait preuve de peu de “fibre industrielle”
et amorce à peine le réinvestissement des
profits commerciaux vers les activités indus¬
trielles. Les banques commerciales à capitaux
crédit
au
orientent essentiellement leurs
le financement du commerce,
des services ou de l’immobilier. Le gouver¬
extérieurs
activités
vers
local, défenseur d’une conception
libérale de l’économie, affirme ne pas vouloir
nement
se
bourgeoisie locale et étran¬
la mise en place d’une politique indus¬
substituer à la
gère
par
trielle volontariste.
L’accroissement
lation
active
n’a
important de la
pas été absorbé
popu¬
par
l’industrie et s’est surtout localisé dans le
secteur
industriel
Ce
phénomène peut
la faiblesse de l’investissement
rapport aux investissements
tertiaire.
s’expliquer
par
par
commerciaux, immobiliers et d’infrastruc¬
ture, faiblesse liée à l’absence de mentalité
des candidats entre¬
plus grandes opportunités de
industrielle de la part
preneurs et aux
profits dans le secteur tertiaire.
Les industries de biens intermédiaires
depuis 1980 à la
diversification progressive des activités indus¬
On assiste néanmoins
trielles et à la constitution d’une
bourgeoisie
industrielle. Toutefois, même si l’augmenta¬
tion de la part du secteur industriel au sein de
la
production
intérieure
brute
provient
beaucoup moins qu’auparavant de la branche
“Bâtiment-Travaux publics” et est due pour
l’essentiel aux industries manufacturières, la
ces dernières à
accroissement lent.
industries sont au
participation de
faible et
Ces
ÉCONOMIQUE
la P.I.B. reste
en
nombre
de
on peut les répartir globa¬
lement dans les secteurs suivants.
Les industries agro-alimentaires : fabri¬
cation et vente de bières et de boissons
quelques dizaines et
(Brasserie de Tahiti, Brasserie du Pacifique,
Limonaderie Singapour, S.A.E.M. Jus de
Fruits de Moorea, Caudèle, Comat, Laiterie
Sachet...) ; charcuterie et conserverie (S.A.
Cotagral, Copa), huilerie (Huilerie de Tahiti),
fabrication d’aliments pour bétail (Huilerie de
Tahiti, Sangue S.A.), biscuiterie (Liou Long,
Raumanu Industries), fabrique de pâtes
alimentaires, pâtisserie-confiserie...
:
métalliques (D.C.A.N.,
S.A., S.A.R.L. Delion,
constructions
Dynacier
Herbreteau, La Garonne Aluminium,
Stam, Engeco...) ; fabrication de matériaux de
construction
(J.-B. Lecaill, E. Pugibet,
Interoute, Mahina Parpaings, Stipa, Tahiti
Agrégats, Tahiti Béton...)...
A.
Les industries de biens
d’équipement
:
constructions navales (D.C.A.N., A. Blouin.
Fiberglass Polynésie, G.LE. Constructions
navales de l’Océanie, Pacifique Polyester...),
fabrication de chauffe-eau solaires (C.G.E.E.,
Sopranic...)...
industries
Les
diverses
:
transformations
de
fabrication de
mousse
et
matelas
(S.A. Chimecal), transformation d’ouates de
cellulose, produits d’entretien et ménagers
(EL-ES-EL, Holland Tahiti Trading, Pacific
Industries, Tikichimic...), fabrication de tissus
peints, vêtements (Marquis’art, Nicolas
Fabric, Tahiti Art...), fabrication de
chaussures, fabrications plastiques (Pacific
Plastique
S.A.R.L., Plastiserd, Polysac,
parfumerie (Tiki S.A.R.L,.
Cosmétiques de Tahiti, Tikichimic...).,.
Tahiti Sacs..,),
Ci-dessus :
Le chantier naval
d’Abel Blouin, spécialisé
dans la construction en
fibro-plastique,
proposait 6 types de
bateaux de 9, 14,17, 18,
19 et 36 pieds, en 1986.
Il entend augmenter
chaque année sa gamme
en se
dotant de
moules.
nouveaux
En haut, à gauche :
Tikichimic emploie
35 personnes et
20% de son
activité à l’exportation.
Sa production
consacre
comprend les
cosmétiques, les
produits d’entretien et la
fabrication de papier à
usage
ménager.
La société de
construction
Herbreteau s’est
spécialisée dans la
charpente métallique :
avec 145 employés, elle
est la plus importante
de
ce
secteur.
133
POLYNÉSIE
VIVRE EN
légères, qui s’inscrivent
logique de substitution à l’impor¬
tation de produits destinés à la consomma¬
tion finale, sont peu complémentaires et
fortement dépendantes des importations de
matières premières, de biens intermédiaires et
de biens d’équipement étrangers : à une dépen¬
dance en aval (biens de consommation) se
substitue progressivement une dépendance en
amont (matières premières, biens d’équipe¬
Le secteur informel
Une floraison
de micro-entreprises
Sous cet épithète sont envisagées
activités de petites dimensions, gérées
Confrontés
l’implantation de ce type d’industrie, en
termes d’intégration entre secteurs de valeur
ajoutée et de création d’emplois sont encore
trouve
industries
Ces
dans
une
biens intermédiaires). Les effets de
ment,
limités.
Des éléments favorables
Polynésie dispose pourtant de certains
atouts pour un développement industriel à
l’échelle
du
Territoire.
On
peut citer
notamment son dynamisme démographique,
le niveau élevé du revenu par habitant qui
traduit un pouvoir d’achat important, la
présence d’une importante épargne locale, des
possibilités d’emprunt à taux réduits, la
pression fiscale directe nulle lors du
démarrage de l’activité et modérée par la suite,
une fiscalité indirecte qui peut assurer un
certain “protectionnisme éducateur” si elle
devient
plus sélective, l’éloignement du
Territoire qui permet à la production locale de
bénéficier d’un différentiel de coût équivalent
au
coût du transport, l’accès privilégié à
certains
marchés
(C.E.E., U.S.A.), une
importante main-d’œuvre disponible et de
plus en plus qualifiée et enfin l’absepce de taxe
à la valeur ajoutée locale.
Outre
éléments favorables
ces
au
niveau
l’environnement
global, les pouvoirs
publics interviennent de manière indirecte
l’amélioration du réseau d’infrastruc¬
dans
(zones industrielles-...) et dans le
renforcement du tissu industriel. Plus particu¬
tures
de base
lièrement, le Code des Investissements et les
divers fonds territoriaux (FSIDEM)
financent une part non négligeable des
dépenses d’investissement par l’octroi de
primes et l’exonération de droits d’entrée sur
le matériel de production. Cet ensemble
d’éléments peut faciliter la diversification du
tissu industriel de la Polynésie à condition que
cela s’intégre dans une stratégie consciente
d’autonomie économique et de renforcement
des
structures
productives axée sur la
recherche d’un plus grand “autodynamisme”.
stratégie pourra assurer une
cohésion d’ensemble de l’économie
Cette
volontairement
un
tissu d’activités
meilleure
en
créant
complé¬
mentaires, et accroître la solidarité entre les
différents secteurs d’activité économique, ce
qui permettra au flux d’innovations et de
progrès de
se propager
l’économie.
dans l’ensemble de
plus particulièrement de
une
politique de
développement de petites et moyennes
industries adaptées à la taille du marché
Il
sera
mettre
nécessaire
en
œuvre
intérieur et orientées
vers
la satisfaction des
plus courants des Polynésiens
(agro-alimentaire, habillement, outillage,
artisanat de maintenance ...).
besoins
134
les
sont
non
salariée
et
débouchent
échanges marchands. Elles
répandues et difficiles à cerner. On les
néanmoins
sur
des
dans les secteurs traditionnels
comme,
l’agriculture et la pêche où elles participent à
la
fois
à
l’économie
de
subsistance
et
à
l’économie de marché. On les trouve aussi
dans le sillage des activités nouvelles qui se
multipliées depuis l’arrivée du C.E.P.
construction, des
transports et des services en tous genres. La
croissance
économique impulsée par la
Métropole a accru le décalage entre ces
activités modernes et celles plus tradition¬
nelles dont la compétitivité devient de plus en
plus aléatoire, du fait de leur faible producti¬
dans
La
de
familiale
sont
développement industriel
au
des
de
façon empirique, qui échappent à la régle¬
mentation en vigueur. Exigeant peu de
capitaux, elles font appel à une main-d’œuvre
les domaines de la
vité et d’une
diversifiée et
capacité d’offre réduite,
élastique.
non
peu
à
la
des
concurrence
biens
importés et à
une hausse des coûts qu’aggrave
le contexte de crise, les petits producteurs
essaient
d’y faire face
en se tournant vers de
complémentaires des
importations ou peu menacées par elles, où la
hausse des coûts peut être répercutée sur les
prix de vente et où une main-d’œuvre salariée
n’est pas nécessaire. On assiste ainsi à une
floraison
de
micro-entreprises, principa¬
lement dans le secteur tertiaire. Aux yeux de
activités
nouvelles
l’observateur,
ces
les
en
boutiques
activités
se
manifestent par
plein air de vente de curios,
les camionnettes de restauration ambulante
petits étals, disséminés le long des routes
de Tahiti et de Moorea, qui
proposent des fruits, des légumes ou des
poissons fraîchement pêchés. Leurs
caractéristiques sont voisines de celles qui ont
ou
de
les
ceinture
été observées dans le domaine de la
artisanale
Elles ont
ou
un
du tourisme chez
capital de départ
fonctionnement
empirique et
pêche
l’habitant.
peu
une
élevé, un
gestion
Le secteur Informel, difficile à
cerner
économiquement, est
très présent dans les rues de
Papeete et sur les routes des
îles. De gauche à droite et de
haut en bas : vente de billets de
tombola et de fleurs autour du
marché ; "roulottes” sur les
quais ; artisans en coquillages,
tifaifai et tressage ; ventes
saisonnières de ature et
d'oranges.
LA VIE
embryonnaire auxquels s’ajoute une mécon¬
naissance des circuits qui permettent l’ajus¬
tement de
l’offre
et
de la demande. 11
en
résulte
irrégularité des prestations fournies ou
inadéquation au marché auquel elles ont
accès. Leur faible échelle, le manque de
capitaux et d’expérience et, parfois, l’impor¬
tance
secondaire qu’elles ont pour leurs
responsables expliquent leur manque de
cohérence et de rationalité économiques et
leur adéquation défectueuse à la logique
abstraite de l’échange marchand.
Ce défaut d’intégration est aussi le fruit
une
leur
d’une distorsion des comportements et
des
qu’illustre le décalage entre la
personnalisation au niveau de l’entreprise et la
dépersonnalisation au niveau du marché ou la
persistance d’une sphère privée plongeant
mentalités
dans l’environnement familial
ou communau¬
taire, qui fait que la prestation délivrée
être réduite à
une
ne
peut
sa dimension fonctionnelle et à
conduite orientée vers le profit.
Un trait frappant des responsables de
petites activités est leur
vulnérabilité. Ils font
plasticité
et
d’une
dynamisme allié à leur
preuve d’une
capacité d’innovation
souvent
remarquables mais ont
une
une connaissance et
maîtrise insuffisantes du domaine dans
lequel ils interviennent,
une
formation et
une
ce
appropriée. Dans
ces
assistance technique
ils
qui
plusieurs tableaux et
une certaine mesure,
lacunes par une polyvalence
leur permet de jouer sur
de combiner l’exercice simultané
de différentes
double
par
information sommaires
que ne compense pas une
comblent
qui s’explique
activités.
tranchant
ou
successif
Mais celle-ci est à
incite
à
autre,
à
d’une
la moindre
occasion, sans la permanence et la régularité
qui sont le gage d’une réussite à terme. Indice
de débrouillardise et d’adaptabilité, elle est
aussi la manière dont, derrière une autonomie
de surface, se dissimule une dépendance struc¬
turelle. Libre de son attitude, l’entrepreneur
occupation
à
et
une
son efficacité et l’échec ou la
faiblesse des résultats obtenus par beaucoup
témoignent. Le petit hôtelier dans les îles
périphériques n’a pas de moyens d’agir auprès
de sa clientèle potentielle et dépend des
en
de voyage et des moyens de desserte
aérienne et maritime. L’artisan pêcheur est
agences
au
jeu d’une
filières de commercialisation et à des
débouchés
qu’il ne contrôle pas, alors qu’il a
déjà du mal à assurer la régularité du produit
collecté. 11 est d’autant plus vulnérable que les
tentatives d’organisation de la profession par
des
sociétés
de
caution
mutuelle
se
sont
soldées par un échec et que le carburant et les
matériels
importés, à la base de son
équipement, connaissent
de leur coût.
un
renchérissement
passer
l’est moins de
soumis
des
ÉCONOMIQUE
concurrence sauvage,
à
Un développement pourtant
limité
Malgré leur accroissement, les activités infor¬
ne connaissent pas dans le Territoire un
développement comparable à celui d’autres
pays, pour des raisons qui tiennent proba¬
blement à la situation spécifique qui y
prévaut. Pour la majeure partie de la
population, s’est opéré un passage rapide et
melles
sans
transition
d’une
situation
de
subsis¬
tance, d’autoconsommation et de troc à un
stade monétaire de salariat et de consom¬
mation de biens importés, épaulé par l’octroi
de facilités financières et
techniques (crédits à
135
VIVRE EN
taux
POLYNÉSIE
privilégié,
aides
et
prestations
di\ erses...). De ce fait, n'a pas eu le temps de se
dé\ elopper. comme dans beaucoup de pays du
tiers-monde,
un marché parallèle recourant à
sphère de l’économie marchande mais
offrant des prestations moins onéreuses,
la
moins élaborées
des
et
moins fiables. 11 existe bien
segmentations du marché qui correspon¬
dent à des critères
ethniques, géographiques
socio-économiques, mais il y a moins
dichotomie entre deux catégories distinctes de
biens et de services qu’une différenciation
ou
d’accès
fonction des
revenus disponibles.
plus de grande llexibilité
des prix, dont la formation, lorsqu’elle n’est
pas réglementée, se fait par application d’une
marge convenue ou par alignement sur le prix
des
produits importés, sans qu’il y ait
marchandage ou fragmentation du marché.
Cette relative homogénéité des biens
fournis et consommés est peut-être favorisée
par une nature clémente et une couverture des
besoins de base plus facile qu’ailleurs. comme
par
une consommation
ostentatoire que
On
en
ne trouve
pas non
favorisent
condition
une
insulaire,
un
aléatoire et des phénomènes de
démonstration
qui s’appuient sur des
anonymat
traditions
établies.
Cette
attitude
s’est
longtemps
traduite par une préférence
exclusive pour les biens de consommation
neufs. ID’unc façon apparemment paradoxale,
le marché de l’occasion est surtout fréquenté
par une clientèle expatriée de passage, alors
que cela “fait honte” à la population de
souche,
rabattre
aux revenus souvent
sur
des
Une fiscalité réduite
ne
d’impôt
assez
modestes, de
se
produits de seconde main.
connaissant pas
sur le revenu, une réglementation
lâche du marché du travail, un service de
répression des fraudes peu étoffé et le jeu
prépondérant des relations de parenté et de
clientèle ne favorisent pas non plus le dévelop¬
pement de petites activités souterraines ou
clandestines. La législation en vigueur est ellemême ancienne et calquée sur un modèle
métropolitain inadapté ; de ce fait, elle est
appliquée avec souplesse et. de toute manière,
n’est pas primordiale pour le Territoire dont
l’essentiel des ressources prox ient de transferts
publics et de droits perçus sur les impor-
tatio ns.
11 reste que. pris dans
élevés et d’importations
l’étau de coûts plus
plus compétitives,
beaucoup de petits producteurs se voient
contraints d’abandonner leur activité et, faute
de
pouvoir accéder à un emploi salarié, se
réduits au chômage, à des occupa¬
trouvent
tions de subsistance
ou
à la fourniture de
épisodiques, l.e gonfle¬
ment de la population non qualifiée exerçant
temporairement une activité de type artisanal
relevé par le recensement de 198.^ est peut-être
services individuels
une
de
illustration de
son
banalisation
La volonté de
développement du
secteur touristique a
suscité en parallèle aux
investissements lourds
des chaînes
internationales, la
floraison d'initiatives
locales se traduisant
aussi bien dans la petite
hôtellerie (à droite :
l'hôtel Marina Iti à
Tahaa) que dans le
logement chez l'habitant
{ci-dessus : chez Glorine
à Rangiroa).
136
ce
mouvement, un
régressif et
progressive.
caractère
un
témoin
signe de
sa
Bibliographie
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• ASSEMBLÉE NATIONALE et SÉNAT
(1977)
Travaux préparatoires de la loi n® 77.1460 du
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dans le Territoire de la Pol. fr., J.O.R.F., Ed. des
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ASSEMBLÉE NATIONALE et SÉNAT (1984)
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Polynésie fr. Rapports annuels d’activité. Exercices
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69 p. ; 69 p. : 73 p. : 79 p. ; 85 p. : 98 p. ; 111 p.
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Rapport préparatoire au colloque sur le
développement des ressources de la mer dans les
Territoires français du Pacifique, multigraphié.
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174 p.
SERVICE DE L’ÉCONOMIE RURALE
•
:
Bulletins de
statistiques agricoles n“ 1 à 12 pour les années 1972
à 1983, multigraphié, 49 p. ; 91 p. ; 115 p. : 82 p. ; 83p, :
86 p. ; 119 p. ; 109 p. ; 103 p, ; 95 p. ; 73 p. ; 84 p.
.
SERVICE DE L’ÉCONOMIE RURALE : Statistiques
annuelles de production (année 1984), Papeete,
multigraphié, 16 p.
.
SERVICE DE L’ÉCONOMIE RURALE : Statistiques
de production Agriculture-Élevage 1985, Papeete,
multigraphié, 15 p.
• SERVICE DU TOURISME
(1983 à 1986)
Statistiques touristiques annuelles, Papeete.
137
Index des
noms
Les numéros
où le
CAILLET, Francis. 61.
cités
en
Jean-Baptiste. 18, 106, 110.
sujet est traité principalement. Les
CHASTENET de
texte.
GÉRY, Jean.
(diacre). 71.
KELLY, Georges. 46, 47. 123.
CHIRAC, Jacques. 54. 119, 119.
CHUNG. Arthur. 107, 109. 111.
COPPENRATH, Gérald. 11, 90.
RODGER. 74.
LAFORGUE, Maryse. 120.
LANTEREIS, Jean. 59.
ROGERS, Noah. 73.
RUSSEL, Charles T. 76, 82.
COPPENRATH, Hubert. 58.
LAPORTE, Pierre. 72.
RUTHERFORD. 82.
LAVAL, Louis, le P. Honoré. 57.
COPPENRATH, Mgr Michel. 58, 58,
LEBOUCHER, Totl. 59.
LE
D
DAUSSIN-CHARPANTIER, Albert.
46.
DEANE, Arii. 74.
108, 113, 120,
LESTIENNE, Jean-Marc. 46.
DEANE, Harry. 74.
DEANE, Paul. 75.
DESGRANGES, Marie-Françoise. 57.
DESROCHES, Mélanle. 59.
DOOM, John. 70.
DOOM, L. 76.
DOUMENGE, François. 32.
DROLLET, Jacques Harold
Tiamatahi (dit Jacqui). 105, 107, 113,
113, 116, 119-120.
DROLLET, Jacques-Denis. 27.
DURKHEIM. 92.
EBB, Tinomana (dit Milou). 98, 107,
107, 111.
ELLACOTT. Alban. 47, 55.
EMMANUELLI, Henri. 53.
ESPINASSE, Roger. 100, 103.
BERNARDINO, Médéric. 59.
BILLOTTE, Pierre. 42.
BLOUIN, Abel. 133.
BOHL, Adolphe. 111.
BONARD. 73.
BONNET, Christian. 47.
BOUGAINVILLE, Louis-Antoine de.
126.
BOURGEOIS, Paul. 45.
BOURNE, Christine. 98, 102.
BRAUN-ORTEGA, Enrique
(dit Quito). 107, 111, 112.
BRISSAUD, Roger. 100, 101.
BROTHERS, Ramon. 72.
BROTHERSON, Franklin. 46.
BROWN, James. 74.
BRUAT, Armand. 9.
BRUNOT. 117.
BUILLARD, Anthelme. 117.
BUILLARD, Michel. 47.
c
CADY, Benjamin J. 75, 75.
GANIVET, Pierre. 59.
GARRIGOU, Roland. 46.
GAULLE, Charles de. 9,17, 20,20,21,
22, 22, 23, 24, 42, 43, 118, 119.
138
GÉRARD, Michel.
100.
GIRAUD, A. 112.
GISCARD d'ESTAING, Valéry. 108,
120.
GRAFFE, Jacquie. 47, 107, 707, 111.
GRAND, A.R. 18.
GRIMALD, Aimé. 64, 117.
GROUARD, Benjamin F. 73.
GUILLAUME. 16, 17.
GUILLOUX, Rose. 117.
H
HART, Marcel (dit Mate). 110, 111.
HIRO, Henri. 776, 120.
HIU ALINE, Edwin. 98, 99.
HODÉE,
R.P. Paul. 57, 58.
HOLOZET, Norbert. 58.
HONG, Elle. 83.
HONG KIOU,
Huguette. 47.
HOWE, Adam. 90.
HUNTER, Pierre. 27.
I
SULITZER, Paul-Loup. 40.
MAILLART, Lucien. 101, 102.
MAMATUI, Coco. 59.
T
10.
MARTIN, John. 22, 102, 103.
MAZÉ, Mgr Paul. 57, 58, 58, 62.
MAZELLIER, Philippe. 100, 101.
MERCERON, François. 95.
MESSMER, Pierre. 42.
MITTERRAND, François. 102, 108,
G
ILARI, Noël. 20.
118.
113, 117, 120.
MONTITON, Albert. 59.
MONTPELLIER (Amiral). 38.
MOUX, Albert. 130.
N
NANAI, François. 102.
NELSON, William. 74.
NOTT, Henry. 90.
NOUVEAU, Dédé. 59.
O
OHREL, Alain. 38.
OOPA, Marcel a. 15, 117.
OPUTU, Jean. 110.
O'REILLY, R.P. Patrick. 71, 77, 75.
P
PAHUATINI, Edwin. 111.
PEAUCELLIER, Patrick. 47, 55.
PEREZ, Jean. 46.
POMARE. 57. 66.
POO, Koringo a. 27, 65.
PORLIER, André. 110, 111.
POROI, Alfred. 102, 105, 705, 106,
117.
POUVANAAaOOPA.9,15,18,19,79,
20, 20, 21, 27, 41,43, 105, 106, 110,
774, 118, 1 19
PRATT, Addison. 73.
R
RAAPOTO, Duro. 120.
RAAPOTO, Etienne. 103.
SEEGMILLER, William. 74.
SERVAN-SCHREIBER,
Jean-Jacques. 118.
STEWART, William. 11.
STIRN, Olivier. 43.
FOCCART, Jacques. 22.
FOUOUÉ. 90.
BAMBRIDGE, Rudolph (dit Rudy).
21, 105, 111, 119.
BARRAL, Jean-Paul. 116, 120.
BARRET, D. 72.
BEFFA, Pierre. 71.
M
MACHORO, Françoise. 113.
MAI, Richard. 59.
MILLAUD, Sylvain. 47, 55.
MILLER, William. 82.
102, 103.
BARÉ, Jean-François, 18.
LYNDON, F.E. 75, 75.
FLOSSE, Gaston. 43, 46, 47, 54, 55,
56, 70, 95, 98, 105, 105, 106, 107, 111,
FRITCH, Edouard. 47, 55, 108.
FROGIER, Maurice. 59.
119.
SANFORD, Terii. 46, 50.
SCHMITT, Charles. 45.
SICURANI, Jean.27, 42.
SIU, Philippe. 120.
SMITH, Joseph. 73, 74, 78, 80.
SMITH, Thomas W. 74.
SPITZ, Napoléon. 111.
STASI, Bernard. 45.
(diaconesse). 71.
LEYMANG, Gérard. 71.
LOU, Philippe. 98.
MILLAUD, Jean. 42, 106, 117.
MILLAUD, Daniel. 43, 107, 113, 774,
113, 118, 119-120.
B
VERRE, Robert. 29.
F
FLORES, Teina. 111.
BABADZAN, Alain. 9, 10.
BAMBRIDGE, Antony(ditTony). 100,
LE
LEVINIA
MARANT-BOISSAUVEUR, Félix.
E
ATGER, Peni. 116, 120.
CAILL, Emile. 45.
CLEAC'H, Hervé. 61,62.
LEFÈVRE, Michel. 101.
LEJEUNE, M' Marcel. 101.
LEMOINE, Georges. 38. 47. 54.
LÉONTIEFF, Alexandre. 46. 47. 55.
LE
DAMRON, Joseph. 74.
DARNOIS, Marc. 102, 103.
ANGELI, Pierre. 56.
ANGLADE, Michel. 102.
ANIHIA, Olivier. 72.
ANTIG, Charles-Claude. 18.
ATA, Alec. 45.
SALMON, James. 111.
SALMON, Jeffrey. 55.
SALMON, Nedo. 118.
SALMON, Frédéric (dit Tutaha). 110.
SANFORD, Francis Ariioehau. 79, 42,
43, 43, 45, 46, 707, 110, 114, 117-118,
LAW, Michel. 101, 107, 110, 111, 114.
CROOK, William Pascoe. 66.
CUNNINGHAM, Barbara. 119.
ANET d'ASTIER de la VIGERIE,
Jean d'. 102.
S
LAVIGNE, Lysis. 47.
LAW, Lucien. 58.
COUSSERAN. 103.
99.
ROBINEAU, Claude. 16, 24, 28.
L
62, 71.
AMARU, Yannick. 45.
AMERIO, Jean-Claude (dit Jeff). 98,
READ, A.J. 75, 75.
REVAULT, Léone. 60.
KNORR. 82.
CHEVALIER, Guy. 61.
CHING, Charlie. 107.
A
RAVEL, Bill. 101.
KAOUA
75.
CHAZEAUX, Michèle de. 103.
ALBERT, Roger. 88.
AMANS, Ernest. 59.
RAAPOTO, Samuel. 65, 71.
RATINASSAMY, Lucien. 111.
RAUZY, Guy. 107, 110.
K
CHAPMAN, E.C. 75.
numéros de pages en italique renvoient à
une légende, les autres se
rapportent au
120.
JAVOUHEY, Anne-Marie. 58.
JUVENTIN, Jean. 47, 107, 114, 130.
cEran-jérusalemy,
gras renvoient aux pages
RAAPOTO, Jean-Marius. 709, 118,
J
CANEPA, Daniel. 51.
CELTON, Alain. 60.
TAPAO. 65.
TARDIF, Père Emiliano, 70, 77, 72.
TAUFA, Charles. 106, 110, 111.
TAY, John L. 75.
TCHONG, Tihoti. 72.
TEARIKI, John French (dit Tony). 79,
42, 43, 45, 107, 110, 774, 117-118.
TEHEUIRA, Jacques. 47, 55, 95, 120.
TEIHOTAATA, Emile. 776, 120,
TEIPO, Vahiné. 59.
TEKAKAHU (dit
Metuaore). 73.
TEMARU, Oscar. 107, 707, 111, 113,
7 73, 114, 120.
TERIIRERE, Taratua. 110.
TETARIA, Charles. 120.
TETUANUI, Monil. 1 11, 7 72, 114.
TEUIRA, Jacky. 47, 120.
TEVANE, Marc (dit Maco). 45.
TIHONI, Philippe. 72.
TIRILLY, Louis-Bertrand. 57.
TOBY, Jean-François. 75, 27, 22.
TONG SANG, Gaston. 50, 55.
TRAUTMANN, Frédéric. 71.
V
VANAA, E. 76.
BASTOLAER, Jacky. 120.
VANIZETTE, Frantz. 43,45, 106,110,
VAN
11
1, 774.
VERNAUDON, Emile. 98, 107, 707,
1 1 1, 772, 1 18.
VERNIER, Frédéric. 66.
VIDEAU, Daniel. 45, 50.
yiÉNOT, Charles.
VII, Jacques. 705.
90.
VINUBAH (pasteur). 77.
VIVISH, Manate. 55.
W
WANDELL. 74.
WATSON. 75.
WHITE, Ellen. 82.
WILLY, Richard. 72.
Y
YOUNG, Brigham. 74, 80, 81.
Index
MAUPITI
géographique
Pour les îles,
la lettre entre parenthèses
signale l'archipel dont elles font partie : (A)
pour Australes, (G) pour Gambier, (M) pour
Marquises. (S) pour Société et (T) pour
Tuamotu.
Les numéros de pages en
à
une
texte.
légende, les autres
italique renvoient
se
rapportent au
(S) 34, 722
MISSOURI 74, 77, 80
MOOREA (S) 11, 73, 26, 28, 33,34,34,
35, 53, 64, 64, 65, 67, 76, 87, 90, 96,
104, 109, 117, 126, 727, 732, 134
MORUROA (T) 25, 26, 27,30, 63, 113,
120
Index des
associations et
partis politiques
N
(T) 111
NOUVELLE-CALÉDONIE 16, 45, 65,
NAPUKA
67, 71, 101, 102
A
AFRIQUE 13, 41
AHE
(T) 53
ALGÉRIE 42
AMÉRIQUE 73, 74, 80, 88, 127
AMÉRIQUE LATINE 12, 13
(T) 37, 56. 73, 75
(T) 36, 84
ARUTUA (T) 124, 125
ANAA
NOUVELLE-ZÉLANDE 12, 63, 76, 88
NOUVELLES-HÉBRIDES
(act. Vanuatu) 65, 67
NUKU HIVA (M) 34, 98
NUKUTAVAKE (T) 111
A
AI'A APL 706, 107, 111.
AMUITAHIRA'A NO PORINESIA.
706, 107, 707, 772, 113.
O
OCÉANIE 10, 63, 64
OHIO 80
F
FRONT DE
P
PACIFIQUE 14, 18, 39, 49, 61, 62, 63,
64, 64, 73, 102, 131
H
ASIE 13
PAGO PAGO
I
(archipel des) 12. 20.
32, 33, 33. 34, 34, 35, 50, 51,57, 64, 65,
66. 67, 76, 93, 107, 108, 109, 110, 111,
111, 121, 123
AUSTRALIE 12, 63, 127
BORA BORA
(S) 23, 26, 117, 126
c
CANADA 58, 59
caraïbes
(îles) 127
CHINE 11, 58, 88
CQQK
(Samoa) 124
PAPOUASIE-N'"' GUINÉE 63
PENNSYLVANIE 82
PITCAIRN 75
(îles) 58, 64, 83
E
ÉTATS-UNIS 12, 13, 15, 75, 78, 81. 83
EUROPE 13, 64, 104, 124
F
FANGATAU (T) 111
FANGATAUFA (T) 26, 60
FIDJI (îles) 63, 71, 78
(T) 111
R
RAIATEA (S) 18, 78, 53, 54, 58, 61,65,
75, 75, 76, 87, 92, 98, 702, 104, 117,
722, 131
(A) 72
RANGIROA (T) 736
RAPA (A) 111
REAO (T) 111
RIKITEA (G) 119
RIMATARA (A) 72, 117
RAIVAVAE
ROYAUME-UNI 70
RURUTU (A) 72, 66, 76, 97, 98, 111
S
(îles) 64, 74, 96
(îles) voir HAWAII
SAMOA
FRANCE 18, 19, 23, 24, 30, 41,47, 57,
SANDWICH
120
SOCIÉTÉ (archipel de la) 72, 78, 60,
64, 65, 78, 702, 104
62, 64, 70, 75, 77, 108, 113, 118, 119,
G
GAMBIER (archipel des) 32, 33, 33,
34, 50, 51,57, 57, 57, 59, 59, 60, 64, 65,
67, 74, 107, 108, 109, 110, 111, 117
GRANDE-BRETAGNE 18
GUAM 63
HAO (T) 26
HAWAII (îles) 73, 88, 112, 127
HIKUERU (T) 74
HONG KONG 77
HUAHINE
(S) 18, 34, 76, 102, 122
ILLINOIS 73, 74, 80
(océan) 127
lOWA 117
J
JAPON 63, 127
KAUKURA
(T) 74, 74
M
(S) 65, 67
MAKATEA (T) 13, 16, 28, 28, 67
MAIAO
MALAISIE 79
MANGAREVA
MANIHI
(T) 53
(G) 117, 119
MARQUISES (archipel des) 19, 32,
33, 33, 34. 50, 50, 51, 57, 58, 60, 60, 61,
62, 63, 64, 65, 67, 74, 97, 92, 93, 107,
108, 109, 110, 111, 119, 123, 131
IA MANA TE NUNA'A. 105, 706, 107,
709, 1L1, 1 12, 772, 1 13, 773, 1 14, 115,
116, 7 76, 120, 720.
N
NONOTAHI. 709.
P
POLYNESIA NO ANANAHI. 706, 107.
PUPU HERE AI'A TE NUNA'A IA
ORA. 27, 45, 106, 706, 107, 709, 110,
111, 113, 1 14, 774, 115, 116, 117.
PUPU TAHOERA'A MAOHI. 106.
PUPU TAINA. 706, 107, 113, 114.
PUPU TIAMA MAOHI
706, 110.
PARTI SOCIALISTE
PARTI SOCIALISTE
(P.S.P.). 113.
PARTI SOCIALISTE
113.
(P.T.M.). 106,
(P.S.). 113.
POLYNÉSIEN
UNIFIÉ(P.S.U.).
R
RASSEMBLEMENT
DÉMOCRATIQUE DES
POPULATIONS TAHITIENNES
(R.D.P.T.). 18, 20, 20, 27, 105, 706,
110, 111, 112, 116, 117.
RASSEMBLEMENT POUR LA
RÉPUBLIQUE (R.P.R.). 46, 107, 113,
T
TAHAA
(S) 34, 65, 68, 88, 702, 114,
117, 722, 736
(S) 9, 11, 73, 14, 16, 77, 18, 78,
19, 20, 23, 24, 25, 26, 28, 32, 33, 33, 34,
36, 37, 40, 53, 57, 57, 58, 58, 59, 60, 60,
61,67, 62, 65, 67, 69, 70, 71,72, 72, 73,
74, 75, 76, 76, 78, 79, 79, 85, 87, 87, 89,
90, 92,98, 109, 112, 113,119,120,122,
123, 723, 125, 126, 726, 728, 130, 131,
732, 134
TAHUATA
(M) 64
TAKAPOTO (T) 53, 77
TAKAROA (T) 53, 75
TONGA
(îles) 64, 88
TUAMOTU
ISRAËL 80
K
SUVA 63
TAIWAN 77, 79, 83
I
INDIEN
SEYCHELLES 127
TAHITI
H
HERE AI'A voir PUPU HERE AI'A.
IA ORA TE NATURA. 120.
PROVO 88
PUKA PUKA
B
DE LA
FRONT UNI POUR L'AUTONOMIE
INTERNE. 706, 107, 707, 1 11, 774.
APATAKI
AUSTRALES
LIBÉRATION
POLYNÉSIE (F.L.P.). 106.
(archipel des) 73, 75, 19,
116, 1 19, 779.
T
TA'ATIRA POLYNESIA. 706, 107,
109, 111.
TAHOERA'A HUIRA'ATIRA. 45, 46.
47, 105, 706, 107, 707, 708, 709, 1 11,
777, 1 12, 113, 114, 1 15, 775, 1 16, 118,
119, 120.
TAHOERA'A Ul API NO POLYNESIA.
106, 110.
TAVINI HUIRA'ATIRA NO
PORINESIA. 109, 111, 112, 773, 114,
120,
TE ARATIA O TE NUNA'A. 706, 107.
TE AU TAHOERA'A.
111.
106, 706, 110,
TE E'A API NO POLYNESIA. 45. 106,
24, 25, 32, 33, 33, 34,41, 50, 50, 51,57,
53, 58, 59, 60, 64, 65, 67, 69, 73, 74, 74,
75, 76, 78, 86, 90, 93, 107, 108, 109,
110, 111, 122, 723, 125, 725, 131
TE E’A NO MAOHI NUI. 706,107,
TU BU Al (A) 72, 20, 73, 74, 86, 111
TUREIA (T) 111
U
U
111, 772, 113, 114, 120.
109.
TE TA'ATA TAHITI TIAMA. 107.
U.D.R. 119.
DÉMOCRATIE
FRANÇAISE (U.D.F,). 46.
UNION POUR LA
U A POU
(M) 62, 111
UTAH 74, 75, 76, 78, 79, 80, 81, 87
V
706, 107, 110, 111, 774, 117, 118.
VENT
(anc. N'""‘ Hébrides) 71
(îles du) 33, 33, 35, 50, 50, 78,
VENT
(îles Sous-le-) 9, 11, 72, 18,33,
VANUATU
702, 103, 108, 109, 110, 111, 777, 723
33, 34, 34, 50, 51,65, 67, 70, 72, 73, 75,
76,92,108,109,110,111,777, 117,723
UNION POUR LA NOUVELLE
RÉPUBLIQUE (U.N.R.). 105,106,107.
UNION TAHITIENNE (U.T.). 105,
106, 706, 107.
UNION TAHITIENNE
DÉMOCRATIQUE (U.T.D.). 105, 106,
706, 110.
U.T.-U.D.R. 706, 110, 111.
U.T.-U.N.R. 706, 110, 111. '
139
Sources des illustrations et crédit
Note
Quand ils
photographique
indiqués, les tableaux et cartes ont été effectués
d'après les données de l'auteur du sujet.
:
ne
sont pas
PP. 4-5 Cl. G. Hucault (Service de l'Information et des Relations avec la Presse
de la Présidence du Gouvernement).
P. 6 Cl. RWes-Cedri.
P. 8 Cl. H. Cao (OPATTI).
D’HIER A AUJOURD'HUI (1960-1986)
P. 9 Un tare : coll. Encyclopédie. Fusilier : MUSÉE DE LA MARINE.
P. 10 Cl. Lemasson, coll. O'REILLY. Aquarelle de F. Marant-Boissauveur, from
the original painting in the DIXSON LIBRARY, by courtesy of LIBRARY
COUNCIL OF NEW SOUTH WALES.
P. 12 Cl. Rives-Cedr/. Cl. M. Folco.
P. 13 B. Hermann. Cl. Rives-Cedr/.
P. 14 B. Hermann. Coll. O'REILLY.
P. 15 B. Hermann. B. Hermann.
P. 16 Coll. Encyclopédie.
P. 18 Dessin de C.C. Antig : NATIONAL LIBRARY OF
AUSTRALIA,
réf. NK 10376/4. Cl. coll. O'REILLY.
P. 19 Coll. O'REILLY. Cl. Les Nouvelles. Cl. Les Nouvelles.
P. 20 Coll. O'REILLY. Coll. O'REILLY.
P. 21 Coll. O'REILLY. Coll. O'REILLY. Cl. Ch. Vernier, coll.
Église évangélique
de Polynésie française.
P. 22 Coll. Encyclopédie. Cl. A. Sylvain, coll. O'REILLY.
P. 23 Cl. OPATTI. Cl. OPATTI.
P. 24 Coll. Encyclopédie. Coll. Encyclopédie.
L’ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE ET DÉMOGRAPHIQUE DE 1960 A
P. 25 Cl. B. Hermann. Coll. Encyclopédie.
P. 26 Coll. Encyclopédie. Coll. Encyclopédie. Coll.
Encyclopédie.
P. 27 Cl. H. Cao (OPATTI).
P.
P.
P.
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P.
P.
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28
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33
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36
37
38
39
40
1986
Ch. Pinson.
Coll. O’REILLY.
Cl. Rives-Cedr/.
H. Cao (OPATTI). Graphique d’après F. Ravault.
Cl. Rives-Cedr/.
H. Cao (OPATTI). H. Cao (OPATTI).
G. Hucault (SIRPPG). G. Hucault (SIRPPG). J. Bouchon.
Ch. Pinson. H. Cao (OPATTI).
G. Hucault (SIRPPG). Ch. Pinson. G. Hucault (SIRPPG).
Ch. Pinson.
E. Christian.
Graphique d’après F. Ravault.
LES INSTITUTIONS
P. 41 M. Folco.
P. 42 Coll. A. ATA. D. Darqué. J. Bouchon.
P. 43 Cl. Rives-Cedr/. Coll. F. SANFORD. J. Bouchon.
P. 44 Cl. OPATTI.
P. 45 Cl. Les Nouvelles. Cl. Rives-Cedr/.
P. 46 G. Hucault (SIRPPG). G. Hucault
(SIRPPG).
P. 47 G. Hucault (SIRPPG). G. Hucault
(SIRPPG). Ch. Pinson.
P. 48 J. Bouchon.
P. 49 B. Vannier.
P. 50 G. Hucault (SIRPPG). M. Folco. B. Vannier.
P. 51 Cl. La Dépêche. G. Hucault (SIRPPG). Ch. Pinson.
P. 52 J. Bouchon.
P. 54 P. Duplan (Secteur Photo R.F.O.). G. Hucault
(SIRPPG).
P. 55 G. Hucault (SIRPPG). G. Hucault
(SIRPPG). G. Hucault (SIRPPG).
P. 56 G. Hucault (SIRPPG).
LES ÉGLISES MAJORITAIRES
P. 57 G. Hucault (SIRPPG).
P. 58 Coll. Encyclopédie. Coll. Encyclopédie. D. Darqué.
P. 59 Coll. Encyclopédie. B. Hermann. J. Bouchon.
P. 60 M. Folco.
P. 61 B. Vannier. B. Vannier.
P. 62 Coll. O'REILLY. Cl. La Dépêche. Cl. Rives-Cedr/.
P. 63 Coll. Encyclopédie. B. Vannier. H. Cao (OPATTI).
P. 64 Cl. Rives-Cedr/.
P. 65 G. Hucault (SIRPPG). Coll. O'REILLY.
140
P.
P.
P.
P.
P.
66 Cl. Rives-Cedr/. Cl. Rives-Cedr/.
67 J. Bouchon, Ch. Pinson.
68 B. Vannier. Cl. Les Nouvelles. G. Hucault
69 Cl. Rives-Cedr/.
(SIRPPG).
70 G. Hucault
(SIRPPG). Cl. La Dépêche.
P. 71 Cl. La Dépêche. Cl. La Dépêche. Cl. La Dépêche.
P. 72 Coll. Service de Documentation de l’Église
évangélique. Tableau
sondage de B&R Consultants, Papeete.
:
LES ÉGLISES MINORITAIRES
P. 73 Église sànito.
P. 74 Église sanito. Égl. sanito. Église S.D.J. de l’Utah.
Égl. sanito.
P. 75 Église adventiste. Égl. adventiste. Égl. adventiste. Égl. adventiste.
P. 76 J. Bouchon. J.-Cl. Bosmel.
P. 77 J. Bouchon. J. Bouchon. J. Bouchon. Cl. Rives-Cedr/.
P. 78 et 79 Tableaux et carte d’après Mme G. Simon.
P. 80 J. Bouchon.
P. 81 J. Bouchon. Église S.D.J. de l'Utah.
P. 82 J. Bouchon.
P. 83 Cl. La Dépêche. G. Hucault (SIRPPG). Cl. La
Dépêche.
P. 84 Église sanito. D. Darqué. G. Simon.
P. 85 Église adventiste. Égl. sanito. G. Simon. D. Darqué.
P. 87 D. Darqué. Cl. La Dépêche.
P. 88 Cl. La Dépêche. G. Simon. G. Simon.
FORMATION ET INFORMATION
P. 89 J. Bouchon.
P. 90 Père Fouqué : coll. Encyclopédie. H. Nott : coll. O’REILLY. Coll.
Encyclopédie. Coll. Église évangélique.
P. 91 Cl. Bouzer, coll. O’REILLY. Coll. Encyclopédie. Cl. BISHOP
MUSEUM,
n° 7556. Cl. B. Vannier.
P. 92 B. Vannier. B. Vannier.
P. 93 G. Hucault (SIRPPG). G.
(SIRPPG). Cl. Rives-Cedr/.
P.
P.
P.
G.
P.
P.
P.
P.
P.
P.
P.
P.
Hucault (SIRPPG). B. Vannier. G. Hucault
94 B. Vannier. B. Vannier. J. Bouchon. Tableau
d’après La Dépêche.
95 Ch. Pinson. Ch. Pinson. Coll. Encyclopédie.
96 G. Hucault (SIRPPG). G. Hucault (SIRPPG). G. Hucault
Hucault (SIRPPG).
97 B. Vannier. J. Bouchon. Cl. Rives-Cedr/.
98 B. Vannier. B. Vannier.
99 B. Vannier.
100 Tableau d'après F. Ravault.
101 B. Vannier. B. Vannier. B. Vannier.
102 Cl. Rives-Cedr/.
103 Cl. Rives-Cedr/. J.-Cl. Bosmel.
104 J. Bouchon. J. Bouchon. D. Darqué. J. Bouchon.
(SIRPPG).
LA VIE POLITIQUE
P. 105 B. Hermann. G. Hucault (SIRPPG). Cl. Les Nouvelles.
P. 107 J. Bouchon. Ch. Pinson. G. Hucault
(SIRPPG).
P. 108 G. Hucault (SIRPPG). Ch. Pinson. G. Hucault
(SIRPPG).
P. 109 G. Hucault (SIRPPG).
P. 110 et 111 Cartes de C. Visse d'après J.-M. Pambrun.
P.
P.
P.
P.
P.
P.
P.
P.
P.
112
113
114
115
116
117
118
119
120
G. Hucault (SIRPPG). G. Hucault (SIRPPG). G. Hucault
(SIRPPG).
Ch. Pinson. J. Bouchon. J. Bouchon.
J.-Cl. Bosmel. Cl. Les Nouvelles.
G. Hucault (SIRPPG). G. Hucault (SIRPPG).
Coll. IA MANA TE NUNAA. Coll. IA MANA. Coll. IA MANA.
J.-Cl. Bosmel.
J.-Cl. Bosmel.
J. Bouchon.
Coll. IA MANA TE NUNAA.
LA VIE ÉCONOMIQUE
P. 121 Graphiques de Geneviève
Peugney, cartographe O.R.S.T.O.M., d'après
F. Ravault.
P. 122 G. Hucault (SIRPPG). Cl. Rives-Cedr/.
P. 123 Cl. Rives-Cedr/. J. Bouchon.
P. 124 Cl. Rives-Cedr/. Cl. Rives-Cedr/. Cl, Rives-Cedr/.
P. 125 Cl. Rives-Cedr/. G. Hucault (SIRPPG). Cl. Rives-Cedr/.
P. 126 Cl. OPATTI.
P. 127 J. Bouchon. H. Cao (OPATTI). J. Bouchon.
P. 128 B. Vannier. J. Bouchon. J. Bouchon. Tableau
d'après G. Blanchet et
F. Ravault.
P. 129 J. Bouchon. B. Vannier. Ch. Pinson. B. Vannier.
P. 130 H. Cao (OPATTI). H. Cao (OPATTI). H. Cao
(OPATTI).
P. 131 G. Hucault (SIRPPG). G. Hucault (SIRPPG). Cl. Rives-Cedr/.
P. 132 G. Hucault (SIRPPG). Ch. Pinson.
P. 133 B. Vannier. B. Vannier. B. Vannier. J. Bouchon.
P. 134 Cl. Rives-Cedr/. Cl. Rives-Cedr/.
P. 135 J. Bouchon. 01. Rives-Cedr/. Cl. Rives-Cedr/. J. Bouchon.
Cl. Rives-Cedr/.
P. 136 H. Cao (OPATTI). H. Cao (OPATTI). Carte
d'après T. Nhun-Fat.
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II-
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entreprise collective : la réunion dans
l’Encyclopédie de la Polynésie d’une centaine des plus
éminents spécialistes, dans des domaines aussi
différents que la géographie, la climatologie, la
biologie, l'histoire, l’archéologie, l'ethnologie, la
sociologie ou l’économie, est, sans conteste, un
événement sans précédent à Tahiti. Un monument de
1 500 pages, traitant 500 sujets, se devait de faire appel
aux chercheurs, universitaires, enseignants, aussi bien
qu'aux forces vives du Territoire, acteurs de la vie
administrative, politique, économique et culturelle. Et,
Une vaste
pour la conception et la construction d’un
édifice de vastes dimensions, il fallait que chaque
volume possède son architecte en chef, un “maître
d’œuvre" en assumant la responsabilité scientifique :
Bernard Salvat pour les trois premiers volumes ; José
comme
Garanger pour le volume 4 ; Anne Lavondès pour le
volume 5 : Pierre-Yves Toullelan pour les volumes 6 et
7 ; François Ravault et Jean-Marc Pambrun pour les
deux derniers volumes.
Encyclopédie de la Polynésie
CETTE COLLECTION EST COMPOSÉE DE 9 VOLUMES
VOLUME 1
les îles
océaniques
VOLUME 2
flore et faune terrestres
VOLUME 3
le monde marin
VOLUME 4
à la recherche des anciens
VOLUME 5
la vie
Polynésiens
quotidienne dans la Polynésie d’autrefois
VOLUMES
la
Polynésie s’ouvre
au
monde (1765-1842)
Polynésie s’ouvre
au
monde (1842-1960)
VOLUME 7
la
VOLUME 8
vivre
en
Polynésie 1
VOLUME 9
vivre eh
Polynésie 2
témoignage de maturité : la réalisation de cette
Encyclopédie révèle qu’en ce moment du XX” siècle, le
développement en Polynésie de la Recherche - tant
territoriale que nationale - atteint une maturité qui
Un
reflète celle d’un pays.
aussi, le résultat de concours individuels
déterminants : celui de Julien Siu qui nous a apporté
dès la naissance du projet un soutien sans faille, et
celui de Bernard Salvat qui a su donner à cette
collection l’impulsion
de son dynamisme
communicatif.
Elle est,
Dupetit-Thouars s’entretient avec
Pakoko. C’est par l’édification de
postes fortifiés aux Marquises que corrimence, en mai
1842, l’installation d’une station navale en Polynésie.
Mais les difficultés d’approvisionnernent et les
guerres entre tribus hostiles justifient, quelques mois
plus tard, le choix de Tahiti comme base principale :
on proclamera le Protectorat le 10
septembre 1842
(détail d’un dessin original de M. Radiguet, Service
Historique de la Marine, cl. Cl. Rives).
116 années plus tard, le 29 septembre 1958, Pouvanaa
a
Oopa fait campagne pour le “non” lors du
En couverture : A.
le chef marquisien
référendum et échoue dans
sa
tentative de
mener
la
Polynésie à l’indépendance (cl. R. Charriay, coll.
Encyclopédie)'
Fait partie de Encyclopédie de la Polynésie. Vivre en Polynésie. 1 et 2