B98735210105_272.pdf
- Texte
-
t'SïïvJ
N° 272
Décembre 1996
IP
Société
des Etudes océaniennes
fondée le 1er
janvier 1917
Service des Archives territoriales
vallée de
Tipaerui
B.P. 110
- Tahiti
Polynésie française
Papeete
tél. (689) 41 96 03
Banque Westpac : 01 20 22 T 21
—
C.C.P. : 834-85-08 Papeete
CONSEIL D'ADMINISTRATION
M. Robert KOENIG
Président
Mlle
Vice-Présidente
M.
Jeanine LAGUESSE
Secrétaire
Raymond PIETRI
M. Yvonnic ALLAIN
Secrétaire-adjoint
Philippe MACHENAUD
M. Jimmy LY
Trésorier
M.
T résorier-adj oint
ASSESSEURS
Mme Louise PELTZER
M.
Mme Annie SAVOIE
M. Christian BESLU
Mme V. MU-LIEPMANN
M. Michel BAILLEUL
Membre
Guy SUE
correspondant près la Société des Océanistes
Bernard SALVAT
MEMBRE D'HONNEUR
M. Bertrand
JAUNEZ
J!
&K7=
Société des
Études
Océaniennes
BULLETIN
DE LA SOCIETE
DES
ETUDES OCEANIENNES
(POLYNESIE ORIENTALE)
N° 272 Décembre 1996
SOMMAIRE:
Le mot du Président
s
Mark EDDOWES & John K.
p.
2
p.
3
p.
24
p.
27
DENNISON:
Sauvetage archéologique
-
du site de TAITAPU
-
RIVNAC
Vicente Fernandez VAZQUEZ:
Les
-
origines de Alvaro de Mendana
Hélène GUIOT:
-
Eléments d'information
sur
les anciens radeaux des îles de la Société
Bruno SAURA:
-
Les codes missionnaires et la
juridiction coutumière
(1819-1934)
p. 35
des TOOHITU aux îles du Vent
Niel GUNSON:
-
Description des activités d'un baleinier des Mers
Journal du chirurgien W. DALTON
du Sud
-
p.
62
p.
66
p.
69
Pierre MONTILLIER:
-
Note
sur
le cachalot: vocabulaire & histoire
Yannick FER & Gwendoline MALOGNE:
-
Réflexions
au
bibliques à Rapa
-
Conversion
christianisme et conservation identitaire
Liste des
publications
Société des
Études Océaniennes
e/e /w f/fosA/A //*>£
(C/WA-À Ûré&sï/mstfid
Le mot du Président
Ce n'est pas sans
certaine
émotion
que nous
272, une
dernier
Bulletin
de l'année
1996. mettons la dernière main
au
BSEO n°
Après l'A.G. du 25 avril (cf. BSEO 269-270) et trois réunions du Bureau,
continué l'informatisation du fichier des membres (540 dont 400
cotisants), poursuivi le grand travail qui doit nous mener à la réalisation d'un
"Catalogue thématique des titres d'articles parus au BSEO depuis 1917" (plus
de 1500 écrits par plus de 800 auteurs, à regrouper encore sous une vingtaine
de thèmes...) et achevé l'identification et la localisation des œuvres d'art
appartenant à la Société. Enfin, grâce à l'aide amicale de Mme Broine, nous
avons
pu nous mettre à l'inventaire des ouvrages de notre Bibliothèque.
Nous avons réédité pour la troisième fois les Généalogies commentées des arii
des îles de la Société de la généreuse Mai-Arii Cadousteau et l'ouvrage de Raoul
Teissier, Chefs et notables au temps du Protectorat, pour la quatrième fois. Pour
répondre à la demande du public et surtout des étudiants des Lycées et de
l'Université, nous avons fait paraître notre troisième édition du Dictionnaire de
la langue tahitienne appelé familièrement "Tepano", tout en regrettant de
n'avoir pu publier, pour des raisons de coût et de financement, le fac-similé de
son édition
originale de 1861, Grammaire et Dictionnaire de la Langue maorie nous avons
dialecte tahitien.
Et, bien sûr, nous avons publié les 4 Bulletins prévus pour 1996- (n° 269 à
272) et commencé à préparer ceux de 1997, dont un Bulletin spécial pour
l'arrivée du Kon Tiki.
Au seuil de l'année nouvelle, nous lançons à nouveau un appel : les
bénévoles sont bienvenus et nécessaires pour nous aider, dès la mi-décembre,
à la mise en place, au Musée de Tahiti et des îles, des tableaux, des documents
et des
objets. C'est par leur exposition que la SEO célébrera son 80ème
partir du 2 janvier 1997... nous espérons.vous y rencontrer ce
jour-là à partir du matin pour le premier jour de timbre et à 16 heures pour le
vernissage!
Car afin de commémorer cet événement, le premier Bulletin de 1997
portera une marque distinctive qui lui conférera une valeur très particulière,
anniversaire à
alors,
ia
ia
ora
ora na
i te Matahiti
i te Noera,
Api e ia Oaoa !
Robert
2
Société des
Études
Océaniennes
Koenig
N° 272
—
Décembre 1996
SAUVETAGE ARCHEOLOGIQUE
DU SITE DE TAITAPU-RIVNAC
epuis
fort
longtemps, les
vagues érodent
régulièrement le rivage
sud de la pointe
Nu'uroa
en
mettant
au
jour des ossements et
des
vestiges
d'anciennes activités.
Le
projet
de
construction
d'un
l'hôtel
sur
Rivnac
le domaine
menaçait
fortement les vestiges
enfolds dans cette terre
amenait
et
le
Département
Archéologie
du
C.P.S.H. à effectuer
des
travaux
de
sauvetage
archéologique courant
1996.
Ce
sauvetage a été conduit dans la double perspective de connaître au mieux l'histoire des
déplacer les sépultures qui se trouvaient menacées par les futurs travaux
lieux et de
d'aménagement de l'hôtel.
Le site est localisé
la terre Taitapu
(Henry 1928 : 77) plus communément connue sous
région de l'ancien mata'eina'a de Atahuru du district de
Puna'auia, autrefois dénommé Te Oropa'a puis, plus tard, Manotahi.
Le nom même de Taitapu qui signifie "sous restriction - tapu" (Davies 1851) évoque une
fonction particulière relative aux droits traditionnels des grands chefs du mataeina'a de
Atahuru, au moins vers la période historique.
D'un point de vue géographique le site est localisé légèrement au sud de la Pointe Nu'uroa
entre la passe récifale Ava-ava-manini et la route des pirogues Te-ara-o-Tahiti (Fig. 1).
La terre Taitapu-Rivnac, d'une superficie d'environ 5 hectares, s'étend sur 200 m au bord
de mer et sur près de 300 m vers l'intérieur des terres. Il s'avère que cet espace a connu une
longue période d'occupations humaines plus ou moins intenses ou prolongées au cours de
le
nom
sur
de Rivnac. Il est situé dans la
l'histoire.
Société des
Études
Océaniennes
3
ê/ffc/e-i ffitwrr/titw/tM
c/f'-
APERÇU
SYNTHÉTIQUE DE L'HISTOIRE DU SITE TAITAPU-RIVNAC
objectifs distincts ont guidé nos travaux sur le site de Taitapud'abord, il s'agissait de déplacer les sépultures menacées par le
projet d'aménagement d'un hôtel ; en deuxième lieu, nous souhaitions établir
des relations stratigraphiques entre les diverses sépultures afin de déterminer
leur ancienneté relative; enfin, nous nous proposions d'observer et de tenter
de corréler les dépôts stratigraphiques de l'ensemble du site.
En bordure de plage à l'ouest du site, hormis le démontage des sépultures,
dont on rend compte plus loin, les travaux de fouille nous ont permis de bien
observer la stratigraphie de cette zone.
Trois
Rivnac. Tout
Nous
avons
notamment retrouvé
une
couche relativement ancienne située
moyenne de 110 cm, de couleur noire et riche en vestiges de
(os de cochons, arêtes de poissons (Carangidse & Labrid.se), moules
(Mytilidae), turbo (Turbo setosus), qui comportait un peigne à tatouer en nacre
(uhi parau no te nana'o), un pendentif en nacre (matiti parau) cassé, une lime en
corail (i'u to'a) et des vestiges de débitage de nacre (apaapa'a parau). Cette
à
profondeur
une
faune
couche
correspondrait à la période la plus ancienne où le haut de plage de
a été véritablement habité. Ce niveau puissant était recouvert par du
sablé marin clair correspondant à une période d'abandon du site.
Le processus d'occupation puis d'abandon des lieux se poursuit jusqu'aux
périodes plus récentes où la plupart des corps de Taitapu ont été inhumés (cf.
Fig. 2).
Au sud du site, cinq tranchées et trois sondages furent creusés dans cette
Taitapu
zone
ces
et
aucun os
humain
ouvertures ont
révélé,
ne
au
fut retrouvé lors de
sein de
ces
recherches. En revanche
plusieurs couches
de
un
nombre suffisant
vestiges archéologiques pour indiquer l'occupation humaine des lieux à
différentes périodes. Cette zone renfermait une riche variété de faune
composée notamment d'oursins, de pahua (bénitier-Tridacna maxima) et de
coquilles de ma'oa (turbo-Turbo setosus).
Figure 2
:
Coupe est de la zone de sépultures en bord de mer
Te hohonura'a
4
o
te
mau
tanora'a mai
Société des
Études Océaniennes
N° 272
L'histoire
—
Décembre 1996
stratigraphique de la partie sud du site semble être avant tout le
résultat d'une accumulation de couches sableuses tandis que dans la partie
nord (cf. infra) l'influence des limons fluviatiles dans la séquence est très
importante.
Il est intéressant de noter que
dans l'un des sondages (N° 30), la couche 18,
qui daterait des débuts de la formation du cordon de plage, comportait des
particules de charbon qui, s'ils ne sont pas d'origine naturelle (niveau
d'incendie) mais d'origine anthropique, pourraient alors témoigner d'un
possible défrichage de la terre par brûlis. Nous avons prélevé un échantillon
afin de dater cet éventuel début d'occupation. D'autres échantillons ont été
prélevés dans la couche 13 qui est clairement culturelle car elle est associée à
des déchets culinaires et la couleur du remplissage varie de très foncée à noire
(Fig- 3).
.
Dans la
v
nord-est du site
placé quelques sondages pour
comprendre l'étendue de la zone de sépultures vers l'intérieur des terres et
pour observer et comparer la stratigraphie de cette zone avec celles du sud et
zone
nous avons
de l'ouest du site.
—
"
L
1
L 2
Sables très clairs blanchâtres.
L 3
Sables limoneux
L
Sables clairs.
4
h
Sable limoneux foncé à taches de cendres.
marrons.
L 5
Sables
coquilliers grossiers gris brun.
L
6
Sables
coquilliers grossiers clairs.
L
7
Sables
gris fins.
L 8
Sables très fins rosés.
L
Sables rosés
9
légèrement plus foncés.
L10
Sables grossiers
L11
Sables
L12
Sables
L13
Sables fins
L14
Sables
L 15
Sables limoneux grisâtres.
L16
Sables fins brun rosé.
L 17
Sables fins de couleur
L 18
Sables
marron
coquilliers.
clair
avec
poches limoneuses.
moyens.
beiges.
coquilliers grossiers.
et
limons
légèrement cendrée.
grisâtres
avec
fragments de
conglomérat corallien dans matrice sablo-limoneuse.
L19
Corail
compacté recouvert de sables limoneux blancs.
Corail.
MB
Pierres basaltiques
t 'ïrtëJrêjH
Figure 3
:
Coupe est du sondage N° 30
Apapara'a o te tail ifaaeahia e te
mau
tupuna
5
jj&wftfé/M f/r- /m ^/rr/f'/r
(£'//*tw-&./i>/f/MC-ï
LES ORIGINES DE
ALVARO DE MENDANA
on
Alvaro de Mendana
naquit en 1542 à Congosto et mourut en 1595, à
dans l'île de Santa Cruz. La plus grande partie de sa vie, si l'on
exqlut les années de sa jeunesse, jusqu'à l'âge de 21 ans, et celles de son
53 ans,
en
Espagne pour obtenir du roi Philippe II
deuxième voyage, tourna autour du Pacifique.
moitié de sa vie est liée aux Mers du Sud.
retour
l'autorisation de réaliser son
C'est à dire que plus de la
Ses deux voyages (le premier le conduisit aux îles Salomon en 1567-1569, et
le deuxième, en 1595, aux îles Marquises et à Santa Cruz) sont assez bien
connus, grâce aux récits qui en furent faits par lui-même ou par ses chefspilotes, Hernan Gallego et Pedro Fernandez de Quiros. Cependant nous
savons
peu de choses de ses premières années et de ses origines. C'est
pourquoi nous nous arrêterons aujourd'hui, brièvement, sur ces points
particuliers.
Grâce à la documentation des Archives des Indes de Séville, nous savons
que Alvaro de Mendana naquit dans la localité de Congosto, dans le Léon,
dans la région du Bierzo, au riord-ouest de l'Espagne. Depuis les Temps
modernes, cette région a toujours appartenu au Royaume
de Léon, et n'a
jamais fait partie de la Galice : cela n'a donc aucun sens d'attribuer à notre
navigateur une origine galicienne.
Dans le
Catalogue des passagers à destination des Indes, où il figure au
départ de ses deux traversées de l'Atlantique, il apparaît comme né à
Congosto (Léon), la première fois en tant qu'accompagnateur de son oncle le
gouverneur du Pérou, Don Lope Garcia de Castro, et la deuxième comme chef
d'expédition. Nous savons aussi que ses parents étaient de Congosto, ses
grands parents paternels de Los Barrios, et ses grands parents maternels de
Villabuena de Valdueza. Ces deux villes, proches de Congosto, sont à environ
10 km l'une de l'autre. On constate alors que si ses ancêtres viennent de Los
Barrios et de Villanueva de Valdueza, ses parents et lui-même viennent de
Congosto. Par conséquent il faut se demander pour quelle raison ces derniers
sont allés s'installer à
Congosto.
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Société des
Études
Océaniennes
N° 272
Je mène actuellement des recherches
—
Décembre 1996
sujet et je ne peux donc me
de façon définitive ; mais je peux affirmer sans trop de risques que
ses
parents furent exilés de Los Barrios à la suite d'un conflit au cours duquel
quelqu'un aurait été tué par un membre de la famille Mendana.
sur ce
prononcer
Dans le document cité
ci-dessus,
peut lire également que, lorsqu'il
embarqua pour sa première traversée, il avait environ 21 ans, qu'il était
presque imberbe et qu'il avait des taches de rousseur sur les mains ; on y
apprend en outre qu'il était hidalgo, de noble lignage, c'est-à-dire qu'il
appartenait à la vieille noblesse léonaise depuis des temps immémoriaux.
on
On trouve les Mendana, le berceau de don Alvaro de Mendana y
Neira,
province de Zamora à la fin du Moyen Age ; de là ils passèrent au
XlVème siècle dans les terres d'Astorga où ils faisaient partie de la petite
noblesse locale, puis devinrent petits seigneurs de la région, propriétaires du
fief de San Martin de AgostedO. A la fin du XlVème siècle, ils s'établirent dans
le Bierzo, dans la partie la plus occidentale de la province de Léon, où ils
restèrent définitivement, au moins en ce qui concerne la branche de la famille
dans la
de Don Alvaro de Mendana.
C'est dans cette
région du Bierzo, sur les terres de San Pedro Castanedo, de
Villanueva de Valdueza, de Ponferrada et de Molinaseca que
vécurent les arrière-grands-parents, les grands-parents et les parents de Don
Alvaro de Mendana. J'ai reconstitué et publié l'arbre généalogique des
Mendana, du XHIème siècle à la fin du XVIème siècle, dans le numéro 4 de la
Los Barrios, de
"Revue
espagnole du Pacifique"1.
Une fois dans le Bierzo, les Mendana s'unirent aux familles les
plus
importantes de la zone, entre autres les Osorio, les Neira, et les Maldonado,
alors qu'ils étaient propriétaires du fief de San Pedro Castanedo et patrons de
plusieurs églises, .ce qui veut dire qu'ils nommaient les chapelains, les juges et
les officiers de justice sur les terres de leur juridiction. Ils sont ainsi devenus
l'une des familles les plus représentatives de la petite noblesse léonaise. La
base économique de leur richesse résidait dans la possession de nombreux
biens, meubles et immeubles, avec en particulier des terres consacrées à la
vigne et aux céréales. Ils possédaient également des pressoirs ^pour la
fabrication du vin, des moulins, des chais, etc. répartis sur tout le territoire des
villes citées ci-dessus.
Société des
Études
Océaniennes
25
.jO/s/Z/ût f/r- Z/ Zcr//•■//'■
.
ë/f/ZerX &é--é/rsuWt-/»M
s
C'est pourquoi, lorsqu'il accompagna son oncle, Don Garcia Lope de
Castro, pour sa première traversée, Mendana n'était pas un gueux sans'
ressources, même s'il cherchait à améliorer son statut social. Il ne l'était pas
plus lors de son deuxième départ pour le Pérou puisqu'il allait acheter
capitane de la flotte qui arriverait aux Marquises, le San Jeronimo,
pour 8.000 pesos, tandis que sa femme dona Isabel achèterait le navire amiral.
Celle-ci déclara même plus tard qu'ils avaient investi plus de 40.000 pesos
non
lui-même la
dans
l'expédition 2.
Vicente Fernandez
Traduction
:
Vazquez
Annie Baert
NOTES
1
Revista
2
Conférence de l'Association
espanola del Pacifico n° 4, Madrid, décembre 1994.
espagnole d'Etudes du Pacifique prononcée au
Service des Archives territoriales pour la Société des Etudes océaniennes le 21 juillet
1995 afin de fêter le quatrième centenaire du passage des Espagnols aux îles
Marquises.
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Société des
Études
Océaniennes
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Décembre 1996
ELEMENTS D'INFORMATION
SUR LES ANCIENS RADEAUX
DES ILES DE LA SOCIETE
Les radeaux sont attestés
sur
des
morceaux
de bois
partout, il est naturel de se laisser porter
qui flottent. (A. Leroi-Gourhan, 1971, p. 48)
Les Polynésiens, ces navigateurs réputés pour leurs techniques de
navigation et pour la performance de leurs navires, construisaient
également des embarcations beaucoup plus modestes, mais
parfaitement adaptées aux besoins de la vie quotidienne. Tels sont les
radeaux, plates-formes flottantes constituées de rondins de bois assemblés
parallèlement, et destinées au transport d'hommes et de marchandises en
milieu fluvial et marin.
De forme
aux
universelle, le radeau polynésien ne suscita qu'un faible intérêt
yeux des voyageurs européens qui sillonnèrent le Pacifique aux 17e et 18e.
siècles. Ces observateurs étaient bien
océaniennes dont la
plus fascinés par les pirogues
conception était étrangère à l'esprit occidental de
l'époque : peu élevés au-dessus de la surface de l'eau, les bâtiments de voyage
polynésiens sont constitués de deux coques profilées, alors que les bâtiments
européens n'en possèdent qu'une de grande largeur. En conséquence, la
documentation ethnohistorique est peu prolixe à ce sujet et le radeau est
encore
négligé dans les études ethnoarchéologiques sur la navigation
traditionnelle en Polynésie.
Pourtant l'utilisation de
ce type d'embarcation pourrait être très ancienne
Pacifique. En effet, il y a plus de 40.000 ans, l'Australie du Sud était
déjà peuplée; afin d'atteindre ce continent, les populations venues d'Asie du
sud-est traversèrent des bras de mer d'au moins 70 km de large. Une
embarcation rudimentaire tel que le radeau fut alors peut-être suffisante.
Comme le montre la carte établie par Edwin Doran d'après le documentation
ethnohistorique (1981, p. 75), le radeau est largement présent dans l'ensemble
des archipels océaniens : de la Nouvelle-Guinée aux Gambier et notamment
aux îles de la Société.
(Fig. 1)
dans le
Société des
Études
Océaniennes
27
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WSwt/eù- é'yeé/t/uYYM
Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 272