B98735210105_230.pdf
- Texte
-
BULLETIN
DE M
SOCIETE
DES ETUDES
OCEKNIENNES
N° 230
TOME XIX
'
-
Société des
N° 7 / Mars 1985
Études
Océaniennes
Société des Études Océaniennes
Fondée
Rue
Lagarde
-
en
1917.
Papeete, Tahiti.
Polynésie Française.
B.P. 110
-
Tél. 42.00.64.
Banque Indosuez 21-120-22 T
—
C.C.P. 8348508 PAPEETE
CONSEIL D'ADMINISTRATION
M. Paul MOORTGAT
Me Eric LEQUERRE
Président
Vice-Président
Mlle Jeanine LAGUESSE
M. Raymond PIETRI
Trésorier
Secrétaire
assesseurs
M. Yvonnic ALLA IN
Mme Flora DEVATINE
M. Robert KOENIG
M. Roland SUE
MEMBRES D'HONNEUR
M. Bertrand JAUNEZ
R.P. O'REILLY
Société des
Études Océaniennes
BULLETIN
DE LA SOCIÉTÉ
DES
ÉTUDES OCÉANIENNES
(POLYNÉSIE ORIENTALE)
N° 230- TOME XIX
N° 7 MARS 1985
-
SOMMAIRE
La
politique coloniale française à Tahiti jusqu'en 1914 : P. Lagayette 1763
L'Agriculture polynésienne pré-européenne : Ph. Couraud
1771
Genèse de l'activisme maori
Un
mariage difficile
Journées d'études
-
1838
en
:
R.J. Walker
1795
:
A. du Petit-Thouars
1812
Paris 3 et 4 mai 1985
1818
Compte-rendu
Th. Walker
Le domaine de la fiction dans le
:
et les Immémoriaux de Victor
X. Famelart
F. & M.
:
Navigation et Marins
Grépin
:
Mariage de Loti
Ségalen
en
1819
Océanie de 1800 à 1850
1822
La Médecine Tahitienne Traditionnelle
1825
Talandier J. & Okal A.E. : The Volcanoseismic Swarms of 1981-1983
in the Tahiti-Mehetia Area, French Polynesia
Talandier J. & Okal A.E.
1826
New surveys
of Macdonald Seamount,
Southcentral Pacific, following Volcanoseismic activity, 1977-1983
1826
Ifremer
1827
:
Aquaculture
:
en milieu
tropical
Périodique d'information de la Cour d'Appel
et des Juridictions polynésiennes, Papeete
R. Jamet
:
Les cultures
sur
1827
"Motu". Etude du devenir de la terre
d'apport
..
1827
J.M. Barre : Lectures
1828
R.
1829
Koenig
:
Polynésiennes
Une nouvelle écriture océanienne
Société des
Études
Océaniennes
-
Société des
Études
Océaniennes
1763
LA
POLITIQUE COLONIALE FRANÇAISE
A TAHITI JUSQU'EN 1914
Le
problème majeur pour la France en Polynésie a été celui de
l'acculturation, c'est-à-dire, comment tisser des liens étroits avec ce
lointain territoire, y maintenir une influence politique, économique
et culturelle, sans pour autant dénaturer le riche patrimoine des
traditions indigènes. A Tahiti, les choses ont évolué lentement,
mais sans heurts catastrophiques. La Polynésie a dépendu du
Ministère des "Colonies", mais on n'a jamais parlé de "décolonisa¬
tion" ; il n'y a pas eu de guerre d'indépendance, mais une
transformation progressive des habitudes et des institutions. Cela
ne signifie pas pour autant qu'en regardant derrière soi l'on puisse
avoir la satisfaction du succès ; la politique française d'administra¬
tion de ses colonies a rarement brillé par sa cohérence et sa
persévérance. Nous allons en voir quelques exemples éloquents à
Tahiti. De plus, cette tâche difficile qui consiste à faire cohabiter
dans l'équilibre et la justice deux cultures si différentes, cette tâche
aurait nécessité des hommes capables d'une vision historique de la
Polynésie. Or, ce ne fut pas le cas, au moins jusqu'à la Première
Guerre Mondiale. De ce fait, la politique coloniale française était
de nature à mécontenter à la fois les Tahitiens et les
Européens.
Et tout commence, lorsqu'on parle de la présence française
dans le monde, non par la langue, mais par l'administration.
Former l'empire colonial français, quel que soit le régime en place
toujours été un exercice d'organisation où se manifestait
rigueur toute napoléonienne. L'essentiel étant dans les lois et
les règlements, la première étape est donc de mettre en place des
Codes et des Législations qui fixent un cadre à la vie civilisée. Le
à Paris, a
une
travail de Charles Lavaud et du Gouverneur de la Richerie est, en
l'occurrence, fondamental. A Lavaud on doit toute une série de
Société des
Études
Océaniennes
1764
règlements intérieurs, signés en 1848 par la Reine Pomaré IV et par
lui-même, et destinés à remplacer peu à peu le Code Pomaré. Il
s'agit d'un code civil, donnant le cadre d'une justice et d'une police
qui, si elles rappellent par trop le système français, n'en sont pas
moins indispensables dans une île où les dissuasions tradition¬
nelles, fondées sur la crainte sacrée des ari'i, n'avaient plus prise.
Mais, le Code Pomare est aussi révisé pour modifier le statut
administratif des districts ; ce faisant, Lavaud comptait réduire le
nombre des chefs importants à un petit groupe, plus facilement
maniable et contrôlable. D'abord, le tribut traditionnel payé aux
ari'i disparaît et, avec lui, un peu plus de la puissance coutumière
du chef tahitien ; de plus, Tahiti est subdivisée en districts civils à la
tête
desquels l'administration française place des chefs dont
"parvenus" ; par conséquent la notion ancienne de
légitimité et de pouvoir en fonction du lignage est abandonnée. Le
titre héréditaire est en voie de disparition ; en revanche, rien n'est
réglé quant au contrôle des ari'i sur les terres. Les nouvelles lois de
1848 se contentent de singulariser trois familles auxquelles est
attribuée une espèce de primauté sur les autres : la famille Pomare
(contrôlant les districts de Pare, Arue, Paea et Atimaono), celle des
Teva (contrôlant Papara et les districts du sud) et la famille
héritière de Taiarapu (titres de Vehiatua).
certains sont des
Ce sont les
et
successeurs
de Lavaud, les commandants Bonnard
Page, qui vont définitivement caractériser le district
unité administrative et surtout faire voter de nouvelles lois
comme
en
1852,
qui établissent plus complètement l'influence française à Tahiti
dans deux domaines fondamentaux
:
La "Loi Electorale" date du 22
innovation c'est que la charge de chef
les élections et les terres.
1852 ; sa
principale
devient élective ; ce sont les
notables du district (huiraaiira) qui forment le collège électoral.
Les charges de chef et de juge sont, de plus, soumises à l'appro¬
bation de la Reine et du Commissaire de la République. Enfin, les
chefs ne peuvent être choisis que dans la famille de celui qui laisse
la place vacante. Une coutume ancestrale essentielle disparaît par
la même occasion : celle du droit d'aînesse, puisque seul l'aîné avait
mars
droit de transmettre les titres
Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 230