B987352101_R225.pdf
- Texte
-
ENCYCLOPEDIE DE LA POLYNESIE
l'Encyclopédie de la Polynésie, les habitants de la
Polynésie française ont à leur disposition, pour la
première fois, un inventaire complet et détaillé du
monde dans lequel ils vivént. Pour la première fois, la
somme des connaissances acquises sur tout ce qui
concerne ce pays en ce moment du XX® siècle est
publiée pour décrire les 11 Biles quj le composent, pour
Avec
faire revivre les hommes et les sociétés des
temps
passés, pour faire l'inventaire des richesses que leur
offre leur environnement et dresser le tableau de la vie
quotidienne dans la Polynésie d'aujourd'hui.
Une encyclopédie de toute la Polynésie fran¬
çaise : si Tahiti et sa capitale Papeete restent l'organe
vital du Territoire, il est
le composent jouent
aussi vrai que les archipels qui
un rôle déterminant. Par
conséquent, tout au long des 9 volumes de l'Encyclo¬
pédie, Australes, Tuamotu, Gambier, Marquises et
Société sont évoqués, à la fois pour leur appartenance
à l'ensemble polynésien et pour leurs caractères
spécifiques. Ainsi, qu'il s'agisse d'histoire, d'archéo¬
logie, d'économie ou de l'étude des milieux naturels,
l'Encyclopédie apporte un témoignage de la richesse
et de la diversité des îles.
Une
encyclopédie thématique : dans cet esprit,
énumération
une
alphabétique des sujets serait apparue
restriction à l'ampleur du propos. Alors
que la répartition de ces 9 volumes en thèmes
successifs permet une compréhension plus complète
comme une
plus profonde des sujets, où l'on verra que, bien
éclaire les conditions
du présent et les possibilités de l'avenir.
et
souvent, l'exploration du passé
Une
encyciopédie visueiie
: à notre époque où la
l'image joue un si grand rôle, il
paraît évident de lui donner une place prépondérante
dans
un
ouvrage de cette importance. Cartes,
schémas, dessins et photographies occupent plus de
la moitié des pages, ajoutant ainsi à l'information écrite
une vision concrète et attrayante de celle-ci.
communication par
Une encyclopédie pour tous : qu'il s'agisse du
peuplement de la Polynésie et de sa culture ancienne,
de ses ressources et de la gestion attentive de son
environnement, ou de l'état actuel de son organisation,
il va de soi que le désir de la connaissance passe par le
plaisir de son approche. Textes et illustrations ont
donc été conçus dans un souci de simplicité qui laisse
intacte la rigueur scientifique. Dans chaque volume,
une bibliographie permet de connaître les sources de
la documentation ou d'aller plus avant dans l'étude
d'un sujet. Enfin, un index et un glossaire éclairent les
termes techniques et facilitent la lecture.
Une
encyclopédie des Polynésiens : un ouvrage de
conception représente un outil de travail pourles
enseignants, une source de références pour les élèves
et les étudiants, un moyen d'information pour tout
esprit curieux. Il permet à tous ceux qui sont nés ou qui
vivent en Polynésie de la mieux connaître et, pour tous
ceux de l'extérieur, de découvrir une image différente
de celle des cartes postales.
Mais, les dimensions de l'Encyclopédie de la Polynésie
dépassent ces aspects pratiques. Comme tout pays en
plein essor, la Polynésie française est confrontée à ce
défi que constitue l'insertion de sa croissance démo¬
graphique et économique dans le cadre géographique
et politique qui est le sien. Des 9 volumes de cet
ouvrage se dégagent l'historique et le bilan des
ressources dont dispose ce pays. En conséquence
directe, ils mettent l'accent sur ses richesses poten¬
tielles, mais aussi sur la fragilité des équilibres naturel
et humain dont chaque Polynésien est le garant.
cette
En couverture
detail du parement du marae
Arahurahu (cl. J.-L. Saquet).
Fare tupapa’u dans lequel est exposé Vehiatua II, ari’i
rahi des Teva de la Mer (gravure d'après un dessin de
J. Webber réalisé en 1776).
ENCYLOPÉDIE DE LA POLYNÉSIE
produite par Christian Gleizal
© 1986 C. Gleizal/Multipress pour la première édition
édition © 1990 C. Gleizal/Éditions de L’Alizé
Editée et
Tous droits réservés. Il est interdit de reproduire, d'utiliser dans une banque de
données ou de retransmettre par quelque moyen que ce soit cet ouvrage,
partiellement
ou
totalement,
sans
l'autorisation préalable écrite des éditeurs.
ENCYCLOPEDIE
DE
LA POLYNESIE
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ENCYCLOPEDIE DE LA POLYNESIE
à la recherche
des anciens Polynésiens
quatrième volume de l’Encyclopédie de la Polynésie
Ce
José
a
été réalisé
sous
la direction de
Garanger,
Docteur d’Etat ès lettres et Sciences humaines, Professeur à l’Université de Paris
Directeur du Laboratoire d’Ethnologie Préhistorique {C.N.R.S., L.A. 275)
I,
; Marie-Noëlle de Bergh, Maître és lettres et D.E.A. d’Archéologie,
Maître ès lettres et D.E.A. d’Archéologie, Ingénieur au C.N.R.S. (L.A. 275),
Éric Conte, Maître ès lettres et D.E.A, d’Archéologie, L.A. 275 du C.N.R.S. et Département d’Archéoiogie
du Centre Polynésien de Sciences Humaines
Bertrand Gérard, Docteur en Archéoiogie, Chargé de recherche à l’O.R.S.T.O.M.,
Maeva Navarro, Maître en Archéologie, Directrice du Département d’Archéoiogie du Centre Polynésien de Sciences Humaines,
Catherine Orliac, Docteur en Archéologie, Chargée de recherche au C.N.R.S. (L.A. 275),
Michei Oriiac, Diplômé du C.R.P.P. (Sorbonne), Technicien supérieur au C.N.R.S. (L.A. 275),
Pierre Ottinb, Docteur en Archéologie, Chargé de recherche à l’O.R.S.T.O.M., Claude Robineau, Docteur d’Etat ès lettres
et Sciences humaines. Directeur de recherche à i’O.R.S.T.O.M.,
et la coopération des organismes suivants : Centre National de la Recherche Scientifique,
Département d’Archéoiogie du Centre Polynésien de Sciences Humaines,
Laboratoire d’Ethnologie Préhistorique (C.N.R.S., L.A. 275), Laboratoire de Préhistoire de l’Université de Paris I,
Musée de Tahiti et des Iles, O.R.S.T.O.M. (Institut français de recherche scientifique pour le développément en coopération).
Université de Paris I, Panthéon-Sorbonne (Unité de Recherche et d’Enseignement d’Histoire de l’Art et Archéologie).
avec
la collaboration de
Jean-Michel Chazine,
,
Conception et production : Christian Gieizai
Maquette et coordination de la réalisation technique : Jean-Louis Saquet
Assistante de production : Catherine Krief
Illustrations : Catherine Visse et Jean-Louis Saquet
Cartographie : Jean-Louis Saquet
Christian, E. Conte, J. Garanger, C. Hautbois, T. Heyerdahl,
M. Orliac, P. Ottino, C. Pinson, H. Piisson, C. Rives-Cedr/,
Robineau, J.-L. Saquet, A.M. Semah, Y.H. Sinoto, D. Stordeur, G. Twigg-Smith, B, Vannier, A. Vitalis-Brun.
Photographies : B. Bird, P. Boisserand, J.-C. Bosmel, J.-M. Chazine, E,
J. HInes, B. Juillerat, M. Krüger, P. Lab'oute, A. Lavondès, C. Lorme,
Cl.
photographies autres que celles confiées par leurs auteurs ou leurs agences sont publiées avec l’autorisation
des sociétés ou organismes suivants :
Auckland War Memorial Muséum, Nouvelle-Zélande ; Bernice Pauahi Bishop Muséum, Hawaii ; British Muséum,
Grande-Bretagne ; Canterbury Muséum, Nouvelle-Zélande ; Centre Technique Forestier Tropical, France ; Mitchell Library,
State Library of New South Wales, Australie ; Musée Gauguin, Tahiti ; Musée de l’Homme, France ;
Musée de la Marine, France ; Musée communal de Vaipaee, îles Marquises ; Musées Royaux d’Art et d’Histoire, Belgique ;
Otago Muséum, Nouvelle-Zélande ; Service Historique de la Marine, France.
Les
Notre travail de documentation et d’illustration a été considérablement facilité par l’aide que nous
au B.P. Bishop Muséum : Y.H. Sinoto, chairman, Dept. of Anthropology, Cynthia Timberlake,
à la State
: Jennifer Broomhead, Mitchell
Musée de la Marine : Marjolaine Mourot ;
Musée de l’Homme : Muguette Dumont ;
Musées Royapx d’Art et d’Histoire : Francina Froment.
Library of New South Wales
au
librarian
au
aux
Les collections du Musée de Tahiti et des Iles nous ont été rendues accessibles grâce à
Manouche Lehartel, directrice ; Véronique Mu Liepman, conservateur et
assistant conservateur chargé des collections.
librarian.
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la patiente icollabqrqti )n de
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Hiro Ouwejn,;
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CHRISTIAN GLEIZAL/LES EDITIONS DE L’ALIZE
ont apportée :
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1
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“Marae Point” à Pare
(ou Arue, Tahiti), peint
1792 par G. Tobin.
Les relations de voyage
et la tradition orale nous
en
permettent de
comprendre
l'importance sociale et
religieuse des marae,
mais il existe peu
d’illustrations les
représentant.
Les aquarelles de
George Tobin, troisième
lieutenant du
Providence lors du
deuxième voyage du
capitaine Bligh, en 1792,
donnent à la fois les
détails de leur
architecture et leur
localisation.
Avant-propos
son évolution et la rapide conquête des espaces terrestres sont propres à l’espèce humaine. En trois millions d’années,
premiers ancêtres de l’homme actuel, les Australanthropes, créateurs des premiers outils, se diversifient lentement et finissent
par déborder leur berceau africain, donnant naissance aux premiers Archanthropiens (les Pithécanthropes de Java ou Homo erectiis),
qui coloniseront non seulement l’Afrique et l’Asie, mais également l’Europe, et ceci en 800 000 ans, au cours desquels ils perfectionnent leur
outillage et découvrent les moyens de produire le feu. Les quelque 50 000 ans qui suivent sont le domaine des Paléanthropiens dont
la capacité crânienne voisine celle de l’homme actuel, tout en étant moins développée dans la région frontale, siège de la conscience
et de l’affectivité. Leur industrie lithique marque pourtant un immense progrès et ils se préoccupent de l’avenir de leurs morts.
Puis apparaissent, il y a 50 000 ou 60 000 ans, les Néanthropiens dont nous faisons partie et que nous appelons,
peut-être abusivement, VHomo sapiens sapiens. Les progrès techniques sont remarquables comme le sont aussi les témoins d’une pensée
religieuse et artistique. L’homme dépasse alors rapidement ses anciennes frontières, colonisant l’Australie vers - 50 000 ans,
puis le nord de l’Amérique.
Archanthropiens, Paléanthropiens et Néanthropiens ont vécu des bouleversements climatiques importants auxquels ils ont su s’adapter et qui,
peut-être, les ont contraints à progresser. Le dernier réchauffement du globe, il y a une douzaine de milliers d’années,
ouvre une nouvelle période dans l’histoire de l’humanité : celle de la maîtrise du monde animal et végétal. Cette néolithisation est très
différente dans ses processus d’une région à une autre du globe, mais presque partout contemporaine, à deux ou trois millénaires près.
D’autres révolutions techniques suivront et notamment la métallurgie, inconnue des Océaniens..Cependant, l’aventure maritime
de ces derniers est sans égale dans la préhistoire de l’humanité. Nul avant eux ne semble avoir osé, en effet, quitter de vue le monde terrestre et
s’aventurer sur l’immensité des océans, hormis dans les mers de l’Asie orientale - mais c’est là qu’ont vécu leurs ancêtres.
Les premiers Européens qui .explorèrent le “Grand Océan” à la recherche du .supposé “Continent Austral”,
furent bien étonnés d’y rencontrer des insulaires à ce point isolés de toute te'rre continentale. Les hypothèses allèrent bon train !
Les plus audacieux imaginèrent même qu’il s’agissait d’une race humaine particulière née, sur un continent abîmé sous les flots, d’un second
couple d’Adam et Eve et oubliée par les anciens rédacteurs de la Bible. S’agissant de la Polynésie, l’attrait du merveilleux
n’a guère cessé, depuis, de hanter l’esprit des Occidentaux, et les Océaniens (s’ils n’étaient raisonnables)
pourraient se flatter d’avoir suscité, en deux siècles, plus de productions littéraires que tout autre peuple du monde... D’aucuns parlent encore
même d’extra-terrestres ou plus simplement de “race pure”, notion
^ussi dangereuse que non scientifique : il n’y a plus de
races pures, sur terre, depuis des dizaines de millénaires, si tant espqu’il en existât jamais.
On fit d’abord appel aux traditions orales pour tenter d’éclairer
sérieusement le passé des Polynésiens, niais en un temps
où elles disparaissaient déjà dans les ombres de l’oubli, n’ayant
plus de fonction pour le maintien de structures sociales déjà brisées par
l’incursion des Européens. Reconstituer le passé, avec ses lambéaux de souvenirs, était bien hasardeux. Une trop grande
.confiance dans les résultats ainsi escomptés et l’idée généralement partagée que l’arrivée des hommes,
î’^dans les îles du Pacifique, ne datait que de trois ou quatre siales, expliquent peut-être qu’on en vint si tardivement à pratiquer des fouilles
l^archéologiques pour tenter de reconstituer ce passé. L’archémogie océanienne n’a en effet débuté, avec ses moyens modernes
d’investigation, qu’après la Seconde Guerre mondiale. Beaucoup reste donc à faire, mais il apparaît déjà que le passé
L’accélération de
les
^fus
des
^éaniens est beaucoup plus ancien et complexe qu’on né l’imaginait naguère, donc immensément plus riche. Le danger serait maintenant
.«d^l^tir hâtivement, à partir des premiers résultats ainsi aéquis, des hypothèses qui, pour,séduisantes
fqB^^^ussent, conduiraient à masquer, et pour longtemps, des réalités qui restent à découvrir. Nous n’en formulerons donc pas de
f.d^grSws dans cette “Recherche des anciens Polynésien/’. Nous essaierons seulement d’exposer l’état des connaissances
en
ce qui est possible,
de cette courte page de la longue
indiquant clairement
^^effli^iversité
prcpable
ou
certain, en essayant aussi de dégager tout ce qui fait l’unité
est à nulle autre pareille.
histoire/de l’humanité, mais qui
Àofife^qvoir rappelé les techniques actuelles de l’archéo/ogie et ses applications en Océanie,
FqSci^exposerons “l’état de la question” de l’origine de» Océaniens et du peuplement du Pacifique occidental,
âSj^celui de la Polynésie orientale, ordre à la fois géographique et chronologique. L’essentiel de ce volume sera consacré
^^a préhistoire, lointaine et'récente, de la Polynésie tfançaise.
José GARANGER
i
/
Sommaire 1
2
L’archéologie polynésienne
9
La
12
La
14
La
16
Le laboratoire
20
Dater le
passé polynésien
Interprétation et synthèse des données de fouille
22
Les ancêtres lointains
28
30
32
34
36
La culture océanienne ancestrale
38
Le
peuplement de la Polynésie orientale
Les
44
L’évolution des cultures
46
Un isolement relatif
48
Les îles Hawaii
50
La Nouvelle-Zélande
54
L’île de
Pâques
marae
60
62
Cérémonies
64
Marae et
66
Marae et
68
Marae,
70
Marae et société
Cl. Rohiiu-au
au marae
politique
généalogies et
CL Rohincau
Ci Rohiimm
terres
Ci. RÜISINEAC.
de l’archéologie sont
souvent confrontées à
celles fournies par une
tradition orale encore
vivace. C’est le cas de
Tepoto où la fouille du
Te Tahata par
E. Conte en 1984 a livré,
outre des vestiges
d’anciennes cérémonies
de consommation
rituelle de tortues
marae
Les
76
Dans la
78
Le
marae
Marae Ta’ata
80
Le
marae
Atahuru
La vallée de la
mythe de Havai’i
Le
92
Raiatea et Tahaa
CL Rohincau
94
Taputapuatea, centre religieux
Ci. Rohincau
politique
vestiges archéologiques
96
Bora Bora, centre
98
Bora Bora et
ses
Maupiti
Ci. Rohincau
petits
Page suivante
:
Marquises, la
plupart des structures
Aux Iles
de surface ont été
détruites par letempsou
les hommes. Les
illustrations de
M. Radiguet, réalisées
en 1840-1841 alors qu’il
accompagnait
l'expédition d’A.
Dupetit-Thouars, ont
sauvé de l’oubli
certaines d’entre elles.
Sur ce dessin, un
personnage semble
garder un me'ae dans la
forêt.
J. Garanger
E. Conic
M. Navarro
Marquises
Les îles
/'. O'ITINO
Les paepae
Me'ae et luhiia
112
114
8
Ci. Rohincau
Huahine
102
La société marquisienne
L’organisation de l’espace dans
mammifères.
Ci. Rohincau
89
108
des restes de
a
a. robineau. ./. garanger. e. conte, m. navarro
110
ou
Garanucr
M. Orliac
B. Gerant
Les îles Sous-le-Vent
étaient inhumés avec
des outils (grattoirs en
herminettes)
Garanaer
J.
J.-M. Chazinc
Alareaitu
86
J.
J. Garan,vcr cl CL Rohincau
(ossements, fours...),
sépultures d’adultes
nacre,
J. Gaianxcr
terre Putoa
Les données de l’ethnohistoire
33
J. Garangcr
Papeno’o
105
et d’enfants. Certains
GA RANG ER. J.-M. CHAZINE. M. O RE!AC
’Opunohu
100
7
GÉRARD. ./.
li.
vestiges du passé
presqu’île de Tautira
73
84
.6
CL Rohineuu
CL Rohincau
...
L’abri-sous-roche de la
Tuamotu, les données
/. Gauntger
ci. Ruhiimiu
parenté
Tahiti et Moorea
82
Dans certains atolls des
a. roiunlau. j. garanglr
Archéologie
Les esprits et les dieux
57
5
/. garanger
premier peuplement
Le
41
4
/. GARANOhR
L’origine asiatique
Les Polynésiens en Micronésie
L’archéologie et le Pacifique
La poterie océanienne
Le lapilli et les Polynésiens
Le peuplement du Pacifique sud-occidental
25
3
c.cim.oki.iac
prospection et la détection des sites archéologiques
reconstitution des paysages anciens
fouille archéologique
116
Premières recherches
118
Le site de Hane à Ua Huka
une
Cl
M.-N. tic BERGII
vallée
archéologiques
:
Nuku Hiva
Tuamotu, Gambier et Australes
J.-M. CHA/.INE. E. CONTE. M. NAVARRO
121
Les atolls des Tuamotu
J.-M. Chazinc
124
Techniques agricoles
/.-/17. Chazinc
126
Environnement
128
Les trois territoires de
130
Les
132
Les îles Gambier
134
Les îles Australes
137
Glossaire
Index
139
140
marae
.
écologique et subsistance
pêche
des Tuamotu
E. Corne
E. Corne
L-M. chazinc
J.-M. Chazinc
M. Navarro
.'
Bibliographie
7
.
1
L’archéologie polynésienne
Au-delà
desestécrits
et de la tradition
orale, voire
de la mythologie,
la reconstitution
passé
le domaine
de l’archéologie.
C’est
science exigeante.
Son but,
du
une
effet, n’est pas seulement de répondre à des interrogations sur le lieu d'origine de
population, ou sur les étapes de ses migrations successives, ou encore sur la date
du premier peuplement de tel ou tel territoire. Elle vise à restituer la vie des hommes
dans sa plus grande intégralité, qu’il s’agisse de leurs activités quotidiennes les plus
ordinaires ou de leurs comportements sociaux et religieux les plus complexes. Pour
en
telle
atteindre au mieux ces objectifs, l’archéologue ne dispose que de rares vestiges
matériels qui peuvent être signifiants s’ils ne sont pas dépouillés de leur contexte,
c’est-à-dire isolés les uns des autres. Les techniques de fouilles et de laboratoire ont
fait, à ce point de vue, des progrès considérables au cours des dernières décennies.
L’archéologue isolé dans son univers intérieur et qui ne creusait le sol que pour en
extirper quelques objets rares ou insolites, est d’une espèce heureusement disparue.
Aujourd’hui la fouille n’est plus seulement verticale ; cette pratique est naturellement
toujours indispensable pour préciser la stratigraphie profonde d’un site, mais elle est
réduite au strict nécessaire. La fouille proprement dite se développe horizontalement,
en suivant la surface des anciens sols d’occupation... Les sciences les plus diverses
concourent ensuite à l’exploitation des documents ainsi mis au jour.
La prospection
et la détection
des sites
archéologiques
Les matériaux à partir desquels il est
possible de reconstruire le passé des hommes
ne sont pas encore tous rangés dans les musées
et
les bibliothèques,
particulièrement en
Polynésie où la recherche archéologique est
récente. Ces matériaux sont
encore
là où le
temps les a enfouis, là où vivaient les hommes,
là où ils honoraient leurs dieux. A l’archéo¬
logue de les découvrir ! La recherche des lieux
passé parle encore peut bénéficier des
où le
informations
découvertes
de
la
tradition
fortuites,
mais
orale,
elle ne
des
sera
complète qu’à la suite de l’exploration systé¬
matique d’un territoire, hectare par hectare.
Cette exploration est appelée prospection. Un
simple calcul permet d’évaluer à plus d’une
dizaine de milliers le nombre d’édifices
construits par la génération qui accueillit les
Européens à Tahiti. Même si la majorité de ces
a disparu sans laisser de trace, cette
estimation laisse présager la richesse poten¬
tielle des terroirs habitables en Polynésie. Elle
permet également de s’apercevoir à quel point
il serait vain, faute de temps, de moyens et de
personnel, de rechercher tous les sites archéo¬
logiques. L’archéologue est nécessairement
conduit à faire des choix ; aussi le type de
prospection serâ-t-il envisagé en fonction
d’objectifs bien définis.
édifices
La
prospection en milieu
tropical est rendue
densitéde
qui limite
champ visuel à
quelques mètres. Le
difficile par la
la végétation,
le
tapis d’humus masque
les structures basses,
dont n’émergent que les
murets ou le sommet des
pierres dressées. Les
•
pavages d’habitation
sont le plus souvent
repérés en sondant la
litière végétale au
moyen du sabre
d’abattis.
9
A LA RECHERCHE DES
ANCIENS
POLYNÉSIENS
extensive et pourra
un archipel pour la
recherche de gisements à haut potentiel
d’informations, c’est-à-dire susceptibles de
fournir des renseignements d’ordre chrono¬
logique, ou de livrer des vestiges dont la
conservation est exceptionnelle : abris-sousroche et dune à stratigraphie complexe, sites
où les objets en bois sont conservés en milieu
anaérobie (marais, tarodières, etc.).
La prospection sera très intensive et
systématique si le but de l’étude est de
comprendre l’organisation de l’habitat à
La
couvrir
prospection
une
sera
île entière ou
l’intérieur d’un territoire de dimension limitée
portion de vallée, atoll) ou encore
s’agit d’inventorier les gisements compris
(vallée
s’il
ou
dans
une zone
des
travaux
industriels.
menacée d’urbanisation, ou par
d’aménagements agricoles
Cet
inventaire
autorités
de
permettra
ou
aux
compétentes de prendre les mesures
protection qui s’imposent (modification du
tracé d’une route, limitation de l’extension
d’un lotissement) et de programmer d’éven¬
tuelles fouilles de sauvetage.
faut rappeler que les fouilles
A ce propos il
archéologiques
sont
strictement réglementées. Toute
découverte fortuite de gisement ou de vestige
doit être signalée et aucune fouille ne peut être
entreprise sans qu’une demande en ait été faite
au
responsable du Département d’Archéologie du Centre Polynésien des Sciences
Humaines.
La
monument ou
destruction volontaire d’un
d’un site est
Les méthodes de
Le chercheur
a recours
punie
par
la loi.
prospection
à différentes méthodes
déceler les sites archéologiques. Les
premiers indices peuvent être fournis par le
simple examen d’une carte topographique au
1 /20 OOOème ou au 1/5 OOOème, l’organisation
naturelle de l’espace s’y dessine avec ses voies
de circulation (passes, cols, défilés), ses points
pour
stratégiques (confluents, promontoires), ses
terrasses ou replats propices à l’installation
des hommes. Pour les époques récentes, le
découpage politique est connu par l’étude du
cadastre et des premiers registres de revendi¬
cation des terres (qui indiquent parfois
l’existence de structures cultuelles), de la
toponymie (c’est-à-dire des noms de lieux) et
des
traditions
lors
recueillies
orales.
de
ce
Les
informations
travail d’approche
renseignent sur quelques emplacements
susceptibles de livrer des témoins du passé.
L’essentiel de la prospection se fera pourtant
sur
le terrain
en
examinant la surface du sol
(repérage des sites les plus récents) et les
coupes de terrain (détection de gisements plus
anciens).
La prospection de surface. Sur le littoral, les
sites archéologiques sont difficiles à déceler,
en raison de la forte densité du peuplement
actuel. De plus, les engins mécaniques ont
La prospection aérienne
tire parti des différences
d’humidité qui se
manifestent à
l'empiacement des
structures enfouies ou
des micro-reliefs qui
accompagnent ces
structures et qui sont
révélées par la lumière
rasante. En Polynésie, la
densité du couvert
végétal ne permet pas,
en général, ce type de
prospection.
Cependant, des prises
de
vue
aériennes du
lagon permettent de
déceler des structures
archéologiques, tels,
ici à Rangiroa, ces
pièges à poissons.
La prospection
géophysique. La
présence de structures
d'habitat enfouies peut
être révélée par le
contraste des propriétés
physiques entre les
vestiges et les sédiments
qui les enrobent. Ces
anomalies sont mises en
évidence par la mesure
des différences de
résistance du sol au
passage d’un courant
électrique (prospection
par résistivité) ou par
des discontinuités du
champ magnétique
(prospection
magnétique). Ces
méthodes pourraient
être employées en
Polynésie.
10
L’ARCHÉOLOGIE POLYNÉSIENNE
souvent
remanié
le
structures encore en
sol et disloqué les
place. Les matériaux de
construction des anciens monuments peuvent
été réemployés dans des édifices
avoir
modernes. A l’intérieur des vallées, la pros¬
pection se heurte à un obstacle majeur : la
densité de la végétation tropicale. Celle-ci
envahit et dissimule les monuments, même les
plus considérables (exception faite des gigan¬
tesques structures marquisiennes, bien sûr).
Elle entrave la marche et nécessite
débrous-
un
important. L’absence de voies
d’accès, la fréquence et l’abondance des préci¬
pitations s’ajoutent à ces difficultés et c’est au
saillement
prix d’une grande dépense d’énergie que les
structures sont repérées puis dégagées et
relevées. Ces raisons expliquent la rareté des
prospections systématiques à l’intérieur des
îles hautes. La prospection de surface permet
la
découverte
d’espaces enclos de murs
auxquels sont associées des plates-formes et
La
pierres dressées (les marae), de terrasses de
culture, de pavages d’habitations, d’enclos et
de murets (aménagements de rives, limites de
des
propriétés, bordures de sentiers).
La prospection des coupes de terrains.
L’examen de la surface du sol décèle des sites
archéologiques relativement récents. Pour
dans le temps, il faut nécessairement
dans
le
sol.
Les
difficultés
inhérentes à la prospection de surface ne
remonter
s’enfoncer
permettent pas d’y ajouter celles d’une explo¬
ration systématique du sous-sol. Aussi faut-il
tirer parti des coupes naturelles de terrain
(berges de rivières et de ravins) et de celles qui
apparaissent lors de travaux divers (fondation
d’édifice, tracé de route). Les sites enfouis se
signalent par des structures de pierres comme en surface -, des trous de
poteaux, des
fosses ou des fours, des objets ouvrés en pierre
ou en coquille (et leurs déchets de
fabrication),
des vestiges alimentaires et, le plus souvent.
la présence de charbons.
Quelle que soit la qualité de la
prospection, elle n’offre qu’une image
incomplète de la réalité. La probabilité
d’apparition d’une structure dac.s une coupe
de terrain est faible. Quant aux prospections
de surface, elles privilégient les structures
construites en élévation, tels les marae, au
par
détriment
telles les
de
structures
habitations, qui
moins apparentes,
ne se
signalent, dans
le meilleur des cas, que p'ar une bordure de
pierres et/ou un pavage que quelques centi¬
mètres de terre suffisent à dissimuler. Par
ailleurs, la littérature ethnohistorique prouve
qu’il existait aussi des maisons sans pavage ni
bordure. Enfin, la prospection de surface offre
une
vision de
structures
l’espace où se juxtaposent des
d’âges différents. Seule la fouille
peut établir leur chronologie et compléter
l’image réductrice
la surface du sol.
que
donne l’exploration de
prospection des
coupes de terrain. Les
sols d’habitat se
signalent parfois dans
les coupes naturelles
par une concentration
de charbons de bois,
enfouis ici sous 3 mètres
de dépôts dans le cône
de déjection d'un
torrent.
en
médaillon
:
Un détail de cette photo
montre un four dont le
fond apparaît sous
forme d'une épaisse
couche de cendre
blanche couverte de
gros
charbons.
-3:o.
11
A LA RECHERCHE
DES ANCIENS
POLYNÉSIENS
La reconstitution
des paysages anciens
Vue à l’échelle des temps géologiques, en
diza-’”.. de millions d’années, la surface de
planète est en constant mouvement ; les
continents se déplacent, des montagnes se
forment puis sont gommées par l’érosion, des
îles surgissent puis sombrent dans les mers qui
notre
les ont
vues
naître. Les trois millions d’années
que'couvre la préhistoire de l’Ancien Monde
ne représentent qu’un instant de cette
longue
évolution. Cette courte période au cours de
laquelle l’homme se dresse sur ses membres
postérieurs puis fait de petits bonds sur la
Lune est le cadre de multiples oscillations
climatiques majeures, accompagnées de
glaciations et de baisses de plus de 100 mètres
moyen
de multiples sondages, effectués
creusant
(1 m-),
ou
en
des excavations de surface limitée
à l’aide d’une tarière, instrument qui
permet de forer le sol afin d’en remonter les
sédiments profonds. Le nombre de sondages
nécessaires à
une
“bonne lecture” du sous-sol
dépend évidemment de la complexité des
dépôts, qui n’apparaît qu’au moment de cette
prospection ; il est souvent nécessaire d’ouvrir
un sondage tous les dix mètres. Ces travaux
permettent d’établir la stratigraphie des
dépôts, c’est-à-dire la description de la nature
et de l’épaisseur des couches ou strates et de
l’ordre de leur succession. Le résultat de ces
observations est exprimé par des coupes ou
des profils stratigraphlques, parfois réunis
sous '
forme
de
blocs-diagrammes qui
en
image dans l’espace. Lorsque les
possible de
surface de
chaque couche sous forme de cartes en
donnent
une
données sont nombreuses, il est
restituer la morphologie de la
courbes de niveau.
La nature des sédiments renseigne sur le
mode de mise en place des dépôts, c’est
pourquoi
un
échantillon de chaque coucheest
soumis à un sédimentologue qui en analyse les
matériaux : dimension et forme des grains,
constituants chimiques, etc. Ces études déter¬
minent si un dépôt résulte de la seule action de
(éboulements, éboulis), ou s’il
par l’eau (mer, rivière,
ruissellement sur les pentes), par le vent
(dunes), etc. Elles renseignent également sur
les
interruptions de sédimentation qui
la
gravité
provient d’un transport
du niveau des océans.
Les deux millénaires du
passé polynésien
quelques secondes de la vie de la
Terre et quelques heures de l’histoire de
l’homme ; le climat a cependant été marqué
dans les deux hémisphères par des variations
de
faible amplitude :
une
phase très
légèrement plus chaude que l’actuelle entre le
IX'-' et le XVL' siècle suivie d’une phase très
légèrement plus froide entre le XVL et le
XIX'. 11 est encore prématuré d’évaluer tous
ne sont
que
les effets de
ces
variations
en
Polynésie.
L’évolution des paysages
et les hommes
Les hommes n’ont pas toujours conscience de
transformations lentes. Des soubresauts
ces
de la nature bouleversent,
parfois dramati¬
quement, leur cadre de vie (éruptions volcani¬
ques, tremblements de terre, raz de marée, cy¬
clones) et laissent des traces dans leur mémoire
ou
dans
leurs
écrits.
Les
transformations
lentes, plus rarement perçues, peuvent être
fixées
par
les cartes (déplacements du
lit mineur des rivières, par exemple). Les îles
hautes, au relief Jeune et accidenté, sont
soumises à une érosion intense ; celle-ci
mobilise une grande masse de sédiments, qui
plus ou moins longtemps au pied
des versants avant d’être évacuée dans l’océan
s’accumule
par
les rivières. Le constant travail d’érosion
être accéléré
de sédimentation peut
brutalement par un surcroît de
et
et
ruissellement,
de
précipitations
notamment
lors
des
cyclones, qui provoquent par ailleurs des
éboulements et des glissements de terrain.
L’ensemble de ces phénomènes modifie donc
constamment l’aspect du paysage, ajoutant ou
enlevant des dépôts là où l’homme s’est
installé,
détruisant.
recouvrant
ses
traces
ou
les
L’exploration de la stratigraphie
Le
premier travail de l’archéologue consiste
donc
à
reconstituer
l’évolution
de
la
morphologie du territoire que les hommes ont
occupé. C’est le domaine de la géologie. La
géologie des terrains superficiels est très
complexe, les couches étant peu épais.ses et
souvent
peu
étendues. Ces difficultés
conduisent à explorer le sous-sol Jusqu’aux
couches antérieures à la présence humaine au
12
Les variations
recueillies par F. Mayr
climatiques récentes.
La juxtaposition de la
et E. Le
partir des données
A. Wilson
courbe construite à
Relevé de coupe. Dans
un but muséographique,
il est parfois utile et peu
onéreux de compléter le
relevé graphique et
Roy Ladurie
dans les Aipes et de celle
établie par P. Wardie et
en
photographique des
coupes de terrain en
effectuant leur
empreinte au
caoutchouc.
latex de
L'empreinte (ici en cours
de séchage) conserve la
couleur et la texture
des couches par
arrachement d’une
mince pellicule de
sédiment.
Nouvelle-
Zélande montre le
synchronisme
planétaire des variations
climatiques des trois
derniers millénaires.
Sols entouls. Dans cette
coupe, mise au jour lors
de l'élargissement d'une
route, la bande plus
sombre visible au milieu
du cliché est un sol, au
sens où les pédologues
l'entendent. Il
correspond à une
longue interruption de
sédimentation qui a
permis le
développement de la
végétation. Deux autres
sols moins épais sont
également visibles vers
le bas de la coupe.
L'ARCHÉOLOGIE POLYNÉSIENNE
s’accompagnent de la formation de sols
(altération superficielle d’une roche par des
processus physico-chimiques dont les princi¬
paux
agents sont les variations de
température, les êtres vivants et la circulation
de l’eau). En général, l’homme ne s’installe pas
là où la sédimentation
est
très active. Si elle est
lente, ou inexistante, les étapes de
l’occupation d’un site se juxtaposent, s’enche¬
trop
vêtrent sans se superposer. L’établissement
d’une chronologie n’est alors possible qu’en
étudiant la position relative des structures et
des vestiges, enregistrée par une topographie
très précise.
lï'VVT*
i?*
r*
■v-v?
-S».-!-'
.c:
indispensable de lever la topographie des
archéologiques afin de localiser les
édifices et les lieux des diverses activités par
rapport au relief ; cela permet de déterminer
les choix éventuels de l’emplacement des
implantations humaines et de rendre compte
de l’importance des travaux d’excavation et de
terrassement. L’échelle des cartes publiées,
même
les
plus précises (1/20 OOOème,
1/5 OOOème) est insuffisante pour donner une
image exacte du terrain relativement restreint
qu’occupent les structures d’habitat. L’ar¬
chéologue doit donc se substituer au
topographe pour tracer des cartes à grande
échelle (du
1/lOOème au l/500ème),
fidèle est celle restituée en courbes de niveau.
Elle seule peut illustrer, dans ses détails, la
morphologie d’une terrasse de culture ou d’un
à plates-formes étagées par exemple.
L’exécution du nivellement, souvent effectuée
à l’aide d’un matériel simple et peu coûteux
(niveau de chantier, décamètre et mire
graduée) est relativement rapide quand la
végétation n’est pas trop dense. Une image du
modelé
du
sol, partielle mais souvent
suffisante, est obtenue par l’établissement de
profils, dont le relevé nécessite un petit
marae
nombre de
mesures.
profil est le dessin des
•
'
»
Il est
sols
auxquelles viendront s’ajouter des plans de
fouille (du l/20ème au l/5ème), où seront
enregistrés les structures discrètes et les
vestiges ténus. L’image altimétrique la plus
Profil d’un marae. Le
'%
5r.Mr
«
coupe B
Morphologie du territoire habité
A’-*
différences d'altitudes
•
ïâs?
•
l«S
■
rfeÏ
* -*• M*fî!
permet d'en donner
L-
<
1
que présente la surface
d'une couche, d’un sol
ou d'un monument,
relevé suivant l’axe qui
Coupe A
,Nlle-CALÉDONIE
ap.
410 ap.
V
TASMANIE
Nlle-2ÉLANDE
J.-C
MANGAREVA
J.-C.
Migrations vers l'Asie
V/
Principales migrations en Polynésie
et chronologie
Principaux centres de dispersion
en rose :
Premières migrations dans
{
)
le Pacifique occidental
25
A LA RECHERCHE DES ANCIENS
POLYNÉSIENS
langues papoues sont plus récentes en
Mélanésie, et parlées par des populations
également venues d’Asie orientale et qui
s’infiltrèrent en Nouvelle-Guinée vers la fin
des temps glaciaires, c’est-à-dire entre 13000 et
8000 ans avant notre ère. Le troisième groupe
appartient à l’austronésien qui comprend
quelque huit cents langues parlées depuis
l’Asie orientale jusqu’à Madagascar à l’ouest
et
nie de Pâques à l’est. Les linguistes
s’accordent pour situer l’origine de l’austro¬
nésien à Taïwan et
sur
moins. Ils
la côte sud de la Chine
pris naissance il y a 7 000 ans au
ont également évalué les étapes de
où il aurait
lente différenciation à travers le temps et
sa
l’espace et précisé, ainsi, des schémas de
migrations transocéaniques très comparables
ceux élaborés à partir des travaux archéolo¬
giques les plus récents.
à
L’anthropologie physique
1000
av
problème était
lointaine des
asiatique. Les
arguments anthropologiques fondés sur les
caractères morphologiques sont peu à peu
tombés en désuétude. D’une part en effet, les
premières observations manquaient quelque
peu de rigueur. Elles furent à la fois trop peu
nombreuses
et
trop sélectives car on
choisissait le plus souvent les individus
présentant les caractères les plus typés, qu’il
s’agisse par exemple de la taille ou des indices
céphaliques. D’autre part, on sait aujourd’hui
que les caractères morphologiques apparents
n’ont pas la permanence qu’on leur supposait
jadis et qu’ils peuvent au contraire évoluer
rapidement en fonction de multiples facteurs
liés
archipels océaniens, elles-mêmes très variées,
ne sont pas celles que connurent les ancêtres,
Polynésiens avant leur arrivée dans le
Pacifique. 11 est donc impossible de préciser
leur lointaine origine en se fondant sur leur
apparence anatomique actuelle... et d’autant
plus que les métissages ont considérablement
augmenté depuis les deux siècles derniers. Les
caractères crâniens sont légèrement plus
stables que les autres. Les collections ostéologiques conservées dans plusieurs musées, et
datant pour la plupart de la findu XlX'-'siècle,
des
variations du milieu naturel, voire
aux
sociologique. Les conditions écologiques des
Essai de chronologie
des langues
L'aspect physique des Polynésiens fut aussi,
dès les premiers débats sur la question de leur
origine géographique, un argument à la fois
utilisé par les tenants de la thèse amérin¬
dienne et par ceux de la thèse asiatique.
PROTO-OCÉANIQUE
Certains objectèrent que le
insoluble puisque l’origine
Amérindiens était elle-même
polynésiennes par
l’étude statistique du
vocabulaire et de son
évolution
(lexicostatistique),
d’après Roger Green.
Au-dessous
:
simplifié de la
répartition des langues
Tableau
de la famille
ORIENTAL
austronésienne, d'après
Ross Clark. Le nom des
J.-C-
langues n'est indiqué
que pour
orientale
;
la Polynésie
ailleurs les
géographiques
regroupent très souvent
plusieurs langues.
noms
)00 apr.
J.-C."
PROTO-OCÉANIQUE
OCCIDENTAL
Taïwan
Philippines
Asie du Sud-Est
Noms des familles
I
1
OCCIDENTAL
Nlle-Guinée (non
et sous-familles
ORIENTAL
Micronésie
nucléaire
Sud-Vanuatu
Noms
-JL
"papoue")
Bismarck
Salomon
linguistiques
Principales langues
géographiques
n
PACIFIQUE CENTRAL
Nord et
centre-Vanuatu
Loyauté
Nlle-Calédonie
PROTO-FIDJIEN
PROTO-POLYNESIEN
I
PROTO-POLYNESIEN
r
PROTO-TONGIEN
y'x
Tonga
Niue
PROTO-POLYNÉSIEN NUCLÉAIRE
PROTO-POLYNESIEN ORIENTAL
PROTO-SAMOAN
/\
Polynésie extérieure
(ootliers)
Samoa
Ellice
I
1.
PROTO-M ARQUISlEN
it,( a d/-m
nofcM
mangarevien
26
tahitlen
hawaïen
australien il y a
PROTO-TAHITIEN
Wallis et Futuna
marquisien
L Asie orientale et l'ensemble
//Wn
15 000
ans.
Extension des terres due à la
PASCUAN
régression marine
Végétation tropicale sur ces terres émergées
vv
Végétation tropicale ancienne et peu altérée par les variations
climatiques du Quaternaire. L'homme y sélectionnera les plantes
qu'il cultivera par la suite.
LES
ont
fait récemment l’objet d’études
scientifiques (notamment par Howells et
Pietrusewsky). Les résultats ainsi obtenus
permettent de discerner des similitudes et des
différences entre tel ou tel groupe ethnique de
l’Océanie, mais non de préciser le pays
d’origine des Polynésiens. Résoudre un tel
problème pourrait être moins aléatoire en
étudiant les caractères sanguins et, en particu¬
Profils d’un chef “maori
les “gènes
premiers résultats obtenus n’ont
confirmer l’origine occidentale des
Pascuans. Elles ont cependant révélé quelques
similitudes sérologiques avec les Indiens
Dausset. Les
fait que
orientale avant l’arrivée
contemporains, le
droite). Comme
les Mélanésiens étaient
polynésien” (à
marqueurs”. De telles
études, très complexes, sont presque encore
inexistantes en Océanie. Elles furent entre¬
prises à l’île de Pâques par le Professeur Jean
:
d'appartenances
présents en Polynésie
beaucoup de ses
papua” ou “nègre papua”
(à gauche) et d’un chef
“maori
lier, les caractères hémotypologiques les plus
stables
naturaliste A. de
Quatrefages pensaitque
des Polynésiens. On sait
aujourd’hui qu’il n’en est
rien et que, par ailleurs,
ces problèmes
raciales sont des plus
complexes. Les critères
anthropologiques sont
ici la forme du nez et
l’aspect de la chevelure.
Ci-dessous :
L’homme et les plantes,
d'après J. Barrau. Les
plantes cultivées par les
Océaniens, sauf
probablement la patate
douce, sont originaires
de l'Asie du Sud-Est.
d’Amérique du Sud. Reste à savoir s’il s’agit
témoins d’un patrimoine génétique
commun, et bien antérieur au peuplement de
l’Océanie, ou de contacts entre Polynésiens et
Amérindiens. Les deux explications ne sont
pas exclusives l’une de l’autre.
des
Les
Polynésiens et l’Amérique
Les exploits nautiques des anciens Polyné¬
siens montrent qu’il leur était techniquement
possible d’atteindre les côtes de l’Amérique.
De l’outillage Ethique polynésien fut jadis
recueilli en quelques lieux du Chili mais sans
que l’on soit bien renseigné sur leur situation
stratigraphique et chronologique. Ce n’est pas
le cas des battoirs à tapa mis au jour par les
archéologues en Mésoamérique et au Pérou,
mais ils y sont datés de plus de 3000 ans avant
l’arrivée des Polynésiens dans le Pacifique
oriental. On a par contre relevé plusieurs simi¬
litudes dans les vocabulaires techniques
amérindiens et polynésiens. Quelques
traditions marquisiennes, rarotongiennes et
mangaréviennes, enfin, semblent bien
indiquer que des Polynésiens ont atteint
l’Amérique et en sont revenus. Cependant,
l’argument le plus convaincant reste celui de
l’introduction de la patate douce en Polynésie
orientale et avant l’arrivée des Européens.
C’est une plante d’origine américaine. Son
adoption par les Polynésiens (et non celle du
mais, par exemple) est des plus compréhen¬
sibles. 11 s’agit en effet d’une plante que l’on
reproduit par multiplication végétative. Or
c’était le seul mode de culture pratiqué par les
Océaniens qui n’ont jamais utilisé les moyens
de reproduction sexuée des végétaux, c’est-àdire leurs
i
ANCÊTRES LOINTAINS
graines.
p.li'î b.auv£KjeS
Wi'.Ifti.iic do I lUlUt; ,1 pciitt t
Distribution des bananiers sauvages
la section Australi-musa, parent
UÜI.T'
de r
possible de Musa troglodytarum (fe'i).
Zone où le bananier fe'i est cultivé
Limite orientale de la zone où croissent
les bananiers sauvages, parents du bananier
cultivé
:
Musa sapienlum (mei'a)
Zone où croissent les
Cyrtosperma sauvages,
apparentes au C. chamissonis ('ape veo ou teve)
Zone de cultuie du
Cyrtosperma chamissonis
Retour de chasse chez
Origine et distribution des principales plantes alimentaires cultivées par les Océaniens.
Dioscorea alata.
grande igname (ufi)
Dioscorea nummularia, \gname
Saccharum officinarum. canne à
sucre
Guinée.
Le porc (Sus scrofa)
semble avoir été très tôt
“apprivoisé” et introduit
par l'homme dans les
Highiands de
Papouasie-Nouvelle-
(pirita)
Colocasia esculenta (taro)
(to)
Origines probables de la patate douce
les Yafar de Nouvelle-
:
Ipomea batatas (umara)
Guinée. Le fait est
certain au Sème
millénaire avant notre
ère.
27
A LA RECHERCHE DES ANCIENS
POLYNÉSIENS
Les Polynésiens
en Micronésie
"The Vikings of the Sunrise" est un
célèbre ouvrage écrit par Sir Peter Buck en
1938. il y retraçait les migrations des Polyné¬
siens vers les îles du Pacifique en se fondant
principalement
traditions
sur un nombre important de
orales recueillies en Polynésie
orientale, et qui font tout l’intérêt de son livre.
Né de mère maorie, il aimait qu’on l’appelât
par son nom polynésien : Te Rangi Hiroa. Le
sentiment
de cette heureuse ascendance le
conduisit à célébrer avec enthousiasme et
poésie l’épopée de ses ancêtres. C’étaient des
“Europoides”, probablement venus du
continent indien et qui séjournèrent en
Indonésie où ils se métissèrent. La poussée de
“Mongoloïdes” les contraignit ensuite à
quitter les rivages asiatiques. Ils partirent
donc sur leurs grandes pirogues doubles “à la
conquête du soleil levant”. On se doit de noter
que l’auteur, ethnologue des plus compétents,
reste
très prudent quand il aborde ces
hypothèses sur la très lointaine origine des
Polynésiens. 11 se préoccupe davantage de
préciser les étapes de leur colonisation du
Pacifique. 11 se veut alors plus convaincant.
Selon lui, celle-ci a commencé d’abord par la
Micronésie : Yap, Palau, les Carolines qu’ils
devront quitter plus tard, devant la poussée de
nouveaux
immigrants. C’est ainsi qu’ils
découvriront peu à peu les archipels de la
Polynésie, et sans être passés par la Mélanésie.
Cette théorie se Justifierait par le fait, entre
autres, que les Polynésiens orientaux ne
conservent aucune trace d’un métissage avec
les “Négroïdes” mélanésiens. Un tel métissage,
évident dans le Pacifique sud-occidental,
serait récent, dû au retour, vers l’ouest, de
groupes issus de la Polynésie occidentale et
venus
s’installer
en
Mélanésie. On
a vu
uniquement formée d’atolls dont
au-dessus
de l’eau dépasse
rarement trois mètres. Les forages géolo¬
giques effectués dans les barrières récifales de
plusieurs îles du Pacifique ont permis de dater
notre ère, entreprirent la
archipels océaniens, n’ont
donc pas pu s’établir sur les atolls de la Micro¬
nésie alors submergés par la mer. Les îles
hautes sont, par contre, plus grandes et plus
orientale est
2000-1500
la
colonisation des
hauteur
les variations du niveau marin
au cours
du
Quaternaire. Ces variations furent la consé¬
quence de celles du climat et entraînèrent une
succession de submersions des atolls pendant
les périodes chaudes, et d’immersions pendant
périodes froides où la rétention de l’eau du
par les glaciers était à son maximum. La
dernière oscillation est négative et se traduit
par une baisse de trois mètres du niveau
les
globe
marin. Elle
ans.
a
commencé voici seulement 3000
Les ancêtres des
Polynésiens qui,
vers
nombreuses en Micronésie orientale.
datations
archéologiques (carbone
A
JAPON
HAWAII
MARIANNES
NES
PHILIPPINES
7 %•
MICRONÉSI
JÉSIE;,.
CAROLINES.
^
^
'/Marshall
/
T \
^
’î ^
PAQUES
Origine amérindienne des Polynésiens
selon Heyerdahl (1950,
Migrations des Polynésiens
selon Peter Buck (1938)
migrations et voyages aller et retour
TASMANIE
que ces
migrations dans
un
seul
sens
migration incertaine
une
supposé qu’il existait ici des descendants de
Mélanésiens. Ils auraient été les premiers
colonisateurs de ces îles ou, pour d’autres, ils y
furent introduits par des Polynésiens qui les
tenaient en esclavage. Cette hypothèse de
l’origine micronésienne du peuplement
polynésien fut néanmoins tentée à nouveau et
développée par l’anthropologue William
Howells
1973,
des arguments d’ordres
anthropologique, linguistique et archéolo¬
gique. Ceux-ci étaient fondés sur les résultats
obtenus dans les années soixante. D’autres
le
en
avec
furent
depuis, qui contredisent cette
hypothèse d’une voie micronésienne et non
mélanésienne.
migrations des
Polynésiens selon
P. Buck (1938) et
l’origine des
Polynésiens selon Thor
Heyerdahl (1950).
Les
La théorie amérindienne
n’est plus admise
aujourd'hui mais,
Les îles du Pacifique
lors de la dernière
transgression marine
qui prit fin il yaSOOOans.
Seules émergeaient les
îles hautes (en rouge) ;
les atolls (en bleu)
étaient alors
pratiquement
submergés.
Les îles sont
et orientaux
L’hypothèse d’un peuplement de la Polynésie
la voie micronésienne semble devoir être
écartée pour une autre raison. Mis à part, en
effet quelques rares îles hautes, la Micronésie
par
28
figurées
par des cercles de 30
milles marins de rayon,
ce
Micronésiens occidentaux
Des
14),
indiquent que le sud des Mariannes fut effecti¬
vement occupé dès lés débuts du XVIIL siècle
avant notre ère, et par des marins venus du
centre des Philippines. L’influence asiatique
n’a d’ailleurs pas cessé, ensuite, sur ces
archipels occidentaux. C’est ainsi qu’y furent
introduites des techniques telles que la
riziculture et le tissage, inconnues ailleurs en
Océanie. Les linguistes ont démontré, de leur
problèmes d’affinités raciales sont des plus
complexes et qu’ils restent irrésolus. Aucun
anthropologue n’oserait définir, aujourd’hui,
“race mélanésienne” et une “race polyné¬
sienne”. La situation n'est d’ailleurs pas plus
claire en Polynésie orientale, et au point que
des ethnologues des débuts de ce siècle ont
avant
qui représente, selon
D. Lewis, la distance
d'où un
moyenne
équipage de pirogue
pouvait'commencer à
les apercevoir. Il en
résulte un ensemble de
"blocs” à l'intérieur
desquels les relations
interinsulaires étaient
grandement facilitées.
le pensait
P. Buck, d'anciens
contacts entre la
comme
Polynésie orientale et
l'Amérique sont des plus
probables. P. Buck
était convaincu d'un
peuplement polynésien
la Micronésie et non
les archipels
par
par
mélanésiens. Les
résultats de
l'archéologie, entre
autres, contredisent
cette théorie.
LES
côté, que les langues parlées en Micronésie
occidentale et en Indonésie appartiennent à
un
austronésien différent de celui
le reste de l’Océanie,
orientale comprise.
Ici, les
sous-groupe
parlé
dans
Micronésie
tout
les archéologues ne
au-delà du premier millénaire
de notre ère. 11 s’agissait alors, très proba¬
blement, de populations dont les ancêtres
avaient émigré, quelques siècles plus tôt, de la
région des Samoa. Au cours de leurs
migrations à travers les atolls de Tuvalu, de
Kiribati et des Marshall, ils ont pu s’adapter
progressivement aux conditions de la vie dans
datations obtenues par
remontent pas
ces
îles
de
abondent les
sable et de
ressources
corail, où seules
de la
mer.
L’horti-
culture y est naturellement très difficile et ces
îles manquent d,e roches dures pour fabriquer
les outils indispensables, telles les lames d’herminettes.
On
en
vint
alors à utiliser
les
les façonner : bénitiers,
mitres, térèbres ...La population augmentant,
l’espace et les ressources manquaient, d’où Un
nouvel exode, plus loin vers la Micronésie
encore
inhabitée, puis à l’intérieur de la
coquillages
pour
Mélanésie. De tels mouvements sont attestés
par
vers
l’archéologie dans le centre du Vanuatu où
les tout débuts du XllL siècle de notre
ère, s’installèrent de
nouveaux venus. Ils en
modifièrent, entre autres, les éléments de la
culture matérielle : introduction d’un outillage
ANCÊTRES LOINTAINS
poterie. L’un de leurs chefs était le héros
Roy Mata dont la sépulture collective fut mise
au jour à Retoka (près d’Efate) et datée de
1265 après J.-C. environ. Le peuplement des
îlots polynésiens isolés sur les franges de la
Mélanésie
les Polynesians outtiers - a très
probablement la même origine. Quoi qu’il en
soit de ces mouvements récents, c’est bien en
Mélanésie, et non en Micronésie, qu’il
convient de rechercher l’arrivée, dans le
Pacifique, de ceux qui deviendront les
Polynésiens. Les archéologues s’y consacrent
depuis plusieurs années.
la
-
coquillier de type micronésien et abandon de
Au-dessous
Les grandes
Polynésie extérieure
tridacne (Sikaina)
:
divisions de
l’Océanie et les étapes
de son peuplement
selon ce que l'on en
aujourd’hui et, en
particulier, par les
sait
datations radiocarbones
(G 14). En ce qui
concerne ces
dernières,
seules sont indiquées ici
leurs valeurs moyennes.
On ne prétend plus,
comme par le passé,
préciser des voies de
migration par des
flèches reliaht tel et tel
archipel. Ces migrations
n’étaient pas, en effet,
Herminettes-et
herminettes-gouges,
en coquillages et de
types micronésiens, en
Micronésie,
térébre
(Carolines)
Micronésie
en
Polynésie extérieure
(‘‘outliers") et en
tridacne (Marshall)
Micronésie
Mélanésie.
I
I Micronésie occidentale (poterieT
l‘—^1 Micronésie centrale et orientale
'
Mélanésie de langue austronésienne (poterie lapita
I
I
I
I
Polynésie occidentale (poterie lapita)
Polynésie orientale acéramique
I—I Polynésie orientale centrale
I
I
unidirectionnelles, mais
le résultat de la lente
extension, d’ouest en est
et du nord au sud, de
réseaux de relations
interinsulaires très
nombreux et
complexes.
^mangaasi^
Nlle-ZÉLANDE
-|-800
Polynésie orientale périphérique
Polynésie orientale anciennement habitée mais désertée à l’arrivée des Européens
Présence de l’Homo sapiens depuis plus de 30 000 ans
29
A LA RECHERCHE
DES ANCIENS
POLYNÉSIENS
L’archéologie
et le Pacifique
sur éclats et non poli. Diverses
découvertes semblables suivirent
et
de nombreuses polémiques. Pour les uns, ces
chasseurs de moa étaient d’âge paléolithique.
Pour
L’archéologie, avec ses moyens propres
d’investigation, est tard venue dans le
Pacifique. Elle n’a joué en effet un rôle
important qu’après la Seconde Guerre
mondiale.
L’exploration des ruines de
l’Antiquité classique, orientale et précolom¬
bienne, et des gisements préhistoriques de
l’Ancien Monde, avait déjà une longue
histoire, L’Océanie n’offrait pas, il est vrai,
l’attrait de monuments aussi prestigieux.
Quant à sa préhistoire, on l’estimait si peu
ancienne qu’il paraissait bien inutile de
rechercher à grand-peine, dans la terre, ce que
l’on pouvait aisément recueillir à la surface du
sol
observer
ou
dans
les
collections
ethnographiques. C’était l’avis du grand
ethnologue Peter Buck qui écrivait en 1944 :
"Les quelques fouilles pratiquées en NouvelleZélande révèlent un sol archéologique très peu
profond et une culture matérielle non diffé¬
rente de celle rencontrée par les Européens. Si
des fouilles devaient être entreprises ailleurs
dans le Pacifique, elles ne feraient seulement
que démontrer une nouvelle fois l’unité de la
culture polynésienne”. Cette opinion était
alors très
partagée
par ses
contemporains. Les
chercheurs se consacraient donc au recueil et à
l’étude comparative des documents ethnogra¬
phiques relevant de la culture matérielle et des
traditions orjles. Un tel travail était d’ailleurs
aussi indispensable qu’urgent, compte-tenu de
la rapide acculturation de la Polynésie. Il ne
pouvait cependant apporter d’éléments
éclairer les temps les
plus anciens. 11 pouvait même conduire à
nouveaux
et sûrs pour
l’élaboration de fausses théories telle celle de
Handy qui expliquait la stratification sociale
superposition de
migrations successives. Une première
approche archéologique fut celle des
des îles de la Société par la
monuments encore visibles en surface ; heiau
des îles Hawaii, structures Ethiques marquisiennes, marae des îles de la Ligne, des
Tuamotu-Gambier, de la Société. Sous l’égide
Bishop Muséum (pionnier des
en Polynésie orientale), Kenneth
P. Emory entreprit le recensement et l’étude
des marae de tous ces archipels, et ceci dès
1925. Il y consacra de longues années et ce
patient travail, à la fois archéologique, ethno¬
logique et linguistique, sauva de la ruine et de
l’oubli ces témoins primordiaux de la
Polynésie d’autrefois.
du
B.P.
recherches
Le temps
des fouilles
archéologiques
C’est
en Nouvelle-Zélande que furent entre¬
prises les premières fouilles archéologiques.
Elles avaient été motivées par la découverte
des
vestiges de grands oiseaux du
dinornis. Leur taille variait de 1 à 3,5
ignorait
genre
m et
l’on
jusque-là leur existence. Les
traditions maories parlaient bien d’un oiseau
gigantesque : le moa. On pensait qu’il n’était
que légendaire et que l’homme n’avait pu être
le contemporain de ces dinornis fossiles. En
1847, un géologue découvre des œufs de moa
perforés, associés, dans un four souterrain, à
30
outillage
un
autres
...
d’autres, il s’agissait de Mélanésiens plus
tard exterminés par les conquérants Moriori
ou
Maori, ou bien c’était simplement ces
derniers. On se perdit ensuite en cherchant la
solution
du
problème dans des traditions
plus
orales déjà obscurcies et déformées par
d’un siècle de présence européenne. Ce
n’est
que dans les années vingt de ce siècle que H.D.
Skinner, ethnologue de l’Université et du
Musée d’Otago, décida d’un programme
archéologique qui devrait résoudre ces
énigmes de la préhistoire néo-zélandaise. En
En Nouvelle-Zélande
la première des 29
sépultures du célèbre
site de Wairau, sur la
côte nord de l’îledu Sud.
fut découverte par
un
jeune écolier,
Eyles, qui la "fouilla”
prendre
Jim
sans
malheureusement
aucune note ni en faire
le relevé. En faisant
appel à ses souvenirs, et
en tenant compte des
autres sépultures plus
tard mises au jour (en
particulier par R. Duff),
un
technicien du
Canterbury Muséum,
P.J. O’Brien, tenta de
reconstituer cette
sépulture d’un
"chasseur de moa".
Ci-dessous
:
La sépulturen^14dusite
de Wairau. Coupe et
plan d’après R. Duff.
Des pierres avaient été
déposées pour recouvrir
le corps de ce "chasseur
de moa", enterré avec
divers objets.
Kenneth Plke Emory,
né en 1897, commença
sa
carrière
au
Bishop
Muséum en 1920.
Ethnologue et
archéologue, c'est l’un
des pionniers de la
recherche sur le passé
des Polynésiens,
notamment à Hawaii et
Polynésie française.
Cette photographies été
prise aux îles Fidji en
en
1969.
disciples, Roger Duff,
d’archéologie qui fera
Moa-lumier period of Maori
démontrait notamment, en se
1950 enfin, l’un de
publiait
un
fondant
sur
date : "The
eu/lure". Il y
sur
ceux
ses
ouvrage
les résultats de
de
chasseurs de
ses
moa
ce
programme et
propres fouilles, que les
n’étaient ni des Paléoli¬
thiques, ni des Mélanésiens, mais des
Polynésiens venus probablement des îles de la
Société
vers
l’an mille de notre ère.
Le développement des recherches
archéologiques
1950 est
rhistoire
aussi
de
une
date importante dans
Tarchéologie polynésienne et
LES
pour une autre
en
raison. C’était la première fois,
effet, qu’on y faisait appel à la toute
nouvelle méthode de datation absolue par le
radiocarbone
(14 C).
L’échantillon de
charbon de bois utilisé, et daté de 1004 ± 180
après J.-C., provenait d’un abri-sous-roche
sur la côte sud de l’île d’Oahu, non loin
d’Honolulu. K.P. Emory en avait entrepris la
fouille avec ses étudiants de l’Université de
Hawaii. Assisté de Y.H. Sinoto, il poursuivit
ses recherches dans plusieurs autres abrissous-roche et dans des campements de plein
situé
air, jadis occupés par des pêcheurs, sur les
côtes
de
datations
l’archipel
14
importantes,
C
hawaïen.
obtenues,
ces
Outre
nombreuses
recherches
ont
les
et
enfin
des sites polynésiens pouvaient
plusieurs niveaùx d’occupation.
L’étude de leur stratigraphie, la typologie
comparée de l’outillage ainsi recueilli et les
dates
obtenues permirent en particulier
d’élaborer la chronologie de l’évolution des
hameçons hawaïens. A partir des années
soixante, ce développement des recherches
archéologiques allait encore s’amplifier, non
démontré que
comporter
seulement à Hawaii et
en
Nouvelle-Zélande,
la
participation d’institutions scientifiques de
plus en plus nombreuses. 11 sera question des
résultats ainsi obtenus dans les chapitres
consacrés au Pacifique occidental et aux
archipels de la Polynésie orientale. D’un point
mais dans l’ensemble du
Pacifique, et
avec
de
vue
ANCÊTRES LOINTAINS
plus général, remarquons déjà que le
nombre considérable de datations absolues
nous disposons aujourd’hui confirme
le peuplement du Pacifique s’est bien
effectué d’ouest en est. Notons aussi que les
anciens partisans d’une origine locale ou
amérindienne avaient, en quelque sorte, un
peu raison. Nous avons déjà évoqué la
probabilité de contacts avec l’Amérique;
dont
que
quant aux
navigateurs
populàfidrïs~-rencontrées par "les
européens dans le Pacifique
central et oriental, elles n’étaient réellement
devenues polynésiennes qu’après plus de 3000
ans
d’une
remarquable adaptation à des
leurs lointains ancêtres
milieux insulaires que
n’avaient pas connus.
Dans l’intérieur des îles
hautes, le repérage des
sites est rendu très
difficile par la
luxuriance de la
végétation qui ruine et
dissimule les structures,
action que complètent
l’érosion torrentielle et
la sédimentation.
Ici à Tahiti, dans la
haute vallée de la
Vaitepiha (Tautira) ; au
cours des prospections,
le sommet de ce qui
aurait pu être les pierres
dressées d’un marae
apparaissait en surface.
Le débroussaillage du
site (ci-contre, en haut),
L,
/“S
2vPh«m.-ou5
-direct.
.
Cette herminette
est une lame récente et
très répandue en
la taille de la pierre :
beaux enlèvements
pointe à angle rabattue.
larges et plats, finition
par petites percussions
les arêtes. Cette
lame est pratiquement
sur
achevée, elle est déjà
fonctionnelle, mais II
manque l'affilage du
tranchant et l'émeulage
de la partie distale, selon
la façon marquisienne.
.direct, ouvert
Type I A
.
Type I A (1).
■fe.-./
-Type I A 3 B.
'-y
-Type I B 2 (1).
(U
pointe d'hameçons à bonite
:
type ouest-polynésien.
.pointe d'hameçons à bonite
:
type est-polynésien
V
n
n
.plombée “en grain de café"
hameçons à poulpes
-tête de
pour-
harpons.
■yi w
0
.poterie.
.
herminettes de type 2
hatiheu
A
.
_
.-J
.ha’e'eka.
.
hai
Koma.
.
pilons.
.pendentifs
en
dents de cachalot.
I
.sépultures primaires
.
sépultures secondaires
.offrandes funéraires
VI
IV
III
119
A LA RECHERCHE DES ANCIENS
POLYNÉSIENS
l’archipel et de la Polynésie. On
peut d’autant plus regretter que cette fouille
de cette île, de
n’ait pas encore fait l’objet d’une publication
exhaustive. Les informations Jusqu’ici dispo¬
O
II
1800
NIVEAU D’OCCUPATION
■g
nibles, dans quelques articles et comptesrendus, sont incomplètes et manquent parfois
de clarté. Les matériaux mis
au
”
eu
U
■t
jour dans les
_co
0)
■O
^
nologie relative basée sur le mobilier des
couches archéologiques. Des comparaisons
faites avec des objets de Polynésie occidentale,
Motil Haka
o
te
£
ü
5
1600
^
-g
c
Marquisiens entreprennent eux-mêmes la
NIVEAU D’OCCUPATION
Pavage mtermediairev'
avec vestiges
d'occupation humaine. Nombreuses
Sable brun foncé
structures de combustion,
fours et trous de
poteau à la base,
O
*0
CL
NIVEAU A
SÉPULTURES
Sable clair, stérile en dehors des
sépultures : cet horizon n'a donc été que
peu fréquenté par les vivants.
Dix sépultures ont été mises au jour. Elles
présentaient 7 adultes et 3 enfants en
position dorsale ou verticale. La majorité
des corps étaient fléchis ; il n'y avait pas ou
très peu d'offrandes. Une sépulture d’un
petit cochon entier a aussi été mise au jour
ainsi que le crâne complet d'un chien.
le
Henua Enana. Ainsi, les
STÉRILE
Sable clair.
CO
s
•0
en cours
proto-polynésien
permirent, vers les années 1950, de conforter
l’hypothèse présentée, notamment par E.G.
Burrows (1938), selon laquelle il a pu exister in
situ une évolution des sociétés à partir d’un
fonds ancestral commun. Les linguistes, et en
particulier les travaux de S.H. Elbert et G.W.
Grâce (1953, 1955), situent la coupure entre les
branches est et ouest du proto-polynésien à
une étape précoce de l’évolution de ce dernier,
suivie ensuite d’une longue période de déve¬
loppement. Fort de cette hypothèse,
R.C. Suggs, à la suite de ses fouilles à Nuku
Hiva, proposa une vision évolutive de
l’histoire du peuplement marquisien à partir
d’une phase d’installation située par celui-ci,
d’après ses datations au 14C, vers 150 av. J.-C.
Bien que cette date ait été controversée,
notamment par Y.H. Sinoto, d’après ses
propres fouilles, et ramenées selon ses esti¬
mations vers 300 après J.-C., les derniers
résultats obtenus par 14C aux Marquises (à
Anapua dans l’île de Ua Pou, par P. Ottino, en
1983) semblent bien confirmer les débuts de la
préhistoire marquisienne à une époque très
précoce : 150 ± 95 av. J.-C.
Le passé récent des îles Marquises, dans
les quinze dernières années fut l’objet d’inves¬
tigations inscrites dans le cadre d’études
ethnohistoriques et ethnosociologiques
dépassant le plus souvent les limites de la
Polynésie française. 11 faut citer notamment
les
travaux
de G.
Dening, P. Kirch,
J.T.
Kirkpatrick, A. et H. Lavondès,
H.E. Maude. Dans le même temps se créait
sur l’archipel une association locale ayant
pour objectif l’étude, la conservation et le
développement de la culture marquisienne : le
sur
NIVEAU
a
Mangareva, montrèrent que
certains objets mis aujour dans les niveaux les
Hypothèses et études
1400
NIVEAU D’OCCUPATION
1200
Pavage inférieur.
en vestiges
anthropiques. Les trous de poteaux
Sable brun foncé très riche
s'enfoncent dans le niveau inférieur.
Deux
jour.
sépultures de chiens ont été mises au
FRÉQUENTÉ
passées blanchâtres.
Très peu de vestiges de fréquentation
NIVEAU PEU
Sable clair
850
avec
humaine.
NIVEAU PEU FRÉQUENTÉ
Sable
jaune très clair.
de vestiges de fréquentation
Très peu
humaine.
Deux tessons non décorés provenant sans
doute du bord d'une même
700
redécouverte de leur propre culture, aidés par
les travaux dont vient d’être faite une rapide
11 ne reste qu’à souhaiter la
poursuite d’une politique culturelle clair¬
voyante, aidant les Marquisiens à préserver
l’héritage de leurs ancêtres polynésiens.
énumération.
120
débris
Fait partie de Encyclopédie de la Polynésie. 4, A la recherche des anciens Polynésiens