B98735210105_269-270.pdf
- Texte
-
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Tahiti,
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s
Si
opposition il devait y avoir entre le Mua
c'est donc et d'abord à l'intérieur des
catégories
temporel et le Mua spatial,
de la langue tahitienne, et
dans ce cas, le terme opposition n'a
pas véritablement lieu d'être, tout
simplement parce que le temps ne s'oppose pas à l'espace. Pour celui qui ne
parlerait que reo ma 'ohi, il n'y a donc aucun problème u.
On se trompe, par ailleurs, en
prétendant que l'ensemble des Tahitiens
seraient porteurs d'une même vision du
temps. On peut tout d'abord être
locuteur du reo ma'ohi sans être Tahitien (ce
qui est rare) ou Tahitien et non
locuteur du reo ma'ohi (ce
qui devient plus fréquent). On peut aussi parler
plus ou moins reo ma 'ohi, mais alors, quelle philosophie du temps aura-t-on ?
Une
philosophie approximative ?
Au-delà des cas particuliers, le
risque réside dans la confusion entre le
discours philosophique d'une ou de
quelques personnes au sujet du temps,
prétendant exposer non pas leur propre vision, mais celle de tout un peuple,
et la vision
spontanée du temps de chaque homme dans ce peuple, qui ne
relève pas de la philosophie. Car la
philosophie est principalement l'affaire
des
philosophes. S'il peut exister une philosophie tahitienne, africaine ou
esquimaude, elle n'a rien à voir avec la vision ordinaire du temps, de l'espace
ou du réel, ni même avec une
certaine sagesse dont seraient
porteurs
collectivement les hommes de ces
peuples 13. Présenter l'idéologie populaire
comme une
philosophie revient à commettre la même erreur qu'assimiler le
savoir du locuteur à celui du
linguiste, les conversations de salon à la
psychologie scientifique et les problèmes sociaux au discours théorique du
sociologue sur les relations sociales 14.
12
John Mairai
ne s'y est pas
trompé, qui écrit : "1 te hi'oraa a Moora perehu, 'aita 'e fifi no te
teferuri ma'ohi ra. No Tihoni ma ra 'eoParaita ma teipapaahia to raua ma'ohiraa, tei roto ïa
te reru".
Op. cit., p. 12.
ma'ohi
i
13
La
question de la définition d'une "philosophie africaine" fait l'objet d'un vaste débat sur
Augé rapportait récemment que "le philosophe béninois Paulin
Hountondji, s'en prenant au Révérend Père Tempels et à sa Philosophie bantoue, a ainsi pu
critiquer la forme extrême de cette tendance, l'«ethnophilosophie», entendue comme la
recherche imaginaire d'une vision du monde
assimilée à une philosophie collective
immuable". (Augé, M. Le sens des autres. Actualité de
l'anthropologie. Paris, Fayard, 1994,199
p., p. 29.). Pour plus de détails, voir :
Hountondji, Paulin. Sur la «philosophie africaine», Paris,
Maspero, 1977 ; et, du même auteur : "Langues africaines et philosophie.
L'hypothèse
relativiste", in Etudes philosophiques, Paris, P.U.F., oct-déc 1982,
pp. 393-406.
Dans un
registre un peu différent, on lira avec profit : Abed al Jabri, Mohamed. Introduction
à la critique de la raison arabe.
Paris, La découverte-IMA, 1994,172 p.
14
Celui qui persiste à voir dans les valeurs d'un
groupe humain, une philosophie, arguerait,
à raison, que
s'il existe une "philosophie populaire" tahitienne du
temps, elle consiste plutôt
dans la valorisation du
présent, du moment vécu, que dans la philosophie proprement dite
ce
du
continent. Marc
mua
et du mûri.
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Société des
Études
Océaniennes
N° 269-270 Tome XXIII N° 5
Comment croire
Mars-Juin 1996
également qu'il n'existerait qu'une philosophie
seule, opposée à une philosophie tahitienne ? Tout
occidentale du temps, une
dépend des auteurs, des périodes. Les philosophes grecs de l'Antiquité ne
guère l'idée d'avancée des hommes dans le temps, dans
l'Histoire. Pourtant, comme certains philosophes ma'ohi d'aujourd'hui,
Héraclite comparait le temps à une rivière, notant que "on ne se baigne jamais
deux fois dans le même fleuve". Les philosophes ma'ohi, grecs, anglais,
français, développent tous des images du temps qui se rejoignent ou qui
s'opposent, à l'intérieur même de leur propre pays, de leur propre culture, de
leur propre temps. Ici comme ailleurs, le temps se déroule, le temps se
dévide, le temps s'envole, au gré de l'imagination des uns et des autres, qui
ne sont
que partiellement limités par les contraintes lexicales de leur langue,
pour exprimer des idées communes et peut-être universelles.
L'erreur consisterait surtout à confondre le temps avec ce qui est dans
le temps. La conception du temps et la philosophie plus ou moins élaborée
que l'on s'en fait varient certainement selon les hommes et les cultures.
Quoiqu'il en soit, la caractéristique universelle du temps est de servir de
cadre à nos expériences. Sa mesure, qu'elle s'opère en heures ou en fonction
de la hauteur du soleil, en jours (comme chez les Occidentaux) en nuits
(comme chez les Tahitiens autrefois), en lunes ou bien en mois, a tout
simplement pour but de faciliter l'exercice par les hommes de leurs activités.
valorisaient
philosophes peuvent bien se poser et s'opposer par le biais de
cela n'empêche en rien les hommes de se
comprendre. Pense-t-on vraiment qu'un Tahitien qui utiliserait le Mua et le
Mûri suivant les critères "traditionnels", aurait une vision du temps, et donc,
partiellement du monde, inverse de celui qui les emploierait les deux termes
dans l'autre sens ? Au sein d'une foule tahitienne, aujourd'hui, se côtoieraient
ainsi quelques hommes et des femmes ayant une vision ma'ohi du monde, et
d'autres Ma'ohi (la plupart) ayant une vision popaa ; ces derniers ayant tout de
même l'opportunité de redevenir Ma'ohi en corrigeant tout simplement leur
emploi de Mua et Mûri ? Qu'en serait-il des locuteurs parlant les deux
langues ? Croit-on sincèrement qu'ils possèdent une vision tahitienne du
temps lorsqu'ils parlent reo ma'ohi, et une vision occidentale quand ils
s'expriment en français ? Dès lors, comment réussiraient-ils à gérer cette
contradiction, dans leur vie quotidienne, et par rapport aux autres personnes
dont ils ignorent peut-être la vision du temps ?
La réalité est en effet que, depuis une quinzaine d'années, et chaque
jour, certaines personnes utilisent Mua et Mûri dans un sens inverse des
autres, ce qui n'empêche personne de se comprendre. Car poser le Mua et le
Mûri comme l'essence du temps, c'est oublier que la temporalité possède
d'autres créneaux d'expression, à l'intérieur même de la langue tahitienne.
Aussi, les
différentes visions du temps,
27
Société des
Études Océaniennes
s/r- /M '/r r/i/A s/t'J Q/ttafol
.
frA/f/t/rsistr-i
Si
je propose à un ami de le revoir le mois prochain, par ces mots : "E
farerei faahou tana i te âva'e i mua nei" ("nous nous rencontrerons à nouveau le
mois dans le Mua"), il comprendra évidemment que cela signifie "le mois
prochain", car je ne lui propose pas un rendez-vous pour un mois qui est déjà
écoulé. La certitude que cette rencontre est programmée dans le futur découle
de la situation même de proposition de rendez-vous, renforcée par l'usage du
E, qui correspond généralement au futur, et du faahou (qui n'était d'ailleurs
pas nécessaire) signalant la répétition de la rencontre. Si j'avais dit "Ua farerei
taua i te âva'e i mua nei", il serait très probable que j'aurais cherché, non pas à
susciter
un
rendez-vous, mais à le faire
se
souvenir de notre dernière
(le mois dernier, même si ici aussi, j'ai employé Mua). N'importe
quel linguiste objectera que Ua n'indique pas forcément le passé, ni E le futur,
bien que ce soit souvent le cas. Là encore, c'est le contexte qui permet de
rencontre
comprendre
ce qui est dit15. Ce qui est certain, c'est que l'emploi dans un sens
dans l'autre, de Mua ou de Mûri, n'empêche nullement la compréhension,
ni ne la détermine dans l'absolu
parce que ce Mua et ce Mûri seraient porteurs
ou
à
eux
seuls de toute
Pour
en
finir
une
sur
vision du monde.
ce
point,
nous
rappellerons les
propos
du logicien
Russel, pour qui "le but des mots est de pouvoir s'occuper d'objets autres que
les mots, bien que les philosophes semblent oublier ce
simple fait. Si j'entre
dans
un restaurant et
je commande mon repas, je ne veux pas que mes mots
s'ajustent à d'autres mots comme un système, mais qu'ils provoquent
l'apparition du repas. Je pourrais m'arranger sans mots, en prenant ce que je
veux, mais ceci serait cependant moins pratique. Les théories verbalistes de
certains philosophes modernes oublient les buts
simples et pratiques des
mots de chaque jour et se
perdent dans un mysticisme néo-platonicien. Il me
semble les entendre dire «Au commencement était le Verbe» et non
pas «Au
commencement était ce que le
Verbe signifie»"16.
d) Catégorie de la connaissance
Faut-il pour autant
Mûri,
ou
catégorie spatio-temporelle ?
rejeter la philosophie "traditionnelle" du Mua et du
faisant pas sens ? Présentée telle qu'elle l'a été jusqu'ici,
l'opposition absolue des visions française et tahitienne du temps, ne convainc
que d'une chose : de l'existence d'une volonté d'opposition "culturaliste" des
comme ne
Popaa et des Ma'ohi,
15
au
moyen
de la langue.
De la même
façon, qui croirait que dans l'expression e a mûri non atu ("et pour l'éternité à
), mûri serait la seule marque du temps ? Le temps est davantage véhiculé par a,
comme dans ananahi (demain,
par opposition à inanahi, hier), que par mûri.
16
Russel, B. An inquiry into Meaning and Truth. Londres, 1951, pp. 148-149.
venir
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Société des
Études
Océaniennes
N° 269-270 Tome
En
réalité, la
XXIII N° 5 Mars-Juin 1996
philosophie ma'ohi du Mua et du Mûri pourrait se justifier,
l'œuvre d'une pensée réflexive individuelle, pour peu que
de considérer ces particules comme étant de l'ordre du temps ou de
même si elle reste
l'on
cesse
l'espace, alors qu'elles relèveraient de
l'ordre de la connaissance 17.
pensée, Mua ne serait ni le devant, ni le derrière, ni le
passé, ni le futur. Mua renverrait à ce qui est vu ou qui a été vu, c'est-à-dire, à
ce
qui est su, connu (c'est le même terme, en effet, qui désigne en reo ma'ohi la
vision et la connaissance, la vue et le savoir : ite). Très logiquement, si
j'emploie Mua pour parler d'un objet qui est devant moi, ce ne serait pas parce
que Mua signifierait "devant" mais parce que cet objet, je le vois. Je voudrais
donc parler d'un objet connu. Inversement, un objet identifié dans le domaine
du Mûri, ne serait pas tant un objet situé "derrière" moi, qu'un objet "non
visible", non vu (de moi), non accessible en ce moment à ma connaissance par
Dans
une
le biais de la
telle
vue.
qui est du temps, on comprend mieux que "te tau i Mua"
pourrait signifier "le temps - qui a déjà été - connu, situé dans le domaine du
vu", c'est-à-dire, le temps passé. Dans le même ordre d'idée, "te tau i Mûri"
pourrait effectivement vouloir dire "le temps que je n'ai pas encore vu", le
temps qui n'est ni derrière, ni devant moi, mais que je n'ai pas encore vécu,
c'est-à-dire, le futur 18. Et à la rigueur, un dictionnaire bien conçu, donnant la
définition de Mua, devrait établir qu'il s'agit d'une particule cognitive avant
d'être spatiale ou temporelle.
Pour
ce
En réalité, mua et mûri sont des particules spatiales, utilisées dans l'expression du temps, et
signifiant aussi ce qui est vu, su, connu. Cf. Peltzer, Louise. Représentation et structuration
de l'espace en tahitien", in Publication de la Société de linguistique de Paris, t. XCI, 1996. Chacun
peut donc développer une philosophie personnelle en mettant l'accent sur les aspects
cognitifs de mua et mûri, sur leurs aspects spatiaux, temporels... Il y aura là autant de
philosophies de certains aspects de la langue tahitienne, mais en rien une opposition francotahitienne, car les philosophies du temps en Occident, ne sont pas moins nombreuses.
17
Ce que ne démentirait pas une analyse morpho-sémantique (de l'ordre de l'étude des
significations liées à une forme lexicale), comme nous le rappelle Valérie Gobrait : "Dans la
formation des mots en tahitien, la morpho-sémantique nous apprend que la particule II
évoque l'idée d'une puissance déterminante de l'environnement sur l'être humain, que l'on
retrouve dans dans le Ku marquisien : c'est un fait irréversible, acquis, inébranlable. La
particule A dans les langues océaniennes, renvoie à un message, quelque chose de
manifeste. En regroupant ces deux proto-notions, on en déduit que ce qui relève du UA
participe du manifeste qui dépasse l'être humain. En ce sens, il devient acquis, pouvant
s'exprimer dans le temps par la marque du passé. Par exemple, dans l'expression Ua reva
tatou, "nous sommes partis", l'action semble évoquée au passé alors qu'elle est à venir, mais
déjà considérée comme acquise. Cette analyse peut évidemment être appliquée à mUA".
(communication personnelle, 12-03-1996).
18
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Société des
Études Océaniennes
sMw/PrSS/i c/f- /*# *./pàeé-/£ ewts*iévtst-&l
La chose est d'autant
plus vraie lorsque cet auteur, bénéficiant de la
légitimité d'une origine sociale et familiale prestigieuse, de la compétence
universitaire reconnue, et de la sacralité relative du support de son texte
(publication d'une Eglise), évite lui-même de présenter sa réflexion comme
une démarche
personnelle ou subjective. La dernière audace pour imposer
cette vision du monde et faire croire
qu'il s'agit de celle de tout un peuple,
consiste à donner à cette pensée, pourtant personnelle, l'aspect d'un discours
inspiré, d'une révélation divine adressée à l'ensemble des Ma'ohi (et aux seuls
Ma'ohï). L'auteur s'efface derrière la divinité, prétendant n'être qu'un simple
messager, plaçant l'origine de ses mots au-delà des hommes, plaçant par là
même ses propos et sa personne hors d'atteinte des hommes. Toute émission
d'une pensée différente, ne pourrait que paraître contestation subversive,
blasphématoire ou hérétique, quand bien même ces discours divergents se
présenteraient eux-mêmes comme non dogmatiques, sans prétention aucune
au
monopole de la vérité 47.
La transformation d'une réflexion personnelle sur les catégories spatio¬
temporelles Mua/Muri, en une philosophie de la langue qui opposerait les
Ma'ohi et les Popaa, loin de marquer un retour à une conception
authentiquement ma'ohi du monde, est le produit de l'acculturation
occidentale (puisque la question de l'opposition ne se pose que pour celui qui
connaît les langues française et tahitienne), autant qu'un
instrument
intellectuel forgé pour résister à cette acculturation. Dans une situation
coloniale hautement idéologisée, nous sommes conscients que tout discours
qui relativise la prétention à la vérité de cette philosophie ma'ohi, courre luimême le risque d'être perçu comme
participant d'une réaction idéologique
occidentale à cette réaction tahitienne que constitue déjà la
philosophie
culturaliste du temps et de la langue.
47
A titre
d'exemple de son intolérance, nous renvoyons à l'article que Duro Raapoto
à l'enseignement du reo ma'ohi à l'Université
Française du Pacifique,
dans le Ve'a Porotetani de février 1996
(p. 4). Particulièrement méprisant à l'égard de
ceux
qui n'ont pas la même conception de l'enseignement de la langue tahitienne que
lui c'est-à-dire, sa
conception -, il rappelle à leur propos, les versets d'Esaïe V. 20-21 :
E pohe to ratou...", c'est-à-dire, "Malheur à ceux
qui appellent le mal bien, et le bien
mal, Qui changent les ténèbres en lumière, et la lumière en ténèbres, Qui
changent
1 amertume en douceur, et la douceur en amertume ! Malheur à ceux
qui sont sages à
leurs (propres) yeux ! Et
qui se croient intelligents !"...
vient de
consacrer
-
48
Société des
Études
Océaniennes
N° 269-270 Tome XXIII N° 5
Mars-Juin 1996
La
préoccupation de l'auteur de ces lignes était pourtant tout autre.
présenter comme non Ma'ohi les apôtres de la philosophie
"traditionnelle" du Mua/Muri (ce qui serait ridicule), ou de contredire sur le
fond leur justification de l'usage de ces particules à l'inverse de la
plupart des
locuteurs ma'ohi, notre but était tout simplement de rappeler
qu'il ne s'agit
que d'une philosophie ma'ohi de la langue, parmi d'autres philosophies ma'ohi
de la langue qui ne s'expriment pas encore, mais
que nous appelons de nos
vœux, et qui pourront être tout aussi ma'ohi, même si elles transmettent autre
chose que la pensée des premiers philosophes ma'ohi.
Loin de chercher à
Ce sont donc moins le bien-fondé d'un raisonnement
la justification
linguistique d'un usage qui nous préoccupaient, que le dogmatisme d'une
pensée ayant prétention à la vérité. Nous n'avons cherché à convaincre
personne que notre propre conception du Mua et du Mûri était plus
pertinente que celle des autres. Nous n'avons d'ailleurs aucune conception
originale du Mua et du Mûri à proposer, ni ne sommes désireux de nous
immiscer dans des querelles "internes", à propos desquelles on aura tôt fait de
nous rappeler notre
origine externe, pour tenter de discréditer, sinon
d'invalider nos raisonnements. Nous espérons donc que ce texte
n'appellera
pas de réponse, qu'il n'engendrera aucune polémique - faut-il rappeler qu'en
grec, polemikos signifie "relatif à la guerre"- Ce qui ne veut pas dire qu'il ne
donnera pas matière à la réflexion, intérieure.
ou
Bruno SAURA
49
Société des Études Océaniennes
f/r- /*c ^fcr/tVA
dC/ttr/rX Y'rw/t/fVi/tr-.t
DES BORDS DE LA TAMISE AUX
RIVAGES DE ARUE, LE
CODE DE TAHITI
novembre 1815, à Londres, au moment où les
partisans de Pomare II
de Opuhara lors de la bataille de Fei pi, le révérend
^^^Matthew Wilks, l'un des pères fondateurs de la London Missionary Society,
soumet à son secrétaire général, George Burder, l'idée suivante : que la Mission
tahitienne propose des lois au gouvernement local, comme cela avait déjà été fait
pour les Indiens d'Amérique du Nord ou pour les habitants d'Afrique du Sud, en
insistant sur la nécessité d'un cadre démocratique, à partir d'une assemblée
générale des chefs et autres, afin d'"amener toutes les îles de la Société sous les
h
l'emportent
sur ceux
mêmes lois".
Moins d'un
roi Pomare
an
plus tard, les 8 missionnaires installés encore à Moorea et le
II, qui se trouve à Tahiti, échangent une correspondance : ils souhaitent
réunion des "chefs de
plusieurs districts où il proposerait avec leur concours,
après consultation et accord, d'établir quelques lois et règles pour le bien du peuple
et une meilleure
organisation des affaires publiques". Si le roi accepte volontiers
cette idée d'un nouveau cadre juridique, il s'oppose à celle d'assemblée générale de
chefs, voulant garder pour lui la liberté de communiquer à sa manière "plutôt
personnelle et moins publique" ses propres choix ; les missionnaires répètent qu'ils
préfèrent, quant à eux, une démarche plus démocratique. Refusant de partager son
tout nouveau
pouvoir, Pomare II trouve un compromis : rencontrer chaque chef
dans son propre district.
une
En février 1817 le
Queen Charlotte, qui débarque à Moorea la première presse
imprimer et la famille Ellis, puis en avril le King George, qui amène Orsmond et les
siens, annoncent en fait l'arrivée d'une nouvelle génération de missionnaires et une
nouvelle approche des relations entre
Eglise et pouvoir ; il s'agit bien de dresser, 50
ans
après le premier contact et près de 20 ans après l'arrivée du Dujf, un bilan et
d'analyser la nouvelle situation née de la victoire du christianisme et de la
consolidation de l'autorité de Pomare H. Deux
questions se mêlent, conversion et
tradition, lois et baptême :
Ne faut-il pas mettre fin immédiatement à la
correspondance engagée avec le
roi au sujet de
l'adoption des nouvelles lois "pour le bien-être, la paix et la
tranquillité d'une nation professant la religion chrétienne" ?
Pour ces nouvelles lois faut-il
s'inspirer de la deuxième Table de Lois exprimée
dans le Nouveau Testament pour définir les
"devoirs des magistrats, des sujets, des
maîtres et des serviteurs, des maris et des femmes, des
parents et des enfants etc."
ou se contenter d'une
esquisse de quelques-unes, selon les circonstances ?
à
—
—
50
Société des
Études
Océaniennes
N° 269-270 Tome XXIII N° 5
Mars-Juin 1996
transformer en théocratie avec, à sa tête, le roi, n'est-il
préférable de statuer sur le sort de ceux qui sont dignes désormais d'être
baptisé ? Mais comment sélectionner les candidats, et surtout, comment agir avec le
Si l'Etat
—
ne
doit pas se
pas
roi ?
Les missionnaires refusent de
"mêler des affaires civiles et
politiques des
indigènes, sauf en certaines circonstances", et décident de ne rien décider en
septembre 1817 ; le débat sera à nouveau relancé à partir du 17 novembre
lorsqu'arrive, à bord de l'Active, un groupe de 6 envoyés avec leurs familles.
Dès janvier 1818 les nouveaux, en particulier Threlkeld, contestent avec
violence les démarches entreprises jusqu'alors avec le roi par les anciens, Nott,
Bicknell, Hayward ou Davies, comme s'il n'y avait eu "aucun débat", comme si eux,
"ignorant de la langue, des coutumes et de l'histoire" pouvaient mieux juger que
se
leurs aînés.
malgré leurs dissensions et
séparation à Papetoai pour ce qui deviendra le me, participent le 13 à la création
Le 12 mai 1818 les missionnaires
leur
se
dime Société auxiliaire missionnaire tahitienne
leur lire
retrouvent
;
ils demandent le lendemain à Nott de
projet de lois, l'approuvent et souhaitent qu'il en discute en compagnie
Pomare II pour que le texte puisse être approuvé - après
modifications par le roi et les chefs. Le 15 mai, Pomare II, après un très long
entretien avec Nott et Davies, l'accepte aussi et leur demande de le traduire en
langue tahitienne pour qu'il puisse, lui, présenter le code aux chefs, entendre leurs
objections avant de faire imprimer les nouvelles lois de Tahiti.
Comme le rappelle Ellis, "[ce code] n'était pas tout à fait celui que les
missionnaires auraient désiré voir adopter par la nation : mais il convenait peut-être
mieux aux lumières encore imparfaites de la population à cette époque et aux
dispositions personnelles de Pomare". Les Lois de Tahiti, première Constitution
écrite du Pacifique, seront adoptées un an plus tard, à main levée, par les chefs puis
son
de Davies
avec
-
par la population à Arue le 13 mai 1819, le jour même de l'inauguration de la
nouvelle chapelle royale de la Mission de Papaoa, Pomare II lisant et commentant
lui-même les 18 articles du haut de la chaire centrale.
La première traduction complète des Lois en langue française, à partir du
tahitien, est due au gouverneur L.- J. Bouge aidé par les pasteurs Paul et
Charles Vernier, par Tetua Natua, Martial Iorss, Ernest Salmon et quelques autres,
texte
publiée en 1952 avec le fac-similé du Code ; nous en proposons une nouvelle
en 1993 par Winston Pukoki et ses étudiants à l'Université
française du Pacifique en licence de reo maohi dans le cadre de son Unité de valeur
"Thème-version : textes journalistiques et juridiques".
Un prochain article donnera les explications linguistiques et culturelles
nécessaires à la compréhension de la traduction littérale du Code Pomare de 1819
que voici.
et
a
été
traduction, élaborée
Robert KOENIG
51
Société des
Études
Océaniennes
P O M A R
No te horoa
noa
&c. &c. &c.
hia
e
te Atiia ei Arii
e
torn
mau
No te aroha rahi mai
E,
TAHITI, MOOREA, e te man fenua atoa i pihaiho,
aroha mai iana ra, iaorana outou i te Atua mau ra.
no
taata atoa
e
te Atua ia tatou nei i
haapono mai ai oia i tana parau ia
ei ora no tatou. Te hinaaro nei matou ia
haapao maite tatou i te parau tana i faaue maira. No te mea ra ia au maite to tatou
tatou nei. Ua
mau
haerea i te feia
o
tatou i tei reira parau
te Atua ra, a
mau o
faaite adu ai matou ia outou i teienei.
E TURE NO TAHITI
I. No te
taparahi taata.
taparahi te feia medua i te tamarii fanau api
la
medua ra, o te fetii, aore ia o te taata e
taata ra, e
iho,
e
ra, e tei ore i fanau ra, aore te
te taata atoa hoi ia taparahi noa i te
pohe anae ia.
II. No te Eia.
la eia te taata i te buaa hoe ra,
ia maha mai ana ia hopoi mai ei hoo, na te taata buaa
epiti, na te arii epiti; aore ana buaa ra, ei vaa tipae piti, na te taata buaa te hoe, na te
arii te hoe; aore te vaa ra, ei ruru ia piti ae, na te taata buaa te hoe, na te arii hoi te
hoe ; aore te ruru ra, ei taoa e ae; e na reira atoa te hoo mai i te mau taoa atoa nei ia
eiahia ra, ia maha mai a ta te eia ia hopoi mai ei hoo, na te feia taoa a epiti, na te arii
a
hoi
ai
e
epiti;
haere oia e faaapu i te fenua o taua taata i eiahia
ia, na te arii tona fenua atira oia i te ea ra ori haere noa
ia faahoihia mai e te arii ra, ua faahoihia ia, aore i faahoihia ra,
te feia haava ra e faaite adu ta te taata eia utua ia hoo na maite
e aore ana taoa ra, e
te taoa ra, e aore anae
eana
atau
noa
du
ore noa
tana parau
a
du; e
ia; na
ino.
III. No te Buaa.
la tomo
te buaa i roto i te
i te maitai raa, na te
aua ra
parau
ra
adu i te taata buaa
ra
aua
i te hoo,
hoo, ia faito maite atoa i taua
ra.
E
e aua rave
pau
e
ihora te maa i taua buaa ra, ehio
hio
e, e aua
maitai
na taua taata nana te
ra, na te
buaa ra ia
e
ra
taua
feia haava
e
hopoi adu te
rii i pau ra, nana atoa hoi e ana1 te vahi i parari
buaa i roto, a pau ai te maa i te buaa, eiaha ia e
buaa ra, e fati ihora te avae, e ia taparahihia hoi te
maa
ino ra, e o noa te
hoohia. E ia taora te taata i te
buaa,
ra, e
feia haava
ihora, e rave te taata i taparahi ra nana ra, e imi oia i te hoe buaa e
rahi, a hopoi adu ai na te taata nana te buaa i taparahihia eana ra ;
te buaa ra, ei taoa e ae tana e e hoadu ei hoo; e aore hoi ia, ei
ohipa tana e rave
e
paruparu
ia faito atoa te
aore
na
te taata
hoo;
e
te buaa i
taparahihia ra ; na te feia haava e faaite adu tana ohipa ei
hopoi mai i te hoo, aore hoi i rave i te ohipa, e tiavaru ia.
nana
aita oia i
52
Société des
Études
Océaniennes
N° 269-270 Tome XXIII N° 5
P O M A R
Du fait que
&
c.
&
c.
&
Mars-Juin 1996
E,
Dieu t'a conféré le titre de Roi de Tahiti, de Moorea et des îles avoisinantes
c et de tous ses hommes qui l'aiment, soyez sauvés1 par le véritable Dieu.
Du fait que
Dieu nous
a tant
cette Parole pour que
aimés, il nous a envoyé sa Parole. Nous garderons
notre vie soit sauvée. Nous voulons que, tous, nous
respections fidèlement ses commandements. De ce fait, si notre conduite est
semblable à celle des hommes de Dieu, nous vous faisons connaître maintenant :
UN CODE POUR TAHITI.
L Concernant l'assassinat
Les
père et mère
enfants nouveau-nés et
les parents, les proches ou toute autre personne tuant des.
qui ne sont pas encore nés, ainsi que tous ceux qui tuait un
ou
ceux
homme mourront tous.
K Coiiœmant le Vol
porc, il devra le rendre au quadruple pour dédommager :
le propriétaire du porc et deux pour le roi ; s'il n'a pas de porc, ce sera deux
pirogues, une pour le propriétaire du porc et une pour le roi. A défaut de pirogue, ce sera au
moins deux rouleaux d'étoffe : un pour propriétaire du porc et un également pour le roi. A
défaut de rouleau d'étoffe, il présentera d'autres biais. D ai sera de même pour dédommager
tout bien volé, le voleur devra également le rendre en multiple de quatre, deux pour le
propriétaire de l'objet et deux pour le roi. A défaut debien, il ira cultiva la terre de celui à qui il
a volé l'objet S'il n'a riai du tout, sa terre deviendra la propriété du roi, il ne lui restera plus que
le chemin pour erra pour une durée illimitée. Si le roi le réhabilite, elle (la tare) lui sera
rendue. Si le roi ne le réhabilite pas, il n'ai aura plus. Les juges faont savoir la peine du voleur
afin que soit bien réglée sa mauvaise histoire.
Si
un
homme vole
un
deux pour
HI. Concernant les Porcs
pénètre dans un enclos et y dévaste les cultures, on regardera l'état de l'enclos. Les
juges faont le constat Si l'enclos était ai bon état, les juges diront au propriétaire du porc le
montant du dédommagement à envoyer pour les cultures saccagées. H réparera aussi
l'endroit endommagé. Si l'aiclos était mal entretenu et que le porc y pénètre et dévaste les
cultures, on ne réclamera pas de dommages. Si quelqu'un prend et jette un porc et lui casse
une
patte, ou s'il le frappe et le blesse, qu'il le garde. H ai cherchera alors un seul de la même
taille pour le raidre au propriétaire du porc. S'il n'a pas de porc, il donnera quelque chose
d'autre pour dédommager ; s'il n'a rien, il travaillera pour la personne à qui appartient le porc.
Les juges lui diront le travail pour dédommager. S'il n'apporte pas ce qu'il doit et s'il ne s'est
pas encore mis au travail, il sera exilé.
Si
un
porc
53
Société des
Études Océaniennes
J&w/fa/ùt r/e fw ï/ctt'ê/*
(CA/y/m fiWsssuWtswzi-
IV. No te Taoa eia.
la eia
te taata i te taoa ra, e noaa
ra
ite hoi taua taata e,
huna ihora, e eia atoa ia,
ra, ua
e
maira, hoo adura i te taoa
a
tehoe taata
e
taoa eia tei hoohia adu iana ra, aore aera oia i fai,
e mai ta te eia atoa ra hoi te huru i tana utua. E te
huna i te taoa i eiahia e vetahi e ra, ua ite hoi oia e, e taoa eiahia, e
eia atoa hoi ia, mai ta te eia toa ra hoi te huru o tana utua.
taata toa
e
V. No te Taoa
la itea
moe.
i tehoe taata ra, ua ite
hoi oia i te fatu nana taua taoa ra, e
faahoi adu ia i te taata taoa ra, e taoa maitai ra, e homai tehoe taoa iti na te ite ;
te taoa
ra
taoa ino ra,
e
i
ra
moe
moe
eiaha ia e faahoohia, e faahoi noa adu ia. la hunahia ra taua taoa
ite hoi oia i te fatu, e hunahia ihora hoi eana, e eia atoa ia, ia
ra, ua
faito atoa tona utua
te eia.
e
VI. No te Hoo.
la hoo
te taata
i te taoa ra,
ra
ia maitai maine te hoo
tia maitai
raa, e
roa
hopoi
e adura tetahi i tana, mau adura hoi tehoe i tana, e roaroa iti aera,
faahoi faahou maira hoi, eiaha ia e ravehia ia ore ia hinaaro : ia hinaaro ra
aera,
ua
ra
te taata taoa i te
Ei taoa itea
taua taoa ra, e
utuafare
i taua taoa i faahoihia
rave
ore ra
te ino i te hoo
raa
ra,
maira, tei anaiho i te rave a rave ia.
ia tae ra i te utuafare e itea ai te ino i
iitea i te hoo raa ra, e hopoi adura i te
tia ia ia faahoi; te ino ra
ai, e faahoi adura i te taata taoa
ra, eiaha ia e ravehia. Te taata
i hopoi i tana hoo, e hoo na maira, e hopoi ia i
te taata nana te hoo ra, nana ia e faahoi taua taoa ra, a faahoi ia, e tia ia ia
faahoi aore te taata hoo iite, i hinaaro hoi te rave ra, a rave ia. Eiaha ra te feia
i
ra
maere
pohe i te mai
hoo
ore ra e
ra, na
haamere
reira te feia hoo
ore
vetahi
e
adu i ta vetahi
noa
i ta vetahi
e ra
e ra
hoo raa, e mea ino ia, eiaha
hoo raa, na raua ihora
e
haamere,
e na
e mea
maitai ia.
VII. No te
la
rave ra
Atua. O te
haapao ore i te Sabati.
ohipa i te Sabati
te taata i te
ôhipa tia
ore ra
ia vaiho
ra, e
ra, o te
hara rahi
tia ia ia
roa
rave ;
ia i
mua
eiaha
ra
i te aro o te
mai te tarai
vaa ra, te tarai fare
ra, te faaapu ra, e te mau ohipa atoa nei ; eiaha hoi e ori
haere i te vahi roa i te Sabati ; i hinaaro i te haere i te vahi roa i te oromedua ra
e faaroo i te
parau a te Atua, ei faaroo mau e tia'i ia haere ; eiaha i tere e, te taa
e
ihora te tere mau,
mea
ino ia ;
e haavare raa te tere faaroo i te parau a te Atua, eiaha ia, e
i hinaaro i te haere ei te mahana maa ra a haere ai i pihaiho i te
oromedua ra,
faaorehia nei,
na
e mea
e ao
te arii ; na te
maitai ia. I
adu, eiaha
feia haava
maro
e na
ra e
te taata i te
reira,
e aore
faaite adu te huru
o
i teienei
ohipa i
ohipa tana e rave
tana
ohipa.
rave
i faaroo
54
Société des Etudes Océaniennes
ra,
ei
mau
N° 269-270 Tome XXIII N° 5
Mars-Juin 1996
IV. Concernant les Biens volés
l'ayant obtenu, l'échange contre un bien appartenant à
quelqu'un d'autre et si celui-ci sait avoir échangé un bien volé, ne le révèle point mais le
cache, celui-là sera aussi ma voleur. H aura la même sanction que celle d'un voleur. Toute
personne qui cache un bien volé par quelqu'un d'autre, sachant que le bien a été volé, est
aussi un voleur. Il aura la même peine que celle d'un voleur.
Si
un
homme vole
un
bien et,
V. Concernant les Biem égarés
égaré se trouve entre les mains de quelqu'un qui en connaît le propriétaire, qu'il
au
propriétaire. Si le bien était en bon état, on donnera une petite récompense à
celui qui l'a trouvé ; si le bien était en mauvais état, on ne se fera pas rétribuer, on le rendra
tout simplement. Si est cadré ledit bien égaré dont on en connaît le propriétaire, cacher ce
fait, c'est aussi du vol. Que la punition soit identique à celle du voleur.
Si
un
bien
soit rendu
VI. Concernant les
Echanges
et que la transaction se fait bien et correctement, l'un et
si au bout d'un certain temps, l'un d'eux ramène le bien,
l'autre ne devra pas le reprendre s'il ne veut pas. Si la personne à qui appartient le bien
veut reprendre ce qu'on vient de lui rapporter, cela ne tient qu'à lui. Si le bien ne présente
aucun défaut lors de l'échange et que, une fois à la maison, on s'en, aperçoit, il est juste de le
rapporter ; si l'objet ne présente pas un défaut lors de l'échange, et que, une fois ramené à
la maison, on en soit surpris, qu'on le rapporte au propriétaire, qu'on ne le reprenne plus.
Pour un malade, qu'un intermédiaire envoie son bien à échanger, si la transaction
convient, il emportera le bien à échanger au malade ; c'est lui également qui le retournera,
s'il faut le retourner, il est juste de le renvoyer sans que la personne qui l'a échangé l'ait vue.
S'il désire le garder, qu'il le garde. Il ne faut pas que ceux qui n'échangent rien déprédent
les biens des autres. Cela est mal. Que ceux qui n'échangent rien n'agissent pas de la sorte
lors des échanges des autres. Les deux qui se livrent aux échanges critiquent, c'est mieux.
Si des gens échangent des biens
l'autre emportant chacun le leur,
VII. Concerriant le nori-respect du jour du
Sabbat
grand péché devant Dieu pour ma homme que de travailler le jour du Sabbat.
Les travaux qui ne peuvent être remis sont autorisés : mais pas la construction d'une
pirogue, celle d'une maison, le travail de la terre et toutes autres tâches semblables.
Personne non plus ne devra se promener au loin le jour du Sabbat. Que celui qui désire se
rendre chez le pasteur pour écouter la Parole de Dieu et vraiment pour l'entendre, s'y
rende sans s'écarter du chemin et du but. Si l'intention de se déplacer pour écouter la
Parole de Dieu est ma mensonge, il ne faut pas, c'est mal. Si l'on veut aller chez le pasteur le
jour de la cuisson des aliments, c'est bien. Celui qui s'entête à entreprendre des travaux
non autorisés,
qu'il ne le fasse pas et s'il n'obéit pas, il travaillera pom le roi, les juges lui
diront le genre de travaux à faire.
C'est un très
55
Société des
Études Océaniennes
r/f- /m ï/Are-A/A e/f4
{'rA-rt/iSfvme*)-
i
s
VIII. No te Aitamai.
Area
ia faatubu te taata i te tamai ra,
ra
ia fafau
raro
haere
ra,
ia taamu haere i
patu ra, te arapofai ra, te hufa papai2 ra, te marotairi ra, te hiemateoa ra, te
te reo riirii ra, te moe apaapa ra, te
faaitoito ra, te pioi aau ra, te mata amoamo ra, te niho aati ra, te tiaouou ra, te
te
orerotitia ra, te taata mutamuta ra,
hopoi pute ra, te mata huira ra, te
paparia hoai ra, te taata tuiau orero ra, te papai uru vaa5 ra, te tiarauti ra, te
haere po ra, te arihi raro ra, te hee ra, te rohi ra, te faoputii6 ra, te faauruai
upoo ra, te tavai mania ra, te faatomo hau ra, te vavahi vaa ra, te tuatiaana ra,
puhiatiroto3 ra, te mameamatatahuri4
ra, te
te fautara fare ra, te havivo parau au ra, te
te haavarea ra,
tabu taura
ra,
te
hahae
haapora ra, te faarue honoa ra, te hohore apaa ra, te tihemauriora7 ra, te
pitoa fenua ra, te urutanu rua ra, te putiitaaie ra, te raehiehie ra, te mata
faaneneva ra, te reotairiirii ra, te tahitohito ra, te ahitahutahu ra, te
faaupaparia
ra, te
tapoipoi ra, te
panaonao ra, te matamata taua ra, te ono ra,
te ohueraai ra, te
opututaitetetete ra, te maere raufaina8 ra, te papauri e te
papatea ra, te moe anae ra, te rehovahaiti ra, te atinoi ra, te tarairetiapapa ra,
te uhitiamoana ra, te eterauaha ra, te aparuruaroa ra, te rama ra, te haiohaere
noa
ra,
te feai ra, te etehuhu9 ra, o anaanateurumea ra, e te faaore hoi i teienei
e te hui arii e te hui raatira i te fenua nei ra ;
te taata ra ia na
Ture i faatubuhia
reira ra, e
tiavaru ia, eiaha roa ia taata e faatiahia adu. la faahoihia maira e te
atira ia ; e aore i faahoihia mai e te arii ra, ore noa du a ia. (E ture taata
pohe teienei ture, e pohe te taata ia na reira - eiaha ra ratou e na reira).
arii ra,
IX. No te Vahine
E
ore
ia
e
ra, e ore
toopiti hoe Tane ra.
toopiti vahine i te tane hoe
tia ta
ia
e au
mai te etene
raa
ra, e ia piti hoi tane i te vahine hoe
haapao raa. Area ra te taata toopiti ana vahine
e parauhia du, e vaiho noa du ia, e ore te ture e
ia pohe tehoe vahine ra, te ora ra tehoe, eiaha oia e ta
i to te ture nei
mai a, eiaha ia
hapa i tei reira ; area ra
toopiti faahou i reira.
X. No te Vahine mairi tahito.
Te taata
ra,
e
ra
i mairi tana vahine i te etene
eiaha ia oia
e
raa
ra, e
taoto adura i tehoe vahine
hoi faahou i te vahine i mairi tahito
hoi i tana tame i mairi tahito i te etene
raa
toa
ra,
ra.
56
Société des
Études
Océaniennes
eiaha toa hoi
e
te vahine
N° 269-270 Tome XXIII N° 5
Vin. Concernant la
Mars-Juin 1996
Querelle
Cependant, tout homme qui provoque la querelle, qui excite à la sédition, qui complote
contre une subdivision dîna district, qui mate à la subversion, qui frappe sa cuisse pour défier
son ennemi, qui s'entête à secouer la tête en signe d'opposition, qui exulte sa joie, qui dégoûte
par son discours, qui murmure de mécontentement, qui dit de méchants caquets, qui oublie
la moitié des daoses, qui incite à l'action, qui est habité par la colère et par la ranarne dans le
corps et dans l'esprit, qui fait des signes de l'œil, qui mord, qui fait des signes de la tête
continuellement, qui espionne de l'intérieur, qui a le regard fuyant, qui emporte les sacs, qui a
cm air sournois, qui a cm mauvais caractère, qui interprète mal, qui pratique des cérémonies à
bord dime flottille de pirogues de guerre, qui harangue, qui se promène la nuit, qui exhorte le
peuple, qui est démis de sa charge, qui encourage, qui coupe les cheveux en tresse en signe de
deuil, qui a la tête légère, qui se tient tranquille alors que l'ennemi approche, qui saborde la
paix, qui démolit les pirogues, qui se joint aux troupes, qui ment, qui se querelle au sujet d'un
enfant favori pour le pouvoir, qui tourne la discussion en sa faveur, qui coupe les cordes, qui
défait ce qui a été fait, qui rompt la parole donnée, qui écorce les arbres, qui prie à la manière
païenne, qui s'attache à la terre, qui n'a pas choisi son camp, qui se coiffe d'une singulière
façon ai se rendant cirez les drefs pour les indter à aller à la guerre, qui est furieux, qui roule
les yeux comme un fou, qui parle en secouant la tête en signe d'opposition, qui méprise, qui
allume cm feu pour pratiquer des sorcelleries, qui attaque par le côté, qui cache, qui glisse la
main dans cm sac, qui se livre à une guerre sans fin, qui prend la place de quelqu'un d'autre,
qui fait naître le mal par sa turbulence, qui parle comme l'oiseau oputu, qui se lie d'amitié avec
un étranger, qui a un titre de dref inférieur et de chef prindpal, qui ne fait que dormir, qui
brouille, qui intimide, qui utilise des enchantements, qui tatoue au bas-ventre, qui détient des
informations prédeuses, qui provoque cm conseil des drefs, qui trompe par de méchantes
ruses, qui accuse un innocent, qui s'oppose, qui est courageux, audadeux, qui est une
mauvaise langue, et qui annule cette présente loi élaborée par les hui arii et les hui raatira de
cette île ; agissant ainsi, qu' il soit exilé et qu'il ne soit plus aidé.
Si le roi le fait ramener, que cela en reste là ; si le roi ne le fait pas ramener2, il n'y aura plus rien
à faire. (Ce présent artide conduit à la mort, celui qui agit ainsi mourra - qu'il n'agisse pas de la
sorte).
DC. Concernant la
Bigamie
à deux femmes de rester avec le "même" homme, de même à deux
avec la "même" femme. Ced n'est pas conforme au présent code à
observer. Cependant, l'homme qui a déjà deux femmes au temps du paganisme, on ne lui
dira rien, il pourra rester ainsi, la loi ne le jugera point Toutefois, si l'une des femmes meurt et
l'autre vit, il n'aura pas le droit de prendre une autre.
X Concernant une Femme abandonnée aux temps anciens
L'homme qui a abandonné sa femme au temps du paganisme pour s'unir avec une autre ne
devra plus retourner vers sa femme abandonnée aux temps andens de même qu'une femme
ne devra plus
retourner vers le mari abandonné au temps du paganisme.
Il n'est pas permis
hommes de rester
57
Société des
Études
Océaniennes
jMw&Nb'/t f/r- Â* /ctv'i/r t/fj, (C/ste/c.> é'W-vsi/évme4
■
s
XI. No te tara Vahiné10 e te tara Tanen.
la
tane
e
e ra, riri aera te vahine mau ra, faarue
faarue noa adu ia ; i hinaaro oia i te taoto i tehoe
adu ia. Eiaha ra taua tane i harahia e taoto i te vahine e, e
tehoe vahine
te tara tane i
rave ra
adura i taua tane
ra, e
nana
taoto noa
ra, e
noa oia, ia pohe ra taua vahine nana i hamani ino ra, i reira oia e tia'i ia
taoto i te vahine e. O te vahine hoi tei ravehia e vetahi e ra, riri aera te tane
parahi
mau
faarue adura i taua vahine
ra,
te taoto i
e
ra, e
nana ra, e
faarue
noa
du oia, i hinaaro oia i
taoto noa du ia ; eiaha ra taua vahine i harahia ra
parahi noa oia ; ia pohe ra taua tane nana i hamani ino ra, i
tia'i ia taoto i tehoe tane e. Na te feia haava ra e faaite adu ta te taata
taoto i te tane e, e
e
reira oia
i
tehoe vahine
rave
ia
i taua vahine
rahi,
vahine
te
e
hoo,
ra
utua ; tera te utuaa, e
aufau mai oia i te taoa maitatai
e
haru ia, eiaha
roa
XII. No te faarue
la faarue
ra
i taoa rii toe, ei hoo i taua vahine
Tane e te faarue Vahine.
vahine aore roa e hapa
te tane i tana
iana ia taoto faahou oia i tana vahine ; e aore roa
tiavaru adu
faaruehia
nana
i
rave ra.
ra, na te feia haava e ao adu
oia i faaroo mai i te ao ra, e
ia, eiaha roa oia e taoto i te vahine e, ia pohe ra taua vahine i
ra, i reira oia e tia'i ia taoto i te vahine e. Area ra te vahine nana
tia ia ia taoto noa du oia i te tane e. Te vahine hoi ia faarue noa i
eana
i faarue ra, e
te tane
ra
hopoi tia i te feia haava ra, na ratou ia e hopoi tia du i te taata nana te
i ravehia ra, e aore oia i aufau mai i te taoa maitatai ra, aore i hopoi mai
e
aore roa e
hapa ra, mai teia toa nei
XIII. No te
rave ore
i te Maa
na
a te
huru
o te parau
i tei reira.
te vahine.
la
ore ra
te tane ia rave i te maa na tana ra
te
porori, e ao adu te feia haava i taua tane ra, e aore
vahine, ia haapohe adu i te vahine i
roa aera i faaroo mai i te
ao, e haere adura taua vahine nana ra no taua mea i hamani inohia ra i haere
ai, e tiavaru adu taua taata ra, eiaha roa oia e taoto i te vahine e, e ore tei reira
e au
api
i te ture nei. Area
ra,
ra
taua vahine i hamani inohia
ra
ia hinaaro oia i te tane
tei anaiho ia.
XIV. No te
E
mea
tane
e
Faaipipo raa.
faaipoipoi raa vahine nei e faaau raa parau no te taata toopiti, ia hoe
ia hoe hoi vahine, a faaipoipo ai raua ; eiaha ra ei tuane mau, e ei
te
tuahine
mau
; area ra
ta te vaitaeae ra, e ta te taata
e ra, e
tia
anae
ia ia
faaipoipo. Na tehoe Missionary e faaipoipo ; aore ia, na te haava e faaipoipo. E
te feia e hinaaro i te faaipoipo ra, e faaite adu ratou i te hoe
Missionary ; e aore
ia, e faaite adu i tehoe haava. E na taua Missionary ra e faaite adu i te taata
atoa ia itea te maitai raa, peneiae hoi te vai adura te ino e ore e au ai raua ia
faaipoipo, e aore roa e ino ra, ei reira e maitai ai ia faaipoipo : tera te ino,
58
Société des
Études
Océaniennes
N° 269-270 Tome XXIII N° 5
Mars-Juin 1996
XI. Concernant l'Homme marié et la Femme mariée
prend une autre femme, et que la femme légitime se fâche et abandonne
qu'elle le quitte. Si elle désire s'unir avec un autre homme, qu'elle le prenne. Mais il
ne faudra
pas que cet homme ait commis une faute en s'unissant avec une autre femme, qu'il
reste seulement avec elle. Si cette femme qu'il a maltraitée meurt, il pourra alors s'unir à me
autre femme. Pour une femme qu'un autre aura prise, si le mari légitime se fâche et
abandonne sa femme, qu'il la quitte. S'il désire s'unir avec une autre femme, qu'il s'unisse avec
elle. Mais il ne faudra pas que la femme ait commis une faute en s'unissant avec m autre
homme, qu'elle reste seulement avec lui Si le mari qu'elle a maltraité meurt, elle pourra alors
s'unir à m autre homme. Alors les juges feront connaître la punition de celui qui a pris une
femme. La voici : il apportera, en grand nombre, des objets de valeur aux juges qui les
transmettront directement à celui dont la femme a été prise. S'il ne paie pas en objets de valeur
et ne donne pas le dédommagement, il sera saisi jusqu'à ce qu'il ne lui reste plus aucun bien
pour dédommager de la femme qu'il aura prise.
Si l'homme marié
son
mari,
Xn. Concernant l'abandon du
Conjoint
répudie sa femme sans aucune raison, les juges lui conseilleront de
reprendre la vie commune avec sa femme. S'il ne tient pas compte des conseils, il sera
exilé. Il ne prendra pas une autre femme. Si la femme qu'il a abandonnée meurt, il
pourra alors prendre une autre épouse. Quant à la femme qu'il a abandonnée, elle
pourra prendre un autre mari. Il en est de même pour la femme qui abandonne le mari
sans aucune raison, elle sera jugée de la même façon.
Si
homme
un
refus de Nourrir la femme
n'apporte pas de nourriture à sa femme et s'il la laisse mourir de faim, les
juges conseilleront au mari de ne pas se conduire ainsi. S'il n'écoute pas les conseils et
que sa femme s'en va à cause de ce mauvais traitement, que l'homme soit exilé. H ne
pourra plus jamais prendre une autre femme. Ceci n'est pas conforme au présent code.
Quant à la femme qui aura été ainsi maltraitée, si elle désire un nouveau mari, que cela
ne tienne
qu'à elle.
Xm. Concernant le
Si
un
homme
XIV. Concernant le Mariage
femme est un contrat "moral" entre deux personnes, un (seul)
(seule) femme pour s'unir dans le mariage. Ils ne doivent pas être frère et
sœur, mais il est possible de se marier dans la famille lointaine ou non apparentée. C'est
lui missionnaire, sinon un juge, qui mariera. Que ceux qui désirent se marier le fassent
savoir à un missionnaire, sinon à un juge. C'est ce missionnaire qui dira à tous de voir si
c'est bien. Peut-être si c'est mal, les deux ne peuvent se marier ; s'il n'y a rien de mauvais,
Se marier
avec une
homme et une
qu'ils se marient. Voici ce qui est mauvais : cette femme peut avoir
mari dans une île pour se rendre dans une autre et feindre s'y marier. Ceci
conforme au présent code. Il en est de même pour l'homme. C'est pour cela
c'est une bonne chose
quitté
son
n'est pas
59
Société des
Études
Océaniennes
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jMu-ftfr/Sst f/c
peneiae ua faarue taua vahine ra i tana tane i tehoe fenua e ra, haere adura i
tehoe fenua e ra haavare faaipoipo ai, e ore roa ia e tia i to te ture nei haapao
raa, i na reira hoi te tane ra, hoe atoa ia huru o te parau mai teia toa nei a ; no
reira i faaite adu ai te Missionary i te taata toa, peneiae ua ite ratou i te hamani
ino raa taua na taata ra i tehoe fenua e ra, e faaite adu i te Missionary ra, ia ite
te Missionary i taua ino ra, ei reira raua e ore e faaipoipo ai ; e aore e ino ra, ei
reira e maitai ai ia faaipoipo. Ei te mahana bure ruru ra a faaite adu ai te
Missionary i taua parau ra, ei reira oia nao adu ai i te taata toa, o mea e o mea,
e
taooto raua,
ei reira te taata toa
ia tae i te mahana
e
imi ai i te ino
e ore e au
ai ia taooto
raua.
E
faaipoipo ai ra, e haere atoa mai te taata ei ite. Na taua
Missionary ra e faaue adu i te tane ia rave adu oia i te rima atau o te vahine ra,
a nao adu ai te Missionary i taua tane ra - "E rave a oe i teienei vahine ei
vahine mau na oe ; e haapao maitai adu anei oe iana anae ra e pohe noa adu ?"
Ei reira taua tane ra a parau mai ai e - "E". Mai reira hoi, ua faaue faahou
adura te Missionary i taua vahine ra ia rave adu oia i te rima atau o te tane ra,
a
ui adu ai iana
e
"E
-
rave a oe
i teienei taata ei tane
mau na oe
; e
faaroo adu
haapao maitai adu anei oe iana anae ra e pohe noa adu ?" Ei
ra a parau mai ai e - "E". E oti aera, ei reira taua Missionary
ra e
parau adu ai i te taata toa ra "Ua rido teienei bue taata ei tane e ei vahine
mau i mua i te aro o te Atua e te taata toa hoi." E na te Missionary e
papai to
raua ioa i roto i te buka
faaipoipo raa. E na reira e maitai ai ; eiaha roa e taoto
anei
oe
iana,
e, e
reira taua vahine
huna noa, e mea ino ia ; e bure maite e maitai ai ia taoto i te vahine.
XV. No te Haavare
la haavare haere
noa.
te taata i te parau
vavi haere noa, i te haavare tuhi ra,
te haavare taparahi taata ra, te haavare rave vahine ra, e te
vavi haere noa aore roa e haapao ei parau mau ra ; te taata ra
noa ra
te haavare eia ra ra,
atoa e
mau mea
ia
na
reida ra, e hara rahi roa tana. la maha maile i te roa i tana vahi
e vaere,
ia
tape i te ea e vaerehia eana ra. E haavare iti ae, ia piti maile
i te roa ia vaere oia, hoe a huru o te aano. E haavare iti iho, hoe ae maile ia
vaere oia, hoe a huru o te aano. E haavare iti roa ra, eiaha ia e hoohia, e haava
noa ia ; e ia oti i te haava ra, e duu adu ia ia haere ana. E ia oti taua ea ra i te
piti
rea aano e maa
vaerehia
e
te taata i harahia ra, ua
aihere i taua
e
ea
iriti faahou i te
feia
no
ara,
ei haaehaa
na
tana utua tirara ia. Peneiae ia tubu te
e
faarue tauehia taua
vahi i vaerehia te
ara ra
ia maitai
ea ra, e
maite,
e
burumu maite te
faateitei robu i te
hiti, ia tahe tia te pape i na hiti ia roohia e te ua ra, ia maro
e te taata ra, ei reida e maitai ai te ea. Peneiae ia oto
i hinaaro ratou i te haere atoa e rave i taua ohipa a taua taata no
robu i te vahi
ratou i
aihere, eiaha
ratou taua
tona fetii ra,
hoo
i vaerehia ra, e rave te taata nona taua maa fenua i vaerehia ra,
e
hapahia
na
haerehia
tei a ratouiho ia i te
ia. E horoa adu hoi te hui
a pohe hoi i te
porori ; eiaha hoi e faatina noa i te vaere e ahiahi noa du, e vaere a, e ua
raatira i te
ra,
maa na
taua taata
e vaere
ra,
rave a rave
eiaha
e
hamani ino adu,
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Société des
Études Océaniennes
N° 269-270 Tome XXIII N° 5
Mars-Juin 1996
que le missionnaire demandera à la population si elle connaît peut-être la mauvaise
conduite qu'il ou elle aurait eue dans une autre île. Il faut le dire au missionnaire pour
qu'il connaisse le mal, auquel cas il n'y aura pas de mariage. S'il n'y a pas de mal, c'est
bonne chose qu'ils se marient.
Le jour de la prière commune, le missionnaire annoncera cette nouvelle à tous : "Un tel
et une telle vont s'unir." Alors tous chercheront le mal pour qu'ils ne puissent s'unir.
Quand le jour de la célébration du mariage arrivera, que les gens viennent comme
témoins. Ce missionnaire demandera alors à l'homme de prendre la main droite de la
femme et lui dira : "Prends-tu cette femme pour vraie femme et la respecteras-tu jusqu'à
sa mort ?" Que l'homme, à ce moment-là, réponde : "Oui." Et, de la même façon, le
missionnaire demandera à cette femme de prendre la main droite de l'homme et la
questionnera : "Prends-tu cet homme pour vrai mari, lui obéiras-tu et le respecteras-tu
jusqu'à sa mort ?" Que la femme réponde : "Oui." Quand c'est terminé, alors le
une
missionnaire déclarera à tous
:
"Ces deux êtres sont devenus vrais mari et femme
devant Dieu et tous les hommes." Le missionnaire écrira leurs deux
noms
dans le
Registre des mariages. C'est bien ainsi. Il ne faut pas s'unir en cachette. C'est mal. Il faut
prier pour que dormir avec une femme soit une bonne chose.
XV. Concernant le Mensonge
Si
un
homme "fait croire" seulement par
des propos non fondés, par des blasphèmes, à des
vols, à des meurtres, à l'adultère ou aux autres dioses imaginées, sans que l'on fasse attention à
leur véracité, celui qui agit ainsi commet alors une très grande faute. Il devra nettoyer cure
portion de chemin d'une longueur de quatre miles et d'une largeur de deux brasses ; pour un
mensonge plus petit, ce sera deux miles de long sur la même largeur. Pour un mensonge
encore plus petit, ce sera un mile de long sur la même largeur. Pour un tout petit mensonge,
qu'il n'y ait pas de peine, on jugera seulement ; et lorsque le jugement sera prononcé, qu'on le
laisse partir. Lorsque le chemin sera entièrement nettoyé par l'homme fautif, il aura acquitté sa
peine, ce sera tout
Cependant, lorsque les herbes repousseront sur le chemin nettoyé, le propriétaire de l'endroit
nettoyé arrachera les herbes, il ne faut pas l'abandonner subitement Que les propriétaires de
ces lieux nettoyés balaient bien le chemin afin que celui-ci soit bien entretenu. Ils en
rehausseront la partie centrale pour que les côtés soient plus bas et que l'eau s'écoule
directement lorsqu'il pleut Que la partie centrale soit un passage à sec pour les gens. C'est
ainsi que la route sera bonne.
Si ses proches parents sont peinés et veulent participer également au travail du condamné,
cela ne tient qu'à eux. Le chef donnera à manger à cette personne qui nettoie, il ne faut pas lui
faire du mal au point de la laisser mourir de faim, il ne faut pas lui donner trop à défricher
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s
rohirohi
ra, e
faaea ia
;
ei tehoe mahana du
a a vaere
faahou ai
a, e
ia oti
roa
te
vahi i faaitehia dura i te vaerehia eana, i reira e hoo na ai tana utua; na te mau
haava
ra e
haavahia
ino
e
faaite adu teienei utua i te taata i haavare haere
ra a
duu adu ai te taata haava i tana utua ia hoo
na
noa ra,
ia oti i te
maite tana parau
maitai roa'i.
XVI No te Haava.
Na te hui iatoai
te Atua ra, na
Area
ra
ratou
e
haava,
maia Pateamai ra,
Fainau
ra,
ra e
ra,
e
te mau taata maitatai atoa e faaitotio i te parau
maitai a
mai i mua i to ratou aro ra.
Motuaau ra, Horoi ra, o Hape ra, Papaura
ratou e haava te mau hara toa ia hopoihia
Tiahoaia
haava to Faaa
ra,
Matihamu
Temauri
ra,
ra,
Tahitara
ra,
Faataere
ra, e
Tiitorea hoi
; na
hapa ia hapahia ra.
To Temanotahi ra, o
Rua ia, o Fai ia, o Taataereere ia, o Pupee ia, o Tarauea ia, o
ia, o Raihau ia, o Fare ia, o Maii ia, o Pahuhu ia, o Faatupua ia, o Vairaavaho
ia, o Hunahia ia, o Ahupape ia, o Taataobu ia, o Taihia ia, o Teiho ia, o Tomaro ia, o
Taifao ia, o Maatebuaa ia, o Teutari ia, o Tua ia, o Tiavairau ia, o Marea ia, o
Teaumanava ia, o Tautahaa ia, o Piria ia, o Faaitoa ia, o Aihere ia, o Faaruea ia, o
Tahua ia, o Roometua ia, e Pohuetea hoi ; na ratou e haava to Temanotahi ia
Maoni
hapahia ra.
To Teramano ra, o
Hufaira ia, o
Ariihopea ia,
Tuahu ia,
ia,
o
Hamau ia, o Taaroatahi ia, o Tavi ia, o Puhia ia, o
o Marurai ia, o Areroa ia, o Faapuea ia, o Parahi
Opahi ia, o Mautete ia, o Mairi ia, o Faura ia, o
o
Tiahiti ia,
o Tetaputaata ia, o
Tetuanuihaamarurai ia, o Raatiraore ia, o Paita ia, o Huaarii ia, o Otaha ia, o
Papahuira ia, o Taumaea ia, e Tetoofa hoi ; na ratou e haava to Teramano ia hapahia
ra.
To
Papara ra, o Huarepo ia, o Moovi ia, o Nanuu ia, o Nonoha ia, o Upafara ia, o
Potahi ia, o Areva ia, o Moorea ia, o Reti ia, o Toi ia, o Rupe ia, o Mararu ia, o Teaere
ia,
ia,
ia,
ia,
ia,
ia,
o
o
o
o
Tetuahou ia, o Faamere ia, o Anoano ia, o Plurupa ia, o Tevaruamai ia, o Tirua
Mataa ia, o Tevaruaiterai ia, o Matavera ia, o Miti ia, o Tefaaoraupoo ia, o Ura
Tiaiterai ia, o Aro ia, o Temanava ia, e Paahu ia, o Reti ia, o Teraitua ia, o Mataa
Nanuu ia, o Teavaro ia, o Raoa ia, o Tati ia, o Amao ia, o Avaeoru ia, o Tetiaau
o
Tehaapapa ia,
o
Rua,
o Mairau ia, o Tere ia, o Pairi ia, o Ruanuu ia, o Ape ia, o Temao
Putauri ia, o Tiaoura ia, o Area ia, o Teavao ia, o Rimapii ia, o Teapee ia,
o Nohoraaroa ia, o Ariimaau ia, o Temahuru
ia, o Raveita ia, o Tevaruahiotua ia, o
Araaihere ia, o Oreromoo ia, o Teriitaumaiterai ia, o Pautu ia, o Matarepo ia, o Tio
ia, o Tefa ia, o Tite ia, e Ariifaataia hoi ; na ratou e haava to Papara ia hapahia ra.
To Atimaono ra, O Terai ia, o Piirai ia, o Ruhiruhia ia, o Teamo ia, o Aunuunu ia, e
Teriifaatau hoi ; na ratou e haava to Atimaono ia
hapahia ra.
To Mataiea ra, o Purumaaha ia, o Taruia ia, o
Faapoua ia, o Teehutu ia, e
o
Tematahiapo ia, o Teamo ia, o Ruahine ia, o Terai ia, o Rauoro ia, o Rere ia, o Fano
ia, o Pupa ia, o Teuimaiatia ia, o Itia ia, o Tamutamu ia, o Teihotua ia, e Onee hoi; na
ratou e haava to Mataiea ia
hapahia ra.
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jusqu'à la tombée de la nuit, qu'elle continue à nettoyer, lorsqu'elle sera fatiguée, qu'elle se
repose. Un autre jour, elle continuera à nettoyer. Et lorsque le condamné aura terminé de
nettoyer l'endroit désigné, il aura alors payé le prix de sa peine. Les juges feront connaître cette
punition aux gens qui mentent communément. Lorsque le jugement sera terminé, les juges
auront fixé sa punition pour que le mal dans sa parole soit transformé en bien.
XVI. Concernant les
Juges
qui encouragent la bonne Parole de Dieu qui
jugeront toutes les fautes qui leur seront présentées. Cependant, Pateamai,
Matihamu, Motuaau, Horoi, Hape, Papaura, Fainau, Tiahoaia, Temauri,
Tahitara, Faataere et Tiitorea jugeront à Faaa lorsqu'il y aura une faute.
Ce sont les iatoai et tous
ceux
Pour les gens
de Temanotahi, ce seront Rua, Fai, Taataereere, Pupee, Tarauea,
Maoni, Raihau, Fare, Maii, Pahuhu, Faatupua, Vairaavaho, Hunahia,
Ahupape, Taataobu, Taihia, Teiho, Tomaro, Taifao, Maatebuaa, Teutari, Tua,
Tiavairau, Marea, Teaumanava, Tautahaa, Piria, Faaitoa, Aihere, Faaruea,
Tahua, Roometua et Pohuetea qui jugeront lorsqu'il y aura une faute.
Pour les gens
de Teramano, ce seront Ariihopea, Hamau, Taaroatahi, Tavi,
Puhia, Hufaira, Tuahu, Tiahiti, Marurai, Areroa, Faapuea, Parahi,
Tetaputaata, Opahi, Mautete, Mairi, Faura, Tetuanuihaamarurai, Raatiraore,
Paita, Huaarii, Otaha, Papahuira, Taumaea et Tetoofa qui jugeront lorsqu'il y
aura une
faute.
Pour les gens
de Papara,
ce
seront Huarepo, Moovi, Nanuu, Nonoha, Upafara,
Potahi, Areva, Moorea, Reti, Toi, Rupe, Mararu, Teaere, Tetuahou, Faamere,
Anoano, Hurupa, Tevaruamai, Tirua, Mataa, Tevaruaiterai, Matavera, Miti,
Tefaaoraupoo, Ura, Tiaiterai, Aro, Temanava, Paahu, Reti, Teraitua, Mataa,
Nanuu, Tevaro, Raoa, Tati, Amao, Avaeoru, Tetiaau, Tehaapapa, Mairau,
Tere, Pairi, Ruanuu, Ape, Temao, Rua, Putauri, Tiaoura, Area, Teavao,
Rimapii, Teapee, Nohoraaroa, Ariimaau, Temahuru, Raveita, Tevaruahiotua,
Araaihere, Oreromoo, Teriitaumaiterai, Pautu, Matarepo, Tio, Tefa, Tite et
Ariifaataia qui jugeront lorsqu'il y aura une faute.
Pour les gens de Atimaono, ce seront Terai, Piirai, Ruhiruhia,
Aunuunu et Teriifaatau qui jugeront lorsqu'il y aura une faute.
Teamo,
de Mataiea, ce seront Purumaaha, Taruia, Faapoua, Teehutu,
Tematahiapo, Teamo, Ruahine, Terai, Rauoro, Rere, Fano, Pupa, Teuimaiatia,
Itia, Tamutamu, Teihotu et Onee qui jugeront lorsqu'il y aura une faute.
Pour les gens
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