B98735210105_211.pdf
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BULLETIN
DE M
SOCIETE
DES ETUDES
OCEKNIENNES
N° 211
TOME XVII
—
Société des
N° 12 / JUIN 1980
Études Océaniennes
Société des études océaniennes
Ancien musée de
Papeete, Rue Lagarde, Papeete, Tahiti.
Polynésie Française.
B. P. 110
Banque Indosuez
:
-
Tél. 2 00 64.
21-120-22 T
—
C.C.P. 34-85 PAPEETE
CONSEIL D'ADMINISTRATION
M. Paul MOORTGAT
Président
M. Yves MALARDE
Vice-Président
Mlle Janine LAGUESSE
Secrétaire
M.
Trésorier
Raymond PIETRI
assesseurs
Me
Rudolph BAMBRIDGE
Me Jean SOLARI
M. Henri BOUVIER
M. Roland SUE
Mme F. DEVATINE
M. Temarii TEAI
Dr. Gérard LAURENS
M. Maco TEVANE
Me Eric
LEQUERRE
MEMBRES D'HONNEUR
M. Bertrand JAUNEZ
R.P. O'REILLY
M. Raoul TEISSIER
Pour être Membre de la Société
se
faire présenter par un
membre titulaire.
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ DES ÉTUDES OCÉANIENNES
(Polynésie Orientale)
TOME XVII
N° 12 / n° 211 Juin 1980
—
SOMMAIRE
Articles
Robert G. STONE
R. BAGNIS
Les anciennes divisions de Tahiti
625
Brève histoire de la poste
Française
632
La ciguatera :
en 1980
650
Comptes rendus
Études
Océanie
État des connaissances
Légende de Rata
Société des
en
Océaniennes
660
iHWi
Société îles
Études
Océaniennes
625
Les anciennes divisions de Tahiti
A l'heure où les districts s'effacent devant les communes, il nous a
semblé opportun de rappeler les anciennes divisions de Tahiti, au début
du protectorat.
DIVISIONS DE TAITI
de deux grandes presqu'îles, Taïti proprement dit et
qui les réunit a été nommé Taravao par les Euro¬
du nom d'une des divisions de terre.
Taïti
se
compose
Taiarabu. L'isthme
péens
;
L'île entière comprend six grandes divisions renfermant chacune
plusieurs districts, ce sont :
1) Porionuu,
2) Teaharoa,
3) Tevaitai,
4) Tevaiuta,
5) Te Oropaa,
6) Te fana ia hurai.
Taïti proprement dit embrasse cinq de ces
comprend qu'une seule qui est Tevaitai.
divisions : Taiarapu n'en
PREMIÈRE GRANDE DIVISION
PORIONUU
et
Porionuu embrasse tout l'espace
Raaiamanu. Il se divise en deux
Pare commence
Arue
compris entre Vaitiarea
districts, Pare et Arue.
ou
Papofai
à Vaitiarea et va jusqu'à Te ruapuaa.
prend à Te ruapuaa et
Ces deux districts
obéissent à
Société des
finit à Raaiamanu.
un
seul chef du
Études Océaniennes
nom
de Arii Paea.
626
DEUXIÈME GRANDE DIVISION
TEAHAROA
Teaharoa s'étend entre Raaiamamu et Vaioau
districts.
Quelquefois
on
confond cette division
avec
:
il contient six
Porionuu qui
renfermer huit districts. Les districts de Teaharoa
trouve alors
1)
2)
3)
4)
5)
6)
se
sont :
Mahina,
Haururu,
Te ne,
Te Mehiti,
Ahuare,
Taero.
1) Mahina (Haapape) est situé entre Raaiamanu et Vaipihoro.
ce district avait deux chefs ou Arii, dont les noms étaient Paitia
Tutoia. Il n'y a plus qu'un chef aujourd'hui qui est Tarii rii ; il porte le
Autrefois
et
nom
de Paitia ;
2) Haururu (Papenoo) s'étend depuis Vaipihoro jusqu'à Arahoho.
Mahina, Haururu avait autrefois deux chefs, dont
noms étaient Terii Vanaa i te rai et Atitioroi ; Terii Vanaa n'existe plus
c'est Ori qui est aujourd'hui Atitioroi ou Te Tupuai o te rai
Comme le district de
les
et
indifféremment ;
3) Te-ne
;
4) Te Mehiti (Tiarei) sont deux districts qui, de tout temps, ont été
réunis
sous
le commandement de deux chefs du
nom
de Manua et de
Haru. Manua est le seul
sont
dans
d'un
qui reste aujourd'hui. Les limites de ces districts
Arahoho d'une part, et Anapu de l'autre. Te-ne se trouve enclavé
Mehiti, et a pour limites Te Tuana et Pipipi. Mehiti s'étend donc
côté de Arahoho à Te Tuana, et de l'autre de Pipipi à Anapu.
5) Ahuare (Mahaena) est situé entre Anapu et Eaea. Ce petit district
reconnaissait autrefois quatre chefs, dont les noms étaient Outu, Roura,
Punua rii et Moahio. Il n'en existe plus qu'un aujourd'hui portant le nom
de Roura ;
6) Taero (Hitiaa)
commence
autrefois deux chefs dont les
en
a
noms
Eaea et
se
termine à Vaioau. Il avait
n'y
étaient Tumoehania et Terii tua. Il
plus qu'un aujourd'hui, qui est Terii tua.
TROISIÈME GRANDE DIVISION
TEVAITAI (TAIARAPU)
Avant l'établissement du protectorat,
Tevaitai
comprenait quatre grandes divisions :
Taiarapu, proprement dit,
Mataoae,
Taahiti,
et Vairao,
Société des
Études
Océaniennes
ou
Taiarapu
627
grands chefs qui portaient les noms de Terii na Vahaoroa et de
dehors de ces divisions, quoique compris entre
elles, se trouvait Anuhi qui n'était pas considéré comme appartenant au
Tevaitai, parce qu'à toutes les époques il avait su conserver son
indépendance.
sous
deux
Tetuanuihaamarurai ; en
Taahiti était
compris entre Vaioau et Vaimahanahana.
Après Taahiti venait Anuhi, district indépendant, qui allait de
Vaimahanahana à Pihaa.
Là
commençait Taiarapu qui s'étendait jusqu'à Taiariari. Mataoae
allait de Taiariari à Vavi.
Et, enfin, de Vavi à Te eria ote
mao,
Vairao.
Taiarapu, proprement dit, se subdivisait en sept districts
1) Hiroroa,
2) Taere,
3) Atituana,
4) Hapai,
5) Taaroa tei te faa,
6) Hui,
7) Farearii.
:
Les noms de quelques-uns de ces districts se trouvaient plusieurs fois
répétés et affectés à des parties séparées les unes des autres par des
districts ou des portions de districts voisins. C'étaient le résultat de
conquêtes faites par les chefs de ces différents districts, qui en avaient
donné les noms aux parties conquises. Il est difficile aujourd'hui de
retrouver exactement
les limites de
ces
divisions
;
les Indiens eux-mêmes
les
les ont oubliées et sont bien rarement d'accord entre eux dans
indications
qu'ils donnent.
Teieie était le
nom
du chef de Hiroroa et de Taere ; Tetumanua, celui
du chef des districts d'Atinuana et de
Hapai. Tetuanuihaamarurai était le
chef de Taaroatai te faa. Les districts de Hui et de Farearii obéissaient à
plusieurs chefs, dont les noms étaient Teieie, Tetumanua, Tematuanu,
Tematahiapo et Tetua nuihaamarurai.
Tane uapoto,
Aujourd'hui Tevaitai ou Taiarapu se divise en sept districts :
1) Faahiti,
2) Anuhi,
3)
4)
5)
6)
7)
Tautira,
Teahupoo,
Mataoae,
Vairao,
Toahotu.
1) Faahiti est compris entre Vaioau et Vaimahanahana ; son chef
s'appelle Moearu ;
Société des
Études
Océaniennes
628
2) Anuhi (Pueu)
commence
à Vaimahanahana, et
est le nom du
Tetuanuimaraetata
3) Tautira prend à Pihaa et
va
va
jusqu'à Pihaa
;
chef ;
jusqu'à Rapae,
chef porte le
son
nom
de Teieie ;
4) Teahupoo s'étend entre Rapae et Taiariari
;
le
nom
du chef est
Vehiatua ;
5) Mataoae
va
depuis Taiariari jusqu'à Vavi
le nom de Moe ;
; son
chef, qui est aussi
celui de Toahotu, porte
6) Vairao
commence
à Vavi et
va jusqu'à
Riri
; son
chef porte le nom
de Teaha ;
7) Toahotu s'étend depuis Riri jusqu'à Te eria ote mao ; c'est une
dépendance du district de Mataoae, dont il est séparé par celui de Vairao.
QUATRIÈME GRANDE DIVISION
TEVAIUTA
Tevaiuta renferme quatre
1)
2)
3)
4)
districts
:
Hoo matavana,
Mataiea,
Atimaono,
Papara.
1) Hoo matavana (Papeari) commence à Te eria ote mao et va
; le chef de ce district portait autrefois les noms de Terii
Nui o Taïti ou de Maheanuu indifféremment. Le chef, aujourd'hui, est
Atiau vahine, chef en même temps de deux autres districts ; Pitomai est
son représentant dans celui de Hoomatavana, et, en cette qualité, porte le
jusqu'à Vaitiotio
nom
de Maheanuu.
Le
nom
de Terii Nui
Reine, quand elle
o
se trouve
Taïti est plus ordinairement conservé à la
dans le district ;
2) Mataiea (Papeuriri et Mairipeehe), s'étend depuis Vaitiotio
jusqu'à Teatae puta ; c'est Ravaai qui est son chef et qui, comme tel,
porte le nom de Teihotua ;
3) Atimaono
va
de Teatae puta à Vaiata, le nom du chef est Terii
faatau ;
4) Enfin, Papara commence à Vaiata et va jusqu'à Vainiania ; son
portait autrefois le nom de Terii rere i tooarai, c'est celui que porte
aujourd'hui le célèbre Tati, chef de Papara.
chef
CINQUIÈME GRANDE DIVISION
TE OROPAA
Te
Oropaa
se compose
de deux districts, désignés
Société des
Études
Océaniennes
sous
le
nom
de
629
Mano, et que
tahi et Mano
trouve
alors
l'on distingue l'un de l'autre par un numéro d'ordre ; Mano
rua. Quelquefois on réunit le Tefana au Teoropaa qui se
comprendre trois districts :
1) Manorua (Paea) s'étend entre Vainiania et Vaiehuehu ; son chef
porte indifféremment les noms de Tevahituaipatea et de Tetoofa ;
2) Mano Tahi (Punaauia) commence à Vaiehuehu et va jusqu'à
Fanatea ; son chef s'appelle indifféremment Tetuanuiemaru aite rai et de
Pohuetea. Cependant les noms de Tetoofa, dans le district de Paea, et de
Pohuetea dans celui de Punaauia, sont ceux que les chefs portent le
plus ordinairement. Ceux de Tevahituaipatea et de Tetuanuiemaru ai te
raï sont plus particulièrement affectés à la reine.
SIXIÈME GRANDE DIVISION
TEFANA IA HURAI
(Faaa), qui ne renferme qu'un seul district, a pour
l'autre Papofai ou Vaitiarea. Ce district
le nom de Teriivaeatua. Aujourd'hui, le
chef porte celui de Tepau ; c'est un des trois districts d'Atiau vahine.
Te fana ia hurai
limite Tanatea d'une part, et de
avait autrefois un chef portant
Les membres de la famille des Pomare, chefs principaux autrefois de
plusieurs districts, portaient alors des noms qui sont restés ceux des chefs
encore aujourd'hui ; mais qui, cependant, sont toujours plus particu¬
lièrement réservés à la reine, quand elle se trouve sur les lieux ; ces noms,
que l'on peut appeler royaux, sont : dans le Perionuu (Pare et Arue),
Tunieaaite
tua.
A Mahina, Tiipa ;
A Haururu, Te Tupuai o te
A Faaa, Teriivaeatua ;
rai
ou
Teriivanaa i te rai ;
Teoropaa, Tetuanuie maruai te rai ;
Teoropaa. Tevahi tuai Patea ;
Papara, Teriirere i tooa o te rai ;
Dans le Manotahi en
Dans le Manorua
A
A
A
A
A
en
Papeari, Teariinui o Taïti.
Dans la presqu'île :
Vairao, Teahahuiri fenua ;
Mataoae et à Teahupoo, Teriinarahaoroa
Faahiti et à Tautira, Tetuanuihaamarurai.
;
Les districts dont les noms ne figurent pas ici, sont
indépendants autrefois de la famille des Pomare.
J'ai
indiqué
pour
limites
aux
ceux
qui étaient
différents districts, les points bien
termine chaque division territoriale entre le
rivage et le pied des montagnes. C'étaient les seules limites bien
intéressantes à connaître, puisque la plaine plus ou moins large qui
entoure Taïti est, à deux ou trois exceptions près, la seule partie habitée
de l'île. Ces limites, cependant, se prolongent jusque sur les montagnes, et
connus
des
Indiens, où
se
Société des
Études Océaniennes
630
chaque district dans un polygone bin déterminé ; mais il serait
difficile, sinon tout-à-fait impossible, de suivre exactement ces
divisions, à travers des bois impraticables et des solitudes sans nom.
enferment
très
DIVISIONS DE MOOREA
Les divisions de Moorea sont difficiles à bien
distinguer les
unes
des
autres, et surtout à limiter exactement. Presque toutes se composent de
plusieurs parties séparées, à des distances quelquefois considérables,
résultats de conquêtes successives. Un petit nombre d'Indiens sait
aujourd'hui au juste à quels districts appartiennent ces divisions, là où
elles commencent et là où elles finissent : j'en ai consulté un grand
nombre, de ceux que leur âge surtout et leur position devaient me faire
supposer plus instruits de ces délimitations, qui se perdent chaque jour
davantage ; voici ce que j'ai pu conclure de leurs renseignements.
Moorea
se
compose
de deux grandes divisions, l'une au N. et un peu
à l'O., qui obéissaient autrefois à deux
à l'E. ; l'autre au S. et un peu
grands chefs ou Arii :
1) Eha te Io iraro,
2) Eha te Io inia,
Chaque division,
son
l'indique, devrait comprendre quatre
trois aujourd'hui.
réunies, pour faire le district d'Afareaitu.
nom
subdivisions. Celle du S., Te io inia, n'en renferme que
Deux d'entre elles
ont
été
Tepauariiumarea était autrefois Arii de Te io inia, et Panuateraitua de Te
io iraro.
Te io inia, au S., est compris entre Manino et Paroa. Te io iraro,
N., est également compris entre Paroa et Manino.
Les trois districts dont
se
compose
Te io inia, sont
au
:
1) Maatea,
2) Haumi,
3) Afareaitu.
1) Maatea va de Paroa à Teruaoupoo ; autrefois, il avait deux chefs,
Papauru et Tetuaeaha qui furent dépossédés par Pomare. Pee fut institué
seul chef à leur place et commande encore aujourd'hui
;
2) Haumi prend à Teruaoupoo et se termine à Matauau. Le chef est
qui portait autrefois le nom de Mairau ;
Taero
3) Afareaitu, enfin, va de Matauau à Manino. Ce district com¬
prenait autrefois deux parties distinctes et formait, avec Maatea et
Haumi, les quatre divisions de Te io inia. Il obéissait alors à deux chefs
Tetuaiterai et Omaomao. Pomare fit Hapoto seul chef à leur place ;
il est
chef encore aujourd'hui.
Société des
Études
Océaniennes
631
Comme le Te io
divisions
Varari
trois
inia, le Te io iraro
se compose
de quatre grandes
:
1)
2)
3)
4)
Paiuma,
Teaharoa,
Varari,
Faatoai ou Papetoai.
et
Faatoai forment chacun
un
district ; Paiuma en comprend
:
1) Moruu,
2) Haapiti,
3) Teavaro.
Teaharoa, deux qui sont : Teaharoa et Atimaha.
Le chef de Varari est Mahine.
Autrefois, il avait
chefs de moindre
Terahuaura
importance, portant les
qui n'existent plus.
Le chef de Faatoai est Unauna.
sous ses
noms
Aujourd'hui,
ordres deux
de Puariri et de
son nom
de chef est
Tauraatua.
Le chef de Moruu
se
nomme
Teautaia.
Haapiti et Teavaro obéissent à un seul chef du
nom
de Marama, c'est
le troisième district d'Atiau vahine.
Le chef de Teaharoa porte
le
nom
de Tauhiro.
Celui d'Atimaha est Tauirua.
Les
parties dont se composent ces différents districts, sont disposées
partir de Manino. La portion comprise entre
et Toaura appartient à Haapiti ; c'est celle qui constitue Teavaro.
dans l'ordre suivant à
Manino
Teapapa est à Teaharoa,
Teapapa à Vaipipiha à Papetoai ou Faatoai,
Vaipipiha à Apuu à Teaharoa,
Apuu à Utuotoi à Moruu,
Utuotoi à Teurutuiateau à Haapiti,
Celle de Toaura à
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
de
de
de
de
de Teurutuiateau à Teahuoteae à
de Teahuoteae à Afaatete
Moruu,
à Faatoai,
de Afaatete à
de
de
de
Rupe à Maruu,
Rupe à Taiamiaa à Haapiti,
Taiamiaa à Teruaporohiti à Varari,
Teruaporohiti à Teurutea à Moruu,
Haapiti,
de Teurutea à Tiamotu à
—
de Tiamotu à Vaimotoe à Moruu,
—
de Vaimotoe à
—
de Moanafao à Teruarei à Moruu,
Moanafao à Varari,
Enfin, de Teruarei à Paroa à Atimaha.
Société des
Études Océaniennes
632
Brève histoire de la
en
Océanie
poste
Française
Ce territoire attire de nombreux philatélistes à cause de son aire
géographique importante qui s'étend sur plus d'une centaine d'îles
habitées, situées dans la zone tropicale du Pacifique Sud, et aussi en
raison de l'association romantique qu'on y voit avec-les "mers du sud" et
le mythe idyllique de Tahiti. Il compte ses adeptes tant parmi les
collectionneurs spécialistes du Pacifique en général que parmi ceux des
colonies françaises.
Pour les "aficionados" de l'histoire postale, le principal attrait réside
incontestablement dans les cachets des nombreuses îles, extérieures à
Tahiti, où la population est peu acculturée et qui constituent un défi.
Depuis 1948 un grand nombre d'émissions commémoratives ou de
propagande ont utilisé dans leur modèle une variété de sujets qui rentrent
dans diverses séries
tropicales.
S'il existe un aspect négatif dans ce pays, ce sont bien les émissions de
surimpressions et de surcharges dont beaucoup donnèrent lieu à des
spéculations flagrantes, voire des contrefaçons des specimens les plus
rares.
HISTOIRE DES POSTES
Aucune fourniture ni matériel pour
les services postaux n'existait avant
1847, date à laquelle une sorte de bureau de poste rudimentaire (poste¬
aux-lettres) fut ouvert à Papeete et muni d'un cachet postal. Le courrier,
au tout début, était
apporté ou emmené par n'importe quel bateau qui
passait par là, y compris des vaisseaux occasionnels de la Marine
Française.
La correspondance avec l'Europe allait et venait donc par des routes
détournées via l'Australie, San Francisco, le Cap Horn, le Pérou, le Chili
Panama. Avant 1860, il
à destination.
ou
prenait
Société des
en
Études
général de 6 à 14 mois
Océaniennes
pour
arriver
633
MENIERE LIAISON AERIENNE
TAHITI-RAIATEA BORA BORA
PAR AVION TERRESTRE
R.A.I
14 JUIN 1962
PIROGUES
ANCIENNES
POLYNESIE
16 DEC 78
Société des
Études Océaniennes
634
Le Service
postal fut organisé officiellement
(26 février).
1861
par un
décret local
en
Au même moment des arrangements furent faits par le décret
Français du 13 novembre 1859 afin que le courrier fermé soit acheminé
deux fois par mois entre la France et Tahiti, via les Marquises par
l'intermédiaire des sacs postaux Anglais et plus tard également Français
vers les États-Unis, Panama ou la côte Ouest de
l'Amérique du Sud, puis
par des navires de la marine française ou par des bateaux de commerce.
Le temps de transit prévu variait de 50 à 90 jours.
Théoriquement, le même service était assuré
en sens
inverse.
Néanmoins les relations
avec le Pacifique s'avérèrent souvent
jusque dans les années 1880, époque à laquelle un service postal
commença sous contrat, avec des bateaux réguliers opérant vers la
Nouvelle-Zélande et San Francisco. Pourtant, après cela, les gens de
Papeete continuaient à remettre des lettres isolées à n'importe quel navire
qui s'arrêtait. Quand les colonies françaises adhérèrent à l'Union Postale
Universelle en Juillet 1876, leurs bureaux de poste purent remettre le
courrier scellé à n'importe quel navire marchand. Le convoyage devait
être payé par contrat ou grâce aux fond récupérés sur l'affranchissement.
aléatoires
A
partir d'environ 1855 à Moorea, 1872 dans l'Ouest des Marquises,
Tuamotus et à Taravao et 1887 aux Gambiers, des-agents des
postes locaux qui pouvaient être le résident Français, l'agent de
l'administration, un gendarme, un prêtre, un commerçant ou un "mutoï",
furent désignés et munis de tampons postaux. A partir des années 18901895 un nombre grandissant de ces agents fut nommé dans les îles
(appelés désormais sous le nom "d'agents spéciaux" par l'administrateur
local), mais en 1910 il n'en existait encore que 22 en tout.
1877
aux
Plus tard la
plupart d'entre eux furent reconvertis dans des bureaux
opérant régulièrement (avec du personnel civil) et de nombreux
nouveaux bureaux de
poste ouvrirent. Je ne suis pas certain des dates.
Cependant il semble que peu de bureau de poste aient existé après 1928.
de postes
La grande majorité des bureaux de poste actuels, en
particulier aux
Tuamotu, est postérieure à 1940 et date surtout de 1950 à 1960. A partir
de 1928 des agents postaux munis de tampons furent nommés à bord des
bateaux qui délivraient le courrier sur contrat entre les îles et sur les
bateaux de ravitaillement saisonniers
perles
qui contrôlaient les pêcheurs de
Tuamotus.
aux
Les liaisons aériennes depuis l'Océanie Française vers l'étranger
n'existaient pas avant les vols militaires de la seconde guerre mondiale.
Après la
les liaisons aériennes commerciales restèrent expéri¬
capricieuses, effectuées principalement par des hydravions-àcoque jusqu'à la construction du grand aéroport de Faaa à Tahiti en 1960.
Des compagnies aériennes Néo-Zélandaise,
Australienne, Française et
Américaine transportèrent alors le courrier étranger. Des transports
mentales
guerre,
et
Société des
Études
Océaniennes
635
aériens occasionnels de courrier
1953
vers
deux
1862
ou
entre
aujourd'hui environ
trois jours.
et
une
trois
ou quatre îles commencèrent
douzaine sont desservies tous les
L'utilisation des timbres mobiles commença à Tahiti le 25 octobre
avec les émissions générales des colonies. Les timbres définitifs de la
colonie furent émis à
partir de novembre 1892.
Jusqu'en 1958, le service postal de la colonie resta placé sous
qui suivait les instructions techniques du
Ministère de la Marine et des Colonies. Le Gouverneur pouvait nommer
des agents des postes, autoriser les surcharges, changer les tarifs, ouvrir
des bureaux de poste, spécifier quand et comment quels timbres seraient
vendus, faire des contrats concernant le courrier local ou étranger, par
bateau ou par avion.
l'autorité du Gouverneur
Le 1er janvier 1958, la poste devint un corps indépendant, fixé par la
loi comme étant d'utilité publique ou "établissement d'état" avec un statut
civil et une autonomie financière. En 1962, elle devint un service d'État du
ministère des affaires de la France d'outremer à Paris
1967,
au
qui le transfera,
en
ministère français des postes.
En 1914, pendant le bombardement naval de Papeete par les
Allemands, l'immeuble de la poste fut détruit.
LE
MODÈLE DES ÉMISSIONS DÉFINITIVES
Les émissions ordinaires suivent les mêmes types et étapes que dans
plupart des autres colonies. Les émissions de timbres ordinaires sont
élaborées de façon appropriée par période correspondant à la durée de
chaque grande émission (les émissions provisoires et autres émissions
seront étudiées plus loin).
la
générales des colonies Françaises :
en vente à Papeete pour la première fôis à la fin
d'octobre 1862. Les cinq émissions successives y furent toutes utilisées,
mais apparemment toutes les dénominations des émissions Ceres et Sage
ne furent pas approvisionnées. Il est certain que ni les Ceres de 2 et 4
centimes, ni les Sage bleus et noirs de 25 centimes ne furent envoyés ici.
Cependant un certain nombre de valeur Sage, qui ne furent pas envoyées
officiellement, existent avec des oblitérations accidentelles ou philatéliques de Tahiti (timbres importés en privé).
Les émissions
Elles furent mises
Un recensement de plus de 100 enveloppes des émissions générales de
Tahiti a montré 37 Aigles, deux Napoléon, 23 Ceres, 5 Sage et plus de 40
Dubois (type "commerce").
les Aigles étaient en surnombre en stock, on continua à
régulièrement jusqu'en 1880, ceci est la raison pour laquelle les
Du fait que
les utiliser
Société des
Études
Océaniennes
636
émissions de 1871 à 1879 restent relativement
antérieure à 1870 demeure très
puis
rares.
Toute
enveloppe
rare.
Jusqu'en 1876 environ, les timbres étaient oblitérés par un losange,
par un autre cachet blanc de 1862 à 1870, enfin par celui portant les
lettres "OCN" de 1865
les timbres
ou
1876. Seuls des cachets-dates furent utilisés
sur
après le printemps 1876.
Les tarifs d'affranchissement sont variés et de 10 centimes à 4,40
Francs, ils ont tous été enregistrés. Mais ne sont fréquents que le tarif de
1 F pour la France (1866-1876), celui de 40 centimes pour la France
(1876-1878) et celui de 25 centimes, tarif de l'U.P.U. à partir de 1878. Le
tarif militaire de 15 centimes et celui des lettres pesant le double ou le
triple du poids sont extrêmement rares avant 1880, il en va de même pour
les tarifages mixtes de deux émissions.
Toutes les utilisations répertoriées avant 1891 sont originaires de
Papeete à l'exception d'une enveloppe et de quelques timbres venant de
Moorea et de Taiohae.
Le type "commerce" (y compris les fournitures postales) se rencontre
utilisé commercialement jusque dans les années 1890-1895.
La rareté des
enveloppes et timbres de l'émission générale venant de
comparable à celle enregistrée à Saint-Pierre, en Guyanne
Française, en Nouvelle-Calédonie, à Mayotte et à Nossi-Bé pour ne
considérer que les colonies qui. utilisèrent les cinq émissions.
Tahiti
est
Le type "commerce et navigation" (groupe allégorique) :
Ce type de timbre est apparu pour la première fois aux alentours de
novembre 1892. Des changements de coloris furent effectués pour
certaines valeurs entre 1900 et 1910 et deux nouvelles dénominations
furent émises en 1906-1907. Elles furent en vente jusque vers la fin de
1914, époque à laquelle elles furent retirées car l'émission picturale était
disponible depuis mars 1913. Seul le timbre à 50 centimes de 1900 est rare,
10.000 furent imprimés mais la plupart furent détruits. Il est peu probable
que toutes les valeurs aient été approvisionnées dans les agences des îles ;
les utilisations depuis ces îles sont très rares et épisodiques seules celles
d'Uturoa restent fréquents. Les impressions de 1900 en nouvelles couleurs
pour les timbres à 5 centimes et 50 centimes ne furent pas distribuées dans
la colonie.avant respectivement, 1906 et 1903 bien
qu'elles aient été en
vente à l'agence de Paris depuis 1900
parce qu'un stock important des
impressions de 1892 restait encore à utiliser.
La
première émission picturale, 1913 :
Dessinée en trois types par le receveur des postes Henry Lemasson
cette émission dura jusqu'à ce qu'elle
soit supplantée en 1934. Il y eut de
nombreuses modifications dans les couleurs, de nouvelles dénominations
et de nouvelles dénominations en
surcharge exigées par l'inflation dans les
tarifs postaux après la première guerre mondiale.
Société des
Études
Océaniennes
637
La
plupart des timbres étaient à deux couleurs.
Un nouveau dessin pour les valeurs de 1 franc fut imposée à la
colonie par Paris en 1929 contre l'opinion locale. Cette colonie fut l'une
des dernières à obtenir les timbres picturaux que le ministère des colonies
avait commencé à émettre dans les autres colonies vers 1890. Vers 1930, la
plupart des colonies avaient déjà obtenu deux émissions picturales.
L'Océanie n'en possédait qu'une.
Toutes les valeurs furent utilisées à
qui restent relativement
ces
par
rares.
l'exception des 5, 10 et 20 Francs
On trouve couramment sur les timbres de
émissions les cachets d'au moins six îles
et les
oblitérations du courrier
bateau de Nouvelle-Zélande.
La seconde émission
picturale, 1934 :
précédentes avaient été imprimées en typo¬
graphie. Cette émission est un exemple du procédé par héliogravure que
commença à utiliser le ministère des colonies pour certaines colonies vers
1930. Comme l'imprimerie du gouvernement français ne possédait pas de
matériel d'héliogravure, le travail fut confié sur contrat à la société
d'héliogravure de Vaugirard à Paris. Le travail philatélique de cette
établissement était inhabituel car les dessins étaient d'abord gravés en
recess. Les plaques d'hélio étaient alors faite à partir de matrices en recess.
Le résultat donnait une impression plus contrastée que celle qui était
habituelle pour l'héliogravure. Tous les timbres étaient d'une seule
couleur, toutes les valeurs furent communément utilisées à partir de
Papeete et les utilisations à partir d'un certain nombre d'îles sont, à cette
époque, relativement fréquents.
Toutes les émissions
Les émissions de la France-Libre 1941-1947
L'adhésion
:
régime de la France libre conduisit, en février-mars
1941, à la surimpression accélérée des stocks restant des émissions de
1927-1930 et 1934 avec les mots "France-Libre". (Les émissions de Vichy
de 1941-1944 ne furent jamais envoyées dans les colonies, bien que
quelques-unes d'entre elles aient été utilisées, par faveur spéciale, sur des
enveloppes philatéliques après la guerre). En 1942, les impressions faites à
Londres d'un nouveau modèle de gravure, dessiné par Edmond Dulac
ainsi qu'un assortiment du type avion-"omnibus" atteignirent la colonie.
Ils ne furent pas remplacés avant 1948. Des surcharges de nouvelles
au
en 1945 afin d'accomoder une hausse de
enveloppes envoyées vers l'étranger pendant les années
de guerre 1939-1945 furent censurées, souvent des deux côtés c'est-à-dire
localement et par les alliés.
dénominations furent effectuées
tarifs. Toutes les
l'après-guerre, 1948 :
partir de 1948, la politique aussi bien de l'administration du
territoire que du ministère des affaires d'Outre-Mer à Paris fut d'instaurer
de fréquents changements dans les modèles en émettant de nombreux
sujet commémoratifs - ce qui attirait les collectionneurs - dans l'espoir que
Les émissions de
A
Société des
Études
Océaniennes
638
des ventes
philatéliques plus importantes aideraient à couvrir les déficits
réguliers, dans le budget des services postaux. La première série,
émise en 1948 pour l'affranchissement ordinaire était joliment réalisée,
utilisant un procédé d'impression en recess quoique d'une seule couleur.
Mais à partir de 1950, presque tous les timbres furent de plusieurs
couleurs (2 à 6 couleurs) souvent en recess, quelques-uns utilisant un
procédé de gravure. A peu près la moitié d'entre eux sont de type
commémoratif ; les autres furent réalisés pour promouvoir le tourisme.
On utilisera un grand format dans presque tous les cas. Il y eut autant
d'émissions de timbres par avion que de timbres destinés à l'affranchis¬
sement ordinaire.
Le nombre de timbres émis par année est bien sûr
excessif si l'on considère les besoins postaux réels, mais ce n'est pas plus
que dans la plupart des autres pays depuis la seconde guerre mondiale -.
annuels
-
Les émissions
Hormis
spéciales et leur usage :
la forme des émissions de timbres
ordinaires, plusieurs
catégories d'émissions ne doivent pas être oubliées ni méprisées.
Au niveau des collections postales historiques, elles renferment des
catégories parmi les plus intéressantes. Ainsi commenterai-je tour à tour
les sujets suivants : les fournitures postales, les émissions provisoires, les
timbres-taxes, le courrier par avion, le courrier par bateau, les émissions
autres
diverses
et les
émissions falsifiées.
/
Les fournitures
postales :
carte-postale des émissions coloniales générales de 18761880 fut probablement disponible à Tahiti, mais je n'en ai vu là-bas
aucune utilisée, excepté avec
la surcharge de 1884. Bien que des cartes
postales, cartes-lettres, emballages postaux et enveloppes du type
"commerce" Dubois pour les colonies aient été en stock à Tahiti à partir
de 1885-1886, on ne les trouve que peu fréquemment utilisés. - On
rencontre plus souvent la carte-postale
à 10 centimes. - En 1884 et 1893,
les mêmes types de surcharges que ceux des timbres mobiles, furent
appliquées sur l'une des émissions générales de la formule - cartes en 1880
et également sur les cartes postales à 10 centimes de type Dubois et
sur les
enveloppes Dubois à 25 centimes -. Elles sont très rarement utilisées.
La formule
Dans le groupe allégorique, (connu sous le nom de "commerce et
navigation") type de 1892, des cartes postales, cartes lettres et enveloppes
de plusieurs dénominations et de diverses dimensions furent émises pour
l'Océanie
avec
des modifications dans les couleurs entre 1900 et 1906.
Ces émissions
sont toutes
nouvelles et l'utilisation de
d'entre elles n'est pas rare.
Les fournitures postales
sous forme de cartes et
plusieurs
du type pictural de 1913, émises en 1916enveloppes ne furent pas très populaires et
rarement utilisées. Quant aux cartes à 20 et 30 centimes et aux
enveloppes
à 25 centimes de 1921, elles sont utilisées
peu fréquemment.
1924
Société des
Études
Océaniennes
639
La
plupart des îles n'étaient probablement
pas
approvisionnées
en
fournitures postales, les exemples d'utilisations restent rares et seulement
entre
1900
1910.
et
Aucune autre fourniture
postale
ne
fut réalisée
pour
l'Océanie
jusqu'aux aérogrammes des années 1960.
Les émissions
provisoires :
surimpressions et surcharges furent effectuées en 1882, 1884,
1893, 1903, 1915, 1916, 1921, 1923, 1924, 1925, 1926, 1927, 1941, et 1945.
La plupart furent réalisées à Papeete. Seules celles de 1916, toutes celles
de 1922 à 1927 (excepté 1924) et celles de 1945 furent faites à Paris.
Comme pour la plupart des surcharges effectuées localement dans les
colonies françaises, il y eut de nombreuses spéculations dans leur
manipulation et aussi plusieurs sortes furent de caractère illicite et
clandestin, il y eut aussi de nombreuses erreurs et une utilisation
Des
philatélique prédominante.
Celles
qui furent imprimées localement souffrirent d'un contrôle officiel
déficient.
Les
surcharges de 1922 à 1927 et celle de 1945 furent réalisées à Paris
fournir de nouvelles dénominations nécessitées afin d'accommoder
les changements de tarifs dus à l'inflation, sans devoir élaborer de
nouveaux modèles ou de nouvelles plaques des anciens modèles. Les
erreurs furent très peu nombreuses et il n'y eut pas de spéculation
philatélique. Les surimpressions de la France Libre en 1941 furent
rarement utilisées cependant, sans doute parce qu'elles furent achetées en
masse par les collectionneurs.
pour
Nominativement les émissions
provisoires de 1882-1903 ne furent
théorie, elles pouvaient
1884-1893, telles qu'elles
sont répertoriées dans les catalogues, comportent un certain nmbre de
dénominations non autorisées par les décrets et qui furent effectuées
clandestinement en très petite quantité à la faveur d'une collusion entre
les marchands parisiens et les officiels locaux ; les marchands fournirent
quelques feuilles à l'état neuf spécialement dans ce but. Les surcharges de
1882-1884 avaient un but légitime, celui de palier une carence dans
certaines valeurs et l'impression en fut soigneusement supervisée. Mais les
officiels locaux et les spéculateurs achetèrent presque tout le stock et en
firent oblitérer sur demande un grand nombre ou mettre sur enveloppes
philatéliques (très rares aujourd'hui). Les contre-façons des surcharges de
1884 furent également apposées aux bandes d'emballage des journaux et
aux cartes-postales de la formule coloniale.
attribuées que pour Tahiti, mais je pense qu'en
être utilisées sur les autres îles. Les émissions de
ministre des colonies avait donné l'ordre à toutes les
surimprimer leur stock de toutes les émissions de timbres en
En mai 1891, le
colonies de
cours
avec
le
nom
de la colonie. L'Océanie tarda à obéir à cette
juillet-août 1893, époque à laquelle les timbres
navigation" de 1892 étaient en vente depuis déjà 8 mois. Le
instruction jusqu'en
"commerce et
Société des
Études
Océaniennes
640
résultat fut que
furent largement
En
1903, le
les surimpressions, particulièrement celle d'août 1893
utilisées par les philatélistes.
manque
de timbre à 10 centimes entraîna
une vaste
émission de surcharges, avec de nombreuses erreurs, ce
qui amena une
spéculation sauvage, comme par exemple de celle de la Croix-Rouge
imprimée localement en 1915-1916 avec de nombreuses erreurs. Des
quantités de surcharges de 1903, en reste chez l'imprimeur, furent volées
et envoyées aux marchands parisiens.
Quand le stock des timbres picturaux à 10 centimes fut rompu en
1915, des timbres à 10 centimes du même type que ceux du groupe
qui avait été retiré de la vente en 1914, furent validés, pour être à nouveau
utilisés, avec la surimpression : "E. F. 0./1915".
avril
En août 1917, la
surcharge "10"
En
sur
pénurie des timbres à 10 centimes fut comblée
les timbres à 15 centimes.
par
la
1921, des surcharges furent effectuées pour palier la pénurie
5, 10 et 25 centimes, mais alors presque tous les timbres à 2
centimes du stock furent utilisés pour cette surcharge.
mars
des valeurs de
En octobre on dut utiliser le cachet "port payé"
d'emballage des journaux à la place des timbres.
sur
la bande
En août 1924
centimes dut être
une surcharge de 45 centimes sur les timbres de 10
apposée pour affranchir les cartes postales touristiques.
Les surcharges de 1903-1927 sont utilisées fréquemment mais
quelques-unes sont peu communément utilisées correctement sur les
enveloppes et à l'époque voulue, en particulier celles de 1921 et les
surcharges de 10 et 20 francs de 1926-1927. Il en existe d'autres,
temporaires et pas souvent cataloguées qui comprennent des découpages,
des timbres temporaires utilisés en mars 1906, lorsqu'un raz de marée
endommagea la poste. Les affranchissement à la main "Port payé" sur les
imprimés en 1921-1927-1932 et les timbres-taxe de 1 franc à deux sections
des colonies françaises en 1923 ; en 1914-1915 un timbre gratuit pour les
troupes sur lequel on lisait "troupes mobilisées de Tahiti" fut utilisé. Les
timbres à 10 plus 5 centimes de la Croix-Rouge de 1915-1916 reçurent
l'autorisation d'être vendue à 10 centimes pour usage postal en juilletaoût 1916.
LES TIMBRES TAXE
de
Les timbres-taxe des émissions générales pour les colonies françaises
1908 furent disponibles à Papeete, comme les nombreuses
1884 à
copies oblitérées là le prouvent, bien qu'ils semblent avoir,
la plupart
régulièrement
utilisés jusqu'en 1926, date à laquelle des timbres-taxe français du modèle
de 1893 furent surimprimés pour l'Océanie.
Quelques-uns parmi les
été oblitérés
sur
pour
demande. C'étaient les seuls timbres-taxe
Société des
Études
Océaniennes
641
timbres-taxe de l'émission générale, ceux
"Tahiti"
en
1893,
directives de 1891
ne
furent
qui avaient été surimprimés
autorisés par le ministère dans ses
purement philatéliques.
pas
et restèrent
En
1929, des timbres-taxe picturaux furent fournis et remplacés en
de nouveaux modèles. Les timbres-taxe à 1 franc des
colonies françaises comportaient deux sections pendant leur brève
utilisation en juin-juillet 1923 - ils sont très rares sur enveloppes - mais les
seuls répertoriés sont philatéliques (venant de Papeete, NouvelleCalédonie ou de Moorea).
1948
et
1958 par
LE COURRIER PAR AVION
Aucun service aérien
les pays
fut disponible avant
en 1942-1945, qui
prenaient sans doute une petite quantité de courrier civil (officiel) en plus
de celui destiné aux U.S.A. et au personnel militaire allié. Après la guerre,
à partir de 1947, un certain nombre de vols expérimentaux furent
effectués par des compagnies aériennes Néo-Zélandaises, Françaises,
Américaines, Australiennes et Chiliennes. Des hydravions à coque furent
utilisés. Plusieurs de ces vols aboutirent à un service régulier qui était peu
fréquent et les autres échouèrent rapidement. La plupart des premiers
vols transportaient des enveloppes portant des cachets spéciaux,
quelques-uns d'entre eux étant devenus extrêmement rares.
avec
étrangers
ne
les vols militaires américains venant de Bora-Bora
Des services hebdomadaires, par avions terrestres, commencèrent
lorsque le nouvel aéroport de Faaa à Tahiti fut ouvert en 1960-1961.
timbre aérien à 5 francs avait été émis, le but de
très évident car aucun service aérien n'était encore
disponible à partir de Tahiti, pas même dans les projets. Cependant des
transports aériens sur une partie du voyage vers l'Europe étaient possibles
par San-Francisco, New-York ou Sidney vers la Grande-Bretagne. A
partir, du 15 février 1935, un tarif de 5 francs fut fixé Via Sydney, 50
centimes par voie de mer vers Sydney plus 4,50 francs par avion jusqu'à
l'Europe. On économisait environ 15 jours de voyage par cette route. Via
San Francisco le tarif était moindre mais les gains de temps étaient aussi
inférieurs : le courrier aérien antérieur à 1947 n'est pas fréquent
cependant, et les timbres de 1934 furent encore librement utilisés jusqu'en
Pourtant
cette
en
1934,
un
émission n'est pas
1950.
En 1942, les timbres du type avion "omnibus" de la France-Libre,
imprimés à Londres furent émis pour l'Océanie et à partir de 1944 de
nombreux timbres par avion furent fournis dont quelques-uns ne sont pas
faciles à trouver sur les enveloppes commerciales avant 1960. Sur les
différents aérogrammes émis avec figures picturales dans les années 19601970, seuls ceux qui sont postérieurs à 1974 possèdent des dénominations
imprimées.
Société des
Études
Océaniennes
642
LE COURRIER PAR BATEAU
Dans ce territoire isolé au milieu du grand océan, les bateaux ont,
jusqu'à l'époque récente de l'aviation, joué un rôle déterminant dans les
communications postales tant avec les pays étrangers qu'entre les îles de
la colonie. Jusqu'en 1880, les bateaux réguliers ne visitaient pas Tahiti
fréquemment et n'étaient pas toujours très fiables. La poste et les
résidents locaux profitaient de n'importe quel bateau qui passait pour
envoyer les lettres. De 1860 à 1885 les habitants dépendaient du bureau de
poste pour envoyer le courrier fermé à la première occasion, laquelle se
présentait au moins deux à trois fois par mois, parfois même 10 à 20 fois
par mois.
Durant la période de 1840 à 1870, les vaisseaux de la marine
française prenaient le courrier à leur passage et vers 1860, ils assuraient la
liaison plus ou moins régulièrement avec Valparaiso. L'Administration
donna des primes aux navires commerciaux pour transporter le courrier
vers la côte ouest de
l'Amérique du Sud, Panama ou San Francisco.
Certains voyages pouvaient être annulés ou retardés et, étant effectués à
la voile, leur temps de traversée variait considérablement.
un
Vers 1880, les deux paquebots réguliers de San Francisco (l'un était
français, l'autre une goélette sous contrat qui venaient par mois
vapeur
alternés) prenaient la plus grande partie du courrier vers l'Europe. En
1885, une ligne fut ouverte par des vapeurs de Nouvelle-Zélande venant
tous les deux mois à Tahiti et aux
Marquises avec des escales à Samoa,
Tonga et aux Iles Cook, vers 1890 ils étendirent leurs voyages jusqu'à San
Francisco ; ils prenaient apparemment du courrier bien que le contrat
avec les navires à voile durât
jusqu'en 1902, époque à laquelle la ligne des
bateaux à vapeur Néo-Zélandais (Union S.S.Co.)
reprit les primes et le
contrat. Des voyages réguliers mais très peu
fréquents de navires
commerciaux français vers Bordeaux via le cap de Bonne-Espérance ou le
cap Horn (et plus tard par le canal de Suez ou celui de Panama)
commencèrent vers 1863 et il se peut que ces bateaux aient emporté du
courrier. Après la première guerre mondiale des bateaux à vapeur
français (les Messageries Maritimes) prirent le courrier régulièrement via
Panama ou l'Australie tandis que des vapeurs américains qui venaient de
plus en plus souvent, prenaient surtout des lettres en vrac.
Lorsque les
vapeurs
réguliers de Nouvelle-Zélande
et de San
Francisco commençèrent à venir vers Papeete
et les Marquises vers 18801890, de nombreux résidents et marchands remettaient des lettres (avec
timbre apposé) aux commissaires des bateaux, sur les
docks, juste avant
le départ et après que les sacs
postaux aient été fermés. Ces lettres étaient
ainsi emmenées en vrac vers Honolulu, San Francisco ou la NouvelleZélande et déposées dans les bureaux de
poste là-bas (après 1894 elles
furent désignées sous le terme de
"courrier-paquebot" dans la termino¬
logie de l'Union Postale Universelle). Les timbres étaient oblitérés soit
avec
des tampons
"paquebot"
ou
du bureau de poste du port, soit par un tampon spécial
l'équivalent. A partir de 1890, le courrier de Tahiti fut
Société des
Études
Océaniennes
643
ainsi
fréquemment oblitéré par les cachets d'arrivée à San Francisco ou
plus rarement avec des cachets de Nouvelle-Zélande ou des autres îles du
Pacifique. Les paquebots de Nouvelle-Zélande, opérant à partir des
années 1920, avaient à leur bord des agents postaux néo-zélandais qui
oblitéraient les lettres en vrac avec des cachets spéciaux. Ceux-ci sont
fréquent sur les enveloppes et timbres d'Océanie jusqu'à la seconde guerre
mondiale. Chaque paquebot Néo-Zélandais avait son propre style de
cachet à utiliser
sur
les timbres et
cachet-date officiel et standardisé
apposé
sur
un
cachet à utiliser
avec
le
nom
sur
les timbres et
du bateau
un
qui devait être
les enveloppes.
Les conventions de l'Union Postale Universelle
stipulaient, depuis
1894, que chaque port devait posséder un cachet "paquebot" pour
marquer les lettres en vrac postées sur les bateaux en mer ou dans des
ports étrangers.
possédait pas de cachet "paquebot" jusqu'en
oblitérait les lettres reçues en vrac avec un
grand nombre de lettres était aussi remis à
Papeete par des navires de fret et des bateaux de croisières transportant
des passagers. Ces lettres étaient généralement en accord avec les règles de
l'U.P.U., portant des timbres des pays dans lesquels'les bateaux étaient
enregistrés. Les cachets du commissaire de bord sont fréquemment
apposés sur ce courrier.
Cependant, Papeete
ne
1949. Avant cela Papeete
cachet-date ordinaire. Un
Le service
postal inter-îles (sauf vers Moorea) était très peu organisé
jusqu'en 1897 environ, date à laquelle la colonie commença à nouer des
contrats avec la navigation locale à voile ou à vapeur pour prendre du
courrier à partir de ou vers certaines des îles les plus importantes, suivant
un planning régulier dont la fréquence variait de une à six semaines selon
le voyage. Une fois tous les six mois pour Rapa. A partir de 1928, sur
certains navires, un membre du personnel du bord fut doté, sous contrat,
de cachets postaux devant être utilisés sur le courrier qui lui était remis en
mer ou dans des ports d'escale qui ne possédaient pas de bureau ou
d'agent des postes. Ces cachets "service inter-insulaire" sont très rares. De
plus, en 1928, des agents des postes à bord des bateaux saisonniers qui
contrôlaient les plongeurs de perle aux Tuamotus furent munis de cachets
spéciaux. Ceux-ci aussi sont très rares et la plupart des enveloppes
rencontrées sont philatéliques ("service de plonge 1931-1933" - "bureau
maritime 1928"
"bureau flottant 1928" - "Takume-plonge 1950").
-
DIVERS
sujets qui ne rentrent pas exactement dans les
catégories ci-dessus, donne néanmoins une saveur particulière à la
collection océanienne et mérite qu'on s'y arrête.
Un certain nombre de
a)
-
des timbres français surimprimés "F.M." émis pour le personnel
mois (1901-
militaire afin de valider leur franchise de deux lettres par
Société des
Études
Océaniennes
644
1975) furent utilisés depuis l'Océanie française comme cela est indiqué par
spécimens portant des oblitérations de Papeete, mais sont assez rares
sur enveloppes ; peu de personnel militaire se trouvant basé là avant les
des
essais nucléaires de 1965-1979.
de 1875 à 1880, les lettres cachetées envoyées vers la France par
paquebots français, allemands ou anglais recevaient pendant
le transit à Paris des cachets spéciaux d'entrée en caractères bleus "Taiti
V.E.U.P. Fr./Paris" "Taiti V.E.U.P. Allem./Paris" et "Taiti V.E.U.P.
Angl./Paris". Ils restent très rares. Pendant la période 1866-1867 un
cachet spécial d'entrée fut également utilisé à Calais sur les lettres venant
d'Océanie par Panama : "mers du sud/ Amb-Calais".
b)
Paris
-
sur
c)
-
des
des lettres oblitérées à la machine : procédé moderne utilisé
plusieurs sociétés de Papeete.
furent introduites par
des cartes-postales représentant des scènes d'Océanie furent
1898 et depuis elles sont devenues
des voyageurs. Pendant les années
1900-1920 elles portaient fréquemment des timbres apposés sur le côté de
la photo, ce qui était une habitude fréquente parmi les collectionneurs de
cartes postales (voir mon article "timbre sur côté-vue" dans le "SPA
journal", avril 1978).
d)
-
pour la première fois disponibles vers
très populaires auprès des touristes et
les cachets officiels spéciaux, parfois curieusement illustrés,
sur les enveloppes du premier jour apparurent avec
l'émission de 1953 et, depuis 1958, ils furent fournis pour accompagner la
plupart des nouvelles émissions.
e)
-
destinés à être utilisés
f)
les très
rares enveloppes transportées par les expéditions en
pirogue entre l'Amérique du sud et l'Océanie, présentent un
intérêt historique considérable. Il y eut quatre expéditions :
le radeau de Thor Heyerdahl, le "Kon Tiki" qui se rendit de
Callao à Raroia et à Papeete d'avril à août 1947 ; le voyage de
la pirogue
"Tahiti Nui" de Bisschop, de Papeete à Valparaiso en
radeau
-
ou en
—
—
novembre 1956
celui du radeau
en
—
"Tangaroa" du Pérou à Fakarava,
en
l'expédition de la pirogue "Celouse" de Callao à Tahiti,
en
novembre 1965
—
mai 1969.
g)
d'e 1965 à 1979 les militaires français effectuèrent des essais
aux Tuamotu, dans l'atoll de Mururoa et celui de
Fangataufa.
Pour faire face à la demande du grand nombre de militaires et de
personnels techniques impliqués, ceux-ci étant basés dans un certain
nombre d'îles, au moins six bureaux de poste militaires furent établis,
quatre à Tahiti et deux aux Tuamotu (Hao et Mururoa). Ils utilisèrent le
cachet "poste-aux-armées". Certains des nombreux bateaux militaires
impliqués dans ce programme possédaient des agences postales à leur
bord ("bureau naval 64") et utilisaient des cachets spéciaux. Ces bureaux
-
nucléaires
Société des
Études
Océaniennes
645
de poste et agences
utilisaient des timbres français. Des contestataires
protestant contre les essais nucléaires arrivèrent sur des yachts de
Nouvelle-Zélande et d'Australie afin d'interrompre les opérations en
navigant à proximité du site atomique. Ils envoyèrent des enveloppes avec
une mention faisant état de leur contestation.
pendant la seconde guerre mondiale, le courrier de la base
tamponné ave un cachet blanc APO, par
sécurité, le code APO était "919 San Francisco".
h)
-
américaine de Bora-Bora fut
les spécialistes des îles du Pacifique et de
des îles Christmas, atoll isolé
appartenant aux îles de la ligne à plus de 3 000 km au Nord-Ouest de
Tahiti et écarté des principales rondes maritimes. Pendant de nombreuses
années ces enveloppes furent généralement envoyées à Tahiti sur une
goélette appartenant à un propriétaire de l'île - Elles portent le timbre
local de Christmas émis par la compagnie qui gérait la plantation et sont
oblitérées par le cachet de la compagnie. Un timbre de l'Océanie française
était ajouté et oblitéré à Papeete pendant le transit. Cette façon de
procéder commença vers 1917 et dura jusqu'à la seconde guerre mondiale.
Pratiquement toutes les enveloppes que j'ai rencontrées sont philathéliques. Parmi les plus recherchées se trouvent celles qui furent oblitérées le
25 décembre à l'île Christmas. Dans quelques cas, des timbres américains
furent ajoutés en vue du transport par avion depuis Honolulu.
i)
-
très recherchées
par
l'Océanie sont les enveloppes venant
Les émissions illicites ou
falsifiées
:
certain nombre de surimpressions fausses ou fantaisies
sur des timbres authentiques qui ont mené à des collections ou même à
des ventes aux enchères. Les types de 1882-1884 de surimpressions sur les
timbres Dubois ("commerce") ne furent jamais autorisés et sont tous
Il existe
un
illicites bien qu'un ou deux soient passés dans le courrier grâce à des
complicités. On peut dire la même chose pour les surimpressions de 1893
sur les timbres Sage. Il y a de nombreuses années, celles-ci étaient
réellement répertoriées dans certains catalogues.
Plusieurs surimpressions fantaisies sur les timbres Dubois sont
Elles se trouvaient dans la célèbre collection Ferrari. La
commune est celle des "/Gambiers/10 c." entre deux traits. Elle
connues.
bien
plus
était
fréquente bien avant 1900 et parfois on la rencontre avec l'oblitération
fausse "Gambiers/Océanie/19 mars 87". Des surimpressions fantaisie
analogues sur les timbres Dubois, telles que "Iles sous le vent" et
"Tuamotu" sont également connues mais plus rarement rencontrées. Le
groupe à 35 centimes de 1906 porte la surimpression "spécimen" qui est
probablement illicite car d'administration ne l'administration ne frappa
jamais le mot "spécimen" sur ses timbres envoyés à l'Union Postale
Universelle et d'autres utilisations ne paraissent pas plausibles. L'émission
picturale de 1934 ainsi que l'émission de l'exposition universelle de NewYork en 1939 sont surimprimées en violet avec le symbole patriotique de
la France-Libre, un grand "V/
,—" qui ne fut jamais autorisé et est
une
fantaisie
particulière.
probablement
Société des
Études Océaniennes
646
"adeptes de Cendrillon" connaissent aussi un modèle fantaisie
(datant d'avant 1900) montrant le visage de la reine des Iles de la Société
et l'inscription "Pomare/Marouato Jhaljti" avec dénomination de "5
Maravédis". Le modèle est de 20 X 27 mm lithographié en noir sur rose.
Au passage je vous rappelle les surimpressions illicites de 1882-1884 et
1893 ainsi que, bien sûr, celles, omniprésentes, de Fournier.
Les
Note
le caractère générale de la correspondance :
premières lettres, jusqu'à 1850 environ, proviennent pour la
plupart des missionnaires anglais, elles sont adressées en Angleterre, bien
que quelques-unes le soient vers Samoa ou Fidji. Elles viennent de
différentes îles : Tahiti, Moorea, les Marquises, Bora-Bora, Huahine,
Raiatea. Il doit en exister plus d'une centaine entre les mains des
philatélistes bien qu'elles atteignent aujourd'hui un prix élevé.
sur
Les
Les lettres à destination de la France sont très
rares
avant
1850, mais
prédominent ensuite jusqu'en 1890 environ. Les enveloppes portant les
émissions générales des colonies françaises sont surtout adressées en
France, avec quelques-unes, celles des missionnaires, vers les États-Unis
et l'Italie. A partir de 1890, la correspondance commerciale entre les
marchands chinois et les établissements de San Francisco devient de plus
en plus importante.
Il existe encore un courrier considérable vers la
France, en partie officiel ou militaire, mais aussi privé et commercial et la
correspondance augmente vers les autres parties des États-Unis,
l'Allemagne, l'Italie, la Grande-Bretagne, Honolulu et la NouvelleZélande. Vers 1898 des cartes postales apparaissent et leur utilisation par
les voyageurs et les touristes augmente grandement pendant le 20eme
siècle. Le courrier des touristes, en particulier ceux des navires de
croisière devient fréquent après 1920. Les enveloppes provenant de
navigateurs, d'auteurs expatriés, d'artistes ou de gens qui se sont retirés à
Tahiti, offrent un intérêt spécial.
Les cachets des
entreprises, des agences gouvernementales et des
touristiques sont fréquents sur le courrier commercial et officiel.
enveloppes des îles furent parfois tamponnées avec de grands cachets
stations
Les
fantaisie appartenant à des officiels résidents et chefs de districts, peutêtre parce qu'il n'existait pas de bureau de poste, ni d'agent. Les timbres
sur
le courrier des îles
oblitérés
qui n'avaient pas de bureau de poste étaient parfois
stylo et tamponné à l'arrivée à Papeete ou dans quelque autre
-poste auxiliaire.
au
bureau de
Le courrier des îles
vers les pays étrangers
recevait généralement un
postal de transit à Papeete, mais certains bateaux de commerce
prenaient directement (aux Marquises) le courrier qui ne recevait alors
pas de cachet de transit à Papeete.
cachet
Les spécimens venant des îles, avant 1920, apparaissent tous comme
authentiques et non philatéliques, souvent de source officielle ou
missionnaire, mais après cette période ils deviennent de plus en plus
philatéliques. L'existence de cachets anciens et de quelques enveloppes
Société des
Études
Océaniennes
647
anciennes provenant des Marquises, de
Raiatea s'explique par le fait que ces
intense activité pour
Taravao, de Moorea, Huahine et
endroits étaient le centre d'une
les missionnaires étrangers.
L'intérêt philatélique pour l'Océanie est devenu considérable depuis
surimpressions de 1882 et les enveloppes philatéliques sont
nombreuses. Beaucoup parmi les sujets les plus rares (exceptés ceux qui
restent philatéliques) restent pratiquement introuvables. A partir de 1920
E. Frogier, un homme d'affaires et collectionneur de Papeete, fit naître un
grand nombre d'enveloppes philatéliques - les enveloppes portant des
surimpressions et affranchissements provisoires ont tendance à être
philatéliques, à l'exception toutefois des surimpressions sorties après
les
1921.
Pendant toute la période qui a suivi 1850, 95 % à 99 % des
oblitérations viennent de Papeete. Le courrier local (celui de Papeete ou
celui circulant entre les îles) n'est pas très courant dans la plupart des
collections
philatéliques
Les lettres
recommandés
avant
que
sur
l'Océanie,
enregistrées sont
avec
assurance,
assez
sans
être
pour autant
très
fréquentes après 1885. Pour les
les affranchissements élevés sont
l'ère du courrier aérien et sont
rare.
plutôt enregistrés
ou
rares
philatéliques
destinés à couvrir des frais dûs au poids.
Les enveloppes commerciales par avion deviennent de plus en plus
fréquentes à partir de 1948 mais il est difficile de dire lesquelles furent
envoyées de Tahiti. C'est seulement à partir de 1960 que le courrier aérien
prend le pas sur le courrier maritime vers le pays étrangers. Le courrier
commercial et touristique après 1900 était plutôt adressé aux États-Unis,
Canada, Nouvelle-Zélande et Australie que vers. l'Europe ou les autres
pays.
RÉFÉRENCES
Il existe
concernant
une
sur la Polynésie française
de celle-ci, tels que l'histoire l'anthropologie et
abondante littérature
divers aspects
l'ethnologie, la géographie, l'économie, les paysages, le tourisme,
l'administration etc...
grande partie de la littérature est en anglais mais il n'existe pas
seul ouvrage. Cependant
presque toute la littérature philatélique sérieuse sur l'Océanie est
reproduite en anglais dans "French Oceanic Settlements (Polynesia)
Newsletter" du docteur R. Houwink de Zeist, Hollande (1951-1975) à
quoi s'ajoute les nombreuses notes et observations originales des divers
collectionneurs. Un petit livre très populaire sur "les timbres et la poste" à
Tahiti par le docteur Houwink, a été publié par la Société des Océanistes
de Paris, en 1969. Pour obtenir des informations sur les timbres, les deux
parties de l'ouvrage allemand "Handbuch der briefmarkenkunde" (1962)
Une
vraiment de résumé de tous ces aspects en un
Société des
Études
Océaniennes
648
le catalogue spécialisé des colonies françaises de Yvert et Tellier
(dernière édition de 1936) sont très utiles.
et
Une bibliographie complète de la littérature philatélique que j'ai
compilée est parue dans Philatelic Literature Review des premier, second
et troisième trimestres 1979
Pour ce qui concerne les croquis et dessins,
le "Tahiti au temps des cartes postales" du Père Patrick O'Reilly (société
des Océanistes, Paris 1975) est fortement recommandé. En outre ses
"Tahitiens" (Paris 1976) et "Tahiti au temps de la reine POMARE" (Paris
1975) sont également utiles pour l'histoire postale.
-
La liste des cachets postaux ne constitue pas forcément l'essentiel de
l'histoire postale. Cependant dans le cas de l'Océanie française, la
documentation sur les dates d'ouverture de certains bureaux de poste
reste assez déficiente aussi les inventaires philatéliques des cachets
postaux permettent-ils de clarifier l'évolution du réseau postal.
L'identification et la classification des différents types et styles de cachets
postaux semble constituer un sujet du plus haut intérêt pour les
collectionneurs. A leur intention je présente ici la liste des descriptions et
illustrations des différents types sans toutefois mentionner les variations
de détails.
La classification la plus ancienne est celle de Langlois et Bourselet
(1927). Le docteur Houwink en a publié une autre, plus détaillée, en 1956,
complétée en 1957 et révisée en 1962. J'en propose une nouvelle qui est
fondée sur une connaissance plus large et plus récente.
la façon de désigner les lieux d'usage des cachets (à
inscriptions) ne semble pas consistante et reste assez confuse.
L'endroit (ou bureau de poste) est souvent inscrit "Tahiti" quand il s'agit
en réalité d'une autre île,
parfois la seule mention est "Océanie". Souvent,
seul le nom de l'île ou du groupe d'îles est donné, mais sur les cachets plus
récents, le lieu (du bureau de poste) et l'île ou l'île et l'archipel sont
habituellement mentionnés tous les deux. Dans certains cas, la mention
du lieu (du bureau de poste) est suivie de celle de l'île, dans d'autres cas la
A noter que
travers leurs
mention de l'île est suivie de celle du lieu.
LES BUREAUX DE POSTES
les registres
l'observation de
cachets. Jusqu'aux années 1920, il existait peu de bureaux de poste
officiellement désignés par l'administration ayant des agents civils des
services postaux et fournissant plus ou moins un service complet.
Le
registre des bureaux de poste est très utile
officiels dç l'administration
ne
parce que
concordent pas avec
Mais dans de nombreuses îles
qui
ne
possédaient
pas
de bureau de
poste, il existait certains agents officiels qui vendaient des timbres et
manipulaient le courrier en plus de leur métier habituel. Ce pouvait être le
représentant de l'administration dans l'île, désigné sous le terme d'agent
spécial, ou bien un fonctionnaire d'échelon moins élevé, généralement un
Société des
Études
Océaniennes
649
gendarme, désigné par le service des postes pour remplir les fonctions de
préposé. Sur quelques îles plus importantes des autochtones (mutoï)
étaient désignés comme facteurs pour transporter les lettres entre les
districts ou pour les distribuer et les collecter le long de la route.
Ces agents étaient souvent munis de cachets postaux ce qui explique
pourquoi les cachets sont répertoriés comme venant de divers lieux bien
avant que des bureaux de poste n'y soient ouverts officiellement. Il semble
aussi qu'il ait existé là des intérimaires quand aucun agent n'était nommé
dans des endroits qui en avaient auparavant. Il arriva aussi que certains
bureaux de poste fussent ouverts depuis quelques années, fermés pendant
une période puis réouverts plus tard. Les habitants des îles qui ne
possédaient ni agent, ni bureau de poste (et il y en a encore beaucoup)1
pouvaient envoyer et recevoir du courrier grâce aux communications
locales avec les autres îles proches qui étaient munies d'agents ou de
bureaux de poste. Les administrateurs (en particulier les chefs de district),
qui n'étaient pas munis de cachets postaux, envoyaient le courrier avec
leur cachet officiel qui était parfois appliqué sur les timbres.
En
plus de quelques illustrations, l'auteur donne une classification
différents types de cachets postaux.
détaillée des
Robert G. Stone
Trad. C.
Article
Langevin-Duval
paru
dans American Philatelist
avril 1980
Nos sincères remerciements
N° 331
à l'auteur et à l'éditeur.
habitées en permanence possèdent aujourd'hui, un bureau
toujours doté d'un timbre à date indiquant le lieu.
(1) Toutes les îles
limitée mais
-
Société des
Études Océaniennes
postal parfois à compétence
650
La
ciguatera :
État des connaissances
1.
-
en
1980
INTRODUCTION
La constatation initiale de la
présence de poissons vénéneux
Antilles, et cela dès le lôème siècle par
PEDRO MARTYRE de ANGHERA. De 1520 à 1526, en sa
qualité de
chroniqueur de la Cour d'Espagne, il côtoie Vasco de Gama, Cortez,
Magellan et Christophe Colomb qui lui rapportent les renseignements
initiaux sur les poissons ciguatérigènes des rivages américains. Mais la
description clinique princeps de l'affection est l'œuvre du philosophe
médecin LOCKE aux îles Bahamas, en 1675.
ciguatérigènes
été faite
a
aux
On doit le
premier récit relatif à la ciguatera dans le Pacifique Sud à
Dalrymple qui, en 1770, relate un empoisonnement collectif dont fut
victime l'équipage de Fernandez de Quiros, lors de la découverte des
Nouvelles-Hébrides en 1606. Plus d'un siècle et demi plus tard, en 1774,
Cook
et
ses
hommes
connurent
semblable mésaventure dans le même
archipel.
En Polynésie Française, les références
historiques aux poissons
ciguatérigènes sont dues à MORISSON, second maître à bord de la
Bounty, pour les Iles de la Société en 1792, à MOERENHOUT pour les
Iles Tuamotu en 1829, au Père LAVAL
pour les Gambiers en 1834, au
Père PIERRE pour les Marquises en 1848.
Le substantif
ciguatera a été inventé en 1866 par l'ichtyologue POEY
intoxication neurodigestive fréquente à Cuba
provoquée par l'ingestion d'un petit mollusque gastropode Livona pica,
dont le nom vernaculaire est cigua. Par
extension, cet épithète s'applique
actuellement d'une part à un syndrome
clinique polymorphe consécutif le
plus souvent à l'ingestion de poissons benthiques ou semi-pélagiques
vivant à proximité de récifs coralliens et
appartenant à des espèces
habituellement comestibles, d'autre part au
phénomène de biologie
marine qui en est à l'origine. Cette forme
d'ichtyosarcotoxisme est
spécifique des régions insulaires tropicales, où son retentissement sur la
pour
désigner
une
Société des
Études
Océaniennes
651
populations et l'économie locale est parfois loin d'être
négligeable. Dans les territoires français du Pacifique en particulier,
plusieurs milliers de personnes sont atteintes chaque année et l'exploi¬
tation des ressources pisciaires des atolls polynésiens est hypothéquée par
la ciguatera.
santé des
Véritable puzzle biologique à éléments humains et biomarins
variables à la fois dans le temps et dans l'espace, la ciguatera a nécessité
l'étude de ses diverses facettes, la mise en oeuvre d'investigations
pluridisciplinaires variées, menées successivement ou conjointement
surtout à l'Université d'Hawaii (USA), dans les universités de Tokyo,
Tohoku, Kagoshima, Kitasato et Mie (Japon), à l'Institut Louis Malardé
de Tahiti. L'exposé ci-après fait le point des connaissances actuelles sur le
sujet et des questions restant à résoudre avant de pouvoir déboucher sur
des applications pratiques efficaces.
pour
2.
-
ASPECTS HUMAINS
Le syndrome clinique se traduit essentiellement par des troubles
digestifs (nausées, vomissements, diarrhée), des troubles neurologiques
(dysesthésies, paresthésies, myalgies, arthralgies, frilosité, prurit,
parésies), des troubles cardio-vasculaires (bradycardie, hypotension
artérielle) et une asthénie marquée. On note de façon plus inconstante une
ataxie locomotrice, de la dyspnée, de la dysurie, des manifestations
cutanéomuqueuses. Dans la majorité des cas, l'évolution est favorable en
une semaine environ.
Mais il n'est pas rare que les dysesthésies, les
paresthésies et le prurit persistent plusieurs semaines et soient ravivés par
toute nouvelle consommation trop hâtive de poisson, même sain. On voit
alors s'installer parfois un état d'hypersensibilisation aux poissons et à
d'autres produits marins avec malaise neurodigestif chronique, qui fausse
parfois l'évaluation exacte de l'endémicité ciguatérique dans le milieu
marin. Cela est particulièrement net dans les îles à alimentation
monotone en poissons de récif où les récidives d'intoxication sont très
fréquentes. Le taux de mortalité en Polynésie Française est inférieur à 1
pour mille. Le traitement de l'affection est purement symptomatique. Les
médications les plus efficaces sont les sels de calcium, l'atropine, les
vitamines du groupe B, les antihistamiques de synthèse et les corticoïdes,
dont l'indication respective est fonction du tableau clinique.
3.
-
ASPECTS TOXICOLOGIQUES
clinique de la ciguatera doit son polymorphisme à
plus ou moins marquée de deux mécanismes pathogéniques
distincts, l'un d'ordre pharmacologique, l'autre d'ordre immunologique.
Ces mécanismes procèdent apparemment de l'action isolée ou conjuguée
Le tableau
l'imbrication
Société des
Études Océaniennes
652
de toxines thermostables
aux structures chimiques et propriétés
incomplètement élucidées, lorsque leur taux de
concentration dans les tissus pisciaires atteint un certain seuil. En fait, le
complexe toxinique mis en jeu se compose de substances liposolubles et
hydrosolubles. Les premières sont représentées essentiellement par deux
composés : la ciguatoxine prenant une part prépondérante dans le
déterminisme symptomatologique, et la scaritoxine de moindre
importance ; les secondes sont représentées essentiellement par la
maitotoxine dont le rôle pathogène est à priori plus réduit, mais qui
pourrait jouer un rôle fondamental dans la production toxinique
primaire.
physiologiques
3.1.
encore
CIGUATOXINE (CTX)
C'est la toxine la mieux connue et le principe pathogène majeur.
Isolée initialement à Hawaii dans les muscles d'une murène Gymnothorax
-
javanious, cette substance a été trouvée aussi dans les divers tissus de
poissons aux habitudes alimentaires très diversifiées tels que des
chirurgiens ou perroquets, des loches, des mérous, des lutjans, des
carangues, des dorades. Son étude est rendue difficile par le fait que sa
concentration dans les poissons toxiques est généralement basse, de
l'ordre de 1 à 20 p.p. billion. C'est pourquoi, jusqu'à présent son
extraction a dû s'effectuer à partir d'une grande quantité de poisson
toxique. On l'isole par solubilisation sélective dans divers solvants
organiques et purifications chromatographique. Du fait du nombre élevé
des étapes requises pour la purification, à partir de 100 kg de muscle cuit
de poisson très vénéneux, et malgré des rendements satisfaisants tant en
poids qu'en toxicité, on ne peut espérer obtenir plus d'un mg de CTX à
peu près pure.
Au
plan biochimique, la CTX est un liquide neutre, transparent aux
ultra-violets, stable à la chaleur et en milieu alcalin, mais très
fragile en milieu acide, à l'air et à la lumière. Son poids moléculaire paraît
se situer aux environs de 800 daltons. Sa formule brute
proposée, à savoir
(C35 H65 H08)n, est encore sujette à caution. Sa structure molécu¬
rayons
laire est inconnue.
Au
plan toxicologique, la CTX est très active sur les souris en
injection intrapéritonéale. La dose létale minimale (DLM) est de l'ordre
de 1 à 2 yg/kg. Cette létalité excède celle de toutes les autres toxines
marines alimentaires. Une estimation basée sur des données épidémiologiques fait apparaître que l'absorption d'une dose de 0,1 yg de CTX
suffit à entraîner des troubles chez les
consommateurs
humains.
Les effets physiologiques expérimentaux de CTX ont été testés sur
différents mammifères (chats, mangoustes, rats,
souris) entiers ; aux doses
sublétales, ils se caractérisent par un syndrome assez uniforme
d'incoordination motrice doublée de diarrhée,
hypersalivation, dyspnée,
des troubles du
également
un
rythme cardiaque,
léger pouvoir toxique
Société des
convulsions. CTX a
certains poissons et crustacés
cyanose et
sur
Études
Océaniennes
653
d'eau douce, de même
du lapin.
qu'un pouvoir hémolytique
sur
les globules rouges
plan pharmacologique, CTX est dotée de propriétés anticholinestérasiques encore mal définies. En fait, on a pu mettre en évidence sur
divers organes (cœur, intestin) isolés de mammifères une intrication
d'effets cholinergiques et adrénergiques, CTX agirait directement sur les
terminaisons du nerf sympathique en provoquant une libération de
catécholamines. En plus de son activité enzymatique, CTX possède un
effet sur la membrane cellulaire. Elle modifie l'équilibre ionique en
augmentant la perméabilité aux ions sodium. Elle inhibe l'action
polarisante des ions calcium et se comporte en antagoniste de la
tétrodotoxine. Ces diverses propriétés ont été confirmées et précisées par
des expérimentations neurophysiologiques et histoenzymologiques.
Au
plan immunologique, des réactions cutanées d'hypersensibilité
ont été mises en évidence chez le chat par les méthodes de
l'anaphylaxie cutanée passive locale. Par ailleurs, des immuns sérums de
lapin et de mouton ont pu être préparés à partir d'échantillons de CTX
couplés à de la sérumalbumine humaine (SAH). Mais dans ces sérums
présentés comme spécifiques de CTX et dotés d'un pouvoir antitoxique, il
n'a pas été possible de trouver la moindre preuve de l'existence
d'anticorps anti-CTX. En fait, comme beaucoup de lipides de faible poids
moléculaire, CTX possède la propriété de se complexer spontanément à
toutes les protéines en formant une liaison stable de nature physico¬
chimique, n'ayant rien à voir avec une quelconque réaction antigène
anticorps.
Au
immédiate
(STX)
1976 dans les muscles du perroquet bossu
Scarus gibbus en provenance des Iles Gambier. Elle est spécifique de la
famille des Scaridés et on la trouve essentiellement dans les tissus
musculaires. Sa présence entraîne souvent chez les consommateurs un
tableau clinique très particulier évoluant en deux phases distinctes. La
première se traduit par un faisceau symptomatique évoquant une atteinte
ciguatérique typique (vomissements, diarrhée, dysesthésies et algies
diffuses, atteinte cardio-vasculaire). Puis au moment où la plupart de ces
manifestations commencent à s'estomper, apparaissent des troubles
importants de l'équilibre statique et dynamique. Ce tableau disparaît au
bout de quelques semaines sans laisser de séquelles. De nature lipidique
comme CTX, STX s'en distingue seulement par certaines propriétés
chromatographiques sur colonne et en couche mince de même que par sa
labilité en milieu fortement alcalin. En revanche, STX et CTX ont des
propriétés physiologiques pratiquement identiques tant sur animal entier
que sur organes isolés ainsi que des pouvoirs ichtyotoxique et
hémolytique très voisins. Mais STX se différencie de CTX sur le plan
3.2.
-
Elle
LA SCARITOXINE
a
été isolée à Tahiti
en
pharmacologique par l'absence de sensibilité élective à la tétrodotoxine et
aux
fortes
concentrations de calcium. De plus, elle entraîne une
dépression supérieure des processus métaboliques oxydatifs. STX est
Société des
Études
Océaniennes
654
fréquemment associée à CTX, mais elle peut aussi exister seule. Enfin, des
propriétés d'interconvertibilité entre STX et CTX ont été mises en
évidence, laissant à penser que STX pourrait être une forme de
transformation de CTX, sous l'influence de phénomènes métaboliques
encore
3.3.
flous.
-
MAITOTOXINE
Cette substance
C. striatus
a
(MTX)
été isolée
en
1975
au
Japon des viscères digestifs de
nom vernaculaire tahitien est
évidence dans les bols alimentaires
(poisson chirurgien dont le
maito. Nous l'avons aussi mise
en
poissons herbivores-microphages, Acanthuridés et Scaridés
notamment, mais pas dans les autres tissus de ces poissons, ni dans les
poissons carnivores. Elle est soluble dans l'eau, l'éthanol, le méthanol et le
butanol, et précipitable par l'acétone. Elle a été purifiée selon les procédés
classiques employés pour les lipides polaires. Son hydrolyse acide met en
évidence des acides gras, du galactose et 15 acides aminés. La toxine est
un composé de grande taille moléculaire (
> 50 000). 11 résiste à la
chaleur dans les solutions neutres ou dans l'ammoniaque, mais perd sa
toxicité dans l'acide acétique et dans la soude. Le trait le plus
caractéristique de MTX est sa toxicité-souris ; par voie IP, elle tue
l'animal à la dose de 0,17 yg/kg; ce qui la rend 50 fois plus puissante
que la tétrodotoxine ou la saxitoxine ; par voie orale, bien qu'environ 100
fois moins active que par voie IP, MTX conserve un pouvoir létal
supérieur à celui de toutes les toxines marines connues. Elle peut donc
être considérée vis-à-vis de la souris comme la plus puissante toxine non
protéique trouvée à ce jour dans la nature. En revanche, MTX se montre
peu active sur le chat chez lequel elle entraîne simplement des troubles
digestifs bénins. MTX est dotée d'un faible pouvoir ichtyotoxique par
rapport à CTX et STX. Elle ne possède pas d'action hémolytique mais un
léger pouvoir agglutinogène. Elle paraît susceptible, dans des conditions
d'autres
encore
mal
définies, de
4.
-
se
transformer
ASPECTS
en
CTX.
ÉPIDÉMIOLOGIQUES
La gamme
des poissons potentiellement toxicophores couvre de
espèces récifales entrant normalement dans l'alimentation.
Mais les poissons chirurgiens et perroquets, les lutjans, loches, mérous,
becs de cane, balistes, murènes, carangues et barracudas sont les plus
souvent incriminés avec une fréquence variant suivant les régions. Dans
une espèce donnée, la toxicité est souvent
proportionnelle à la taille. Dans
un poisson donné, le foie, la tête et les viscères sont plus
nocifs que les
muscles. Le mode de préparation culinaire et de cuisson ne modifient pas
la toxicité qui n'est en rien liée à un quelconque processus d'altétation ou
nombreuses
de contamination bactérienne.
Les
et très
zones
où l'on peut trouver
diversifiées
:
des espèces toxiques sont nombreuses
les passes d'accès aux lagons, les abords
Société des
Études
Océaniennes
océaniques
655
des récifs
frangeants, les récifs barrières, les bancs coralliens sont les plus
propices. Mais chacun des facteurs épidémiologiques peut être sujet à
variation, ce qui confère au phénomène une évolutivité potentielle dont
nous avons récemment précisé les modalités pour la Polynésie Française.
5.
-
ASPECTS
BIOGÉNÉTIQUES
L'agent causal principal de la ciguatera en Polynésie Française,'et
Pacifique, est Un dinoflagellé d'un
genre et d'une espèce nouveaux que nous avons découvert aux Iles
Gambier. Il appartient à la classe des Dinophyceae, ordre des Péridiniales, famille des Heteraulaeaceae. Initialement rattaché au genre
Diplopsalis, son identification scientifique définitive est Gambierdiscus
roxicus, ADACHI et FUKUYO. Cette algue unicellulaire dont on a
réalisé la culture ponctuelle au laboratoire, sur milieu à eau de mer
enrichie en vitamines du groupe B, existe à l'état endémique dans la
plupart des écosystèmes récifaux du Pacifique, des Antilles et de l'Océan
Indien, mais en densité très réduite. En revanche, elle prolifère en masse
dans certaines circonstances au niveau des gazons mixtes recouvrant des
substrats coralliens morts. Ces recouvrements faits d'algues filamenteuses
ou calcaires, de bactéries, de levure et de détritus divers, servent de
nourriture à des poissons herbivores microphages.
vraisemblablement dans l'ensemble du
Nous
en
milieu
pu démontrer que G. toxicus est capable d'élaborer, tant
naturel qu'en milieu artificiel, les deux principes toxiques
avons
majeurs précédemment évoqués, à savoir CTX et MTX. La production de
MTX est constamment supérieure à celle de CTX, dans un rapport
variant de 5 à 20. Dans la nature, le rapport
moyen est d'environ 5.
Au laboratoire, ce rapport oscille dans des limites beaucoup plus larges
suivant les conditions de culture, la production de CTX s'avérant
extrêmement délicate. D'ailleurs, il est important de noter que jusqu'ici il
n'a pas été possible, en ambiance axénique (c'est-à-dire sans bactéries
associées), de produire CTX contrairement à MTX, qui s'avère ainsi un
produit de sécrétion endogène irréfutable de G. toxicus.
Nous
même pu observer que le potentiel toxinoproducteur, de
la croissance de G. toxicus étaient favorisés par la présence,
dans le milieu de culture, de bactéries encore non identifiées se
développant en même temps que le dino-flagellé. On peut donc penser
que ce dernier, au mode de vie indifféremment autotrophe ou
hétérotrophe, est apte à utiliser des substances organiques d'origine
vraisemblablement bactérienne au laboratoire, mais peut-être plus
diversifiée dans la nature. Cet apport nutritif exogène favoriserait sa
prolifération massive ainsi que l'élaboration du complexe toxinique sous
les deux angles quantitatif et qualitatif. Des données préliminaires en
cours d'exploitation tendent à le confirmer.
avons
même que
Société des
Études
Océaniennes
656
6.
-
ASPECTS
ÉCOLOGIQUES
La chaîne alimentaire
ciguatérique se présente comme une chaîne
pisciaire. Dans la plupart des régions d'hyperendémie
ciguatérique, il est tout à fait exceptionnel que les mollusques, crustacés et
échinodermes soient touchés. Quand ils sont vénéneux, ils renferment en
général des toxines différentes, du type amines quaternaires.
essentiellement
Les toxines
ciguatériques sont introduites dans la chaîne alimentaire
benthique, essentiellement grâce aux poissons brouteurs microphages.
Mais pour des raisons encore non élucidées, MTX reste localisée aux
contenus digestifs de ces premiers maillons. Par contre, CTX franchit
l'ensemble des maillons et s'accumule dans les hauts étages de la pyramide
trophique. Cela explique que la consommation des grands prédateurs
carnivores (loches, mérous, lutjans, carangues, barracudas, murènes) soit
plus dangereuse.
Il
être prouvé expérimentalement que CTX existe à un taux de
infratoxique chez la plupart des poissons de récif de
Polynésie Française. Mais il a pu être également démontré que cette
production s'accroît de façon importante à l'occasion de certaines
agressions d'ordres mécaniques, physicochimiques ou biologiques
auxquelles les écosystèmes coralliens sont très sensibles.
a
pu
concentration
Les agressions sont soit naturelles et habituellement cycliques ou
saisonnières (tempêtes, cyclones, tsunamis, secousses sismiques, fortes
pluies, phénomènes d'eaux rouges...), soit artificielles et liées à
l'intervention humaine sur des écosystèmes à forte densité corallienne
vivante (travaux sous-marins en tous genres, immersion de déchets ou
corps étrangers, échouage de navires, pollutions chimiques, thermiques
ou organiques).
Ces agressions ont un mode d'action varié dont les
facteurs déterminants semblent être principalement une augmentation du
processus de sédimentation et de l'eutrophisation du milieu, une baisse de
la salinité. La résultante commune est une gêne à la croissance et même à
la survie des polypes coralliens. Il y a alors création de substrats coralliens
morts, qui au même titre que les corps étrangers plus-ou moins inertes
introduits dans le milieu marin, constituent rapidement
les véritables
biotopes potentiellement ciguatérigènes. En effet, ils représentent autant
de surfaces nouvelles offertes à l'installation des gazons mixtes pour
lesquels les agents d'agression ont créé des conditions propices à un
développement optimal.
7.
-
MODES
ÉVOLUTIFS
De l'importance dans le temps et dans l'espace des agressions
évoquées dépendent les modalités évolutives de la ciguatera.
Ainsi, il apparaît
que
les agressions localisées et relativement limitées
Société des Etudes Océaniennes
657
dans le temps,
d'îles hautes ou
exercées de préférence sur les récifs frangeants protégés
en un point quelconque du littoral d'atoll, sont à l'origine
d'un type évolutif paroxysmique. Il se caractérise par l'atteinte
progressive mais constante des poissons de divers niveaux trophiques sur
une portion de côte récifale ou lagunaire. Mais la zone
ciguatérigène
augmente en surface à partir des points d'agression au fur et à mesure
qu'on s'élève dans les étapes supérieurs de la pyramide alimentaire. Les
agressions humaines provoquées par l'aménagement du littoral en
ambiance corallienne vivante sont le plus souvent responsables de ce
mode évolutif.
Les agressions naturelles, en revanche, engendrent des pertubations
écologiques diffuses. Elles frappent des récifs frangeant ou barrières
exposés aux vents dominants, des baies encastrées dans des falaises, des
bancs coralliens en pleine mer. Les unes (force de la mer, pluies
saisonnières par exemple) assurent la pérennité de la ciguatera au fil des
siècles ; les autres (cyclones, tsunami par exemple) sont responsables de
flambées épisodiques dans la plupart des îles où les agressions humaines
sont inexistantes. Elles entraînent une évolution de type endémoparoxysmique. En période endémique, la production toxinique de base est
réduite et insuffisante pour atteindre un seuil pathogène dans les poissons
de bas niveau trophique. La ciguatoxine doit's'accumuler et être
concentrée le long de la chaîne alimentaire pour être nocive. Seuls les
poissons carnivores ichtyophages de grande taille, de mœurs sédentaires
ou
mobiles
sont
habituellement touchés.
Au
cours
des
flambées,
ce
processus est totalement altéré et l'évolution suit alors les modalités
décrites pour les agressions humaines. Nous avons ainsi pu établir aux îles
Marquises, que la caractère cyclique de la ciguatera, maintes fois avancé
par les insulaires du Pacifique, était étroitement corrélé à certains
cataclysmes naturels. Cette observation a pu être vérifiée au niveau des
bancs coralliens de Salya de Malha dans l'Océan Indien.
8.
-
CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
Les diverses données d'ordres épidémiologiques, écologiques et
biochimiques recueillies apportent une solution à un certain nombre de
problèmes qui n'avaient jamais été élucidés jusqu'ici sur l'origine et le
développement de la ciguatera. Elles nous ont permis de formuler enfin
une explication sur sa biogénèse et sa transmission, grâce à la découverte
d'un agent causal indéniable de la ciguatera.
Mais, si la cause principale et les modalités évolutives grossières du
phénomène dans la nature sont partiellement maîtrisées, les mécanismes
physiopathologiques précis de l'affection humaine ne sont pas encore
entièrement maîtrisés, et surtout, il n'existe aucun moyen de protection
efficace des consommateurs. Certes, quelques substances douées de
propriétés protectrices vis-à-vis de la ciguatoxine (principe pathogène
Société des
Études
Océaniennes
658
majeur) ont été testées chez l'animal, mais leur emploi chez l'homme ne
peut être envisagé du fait, soit de leur toxicité potentielle, soit d'un mode
d'action leur conférant un effet préventif ou antagoniste mais aucun effet
thérapeutique vrai. De même des progrès ont été réalisés en matière de
détection de la ciguatoxicité dans les poissons. Mais les techniques
biochimiques utilisées impliquent des manipulations et des délais
incompatibles avec les impératifs de la commercialisation. Quant aux
techniques immunologiques desquelles on avait beaucoup espérées, elles
conduisent à éliminer une majorité de poissons parfaitement comestibles,
du fait de phénomènes physicochimiques liés à la nature
lipidique et au
faible poids moléculaire de la ciguatoxine.
C'est
pourquoi, les objectifs à atteindre à terme restent toujours les
diagnostic simple, rapide et fiable de la ciguatoxicité des
poissons avant leur commercialisation et la mise au point d'une méthode
de traitement spécifique ou de prévention de l'intoxication humaine. Ils
sont actuellement
hypothéqués par deux obstacles majeurs : le premier est
la méconnaissance de la structure moléculaire du
complexe toxinique mis
en jeu ; le second
réside dans la difficulté à faire la part des effets
pharmacologiques du poison et des réactions immunitaires des
consommateurs uans la pathogénie de l'affection.
mêmes
:
le
Pour vaincre le
premier obstacle, il faut posséder au moins une
milligrammes de toxine pure (DLM 1 yg/kg de souris au
minimum). Or, actuellement, les quantités de toxines disponibles sont
nettement moindres et ne permettent à aucun laboratoire de
procéder à
une étude
spectrale de masse complète. Il s'avère donc indispensable d'en
produire davantage. Pour cela, on peut utiliser deux sources principales :
soit des poissons vénéneux, en sachant
qu'il faut des quantités
gigantesques de matériel, étant donné la faible concentration toxinique
dans les tissus pisciaires ;
soit des dinoflagellés
toxinoproducteurs cultivés au laboratoire,
en sachant
que la production massive et régulière des toxines en milieu
dizaine de
—
—
artificiel
est
encore
loin d'être bien maîtrisée.
Pour connaître la pathogénie intime de
l'affection,
d'une part, préciser le mode d'action de la
—
il faut
ciguatoxine
:
niveau
système nerveux par la mise en évidence et l'identification dans celui-ci
des récepteurs intéressés et des modifications
métaboliques produites ;
d'autre part, préciser le rôle hypersensibilisant de la
ciguatoxine
par les méthodes classiques d'investigation immunologiques
employées en
allergologie.
du
au
—
C'est dans
ces
axes
compte porter ses efforts
étroite
avec
de recherches que
au cours
l'Institut Louis Malardé
des années à venir
les autres
en
collaboration
organismes locaux, métropolitains, étrangers ou
internationaux, susceptibles de lui apporter leurs concours ; en particulier
le Service Mixte de Contrôle
Biologique de la Direction des Centres
d'Expérimentation Nucléaire, le Laboratoire d'Étude et de Surveillance
de l'Environnement du Département de Protection du
C.E.A., l'Antenne
Société des
Études
Océaniennes
659
Polynésienne du Museum d'Histoire Naturelle et l'École Pratique des
Hautes Études, l'O.R.S.T.O.M., le Service de la Pêche, l'Institut Pasteur
de Paris de l'Université Japonaise de Tohoku, l'Organisation Mondiale
de la Santé, la Commission du Pacifique Sud.
R. Bagnis
Médecin du Service de Santé des Armées, Docteur ès-Sciences,
chef de l'unité d'Océanographie Médicale à l'Institut Louis Malardé,
B.P. 30 PAPEETE TAHITI POLYNÉSIE FRANÇAISE
ADDENDUM
Une
bibliographie exhaustive concernant la ciguatera peut être
consultée à l'Institut Louis Malardé.
L'auteur de l'article tient à citer néanmoins les
les travaux ont
connaissance du
quelques auteurs dont
apporté une contribution de premier ordre à la
phénomène ciguatérique. Il s'agit principalement de :
A. H.
BANNER, P.J. SCHEUER, M. D. RAYNER,
BERGER, Y. HOKAMA (à Hawaii).
Y. HASHIMOTO, T. YASUMOTO, A. INOUE, R. ADACHI,
Y. FUKUYO (au Japon).
R.L.
L'auteur tient également à exprimer sa gratitude au
Gouvernement et à l'Assemblée Territoriale de la Polynésie
Conseil de
Française, à
la DGRST, à l'INSERM, à l'OMS, à la Commission du Pacifique Sud
pour leur aide financière permanente ou ponctuelle.
Enfin, l'auteur remercie ses collaborateurs de l'Institut Malardé de
qui ont participé à ses côtés à l'obtention de beaucoup de données
exposées, à savoir F. PARC, E. CHUNGUE, S. CHANTEAU, A. M.
LEGRAND, J. H. DROLLET, S. RONGERAS, I. LECHAT, P.
HENTCZYCK, Y. MITTERMITE, M. GALONNIER, J. BENNETT,
Tahiti
G.
JACQUET principalement.
Société des
Études
Océaniennes
660
LÉGENDE
TUATUA'KAKAI
NO RATA
Ki
taua
tau'ra, te noho'ra
Rata ki hiki ki o'na
to'na
makui
nau
e
katonga tupuna-vahine ko
Kuhi ki to ratou henua.
Kia
tae
Kuhi
ona nau
makui ki
to'na
tupuna-vahine kia Kuhi :
haapao iho koe ki to mea
moko-puna. E haere maua ki te
hanga tara'ra ki te kimi hakapoa
"Ka
Kua haere atu'ra
raua
ki to
tere e tae atu'ra ki ta raua
konga tautai hanga. Kua nako
iho'ra
raua
hukihuki
vahine ki
; e
haere te kaefa ki te
pakatonga, e haere te
te pana pahua.
Un
"Te
Puka-
jour, alors
que Rata était
enfant, ses parents
dirent à sa grand'mère Kuhi :
"Occupe-toi de ton petit-fils.
encore
tout
Nous allons chercher de
quoi
nourrir".
nous
Ils partirent à la pêche.
Lorsqu'ils arrivèrent sur les lieux
de pêche, l'homme chercha des
poulpes, et la femme des
bénitiers.
Ki to'na haere
hanga ki te
pakatonga, kua tapiki
te kaefa e te
pakatonga e
hukihuki
hia mai
ka huti hia'tu ai ki roto ki to'na
keri. To te kaefa ia mate.
Il arriva
l'homme
mourut le
se
vahine ia
Rata.
Kua hirari te
makui
o
hana, kaore â
Rata ki hoki mai ki te
fare, taka iho'ra Kuhi e kua
ngapa ta'na mea nau tama-riki.
Kua
fangai noa'tu'ra Kuhi
Rata'
e
tae
noa'tu ki to'na
pakari hanga.
Ki to'na pakari hanga, kua
kamuimui atu'ra Rata ki te tahi
hanga tama-riki,
hauti. Teie
ta
o
to'na rire,
no
ratou hauti ; e
faka-teretere totorotika
na
runga
ki te henua. Kia meko to te tahi
hanga tama-riki totorotika ki
to
Société des
Études
ses
tentacules et
repaire. Ainsi
père de Rata.
son
Il arriva aussi qu'un bénitier
referma sur la main de la
hopu hanga e
ki te pahua, kua kapitia hia
to'na rima e te pahua. To te
mate.
qu'un poulpe saisit
avec
l'entraîna dans
Ki to te vahine
pana
te
de
tatou".
raua
kia
l'île
sur
ake'ra ki te tahi
kua reko atu'ra
na
temps là, Rata vivait
parents et sa grand'mère
ce
avec ses
Maruia".
hana, ka vai korereka noa'i Rata,
no
En
DE RATA
femme. Ainsi
mourut la
mère de
Kuhi
comprit qu'un malheur
aux parents de Rata,
lorsqu'ils ne revinrent pas ce soir
là, après le coucher du soleil.
était arrivé
Kuhi éleva Rata
adolescence.
Peu avant
Rata
son
jusqu'à
son
adolescence,
joignit un jour à des
jeunes de son âge, pour jouer au
"Totorotika" (roue en feuille de
pandanus, que l'on fait rouler à
se
terre, à l'aide du vent). Rata
ayant
gagné, ses camarades
Océaniennes
661
Rata, kua unga ratou kia Rata ki
te
nako
hanga
jaloux se moquèrent de lui :
"Orphelin, ton père, disparu en
"Tama-riki
makui kore. To makui-tikatika, i
tirida i tai, horomi'a i patu tangotango. To makua'hine, i hanu
dirigée
jusque dans la gueule de la bête
roa'hia
de dame Huarei".
i
te
e
:
miamia
ata
te
a
vahine Huarei". Kua hakama
Rata
o
très noir. Ta mère
un trou
très
été
a
Rata, désem¬
paré, pleura de chagrin.
kua heva oia.
e
Kia hoki o'na ki te fare, kua
ui atu'ra Rata ki to'na tupunavahine
fut avalé dans
mer,
:
"E
Kuhi,
e
Kuhi
e,
ka
faka-kite mai koe tei hea oku nau
makui ?" Kua pahono mai'ra
Kuhi kia'na : "Kaore ou e makui-
tikatika,
vahine.
kaore
e
makui-
to
makui-
ou
vau'iho
Ko
Quand il rentra à la maison,
sa grand'mère :
"Kuhi, dis-moi où sont mes
parents ?" Kuhi lui répondit : "Tu
n'as pas de père, tu n'as pas de
mère. C'est moi-même ton père,
Rata demanda à
c'est moi-même ta mère".
tikatika, ko vau'iho to makuivahine".
Kia
ki
tae
te
tahi hana ke
atu, kua kamuimui hakahou atu'
ra Rata ki te tahi hanga tama-riki
no te hauti. Teie ta ratou hauti ; e
faka-teretere titiraina na roto ki
te
toau.
Kia meka
to
te
tahi
Un
jour,
autre
retrouva
avec
Rata
se
camarades de
ses
jeux. Ils jouèrent cette fois-ci au
"Titiraina" (espèce de petit voi¬
lier fait d'une demi-feuille de
jeune
pousse
de cocotier). Rata
hanga tama-riki titiraina ki to
Rata, kua unga ratou kia'na :
ayant gagné comme d'habitude,
"Tama-riki
encore
makui
kore.
miamia
te
a
Kua hakama
o
moquèrent
se
ironisant
en
fut avalé dans
mer,
un trou
:
en
très
été
dirigée
jusque dans la gueule de la bête
de dame Huarei". Rata pleura à
kua heva
e
lui
très noir. Ta mère
vahine Huarei".
Rata
de
"Orphelin, ton père disparu
makui-tikatika, i tiria i tai, horo¬
mi'a
i patu tangotango. To
makua'hine, i hanu roa'hia i te
ata
camarades
ses
To
oia.
a
nouveau.
Kia tae o'na ki te
fare, kua ui
hakahou atu'ra Rata ki to'na
tupuna : "E Kuhi, e Kuhi e, ka
faka-kite mai koe tei hea oku nau
makui ?" Kua pahono
mai'ra
Kuhi kia'na : "Kaore ou e makui-
Rata
tikatika,
mère
vahine.
kaore
Ko
ou
vau'iho
e
makui-
to
makui-
A
mes
son
retour
à la maison,
à sa grand'
"Kuhi, dis moi où sont
redemanda
:
parents ?" Kuhi lui répondit :
vahine". Kua ui tamau atu'ra
"Tu n'as pas de père, tu n'as pas
de mère. C'est moi-même ton
Rata kia Kuhi kia faka-kite mai
père, c'est moi-même ta mère".
tikatika, ko vau'iho to makui-
kia'na ki te tara-maori. Kua taka
Rata demanda à Kuhi de lui
iho'ra Kuhi ki
révéler la vérité. Elle
te manako o ta'na
Société des
Études
Océaniennes
comprit la
662
moko-puna. Kua faka-kite
mea
atu'ra oia ki
Rata ki
mate
te
ou
tara-maori kia
te
nako
hanga'tu
e :
"Kua
makui ki roto ki
te
pensée de son petit-fils. Alors,
expliqua que ses parents
étaient partis un jour, alors qu'il
était encore tout enfant, pour
elle lui
Ka vai tama-riki korereka noa'i koe, kua haere ou nau
chercher
makui, ki te tahi hana, ki te kimi
haka poa no tatou e mai reira
mai to raua ngaro hanga e kaore
revenus
moana.
de
la.
nourriture
et
depuis ils n'étaient plus jamais
à la maison.
â ki hoki mai ki te fare".
ki
te
Kua opua iho'ra Rata e tarai
tahi vaka no'na no te haere e
kimi ki te
nau
konga ki mate ai o'na
makui.
Kua ani atu'ra oia
kia Kuhi kia horonga mai ki te
tahi toki na'na no te tarai ki to'na
vaka.
Kua
kia'na
:
reko mai'ra Kuhi
"Ka haere'tu ki roto ki te
turiki, te tarere'ra te mono a to
tupuna-tikatika. Ka rave mai to
mea toki e ka poi mai ka faka-koi
ki runga ki taku tua".
Kia faka-koi Rata ki ta'na
toki ki runga ki te tua o Kuhi,
kua pehepehe oia ki te nako
hanga
toki,
"Orooro toki, orooro
ki te tua o Kuhi e te
Orooro toki, orooro toki,
e :
orooro
tama.
orooro
ki te tua
o
Kuhi
e
te tama.
Orooro toki, orooro toki,
ki te tua
o
Kuhi
e
kura,
orooro
e
Rata
projeta de
construire
Ils demanda à Kuhi de lui donner
hache
pour
tailler son
une
bateau. Kuhi lui dit
:
"Vas dans le
coin
(de la maison) où se trouve
pendu le panier de ton grand'
père, prends-y ta hache et viens
l'aiguiser sur mon dos".
Quand
Rata
aiguisa
sa
hache sur le dos de Kuhi, il
fredonna : "Frotte hache, frotte
hache, frotte sur le dos de Kuhi
par ton petit (bis). Frotte hache,
frotte hache, frotte sur le dos de
Kuhi
qui rougit".
kura".
Ki mûri iho, kua haere Rata
ki roto ki te uru rakau no te kimi
ki te rakau patitika e te viravira
kia tano ei vaka no'na. Kua kite
hia'mai'ra kia'na te rakau pati¬
tika e te viravira. Kua tapu atu'ra
Rata ki. ta'na mea rakau. Kia
topa ta'na mea rakau ki raro, kua
Ensuite, Rata se rendit dans
chercher l'arbre
droit et beau qui lui conviendrait
comme bateau. Il finit par le
trouver
et
le coupa. Quand
l'arbre tomba, le soleil venait de
la forêt pour
se
coucher.
Rata rentra à la
hirari te hana. Kua hoki ia Rata
ki te fare.
maison.
Kia tae Rata ki te fare, te
reko mai nei to'na ruau kia'na :
"Kua tu hoki to rakau e Rata".
maison,
"Ton arbre est
No to'na rohirohi kaore Rata ki
Rata".
haapao atu ki te reko
attention à
a
se
bateau pour aller trouver
l'endroit où périrent ses parents.
un
Dès que
to'na
tupuna.
sa
Études
encore
Fatigué, Rata
grand'mère.
Société des
Rata arriva à la
grand'mère lui dit :
Océaniennes
ce
que
debout
fit pas
lui dit sa
ne
663
Ki
ruki hanga ake, ki roto
kite'ra Rata e
te
ki ta'na moe, te
kua oti to'na vaka
ki tua ki te tai.
Kia
e
te toro hia'ra
te tarai ki to'na vaka. Kia tae
o'na ki te vahi ta'na ki tapu ki
ana
mea
rakau, roko hia'tu
kua tika ta'na
mea
e
rakau ki
Kua tupu to'na maere.
hipahipa o'na ki taua tumu
rakau'ra e kua kite papu iho'ra
runga.
Kua
o'na
e
ko taua tumu rakau iho'â
ta'na ki tapu, no te mea te
te
hia
panikere ki te konga ki topa
e te rakau. Kua tapu hakahou
iho'ra Rata ki ta'na
ite
vai'ra
hanga ia
o te
atu'ra o'na ki
mea
rakau, te
hana. Kua turaki
te tumu
rakau ki te
tahi aronga
ke atu. Ki te topa
hanga te tumu rakau ki raro, kua
hirari
ki
te hana. Kua
hoki ia Rata
fare.
te
Kia tae Rata ki te fare, te
nako mai'ra to'na tupuna kia'na :
"Kua tu hoki to rakau e Rata".
Kua riri iho'ra Rata ki te reko
a
to'na tupuna. Kua reko hakahou
mai'ra Kuhi kia'na : "No te aha
koe ki kore ai ki poro kia TongoHiti ? Kaore koe ki kite e, e fatu
to te rakau ?
Ko
Tongo-Hiti te
tuputupua no te uru rakau".
Kia
Rata
fit
un
A l'aube Rata retourna dans
roto ki te uru rakau
no
nuit-là.
Il vit que son bateau était
fini et qu'on le poussait par un
"koehae" (faille dans le récif ou
très petite passe).
ngangainoa ake, kua
hoki Rata ki
ta'na
Cette
songe.
la
forêt
poursuivre
pour
la
construction
de
son
bateau.
Arrivé sur son chantier, il ne
trouva
d'arbre
pas
examina les lieux
l'arbre abattu debout à
Il fut surpris de cette
constatation. Il
sement
cet
Il
par terre.
et reconnut
place.
étrange
regarda soigneu¬
arbre et
sa
se
rendit
qu'il s'agissait bien de
celui qu'il avait coupé la veille
puisqu'il était possible de voir la
trace de sa chute. Il le coupa à
nouveau mais le
poussa dans une
autre direction.
Quand l'arbre
compte
tomba, le soleil venait aussi de
se
coucher. Rata rentra à la maison.
Ce fut le deuxième
jour.
Dès l'arrivée de
maison,
sa
"Ton arbre est
Rata".
Il
Rata à la
grand'mère lui lança
se
de
encore
mit
en
:
debout
colère
aux
grand'mère. Kuhi
ajouta : "Pourquoi n'as-tu pas
appelé Tongo-Hiti ? Ne sais-tu
donc pas que l'arbre a un pro¬
priétaire ? Tongo-Hiti est le Sei¬
gneur de la forêt".
propos
ngangainoa ake, kua
te honga
tapu ki te rakau, roko
sa
hoki hakahou Rata ki
ta'na
hia'tu
ki
kua tika hakahou
tajna mea rakau ki runga. Kua
haka-pango o'na ki te vahi ki
panikere ki te topa hanga o te
rakau. Kua taka papu iho'ra o'na
e, kua tika mau iho'â ta'na mea
e
ana,
rakau ki runga. Te ngeti hanga ia
te hana. Kua tapu hakahou
o
Société des
Études
A l'aube du troisième
Rata
retourna
de
jour,
nouveau
sur
chantier. Il retrouva
l'arbre,
encore debout, à sa place habi¬
Il contempla
tuelle.
la trace
laissée par sa deuxième chute et
conclut qu'il s'agissait bien de
son
son
arbre. Il le coupa encore et
dès
qu'il tomba, le soleil yenait
Océaniennes
664
ki ta'na
Rata
rakau.
mea
Kia
topa te tumu rakau ki raro, kua
hirari te hana. Kaore'ra Rata ki
hoki
ki te fare.
o'na ki roto ki
Kua
piri-kura
te ngahere kia kite
na'hea ta Tongo-
o'na e, e mea
Hiti kia faka-tika ki ta'na
aussi de
se
rentra pas
coucher. Mais Rata
ne
cette fois-ci à la mai¬
son.
Il
pour
voir comment "Tongo-Hiti"
se
cacha dans la brousse
redressait l'arbre.
mea
rakau.
Ki to'na piri-kura hanga, te
kite'ra Rata kia Tongo-Hiti ki te
faka-tika hanga ki ta'na
rakau
mana.
ki
roto
na
to'na
Te rekoreko'a
ki te nako
"Ka
hanga
hoki
Ka hoki
e
Tongo-Hiti
e :
te
e
perapera,
Ka hoki e te
te
Alors
mea
mana-
hanga
qu'il
se
cachait, Rata
vit "Tongo-Hiti" relever l'arbre
"Manamana" (pouvoir).
"Tongo-Hiti" s'adressant à
par son
l'arbre disait
:
"Retournez
Retournez
hanga amaa,
hanga kamara,
feuilles,
branches,
Retournez copeaux,
Ka hoki
e
te
tapau,
Retournez
Ka hoki
e
te
kiri,
Retournez
sève,
écorce,
Rejoignez votre tronc.
Ka hoki koutou
e ka keta
Ki runga ki to koutou tumu.
Ka tika mai koe e te tumu
rakau".
Relève-toi arbre".
Te tika mai'ra te tumu rakau
ki runga, turura kia iho'ra e
Alors que
l'arbre commençait à
relever, Rata cria et l'arbre
Rata, kua topa hakahou atu'ra
se
te tumu rakau ki raro.
retomba par terre.
Ki
Rata,
te
turura
hanga hia
e
atu'ra te hanga
Tongo-Hiti e riro
purara
kuhane
o
atu'ra ei
hanga
manumanu no te
; e unga, e kaveu, e tupa, e
kakararu e te tahi atu'â hanga
vao
manumanu
e
ora
nei i roto i
te
Quand Rata eut crié, les
esprits de "Tongo-Hiti" se disper¬
sèrent
et
se
transformèrent
bêtes de la forêt
de
:
pagure,
cocotier, crabe de terre,
en
crabe
can¬
crelats et autres bêtes vivant
maintenant dans la forêt.
vao.
Kua
reko
Tongo-Hiti
atu'ra
Rata
kia
"Ka hua'nei koe e
mate ai kia'ku". Kua pahono
mai'ra Tongo-Hiti kia Rata :
"Kaore koe ki kite e, e fatu to te
:
rakau ? No te aha koe ki kore ai
ki makomako ki tokù ingoa ? Ko
vau
te
tuputupua
no te
vao".
Société des
Études
Rata s'adressant à "TongoHiti" dit : "Je vais t'anéantir".
"Tongo-Hiti" répliqua : "Ne saistu pas que l'arbre a un proprié¬
taire ? Pourquoi n'as-tu pas ap¬
pelé mon nom ? C'est moi le
Seigneur de la forêt".
Océaniennes
665
Kua
tatara-hapa iho'ra Rata
hape. Kua ani atu'ra oia
kia Tongo-Hiti kia tauturu kia'
na ki te tarai hanga ki to'na vaka.
ki to'na
Rata regretta d'avoir en¬
freint la loi de la forêt et s'excusa.
Il sollicita l'aide de "Tongo-Hiti"
la
pour
construction
de
son
bateau.
Ki te reira iho'â
tarai
o
Tongo-Hiti
ki te vaka
vava
roa'ke'ra
hopaki ki
ruki, kua
to'na hanga
Rata
o
ka toro
e
e
roa
e oti
hia'tu ai ki
ki te fare
mua
o
Rata.
Ki te hoki hanga Rata ki te
fare, te reko mai'nei to'na
tupuna-vahine kia'na : "E kaito
koe
mau
Kia
Rata".
e
herako ake, kua
tupuna-vahine : "E
reva nei au ne te rake
no
kimi ki oku
te
"Ka
nau
mai'ra
pahono
haere'tu
ki
ki te hakari pani, ko niu
toro, ko tahiti tokerau. Ka rave
mai ki te ngora aau no te hakarunga
torinorino ki
koe
ki
o
te
moana
makui".
nau
lagon devant
poussèrent
demeure.
sa
Quand Rata rentra à la mai¬
grand'mère lui dit : Rata,
es un vrai "Kaito" (héros doté
pouvoirs surnaturels).
son, sa
tu
faka-
tere e nako
atu'ra ki to'na
makui".
Kua
Kuhi kia'na :
nuit même, "Tongoaides construisirent le
ses
bateau de Rata et le
dans le
de
ineine Rata ki to'na
Kuhi, te
taka-rari
Cette
Hiti" et
Rata
les prépa¬
Il dit à sa
grand'mère : "Kuhi, je pars en
mer
retrouver
mes
parents".
Kuhi lui dit : "Cueilles quelques
noix du cocotier "Pani" (huile).
Tu utiliseras l'huile que produi¬
sent ces cocos pour huiler la
ratifs de
commença
son
voyage.
kia kite
surface de l'océan. Cela te per¬
mettra de voir tes parents au
Kua
fond de la mer". Rata s'exécuta.
na
reira iho'ra Rata.
mua'ke'ra Rata ki te
Na
faka-reva hanga, kua tuku atu'ra
ki
o'na
te
tahi
ingoa no to'na
ki poro ko "Te Ao
vaka ko ta'na
Piko-Piko"
ei
haka
manako
hanga i te ohipa ta'na ki kite ki
ki ta'na
roto
Toro atu'ra
e
vai ki
"Te Pakana"
Upu"
e
Rata
na
roto
ki
ki
à
son
bateau.
"Te Ao Piko-Piko"
souvenir de
son
songe
qui
s'était réalisé.
to'na
roto ki te
na motu
"Na
Upuvai ki te henua'ra ko "Te
Puka-Maruia".
en
nomma
ao.
vaka ki tua ki te tai
koehae
Il le
partir, Rata décida
un nom
ko tei puroa
moe e
mai ki teie nei
Avant de
de donner
raua
No
te
toreu
ko
Société des
Études
Rata poussa son
l'océan
trouve
par
bateau vers
le "koehae" qui se
entre
Pakana" et "Na
les
"Te Puka Maruia".
Océaniennes
îlots
"Te
Upu-Upu" sis à
Mais
son
666
to'na vaka, kaore ki hemo ki tua
ki tai no te korereka o te koehae.
Kua poro atu'ra Rata ki te hanga
courut aux
kuhane
lui venir
Kuhi kia tomo ki roto
kia'na kia hemo to'na vaka ki
o
tua. Kua poro
kuhane
ia o'na ki te hanga
Kuhi
o
roto i te tahi
na
bateau était trop grand pour
sortir par ce "koehae". Il re¬
esprits de Kuhi pour
invoqua donc
le "Mana" (pouvoir) de Kuhi par
un "Patau" (chant
dynamique). Il
incanta
patau ki te nako hanga e :
"Ho-kata i te tua,
Ho-kata i
e
koe
ma
grand'mère Kuhi.
Taku
Kuhi
tupuna-vahine o Kuhi.
O Kuhi hoki te peka i runga
nei,
O Kuhi hoki te peka i raro
peut
trouver
en
Kuhi peut se trouver en
a des pouvoirs en
bas.
bas
se
haut.
Elle
nei.
(ici-bas),
nei hoki
raro
te
tahi titi
oeoe,
Tei runga
e
:
Vous riez à
Ho-kata-kata hia'ra
Tei
aide. Il
"Riez derrière mon dos,
Riez ceux du ciel,
rangi,
te
en
nei hoki te tahi titi
ta
oeoe.
Te
peke'ra,
ua
hea. E
ro
! i !
! he !"
Elle
o
des
pouvoirs
en
haut.
récif. Il
le
Hemo atu'ra te vaka
ki te oti hanga
a
Envole-toi (mon bateau) !"
Quand Rata eut fini son
incantation, son bateau sortit du
s'y embarqua et partit
grand océan.
sur
Rata ki
tua
ta'na mea
patau. Heke iho'ra o'na ki runga
ki to'na vaka
ka tere atu ai
e
na
te
moana.
Ki mûri iho ki te
o
hanga
hia te koehae
Rata, kua poro
reva
ta'na ki faka-reva ki to'na vaka e
ko "Te Puta-Korereka" no te
mea
no
vaka
o
to'na korereka, kaore te
Rata ki hemo ki tua. Te
konga ta Rata ki patau ki to'na
hanga ki to'na vaka, kua
poro hia e ko "Ho-Kata", e
toro
tahora teie
e
vai ki
te
motu no
O'ngare ki te henua'ra ko "Te
Puka-Maruia".
Puka-Maruia".
Kia tae Rata ki te konga ki
ai o'na nau makui, kua
Quand Rata arriva à l'en¬
mate
haka-torinorino oia ki
Kua
droit présumé de la mort de
te moana.
nau
makui
kite atu'ra ki
deux
"Kapuku" (pâté de corail),
rappelant la forme humaine,
ko tei riro ei
Société des
ses
parents, il entrepris d'huiler la
mer.
Il regarda au fond et vit
haka-pango haere o'na ki
roto ki te moana e
o'na
Après le départ de Rata, le
qu'il a utilisé pour
sortir son bateau fut appelé "Te
Puta-Korereka" (petite porte ou
ouverture) en raison de sa peti¬
tesse par rapport à la taille du
bateau de Rata. La plage où
Rata invoqua le "Mana" de Kuhi
fut appelé "Ho-Kata" en sou¬
venir de son "Patau". Cette plage
(c'est aussi une place) se trouve
sur l'îlot de
"O'nagre" à "Te
"koehae"
Études
Océaniennes
667
kapuku. E konga ke to te tahi, e
konga ke to te tahi. Kua au'è
iho'ra Rata ki te nako hanga e :
situés à proximité l'un de l'autre.
"Au'è korua e aku nau makui ko
tei tiria ki te moana".
bouche
Te
hopea hanga ia
o
Il conclut
qu'il s'agissait là de
:
"O
! c'est
vous
teie
Ainsi
se
termine
légende.
Légende communiquée
par l'Association Culturelle et
"TA MA RIKl TE-PU KA-M A RUIA"
Société des
mes
parents qui périrent en mer".
tuatua'kakai.
B.P. 3317
ses
parents. Une plainte sortit de sa
-
PAPEETE
Études
Océaniennes
Folklorique
cette
668
Comptes rendus
Gathercole Peter, Kaeppler Adrienne L., Newton Douglas, The Art of The
Pacific Islands. Washington, National Gallery of Art, 1979, 365 p., ill. noir et
coul., cartes, bibliogr., 28 cm.
De Tibor
Bodrogi à Gilbert Archey, et d'Alfred Btihler à Edward Dodd en
Guiart, Marguerite Mead, Madeleine Rousseau, les albums qui
ont la prétention de nous présenter les pièces essentielles de YArt du Pacifique ne
manquent pas. Celui-ci a été parfois chercher assez loin et jusque dans des
collections privées les objets qu'il offre à nos regards. La liste des organismes
ayant consenti à des prêts ne comporte pas moins de deux pages : d'où son intérêt
particulier.
passant par Jean
En
concerne la Polynésie Française, l'ouvrage nous présente un beau
deuilleur, actuellement conservé au Bishop Museum à Honolulu et
deux parties d'un autre costume. Remarquons également une sculpture à deux
têtes rapportée par un officier anglais en 1822 ainsi que d'autres statuettes. Voici
trois manches sculptées de chasse-mouche ; le plus beau appartient au Musée
d'Otago en Nouvelle-Zélande. Voici une image de dieu, sans doute celle d'Oro, en
bois recouvert d'une vannerie, conservée à Cambridge ainsi qu'une boîte en bois
destinée à conserver les choses précieuses (perles, plumes, etc...) dont les
extrémités sont remarquablement sculptées avec des motifs en chevrons. Voici des
appuis-tête provenant du deuxième voyage de Cook et une "chaise" d'une
admirable pureté, la plus grande qui ait été recueillie dans les îles de la Société.
Voici enfin un tambour, pahu ; il est fait de bois recouvert d'une
peau de poisson
tendu par des cordelettes tressées : une très belle pièce qui aurait été rapportée par
Cook et qui est actuellement au Musée d'Etnographie de Vienne.
ce
costume
un
qui
de
Joignons encore à ces pièces tahitiennes, quelques objets des îles Australes :
magnifique tambour de Raivavae dont la base est taillée en des motifs à
clairevois. Plusieurs modèles du même ordre
décoratifs ; des têtes de lances si abondamment
vraisemblablement une divinité qu'un objet de
mouche dont l'un
des
pendentifs
a
conservé
sa
ornementaux et
queue
un
avec
des variantes dans les motifs
sculptées qu'elles représentent plus
lutte. Voici des manches de chassede cheval. Notons encore quelques pilons,
bol.
Des îles
leurs yeux
conservé
Gambier, plusieurs images de Dieu, grandes sculptures en bois avec
si caractéristiques ainsi qu'un "garde-manger" bien connu car il est
au
Musée de l'Homme.
Société des
Études
Océaniennes
669
Les autres archipels du Pacifique sont également bien
représentés. Voici, des
Marquises, des modèles de tatouage dont l'un, un bras grandeur naturelle, a
été rapporté par Robert-Louis Stevenson. Voici naturellement de très belles
massures aux têtes ornementées de
multiples visages, des pédales d'échasses, des
bols, des tikis doubles, ainsi que des ornements d'oreille en ivoire marin, de très
belles couronnes en vannerie avec des motifs en coquillage et écaillée de tortue.
Les manches d'éventail sont également bien représentés. Voici enfin un ornement
de canot figurant un homme assis, une pièce admirable, qui a
mérité un
agrandissement en couleur sur Ja première page du catalogue.
îles
Une excellente introduction
Mers du Sud
avec
un
excursus
nous
apporte une vue d'ensemble
intéressant
concernant
sur
l'art des
l'influence de la culture
lapita.
Un ouvrage pouvant
servir de livre de référence dans
une
bibliothèque
océanienne.
Patrick O'Reilly
Emory Kenneth P. et Maude
Homa Press
-
Honor, String Figures of the Tuamotus. The
(150 pages et nombreuses illustrations)
Canberra 1979
-
Les
jeux de ficelle sont un aspect original et méconnu de la culture paumotu.
depuis les temps les plus anciens - Bligh en fait déjà mention lors de son
passage à Tahiti en 1789 - ces figures appelées "fai" tantôt représentent un moyen
de communication entre les hommes ou simplement celui d'établir une amitié tout
en prouvant son habileté, tantôt illustrent un
épisode de la vie des héros
mythiques ; dans ce cas l'élaboration de la figure est accompagnée d'un chant bref
résumant le symbole qu'elle est censée contenir. Le "fai" de Maui piégeant
le
soleil et celui de Turi sont les figures les plus célèbres aux Tuamotu et l'on se doit
de les reproduire parfaitement si l'on veut maîtriser l'art des jeux de ficelles.
Utilisés
et
Les "fai" ne sont pas seulement considérés comme une occupation enfantine
certains adultes y excellent, parfois simplement pour tromper la monotonie
quotidienne des atolls. Une lanière sèche de pandanus suffit pour réaliser les
figures les plus compliquées. La technique des jeux de ficelle se transmet par la
simple observation de leur élaboration qui, à partir de complications diverses,
peut aboutir à un très grand nombre de figures possibles.
Loin d'être
particuliers aux Tuamotu, puisqu'on les retrouve un peu partout
triangle polynésien, les "fai" présentent un intérêt spécial dans la mesure
où la comparaison des différentes figures ou de leurs
appellations, parfois
différentes selon les atolls, et l'étude des structures communes que l'on retrouve à
des milliers de kilomètres, éclairent leur itinéraire de diffusion et par là, celle de la
culture polynésienne en déterminant des aires culturelles homogènes.
dans le
Le Professeur K. Emory, spécialiste de la culture
observé l'élaboration de ces jeux de ficelles et a
matérielle des Tuamotu, a
recueilli les chants qui
l'accompagnaient auprès d'informateurs locaux à travers une quinzaine d'atolls de
l'archipel des Tuamotu. Ainsi 83 figures sont-elles reproduites et décrites dans le
détail. Avec beaucoup de patience le lecteur pourra alors exécuter "la tortue
Société des
Études
Océaniennes
670
blanche", "la chaetodon", "la
caverne aux
requins"
ou encore
"le
marae
de Maui".
L'introduction de Honor Maude éclaire, par
la comparaison de ces figures
polynésiennes, leur diffusion dans le Pacifique
Sud et fait ressortir l'originalité des "fai" paumotu par rapport aux autres "fai"
polynésiens.
dans les différentes aires culturelles
C. Langevin-Duval
Van Hoorebeeck
Albert, La vérité sur l'île de Pâques. 1979
d'Antoine, Le Hâvre. 312 p. illst ; carte-bibl.
-
Édit. Pierrete
L'auteur l'annonce d'entrée de jeu : il n'est pas de formation scientifique, mais
journaliste. Consciencieux, il a effectué 7 séjours dans l'île et a voulu contrôler
toutes les données historiques déjà publiées. Son souci d'exactitude l'a poussé à
lire Roggeveen dans le texte original, à dépouiller les archives chiliennes etc...,
bref, un comportement qui nous surprend agréablement car trop d'auteurs
francophones ont romancé des données qui n'avaient pas besoin de l'être.
Évoquant ceux qui ont attaché leur nom à l'île de Pâques, Van Hoorebeeck écrit
"Mazière, critiqué, tellement critaquable ne peut être oublié dans cette
nomenclature, il fut sans doute le plus grand vulgarisateur de l'île, grâce
notamment à son film dont les images sont excellentes. Las, Mazière est d'une
rare partialité, déjà signalée, et si souvent "creux".
Certes, l'auteur apporte plus de précisions que de grandes nouveautés au
Pâques, mais l'ouvrage me semble fort utile car il
dispense d'en lire beaucoup d'autres, et c'est un grand mérite. Il constitué une
somme critique et vérifiée des connaissances actuellement acquises. Accompagné
de photographies et d'une grande carte, il se termine par une bibliographie
sélective. Une bibliographie très importante, peut-être la plus complète à ce jour, a
été publiée dans les Bulletins des Musées Royaux d'Art et d'Histoire, de Bruxelles.
(Bulletins 48 et 49).
savoir des familiers de l'île de
Ce belge disert et affable, membre de notre Société, nous avait rendu visite à
Papeete, alors qu'il mettait la dernière main à son travail. Il devait mourir
quelques jours après la parution de son ouvrage.
P. Moortgat
Wiltgen
Ralph M., The Founding of the Roman Catholic Church in Oceania
University Press 1979. Canberra. 610 p.
1825-1850. Edit. Australian National
ill. bibl.
L'auteur Ralph M. WILTGEN, de la Congrégation
missionnaire du Verbe
Divin, originaire de Chicago, en donnant ce titre à son livre 610 pp., en a fixé les
limites et l'importance. La fondation de l'Église Romaine en Océanie ne part
Société des
Études
Océaniennes
671
vraiment que des faits et événements
voit la fondation de la Préfecture
qui ont eu une suite définitive ; l'année 1825
Apostolique des îles Sandwich et en 1850
s'achève l'organisation de tout le Pacifique en Vicariats Apostoliques qui
deviendront des diocèses. De ce fait tout ce qui précède, en particulier les voyages
des Espagnols à partir du Pérou ou du Mexique ou des Philippines pendant 250
ans n'entre pas dans la "fondation".
L'importance du livre vient de
historien qui est allé à
de la Foi à Rome, celles des
Pontifical pour les Missions
étrangères et même celles du_"Catholic Weekly" dont quelques documents sont
reproduits. H.E. Maude de l'École de Recherches et d'Études du Pacifique convié
par "The Australian National University Press" d'écrire l'avant-propos, dit :
"C'est une étude définitive... une œuvre d'érudition majeure... une histoire
convaincante... extrêmement agréable à lire... une chronique dramatique... et
absolument passionnante". Ce sont ces impressions dominantes qui restent après
lecture. L'auteur ne fait pas que "dépoussiérer" des lettres... il fait revivre des
personnages dans leur action essentielle, sans concession aucune à leur caractère
oit leur petitesse, leur;? intrigues, sans oublier le complet dépaysement de
missionnaires transportes au bout du monde, ou les rivalités avec les protestants.
Mais la "fondation" de l'Église Catholique n'est pas décrite d'abord à partir des
"pays de mission", mais à partir des causes qui ont, la plupart du temps de
l'Europe et de Rome, exercé une influence première ou déterminante sur la
fondation de l'Église Catholique à travers tout le Pacifique : pays polynésiens,
mélanésiens, micronésiens, Nouvelle-Zélande, Australie.
ce
qu'il est écrit
par un
les sources : les archives de la Propagation
Pères des Sacré-Cœurs, des Maristes, de l'Institut
toutes
Dans
25
d'histoire, l'Océanie orientale est en première place puisque
catholiques sont arrivés par l'Est aux Hawaii, puis aux
Gambier. En 1850, Mgr Tepano Jaussen, Vicaire Apostolique de Tahiti, en était à
sa première année d'épiscopat. Les lecteurs qui s'intéressent plus spécialement à la
Polynésie sauront comment et pourquoi s'est fait le découpage des différents
Vicariats Apostoliques — et ce qu'il faut penser des relations de l'Église et de
l'État (question toujours d'actualité).
ces
ans
les missionnaires
Ce livre enrichi
Il ouvrira à
de beaucoup d'illustrations, se lit dans une magnifique
beaucoup un monde inconnu, en éclairera d'autres sur les
origines du catholicisme, dans le Pacifique, il contribuera à établir la vérité dans
ce
qu'elle a d'inconfortable parfois, mais toujours d'irrésistible.
édition.
Il restera un jour, à d'autres, et pour chaque diocèse du Pacifique à faire le
lien entre la "fondation" et ses suites... Le Père Ralph M. WILTGEN, qui est aussi
un historien du second Concile du Vatican (Le Rhin coule vers le Tibre : une
histoire de Vatican II) à aucun moment ne s'enferme dans une "missiologie" où il
aurait d'abord le moment de la fondation et puis à un autre celui de la
où l'Église s'ouvre aux peuples et les
peuples à l'Église et le mouvement est incessant. Il faut plutôt voir dans le titre
"Fondation" le fait qu'historiquement il y a eu dans un même temps un
engagement conscient et total de Rome, et un mouvement missionnaire et
religieux extraordinaire en France et en Europe dans des congrégations
naissantes. C'est l'agencement ponctuel de ces 2 forces qui est raconté avec
précision, en nous économisant tout ce qui est secondaire.
y
consolidation... il y a plutôt le moment
Papeete, le 6 août 1980
Mgr Michel Coppenrath
Société des
Études
Océaniennes
672
correspondance suscitée par l'article de M.J. Tallandier
dans notre dernier numéro : "Les Tsunamis en Polynésie
Française" N° 210, nous extrayons de la lettre de M. l'Amiral Storelli,
ancien commandant de la "Jeanne d'Arc", les passages suivants relatifs à
l'incident de mer évoqué par M.J. Tallandier.
Parmi la
parue
Nous faisions route de Hawaii vers Tokyo. Notre programme initial
comportait effectivement une traversée Papeete-Tokyo, par l'île de
Guam, mais il avait dû être modifié à la suite de la rupture entre Balboa et
Lima, de l'arbre porte hélice tribord. Cet incident nous avait contraints à
faire demi-tour pour passer au bassin de Balboa afin de vérifier la nature
et les conséquences éventuelles de l'avarie.
Il avait finalement été décidé de poursuivre la croisière sur la seule
ligne d'arbre bâbord, mais pour différentes raisons en passant par le
Pacifique nord. Nous devions ainsi nous recaler sur notre programme
initial à Tokyo et delà gagner Hong Kong où le tronçon défaillant de la
ligne d'arbre tribord serait remplacé par un tronçon neuf expédié de
France.
Au départ de Hawaii le 22 Janvier, nous avions fait route à l'Ouest
aussi longtemps que possible pour éviter de pénétrer dans la zone des
mauvais temps qui, dans cette région du Pacifique, affectent les latitudes
à
partir des parallèles 25° 30° N. Mais dans les premiers jours de février, il
avait bien fallu infléchir la
route vers le Nord-Ouest, et, comme nous nous
entrés
attendions
étions
dans une zone de très mauvais temps. Elle
était caractérisée par des suites ininterrompues de dépressions creuses,
y
avec
nous
fronts froids très accentués. Les
vents très
violents soufflaient de
l'Ouest Nord Ouest, avec saute
passage
des fronts. La
mer
brusque au N.N.O. et même
était très grosse.
au
N.
au
Le 4 février 1963, nous étions donc à la cape tribord amures à faible
vitesse, sur la seule hélice qui nous restait (heureusement l'hélice bâbord,
sans quoi nous aurions eu bien des difficultés pour parvenir à
destination). J'étais évidemment sur la passerelle attentif au comporte¬
ment. Autant que je m'en souviens, la houle principale venait du N.O.,
mais la mer était très hâchée, en raison des brusques et assez fréquentes
sautes de "vent vers le Nord. A un moment donné, j'observai au voisinage
de notre travers tribord, à 2 nautiques environ, un véritable mur liquide
qui se dirigeait vers nous. La barre fut aussitôt mise toute à droite et la
machine bâbord en avant aussi vite que le permettait sa modeste
puissance, ce qui nous fit abattre d'un nombre de degrés pas très
considérable mais suffisant quand même pour aborder l'obstacle liquide
avec une incidence convenable, et... le franchir. Derrière ce mur, il
y en
avait un second très approché, tout aussi abrupt et derrière le second, un
troisième.
Société des
Études
Océaniennes
673
Les trois lames
trois
caractéristiques
auxquelles
nous avons
été confrontés présentaient
:
leur front était peu
étendu, peut-être deux à trois milles.
qui naviguait de conserve, à quatre milles
environ sur notre arrière ne les a pas ressenties.
elles étaient très rapprochées ; après avoir tant bien que mal
franchi la première, nous avons eu l'impression de tomber dans un trou ;
cette impression s'est renouvelée entre la seconde et la troisième.
comme elles étaient très hautes, environ 15 mètres, leurs parois
étaient très abruptes ; sans doute étaient elles quelque peu déferlantes,
mais pas à un point tel que nous en ayons été frappés.
—
L'escorteur "Victor Schoelcher"
—
—
qu'on puisse se faire une opinion, nous pensons que l'origine
phénomène est une interférence locale entre deux houles, la houle
des ventes de NO et celle des vents hâlant le Nord au passage des fronts
froids, dont j'ai dit qu'ils étaient très marqués et accompagnés de rafales
extrêmement violentes. Mais ceci n'est qu'une hypothèse.
Autant
de
ce
Société des
Études
Océaniennes
Société des
Études
Océaniennes
Le Bulletin
l'impression de tous les articles
qui paraissent dans le Bulletin mais cela n'implique pas qu'il
épouse les théories qui y sont exposées, ou qu'il fait sien les
commentaires et assertions des divers auteurs qui, seuls, en
Le Bureau de la Société accepte
prennent toute la responsabilité.
Aux lecteurs de former leur
Le Bulletin
ne
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La Rédaction.
publiés, dans le Bulletin, exceptés ceux dont l'auteur
droits, peuvent être traduits et reproduits, à la
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les
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étudiants
-
pays
étranger
-
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Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 211