-
Texte
-
Personnelle
et Confidentielle
.
Monsieur le Directeur
femme de Tahiti , mariée à un médecin militaire, qui a sa licence classi¬
que et le diplôme dfEtudes supérieures.
Nous nfaurons pas de ce fait
à payer le voyage et le congé. Ce Professeur donnera un peu de tonus à
1’enseignement du Français qui est actuellement entre les mains de deux
institutrices dont l’une, a de la valeur, dont l’autre est assez médiocre
mais qui l’une et l’autre sont insuffisantes dans une classe de 3ème et
môme de 4ème. J’ai assisté moi-même à des explications de textes. Elles
ont été lamentables. On résume des manuels de littérature au lieu de fai¬
de
l’explication de mots. J’ai assisté à une explication du Cid. Les
enfants, qui en étaient cependant à leur 4ême ou 5ème leçons, ignoraient
ce
qu’était l’Espagne, ce qu’étaient les Maures, ce qu’était un Cheva¬
lier, Ils étaient incapables d’expliquer le mot à mot de vers
incompré¬
re
'
hensibles.
Par ailleurs, je vous serais très reconnaissant si vous vouliez
bien apporter toute votre attention au choix du
M.
de
VAISSIEremplaçant
HE. Ce dernier est un excellent garçon, plein de dévouement, pas sot au
,
demeurant, mais il lui manque l’Autorité, Il n’est pas fait pour diriger
le Service et je crois qu’il trouvera son rendement maximum dans une
direction de Collège Technique. Très attaché à Tahiti pour des raisons
de commodité personnelle - il n’est pas
le seul, hélas I - il m’a prié
et supplié de prolonger son
séjour. Je ne suis pas d’accord en toute bien
veillance, M. VAISSIERE a fait sonntemps et il vaut mieux qu’il aille
rejoindre en France sa femme qui l’a quitté il y a quelques mois. Il m’a
dit, très loyalement d’ailleurs, qu’il était en correspondance suivie
avec
votre collaborateur M. DEBAYLE et qu’il comptait être soutenu
par
lui. Je ne me suis pas formalisé car mon collaborateur est de bonne foi
mais la présente lettre n’en est que plus nécessaire. Je serais heureux
si le prochain Chef de Service était soit un secondaire un
peu chevronné,
un littéraire de
préférence, ou un Inspecteur Primaire. Il faut qu’il ait
avant tou t de l’Autorité pour mettre fin aux
querelles qui divisent le
personnel de l’école. Je vous ai proposé de donner au Chef de service
le titre de ’’Directeur” de l’Ecole ou du
si vous voulez en faire
Collège
un
Collège court. Je sais fort bien que la solution n’est pas orthodoxe
et qu’elle offre des inconvénients, mais je
j’en vois pas d’autre.
M. CïIABOUIS a des qualités, il est travailleur,
mais il
sérieux, dévoué
l’esprit étroit. Je me résignerai à le voir Directeur mais si cette
solution est adoptée il faut qu’il soit fortement tenu en main par son
a
Chef
Je m’excuse d’avoir
ajouté
lettre à celles qui encombrent
votre bureau, mais le problème de
me tient à coeur. Je
l’Enseignement
vous remercie de
l’appui que j’espère en vous et je vous prie de croire
Monsieur le Directeur,
à
mes
une
sentiments les meilleurs
•
R. PETITBON
à Monsieur GASTON,
Directeur de la Jeunesse et des Sports
Ministère de la France d’Outre-mer,
PARIS.
Service du Patrimoine
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FRANÇAIS
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EGALITE
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FRATERNITE
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LE GOUVERNEUR DES
L’OCÉANIE,-
19
ÉTABLISSEMENTS FRANÇAIS
Chevalier de la Légion b’Honneük»
Monsieur le Président de la Mission Parlementaire
PAPEETE.-
Président,
demander de vous confirmer en une
note succincte l'exposé que Je vous ai fait sur l'Enseignement en
Océanie Française*
Vous
avez
bien voulu
me
à Papeete un Etablissement d'Enseignement Public
que nous appelons l'Ecole Centrale ou 1© Collège et qui est en réali
té un Cours Complémentaire* Cette Ecole Centrale distribue deux
enseignements*
Nous avons
l'enseignement normal d'un Collège Moderne de Franc© Jusqu'à
la classe de 3ème incluse* Il ne donne pas l'enseignement clas
sique c'est-à-dire celui du Latin*
il prépare* en un cours de deux années (Cours Normal)
futurs instituteurs et institutrices du Territoire*
•*«
J'ai constaté, peu de temps après ma pris© de fonction.
.
que deux tendances se manifestaient à 1*intérieur/du Corps enseignent
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I. G. no 214
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les uns désiraient que
l’Ecole Centrale fut transformée en
un Collège Technique formant à un débit qui s*élèverait pro¬
grès s ivem en tf des techniciens de toutes sortes* chaudronnlei
soudeurs9 ajusteurs, charpentiers, maçons,etc.••
les autres voulaient que
en
mon
l’Ecole Centrale fut transformé©
Collège Moderne c’est-à-dire en un Etablissement qui
Après quelques mois d’expérience je fus ©n mesure d’asseoir
jugement sur des observations précises* J’ai pris position con
tre l’une et 1’autre de ces tendances*
Ie- contre la création et le
développement d’un enseignement
technique important* En effet, si nous formions beaucoup de
jeunes techniciens d’un niveau assez élevé nous ne pourrion
pas leur trouver de débouchés dans un Territoire qui n’a aucune ln
dustrie* Nous en ferions des ratés et des aigris* Il suffit que
nous puissions former dans le Centre d’Apprentissage qui existe à
l’Ecole Centrale ée bons artisans, de bons contre-maîtres dotés
d’une instruction générale solide*
préparation au Baccalauréat* En effet, si nous
préparions au Baccalauréat il nous faudrait faire venir
plusieurs professeurs licenciés ae qui eonstîturait pour
nous une charge intolérable* Mais ce n’est pas là le principale
raison* Le niveau du Baccalauréat ©n pays aussi Isolé et qui n’a
pas beaucoup de vie intellectuelle pure serait fatalement bas*Nous
ne produirions pas de vrais bacheliers comparés à ceux de la Métro
pole* Enfin ces jeunes gens et ces jeunes filles n’auraient aucun
contact avec leurs camarades de la Métropole, avec la civilisation
de la Métropole, avec les Bibliothèques, les Fusées, l’Industrie,
les Revues Scientifiques, etc***, qui abondent dans la Métropole*
2*» contre la
Je n’aA nullement besoin d’insister sur la raison majeure
dont vous avez pu peser comme moi l’importance essentielles
Nous sommes une enclave
française dans un monde anglo-saxon
et c’est au miracle du rayonnement de la France que nous devons de
nous maintenir dans ce Pacifique où nous guettent Australiens, An¬
glais et Zélandais, ces derniers surtout* Il faut à tout prix que
ceux qui formeront les cadres de la génération futur® connaissent
la France, aient des camarades français, des amis français, plus
tard des souvenirs français* J’ajoute que beaucoup de familles son
d’origine anglo-saxonne et que leurs enfants se sentiront attirés
vers la Zélande s’ils ne vont pas prendre un long bain de France*
très rares fort heureu¬
sement, voudraient pour des raisons de vanité et d’intérêt sordide
que l’Ecole Centrale fut transformée en un Collège long et préparé
au Baccalauréat* Ils me font opposition sournoisement et cette
opposition est intolérable. Ils ne sont pas suivis par les institi
teurs tahitiens oui eux veulent tous aue leurs bons
Quelques membres de l’enseignement,
élèves* leurs
Service du Patrimoine
enfants* aillent en France* C’ait aussi l’avis de l’Assemblée Re¬
présentative dont le mandat vient de prendre fin* C’est l’avis des
deux principaux partis politiques en présence savoir le R*P*F* et
le R*D.P*T*. Lorsqîe les
me remettre le protocole
dirigeants de ces deux partis sont venus
d’accord sur la Loi Electorale* ils m’ont
formelle®©,t déclaré qu’ils approuvaient sans réserve ma politique
et qu’ils ne voulaient pas que fut créée à l’Ecole Centrale une
classe de seconde*
Ma
position est donc la suivante:
Maintenir
à Papeete l’Ecole Centrale en la transformant un
jour en Collège Court* c’est-à-dire en un Collège qui se termine
a la 3èœe* Nous donnerons aux meilleurs sujets sortis soit de
l’Ecole Centrale* soit de l’Ecole des Frères* soit de l’Ecole Pro*
testante Vienot* des bourses suffisantes f30ur poursuivre leurs
études dans la Métropole. Une partie de ces jeunes gens reviendrait
à Tahiti*
l’autre peut-être demeurerait en France ce qui déconges¬
tionnerait des cadres qui ont tendance à devenir pléthoriques*
J’ajoute que l’Ecole Centrale* le futur
Collège* est doté
d’un Cours Normal de préparation pédagogique* Ce Cours qui dure
deux ans forme des instituteurs et institutrices munis du B*E*P*G#*
dipldme qui sanctionne la fin des études de Sème* Il faudra veiller
tout spécialement à la qualité de l’enseignement que l’on y donnera
Il est actuellement confié
à M* MOLLOM dont le dévouement et les
I
qualités pédagogiques sont reconnus de tous et que j’estime beau¬
coup*
De façon
générale
négliger* cela va sans dire* les
disciplines normales qui permettent la préparation au Baccalauréat
Moderne* nous devons porter tout notre effort sur l’enseignement
du français*
sans
charge d’un tel Collège déjà lourde pour, le Territoire
le deviendrait davantage. J’ai l’intention de demander au Ministre
un© subvention de la Métropole soit pour le Collège, soit pour
1’enseignement primaire c’est-à-dire pour la diffusion de la langue
française. Les Membres de la Mission ont pu constater que nous avon
La
fait un gros effort sur le plan du Fidès depuis deusc ans pour créer
des écoles et ils ont été agréablement surpris de voir que leurs
paroles étaient comprises par beaucoup de leurs auditeurs* Nous ne
devons pas relâcher notre effort avant que des résultats définitifs
soient acquis* Les
acquis s’écrouleront rapidement si notre
effort ne V’intensifie pas* Dans IC ans presque tous les hommes
jeunes de Polynésie parleront français si nous sommes soutenus par
la Métropole* C’est une simple question d’argent et notre maintien
en Polynésie vaut bien quelques disaines de millions de francs métro
Je serais heureux, Monsieur le Président* si les Membres de
la Mission Parlementaire partageait mon sentiment, voulaient bien
m’appuyer de leur haute autorité à Paris et je vous prie
l’expression de mes sentiments dévoués*/*
Service du Patrimoine
d’agréer
17 Octobre 1952
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Service du Patrimoine
DÉPUTÉ
DES
Papeete, le
ÉTABLISSEMENTS FRANÇAIS
3
Septembre
DE L OCEANIE
MONSIEUR LE
DES ETABLISSEMENTS FRANÇAIS DE L ' OCEANIE
PAPEETE
A
MONSIEUR IE GOUVERNEUR DES JffABIJSSEBŒPS FRANÇAIS DE L1 OCEANIE
PAPEETE
Monsieur le Gouverneur
Nous
avons
Nous
savons
Nous
sommes
l’honneur de
confirmer ce que nous vous
avons déclaré au cours de notre dernier entretien au sujet de la Politi
que de l’Enseignement qui nous paraît opportune dans le Territoire des
Etablissements Français de l’Océanie.
vous
des motifs assez sordides et tout
personnels, certains fonctionnaires du Service de l'Enseignement en
petit nombre heureusement, sous l’influence de leur Chef de Service,
mènent campagne pour que le Cours Complémentaire de Papeete soit trans¬
formé en un Collège Long, c’est-à-dire à la délivrance du Baccalauréat.
que, pour
absolument opposés à ce projet et nous
demandons le maintien du statu quo.c'est-à-dire le maintien du Cours
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Ma
M
.
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...
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Complémentaire qui serait transformé
en un
classe de 3ème inclusivement.
...
Collège Court jusqu’à la
raisons sont les suivantes:
si
nos
jeunes
à Tahiti
ce
gens
pouvaient obtenir
un
baccalauréat
baccalauréat serait inéluctablement
un
Diplôme de seconde zone, car les ressources intellec¬
tuelles de nos îles sont encore faibles, l’émulation
est enexistante? Nous ne pouvons être actuellement
un foyer de culture française»
Par ailleurs, nous produirions à une cadence sans
cesse plus rapide de soit-disant intellectuels qui
trouveraient chez nous aucun débouché et devien¬
draient autant d'aigris autant de médiocres.
ne
Le
système actuel qui consiste à donner des bourses
au frais du Territoire à un certain nombre de jeunes
gens et de jeunes filles a 1'immense avantage d’envevoyer en France c’est-à-dire au Centre du rayonnement
intellectuel,de l'Union Française des jeunes gens qui,
sans cela, n'auraient jamais l’occasion de connaître
la France. De s'imprégner de sa civilisation et d’en
ramener une
parcelle
en
Océanie?
"
I
I
Tranformer le Cours Complémentaire en
Collège long serait nous
condamner à jamais à l'isolement et inéluctablement la
présence de la
Prance disparaitrait de nètre pays.
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WèEPrtt
Nous voulons que les fils de Tahiti
puissent revenir dans leur- terre
natale munis des mêmes diplômes que leurs camarades
français-»afin
démontré qu'ils peuvent prétendre eux-aussi à toutes les
les postes
auxquels donnent droit
Veuillez
considération./.
■
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.*
v
ces
diplômes.
que
soit-
fonctionna tous
agréer, Monsieur le Gouverneur, l'assurance de
notre haute
I
Personnelle
et
Confidentielle.
Monsieur le Directeur
départ précipité en novembre dernier ne m’a pas laisse le
temps de vous rencontrer. Je l’ai regretté et je le regrette plus encore
aujourd’hui, car un contact direct préalable nous aurait peut-être permis
de résoudre plus simplement le problème de notre grande Ecole Centrale
de Papeete. Je me résouds donc à vous écrire en m’autorisant de mon passé
déjà lointain d’Universitaire - je suis ancien boursier d’agrégation du
concours de 1922 - et de mes liens de camaraderie avec M. JOURSIN pour
trouver audience auprès
de vous.
Mon
J’ai adressé à votre service par
rapport que j’ai voulu aussi
exerce
en
fait depuis
dépouillé
le dernier courrier aérien un
que
possible sur l’Enseignement
six mois les fonctions de Directeur est M. CHABOUIS,
spécialiste de dessin industriel, lui aussi ancien élève des Arts et
Métiers. Ils n’ont fait ni l’un ni l’autre leurs Humanités et les HumanE*|
tés leur sont complètement étrangères. Dès son arrivée dans le Territoire’
il y a trois ans, M. VAISSIERE, que mon prédécesseur n’a pas contrôlé,
s’est efforcé de faire de notre modeste école une sorte de Collège d’EnE
seignement technique. Son camarade l’a secondé.- Je ne trouve pas condam¬
nable ce comportement sur le plan personnel, car il est normal qu’ils
développent les seules disciplines' qu’ils connaissent, mais j’ai ete
J
contraint d’y mettre le holà. Comme je l’expose dans mon rapport, 1’0cê4l
anie qui n’a aucune industrie, qui n’est équipée que de 3 ou 4 très
mo«|
1
destes ateliers et dont l’équipement technique n’est susceptible que
|I
d’un très médiocre développement, ne peut s’offrir le luxe stupide d’un '
|
Enseignement technique semblable à celui qu’on dispense en France. C’est J
là un point de vue de bon sens et il est partagé par l’unanimité de
1
l’Assemblée Représentative, par tous mes Administrateurs. Hos jeunes
yÂ
Tahitiens ont besoin d’abord d’apprendre le Français. C’est une nécessi41
té pour leur évolution intellectuelle. C’est une nécessité politique
sur]
laquelle je n’ai pas à m’étendre. Hous enverrons chaque année l’élite,
c’est-à-dire 5 ou 6 boursiers pourvus du brevet de fin d’études de 3ème,
dans la Métropole pour qu’ils prennent contact avec la France.
I
Je me permets donc de vous demander tout votre appui pour que
soient ratifiées par Paris les propositions de recrutement que je vous
adresserai sous peu. J’ai l’intention d’engager par contrat une jeune
I
I
I
\
j
a.
femme de
Tahiti, mariés à
médecin militaire, qui a sa licence classi¬
que et le diplôme dfEtudes supérieures*
Nous n’aurons pas de ce fait
à payer le voyage et le congé* Ce Professeur donnera un
peu de tonus à
l’enseignement du Français qui est actuellement entre les mains de deux
institutrices dont l’une a de la valeur, dont l’autre est assez médiocre
mais qui l’une et l’autre sont insuffisantes dans une classe de
dôme et
même de 4èrae* J’ai assisté moi-même à des
explications de textes. Elles
ont été lamentables, ün résumé des manuels de littérature au lieu
de fai¬
re de l’explication de mots. J’ai
a33isté à une explication du Cid. Les
enfants, qui en étaient cependant à leur 4ème ou 5ème leçons, ignoraient*
ce
qu’était l’Espagne, ce qu’étaient les Maures, ce qu’était un Cheva¬
lier. Ils étaient Incapables d’expliquer le mot à mot de vers
incompré¬
un
hensibles.
Par ailleurs, je vous serais très reconnaissant si vous vouliez
bien
au
choix
du
VAISSIEde
M.
toute
votre
attention
remplaçant
^apporter
RE. Ce dernier est un excellent garçon, plein de
dévouement, pas sot au
demeurant, mais il lui manque l’Autorité. Il m’est pas fait pour diriger
le Service et je crois qu’il trouvera son rendement maximum dans une
direction de Collège Technique. Très attaché à Tahiti
pour des raisons
de commodité personnelle - il n’est
pas le seul, hélas I - il m’a prié
et supplié de prolonger son
séjour. Je ne suis pas d’accord en toute bien¬
veillance, M. VAISS1ERE a fait sonntemps et il vaut mieux qu’il aille
rejoindre
dit, très
en
France
sa
femme qui l’a
quitté il
y a
quelques mois. Il m’a
loyalement d’ailleurs, qu’il était en correspondance suivie
avec votre collaborateur M, DEBAYLE et
soutenu par
qu’il
comptait
être
lui. Je ne m© suis pas formalisé car mon collaborateur est de bonne’ foi
mais la présente lettre n’en est que plus nécessaire
serais heureux
Je
si le prochain Chef de Service était soit un secondaire un
peu chevronné,
un littéraire de
préférence, ou un Inspecteur Primaire. Il faut qu’il ait
avant
tou t de l’Autorité pour mettre fin aux
querelles qui divisent le
personnel de l’école. Te vous ai proposé de donner au Chef de service
le titre de ”Directeur”de l’Ecole ou du
en
vous
Collège si
,
«
/
m
I
faire
voulez
un Collège court. Je sais fort bien
que la solution n’est pas orthodoxe
et qu’elle offre des
mais je j'en vois pas d’autre.
inconvénients,
M. CHABOUIS a des qualités, il est travailleur,
sérieux, dévoué mais il
a l’esprit étroit, Je me
résignerai à 1© voir Directeur mais si cette
solution est adoptée II faut qu’il soit fortement tenu en main par son
Chef.
Je m’excuse d’avoir
ajouté une lettre à celles qui encombrent
votre bureau, mais le problème de
me tient à coeur. Je
1’Enseignement
vous remercie de
l’appui que j’espère en vous et je vous prie de croire,
Monsieur le Directeur, à mes sentiments les meilleurs
•
R. PSTITBON
i
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à Monsieur GASTON,
directeur de la Jeunesse et des Sports
Ministère de la France d*Outre-mer,
PARIS.
J
N°
1er
76/CFL/GOÜV
septembre 19?!
à Monsieur le Ministre de la France d’,Outre-mer
Direction de
l’Enseignement et dé la Jeunesse
P A R I S.
les données du problème
pose l’Enseignement dispense à Papeete par le groupe scolaire dénommé
"Ecole Centrale’? et la solution que je propose à votre examen*
J’ai l’honneur de vous exposer
Cet Etablissement comporte s
-
-
633 élèves,
un Enseignement du second degré avec deux 6ème, deux 5ème, deux 4ème
(garçons et filles) et une troisième mixte pour un effectif de
un
Enseignement du premier degré avec 12 classes et
160 élèves*
-
un
-
un
élèves-maî très
centre d’apprentissage qui forme en deux années 26 techniciens*
Notre politique de l’Enseignement est demeurée mal définie*
cours
normal
qui forme en deux années 22
où
dépensent beaucoup
d’efforts, beaucoup de bonne volonté, mais il n’y a pas de doctrine
générale, d’orientation précise» Il importe au plus haut point que
L’Ecole Centrale est une sorte de monstre
nous
tions
tuel*
déterminions
se
:
1°) quelles sont les possibilités de notre jeunesse,
de vie dans lesquelles elle poursuit son développement
2°) quelles sont les conditions spéciales que
isolement, notre éloignement de la Métropole*
les condi
intellec¬
créent notre
be
leurs
3°) auelles sont les ressources de notre Territoire, ses
soins, les débouchés qu’il offre aux jeunes gens
à la fin d
e
i
études*
Ce n’est qu’en fonction de ces trois éléments
rons proposer une politique de l’Enseignement
1°) les petits tahitiens, les petites
que nous pour
tahitiennes ont l’esprit
plus-ténus Tes liens culturels qui nous rattachent à la Métropole*
La jeunesse purement tahitienne. la jeunesse issue de parents euro¬
péens nés en France, connaissent mal notre pays, les formes de notre
culture, de notre caractère, ils vivent en dehors de nos courants
d’idées, de nos préoccupations, elles ne sont pas intégrées dans nos
aspirations, nos inquiétudes, nos traditions, par surcroît un certain
nombre sont issus de
et de tahitiennes*
pères américains, australiens, néo-zéaüandais,
administrations locales (services administratifs, service de la Santé
service des Postes et des télécommunications, des Douanes, du Trésor,
des Travaux Publics. Restent les débouchés techniques moyens. Il y
a place dans notre Territoire dans les ateliers de
construction, de
goélettes, dans la petite usine d’électricité Martin, dans les quel¬
ques ateliers de fer ou de bois qui existent à Papeete, pour de bons
artisans spécialisés capables de devenir des contremaîtres, des
chefs de chantier, mais
et
-
sera
très vite saturé* Il est
j’insiste sur
ce
point
-
le marché
revanche souhaitable que
les distrists de Tahiti, des Iles-sous-le-vent, des Marquises et des Aus¬
trales, quatre ou cinq grands atolls des Tuamotu soient pourvus de
bons artisans moyens capables de construire sur place d$s maisons
plus solides en style du pays et avec les matériaux du pays, de pro¬
céder sur place à l’entretien des
1^ réparation
des
constructions,^à
machines, des outils. Cet appoint contribuerait à fixer au sol en
améliorant leurs conditions d’existence et de productivité des hommes
enclins à refluer constamment sur Papeete où tend à-»ise former un pro¬
létariat sans professions définies, sans aptitudes spéciales, partant
en
instable et dangereux*
maintenant à la lumière des considération cidessus dégager des principes et fixer une orientation s
Nous pouvons
Nous devons d’abord donner aux
élèves de l’Ecole Centrale
une
connaissance de la langue
française suffisante. Cet enseignement
plusieurs Professeurs ou Instituteurs ayant
doit être confié à un ou
de fortes connaissances pédagogiques, mais il ne suffit pas qu'ils
soient pédagogues, c'est là une condition nécessaire mais non pas
suffisante, il faut qu'ils aient en outre une culture générale pous¬
sée, en un mot qu'ils aient fait leurs humanités. Il y a à la base de
tout l'enseignement du français l'explication des textes; il convient
que nous ayons à Papeete au moins un Professeur licencié de lettres,
solide, expérimenté, qui sache à l'occasion d'une explication de
textes non seulement faire apprendre la signification des mots, leur
la syntaxe, le temps, dans l'histoire, dans les moeurs,
éthymologie,
dans l'évolution littéraire. Il faut que ce professeur apprenne aux
élèves à rédiger, à composer, à mettre de l'ordre dans leur pensée*
J'ai pu constater au cours de mes inspections personnelles que ce
besoin était grand*
èves,
Nous devons bien nous garder ensuite de
pour un temps assez long tout au moins, jusqu'au
cela arrêter net la tendance qui existait à créer
une première ensuite* Cela pour deux raisons s
et pour
d'abord,
1°) le développement intellectuel de la masse scolaire est
actuellement insuffisant, la sélection ne peut pas jouer et nous n'au¬
rions dans les classes de seconde et de première qu'un nombre d'élèves
restreint au départ qui s'amenuiserait encore dès la fin de^la seconde
car le déchet serait sensible, Nous ne pouvons donc songer à créer
ces deux classes pour nourrir quelque 10 élèves. C'est un luxe que
les finances du Territoire ne permettent pas.
2°) surtout
me semble indispensable pour l'avenir
des relations entre l'Océanie et la France qu'un certain nombre de
perce
qu'il
terminent en France leurs études
secondaires et les sanctionnent par le baccalauréat* Ces jeunes gens
constitueraient notre élite, leur nombre serait restreint et ils
seraient pour la plupart envoyés dans la Métropole à l'aide de bour¬
ses que l'Assemblée Représentative est disposée à accorder assez libé¬
jeunes gens, voire de jeunes filles
ralement, Il
-
en
résulterait le double avantage suivant %
les candidats
de l'Enseignement
pas le marché, ne
-
revenus
au
baccalauréat et éventuellement
aux
diplômes
supérieur seraient peu nombreux, n'encombreraient
risqueraient pas de devenir plus tard des aigris*
à Tahiti à l'âge d'hommes, ils
ramèneraient
avec
fafraichi, tonifié par le contact
Métropole. Ils auraient appris à connaître la France^ les
Français, à les comprendre, à les aimer. Ils se créeraient la-bas
des relations de camaraderie, des amitiés, en un mot ils maintien¬
draient après l'avoir appris à nouveau la tradition France. C'est
sur le plan politique, je le répète encore, une nécessité absolue et
je rejoins dans ce développement ce que j'ai exposé plus haut sur
l'importance de l'étude du français* J'ai constaté que plusieurs de
nos boursiers à leur départ vers un lycée connaissaient imparfaitement
notre langue; ce sera pour eux lorsqu'ils seront au milieu de leurs
camarades une source possible de découragement ou d'émertume, de toute
eux une
avec la
sorte de sang nouvaav,
façon une cause
d'infériorité*
Service du Patrimoine
Quelle orientation de\rrons-nous alors donner à l'Enseignement
de l'Ecole Centrale ?
plus rapidement possible de l'Ecole centrale
mais^le
Collège
domineraient les
une sorte de
technique où
disciplines scientifiques et
techniques* Ce projet de spécialisation suscitait beaucoup de com¬
mentaires et avait provoqué parm1/îes membres du Corps
fie
enseignant,
qui est profondément regrettable* deux clans#
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Ma position déjà définie en principe est la suivante# Il est
bon qu'il y ait à l'intérieur d e l'Ecole centrale une section technique un centre d'apprentissage supérieur destiné à former des artisans de valeur, des ouvriers
qualifiés,
charpentiers,
I
menuisiers,
chefs de chantier de bâtiment,
chaudronnier?,
ajusteurs,
nous
mais
ne devons pas pour
moment dépasser ce stade (/). TTn col¬
lège d'enseignement technique se comprend dans un Territoire industrie
lement équipé ou équipable, ici il serait une faute car il lancerait
dans la vie des techniciens qui se trouveraient pas
d'emploi, qui ne
pourraient pas s'expatrier et qui formeraient les cadres d'un proléta¬
riat oisif et dangereux®
le
La tendance à
laquelle je m'oppose provient d'une question
de personnes. Le Chef du service de
M.
et
VAISSIEBE
l'Enseignement,
M. CHABOUTS qui fait fonction pendant le congé de M#
de
MOILLON,
Directeur de l'Ecole, sont l'un et l'autre des professeurs de l'ensei¬
gnement technique, anciens élèves, l'un et l'autre, des Arts et Mé¬
tiers. Il est humain
qu'ils aient essayé de pousser des disciplines
dans lesquelles ils ont été fermés et qu'ils aiment, mais il mécona
naissaient, de bonne foi cela va sans dire, les conditions particu¬
lières à l'Océanie, la nécessité de faire une large part aux Humanités
simples, aux sciences
général, à la pédagogie,
en
en un mot aux dis¬
ciplines qui donnent les bases d'une culture générale tant littéraire
que scientifique.
L'Assemblée Représentative qui porte fort heureusement beau¬
coup d'intérêt à toutes les questions nui concernent l'instruction
et l'éducation de la jeunesse et qui suivait avec une réelle inquié¬
tude les querelles intestines de l'Ecole, partage à l'unanimité et
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