B98735210105_223.pdf
- Texte
-
BULLETIN
DE M
SOCIETE
DES ETUDES
OCENNIENNES
N° 223
TOME XVIII
—
Société des
N° 12 / Juin 1983
Études
Océaniennes
Société des
Études Océaniennes
Fondée
Rue
Lagarde
-
en
1917.
Papeete, Tahiti.
Polynésie Française.
B.P. 110
-
Tél. 2 00 64.
Banque Indosuez 21-120-22 T
—
C.C.P. 34-85 PAPEETE
CONSEIL D'ADMINISTRATION
M. Paul MOORTGAT
Me Eric LEQUERRE
Président
Mlle Jeanine LAGUESSE
M. Raymond PIETRI
Secrétaire
Vice-Président
Trésorier
assesseurs
M. Yvonnic ALLAIN
Mme Flora DEVATINE
M. Roland SUE
t Me Rudi BAMBRIDGE
MEMBRES D'HONNEUR
M. Bertrand JAUNEZ
R.P. O'REILLY
M. Yves MALARDE
t M. Raoul TEISSIER
Société des
Études
Océaniennes
BULLETIN
DE LA SOCIÉTÉ
DES
ÉTUDES OCÉANIENNES
(POLYNÉSIE ORIENTALE)
N° 223
TOME XVIII
-
-
N° 12 JUIN 1983
SOMMAIRE
Aro Arii Te Tara
:
Raanui Daunassans
La notion de Pupu :
Jean-Marc Pambrun
1301
1313
Composition et distribution de la faune
reptiles terrestres en Polynésie Française :
des
Ch. P. Blanc
-
Ivan Ineich et F. Blanc
Plantes de l'île de Maupiti :
Marie-Hélène Sachet et Yves Lemaitre
1323
1336
Compte rendu
Images littéraires de la Polynésie
John
The
Higginson
-
Patriot or Profiteer ?
language of Easter Island
Cuzent
-
-
1344
1345
1350
Archipel de Tahiti
Publications O.R.S.T.O.M.
1341
Papeete
Société des Etudes Océaniennes
1351
-
Société des
Études
Océaniennes
1301
ARO ARII TE TARA
Légende Tahitienne recueillie
par RAANUI auprès
La Princesse TAKAU POMARE
"Qui cède à des
de
sa tante
indignes déchaîne la mort,
l'ignominie, \
à ne plus s'élever sur l'autel
pensers
expose sa personne à
condamne ses enfants
de leur naissance."
(Préceptes enseignés
aux
jeunes princes)
Ata était Arii Rahi (grand chef ou roi) de Raiatea, une des îles
Sous-le-Vent de Tahiti. Ata descendait des dieux qui avaient créé
Raiatea d'un
morceau
du ciel tombé dans la
mer
et dont le
fragment était devenu le "marae" primordial de Raimaruarua. Ata
vivait à Opoa, entouré de sa suite royale. L'emblème de sa
puissance était une ceinture de plumes rouges (Maro Ura).
Ata passait pour être doué de pouvoirs surnaturels, mais il
était toujours hanté par le désir du changement. Il se déplaçait
constamment d'un endroit à un autre, et pas une femme n'avait
encore su fixer son caprice. Ce n'étaient que voyages et parties de
plaisir, jeux guerriers, concours de force et d'adresse, chants et
danses, ou grandes beuveries de "ava", le tout accompagné
d'amours toujours nouvelles.
Une
fois, il résolut d'aller festoyer dans le district de Faaoe, et
des messagers y furent envoyés pour proclamer le "rahui" (tabou)
sur la montagne, la plaine et la mer. Tout ce qu'elles produisent en
fait de nourriture
et
à
sa
choisie, devait être exclusivement réservé
suite.
Société des
Études
Océaniennes
au
Arii
1302
Or le chef de Faaoe était nommé
Ui, riche
en
biens de toute
espèce. Il avait beaucoup d'orgueil et se considérait comme l'égal
des plus grands Arii. Lui et sa femme Motire vivaient paisiblement
sur leurs terres, et la seule chose qui manquât à leur bonheur était
un enfant. Ils ne se consolaient pas de se voir parvenus au seuil de
la vieillesse sans personne pour les continuer.
"Je voudrais cependant qu'après moi mes terres aillent à d'autres,
dit un jour Ui à Motire. Va à Opoa trouver le prêtre."
-
Mais, au lieu d'y aller elle-même, Motire se contenta
d'envoyer sa mère avec les présents d'usage. Dès qu'elle se sentit
exaucée, elle se hâta d'en faire part à son mari qui, tout joyeux,
ordonna un grand repas de réjouissance où figureraient un gros
cochon à défenses et quantité de mets réservés aux dieux et aux
Arii. En attendant la venue de l'enfant, on prépara les huiles de
coco aromatisées qui serviraient à l'oindre, et l'on battit des
quantités d'écorces d'arbre pour en fabriquer de fines étoffes qui
furent parfumées de bois de santal en poudre.
L'enfant de Motire fut
une fille à laquelle on donna le nom de
Choyée comme toutes les enfants le sont dans son pays, et
d'autant plus qu'unique et si longtemps désirée, elle reçut
l'éducation réservée aux filles de la plus haute noblesse. Elle eut des
masseuses pour les soins de son corps, et sa nourriture était
composée de manière à lui donner les formes pleines et si prisées
des indigènes. En particulier, Ui avait pris l'habitude d'aller luimême à la pêche au flambeau, voulant rapporter de beaux poissons
à sa fille chérie, afin que sa gorge ne fut point piquée par les arêtes
des petits.
Aro.
Pour
préserver son teint, elle passait les heures de grand soleil
plate-forme ombragée qu'on avait préparée à son
intention avec des blocs de corail taillés à coups de hache de pierre
et ne sortait, même en pirogue, qu'à
la chute du jour. En
grandissant, elle devenait une véritable beauté devant laquelle ses
parents étaient en adoration.
à l'abri
sur une
Le "rahui" notifié par les messagers d'Ata avait mis Ui de très
méchante humeur en venant lui interdire ses pêches coutumières.
Mais,
en
sa
comme sa fille raffolait de poisson, il résolut de passer outre,
prenant seulement la précaution de partir ostensiblement avec
pirogue avant la nuit, comme s'il allait en promenade, et de
pagayer très loin au large, de façon qu'on aperçut
terre. Bien qu'il ne rentrât qu'à la faveur de la
découvrit pas moins et des voisins jaloux le
gardiens du "rahui" qui lui demandèrent s'il
pays était sous l'interdit du Arii Ata.
Société des
Études
Océaniennes
ne
plus sa torche de
nuit, on ne l'en
signalèrent aux
savait pas que le
1303
-
-
"Vous
avez raison,
répondit-il. Mais, dites-moi, votre rahui
s'étend-t-il aux coquillages et aux biches de mer (rori) ? Ces viles
nourritures ne restent-elles pas à la disposition de chacun, ainsi
qu'il est d'usage ?
vrai, firent les gardiens, mais
"Il est
-
-
on ne
voit
pas
de coquillages
de ta demeure.
autour
"C'est parce que j'ai soin de les rejeter à la mer.
"Fais attention, Ui. Nous savons de bonne source que ta fille tant
gâtée ne mange ni coquillages, ni biches de mer, et que ta torche
ne s'allume qu'aux endroits où l'on en trouve pas.
Ui ne tint nul compte de leurs observations et continua comme
devant, sauf qu'il poussait de plus en plus loin en mer, tandis que
les gardiens du rahui s'efforçaient de le prendre en faute, avec plus
de
-
-
vigilance
que
jamais.
Un certain soir de tempête,
"Voilà une nuit qui empêchera
Ui dit à sa femme :
les espions de me surveiller. Je
n'aurai pas besoin de tant m'écarter de la côte."
"N'y vas pas, conseilla Motire. Le vent fait rage, la mer est
démontée et la pluie tombe comme d'une cataracte. N'y vas pas,
tu n'en reviendrais pas !"
Motire
beau
supplier, Ui ne voulut rien entendre. Il prit sa
des noix de bancoulier enfilées sur des côtes de
palme de cocotier (mori tiairi), et s'en fut vers la plage, suivi de
Motire qui essayait toujours de le retenir :
"Ne pourrais-tu pas envoyer quelqu'un de nos serviteurs à ta
torche, faite
eut
avec
-
place ?"
-
"Je n'aurais pas assez
de confiance dans sa discrétion, et tu sais
qui m'arriverait si j'étais dénoncé. Rentre à la maison."
Et il lança
rivage, tandis
ce
pirogue à travers les lames qui brisaient contre le
retournait chez elle, pleine
força encore et Motire sortait
de temps en temps pour écouter si elle n'entendrait pas revenir la
pirogue. Ce n'en fut qu'au troisième chant du coq, où le temps
s'étant un peu calmé, qu'elle aperçut la petite torche de Ui près des
récifs. Mais elle ne fut malheureusement pas seule à la voir.
"Nous le tenons enfin !" s'écrièrent ceux aux aguets, et ils
coururent chercher les gardiens du rahui, lesquels descendirent à
la plage attendre le retour de Ui, dont on entendait la pagaie
battre l'eau. A peine eut-il sauté à terre qu'ils se dressèrent devant
sa
que sa femme s'en
d'anxiété. Durant la nuit, la tempête
-
lui
-
-
:
"Nous
sommes
venus
te demander de nous donner
coquillages et de biches de mer", simulèrent-ils.
"Je n'ai rien pour vous, répondit Ui avec hauteur. Je
Société des
Études
Océaniennes
un
ne
peu
de
rapporte
1304
carangue pour ma fille Aro."
donc rompu le rahui du Arii Ata ? S'il en est ainsi,
malheur à toi, Ui ! Toi et ton poisson, vous êtes de bonnes prises,
qu'une grande
-
"Tu
as
et vous serez
-
portés
au
"marae" d'Opoa
pour
être offerts
comme
victimes aux dieux".
"Mon poisson, vous ne
l'aurez pas, s'exclama Ui de plus en plus
indigné. Oubliez-vous que je suis le Arii de Faaoe ?"
Décontenancés, les autres ne savaient plus quel parti prendre.
Ui leur dit
:
"Menez-moi en présence de votre Arii Ata."
Motire qui avait tout entendu, accourut en pleurs. Mais Ui lui
en fit le
reproche :
"Les larmes sont trop précieuses pour être versées inutilement.
Sèche les tiennes et garde soigneusement notre fille. Je ne serai
-
-
pas long à revenir pour
de m'arrêter."
Pendant
châtier les impudents qui
se permettent
qu'on emmenait Ui à Opoa, le Arii Ata était
encore
dans l'intérieur des terres à s'enivrer de ava. De belles jeunes
la poitrine naissante mâchaient la racine de cet
filles à
espèce de poivrier,
qu'elles rejetaient dans de grands "umete" de tamanu poli. En guise
de passoire, on prenait des fibres de roseau concassées
pour
ramasser la mixture et on les tordait ensuite afin d'en extraire la
boisson enivrante, laquelle était servie dans des
coupes faites d'une
demi-noix de coco. L'ivresse que procure le ava ressemble à celle de
l'opium et, quand un Arii s'y livrait, il était interdit à quiconque,
fût-ce même un coq, de le réveiller, sous peine de mort.
Lorsque Ui et son escorte arrivèrent à Opoa,
personne, tout le monde ayant suivi le Arii. Peu
ils n'y trouvèrent
soucieuse d'aller
déranger Ata avant qu'il ne fût dégrisé, la petite troupe conduisit
son prisonnier dans la maison du roi
et, après l'avoir soigneu¬
sement ligoté, ils le hissèrent à la
poutre faîtière en lui disant :
-
-
"Le Arii te trouvera à son retour."
"Tuez-moi plutôt, réclama Ui. Quand
je serai
-
moi."
"Nous
ne
Ata aura fini de s'enivrer,
je sentirai déjà mauvais. Tuez-moi ou délivrez-
te tuerons pas, parce que
tu appartiens au Arii Ata, et
garderons bien de te délivrer, car tu n'aurais rien de
plus pressé que de nous immoler. Le soleil tombe et, n'étant pas
d'ici, nous allons nous dépêcher de rentrer chez nous."
"Je vois bien que vous m'en voulez à mort.
Mais, si j'en réchappe,
je vous jure que vous périrez comme des chiens et des porcs. Je
nous
-
mort et
nous
suis Ui de Faaoe !"
Quand ils furent partis, Ui
Société des
se
mit à pousser des cris que finit
Études
Océaniennes
1305
par entendre un passant d'aventure. Guidé par la voix, ce
arriva jusqu'à la maison du roi et ne fut pas peu étonné de
homme attaché tout en haut sous le toit :
dernier
voir un
"Qui es-tu, et
-
"Viens
-
me
que fais-tu là ?" demanda -t-il.
détacher, requit Ui. Les cordes me serrent trop et je
souffre
-
-
-
beaucoup."
grand pitié de toi, fit l'autre, mais je craindrais de me mettre
dans un mauvais cas si je te déliais. Fais-moi connaître ton nom
et pourquoi tu as été ainsi garrotté. J'irai le dire au Arii."
"Je suis Ui de Faaoe, et ma faute est d'avoir péché une carangue
pour ma fille, la belle Aro."
"Prends patience, je vais me rendre auprès de Ata en toute hâte.
"J'ai
Je sais où il est."
Il trouva le Arii
qui s'apprêtait à rentrer chez lui et le mit
au
courant.
Ui passa une nuit épouvantable, tout endolori par les liens qui
lui entraient dans la chair. Au petit matin, il entendit du bruit.
C'était la suite du Arii qui le précédait. Puis arriva ce dernier, porté
les épaules d'un de ses géants qui le déposa dans la maison où
sur
Ui était attaché.
Mais
l'influence du
ava, Ava ne se souvenait déjà
plus de Ui, et se coucha comme s'il voulait s'endormir. Ce que
voyant, Ui se mit à parler fort :
"Oh ! Ma fille Aro ! voici que le soleil se lève sur Faaoe, et tu as
déjà pris ton bain. Ton beau corps, on le masse, on l'oint avec de
l'huile parfumée aux fougères de Toomaru, on l'habille des
étoffes les plus fines et l'on a mis à ton oreille une fleur de tiare
encore sous
-
dont la blancheur nacrée fait
encore
mieux ressortir l'éclat de ton
regard. Maintenant, tu vas t'étendre sur ton reposoir fleuri. Oh !
ma fille adorée, mes yeux ne te verront
plus !"
Ata, que le sommeil gagnait, ne percevait qu'un murmure
confus et n'y
"Si le Arii est
moi,
-
prêtait
aucune
encore
ivre et
car personne
attention. Ui pensa :
qu'il s'endorme tout à fait,
n'osera le réveiller."
Il éleva donc la voix encore plus haut et
"Oh ! Aro ! ma fille ! ma beauté !"
gémit
ce sera
de
:
Cette fois, il fut entendu de Ata qui leva la tête et l'aperçut.
Mais il ne dit rien, écoutant Ui débiter les louanges de sa fille. Et,
comme il se taisait toujours, Ui craignait qu'il ne fut sourd.
"Oh ! pauvre de moi ! cria-t-il de plus belle. Je vais mourir
attaché ici ! Oh ! ma fille Aro ! Tu es sans inquiétude à mon sujet.
Tu crois que je suis au large à te pêcher du poisson. Mais tu ne
-
me
verras
plus !"
Société des
Études
Océaniennes
1306
Cette fois, les
paroles de Ui pénétrèrent dans les oreilles de Ata
qui
se dit :
"Ah ! c'est Ui, celui dont on m'a
mon rahui".
parlé, le présomptueux qui
a
violé
Et il
-
-
-
-
-
-
-
-
-
appela ses gens :
"Quel est le chien dont les aboiements troublent
Ui protesta :
"Je ne suis pas un chien.
traité comme tu vois."
Je suis Ui de Faaoe,
mon
que
sommeil ?"
les tiens ont
"Qu'on lui demande si ce n'est pas lui qui a violé mon rahui."
Ui rétorqua :
"Les chiens, ce sont ceux qui se moquent pas mal de ton rahui,
ceux qui mangent indûment du cochon à
défenses, des fruits
cultivés, des poissons de choix et tout ce qui est interdit sur la
montagne, dans la plaine et dans la mer. Moi, j'ai de la
nourriture en abondance, et c'est tout à fait au large, là où la mer
est la plus profonde, que je
suis allé pêcher une carangue pour ma
fille, dont les beaux yeux ne me verront plus."
"Demandez à cet homme pendu tout là-haut, où est sa fille."
Ui répondit :
"Aro est sur son reposoir fleuri, à Faaoe."
"Demandez-lui si elle est vraiment aussi belle qu'il le prétend,
poursuivit le Arii."
Ui répondit :
"Elle l'est."
Alors, Ata demanda :
"Qu'on le descende et qu'on aille à Faaoe me chercher sa fille. S'il
a menti, tous deux mouront et seront donnés en
pâture à mes
requins royaux de Opoa."
Depuis la disparition de Ui, Aro ne cessait de questionner sur
qu'était devenu son père, et Motire, qui le croyait mis à mort,
mais ne voulait pas le dire à sa fille, se contentait de
répondre qu'il
était à Opoa. Or, ce matin là,
après avoir procédé à sa toilette
coutumière, Aro s'était rendue sur son reposoir fleuri, l'esprit
encore plus tourmenté au
sujet de Ui, quand survint une petite
troupe d'hommes. C'étaient les gardes de Ata, ceux qu'on appelait
l'armée des dieux d'Opoa. Aro ne les connaissait
pas et fut tout
étonnée quand ils s'arrêtèrent devant elle en lui demandant :
"Tu es bien Aro, la fille de Ui ?"
ce
-
-
-
-
"C'est vrai. Mais
comment le savez-vous
?"
Le chef lui dit :
"C'est à ta beauté que j'ai deviné
qui tu étais."
"Et vous, qui êtes-vous et
que me voulez-vous ?"
Société des
Études
Océaniennes
1307
-
-
-
-
-
"Nous
sommes
envoyé
pour te
l'armée des dieux d'Opoa que le Arii Ata a
prendre et te conduire en sa présence."
"Je ne connais pas le Arii Ata et je n'irai pas vers lui."
"C'est son ordre. Que tu le veuilles ou non, nous t'y porterons."
"Je n'irai pas. J'attends mon père
"Alors, viens tout de suite, car ton
de mort."
A
ces
commis.
"Hâte-toi
tard."
-
Sur
d'un des
mots, Aro s'affola et s'informa du crime
plutôt
que
de
nous
Au bruit de leur marche
son
qu'il avait
interroger, crainte d'arriver trop
quoi la jeune fille se leva d'un bond
guerriers d'Opoa qui l'emporta.
s'aperçut qu'on emmenait
criant
Ui, qui a disparu."
père est à Opoa et en danger
et sauta sur les
épaules
rapide, Motire sortit de chez elle et
enfant. Elle se mit à la poursuite en
:
"Rendez-moi ma fille ! Rendez-moi ma fille !"
Mais au lieu de l'écouter, l'armée des dieux d'Opoa courait
plus vite, emportant Aro, qui les suppliait en vain de s'arrêter.
-
Lorsque la petite troupe approcha d'Opoa, les
sur
gens
s'écrièrent
son
passage :
"Voici venir une belle
princesse qu'on apporte au roi."
Quand on la déposa à terre et qu'elle se fut découvert la
poitrine devant le Arii, ainsi qu'il est d'obligation pour tous, Ata
fut ébloui par la beauté de Aro, dont il n'avait jamais entendu
parler.
"Ui avait raison, s'avoua-t-il à lui même. Mais quel malin pour
avoir su si bien cacher un pareil trésor !"
"Bienvenue à toi, Aro, la perle incomparable de Ui, fit-il en
s'avançant gracieusement au-devant de la jeune fille. Ton père
vantait ta beauté, mais tu l'emportes encore sur tout ce qu'il
-
-
disait de toi."
Et lui prenant la main, il la conduisit à l'intérieur de sa
maison.
Mais Aro ne pensait qu'à son père et le cherchait de tous côtés :
"Arii Ata, fit-elle, tes bontés me touchent au plus profond de
l'être. Daigne y mettre le comble en me faisant la grâce que je vais
te demander."
-
-
-
"Quelle qu'elle soit, tu seras satisfaite."
"Oh ! puissant Arii, mon père Ui, accorde-moi de le voir, s'il est
encore
vivant."
Ata donna l'ordre que Ui fût amené. Aro se précipita dans ses
bras et ils mêlèrent leurs larmes. Sur ces entrefaites, Motire arriva à
Société des
Études Océaniennes
1308
tour, brisée de fatigue et d'émotions. Ui raconta comment il
avait été malmené, jurant de faire mourir Ata comme un chien. Sa
femme essaya de le calmer :
son
-
-
"Tais-toi,
ou tu vas te perdre !"
Ui eut un rire de défi :
"Je ne risque rien, moi. C'est le Arii
désir pour Aro."
qui est perdu. Il
est perdu de
De
plus en plus passionnément amoureux de leur fille, Ata
garder comme ses hôtes. Au bout de peu de temps, Ui le
pria de les laisser s'en retourner chez eux.
"Soit, consentit le Arii. Mais vous laisserez votre fille à Opoa,
car je meurs du désir d'elle."
Le front de Ui se plissa :
"Quoique je sache, ô roi, que tu te vengeras cruellement si je
n'acquiesce pas à tes ordres, voici ma réponse : Si Aro veut bien
de toi pour mari, je consens à te la laisser, sinon tu feras de moi
ce que tu voudras. Tu seras libre de
prendre mon corps pour le
voulut les
-
-
sacrifier
ton marae de
sur
Raimaruarua.
Ata s'en fut trouver Aro et lui fit connaître
son grand amour
elle, ainsi que la décision de Ui. La jeune fille déclara à ses
parents qu'ils pouvaient s'en aller à Faaoe, qu'elle serait contente
de rester à Opoa pour devenir l'épouse du Arii,
ayant, elle aussi,
grand désir de lui. Ne possédant plus de joie après l'avoir entendue,
pour
Ata dit à Ui
-
Ui
-
:
"Demande-moi
répondit
ce
quoi
que ce
soit, tu l'auras."
"Je voudrais deux choses, ô Arii Ata ! L'une est
que, si ma fille
devient enceinte de toi, tu la conduises à Faaoe,
pour y faire ses
couches, afin que je donne à son enfant un nom de ma famille qui
en fasse mon successeur. L'autre est
que tu m'abandonnes ceux
qui m'ont attaché
-
que tu veux et
:
dieux de
mon
"Qu'il
soit
A
en
au
toit de ta maison pour que je les sacrifie
marae
aux
de Tainuu."
comme tu
le désires."
rentrée chez
lui, le premier soin de Ui fut de faire mettre à
qui l'avaient capturé et de les offrir en sacrifice sur son
de Tainuu. Mais il dut remettre à plus tard sa
vengeance
Ata à qui il en voulait encore d'avantage
depuis que sa fille
sa
mort ceux
marae
contre
était restée avec lui. En attendant, il donna l'ordre de
couper
d'énormes lianes en quantité suffisante pour faire un immense filet,
mais si grand qu'il fallut élever une maison
pour le loger. Et tout le
monde se demandait à quelle
pêche il le destinait.
Pendant ce temps-là, Aro vivait heureuse
dont elle avait fixé l'inconstance, ce
qui lui
auprès de son mari,
valut le surnom de Arii
Société des
Études
Océaniennes
1309
Te Tara, la
princesse victorieuse. A la grande satisfaction de tous
deux, elle devint presque immédiatement enceinte. Lorsqu'approcha le moment de sa délivrance, ils partirent pour Faaoe, afin
de tenir la promesse faite à Ui.
Un jour qu'Aro se promenait dans le district, elle vit une
immense case toute neuve, celle du filet, et ne fut pas peu surprise
de voir ce qu'elle contenait. Elle interrogea son père :
"Que dois-tu faire avec ce gigantesque filet ?"
"C'est pour pêcher un homme, ma fille. Un homme aussi grand
que mon filet. Un qui apprendra à me connaître, ajouta-t-il avec
un ricanement d'après
lequel sa fille crut qu'il plaisantait."
-
-
Lorsque l'enfant de Ata et de Aro naquit, un garçon, il fut
appelé Tu, et dès qu'il devint assez fort pour être confié à ses
grands-parents qui devaient l'élever, Ata résolut de retourner à
Opoa, auprès de ses sujets qui le réclamaient, et fixa le jour de son
départ.
La veille, Ui demanda que Aro et son fils vinssent passer la
dernière nuit auprès de lui et de Motire et Ata n'y fit aucune
objection,
pourvu que
la chose agréât à
sa
femme. Triste qu'elle
était de quitter ses parents et son enfant, Aro accepta bien
volontiers et se rendit chez eux à la tombée de la nuit. Mais elle ne
fut pas longue à s'endormir et à peine la vit-il plongée dans le
sommeil que Ui se leva.
-
-
-
-
"Où vas-tu ? interrogea Motire."
"C'est le soir d'étrenner mon filet. Galets et cordes sont
Il n'y a plus qu'à le jeter."
en
place.
"Mais tu n'as pas de pirogue assez grande pour porter ton filet".
"De quoi te mêles-tu, ma femme ? Sais-tu pêcher ? Sais-tu
compter les étoiles du ciel ? Interroger les nuages du matin ?
Distinguer les signes précurseurs de la tempête qui va ébranler
Raiatea quand je vais l'entourer de mon filet ?"
"Que veux-tu dire ? Je ne comprends rien à tes paroles."
tout
-
-
"Couche-toi, Motire. Tout à l'heure la torche de Ui va s'allumer
et tu connaîtras à quelle espèce de poisson j'ai affaire. Mon filet,
ce sont des hommes qui le porteront, et non pas une pirogue.
Il
est solide et le poisson ne pourra point s'en sauver."
Inquiétée par ces étranges discours, Motire ne trouva le
qu'au premier chant du coq. Aro se réveillait justement à
ce moment là et s'aperçut que son père était sorti. En même temps
se fit entendre le Torea, ce petit oiseau de nuit dont le cri strident
signale l'approche du danger.
"Un Torea, se dit Aro, que peut-il bien m'annoncer ?"
sommeil
Et
comme
l'oiseau redoublait
Société des
:
Études
Océaniennes
1310
"Serait-ce par hasard un messager de mort à la recherche d'une
victime ? se demanda-t-elle en songeant à son père.
Elle appela sa mère pour lui faire part de ses craintes. Mais
celle-ci la rassura en lui apprenant que Ui était à la pêche au gros
poisson. Motire
se rendormit.
n'est pas mon père, qui donc alors est menacé ?" réfléchit
Aro. Car l'oiseau ne se taisait pas. Et elle ressentit une chaleur
subite dans la poitrine, à la pensée que ça pourrait être son mari.
"Si
ce
Le Torea
répétant
plus précipités, elle
sinistre avertissement à coups de plus en
leva, prit son enfant et s'élança hors de la
maison. Elle vit avec terreur des ombres qui se mouvaient dans la
nuit et entendit son père donner des ordres :
"Vite, c'est le moment ! Le poisson est endormi dans son trou.
son
se
-
Enfermez-le dans le filet ! C'est
pas qu'il m'échappe.
enfin s'allumer !"
Aro
un
poisson vigoureux, je ne veux
Vite ! Vite ! Vite ! Que la torche de Ui puisse
comprit qu'il
en
toujours
sa
-
-
-
-
-
-
-
voulait à la vie de son mari. Tenant
où Ata dormait avec
son fils, elle courut jusqu'à la maison
suite et le réveilla précipitamment :
"C'est moi, ta femme."
"Que viens-tu faire ? Pourquoi as-tu quitté tes parents ?"
"Pas de questions. Lève-toi immédiatement, réveille tes
gens, et
surtout pas de bruit."
Observant que sa femme était toute tremblante, Ata lui dit :
"Passe-moi l'enfant."
Mais Aro :
"Je ne suis ni folle, ni sous l'empire d'un cauchemar, comme tu
semblés le croire. Hâte-toi ! C'est question de vie ou de mort.
"Qui donc peut
nous
Et
pas
Arii ?"
ne sommes-nous
poursuivre de sa haine, nous et notre fils ?
les hôtes de ton père, qui doit veiller à la
sécurité de son
"Mon père n'a plus sa raison. C'est lui qui veut notre
perte. Il est
semblable au messager de mort qui va frapper
ses victimes. Son
grand filet
une
nous
enveloppe,
avec
beaucoup de monde autour. Pas
minute à perdre."
Ata
comprit alors qu'Aro disait la vérité. Il réveilla sa suite,
fils après lui et se glissa dehors avec sa femme. Mais
partout, de quelque côté qu'ils se dirigeassent, ils butaient dans le
terrible filet et ne trouvaient aucune issue
par où passer.
"Prends notre fils, dit le Arii à sa femme, et retourne t'en,
que je
attacha
son
-
-
sois du moins le seul à mourir."
"Jamais je ne te quitterai, Ata, et s'il faut
ensemble. Mais il me souvient d'un
périr, que ce soit tous
grand arbre qui se dresse au
Société des
Études
Océaniennes
1311
flanc de la montagne, et
dont le filet
ne
doit
pas
atteindre le faîte.
Courons-y."
Ils y furent et constatèrent qu'en effet le sommet de l'arbre
dépassait la hauteur du filet. Ils grimpèrent après et, de branche en
branche, parvinrent à gagner la montagne. Derrière eux s'éleva une
immense gerbe de feu, qui éclairait comme le soleil en plein midi,
c'était la maison de Ata qui flambait. Aro se rendit alors compte de
l'horrible fin à laquelle son mari venait d'échapper.
"Oh ! mon père ! s'écria-t-elle. Comment as-tu pu vouloir le
-
malheur de ta fille ?"
Mais Ata l'entraîna.
-
"Dépêchons-nous si
nous ne
voulons
pas
qu'on
nous trouve
ici."
Et ils
gagnèrent Opoa par les sentiers de la montagne. Motire,
qui dormait toujours, fut réveillée par l'incendie. Découvrant que
Aro et le petit n'étaient pas là, elle se demanda ce qui se passait et
courut dehors. Ui arrivait justement.
"Qu'y a-t-il ? demanda-t-elle."
"Ne vois-tu pas que c'est une maison qui brûle ?"
"Mais n'est-ce pas celle du Arii Ata ?"
"Tu ne te trompes pas. C'est bien sa maison qui brûle, et lui
avec." Je suis Ui de Faaoe, celui qu'il a traité de chien. Voilà ma
vengeance."
"Et c'est au mari de notre fille que tu as fait cela ! Mais où est
-
-
-
-
-
Aro ? Où est
"As-tu donc
-
"Ils
-
son
fils Tu ?"
perdu la tête d'oublier qu'ils sont chez
n'y sont plus !"
Puis comprenant soudain :
"Elle sera allée rejoindre son mari !"
-
Et Motire poussa un
espèce de clameur
-
nous
cri déchirant, auquel Ui répondit
?"
par une
sauvage :
"Au filet !"
Et tous deux
se
mirent à le haler convulsivement. Dès
qu'ils
purent l'enjamber, ils s'élancèrent. Mais ce fut pour voir s'effondrer
la toiture de la maison et en voir fuser trois grands jets de flamme.
-
"Nous arrivons trop
fille !"
Et elle
tard, vociféra Motire. Tu as brûlé notre
précipita dans le feu à sa recherche.
là dedans, lui cria-t-il. Tu y resterais aussi. Reviens !"
"Non, je ne reviendrai pas. Je veux retrouver ma fille."
Ui voulait la suivre, mais ses serviteurs l'arrêtèrent :
"Regarde ! Voilà le Arii qui s'envole à travers le feu."
Car ils croyaient aux pouvoirs surnaturels de Ata et
s'imaginaient que c'étaient lui et sa suite qui s'élevaient du bûcher,
-
"Ne
vas
se
pas
-
-
Société des
Études
Océaniennes
1312
-
-
forme de
grands fantômes rouges.
t'échappe, et ta vengeance avec lui ! disaient-ils à leur chef."
Mais Ui, d'une voix qui n'avait plus rien d'humain :
"Je le poursuivrai jusque dans le feu, celui qui m'a enlevé ma
fille ! Je le poursuivrai jusque dans la nuit de la mort !"
Et il sauta dans le brasier qu'il avait allumé, en hurlant :
"Tu ne m'échapperas pas, Ata ! Je suis Ui de Faaoe !"
sous
-
"Il
Fait à Noho-Arii le 30
Septembre 1982
Raanui DAUNASSANS
Société des
Études
Océaniennes
1313
LA NOTION DE "PUPU"
Contribution à l'étude des traits liés
aux
mentalités et comportements
aux îles Sous-le-Vent
des communautés rurales
Ce texte est extrait d'une étude de
sociologie du dévelop¬
pement prenant pour objet l'économie du coprah dans un district
polynésien envisagée du point de vue -prospectif-perspectives- de la
mise en place d'un réseau coopératif lié au coprah comme mode de
développement économique en milieu rural (1) Initialement cette
étude nous avait été demandée par la commune de Taputapuatea à
Raiatea qui souhaitait s'informer des conditions de mise en place
d'une coopérative de commercialisation du coprah à Opoa
notamment. Il s'est avéré très vite nécessaire de dépasser
le cadre
juridico-gestionnaire de l'entreprise et d'entreprendre une série
d'enquêtes et d'interviews auprès des préparateurs de coprah
eux-mêmes d'une part et des agents économiques intéressés à la
commercialisation du produit d'autre part. En construisant une
méthodologie apte à articuler enquêtes ethnographiques et relevés
d'ordre économique et financier, l'étude de l'économie du coprah
dans la section de commune de Opoa a permis de rendre compte
d'une situation concrète rapportée aux conditions spécifiques
prévalant à Taputapuatea. Eu égard aux contraintes qui pèsent
actuellement sur l'économie du coprah à Opoa et implicitement
sur le secteur primaire tout entier,
l'étude a conclu provisoirement
à l'impossibilité de voir se développer un réel esprit coopératif et en
conséquence un mouvement coopératif sain et durable.
Néanmoins, si le texte présenté ici n'a pas d'autre ambition que
celle de s'attacher à entreprendre un rappel synthétique de
quelques traits liés aux îles Sous-le-Vent, une étude plus
approfondie de ces traits devrait sans doute permettre de dégager
Pupu peut,
se
traduire ici provisoirement
par groupe.
(1) Cette même étude constitue la seconde partie d'un travail d'ethnographie polynésienne
et de sociologie du développement rédigé en vue de la soutenance d'un mémoire de
Diplôme
de Maîtrise.
Société des
Études
Océaniennes
1314
qui pourrait préfigurer l'esprit d'une organisation de type
communautaire, associatif ou coopératif. Nous laissons là
volontairement le choix d'une forme précise de coopération.
ce
1. La notion de "PUPU"
Le pupu
correspond généralement, de l'avis de nombreux
spécialistes, à l'une des formes traditionnelles de
coopération.
auteurs et
Le pupu
était
une
forme de coopération très souple. Le
pupu n'existait que temporairement mais pouvait aussi se
reformer très spontanément. (RINGON, 1970 b, p. 199).
ou
Toujours d'après G. RINGON, "il regroupait les hommes de 5
ce premier élément de
6 maisonnées". S'il faut s'en tenir à
caractérisation, les résultats de nos propres observations nous
amènent à penser que le pupu subsisterait en maints endroits des
I.S.L.V. Nous avons nous-mêmes participé à ce type de
regrou¬
pement "spontané", quoique à une échelle plus restreinte, à deux
reprises : à Ha'apu (Huahine) et à Opoa (Raiatea), à l'occasion du
débroussaillage de Fa'a'apu communautaires.
En l'absence de recherches documentaires
plus fouillées (1), il
difficile de savoir quelles étaient la structure,
l'inspiration et les
finalités premières de cette forme d'entr'aide spontanée. Il semble
est
qu'il soit acquis pour plusieurs auteurs contemporains que le pupu
était à l'origine d'ordre confessionnel (2). Pour des raisons
que
nous
exposerons plus loin, nous pensons que cette opinion souvent
peu explicitée doit être fortement nuancée voire contestée.
Il est souvent
question
Polynésie des
en
groupes
confessionnels d'entr'aide permanente, pupu, lesquels,
(—), ont rapidement débordé ce domaine pour constituer
souvent
des groupements
d'entr'aide économique à
p. 39/40).
idéologie religieuse. (OTTINO, 1965,
Ou
encore
:
Ces groupes (les pupu), à l'origine d'ordre confessionnel
(—) peuvent évoluer, par la suite, pour constituer,
débordant le cadre de groupements confessionnels, des
associations d'entr'aide, celles-ci généralement à caractère
économique. (BITARD, 1966,
p.
1).
Néanmoins d'autres chercheurs laissent supposer une
antériorité du caractère économique à l'ordre confessionnel. Ainsi
(1) Nous pensons qu'il faudra
datant de
un
l'époque coloniale afin
jour entreprendre
un
dépouillement de
de rassembler toutes les données ayant
tous les textes
trait
aux pupu.
(2) Voir aussi C. ROBINEAU (1970, p. 40) et paradoxalement G. RINGON
( 1970
Société des
Études
Océaniennes
a, p.
35).
1315.
G.
RINGON, bien que cela ne soit pas très explicite, définit les
étant des "formes traditionnelles de coopération"
(op. cit.) (souligné par nous). A priori, il apparaît plutôt, que la
période recouverte par la notion de traditionnel soit mal définie, et
en conséquence, que les
formes traditionnelles et formes à
idéologie religieuse soient confondues. A l'inverse cette proposition
peut se formuler de la même manière. Afin d'éclairer ces points il
nous faut aller plus loin en nous intéressant plus
particulièrement à
l'objet des pupu.
Dans l'ordre des groupements confessionnels il faut sans
doute distinguer (1) les "ohipa pupu" (travail/groupe)
des "ohipa
tauturu" (travail/aide) et des "ohipa huira'atira" (2) Distinctions
que la plupart des chercheurs n'ont pas fait. D'où, sans doute, cette
collection d'attributions faite "pêle-mêle" comparée aux précisions
apportées par M. PANOFF dans son étude :
pupu comme
OTTINO (1965, p. 39)
De la construction, de l'en¬
tretien et de la réfection des
édifices culturels.
-
-
-
ou
des
activités
paroissiales par la consti¬
tution d'équipes de travail
mises à la disposition des
particuliers moyennant ré¬
tribution Çohipa pupu).
La construction et l'entre¬
tien des édifices du culte
(catholique
tant) (3)
(op. cit)
Financement
BITARD, (op. cit.)
-
PANOFF
Construction de maison,
réfection des toitures de
protes¬
pandanus, soins donnés aux
malades Çohipa tauturu)
RINGON (1970 a, p. 35)
Construction des lieux de
cultes, cotisation pour les
Confection
travaux
agricoles (vanille,
café) et pour la réfection des
pandanus (—), entretien
chemins de vallées, regrou¬
pements des femmes pour
divers travaux : vannerie,
tifaifai.
Çohipa huira'atira).
d'un
toit
d'un chemin d'accès à la
(1) Nous empruntons ces distinctions à M. PANOFF (1970,
qu'il a faites à Tubuai (lies Australes) notamment.
p.
de
mer
91/92), fruits d'observations
(2) D'après M. PANOFF, ce type de rassemblement qui réclame une solidarité plus large et
mobilisation "en principe" de toute la population d'un district a une origine qui
"remonte probablement à l'époque pré-coloniale" (op. cit.).
(3) Les paroisses catholiques et protestantes ne sont pas les seules à constituer des pupu
une
pour
entreprendre
noté que ce
ce genre
de travaux. Avec P. OTTINO et M. PANOFF
"dynamisme" est partagé
par
Société des
les paroisses sanitos et
Études
Océaniennes
nous avons
mormones.
aussi
1316
Ce
dépouillement succint appelle plusieurs commentaires
:
L'intérêt des distinctions opérées par M. PANOFF en
fonction des activités respectives et des appellations vernaculaires
de ces groupes de solidarité est de permettre, dans le cadre d'une
recherche ultérieure, de dissocier les traits correspondants à ce
qui
interprêté comme datant de la période pré-coloniale, de
seraient que le produit de l'influence des idéologies à
caractère religieux. D'autre part, comme on le voit, les
pupu
religieux ou d'inspiration religieuse touchaient à bon nombre
d'activités socio-économiques. Il est difficile de croire, à
posteriori,
que cette aisance à organiser des pupu aux finalités si différentes,
ait été insufflée "comme par miracle"
par les paroisses. Nous
pensons au contraire qu'elle se fonde sur une capacité structurelle,
spontanée et permanente de l'organisation sociale polynésienne
propre à inspirer de tels regroupements dont l'origine remonte à la
période pré-coloniale. Néanmoins, ces traits de permanence et de
spontanéité n'existent pas en tant que tels, mais seraient plutôt
fonction des conditions
techno-économiques de production,
s'agissant bien entendu des pupu à caractère économique. Lors
peut être
ceux
qui
ne
d'une
enquête que nous avions mené sur la structure des différentes
opérations liées au travail agricole, nombre de nos informateurs
nous avaient fait savoir
que leurs parents se regroupaient par
maisonnées pour s'aider mutuellement, précisément lors de la mise
en culture d'une
bananeraie, d'une tarodière ou d'un champ
d'ignames. Cette idée semble être corroborés autant par P.
OTTINO que par G. RINGON.
Il (le pupu) était formé sur l'initiative d'un
individu, qui, à
l'occasion de certains travaux assez durs
exigeant un
temps assez long (coprah ou tarodière), demandait à
quelques maisonnées de venir travailler avec lui.
(RINGON, 1970 b, p. 199).
Ces notions de pénibilité et de longueur des travaux ne
suffisent pas à notre avis pour expliquer le caractère
"spontané" et
"permanent" de la coopération. Deux notions supplémentaires
peuvent être introduites : celle de la taille de l'exploitation et celle
du temps cosmologique.
La première peut être illustrée
par la remarque
P. OTTINO tirée de l'étude de
plusieurs exemples
pêche
au
grand filet
suivante de
relatifs à la
:
La composition et l'importance des effectifs sont fonction
de la grandeur du filet
(OTTINO, 1965, p. 39/40).
La seconde est extraite des
analyses des résultats d'une
recherche que nous avons mené à Huahine et Raiatea sur les
Société des
Études
Océaniennes
1317
pratiques relatives à la mise
en culture des plantes vivrières en
fonction des indications données
par le calendrier lunaire
(PAMBRUN, 1981, p. 83/101). Nous avons ainsi montré que
l'importance et le rôle de l'attraction conjointe de la lune et du
soleil se retrouvaient de plus en plus dans les discours et les
pratiques de certains agriculteurs, plus particulièrement pour la
mise en culture du mei'a (bananier). Ces bananiers dits mei'a
nainai (de petite taille) doivent être plantés à "midi
juste", le
lendemain du soir de la pleine lune. Afin de
respecter ces
conditions originales des équipes de travail se constituaient
lorsqu'il s'agissait de mettre en culture de grandes plantations et
ceci afin de ne pas dépasser l'heure
spécifiée. Ces pratiques
s'observaient
encore
il y a
20
ou
30
ans.
2. Les notions de
réciprocité et d'échange
qu'il puisse s'interpréter comme étant traditionnel ou
qu'il ait été soumis aux idéologies religieuses, le pupu reste
étroitement associé à certaines règles de réciprocité et
d'échange.
Le pupu à caractère non religieux "se traduit
par un concours
gratuit par les divers membres d'une famille, parents ou alliés, ou
même débordant le cadre de celle-ci par le
voisinage". Néanmoins :
Ce concours peut être prêté soit au moment de la
préparation de terrains en vue de leur mise en culture, soit
au moment de la récolte, le
propriétaire des terres, ou la
personne assistée, s'engageant, en échange du travail
fourni, à subvenir aux besoins des gens travaillant pour
leur compte et, le cas échéant, à
participer dans le cadre
du pupu à une action d'entr'aide similaire. (BITARD,
op.
cit.).
Selon
Par
ailleurs, commentant l'exemple de solidarité au travail de
au grand filet donné par P. OTTINO (op. cit., p. 59),
C. ROBINEAU montre que l'intérêt de cette
entreprise vient de ce
qu'elle associait une large majorité de la population "à ses résultats
non par les salaires, mais
par le partage du produit et des
bénéfices". (ROBINEAU, 1978, p. 165).
Dans le cadre des activités paroissiales, il semble par contre
que les pupu religieux se particularisent par leur caractère
obligatoire ou tout au moins obligé. Le travail, pour la construc¬
tion et l'entretien des lieux du culte, était collectif et dirigé par le
pasteur ou le curé. Aucune règle de réciprocité n'était prescrite
comme c'était le cas dans les pupu à vocation
économique. En
outre, une cotisation annuelle était perçue auprès des fidèles pour
la réfection des temples (cas des paroisses protestantes).
la
pêche
Société des
Études
Océaniennes
1318
La différence essentielle entre les pupu non
religieux pré- ou
post-coloniaux (cas de certains pupu à caractère économique
d'inspiration religieuse) et, les pupu d'ordre confessionnel ou à
idéologie religieuse dans une moindre mesure, réside dans le fait
que les premiers fonctionnent sur une base de réciprocité répartition - redistribution des produits et des bénéfices tandis que,
les seconds fonctionnent selon un modèle d'échanges de services
sans contreparties matérielles avec, en
plus, dans certains cas (1)
une
appropriation par les paroisses, des salaires dans leur quasitotalité
ou
sous
Dès lors il
forme de cotisation annuelle.
paraît pas pertinent de considérer l'action
paroisses, hors peut-être leur capacité à "réaliser une
intégration sociale des communautés rurales" (RINGON, 1970 a,
p. 36) et, à jouer un rôle de promoteur "en incitant les polynésiens à
réaliser des plantations qui leur permirent de s'intégrer dans le
processus d'économie coloniale" (RINGON, op. cit.), comme
moteur possible et nécessaire d'une élaboration de nouvelles
formes de promotion rurale (2)
ne nous
des
Ce qui apparaît donc plus à
damment de l'antériorité ou de la
l'évidence, c'est qu'indépen¬
postériorité des pupu non
religieux aux pupu religieux, ceux-là rendent compte de manière
plus pertinente des structures qui devaient prévaloir dans
l'organisation communautaire polynésienne précoloniale.
Structures qui finalement tendent d'une manière ou d'une autre à
se maintenir dans l'ensemble de la
Polynésie et, en l'occurrence,
pour ce qui nous intéresse, aux I.S.L.V.
Il s'agira donc de
s'interroger sur la proposition suivante ;
l'échec des coopératives en Polynésie est sans doute
lié, pour une
part, au fait que nombre d'entre elles ont été suscité par le cadre
religieux.
Pour une autre part, cet échec serait
expliqué par le
fonctionnement de certaines règles afférentes aux structures
mentales
nous
qui participent de la constitution des
ce qui suit.
allons examiner dans
3. Les notions de
pupu.
C'est
ce que
prestige et de faction économique
aussi étroitement associée à celle de
La notion de pupu est
(1) G. RINGON rapporte qu'à Fiti'i (Huahine) "à l'instigation du pasteur, les hommes de la
paroisse partirent pendant plusieurs mois travailler sur les chantiers du C.E.P. à Hao
(Tuamotu) ; l'argent des salaires fut reversé dans une caisse
temple qui fut inauguré en 1968". (op. cit. p. 35).
(2) Voir GRAND, s.d„ p. 197.
Société des
Études
destinée à construire
Océaniennes
un nouveau
1319
prestige. Celle-ci peut se manifester et s'illustrer de deux
manières (1).
Premier cas de figure : A l'origine le chef (2) jouait sans doute
un rôle
économique. Protecteur et porte-parole du peuple : il est
crédité par celui-ci d'un capital de prestige qu'il doit manifester et
illustrer s'il ne veut pas déchoir dans l'estime de ses com¬
patriotes (3)
D'où une capacité plus grande à recueillir la participation au
titre de la parenté ou de "liens de clientèle" d'une très large majorité
de la population d'un village ou d'un district tout entier.
Deuxième
cas
de
figure (complémentaire et partie
d'explication du premier) :
Les entreprises de pêche, petites ou moyennes, tendent à
recruter leurs participants parmi de proches
parents ou
alliés, en écartant les étrangers (4)
(OTTINO, p. 40).
De ces deux cas de figure, il faut retenir, et les
exemples nous
le démontrent aujourd'hui, qu'un maire investi à la fois d'un statut
socio-culturel (Demi et Tavana de surcroît), d'un rôle de leader
politique et d'une condition d'économiquement aisé, est géné¬
ralement à même, en faisant jouer doublement les
règles de parenté
et le "capital prestige", de mobiliser une partie de la population
pour entreprendre des opérations d'entr'aide. A fortiori pour la
réalisation de travaux d'intérêt public. Dans une certaine mesure,
eu égard à ses attributions, le
pasteur se trouve de même investi de
cette capacité à jouer un rôle de promoteur
et d'organisateur par
les populations locales qui ont adhéré à cette confession.
Mais de plus en plus, le recrutement concerne aussi des
individus extérieurs à la proche parenté et aux alliés intéressés
.
.
habituellement
aux
pupu.
Lorsque cela devient nécessaire, il est fait appel aux
ce qui conduit à la formation de ce
qu'il est
possible de ce qu'il est possible d'appeler des "factions
économiques". (OTTINO, op. cit.).
voisins
(1) Ces deux types de manifestation de cette notion ne sont pas limitatifs. Ils servent
simplement à synthétiser, de manière peut-être caricaturale, le problème qui nous intéresse.
(2) A l'époque pré-coloniale le chef (Tavana) était généralement de souche Ari'i (grands
chefs se partageant le gouvernement d'une île). A chaque district (Mata'eina'a)
correspondant à une unité politique et historique était associé un conseil et un chef élus.
(3) Nous pensons que cette assertion dont se sert C. ROB1NEAU pour illustrer ce qui se
passe effectivement actuellement vaut tout autant pour la période pré-coloniale. Cette
opinion sera justifiée par la suite.
(4) Nous considérons là aussi que ces règles de recrutement devaient déjà exister
antérieurement.
Société des
Études
Océaniennes
1320
L'auteur s'oppose en cela à C. ROBINEAU qui parle lui de
"liens de clientèle". Bien que son ouvrage soit antérieur à l'étude de
ce dernier, il note à ce propos qu'il serait difficile de
parler dans le
cas étudié de "clientèles". Ce terme implique des
rapports de
subordination permanents et globaux,
richesse et la puissance. (OTTINO, op.
fondés sur le statut, la
cit.).
Au vu de ce qui a été dit précédemment, nous percevons à
l'évidence que le fonctionnement de la société actuelle se structure
de plus en plus en rapports de classes et que les polynésiens sont
déjà en passe de déboucher globalement dans ce type de rapports
décrits par P. OTTINO.
Au terme de ce long rappel en diagonale et, avant de donner
une définition provisoire du
pupu, il convient de dire un mot sur les
notions de "goût de la dépense" et "d'esprit de compétition".
4. Les notions de
"goût de la dépense" et "d'esprit de compétition".
Ces deux notions qui correspondent aux anciennes valeurs
tahitiennes paraissent constituer "le moteur, du moins le cadre des
économies villageoises actuelles". (ROBINEAU 1978, p. 167).
Néanmoins, il faut distinguer dans
ce
cadre économique deux
circuits : celui de la consommation et celui de la production. Cette
distinction peut nous permettre d'apprécier le dynamisme de ces
valeurs.
Dans le cadre de la consommation lié à l'économie
d'expor¬
tation et aux nouvelles formes de consommation de biens, ce
dynamisme stimule de manière effrénée la construction
immobilière, l'équipement domestique, la possession de biens
durables
ou
semi-durables
et
les loisirs.
Par contre
nous
ne
trouvons pas un
tel dynamisme sur le plan de la production qui n'a
existé qu'au sein des pupu. La projection d'une grande
partie de la
population dans un mode de production fondé sur le salariat et la
formation d'un surproduit social explique, en grande partie,
l'apathie des secteurs de production en milieu polynésien.
Il serait temps à présent de donner une définition
provisoire
du pupu.
Le pupu était et reste encore une forme d'association
d'entr'aide fondée sur des rapports de réciprocité des tâches et de
redistribution des produits. Ces rapports, déterminés en partie
par
certaines conditions techno-économiques circonscrites au cadre de
la production, s'organisent en vue de la réalisation de travaux bien
spécifiques qui requièrent la participation de membres recrutés,
selon l'objet, la taille et la durée de
l'entreprise, au sein de la
parenté restreinte, de la parenté étendue ou du voisinage.
Durant toute l'histoire de la
période coloniale jusqu'aux
Société des
Études
Océaniennes
1321
années 60 les
paroisses, en la personne des pasteurs et curés, ont
capacité spontanée et cette permanence des pupu à
canalisé cette
l'entr'aide, dans la réalisation d'autres travaux dictés à la fois par
les exigences des idéologies nouvelles et, d'un développement basé
sur des économies d'exportation et le salariat. Si les formes
structurelles primitives furent conservées, la force de l'idéologie
religieuse se substitua à la coutume.
En fonction des mêmes
exigences et aussi de manière à
cohésion sociale, condition d'une adhésion
permanente aux idéologies religieuses, ces pupu religieux se sont
réorientés vers la prise en charge des secteurs agricoles et de pêche.
Indépendamment ou de manière associative les Tavana puis,
plus proche de nous, les maires réutilisent où continuent à utiliser
les ressorts de l'entr'aide traditionnelle, ou "d'inspiration"
religieuse, en vue de la satisfaction des besoins ostentatoires, ou de
la réalisation de travaux d'utilité communale ou publique. Cette
politique de grands travaux illustre à la fois la force du dynamisme
que continuent à témoigner les pupu et la réalité d'un
développement économique basé plus sur la consommation que
sur la production. Un
développement économique qui se fonde, à
notre avis, sur les caractères négatifs des pupu
(goût de la dépense
et du faste, esprit de compétition et prestige), les structure,
pour
finalement constituer un frein au développement auto-centré des
communautés rurales, même si,
le réseau de réciprocité et de redistribution qui se noue
autour de la chefferie pour le bénéfice de la communauté
rurale continue d'être le moyen d'un certain dévelop¬
pement économique. (Robineau, 1978, p. 167).
sauvegarder
une
Jean-Marc PAMBRUN
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Société des
Études
Océaniennes
1323
COMPOSITION ET DISTRIBUTION
DE LA FAUNE DES REPTILES TERRESTRES
EN
POLYNÉSIE FRANÇAISE
Une
mission, en 1981 (C. B. et F. B.) consacrée à des
échantillonnages de Lézards nous a permis d'apporter quelques
précisions sur la composition, la distribution et la zoogéographie
de la faune herpétologique terrestre de Polynésie Française.
1. Matériel étudié
Le matériel
466 lézards
.
•
2.
disponible
pour cette
étude
se compose
de
:
388 spécimens ont été récoltés, en juin et juillet 1981, dans les
archipels des Gambier (Mangareva), des Tuamotu (Takapoto) de
la Société (Tahiti, Moorea) et de Tupai (I.S.L.V.).
78 proviennent des collectes de G. Pasteur en 1980, à Moorea,
Raiatea, Tahaa et Bora-Bora.
Composition taxinomique de l'herpétofaune de Polynésie
2.1. Historique
Un nombre relativement important de travaux anciens,
antérieurs pour la plupart à 1934, ont été consacrés - en totalité ou
partie seulement
à la faune des reptiles de Polynésie. Ils
biologique rapporté par les grandes
expéditions dans le Pacifique, notamment pour les reptiles, celles
de Duperrey sur la corvette "La Coquille", Dupetit Thouars sur la
frégate "Vénus", puis la Whitney South Sea expedition.
pour
furent réalisés
sur
-
le matériel
Parmi les plus anciens, nous citerons les descriptions, en 1820,
Tilesius von Tilenau, dans les Mémoires de l'Académie
Impériale de Saint-Petersbourg, du Gekko de Nuku-Hiva et, en
1830, par Lesson et Garnot du Gecko oceanicus et du Scincus
cyanurus de Tahiti.
par
Société des
Études
Océaniennes
1324
Au terme de ces travaux, sept espèces de lézards sont citées de
diverses localités de Polynésie Française.
On note, ensuite, une longue désaffection relative pour la
faune des vertébrés du Pacifique malgré l'intérêt biogéographique
exceptionnel de cette région entièrement constituée d'îles
océaniques c'est-à-dire d'îles n'ayant jamais été reliées à aucun
continent. Divers travaux récents ne citent, paradoxalement, que
trois ou quatre, voire même deux espèces de reptiles terrestres.
2.2.
Liste
taxinomique
Notre mission de
1981, confirme la présence en Polynésie
Française de sept espèces de lézards, toutes récoltées, et d'ailleurs
bien distinctes puisqu'elles appartiennent à six genres différents,
eux-mêmes classés
2.2.1.
en
deux familles
:
Gekkonidés et Scincidés.
Gekkonidés
Les quatre espèces suivantes, réparties en trois genres, ont été
répertoriées :
Lepidodactylus lugubris décrit par Duméril et Bibron en 1836
sous le nom de Platydactylus lugubris, d'après des
exemplaires
récoltés à Tahiti (orthographié Otaiti).
Hemidactylus garnotii décrit par les mêmes auteurs, avec, ici
encore, Tahiti comme terra-typica.
Gehyra oceanica décrit par Lesson, d'après des exemplaires
récoltés par Duperrey, sur la corvette la Coquille, à Tahiti,
-
-
-
Bora-Bora et d'autres localités
Gehyra mutilata signalé
Marquises.
-
en
Océanie.
Mertens,
par
en
1934, dans l'archipel des
2.2.2. Scincidés
Les trois
différents :
espèces identifiées
se
classent dans trois
genres
Emoia cyanura,
-
-
-
décrit par Lesson d'après des spécimens de
Duperrey, en provenance de Tahiti.
Lipinia noctua, avec le même auteur, le même récolteur et pour
terra-typica : Tahiti et Samoa.
Cryptoblepharus boutonii : les spécimens polynésiens sont
rangés dans la sous-espèce C. b. poecilopleurus, décrite de l'île de
Pisacoma, au Pérou, et retrouvée ensuite dans quelques îles des
cinq archipels de Polynésie Française.
2.3.
Clé
dichotomique
La détermination des lézards de Polynésie Française sera
facilitée par la clé dichotomique illustrée suivante :
Société des
Études
Océaniennes
1325
Face
1.
supérieure de la tête
granuleuses
1.'
Des écailles
recouverte
uniquement d'écaillés
1.1.
céphaliques
en
forme de plaques symétriques.
1.2.
1.1.
Des post-mentales allongées entre les branches de la
mandibule (fig. 1 et 2)
111
Pas de post-mentales allongées (fig. 3 et 4).
112
1F
111. Des lamelles sous-digitales divisées (fig. 5) : Gehyra mutilata.
111' Pas de lamelles sous-digitales divisées
(fig. 6) : Gehyra
Oceania
112
112'
1.2
1.2.'
121.
Phalange distale comprimée, adhérant à la partie dilatée
(fig. 7) : Lepidodactylus lugubris
Phalange distale comprimée, libre, implantée au-dessus de la
partie élargie (fig. 8) : Hemidactylus garnotii
Une plaque interpariétale (fig. 9) : Lipinia noctua
Pas de plaque interpariétale (fig. 10 et 11)
121
Un disque transparent sur la paupière inférieure : Emoia
cyanura
121' Œil couvert
(comme chez les Serpents) par une lunette
: Cryptoblepharus boutonii poecilopleurus.
transparente fixe
Une clé
11
et
polycritérique, utilisant les illustrations des figures 1 à
ambiguïtés, est fournie en
pour les amateurs avertis.
destinée à lever d'éventuelles
annexe
3. Distribution et intérêt
zoogéographique de l'herpétofaune de
Polynésie
3.1. Dans la
région pacifique
Tous les lézards représentés en Polynésie ont une vaste
distribution dans les îles de l'Océan Pacifique et sur les continents
limitrophes.
3.1.1.
-
Gekkonidés
Lepidodactylus lugubris est une espèce répandue depuis les îles
jusqu'aux côtes du Mexique ;
Hemidactylus garnotii a une aire de répartition encore mal
délimitée, mais qui englobe, au moins, la Nouvelle-Calédonie,
Hawaï et la Polynésie ;
Gehyra oceanica a une distribution pacifique allant du Nord de
l'Australie à l'île de Pâques ;
Gehyra mutilata est connu de Madagascar, de Ceylan, du SudEst asiatique à l'Ouest, jusqu'au Mexique à l'Est.
de l'Océan Indien
-
-
-
Société des
Études
Océaniennes
1326
3.1.2. Scincidés
-
-
-
de la Nouvelle-Guinée aux côtes du
plus abondante et la plus largement
distribuée dans ce genre (Brown, Pernetta et Watling, 1980) ;
Lipinia noctua a une distribution irrégulière, entre la NouvelleGuinée et l'île de Pitcairn, bien caractérisée par le terme de
"spotty" utilisé par les auteurs anglo-américains, mais qui
pourrait n'être due qu'à l'imprécision des investigations en raison
de la grande discrétion de cette espèce ;
Cryptoblepharus boutonii poecilopleurus occupe, parmi les 17
sous-espèces décrites dans ce genre monospécifique, une aire de
répartition considérable, de la Nouvelle-Guinée aux côtes du
Emoia cyanura s'étend
Pérou ; c'est l'espèce la
Chili et du Pérou.
3.2.
En
Polynésie Française
limitant aux résultats de notre mission
obtenons le tableau 1.
En
nous
en
1981,
nous
Les trois espèces de Scincidés sont diurnes, faciles à voir,
parfois localement très abondantes, et présentes sur toutes les îles
visitées.
Parmi les Gekkonidés, seuls
Lepidodacîylus lugubris et
Gehyra oceanica sont abondants et largement répandus. A
l'opposé, Hemidactylus garnotii n'a été collecté qu'en un
exemplaire à Mangareva, lagon de Taku. Néanmoins, rappelons
que Tahiti est la localité d'origine des exemplaires-types qui ont
servi à la description de cette espèce. Il faut remarquer que n'ayant
pas fait de chasses de nuit systématiques, les absences des
Gekkonidés dans le tableau 1 ne sont pas significatives et que des
investigations complémentaires sont nécessaires. Il est intéressant
de signaler, ici, que l'aire de répartition de Gehyra mutilata n'est
pas restreinte, en Polynésie Française, aux seules îles Marquises
mais englobe aussi les îles du Vent dans l'archipel de la Société et
Mangareva aux Gambier.
3.3.
Les
Sur les îles
répartitions altitudinales des sept espèces sont très
différentes. Parmi les Scincidés, Emoia cyanura est la seule espèce
qui pénètre en forêt, jusque vers 900 m ; Lipinia noctua est fréquent
vers 400 m environ, tandis que Cryptoblepharus boutonii
n'est abondant que sur la frange littorale et tout particulièrement
sur les motus de la couronne récifale. On l'observe cependant dans
toute la plaine côtière, mais il y est beaucoup plus rare.
jusque
Ces trois espèces, bien que de taille voisine et de mœurs à
tendances arboricoles (toutes trois sont d'habiles grimpeurs) sont
Société des
Études Océaniennes
1327
parfois présentes, localement, en un même endroit avec des
effectifs élevés. Cette parfaite sympatrie pose d'intéressants
problèmes d'écologie au niveau de la compétition alimentaire.
Les distributions des Gekkonidés sont insuffisamment
Il semble que seuls Lepidodactylus lugubris et surtout
Gehyra oceanica aient colonisé les milieux forestiers de moyenne
connues.
altitude.
4. Conclusions
La mission
préliminaire consacrée, en 1981, aux
permis de retrouver les sept espèces signalées dans la
littérature et dont quatre ou cinq ont été décrites à partir de
spécimens en provenance de Tahiti.
L'espèce Hemidactylus frenatus, décrite par Duméril et
Bibron en 1837 et largement répandue en Polynésie centrale a une
aire de répartition qui atteint le Mexique : sa présence est donc
probable en Polynésie Française.
4.1.
reptiles
nous a
4.2.
La faune
herpétologique terrestre de Polynésie
Française est exclusivement représentée par des lézards, tous à
vaste distribution dans la région Pacifique, sinon Indo-Pacifique :
aucun n'est particulier à la Polynésie.
En considérant la distribution des différentes espèces d'un
même genre (ou celle des sous-espèces chez Cryptoblepharus
boutonii) il apparaît que l'origine du peuplement herpétologique
est occidentale et se situe, le plus souvent, en Nouvelle-Guinée et
sur les îles avoisinantes. Les sept espèces existant en Polynésie
Française sont présentes en Nouvelle-Guinée (Loveridge, 1948). A
partir de ces îles, la richesse de l'herpétofauna va en s'amenuisant
(Loveridge, 1945) :
les Chéloniens ne dépassent pas l'archipel des Bismark ;
les Crocodiliens atteignent les îles Salomon ;
les Serpents terrestres sont encore présents aux Fidji ;
parmi les lézards, les Varans n'ont pas dépassé les îles
-
-
-
-
Salomon et Marshall.
4.3.
La présence de lézards en Polynésie pose le problème
dispersion à travers d'immenses étendues d'eaux marines
impropres à leur survie. Deux hypothèses ont été avancées :
une dispersion par l'homme qui paraît plus aisée pour les Geckos,
notamment sous forme d'œufs pondus dans les embarcations
(Stejneger, 1899 signale la présence fréquente d'œufs dans les
pirogues aux îles Hawaï).
une dispersion aléatoire, par radeaux flottants, transportant des
œufs ou des adultes, à la limite une femelle fécondée. De tels
radeaux, constitués généralement de troncs d'arbres déracinés, en
de leur
•
•
Société des
Études
Océaniennes
1328
particulier par la violence des cyclones tropicaux, sont suscep¬
tibles de déplacements considérables et sont occasionnellement
rencontrés. Ainsi, Lipinia noctua a été signalé sur une pièce de
bois, flottant
au
large des îles Salomon (Mac Coy, 1980).
L'aptitude des lézards à de tels déplacements à longue distance
soulignée par Wallace en 1876 et plus récemment, Brown et
Alcala (1953) ont relié cette aptitude à la grande résistance à l'eau
de mer des œufs de nombreuses espèces insulaires. La présence des
sept espèces sur les rivages mêmes est favorable à leur dispersion
aléatoire par radeaux.
Une étude plus précise des différenciations morphologiques
ou biochimiques des populations insulaires permettrait de trancher
entre ces deux hypothèses : de savoir si, selon l'expression de
Mertens (1934), ces lézards ont été les "kultur folger" c'est-à-dire
les "ambassadeurs de la culture" polynésienne ou s'ils ont été
dispersés par elle, peut-être comme tupuna, animaux abritant des
ancêtres ou des dieux (Seurat, 1934).
4.4. Moins pauvre qu'on l'a souvent répété, la faune des
reptiles présente un grand intérêt scientifique aux plans géogra¬
phique et écologique. Par leur abondance parfois considérable,
conduisant localement à de véritables pullulations, ils exercent un
rôle important dans le contrôle des populations d'Arthropodes,
aussi bien dans les forêts que dans les cocoteraies et les cultures. Ils
contribuent ainsi au recyclage de la matière organique et à un
contrôle biologique des populations d'Invertébrés dont il est
encore difficile d'apprécier l'impact économique.
a
été
Remerciements
Nous
le
plaisir de remercier les personnalités suivantes :
Lejeune, MM. P. Moortgat, B. Salvat et R. Wan pour les
facilités qu'ils ont mises à notre disposition et qui ont rendu
possible cette mission exploratoire
M. G. Pasteur qui nous a
confié la petite collection qu'il avait réalisée en 1980 et les
nombreuses personnes qui ont contribué à la réussite de nos
échantillonnages.
avons
Me
,
Société des
Études
Océaniennes
1329
polycritérique utilisable pour la détermination des
reptiles terrestres de Polynésie Française exclusi¬
vement (voir pl. 1 et 2).
Pupille ronde ; écailles du corps imbriquées ; plaques symétriques
Annexe 1
:
Clé
famille des Scincidae
la tête
sur
Yeux couverts par un
petites et granulaires
;
leur extrémité
1.
F.
1
disque transparent fixe ; écailles dorsales
pas de plaques sur la tête ; doigts dilatés à
famille des Gekkonidae
2
Supra-nasale présente ; plus de 30 lamelles sous l'orteil IV ;
préfrontales le plus souvent séparées
11
Supra-nasale le plus souvent absente ; moins de 30 lamelles
sous
l'orteil IV
12
1.1.
Lignes médio-dorsales et dorso-latérales dorées et bien
définies, le plus souvent à partir de la tête jusqu'aux membres
postérieurs ; couleur de fond brune plus ou moins sombre ;
paupière inférieure avec un disque transparent ; frontopariétale et inter-pariétale fusionnées ; une paire de nucales
élargies ; narine percée entre 3 plaques (nasale, post-nasale,
supra-nasale)
Emoia cyanura
1.2. Fronto-pariétale et inter-pariétale soudées en une seule
plaque ; œil couvert par une lunette transparente fixe ; une
seule paire de nucales élargies ; deux rangées d'écaillés médiodorsales élargies transversalement ; une ligne blanche dorsolatérale entre deux lignes noires de chaque côté à partir de
l'œil
;
couleur de fond verdâtre, plus ou moins
sombre
Cryptoblepharus boutonii poecilopleurus
1.2'. Fronto-pariétale divisée en 2 plaques et inter-pariétale
individualisée : paupière inférieure possédant un disque
transparent ; deux ou trois paires de nucales élargies ; narine
percée dans la nasale ; couleur de fond gris-brun plus ou
moins sombre ; ligne claire médio-dorsale qui s'élargit pour
former une tâche blanche ou jaune au niveau de l'occiput ;
préfrontales le plus souvent séparées
Lipinia noctua
2. Post-mentales
élargies et allongées ; doigts fortement dilatés ;
griffe de l'orteil et du doigt V absente ou très peu visible ;
dernière phalange nettement séparée de l'expansion du doigt et
de l'orteil
21
2'. Post-mentales non allongées ; griffe du doigt et de l'orteil V
bien visible
22
2.1. Lamelles sous-digitales non divisées ; face ventrale de la queue
couverte par de petites écailles ; doigt et orteil V avec une
griffe minuscule ; 3 premières paires de post-mentales en
contact avec les infra-labiales ; 3 à 4 granules circum-nasaux
postérieurs
; queue
modérément aplatie
Société des
Études
Océaniennes
Gehyra oceanica
1330
plus souvent 3 lamelles sous-digitales divisées après la
première qui reste entière ; face ventrale de la queue couverte
d'écaillés fortement élargies transversalement ; doigt et
orteil V sans griffe ; 3ème paire de post-mentales séparée des
infra-labiales par de petites écailles ; 2 granules circumnasaux postérieurs ; queue très aplatie et rétrécie à sa
base
Gehyra mutilata
Phalange distale comprimée, adhérant à la partie dilatée ;
doigt et orteil V avec une petite griffe ; beaucoup de petites
post-mentales ; doigts dilatés à leur extrémité ; taille max.
9 cm
Lepidodactylus lugubris
Phalange distale libre, comprimée, arrivant à l'intérieur de la
partie élargie ; doigt et orteil V avec phalange distale et griffe
bien visibles ; 4 post-mentales agrandies, la deuxième paire
étant séparée des infra-labiales par des granules ; doigts
modérément dilatés et allongés-; taille max. 13 cm (du rostre
au cloaque)
Hemidactylus garnotii
2.1'. Le
2.2.
2.2'.
Tableau 1
Distribution des
:
reptiles terrestres
cinq îles de Polynésie
sur
Tuamotu
Société
Archipels
Iles
Tahiti
Moorea
+
+
Gambier
Tupai Takapoto Mangareva
Gekkonidés
L.
lugubris
H.
garnotii
+
+
+
+
G. oceanica
+
+
G. mutilata
+
+
+
+
E. cyanura
+
+
+
+
+
L.
+
+
+
+
+
(+)
+
+
+
+
+
Scincidés
noctua
C. b.
poecilopleurus
+
:
présent
;
(+)
observé mais
:
non
récolté.
Ch. P. Blanc, Ivan ineich et
Laboratoire de
Zoogéographie - Université Paul Valéry
Montpellier Cedex
B.P. n° 5043, 34032
Centre de l'environnement de Moorea
M N H P Paris
B.P. 562
et
E P H E
F. Blanc
en
Polynésie Française
Papeete Tahiti P. F.
Société des
Études
Océaniennes
1331
Gehyva oceanïoa
Gehyva mutilata
Lepzdodaotylus
lugubvis
Société des Etudes Océaniennes
1332
rostrale
supra-nasale
fronto-nasale
préfrontale
frontale
supra-oculaire
fronto-
pariétales
pariétale
nucales
Fig.
10
Emoïa oyanura
inter
pariétale
Fig. 9
Fig. 11
Cryptoblephavus
Lip-inia noctua
boutonii
poecilopleuvus
LÉGENDES
DES PLANCHES
PLANCHE 1
Fig. 1 à 4
:
Fig. 5 à 8
:
Gekkonidés de
Polynésie Française.
Écaillure de la face inférieure de la tête.
Détail de l'écaillure des extrémités
(fig. 5-6) ou latérale (fig. 7-8).
PLANCHE 2
Fig. 9 à 11
:
:
:
Scincidés de
en vues
Polynésie Française.
Écaillure céphalique dorsale.
Société des
Études
Océaniennes
ventrale
1333
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islands, in Shurtleff, Sidney "Jungle isles", Putnam, New York, :
275-292.
31. Schmidt K.P. et W.L. Necker, 1933 - The lizards of the Marquesas
islands. Pacific entomological survey 5. Occ. Pap. B.P. Bishop Mus.
Honolulu, 10 (2)
:
1-11.
32. Schnee
P., 1901 - Biologische notizen fiber Lygosoma cyanurum
Lesson, sowie Lepidodactylus lugubris. Zeitschr. Naturwiss., 74 :
273-283.
33. Seurat L.G.,
1934 - La faune et le peuplement de la Polynésie
Française. Mém. Soc. Biogéogr. Paris, 4 : 41-74.
34. Stejneger L., 1899 - The land
Reptiles
Proc. U.S. Nat. Mus. 21 : 783-813.
Société des
Études
of the Hawaïan Islands.
Océaniennes
1335
35. Steindachner F., 1869 - Reptilian, in Reise der ôsterr.
Novara um die erde 1857-1859. Wien
Zoologischer Theil, 1
36. sternfeld R., 1920 - Zur
fregate
:
1-98.
Tieregeographie Papuasiens und der
pazifischen inselwelt. Abdhandl. Senckenbergischen Natur. Gesell.
Frankfurt, 36 : 373-436.
37. Tanner
V.M., 1952 - Pacific islands herpetology, n° VI, Tahiti and
Marquesas islands, New Guinea and Australia. Gr. Basin Nat., 12 :
1-4.
38. Tilesius
von
Tilenau G., 1820
De geckone australi argyropode
zoologia systematica tuenda atgue
de geckonibus in genere... Conventui hexibuit die 21
Maji 1817.
Mém. Acad, impériale Sci.
Saint-Petersbourg, 7 : 311-358.
39. Wallace A.R., 1876-1962
The geographical distribution of
animals. Hafner, New York, London., 1 : 1-503.
40. zweifel R.G., 1979 - Variation in the
scincid lizard Lipinia noctua
and notes on other
Lipinia from New Guinea region. Amer. Mus.
Novitat. USA, A.M.N.H., 2676 : 1-21.
nee non
-
de generum naturalium in
-
Société des
Études
Océaniennes
1336
PLANTES DE L'ILE DE
MAUPITI,
RÉCOLTÉES
PAR JEAN RAYNAL
Au cours d'un séjour à Paris, au laboratoire de Phanérogamie
Museum, Jean Raynal, qui avait fait d'importantes collections
en Polynésie, me demanda si
je pouvais déterminer celles de
Maupiti où il avait séjourné en Juin 1973 avec Yves Lemaître,
linguiste de l'ORSTOM, qui avait, lui, recueilli les noms locaux des
plantes récoltées. Je lui fournis alors une liste de déterminations,
laissant de côté les Cypéracées et la plupart des fougères.
J'attendais que ces plantes soit étiquetées pour emprunter celles
que je n'avais pas pu nommer immédiatement, et pour compléter la
liste. La disparition tragique de Raynal en 1979 retarda ce projet,
car il n'avait pas
pu compléter l'étiquetage de ses plantes. Grâce à
M. Nicolas Hallé, les collections ont été rangées,
étiquetées et
rendues accessibles, et j'ai pu, avec l'assentiment de Madame Aline
Raynal-Rocques, emprunter celles qui manquaient pour la liste de
Maupiti. L'énumération qui suit comprend donc, en parallèle, les
noms en Tahitien tel
qu'il est parlé à Maupiti, et les noms
scientifiques des plantes. Un certain nombre de déterminations
sont de Jean
Raynal, particulièrement celles des Cypéracées. Les
autres sont de moi-même, avec l'aide, surtout
pour les fougères, du
du
Dr. F. R.
Fosberg.
Les chiffres de la première colonne sont les numéros de
collections de Jean Raynal. Toutes ces plantes sont
déposées dans
l'herbier de Paris (P). M.-H. S.
Parmi les variations dialectales
qui distinguent le tahitien
parlé à Maupiti, une des plus apparentes concerne la réalisation du
phonème t. A Tahiti il est réalisé "k" par certains locuteurs dans un
nombre restreint d'environnements, par
exemple : fatata (fakata)
"proche",.ou même tera (kera) "cela". A Maupiti, ce type de
Société des
Études
Océaniennes
1337
prononciation a tendance à être systématique. On peut néanmoins
considérer que le son "k" entendu à
Maupiti reste une variante de
réalisation du phonème t, sans valeur distinctive. On ne
s'étonnera
pas qu'il ne soit pas transcrit dans la liste des noms de
plantes, sauf
dans le cas de 17905 tahinu kone, ou
kone/kokone "petit,
minuscule" est un terme que le tahitien a
emprunté avec sa
composés de plusieurs parties, sont
suivis de leur traduction littérale en
français. Y. L.
Pour certaines collections, le nom tahitien de
Maupiti n'a pas
été recueilli et est remplacé par un ?.
prononciation. Certains
N° Coll.
Noms de
noms,
Maupiti
Noms
botaniques
17818
:
'aturi
Talinum patens Willd.
17819
:
mo'u
Kyllinga nemoralis (Forst.)
Dandy
17820
:
17821
:
17822
:
17823
:
17824
:
17825
:
17826
:
mo'u taviri ha'ari
17827
:
toteto
17828
:
mo'u
17829
:
17830
:
(tabac de Tahiti)
pua'aniho ("gingembre" des
chèvres)
17831
:
nono
Morinda citrifolia L.
17832
:
Canavalia cathartica Thouars
17833
:
17834
:
pipi ta'ero ("haricot" vénéneux)
remu tiare
("algue" ou "mousse" à
fleurs)
piripapa
upo'o 'uo'uo/no'ano'a
(cypéracée à tête blanche/
odorante)
mo'u upo'o taratara (cypéracée à
tête hérissée)
mo'u upo'o taratara (cypéracée à
tête hérissée)
'ava'ava ha'avare (rau'ara nu'a)
(faux-tabac à petites feuilles)
tauatini (mille)
miri tahiti (basilic de Tahiti)
fe'e 'uru (pieuvre de l'arbre-à-pain)
Cyperus
compressus
L.
Mariscus sumatrensis Retz.
Pseudo-elephantopus spicatus
(B. Juss.) Vahl
Synedrella nodiflora (L.) Gaertn.
Ocimum gratissimum L.
Taeniophyllum fasciola
(G. Forst.) Seemann, det.
N. Hallé
(cypéracée
exprimer le-lait-de-coco)
pour
Mariscus pennatus (Lam.) Merr.
Triumfetta rhomboidea Jacq.
Mariscus cyperinus (Retz.) Vahl
upo'o (cypéracée à (grosse)
tête)
'ava'ava tahiti
Nicotiana tabacum L.
re'a
Canna indica L.
17835
:
niu
17836
:
'amo'a hu'a
17837
:
ami
Selaginella societatis Moore ?
(could be S. samoensis Baker)
A- Peperomia leptostachya H.&A
B- Peperomia tahitensis Yuncker
Leucas decemdentata Sm.
(fougère 'amo'a naine)
Adiantum
hispidulum Sw.
Colubrina asiatica (L.) Brongn.
Société des
Études
Océaniennes
1338
17838
:
'aihere tapau
Euphorbia atoto Forst. f.,
(plante-sauvage à
sensu
lato
latex)
Davallia solida Sw.
17839
:
titi
17840
:
hora tahiti
17841
:
moemoe
17842
:
'ava turatura
17843
:
'avaro
Tephrosia piscatoria Pers.
Phyllanthus virgatus Forst. f.
Plumbago zeylanica L.
(hora de Tahiti)
Premna obtusifolia R.
Br.,
sensu
lato
17844
:
Grewia
haupa
crenata
(Forst.) Schinz &
Guill.
17845
:
feti'i
no te titi (plante apparentée
(commentaire descriptif ?) )
ti'ati'a mou'a/mau'a
au
Humata banksii Alston
titi
Jasminum
17846
:
17847
:
'ofe'ofe hu'a
didymum Forst.
Oplismenus compositus (L.)
17848
:
?
Xylosma suaveolens Forst.,
Beauv.
(pine à Tahiti, fide Nadeaud)
sensu
lato
17849
:
'avao
Wikstroemia foetida
17850
:
patara
Dioscorea
17851
:
'irio
17852
:
metua
17853
:
17854
:
(L.f.) Gray
pentaphylla Forst. f.
Polypodium punctatum (L.) Sw.
Polypodium maximum (Brack.)
peho ("écorce des vallées")
pua'a 'ata ho'e (metus pua'a
à tige unique)
metua pua'a
Polypodium scolopendria
?
Oberonia
Hook.
Burm. f.
equitans (G. Forst.)
Mutel, det. N. Hallé
17855
:
ripene
17856
:
'oaha
17857
:
'amo'a 'ata ho'e
(fougère 'amo'a à
(O. glandulosa Lindl. ?)
Pyrrosia blepharolepsis (C. Chr.)
Ching
Asplenium nidus L.
Thelypteris forsteri Morton
tige unique)
17858
:
'amoa
Nephrolepis acuta var.
subferruginea Hook.
17859
:
'ofe'ofe
Centotheca
17860
:
piripiri 'aratita (plante-qui-
Desmodium
s'accroche
(ressemblant à 1')
lappacea (L.) Desv.
heterocarpon var.
strigosum v. Meeuwen
arachide)
17861
:
nanamu
ti'a rahi (grand nanamu
dressé)
17862
:
17863
:
ma'a pape
17864
:
'ava'ava teitei
17865
:
tama'oma'o
'ofe'ofe
17866
:
ma'a
17867
:
moemoe
17868
:
?
Brachiaria
paspaloides (Presl)
Hubb., det. Ph. Morat
Paspalum paniculatum L.
C. E.
Commelina diffusa Burm. f.
("tabac" élevé)
rapiti (herbe à lapin)
Elephantopus mollis HBK
Eleusine indica (L.) Gaerth.
Emilia fosbergii Nicolson
Phyllanthus amarus Sch. & Th.
Vernonia cinerea (L.) Less., sensu
lato
Société des
Études
Océaniennes
1339
17869
:
'aretu
17870
:
purau
17871
:
nanamu
17872
:
nanamu
toro
17873
:
nanamu
tumu
17874
:
nanamu
miti (nanamu de mer)
17875
:
nanamu
tumu
17876
:
tonina/'anina
17877
:
remu
17878
:
hotu
17879
:
pipi ra'au
Paspalum conjugatum Berg.
Hibiscus tiliaceus L.
(nanamu principal
tumu
Digitaria setigera Roth
commun) )
(nanamu rampant)
Digitaria radicosa (Presl) Miq.
Eragrostis tenella (L.) Beauv.
ex
R. & S.
Lepturus repens R. Br., sensu lato
Sporobolus indicus (L.) R. Br.
(nanamu principal
commun) )
Hernandia
ra'au
sonora
L.
lichen
17880
:
tahinu
17881
:
'aito tumu, autres "variétés"
Barringtonia asiatica (L.) Kurz
Vigna marina (Burm.) Merr.
Tournefortia argentea L. f.
Casuarina equisetifolia L.
Casuarina equisetifolia L.
Phyllanthus virgatus Forst. f.
:
('aito ti'aho'e, 'aito ti'a raro)
hora hu'a (hora nain)
17882
:
17883
:
mati
Ficus tinctoria
17884
:
pia ma'ohi (arrow-root indigène)
Tacca
17885
:
17886
:
17887
:
pofatu
? (urio à Tahiti, fide Nadeaud)
tamanu ('ati : autrefois)
17888
:
tafano
Forst. f.
Calophyllum inophyllum L.
Guettarda speciosa L.
17889
:
'o'oru
Suriana maritima L.
17890
:
purumu
sensu
lato
leontopetaloides (L.)
O. Ktze
Sophora tomentosa L.
Triumfetta procumbens
Malvastrum coromandelianum
(L.) Garcke
17891
:
tou
Cordia subcordata Lam.
17892
:
nanamu
17893
:
'aihere tapau
Cynodon dactylon (L.) Pers.
Euphorbia hirta L.
ti'afara (plante à latex
au-port-de-pandanus)
17894
:
mo'u taratara
17895
:
'uti'uti
17896
:
'aihere tapau
17897
:
naupata
Cyperus rotundus L.
Cladium mariscus (L.) Pohl
Euphorbia atoto Forst. f., sensu
lato
Scaevola taccada
var.
tuamotuensis St. John
17898
:
'iri
17899
:
'uti'uti hu'a
17900
:
17901
:
pohue motu (liane des îlots)
fara uru autres variétés (fara uea
sans piquants, fara porohiti -
17902
:
taino'a
17903
:
piripapa mutu
o
Polypodium scolopendria
peho
Burm. f.
Fimbristylis cymosa R. Br.
Ipomoea macrantha R. & S.
-
Pandanus tectorius Park.
à fruits rouges
Cassytha filiformis L.
Portulaca johnii von Poelln.
Société des
Études
Océaniennes
1340
17904
Timonius polygama
:
turamoa
(Forst. f.)
Robins.
17905
tahinu
kone/tahinu na'ina'i (tahinu
Heliotropium anomalum H. & A.
:
var.
nain)
anomalum
17906
'a'ie
:
17907
?
:
Pemphis acidula Forst.
Psilotum nudum (L.) Beauv.
17908
'aito ti'aho'e
:
Cleome viscosa L.
Portulaca oleracea L.
17910
piripapa
'aihere piripiri (plante-sauvage quis'accroche)
:
:
Cenchrus brownii R. & S.
17911
poromu
:
Sida rhombifolia L.
17912
'amae/miro
:
Thespesia populnea (L.) Sol.
17913
pitipiti 'o 'ute'ute (pitipit'o rouge)
:
Abrus
17914
tira
:
Cassia sp.
17915
'aihere ha'amaita'i fenua
:
Indigofera spicata Forst.
17909
(mikimiki en Paumotu)
(niu à Tahiti, fide Nadeaud)
ex
sauvage
(plantequi-améliore les-sols)
Correa
precatorius L.
17916
piha'ato
:
Acrostichum
17917
toura
:
Coix
17918
:
SN
pitipiti'o tarona (pitipiti'o mauve)
hepene
matie miti (gazon de mer)
SN
'atae
:
17919
aureum
L.
lacryma-jobi L.
Abrus precatorius L.
:
Bauhinia monandra Kurz
:
probablement une algue
probablement Erythrina
variegata L.
non
vu,
non
vu,
Marie-Hélène Sachet et Yves Lemaitre
Société des
Études Océaniennes
1341
Compte rendu
LEGRAS
Edith, "Images littéraires de la Polynésie" ; thèse de Doctorat
cycle, sous la direction de M. Roger FAYOLLE,
Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris III) 1982, 250 p.
de troisième
Avant de
malentendus
de
cette
présenter cette thèse, il convient de dissiper deux
qui risquent de désorienter le lecteur, le premier lié au titre
recherche et le deuxième relatif à
son
contenu.
Images littéraires de la Polynésie : ce titre suggère une étude reposant
représentations de la Polynésie dans la ou les littérature(s) ; on
s'attend ainsi à un travail qui englobe, non seulement la Polynésie
française, mais l'ensemble de la région du Pacifique limitée par le triangle
polynésien.
sur
les
réalité l'auteur mène une recherche qui porte d'abord
française (p. 1 à 29), puis sur Victor Ségalen
(p. 30 à 48) qui, parce qu'il joint la littérature à l'ethnologie, forme une
élégante transition vers le véritable corpus de la thèse, à savoir l'étude de
la littérature tahitienne -à l'origine orale- telle qu'elle a été recueillie,
transcrite et traduite par les missionnaires, voyageurs ou érudits de la fin
du XVIIIe au début du XXe siècle (p. 49 à 207). La conclusion porte enfin
sur l'amorce d'une littérature d'expression française à Tahiti (p. 208 à
234).
En conséquence, pour que le titre de cette thèse fût davantage
conforme à son contenu, il aurait fallu qu'elle portât un titre tel que :
"Tahiti, de la littérature importée à la littérature transcrite indigène". De
plus, l'ordre de déroulement de cette thèse aurait pu aussi être inversé
pour être fidèle à la chronologie et à la pérennité des choses, en présentant
d'abord les formes tahitiennes originelles de littérature, puis à compter de
l'arrivée des Européens, ce que Jean Scemla appelle "une nouvelle contrée
de l'imaginaire"1.
Le corpus : en
sur
Tahiti dans la littérature
1. Jean SCEMLA
:
une
nouvelle contrée de
Société des
l'imaginaire, B.S.E.O. n° 222
Études
Océaniennes
mars
1983.
1342
LITTÉRATURE FRANÇAISE
point de départ de Mlle Legras est donc une analyse fort
simplifiée de la littérature française sur Tahiti, sous l'angle du mythe et
après lecture des études de Jean Simon2 et d'Henri Jacquier3. On voit
ainsi présentés de manière très succincte Bougainville et Diderot à travers
leur dialogue littéraire. Pour le début du XIXe, l'auteur propose le texte
de Chateaubriand "O Tahiti", ainsi que celui de V. Hugo "la fille d'O
Tahiti" qu'elle agrémente de commentaires explicatifs personnels. Elle
estime, mais peut-être à tort, qu'à cette époque "quelques récits de voyage
-aujourd'hui obscurs- assurent la survivance du mythe dans les esprits".
Elle fait ainsi l'impasse sur Duperray, Lesson, et surtout Dumont
d'Urville, Dupetit-Thouars ou Moerenhout, lesquels restent bien sûr
obscurs pour un public non averti mais ne le sont pas pour les Océanistes
qui leur reconnaissent une indéniable importance. Il serait certainement
TAHITI DANS LA
Le
bien utile d'en rééditer certains.
pieds joints... à la fin du siècle-pour signaler
Méryon (qui s'est fait pourtant connaître
davantage comme graveur que comme écrivain nous apprend le Père
O'Reilly4) ; Loti pour sa part a droit à 2 pages et Gauguin presque trois.
Le XXe est résumé en deux tendances : celle de l'exotisme qui se mue avec
le temps en exploitation touristique et publicitaire avec une allusion aux
cinéastes5 ; et l'autre, celle du roman "qui narre les désillusions des
auteurs toujours à la recherche du même paradis perdu". L'illustration en
est donnée par Alain Gerbault et par un livre "Un paradis se meurt",6 qui
n'a d'ailleurs rien d'un roman, mais est plutôt, comme l'écrit Pierre
Albarran dans la préface "un livre sincère (qui) se borne à constater, à
réfléchir, à juger (et qui étudie) dans ses moindres détails la question
coloniale en Polynésie".
Après cela,
on saute à
de CH.
l'œuvre inachevée
VICTOR SEGALEN
Puis, l'auteur découvre
que
les
œuvres
qu'elle
a
citées
ne
lui
permettent pas de se faire une idée de ce qu'est la civilisation tahitienne".
C'est pourquoi, elle fait appel à Ségalen dont les principaux aspects de
l'œuvre "nouveauté dans la manière d'aborder le
sujet, prise en
d'esprit d'appro¬
priation" lui "permettent de justifier (son) approche personnelle de
considération de la différence culturelle enfin absence
l'identité culturelle et littéraire de Tahiti".
2. Jean SIMON
3.
:
la
Polynésie dans l'art et la littérature de l'Occident, Boivin 1939.
Henri JACQUIER : études diverses sur la littérature de Tahiti, B.S.E.O. n° 79, 72, 73 et
74, 146-147.
4.
Patrick O'REILLY
10138 page
:
bibliographie de Tahiti, Musée de l'homme 1967, voir article n°
906.
5. On peut se demander
6.
également si la gravure comme le cinéma sont des "images
littéraires", et, dans l'affirmative s'il ne faudrait pas en mentionner d'autres telles que la
peinture, la photographie, la sculpture, la musique etc... qui ont eu et ont encore tant
d'importance dans la renommée de Tahiti.
Alain GERBAULT : un paradis se meurt, éditions Self 1949, préface de Pierre Albarran
(le champion, son ami).
Société des
Études
Océaniennes
1343
"Victor
Ségalen, écrit-elle, a dépassé le schéma psychologique du
traditionnel, il a inventé une forme à la fois littéraire et
scientifique, apte à présenter une appréhension authentique de Tahiti".
LITTÉRATURE TAHITIENNE
L'analyse des Immémoriaux a éveillé en l'auteur de la thèse un intérêt
pour la culture polynésienne ; aussi décide-t-elle de chercher dans les
récits de l'ancien temps une image littéraire de Tahiti. A
partir d'une étude
de l'écrivain Marc Chadourne7 qui expose
les différents genres littéraires
polynésiens, et que l'auteur reprend, sont énumérés, présentés et
commentés des extraits ordonnés de littérature
polynésienne. C'est là
incontestablement que réside l'apport principal de cette recherche,
qui
passe au crible de la critique littéraire (stylistique, structurale etc...)
chaque élément de cette littérature : pari-pari fenua, parapore, rautitamai, anau, patautau, ute, légendes symboliques et cosmogoniques etc...8
Mais c'est là aussi que s'arrête notre propre
compétence critique, et à
défaut d'en dire plus, il y a lieu, croyons-nous, de se poser
quelques
questions suscitées par la démarche de l'auteur :
la critique littéraire occidentale peut-elle valablement
opérer sur de
tels textes (lesquels rappelons-le proviennent d'une tradition orale et ont
été ensuite transcrits et traduits au cours des 150 dernières années
par des
personnes de culture européenne) sans s'aliéner l'esprit et le sens originel,
ni se projeter et ainsi récupérer une culture autre ?
cette analyse de textes relève-t-elle exclusivement de la
littérature, ou
bien doit-elle se situer à la frontière de plusieurs domaines,
ethnologique,
linguistique entre autres et prendre en compte, de plus, le texte en langue
polynésienne, lorsqu'il est disponible ?
Enfin, le problème de la lente mais fatale acculturation du pays est
posé avec le texte de la légende des deux amies, qui fait partie du
patrimoine polynésien, mais que l'auteur soupçonne, après analyse, de
ressembler plutôt à un conte occidental tant du
point de vue de sa
structure que de ses thèmes.
LITTÉRATURE FRANCOPHONE
La dernière partie de cette recherche soulève la question de l'identité
culturelle, évoquée d'abord sous l'angle de la renaissance de la langue
tahitienne, ensuite et surtout sous celui de l'apparition d'une littérature
francophone, "marque de la perte de l'oralité". Pour ce faire, Mlle Legras
propose des extraits de trois auteurs ;9 le premier de Flora Devatine
"l'Enfant, la conscience polynésienne", le second de Vaitiare "A quoi me
servit de tant voir et apprendre" - dont l'auteur de la recherche ignore
roman
—
—
7.
Marc CHADOURNE
8. Nous
nous
:
demandons si
le
ce
lyrisme des Tahitiens B.S.E.O.
genre
de recherche
ne
devrait
n° 6 192.
pas
dorénavant être mené
par
des Polynésiens eux-mêmes.
9. Flora DEVATINE : B.S.E.O. n° 206, mars 1979,
VAITIARE, Humeurs, édition à compte d'auteur 1980. Compte-rendu du Père O'Reilly
dans B.S.E.O. n° 217 décembre 1981.
Charles MANUTAHI, Poèmes, édition à compte d'auteur 1979.
Société des
Études
Océaniennes
1344
qu'elle est avec Flora Devatine une seule et unique personne - et le
troisième de Charles Manutahi "Orohena, Vaïma,' l'étoile filante".
La conclusion de la thèse restitue la cohérence de l'ensemble de la
: "Nous avons cherché à comprendre Tahiti
par ses images
recherche
littéraires
:
les ouvrages
français, les recherches ethnologiques, les récits
contemporains".
traditionnels oraux, les poèmes
En définitive, le juxtaposition de textes d'essences très différentes,
analysés dans le même cadre critique, si elle traduit et reflète un itinéraire
personnel de découverte et d'approfondissement, ne parait guère
convaincant sur le plan méthodologique. L'auteur aurait peut-être
davantage gagné à situer son travail dans la perspective des études de
littérature comparée, qui aurait mieux respecté l'identité des textes
étudiés.
Daniel Margueron
Anne Gabrielle THOMPSON. John
Higginson, 1839-1904, Patriot or
manuscrit, l'auteur ronéotype XI1-330 f.,
bibliogr., 29 cm. (Thèse présentée au Département d'Histoire de
l'Université du Queensland.
Profiteer ? Publié
Hormis
une
comme
petite plaquette publiée
en
1926
gendre, d'après
d'Higginson
qu'aux Nouvelle-
par son
"Mémoire" laissé par son beau-père, la forte personnalité
et l'œuvre accomplie par lui, tant en Calédonie
un
Hébrides, n'avait
australienne
encore
abordé le
tenté
sujet. En
aucun
historien. Une universitaire
elle attaque cette histoire du grand
homme d'affaires d'une manière
chronologique, ses relations avec les
administrations locales ne font pas l'objet d'un chapitre spécial, non
plus
que ses rapports avec la haute finance et la banque.
a
gros,
Higginson est avant tout l'homme du nickel dont il deviendra "le
Roi". C'est, en 1880, avec l'appui de la Banque Rothschild
qu'il constitue
la Société du Nickel, système Gamier. Dans cette même
décennie, il
installe les Français aux Nouvelles-Hébrides,
malgré les réactions des
missionnaires presbytériens : il s'agit de la Compagnie calédonienne de
Nouvelles-Hébrides. Il fait tout ce qu'il peut pour y
des colons,
petit hôpital et
envoyer
des missionnaires
un
catholiques, des
sœurs
qui tiendront
médecin.
un
En appendice de sa thèse, l'auteur nous
présente quelques documents
d'archives, notamment des contrats et des conventions pour la bonne
marche de ses affaires ; également les
biographies succinctes d'une
vingtaine de personnalités ayant été en rapport avec Higginson ou joué un
rôle
aux
Hébrides
ou
en
Calédonie.
Société des
Études
Océaniennes
1345
Cette
thèse, acceptée par l'Université du Queensland et publiée ici
manuscrit", sera éditée en librairie. L'auteur pense en tirer
deux ouvrages : un livre sur
Higginson, un autre sur l'impact de la
présence française en Mélanésie. J'espère que Madame Thompson nous y
donnera un portrait d'Higginson et nous
apprendra pourquoi toutes ses
photographies nous le montrent portant des gants de filoselle grise.
"sous forme de
Patrick O'Reilly
The
Language of Easter Island : Its Development and Eastern Polynesian
Relationships, par Robert Langdon et Darrel Tryon, 1983.
The Institute for Polynesian Studies, The
Polynesian Cultural
Center, Brigham Young University, Hawaii Campus, Laie, Hawaii
96762. 82 pages + iii.
Résumé de la thèse, par les auteurs eux-mêmes :
"L'évidence linguistique permet le choix entre deux
hypothèses,
quant à la nature fondamentale de la langue rapanui, c'est-à-dire :
(1) Le rapanui provient directement d'une langue ancestrale de toutes
langues de la Polynésie de l'Est (le proto-polynésien-occidental). Il
serait la première langue à s'être séparée de cette
langue ancestrale.
(2) Le rapanui est membre d'un sous-groupe putatif comprenant le
futuna occidental, l'uvéen occidental (wallisien),
le rennel et le rapanui.
L'évidence linguistique nous mène jusque là, mais non
plus loin.
Néanmoins, d'autres évidences suggèrent que la seconde alternative est la
plus probable et que ce ne fut qu'aux siècles relativement récents que des
gens de langue polynésienne se sont rendus à l'île de Pâques.
Les routes principales des migrations des langues en
question
les
étaient
:
(A) Ceux qui parlaient futinique se sont installés à Futuna de l'Est, à
Wallis, à Rennel, à Bellona.
(B) Ceux qui parlaient tahitique de provenance de Ra'iatea se sont
installés à Ra'ivavae.
(C) Des insulaires qui parlaient futunique avec quelques bribes de
tahitique émigrèrent à l'île de Pâques.
(D) Il y eut des migrations en provenance de l'île de Pâques vers les îles
Marquises et l'archipel des Tuamotu, avant l'arrivée à l'île de Pâques
des gens de langue polynésienne."
Le
texte se divise en six chapitres : 1) Sommaire
historique (de
Langdon). 2) Phonologie (Tryon). 3) Morphologie (Tryon). 4) Syntaxe
(Tryon). 5) Lexique (Langdon). 6) Discussion et conclusions (Langdon).
Il a toute
l'apparence d'une étude sans déviation des normes de
linguistique descriptive ou analytique.
Société des
Études
Océaniennes
1346
premier chapitre nous fournit une image concise et assez claire de
linguistique et démographique depuis l'arrivée des occidentaux,
nous montrant le déclin de la population de (?) plusieurs milliers de
personnes à cause de la traite d'esclave et de la maladie jusqu'à 110 âmes
en
1877, une suite d'événements dénommée par euphémisme
"décimation". Pendant la décennie suivante, une sorte de dictature
commerciale et ecclésiastique prit la direction du pays et obligea les
Pascuans à apprendre à lire et à parler la langue tahitienne.
Les trois chapitres suivants par Tryon sont très brefs, ne remplissant
qu'environ onze pages. Il nous ébauche les résultats des travaux d'autres
chercheurs. Il me semble qu'il néglige la place des études lexicostatistiques
Le
l'histoire
dans
ces
travaux.
Le pascuan a un certain renom du fait de sa rétention du proto¬
polynésien t.', mais ceci ne caractérise aucune proto-branche. En
tongique, le tongien le retient, le niueen le rejette ; en samoique, Samoa le
rejette, Futuna le retient. (Bien que les auteurs aient créé une branche
futunique. Je trouve ceci un peu fantaisiste, vu qu'on trouve l'innovation
de la substitution de 1- pour t- dans les "définitifs" (le, lo-, la- pour te, to-,
ta-) dans ces deux langues (? seules)). De plus, si l'ancienne langue de
Ra'ivavae a été futunique (ou samoique) altérée par la langue "tahitique"
de Ra'iatea, on aurait dû s'attendre à une opposition très stable entre f et
h.
Le fait suivant montre que cela n'était pas vrai en 1819 :
là le roi Pomare II s'est rendu à Ra'ivavae dans un but de
Cette annéeprosélytisme.
politico-ecclésiastique. Le tahitien qu'il écrivait en 1807 montrait une
fréquence de f au-delà de l'ordinaire. La raison principale était sa
prédilection pour la forme fa'a- du préfixe causatif au lieu'de ha'a-. Mais
en 1819 il écrivait comme tout le monde. Il écrivit dans son journal :
"Tous les gens s'exprimaient dans leur propre idiome, mais on ne peut pas
en tirer grand'chose. On entend - hë, hî, hô, hu - non pas vraiment de la
parole, plutôt des hë (= erreurs). — Parau ana'e iho~ra taua hui ra'atira~ra
i tâ râtou iho parau. E 'ore e 'itea atu te parau ; e nâ'ô tâ râtou parau - hë,
hi, hô, hu - te rahi ia o tâ râtou parau. E iti te parau, e rahi te hë (= hape i
teie tau)." Évidemment, vu sa sensibilisation au son f, il n'aurait pas parlé
de la sorte si la fréquence de l'opposition f et h avait été du même ordre
qu'en tahitien, ce qui indique une langue avec le même système
phonématique que le pascuan (ou le f est devenu h) ou l'ancêtre immédiat
du mangarévien ou du rarotongien (? "rarotongique") - c'est-à-dire, après
le changement de f en h mais avant le changement de h en '. Ceci nous
donne
un
mouvement
continu
entre les îles
Cook, les Australes,
Mangareva, (? Pitcairn et ses disparus), et l'île de Pâques. Pourquoi
invoquer Futuna avec une phonologie et une structure grammaticale très
différentes de celles du pascuan.
En tout cas, l'année 1819 marque le commencement de la fin de
l'ancienne langue de Ra'ivavae. La langue parlée aujourd'hui et ce que
Stimson a conservé dans son dictionnaire est une sorte de tahitien
rustique
avec un reste
de vocabulaire de la culture locale.
Société des
Études
Océaniennes
1347
Je ne trouve qu'une seule contre-indication. La séquence proto¬
polynésien *faf- (ou peut-être *fVf-) devient *faf- pour les langues de
l'ouest, mais *vah- pour les langues de l'est - c'est-à-dire, en tahitien, vaha
bouche, vahine femme, vaho dehors, etc. Mais en pascuan on trouve haha
bouche, haho dehors. Le présumé vahine est vraiment tahitien, le mot
pascuan étant vi'e.
Mais en faisant cette sorte de recherche, il y a certains faits qu'on
tend à négliger. Par exemple le ' (coup de glotte) avait une faible
fréquence en proto-polynésien, et la charge fonctionnelle de l'opposition f
h en polynésien de l'est était faible aussi. Cet état de chose peut entraîner
des changements assez subits.
La
majorité des données de la Morphologie aurait pu être inclue
chapitre Lexique. La plus grande part de l'évidence est négative,
c'est-à-dire : les proto-polynésiens A, B, C
N manquent en rapanui.
Cette sorte de raisonnement ne me convainc pas. Par exemple, on prétend
que le pascuan manque le PPN *nô / nâ, 'agent/possession'. Mais il
faudrait noter qu'il y avait une autre paire *mô / ma 'agent/possession' en
proto-polynésien-occidental. La première se trouvait en constructions
passées/perfectives, la seconde en contexte futur/imperfectif. On trouve
tous les deux en maori et en mangarévien ; en rarotongien, en tahitien, en
tuamotu, en marquisien la première paire a assumé la fonction des deux.
Il semble que seulement la seconde paire a survécu.
Le manque d'une distinction entre duel et pluriel pour la deuxième et
la troisième personne du système pronominal exige une explication, car
on trouve les morphèmes du duel et du pluriel pour la première personne
dans le
...
inclusive
exclusive.
et
Tryon conclut : "la présence démesurée d'innovations morpho¬
logiques en RAP (pascuan) seul parmi les descendants proto-polynésienvaut une considération plus profonde." Je ne vois pas
occidental
comment il est arrivé à cette conclusion, ni si elle était vraie quelles
seraient les implications pour l'histoire du pascuan.
...
Syntaxe l'auteur semble vouloir avoir recours à deux critères
présence d'une transformation ou d'une opposition entre
phrases actives et phrases passives - et la présence de constructions
ergatives. Il constate que les langues polynésiennes occidentales
appartiennent à la classe active/passive tandis que toutes les autres
langages polynésiennes sont du type ergatif.
La question d'ergativité est en pleine polémique, et en tout cas ne me
semble pas être un bon critère de relation génétique, les variations n'ayant
pas de rapport avec la parenté. Mais, d'autre part, on peut tracer l'histoire
morphologique ou morphomatique du passif. Les formes (oublions les
fonctions pour l'instant) qu'on appelle passives ont une apparence très
Pour la
de base
:
la
variée.
Les passives semblent proliférer en maori et samoa, mais au fond la
plupart ont la formule Cia (C = consonne). La consonne représente la
consonne finale de la racine proto-polynésienne, ainsi *inum + ia =
inumia, mais autre part cette consonne est perdue. Pour la plupart des
Société des
Études
Océaniennes
1348
langues de l'est, les formes se sont simplifiées et une seule (ou
quelques) consonne est retenue. Ainsi, en tahitien on trouve inu 'boire' -f
hia = inu hia "être bu". En rarotongien et en mangarévien, la forme
usuelle est 'ia (dérivée de *hia) qui prédomine. Mais en mangarévien le
passif est rare en texte ; on peut le former, mais on en le fait pas souvent.
Il cite Englert : "En langue rapanui il n'existe pas de différence entre
la voix active et la voix passive du verbe."
Mais Englert continue :
Ku-pa'o-a te miro.
L'arbre a été coupé. (Passif en a)
Ka-pa'o i te miro !
(Actif, complément
Coupez l'arbre !
d'objet direct en i)
Ka-pa'o i te kiko mamoe ! Découpez la chair de mouton ! (Actif + i)
...
"L'emploi de la voix passive n'est pas fréquente et il y a des verbes où
l'emploie pas."
Il faudrait dire aussi que la grammaire d'Englert n'est qu'une
ébauche et pleine de confusion et d'incompréhensions.
Regardons un peu ce qu'on trouvé ou trouvait en tahitien.
on
ne
1)
2)
3)
4)
5)
6)
7)
'ua
'ua
'ua
'ua
'ua
'amu te 'urï i te i'a.
'amu hia te i'a e te 'urî.
'amu hia e te 'uri te i'a.
'amua te i'a e te 'urî.
'amua e te 'urî te i'a.
te 'urî te i'a i 'amu.
te 'uri i 'amu i te i'a.
Le chien a mangé le poisson.
Le poisson a été mangé par le chien.
Le poisson a été mangé par le chien.
Le poisson a été mangé par le chien.
Le poisson a été mangé par le chien.
na
Le poisson par le chien mangea.
na
Mangea par le chien le poisson.
4 et 5 sont très rares. Le seul homme que j'ai connu qui se servait toujours
de cette tournure est disparu récemment. On trouve toujours 'itea to be
found. Le suffixe -a est inséparable. Quant à l'ordre des mots, je préfère 2
et 4, tandis que d'autres préfèrent 3 et 5 (lesquels sont probablement plus
anciens, mais, pour moi, moins logiques).
Pour le
futur/imperfectif, le maori et peut-être le mangarévien ont
quelque chose comme : * mâ te kurî e kai. Par le chien mangera. En en
pascuan on trouve ma (or ma'a devant un pronom) avec le futur/
imperfectif, mais je n'ai pas encore trouvé de phrase au passé/perfectif.
Ma Petero 'e hakatangi te kitara. Jouera par Pierre la guitare. (Mulloy et
Rapa 1977). Toutes ces formes en mâ/nâ je les appelle ergatives. Si j'ai
raison, il semblerait que le proto-polynésien avait (comme le tahitien a)
des structures ergatives aussi bien que des structures nomino-accusatives,
et les polémiques, quant à la relative antiquité de l'une et de l'autre, sont
sans signification.
En tongien et niueen il n'y a pas de passif, ni de complément d'objet
i. Mais ceci ne concerne pas notre problème tel qu'il est posé.
Les vocabulaires présentés dans le chapitre lexical essaient de
montrer la distribution des cognats de certains mots pascuans parmi
diverses langues polynésiennes. Ce que l'auteur veut démontrer
en
m'échappe. Les citations sont
assez
intéressantes mais
ne nous
dirigent ni
Futuna ni vers Ra'ivavae. En outre, il n'y a pas un seul mot cité du
ra'ivavaeen. Vers la fin du chapitre on donne des listes de mots sans
vers
Société des
Études
Océaniennes
1349
équivalents dans les autres langues polynésiennes. Quelqu'un devrait faire
un recueil de listes de mots insolites en
Polynésie pour le distribuer un peu
partout.
Il faut noter que les vocabulaires ici concernent des choses très
ordinaires, y compris des termes de parentés, tandis que les vocabulaires
de mots étrangers en rennel et bellona fournis par Elbert (1962) se
composent de mots spéciaux.
On pourrait contester certains mots dans ces vocabulaires, mais il ne
à rien de le faire ici.
Le dernier chapitre dépasse mes compétences. On invoque certaines
connaissances ethnologiques et océanographiques, etc... pour remplir les
lacunes linguistiques. Personnellement, je trouve invraisemblable de faire
de trop grands rapprochements entre un peuple, la langue ou les langues
qu'il parle, et l'endroit ou la séquence d'endroits qu'il habite ou a habité.
Le Brésil par exemple ! Le portugais ! Et toutes les races !
sert
Enfin, ici, on cite quelques mots de ra'ivavaeen. On donne re'o
'parler' comme équivalent de reo 'voix, langue'. Mais il ne faut pas oublier
que Stimson était spécialiste en tuamotu où on trouve reko 'parler, ce
qu'on dit', à côté de reo 'voix, langue'.
On donne aussi poti'iti'i 'crépu'. Il plairait peut-être à Langdon de
savoir que l'équivalent en tahitien est potïtl et est homonyme d'un
emprunt qui veut dire 'portugais', et que les tahitiens ne voient aucune
raison de les différencier.
Ralph Gardner White
BIBLIOGRAPHIE
Biggs, Bruce, 1974. "A drift voyage from Futuna to Cikobia." Journal of
the Polynesian Society, vol. 83 no. 3.
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the Polynesian Society, vol. 82 no. 3. 1973.
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Polynesian Society, vol. 86 no. 1.
Seiter, William J., 1980. "Studies in Niuean Syntax". Garland Publishing,
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Inc. New York.
White, Ralph Gardner, 1982. "O ergative ! my ergative ! where hidest
thou, wee ergative ?", Te Fare Vana'a Press, Punaauia, Tahiti.
Société des Etudes Océaniennes
1350
CUZENT Gilbert
: Archipel de Tahiti ; recherches sur les principales
productions végétales. Réédition revue, augmentée et illustrée du
livre de 1860. Biographie de l'auteur, index général des plantes citées,
annexes botaniques, préface et postface. 210 pages de texte, 18 illus¬
trations originales de plantes, 25 gravures et photos d'époque.
21,5 X 29. ISBN 2-904171-01-0.
no Tahiti a été créée depuis deux ans
d'amis désireux de réaliser à Tahiti la publication
d'ouvrages devenus rares qui intéressent les Polynésiens.
La société d'édition Haere Po
par un groupe
Les éditions Haere Po
no Tahiti n'ont pas voulu se contenter d'une
réimpression de l'ouvrage de Cuzent mais en proposant
aujourd'hui une édition revue, augmentée et illustrée :
banale
Une édition
revue :
Dans la
mesure
où les
noms
de lieux
et surtout
des
plantes ont changé depuis un siècle, le texte original a été mis à jour et
peut être utilisé de bonne foi aussi bien par les spécialistes que par les
nombreux amateurs de plantes de Tahiti.
Une édition augmentée : cette réédition s'accompagne de commen¬
taires et d'études qui enrichissent et actualisent l'ouvrage. Pour cela D. et
R. Koenig se sont entourés de la collaboration de J. Florence, botaniste
de
l'Orstom, M. Guérin, ingénieur horticole au Service de l'Économie
rurale, F. et D. Margueron, professeurs de lettres.
Une édition illustrée
illustré de 18 dessins de
Pour rendre cet ouvrage plus attrayant, il a été
plantes réalisés par G. Wallart. Des gravures
d'époque permettent de replacer le texte dans son cadre historique et de
retracer ainsi le passé des paysages tahitiens et leur évolution.
Ce livre de 210 pages, entièrement composé et imprimé localement,
intéressera tous ceux qui aiment la nature et l'histoire de Tahiti.
:
Cuzent a composé son livre en deux parties : la première décrit la
géographie, la population, les croyances traditionnelles, l'ascension de la
famille Pomare, les coutumes et les moeurs d'une société dont il propose
un tableau réaliste rectifiant certains préjugés liés au
mythe de Tahiti.
La deuxième partie est consacrée à des recherches, à l'usage artisanal
pré-industriel de plantes locales ou récemment introduites. Cuzent s'est
livré à des expérimentations sur les huiles (celles du Tiairi et du Tamanu
notamment), les résines et les gommes (celles du Mape, du Vi, du Tira par
exemple), les matières tinctoriales (celles du Fei, du Mati et du Tou, du
Rocou et du Aito entre autres) ou encore sur les fécules du Taro et du
Ape, du Pia et du Uru, il est le premier à avoir fait l'analyse chimique de
la racine du Kava. Cuzent propose l'utilisation et
l'exploitation de ces
et
produits végétaux
en vue
d'un développement économique autonome de
Tahiti.
Pharmacien de la marine de
Napoléon III, Gilbert Cuzent
a
travaillé
quatre ans à l'hôpital de Papeete, de 1854 à 1858, donc peu de temps après
l'instauration du Protectorat. Esprit curieux et ouvert, il s'est intéressé à
la situation du pays, à son histoire et à son avenir
économique. Témoin
d'une
époque charnière il
a
observé le Tahiti de la reine Pomare IV
Société des
Études
Océaniennes
et
1351
voyagé des Marquises aux Gambier. Il a tenu un journal personnel et
collaboré régulièrement au "Messager de Tahiti" ; ses notes et articles
réunis dans un livre ont paru à Rochefort en 1860 sous le titre de
"Archipel de Tahiti", objet de la présente édition.
Cet ouvrage a été publié avec le soutien
de la Société des Études Océaniennes.
actif et amical et le
concours
Les éditions Haere Po no Tahiti se sont donné une autre tâche : celle
de donner à lire à des enfants de tous âges des livres illustrés de manière
attrayante :
L'ORIGINE DU URU
: Margueron Francine.
origin of the breadfruit : Vernier Marguerite.
Te a'amu no te uru : Paparai Arapari.
Légende polynésienne, textes trilingues disposés sur la même page et
illustrés de 12 planches en couleur par G. Wallart. Bibliographie et
quelques conseils pédagogiques pour une utilisation en milieu scolaire.
Format 21,5 X 18 sur papier glacé. ISBN 2-904171-00-2.
The
HONU LA TORTUE : texte français : Margueron Francine, anglais
Vernier Marguerite et tahitien Paparai Arapari. Même disposition que le
livre précédent. 12 planches en couleur et 4 en noir et blanc par Guy
Wallart. Supplément encyclopédique de 8 pages contenant des informa¬
tions sur la tortue en Polynésie, agrafé au milieu du livre. Format
21,5 X 18
sur
papier glacé
Éditions
;
36
pages.
Haere Po
no
ISBN 2-904171-02-9.
Tahiti, B.P. 1958, Papeete, Tahiti.
CENTRE O.R.S.T.O.M. DE TAHITI
Publications et
Rapports
(1982)
PÉDOLOGIE
Parus
JAMET (R.),
1982.-
Évolution des sols de Tahiti
sous
l'influence de
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Notes et Documents des Sciences de la Terre, n° 23.
Société des
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Document de travail, n° 16, 75 p.
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A paraître
Bare (J.F.), 1982.- Le XIXème siècle
polynésien : de la fascination à la
dépossession, 450 p. multigr., in Anthropologie historique d'une
région polynésienne. (Titre provisoire) - 3 vol. + annexes.
Bare (J.F.), 1982.- Le XXème siècle
polynésien : du silence à
"l'autonomie" 150 p. multigr., in Anthropologie historique d'une
région polynésienne. (Titre provisoire) - 3 vol. + annexes.
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historiques et logiques culturelles, document de travail,
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Centre Polynésien des Sciences Humaines "Te Anavaharau",
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et
zone marine polynésienne pendant
Documents d'Océanographie, n° 18, 75 p.
Société des
Études
Océaniennes
l'année
1354
Rougerie (F.), Lebeau (A.), Gouriou (Y.) et Raymond (A.), 1982.Relevés océanographiques du BCB "MARAMA" dans le sud
polynésien
En
1979, 1980 et 1981. Rapport CEA
en
(A.) - La nacre en Polynésie Française
(Pêche Maritime).
intes
A
-
R. 5155.
cours
:
Mutation de l'exploitation
paraître
Rougerie (F.), Chabanne (J.) - Relation ship between tuna and
in Tahitian. Constat Waters. TOAN Newsletter.
salinity
ENTOMOLOGIE MÉDICALE ET PARASITOLOGY
Parus
Klein (J.M.), Riviere (F.), Duval (J.) et Tetuanui (A.), 1982.Surveillance des vecteurs dans la zone de l'aéroport de Faaa-Tahiti.
Note d'observations n° 3. Rapport IRMLM-ORSTOM, 11 pp.
Klein
(J.M.), Riviere (F.), Duval (J.) et Thirel (R.), 1982.- Note
sur
la surveillance des vecteurs dans une zone d'habitation rurale de
Tahiti (Vairao, presqu'île de Taiarapu), endémique de filariose
lymphatique,
en
août-octobre 1981. Rapport IRMLM-ORSTOM,
8 pp.
Klein (J.M.), Riviere (F.) et Faaruia (M.), 1982.- Compte-rendu d'une
mission d'entomologie médicale ORSTOM-IRMLM à l'atoll de
Rangiroa (Tuamotu) du 28.IX au 10.X 1981. Notes et Documents
d'Entomologie Médicale ORS TOM, 3 : 22 pp.
Klein (J.M.) et Riviere (F.), 1982.- Perspectives de lutte contre les
moustiques et les moucherons piqueurs dans les atolls des Tuamotu
(Polynésie Française). Notes et Documents d'Entomologie Médicale,
ORSTOM, 4
:
1-15.
Klein
(J.M.), Riviere (F.) et Chebret (M.), 1982,- Problèmes
d'entomologie médicale aux îles Marquises. Notes et Documents
d'Entomologie Médicale, ORSTOM, 5 : 95 pp.
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