B98735210103_202.pdf
- Texte
-
BULLETIN
DE M
SOCIETE
.
•
V
'
-,
N°202
TOME XVIl-N°3/MARS 1978
Société des
Études Océanienne^
t.- /
'V;
.
-,
'
DES BUDES
OCENNIENNES
.
îg
Société des études océaniennes
Ancien musée de
Papeete, Rue Lagarde, Papeete, Tahiti.
Polynésie Française.
B. P. 110
Tél. 2 00 64.
-
CONSEIL D'ADMINISTRATION
M. Paul MOORTGAT
Président
M. Yves MALARDE
Vice-Président
Mlle Janine LAGUESSE
Secrétaire
M.
Trésorier
Raymond PIETRI
assesseurs
Me
Rudolph BAMBRIDGE
M. Roland SUE
M. Henri BOUVIER
M. Temarii TEAI
Dr. Gérard LAURENS
M. Maco TEVANE
Me Eric LEQUERRE
Me Jean SOLARI
M. Raoul TEISSIER
MEMBRES D'HONNEUR
M. Bertrand JAUNEZ
R. P. O'REILLY
M.
Georges BAILLY
Pour être Membre de la Société
se
faire présenter par un
membre titulaire.
Bibliothèque
Le
Conseil
d'Administration informe
ses
membres qu'ils peuvent
emporter à domicile certains livres de la Bibliothèque
reconnaissance de dette
où ils
en
signant
une
rendraient pas le livre emprunté à
la date fixée. Les autres peuvent être consultés dans la Salle de lecture du
au cas
ne
Musée.
La Bibliothèque et la salle de lecture sont ouvertes aux membres de la
Société tous les jours, de 14 à 17 heures, sauf le Dimanche.
Société des
Études
Océaniennes
Bulletin de la Société des
Mars 1978 -
"Chefs et Notables des E.FO.
au
Études Océaniennes
n° 202
temps du Protectorat (1842-1880)".
Errata
: page 77, au lieu de Eata
tane, lire Fata tane.
81, notice Taura'atua Tati, au lieu de chef de clan des Tevai
i Tai, lire chef du clan des Tevai i Uta.
page
Légendes de photographies
: page 130, Temauiari'i
Mari de Teri'imaevarua II Pomare.
page
page
a
Mai, lire
133, Itebela Shaw, lire femme de Teri'itua Joinville Pomare.
133, Ari'ipeu a Hiro, lire Frère du mari de la reine Pomare IV.
Nous remercions vivement Messieurs Jacques Taura'a et
J-B. Bouit pour les renseignements
complémentaires suivants :
page 25, notice Marura'i Tauhiro, ajouter aux enfants : lOème
Tetuanuifa'ateata, née le 5/12/1878 à Teaharoa, décédée le
5/12/1918 ; mariée
en
octobre 1913 à Maupiti
avec
Paputea.
Puanuiotoa
a
102, descendants de la famille Teharetua Maheanu'u a Mai,
ajouter à 3° Tehaeretuanui : de sa première union avec Georges,
Henry Temahahe Deane, deux enfants mâles : Tutehauri
Georges (1873-1933) - Ebenezer, décédé à Rarotonga.
page
Société des
Études
Océaniennes
Raoul Teissier
CHEFS et NOTABLES
des
Établissements Français de l'Océanie
AU TEMPS DU PROTECTORAT
1842—1880
SOCIÉTÉ DES ÉTUDES OCÉANIENNES
Papeete -1978
Société des
Études
Océaniennes
PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ
—
Journal de James Morrisson, second maître à bord de la
"Bounty", traduit
Bertrand Jaunez, 1966.
par
—
—
nie
Raoul
TEISSIER, Les cyclones en
Raoul
au
Polynési^ Française, 1878.1903.1905.1906
TEISSIER, Chefs et notables des Établissements Français de l'Océatemps du Protectorat, 1842 - 1880.
E. de BOVIS, État de la Société Tahitienne à l'arrivée des
européens. Nou¬
velle édition précédée d'une introduction
—
par
Société des
Études
P. O'Reilly (à paraître).
Océaniennes
INTRODUCTION
Nous avons l'intention de présenter dans ce recueil les
biographies des chefs, juges et cadres de Tahiti et de Moorea,
ayant exercé leurs fonctions sous le gouvernement du Protectorat
français. Par le fait même, nous nous intéresserons à leurs
familles, ascendants et descendants.
Une de
principales demeure les "Notes" rédigées
de Tahiti, Bruat en mai 1847,
Lavaud en décembre 1849, etDubouzet, de 1855 à 1858, concernant
le personnel indigène de l'Océanie française. Ces "Notes",
conservées à Paris à la Section Outre-Mer des Archives de France,
par
nos sources
les premiers
gouverneurs
étaient destinées à leurs successeurs de manière à leur donner
exacte de la situation.
une
vue
Pour la
période antérieure au Protectorat nous avons cherché
renseignements tant dans les récits des voyageurs qui
visitèrent Tahiti que dans des documents — livres, journaux,
lettres, rapports — provenant des envoyés de la Société
Missionnaire de Londre, premiers évangélisateurs de l'île. La
collection du vieux Messager de Tahiti, premier journal officiel du
Territoire, a été également utilisé avec profit.
nos
Un des points d'achoppement de ce travail provient de la
mobilité et de .l'orthographe des noms de nos personnages. Le
tahitien d'avant l'arrivée des Européens ne possède pas un nom
fixe. Et il en possède plutôt deux ou trois qu'un seul. Une adoption,
une
union,
un
deuil, même une maladie
grave,
motivaient pour les
anciens tahitiens la prise d'un nouveau nom pour perpétuer
l'événement,
pour
garder le souvenir d'êtres chers et illustres.
Dans la mesure du possible, tous les noms cités dans cet ouvrage
ont été contrôlés au fichier généalogique du greffe du tribunal ou
dans les procès-verbaux des séances de la Haute-Cour tahitienne,
le tribunal des To'ohitu. L'orthographe adoptée par nous est celle
acceptée
par
l'état civil.
★
Société des
Études
Océaniennes
4
RAOUL TEISSIER
Le gouvernement du Protectorat a duré près de trente huit ans,
situant entre le 9 septembre 1842 et le 29 juin 1880. A notre avis,
cette période pourrait être divisée en deux parties. La
première de
1842 à 1846 ; la deuxième de 1847 à 1880.
se
Première période. Débuts du Protectorat et la guerre dite de
Tahiti. Après l'affaire des deux missionnaires
catholiques
français Caret et Laval, expulsés avec violences de Tahiti en
novembre 1836 par la reine Pomare IV, une certaine tension
existait entre le royaume tahitien et la France. Des incidents se
multipliaient avec des Français résidant à Papeete. En 1842, pour
mettre fin à un état de choses qui créait un réel
malaise, les
principaux chefs de Tahiti et Mo'orea, appuyée par la reine
Pomare IV, résolurent de se placer sous la protection de la France
en septembre 1842. Cette demande fut
provisoirement acceptée
par le commandant Dupetit-Thouars qui se trouvait à Papeete.
Elle fut ratifiée par le roi Louis-Philippe 1er le 28 mars 1843.
Dupetit-Thouars de retour à Papeete, dans les premiers jours de
novembre pour exécuter les clauses de ce traité, trouva un climat
politique difficile, par suite des menées anti-françaises du pasteur
anglais Pritchard. Puis vint l'affaire du pavillon de la reine dont
le modèle n'était plus conforme à celui qu'elle avait reconnu par le
traité de 1842. L'amiral, qui n'était pas patient, prit la
détermination de placer les îles de la Société et ses dépendances
sous la souveraineté de la France et de
déposer la reine Pomare IV.
De ce fait, la France prenait possession des îles Tahiti, Mo'orea,
de
l'archipel des Tuamotu, de Tupuai et Raivavae le 6 novembre
suivant. Le geste inconsidéré de l'amiral fut une des principales
causes de la guerre dite de Tahiti. Ce fait troubla de
plus en plus
une partie de la population
qui se mit en état de révolte ouverte,
contre la dépossession de Pomare vahine de son royaume, au
mois de février 1844. Les insurgés prirent les armes contre les
troupes françaises. Des combats eurent lieu à Taravao le 21 mars,
à Mahaena le 14 avril puis à Ha'apape et Fa'aa le 29
juin. A ce
moment arriva à Papeete la nouvelle que le roi
Louis-Philippe
avait refusé de ratifier la prise de possession. Le gouverneur Bruat
fit aussitôt des démarches pour amener la reine à
reprendre son
gouvernement. Pomare IV refusa, puis se retira aux îles sous le
vent avec sa famille, près de son oncle Tamatoa IV roi de RaiateaTaha'a. Le 7 janvier 1845, Bruat convoquait une assemblée des
chefs de Tahiti et Mo'orea qui désignèrent comme régent du
royaume le chef Paraita, fonction qu'il avait déjà assumée en
1839 ; le même jour il rétablissait le gouvernement du Protectorat.
Pendant ce temps, les insurgés se réfugiaient dans les
principales vallées de Tahiti, organisant des camps retranchés
dans celles de la Papeno'o, Fautaua près de Papeete et de la
Société des
Études
Océaniennes
5
CHEFS ET NOTABLES
Punaru'u à Puna'auia. La lutte devint sérieuse et le sang coula
encore pendant deux ans. Les révoltés se battirent avec courage et
ténacité. Ils reprenaient les hostilités en attaquant Papeete par
l'est le 20 mars 1846, puis le lendemain par l'ouest en pénétrant
dans les faubourgs de la ville. Le 12 avril suivant, ils se prenaient
à une colonne en marche du côté de Ta'apuna (Puna'auia) et la
repoussait sur Fa'aa. Pour se dégager Bruat, ayant reçu des
renforts, organisait de fortes colonnes pour attaquer le 10 mai
dans la vallée de Papeno'o ; le 30 mai dans celle de la Punaru'u à
Puna'auia. Ces attaques eurent pour résultat de bloquer l'entrée
de ces deux vallées, pour empêcher les insurgés de se ravitailler, en
les isolant de la
mer.
Le plus solide bastion de la dissidence se trouvait dans la vallée
de la Fautaua près de Papeete et qui communiquait avec celle de la
Punaru'u par le col du "Diadème". Bruat ayant fait bloquer cette
dernière, attaquait la Fautaua. Ces deux vallées étaient tenues
par quatre à cinq cents hommes environ. Grâce à un guide
autochtone, partisan des Français, chasseur de cochons sauvages
et d'oiseaux qui connaissait les sentiers de la montagne, les
troupes françaises et les Tahitiens ralliés, contournaient les
défenses du fort de Fautaua, tombaient sur les arrières de ses
défenseurs et en même temps coupaient leurs communications
d'avec la Punaru'u. Cernés de tous côtés les défenseurs se
rendirent le 17 décembre 1846. Les rebelles de la Punaru'u se
soumirent le 22, puis ceux de la Pajpeno'o le 24. La guerre de Tahiti
était terminée après trois années d'hostilité et de sang versé. Pour
le 1er janvier 1847, le gouverneur Bruat pouvait écrire au roi, que
tout le pays était pacifié. Au mois de février, la reine Pomare était
rétablie dans sa souveraineté.
Seconde période. Souveraineté
de Pomare IV et Pomare V.
La pacification étant complète, à la suite du rétablissement de
Pomare IV dans tous ses droits, le gouverneur avec cette dernière
s'attaquaient
à
la
réorganisation
du
gouvernement du
déjà prises par Bruat
remettre en place les
Protectorat. La reine entérinait les décisions
pendant la période troublée à savoir
en
en se
basant
:
les anciennes structures
coutumières, administratives ou politiques trouvées à son arrivée
chefferies et districts
sur
1843.
Avant l'introduction du christianisme dans les îles de la
Société, le pouvoir était exercé par des Ari'i et des Ra'atira. Entre
ces deux catégories de dirigeants, se plaçaient les Iatoa'i, que l'on
pourrait qualifier de nobles terriens. En 1842, les Pomare avaient
achevé depuis 1815 l'établissement de leur autorité sur Tahiti et
Mo'orea. La reine Pomare IV était la descendante directe de cette
famille. Par sa mère, elle était également la petite-fille de Tamatoa
Société des
Études
Océaniennes
6
RAOUL TEISSIER
III, roi de Raiatea-Taha'a.
Tahiti aux temps anciens, comprenait six divisions
politiques
composées chacune de un ou de plusieurs districts.
I.— Te porionu'u composée des districts de Pare et Arue. Ses
limites étaient la vallée de Tipaerui à l'ouest ; la crête deTahara'a
au nord-est.
II.— Te AHAROA, contenant six districts : Mahina,
Papeno'o,
Tiarei, Mahaena et Hitia'a. Elle avait pour limites le massif du
Tahara'a au nord-est ; la Vaioau au sud-est.
III.— Au sud la presqu'île de Taiarapu était le domaine du
Tevaitai comprenant les districts de Afaahiti, Pueu, Tautira sur
la côte sud-est ; Teahupo'o, Mataoae, Vairao etToahotu sur la côte
sud-ouest.
IV.— Papeari, Mataiea, Atimaono, Papara, étaient les districts
composant le teva i uta, implanté au sud-ouest de Tahiti. Ses
limites étaient Taravao d'une part ; la pointe de Mara'a d'autre
part.
V.— Manorua ou Paea et Manotahi ou Puna'auia à
l'ouest,
formaient les districts du Te oropa'a dont la limite au sud-ouest
était la pointe de Mara'a ; celle Fanatea lui servait de frontière
dans le nord-ouest.
VI.— TEFANA I AHURA'I,
était la plus petite division
puisqu'elle était composée du seul district de Fa'aa. Son domaine
s'étendait de Fanatea à Tipaerui, sur la côte nord-ouest.
L'île de Mo'orea possédait deux divisions
politiques.
I.— Te PO I NIA, de Papetoai à Haumi en
englobant les
districts de Teaharoa, Teavaro, Ha'apiti et Afareaitu.
II.— Te I'o I RARO, commençait à Ma'atea et se terminait
Varari, contenant les districts de Atimaha et Moru'u.
à
A l'arrivée de Bruat, ces divisions politiques subsistaient
mais Pomare II avait aboli le titre de Ari'i et de Ra'atira en
les remplaçant par celui de tavana ; Pomare II, lui, s'était
octroyé
le titre de Ari'i rahi, ou roi, en 1816.
encore,
Bruat
changeait rien à cette administration tahitienne et
cadres qui étaient, presque tous, de souches
héréditaires. Il remit en vigueur les grandes chefferies pour les
gardait
ne
les
Société des
Études
Océaniennes
CHEFS ET NOTABLES
7
divisions et garda le titre de tavana pour les chefferies de districts.
Il améliora le fonctionnement de la justice du pays en créant un
grand juge dans chaque grande chefferie, un juge par district. Le
tribunal des To'ohitu devenait la Haute Cour tahitenne, qui
jugeait les affaires entre autochtones. Cette organisation fut
respectée par les successeurs de Bruat et leur servit de base
pendant toute la période du Protectorat.
En 1847, le gouverneur Lavaud, successeur de Bruat, soumettait
la reine, une convention pour définir les conditions de
l'administration intérieure du Protectorat. Cette acte qui ne
à
changeait presque rien à ce que Bruat avait déjà accompli fut
signé par Pomare IV le 5 août de la même année et demeura en
vigueur jusqu'à l'époque où son fils Pomare V, cédait à la France
ses droits souverains. Ayant accepté le Protectorat, Pomare IV
demeura fidèle à ses engagements et elle gouverna selon les
normes
de la convention de 1847.
L'administration commune du gouverneur et de la reine se
déroula sans heurts notables. Ses privilèges furent respectés et
l'étiquette observée à son égard. Lavaud prenait soin d'avoir son
avis et son approbation pour les actes concernant l'administation
intérieure tels que : nominations des chefs, juges, mutoi, ou
suspension, révocation de ces cadres, ayant abusé de leur autorité
ou créant du scandale par leur ivrognerie ou leur conduite privée.
Les nouveaux règlements administratifs promulgués à cette
époque étaient signés du gouverneur et de la reine.
Pendant les mandats des gouverneurs suivants,
Pomare IV
trouva des motifs de se plaindre de ce que son autorité était réduite
à rien... et pour cause. Ambitieuse et fière, elle avait le sentiment
sa position et de sa dignité de reine, et était très attentive à
l'opposition sourde des familles de grands chefs socialement
supérieures à la tienne. Elle avait un esprit de famille très poussé,
ce qui lui donnait une fâcheuse tendance à vouloir installer le plus
de membres de ses proches parents à la tête de districts sur
lesquels, elle n'avait aucun droit héréditaire. Ces gouverneurs
contrecarrèrent ces spoliations et ses prétentions au droit
traditionnel de disposer des terres d'apanage des chefferies
tahitiennes. On trouvera dans le présent travail plusieurs faits de
ce genre, qui confirment ce népotisme. La reine était une femme de
caractère qui parfois allait jusqu'à l'entêtement aveugle. Elle fit
même interdire sa porte à un gouverneur qui ne voulait pas
entériner ces passe-droits. Vers la fin de sa vie, la vieille reine,
malgré son désir d'exercer elle-même le pouvoir laissa toujours en
d'autres mains l'administration de son royaume, surtout si on
avait soin de ménager son amour-propre. Pomare IV s'éteignit à
de
8
RAOUL TEISSIER
Papeete le 22 septembre 1877, unanimement regrettée de
peuple et de la majorité des européens qui vivaient dans
son
son
royaume.
Deux jours après, le 24 septembre, son fils Teratane Ari'iaue,
était proclamé roi sous le nom de Pomare V par l'assemblée
législative tahitienne. Après trois
Pomare
ans
V
faisait don de ses états
consentement de la majorité des chefs.
de règne, le 29 juin 1880,
à la France, avec le
Après quatre années de recherches, voici le fruit de notre
Merci à tous ceux qui nous ont aidé de leurs
encouragements. Nous avons fait avec les moyens dont nous
disposions de notre mieux. Et espérons que cet ouvrage
intéressera tous ceux qui ont à cœur le passé tahitien et seront
heureux de retrouver en ces notices quelques grandes figures
travail.
d'une histoire dont ils ont le droit d'être fiers.
Papeete, novembre 1976
Raoul Teissier
Pour alléger la présentation de
ces notes biographiques, toutes les références ont été placées
crochets carrés. On se reportera, pour leur compréhension, aux "Sources",
mentionnées p.125-127. Par exemple, à la page suivante, [10, n° 112] signifie que le renseigne¬
dans le texte, entre
ment
a
été trouvé dans le Bulletin de la Société des études
de la page
à
océaniennes, au n° 112. La référence
10, [3] indique que la source se trouve au Fichier Généalogique du greffe du Tribunal,
Papeete.
Société des
Études
Océaniennes
CHEFS et NOTABLES
des
Établissements Français de l'Océanie
AU TEMPS DU PROTECTORAT
1842-1880
TAFAI
ARAHU
To'ohitu de l'île Mo'orea
ARAHU
autre
a
nom :
Connu sous le nom de Arahu, il était fils de Tafai huira'atira de
Teahupo'o et de Teameo vahine d'une famille de iato'ai de
Taiarapu, Tahiti. Dans son district, Tafa'i remplissait les
fonctions de pêcheur du roi et de héraut dans les combats [10, n°
112].
A l'arrivée des Français à Tahiti, Arahu était orateur officiel de
l'île Mo'orea. Dès septembre 1842, il reconnaissait le
gouvernement du protectorat et lui restait fidèle, malgré que ses
parents avaient rejoint les insurgés en 1844 [Bruat, mai 1847]. Le
1er mai 1844, le gouverneur Bruat, ayant apprécié la valeur de
Arahu se l'attachait personnellement. Son talent d'orateur n'a
Société des
Études
Océaniennes
10
RAOUL TEISSIER
fait que
Société.
Homme
tribunal
grandir et c'était à l'époque le premier des îles de la
parole était véhémente et influençait les foules.
capable, le gouverneur Bonard le nommait juge au
Sa
des To'ohitu
au
mois de
mars
1851. Au moment de
l'attaque de Papeete par les insurgés le 20 mars 1846, il suivait
Tairapa pour se joindre aux défenseurs de la ville. Arahu aurait
peut-être démissionné de ses fonctions de juge à la Haute Cour
tahitienne, To'ohitu, avant 1858, puisqu'il ne figure plus parmi
ses membres à partir de cette
période.
Arahu épousait en 1838 à Puna'auia Ro'opohe a Opumai. Il était
né à Maatea, Mo'orea, en 1814 ; mourait à Paea le 11
juin 1891 [3].
ARI'IMANIHINIHI
autre
a
TATI
(MARAMA)
ATIAU vahine
Cheffesse des districts de Hapiti, Teavaro, Papeari et Faa'a.
nom :
Ari'imanihinihini a Marama, plus connue sous le nom de Atiau
vahine, descendait de Ruatefa'ato'a ou Auri, son grand-père et
Tetuaraenui i Fareroi, sa grand-mère : d'où était issus son
père
Ari'ioehau a Marama qui prenait pour femme Tevaruaharae i
Ahurai, sa mère. Atiau vahine était apparentée à la famille royale
de Tahiti. Tetuanuireiaitera'iatea connue sous le nom d'ïtia,
femme de Vaira'atoa (Pomare I) et mère de Pomare II, était sa
petite cousine [39.32—37 ; 5 ; 3].
Atiau vahine épousait Tapuata'aroaitera'imaru fils aîné de
Tati chef de Papara, plus connu sous le nom de
Tuati, qui mourait
en 1834. De cette union sont nés : 1°) —
Ari'ioehau, connue sous le
nom de
Ari'itaimai, nom donné par la reine Pomare IV à son mari
Alexander Salmon. 2°) — Tera'iapo, Ninito, qui épousait un
hawaïen John Sumner. 3°) — Teri'itaumaitera'i qui épousait
Tehapai a Mai, pasteur de Faa'a [Ibid.].
Au début du gouvernement du protectorat, Atiau vahine n'avait
guère de sympathie pour les Français. Mais dans la crainte ou elle
était que ses districts lui soient enlevés par le gouvernement, elle
jouait un double jeu jusqu'en décembre 1845 où finalement elle
ralliait le protectorat. Cette fille unique s'était trouvée héritière, à
la mort de ses parents, de quatre districts : Faa'a, Papeari à Tahiti ;
Ha'apiti, Teavaro à Mo'orea. Elle gouvernait ses terres par des
représentants choisis par elle : le chef Pitoma'i était à Papeari,
Marama
ra'atira originaire de Taiarapu était à
Ha'apiti—Teavaro. Pendant sa minorité, Faa'a était dirigé par
Tetahua son père nourricier. S'étant ralliée au Protectorat, elle
prenait elle-même la direction de ce district. Le 21 mars 1846, jour
de l'attaque de Papeete (camp de l'Uranie) par les insurgés venant
de l'ouest, elle venait se réfugier au palais du gouverneur où
madame Bruat la recevait et l'hébergeait pendant quelque temps.
Elle était touchée du geste du gouverneur. A partir de ce moment
Société des
Études
Océaniennes
11
CHEFS ET NOTABLES
opinions changeaient. Elle a témoigné au gouverneur et à sa
un attachement sérieux [1 Bruat, mai 1847 ; A/57, C. 10 ;
Dubouzet, 1855 ; A/73 c. 35].
ses
famille
Atiau vahine était
une personne
remarquable par
sa
conduite,
tenue et toute sa manière d'être, en faisaient
une des femmes la plus marquante de Tahiti, après la reine et
Ari'itaimai sa fille. Elle avait une très grande influence à Tahiti et
Mo'orea, avec laquelle il fallait compter. Etant veuve, elle se
remariait avec Atiau a Tetaumata'i, dont le père était ra'atira et
juge de Faa'a. Cette union est restée sans enfants. Née en 1800,
Atiau vahine mourait au mois de février 1857.
son
intelligence,
sa
ARITPEU a FA'AITOA
Juge du district de Puna'auia
Descendant d'une famille de ra'atira du district de Puna'auia.
Reconnaissait le gouvernement du protectorat en septembre 1842,
mais s'en séparait que par attachement pour Utami son chef de
district qui, malgré lui, a été forcé de rejoindre la dissideuse par ses
administrés au camp de la vallée de la Punaru'u [1. Bruat, mai
1847, A/57, c. 10 ; Lavaud, 1849].
Fa'aitoa se soumettait avec son chef au gouverneur Bruat le 22
décembre 1846, lors de la pacification générale. Il était rétabli
dans ses fonctions par Bruat. L'homme, pendant son séjour chez
les insurgés a toujours plaidé en faveur de la paix. Excellent
homme, il s'acquittait parfaitement de ses fonctions déjugé. Chef
d'une famille nombreuse, marié à une femme de Puna'auia
Mihitua q Tevarua dont nous connaissons quatre enfants 1°) —
Tautaha'a, née à Puna'auia en 1842 ; y mourait le 23 avril 1900.
Elle épousait à Paea le 9 juin 1859, Fanauari'i a Itata. 2°) — Vaea,
né à Puna'auia en 1846, y est décédé le 3 juin 1887.3°) — Pauti'i né
à Puna'auia en 1846 ; se mariait à Papeari le 7 juillet 1891 avec
Ahurepo a Tahuroa. 4°) — Tehopoitua né à Puna'auia en 1851, y
mourait le 1er décembre 1871. Il est fort possible que Fa'aitoa ait
eu d'autres enfants avant 1842 [3].
FA'ARAOA
Chef des mutoi de Ha'apape
Descendant d'une famille de ra'atira de Mahina. A l'arrivée des
Français à Tahiti en 1842, il était chef mutoi du district de
Ha'apape, Mahina. Il était confirmé dans ses fonctions par le
Bruat le 1er juillet 1845 [7. 1858].
Fa'araoa reconnaissait le protectorat dès sa
promulgation le 9 septembre 1842. Il prenait part aux combats de
Ha'apape le 29 juin 1844, où il était cité ; de la Punaru'u le 30 mai
1846 ; de la Fautaua le 17 décembre suivant où il s'était distingué
gouverneur
Le chef
12
RAOUL TEISSIER
d'une façon particulière ; avec d'autres tahitiens, il suivait
volontairement le chef Tari'iri'i à escalader le "Pic des Français"
pour pénétrer par surprise dans le dispositif de défense des
insurgés, retranchés dans le camp de la haute Fautaua [1. A/42, c.
28 ; 19 bis 592]. Le 25 juin 1847, il était décoré d'une médaille d'or
pour sa bravoure dans ces différents combats.
Fa'araoa mourait au mois de septembre 1865 à Mahina. Il
laissait une veuve, Terai a Fa'araoa [9. 1865, 91 ;
14.1892].
FANAU'E
a
TI'IHIVAARI'IOTOA
TI'IHIVA
Chef du district de Papeari
autre
nom :
Fils de Fanau'e a Ti'ihivaari'iotoa et de Pahuhu a Itaetous deux
issus de familles de ra'atira du Teva i uta. Il était né à
Papetoai
(Mo'orea)
vers
1816 [3].
Ti'ihiva débutait tardivement dans la carrière administrative
du gouvernement du protectorat en 1864 comme caporal mutoi à
Taravao. En 1869, le chef du district de Papeari ayant été
révoqué
négligences graves et mauvaise conduite, Ti'ihiva le
remplaçait et prenait le district en mains le 23 octobre. Il
conservera sa chefferie jusqu'en 1898. Il se
j oignait au roi Pomare V
pour contresigner l'acte de cession de Tahiti et ses dépendances à
la France le 29 juin 1880 [19 bis p. 309].
Après 27 années d'éminents services, Ti'ihiva était fait
chevalier de la Légion d'honneur en 1891. Il prenait sa retraite le 6
mars 1898 et mourait à
Papeari le 23 juillet 1901 [14, 1898].
De sa compagne Tupaha a Tanoa, il eut cinq enfants :
1°) —
Fa'atau née vers 1828 à Paea, y est décédée le 19 janvier 1880 ;
épousait en 1848 à Puna'auia Hopu'u a Tautu. 2°) — Tau née à
Pare vers 1834, mourait à Paea le 17 août 1883 ; épousait à Pare en
1848 Roari'i a Mata'i. 3°) — Tautua né à Paea vers 1842, y
est
décédé le 24 juillet 1894 ; se mariait au même lieu le 14 avril 1883
avec Tupaha a Tapo'i.
4°) — Tetuanuifa'atoa'i née à Puna'auia
vers 1845 ; épousait à Papeete le
22 mars 1875 James, Newson
avait une fille naturelle, mineure en 1876, Tuarae a Fanau'e
[13.
1874. 180]. 5°) — Taura né à Paea vers 1850, y mourait le 23 août
1904 [3].
pour
FATEATA
a RIMAPPI a MAI
MARAETA'ATA VAHINE
Cheffesse du district de Pueu
autre nom
:
Maraeta'ata vahine était la fille de Rimapi'i a Mai et de Noinoi
Société des
Études
Océaniennes
a
CHEFS ET NOTABLES
13
Tahitia, descendante d'une famme de iatoa'i de Papara. Elle avait
épousé Tuteari'i dit Tetuanuimaraeta'ata, frère cadet de Utami
chef de Puna'auia, d'une famille puissante de Taha'a. Tuteari'i
mourait à Pueu vers 1843. Etant veuve Maraeta'ata vahine se
remariait avec un huira'atira originaire de Ta'apuna au district
de Puna'auia [10. 1955, n° 112].
A l'arrivée des Français à Tahiti, Maraeta'ata vahine était
régente, pour son fils aîné, du district de Pueu. Au moment de
l'insurrection, les gens de son district prenaient part à l'attaque
du fort de Taravao le 21 mars 1844. Elle-même ne s'était jamais
montrée personnellement hostile au gouvernement du protectorat
et avait cherché à détourner de la guerre les cadres de son district.
Malheureusement son second mari, entraînant son fils,
rejoignaient les insurgés au camp de Papeno'o. Elle faisait sa
soumission une des premières, au gouverneur Bruat, au mois de
mai 1845, en réussissant d'entraîner avec elle son second mari et
la population de son district. Depuis ce moment, elle restait fidèle
au protectorat.
Son fils aîné persistant à rester parmi les
dissidents de Papeno'o, malgré l'appel du gouverneur Bruat,
Maraeta'ata vahine était nommée cheffesse à sa place le 1er
novembre 1845 [1. Bruat 1847].
était
D'après le gouverneur Lavaud, Mara'eta'ata vahine,
aimée des gens de son district. Ce dernier était un des plus éclairés
de Tahiti et son école était la mieux tenue et la plus avancée sur
l'instruction. Il lui avait accordé sa confiance et son attachement
[1. Lavaud, 1849].
Maraeta'ata vahine mourait à Pueu le 24 juin 1860. De son
union en premières noces avec Tuteari'i dit Tetuanuimaraeta'ata
sont nés trois enfants : 1°) — Fa'ahiahia, né à Teahupo'o vers
1830 ; épousait à Pueu le 9 août 1856 Tetuaehuri a Ma'iruai.
Prenait la succession de sa mère, à la tête du district de Pueu le 16
août 1860. Il mourait en 1893 à Pueu. 2°) — Tenania, né à Pueu vers
1832 ; se mariait au dit lieu le 10 juillet 1862 avec Taututauharoha
a Ti'i. Etait nommé juge de Pueu le 26 septembre 1861 puis de
Afa'ahiti le 28 janvier 1862. 3°) — Temaumauari'i, née à Pueu vers
1837 [3].
cadet de Utami,
famille puissante de l'île de Taha'a. Il était
Tuteari'i dit Tetuanuimaraeta'ata était frère
tous deux d'une
également le proche parent de Noho vahine, Pohearu vahine
cheffesse de Paea. Il avait été mis à la tête du district de Pueu par
Pomare II vers 1821, car avec son frère Utami, ils avaient suivi le
roi à Tahiti avec leurs gens pour lui prêter main-forte pour
combattre les païens en novembre 1815. Utami, vieux compagnon
d'armes de Pomare II, eut le district de Puna'auia (Manotahi) en
1816 [1. Bruat 1847 ; Lavaud, 1849].
14
RAOUL TEISSIER
HAPOTO
a HIOA
HAPOTO
Chef du district de Afareaitu
To'ohitu de l'île Mo'orea
autre
nom :
Hapoto descendait par son père Hioa et son grand-père Nioo
d'une famille de ra'atira de Atiue
(Puna'auia) et de Teha'amarere
sa mère d'une famille de iato'ai
de Afareaitu [10. 1955, n° 112].
A l'arrivée des Français à Tahiti en
1843, il était chef de
Afareaitu et avait reconnu le gouvernement du
protectorat.
Malgré les sollicitations de plusieurs chefs, il ne prenait jamais
part à l'insurrection de 1844. Sa fidélité au protectorat ne s'est
jamais démentie [1. Lavaud, 1849].
A la mort de Pe'e en 1847, chef de Ma'atea
et To'ohitu de
Mo'orea, le gouverneur Lavaud approuvé par la reine, l'estimant
capable nommait Hapoto to'ohitu en remplacement de Pe'e. Sa
nomination avait trouvé des détracteurs
auprès de Lavaud.
Pourtant il assumait ses fonctions avec une
grande
indépendance. Il mourait à Afareaitu en 1850, laissant une veuve
Vahinehau a Tehau et plusieurs enfants.
Hapoto était également neveu et fils adoptif de Vara ou Varu,
ou
encore More a Tepauari'i fils d'un iato'ai de
Afareaitu. Il avait
hérité de tous les biens de son oncle, à sa mort en
1835 [23. p. 237].
Pomare II avait nommé Vara chef de Afareaitu vers
1816, parce
qu'auparavant, au temps du paganisme, il lui avait rendu les
honneurs suprêmes en immolant son
propre frère pour le placer
sous ses pas lorsqu'il
débarqua dans le district. La tradition veut
que ce frère ait été un mauvais garçon et sacrifié sur
l'ordre du
grand prêtre [Ida Bordes, témoignage personnel].
En plus de son frère sacrifié, Vara avait une
sœur Teha'amarere
qui épousait Hioa de Atiue, dont elle eut plusieurs enfants.
A la mort de Hapoto
tane, en 1850, sa veuve était nommée
régente sous le nom de Hapoto vahine, pour sa fille aînée
Hapoto,
et, exerçait le pouvoir pendant sa minorité jusqu'au 7
janvier 1857,
date à laquelle sa fille était nommée cheffesse de
Afareaitu [8. p.
25]. Cette nomination fut vivement contestée par la reine Pomare
qui aurait voulu ce district pour un de ses fils. Hapoto vahine
(la
régente) a été reconnaissante au gouvernement du
protectorat,
qui empêchait que la reine lui prenait son héritage.
Mais, il était à
regretter qu'elle ne joignait pas à cette
reconnaissance, un peu
plus de zèle à l'administration de son district et plus de réserve
dans sa conduite.
Sa fille la nouvelle cheffesse, avait été élevée chez
les Sœurs de
St Joseph de Cluny à Papeete. Elle était douée
et intelligente et
d'un excellent caractère. Elle
épousait à Afareaitu le 11 mai 1854
Terai a Fa'aroau. Née à Afareaitu en
1836, elle y mourait le 3
février 1872, âgée de 36 ans [3].
Société des
Études
Océaniennes
CHEFS ET NOTABLES
HOAORE
a
15
TA'ATAMAITAI
Chef de Papetoai et grand juge
Descendant d'une famille noble, originaire de l'île Huahine qui
s'était établie à Mo'orea, à la suite d'un mariage de son père
Avaemotu avec Ta'atamaitaï vahine.
Au moment de l'établissement du protectorat français à Tahiti
le 9 septembre 1842, Hoaore n'avait aucune fonction officielle. Au
moment de la révolte qui eut lieu en 1844-1846, sans se prononcer
ouvertement pour le protectorat, il ne prenait jamais part à
l'insurrection. Après la pacification, le district de Papetoai était
entièrement
désorganisé sous l'administration de la famille
Manea, il était choisi par le gouverneur Bonard en janvier 1851
pour tuteur du jeune Manea âgé de 10 ans, et son représentant à la
tête du district qu'il gouvernait jusqu'en février 1862, à la majorité
de cette enfant. Dès qu'il prenait ses fonctions il se révélait
administrateur hors ligne en mettant de l'ordre dans le district et
redressant son administration. Hoaore a été l'un des meilleurs
chefs que Papetoai ait possédé. Juge très intelligent, éclairé pour
en
époque, très adroit et indépendant dans le rôle de ses fonctions
[10,1955, n° 112]. Il étaitnomméen 1854 assesseur près le tribunal
d'appel des To'ohitu [9, 1854, p. 93].
son
HO'OAU
a
MAOPI
HO'OAU
To'ohitu de la Haute cour tahitienne
autre
nom :
Ho'oau tane était né à Raiatea vers 1810 de Maopi a Tu et de
Tatahio a Ravea. Après avoir habité à Huahine avec ses parents,
où était née sa sœur Teore en 1815, qui mourait à Afareaitu
(Mo'orea) le 26 juin 1882 : on le retrouve à Tahiti en septembre
1842, à l'époque de l'instauration du protectorat français sur les
îles de la Société [3 et 1. Bruat, 1847].
Tout d'abord, lorsque était déclaré l'insurrection en février 1844
à Tahiti, il rejoignait la dissidence avec son chef Tari'iri'i au camp
de Mahaena. Ce dernier s'étant soumis au protectorat au mois de
mai 1845, il se soumettait à son tour quelque temps après. Etant
juge de Ha'apape, il était confirmé dans ses fonctions par le
gouverneur Bruat le 1er septembre 1845. Il continuait à servir
dans les rangs français parmi les auxiliaires tahitiens de Mahina,
sous le chef Tari'iri'i, jusqu'à la pacification générale en 1847 ]8, p.
16]
Etant l'un des hommes le plus juste, probe dans ses actes et
d'une conduite privée excellente, ces qualités étant rares à
l'époque, l'ont fait choisir par Bruat pour être juge suppléant au
tribunal civil mixte de Papeete en 1847 [1, Bruat, 1847]
Le 11 avril 1859, il abandonnait ses fonctions pour cause de
Société des
Études
Océaniennes
16
RAOUL TEISSIER
maladie, mais le 1er janvier 1862, il était nommé To'ohitu au
tribunal d'appel de la Haute cour tahitienne [7.
1862, p. 7, 28].
Ho'oau avait épousé à Ha'apape, en 1833, Imiha a Tani. Il
mourait à Mahina le 14 avril 1872
[3].
HORO
a
PAETE
PAETE TANE
Chef de la police tahitienne de Papeete
autre nom
:
Lors de la promulgation du protectorat le 9
septembre 1842,
Paete était chef de la police tahitienne de
Papeete. Un des
premiers, il le reconnaissait et était confirmé dans ses fonctions
par le gouverneur Bruat en 1844. Le 29 juin il suiviat les
troupes
françaises et prenait part au combat de Ha'apape. Quelque temps
après, s'étant négligé dans son service et commis une faute grave,
Bruat le relevait de ses fonctions. Mais comme il était fort
actif le
gouverneur ne voulut pas se séparer de lui. Il le nommait chef de la
compagnie des supplétifs tahitiens le 6 février 1845 [13.1863, n° 6].
Il aidait beaucoup à l'organisation de cette unité et donnait
même
un terrain pour la construction
d'une caserne. Mamoe chef de
Paofai (Papeete) et juge au tribunal mixte civil
ayant été tué à
l'attaque du camp de l'Uranie le 20 mars 1846, Paete le remplaçait
dans cette fonction. Le 10 mai suivant, il
prenait part au combat
du camp de la Papeno'o en servant de
guide à l'expédition. Sa belle
conduite était signalée par le commandant de
Bréa, qui dirigeait
l'attaque [1. A/44, c. 8].
Après la pacification
en janvier 1847, Bruat lui
assignait les
fonctions de contrôleur de la police tahitienne des districts de
Tahiti. De par ses nouvelles fonctions, il faisait de
fréquentes
tournées dans l'île, ce qui lui permettait d'être très
exactement
renseigné sur le climat politique qui y régnait. Il s'assurait
également que les travaux ordonnés se faisaient et que la justice
était rendue convenablement [1.
A/52, c. 9].
Paete était un homme fort actif et dévoué au
protectorat, par
conviction. Il était bon orateur et ne
manquait pas d'influence sur
ses compatriotes et savait de
quelle manière il convenait de les
prendre. Le gouverneur Lavaud terminait ses notes, en fin
d'année 1849, au sujet de Paete, en ces termes :
«depuis longtemps
une maladie grave me
prive de ses bons services et l'oblige à rester
à l'hôpital». Cette maladie était si
grave qu'en 1855, il était devenu
aveugle.
Paete était né à Maiao, dont le père était Tau'u ou Tanu
d'une
famille de Mo'orea. Il mourait à
Papeête le 28 septembre 1871,
pensionné de l'état [3].
CHEFS ET NOTABLES
MAHINE
a
17
TOHONE
MAHINE VAHINE
Cheffesse de Varari
autre nom :
Mahine vahine était fille de Tohone et de Teope, tous deux
originaires de Mo'orea et proches parents de Vaira'atoa chef de
Varari, Mo'orea, dont la femme était une fille d'un ra'atira de
Porapora originaire de Fa'anui [10. 1955, n° 112].
A l'arrivée des Français en novembre 1843, Vaira'atoa et
Tohone étant morts tous deux, Mahine étant leur seule héritière
devenait cheffesse du district de Varari, sous la régence de sa mère
Teope, n'étant qu'une jeune fille à cette époque.
Vers les années 1841 ou 1842, Mahine vahine faisait la
connaissance d'un homme originaire de Raiatea qui, en 1840,
avait suivi la reine Pomare IV, à son retour à Tahiti. Ayant été
accusé d'avoir eu avec elle des relations coupables, d'où serait née
une
fille morte dès sa naissance, des bruits d'avortement
couraient dans l'île. Le présumé coupable avec ses complices
étaient traduits devant la cour des To'ohitu présidé par Paofa'i,
jugés et condamnés à l'exil à l'île Makatea. Il venait se cacher à
Mo'orea dans le district de Varari, où il faisait la connaissance de
Mahine vahine puis l'épousait. Les archives taisent le nom de cet
homme. Ari'ipaea, Haumure grand chef de Pare-Arue et petit
cousin de la reine était la cause du procès devant les To'ohitu.
Au cours d'une inspection dans l'île de Mo'orea au mois d'août
1848, la reine demandait au gouverneur Lavaud de confirmer
Mahine vahine dans son titre. Comme cette dernière et sa mère
avaient reconnu le gouvernement du protectorat, Lavaud la
nommait cheffesse le 1er août 1848. C'était une femme dont la
conduite était exemplaire [1. Lavaud, 1849 ; 7. 1862].
MA'IROTO
Chef à l'île Rapa
Ma'iroto était originaire de l'île Rapa (Australes) issu d'une
famille de ra'atira. En 1844, il habitait Papeete. C'était un
chasseur d'oiseaux tels que le "noha" (pétrel) le "petea" dont les
plumes étaient recherchées pour la pêche, les phaëtons appelés
vulgairement paille-en-queue dont les brins rouges et blancs
étaient très recherchés par les anciens tahitiens, pour en faire des
parures. On appelait ces chasseurs spéciaux des "pi'i mato", parce
que ces oiseaux nichaient dans les anfractuosités de rochers.
Le 17 décembre 1846, lors de l'attaque du camp et du fort de la
Fautaua, Ma'iroto connaissant les sentiers et les difficultés du
terrain de cette vallée, guidait le chef Tari'iri'i et ses volontaires
tahitiens et quelques soldats à escalader le "Pic des Français"
pour pénétrer par surprise dans le dispositif de défense des
Société des
Études
Océaniennes
18
RAOUL TEISSIER
dissidents. Pendant cette ascension
périlleuse, il faisait preuve
d'un grand courage et de dévouement
[1. A/52, c. 9]. Pour ce fait, il
était décoré le 25 juin 1847, d'une médaille en
argent [1. A/42, c.
28].
Au
commencement de l'année 1863 sévissaient en
Polynésie
orientale, particulièrement à l'île de Pâques, aux Tuamotu et à
Rapa des rapts d'insulaires commis dans ces îles par des négriers
péruviens recrutant par la force, de la main-d'œuvre pour les
plantations, mais plutôt pour les mines de "guano" du Pérou. Ces
faits ayant été signalés par le gouvernement du
protectorat, les
habitants de ces îles se tinrent sur leur garde
[13. 1863, passim].
Après avoir exercé son activité à l'île de Pâques, la "Cora" brickgoélette de 88 tonneaux, arrivait dans la baie de Ahurei
(Rapa) au
début de février 1863. Après trois jours de
séjour sur rade et à la
suite de tentatives clandestines
d'embauchages des naturels, son
arrestation était décidée par les chefs de l'île
qui avaient à leur tête
le chef Ma'iroto. Réquisitionnant des habitants
et se mettant à
leur tête Ma'iroto s'emparait du navire et de son
équipage. Le
capitaine de la "Cora" se voyant pris, offrait à Ma'iroto 350 francs
et toutes les marchandises qui se trouvaient à bord
de son navire,
s'il
consentait à lui rendre la liberté. Le chef refusait et faisait
mieux. Il décidait de conduire les forbans et leur bateau à
Papeete,
pour les remettre entre les mains de la justice. Pour se
faire, il
réquisitionnait un anglais qui se trouvait à Rapa, James Connor,
pour le conduire à Tahiti [13. 1863, p. 29].
Le 18 février suivant, la "Cora" entrait dans le
port de Papeete,
ayant à son bord son équipage péruvien, tenu sous bonne
garde
par des Rapanais, le chef Ma'iroto et un jeune
pascuan enlevé de
son
36].
île. James Connor les avait conduits à bon
port
Ma'iroto était félicité de
son
[13.1863,
acte de fermeté et surtout de
p.
sa
parfaite correction car, les personnes et les biens, dans cette
capture, furent opérés avec égard et humanité dont l'honneur en
revenait à ce dernier. A la suite de cette affaire le
gouvernement du
protectorat accordait une gratification de 200 francs au chef
Ma'iroto [9. 1863,
MANEA
a
p.
215].
MANEA
Chef du district de Papetoai
Manea était le fils de Manea, lequel avait été nommé chef de
ce
vers 1816 par Pomare II,
après la guerre de religion de
1815.
A l'arrivée des Français à Tahiti en novembre
1843, Manea était
le chef de Papetoai. Au moment de
district
moment à
se
joindre
aux
l'insurrection, il hésitait un
dissidents de Tahiti. A la suite de
19
CHEFS ET NOTABLES
l'assemblée tenue
en juillet 1844 par les chefs Pe'e, Arahu et
prononçait définitivement pour le gouvernement du
protectorat. Il combattait avec bravoure, à la tête des gens de
Mo'orea dans les rangs français, notamment à l'escarmouche de
Tahapai le 9 mai 1846, en pénétrant le premier dans les
retranchements de la redoute qui défendait la route de Papeno'o
[9. 1955, n° 112].
Malgré son dévouement au protectorat, il était destitué de sa
chefferie en 1849 pour ivrognerie ; cette sanction était approuvée
par la reine. Quelque temps après Manea mourait à Papetoai.
Il avait épousé une fille de Ote, to'ohitu et orateur de la reine à
Papa'oa (Arue). De cette union, deux enfants sont connus :
Tairapa, il
se
Unauna vahine et Manea tane.
En 1849, sous le gouverneur Lavaud, Unauna vahine prenait la
succession de son père. Caractère doux, elle exerçait ses fonctions
avec tact et autorité, aidée du chef Tairapa et du juge Hamaino [1.
Lavaud, 1849]. Malheureusement en 1851, elle s'était trouvé
enceinte n'étant pas mariée. Le gouverneur Bonard et la reine
Pomare étaient obligés de la destituer de son titre. Elle était
remplacée par son jeune frère Manea âgé de 10 ans. Pendant sa
minorité, Hoaore a Ta'atamaitai était son tuteur et représentant
dans le district. A sa majorité, Manea était nommé chef de son
district le 3 mars 1862 [9. 1862].
En raison de ses négligences réitérées dans l'exercice de ses
fonctions, Manea était lui-même révoqué le 1er mai 1871,
remplacé par une de ses parentes Taura'a a Manea dite Marurai
vahine [13. 1871, n° 18].
Marurai vahine était également révoquée le 4 juin 1875, pour
violences et voies de faits
sur
certains de
ses
administrés et pour
ivrognerie [13. 1875, n° 24],
HITOTI
a
MANUA
VAITURA'I
Chef de 'Ue et Mehiti (Tiarei)
autre
nom. :
Grand chef de la division politique Teaharoa, côte est de Tahiti,
Hitoti descendait de la famille du chef Manua qui le commandait
lui-même du temps de Wallis et Cook. Ce Manua ne serait-il pas le
chef Reti ou Ereti le "taio" de Monsieur de Bougainville, à son
escale en avril 1768 à Hitia'a [41. p. 502, 504,547, 749, 835,940-1],
En 1808, une révolte avait lieu à Tahiti déclenchée par le
Teaharoa, ayant pour cause le despotisme de Pomare II. Elle fut
fomentée par Paofai suivi de son frère Hitoti qui se mirent à la tête
des districts de la côte est. Après plusieurs combats, Pomare
subissait une grande défaite et était contraint de s'exiler à
Mo'orea pour plusieurs années.
Hitoti fut un des premiers Tahitiens à se convertir au
Société des
Études
Océaniennes
20
RAOUL TEISSIER
christianisme. En novembre 1815, il prenait part au combat de
Fei-Pi, où les chrétiens s'affrontèrent avec les païens commandés
par Opuhara qui y perdait la vie, tandis que les chrétiens sortirent
vainqueurs de cet affrontement. Par cette victoire Pomare II
réintégrait ses biens à Tahiti. A l'assemblée des chefs de 1824,
ayant pour cause la révision du code des lois, Hitoti était
partisan
de la peine de mort.
Vers la fin de 1830, la reine Pomare IV revenant à
Tahiti, après
une longue absence et forte de
l'appui de son oncle Tamatoa IV roi
de Raiatea, exigeait le tribut de la
reine, qui devait lui être rendu.
Comme cette coutume était abolie et contraire à la
loi, plusieurs
chefs dont Hitoti s'opposèrent à cette demande. Devant
le refus
catégorique des chefs de céder à cette exigence, la reine dut y
renoncer. En 1831, Hitoti était encore contre
la reine au sujet de
l'hérésie "Mamaia" que celle-ci protégeait. La fermeté des
chefs la
faisait capituler et l'hérésie condamnée et bannie du
royaume [40.
92 ; 41. 745, 747],
En 1836, il était le partisan des missionnaires
catholiques lors
de leur débarquement. Il défendait leur
cause devant les
assemblées tenues par les chefs en présence de la
reine, des
missionnaires anglais. Il manifestait sa
lors de
désapprobation
leur expulsion et des brutalités
qu'ils avaient subies. En janvier
1837, devant le commandant de "l'Actéon", lord Russel, Hitoti
avait déchargé la reine Pomare de toutes les vexations
que les
pères Laval et Caret avaient eu à souffrir et en avait rejeté la
responsabilité sur le missionnaire Pritchard. En janvier
1841,
avec plusieurs chefs et
par son influence agissante Hitoti résolut
le gouvernement tahitien à demander le
protectorat de la France.
La reine annulait cette décision sous la
pression des pasteurs
anglais. Hitoti était l'un des grands chefs signataires de la
demande du protectorat du 9 septembre 1842
[40.817,835, 940-1].
A l'arrivée des Français à Tahiti en
1842, Hitoti était grand chef
de Teaharoa et chef du district de Tiarei. A la mort de son
frère
Paofai en fin 1842, il le remplaçait dans les fonctions de
président
de la Haute cour tahitienne
(To'ohitu). Son dévouement au
protectorat ne s'est jamais démenti. A la fin de 1843, il
voyait
Tiarei tout entier, son district, le renier et suivre le
parti des
insurgés. Il était déchu par ses gens et ceux-ci nommèrent à sa
place, au camp de Papeno'o, Paofai a Manua son neveu, fils aîné
de son frère Paofai le grand juge de Tiarei. Hitoti suivait
le
gouverneur Bruat le 17 avril 1844 au combat de Mahaena. Le 29
juin suivant, il prenait part avec vingt habitants de Arue, au
combat de Ha'apape où il se battait avec bravoure dans
l'avantgarde française. Bruat le citait à l'ordre du jour. A la suite de cette
citation, il fut fait Chevalier de la Légion d'honneur. Il mourait à
Papeete le 20 août 1845 [Rapports Bruat 1844/45. 1. A/23, c. 5
;
A/35, c. 7 ; A/52, c. 9].
CHEFS ET NOTABLES
21
Hitoti était sans enfant mais il avait adopté un de ses petits
Hitoti iti fils de sa nièce Uraore fille du grand juge Paofai.
neveux :
fils du pasteur anglais William, Henry :
Philippe, Hitoti qui épousera une tahitienne dont on lui connaît
une fille Teioatua, Orimai Henry qui épousera Adolphe Maro'uo,
Poroï [35. 209].
Il adoptait également un
PAOFAI
a
MANUA
UPAPARU
Président de la Haute cour tahitienne
autre nom :
Frère du grand chef Hitoti, Paofai était président de la Haute
tahitienne (To'ohitu) et grand juge du Teaharoa à Tiarei.
Chef d'un rang élevé, Paofai avait une grosse influence dans la
cour
partie est de Tahiti. Au temps du paganisme il était également le
chef des Ari'ioi de Tiarei.
En 1808, une révolte éclata à Tahiti contre Pomare II. En peu de
temps, un nombre important de mécontents se rassemblaient sous
les ordres de Paofai et de Hitoti. Ils marchaient par le nord sur
trouvait Pomare, tandis que les Oropa'a se
le même lieu par l'ouest. La rencontre des
adversaires fut violente et Pomare subissait une sévère défaite qui
le contraignait à se retirer à Mo'orea en exil, pour plusieurs
années. En octobre 1813, Paofai, sa femme et une douzaine de ses
serviteurs, se rendaient à Mo'orea près des missionnaires anglais
pour y être instruits volontairement de la religion chrétienne. A la
fin de la même année, il sauvait d'un massacre le pasteur anglais
Shelly, passager à bord du Queen Charlotte, navire que des
Tahitiens avaient pris, pillé et massacré une partie de l'équipage.
Shelly était épargné pour conduire le bateau à Tahiti où Paofai lui
sauvait la vie. En 1814 il se convertissait ainsi que toute sa famille
et ses serviteurs au protestantisme. En novembre 1815, il faisait
partie avec son frère Hitoti des troupes chrétiennes qui
Papara, où
dirigeaient
se
sur
combattaient sous les ordres de Pomare II à la bataille de Fei-Pi
contre les païens, dont Opuhara frère de Tati était le chef. Ce
dernier était tué et les païens battus. Paofai ne sauvait sa vie qu'en
jetant à la mer et en laissant une partie de ses vêtements entre
les mains de ses adversaires, contre lesquels il s'était battu avec
acharnement. A la pacification des troubles religieux, Paofai
devenait le secrétaire particulier de Pomare II en 1818 [41. 524,
se
527, 547
;
23. 166
;
25. 313-315, 392]. A la grande assemblée des
chefs de 1824 pour la révision du code des lois, Paofai fut partisan
de la peine de mort.
Allié de Tati dont il subissait l'ascendant, il prenait une part
active au mouvement de répression contre la reine Pomare IV, au
sujet de l'hérésie "Mamaia" qu'elle soutenait en 1831. La reine
cédait aux exigences des chefs et les "Mamaia" furent bannis de
22
RAOUL TEISSIER
Tahiti [40. 92-101].
Paofai se montrait favorable aux missionnaires
catholiques dès
leur arrivée en 1836. Avec son frère
Hitoti, ils défendaient leur
cause dans les assemblées tenues
par les chefs, en présence de la
reine et des missionnaires anglais. En
1837, les deux frères,
devant lord Russel commandant le navire
anglais "Actéon",
avaient rejeté sur le pasteur Pritchard toutes les vexations
que les
missionnaires catholiques Laval et Caret avaient
subies, lors de
leur séjour à Tahiti en 1836, et en avaient
déchargé la reine
Pomare [41. 817, 835].
Lors de la demande du protectorat à la France
par l'assemblée
des chefs tahitiens en septembre
1842, Paofai adressait à DupetitThouars une" lettre personnelle pour son adhésion à cet
acte, car il
se trouvait gravement malade
et il n'avait pu signer cette
demande
:
"J'approuve beaucoup
que
le roi des Français
prenne
Tahiti sous sa protection. Je suis satisfait
qu'on ait fait cette
demande. Je désire que vous me considériez comme si
j'avais écrit
mon nom au bas de cette demande.
Si vous n'admettez pas cela,
j'en serais contrarié." 19 septembre 1842 [196 is, 193].
Le grand juge Paofa'i a Manua mourait à Tiarei à
la fin de
l'année 1842. De son union avec Teuira a Avaeroroa sont
nés cinq
enfants : [3].
1°) — Paofa'i, était intronisé chef de Tiarei par les insurgés du
district de Tiarei, au camp de
Papeno'o, à la place de son oncle
Hitoti, partisan du protectorat. Paofa'i mourait en 1846 dans le
camp de Papeno'o. Il s'était uni à Teaonuimaruia a
Tahitu, fille de
Nu'utere grand juge de Arue ; un fils Aru né en 1846 à
Papeno'o ; se
mariait à Tiarei en 1866 avec Mearau a Mehao. Veuf
il se
remariait, toujours à Tiarei, le 1er février 1893, avec
Terai,
Taoahere a Moeterauri fille du chef de Mataoae
(Vairao) ; décédé à
Pare le 9 avril 1907 [3].
2°) — Uraore, fille aînée de Paofa'i. Nommée cheffesse de Tiarei
en août 1845, à la mort de son
oncle Hitoti. Elle mourait en
décembre 1846 et était remplacée par son fils Hitoti iti à la tête du
district. Elle avait épousé Maitui a Mou'u.
(Pour les enfants voir ce
dernier) [3 et 1. A/57, c. 10 ; et 7. 1862].
3°) — Metuaaro, naissait à Ha'apape en 1826 et mourait le 6
juillet 1878 à Tiarei. A l'établissement du protectorat en 1842 à
Tahiti Metuaaro ne remplissait aucune
fonction. En décembre
1843, il était un des premiers à se prononcer contre ce
gouvernement et rejoignait les camps de Mahaena puis
Papeno'o.
Il se soumettait au gouverneur Bruat en décembre
1846, avec les
insurgés du camp de Papeno'o. A la mort de son oncle le grand
chef Hitoti en 1845, Bruat lui proposait la chefferie
de Tiarei.
Metuaaro refusait et restait au camp de
Papeno'o ; c'est alors que
sa sœur Uraore était nommée cheffesse. Il
était nommé pasteur le
1er juin 1855. Vers la fin de sà
vie, il remplissait les fonctions de
Société des
Études
Océaniennes
CHEFS ET NOTABLES
23
président de la Haute cour tahitienne. Metuaaro était intelligent,
froid d'aspect et d'un comportement distingué, malheureusement
enclin à la boisson [3 et 10. 1955, n° 112].
4°) — Epeneta, né à Ha'apape en 1830, mourait à Pare le 6 mars
1899. Épousait en 1850 à Tiarei Tefa'aora a Piha'aoi. De cette
union sont nés : Aru, né en 1863 à Pare, y est décédé le 12 février
1902. Era né le 15 décembre 1861 à Pare. Manua né le 22 décembre
1857, décédé à Mahaena le 10 décembre 1918 ; s'était marié le 12
avril 1876
avec
Tetuahitia'a
a
Tara
:
nombreuse descendance.
Tefa'aora née à Pirae le 9 avril 1865, y est décédée le 20 août 1867
[3].
5°) — Vaiturere née en 1839 à Tiarei et mourait le 28 avril 1907 à
Pare [3].
HITOTI
a
MO'U'U
a
MANUA
HITOTI ITI a MANUA
Chef de district de 'Ue et Mehiti (Tiarei)
autre nom
:
Fils adoptif du grand chef Hitoti a Manua ; petit-fils de Paofai
frère de Hitoti et grand juge ; sa mère Uraore cheffesse de Tiarei,
était la fille aînée de Paofai ; mariée à Maitui a Mo'u'u. A la mort
de sa mère vers la fin de l'année 1846, Hitoti iti lui succédait, au
détriment de ses deux oncles Paofa'i et Metuaaro qui faisaient
partie des insurgés au camp de Papeno'o. Pendant sa minorité,
son père exerçait le pouvoir à Tiarei. Hitoti iti était également
adopté, à la mode tahitienne, à la mort de sa mère, par le
gouverneur Bruat, puis élevé dans la famille de celui-ci au
gouvernement, où il est resté jusqu'au départ de l'Uranie en 1847,
sur lequel il a suivi l'amiral Bruat pour faire ses études en France.
Hitoti revenait à Tahiti en 1851, où il servait le protectorat dans le
cadre des interprêtres au service des Affaires indigènes à Papeete,
tandis que son père continuait à gérer le district de Tiarei [1.
Lavaud, 1849, A/57, c. 10]. Le 1er octobre 1861 il était
définitivement nommé chef de Tiarei, son père ayant demandé à
prendre à sa retraite [7.1862]. Le 29 juin 1880, il signait le traité de
cession de Tahiti et dépendances à la France avec le roi Pomare V
[19bis. 309].
Hitoti naissait à Tiarei en 1835 et y mourait le 24 mars 1901. Il
épousait dans ce district Teri'itehau Reid. Au décès de celle-ci il se
remariait avec Ahuura a Tahuhuatama, originaire de l'île Tupuai
[3].
MO'U'U MA'ITUI
MANUA
Chef de 'Ue et Mehiti (Tiarei)
autre nom :
Fils d'un chef de l'île de Huahine, dont il était originaire. Il
24
RAOUL TEISSIER
épousait Uraore fille aînée de Paofai, grand juge à Tiarei [Bruat,
mai 1847].
Partisan convaincu du gouvernement du protectorat,
Maitui fut
toujours fidèle. En décembre 1846 il participait à la prise du camp
des insurgés de la Fautaua comme volontaires tahitiens
qui
suivaient le chef Tari'iri'i à escalader le "Pic des Français"
pour
pénétrer à l'improviste dans le camp des insurgés. Pour services
rendus au protectorat il était décoré de la médaille d'or du
dévouement le 25 juin 1847 [1. Lavaud, 1849, A/57, c. 10]. Pendant
toute la minorité et l'absence de son fils Hitoti, il
exerçait les
fonctions de chef représentant. Il remplissait également celle
d'instituteur de son district. C'était un chef à
poigne, se
conduisant généralement bien, quoique buvant un
peu. Il prenait
sa retraite et se retirait à Tiarei en 1861
[7. 1862].
Maitui a Mo'u'u dit Manua était né en 1810 à Raiatea de Mo'a
chef et juge à l'île Huahine dont il était originaire et de Teriha a
Tinorua dite Marura'i vahine, sœur de la femme de Maro dit
Papaiau de Paea. De son union avec Uraore a Paofai a Manua
[3.] :
Hitoti iti (1835-1907) voir ce nom. 2°) — Paora né à Papeete
en 1845. 3°) — Aru, cavalier d'escorte de la reine
Pomare IV en
1861 [7. 1862, 4],
sont nés
1°)
—
MARURA'I
a
TAUHIRO
MARURA'I
Chef du district de Teaharoa
autre nom
:
En octobre 1854, le vieux chef de Teaharoa Tauhiro a Tauhiro à
de son âge, était remplacé provisoirement par son fils aîné
Marura'i ; cette nomination était effective le 15 septembre
1858,
date probable de la mort de son père [9. 24 août
1858].
Marura'i était un bon chef, dévoué et courageux ; il en faisait la
preuve d'ailleurs lors de l'échouage sur les récifs de Mo'orea en
septembre 1861, du transport à voile de l'état le "Railleur". A la
suite de ce sauvetage, il était décoré de la médaille d'or du
dévouement le 1er septembre 1862 [1. E/20, c. 53].
Marura'i était père d'une nombreuse famille. En 1859,
il
épousait à Teaharoa (Mo'orea) Terorohioari'i a Tairapa fille de
Taatari'i a Tairapa, qui lui donnait onze enfants [3]. 1°) —
cause
Mahuru, né le 23 octobre 185? ; épousait Repa a Mahinepeu le 17
juillet 1886 à Teaharoa. 2°) — Ahutapu née à Teavaro le 11 juin
1863 ; épousait à Teavaro le 16 mars 1881, Tuarae a Mataare.
3°) —
Patii, né le 17 août 1865 à Teaharoa, mourait à Papetoai le 19
octobre 1916 ; se mariait avec Tehoaitepurotu a Paari. 4°) —
Tauhiro né le 5 octobre 186? à Teaharoa y est décédé le 19 mai
1898. 5°) — Temauiari'i né le 5 octobre 1867, mourait à
Papeari le 6
Société des
Études
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CHEFS ET NOTABLES
25
novembre 1901. 6°) — Teri'iruia née le 10 novembre 1869 à
Teaharoa, décédée à Papeete le 17 novembre 1954 ; épousait à
Teaharoa le 22 octobre 1886, Tauira a Tarahu. 7°) — Rura né à
Teaharoa le 2 août 1871 ; épousait au dit lieu le 13 avril 1892
Teheiura a Roura. 8°) — Tetutau né à Teavaro le 11 février 1874,
mourait à Maharepa le 14 décembre 1918 ; il se mariait à Teaharoa
le 26 novembre 1898, à Toimata a Teihotua. 9°) — Teuatairi né le
17 avril 1876 à Teavaro, y est décédé le 14 janvier 1907 à Afareaitu,
il se mariait avec Vehia a Peau. 10°) — Teri'ihaoaiteuvira né le 15
janvier 1882 à Teavaro, décédé à Teaharoa le 11 février 1935 ;
épousait Orora a Teave le 30 août 1899.11°) — Tetumoea née le 15
juillet 1885 à Teavaro, elle s'y mariait le 16 mars 1906 avec Otae a
Tiraha ; mourait le 19 mai 1924 à Teaharoa.
Le chef Marura'i a Tauhiro était né à Papetoai vers 1833 d'une
vieille famille de Mo'orea ; Poura a Fa'atiarai était sa mère. Il
mourait à Teaharoa le 24 juillet 1889 à l'âge de 56 ans [3].
Il avait une sœur cadette Maheu née en 1841 également à
Papetoai. Elle épousait son cousin Tafarai le 8 février 1853. Elle
mourait le 9 mars 1889 à Papetoai [3].
MATAHIAPO
autre
nom :
a
TANOA
MARAETAATA
Chef représentant de Tuavira Pomare
Chef du district de Hitia'a
Maraetaata était né en 1820 de Matahiapo a Tanoa et de Teehu
Teehu, tous deux descendants de familles de "ra'atira" [3]. Il
était nommé chef représentant du fils de Pomare IV : Tuavira
(Joinville) titulaire du district de Hitia'a, le 8 mars 1872. A la mort
de ce dernier, survenu en 1875, il continuait ses fonctions pour le
fils : Teri'ihinoiatua qui avait pris la succession de son père [9.
1872, p. 72].
Auparavant, il était député de Hitia'a à l'assemblée législative
des Etats du protectorat. Il signait le 29 juin 1880 avec Pomare V
l'acte de cession de Tahiti et dépendances à la France [19 bis, p.
309].
En 1843, il épousait à Tiarei Teri'ipeperetua a Faufa'a, union
restée sans enfant. Il prenait sa retraite et mourait le 11 juillet
1899 à Tiarei [3].
a
MATAITAI a PA'APA'AINA
Juge et pasteur de Afa'ahiti
Mataitai juge et pasteur du district de Afa'ahiti, dont le chef
était le fils aîné de la reine Ari'iaue, était originaire de Porapora,
descendant d'une famille noble de cette île, venu probablement à
26
RAOUL TEISSIER
Tahiti à la suite de Pomare IV, après son dernier
voyage à
Porapora
en
1840.
A l'arrivée des Français à Tahiti en novembre
1843, il rejoignait
les insurgés à Hitia'a près de la cheffesse Teri'itua. Le 21 mars
1844, il faisait partie des gens qui attaquaient le fort de Taravao.
Comprenant l'inutilité de la lutte, après ce combat, il se soumettait
au protectorat en 1845. Le
gouverneur Bruat ayant remarqué qu'il
était instruit et connaissait parfaitement les lois du
pays le
nommait juge du district puis le confirmait dans ses fonctions de
pasteur le 4 février 1847 [Bruat, mai 1847 et 8].
Homme de principes, il était en butte aux tracasseries et à la
malveillance des gens de son district, habitués à mener une vie
désordonnée qu'il ne tolérait pas. Il fut épaulé énergiquement par
le gouverneur Lavaud dans sa lutte contre l'ivrognerie et le
désordre [Notes Lavaud, 1849].
Le 30 janvier 1862, le gouverneur le nommait grand
juge à la
cour des To'ohitu. Après avoir cumulé ces deux fonctions
pendant
quarante deux années, Mataitai s'éteignait à Afa'ahiti le 12
octobre 1889, âgé de 70 ans, étant né à Porapora en 1819. Il était le
fils de Tetuanui et de Teuia a Hiohio. En 1844, il
épousait à
Afa'ahiti Marurai a Taiori. De cette union sont nés :
1°) —
Mauta'ata né en 1845 à Arue, décédé à Papeno'o le 26 octobre 1911
marié à Arue le 11 avril 1866 avec Temauri a Tiaipoi. 2°) — Tiamai
née en 1847 à Afa'ahiti. 3°) — Vaituma né en 1849 à Afa'ahiti.
4°)
Teri'ieua née en 1853 à Afa'ahiti, mourait à Tautira le 9 juin
1898 ; mariée avec Teue'e à Matehau. 5°) — Tearopa, Vaitura'i née
le 8 janvier 1859 à Afa'ahiti ; épousait Fa'aeaea a Tehura.
6°) —
Tetua, Tauari'i né le 6 juin à Afa'ahiti [3.].
—
TAOAHERE
a
MOETERAURI
MOE
Chef des districts de Mataoae et Toahotu
autre nom :
Le chef Moe était descendant de la famille
Moeterauri, une des
plus importantes de la côte ouest de Taiarapu. Il était le fils de Moe
chef de Matavai (Mahina). Il fut adopté par son oncle Puna chef de
Matao'ae-Toahotu, qui n'avait pas d'enfant [10. 1955, n° 112].
Nommé par le gouverneur Bruat chef de Mataoae le 7 janvier et
de Toahotu le 7 juillet 1845, à la place du chef Puna son oncle et
père adoptif qui, en juillet 1844 rejoignait les dissidents au camp
de la Punaru'u (Puna'auia), où il mourait de maladie en 1845.
Taohere a Moe s'était attaché à la personne du gouverneur Bruat
pendant les affaires des camps de Papeno'o, Puna'auia et
Fautaua en 1846. Auparavant, il avait recueilli dans ses districts
les partisans du protectorat de celui de
Mairipehe (Mataiea).
Ceux-ci étant harcelés par les dissidents, avaient été forcés de
quitter le leur [Bruat, mai 1847 ; Lavaud, 1849]. Le régent Paraita
Océanienne;
CHEFS ET NOTABLES
27
avait de l'influence sur lui ; d'ailleurs ce dernier était son beaufrère. Un des premiers partisans du protectorat qui du
commencement
jusqu'à
sa
mort lui est resté fidèle.
En janvier 1861, il demandait au gouverneur d'être relevé de ses
fonctions à cause de son état de santé et de son âge, qui ne lui
permettait plus de les exercer. Pour le remplacer, des élections
eurent lieu dans chaque district de sa juridiction le 12 janvier.
Deux de ses fils furent élus et prenaient leurs fonctions le 21 :
Teiho chef de Mataoae et Roipiha chef de Toahotu. Taohere avait
senti sa fin prochaine car, il mourait le 6 février suivant en
laissant le souvenir d'un homme sage et bon, ayant tenu une main
ferme sur sa nombreuse famille [13. 1861, p.-ll, 13, 25].
Vers 1833, il épousait Tuvahine o uturoa a Aro'a sœur de
Tearere, deuxième femme du régent Paraita et Ravaa'i chef de
Mairipehe (Mataiea) étaient ses beaux-frères. De cette union sont
nés [3] : 1°) — Roipiha né en 1835 à Papeete, y est décédé le 12
septembre 1897. Se mariait avec Fanupiti a Uari'i en 1860, née en
1840 à Pare ; union sans postérité. A la mort de son père, devenait
chef du district de Toahotu le 21 janvier 1861. 2°) — Tearere née à
Pare en 1836. 3°) — Pououra'a né en 1838 à Mataiea, mourait à
Vairao le 29 octobre 1892. Épousait Tetumarere Hopuare a Pifao
le 2 juin 1860 devant le juge de Mataoae ; née le 12 janvier 1839 à
Teahupo'o, décédée à Vairao le 31 mai 1904. Pououra a été adopté
par sa tante Tearere a Aro'a femme du régent Paraita. 4°) —
Hiomahupo'o né en 1841 à Pare, y mourait le 30 août 1921,
célibataire. 5°) — Tetuanui né en 1844 à Pare sous le
gouvernement de Bruat ; décédé le 28 septembre 1916. Épousait à
Mataiea en 1866 Toatiti a Upo'o a Pa'apa'aone, née en 1844 à
Papeno'o sous le gouvernement Bruat. Us furent mariés par le
chef Tere sous le gouvernement de de La Roncière. Une fille de
cette union : Feuti née en 1864, mariée à Maihuti dit Maihota. Elle
mourait à Paea le 26 septembre 1906. 6°) — Varua née en 1847 à
Mataoae sous le gouvernement de Lavaud mourait à Mataiea le 28
septembre 1903. 7°) — Terai née en 1850 à Mataoae, décédée le 13
décembre 1918 à Tiarei ; y épousait le 1er février 1893, Aru a
Manua fils du chef Manua a Paofai né en 1846 à Papeno'o et de
Teaonuimaruia a Nu'utere a Tahitu. Aru a Manua mourait à Pare
le 9 avril 1907.8°) — Teiho, remplaçait son père, décédé, à la tête du
district de Mataoae le 21 janvier 1861. 9°) — Teravero, marié à
Mataoae le 2 juin 1860 avec Maitia a Mahana.
Moe, Tematuanui a Moeterauri, grand-père de Taoahere eut
plusieurs enfants. De sa première femme Pihatua a Tanetefarau
originaire de Hitia'a sont nés : 1°) — Moe chef de Matavai
(Mahina), d'où est issu Taoahere a Moe. 2°) — Puna, chef des
districts de Mataoae et Toahotu. 3°) — Ruatupua née à Vairao vers
1792 et décédée à Paea le 23 juillet 1869. D'une seconde femme
Tehei a Ha'amaea il eut : 1°) — Teave né à Hitia'a vers 1802 ;
28
RAOUL TEISSIER
mourait à Vairao le 13 juillet 1885. 2°) — Nohoe né à Mataoae vers
1806, y est décédé le 11 novembre 1869 [3].
NU'UTERE a TAHITU
Grand juge du Porionu'u à Arue
Nu'utere était iatoa'i de Arue et
Ha'apape. Son père était revêtu
temps anciens d'une charge redoutable : exécuteur des
victimes désignées par les prêtres des marae, pour les sacrifices.
Quand la reine Pomare IV fit son voyage aux îles sous-le-vent en
1840, il était chef de sa garde personnelle. Lors de l'établissement
du gouvernement du protectorat, Nu'utere hésita longtemps
à se
prononcer pour lui. Le grand chef Hitoti de Tiarei l'avait
cependant décidé à se ranger du côté du protectorat, lorsqu'il reçut
aux
lettre de la reine Pomare lui demandant de se prononcer
pour
elle. Se trouvant flatté de la démarche de sa souveraine, il
modifiait sa décision et rejoignait les insurgés au camp de
une
Mahaena, où il combattait les Français le 17 avril 1844. Il prenait
également part au combat de Ha'apape le 29 juin suivant, où son
fils était tué. Il ne voulut pas abandonner son corps sur le
champ
de bataille. Au moment de battre en retraite, il le
transportait luimême vers Papeno'o. Il se soumettait au gouverneur Bruat le 1er
janvier 1847, à la pacification générale. A la même date il était
nommé grand juge du Porionu'u [10.1955, n° 112 ; 1.
A/52, c. 9 ; et
A/57, c. 10]. A la fin de ses services, il se retirait à Tiarei en 1861,
pour y jouir de sa retraite [7. 1862]. L'homme était l'un des plus
capable de Tahiti, éclairé, habile, éloquent et rusé. Orateur de
grande classe, il était très influent par sa parole parmi ses
compatriotes [35. 339]. Il avait un défaut, il était vaniteux.
Né en 1800 à Arue, il mourait à Tiarei le 22 juin 1870. Son
père
était Tahitu a Teri'itiarue ; sa mère Tenu'ufa'atanira a
Tetuahitia'a Nu'utere avait deux frères et deux sœurs
qui sont
morts jeunes. De ce fait, il était l'héritier de tous les biens de la
famille. Il était fort riche en terres situées à Arue et
Ha'apape [3].
De son union à Tiarei, en 1822, avec Taatari'i a
Tetuahutia, née
en 1794 à Huahine, décédée
en 1876 à Tiarei, elle était la fille de
Taatari'i a Taatari'i et de Tuarae a
Teihorere, sont nés cinq
enfants : 1°) — un fils, tué au combat du 29 juin 1844 à
Ha'apape.
2°) — Teaonuimaruia, née en 1835 ; décédée à Arue le 24 novembre
1905, femme de Paofai à Manua, fils du grand juge de Tiarei. 3°) —
Tamaitihauti né à Papa'oa en 1836 ; décédé à Arue le 14 mars 1895.
4°)
—
Nu'utere, Teihoarere, né en 1837 à Mahina ; décédé à Arue le
Tiarei, épousait Fanauari'i a Fa'atauira.
Papeete en 1838 ; décédée à Arue le 24
28 mai 1895. En 1860 à
5°) — Teri'itutea née à
novembre 1905 [3].
Société des
Études
Océ amennes
29
CHEFS ET NOTABLES
HURUINO
a
PAHUTITI
HURUINO
Chef du district de Vairao
autre nom
:
Huruino a Pahutiti, originaire de Taiarapu, ainsi que sa femme
Tuaroa, d'une famille de huira'atira de Vairao, était nommé chef
représentant de Pomare IV dans ce district, à la place du chef
Fanau'e a Aro'a, chef titulaire, destitué par la reine pour s'être
livré à la pêche des nacres aux Tuamotu sans son autorisation. De
son union avec Tuaroa sont nés trois fils et trois filles [10.1955, n°
112].
A l'arrivée des Français à Tahiti en novembre 1843, Pahutiti
étant déjà mort, son fils aîné Huruino le remplaçait à la tête de
Vairao et se prononçait pour
combat du fort de Taravao
l'insurrection. Mais
en
mars
1844, il
après le
ralliait au
peu
se
gouvernement de protectorat. Il fut confirmé chef de Vairao par le
régent Paraita le 2 janvier 1845 [Bruat, mai 1847]. Quelque temps
après, il fut suspendu de ses fonctions par les grands juges, pour
avoir reçu chez lui l'ancien chef Fanau'e, qui était à la dissidence
depuis 1844. Il fut victime d'avoir respecté la vieille coutume
sacrée de l'hospitalité tahitienne. A la pacification générale de
Tahiti en janvier 1847 et à la demande du commandant de
Taravao, il était réintégré dans sa chefferie. Il mourait à Vairao
vers la fin de la même année. Huruino, l'aîné, était un homme
influent à Taiarapu et possédait un parti considérable, qui n'avait
pas rejoint les dissidents grâce à lui.
A la mort de Huruino, le gouverneur Lavaud crut bon, sur la
recommandation de Bruat, à proposer la réintégration de Fanau'e
a Aro'a qui était autrefois le chef légitime de Vairao. Mais il y eut
une telle opposition qu'il renonçait à son projet. Il nommait le fils
cadet de Pahutiti, Tavana chef de Vairao le 1er décembre 1847.
Tavana épousait à Vairao le 18 février 1856, Hinahina a Toetoe
union restée sans enfant [3]. Homme tranquille et sage, c'était un
excellent chef. Il mourait à la tête de son district le 2 juillet 1864.
A la suite d'élections qui avaient lieu le 2 août suivant, Toni
Puohutoe son neveu, juge de Hitia était élu chef de Vairao [9.1864,
p. 237, 296]. Toni signait le 29 juin 1880, avec Pomare V, l'acte de
cession de Tahiti et dépendances à la France [19bis. p. 309].
TAMAHINE ORI
autre nom
:
a
PE'E
ORI
Chef du district de Ma'atea
Fils de la sœur du chef Pe'e. Au décès de son oncle et. en 1848,
était nommé chef de Ma'atea par le gouverneur Lavaud. Ce
30
RAOUL TEISSIER
dernier ne connaissant pas alors les coutumes du
pays, laissait
dépouiller le jeune chef de toutes ses terres de chefferies par la
reine Pomare IV, qui gardait rancune à l'oncle
pour avoir
empêché Mo'orea de se prononcer en sa faveur au moment de
l'insurrection de 1844. Elle le faisait appeler et lui déclarait
qu'elle
reprenait les terres qu'elle avait données à son oncle lors de son
avènement, entre 1835/1840. Cet arrangement clandestin eut son
effet. La reine s'emparait des terrains en
question, par la faute de
l'inexpérience du jeune chef, terres qu'elle gardait jusqu'au mois
de mars 1851 [10. 1955, n° 112]. Le gouverneur Bonard
apprenant
la chose, faisait porter l'affaire devant le tribunal des To'ohitu
qui
rendaient leur sentence en disant que : «lés terres de
chefferies
étaient inaliénables». A la suite de ce jugement Ori était rétabli
étaient inaliénables». A la suite de ce jugement Ori était rétabli
dans la possession de ses biens, au grand mécontentement de la
reine Pomare qui à la suite de cette
affaire, eut en la personne de
Ori un ennemi tenace.
Pendant la période troublée de 1844 à 1846 à Tahiti, Ori habitait
Papeete et
se
mêlait
peu
aux
affaires politiques, quoiqu'il
combattait quelquefois avec son oncle Pe'e. Il avait
également
adhéré au gouvernement du protectorat. Comme son
oncle, il était
un homme sage et sobre et dévoué au
protectorat
[Notes Lavaud,
1849],
Nous n'avons pu découvrir la date du décès de
Ori, ni trace de lui
partir de 1852. Serait-il mort avant 1855 ? Puisque une de ses
parentes était nommée cheffesse du district en avril 1855.
à
PE'E
a
PE'E
Chef du district de Ma'atea et grand juge
Pe'e était originaire de Mo'orea et chef de
Ma'atea, nommé par
la reine Pomare à la tête de ce district vers les années 1835-1840. A
l'établissement du gouvernement du protectorat, le gouverneur
Bruat le confirmait dans ses fonctions de chef. Descendant d'une
vieille famille de "ra'atira" de l'île, Pe'e jouissait d'une très
grosse
influence à Mo'orea. Un des premiers partisans du
protectorat
qu'il défendait dans les assemblées de chefs de novembre et
décembre 1843. En juillet 1844, apprenant
que Maro (Papaiau), un
des chefs dissidents du district de Paea était venu à Mo'orea
pour
inviter la population à adhérer à la
dissidence, il s'y rendait de
toute urgence avec Tairapa et Arahu deux autres chefs de l'île
; il
convoquait une assemblée à Afareaitu dans laquelle il réussissait
à décider, à la presque unanimité des chefs à
reconnaître le
protectorat. En 1845, les grands juges (To'ohitu) du tribunal le
choisissaient pour siéger parmi eux pour représenter Mo'orea
[Bruat à Lavaud, mai 1847 ; 13, n° 112].
jciété des
Études Océaniennes
31
CHEFS ET NOTABLES
Pendant la période de l'insurrection à Tahiti entre 1844 et 1846,
Pe'e combattait parmi les gens de Mo'orea partisans du
protectorat et y était blessé deux fois : la première fois le 22 mars
1846 au premier combat de Fautaua pour débloquer Papeete, puis
le 10 mai suivant à l'affaire du camp de la Papeno'o. Il s'y
conduisait bravement. Par ordonnance royale du 25 juin 1847, il
était décoré d'une médaille d'or. Il mourait peu après au mois de
septembre, remplacé à la tête de son district par son neveu Ori [19
bis].
Son influence était due à son caractère énergique et à
l'opiniâtreté de son comportement. Il était du petit nombre des
chefs qui ne se livraient pas à l'ivrognerie. Pe'e, quoique peu
éloquent avait le don d'entraîner ses compatriotes. Il était l'un des
plus intelligents des chefs de Mo'orea [Notes Lavaud, 1849].
TETUANUITEPUNA'A
a
TAIA
PE'E VAHINE
Cheffesse du district de Ma'atea
autre nom :
Née à Afareaitu en 1830, elle était la fille deTetuanuitepuna'a a
Taia et de Hiti a Auta [3] ; était nommée cheffesse de Ma'atea le 1er
avril 1855 [8.26], et probablement parente de Ori le précédent chef,
dont nous n'avons pu retrouver les traces à partir de 1852.
Pe'e vahine était révoquée de ses fonctions le 26 juillet 1867 [9.
1867, 103]. Nous ne connaissons pas la cause
Elle mourait à Afareaitu le 26 juillet 1873 [3].
PIAPA
a
autre nom :
de cette sanction.
PUNUAPAOA'A
PIAPA
Juge du district de Papeno'o
Le chef Piapa était originaire de Papeno'o, descendant d'une
famille de "ra'atira". A l'établissement du protectorat français
sur les îles de la Société, il exerçait les fonctions déjugé dans son
district. Dès les premiers temps du nouveau gouvernement, il était
son ennemi déclaré. En janvier 1844, en pleine assemblée de
district, Piapa avait foulé aux pieds une lettre
circulaire du
gouverneur Bruat aux habitants de Tahiti. Sommé par ce dernier
de venir lui rendre compte de sa conduite, il refusait et était arrêté.
Quelque temps après il était grâcié par Bruat, en même temps que
plusieurs autres chefs. Libéré, il rejoignait les insurgés du camp de
Papeno'o. Il devenait l'orateur le plus violent de ce camp [1. A/31,
c. 6 ; A/23, c. 5].
C'est lui qui répondait à Maihea, envoyé de Bruat, chargé des
propositions de paix aux insurgés de Papeno'o. L'entrevue avait
lieu le 2 mai 1844. Piapa se levait et après avoir annoncé qu'il
parlait pour tous ceux assemblés dans la vallée de Papeno'o, il
e:
32
disait
RAOUL TEISSIER
:
«que
l'acceptait
:
cela était bien, que lui aussi désirait la paix et
seulement je dois vous poser quelques questions.
Pomare vahine est-elle à terre ? son lit est-il dressé à terre ? son
oreiller y est-il placé ? Maihea répondait qu'il n'avait aucune
mission sur ce point mais que pour l'éclaircir il lui disait que
Pomare vahine n'était point à terre, qu'elle était encore à bord du
bâtiment anglais. Après cette mise au point, Piapa se levait de
et reprenait la parole : «Puisque Pomare
à terre et qu'elle n'est pas comprise dans cette
nouveau
vahine n'est pas
paix, nous aussi
nous la refusons ; nous continuerons notre travail
(la guerre).»
Bien après cette séance et maints combats, les
insurgés ayant été
vaincus le 22 décembre 1846, Piapa se soumettait au
gouvernement du protectorat le 1er janvier 1847, lors de la
pacification générale [P.V. de l'Assemblée des chefs, mai 1844].
En 1848, il était délégué de Papeno'o à l'assemblée
législative
des États du protectorat [9. 1848, p. 26].
Piapa était né àPapeno'o en 1807 ety mouraitle 10 mars 1877. Il
était fils de Piapa a Punapaoa'a et de Vana'a a Titi. De son union
avec Vana'a a Manua était né un fils
Mare, en 1824 à Faaa, y est
décédé le 25 octobre 1871 ; il épousait en 1860 à Faa'a Maraetefano
a Tuaoa qui lui donnait deux enfants : Punua née
à Paea le 5
novembre 1862 et Teiho né le 28 mai 1865 à Paea [3].
PITOMA'I
a
PUHURI
PITOMA'I
Chef du district de Papeari
autre
nom :
Chef représentant de Atiau vahine a Marama, cheffesse
titulaire de ce district. Pitoma'i était le fils de Puhuri. Par son
courage, son énergie, sa probité et sa générosité, il s'était fait un
et un rang, car il était sorti d'une classe peu élevée. Pomare II
nom
les qualités de guerrier de Pitoma'i et s'en faisait son
d'armes et son ami particulier. Après la guerre de
religion de 1815, le représentant de Atiau vahine, Teravero,
mourait vers 1818 ; Pomare II donna son accord pour que son ami
le remplaçât [Bruat, mai 1847 et 10. 1955, n° 112].
A l'arrivée des Français à Tahiti en novembre
1843, Pitoma'i
était toujours le chef de Papeari. A la prise de possession
provisoire le 6 novembre, Pitoma'i était un des premiers chefs à
former le parti hostile aux Français, qui se constituait dans la
presqu'île. Il était déclaré rebelle par le gouverneur Bruat le 20
février 1844 et combattait les Français à l'attaque du fort de
Taravao le 21 mars ; au combat de Mahaena le 14 avril suivant.
Les insurgés de la côte est de Tahiti ayant créé le camp de la vallée
de Papeno'o, il s'y rendait pour continuer la lutte. Effectivement,
le 10 mai 1846, il se mesurait à nouveau aux Français qui avaient
attaqué le camp. Il a été un des derniers à se rallier au
remarqua
compagnon
Société des
Études
Océaniennes
CHEFS ET NOTABLES
33
gouvernement du protectorat, qui avait été rétabli en janvier 1845
et surtout à la suite de la reddition des camps de Fautaua et de la
Punaru'u le 22 décembre 1846. A l'amnistie générale en janvier
1847, Pitoma'i bénéficiait de celle-ci et, comme tant d'autres chefs
anciennement hostiles à la prise de possession, il sera rétabli dans
ses anciennes fonctions à Papeari [39. p. 116].
Lorsque à l'assemblée des chefs du 1er janvier 1847, la franchise
de son langage sur la reine Pomare a prouvé qu'il prenait une
décision irrévocable : se rallier au protectorat et le servir. Dans
cette réunion, un autre chef dissident Fanau'e demandait quel
serait le sort de Pomare IV ? Pitoma'i déclarait qu'il se soumettait
sans condition et que Fanau'e n'avait pas été chargé par eux de
traiter pour la reine qui, les ayant laissé faire la guerre, devrait
s'occuper d'elle-même et des conditions de son retour de Raiatea à
De plus, il récriminait contre ceux dont les avis
mensongers le poussèrent à rester à l'insurrection.
En 1849, le gouverneur Lavaud le notait en ces termes : "je ne
connais personne d'un plus beau caractère et d'une grande
énergie que le chef Pitoma'i. C'est la franchise même et d'un grand
dévouement, fort aimé dans son district [Lavaud, 1849]."
Vers la fin de sa vie, il rencontrait quelques difficultés avec sa
mandante, Atiau vahine, à cause de son caractère indépendant, ce
qui obligea cette dernière à aller se fixer à Papeari, pour le
surveiller de plus près.
Il avait épousé Mere a Fa'ara. De cette union sont nées deux
filles : l'aînée était adoptée par la grande cheffesse Teri'itua du
district de Hitia'a ; la cadette Mere née en 1850, se mariait en 1866
à Mataiea avec Punua a Hopu'u [3].
Le chef Pitoma'i mourait à Papeari avant le mois d'octobre 1854
[39. p. 116].
Tahiti.
AIMATA
ou
POMARE IV
Reine de Tahiti et dépendances
Aimata fille aînée de Pomare II et de Teritoitera'i (Teremoemoe)
fille de Tamatoa III de Raiatea, est née à Pare le 28 février 1813 [2].
W. Ellis pense qu'elle serait née en 1811 ; nous pensons plutôt
comme
Lesson,
elle n'aurait
avec
eu
Tapoa II
vers
que
1810 ou 1811, car si Aimata était née en 1813,
9 ans lors de son mariage en décembre 1822
p.
1810 ou 1811, elle
serait plus vraisemblable [29.
son premier mari. Si nous prenons
était âgée de 11 à 12 ans ; cet âge
289].
frère, le 11 janvier 1827, elle fut
proclamée reine sous le nom de Pomare IV, en absence de tout
rejeton mâle de la dynastie.
En général, la jeune Reine vivait à Mo'orea ou àTaha'a, une des
A la mort de Pomare III, son
34
RAOUL TEISSIER
îles sous le Vent, car la jeune reine était d'un naturel très remuant.
Vers 1830, elle venait se fixer définitivement à Papeete. Vers 1831
elle refusait de reprendre la vie commune avec son Mari Tapoa II
grand chef de Taha'a et roi de Porapora, auquel elle s'était unie au
mois de décembre 1822àHuahine[19bis. 138]. Cet union est restée
sans enfant. Avec le consentement des chefs de Tahiti et contre
l'avis des missionnaires anglais, elle divorçait à cette époque et
se remariait le 3 décembre 1832 avec son cousin Ari'ifa'aite a Hiro
chef à Huahine.
En 1836, mal conseillée par le missionnaire Pritchard,
Pomare
vahine refusait le séjour à Tahiti aux missionnaires catholiques
français Caret et Laval, les faisait expulser en tant qu'étrangers
promoteurs de doctrines contraires à celles pratiquées dans le
pays. Le plus grave : ceux-ci furent brutalisés. Ils protestèrent et la
France intervenait et demandait réparation. Le 29 août 1838,
l'amiral Dupetit-Thouars se trouvant à Papeete réclamait à
Pomare IV outre des excuses, une indemnité de 2 000 piastres
fortes d'Espagne et le salut de nos couleurs par 21 coups de
canons. La reine qui ne pouvait faire autrement souscrivait à
toutes
ces
demandes.
Cependant, après le départ de l'amiral et jusqu'en août 1842, des
français continuaient à être molestés et se plaignaient des
mauvais traitements qui leur étaient infligés. Au mois de
septembre, Dupetit-Thouars réapparait en rade de Papeete. La
situation du royaume tahitien était des plus confuse. La loi n'était
plus respectée par les étrangers, les déserteurs des navires de
passage et autres convicts échappés des bagnes d'Australie. La
corruption administrative était à son comble. De plus, l'amiral
apprenant que des Français avaient subi des dommages dans
leurs biens et surtout à leurs peronnes, il exigeait de la reine et des
grands chefs des réparations et des garanties financières. En
l'absence de la reine qui était à Mo'orea pour ses couches, le régent
Paraita réunissait l'assemblée des chefs et après délibération, elle
reconnaissait les torts de l'administration de la reine. Pour mettre
fin à tous les désordres graves qui sévissaient à Papeete, les chefs
de Tahiti, suivie de la reine demandaient la protection du roi de
France. Dupetit-Thouars l'accordait, sauf ratification par le
gouvernement français.
Dans les premiers jours de novembre 1843, Dupetit-Thouars
arrivait à Papeete et notifiait à la reine et aux chefs la ratification
de leur demande de protectorat. C'est à ce moment que la
résistance de la reine se manifestait, par son refus d'amener son
pavillon personnel et d'arborer le pavillon du protectorat, reconnu
par elle en septembre 1842. Cette attitude de la reine contraignait
l'amiral à lui poser un ultimatum: il lui donnait jusqu'au
lendemain à midi pour amener son pavillon. Le 6 novembre 1843,
à midi, le pavillon à couronne verte flottait toujours chez la reine.
es
Océaniennes
35
CHEFS ET NOTABLES
Les troupes de débarquement pénétraient
hâlaient les couleurs de Pomare et le
dans la
cour
royale,
drapeau tricolore le
remplaçait. La maison de la reine était vide ; elle était partie se
réfugier chez Pritchard. Dupetit-Thouars prononçait la
déchéance de la Reine et installait le capitaine de vaisseau Bruat
gouverneur à Tahiti comme nous l'apprend une lettre de
M. Boutet, secrétaire particulier du gouverneur. La reine protesta
près du roi Loui-Philippe par une lettre datée du 9 novembre 1843.
Pomare eut gain de cause. Le roi des Français et les chambres
refusaient la prise de possession. Le protectorat fut rétabli en
janvier 1845.
Après avoir demandé asile au consul anglais Pritchard, Pomare
vahine ne se sentant pas en sûreté à terre et sous l'influence des
commandants des navires de guerre anglais, en rade de Papeete,
elle se réfugiait à bord du "Basilik" commandant Hunt, dans la
nuit du 30 au 31 janvier 1844. En juillet, elle s'embarquait à bord
du "Carisford" commandé par lord Paulet qui la déposait le
lendemain 15 à Raiatea. Dans cette île, près de son oncle Tamatoa
IV, elle se prétendait à l'abri des menées possibles des autorités
françaises de Tahiti.
La prise de possession n'ayant pas été ratifiée par LouisPhilippe et les chambres, le protectorat de 1842 était rétabli, ainsi
que la reine dans tous ses droits en janvier 1845. Deux tentatives
de Bruat, en août et décembre 1844, pour faire rentrer la reine
Pomare IV à Tahiti échouèrent. Par l'assemblée des chefs, Bruat
faisait nommer Paraita régent du royaume.
En février 1844, commençait l'insurrection de Tahiti,
conséquence de la prise de possession, et elle ne devait s'arrêter
qu'en décembre 1846. On se battait à Taravao, Mahaena,
Ha'apape, Faaa en 1844 ; à Papeete même, Ta'apuna, Papeno'o,
Puna'auia et Fautaua en 1846. La paix était rétablie le 22
décembre 1846 ; les insurgés reconnaissant le gouvernement du
protectorat.
Après la pacification, Bruat s'occupait de la réorganisation de
l'administration du gouvernement du protectorat. Tout cela se
faisait sans que le nom de Pomare soit prononcée. La reine
comprit que l'on allait se passer d'elle et que son opposition se
tournerait contre elle. Il était même question de la remplacer sur le
trône tahitien par son cousin Ari'ipaea (Haumure). Pomare IV
demandait alors à voir le gouverneur Bruat; celui-ci acceptait.
L'entrevue eut lieu à Papetoa'i (Mo'orea) le 6 février 1847 dans le
temple. S'étant entendu avec la reine, Bruat sortait de l'édifice et
déclarait publiquement à la foule présente "qu'au nom du roi
Louis-Philippe, il rétablissait Pomare IV dans ses droits et dans
son autorité et qu'elle exercerait dorénavant sur toutes les terres
du royaume, comme
reine
dans le gouvernement du
la reine débarquait à Papeete
reconnue
protectorat. Le 9 février suivant,
Extraits généalogie de K. Emory
I
-
Extraits de la généalogie de Mare
Tetumatauroa □ Tetuanui i
Fareroi
I
-
Tuheiari'i □ Teri'ieura
II
-
Teuraiteatua □ Ari'ipaea t.
III
-
IV
-
1. Tutaha t.
1. Teuraiteatua
II- TutahaOTereiatuadePunaauia
1. Ta'aroamanahune t. 1705-1767.
2. Tutaha t. 1708-1773.
III
-
v.
1. Tumoehania t.
Ta'aroamanahune □ Tetuaehuri
de Vairao
Tumoehania □ Tetuaehuri de
Vairao
1. Tunuieaaiteatua, Teu
1. Teihomo'eroa t.
1725-23/11/1802.
Tunuieaaiteatua, Teu □ Tetupaia
i Hauiri
1. Teri'inavahoroa
u.
1744-1789.
2.
Tu, Vaira'atoa t. 1745-3/9/1803
(Pomare 1er).
3. Ari'ipaea u. 1747-1790.
4. Teri'ifa'atau, Ari'ipaea t. 1759-1797.
5. Tupuaiotera'i, Pa'itia 1.1763-9/1803
6. Auo, Terereatua u. 1767-3/1808
7. Tepau t. 1769-?
V
Tu, Vaira'atoa □ Tetuanui de
(Itia) 1764-1814
-
Mo'orea
1. Teri'inavahoroa
u. morte très jeune.
2. Tunuieaaiteatua t. 1774-7/12/1821.
3. Teri'inavahoroa (Vehiatua) t.
1785-19/6/1803.
VI
Tunuieaaiteatua □ Teritoitera'i,
Teremoemoe 1793- ?
-
1. Aimata v. 28/2/1813-17/9/1877.
2. Teina t. 1817-20/3/1818
3. Teri'itaria t. 1820-11/1/1827.
VII
-
Aimata □ Ari'ifa'aite a Hiro
18/1/1820-6/8/1873.
1. Ari'iaue t. 8/12/1838-10/5/1855.
2.
Teratane, Ari'iaue t.
3/11/1839-12/6/1891.
3. Teri'imaeoarua
23/5/1841-12/2/1873.
4. Tamatoa t. 23/9/1842-30/9/1881.
5. Teri'itapunui t.
20/5/1846-17/9/1888.
6. Teri'itua (Joinville) t.
17/12/1847-9/4/1875.
□
=
épouse
—
t. = tane
GÉNÉALOGIE DES POMARE
Société des
Études
Océaniennes
—
u. =
vahine
Généalogie de la Haute Cour
Fichier
généalogique-de Papeete
Période actuelle
tahitienne volume 15 n° 96.
Tupuna no te Ari'i vahine
0 Temuhu te fenua, tehoa te marae, Tefareri'i te
mataiena'a ; Tehuritaua tane no nia mau iho i
teinei fenua.
Teu □ Tetupaia i Hauiri, Taputapuatea
marae
1. Teri'inavahoroa v.
•
2. Vaira'atoa t.
Q
O.
4.
Ari'ipaea t.
5. Tehamaitua
6. Tetupuai t.
7. Tepau t.
v.
Vaira'atoa □ Tetuanuireiaiteraiatea
1. Teri'inavahoroa v.
2. Pomare II t.
3.
Teri'itapunui t.
Pomare II □ Teremoemoe,
Taputapuatea te marae
1. Pomare IV
v.
2. Teinaiti t.
3. Pomare III t.
Ta'aroamanahune, taoto fa'ahau i te vahi¬
ne api ia Tetuaumeretini fanau :
1. Putaitara o
2. Tutahoa t.
Vehiatua
v.
3. Tefananuiahuritaua t.
4. Tetuahutia
5. Imiroa
v.
Tefananuiahuritaua □ Fanautuoro v.
1. Teri'ifa'ataua t.
2. Metuamaitai v.
3. Tehahatu t.
4. Tetua t.
5. Tevahitua v.
Tehahatu
A huif
taoto i te
a
fanau
vahine iaAnae no
:
Vaira'atoa □ Haururu
1762-3/1832
v.
de Tautira
1. Hamarura'i t.
1.
v.
Te'e'eva taoto i te tane
1. Vaira'atoa v.
a
2.
Tetupaia
1819-11/11/96.
2. Te'e'eva 1823-2/7/1871.
iaHihipa fanau
Te'e'eva, Fa'atere'au □ Hihipa, Tahitoe
v.
de Raiatea + 1883.
3. Tetuaitera'i v.
4. Ari'ititi t.
5. Teri'ifa'atau v.
1. Vaira'atoa
2. Tetupaia v.
3. Tetuaiterai
6. Tahitoroi t.
Te'e'eva
a
taoto i te tane no farani fanau
6. Tahitoroi t.
Te'e'eva a taoto fa'ahau i te tane
Taatari'i Tairapa, fanau :
ia
1. Umarea t.
u.
v.
4. Ari'ititi v. 1842-22/6/1890.
5. Teri'ifa'atau, A'e 1838-?
1. Tehahatu t.
2. Teura
Hamarura'i, Ari'ipaea, Haumure
i
2. Te'e'eva
Te'e'eva □
(Tahitoe) 1839-27/9/1900.
un
français
7. Tehahatu t.
Te'e'eva, Fa'atere'au □ Taatari'i
Tairapa 1788-8/6/1879.
v.
Opani
8. Umarea t. 1858-1898.
roa
9. Teuraitiahotu v.
1859-3/12/1918.
Teri'ifa'atau, A'e □ Teihotua t.
1. Ari'ifa'ataia t.
1865-?
2. Vavea 1860-1917
3. Punuari'i t. 1870-?
Société des Et
es
Ucean
a
38
RAOUL TEISSIER
avec le gouverneur Bruat. Ayant accepté le protectorat, Pomare
demeura fidèle à ses engagements. Le reste de son règne fut sans
incident notoire.
Pomare IV apprécia le gouverneur Bruat : ce commissaire de
belle prestance et toujours de joyeuse humeur. Elle lui accorda sa
confiance ainsi qu'à Madame Bruat. Lorsque son dernier fils
Teriitua se rendit à Nantes pour faire ses études, elle le confia à
Madame Bruat qui, à l'occasion, était sa représentante auprès des
autorités françaises dans la métropole.
En 1857, elle assistait à Raiatea au couronnement de son
troisième fils Tamatoa comme roi de l'île, en remplacement de son
grand oncle Tamatoa IV, sous le nom de Tamatoa V.
En 1860, la même cérémonie se renouvelait à Porapora. Sa fille
unique Teri'imaevarua succédait à Tapoa II, son père adoptif et
premier mari de sa mère, sous le nom de Teri'imaevarua II. Elle
régnait sur Porapora jusqu'en 1873, année de son décès.
Pomare IV était pour une tahitienne une femme fort distinguée.
Ses fréquentes relations avec les représentants des puissances
étrangères et les traitements qu'elle en avait reçus lui avaient
donné le sentiment de sa position et de sa dignité ; accordant peu,
elle voulait beaucoup obtenir. Elle possédait sur son peuple et sur
sa famille le plus grand pouvoir. Paraissant
peu se soucier des
honneurs, la reine y était néanmoins sensible et tenait à
l'observation des formes extérieures qui devaient donner une idée
de sa puissance et de sa dignité. Malgré son désir d'exercer ellemême le pouvoir, elle le laissera toujours en d'autres mains, faute
d'aptitude à un travail régulier, surtout si on avait soin de
ménager son amour-propre. Son caractère, facile à impressionner,
ne permettait pas de lui laisser recevoir des
inspirations
quotidiennes [Bruat, mai 1847].
Pomare IV mourait à Papeete le 17 septembre 1877, à 8 heures
du matin. Ayant été embaumée par son ami le docteur
Chassaniol, ses obsèques étaient célébrés le samedi 22 au milieu
d'un grand concours de peuple venu des îles Tuamotu, sous le
Vent, de Tahiti et Mo'orea, accompagnées des autorités civiles et
militaires jusqu'à son lieu de sépulture à Papa'oa (Arue).
Pomare IV avait régné 50 années [19. p. 304-305].
Pas très grande, la reine était plutôt jolie avec de très beaux
yeux intelligents et expressifs. Elle se montrait excessivement
curieuse et observait tout
sans en
avoir l'air. Dans les débuts de
règne, elle était généralement vêtue comme toutes les
tahitiennes, c'est-à-dire du "pareu" noué à la ceinture et d'une
camisole à manches boutonnée jusqu'au cou, constituant le
costume imposé par les missionnaires, mais pour les réceptions et
cérémonies elle s'habillait à l'européenne. Plus tard, elle adoptait
la grande robe flottante et avec traîne. Elle se tenait assise par
terre sur des nattes, entourée de suivantes jeunes et choisies.
son
S(
des
Études
Océaniennes
CHEFS ET NOTABLES
39
jamais couché dans un lit, mais toujours sur des
mangeait seule, jamais avec ses enfants ni ses belles-
Pomare IV n'a
nattes. Elle
filles.
Elle trouvait écrasant le fardeau de la royauté. Aussi en fuyaitelle les responsabilités et les charges en n'habitant le Palais royal
que
quand
sa
présence y était absolument nécessaire.
Le reste du
ville au bord de la mer, au quartier "Paofai"
"Papa'oa" à Arue, où était la demeure familiale des Pomare
temps, elle résidait en
où à
[39.
p.
31].
Une voyageuse Madame Ida Pfieffer de passage à Papeete, vit
la Pomare IV pour la première fois, à la fête anniversaire du roi
Louis-Philippe le 1er mai 1847 et la décrivait en ces termes : "c'est
une femme de 36 ans, grande et forte, mais encore assez bien
conservée. Elle n'était pas mal de figure et a une rare expression
de bonté peinte autour de la bouche et du menton". [37. p. 132].
Premier mari de la reine.— Petit-fils de Tapoa 1er qui vainquit
Raiatea et Tahaa, Teri'inohora'i ou Tapoa II était né vers 1810 ;
épousait à Huahine, en décembre 1822, Aimata, Pomare vahine.
Tapoa II avait pour mère Pa, d'une famille de chef de Porapora
[10. n° 143, p. 276],
Dans son jeune âge Tapoa II fut adopté par Pomare II, lors d'un
voyage accidentel que ce dernier fit à Taha'a en 1815. Bien plus
tard le jeune prince de Taha'a était connu sous le nom de:
"Pomare opu rahi" Pomare au gros ventre, car Tapoa était grand
et obèse. [1. 3/31, c. 6,1845]. Très observateur et très fin, Tapoa II
était doué d'une capacité remarquable et d'une grande fermeté
politique. Il cherchait par son influence à reprendre de
l'ascendance dans le gouvernement des îles sous le vent. Rigide
observateur des pratiques établies par les missionnaires, il
désirait sans toutefois l'avouer, rester en bons termes avec les
autorités du Protectorat. Pour son temps, Tapoa II était un
homme instruit qui lisait beaucoup. En 1831, Pomare IV divorçait
de Tapoa, tout en restant en bons termes avec lui. Quelques
années après Tapoa II adoptait l'unique fille de Pomare IV,
Teri'imaevarua pour lui succéder sur le trône de Porapora, Tapoa
n'ayant pas eu d'enfant d'avec Pomare vahine ni de sa seconde
femme, Tapoa vahine, femme d'une grande beauté, dont la famille
était noble mais pas de sang royal, originaire de Porapora [27.
p. 266-268].
Au mois de juillet 1860 Tapoa II fut enlevé à la vénération de ses
sujets. Pendant toute son existence, il avait donné satisfaction
aux missionnaires par sa tenue morale et il était considéré comme
un des caractères les plus droits parmi les indigènes de l'archipel
[13. 1860, n° 3].
Deuxième mari de la reine. Ayant divorcée de Tapoa II la reine
Pomare se remariait le 3 décembre 1832 avec Ari'ifa'aite a Hiro
son cousin germain; né le 10janvier 1820 à Huahine. Sa mère
40
RAOUL TEISSIER
Teihotu était la dernière fille de Tamatoa III de Raiatea, et sœur de
Teremoemoe mère de Pomare IV. [27. p. 259-261].
Ari'ifa'aite pratiquait la religion protestante, plutôt pour
l'exemple
que par dévotion car, vers 1830 au moment de l'hérésie
"Mamaia" sévissait à Tahiti et aux îles sous le vent, il en a été un
fervent adepte avec la reine. Ils furent excommuniés par les
missionnaire anglais, cependant ils furent réintégrés dans la
communauté en 1836, comme nous l'apprend une lettre de Pomare
IV au pasteur Nott, en date du 4 février 1836.
Lors du départ de la reine pour Raiatea en juillet 1844, ayant été
déchue de son trône par l'amiral Dupetit-Thouars, Ari'ifa'aite la
suivit dans son exil volontaire. Le protectorat ayant été rétabli,
Pomare IV remise en possession de son royaume en 1847, il
revenait avec elle à Tahiti au mois de février. Des dissensions
ayant troublé leur vie commune, le prince consort repartait vivre à
Raiatea. Au mois de mars 1849, il en revenait fort convenable
envers la reine, car elle avait eu souvent à se
plaindre de sa
conduite et de sa brutalité.
Pendant la période troublée du protectorat Ari'ifa'aite avait été
un adversaire sérieux de ce gouvernement.
Depuis son retour, il
était revenu à de meilleurs sentiments. Les affaires de son pays le
laissait indifférent et il ne s'en mêlait jamais. Cependant il aurait
pu exercer une grande influence sur Pomare vahine parce que
celle-ci lui portait un véritable attachement. La reine était
sensible aux égards que l'on témoignait à son mari. [Bruat,
mai 1847].
Madame Pfieffer de passage à Papeete à cette époque disait de
lui : "Les Français l'appellent en riant : le prince Albert de Tahiti,
non seulement à cause de sa
beauté, mais aussi parce que, comme
le prince Albert d'Angleterre, il n'a pas le titre de roi, mais le nom
d'époux de la reine. Il avait un uniforme de général français, qui
lui allait très bien, d'autant qu'il savait le porter. Il avait de la
prestance, de l'extérieur,
nous assure
Bruat."
Pomare IV eut six enfants de Ari'ifa'aite qui mourut à Papeete
le 6 août 1873. [2].
ARl'IA UE.— Fils aîné de Pomare IV, né le 12 août 1838 à l'îlot
de Motu Uta à Papeete ; meurt le 10 mai 1855 âgé de 18 ans et
célibataire; chef du district de Afa'ahiti, tout en étant l'héritier
présemptif de la couronne tahitienne. Il parlait l'anglais et le
français. Son caractère égal et obligeant l'avait fait aimer et
regretter de tous ses compatriotes. [13. 1855, n° 28].
TERATANE, ARI'IAUE (voir Pomare V)
TERI'IMAEVARUA.- Fille unique et troisième enfant de la
reine ; née le 23 mai 1841 à Raiatea, meurt à Porapora le 12 février
1873. Elle épousait le 28 février 1866 à Papeete Temauiari'i a Mai,
fils de Tehapai Maheanu'u a Mai et de Aromaitera'i a Tati, sœur
de Ari'itaimai, et petite-fille de Tati chef de Papara. [2],
té
CHEFS ET NOTABLES
41
Elle fut élevée et adoptée par Tapoa II roi de Porapora, premier
mari de la reine. A la mort de ce dernier en 1860, elle régna sur
sous le nom de Teri'imaevarua II du 3 août 1860 date de
couronnement jusqu'au 12 février 1873. [2 et 35. 372, 452],
Son union avec Temauiari'i étant restée sans enfant, sa nièce
Porapora
son
Teri'imaevarua, fille de son frère Tamatoa et de Moeterauri (Moe)
de Teri'imaevarua III.
TAMATOA.— Troisième fils et quatrième enfant de Pomare
IV, né le 23 septembre 1842 à Mo'orea ; meurt le 30 septembre 1881
à Papeete. Il épouse le 12 juillet 1863, à Raiatea, Moeterauri a Mai,
dite Moe, fille de Tehapai, Maheanu'u a Mai pasteur du district de
Faa'a et de Aromaitera'i a Tati, cheffesse de Faa'a. [27. p. 266-268
et 2]. Par sa mère, il était arrière petit-fils de Tamatoa III roi de
Raiatea. Il fut adopté par Mo'eore Tamatoa IV, et à la mort de ce
dernier, lui succéda sous le nom de Tamatoa V ; règne sur Raiatea
du 19 août 1857 au 8/2/1871 date à laquelle il fut déchu de son
trône par ses sujets, à cause de sa vie déréglée. Le petit-fils de
Tamatoa IV, Tahitoe, prend sa succession le 1er août 1872.
De son union avec Moeterauri a Mai sont nés :
1° Teri'iounumaona tane (1867-1872) ; 2° Teri'ivaetûa (1869-1918)
qui a épousé Norman. Brander ; 3° Teri'imaevarua vahine qui
deviendra reine de Porapora et femme de Teri'ihinoiatua (18711932) ; 4° Tamatoa tane (1872-1873) ; 5° Teri'inavahoroa vahine
(1877-1918), épouse Opuhara Salmon, fils de Tati Salmon chef de
Papara. Veuve elle se remarie avec son beau-frère Teuraitera'i
(Mote) Salmon ; 6° Aimata (1879-1894). [2 et 3].
TERI'ITAPUNUI, PUNUARI'I.— Quatrième fils et cinquième
enfant de Pomare IV, né le 20 mai 1846 à Raiatea. Il se mariait au
mois de juin 1862, à Tautira avec Teri'inavahoroa fille de
Tera'imano a Mai, pasteur de Tautira (frère de Maheanu'u de
Faa'a) et de... Amaria, Ahuura a Fatohia a Tati fils du grand chef
Tati de Papara et lui-même chef du district de Tautira. De cette
union, une fille : Teri'inavahoroa [2 et 3] morte en bas âge.
Teri'itapunui était chef du district de Afa'ahiti et président de la
Haute cour tahitienne (To'ohitu). Le 29 juin 1880, il contresignait
la déclaration de cession de Tahiti à la France par son frère le roi
Pomare V. Acquis aux idées françaises, il contribua beaucoup à en
répandre l'influence dans les îles de la Société. [35. p. 372, 452],
Il meurt le 17 septembre 1888 à Papeete, regretté par les
Tahitiens qui avaient toujours trouvé en lui un chef bienveillant,
et par les Français qui ont gardé le souvenir des services qu'il a
rendus à leur cause. [13. 1888, 27 sept.].
TERI'ITUA, TUAVIRA.— Cinquième fils et dernier enfant de
Pomare IV, né le 17 décembre 1847 à Papeete ; chef du district de
Hitia'a. A 15 ans, le gouverneur de la Richerie l'envoyait en
France pour poursuivre ses études et y parfaire son éducation. Il
a
Mai, lui succéda
sous
le
nom
42
RAOUL TEISSIER
partait
par 'TIsis" le 3 novembre 1862 et arrivait à Brest le
25 février 1863 après quatre mois de voyage. Il entreprenait ses
études chez les frères de Ploërrnel à Nantes. Sa mère choisit pour
la représenter auprès des autorités françaises Madame Bruat,
veuve de l'ancien gouverneur,
qu'elle avait connue et appréciée à
Tahiti. Elle servit également de correspondante à Teri'itua. En
juin 1865, il embarquait à Brest sur la "Néréide" pour revenir à
Tahiti. [35. 372, 452],
A sa naissance Teri'itua fut adopté par la cheffesse du district
de Hitia'a Teri'itua vahine qui était sans enfant et proche parente
de la reine. Cette cheffesse mourut le 3 juin 1849, en laissant son
district et
son
titre à Teri'itua. Cette succession était confirmée
le gouverneur Lavaud qui le nommait chef de Hitia'a. Étant
très jeune, 2 ans, le district fut administré par Teohu mari de la
défunte cheffesse. [Notes Lavaud, 1849].
Un voyageur étranger A. Adams écrivait de lui: "la nature
charmante et fine de Joinville lui avait valu dans la colonie, une
popularité de bon aloi. Il était d'une beauté physique
extraordinaire, cavalier accompli, chaud partisan de la France et
de la réforme des mœurs". [35. 452].
A son titre de chef de district de Hitia'a, Tuavira était fier
d'ajouter celui d'élève interprète à la direction des affaires
indigènes, où il se distinguait par son aménité et ses prévenances.
C'était pour lui une occasion de montrer la connaissance qu'il
avait acquise de la langue française. [13. 1875, n° 15, supl.].
Teri'itua mourait à Papeete à l'âge de 28 ans, le 9 avril 1875. [2].
Le 17 juin 1868, il avait épousé Isabella Shaw, née à Afàreaitu
(Mo'orea) en 1850, fille de William Shaw, commerçant anglais, et
de Teina a Tohi fille d'une famille de chef de Mo'orea. En 1877, elle
remplace son époux à la tête de son district, et meurt le 4 décembre
1918, victime de l'épidémie de grippe espagnole. De cette union est
né Teri'ihinoiatua connu sous le nom de "prince Hinoi".
[2 et 3].
Le jour du baptême du prince Teri'itua, la reine Pomare IV
ayant exprimé au gouverneur Lavaud le désir qu'il choisit luimême le nom de l'enfant, et que ce nom fût celui d'un des fils du roi
des Français, le gouverneur répondit par le nom de Joinville que
les Tahitiens traduirent en Tuavira. [24. 454].
par
TERATANE, ARI'IAUE
a
TU,
ou
POMARE V
TERI'ITARIA
Roi des îles de la Société et dépendances
autre
nom :
Deuxième fils de Pomare IV, né le 3 novembre 1839 à Taravao,
son frère aîné en 1855, il devenait héritier de
la couronne tahitienne et prenait le nom de son frère : Ari'iaue. [2].
(Tahiti). A la mort de
CHEFS ET NOTABLES
43
Le 24 septembre 1877, deux jours après l'enterrement de sa
mère, l'assemblée législative tahitienne était convoquée par
l'Amiral Serre, gouverneur par intérim. Les autorités tahitiennes
françaises étant réunies dans la grande salle du "Fare
apo'ora'a", l'amiral ayant à sa droite Ari'iaue, lit au peuple une
proclamation traduite par l'interprète Barff qui se terminait en
ses termes :
"et saluez avec moi Pomare V roi des îles de la
Société et dépendances". Le roi, l'amiral et les assistants
passaient devant les troupes, pendant que la population
acclamait le nouveau souverain. [19. p. 306].
Après trois ans de règne, le 29 juin 1880, Pomare V faisait don de
ses états à la France. Le roi n'avait aucun héritier direct et venait
et
...
de refuser de reconnaître la fille de Marau sa femme. A une
mauvaise santé, s'ajoutaient son peu de goût pour les affaires
publiques, et une vie privée perturbée par de lourdes dettes. Il
reconnaissait également que son pays était entraîné vers une
civilisation dont il comprenait la nécessité, sans pouvoir en
diriger l'évolution. Poussé par son ami Adolphe Poroi, son avocat
Me Auguste Goupil, le roi finit par se décidé, mais ne voulut pas
signer la donation sans le consentement des chefs. Ceux-ci furent
invités à se rendre d'urgence à Papeete, où le gouverneur les
accueillit le 29 juin à 8 heures. Une heure après était signée la
déclaration établissant la réunion à la France des îles de la Société
dépendances [19 bis. p. 308]. Auprès de la signature du roi
figurent celles de Teri'itapunu'i son frère, de Ari'ipeu chef de Arue,
son oncle : de 18 chefs de Tahiti et Mo'orea dont Tari'iri'i a
Vehiatua fils de Pe'eueue ; Hitoti a Manua petit-fils du grand juge
Paofai de Tiarei. Une photographie du groupe est conservée au
Musée de Papeete. Après cet acte, Pomare V faisait remise de
l'impôt de la liste civile qui désormais ne serait plus perçu. Le 30
décembre 1880, la Chambre des députés et le sénat déclarèrent
Tahiti et ses dépendances territoires français. Par cette loi, la
nationalité française était acquise de plein droit à tous les anciens
sujets de Pomare. Pour parfaire son œuvre, Pomare V abolissait
en 1885 la coutume du "Teuteu ari'i" (domestiques du roi fournis
par les districts). [12. 1. janv. 1881].
Pomare V avait épousé le 11 novembre 1857 Temari'i (Teuhe) a
Teurura'i née à Huahine en 1838, décédée le 21 août 1891 à
Papeete; fille aînée de Teurura'i, Ari'imate roi de Huahine et
Teha'apapa II. Cette union fut dissoute par divorce le 5 août 1861.
[35. p. 373-4, 419].
Quinze années après le 28 janvier 1875, il épousait sa petite
cousine Joanna Marauta'aroa Salmon (1861-1935) dont le père
était gros propriétaire et commerçant anglais Alexander Salmon
et
et la mère Ari'itaimai
petite-fille du grand Tati de Papara. La vie
fut de très courte durée. La reine préférait passer son
temps soit dans sa famille, soit chez des amis ; le roi reprenait ses
commune
société des Études Océaniennes
44
RAOUL TEISSIER
habitudes et renouait sa liaison avec une tahitienne, qui bientôt
fut supplantée par la belle sœur du roi, la veuve de son frère
Joinville, après le décès de celui-ci en 1875. Ce mariage était
dissout par divorce le 27 juillet 1887. [35. p. 419].
Pendant leur vie séparée, malgré qu'il existait une entente entre
eux, Marauta'aroa eut trois enfants que le roi ne voulut jamais
reconnaître
comme ses propres enfants. C'est
par décision de
justice que les deux premiers portèrent le nom de Pomare, car aux
yeux de la loi française ces enfants : Teri'inuiotahiti (1879-1961) ;
Ari'imanihinihi (1887), nés dans le mariage devaient porter le
nom du roi. Le troisième,
Ernest (1888-1961) fera une très brillante
carrière dans la magistrature française. Il sera officier de la
Légion d'Honneur.
Pomare V était un homme grand et fort, un peu gros, dont la
physionomie ne manquait pas de caractère. Le front était vaste et
découvert, le regard expressif et doux. Il portait une belle
moustache. Revêtu de sa tenue d'amiral français, il avait grand
air et une belle prestance. Hélas ! il s'adonnait passablement à la
boisson. Il ne manquait pas d'intelligence et de bon sens, parlait
couramment le français et l'anglais, et aimait sa terre natale et ses
sujets, qui le vénéraient. D'un abord facile et bienveillant, il était
très aimé de tous ceux qui l'approchaient. Avant sa mort, il avait
exprimé le désir que les Tahitiens ne se coupassent pas les
cheveux, comme la coutume le voulait, lors d'un deuil royal. [32.
77],
Il était officier de la Légion d'honneur et du Mérite agricole. [9.
9nov. 1880].
Pomare V mourait à Papeete le 12 juin 1891. Sa dépouille
mortelle fut déposée dans le caveau de famille à Papa'oa (Arue).
[2].
TERI'IHINOIATUA POMARE
a
TU
Autre nom : HINOI
Chef du district de Arue
Fils unique de Teri'itua, Tuavira (Joinville) et de Isabella
Shaw ; petit-fils de la reine Pomare IV, né le 2 août 1869 à Arue. [2].
Le prince Hinoi recevait, chez les frères de Ploërmel à Papeete,
une éducation française. Il était
intelligent et sympathique.
C'était un homme d'une taille au-dessus de la moyenne, avec un
embonpoint
Il portait une belle moustache noire
air martial. Il aimait jouir de la vie et avait
tendance à abuser des boissons fortes. Très populaire parmi la
population tahitienne et européenne de Tahiti, Hinoi avait été
adopté par son oncle Pomare V, et élevé par le roi, jusqu'à la mort
de ce dernier le 12 juin 1891.
assez prononcé.
qui lui donnait
un
Société des
Études
Océaniennes
45
CHEFS ET NOTABLES
Pomare avait
lui, le droit de faire flotter sur son palais le pavillon
tahitien. Mais, il n'avait pas convenu que son héritier jouirait du
même droit. En conséquence, trois jours après son décès, le 15 juin
à 15 heures, le gouverneur se rendit dans la cour du Palais royal,
où il fut reçu par le prince Hinoi et un certain nombre de chefs de
districts présents à Papeete. Un détachement de troupes de la
garnison formait le carré autour du mât de pavillon, auquel
pendait en berne le drapeau du protectorat. [19 bis. 324].
Hinoi et les chefs présents à la cérémonie se réunissaient autour
du mât. Le prince prenait la drisse et amenait le vieux pavillon qui
avait flotté sur Tahiti pendant plus de soixante années. Le chef de
Mahaena Teri'inohora'i ne pouvait maîtriser son émotion
embrassait cet emblème pendant qu'il le roulait et l'attachait puis
le tendait au prince Hinoi, qui le donnait au gouverneur. Ce
dernier le remettait au commandant de la "Vire", en instance de
départ pour la France pour le transmettre au Président de la
République. [10. n° 69, 301-304].
Hinoi avait épousé le 9 janvier 1884 à Porapora [24. 453] sa
cousine germaine Teri'imaevarua II (1871-1932) reine de
Porapora, fille de Tamatoa V roi de Raiatea et de Moeterauri a
Dans le traité conclu entre Pomare V et la France,
conservé,
pour
petite-fille de Pomare IV. Le couple n'eut pas d'enfant et il
en 1887. [15. 116 ; 26. 179 ; 24. 482],
D'une première compagne qui était originaire de Atiu (Cook),
sont nés : Ari'iaue, Tevahitua (Aiu Rahi) (8/3/1893-9/1/1934),
sans descendance ; Tetuanuitarahoi, Moearu (13/11/189613/2/1939) qui épouse William Cowan (15/4/1893-22 octobre
1957) : nombreuse descendance. [3].
D'une deuxième compagne Ruta, Ahuura a Avae dite "marna
Nita", née à Moera'i (Rurutu) vers 1875, décédée à Arue le
13/3/1948, est né Ari'ipaea dit Paea le 1/2/1898, décédé le
26 juillet 1947, qui épouse le 11 octobre 1919 Louise, Moeari'i a
Haerera'aroa, 1899-1964 qui lui donne une nombreuse
descendance. [3].
Le prince Hinoi était chef de Arue, président de la Haute cour
tahitienne et chevalier de la Légion d'honneur. Il meurt à Papeete
le 28 mai 1916 et fut inhumé dans le caveau de famille à Arue.
Mai ; et
divorça
ORIGINE DE LA FAMILLE POMARE
Devenus par nécessité de hardis navigateurs, les habitants des
îles Tuamotu, situés au nord-est de Tahiti, parcouraient les îles sur
leurs pirogues pontées et vinrent souvent à Tahiti où, de bonne
heure, ils nouèrent des relations, plus
particulièrement avec la
presqu'île de Taiarapu et nombre d'entre eux s'y établirent et
firent souche. Les gens des Tuamotu étaient d'intrépides guerriers
et ce furent dans maints combats, les auxiliaires du célèbre
■e;
46
RAOUL TEISSIER
Vehiatua grand chef de Taiarapu. [18].
Au nombre de ces immigrants, était un certain
Tumakinomakinô. Originaire de l'île Anaa, il s'était établi à
Fakarava en subjugant quelques îles aux alentours de celle-ci.
Alors qu'il se rendait à l'île Niau, il fût pris dans un fort
coup de
qui le poussa vers les côtes de Tahiti. Le destin voulut qu'il
échoua à Taunoa, au district de Pare, dans le Porionu'u. Le chef de
vent
cette localité Mauahiti lui fit bon accueil. Ces deux hommes
devinrent bientôt liés d'une étroite intimité et, à sa mort, Mauahiti
lui donna toutes ses terres et son titre
[18]. De ce
Tumakinomakino, disons Tu pour plus de facilité, est issu
Teuraoteatua vahine qui prit pour mari Ari'ipaea chef de
Papa'oa
(Arue). Elle en eut plusieurs enfants dont l'aîné
Ta'aroamanahune succéda à son père. [30. 231].
Il existe une autre généalogie des Pomare, se trouvant au Musée
de Papeete, que l'on connaît peu. Il
s'agit d'un manuscrit dont
l'auteur est Monsieur Kennett P. Emory du
Bishop Museum de
Honolulu. [6].
Cette généalogie semblerait remonter jusqu'aux
temps
historiques, c'est-à-dire vers 1600 approximativement de notre
ère. Ce document est intéressant parce que l'on
y trouve des noms
de personnages mentionnés par le capitaine Cook lors de ses
passages à Tahiti en 1769,1771,1773. Le chef Hapai de Cook n'est
autre que Teu ; Tina n'est autre que son fils Tu,
futur Pomare 1er.
Ce navigateur mentionne également dans ses récits de
voyages,
un chef de
Atahuru, à Tahiti, qu'il nomme Tutaha. Celui-ci n'est
autre que le frère cadet de Ta'aroamanahune. Tutaha visita
Bougainville lors de son passage à Tahiti en avril 1768. Il était
d'une belle figure et d'une taille extraordinaire. [6].
Ta'aroamanahune n'est autre que Tumoehania des généalogies
de Mare, puisque nous trouvons ces deux noms à la même
époque,
unis à la même femme : Tetuaehuri de
Manuatere, marae
Matahihae, fille de Vehiatua i te matai grand chef de Taiarapu.
[27. 273-275].
Une troisième généalogie, celle concernant la reine Pomare
IV,
qui est officielle celle-là, se trouve dans les procès-verbaux des
séances de la Haute cour tahitienne
(To'ohitu). Elle figure au
volume 15, p.v. n° 96.
Cette généalogie remonte à Teu fils aîné de Ta'aroamanahune
et à sa femme Tetupaia i Hauiri de Raiatea, nièce de Tamatoa II et
arrière petite-fille de Tamatoa 1er.
De ces trois généalogies : Emory, Mare,
To'ohitu, on peut
conclure avec une approximation assez exacte
que les noms des
personnages historiques cités depuis Ta'aroamanahune
(Tumoehania) né vers 1705 mort vers 1767. [34. III, 1132],
correspondent eux aux époques citées avec des variantes pour les
noms
donnés.
CHEFS ET NOTABLES
47
En résumant l'exposé qui précède, nous dirons que les Pomare
sont
originaires des îles Tuamotu et sont issus de Tu, originaire
lui-même de l'île Anaa, chef de Fakarava et grand chef de
certaines de ces îles.
TEU, TUNUIEAAITEATUA
autres
noms :
Chef de Pare
TEIHOMO'EROA, HAPAI
—
Arue
Fils aîné de Ta'aroamanahune et de Tetuaehuri fille de
Vehiatua i te matai, grand chef de Taiarapu [27.257,274,275]. Il
prenait
pour
femme Tetupaia i Hauiri, fille de Teri'inavahoroa
II et
tane chef à Raiatea et de Tehea vahine ; nièce de Tamatao
arrière petite-fille de Tamatoa 1er de Raiatea. [19. 125-130].
On ne sait presque rien de Teu. D'après les missionnaires
anglais qui étaient arrivés en 1797, il mourait dans son habitation
de Matavai, près de celle des pasteurs anglais le
23 novembre 1802, étant âgé de 77 ans, et né vers 1725. [25.287].
C'était un grand vieillard bien bâti, avec une expression ouverte
et douce, un front haut, des cheveux blancs et une barbe argentée
qui lui tombait sur la poitrine. Il présentait un aspect vénérable. A
la fin de sa vie, il était devenu aveugle et mourut de vieillesse. Il
avait mené une vie calme et paisible depuis le début de la mission
anglaise à Tahiti. Il paraissait avoir été un homme d'intrigues,
adroit et intelligent. [41. 473].
Teu eut deux femmes. De la première Tetupaia il eut huit
enfants : Teri'inavahoroa, née vers 1744 morte en 1789. Femme du
grand chef Mahine de Mo'orea, d'après Wilson, ou de Teri'irere de
Papara d'après Bligh. Tu, Vaira'atoa i Tarahoi (futur
Pomare 1er). Ari'ipaea Tetua, née vers 1744, serait morte aux îles
sous le vent en 1790, sans descendance. Tetuatehamai vahine ;
morte très jeune. Teri'ifa'atau, prend le nom de Ari'ipaea en 1780.
Tupuaioterai, Pa'itia, né vers 1763, décédé en septembre 1803
ainsi que sa femme ; lui, était réputé pour être un guerrier
valeureux [41. 355, 372]. Était chef de Papeno'o. Auo, Terereatua,
née 1767, décédée en mars 1808 [34. 1319] ; femme de Metua!aro
(Mahau) chef de Mo'orea et frère de Tetuanuireiaiteraiatea femme
de Pomare 1er. Terereatua vahine a eu plusieurs enfants dont
trois sont connus : 1° Tetua première femme de Pomare II ;
2°Metuaaro tane qui succéda à son père à Mo'orea puis sera
dépossédé par Pomare 1er, son oncle, qui lui donnera en échange le
district de Ahonu à Tahiti ; 3° Terano vahine qui deviendra la
femme de Teri'inavahoroa, frère de Pomare II. Tepau tane, né vers
1769.
De la deuxième femme Tetuaumeretini i Vairao sont nés:
Putaitara vahine, Tutahoa tane, Tefananuiahuritaua tane qui
prendra
pour
femme Fanautuoro : cinq enfants, dont Tehahatu
48
RAOUL TEISSIER
tane
grand juge à Tautira; Tetuahutia vahine et Imiroa vahine.
TU, VAIRA'ATOA I TARAHOI POMARE 1er
autres
noms :
TEINA, MATE
Chef de Pare-Arue et du Porionu'u
Fils aîné de Teu et de Tetupaia i Hauiri arrière petite-fille de
Tamatoa 1er et nièce de Tamatoa II. Il prit pour femme
Tetuanuireiaitera'iatea (Itia) cheffesse du district de Varari,
Mo'orea; fille de Teihotu et de Navea vahine.
Pomare 1er, comme la plupart des chefs des îles de la Société,
était un homme grand et fort. Il mesurait 1 m 94 et ses membres
étaient bien proportionnés. Il marchait d'un pas ferme ayant en
guise de canne, une massue de bois de fer poli, qu'un indigène
ordinaire aurait été tout juste capable de porter. Ses traits étaient
avenants et ouverts, sa conversation affable. Son maintien en
imposait par sa gravité et sa noblesse.
Il n'était que le chef de Pare-Arue, mais son caractère
entreprenant et son ambition naturelle, les égards que lui
témoignèrent les étrangers de passage à Tahiti, surtout le
capitaine Cook, leurs dons d'armes à feu et l'appui des marins
déserteurs, particulièrement les mutins du "Bounty", lui avait
permis de s'emparer d'une bonne partie de Tahiti en y établissant
son autorité et en la faisant respecter. Il ne possédait pas un très
grand courage ; c'était plutôt un habile politique et un caractère
tenace.
Il travailla pour augmenter
les ressources de Tahiti. Les gens
trouvaient sous son gouvernement, furent toujours pourvus
de tous les produits de la terre. Il faisait mettre en valeur les
premières pentes incultes des montagnes et les terres basses
sablonneuses proche du rivage, rarement cultivées par les
qui
se
habitants. Aux dires des Tahitiens: de nombreuses cocoteraies
ont été plantées sous sa direction à Tahiti et Mo'orea. Il animait
ses sujets par son exemple car, il travaillait lui-même avec eux et
plantait de
mains beaucoup d'arbres.
Matavai, le "Dart". Le
3 septembre Pomare
1er mené par deux serviteurs qui
conduisaient sa pirogue allait visiter le navire anglais, lorsqu'il
sentit brusquement une douleur dans le dos ; il y mit la main, puis
se levant en sursaut, retomba sur-le-champ sur le côté dans sa
pirogue où il expira subitement, âgé d'une soixantaine d'années.
Il était né à Pare vers 1745 [19 bis. 114]. Il fut toujours l'ami des
missionnaires anglais, mais ne voulut jamais se faire chrétien et
fut le principal soutien du paganisme dans son pays.
C'est le premier de la lignée qui a porté le nom de Pomare, que
gardera son fils Tu et qui restera à sa descendance : Pomare a
ses
Le 27 août 1803, un navire arrivait à
Société des
Études
Océaniennes
49
CHEFS ET NOTABLES
Tu, nom officiel de la famille ? Cook l'avait connu sous le nom de
Tu, Bligh sous celui de Tina au plutôt Teina ; Morrison l'a connu
le nom de Mate.
Ses longues moustaches, sa
sous
barbe et ses cheveux extrêmement
touffus, étaient noirs. Cette profusion du système pileux se
retrouvait chez ses frères et sœurs. Une large frisure des cheveux,
un corps sain et vigoureux, mais la teinte de la peau très foncée,
excepté chez Tu et sa sœur Teri'inavahoroa, étaient les signes
caractéristiques de cette famille.
Sa femme Tetuanuireiaitera'iatea dite Itia, était une personne
énergique et déterminée qui suppléait son mari. Elle était d'une
taille élevée et d'une force extraordinaire, pleine de courage et de
résolution. Itia savait se servir d'un fusil avec beaucoup d'adresse.
Itia devait être née vers 1764. Sa taille était supérieure à celles
des femmes de Tahiti, sa figure était spirituelle et animée ; elle
était très intelligente, douée d'un esprit hardi, plus entreprenante
et guerrière que son époux. Elle n'avait aucune des manières
affables et aisées des femmes de son peuple. Elle recevait ses
sujets avec des façons hautaines et ne condescendait jamais à se
mettre sur un pied d'égalité avec eux. Il était bien plus dangereux
de l'offenser que Pomare. Son influence était très grande dans le
gouvernement. Elle s'associait aux déterminations les plus
énergiques; elle n'était pas moins bon guerrier qu'habile
son ressentiment plus que celui d'aucuns
des membres de la famille dirigeante.
Itia mourut à Mo'orea le 16 janvier 1814. Elle avait toujours été
en bons termes avec les missionnaires anglais. Cependant, elle est
restée jusqu'au bout hostile au christianisme. Son frère Mahau,
politique. On craignait
Metuaaro, grand chef à Mo'orea, prit pour femme Terereatua une
des sœurs de Tu Pomare 1er.
Tu eut de Itia quatre enfants : 1° Teri'inavahoroa vahine ; cet
enfant disparut très jeune [30.236] ; 2° Tu, Tunuiea'aiteatua tane,
c'est le futur Pomare II; 3° Teri'inavahoroa tane, né vers 1785,
mourait à Pare le 19 juin 1803 [25.287]. Prit le nom de Vehiatua et
devint grand chef de Taiarapu. Prit pour femme sa cousine
Terano fille de Metuaaro de Moorea. Tehamaitua vahine, [17.
181].
Origine familiale de Itia
: son
père Teihotuiahura'i, fils de
Teri'ivaetuaiahura'i et frère de Purea, femme de Amo de Papara ;
sa mère Vavea de Nu'urua [39. 33 à 35, 38]. De cette union quatre
enfants : Tetuanuireiaiteraiatea dite Itia vahine femme
Pomare 1er; Teri'itapunui tane, (pourrait être Ta'ipoto de
Davies);
Pateama'i,
(pourrait
être
Teano
femme de
Vehiatua) ; Metuaaro ou Mahau, beau-frère
[33. 65].
Metuaaro, par son alliance avec Auo, Terereatua, sœur de
Pomare 1er, eut trois enfants : Tetua vahine, née vers 1781;
Tetuaounumaona
de Tu Pomare 1er
a
et
50
RAOUL TEISSIER
mourait des suites d'un avortement en 1806. Première femme de
Pomare II, son cousin ; Terano, femme de Teri'inavahoroa frère
cadet de Pomare II, sans postérité; Metuaaro, né en 1788. A la
mort de son père en janvier 1792, prenait la grande chefferie de
Mo'orea, sous la régence de sa mère Terereatua. Il en était
dépossédé par son oncle Pomare 1er en 1793. En échange, il lui
donnait le district de Ahonu à Tahiti. [34. 1191, 1275, 1290].
TU, TUNUIEAAITEATUA POMARE II
Chef de Pare et Arue
—
Grand chef du Porionu'u.
Fils aîné de Tu, Vaira'atoa (Pomare 1er) et de
Tetuanuireiaitera'iatea (Itia), né vers 1774, décédé à Pare le
7 décembre 1821 [25. 612; 33. 65 ; 27. 257],
Il eut successivement trois femmes. La première : Tetua fille de
Metuaaro (Mahau) grand chef à Mo'orea, sa cousine germaine,
dont la mère était Terereatua sœur de Pomare 1er. Tetua ne lui
donnait pas d'enfant. La deuxième : Teri'itoitera'i ou
Teremoemoe, la troisième : Teri'itaria ou Ari'ipaea vahine, toutes
deux sœurs et filles de Tamatoa III roi de Raiatea. Teremoemoe lui
donnait trois enfants.
Pomare II était grand et fort, mais il n'était pas très corpulent ;
sa taille dépassait 1 m 93 et son extérieur indiquait l'habitude du
commandement. Sa tête était ordinairement penchée en avant. Il
se tenait courbé en marchant. Son teint était basané. L'expression
de sa physionomie était épaisse. Son caractère différait tout à fait
de celui de son père, qui était un homme entreprenant, laborieux et
persévérant. Ses habitudes étaient indolentes, ses dispositions
Au premier abord, il était loin de produire une bonne
impression aux étrangers. Il était léger et irrésolu. Sa cupidité
paresseuses.
n'avait pas de borne.
Quoiqu'il fût indolent, il était cependant curieux, attentif et
peut-être plus observateur qu'aucun autre. Sous le rapport de
l'application et de l'étude, Pomare II dépassait tous ses sujets. Il
mettait plein d'ardeur à étudier l'anglais et parvenait à pouvoir
lire et comprendre les portions les plus faciles de la Bible. Les
missionnaires anglais Nott et Davies furent ses précepteurs ; le
dernier passait bien des heures à lui apprendre l'alphabet, en
traçant les lettres sur le sable du rivage. Grâce à ses soins, Pomare II
faisait de grands progrés dans l'écriture de la langue de son pays.
Vers la fin de sa vie, son écriture était même plus belle que celle de
certains missionnaires. Sa première lettre est datée de 1805. Il
signait : Pomare ari'i [25. 612-614].
Pomare II tenait avec régularité un journal quotidien, recopiant
de sa main le premier code de lois qui fut promulguée à Tahiti le
13/5/1819 [25. 551]. Il a aidé les missionnaires anglais pour la
traduction de la Bible en langue tahitienne, dont il transcrit
Société des
Études
Océaniennes
CHEFS ET NOTABLES
51
plusieurs portions, avant qu'elles soient livrées à l'impression.
Pomare II reçut le baptême des mains du pasteur Bicknell le
16 juin 1819, bien qu'il eût adhéré à la religion chrétienne avant
1815 [25. 490],
Le gouvernement de Pomare II se distinguait plutôt par une
prudente délibération que par la promptitude des décisions. La
plupart des mesures adoptées, avaient bien plus en vue les
résultats ultérieurs sur l'esprit de la population, qu'un effet
immédiat. Il était plus rapace que despote. Il était généralement
respecté et même aimé par sa famille et divers chefs qui avaient
contracté de grandes obligations envers lui. Cependant, il ne
possédait pas l'affection entière de la population. Le sentiment
qu'il inspirait, était plutôt la crainte. Il était jaloux de sa dignité et
surtout intraitable sur tous les sujets qui touchaient à ses intérêts
[25. 529-531].
Le joug de Pomare II devint despotique et si intolérable que
Tahiti toute entière s'insurgeait à la voix du grand chef de Tiarei
Paofai en octobre 1808. Après une série de combats, Pomare II
était vaincu le 22 décembre et contraint de s'exiler à Mo'orea. Il
avait perdu tous les territoires qu'il possédait et fuyait comme un
proscrit [19 bis. 117].
Il revenait à Tahiti qu'en novembre 1815, avec ses partisans,
particulièrement des chrétiens avec leurs missionnaires. Le
12 novembre, ses ennemis alliés aux païens, l'attaquaient à Paea
au lieu-dit "Nari'i". Pomare II remportait une victoire complète.
Ce combat porta le nom de Fei-Pi. A la suite de ce grand succès il
était considéré comme le "Ari'i rahi" de Tahiti et personne ne lui
contestait ce titre. De plus il instaurait le christianisme dans ses
possessions [19 bis. 124].
Pomare II, dit Moerenhout, était sous tous les rapports un
homme distingué, un grand orateur, le plus instruit parmi les
siens, mais il s'en fallait de beaucoup qu'il fut parfait.
L'intempérance était surtout un de ses grands défauts. Les effets
de la boisson étaient terribles chez lui. Il devenait furieux dans ces
moments-là. Son penchant pour les boissons fortes le conduisait à
l'abrutissement progressif et à la mort.
Première femme de Pomare II. Tetua, fille de Metuaaro (Mahau)
grand chef à Mo'orea, et de Terereatua (Auo) fille de Teu, sœur de
Pomare 1er, née vers 1782, décédée en juillet 1806, à la suite d'un
avortement ; sans postérité. Pomare II et Tetua faisaient partie de
la secte des "Ari'ioi". Plusieurs enfants nés de cette union furent
étouffés ou tués dès leur naissance. Par sa mère, Tetua était
cousine germaine de Pomare II [27. 260].
Deuxième femme. Teritoitera'i (Teremoemoe), fille cadette de
Tamatoa III roi de Raiatea et de Turaiari'i fille de
Teha'apapa 1ère reine de Huahine. Elle gérait née vers 1793. Elle
n'était âgée que de 30 ans environ, dit Lesson, lorsqu'elle vint
îté des Études Océanif
52
RAOUL TEISSIER
visiter "La Coquille" au mois de mai 1823 [29. 375].
C'est en 1809 que Teremoemoe devenait la femme de Pomare II,
à la suite des circonstances suivantes. Le roi était à Mo'orea
attendant Teri'itaria, fille aînée de Tamatoa III pour la prendre
femme. Les hasards de la navigation fit d'abord arriver
sœur cadette de Teri'itaria qui faisait également
partie du voyage. Pomare II s'éprit d'elle et la choisit pour femme,
sans
pour autant abandonner l'aînée qu'il prenait comme
concubine; cette dernière ayant débarqué un peu plus tard à
Mo'orea. La coutume le voulait ainsi. Pomare ne pouvait la
renvoyer à son père, ceci aurait créé un véritable "casus belli". De
plus, il tenait à l'alliance de Tamatoa III pour reconquérir Tahiti,
dont il avait été chassé [41. 509].
William Ellis, à son arrivée à Tahiti le 16 février 1817, voyait
Teremoemoe et en faisait la description suivante:
"la reine
arriva à bord peu de temps après le roi et fut conduite à la cabine
du capitaine. Elle était de taille moyenne, son teint et ses cheveux
étaient sensiblement plus clairs que ceux des autres indigènes.
Elle avait une silhouette élégante, mais sa voix n'avait rien de
doux et ses manières étaient moins aimables que celles de
plusieurs de ses compagnes. Elle avait les oreilles percées et deux
ou trois fleurs y étaient glissées" [25. 375].
En 1815, Teremoemoe et sa sœur se rendaient à Pare (Tahiti)
venant de Mo'orea, pour visiter les chrétiens qui y étaient revenus.
Dans la nuit du 7 au 8 juillet, elles échappaient à un complot
fomenté contre elles, grâce au grand chef de Atahuru (Paea) frère
de Tati qui refusa d'attaquer des femmes. Dans la nuit même les
deux sœurs s'enfuyaient en pirogue à Mo'orea, où Pomare II se
trouvait toujours en exil [41. 536].
pour
Teremoemoe
...
Teremoemoe était la mère de la Reine Pomare IV. Elle suivait sa
fille dans son exil volontaire à Raiatea, de 1844 à 1847, lors des
troubles politiques suivies de révolte d'une partie de la population
de Tahiti. Elle revenait avec elle, à Papeete, en janvier 1847, après
la pacification de l'île. Elle jouissait près de sa fille d'une grande
liberté de langage, mais elle n'avait aucune influence sur elle
[Bruat, mai 1847].
Troisième femme. Teri'itaria, Ari'ipaea, (Pomare vahine), fille
aînée de Tamatoa III, roi de Raiatea et de Tura'iari'i fille de de
Teha'apapa 1ère reine de Huahine ; sœur de Teremoemoe et tante
de la reine Pomare IV ; né vers 1790 [27. 260-261].
C'est en 1809 que Teri'itaria devenait la seconde femme de
Pomare II à la suite de circonstances déjà narrées pour
Teremoemoe. Malgré ce changement de situation, les deux sœurs
faisaient bon ménage. C'est elle, dans la nuit du 7 au 8 juillet
n'écoutant que son courage et avec détermination, organisait leur
fuite à elle et sa sœur en pirogue et en pleine nuit pour Mo'orea,
déjouant ainsi un complot pour les tuer [41. 536].
eai
CHEFS ET NOTABLES
53
Teri'itaria a grandement aidé Pomare II à consolider ses
conquêtes et son pouvoir. C'était une femme énergique et brave,
conduisant elle-même ses guerriers au combat, faisant le coup de
ou jouant du sabre ou de la lance comme un valeureux
chevalier [22. 242].
En novembre 1815, elle prenait part au combat de Fei-Pi (Paea)
contre les païens de Opuhara. Elle était à la tête des guerriers
chrétiens, armée d'une lance et d'un mousquet, faisant le coup de
feu et ne reculant pas d'un pouce. Par son audace, elle contribua
feu,
beaucoup à la victoire des chrétiens [41.547,778]. En janvier 1832,
lors des troubles de Taiarapu causés par l'hérésie "Mamaia",
Teri'itaria qui avait dans la guerre de 1815 donné des preuves d'un
grand courage, se distinguait encore. Armée d'un sabre et de
pistolets, elle commandait les guerriers de la reine Pomare IV, qui
battaient les révoltés de Taiarapu. Elle faisait prisonnier le chef
Ta'aviri qui était à la tête de la mutinerie.
A la mort de Pomare II en 1821, elle fut nommée régente de
Tahiti pendant la minorité de Pomare III et Pomare IV, sous le
nom de Pomare vahine. Cette régence fut menée de main de
maître.
Teri'itaria accompagna la reine Pomare IV dans son exil
volontaire à Raiatea de 1844 à 1847, lors de troubles politiques,
suivis d'une révolte d'une partie de la population de Tahiti. Au
mois de janvier 1845. Teri'itaria, étant reine de Huahine,
apprenait
que
la population de l'île avait accepté le pavillon du
protectorat sans son consentement. Immédiatement elle se
rendait à Huahine en baleinière, accompagnée de gens de
Ra'iatea. Arrivée à Fare, elle faisait abattre les couleurs du
protectorat avec son mât, avec l'aide des ra'iatea. Les habitants
ne prenaient aucune part à cette manifestation. [Riccardi résident
français au gouverneur Bruat, 1/1845]. [1. Bruat. A/31, c. 6].
Tante de la reine Pomare, elle était la seule parente de celle-ci à
ne pas l'avoir accompagnée à son retour à Papeete en janvier
1847, après la pacification de Tahiti. Elle craignait sans doute,
les violences auxquelles elle s'était livrée contre les Français
qui avaient amené la révolte suivie de guerre ne l'expose à des
représailles. Elle s'est cependant soumise au gouvernement du
protectorat vers 1850 [Bruat, mai 1847].
Reine de Huahine, grande cheffesse de Pare-Arue à Tahiti sous
le nom de Ari'ipaea vahine : Teri'itaria, grande femme aux traits
masculins, intrépide amazone, femme étrange douée d'un rare
courage possédait ce dont les polynésiens sont ordinairement
dépourvus : la fermeté de caractère et la persévérance. Elle était
une des plus influentes têtes de la révolte de 1844-46. Adversaire
confirmé des Français. Teri'itaria, mourait à Papeete en 1858, au
palais royal entourée de sa sœur et de sa nièce Pomare IV [22.242].
Pomare II eut de sa femme Teritoitera'i (Teremoemoe) trois
que
et
54
RAOUL TEISSIER
enfants: l°Aimata, futur reine Pomare IV; 2"Teinaiti tane,
mourait à l'âge de un an environ (1817-20/3/1818) [23. 216];
3° Teri'itaria tane, couronné roi en 1824.
TERFITARIA
-
POMARE III
Chef de Pare-Arue. Grand chef du Porionu'u.
Roi de Tahiti et dépendances
Fils cadet de Pomare II et
Teritoitera'i, (Teremoemoe) né en
père le 7 décembre 1821. Couronné roi le
rejoignait l'école des missionnaires anglais de
Afareaitu à Mo'orea pour y poursuivre ses études [27. et 2].
Le grand conseil des chefs de Tahiti et Mo'orea confiait la
régence du royaume à Teri'itaria tante du jeune roi, sous le nom de
Pomare vahine. Après six ans de règne Pomare III mourait d'une
dysenterie le 11 janvier 1827 à Papao'a (Arue) âgé de sept ans. La
régence continuait sous la minorité de Aimata, sœur du défunt roi,
qui prit le nom de Pomare IV [25.617-18 ; 41. 639, 699].
Le fils John, du pasteur Adam Darling, qui fut interprète du
gouvernement du protectorat, était le condisciple de Pomare III à
l'école de Afareiatu. Dans une de ses notes au gouverneur en 1880,
1820. Succédait à
21 avril 1824, puis
son
il écrivait en ces termes sur le roi : "Pomare III avait reçu une
bonne éducation. Il était intelligent et, pour son âge, très instruit
et capable." [1. A/115, c. 90].
Branche colatérale des Pomare
TERI'IFA'ATAU POMARE A TU
autres noms : ARI'IPAEA, VEHIATUA
Chef à Taiarapu et Hitia'a.
Teri'ifa'atau était le deuxième fils de Teu et demi-frère de Tu
Vaira'atoa i Tarahoi (Pomare 1er); sa mère Tetuaumeretini i
Vairao de la famille des chefs de Mataoae, était une autre femme
de Teu [41. 356]. Il prendra le nom de Ari'ipaea en 1780 [27. 273].
Le 6 février 1789, Ari'ipaea fut l'instigateur de l'attentat
commis au câble de l'ancre du "Bounty", qui se trouvait au
mouillage de Matavai, en donnant l'ordre à ses gens de couper ce
câble pendant la nuit et ce, par mesure de vengeance contre le
capitaine Bligh commandant le navire. C'est Ari'ipaea lui-même
qui le révéla à Morrison, à
deuxième séjour à Tahiti avec les
journal: «Vehiatua, frère de Mate
(Pomare 1er) chef de Taiarapu, qui avait été l'ami de
Monsieur Heyward, nous déclara que c'était suivant ses ordres
que le câble avait été coupé à Pare. Il était fâché contre le
lieutenant Bligh pour avoir mis Monsieur Heyward aux fers,
mutins. Il écrira dans
son
son
Société des
Études
Océaniennes
CHEFS ET NOTABLES
55
ajoutant que si Monsieur Heyward avait été puni avec Churchill,
Musprat et Millward, il aurait tué le lieutenant Bligh, s'étant
placé derrière lui avec une massue dans ce but; alors qu'il
décrivait les circonstances de cette affaire, il nous revint à l'esprit
de l'avoir vu à bord près du lieutenant Bligh ce jour-là. Bligh
ayant incarcéré Heyward au lieu de le faire fouetter comme les
autres, Vehiatua (Ari'ipaea) décida de provoquer l'échouage du
navire. En coupant le câble, il avait espéré que le navire serait
drossé sur le rivage et qu'il ferait eau ou tout au moins subirait
assez d'avaries pour l'empêcher de naviguer, espérant délivrer
son ami des mains de Monsieur Bligh car il pensait que tout
l'équipage serait obligé de vivre à terre [33. 57].
Ari'ipaea était né vers 1755 et mourait en 1796 ou 1797. Il avait
pris pour femme Teri'itua, fille d'Aromaitera'i de Papara;
cheffesse de Hitia'a connue par les Anglais sous le nom de "Ino
Metua". Cette union n'eut pas de postérité. Teri'itua n'était autre
que la fille de Tetuaunurau, sœur du grand Anlo de Papara, ainsi
que nous l'apprend Ari'itaimai dans ses "mémoires" [p. 62,96,97].
TEHAHATU POMARE A TU
autre nom : VAIRA'ATOA
Grand juge de Taiarapu et juge de Tautira.
Était le fils de Tefananuiahuritaua demi-frère de Pomare 1er;
Fanautuoro était sa mère; sa grand mère Tetuaumeretini,
deuxième femme de Teu, lisons nous dans les procès-verbaux delà
Haute cour tahitienne [vol. 15, P.V. 96]. Vaira'atoa serait né vers
1759 et mourait probablement à Tautira, en mars 1832 [10. n° 143,
275],
Le 17 avril 1826, Vaira'atoa était grand juge de Taiarapu et juge
du district de Tautira, aidait le missionnaire anglais Crook à
suspendre deux diacres de leur fonction : Tumatua et Vahamai,
impliqués dans l'hérésie "Mamaia", quoique Vaira'atoa était loin
d'être favorable au christianisme [10. 1963, 275].
Au mois de mai 1827, lors d'une assemblée à Papao'a (Arue), il
proposait de la manière la plus habile que l'ancienne coutume
-interdite depuis l'institution des lois de Pomare II- d'offrir des
terres à la reine fut rétablie. Étant parent de la reine, son dessein
était percé à jour et les membres de l'Assemblée s'y opposèrent.
Malgré cela, Vaira'atoa et quelques chefs de la presqu'île
désobéirent plus ou moins aux lois, en remettant quelques
anciennes coutumes à l'honneur. Lorsque la reine arrivait en
visite à Taiarapu, on lui présentait des victuailles et des rouleaux
d'étoffes, selon l'ancienne coutume.
56
RAOUL TEISSIER
En septembre 1830, le missionnaire Crook amenait Vaira'atoa
devant les tribunaux du pays, pour une affaire de fraude. Le vieux
chef était peut-être réellement coupable, mais son
orgueil blessé
rendit son opposition aux missionnaires définitive.
Au mois de mars 1831, Vaira'atoa, Oto'ore et
Ua, tous chefs de la
presqu'île étaient jugés par le tribunal des To'ohitu qui se tenait
sous la présidence du
grand chef Utami de Puna'auia. Ils furent
destitués de leurs fonctions pour avoir rendu tribut à la reine et
rebellion, lors de son retour à Tahiti en janvier 1831.
Vaira'atoa épousait Haururu (Anae) originaire de
Ahui, sousdistrict de Tautira. De cette union deux enfants:
Hamarura'i,
Ari'ipaea tane et Fa'atere'au, dite Te'e'eva vahine \ un troisième
enfant Ruatepua, Taimetua, naissait de sa liaison avec Vahine a
Tau, originaire de Papara [3].
HAMARURA'I, VAIRA'ATOA, POMARE A TU
autres
noms :
ARI'IPAEA, HAUMURE
Grand chef de Pare-Arue
Ari'ipaea, (Haumure), était le fils aîné de Tehahatu, Vaira'atoa :
petit-fils de Tefananuiahuritaua demi-frère de Pomare 1er. Il était
également petit cousin de Pomare IV [3 et 10. n°112. 443].
A l'arrivée des Français à Tahiti en 1842, Ari'ipaea était chef de
Atimaono. Au commencement, il n'était pas partisan du
protectorat français. Au moment de l'insurrection, en 1844, il se
prononçait contre ce gouvernement et suivait la reine Pomare IV
dans son exil volontaire à Raiatea [Bruat, mai 1847 et 1.
A/57, c.
9].
Ari'itaimai, (Mme Salmon) lors d'un voyage à Ra'iatea, comme
émissaire du gouverneur Bruat près de la reine, le
convainquait de
se soumettre au protectorat.
Après avoir hésité quelque temps
Ari'ipaea faisait sa soumission à Bruat qui le nommait grandchef du Porionu'u le 2 novembre 1846, en remplacement de
Teri'itaria tante de la reine, elle-même reine de
Huahine, qui avait
abandonné sa chefferie de Pare-Arue pour suivre Pomare à
Raiatea et que Bruat avait destituée [10, n° 112]. Il prenait part
à
deux expéditions militaires dirigés contre les rebelles des
camps
de Papeno'o et de Puna'auia en mai 1846.
Il aidait Ari'itaimai, l'ambassadrice du gouverneur
Bruat, par
sa présence à ses côtés et son
influence, lors des tractations de
paix faites aux insurgés du camps de Papeno'o, puis à Raiatea
auprès de la reine Pomare en fin 1846. A Papeno'o, il faillit être
victime d'un attentat, projeté par deux rebelles: Aifeuna et
Nohoro'a ; mais fut déjoué par Ari'itaimai, lisons nous dans ses
"mémoires" [p. 142, 147, 149].
Pendant quelque temps, en 1846, le conseil de régence voulut le
nommer roi en remplacement de Pomare IV
qui s'entêtait à ne pas
I
57
CHEFS ET NOTABLES
revenir à Tahiti reprendre son trône. En sa qualité de prince du
sang,
il était
un
des plus proches héritiers de la
couronne
tahitienne. Il avait été aide de camp de Ari'ifa'aite, mari de la
reine.
En 1849, il était suspendu de ses fonctions pendant trois mois
le gouverneur Lavaud ; sa conduite ayant été d'un mauvais
exemple à ses administrés, se livrant à sa passion et buvant outre
mesure, il avait créé des troubles à Arue où il résidait [Lavaud, déc.
1849 et 1. A/57, c. 10]. Sa passion pour les liqueurs fortes lui avait
enlevé une partie de l'influence qu'il devait à sa naissance. Malgré
ce penchant funeste, les Tahitiens le respectaient à cause du rang
élevé qu'il occupait par son ascendance.
Il était mis à la retraite le 15 mai 1874 [9. 1874. 212].
Ari'ipaea, Haumure était né en 1819 à Tautira et mourait le
11 novembre 1896.
Il avait épousé en 1843 à Pirae,
Tetuanuimata'uta'u a Afa'ita'ata a Temaehuatea, nièce du régent
Paraita. Cette union n'a pas eu de postérité [3]. A Pape'ete, au
quartier Puea, une avenue porte son nom.
par
FA'ATERE'AU POMARE A TU
autres noms
:
TE'EEVA, TERI'IFA'ATAU
Cheffesse de Atimaono
Te'e'eva vahine était fille de Tehahatu, Vaira'atoa et de
Haururu (Anae) vahine; sœur de Ari'ipaea, Haumure; petite
cousine de Pomare IV et cheffesse de Atimaono [3].
Elle avait été dotée de ce district par son frère, puis elle cédait ses
droits à sa quatrième fille Teihotua (Ae) qui était nommée par
Bruat le 4 février 1847 [Bruat, mai 1847].
Te'e'eva, avait épousé
en
première
noces
Tahitoe, petit-fils de
Veteara'i Uuru, lui-même fils de Tamatoa III de Raiatea [27. 257-
8]. De cette union 1° Vaira'atoa vahine ; 2° Tetupaia vahine ;
30 Tetuaitera'i vahine. Teri'ifa'atau (Teihotua) vahine;
5° Tahitoroi tane, né en 1839 à Raiatea, épousait en 1864 à Papara,
Hutia a Papo; mourait à Teahupo'o le 27 septembre 1900;
6°Ari'ititi vahine née à Raiatea en 1842, épousait Hamai a Tara;
mourait à Papeete le 22 juin 1890. Te'e'eva épousait en secondes
noces le chef et grand juge de Mo'orea Taatari'i Tairapa a Hou.
Nous connaissons deux enfants de cette union : 1° JJmarea tane ;
Teuratuihotu dite Pupure née en 1860 à Maharepa (Mo'orea),
mourait à Arue le 3/12/1918. Entre temps, Te'e'eva avait eu une
liaison avec un français : d'où Tehahatu. Te'e'eva était né en 1823
à Vairao et mourait à Papeete le 3 juillet 1871 comme nous
l'apprennent les Procès-verbaux de la Haute
cour
tahitienne.
58
RAOUL TEISSIER
TEIHOTUA A TAHITOE A TAUTU
autres
noms :
TERI'IFA'ATAU, A'E
Cheffe8se de Atimaono
Teihotua, Teri'ifa'atau dite A'e descendait en ligne directe de
Tefananuiahuritaua demi-frère de Pomare 1er. Elle était
Fa'aterea'u, Te'e'eva a Vaira'atoa; elle descendait
également de la famille Tamatoa de Raiatea, par son père Tahitoe
issu de Tamatoa III. Teri'ifa'atau est née en février 1838
[3].
A l'arrivée des Français à Tahiti en 1842,
Ari'ipaea, Haumure
son oncle, était chef du district de
Atimaono, mais sa mère
Teu par
fille de
administrait
ce
district.
Haumure
avec
sa
représentante
rejoignaient les insurgés en 1844. Bruat confiait provisoirement
Atimaono au grand chef Tati de Papara. A la pacification de
Tahiti et la paix étant revenue, le gouverneur Bruat nommait
Teihotua cheffesse de Atimaono le 4 février 1847 sous le nom de
Teri'ifa'atau, pfar lequel elle était connue, sa mère ayant abdiqué
ses droits en sa faveur
[10. n°112, 450].
Nous ne savons presque rien de Teri'ifa'atau. Cependant elle
occupait toujours ses fonctions en 1858. A l'installation de
Monsieur Stewart sur la terre "Eugénie", elle était toujours
cheffesse d'Atimaono [8 et 7. 1865].
Enfants et descendance connue. 10 Ari'ifa'ataia, né le 19 août
1865 à Papara ; se mariait avec Tehapai a Tekokote, originaire
des
Tuamotu. De cette union sont nés: a)Tepiura'iari'i né le
21 décembre 1904 à Arue, marié à Raroia le 31 décembre 1929 avec
Temaeva a Hakura, décédé à Papeete le 4 avril 1950. b) Tehei, né à
Hikueru le 17 février 1900. c) Ari'ipaea né le 2 décembre 1901 à
Takapoto. 2"Punuari'i né le 5 mars 1870 à Papara [4. vol. 15,
P.V. 95 et 3].
RUATEPUA, POMARE A TU
autres noms
:
TAIMETUA, FANAU'E
Ruatepua dit Taimetua était le troisième enfant de Vaira'atoa le
grand juge de Tautira et demi-frère de Ari'ipaea et Te'e'eva ; sa
mère était Vahine a Tau originaire de Papara [3].
Né en 1831 à Atimaono, il fut adopté et élevé par Fanau'e a
Aro'a, chef de Mahaena. Ruatepua suivait Fanau'e au camp de
Papeno'o pendant l'insurrection de 1844-1846. Ils se soumettaient
tous deux au gouvernement du protectorat en janvier 1847 [19 bis.
596].
En 1878, était toujours en vie et habitait Hitia'a [13.1878, n° 39,
162].
Société des
Études
Océaniennes
59
CHEFS ET NOTABLES
ARI'IPEU A HIRO
autres noms : TERATANE
Chef et pasteur de Arue
Ari'ipeu, était fils de Hiro chef à Huahine et de Teihotu,
Ta'avea, fille de Tamatoa III de Raiatea ; était également frère de
Ari'ifa'aite mari de la reine Pomare IV [27.260 ; 19.125-130] ; petitfils de Tamatoa III de Raiatea.
Beau-frère de la reine, il était nommé pasteur du district de Arue
le 1er mai 1856; chef suppléant au mois de mai 1863 et chef
titulaire en septembre 1877 [7.1858,1863,1877]. Premier président
de la Haute cour tahitienne (To'ohitu) en 1879 [7. 1879]. Co¬
signataire de l'acte de cession des Iles de la Société et dépendances
à la France par son neveu le roi Pomare V le 29 juin 1880 [19 bis.
309].
Il épousait Maihara, Temari'i vahine, née à Huahine vers 1822
fille de Ta'aroari'i a Mahine et de Tematafainu'u a Hautia. Elle
mourait à Arue le 22 octobre 1877. De cette union sont nés:
l°Aimata; 2°Ta'aroari'i tane; 3°Teihotu vahine [27. 262].
Ari'ipaea était également le beau-frère, par sa femme, de
Teurura'i a Ari'imate roi de Huahine et mari de Teha'apapa II,
fille de Tamatoa IV (Moe'ore), dont il adoptait une fille :
Terereatua, Tapiria vahine née à Huahine en 1850, décédée à Arue
le 25 octobre 1888.
POTATU a POHUETEA
Chef du Manotahi (Puna'auia)
capitaine Cook mentionnait dans ses relations
le nom de "Potato", et que les Espagnols
appelaient "Potatou" était chef du Manotahi (Puna'auia) sur la
côte ouest de Tahiti. C'était un chef important à l'époque, dont
l'influence était très grande sur la population du clan Teoropa'a
qui le respectait. Il a défendu ses domaines en maints combats
contre les empiétements des Pomare. Cependant il s'allie à
Pomare 1er lorsque ce dernier veut reprendre Mo'orea en révolte
Pohuetea que le
de voyages sous
ouverte contre
son
autorité et celle de
son
beau-frère Metuaaro
en
septembre 1777. Il faisait partie de l'expédition maritime dirigée
contre cette île pour la réduire [21. index p. 26].
Morrison, second-maître du "Bounty", en séjour forcé à Tahiti,
faisait sa connaissance à Ta'apuna sa résidence habituelle, en
septembre 1790. Dans son journal il le décrivait ainsi : « Pohuetea,
le même qui était connu de Cook sous le nom de Potato était un
vieil homme de 60 à 70 ans fort corpulent » [33. 82, 93]. Forster un
des compagnons de Cook après l'avoir vu écrivait : « C'est un beau,
majestueux et noble produit de la nature ». D'après ce que disait
60
RAOUL TEISSIER
Morrison,
concluons
le personnage serait né entre
Forster, il avait pour femme
Purutifara; d'après une généalogie des Pohuetea, cette femme
était Aroroerua [34. 1125]. Purutifara était apparentée à une des
grandes familles des chefs des îles sous-le-vent. D'après le
capitaine Bligh, Pohuetea serait mort en 1792. Il n'aurait pas
laissé d'enfant pour lui succéder [34. 1125].
nous
que
1720/1730. Toujours selon
Teiha a Pohuetea a Tetuanuimaruaitera'i semblerait être un
des neveux du chef Pohuetea qui prenait à sa mort sa succession à
la tête de Puna'auia. Il était dépossédé de son fief
par Pomarell, à
la suite de la guerre de religion de 1815, où les païens étaient
vaincus. A la suite de cet événement, il s'exilait à Raiatea bien
que
Pomare II, son vainqueur, voulut le rétablir dans ses domaines.
Mais Teiha étant tombé amoureux de Toimata a Tearere fille d'un
chef, restait à Raiatea et s'y mariait. Pomare II donnait donc le
Manotahi au chef Utami, qui d'ailleurs était son parent de la
branche des îles sous-le-vent et adopté par un Pohuetea de Tahiti
[Bruat, mai 1847.1. A/57, c. 10]. On retrouve Teiha et sa femme, de
retour à Puna'auia, comme simples
particuliers avant 1820. On ne
connaît pas la date du décès de Teiha ; ce qui est certain : il mourut
avant 1850. De
son
union
avec
Toimata
a
Tearere sont nés trois
enfants [3].
1°
Aifenua, plus connue sous le nom de Pohuetea vahine ; née à
en 1820, y est décédée le 21
janvier 1881. Elle épousait
en première noces Aifenua a
Vehiatua, fils du grand chef de
Teahupo'o Pe'eueue a Vehiatua i te matai. Par cette union, elle
Puna'auia
était la belle-sœur de Tari'iri'i chef de Mahina et de
grand juge
son
frère Puhia
tribunal des To'ohitu. Veuve, elle se remariait à
Puna'auia le 23 juillet 1856 avec Ari'imoehau a Pahio. De ces deux
unions elle n'eut pas d'enfant. En 1878, le 20 août, elle
adoptait
Teihoari'i a Tumahai qui prenait le nom de Tumahai a Pohuetea
[3]. Elle adoptait également Tetupuamiha a Tetuaevaea,
originaire de Puna'auia qui a été l'épouse de Teri'iero'oitera'i a
Tehuritaua, plus connu sous le nom de "Pae tane" chef de
Puna'auia et père de Teri'iero'o a Teri'iero'oiterai chef de
Papeno'o [35. 450-51].
au
Aifenua vahine était nommée cheffesse de Puna'auia le
1846, à la suite de la destitution de son frère Aru ;
nomination approuvée par la reine Pomare IV. Au moment des
événements de 1843/1844, elle suivait la reine dans son exil
volontaire à Raiatea. Elle y restait quelque temps puis revenait à
Tahiti pour se soumettre au gouvernement du Protectorat en 1845
8 avril
[Bruat, mai 1847],
Dans les premiers temps de
butte
aux
tracasseries de
son commandement, elle était en
Utami, l'ancien chef qui avait suivi les
insurgés au camp de la Punaru'u. Destitué par Bruat en 1845, il ne
lui pardonnait pas de l'avoir remplacé dans la direction du district
;
o
CHEFS ET NOTABLES
61
mais soutenue par le gouverneur Lavaud, elle surmonta ces diffi¬
cultés et réduisit l'hostilité d'une partie de ses sujets.
Pohuetea vahine était connue pour une femme énergique et
intelligente,
avec une
Mais
était
certaine compétence à diriger son district.
caractère fort inégal. Elle passait
brusquement de la pratique de la dévotion aux excès du
libertinage. Elle était un tantinet portée sur les boissons
spiritueuses [10. n° 112].
2° Aru, Pohuetea tane, né à Puna'auia en 1822, y est décédé le
28 juin 1879. Épousait Mata'uta'u a Temaehuatea, fille cadette du
premier lit du régent Paraita. De ce mariage était né Tita qui se
mariait avec Mata'uta'u a Vehiatua, fille du chef Tari'iri'i de
Mahina, le 7 janvier 1858 à Mahina. Aru étant veuf se remariait à
Puna'auia le 23 juillet 1856 avec Fateata a Naipa [3].
Partisan du gouvernement du protectorat en 1842, Aru, au mois
de juin 1845 était nommé par le gouverneur Bruat chef de
Puna'auia, à la demande de tous les chefs réunis en assemblée, à
la place de Utami qui avait rejoint la dissidence au camp de la
Punaru'u. En avril 1846, il était déclaré coupable de violation des
lois tahitiennes par les To'ohitu (ivrognerie) et destitué de ses
fonctions le 1er juillet 1846, et remplacé par sa sœur Aifenua
vahine [Bruat, mai 1847 ; Bruat au ministre, juin 1846].
3° Tupura'a, née à Puna'auia en 1824, serait morte avant 1860.
Épousait Adam, John Darling interprète de langue tahitienne
près le gouvernement du protectorat; fils du pasteur David
Darling officiant du district de Puna'auia, né à Mo'orea vers 1818,
décédé le 13 septembre 1881 à Papeete. Aucun enfant de cette
elle
d'un
union.
MARO
a
PU AIAHA
PAPAIAU
Chef du district de Paea
autre nom :
A l'arrivée des Français à Tahiti en novembre 1843, Maro était
le représentant de la cheffesse Noho de Paea. Papaiau était le père
adoptif de cet enfant mineur, dont le père était Noho tane ou
Tevahitua chef du district; confirmé par Pomare II dans sa
chefferie en 1816 et partisan du christianisme [23. 253]. Il exerçait
le pouvoir en son nom. En 1844, il se prononce l'un des premiers
l'insurrection, puis quelque temps avant l'affaire de
Mahaena, fait une première soumission au gouverneur Bruat, et
repasse à la dissidence en juin 1844. Il devenait un propagandiste
très actif pour la révolte, en entraînant avec lui sa fille Noho, ce
qui leur valurent à tous deux leur destitution, mais une grande
partie des gens de Paea les suivirent dans la dissidence. Il alla à
pour
Société des
Études
Océaniennes
62
GÉNÉALOGIE
FAMILLE POHUETEA
Généalogie particulière
Pohueta
t. □
1. Aitua
CHEFS ET NOTABLES
RAOUL TEISSIER
Raia
Fichier généalogique
Généalogie de E. Caillot
Hoara
v. no
A
Tetuanuimaruaiterai tane
-
u.
Aifenua t. □ Aifenua
1.
2. Pohuetea t.
sans
Aitua
v.
□ Tetuaitera'i t. no
1. Tetuanui t.
2. Aru
Afareaitu
(2 enfants d'un autre lit)
(Pohuetea) □ Matautau
sans
B
Tetuanui t. □ ?
1. Tetuanuimanaihiva □
Toarere
v. no
1. Ro'ometua t.
Ro'ometua
t. □
Maupiti
Puiatua
v. no
Tu'ipoto
Pohuetea t. □ Vehiatua
v. no
Papeno'o
1. Vahinehau
2. Pohuetea t.
no
1. Aifenua
t. □
Toimaa
Mai
a
Teri'ifareore t. □ Ahutu
v. no
1820-1881.
2. Aru (Pohuetea) t. 1822-1879.
3. Roometua, Tupura'a v. 1824-186?
C
2. Teri'itauaroa □ Taeaetua a
Atitara
1834-1886.
v.
□ Haeretei t.
Raiatea
no
(Mairirai)
1. Poheitei
v.
1. Pohearu
Pohearu
v.
Hihipo
t.
Atitara
□ Tatahe
no
Raiatea
Tetuanuimanaihiva t. 1766-1850.
Teri'itainoa t. □ Utouto
1. Teraieuti
Tepoanu'u t.
no
Tainu'u
□ Hiro t.
Teraieuti
v.
no
Mata'irea
v. no
7. Pehupehu v. 1868-1917
8. Teri'ireretai v.
Atitara
9. Tetuaetara v.
10. Tupuai t.
v.
□
Pehupehu t.
1. Teri'inavahoroa v.,
u.
1. Teto'ofa t.
2. Pao t.
3. Pohearu v.
4.
v. no
u.
□
v.
1. Napuhari'i v.
2. Hurie u. 1857-1885
3. Tinoari'i t. 1859-?
4. Ari'itiria t. 1861-?
5. Tetuanuimanaiva u. 18621918
6. Tetuameretini v. 1866-1918
2. Maraeta'ata t.
3. Roino'o t.
Teri'ita'inoa t. □ Utouto
Poheitei
Ahutu
1.
2. Haeretei t.
3. Roino'o t.
a
Teraieuti vahine
-
1. Tetuanuimarama v. □ Tamatoa
v.
1. Utami t.
Fateata, Rimapi'i
v.
1. Teri'inavahoroa v. □ Perera a Hiro t.
1. Teri'inavahoroa v. □ Atitioroi a Ori a Tati t.
2. Teri'ita'inoa t.
Ahutu
v.
1. Ari'ifa'ahiahia t. 1830-1893
2. Tenania t. 1832.
3. Temaumauari'i v. 1837.
Raiatea
v.
v.
1. Teri'ifareore t.
1. Ahutu
Tetuanuimaruaiterai
Matapu'upu'u
enfant
2. Maraeta'ata □
Teteanu'u t. □ Taereflua
a
Ahutu vahine
-
sans
Tetuanuimaruaitera'i t. ?
v.
v.
enfant.
Pohuetea t. □ Aroroerua v. (Potatu)
(sans enfant Son neveu Tetuanui lui succéda).
Tetuanuimaroaiterai □ Toimata
Vehiatua
Paraita v.
1 fils, Tita qui épousa Matautau a Vehiatua v.
3. Ro'ometua □ Adam Darling
1. Teteanu'u t.
2. Teteara'i t.
1.
a
enfant
Teri'inavahoroa
v.
no Tainu'u
Tepoanu'u, Pehupepu.
□ Perera
a
Hiro
Enfants de Tamatoa VI
1. Tamatoa t.
2. Tevahineha'amoetua u.
no
Mata'irea
1.
2.
3.
Teri'inavahoroa
1874-?
u.
3.
Opufara, Pehupehu t. 1890-1918
4.
Teri'imanaiterai
5. Mahine t.
Teri'itauaroa, Ari'inounouhia
u.
6.
1830-1877
Tefauveroari'i t.
4.
□
=
épouse
—
t.
=
tane
—
v. =
vahine
Société des
Étud<
s
Océaniennes
v.
Mai
VI.
63
64
RAOUL TEISSIER
Mo'orea prêcher la révolte et à Atimaha, il réussit à entraîner la
cheffesse Tauirua vahine et son mari Taumau, avec une bonne
partie des gens de Atimaha à sa suite dans le camp de la Punaru'u
à Puna'auia, où lui-même commandait avec le vieux chef Utami.
Papaiau a été la principale cause de la dissidence du Manotahi
(Puna'auia) et du Manorua (Paea) [Bruat, 1847. 1. A/52 c. 9 ; 10.
n°112].
Le 30 juin 1844, il se mettait à la tête des gens de Puna'auia et
Paea et attaquait le camp militaire de l'Uranie à Papeete. Pendant
l'action ils tuaient un chef de Paofai Mamoe et battaient en
retraite sur Faa'a. En passant dans le sous-district de Auae, ils
brûlaient la maison des missionnaires catholiques et celle du juge
de paix de Papeete, Fergus. Continuant leur retraite, ils
s'arrêtaient pendant la nuit au village de Faa'a. Les troupes
françaises sous les ordres du commandant Bonard, qui les
poursuivaient ne leur laissaient aucun répit. Au contact des
insurgés ils les attaquaient et les repoussaient sur Puna'auia [10.
n° 112].
Après la prise du fort de Fautaua le 17 décembre 1846, Papaiau
voulut diriger un coup de main, contre les Français et les
volontaires tahitiens qui tenaient les passages du mont Diadème,
avec des gens de la vallée du
Punaru'u, mais le courage et la
constance lui manquaient. Ses gens arrivaient en si petit nombre
que Papaiau renonçait à son entreprise. Deux jours après, le
22 décembre, Utami, Papaiau et tous les dissidents du
camp de la
Punaru'u
se soumettaient au gouverneur Bruat. C'était la fin de la
et la pacification générale.
Depuis son ralliement au protectorat, Papaiau était l'adversaire
déclaré des missionnaires anglais. Membre de l'assemblée
législative tahitienne, il appuyait toujours les motions les plus
guerre
hostiles à la reine Pomare IV.
C'était un homme courageux et
opiniâtre, ambitieux, sans
conscience, n'ayant pour boussole de conduite que son intérêt ou
sa passion. Il avait un gros
défaut, il aimait boire. Pendant la
dissidence, il avait néanmoins acquis une grande influence dans
son
district de Paea.
Papaiau était le fils de Puaiaha a Ari'ioi, "iatoa'i" de Arue
(Papa'oa), allié à la famille de Mei'a, orateur des anciens ari'i du
Porionu'u. Il avait épousé une femme originaire de Paea, Maihuti
a Tai, elle-même d'une famille de Iato'ai du
district, sœur de la
mère de Maitui dit Manua chef de Tiarei. De cette union qui eut
heu à Paea en 1850 : aucune postérité [3].
Né à Arue en 1818, il y mourait le 30 mai 1882 à l'âge de 64 ans. Il
avait deux frères : 1° Maiahau né à Arue en
1823, y est décédé le
10 avril 1878; il s'y mariait en 1850 avec Moehau a Vivirau.
2°Puiaha né en 1825 à Arue y est décédé le 26 janvier 1886. Il
épousait en 1851 à Arue Araia a Hohuu [3].
CHEFS ET NOTABLES
RI'ARI'A
a
65
TUMATIHATI
RI'ARI'A
Chef de la police à Tupuai
autre
nom :
Ri'ari'a était originaire de l'île Tupuai et son ancêtre
Tahuhumoeroa a Pe'etau était chef dans cette île [13. 1876. 98].
Partisan convaincu du gouvernement du protectorat dès le mois
de septembre 1842. En 1844 on le trouvait à Papeete comme chef
"Mutoi", fonctions qu'il remplissait pendant trois ans. Pendant la
période troublée de 1844 à 1846, il combattait dans les rangs
français en prenant part à presque tous les combats qui eurent lieu
à Tahiti pendant cette période. Il y était blessé quatre fois dont
deux blessures graves. Il s'était distingué au combat de Ha'apape
le 29 juin 1844 et cité à l'ordre du jour ; à celui du camp de Papeno'o
le 10 mai 1846. Entre temps, à l'escarmouche de Ta'apuna
(Puna'auia) le 12 avril 1846 il était blessé grièvement à une cuisse
par un coup de feu. Convalescent à peine de cette blessure, il était
atteint à nouveau par une balle, qui lui traversait le bras gauche, à
l'attaque du camp de la Punaru'u le 30 mai suivant. Il était l'un des
volontaires tahitiens qui suivaient le chef Tari'iri'i dans
l'escalade du "pic des Français" pour pénétrer à l'improviste dans
le camp des insurgés de la Fautau'a le 17 décembre 1846: cité à
l'ordre du jour le 21 [Bruat, mai 1847 ; 1. A/58, c. 10 ; Lavaud au
ministre, 14 octobre 1847].
A la suite des affaires de Ta'apuna, Papeno'o et Puna'auia il
était décoré d'une médaille d'or par ordonnance royale du
23 novembre 1846 ; d'une médaille d'argent le 25 juin 1847, pour la
prise du fort de Fautau'a [1. A/58, c. 10]. Après la pacification, en
1847, il était revenu habiter son île natale en reprenant "sa place de
chef, puis était nommé chef de la police de Tupuai [7. 1862].
Ri'ari'a avait adopté deux filles [13. 1873. n°3, p. 12; 1874, n°6,
p. 23] : 1° Teri'itautua ; 2° Tehiro.
AMO, TEVAHITUA a HOPOIE
autres noms : RUAREI, TETO'OFA
Chef du district de Paea
petit cousin de Tati chef de Papara ;
originaire de la presqu'île, de familles de
chefs de Vairao et Afa'ahiti [10. 1955, n° 112].
En 1844, Ruarei rejoignait les dissidents au camp de la
Punaru'u (Puna'auia). Mais après l'attaque de ce camp par les
troupes françaises et tahitiennes le 30 mai 1846, il se soumettait
au protectorat au mois de juillet suivant. Le district de Paea se
Ruarei était fils de Hopoie
sa
mère Vivirai était
Société des
Études
Océaniennes
66
RAOUL TEISSIER
trouvant sans tête depuis quelque temps, le gouverneur Bruat le
nommait chef et le conseil des chefs lui donnait le titre de
Teto'ofa,
auquel il avait droit. Il se trouvait avec les Français à
l'échauffourée de Paea, puis au combat de la Fautaua le
17 décembre 1846 [Bruat, mai 1847].
Après la pacification en 1847, il exerçait son autorité avec
discernement et loyauté, mais il s'adonnait à la boisson et le
gouverneur Lavaud fut obbgé de le destituer pour ivrognerie le
1er juillet 1848.
Trois autres personnes avaient été précédemment placées à la
tête de Paea. A l'arrivée des Français à Tahiti au mois de
novembre 1843, Noho vahine était cheffesse du district. Elle
succédait à son fcère Noho qui avait été nommé en 1816 par
Pomare II. Étant mineure elle était représentée par son père
adoptif Papaiau dit Maro. Ce dernier l'ayant entraînée dans la
dissidence, ils furent tous deux révoqués en 1844, par le
gouverneur Bruat.
En 1845, Pohearu vahine descendante de la famille dépossédée
par Pomare II, faisait sa soumission au gouvernement du
protectorat ; le gouverneur Bruat la nommait cheffesse de Paea à
la place de Noho vahine. Destituée à son tour, pour avoir à
nouveau rejoint les insurgés au camp de
la Punaru'u, elle était
remplacée par... Ruarei en juillet 1846 [Bruat, lettre 13 janvier
1847 ; 1. A/52, c. 9]. Ruarei ayant été à son tour révoqué de ses
fonctions était remplacé par sa sœur Tetuaraenui ou Teto*ofa
vahine le 3 août 1848, par le gouverneur Lavaud [Lavaud, 1849].
Dans l'exercice de ses fonctions Teto'ofa vahine ne manquait
pas d'autorité; c'était une femme qui avait de l'énergie et du
caractère. Toutefois, elle se trouvait sous l'influence des
missionnaires anglais et était entourée de personnes de sa famille,
qui malgré la pacification, étaient restées hostiles au
gouvernement du protectorat, ce qui lui faisait commettre des
impairs. Femme dissimulée, toujours prête à se défier des autres et
à tromper elle-même. Son district était l'un des mieux administrés.
De l'union de Amo a Hopoie, cousin ou petit cousin de Tati chef
de Papara, et de Vivirai sont nés plusieurs enfants dont : 1° Ruarei
né à Papara en 1823 y est décédé le 15 décembre 1875.
Épousait à
Paea en 1848 Tetiaveroa a Matai [13.1872,155] ; cette union n'eut
pas
de postérité ; 2° Tetuaraenui dite Teto'ofa vahine ;
3° Tetuarahi vahine [31.
TAATARI'I
autre nom
:
a
TAIRAPA
a
HOU
TAIRAPA
Grand juge de l'île Mo'orea et président de la Haute
cour
des To'ohitu
Tairapa a Hou, descendait de la famille des Ari'i de Afareaitu
(Mo'orea) par sa mère Tetuaiteroi a Mahuru et de la famille
CHEFS ET NOTABLES
67
Teri'ifa'atau, grand chef de Huahine, par son père Hou a
Tumaereteietaiuma. Aux temps anciens, Hou remplissait les
fonctions de conducteurs des guerriers dans les combats.
Autrefois sa famille était puissante dans l'île Mo'orea, mais elle
fut abaissée par celle de Pomare [10. n°112; 3].
Tairapa était un adolescent lorsqu'il commençait à naviguer
sur des baleiniers fréquentant Tahiti, puis sur les navires de
Pomare II, faisant le commerce du porc salé avec Port-Jackson
(Sydney). Par ce moyen, il connaissait le monde extérieur : Hawaï,
Australie et même le Chili et parvenait à apprendre l'anglais. A
son époque, Tairapa était l'un des hommes le plus éclairé de Tahiti
et Mo'orea. Il avait la bosse des affaires et possédait une très forte
influence politique sur la population de son île [Bruat à Lavaud,
mai 1847].
Avant l'arrivée des Français à Tahiti, il était grand juge de
Mo'orea au tribunal des To'ohitu, et à ce titre, il faisait partie des
grandes assemblées de chefs qui se réunissaient chaque année à
Papa'oa (Arue). En 1824, à la séance pour la révision des lois du
Code Pomare de 1819, Tairapa était partisan de l'abolition de la
peine de mort. En 1831, il était également partisan du divorce de la
reine Pomare IV d'avec Tapoa II roi de Porapora [23. 335]. En
1841, on le comptait parmi les chefs favorables à la France : Hitoti,
Paraita, Tati et Paofai. Par leur influence, ils persuadaient le
gouvernement tahitien à demander son protectorat. Mais la reine
Pomare IV annulait cette décision, sous la pression des
missionnaires anglais et du commodore anglais du "Curaçao"
[41. 940-41].
En 1842, Tairapa était l'un des deux délégués de la reine auprès
de l'amiral Dupetit-Thouars. Il fut chargé de présenter à Pomare
vahine, aux fins de l'approuver, la demande de protectorat à la
France, déjà signée par les grands chefs Tati, Utami, Hitoti et
Paraita. Tairapa se rendait à Mo'orea, à Papetoai, où la reine se
trouvait en couches et lui présentait le document. Pomare IV se
résignait à signer l'acte que fort tard dans la nuit, mais sans
contrainte [39. 24-25]. A son retour de Mo'orea Tairapa remettait
le traité à l'amiral Dupetit-Thouars le 9 septembre 1842 [19 bis.
192}.
Partisan convaincu du gouvernement du protectorat, Tairapa a
puissamment contribué à son maintien et à la paix dans son île.
Le gouverneur Bruat le nommait chef et le confirmait grand juge
le 7 septembre 1844. Pendant la période de juin, juillet 1844, le chef
Maro (Papaiau) de Paea avait réussi à persuader quelques chefs
de Mo'orea à se joindre à l'insurrection au camp de la Punaru'u à
Puna'auia. Tairapa apprenant cette mauvaise nouvelle, pendant
qu'il était en séjour à Papeete, immédiatement il prenait la
décision de se rendre à Mo'orea, accompagné des chefs Pe'e et
Arahu, débarquaient tous les trois à Afareaitu et sans perdre de
Société des
Études
Océaniennes
68
RAOUL TEISSIER
temps organisaient
une réunion de la population. Après maints
palabres, il y était décidé que les chefs de Mo'orea reconnaîtraient
le protectorat. Un chef seulement et quelques habitants partaient
pour la Punaru'u pour soutenir la dissidence [10. n°112].
Tairapa étant atteint d'éléphantiasis, se déplaçait
difficilement, ce qui ne l'a pas empêché de suivre presque toutes
les principales actions militaires en baleinière en transportant les
vivres de la troupe. Au retour, il se chargeait des éclopés et des
blessés. Lors de l'attaque de Papeete le 20 mars 1846 par les
insurgés, Tairapa et plusieurs chefs de Mo'orea, accompagnés
d'une partie de leurs hommes, venaient se joindre aux français
pour défendre la ville. Parmi eux se trouvaient trois fils de Tairapa
dont deux partiront en 1847 avec Bruat, pour faire leurs études en
France. L'un deviendra interprète du protectorat, l'autre servira
un
certain temps en qualité de volontaire dans la marine
française. Au retour de la reine Pomare IV à Tahiti, elle faisait
escale à Mo'orea en janvier 1847, Tairapa prenait sur lui de placer
des factionnaires à la porte de sa maison et lui avait interdit de
communiquer avec qui que ce soit, avant de connaître les
intentions du gouverneur Bruat. Par ordonnance royale du
3 novembre 1846, il était décoré d'une médaille d'or, pour son
dévouement au gouvernement du Protectorat [1. A/42, c. 28].
Le 1er février 1850, Tairapa remplaçait le chef Utami, décédé en
1849, à la présidence de la Haute cour tahitienne (To'ohitu). Il
exerçait ses fonctions jusqu'en 1860, non sans quelques incidents
dûs à son caractère d'indépendance et à son penchant pour les
boissons fortes. A la cession de cette Haute cour en 1858, il s'était
présenté en état d'ébriété et avait tenu des propos inconvenants
contre le gouvernement et la reine. Le gouverneur Dubouzet le
suspendait de ses fonctions pendant quelque temps. Cependant,
Tairapa était venu de lui-même faire des excuses au gouverneur et
à la reine Pomare. A la demande de la reine, le gouverneur le
réintégrait dans son emploi. Il avait eu deux grands démêlés avec
la reine Pomare et l'on pouvait penser qu'il l'exécrait dans son fort
intérieur [Dubouzet. 1. A/73, c. 35].
Tairapa prenait sa retraite le 1er juillet 1863 et se retirait à
Mo'orea où il était né à Teaharoa vers 1788 et y mourait le
8 juin 1879. De son union en 1820 à Teaharoa avec Aito a Teipo née
à Arue vers 1801, décédée au même lieu le 15 février 1876 ; fille de
Aito a Fautu et de Tapufa'ata a Fara, sont nés : 1° Tetutau,né à
Papetoai vers 1823 et mourait à Teaharoa le 18 novembre 1872.
Pourrait être celui qui a servi dans la marine française?
20Fanaura'i né à Teaharoa vers 1827 y est décédé le
26 décembre 1911 ; épousait au même lieu en 1857 Teamo a
Ma'iruai ; en secondes noces Taaoa Aimata a Tehanai, petite-fille
du régent Paraita et fille de Mapuru. 3° Taatari'i né à Papetoai
vers 1830, mourait à Teaharoa le 26 novembre 1907.4° Paherè né à
Société des Études Océaniennes
CHEFS ET NOTABLES
69
Papetoai vers 1832, mourait le 9 décembre 1918 à Ti'aia (Mo'orea) ;
avec Tevaite a Pito. 5° Terorohioari'i née à Papetoai
vers 1838, est décédée à Teaharoa le 18 mars 1907. Épousait à
Teaharoa en 1859 Marura'i a Tauhiro. 6° Farefara né à Papetoai
en 1842, mourait à Teaharoa le 2 août 1883 ; épousait au même lieu
le 15 décembre 1860 Tetauvira a Hioane ; il a été cavalier d'escorte
de la reine Pomare IV : nommé le 13 mai 1862 [3]. 7° Tetuaaoa né à
Papetoai en 1844 ; marié à Teaharoa en 1872 [7. 1862, 4].
marié à Arue
TAATARI'I
a
TAIRAPA
a
HO'U
TAIRAPA
Chef de Moru'u et Atimaha
autre nom :
Tairapa, était le troisième fils de Tairapa a Ho'u, président de la
haute cour tahitienne, To'ohitu [3].
Pendant la période troublée de 1844 à
1846, et malgré son jeune
âge (16 ans), il suivait son père dans les opérations
militaires que
menait le gouverneur Bruat jusqu'à la pacification générale de la
révolte à Tahiti en 1847, puis partait pour faire ses études en
France et revenait à Tahiti en 1851, où il était nommé interprète
du gouvernement du protectorat, au service des affaires indigènes
le 1er juillet de la même année [Bruat à Lavaud, 1847 ; Lavaud,
1849 ; 7. 3].
Élu
par
élection chef du district de Atimaha-Moru'u le
9 août 1864, en remplacement du chef Tauirua décédé le 28 octobre
1862 [9. 1864, 291]. Il donnait sa démission de cette fonction le
27 janvier 1873 [9. 1873, 18]. Il prenait sa retraite le 9 juin 1881,
après avoir servi le gouvernement du protectorat pendant 30
années [9. 1881, n° 4].
Tairapa était né à Papetoai vers 1830 ; il mourait à Teaharoa le
26 novembre 1907, âgé de 77 ans. Il était veuf de Uratua a Maharo.
D'une précédente union avec Te'e'eva a Vaira'atoa Pomare a Tu,
fille de Vaira'atoa, Tehahatu, neveu de Pomare 1er ; et de Haururu
ou Anae vahine, sont nés : 1° Umarea, (Taia) né à Teaharoa vers
1858 ; décédé en octobre ou novembre 1898 [14. 1898, 48].
En juin 1880, était volontaire dans les troupes françaises, pour
aller combattre les insurgés des îles Marquises, puis en décembre
1897 contre ceux des îles sous-le-vent à Raiatea-Tahaa. Il était cité
à cette dernière campagne et recevait pour son courage une
médaille d'honneur de 1ère classe en argent [1. A/148, c. 12].
Conseiller général de l'île Mo'orea.
Il épousait Tehapai a To'ofa dont il eut cinq enfants:
a) Aroari'itetara (1880-1969), mariée à Pape'ete le 22 décembre
1904 avec Maraehau a Taie dit Ta'ataparea, pasteur de Taunoa
(1882-1975). b) Jean-Baptiste (1881), c )Piriohutepau (1883),
d)Ari'i i Mata'irea, e) Louis (1888) épousait Louise Anahoa [3].
70
RAOUL TEISSIER
2° Teuraitiahotu, dite Pupure, née à Pare le 28 juillet 1859,
décédée à Arue le 3 décembre 1918; deux enfants : a) Tanahiatua
née à Papeete le 25 novembre 1882 ; épousait à Arue le 7 décembre
1899, Marui a Teauna. b) Tuaiterai né à Papeete le 13 octobre 1893
.
mTAERO
a
TAUIRA'I
:TAERO
Chef du district de Haumi
autre
nom
Taero, était descendant de la famille Pohuetea, grand-chef du
Manotahi (Puna'auia) par son père Tauira'i; sa mère Tuahu
vahine était d'une famille de "ra'atira" de Mo'orea. Étant chef de
Haumi, il était dépossédé de son fief vers 1816 par Pomarell, à la
suite des luttes religieuses de 1815. Il était remplacé par
Haumuna. Celui-ci, après avoir administré le district pendant
quatre
ans,
venait à Puna'auia avec Taero et demandait à
encore, de rendre la chefferie de Haumi à son
Pomare, qui vivait
véritable chef. Le vieux roi consentait et remettait Taero dans ses
droits, vers 1820 [10. n°. 112].
Lors de l'établissement du gouvernement du
protectorat, il se
prononçait favorablement pour lui sans hésitation et lui restait
fidèle, pendant l'insurrection de 1844, il ne suivait pas les rebelles
de Mo'orea au camp de la Punaru'u à Puna'auia [Bruat à Lavauc,
mai 1847]. Il était confirmé dans son titre de chef le 6 mai 1845, par
le gouverneur Bruat [8]. Vers 1858, le gouverneur Dubouzet le
notait en ces termes: «Taero est un vieillard de soixante ans,
presque aveugle, s'occupant fort peu de l'administration de son
district, mais toujours aussi dévoué au protectorat et aimé de son
petit peuple » [Dubouzet, 1. A/73, c. 35].
Taero était né à Puna'auia vers 1791 de Tauira'i a Tauira'i et de
Tuahu a Ta'ahira'i ; il mourait à Afareaitu le 14 juin 1869. De son
union avec Fa'aroa a Fa'aroa sont nés : 1° Taero né à Afareaitu en
1817 y est décédé 11 octobre 1880. Il s'y était marié en 1851 a*. ;c
Ta'ati a Teri'itua. 2° Tauira'i née à Afareaitu en 1821, elle y
mourait le 19 juin 1868. Elle épousait au même lieu en 1842, Teuhe
a Pufara [3].
TAITETE
a
MARE
MARE
a MARE
Orateur du gouvernement du protectorat
Procureur du roi près la Haute cour tahitienne, To'ohitu.
autre nom
:
Plus connu sous le nom de Mare a Mare, était originaire de l'île
Mo'orea. Il appartenait à une ancienne famille de ra'atira de
Raiatea [23. 1872, n° 5, 22].
Société des
Études
Océaniennes
CHEFS ET NOTABLES
71
Vers 1813 ou 1814, il se convertissait au protestantisme. Comme
il était intelligent et actif, les missionnaires anglais le nommaient
diacre du district de Papetoai en 1821, où il exerça son ministère
un certain nombre d'années [10. n° 112].
En 1843, on le retrouvait à Papeete, confident intime du pasteur
Pritchard et de la reine Pomare IV qui l'avait pris comme son
orateur particulier, à laquelle il était entièrement dévoué. Dans les
pendant
montrait hostile à l'établissement du protectorat. Le
jour de la prise de possession de Tahiti par la
France, c'était Mare qui récitant un discours qui lui avait été dicté
par Pritchard, venait protester contre cet acte au moment où
le commandant ordonnait d'amener le pavillon de la reine. Il
avait à peine commencé sa harangue que le commandant de Bréa
levait son épée. A ce signal vingt tambours se mettaient à battre.
Mare ne pouvant plus se faire entendre, ne continuait plus son
discours [10, n° 112].
A la suite des troubles de Papara, provoqués par la dissidence
Mare était arrêté et transféré sur le navire de guerre l'Embuscade,
en rade de Papeete, le 14 février 1844 où on le retenait prisonnier
jusqu'à la mi-mars [19 bis. 534, 537, 543]. Bientôt Mare faisait sa
débuts, il
se
6 novembre 1843,
soumission et restait toute sa vie fidèle au protectorat.
A l'arrivée des Français à Tahiti, Mare était l'orateur de la reine
dans les assemblées et faisait partie de la cour des To'ohitu. A sa
soumission il fut réintégré dans ses fonctions comme orateur du
gouvernement du protectorat [Bruat au Ministre, 1. A/23, c. 5], et
procureur du roi près la Haute cour tahitienne en janvier 1846.
C'est lui qui faisait au peuple assemblé à Papeete, la traduction
des textes concernant le rétablissement du protectorat [P.V. 7
juillet 1845].
Mare était un homme remarquable par sa parfaite
connaissance des usages, coutumes et traditions de son pays. Il
était le Tahitien le plus instruit dans sa langue natale ; orateur
éloquent influençant ceux qui l'écoutaient [Notes Lavaud, 1849].
L'intérêt qu'il portait au passé tahitien, incitait le gouverneur
Lavaud à lui demander d'écrire certains récits légendaires:
cosmogonie, hymnes guerriers, chants nautiques, ainsi que les
généalogies des familles royales des îles de la Société. Les
manuscrits de Mare sont conservés à la bibliothèque du Service de
la Marine à Paris [35. 303].
Chrétien, il était partisan convaincu des principes anglais en
religion et partisan des principes français en politique ; il était de
caractère indépendant. Il a été torturé pendant de longues années
par l'éléphantiasis dont il était atteint aux membres inférieurs.
On lui reprochait, comme à la plupart des chefs, son peu de
sobriété [Bruat à Lavaud, mai 1847].
Cet homme qui par naissance n'avait droit qu'au rang de
"ra'atira" a su se créer par son talent et son intelligence, une
Société des
Études Océaniennes
72
RAOUL TEISSIER
position qui le plaçait au niveau des chefs les plus influents de
Tahiti et Mo'orea [Bruat au Ministre, 1. A/23, c. 5].
Il mourait au mois de mai 1855 [13.1855, 27 mai]. Il laissait une
veuve, Taianapa a Uramoae, 1801-1889, qui était nommée
représentante de Madame Brander, cheffesse titulaire des
districts de Ha'apiti et Teavaro (Mo'orea) [3]. La descendance
directe de Mare, s'il en eut, n'est pas connue. Cependant, Manua
tane et Tetuanuitaurere vahine a Vahapata de Papeari étaient
neveu et nièce de Mare a Mare [13. 1872, 160].
TAMATOAIV
autre nom : MO'EORE
Roi de Raiatea et Tahaa
Mo'eore descendait en ligne
était le fils de Tamatoa III,
directe des Tamatoa de Raiatea. Il
le grand et de Turaiari'i fille de
Teha'apapa 1ère reine de Huahine [27. 260-266]. Ce qualificatif de
grand lui avait été donné par les pasteurs anglais Teyerman et
Bennet au moment de leur rencontre avec Tamatoa III. Ils le
décrivaient comme un homme remarquable par sa stature : 6
pieds, 3
pouces,
environ 2 mètres. Tamatoa III était né vers 1757 et
mourait en 1831.
Mo'eore Tamatoa IV n'avait pour lui que le prestige du rang,
mais ce prestige était tout-puissant auprès de ses sujets. Son
incapacité et sa conduite privée lui avaient enlevé tout autre
espèce de considération. Adversaire convaincu du protectorat
français, il donnait asile à sa nièce la reine Pomare IV, pendant la
période de son exil volontaire de 1844 à 1847 à Raiatea, lors de
l'insurrection tahitienne [Bruat à Lavaud, mai 1847].
Né à Raiatea vers 1797 et décédé en 1857, Mo'eore Tamatoa IV
épousait la fille d'une bonne famille de Papeari : Mahuti Haura
dont il eut trois enfants: 1°Teha'apapa II qui sera reine de
Huahine. 2° Tamatoa le boiteux. 3°Hapaitaha [19. 125-130]. De
plus, il avait adopté le quatrième enfant de Pomare IV et lui
donnait son nom, sous lequel celui-ci lui succédait à sa mort
(Tamatoa V), tandis que son propre fils Tamatoa le boiteux était
évincé du trône de Raiatea.
Presque tous ceux qui ont écrit sur l'origine des Tamatoa
prétendent que Mo'eore Tamatoa IV était le grand-père de la reine
Pomare IV, dont la mère Teremoemoe, femme de Pomare II, était
sa fille d'après la généalogie de Mare qui figure dans Teuira
Henry [27. 260]. Mare a fait erreur ou falsifié sa généalogie pour
une cause politique : faire valoir la suzeraineté des Pomare sur les
îles sous le vent; l'Angleterre refusant d'englober dans le
protectorat français de 1842 ces dernières îles en 1845 [Bruat au
Ministre, n° 327. 1. A/31, c. 6].
CHEFS ET NOTABLES
73
En réalité, Mo'eore Tamatoa IV est le fils de Tamatoa III et
Teremoemoe sa propre sœur ainsi que Teri'itaria et Pomare IV sa
nièce. La généalogie de M. Eugène Caillot est exacte sur ce sujet
[19. 125].
Un travail très récent de recherches sur des généalogies
anciennes, faites par M. Calinaud, juge au tribunal de Papeete,
dont une copie du rapport définitif a été déposée aux archives du
Musée de Papeete, fait la preuve de cette erreur ou de cette
falsification commise par Mare. Nous avons pu en extraire des
notes pour compléter notre travail. Nous remercions sincèrement
M. Calinaud qui a bien voulu nous donner l'autorisation de les
publier.
Extraits du rapport de M. Calinaud.
Les généalogies de base sont fournies par Eugène Caillot
[19 bis] et par Teuira Henry [27]. La différence essentielle entre les
deux est la suivante
:
A) Caillot donne au Tamatoa père de Teri'itaria vahine le
nombre III et appelle son fils Tamatoa IV, ce dernier étant père de
Teha'apapa II reine de Huahine. Au contraire, T. Henry appelle le
père de Teri'itaria vahine : Tamatoa IV, nomme son fils Mo'eore,
Teri'itinorua, Teari'inohora'i et dit que le Tamatoa père de
Teri'itaria mourut
en
1857
en
ayant
pour successeur son
fils
adoptif Tamatoa V, de la famille des Pomare.
Sur ce point, la généalogie Henry est fausse et c'est Caillot qui
est dans le vrai, en effet : a) il est certain d'après Teyerman et
Bennett que le Tamatoa, père de Teri'itaria vahine était né vers
1757 et qu'il est décédé en 1831 en laissant pour successeur son fils
Mo'eore. Il est donc impossible qu'il soit le même que le père
adoptif de Tamatoa V ; b) un document de 1845 prouve la
succession Tamatoa père. Tamatoa actuel [10. n°97. 307]. De
même : de Bovis mentionne un Tamatoa fils de Tamatoa, frère de
Teremoemoe, Teri'itaria et Teihotu, époux d'une "femme
inférieure" et père adoptif d'un fils de Pomare. Le "Messager de
Tahiti", année 1856, mentionne "Teri'itaria reine de Huahine et
sœur
de Tamatoa". c) suivant une opinion communément
admise, l'adoption de Tamatoa V s'expliquait par le fait que
Tamatoa IV avait contracté
une
mésallliance dont les enfants
ne
pouvaient dès lors prétendre à sa succession ; cette indication,
assez discutable d'ailleurs, ne peut à l'évidence
s'appliquer au
Tamatoa de 1757-1831, quoique sa fille Teri'itaria fut reine de
Huahine et que sa reine de fille Teritoitera'i fut mère de la reine
Pomare IV ; d) le premier de ces Tamatoa fut bien le père d'un fils,
Mo'eore, l'atteste un document de 1816 (Davies).
B) au plumitif de la commission d'attribution des terres de
Taha'a, on trouve la généalogie suivante: "Turaiari'i no roto ia
Mato tei taoto te tane : fanau e pae (5) tamari'i, Teri'itaria, ahe'e o
Terito, ahe'e o Tamatoa, ahe'e o Tamari'i, ahe'e o Ta'avea ; Terito
Société des
Études
Océaniennes
74
RAOUL TEISSIER
taoto ia Tunuieaitera'i i Tarahoi,
taoto i te vahine no Vaiari'i fanau
fanau
o
o
Pomare IV ; Tamatoa
ma ; Ta'avea taoto,
Teurura'i
fanau Ari'ifa'aite."
On reconnaît bien là Turaiari'i de Huahine, femme de Tamatoa
III et ses cinq enfants, parmi lesquels Tamatoa IV auteur de la
famille Teurura'i de Huahine.
On est donc obligé de conclure que Mo'eore et Tamatoa IV sont
une seule et même personne. Mon opinion est que
la généalogie
utilisée par Teuira Henry a été falsifiée pour essayer de minimiser
l'importance de
ce personnage au
profit de Tamatoa IV,
pour
consolider les droits des Pomare sur Raiatea, et pour dissimuler le
fait que Teha'apapa, en dépit de la mésalliance dont on charge
son
père, avait fort bien
pu
devenir reine de Huahine.
Pour parvenir à cette falsification par la suppression d'un
échelon généalogique sans modifier la numération des derniers
Tamatoa, probablement imaginable, que l'on est allé placer
beaucoup plus loin, dans les débuts de la lignée, à 16 générations
avant Tamatoa IV... [Fa'aneti] [Fa'aneti de Quatrefagé], que
Teuira Henry baptise, abusivement je crois, Fa'aneti
Tamatoaura. On rectifiera la numérotation des Tamatoa
conformant à celle de E. Caillot.
en se
La généalogie de la branche Tamatoa est donc la suivante :
I— Tamatoa III, Fa'o [vers 1757-1831] dit par certains auteurs
protestants "Tamatoa le grand". Au début du XIXème siècle, était
en quelque sorte vice roi de Raiatea sous la suzeraineté de
Tapoa
1er. Avec celui-ci il prêta main-forte à Pomare II, puis se convertit
au
christianisme. En 1818, de retour à Raiatea, décida la
conversion de son île, défit le "régent" de Taha'a Fenuapeho, et
devint roi de Raiatea-Tahaa. Reçut les missionnaires, promulgua
le premier code de lois de ces îles en mai 1820 et présida à la
fondation de Uturoa. De son union avec Turaiari'i vahine de
Huahine il eut :
1°) Teri'itaria,née sans doute vers 1790, décédée à Papeete en
1858; reine de Huahine [Atupi'i] sous le nom de Teri'itaria.
Donnée pour femme à Pomare II et appelée Pomare vahine ; tint le
gouvernement de Tahiti à l'époque de Pomare III et IV, sous le
nom de Ari'ipaea, ou Pomare vahine.
2°) Teritoitera'i, Teremoemoe, 2ème fille [23] née vers 1793 [29.
273], 2ème femme de Pomare II, remariée dès 1826 avec un jeune
chef de Porapora âgé de 10 ou 11 ans qui l'abandonna vers 1830
[41], vivante encore en 1867. Elle est appelée Teravahine par
Lesson.
3°) Temari'i, Ma'ihara vahine, filiation corroborée par Ellis [25,
sv.] et par J. Williams; T. Henry distingue deux filles
Temari'i et Ma'ihara, ce qui me semble faux; vivant en 1832,
615 et
décédée avant 1844.
CHEFS ET NOTABLES
75
4°) Mo'eore, Teri'itinorua, Teri'inohora'i, qui succéda à son père
1831, sous le nom de Tamatoa IV ; né en 1797 ; mentionné aux
côtés de son père en 1816 par Davies; c'est sans doute lui que
Lesson [29. 299], en 1823, décrit en ces termes "le frère de la reinemère, chef puissant d'une île voisine... buvait du rhum à plein
verre
comme
un
individu pressé d'en finir avec un grand
chagrin"; eut à livrer bataille contre Tapoa II, en 1831, à
supporter les tentatives d'établissement du protectorat français
(1842-1845), à se défendre contre l'usurpation du chef Temari'i
(1853-55) ; mort en 1857.
5°) Teihotu, Ta'avea,née sans doute vers 1797/1801, mère de
Ari'ifa'aite, 2ème mari de Pomare IV et de Ari'ipeu, chef de Arue.
II— Teri'itaria, Ari'ipaea, Pomare vahine. De ses deux unions
avec Pomare et avec Ari'ipaea, aucune postérité, mais deux
enfants adoptifs : 1° elle adopta d'abord Aimata, fille de Pomare II
et de Terito ; future reine de Tahiti (Pomare IV), à qui elle donna le
nom de Teri'itaria (enquête 1845) ; elle adopta ensuite le fils de
Aimata, Teratane, futur Pomare V, à qui elle donna aussi ce même
nom [27. 261].
Ilbis— Teritoitera'i, Teremoemoe : Généalogie confirmée par la
Haute cour [4. vol. 15, n° 96]. De son union avec Pomare II :
1° Aimata née le 28 février 1813, décédée à Papeete le
17 septembre 1877, couronnée sous le nom de Pomare IV. Épouse
en décembre 1822 Teri'inohora'i, fils ou neveu de Tapoa 1er,
appelé Pomare tane ou Pomare opurahi et plus tard Tapoa II, dont
elle divorça en 1831 sans avoir d'enfant;puis épousa en 1834 son
cousin Tenania, Ari'ifa'aite [lui-même petit-fils de Tamatoa III
par Ta'avea vahine] dont elle eut: a) Ari'iaue, b) Teratane,
c) Teri'imaevarua dite Tapoa vahine, d) Tamatoa V,
e) Punuari'i, Teri'itapunui, f) Teri'itua, Tuavira, g) Tevahitua.
liter— Temari'i, Ma'ihara : il y a là un risque important de
confusion, car on trouve aussi une Ma'ihara Temari'i vahine qui
était fille de Taaroari'i et Tematafainu'u de Huahine (et donc
cousine au 5ème degré de celle en question ici) et une autre
Temari'i Ma'ihara, Teuhe vahine qui était fille de Teha'apapa
vahine et de Temari'i, Ari'imate de Huahine [et donc petite-nièce
en
de celle-ci].
L'existence d'une Ma'ihara fille de Tamatoa III est en tout cas
attestée par Ellis [25. 627] et J. Williams qui l'appelle "la fille
favorite de notre bon vieux roi".
Ma'ihara pourrait être un surnom pris en mémoire des
circonstances pénibles du décès de Taaroari'i.
Selon la pièce n°5, de l'enquête de 1845, lors du voyage de
Pomare II en 1815, elle était reine de Huahine — le document
précise sœur plus jeune de Teremoemoe — et avait pour mari No.
Ilquarto— Mo'eore, Teri'itinorua, Teri'inohora'i, Tamatoa IV.
[Pour mémoire : père adoptif de Tamatoa V]. Sa date de naissance
76
RAOUL TEISSIER
reste difficile à
préciser. Il est mentionné en 1816 à côté de son père
[23]. Si le texte de Lesson le décrivant comme un buveur en 1822
s'applique à lui comme je le crois, on n'a pas l'impression d'avoir à
faire à quelqu'un de très jeune. Pourtant en 1832, J. Williams parle
de lui comme d'un "jeune homme. En 1856, il est décrit comme très
âgé," presque chauve et vivant dans une immobilité complète [13.
1856, 14 déc.].
Son union avec Mahuti, Mara'apotevaruametua de Vaiari
mentionnée par Caillot et Teuira
Henry, appelle trois
observations : la généalogie de celle-ci démontre que, si elle n'était
pas de haute noblesse, huiari'i ce n'était pas non plus une
plébéienne, manahune, puisque ses ancêtres avaient marae et
terres ; une bonne partie des ancêtres des Pomare n'étaient pas
d'une origine plus relevée; le fait que sa fille Teha'apapa soit
devenue reine de Huahine, et que le fils de celle-ci, TamatoaTautu, ait été élu roi de Raiatea-Taha'a après l'éviction de
Tamatoa V, démontre amplement que ses rejetons n'étaient pas
frappés d'incapacité à ce point de vue.
En réalité, l'adoption de Tamatoa V par Tamatoa IV et la
dévolution de la couronne de Raiatea-Taha'a à son profit
s'explique par considérations politiques : lors de son voyage aux
îles sous-le-vent en 1840-41, Aimata, Pomare IV s'est fait partout
reconnaître comme suzeraine des droits royaux (non pas, selon
moi, à cause d'une prétendue prééminence des Pomare, mais parce
qu'elle était le rejeton aîné de Tamatoa III, en signe de quoi son
second fils Teratane, né en 1839, a été adopté à Huahine pour en
devenir roi, et sa fille Teri'imaevarua, née en 1841, l'a été à
Porapora pour en devenir la reine. Contrairement aux assertions
de l'enquête de 1845, son quatrième enfant Tamatoa n'avait pu
être adopté à Raiatea dès cette époque, puisqu'il est né qu'en 1842,
mais il avait dû être promis par avance lors de son passage en
cette île, et c'est là précisément qu'elle est allée accoucher. A
Porapora, Teri'imaevarua a succédé sans difficulté à Tapoa
puisqu'il n'avait pas d'enfant. A Huahine, Ari'iaue n'a pu
succéder à la reine Teri'itaria, décédée après 1856, quoiqu'il était
appelé à régner à Tahiti à la place de son frère aîné décédé, et que
les conventions franco-anglaises interdisaient qu'un même
personnage puisse régner à la fois à Tahiti et aux îles sous-le-vent.
A Raiatea la promesse de 1840-41 a été respectée et l'existence
d'enfants nés de Tamatoa IV
quelles que soient leur origine et
leur qualité — n'a pu faire obstacle à l'accession au trône de
—
Tamatoa V.
Société des
Études
Océaniennes
CHEFS ET NOTABLES
TAMATOAURA
a
77
TAMATOA
a TAU
Roi de l'île Tupuai (Australes)
autre nom :
TAMATOA
Partisan du gouvernement du protectorat de 1842. Pendant la
période de l'insurrection de Tahiti, de 1844 à 1846, il combattait les
rebelles dans les rangs des Tahitiens ralliés aux troupes
françaises. Il était qualifié de roi de Tupuai par le gouverneur
Bruat [Lettre à Lavaud, mai 1847], ainsi que par les annuaires du
territoire [7. 1859, 1862, 1886]. Après la pacification de 1847, il
retourna habiter dans son royaume des Australes, à Tupuai.
Tamatoa cessa de régner sur cette île en 1877 et fut remplacé par le
chef Tahuhuatama [7. 1877].
Tamatoaura descendait de la famille des Tamatoa de Raiatea.
Son ancêtre avait quitté cette île pour se rendre à Tahiti dans une
grande pirogue. Pendant son voyage, il subissait un fort coup de
qui lui faisait manquer sa destination. Après
avoir dérivé pendant un certain temps, il atterrissait à Tupuai, île
située au sud de Tahiti; il s'y établissait n'ayant aucune
possibilité de retourner chez lui. Il prenait femme et fondait une
famille [33. 53-54],
En 1789, le "Bounty" avec son équipage de mutins, commandé
par Christian, abordait à Tupuai. Ce dernier trouvait un Tamatoa
comme chef d'une partie de cette île et s'en faisait un ami. C'est par
ce personnage que Morrison, second maître du bord, apprenait ce
voyage accidentel et que cela avait eu lieu très longtemps avant
leur arrivée. N'ayant pu s'entendre avec les habitants de Tupuai
les mutins revenaient à Tahiti. Christian repartait pour Pitcairn
avec quelques mutins tandis que la plupart des autres, y compris
Morrison, se fixaient à Tahiti. Lors d'un entretien qu'il avait avec
Itia, femme de Vaira'atoa (Pomare 1er) et mère de Tu, futur
Pomare II, elle lui confirmait que son arrière-arrière-grand-père
appelé Tamatoa et chef à Raiatea, avait disparu en mer, emporté
dans une grande pirogue de pêche et dont on avait plus jamais
entendu parler. Le jeune chef de Tupuai était immédiatement
reconnu comme parent et adopté par Itia [33. 54].
D'autre part, d'après la généalogie de Mare, dans Teuira Henry
[27. 255], un Tamatoaura aurait été le voyageur accidentel dont il
est question et serait l'ancêtre de la branche Tamatoa de Tupuai.
A son installation dans le pays où il avait échoué après son
périple, il prenait pour femme Vairaumati qui lui donnait un fils :
Hoatatama. Ce dernier prenait pour compagne Ha'amahea d'où
Eata tane, qui lui-même, eut un enfant de Utiutirei prénommé
Ro'otane [27. 256].
Jusqu'à Fata tane, cette généalogie est peu certaine. Mais à
partir de Ro'otane, elle est confirmée par le fichier généalogique
[3] au sujet de l'identité de Ro'otane, de sa femme et de son fils
vent de nord-est
78
RAOUL TEISSIER
Tamatoa ou Tamatoaura, le roi de Tupuai sous le gouvernement
du protectorat.
Tamatoa a Tamatoa ou Tamatoaura était né à Tupuai en 1800
de Ro'otane a Tamatoa et de Tehinaha'atapu a Tetuatorono;
décédé à Tupuai le 21 février 1885 [3]. De son union avec Tanevaha
a Tamatetohu sont nés : 1° Hainari'i, née à Tupuai en 1826, mariée
en 1850 avec Ta'arehau a Matehioa a Taumatua. 2° Haupuni, né à
Tahiti le 1er juillet 1831; décédé à Tupuai le 9 novembre 1889.
3° Tetuatorono, née à Tupuai en 1832, y est décédée le
20janvier 1915. Épousait en 1845 à Tupuai Tupea a Tehono a
Tupea. 4° Ro'o né en 1833 à Tupuai, y est décédé le 2 juillet 1890 ; se
mariait en 1849 à Tupuai avec Tetau a Taumataura a Viriti.
TETUANUIMANAIHIVA a TATAHE
autres noms : MA'IRIRAt, UTAMI
Président de la Haute
cour
tahitienne et chef de Puna'auia.
Connu dans l'histoire locale sous le nom de Utami; était
originaire des îles sous-le-vent et chef à l'île Taha'a. De par son
père Tatahe, il descendait en ligne directe de la famille des
Tamatoa de Raiatea ; de par sa mère Ahutu vahine, de celle de
Pohuetea de Puna'auia. Utami était également proche parent de
la reine Pomare IV [2].
En février 1813, au début de la période de la conversion de
l'archipel de la Société, le missionnaire protestant anglais Davies,
en station à Mo'orea, notait pour la première fois le nom de Utami,
chef à Taha'a, ainsi que sa femme Matapu'upu'u parmi ses
auditeurs, dont l'attention soutenue et la présence aux séances
scolaires à Afareaitu le frappait. En avril 1814, il voyait en lui un
homme intelligent et un personnage influent et respecté par les
autres chefs des îles sous-le-vent [36.577]. Dans la même année ils
se convertissaient tous deux au protestantisme [41. 527].
Après la reconquête de son royaume et l'instauration définie du
christianisme à Tahiti, vers la fin de 1815, Pomare II éliminait de
la chefferie de Puna'auia Teiha a Tetuanuimaruaiterai, un
Pohuetea de Tahiti, pour promouvoir à sa place Utami son vieux
compagnon d'armes, qui de plus était également descendant
Pohuetea. Ceci se passait au début de 1816. Étant en tête du clan
politique du Teoropa'a, les gens de Puna'auia étaient instruits de
la nouvelle religion par Utami et sa femme. Il ouvrait une école
pour les enfants et faisait construire un temple pour l'exercice du
culte. En octobre 1819, deux missionnaires venaient s'installer à
demeure dans le district; Utami les avait dotés de maisons
spacieuses [23. 251-52],
De par ses fonctions en 1824, lors de l'assemblée des chefs et des
juges pour la révision du code des lois, Utami a été un des
Société des
Études
Océaniennes
79
CHEFS ET NOTABLES
partisans de l'abolition de la peine de mort.
En septembre 1826, s'associant à d'autres chefs et se servant de
son influence, il faisait déporter à Raiatea les deux prophètes de
l'hérésie "Mamaia" Meao et Hue. Malgré cet acte de fermeté, il ne
pouvait empêcher que cette secte sévisse dans son district. Il la
réprimait sévèrement et en était son principal adversaire en la
combattant sans relâche jusqu'en 1831, époque où les "Mamaia"
furent condamnés et bannis de Tahiti [10. n° 143.251,272,273 ; 40.
92].
Tati, Hitoti et son frère Paofa'i s'alliaient à Utami pour
s'opposer au rétablissement de la coutume de l'hommage au
souverain qui avait été supprimé par Pomare II et que sa fille
Pomare IV voulait rétablir, lors de son retour à Tahiti en 1831.
Devant la fermeté des chefs de la coalition, la reine capitulait et se
soumettait à la loi [10, n° 143, 272], Mais par contre, toujours en
1831, il donnait son appui à Pomare IV pour que son divorce soit
prononcé d'avec son premier mari Tapoa II roi de Porapora,
contre l'avis
des missionnaires anglais [23. 335]. Le
9 septembre 1842, il contresignait la lettre de la reine à DupetitThouars, demandant des garanties politiques et religieuses en
contrepartie du protectorat français [19 bis. 121].
A l'arrivée des Français à Tahiti en novembre 1843, Utami était
le grand chef du Teoropa'a et chef de Puna'auia. Lors de
l'insurrection tahitienne en 1844, il se prononçait pour le
protectorat. Pendant cette période troublée, il réussissait pendant
un certain temps à tenir les gens de son district chez eux, au lieu
d'aller grossir les rangs des révoltés au combat de Mahaena le 14
avril 1844. Le 29 juin suivant, il arrêtait les gens de Paea qui
s'avançaient pour aller grossir les rangs des révoltés de Faaa, qui
attaquaient Papeete par l'ouest. Utami malgré ses 78 ans et ses
jambes impotentes, prévenu de ce qui se passait, tantôt
marchand, tantôt se faisant porter, parvenait à rejoindre la
troupe en marche au moment où elle franchissait les limites de
Puna'auia. L'aspect vénérable de ce vieillard et les discours qu'il
leur tenait calmaient les plus turbulents et arrêtaient la troupe. Il
réussissait finalement à la faire rebrousser chemin
sur
Paea
à Lavaud, mai 1847. 1. A/23, c. 5].
Le vieux chef Utami venait régulièrement aux assemblées des
chefs chez le gouverneur à Papeete. Mais son amitié profonde pour
la reine Pomare en exil à Raiatea, dont il prenait le nom de père,
qui d'ailleurs était sa proche parente : plus encore, les sermons de
son
missionnaire Darling influencèrent Utami que ses
administrés emportaient avec eux au camp de la Punaru'u.
Malade, le vieux chef a été forcé par ses gens de se joindre aux
insurgés le 5 juillet 1844. N'obéissant pas après plusieurs
injonctions de Bruat, lui ordonnant de rejoindre son district, il
était destitué de ses fonctions par celui-ci en 1845 et remplacé par
[Bruat
au
Ministre, 1844
;
80
RAOUL TEISSIER
Aru a Pohuetea, fils du Pohuetea que Utami avait spolié en 1816.
Ce changement était reconnu par tous les chefs dans une
assemblée [Bruat au Ministre, 1847.1. A/52, c. 91. Finalement, il se
soumettait au gouverneur Bruat, après la prise du fort de Fautaua
le 17 décembre 1846. Le 22 Bruat se rendait à Puna'auia, où dans
une
assemblée, les chefs Utami et Maro suivis de 1000 personnes
Punaru'u, jurait fidélité au gouvernement
267],
En janvier 1847, à la réorganisation des cadres tahitiens Utami
n'était pas réintégré dans ses fonctions, mais Bruat lui ayant tenu
compte des efforts qu'il avait faits pour maintenir la tranquillité
et la paix dans son district et où il avait lutté longtemps pour se
maintenir dans la neutralité : d'autre part, il avait décidé par sa
fermeté la reddition des gens du camp de la Punaru'u, le
gouverneur approuvé par les chefs le nommait président de la
Haute cour tahitienne, To'ohitu [1. A/52, c. 9].
environ du camp de la
de protectorat [19 bis.
Utami serait né vers 1766 aux îles sous-le-vent ; il mourait à
Puna'auia en janvier 1850, âgé de 84 ans et impotent, ne pouvant
plus se déplacer étant atteint d'éléphantiasis aux jambes [1. A/23,
c. 5].
En 1814, se trouvant à Mo'orea près de son ami Pomare II, il se
convertissait au protestantisme avec sa femme. Un peu plus tard,
à l'appel du roi qui voulait reconquérir et installer le christianisme
à Tahiti, Utami revenait de Taha'a et prenait le commandement
des troupes de Pomare qui débarquaient à Paea, où ils livraient un
combat acharné contre les troupes païennes qui se débandaient.
En récompense, Pomare II donnait à son vieux compagnon
d'armes la grande chefferie politique du Teoropa'a [36. 577].
En 1826, le capitaine Beechey du navire anglais "Blossom", de
passage à Tahiti, l'avait reçu à son bord et le qualifiait de très bel
homme, digne d'être remarqué [16. 1, 276 ; 28, 2. 298]. Treize ans
plus tard, en 1839, le commandant Wilkes du navire américain
"Vincenne" rencontrait Utami à Papeete. Il était du même avis
prédéceseur anglais : « C'est un bel homme à la tête toute
blanche et de proportions géantes ; il fut un des grands capitaines
de Pomare II » [43. 34]. L'officier de marine F. Walpole à bord du
navire anglais "Collingwood" passant à Tahiti en 1846,
rapportait que, lors d'une visite à bord, Utami venait vers lui.
«Vous paraissez très bien, lui disait Walpole. Non répondit
Utami, je suis très malade. J'ai été ami des Anglais toute ma vie et
maintenant que je suis vieux ma langue ment; je dis que je suis
Français... dites à l'amiral que si ma bouche est française, mon
cœur, tout mon cœur est anglais [42. 318]. Il serait difficile
que son
d'exprimer
avec
plus de simplicité pathétique, l'état d'esprit d'un
rallié au protectorat par sagesse politique
vieux chef protestant
[36. 577].
Utami avait
un
frère Tuteari'i, Maraeta'ata, qui l'avait suivi à
lete
id
CHEFS ET NOTABLES
81
Tahiti en 1815. Il était intronisé chef de Pueu en 1821 par Pomare II.
Les cheffesses de Paea Noho et Pohearu étaient les proches des
deux frères. Son union avec Matapu'upu'u originaire comme lui de
Taha'a n'eut pas d'enfant.
TAURA'ATUA I PATEA
autre nom : TATI
Chef du district de Papara et grand chef du clan des Teva i Tai.
Tati ou Taura'atua i patea avait pour ancêtres directs Tuiterai
de Papara et Teroroeora vahine de Fareroi (Mahina). Tati était le
petit-fils du grand prêtre Manea de Papara frère cadet de Amo.
Teieie "iatoa'i" de Tautira, était son grand-père maternel. Manea
eut pour fils Teuraitera'i qui avait pris pour femme Tetauirave'a i
Teahupo'o d'où sont issus Opuhara et Tati. Opuhara n'a pas eu de
descendance, tandis que Tati, son frère, eut une progéniture dont
huit garçons sont connus [30. 32-33].
La famille de Tati, avec celle de Vehiatua, était une des plus
anciennes et des plus illustres de Tahiti. Son clan politique était
celui du Teva i uta dont il était le grand-chef. Sa juridiction
s'étendait de la pointe Mara'a (Paea) à l'isthme de Taravao.
En 1798, Temari'i chef de Papara et second fils de Amo et de
Airoro i Ahura'i (Purea), mourait des suites d'un accident. Il était
remplacé par son petit cousin Tati, à la tête de Papara. En 1807,
Pomare II attaquait par surprise les districts de Paea et Papara et
massacrait une partie des populations. Il tuait à Papara, deux
sœurs de Tati qui, grâce à un serviteur échappa au massacre. Il
s'enfuit à travers les montagnes jusqu'à Mahaena, sur la côte est,
où il se mit sous la protection du grand chef du lieu. Ne pouvant
rester à Tahiti, sa vie se trouvant en danger il s'exila à Porapora
où il prit pour femme Tehea, descendante du grand Puni
[30. 88, 118].
Au mois de septembre 1811, Tati se trouvait parmi les troupes que
Tapoa 1er de Porapora amenait en renfort à Pomare II qui était
toujours en exil à Mo'orea. Tati réussit à obtenir les bonnes grâces
de Pomare et devenait bientôt son ami. En août 1812, Pomare II
revenait à Tahiti, réclamé par la population de Pare-Arue. Mais il
ne put se maintenir et fut forcé par ses ennemis de revenir à
Mo'orea. A la même époque Tati rentra chez lui à Papara comme
membre du parti chrétien. Au mois de novembre 1815, malgré son
désir de paix, il ne put éviter l'affrontement entre païens et
chrétiens de l'île. Le choc des deux partis se produisait à Paea,
probablement au lieudit "Nari'i". Les païens étaient commandés
par le frère de Tati Opuhara et les chrétiens par Pomare II.
Opuhara était défait et tué au cours de l'action. Cette bataille,
Société des
Études
Océaniennes
82
RAOUL TEISSIER
connue sous le nom de Fei-Pi, consacrait l'ère du christianisme à
Tahiti et la suprématie des Pomare. Opuhara étant mort, Tati
reprenait la chefferie de Papara, avec les droits de grand chef des
Teva i uta. Sa restauration dans tous ses droits était faite grâce
à l'assentiment de Pomare II, qui de plus le nommait grand juge
du Teva i uta. En 1818, à l'instigation de Tati, les missionnaires
une station au district de Papara, qui
peuplé. Partisan et ami de Pomare II, il favorisa la
propagation du christianisme et la politique d'unification du
souverain et lui donna son appui lors de la promulgation le 13 mai
1819 du code des lois, institué par lui. Mourant, Pomare aurait
volontiers vu Tati prendre sa succession ; mais les missionnaires
anglais s'opposèrent à ce changement de dynastie. D'ailleurs Tati
refusa le trône de Pomare, mais lui promit de le défendre contre ses
éventuels ennemis. Pomare II s'éteignit le 7 décembre 1821. Son
fils Teri'itaria était sacré roi en avril 1824 ; Tati participait à cette
cérémonie en portant la couronne du jeune souverain. Par ce
geste, il confirmait sa promesse à Pomare II [25.379 ; 39.112]. Lors
de l'assemblée des chefs en 1824 pour la révision des lois, Tati fut
un des chauds partisans de l'abolition de la peine de mort.
En avril 1829, Moerenhout visitant Tati à Papara, le décrivait
en ces termes : « Peut-être est-il de tous les indigènes de ces îles
celui dont la conduite est la plus régulière ; c'est de plus le chef le
plus distingué de Tahiti... il est doué d'un esprit juste et
prévoyant; il vit plus que les autres à la manière européenne... »
[31. 2. 231],
Toujours en 1829, un grave schisme religieux se déclara à
Tahiti. On appelait ses disciples Mamaia. Tati était leur ennemi
déclaré ; il les combattait avec violence et même demandait leur
banissement de l'île. En mars 1831, Tati, Utami, Hitoti et son frère
Paofai s'unissaient pour contrecarrer Pomare IV, dans ses
projets. La reine protégeait les mamaia, dont elle était la
partisane. De plus, revenant de Raiatea, après une longue
absence, elle avait demandé aux chefs de Taiarapu de lui rendre
l'hommage antique dû au roi, comme aux temps anciens,
cérémonie que le christianisme avait abolie, à cause de son rite
païen et obscène. Le 20 mars, les chefs coalisés réunis à leurs
guerriers se présentaient à Papeete et exigeaient de la reine qu'elle
renonce à ses prétentions et qu'elle bannisse de Tahiti la secte des
anglais venaient fonder
était très
mamaia. Devant la fermeté des chefs la reine céda à leurs
exigences et abandonna les mamaia à leur sort [40. 92 ; 19 bis.
146-48; 10. n°143, 82-83]. Vers la fin de l'année 1831, il était
partisan du divorce de Pomare IV d'avec Tapoa II roi de Porapora,
son premier mari [31.1,332]. Mais au mois de janvier 1832, le chef
Ta'aviri et d'autres, de Taiarapu, soutenus par les mamaia de la
région se révoltaient contre cette décision. Il fallait les réduire par
la force. Après un combat livré dans la presqu'île, où les insurgés
83
CHEFS ET NOTABLES
eurent le dessous, Ta'aviri et les principaux meneurs étaient fait
prisonniers. Le 23 mars suivant, ils étaient présentés devant un
tribunal qui les condamnait: Ta'aviri à la destitution et les
mamaia au bannissement.
Le 13 décembre 1836, deux missionnaires catholiques les P.P.
Caret et Laval furent expulsés de Tahiti. Apprenant ces
événements, le gouvernement français expédiait DupetitThouars, commandant la "Vénus" à Tahiti avec mission de
demander réparation des brutalités qu'avaient subies les deux
prêtres. L'amiral remplissait sa mission et profitait de l'occasion
pour signer le 4 septembre 1838 avec Pomare IV un traité d'amitié
et de paix. De plus, il faisait reconnaître par la reine,
Monsieur Moerenhout
comme
consul de France
à Tahiti
en
présence de Tati et de Paofai, grand juge des To'ohitu. A peine
parti, et sous l'instigation de Pritchard, deux lois importantes
furent votées au cours de la même année : la première, interdisant
tout autre culte que celui pratiqué dans le pays, donc le culte
protestant ; l'autre prohibant toute vente de terres aux étrangers.
Le commandant Laplace sur l'"Artémise," en rade de Sydney,
apprenant ces violations envers le tout récent traité signé avec
Pomare vahine regagne Tahiti où il jette l'ancre à Papeete le 22
avril 1839 [39. 10-15].
Un mois après son arrivée, il demandait la convocation d'une
assemblée des chefs pour exposer ses réclamations au sujet des
violations du dernier traité, par la reine. C'est alors que Tati, ami
du commandant Laplace, prenait la parole. Il démontrait d'une
manière claire et persuasive que les demandes des Français
étaient justes et il concluait son intervention pour que la
convention demandée par Laplace soit accueillie. Un murmure
d'approbation de l'assemblée suivit cette intervention, puis
Pomare approuva Tati et se rangea à son avis. Les demandes du
commandant étaient reçues favorablement. Grâce à l'éloquence, à
la réputation de sagesse dont jouissait Tati parmi les Tahitiens, la
convention du 20 juin 1839 était ratifiée par la reine : le culte
catholique pouvait être pratiqué dans le royaume des Pomare.
Le 8 novembre 1838, la reine, Tati, Utami, Hitoti et Paete
demandaient à la Grande-Bretagne sa protection. Celle-ci
refusait, comme en 1825, mais leur offrait son amitié et ses bons
offices. Il ne restait plus que de se retourner vers la France. Les
plus éclairés et les plus représentatifs du pays : Paraita, Tati,
Utami, Hitoti et Tairapa, par leur influence, résolurent le
gouvernement tahitien à demander sa protection. Mais la reine
Pomare annula cette décision [41. 940-41 ; 39. 16-17].
En 1842, Tahiti avait grand besoin de pourvoir à sa sécurité
intérieure, au lieu de compter sur les navires de guerre anglais de
passage. Il paraissait également souhaitable d'éliminer de
l'emprise des missionnaires anglais Pomare IV et son
Société des
Études
Océaniennes
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RAOUL TEISSIER
gouvernement. L'incapacité des pasteurs à trancher les
problèmes de la sécurité, de l'administration intérieure et de la vie
politique, était notoire. Quant aux affaires extérieures, leur
ingérance était désastreuse. Le 8 septembre 1842, DupetitThouars étant en rade de Papeete, présentait à Pomare et aux
chefs de l'île un ultimatum où il exigeait le dépôt d'une somme de
50 000 francs, en garantie des indemnités qui étaient dûes aux
Français qui avaient eu à se plaindre des brutalités et des
spoliations des agents de l'autorité tahitienne ; si les clauses de cet
ultimatum n'étaient pas remplies, Tahiti serait provisoirement
occupée : la reine et les chefs avaient 24 heures pour donner leur
réponse. Au reçu de celui-ci, les grands chefs de l'île réunissaient
la population en assemblée. Après avoir entendu leurs chefs sur
l'état dans lequel se'trouvait Tahiti, elle se rangeait à l'avis de
Tati, Paraita, Utami, Hitoti et Tairapa : demander le protectorat
de la France, ce qui se faisait le 9 septembre 1842. Pomare IV
contresignait l'acte avec quelque réticence, mais sans contrainte
[39. 23-25],
Premier promoteur et partisan convaincu du protectorat
français, Tati lui est resté fidèle. Il aidait le gouverneur Bruat de
toute son influence et son autorité auprès des Tahitiens, pour faire
aboutir la politique de conciliation et de paix menée par ce dernier.
Le 27 janvier 1844, le gouverneur Bruat le confirmait dans ses
fonctions de chef de Papara et grand chef du Teva i uta [13.1863,
n° 4].
Pendant l'insurrection, il aidait les Français pour ramener le
calme à Tahiti. Au mois de mai 1845, il faisait partie du Conseil de
gouvernement avec Hitoti, Pe'e et Tairapa, ces deux derniers
chefs de Moorea puis en 1848, à la création de l'assemblée
législative tahitienne, les députés élisaient Tati à la présidence de
cet organisme qu'il ne quittera qu'à sa mort, qui survenait le
16 juillet 1854, âgé de 80 ans, atteint par l'épidémie de dysenterie
qui sévissait à Papara. Il serait né entre 1770 et 1774. A sa mort, il
a laissé la réputation d'un grand honnête homme, regretté de
toute la population de Tahiti et Mo'orea. Tati avait été décoré
d'une médaille d'honneur en or, par ordonnance royale du
3 novembre 1846 [39. 112 ; Bruat à Lavaud, mai 1847].
Tati était d'une taille de cinq pieds dix pouces (1 m 92) et d'une
musculature remarquable ; figure imposante, front élevé, des yeux
nez quelque peu aquilin, bouche un peu grande
mais ornée d'une denture superbe, visage rond. Tous ses traits
plein d'expression,
respiraient la fermeté et l'habitude du comandement; ils
inspiraient aussi la confiance et le respect [40. 95]. Il était l'un des
derniers représentants des temps anciens. Il avait vu Cook à son
dernier passage à Tahiti en 1777. Il avait aussi assisté aux grands
événements de la période barbare et se souvenait des sacrifices
humains, des guerres qui ont ensanglanté Tahiti. Il avait
o
85
CHEFS ET NOTABLES
également favorisé l'ascension au trône de Tahiti, de Pomare II et
était devenu son ami. Il avait été un guerrier, brave au combat.
Éloquent orateur, il était écouté dans les assemblées ; plein de
prudence et d'habileté dans les conseils. Tati joua à plusieurs
reprises un rôle politique de premier plan. Il avait les qualités qui,
liées aux dons de l'orateur, font de certains hommes des
animateurs et des conducteurs naturels. La reine Pomare avait un
grand respect pour Tati; elle le consultait souvent au sujet de
l'administration de son royaume. Tati était le plus ferme soutien
du Protectorat et ne varia jamais au cours de sa longue vie [39.110-
111].
Lors de son exil volontaire à Porapora, Tati épousait Tehea a
Teiri, descendante du grand Puni, célèbre conquérant des îles
sous-le-vent, roi de Porapora. De cette union sont nés :
10 Tapuata'aroa i te ra'imaru, (Tuati), 2°Faitohia Matahuira,
3° Tapufa'ua, 4° Outu.
D'une seconde épouse Teraimateata a Teharuru a Onohi sont
nés : 1° Ori, 2° Haereotahi Fareahu, 3° Fenuaiti, 4° Mihinoa, Onohi
[3].
1°) Tapuata'aroa i te ra'imaru. Connu aussi sous le nom de
Tuati. Était devenu grand chef à l'île Mo'orea, des districts de
Ha'apiti et Teavaro par son mariage avec Ari'imanihinihi,
Tepa'u qui descendait de la grande famille des Marama de
Mo'orea. De cette union sont nés: 1°Ari'ioehau, connue sous le
nom de Ari'itaimai, femme de Alexandre Salmon, nom donné par
la reine Pomare IV à son mari lors de leur mariage.
2° Tera'iaponinito qui épousait un hawaïen John Sumner;
cheffesse de Papeari. 3° Teri'itaumaitera'i qui épousait Tehapai,
Maheanu'u a Mai, pasteur de Faaa; elle-même cheffesse de ce
district [30. 119]. Tapuata'aroa mourait en 1834, probablement à
Mo'orea [30. 120].
2°) Faitohia, Matahuira, chef de Tautira (voir page 86).
Deuxième fils de Tati.
3°) Tapufaua. Il suivait
au
son
frère Ori à l'insurrection. Était tué
combat de Mahaena le 17 avril 1844. Il laissait
une
fille Ruroa
[3] qui était née à Pare [39. 112],
4°) Outu 4ème fils de Tati, semblerait être également Hotutu.
Épousait Miriama a Temaehuatea, fille du régent Paraita dont il
eut un enfant mort jeune. Décédé vers 1850 [3].
5°) Ori, chef de Papeno'o (voir page 87).
6°) Haereotahi, Fareahu, fils adoptif de la cheffesse de Mataiea
Tetuaraenui o Teva, femme du chef Fareahu. Épousait à Papara
en 1847 Tera'ireia a Tanehoara'i, chef du district de Papeari de
1865 à 1882. Auparavant était chef de la police de Atimaono.
Haereotahi était né à Papara vers 1813 et décédé à Papeete le
27 juillet 1882 [3],
7°) Fenuaiti, juge à la Haute cour tahitienne, nommé le
Société des
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RAOUL TEISSIER
1er février 1859, décédé le 18 avril 1864. Il prenait pour femme
Nu'upure à Ori, dont il eut : 1° Teehu né à Papeari vers 1851 ; marié
à Vairao le 28 août 1872 avec Teri'itara'a a Ma'ihopu ; remarié à
Papeari le 21 juillet 1902 avec Teorevahine a Tariha'a. 2° Tatai né
à Papeari vers 1855, y est décédé le 24 août 1872. 3° Teri'itafaora'i
né à Papeari le 15 mars 1858 et décédé à Hitia'a le 9 janvier 1918.
4° Tuira [3].
8°)Mihinoa, Onohi, né à Papara vers 1815, y est décédé le
10 septembre 1894. Épousait à Papara vers 1847 Rora a Matai
(1818-1874). Plusieurs enfants sont nés de cette union dont:
Tahiarua né à Puna'auia vers 1834; y est décédé le
9 décembre 1918; Terautahi née à Papara le 22 juillet 1857 [3].
Tiurai le fameux guérisseur de Puna'auia était descendant de
Mihinoa.
FAITOHIA
a
TATI
MATAHUIRA
Chef du district de Tautira.
autre
nom :
Faitohia était le deuxième fils de Taura'atua i Patea dit Tati
chef du district de Papara. Il suivit Pomare II, au cours de son
voyage aux îles sous-le-vent en 1815 [1. A/31, c. 6]. Par son arrière
grand père Teieie, était également "Iatoa'i" de Tautira, puis
devenait chef de ce district au mois de septembre 1844, en
remplacement de sa fille Mano vahine qui n'avait pas reconnu le
gouvernement du protectorat, tandis que Faitohia était un des
premiers partisans de la presqu'île à y adhérer. Le 17 avril 1844,
venant de Tautira sur Papeete avec ses gens, en baleinière, il
tombait en plein combat de Mahaena. Arrêtant son voyage, il
donnait son aide au gouverneur Bruat pour l'évacuation des
blessés du champ de bataille sur les navires de guerre croisant en
mer. Il avait la réputation d'avoir été autrefois un brave guerrier
dans les guerres de Tahiti. Il prenait sa retraite au mois d'août
1854, après avoir toujours rempli ses fonctions avec prudence et
sagacité. Il réussissait à ramener sa famille, passée à la
dissidence en 1844. Sa fille Mano vahine le remplaçait à la
chefferie de Tautira. Il était né en 1802 à Papara et mourait à
Tautira le 11 septembre 1879 [Bruat, mai 1847; 10. n° 112].
Il épousait Teiotua, fille de Fenuapeho (Upaupa) grand chef de
Taha'a qui disparaissait en mer en 1831 au cours d'une pêche en
haute mer entre Taha'a et Porapora [10. n° 12,29]. De cette union
était née une fille : Ahu'ura dite Mano vahine, qui épousait en 1846
Tera'imano, Tefa'aora a Mai, fils du grand chef Mai de Porapora,
pasteur du district de Tautira ; frère de Tehapai, Maheanu'u, luimême pasteur du district de Fa'aa. De ce mariage sont nés:
CHEFS ET NOTABLES
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1° Virihoa né en 1846 à Tautira, meurt le 12 février 1922 à Rurutu.
Il fit ses études en France, en même temps que Tuavira fils de la
reine, et revint à Tahiti le 14 février 1866 [9.1866 ; n° 2,22]. Était
sergent major de la police tahitienne à Papeete [9.1881, n° 5,1931].
Se marie à Papeete le 25-4-1896 avec Teroro a Rorau. 2°
Teari'inavahoroa née à Tautira en 1850, décédée à Papeete le 7
décembre 1918. Épouse à Tautira, au mois de juin 1869, le prince
Teri'itapunui Pomare a Tu, fils de la reine Pomare IV. Il y eut un
enfant de cette union qui est mort jeune. 3° Tetuaunurau née à
Pare en 1850 et décédée à Papeete le 11 juin 1910. 4° Nara'ievaru
dite Ari'iati née à Tautira en 1852 et décédée à Papeete le 10 avril
1912. 5° Vaitura'i née à Tautira le 27 novembre 1854.6°
Ari'ifa'aite
né à Pueu en 1856 et décédé le 1er août 1912 à Papeete
: un enfant.
7° Teri'imarama née à Tautira le 14 octobre 1858. 8° Ari'i'e né à
Tautira le 12 octobre 1861 et y meurt le 31 mars 1909. Élu chef du
district de Tautira en 1885 ; marié à Papeete le 8 avril 1882 avec
Sarah Poroi ; deux enfants [3].
Mano vahine était cheffesse de Tautira au moment de
l'établissement du gouvernement du protectorat à Tahiti. En
1844, ayant témoigné de l'antipathie pour ce mode de
gouvernement, le gouverneur Bruat la relève de ses fonctions et la
remplace par son père. En 1846, à la pacification générale Mano
vahine se soumit au protectorat. Elle était réintégrée dans ses
fonctions de cheffesse, au moment où son père prenait sa retraite
en 1854, fonctions qu'elle exerçait
jusqu'à sa mort survenue le 25
octobre 1864 [9.1865, n° 1.8]. C'était une femme intelligente, d'une
conduite exemplaire qui avait dirigé Tautira avec du doigté et de
la fermeté. Elle avait eu de l'ascendance sur son père et était très
influente dans Taiarapu. Ce fut une femme de bien [Bruat, mai
1847 ; 10. n° 112].
ORI
a
TATI
Chef de Papeno'o
Fils de Taura'atua i patea (Tati) chef de Papara, et
Teiri, de la famille Puni de Porapora [3
de Tehea
a
27. 278].
Au moment de l'établissement du protectorat, en 1843, Ori
habitait le district de Papeno'o et s'y était marié à la fille de la
cheffesse de ce district. Ori n'était pas partisan du gouvernement
de protectorat. Aussi, dès que l'insurrection éclatait en 1844, il
rejoignait les révoltés avec son frère Tapufaua, au camp de
Mahaena où ils se battaient contre les troupes françaises le 17
avril. Tapufaua fut tué à ce combat. Après cette affaire, il était l'un
des organisateurs du camp de la vallée de la Papeno'o. Il y était
nommé chef de Papeno'o à la place de Arato, son beau-père, qui
Société des
Études
;
Océaniennes
88
RAOUL TEISSIER
était partisan du protectorat. Jusqu'en octobre 1846, Ori a
toujours tenu la dissidence. Le 9 et 10 mai, il combattait de
nouveau les soldats français,
qui avaient attaqué le camp.
Comprenant l'inutilité de la lutte et qu'aucune aide viendrait
d'Angleterre, comme on le leur avait promis, Ori décidait de se
soumettre. Il reconnaissait le gouvernement du protectorat avec
sa femme, sa belle-mère et plusieurs personnes de sa famille.
Entre temps son beau-père Arato étant mort, le gouverneur Bruat
le confirmait dans ses fonctions le 21 novembre 1846 [Bruat, mai
1847 ; Lavaud, 1849 ; 10. n° 112].
Ori était un homme d'une conduite irréprochable ; son jugement
était sain. Il possédait une grosse influence sur les habitants de
Papeno'o et ses environs. Il était souvent consulté par les
gouverneurs
Bruat et Lavaud. Il prenait sa retraite le
3 octobre 1868.
Ori était néen 1806 àPapeno'o ety mourait le 23 décembre 1871.
En 1829, il épousait Vehiatua a Tumuhotutau a Horoi, fille de la
cheffesse de Papeno'o, descendante des Vehiatua de Taiarapu. De
cette union sont nés : 1° Tefauveroari'i né vers 1833 à Papeno'o,
décédé à Pare le 16 septembre 1879. Épousait à Papeno'o le
18 mai 1852 Upo'o a Tepoi. Etait élu à l'unanimité chef de
Papeno'o le 3 octobre 1868, date à laquelle son père prenait sa
retraite. 2° Atitioroi né à Papeno'o vers 1837, y est décédé le
9 novembre 1875. Son épouse Teri'inavahoroa a Hiro lui donnait
une fille : Tetuanuimarama née à Raiatea en 1858. Elle épousait
Teurura'i, Ari'imate fils de Ari'imate et Teha'apapa II de
Huahine. Il était couronné roi de Raiatea sous le nom de TamatoaTautu VI. 3° Ne'epari, marié en 1860 avec Meari a Tari'iri'i a
Vehiatua fille du chef de Mahina. 4° Tehei né à Papeno'o vers
1843, mourait à Pare le 28 novembre 1875. Se mariait à Paea le
27 octobre 1860
avec
Vaea
a
Teri'itahi. Veuf
se
remariait à
Teri'itahi. Était nommé
cavalier d'escorte de la reine Pomare IV le 1er août 1861 [3].
5"Opuhara né en 1852 à Papeno'o y mourait le 18 mars 1889.
6"Pufara né à Papeno'o vers 1857, décédé... Marié à Mahaena le
19mars 1872 avec Natupuai, Vahineri'i a Tehanai, petite-fille de
Paraita, le régent, et fille de Mapuru a Paraita a Temaehuatea [3].
Papeno'o le 23 août 1872
avec
Tiopaopa
a
ARI'IOEHAU a TATI
autre nom : ARI'ITAIMAI
Cheffesse du district de Papara
Ari'ioehau, Ta'aroarii
a
Tati, plus
connue sous
le
nom
de
Ari'itaimai vahine, naissait en décembre 1821 à Papeari du fils
aîné du grand chef Tati: Tapuata'aroa i te rai maru et de
CHEFS ET NOTABLES
89
Ari'imanihinihi a Marama (Atiau vahine), seule descendante de
la famille Marama par son père Ari'ioehau de Ha'apiti, un des
grands chefs de l'île Mo'orea [39. IX].
A Tahiti, Ari'ioehau faisait partie du clan des "Teva i uta" de la
côte ouest, par son grand père Tati et Manea son arrière grand
père qui avait pour frère le célèbre Amo. Ari'ioehau (Ari'itaimai)
fut adoptée par Teremoemoe deuxième femme de Pomare II. La
majeure partie de son enfance se passa donc dans la famille
Pomare à Papaoa (Arue). La future reine Pomare IV, Aimata, la
considérait comme sa sœur à laquelle elle restait attachée toute sa
vie. Cependant Ari'itaimai n'était que sa petite cousine [39. 19,
29].
En 1842, probablement au mois de janvier, Ari'ioehau épousait
un commerçant anglais, Alexander Salmon. Le mariage avait
lieu à la chapelle protestante de Papeete. La loi tahitienne de 1837
ne permettant pas le mariage entre étranger
et indigène, la reine
Pomare fut obligée de lever le "tapu" de la loi pendant trois jours
pour que sa sœur d'adoption puisse convoler en justes noces. A
cette occasion, Monsieur Salmon reçut de la reine le nom de
Ari'itaimai nom que son épouse prenait et gardait jusqu'à sa mort
[39. 28].
Le 9 septembre 1842, Ari'itaimai était déléguée par Pomare IV
auprès de l'amiral Dupetit-Thouars, au moment de la remise de la
demande du protectorat français. En 1844, sans pouvoir préciser
le mois, au cours d'un voyage de retour de Mo'orea, elle perdait
dans un accident de mer, dans la passe de Papeete, son second
enfant : Ernest âgé de quelques mois. L'embarcation chavirait et
quand l'enfant était retrouvé, il était trop tard, il s'était noyé [39.
36]. Elle hésita à reconnaître le Protectorat à ses débuts, puis s'y
rallia franchement et le servit loyalement jusqu'à sa mort.
Ari'itaimai fut mêlée de très près à la politique locale. Plusieurs
fois, elle interviendra auprès de la reine Pomare, alors en exil
volontaire à Raiatea, pour essayer de la ramener à Tahiti. Une
première fois en juillet 1844 elle partait de Tahiti pour voir la reine
à Raiatea : en vain. Le second voyage fut opéré sur une goélette.
Ari'itaimai passait deux mois auprès de sa souveraine à Vairahi
encore sans succès ; la troisième tentative était un autre échec. Ce
n'est qu'à la quatrième tentative que Ari'itaimai réussit à
convaincre Pomare vahine de rentrer à Tahiti pour reprendre son
royaume, en janvier 1847. Nommé cheffesse du district de Papara
le 1er janvier 1855, en remplacement de son grand père Tati et
avec l'aide de son fils cadet Teuraitera'i dit Tati qui lui succédait à
la tête de ce district en 1890, elle sut par ses conseils éclairés et ses
enseignements, faire de Papara le district le plus riche et le plus
prospère de Tahiti [35. 18-19].
Ari'itaimai mourut à Papeete au matin du 24 juin 1897, parmi
ses enfants et petits enfants ; elle était âgée de 76 ans. Les
éî
90
RAOUL TEISSIER
obsèques eurent lieu le 26, au temple, et l'inhumation se fît à
Papara au caveau de la famille. Le cortège y arrivait vers minuit
accompagné de Tahitiens porteur de flambeaux et de torches [35.
19]. Sa descendance illustre, l'éclat avec lequel elle avait rempli
ses fonctions de cheffesse de Papara, le rôle qu'elle avait joué dans
l'histoire de son pays, l'intelligence qu'elle a constamment
déployée dans ses diverses situations; rien de hautain ou de
dédaigneux dans toute sa manière d'être parmi les humbles et les
petits. Dans sa bouche, la langue tahitienne qu'elle parlait à la
perfection était une musique douce et pénétrante qu'on ne se
lassait pas d'écouter. De là l'ascendant qu'elle exerçait sur son
entourage [36. 19]. Ari'itaimai a droit à la reconnaissance des
Tahitiens pour avoir rédigé ses "Mémoires" qui sont un très
intéressant document sur l'histoire ancienne de Tahiti [3].
De son union avec Alexandre Salmon sont nés neuf enfants :
1° Tetuanuireiaitera'iatea, Titaua, née le 3 novembre 1842 à
Mo'orea et décédée en Écosse en 1898. Elle épousait en 1856 à
Papeete, John Brander (1814-1877) neuf enfants, puis Georges
Darsie, en secondes noces, trois enfants. En guise de cadeau de
mariage en 1857, la reine Pomare IV la nommait cheffesse des
districts de Ha'apiti et Teavaro (Mo'orea), fonction qu'elle gardait
jusqu'en 1895. Elle n'a presque jamais rempli sa charge car, elle
avait des représentants tels que Mare vahine, puis son fils W.
Brander. D'ailleurs Madame Brander avait des droits sur ses deux
districts. Elle était l'aînée des petits-enfants de Atiau vahine.
2° Ernest, mourait noyé dans la passe de Papeete pendant un
naufrage en 1844. 3° Moetia, née à Papara le 3 mars 1848 et
décédée à Papeete en 1935 ; elle y avait épousé le 27 octobre 1875
Dorence Atwater, consul des États-Unis à Papeete ; union
demeurée sans postérité. 4° Teuraitera'i dit Tati, né en 1852 à
Papara, y est décédé le 5 décembre 1918 ; se mariait avec Turia a
Ta'atae le 9 mai 1890. De cette union dix enfants. Chef du district
de Papara de 1890 à sa mort en 1918. 5° Alexandre, Ari'ipaea né le
4 août 1855 à Papeete, décédé en 1914. 6° Jean, Nari'i, né le
24 octobre 1856 à Papeete et décédé en mer, aux îles Tuamotu, lors
du cyclone du 6 février 1906. Il épousa en 1878 Tupura'a a Éteta
(Cécile Guillasse) ; un fils Charles, James (1879-1906) qui
disparut en mer avec son père. 7° Maraut'aaroa, Joanna, née le
22 avril 1860 à Papeete, y est décédée en 1934. Épousait à Papeete
le 28 janvier 1875 Ari'iaue Pomare V a Tu, puis divorçait le 27
juillet 1887. Dernière reine de Tahiti (voir Pomare V pour la reine
Marau) [3].
Société des
Études
Océaniennes
CHEFS ET NOTABLES
91
GÉNÉALOGIE DE
ARIITAIMAI SALMON
Fichier généalogique de Papeete
Période actuelle
Tuiterai □ Teroroeora i Fareroi
de Haapape
1. Tetuaunurau
v.
□ Aromaitera'i
cousin.
2. Tevahitua i Patea
son
(Amo) t. □ Purea
de Faaa.
3. Taura'atua t.
4. Manea t.
I
-
Tevahituaipatea □ Tevahineai(Purea)
roro
1. Teri'irere
(Temarii) t.
sans
descen¬
dance.
II
-
Manea □ Tevahine Fa'ara'atua.
1. Teuraiterai t.
III
-
Teuraitera'i □ Tetairavea
de
1.
2.
IV
Teuraitera'i □ Tetairavea de Teahupo'o
1. Taura'atuaipatea (Tati) t. 1774-1854.
2. Opuhara t. + 1815.
Teahupo'o
Taura'atuaipatea (Tati) t.
Opuhara t.
Taura'atuaipatea (Tati) □ Tehea a Teiri
-
Taura'atuaipatea (Tati) □ Tehea
de Porapora
1. Tapuata'aroaitera'imaru t.
2. Matahuira (Faitohia) t.
a
Puni
1.
Tapuata'aroa (Tuati) □ Marama (Atiau v.)
(Faitohia) t. □ TeiotUa a Fenuapeho
2. Matahuira
3.
Tapufaua t.
4. Outu t. □ Miriama
V
-
Tapuata'aroaitera'imaru □ Marama
de Moorea
1. Ari'ioehau
(Ari'itaimai)
v.
A.
□
3. Teri'itaumaitera'i □ Maheanu'u
□
=
a
7. Fenuaiti t. □
8.
Nu'upure
—
t.
=
tane
—
v. =
vahine
Société des
Études
a
Mihinoa, Onohi □ Roua
t.
épouse
Teraireia
hoara'i.
Tera'iapo (Ninito) □ John Sumner.
Mai
Temaehuatea.
5. Ori t. □ Vehiatua a Horoi.
6. Haereotahi (Fareahu) t. □
Salmon.
2.
a
De Teraimateata Teharuru à Onohi
Océaniennes
Ori.
a
Mata'i.
a
Tane-
92
RAOUL TEISSIER
TERI'ITAUMAITERA'I
a
TATI
MAHEANUU vahine
Cheffesse du district de Faa'a
autre
nom :
Teri'itaumaitera'i connue des Tahitiens sous le nom de
Maheanu'u vahine était la troisième fille de Ari'imanihinihi,
Atiau vahine et Tapuata'aroa a Tati (Tuati). Sœur de Ari'itaimai,
Madame Salmon, elle était la petite-fille de Tati chef de Papara [5].
A la mort de sa mère, en février 1857, elle lui succédait à la
direction du district de Faa'a. Née en 1830 à Faa'a elle y mourut le
17 septembre 1890. En 1846 à Puna'auia,
Mai futur pasteur de Faa'a. Au moment
elle épousait Tehapai a
de leur mariage et pour
respecter la coutume ancestrale, la famille de Tati donnait aux
époux le nom de : Maheanu'u, sous lequel ils étaient les plus
connus. De leur union sont nés onze enfants [5],
Pour plus amples détails sur les enfants, se reporter à la
généalogie de la famille Mai.
TAUTITI, TUTENE
autre
nom :
OTE
a
PIFAO
Juge de Teahupo'o et grand juge de Taiarapu
Ote a Pifao était issu d'une famille de sept enfants. Son père
était "ra'atira" du district de Teahupo'o. Disciple et instruit par le
missionnaire anglais Orsmond. En septembre 1842, le
gouvernement du protectorat le trouvait juge et instituteur de
son
district. Malgré les sollicitations de certains de ses compatriotes,
il restait étranger à la dissidence pendant la période troublée de
1844 à 1846. Était nommé grand juge de Taiarapu par le
gouverneur
décédé
n°
vers
Bruat le 1er janvier 1845, en remplacement de Tavini
fin 1844, beau-père de Pe'eueue a Vehiatua [7 ; 10.
112, 439].
En 1847, Bruat le notait en ces termes : "C'est l'un des indigènes
les plus remarquables de l'île. Il est juste, ferme et entièrement
dévoué au protectorat. Il ne craint pas de froisser les intérêts des
chefs si la justice l'exige et il sait forcer les juges des districts sous
sa
dépendance, à faire exécuter les lois". [Bruat, mai 1847],
Pendant tout le temps qu'il fut To'ohitu à la Haute cour
tahitienne, Ote eut la réputation d'être un homme droit, probe et
fidèle. Homme de principes, il était d'une rigidité de mœurs peu
commune parmi ses concitoyens. Esprit pénétrant, parlant avec
clarté, mais son éloquence était froide [Notes Lavaud, 1849].
Pifao a Tautiti son père, Teahu a Tumaeha'a sa mère, eurent
plusieurs enfants : 1° Ote, Tutene, né à Hitia'a vers 1801.2° Pamu,
né à Teahupo'o vers 1804. 3° Teri'ihopuare né à Teahupo'o vers
1806 y est décédé le 21 décembre 1866. 4° Poura né à Teahupo'o
93
CHEFS ET NOTABLES
vers
1816, épousait
au
dit lieu
en
1866 Tefa'arava
a
Porotia.
50 Farauru, né à Mataoae en 1819, mourait à Teahupo'o le
23 novembre 1900 ; se mariait au même district en 1838 avec
Tera'ihoaia a Tiavairau. Il eut une fille Tematafa'atau née en
1868 à Teahupo'o qui fut la mère de Hitore a Pifao, diacre de la
paroisse protestante de Tautira. Érudit du Tahiti ancien et
surnommé par ses amis le "barde tahitien". Il avait la parole
facile et très éloquente. Pendant la guerre de 1914-18, il servait sur
le front français ; était cité à l'ordre du jour du Bataillon du
Pacifique. Il mourait à Tautira en 1973, en laissant une fille.
6° Maria née à Teahupo'o vers 1820; épousait à Vairao en 1845
Temoua a Temoua. 7° Tetuanuiraioho, née à Vairao vers 1822 ; y
est décédée le 18 juillet 1883 ; épousait vers 1850 Paari a Paari [3].
Ote, Tutene a Pifao, épousait en 1822 Viriura a Tanehoara'i ; de
cette
union sont nés sept enfants : 1° Taatari'i né le
12 février 1835 ; 2° Taumihau née le 9 mars 1837, mariée à
Teahupo'o le 6 octobre 1856 avec Tane a Teuira ; 3° Ta'ataitera'i
né vers 1839; 4°Fainuita né le 14 octobre 1841 à Teahupo'o;
5° Tevahinetauira'i née le 10 juin 1845 ; 6° Tepuaifano née le
13 décembre 1848 ; 7° Tefa'ahira née le 8 juillet 1849 à Teahupo'o
[3].
TERE
a
PATIAHIA
TERE a PATIA
Chef du district de Mataiea
autre
nom :
Descendant d'une famille de chefs, Tere était né en 1825 à
Mataiea de Patiahia a Uetua et de Patiahia a Fa'aio [3].
Il était nommé mutoi du sous-district de Taravao le
16 juillet 1857 ; deux ans après, le 16 juillet 1859, caporal dans son
emploi et chef mutoi le 25 mars 1862 [7.1862]. En 1868, Tere était
révoqué de ses fonctions. Aucune trace des motifs de cette
sanction n'a pu être retrouvée dans les publications officielles de
l'époque. Vers les années 1870, on le retrouve chef, élu par la
population, du district de Mataiea [9. 1868, n° 4, 56].
Dans la matinée du 22 avril 1877, la goélette "Indépendance" du
port de Papeete entrant dans la passe de Papeuriri avec bonne
brise, était drossée sur les récifs par un fort courant. Le chef Tere,
par son initiative, rassemblait la majeure partie de la population
du lieu et se portait au secours du navire échoué. Il réussissait avec
ses gens à le sortir de sa position délicate et à le ramener au
mouillage de Papeuriri. A la suite de cet acte de courage, le
gouverneur lui témoignait sa satisfaction ainsi qu'à ceux qui
avaient pris part au sauvetage de ce navire [13. 1877, n° 17, 74].
Tere signait, le 29 juin 1880, avec Pomare V l'acte de cession de
Tahiti et ses dépendances à la France [19 bis. 309]. Au mois de
Société des
Études
Océaniennes
RAOUL TEISSIER
94
septembre 1886, il donnait sa démission et sollicitait une pension
de retraite après 35 années de services [14.1887,461]. Il se retirait
à Mataiea où il mourait le 1er avril 1895. En 1866, il avait épousé à
Papara Teravero a Tavanae, union restée sans enfant [3].
TEARA'ITUA
autre nom :
a
HIAPO
TAAMU
Grand juge de Papeete (To'ohitu)
Était fils de Hiapo ra'atira de Papeno'o et de Mama originaire
de Papeuriri (Mataiea) et fille d'un ra'atira de ce district. Il était
connu sous le nom de Taamu [10. n° 112, 438].
A l'arrivée des Français à Tahiti, il remplissait les fonctions de
juge de Papeete, à Taunoa. Il était membre de la commission
indigène créée par le traité du protectorat du 9 septembre 1842. Il
assistait le lieutenant de vaisseau Reine et l'enseigne de vaisseau
de Carpegna dans l'application des clauses de ce traité. Ami du
grand-chef et grand juge Hitoti a Manua de Tiarei. A la mort de ce
dernier en août 1845, le gouverneur Bruat nommait Taamu grand
juge pour le remplacer.
Pendant la période troublée de 1844 à 1846, il était constamment
en démarches pour ramener le calme parmi ses compatiotes et la
concorde.
Ses
efforts
ont
souvent
obtenu
des
soumissions
gouvernement du protectorat [10, n° 112, 438].
Taamu était l'adversaire déclaré des missionnaires anglais.
Homme éclairé, juste dans ses jugements, il n'avait pas le défaut
de ses compatriotes de l'époque : il était sobre. Il suivait son ami
Hitoti au combat de Mahaena le 14 avril 1844, où il se conduisait
avec
bravoure. L'un des premiers Tahitiens qui avaient
franchement adopté le protectorat et lui restait fidèle. Décoré
d'une médaille d'or par ordonnance royale du 3 novembre 1846
[Bruat à Lavaud, mai 1847 ; 1. A/23, c. 5]. En 1848, le grand chef
Ari'ipaea le choisissait, pour quelque temps, comme son
représentant dans son district de Atimaono [9.1848, n° 4]. Instruit
pour son temps et intelligent, le gouverneur Bonard le nommait
membre du conseil d'administration en 1850 [9. 1850, n° 29]. Il
servait le protectorat pendant de longues années comme grand
juge à la Haute cour tahitienne, To'ohitu. Il prenait sa retraite et
se retirait à Mo'orea où il mourait à Papetoai le 4 mars 1910 ; il y
avait épousé en 1835, Mahaina Taututautoro [3].
importantes
au
CHEFS ET NOTABLES
95
TAPOA II, TERI'INOHORA'I
nom : POMARE OPU RAHI
Roi de Porapora
autre
Teri'inohorai ou Tapoa II était fils de Tapoa 1er de Porapora qui
avait pris pour femme Aimata fille de Pa tane, frère cadet de Puni,
descendant de la famille Marotetini de Porapora ; ils eurent deux
enfants : Maevarua vahine et Tapoa II. Ce dernier épousait en
décembre 1822 à Huahine Aimata Pomare IV, puis il divorçait en
1831. Plus tard il se remariait avec Tapoa vahine, femme d'une
grande beauté, d'une famille noble de Porapora. Tapoa II né en
1810 était cousin germain de la grande cheffesse Teri'itua de
Hitia'a, fille de Rereao, sœur de Tapoa 1er, grand guerrier de
Porapora, vainqueur de Raiatea-Tahaa. Il était ensuite refoulé
dans son fief où il allait lutter contre son rival Mai. Tapoa 1er
mourait vers 1812 [27. 266-272 ; 10. n° 143, 274-276],
De ses deux unions Tapoa II n'avait pas eu d'enfants.
Dans son jeune âge, Tapoa II était adopté par Pomare II, lors
d'un voyage accidentel que ce dernier faisait à Taha'a en 1815.
Bien plus tard, ce jeune prince était connu sous le nom de :
"Pomare opu rahi", "Pomare gros ventre", car Tapoa II était
grand et obèse [1. A/31, c. 6].
La vie conjugale des deux époux (Aimata et Tapoa) s'était pas
mal passée et sans trop de heurt jusqu'en 1831, époque où un
conflit éclatait entre Raiatea et Tahaa, ayant pour cause une
vieille querelle dynastique. Tapoa II avait été insulté et une
bataille avait lieu. Une trêve s'ensuivait organisée par le chef
Utami et Teri'itaria reine de Huahine et tante de Pomare IV. Peu
de temps après, Tapoa II décidait de reprendre les hostilités contre
Raiatea, poussés par les "tahu'a" des Mamaia qui lui
promettaient la victoire. Tapoa II ayant été vaincu, fait
prisonnier, dépossédé de son domaine de Taha'a, était refoulé
dans son fief de Porapora par Tamatoa IV de Raiatea [10. n° 143,
271],
Tapoa II, très observateur et très fin, était doué d'une grande
fermeté politique. Il lisait beaucoup et cherchait par son influence
à reprendre de l'ascendance dans le gouvernement des îles sous le
vent.
Rigide observateur des pratiques établies par les
missionnaires anglais, il désirait sans toutefois l'avouer, rester en
bons termes avec les autorités du protectorat. Il avait adopté
Teri'imaevarua la fille unique de la reine Pomare IV qui lui
succédera, à sa mort, sur le trône de Porapora [Bruat à Lavaud,
mai 1847].
Au mois de juillet 1860, Tapoa II était enlevé à la vénération de
ses sujets. Pendant toute son existence il avait donné toute
satisfaction aux missionnaires, par sa tenue morale; il était
considéré comme un des caractères les plus droits parmi les
habitants de l'archipel [13. 1861, n° 3, 10].
RAOUL TEISSIER
96
TERI'ITANOA a TEMAEHUATEA
autre nom : PARAITA
Régent du royaume tahitien.
Teri'itanoa a Temaehuatea dit Paraita le régent, était fils de
Temaehuatea et de Tavae vahine de Ateivi, tous trois originaires
de Papeete. La famille puissante des Temaehuatea iato 'ai et chefs
de Pare, sous les anciens ari'i du pays, était représentée sous le
gouvernement du protectorat par :
Paraita qui remplaçait le dernier chef du clan vers 1830. Celui-ci
ayant été reconnu indigne d'occuper la charge de ses ancêtres,
étant devenu un tutae auri, terme par lequel on désignait un
adepte de l'hérésie Mamaia, il éait jugé et exclu de ses fonctions et
remplacé par Paraita, comme il est dit plus haut. Mais lui-même
avait été soupçonné de pratiquer cette hérésie. Il était exilé à
Mo'orea en 1828. Surveillé par le pasteur Orsmond desservant de
Afareaitu, pendant quelque temps, ce missionnaire ne trouvant
rien à lui reprocher le réadmit dans son église, ce qui facilitait à
Paraita son retour à Tahiti pour prendre la place de son parent
deux ans après [Bruat à Lavaud, mai 1847 ; 10, n° 112 ; n° 143].
Paraita, une des plus intéressantes figures du protectorat, a été
régent du royaume tahitien bien avant l'arrivée des Français à
Tahiti. Il remplaçait Pomare vahine quand celle-ci s'absentait de
son royaume, soit pour se rendre en visite à Mo'orea ou aux îles
sous-le-vent. Il était élu de nouveau dans une assemblée des chefs
et confirmé dans cette fonction par le gouverneur Bruat lorsque en
l'absence de la reine exilée volontaire à Raiatea, le régime du
Protectorat a été substitué le 7 juillet 1845, à celui de la prise de
possession en novembre 1843.
D'accord avec Tati, Hitoti, Paofai, Utami et Paete, il était le
premier à demander à la France sa protection le 9 septembre 1842.
Depuis cette époque, son courage politique n'a jamais changé. Il
était le principal soutien du gouvernement du protectorat. En
1843, le capitaine anglais Thompson, ayant réuni une assemblée
de chefs, forçaient ceux qui s'étaient prononcés pour le protectorat
français à se rétracter. Paraita seul, résistait et persistait dans ses
opinions. Il ne reniait pas sa signature [Bruat à Lavaud, mai
1847],
Chef d'un nombreux clan, il était allié, par sa seconde femme,
une Aro'a de Taiarapu et Mataiea aux chefs Fanau'e de Mahaena,
Taoahere de Toahotu, Rava'ai de Mataiea et au grand juge
Taamu de Papeete. Il possédait une influence très grande dans
toute l'île. De plus, il s'était fait le représentant des polynésiens
îles Cook,
propriétés
qu'il possédait à Papeete et dans les districts limitrophes, lui
étrangers qui venaient s'installer à Tahiti, gens des
Hawaï, îles sous-le-vent et îles Australes. Les grandes
permettait de nourrir
ces gens
et de s'en faire des partisans.
Société des Études Océaniennes
97
CHEFS ET NOTABLES
Outre que Paraita avait pris une part active aux affaires
concernant l'établissement du protectorat en 1842 et 1845, il se
joignait aux troupes françaises avec 221 volontaires tahitiens de
Tahiti et de Mo'orea pour combattre les dissidents de Tapahi et du
camp de Papeno'o, où Bruat remarquait son activité et sa
bravoure [1. A/42, dos. 28].
Sous une enveloppe qui paraissait lourde, il avait de la finesse,
du jugement et beaucoup d'esprit de conduite. C'était un des
esprits les plus déliés qu'il y ait eu parmi les Tahitiens de son
époque. Il lui a été confié certaines missions délicates par le
gouvernement, qu'il menait à bien, à la satisfaction de tous. Par
sa nature et ses fonctions, il était l'antagoniste presque naturel de
la reine Pomare IV, qui d'ailleurs le craignait [Bruat à Lavaud,
mai 1847].
On lui reprochait de défendre ses intérêts avec trop
d'acharnement et de rapacité ainsi que son penchant à la boisson,
néanmoins il savait être généreux au besoin. Malgré son obésité
Paraita avait de la prestance dans sa personne et savait
commander [28. 2, 340 ; Notes Lavaud 1849].
Le régent Paraita était né vers 1787 et mourait à Pare le
24 octobre 1865. Le gouverneur La Roncière ordonna des
funérailles nationales. Il était chevalier de la Légion d'honneur
depuis 1846 [A. A/42, dos. 28].
D'une première femme Fa'atau a Tetuaemoe, originaire de
Huahine, Paraita eut trois filles. 1° Miriama, qui épousait Outou a
Tati, fils du chef de Papara; un enfant mort très jeune.
2° Mata'uta'u, femme de Aru a Pohuetea chef de Puna'auia ; un
fils Tita, Afaita'ata, qui épousait le 7 janvier 1858 à Ha'apape
Mata'uta'u a Vehiatua (1840-1869), fille de Tari'iri'i chef de
Mahina. Tita (1840) était chef des cavaliers d'escorte de la reine
Pomare IV en 1862 [7.1862,4 ; 3]. 3° Mapuru, né en 1820 à Pare, y
est décédée le 20 novembre 1878. Elle eut un fils de Teravero chef à
Huahine : Punua également cavalier d'escorte de la reine en 1860
[7. 1862, 4 ; 3]. Elle épousait vers 1842
ou
1843, Ta'aoa
a
Tehanai ;
de cette union étaient nés six enfants, a) Miriama née à Pare en
1846 ; mourait à Papeete le 16 janvier 1899 ; une fille Miriama
Tetuanui, qui se mariaitavec Hans, Heinrich, Wohler. b) Rere née
à Pare en 1850 et mourait à Papeete ; épousait le 23 septembre 1899
Tapscott John ; un fils Paraita né en 1866 à Pare, c) Natupuai née
à Arue en 1855, mariée à Mahaena le 19 mars 1872 avec Puhara a
Ori a Tati fils du chef Ori a Tati, de Papeno'o. d) Erena née à Pare
le 31 août 1857, y est décédée le 25 janvier 1880. e) Tauhiti, née à
Pare le 12 octobre 1861, mourait à Papeete. Un fils Paraita né à
Papeete le 25 mai 1877, y mourait le 10 novembre 1959. f) Ta'aoa,
Aimata, née à Pare le 11 mai 1864, décédé à Papeete le 4 juin 1882.
Épousait le 19 février 1881 Teautaia, Fanaura'i a Tairapa a Hou
[3],
98
RAOUL TEISSIER
se remariait avec Tearere a Aro'a
1801 et mourait à Paea le 2 avril 1891. Étant
Veuf, Paraita
en
née à Mahaena
sans
enfant ils
adoptaient leur neveu Pououra a Moeterauri, fils du chef
Taoahere, de Toahotu, dont la mère Tuahineouturoa était la sœur
de Tearere [3].
TERI'ITUA VAHINE
Grande cheffesse de Hitia'a
Teri'itua vahine était d'une
lignée illustre des îles sous-le-vent,
les Pomare et la famille royale de Huahine.
Teri'itua v. était fille de Ote, probablement chef du district de
Hitia'a, et de Rereo vahine de Porapora qui elle, descendait de
Maevarua sœur de Tapoa 1er, et de Taoata tane dont l'ancêtre
était Tamatoa II de Raiatea. Teri'itua était également cousine
germaine de Tapoa II, premier mari de la reine Pomare IV [27.
267],
Sa conduite privée était des plus mauvaises ; elle aimait les
apparentée
avec
boissons fortes et en abusait. Son caractère turbulent lui attirait
en 1835 les foudres de la reine qu'elle avait offensée. Elle fut
bannie de Tahiti et elle s'exilait à Porapora. Cependant, la reine
lui faisait grâce après quatre années d'exil. Elle reprit la tête de
son district en 1839 ou 1840. Pendant son séjour à Porapora, elle
connut Teohu qui devint son amant puis son époux. La parenté de
Teri'itua et son caractère décidé la rendait très influente dans son
district et sur la côte est de Tahiti, et lui faisaient jouer un grand
rôle contre le gouvernement du protectorat, ainsi que son mari.
L'une des premières, elle a encouragé les indigènes à la dissidence.
Instigatrice de l'attaque du fort de Taravao en mars 1844. Tous les
mécontents de l'époque trouvaient refuge au district de Hitia'a, à
Merehu, résidence de Teri'itua vahine. Après le combat de
Taravao les troupes françaises marchaient sur Hitia'a où tout ce
qu'elle possédait et tout ce qu'on avait déposé chez elle était
détruit. Après le combat de Mahaena, en avril 1844, elle rejoignait
avec son mari le camp de Papeno'o. Teri'itua vahine restait à
l'insurrection jusqu'en janvier 1847 puis elle se soumettait au
gouverneur Bruat [Bruat, mai 1847 ; Lavaud, 1849 ; 1. A/57, c. 10].
A la naissance du dernier fils de la reine en 1847, Teri'itua
vahine, n'ayant pas d'enfant, adoptait ce dernier né de Pomare en
lui donnant son nom et son district : quoiqu'elle avait déjà adopté
une fille de Pitomai chef de Papeari. Étant très âgée, elle mourait
le 3 juin 1849 [10. n° 112 ; Bruat au Minis. 1846. 1. A/44, c. 8],
Son mari Teohu, était un homme du peuple et né à Maupiti qui à
cette époque dépendait de Porapora. Il faisait la connaissance de
Teri'itua vahine pendant son exil dans cette dernière ; devenait
son amant puis son époux. Il la suivit à son retour à Tahiti. Bras
Société des
Études
Océaniennes
CHEFS ET NOTABLES
99
droit de sa femme pendant l'insurrection de 1844 à 1846 contre le
protectorat. Il la suivait au camp de Papeno'o et y combattait les
Français le 10 mai 1846. Il se soumettait, avec Teri'itua vahine, au
gouverneur Bruat en janvier 1847. La chefferie ayant passée entre
les mains de Teri'itua dernier fils de Pomare, Teohu fut nommé
chef représentant de Hitia'a, comme il avait été convenu entre la
reine et la grande cheffesse Teri'itua vahine [10. n° 112].
Teohu était un homme du commun, sans caractère, cependant
doué d'un grand esprit d'observation. Il jouissait de la faveur de la
reine qui le protégeait car, plusieurs fois les gens du district de
Hitia'a avaient demandé à ce qu'il ne soit plus le représentant de
Teri'itua tane fils de la reine.
Il serait décédé en 1863, à Hitia'a et remplacé par Tiara'atoru t.
[7. 1863].
MA'I TETUANUI
autre nom : MAI dit le grand
Grand chef de Vaitape et Anau (Porapora)
Au cours de son troisième voyage dans le Pacifique, en 1774,
Cook visitait Porapora qu'il trouvait partagée entre la famille de
Mai à Vaitape et Anau et celle de Puni à Fa'anui. Mai (le grand)
fut un des chefs de l'île qui s'opposèrent à ce dernier et réussirent à
le renverser. Après 1801, Puni n'était plus roi qu'à l'île Taha'a
tandis que Ma'i devenait le plus puissant chef de Porapora, sous la
suzeraineté de la fille de Puni [5. 1, 2, 5].
Ma'i et Tefa'aora, à la suite de Pomare II, étaient parmi les
premiers chefs à se convertir au christianisme dès 1815. En 1820,
il adoptait pour Porapora les lois créées par les missionnaires
anglais de Raiatea sous le nom de "code de Tamatoa". Vers 1831,
il s'entendait avec Tefa'aora pour remettre Porapora à Tapoa II,
qui avait été détrôné de celui de Taha'a, mais en conservant leur
position éminente. En 1843, Ma'i était un partisan du protectorat
français. Il siégeait au conseil du gouvernement et des chefs à
Papeete de 1844 à 1846 [5].
Le grand Ma'i était né vers 1770 et serait décédé à Porapora le
20 avril 1864 [3]. De son union avec Marae a Patete deux ou
plusieurs enfants sont nés, dont Ahu'ura vahine née à Fa'aa en
1804. Elle épousait Tefa'aora a Ma'i alias Tehuiari'i a Area.
TEHUIARI'I
autre
nom :
a
AREA
TEFA'AORA
a
MAI
Chef à l'île Porapora
a
Tefa'aora a Ma'i alias Tehuiari'i a Area, avait pour père Tetahio
Area et pour mère Tetuanui vahine. Avec Ma'i ils se réfugiaient
100
RAOUL TEISSIER
Tahiti, étant partisans du protectorat français établi sur les îles
septembre 1842, tandis que Tapoa II, roi de
l'île, appelé par Tefa'aora et Ma'i à régner sur Porapora parce
qu'ils ne s'entendaient pas, refusait l'ingérence étrangère dans
ses domaines. Pendant la période troublée de 1843 à 1846, il
séjournait à Papeete et faisait partie du conseil des chefs instauré
par le gouverneur Bruat [1. P.V. Assemblée des chefs, 1844-46].
Pendant son séjour à Tahiti, Tefa'aora prenait part avec ses
gens à plusieurs combats, particulièrement à celui de Papeno'o le
10 mai 1846, où il se distinguait avec ses partisans prenant une
à
de la Société depuis
redoute située à l'entrée de la vallée. A la suite de ce fait d'arme il
était décoré d'une médaille d'or [Bruat à Lavaud, mai 1847]. A la
pacification générale de Tahiti en 1847, Tefa'aora revenait vivre à
Porapora [Lavaud au Minis. 1. A/42, c. 28].
Il avait épousé Ahuura a Ma'i fille du grand Ma'i de Porapora.
De cette union sont nés : 1° Temauiari'i tane. 2° Tehapai tane dit
Maheanu'u. 3° Tera'imano dit Mano tane. 4° Tehea épouse de
Afereti. 50 Taeaetua tane dit Ari'itiria. 6° Ma'i vahine épouse
Ruto. 7° Ha'apuva'iva'i tane dit Puai. 8° Tahameamea tane.
TEHAPAI
autre nom
:
a
MAT
MAHEANU'U TANE
Grand juge à la Haute cour tahitienne, To'ohitu.
Pasteur protestant du district de Fa'aa
Plus
connu sous
le nom de Maheanu'u a Ma'i. Descendant d'une
très ancienne et puissante famille princière de l'île Porapora,
souvent en lutte avec le fameux Puni, qui avait conquis toutes les
îles sous-le-vent vers la fin du 18è siècle.
Chrétien fervent, il était intronisé pasteur protestant en 1852.
Le gouverneur Page le nommait le 1er juin de la même année, pour
exercer son ministère au district de Fa'aa, dont il restera le
desservant jusqu'à sa mort survenue le 19 juin 1886 âgé de 56 ans,
ayant rempli 34 années de
sa
vie à rendre service à
ses
concitoyens.
Maheanu'u
Ma'i
un rôle important dans les rapports
protectorat et la royauté tahitienne.
Très écouté des Tahitiens et influent auprès d'eux, il facilitait
également leurs contacts avec cette administration. C'est ainsi
que son action a été efficace pour décider Pomare V à faire don de
a
jouait
entre l'administration du
états à la France [35.292 ; 7.1862,28]. Sa signature figure dans
la déclaration d'annexion du 29 juin 1880 [11. 1886, n° 2].
Son jugement éclairé, son aménité constante, joint à un esprit
de justice et d'impartialité lui avait conquis l'estime générale. En
ses
plus de ses fonctions sacerdotales, il était membre du conseil
supérieur des églises tahitiennes, juge à la Haute cour des
To'ohitu [13. 1886, n° 113].
Société des
Études
Océaniennes
CHEFS ET NOTABLES
Maheanu'u
101
Ma'i était né à Porapora le 9 mai 1830. Il épousait
1846, Teri'itaumaitera'i a Tepau a Tati dont le père
était Tapuata'aroa (Tuati), fils aîné du grand chef Tati de Papara
et de Ari'imanihinihi a Marama (Atiau vahine) cheffesse de Fa'aa
et Papeari à Tahiti, de Ha'apiti à Mo'orea. Teri'itaumaitera'i était
la sœur cadette de Ari'ioehau, Ari'itaimai, (madame Salmon), et
la petite-fille du grand Tati, née en 1830 à Fa'aa y est décédée le
17 septembre 1890. Elle prenait la direction du district de Fa'aa à
la mort de sa mère en février 1857. Nom de mariage donné aux
époux par la famille Tati : Maheanu. De cette union sont nés [5 et
3] : 1° Temauiari'i, né à Fa'aa le 16 mars 1849, décédé à Papeete le
22 septembre 1911 ; faisait ses études en France avec Tuavira
à Puna'auia
a
en
dernier fils de Pomare IV et revenait à Tahiti le 14 février 1866 [9.
1866, n° 2, 22]. De son mariage à Papeete le 28 février 1866 avec
Teri'imaevarua a Tu reine de Porapora sous le nom de
Teri'imaevarua II, fille de Pomare IV. Cette union est restée sans
enfant. A la mort de sa femme, prenait la régence du royaume pour
sa nièce Teri'imaevarua,
proclamée reine sous le nom de
Teri'imaevarua III, fille Moe a Ma'i et de Tamatoa V roi de
Raiatea [24. 453]. De sa deuxième union avec sa cousine
Tehuihari'i a Afereti, née à Fa'aa en 1856, décédée le 30 avril 1894 :
sept enfants, a) Temauiari'i né à Porapora vers 1876, décédé à
Arue le 7 décembre 1918 ; épouse Temanaheuea a Tahito : 1 enfant ;
b) Nari'itetauru'u né à Fa'aa le 16 octobre 1885, décédé à Avatoru
le 6 janvier 1935 ; marié à Arue en 1907 avec Atuane Metuaore : 1
enfant ; c) Horoi, né à Fa'aa le 12 novembre 1887, décédé à Pirae le
10 avril 1929. A eu de Tetuafa'aehotua a Taputuara'i un enfant :
Tevaruinuimihitua née à Pare le 27 février 1906, mariée en 1940
avec Marcel Cadousteau ; d) Teri'itauniua né à Fa'aa le 12
novembre 1887, mariéàPapeeteen 1911 ; e) Teuravahineifaretao,
née à Fa'aa le 11 novembre 1890, y est décédée le 27 avril 1956 ;
épouse Uira Fuller en 1919 à Fa'aa. De cette union : 9 enfants ;
f) Aitoviri, né à Fa'aa le 16 avril 1894 ; g) Airoroana née à Fa'aa le
16 avril 1894, décédée... : un enfant ; 2° Moeterauri dite Moe, née à
Fa'aa le 1er juillet 1850, y est décédée en octobre 1890. Épouse le 12
juillet 1863 à Raiatea, Tamatoa Pomare a Tu, quatrième fils de
Pomare IV ; roi de Raiatea sous le nom de Tamatoa V. De cette
union : neuf enfants, a) Teri'ioutumaona, dite Pomare VI, enfant
chérie de sa grand-mère la reine, née le 12 juillet 1867 et décédée le
15 décembre 1872 à Papeete ; b) Teri'ivaetua née à Papeete le
22 septembre 1869, y est décédée en décembre 1918 ; se marie avec
Norman, Brander (Teri'itua) ; divorcée le 21 janvier 1893 : 3
enfants ; c) Teri'imaevarua, née le 28 mai 1871, et décédée en 1932
à Papeete. Était adoptée par Teri'imaevarua II sa tante, reine de
Porapora. A la mort de celle-ci le 16 février 1873, elle lui succédait
sous le nom de Teri'imaevarua III. Pendant sa minorité, on lui
donnait pour régent son oncle Temauiari'i a Mai et veuf de la
102
RAOUL TEISSIER
précédente reine morte sans enfant. Elle épouse le 9 janvier 1884 à
Porapora, son cousin germain le prince Teri'ihinoratua fils de
Teri'itua (Joinville) Pomare a Tu, puis divorce en 1887, union
restée sans enfant [24. 512], d) Tamatoa né le 22 septembre 1872,
décédé le 25 août 1873 ; e) Teri'inavahoroa née à Papeete le
7 novembre 1877, décédée à Papara le 3 décembre 1918. Épouse
d'abord à Papara le 27 août 1896 Opuhara Salmon : deux enfants :
Pomateao née à Papeete le 11 avril 1904, y est décédée en 1974 ;
Alexandre né à Papeete le 29 juillet 1906 ; après le décès de son
premier mari en 1908, Teri'inavahoroa se remarie avec son beaufrère Teuraitera'i dit Mote Salmon : deux enfants ; f) Aimata, née
en 1878, décédée sans postérité.
Après le décès de son époux Tamatoa V, Moeterauri eut :
g) Teri'itinorua, Laharrague, fils de Pierre, né à Papeete le
22 janvier 1884, y est décédé le 15 mai 1887; h) Ahuura, née à Pare
le 13 novembre 1885 ; épousait Édouard Cadousteau.
3° Tehaeretuanui, dite Teharetua, née à Papara le 2 mars 1851,
épouse de Teri'itafira'i a Teri'ifaotua dit Tavana, ex-vice roi de
Raiatea, d'où le nom de mariage de Tavana vahine portée par ellemême ; sans enfant ; 4° Teihotu, né à Fa'aa le 17 juin 1853, décédé à
Puna'auia le 21 août 1921. Épouse à Fa'aa le 18 février 1886
Teraiefa a Nari'i : six enfants. 5° Ari'iaranoa alias Ha'apoua, né
vers 1857, décédé à Fa'aa le 6 décembre 1918 ; trois enfants de
Tuteni a Tefatuturi. 6° Ari'ininito alias Ari'imanihinihi, née à
Fa'aa en 1858, y est décédée en décembre 1918 : onze enfants dont
Vahineturama'a qui se marie en 1911 avec Camille Holozet, 5
enfants ; 7° Taurua, née à Fa'aa le 10 janvier 1861, décédée à
Papeete le 3 décembre 1918. De son union avec Gustave Vincent
notaire à Papeete sont nés : a) Tetuarere, Céline née à Fa'aa le
31 août 1877, décédée àPiraele lOnovembre 1964. b) Aromaitera'i,
Auguste, né à Fa'aa le 1er décembre 1878, décédé à Papeete en
1936 ; marié à Fa'aa en 1907 avec Teha'amaru Gadiot, sans
enfant, c) Ari'iaue, Gustave, né à Fa'aa le 5 décembre 1880, décédé
à San Francisco (E.U.) en août 1899, sans postérité,
d) Teurateanohi, Marguerite, née à Fa'aa le 24 mars 1882, épouse
de J. de Pindray, décédée à Pirae, sans enfant, e) Ra'apoto, Henri,
né à Pare le 20 avril 1888, décédé à Salonique (Serbie) le
1er décembre 1916 suites de blessure de guerre, étant soldat au
54ème R.I.C. ; médaille militaire, sans enfant, f) Tinirau, Jeanne,
née à Pare le 4 décembre 1891 ; épouse Martial Iorss en 1913 : six
enfants, g) Tuari'iono, Pierre, né à Pare le 11 mai 1893, décédé à
Papeete le 1er décembre 1918, épousait une Richmond : quatre
enfants, h) Teri'imana, François, né à Pare le 5 juin 1895, soldat
au 5ème R.I.C., blessé à Barleux (Somme). Fait prisonnier,
mourait à Munster (Allemagne) des suites de ses blessures le
23 septembre 1916 ; médaille militaire : deux filles, i) Moenanu,
Césarine, née à Pirae le 2 novembre 1896, décédée en décembre
CHEFS ET NOTABLES
103
1918 aux États-Unis, lors de l'épidémie de grippe espagnole,
j) Teraimateata, Micheline, née à Pare le 11 juillet 1903 ; mariée
avec Chaze en 1927, décédée en 1959 à Pirae : un enfant. 8°
Tepau,
née à Fa'aa le 12 octobre 1865, y est décédée le 8 septembre
1904,
sans enfant. 9° Tetuaetara alias
Tetiaehuri, née à Fa'aa le
1er octobre 1867, décédée à Papetoa'i le 18 février 1911 ;
épouse à
Fa'aa le 14 février 1883, Vana'a a Tehei, remariée à Paea avec
Temaru a Teihoari'i le 3 décembre 1910 : quatre enfants.
10°Mata'uta'u, née à Fa'aa le 21 août 1869, décédée à Papeete le
3 août 1888 : sans enfant. 11° Teri'itahi, né à Fa'aa le 4 avril 1873, y
est décédé le 5 décembre 1918. D'une première union avec Tahuea
a Tahiari'i vers 1891 à Porapora : deux enfants
; d'une seconde
union avec Hinauari'i a Teihotu vers 1901 à Papeari : quatre
enfants ; d'une troisième union avec Urari'i a Mahana : trois
enfants [5 et 3].
TERAIMANO
a
MA'I
MANO TANE
Pasteur du district de Tautira
autre nom :
Teraimano a Mai plus connu sous le nom de Mano tane frère
cadet de Maheanu'u était né en 1831 à Porapora, décédé à Tautira
le 24 février 1883. Il épousait en 1846, Ahuura a Faitohia a Tati
fille du chef de Tautira et petite-fille du grand-chef Tati de Papara,
et de Teahu a Tetuamanahiva. En 1854, elle était, elle-même
nommée cheffesse de Tautira en remplacement de son père
Faitohia, qui prenait
25 octobre 1864. De
enfants [9. 1865, 8].
sa
son
retraite
union
;
avec
elle mourait à Tautira le
Mano tane sont nés huit
a) Virihoa (1846-1922) ; b) Teari'inavahoroa (1850-1918) ;
c) Tetuaunurau (1850-1910) ; d)Naraievaru dite Ari'iati (18521912) ; é)Vaiturai (1854-...) ; f) Ari'ifa'aite (1856-1912) ;
g) Teri'imarama (1858-...) ; h) Ari'ie (1861-1882). Pour plus amples
détails sur ces enfants, se reporter à la notice de Faitohia a Tati [5
et 3].
★
Taeatua dit Ari'itiria, troisième frère de Maheanu'u était né en
1834 à Porapora, décédé à Paea le 30 avril 1886 ; avait épousé
Teri'itauaroa, Pohearu, Ari'inounouhia a Hiro a Hai, née vers
1830 à Pueu, fille de Perera a Hiro d'une famille princière de l'île
Taha'a et de Tepoanu'u, Teri'inavahoroa, Pehupehu a Uuru a
Tamatoa, de la famille royale de Raiatea ; décédée à Paea le
11 décembre 1877 [3]. De cette union sont nés quatorze enfants
dont : a) Hurie, née à Papeete vers 1857, décédée à Pirae le
104
RAOUL TEISSIER
17 août 1885 ; b) Tinoari'i né à
Tinoari'i né à Porapora vers
Paea le 19 février 1859 ; c) Ari'itiria,
1861, marié à Paea le 25 mai 1900
avec Tetuanuihopoira'i a Rere ; d) Tetumanaiva née à Raiatea en
1862, mariée à Puna'auia le 14 avril 1880 avec Rehia Fuller,
décédée à Fa'aa le 5 décembre 1918 ; e) Tetuaumeretini i Vairao
née à Paea vers 1866, y est décédée le 22 décembre 1918 ;
f) Pehupehu, Mai, née à Tevaitoa (Raiatea) vers 1868, y est
décédée le 24 septembre 1917, épousait Teviviura a Onohe'a ;
g) Tetuaetara née à Paea le 8 mai 1874 [5 et 3].
De l'union de Tetuanuiumeretini i Vairao avec Fatino a
Teurura'i a Ari'imate dit Tetuanuimaraeta'ata, de la famille
royale de Huahine sont nés huit enfants : 1° Utami, né à Pueu le
19 octobre 1885, décédée à Papeete le 6 mars 1947 ; 2° Tuteari'i né à
Pueu le 9 septembre 1888, y est décédé 9 juin 1935 ; 3° Tumata'aroa
né à Pueu le 23 février 1890. Mourait pendant la grande guerre en
France, en 1918 ; 4° Tautumo'eroa, né à Pueu le 7 octobre 1892 y est
décédé le 27 mai 1967 ; 5° Hapaitaha né à Pueu le 15 février 1894, se
mariait au même lieu le 13 octobre 1923
6° Toa né à Pueu le 8 octobre 1895,
21
avec
Orei
a
Teuatoto ;
décédé à Tautira le
janvier 1924 [5 et 3].
TEIHOTUA
a
ARO'A
RAVA'AI
Chef du district de Mataiea
autre
nom :
Rava'ai descendait d'une famille importante de chefs de
Taiarapu, dont les ancêtres étaient originaires du district de
Mataiea. Dès que le gouvernement du Protectorat français fut
établi à Tahiti en septembre 1842, le chef Rava'ai se ralliait à lui,
l'un des premiers. Pendant l'insurrection, il combattait dans les
rangs des troupes françaises le 21 mars 1844 à l'affaire du fort de
Taravao ; le 14 avril suivant au combat de Mahaena, avec
intrépidité et bravoure, en enlevant au sommet d'un mamelon le
pavillon de la reine que les rebelles avaient placé en cet endroit et y
fut blessé. Dans son rapport du 22, Bruat écrivait au ministre : «A
onze heures le mouvement commença ; ce fut alors que le nommé
Rava'ai petit chef de l'île, qui était à ma suite, alla enlever
intrépidement sous les yeux des insurgés et à travers leurs balles,
le pavillon qu'ils avaient planté sur la hauteur... ». A la suite de ce
fait d'arme, Rava'ai a été fait chevalier de la Légion d'honneur
par ordonnance royale du 21 octobre 1844 [Bruat à Lavaud, mai
1847 ; 14. 1888,107]. Le 29 juin suivant, il prenait part au combat
CHEFS ET NOTABLES
105
de Fa'aa sous le commandant Bonard. Lors de l'attaque de
Papeete en mars 1846, il faisait le coup de feu avec les partisans du
protectorat à Fari'ipiti, Fautaua et au camp de l'Uranie les 20,21
et 22. Le 24 mars, il blessait d'un coup de feu, sur le bord de la plage
de Papeete, un officier anglais du navire de guerre "Salamandre"
qui n'avait pas obtempéré à ses sommations, pendant la nuit. Il
passait devant un conseil de guerre le 2 avril suivant et était
acquitté de ce fait [1. A/44, c. 8]. Lors de l'attaque du camp de la
vallée de Papeno'o le 10 mai 1846, le chef Rava'ai se signalait à
nouveau par son courage, sa bravoure et son
sang-froid. Il était
l'un des premiers à la prise d'un des forts du camp [Rapport de
Bréa, 1846 ; 1. A/44, c. 8]. A l'attaque du camp de la vallée du
Punaru'u à Puna'auia le 30 mai suivant, Rava'ai et ses gens ainsi
que quelques hommes de Porapora qui l'avaient suivi, s'étaient
fait remarquer par leur courage et la détermination avec lesquels
ils s'étaient portés au secours des troupes françaises, forcées de se
replier devant un ennemi nombreux et favorisé par des positions
inexpugnables. Le 17 décembre, il faisait partie des troupes qui
prenaient d'assaut le fort de la Fautaua [14. 1888, 107].
Le 5 janvier 1845, le gouverneur Bruat le nommait chef de
Papeuriri (Mataiea) à la place de Fareahu vahine sa parente, qui
avait rejoint avec son mari le parti de la dissidence. Seul, il allait
prendre possession de son district, en pleine zone rebelle. En
arrivant, il faisait acte d'autorité en nommant un de ses
partisans, Paova, juge de son district. Il remplira ses fonctions
jusqu'au mois de janvier 1865, date à laquelle il était mis à la
retraite, étant perclus de rhumatismes. Son influence était grande
dans son district, et dans la partie ouest de Taiarapu. Il exerçait
son autorité avec fermeté. Son penchant à la boisson était son
gros défaut ; il se faisait suspendre de ses fonctions pendant trois
mois, en 1855, par le gouverneur Dubouzet. A la suite de cette
sanction, il était devenu beaucoup plus raisonnable [35. 396].
Rava'ai était né à Vairao 1806. Il était frère de la femme du
régent Paraita, de celle du chef Taoahere de Mataoae, du chef de
Mahaena Fanau'e. Il mourait le 5 juillet 1893, à Papeete. Ses
funérailles eurent lieu à Paea. Il s'était marié à Ha'apape avec
Farahei a Nauta (1821-1893) fille de Farahei a Farahei et de
Tauhina a Poura, originaire de Huahine ; union demeurée sans
postérité. Il adoptait probablement un de ses neveux : Tauaea,
Taute a Aro'a, peut-être fils de sa sœur Taute. Tauaea figure sur
l'acte de décès de Rava'ai comme son petit-fils et témoin [3].
Rava'ai fut le premier chef de Tahiti à se convertir au
catholicisme. Il reçut le baptême dans la chapelle de Papeete le
19 juillet 1856 ; l'amiral et Madame Bournichon lui servant de
parrain et marraine [13. 1856, n° 30].
îen
RAOUL TEISSIER
106
TETUARAENUI O TEVA a ARO'A
autre nom : FAREAHU VAHINE
Cheffesse de Mataiea
Fille de Tetuama'ituaitera'i a Aro'a chef de Mataiea ;
descendante de la branche aînée des Aro'a. Seule héritière de cette
branche était cheffesse de Papeuriri (Mataiea). Elle avait épousé
le chef Fareahu ou Farehau. Cette union restait sans enfant [10.
112].
Tearere, deuxième femme du régent Paraita, Rava'ai, Fanau'e
chef de Maheana, Tuvahineouturoa femme de Taoahere chef de
Mataoae, étaient ses petits cousins [3]. Elle était également sœur
d'adoption du grand chef Tati de Papara [Bruat à Lavaud, mai
1847].
A l'arrivée des Français à Tahiti, en novembre 1843, Fareahu
vahine était cheffesse. A la déchéance de la reine Pomare IV, la
révolte dans la côte ouest était décidée par son mari secondé par
plusieurs chefs, elle-même le suivit dans la dissidence. Bruat la
destituait et la remplaçait à la tête de son district par son parent
Teihotua dit Rava'ai. Tous ses biens d'apanage saisis en 1844 lui
furent rendus à sa soumission en janvier 1847, à la pacification
générale. Farehau vahine s'était ralliée au protectorat parce
qu'elle ne put faire autrement. Par la suite, elle ne put cacher une
hostilité sourde qu'elle avait conservée contre le nouveau
gouvernement, accompagnée d'un sectarisme religieux
intransigeant.
Farehau vahine mourait entre les années 1852-1854, sous le
gouvernement de monsieur Page [13. 1872, 35-36].
n°
FAREAHU
autre
nom
a
FAREAHU
:FAREHAU
Chef et To'ohitu du Teva i uta
Le chef Fareahu descendait d'une famille puissante de l'île de
Raiatea. Il avait épousé Tetuaraenui o Teva a Aro'a cheffesse de
Mataiea. Par ce mariage il devenait également chef de ce district.
Leur union n'eut pas d'enfant [Bruat à Lavaud, mai 1847].
A la proclamation de la déchéance de la reine Pomare IV le
6 novembre 1843, Fareahu était des premiers à se prononcer
contre la prise de possession et à organiser avec Pitoma'i, Fanau'e
et Pe'eueue le parti de l'insurrection dans l'ouest et la presqu'île de
Tahiti. Il était l'un des meneurs de l'attaque du fort de Taravao le
21 mars 1844. Le 14 avril suivant, il prenait part au combat de
Mahaena où il était blessé. A la suite de cette affaire, il se réfugiait
dans la vallée de Papeno'o où il organisait le camp des rebelles.
Quoique grièvement blessé à une cuisse, Fareahu continuait à
déployer pendant toute la dissidence une grande énergie.
es
CHEFS ET NOTABLES
107
Finalement il se soumettait au gouvernement du protectorat le
22 décembre 1846, lors de la cessation des combats et de la
pacification générale.
Il avait été déclaré rebelle en février 1844 et destitué de ses
fonctions de chef par le gouverneur Bruat. Il prenait part à tous les
combats livrés contre les troupes françaises de 1844 à 1846 [19 bis.
537]. A la pacification, Bruat aurait pu le laisser de côté. Mais le
grand chef Tati, parent de sa femme, renonçait en sa faveur, à sa
fonction de grand juge (to'ohitu). Par politique d'apaisement
Bruat sanctionnait sa nomination à cette haute fonction. Depuis
son ralliement au protectorat, sa conduite et son influence dans
son district ont été celles d'un homme
loyal. Intelligent, éclairé et
instruit, il a été un grand juge d'une probité sans tache.
Contrairement à ses compatriotes, il était d'une sobriété
exemplaire [Notes Lavaud, 1849 ; 1. A/ 57, c. 10].
FANAU'E
a
ARO'A
VAHIO
Chef du district de Mahaena
autre nom
:
Chef très influent des districts de Vairao dans Taiarapu,
Mahaena dans la côte est de Tahiti. Quelque temps avant l'arrivée
des Français à Tahiti, il était destitué de son fief de Vairao par la
reine Pomare IV, pour avoir péché de la nacre aux Tuamotu sans
l'autorisation royale. En 1843, il se prononçait un des premiers
contre l'établissement du protectorat français. Il assistait, au
mois de novembre à l'assemblée de Papara où l'on décidait de
refuser le protectorat. Ce fut l'un des prédicateurs les plus ardents
de l'insurrection et le plus violent ennemi de la France à Tahiti. Au
moment de la dissidence, il avait rejoint le camp de Mahaena,
son gendre et sa fille Roura, où il avait un très
grand
ascendant sur les gens formant ce rassemblement. Il se battait
contre les troupes françaises lorsque ces dernières attaquaient ce
rassemblement le 17 avril 1844. Après cette affaire le chef Fanau'e
avec
réfugiait dans le camp des insurgés de Papeno'o et continuait à
jusqu'à la pacification en décembre 1846. Il se
soumettra, ainsi que sa fille et son mari, au protectorat le
1er janvier 1847 [Notes Lavaud, 1849 ; 19 bis. 596].
Étant le beau-frère du régent Paraita et frère du chef Rava'ai, il
était réintégré dans ses fonctions à Mahaena à la même date.
Paraita avait intercédé pour lui auprès du gouverneur Bruat.
Quatre mois après, Fanau'e donnait sa démission en faveur de sa
fille Roura qui le remplaçait à la tête de Mahaena le 15 mai
suivant. Fanau'e a été l'un des chefs les plus difficiles à ramener
au protectorat. Intelligent mais avide, il
aimait boire quand
l'occasion s'en présentait.
se
guerroyer
Société des
Études Océaniennes
108
RAOUL TEISSIER
De son union avec Ruatupua, Moe a Moeterauri, descendante de
famille des chefs de Mataoae-Toahotu sont nés :
1 ° Metuautahia v. (1823-1882) ; épousait en 1851 Teinaore a
Tetuaahoro. 2° Roura (1825-1896) épousait en 1841 à Teahupo'o
Roura a Penehata [3].
De plus, il avait adopté Ruatupua, Fanau'e, Taimetua tane,
troisième enfant de Vaira'atoa, grand juge de Tautira et
descendant des Pomare. Cet enfant qui était âgé de 14 ans en 1844,
suivait son père adoptif dans les camps de Mahaena et Papeno'o
la
[3].
Fanau'e mourait
au
mois d'août 1859, probablement à Tiarei [7.
1862, 28].
ROURA
a
ARO'A
ROURA VAHINE
Cheffesse de Mahaena
autre
nom :
Fanau'e ayant donné sa démission de chef de Mahaena, sa fille
cadette Roura le remplaçait et prenait la tête du district le
15 mai 1847. Entraînée par son père, elle l'avait suivie parmi les
insurgés de Mahaena et de Papeno'o. Après la prise de la Fautaua
en décembre 1846, elle faisait sa soumission au gouverneur Bruat
le 1er janvier 1847 [1. A/57, c. 10 ; 10. n° 112, 446].
La cheffesse était une femme dont la conduite a toujours été
irréprochable. Elle administrait fermement son district et ne
tolérait surtout pas l'inconduite de ses gens et surtout de la
jeunesse ; c'était une ennemie déclarée de l'alcool et du scandale
créé par les beuveries. Elle était secondée dans ses fonctions par
son mari, Roura tane, juge du district.
Son mari Roura a Penehata, natif des îles sous-le-vent, était
partisan convaincu des missionnaires de la Société des Missions
de Londres. Il était nommé pasteur de Mahaena le 28 mai 1851.
C'était un des hommes les plus intelligents de Tahiti, instruit par
les pasteurs anglais et ami du progrès. Il exerçait une grande
influence sur les habitants de son district. Il était suspendu de ses
fonctions en 1857, pour avoir trahi la confiance du gouverneur de
l'époque [1. A/73, c. 35 ; 7,1858-59], puis réintégré en 1859. Il était
né vers 1818 à Raiatea et mourait à Mahaena le 5 septembre 1870
[3].
De leur union en 1841 à Teahupo'o, aucune postérité.
Cependant, Roura vahine adoptait, Tehea, Punuari'i a Vehiatua.
La mère de cet enfant était Mata'uta'u a Vehiatua, fille du grand
chef Tari'iri'i
a
Vehiatua de Mahina. Roura vahine mourait à
Papeete le 8 juin 1896 [13. 1879, 22],
CHEFS ET NOTABLES
109
Famille ARO'A TEUPO'OARI'I
ORIGINES SUCCINTES
Famille importante de Taiarapu ouest, du district de Vairao,
dont les ancêtres sont originaires de Mataiea [3].
1°) Tetuamaituaitera'i : une fille unique.
o teva, cheffesse de Mataiea, femme Fareahu
Tetuaraenui
Fareahu.
2°) Teupo'oari'i, frère du précédent, père de
a
:
Aro'a a Teupo'oari'i, ou encore Arahu, célèbre guerrier qui dans
les luttes anciennes du pays s'était emparé du district de Mahaena
et le garda. Il était connu en 1815 sous le nom de Puhiava. Mourait
en 1845 à Papeete [1. A/35, c. 7]. Sa femme : Fa'atiarau a Omamao.
Enfants :
1°) Tearere née en 1801 à Mahaena, décédée le 21 avril 1891 à
Paea. Deuxième femme de Teri'itanoa a Temaehuatea ou le régent
Paraita, sans postérité. Elle adoptait son neveu Pououra a
Moeterauri, fils de sa sœur Tuvahineouturoa.
2°) Teihotua, le chef de Mataiea Rava'ai.
3°) Tetoita'atanui o teva, née en 1808 à Papetoai (Mo'orea),
décédée le 10 novembre 1889 à Papeete. Mariée à Mahina en 1835,
par le pasteur Wilson, à Teara a Puare, né en 1804 à Ha'apape,
décédé à Papeete le 24 août 1887, fils de Puare a Keopuolani et de
Paruru
a
Paura.
4°) Taute, née, en 1821 à Mahina, décédée le 9 février 1901 à
Papeete. Épousait Tuaiva a Vairoa dit Pifare ou Pi'ifare.
Enfants: a)Vahinehau □ Huapari a Tutaumatari'i tane.
b) Fa'aota'aroa née à Teavaro (Mo'orea) en 1845, décédée à Faaa
le 5 décembre 1918 ; mariée à Pai a Ararui tane. c) Puruma tane, né
en 1847 à Pare, décédé à Papeete le 28 juin 1902.
d) Raurea vahine.
e)Mihiura née à Pare en 1850, mourait le 4 septembre 1913 ;
mariée le 2 octobre 1876 à Pare avec Urupano ou Kurupano tane ;
veuve en mars 1855. f) Tetuahitia'a née en 1850 à
Pare, mourait à
Papeete le 31 octobre 1891. g) Vivirau tane, était marin.
5°) Fanau'e, chef de Mahaena père de Roura vahine.
6°) Tuvahineouturoa dite Moehau, femme de Taoahere Moe a
Moeterauri, chef de Mataoae-Toahotu. Plusieurs enfants de cette
union.
7°) Parauore né en 1824 à Mahina, décédé le 23 juillet 1893 à
Papeete. Sa première femme était Ioana a Tarahoi ; de cette union
fille Maririhau vahine née en 1840 à Pare, y est décédée le
12/6/1876. Étant veuf il se remariait le 10 novembre 1868 à
Mataiea avec Aumaiteura a Tamaitera'i née en 1828 à Mataiea, y
est décédée le 9 juillet 1899.
une
Société des
Études
Océaniennes
110
RAOUL TEISSIER
TEURURA'I
a
MATO
ARI'IMATE
Roi de l'île Huahine
autre
nom :
Teurura'i (Ari'imate) était fils de Taaroari'i, dont le père était
Mahine ; sa mère Tematafainu'u ; ses grands parents Mato et
Tetuaveroa (2è femme de Mato) ; ses arrières grands parents
Ari'ima'o a Tamatoa de Raiatea et Te'e'eva de Papara [27. 260].
Étant enfant, il était pris en charge par les missionnaires
anglais qui lui donnaient une éducation et une bonne instruction.
Comme il était intelligent, il profitait des leçons qui lui étaient
données, nous apprend P. Marcantoni dans ses "Souvenirs".
Vers 1836, Teurura'i épousait Teha'apapa fille aînée de
Tamatoa IV (Mo'eore) roi de Raiatea, dont le père était
Tamatoa III le grand ; la mère Turaiari'i fille de Mato de Huahine.
Teha'apapa avait pour mère Mahuti, originaire du district de
Papeari (Tahiti). Les deux époux étaient descendants de la famille
Tamatoa-Tautu de Raiatea [27. 261].
Teurura'i avait une sœur Ma'ihara qui, à la mort de leur mère
prenait la succession au trône de Huahine sous le nom de
Teri'itaria et comme sa mère, n'avait pas assez de poigne pour
maîtriser les fautes publiques d'ivresse et de libertinage, Teurura'i
déposait sa sœur avec l'aide d'une partie de la population et de
connivence avec le missionnaire anglais Barff ; ceci se passait le
18 mars 1854 [13. 1854, n° 13]. Il exilait Teri'itaria et sa famille à
Tahiti, où elle mourait le 22 octobre 1877, sous le nom de Ari'ipeu
vahine. Elle était l'épouse de Ari'ipeu a Hiro, beau-frère de la reine
Pomare IV [27. 266].
Le roi Teurura'i régnait sur Huahine depuis un certain nombre
d'années, lorsque des dissensions éclataient entre les deux parties
politiques qui détenaient le pouvoir. Ceux-ci, au cours d'une
réunion où ils faisaient la paix, décidaient de déposer le roi et de le
remplacer par sa femme Teha'apapa. Le prétexte de cette
déposition aurait été que Teha'apapa avait des droits plus anciens
au trône
de Huahine par Turaiari'i sa grand-mère, fille de
Teha'apapa 1ère première femme de Mato, tandis que Teurura'i
était petit-fils de Mahine, lui-même fils de Tetuaveroa deuxième
femme du même Mato. Le roi Teurura'i se soumettait à cette
décision. Sa femme prenait alors sa succession sous le nom de
Teha'apapa II. Elle régnait jusqu'au 16 mars 1888, date de
l'annexion de son royaume à la France. L'ex roi Teurura'i mourait
le 14 avril 1874, tandis que la reine Teha'apapa s'était éteinte le
7 août 1891 [27. 266].
De leur mariage, Teurura'i et Teha'apapa II ont eu 11 enfants :
1°) Temari'i (Teuhe), née à Huahine vers 1838, décédée à
Papeete le 21 août 1891. Elle épousait le 11 novembre 1857
es
Uceaniennes
CHEFS ET NOTABLES
111
Teratane, Ari'iaue Pomare V a Tu, fils cadet de la reine Pomare IV
reine de Tahiti. Cette union était dissoute par divorce le
5 août 1861 [2]. Temari'i vahine jouait un rôle important
lors de
l'annexion de Huahine à la France.
Le 22 février 1888, arrivait à Huahine, par le navire de guerre
Aorai l'aide de camp du gouverneur. La reine Teha'apapa II et les
chefs montaient à bord et vers 14 heures, les préliminaires de
l'annexion de l'île étaient signés, mais bien avant d'en avoir
demandé l'avis de la population. Une partie de celle-ci mécontente
se révoltait dans la nuit du 22 au
23, puis déposait Teha'apapa II
et ses chefs. Un nouveau gouvernement était constitué,
ayant à sa
Temari'i, propre fille de la reine, qui prenait le nom de Teuhe
apprend P. Marcantoni.
Le 16 mars suivant, la prise de possession officielle avait lieu.
Mais le 23, les dissidents faisaient feu sur la
compagnie de
débarquement du Décrès, tuaient son commandant l'enseigne de
vaisseau Denot, deux marins et en blessaient cinq autres. A la
suite de cet incident grave, un compromis était cependant signé
pour ramener le calme dans l'île : le pavillon français continuerait
à flotter sur Huahine, avec les deux parties en présence ; l'un pour
l'annexion pure et simple, l'autre pour le maintien de la
tête
II,
nous
convention de 1846.
Ce régime durait pendant deux années. Mais à partir de 1890, le
parti dissident qui dominait devenait insupportable par ses
vexations. Le Volta venait à Huahine le 22 juillet. Le lendemain,
une réunion dégénérait en troubles
graves. Les dissidents avaient
le dessous et la reine Teuhe II, ainsi que sept de ses chefs étaient
fait prisonniers par Marama, propre frère de Teuhe II et internés à
bord du Volta qui quittait l'île le 6 août. En arrivant à Tahiti, la
reine demandait la protection de son ex-époux Pomare V. Ce
dernier obtenait du gouverneur, qu'elle resterait en exil à Papeete.
Elle y mourait un an après [26. 200].
2°) Teri'ifa'aite vahine, morte très jeune [27. 261].
3°) Terereatua, Tapiria, née en 1850 à Huahine ; décédée à Arue
le 25 octobre 1888. Elle avait été adoptée par son oncle par
alliance, Ari'ipeu a Hiro, chef du district de Arue et frère de
Ari'ifa'aite mari de la reine Pomare IV.
4°) Marama, Teri'ifa'atau, né à Huahine le 17 décembre 1851,
décédé à Tefareri'i le 7 juin 1909. Il épousait Tetuamarama, fille du
roi de Rurutu et
en eut huit enfants, dont Teri'inavahoroa vahine
qui devenait reine de Huahine sous le nom de Teha'apapa III. Il
épousait en secondes noces, le 30 avril 1907 à Tefareri'i,
Tetuanuimarama, Atitioroi a Tati, fille du chef de Papenoo et
arrière petite-fille du grand Tati chef de Papara et veuve de son
frère Tamatoa VI (Ari'imate). union restée sans postérité [2].
Marama a été ministre de sa mère Teha'apapa II et de sa fille
Teha'apapa III de 1885 à septembre 1895. Lors des troubles qui
112
avaient lieu à Huahine
RAOUL TEISSIER
en 1890, il était fait prisonnier le 6 octobre
les
dissidents
par
et rendu aux Français quelques jours après. A la
mort de sa mère Teha'apapa II en août 1891, de nouveaux troubles
éclataient dans l'île pour les raisons suivantes. Marama essayait
de faire nommer sa fille aînée Teri'inavahoroa reine de Huahine,
à la place de Teuhe II déchue et en exil à Tahiti. Le prti adverse
refusait de la reconnaître. Marama ne tenait pas compte de ce
refus et avec ses partisans nommait quand même sa fille reine
sous le nom de Teha'apapa III. Selon P. Marcantoni, elle régnait
sur Huahine jusqu'à son abdication en septembre 1895.
Marama était l'un des signataires de la prise de possession de
Huahine par la France le 16 mars 1888. Avant d'apposer sa
signature sur ce document, il disait à sa mère : « Ma mère, mon
opinion et mon désir personnels étaient de nous donner plutôt à
l'Angleterre qu'à la France mais, là où tu vas, je vais moi aussi : tu
es pour la France, eh ! bien je veux être moi aussi pour la France. »
Marama n'avait pas un type indigène prononcé, car son père
Teurura'i, le défunt roi, avait une certaine dose de sang blanc dans
les veines. Avec son teint rougeaud, ses yeux gris, sa barbe brunroux, on le prenait plutôt pour un européen que pour un souverain
polynésien [26. 200].
5°) Vaira'atoa vahine, mourait en laissant deux enfants.
6°) Ari'imate, Teuhe, né à Huahine en 1853, mourait le
15 septembre 1905 à Tefareri'i. Il épousait Tetuanuimarama a
Atitioroi a Tati, chef de Papeno'o. De cette union sont nés quatre
garçons et deux filles. A sa mort, sa veuve se remariait avec
Marama son beau-frère [2],
Ari'imate a été ministre de sa mère Teha'apapa II de 1875 à
1885, époque où son frère Marama lui succédait, devenant luimême roi de Raiatea-Tahaa, à la demande des habitants de ces
deux îles. Il était sacré le 22 janvier 1885 par le pasteur Cooper,
sous le nom de Tamatoa-Tautu VI. Il régnait sur ses îles jusqu'à
l'annexion de son royaume par la France le 16 mars 1888 et se
retirait à Huahine. Lors de l'abdication de sa nièce Teha'apapa III
reine de Huahine en septembre 1895, il était nommé chef de
Tefareri'i sous le nom de Ioata et occupait cette fonction jusqu'à sa
mort survenue en 1905 [27. 261 ; 26. 200]. Tamatoa-Tautu VI avait
une tenue réservée, du prestige et une allure imposante. Son
épouse Tetuanuimarama était une fort belle femme, intrigante et
politicienne avisée, ayant de l'ascendant sur son beau-frère
Marama le premier ministre.
7°) Ari'iatitai vahine, morte en bas âge [27. 266].
8°) Teri'iteporouara'i né à Tefareri'i en 1857, mourait à
Huahine le 14 mai 1899. Il épousait Piho a Temauriari'i et en eut 8
enfants, quatre garçons et quatre filles [2].
9°) Fatino, Tetuanu.imaraeta'ata qui épousait
Tetuanuiumeretini i Vairao a Mai (branche Ari'itiria a Mai dit
CHEFS ET NOTABLES
113
Taeaetua) d'où sont nés huit enfants dont Tumata'aroa qui
mourait en France en 1918 étant soldat Bataillon du Pacifique [2].
10°) Turaiari'i vahine qui laissait à sa mort cinq enfants [27.
260].
11°) Teri'inauahoroa née à Huahine en 1866, décédée à Papeete
le 1er décembre 1918. De son mariage avec Etienne Alexandre,
greffier des tribunaux, qui mourait également en décembre 1918 ;
tous deux victimes de l'épidémie d'influenza, sont nés huit enfants
dont Alphonse, caporal au Bataillon du Pacifique, tué à l'ennemi
au ravin de Saconin (Aisne) le 20 juillet 1918 ; cité à l'ordre
l'Armée, médaille militaire ; Alexis, caporal à la même unité, cité à
l'ordre le 25 octobre 1918, croix de guerre [35].
12°) Tefa'aora vahine ; à sa mort laissait trois enfants, un
garçon et deux filles [27. 266].
TUAHINE
Juge de Fautaua à Pare
A l'arrivée des Français à Tahiti, en novembre 1843, Tuahine
remplissait les fonctions de juge à Fautaua. Il était l'un des
promoteurs de l'insurrection de 1844. Il commandait les révoltés
du camp de la vallée de Fautaua jusqu'au 17 décembre 1846, date
de la prise de cette vallée et du fort. Se rendant compte que le camp
était cerné et que le mont "Diadème" était occupé par les hommes
du chef Tari'iri'i, coupant les communications d'avec la vallée de
la Punaru'u, il capitulait avec ses gens, se rendant compte que la
résistance était sans espoir puis il s'offrait comme messager près
des insurgés de cette vallée et les déterminaient à se soumettre. A
la pacification générale, le
1er janvier 1847, Tuahine
reconnaissait le gouvernement du protectorat. Il était confirmé
dans ses fonctions de juge [Bruat à Lavaud, mai 1847].
Tuahine était un homme sur lequel le régent Paraita exerçait
son influence, quoiqu'il le combattait pendant la révolte pour le
déposséder de son titre. Il était sage et de bonne conduite et
remplissait ses fonctions avec intelligence et une grande
indépendance. Il mourait à Papeete dans les premiers jours de
mars 1849 [Notes Lavaud, 1849].
Le juge Tuahine était né à Raiatea. Il avait vécu pendant
longtemps près des missionnaires anglais à Matavai. Au mois de
juin 1813 on le retrouve fixé à Pare, dans la vallée de Fautau'a, où
il pratiquait la nouvelle religion. C'est dans cette vallée que
Tuahine tenait la première réunion de prières des habitants de
Pare. En juillet, il se rendait à Mo'orea pour s'instruire près des
missionnaires. Après son stage, fait à Papetoai, il se convertissait
au protestantisme et rendait services au pasteur Nott pour ses
traductions de la bible en langue tahitienne. Il était cité comme un
modèle exemplaire de la religion qu'il pratiquait [25. 305-307].
Société des
Études
Océaniennes
114
RAOUL TEISSIER
TUMATA'AROA
a
TUMATA'AROA
Iato'ai du Porionu'u
Descendant d'une famille de Iato'ai du Porionu'u habitant
Ha'apape, ainsi que sa première femme Motupua a Nohoahu,
originaire de Paea, car il eut trois épouses. De ses trois femmes il
eut sept enfants :
De la première : Nohoahu a Motupua il eut : 1° Tuaiva né en 1819
à Paea, y mourait le 28 avril 1897 ; marié à Paea en 1848 avec
Ta'aroa a Teore. 2° Ro'ometua né à Paea en 1828 [3]. Tout d'abord,
était nommé pasteur de Ha'apape le 1er juillet 1851, puis juge de ce
district le 11 avril 1859. On le trouve chef représentant du district
de Mahina en 1869 dont le chef titulaire était Teri'itapunui frère de
Pomare V [7. 1858, 1862, 7].
En 1870, il était décoré de la médaille d'argent de 1ère classe
pour acte de courage accompli à la pointe Vénus dans les
circonstances suivantes. Le 23 septembre 1869, Ro'ometua se
trouvait à la pointe Vénus, il voyait une embarcation de l'arsenal
de Fare Ute, employée à des travaux d'hydrographie, prise par un
coup de mer, culbutée sur les récifs, en jetant les hommes à la mer.
Ro'ometua se jetait courageusement à l'eau, malgré le ressac et le
courant violent, pour attraper la baleinière chavirée, à laquelle
étaient restés accrochés deux marins qui ne savaient pas nager.
Entraîné une première fois, il était revenu au rivage puis se
remettait une seconde fois à la mer, malgré qu'on voulut le retenir.
Sur ces entrefaits, deux pirogues étaient mises à l'eau. Il montait
l'une d'elle avec un autre indigène et se dirigeait vers l'esquif
chaviré, récupérait les deux naufragés, tandis que l'embarcation
était remorquée à terre par la deuxième pirogue [de Jouslard au
ministre ; 1. E/20, c. 53].
Co-signataire de l'acte de session des îles de la Société à la
France, par le roi Pomare V le 29 juin 1880 [19 bis. 309].
De son union à Paea le 21 janvier 1864 avec Ta'avea a Fa'aitoa
aucune postérité. Il mourait dans ce district le 23 octobre 1881 [3].
De sa deuxième épouse Paitia a Tiaarue, Tuma'ataroa eut :
30 Aito'a né en 1838 à Mahina. Chef du district de Paea. Il
représentait son district et signait avec le roi Pomare V, l'acte de
cession des îles de la Société à la France le 29 juin 1880. De son
union le 19 juin 1862 à Mahina avec Teumere a Taiuru'uru sont
nés deux garçons : Paiti'a (1864-1918), Raufea (1867-1919) [3].
4° Fa'atea né en 1839 à Paea, mourait le 20 juin 1883 à Mahina. Il
épousait le 1er juillet 1861 à Paea Vahineri'i a Mato.
5° Vahinetupua née à Mahina en 1843, décédée à Paea le 8 mars
1876. De sa troisième épouse Atoro a Fari'i, Tumata'aroa eut
6° Virau né à Paea en 1846, décédé à Mahina le 23 avril 1901, s'y
mariait le 20 avril 1876 avec Tepupunui a Matahiapo. 7° Tiaarue
né à Paea en 1850, y est décédé le 8 décembre 1918 [3].
Société des
Études
Océaniennes
CHEFS ET NOTABLES
115
Petits enfants du chef Aito'a par son fils Paiti'a marié avec
Temaehuatea, Afa'ita'ata a Tevaea : 1 ° Fa'atea (1884) marié à
Paea le 7 août 1902 avec Tera'iporoua a Ari'iteuira. 20 Ro'ometua
(1887) marié à Pare le 2 octobre 1920 avec Faimano a Teauna.
3° Teri'itaumaitera'i vahine (1896). 4° Tetuaho, Teheuira, vahine
(1895), mariée à Papeete avec L. Brinckfield [3].
VAHIA
a
AMATAHIAPO
VAHIA
Chef de Ahonu (Mahina)
autre nom
:
Secrétaire-greffier de la Haute Cour tahitienne
Vahia avait pour ancêtres Atituhoe i Amatahiapo tane et
Tauma'averau vahine, familles de iato'ai de Ha'apape ; son père
était Vahia et sa mère Tahiri [10, n° 112].
A la proclamation du protectorat français à Tahiti le
9 septembre 1842, Vahia suivait le grand chef Hitoti a Manua de
Tiarei, en le reconnaissant. De ce fait, il était le premier habitant
de Ha'apape à adhérer au protectorat [Bruat à Lavaud, mai 1847].
En 1844, lors de l'insurrection, il était orateur de son district,
Vahia ne changeait pas sa manière de voir au contraire, il suivait
son ami Hitoti au combat de Mahaena le 14 avril. Quelque temps
après, le gouverneur Bruat constatant la valeur de l'homme le
confirmait dans ses fonctions de chef de Ahonu vers la fin de 1844.
Vahia étant un homme instruit pour son temps, les grands juges
(To'ohitu) le choisissaient pour secrétaire greffier de leur tribunal.
Bruat sanctionnait ce choix le 19 janvier 1845. A son retour de
Raiatea en février 1847, la reine Pomare IV confirmait Vahia
dans toutes ces fonctions.
Le chef Tari'iri'i s'étant soumis au protectorat
Vahia s'attachait à sa personne et le suiviat
le 1er mai 1845,
dans toutes les
opérations militaires auxquelles il prenait part et se conduisait
avec bravoure particulièrement à celle de la prise du fort de la
Fautaua où il a été l'un des volontaires qui escaladait le "pic des
Français" pour pénétrer par surprise dans le dispositif de défense
des insurgés le 17 décembre 1846. A la suite de cette affaire, il était
décoré d'une médaille d'or le 25 juin 1847 [1. A/42, c. 28].
Toujours en 1846, il était l'un des envoyés choisis par les chefs
pour aller constater aux îles sous-le-vent la séquestration par ses
parents de la reine Pomare; séquestration que cette dernière
acceptait avec une philosophie tranquille.
Vahia était un homme intelligent et instruit. Il avait une très
bonne connaissance des lois du pays. Il remplissait ses fonctions
de juge avec dévouement et impartialité. C'était un orateur
influent. Il avait la parole facile et le don de persuasion auprès de
Société des
Études
Océaniennes
RAOUL TEISSIER
116
la foule qui
l'écoutait. D'une sobriété exemplaire, il était dévoué au
protectorat et ne varia jamais dans ses idées [Notes
1849].
Lavaud,
VAITOTIA
Chef de Fautaua (Pare)
En 1844, Vaitotia était chef de Fautaua quand l'insurrection
fut décidée au mois de février par les chefs dissidents. Il rejoignait
avec ses
gens
le
camp
insurgé de la vallée du Fautaua, dont il était
des meneurs [Bruat à Lavaud, mai 1847].
De cette position, il faisait des descentes dans
un
les environs de
Papeete et jusqu'à Taunoa, pour empêcher les habitants de la ville
de venir se ravitailler. A l'attaque de Papeete le 21 mars 1846,
Vaitotia à la tête d'un parti d'insurgés, s'était avancé
imprudemment presque aux portes de la place. Il était
vigoureusement contre-attaqué par le chef Tari'iri'i à la tête des
gens de Mahina. Vaitotia était refoulé et ses partisans battaient
en retraite en l'abandonnant sur le terrain. Tari'iri'i le faisait luimême prisonnier. On ne sait qui lui conseillait, Tari'iri'i ou
Taamu, de se soumettre. En tous les cas, quelques jours après
Vaitotia reconnaissait le gouvernement du protectorat et
demandait à se joindre aux auxiliaires tahitiens qui combattaient
dans les rangs français. Le gouverneur Bruat le faisait marcher
aux combats de Papeno'o 10 puis à Punaru'u le 30 mai 1846, où il
faisait preuve de courage. Le 17 décembre suivant au combat du
fort de Fautaua il était volontaire pour suivre le chef Tari'iri'i à
escalader le "Pic des Français", pour pénétrer par surprise dans le
dispositif de défense des insurgés du camp de Fautaua. A la
pacification générale en 1847, le gouverneur Bruat le nommait à
la tête de la police indigène.
Titulaire de la médaille d'honneur en argent le 25 juin 1847,
Vaitotia mourait vers 1848 ou 1849 à Papeete.
Il était un homme très actif, entreprenant et redouté de ses
compatriotes. Bon orateur, très intelligent, juge au tribunal mixte,
il remplissait ses fonctions à la grande satisfaction du
gouverneur. Il était souvent appelé à faire des tournées dans l'île
pour inspecter ses agents de police. Il profitait de ses randonnées
pour savoir ce qui s'y passait [Notes Lavaud, 1849].
TARI'IRI'I
a
VEHIATUA I TE MATAI
Chef du district de Mahina (Ha'apapé).
Deuxième fils du grand
la
chef Pe'eueue a Vehiatua i te matai, de
presqu'île Taiarapu et chef de Teahupo'o et de Teahuraro a
Société des
Études
Océaniennes
117
CHEFS ET NOTABLES
Ainoa ; né en 1822 à Mahina, mourait le 3 juin 1889 à Arue et
inhumé dans ce district près du temple protestant du tombeau du
roi [3].
Dès le commencement des hostilités contre les français en 1844,
le chef Tari'iri'i rejoignait le camp des insurgés de Mahaena avec
son père Pe'eueue et deux de ses frères : Aifenua et Ha'avare. Il
prenait part au combat de Mahaena le 17 avril 1844, où son frère
Ha'avare était tué. Le 29 juin suivant, étant au camp de Papeno'o
et se trouvant à la tête d'un parti de rebelles, il attaquait les
troupes françaises à Ha'apape (Pointe Vénus), commandées par
le gouverneur Bruat, et leur infligeait quelques pertes. Resté au
camp de Papeno'o après ces affaires avec sa femme, celle-ci le
persuadait que les anglais ne viendraient pas au secours de la
reine Pomare IV et, lui-même reconnaissant l'impossibilité de
lutter avec avantage ; de plus sa vanité ayant été blessée de ce que
les insurgés de Papeno'o ne lui accordaient pas assez d'égards
dans son commandement, il négociait avec le gouverneur Bruat
sa
soumission
au
Protectorat.
Celle-ci
1er mai 1845. Le district de Mahina
régent
Paraita
le nommait
pour
se
était
trouvant
effective
sans
le
chef, le
le diriger, nommination
sanctionnée par Bruat le 6 mai suivant [Bruat, mai 1847].
Les chefs rebelles du camp de Papeno'o firent tout ce
qu'ils
purent pour le ramener à eux. Voyant qu'il restait inébranlable
dans sa décision, ils eurent recours à la menace. Ils lui dirent de se
retirer à Papeete, où tous les chefs qui étaient pour le protectorat
résidaient parmi les Français et le prévenaient également que s'il
n'obtempérait pas à leur injonction ils l'y forceraient par les
armes. Avec l'aide de 15 soldats français, du grand chef Hitoti du
district de Tiarei suivi de 20 de ses hommes et lui-même aidé de ses
partisans, Tari'iri'i résistait à ses ennemis en défendant
Ha'apape qu'ils avaient attaqué. Les insurgés reculèrent,
perdaient même une pièce de canon et étaient obligés de battre en
retraite sur Papeno'o. Mieux encore, un messager du camp venait
annoncer à Tari'iri'i qu'ils considéraient dorénavant le district de
Ha'apape comme terre française et qu'ils la laisseraient
tranquille. Ils tenaient parole et Tari'iri'i restait chef de Mahina
[Bruat au Ministre, 1845. 1. A/31, c. 6].
En combattant pour le protectorat Tari'iri'i s'était
particulièrement distingué du 19 au 22 mars 1846 dans les sorties
qui ont eu lieu pour débloquer Papeete investie par les rebelles. Le
21, il faisait prisonnier de sa main le chef Vaitotia, pendant une
sortie faite aux environs de la Fautaua. Lors de l'attaque du camp
de la vallée de Papeno'o le 10 mai 1846, par les troupes françaises,
il montrait sa bravoure dans les escarmouches auxquels il prenait
part avec ses partisans, dans l'affaire des plateaux et du fort de
l'intérieur, en y pénétrant le premier à la tête de ses hommes, puis
contribuait à la prise de ceux situés dans la plaine. Au crépuscule
Société des
Études
Océaniennes
118
RAOUL TEISSIER
Tari'iri'i, Boutet commis de marine, un voltigeur
quelques gens de son district, allaient récupérer dans un ravin
des armes qui y étaient tombées pendant la nuit, malgré une vive
fusillade des insurgés [Bruat au Ministre. 1. A/44, c. 8].
Quelque temps avant, le 12 avril 1846, il prenait part avec le chef
Ri'ari'a à l'escarmouche de Ta'apuna (Puna'auia) où ils étaient les
seuls Tahitiens qui aient abordé les retranchements ennemis avec
les troupes françaises. Le 30 mai, à 5 heures du matin les troupes
françaises pénétraient dans la vallée de la Punaru'u, où se
trouvait un autre camp des rebelles. Le chefTari'iri'i accompagné
de son frère Aifenua se faisaient remarquer par leur intrépidité
parmi la troupe indigène de Mahina. Ils devançaient les colonnes
et sans s'arrêter au premier fort, évacué par les dissidents, ils
poussaient en avant et engageaient avec l'ennemi une vive
fusillade et les forçaient à se retirer derrière le second fort où ils ne
purent tenir que jusqu'à l'arrivée du gros des forces françaises. A
l'enlèvement de ce fort, l'un des blancs qui dirigeait les rebelles fut
blessé par Tari'iri'i [Lavaud au Ministre. 1. A/42, c. 28].
Le 17 décembre 1846, au combat de la vallée de Fautaua,
Tari'iri'i escaladait le "Pic des Français" avec 62 hommes, dont 30
Tahitiens, pour tomber par surprise sur les arrières du camp.
Après avoir pénétré dans le fort et fait prisonnier ses occupants, il
allait prendre position près du "Diadème" pour empêcher les gens
du camp de la Punaru'u d'envoyer des secours à ceux de Fautaua.
C'est lui qui s'empara du pavillon qui flottait sur le fort [Bruat au
Ministre, 1847. 1. A/52, c. 9].
Depuis qu'il avait rejoint le Protectorat en mai 1845 et jusqu'à la
fin de l'insurrection en décembre 1846, Tari'iri'i combattit
toujours pour le gouvernement du Protectorat avec un courage qui
a fait l'admiration des troupes françaises. La reine Pomare IV ne
lui a jamais pardonné sa défection [10. 1955, n° 112].
Il partait pour la France avec le gouverneur Bruat en 1847 ; ce
dernier le présentait au roi Louis-Philippe 1er pendant son séjour
en France, où à Paris, il remettait au souverain le pavillon qu'il
avait pris au fort de Fautaua [14. 1888, 14]. Il était de retour à
Tahiti au mois de juin 1849. Le 1er février 1850 il était nommé
grand juge (To'ohitu) du Porionu'u par le gouverneur Lavaud.
Selon la décision du ministre, le fortin de Ha'apape était placé
sous son commandement et quatre Tahitiens de Mahina en
formaient la garnison [Notes Lavaud, 1849. 1. A/57, c. 10].
En 1859, lorsque le gouverneur Saisset quittait Tahiti pour se
rendre en Nouvelle-Calédonie châtier des tribus rebelles et punir
les auteurs des meurtres de la vallée des colons et du Mont d'Or,
Tari'iri'i était volontaire pour faire partie de l'expédition. Il était
nommé capitaine d'un détachement composé de son fils faamu et
de vingt-quatre Tahitiens. Parvenu à destination, il entrait en
campagne avec sa petite troupe le 25 mai 1859. Jusqu'au
de cette journée,
et
Société des Études Océaniennes
CHEFS ET NOTABLES
119
1er novembre, il ne cessait de guerroyer avec ses Tahitiens. Dans
des opérations dans la région de Yaté, il était cité à l'ordre du jour,
être entré l'un des premiers à la tête de sa vaillante petite
troupe dans le village de Ounia. Au cours de la même campagne, il
ira combattre à Hiéghène, puis traversera l'île avec la colonne
pour
expéditionnaire, de Canala à Ourail. A la suite de cette
participation, par décision du gouverneur de Nlle-Calédonie, un
de l'Administration, à Nouméa, portera son nom, en
souvenir des services rendus par lui [35. 443].
Tari'iri'i avait de l'extérieur, du commandement. C'était de tous
les chefs, celui qui avait le plus de pouvoir sur les gens qui le
suivaient sans hésiter. Sa brillante conduite pendant
l'insurrection lui avait augmenté l'influence que lui donnait déjà
sa naissance. Il avait un défaut, comme presque tous les Tahitiens
de son époque : il aimait boire. Il était à remarquer que Tari'iri'i ne
buvait jamais dans les cérémonies publiques. Il voulait garder sa
dignité en ces moments-là [Bruat au Min. 1847. 1. A/52, c. 9].
Tari'iri'i épousait en premières noces Meari a Daly qui lui
donnait trois filles : Mata'uta'u (1840-1869), qui se mariait avec
Tita a Pohuetea fils du chef de Puna'auia, le 7 janvier 1858 à
côtre
Ha'apape. Vahinetua (1850-1918), Tehoho (1857-1877) qui
épousait Tenetefarau a Tinihau le 14 octobre 1874 à Mahina. D'un
second mariage avec Teahu a Tinihau le 28 octobre 1885, il n'y a
pas eu d'enfant [3]. En 1885, nous le retrouvons vice-président de
la Haute cour tahitienne [7. 1885].
Tari'iri'i était titulaire d'une médaille d'or de dévouement, par
ordonnance royale du 3 novembre 1846 et de la Légion d'honneur,
par
ordonnance royale du 3 juillet 1847.
PE'EUEUE a VEHIATUA I TE MATAI
autre nom : TEMATAHIAPO
Chef du district de Teahupo'o
Descendant des grands chefs de l'ancienne famille des
Vehiatua qui avait sa supprématie sur la presqu'île deTaiarapu,
Pe'eueue était fils de Vehiatua a Vehiatua i te matai et de Tau
Tevaruahoiatua a Tupuaiara'au vahine ; né en 1795 il mourait à
Teahupo'o le 31 juillet 1871 [3]. Pour avoir péché de la nacre aux
îles Tuamotu, sans autorisation de la reine, il passait en jugement,
était condamné et destitué de ses fonctions par Pomare IV.
A l'arrivée des Français à Tahiti en 1843, il avait été l'un des
premiers à se prononcer contre le gouvernement du protectorat. Il
a fait partie de l'assemblée des chefs, tenue à Papara en décembre
1843, qui décidait de l'insurrection. En avril 1844, on le trouvait au
camp des rebelles de Mahaena avec trois de ses fils : Aifenua,
Société des
Études
Océaniennes
RAOUL TEISSIER
120
Tari'iri'i et Ha'avare. Pe'eueue tombait malade et contraint de se
retirer dans son district pour se soigner, tandis que ses trois fils se
battaient bravement contre les Français, au combat de Mahaena
le 14 avril. Ha'avare était tué pendant l'action. Auparavant le
21 mars 1844, Pe'eueue avait conduit l'attaque contre le fort de
Taravao [Bruat, mai 1847 ; Lavaud, 1849 ; 36. 355].
Dès que l'isthme de Taravao et la baie Phaéton étaient
définitivement occupés par les troupes françaises, persuadé de
l'inutilité de la lutte et poussé par Tavini grand juge de Taiarapu
beau-père, Pe'eueue faisait sa soumission le 23 avril 1844 à
Teahupo'o au commandant Mallet. Il était réintégré dans ses
fonctions le 1er juillet 1844 par le gouverneur Bruat [8. 28].
L'assemblée générale des chefs, tenue le 8 mai 1845, présidée
par Bruat, lui redonnait le titre de ses ancêtres : Vehiatua et
l'autorité supérieure sur les quatre districts du sud de Taiarapu. Il
était écouté des gens de son district et possédait une grosse
influence dans la presqu'île. C'était un homme brave. Se trouvant
à Papeete dans des circonstances critiques pour les Français, il a
demandé à marcher avec la troupe le 22 mars 1846, qui faisait une
sortie dans la Fautaua avec et en guidant certains de ses gens,
son
pour
dégager la ville.
avide ; on pouvait néanmoins
lui. Il tenait aussi à l'alliance des Français. Il n'était
pas bien avec le missionnaire de son district le pasteur Orsmond.
Ils s'accusaient réciproquement d'activités et d'abus de pouvoir.
Cette mésintelligence ne s'était jamais manifestée très
ouvertement. Le gouverneur Bruat s'en était servi adroitement.
Il était fort jaloux de son autorité et l'exerçait quelquefois en
"pacha" sur son peuple. Aussi avait-il besoin d'être surveillé [1.
A/57, c. 10]. Quand cessait-il ses fonctions ? nous n'avons pu le
déterminer exactement. L'annuaire de Tahiti le mentionne
comme retraité à Tautira en 1862 [7. 1862].
De sa première épouse Teahuraro a Ainoa il eut sept enfants :
1°) Aifenua, épousait Pohuetea vahine cheffesse de Puna'auia. Il
se ralliait au protectorat au mois de janvier 1846. Il était au
combat de Mahaena, parmi les insurgés commandé par son frère
Tari'iri'i, ainsi qu'à l'affaire de Ha'apape le 29 juin 1844. Au
combat de la Punaru'u en mai 1846, Aifenua se faisait remarquer
par son intrépidité parmi la troupe des gens de Mahina qui se
trouvaient avec les Français. 2°) Tari'iri'i, (voir page 116) chef de
Mahina. 3°) Ha'avare, tué au combat de Mahaena parmi les
insurgés le 14 avril 1844. 4°) Puhia né vers 1830 à Huahine, décédé
à Teahupo'o le 6 avril 1874. Épousait le 5 mars 1867 à Mahina
Piha'ari'i a Maotihau a Teuira de Ha'apape, dont une fille Uraore,
Tetuaripa. Cette dernière a eu une fille avec Max Kurka : Edwige,
Teuira, qui épousera Charles Lévy d'où sont issus : Germain
(Minmin), Alfred (Bouly), Ariette (Madame Raisiné) [3]. Puhia
Pe'eueue était rusé, astucieux et
compter
sur
Société des Études Océaniennes
CHEFS ET NOTABLES
avait suivi
121
insurgés de Mahaena. Se soumettait au
frère Tari'iri'i, le 1er mai 1845. S'est conduit
bravement dans les divers affaires et combats pour la pacification
de l'île Tahiti, particulièrement à la prise du fort de Fautaua, où il
protectorat,
son
père
aux
avec son
était volontaire à
son
frère Tari'iri'i à escalader le "Pic des
Français" pour pénétrer par surprise dans le dispositif de défense
des insurgés dans le camp de la Fautaua. A la suite de cette action
d'éclat, il était décoré d'une médaille d'argent le 31 août 1847
[Lettre 25 juin 1847 ; 1. A/42, c. 28]. Puhia était nommé grand juge
du Teva i Tai (Taiarapu) le 1er octobre 1859 [13. 1859, n°6].
5°) Moe, était chef de Ha'apape. Destitué de ses fonctions par la
reine Pomare IV, pour ivrognerie [10. n° 112]. 6°)Motu, était
boursier du protectorat. Mourait à Nantes en 1864, pendant son
séjour en France. 7°) Vahinero'o vahine née en 1833, mourait le
12 janvier 1869.
Veuf, Pe'eueue épousait en secondes noces : Terautahi a Teuira
a Tematahiapo, fille de Tavini, grand juge à Teahupo'o. De cette
union sont nés [3] : 1°) Vehiatua, né en 1841, mourait à Teahupo'o
le 12 décembre 1918 ; épousait en 1861 Tuahu aTeiho. Remplaçait
son père à la tête de Teahupo'o, à son départ à la retraite [7.1962].
2°) Uraurara vahine née en 1842, décédée le 4 janvier 1894 ;
épousait en 1856 Tua a Puhia. 3°) Hao'a né en 1845, décédé le
22 décembre 1878. 4°) Fauroa née en 1847 (pas de date de décès) ;
mariée à Tautira le 26 juin 1867 avec le chef Ori a Ori. 5°) Tuahoro
née en 1849 à Teahupo'o. 6°) Tepa né en 1851, décédé le
17mai 1909 ; épousait Maumauari'i a Tuvana'a de Tautira.,
7°) Raitupa née en 1857 à Teahupo'o. 8°) Taneuapoto vahine née
en 1858 ; mourait à Teahupo'o le 8 novembre 1912.
Famille VEHIATUA
ORIGINES SUCCINTES
Vehiatua i te matai était le titre des grands chefs du clan
politique du Teva i Tai comprenant les quatre districts de la
presqu'île de Taiarapu. La famille Vehiatua possédait ce territoire
à titre héréditaire. Elle était très puissante et son influence
s'étendait jusqu'aux côtes sud-ouest de Tahiti : le TEVA I UTA,
qui était dirigé par la famille Tuiterai de Papara, à laquelle les
Vehiatua étaient alliés. Ces deux clans étaient aussi puissants
l'un que l'autre [38. passin ; 21. l'index ; 33. 72 ; 25. 287].
La famille Vehiatua a régné sans conteste sur Taiarapu
jusqu'en 1793. En cette année-là Vehiatua et Amo de Papara,
ayant attaqué Pomare 1er subissaient une défaite. Amo fut tué et
Vehiatua dépossédé d'une très grande partie de Taiarapu.
Pomare 1er donnait ce fief à son dernier fils Teri'inavahoroa. Cet
iocie
122
RAOUL TEISSIER
de 8 ans, son oncle Ari'ipaea était régent et
gouvernait Taiarapu en son nom.
Le premier Vehiatua de l'histoire tahitienne que l'on connaisse,
serait né vers 1650. Sa femme est inconnue, il en eut deux enfants :
Vehiatua tane et Tetuaehuri i Taiarapu vahine, qui fut la femme
de Ta'aroamanahune (Tumoehania), père de Teu, lui-même père
de Vaira'atoa (Pomare 1er).
Vehiatua II prenait pour femme Te'evapirioi, fille de Teri'itahia
i Marama de la famille des Tuitera'i de Papara et de
Tetuameretini i Vairao. Ils eurent plusieurs enfants dont :
Pahiriro, Taitoa et Tutea. Pahiriro était le chef de Pueu, né vers
1704 et mourait le 21 décembre 1774 à Pueu. Maximo Rodriguez
assistait à ses obsèques. Il laissait plusieurs enfants dont un que
Cook mentionne sous le nom de Maraeta'ata. Il avait un autre fils,
qui au décès de son père devait avoir, d'après Maximo, de 10 à 12
ans, donc né vers 1764 ; Teihotua né vers 1762 ; Tutea chef de
Mataoae (Vairao).
Vehiatua III ou Taitoa qui prenait pour femme
Tevahinemoatua (Purahi) fille de Aromaitera'i et de Tetuaunurau
vahine, tous deux de la famille Tuietera'i de Papara. De cette
enfant étant âgé
union deux enfants : Teri'ita'atauraura tane et Tetuaounumaona
tane. Leur père Taitoa était probablement né vers 1703, puisqu'il
mourait au mois de mars 1773 à Tautira âgé de 70 ans environ. Il
était célèbre par les combats qu'il avait livrés à Tutaha et à son
neveu Pomare 1er, dans lesquels de nombreux chefs du clan de ce
dernier perdaient la vie. Leur mère Purahi était une femme
intelligente et de caractère fort. Elle rendait de bons et notables
services aux missionnaires espagnols, lors de leur séjour à
Tautira en 1774/75. Maximo Rodriguez la connaissait sous le nom
de Opo et la tenait en grand estime. Pendant la minorité de ces
deux fils, elle exerçait la régence avec fermeté. Purahi prenait
pour second mari Ti'itorea, un chef de Tautira. Cette union n'eut
pas de descendance.
Vehiatua IV ou Teri'ita'atauraura à la mort de son père en mars
1773, prenait sa succession sur Taiarapu jusqu'au 6 août 1775,
date de sa mort à Tautira d'après M. Rodriguez, qui assistait à ses
obsèques. Il serait né vers 1755. Il avait pris pour femme
Tauhitihiti, sa cousine germaine, née vers 1744 d'après Bank. Ils
vécurent quelque temps ensemble mais furent obligés de se
séparer. La mère de Teri'ita'atauraura et sa parenté n'avaient pas
approuvé cette union, qui est restée, du reste, sans enfant.
Tauhitihiti était réputée pour sa beauté ; lui, était bien fait,
mesurait cinq pieds 5 pouces anglais. La couleur de sa peau était
plus claire que celle de ses compatriotes, ses cheveux étaient d'un
brun clair, rouge à leur extrémité.
Vehiatua V ou Tetuaounumaona succédait à
Teri'ita'atauraura à sa mort en 1775. C'est
Société des
Études
Océaniennes
son
frère aîné
pendant
son
CHEFS ET NOTABLES
123
gouvernement, en février 1790, que trois mutins du "Bounty" :
Brown, Thompson et Churchill venaient se fixer à Tautira.
Vehiatua V adoptait Churchill. Au mois de mars suivant
Vehiatua mourait subitement. N'ayant pas d'enfant Churchill
devenait son héritier. Vehiatua V avait pris pour femme
Pateama'i (Teano) sœur de Itia femme de Pomare 1er. Cette union
est restée
sans
enfant.
Churchill que les gens de Tautira
acceptait comme grand chef. Il ne régnait pas longtemps sur
Taiarapu. Il était assassiné le 10 avril suivant par jalousie, par
son compagnon Thompson, qui lui-même était abattu par les
habitants de Tautira, pour venger leur chef.
Vehiatua VI n'est autre que
La branche aînée des Vehiatua de Tautira s'étant éteinte avec
Vehiatua V (Tetuaounumaona) en mars 1790, la grande chefferie
de Tautira et Taiarapu semblerait avoir passée entre les mains du
chef Tutea de Vairao, oncle de Vehiatua V, qui a fait introniser un
enfant âgé de quatre ans de sa parenté, pour remplacer Churchill.
Ce jeune garçon ne restait pas longtemps à la tête de Taiarapu. A
la suite d'une guerre avec les "Teva i uta", les "Teva i tai" étaient
battus et le jeune Vehiatua VII était dépouillé d'une très grande
partie de ses domaines de Taiarapu par Pomare 1er. Ceci se
passait en 1793. Pomare 1er les donnait à un de ses fils
Teri'inavahoroa qui prenait le nom de Vehiatua. Comme ce
dernier avait que huit ans, on lui donnait comme régent le demifrère de Pomare 1er : Ari'ipaea. En 1796 ou 1797, Ari'ipaea
mourait. Il était remplacé par un autre demi-frère de Pomare
Tefananuihuritaua, mais frère de Ari'ipaea. Ce personnage eut un
fils Tehahatu, Vaira'atoa qui pendant la période troublée dite des
"Mamaia" de 1825 à 1831, exerçait les fonctions de grand juge de
Taiarapu. Il mourait à Tautira au mois de mars 1832.
Teri'inavahoroa ou Vehiatua VIII, prenait pour femme sa
cousine germaine Terano fille de Metuaaro de Mo'orea et Tereatua
sœur
de Pomare 1er ; de cette union aucune postérité.
Teri'inavahoroa mourait à Pare le 19 juin 1803, âgé de 18 ans.
Lors de l'installation du protectorat français à Tahiti, en
septembre 1842, un Vehiatua était chef du district de Teahupo'o. Il
reconnaissait le protectorat et servait son administration : c'était
Pe'eueue (voir page 119). Il pourrait être apparenté, peut-être
même descendant du chef, Tutea a Vehiatua, de Vairao, dont il est
question plus haut.
124
RAOUL TEISSIER
Généalogie approximative de la famille Vehiatua
I
Vehiatua i te matai, né vers 1650 □ Femme inconue
1. Vehiatua tane
2. Tetuaehuri i Taiarapu, femme de Ta'aroamanahu-
—
ne,
II
père de Teu.
Vehiatua □ Te'evapirio'i fille de Teri'itahia de Papara et
de Tetuameretini
—
1.
2.
Pahiriro, chef de Pueu (1704-21/12/1774)
Taito'a, grand chef des Teva i tai et chef de Tautira
(1703-1773).
3. Tutea, chef de Mataoae (Vairao).
III
—
IV
—
V
Vehiatua, Teri'ita'atauraura □ Tauhitihiti
germaine née 1744.
Sans postérité.
Vehiatua, Tetuaounumaona □ Teano,
femme de Pomare 1er.
Adopte Churchill, mutin du "Bounty".
—
VI
Vehiatua, Taito'a (1703-mars 1773) □ Tevahinemoetua
(Purahi) Opo des espagnols née
1. Teri'ita'atauraura (1755-6 août 1775 à Tautira).
2. Tetuaounumaona (1767-mars 1790 à Tautira).
—
Vehiatua, Churchill, assassiné
par
sa
cousine
sœur
de Itia
Thompson autre
mutin le 11 avril 1790.
VII
—
VIII
□
=
—
Vehiatua
enfant de quatre
ans
(1786).
Teri'inavahoroa fils de Pomare 1er.
titre et le nom de Vehiatua.
Sans postérité.
Jn 1793 prenait le
épouse
Société des
Études
Océaniennes
125
chefs et notables
SOURCES D'INFORMATION
ET OUVRAGES
MENTIONNÉS
I
SOURCES D'ARCHIVES
1
Archives de France. Section Outre-Mer, 27 rue Oudinot, Paris 7ème.
Fonds Océanie.
Les archives delaPolynésie Française constituent une des sources
principales de ce travail. Elles sont parfaitement clasées et d'un
accès aisé. Un inventaire en a été dressé par M. Etienne Taillemite:
Inventaire du Fonds Océanie (Polynésie Française) qu'on trouve¬
ra, p. 267-320 dans let. 15,1959, du "Journal delà Société des Océanistes". On s'y reportera pour savoir les titres exacts des dossiers
consultés. Nous avons surtout utilisé les lettres et rapports des pre¬
miers gouverneurs. Nous donnons le dossier, ou les cotes des pièces
2
L'État Civil de Papeete,
citées.
conserve un
Registre dont on trouve
Tribunal, à Papeete.
une
"État Civil royal".
copie, certifiée conforme,
au
greffe du
3
Greffe du Tribunal. Papeete. Fichier généalogique.
4
L'importance des questions foncières en Polynésie Française a
amené l'administration de la justice à créer son propre fichier
d'état civil, chronologiquement et géographiquement plus étendu
que les registres officiels.
La Haute Cour tahitienne. Procès-Verbaux des séances.
Société des Études Océaniennes. Musée de Papeete.
Cet organisme possède dans ses
ont été utiles :
archives deux documents qui nous
5
calinaud, René Lucien. Mémoires généalogiques concernant dif¬
6
Emory, Kenneth Dike. Traditional history of Tahiti.
férentes familles des Iles-sous-le-Vent.
II
SOURCES
1°
IMPRIMÉES
PÉRIODIQUES
7
Annuaire de Tahiti pour 1859, puis : des Établissements français
de l'Océanie et du Protectorat... 1862-1917. Papeete.
8
Annuaire de la Mission protestante, 1858.
Société des
Études
Océaniennes
126
raoul teissier
9
Bulletin officiel des Établissements français de l'Océanie, Papeete
10
Bulletin de la Société des études océaniennes, Papeete. 1917—>
11
La Cloche, Papeete, 1886-1887
12
Journal officiel des
1847-1902.
1884
13
14
Établissements français de l'Océanie, Papeete
>
Messager de Tahiti, Papeete, 1852-1883.
Procès-verbaux des séances du Conseil Général des Établisse¬
ments français de l'Océanie, Papeete, 1886-1903.
2°
IMPRIMÉS
15
Agostini, Jules. L'Océanie française. Les Iles-sous-le-Vent. Paris.
16
Beechey, Frederick William. Narrative of a voyage to the Paci¬
fic... on H.S.M. "Blossom". Londres, 1831.
Bligh, William. Voyage à la mer du Sud. 1812
1890
17
18
Bonnet, Frédéric. Défense à l'appel d'un jugement du Tribunal
civil... consorts Pomare contre l'État. Papeete, 1898.
19
caillot, A.c. Eugène. Mythes, légendes et traditions des Polyné¬
siens. Paris, 1914.
19bis
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Histoire de la Polynésie Orientale. Paris, 1910.
Chesneau, Henri. Souvenirs de P. Marcantoni. Papeete, 1932.
corney, Bolton Glanville. The Quest and Occupation of Tahiti by
emissaries of Spain during the years 1772-1776. London,
3 vol., 1913-1919.
Cuzent, Gilbert. Voyage aux îles Gambier, archipel de Mangareva. Paris, 1872.
Da vies, John. The history of the Tahitian mission, 1799-1830.
London, 1961.
Deschanel, Paul. La politique française en Océanie. Paris, 1884.
Ellis, William. A la recherche de la Polynésie d'autrefois. 2 vol.
Paris, 1972.
Hanni, Eugène. Trois ans chez les Canaques. Lausanne, 1908.
henry, Teuira. Tahiti aux temps anciens. Paris, 1951.
jore, Léonce. L'Océan Pacifique au temps de la Restauration et de
la Monarchie de juillet, 1815-1848. Paris, 2 vol. 1959.
29
lesson, René Primevère. Journal d'un voyage pittoresque autour
du monde... t. 1. Paris, 1830.
30
marau taaroa, Mémoires de... Paris, 1969.
31
moerenhout, Jacques-Antoine. Voyage aux îles du Grand Océan.
2 vol. Paris, 1837.
32
Monchoisy. La Nouvelle Cythère. Paris, 1888
33
morrison, James, Journal... Paris. 1966.
Société des
Études
Océaniennes
chefs et notables
34
35
36
127
oliver, Douglas Lewellyn. Ancien tahitian Society. 3 vol. 1974.
o'reilly, Patrick et Teissier, Raoul. Tahitiens. Paris, 1962.
o'reilly, Patrick et teissier, Raoul. Tahitiens, 2ème éd. Paris,
1975.
37
pfeiffer, Ida Laura. Voyage d'une femme autour du monde.
Paris, 1869.
38
Rodriguez, Maximo, Journal du premier européen ayant habité
Tahiti, 1774-1775. Papeete, 1930.
39
salmon, Ernest. Alexandre Salmon et
Paris, 1963.
40
Soulier-VAlbert, F. L'expansion française dans le Pacifique
Sud. Paris, 1911.
vlncendon Dumoulin, Clément Adrien et desgraz, César Louis
François. Iles Taïti. Esquisse historique et géographique.
41
2 vol.
sa
femme Ariitaimai.
Paris, 1844.
42
walpole, Fred. Four Years in the Pacific in H.M.S. "Colling-
43
wilkes, Charles. United States exploring expedition... 1838-1842.
vol. II. Philadelphia, 1844.
wood." 2 vol. London 1849.
Société des
Études
Océaniennes
128
RAOUL TEISSIER
Valra'atoa Pomare 1er
Tetuanuireiaiteraiatea Itia
(1745
Femme Pomare 1er
-
1803)
(1764
Pomare II
(1774 - 1821)
-
1814)
Teritoltera'i Teremoemoe
Femme Pomare II
(1793
-
)
CHEFS ET NOTABLES
129
Teri'itaria Pomare III
Almata Pomare IV
(1820
(1813
-
1827)
Ari'ifa'aite
(1820
-
a
Hiro
-
1878)
Teratane Pomare V
1873)
(1839
Société des
Études
-
1891)
Océaniennes
130
TEISSIER
Joanna Salmon
Reine
(1860
Marauta'aroatepau
-
1934)
Temauiari'i
a Mai
Mari de Teri'imaevarua 1er
Teri'imaevarua II
Reine de Porapora
(1841
-
1873)
Tamatoa Pomare
Roi de Raiatea
(1842
-
1889)
CHEFS ET NOTABLES
Moeterauri
dite
Teri'ivaetua (Mme Norman Brander)
Princesse Moe
Femme de Tamatoa V
a
Pomare
a
Tu
Roi de Raiatea
(1850
-
Fille de Tamatoa V
(1869
-
1918)
1890)
Teri'imaevarua III Pomare
Aimata Pomare
Fille de Tamatoa V
Reine de Porapora
Fille de Tamatoa V
(1871
-
(1867
-
1872)
1932)
Société des
Études Océaniennes
132
RAOUL TEISSIER
Teri'inavahoroa
Teri'itapunui Pomare
Fille de Tamatoa V
Frère de Pomare V
(1877
(1846- 1888)
-
1918)
Teri'inavahoroa a Mai
Femme Teriitapunui Pomare
(1850
-
1918)
Teri'itua Tuavira (Joinviiie) Pomare
(1847 - 1875)
133
CHEFS ET NOTABLES
Itebala Shaw
Teri'ihinoiatua Prince Hinoi
Femme de Joinville Pomare
Fils de Joinville
(1850
(1869
-
Ari'ipeu
1918)
a
-
1916)
Tapiria
Hiro
Frère du mari de Pomare V
Fille fa'aamu de Ari'ipeu a
(1850
Société des
Études
-
1888)
Océaniennes
Hiro
134
RAOUL TEISSIER
Ari'ipaea Vaira'atoa Haumure
Ari'ipaea Haumure Vaira'atoa Pomare
Chef de Pare-Arue
Chef de Pare-Arue
en
1849
en
Taura'atua i Patea
1880
le grand Tati
Papara
Potatu a Pohuetea
Chef de Puna'auia
Grand chef des Teva i uta et chef de
(1722
(1774
-
1792)
Société des
Études
-
1854)
Océaniennes
dit
135
CHEFS ET NOTABLES
Teri'itanoa a Temaehuatea
dit le Régent Paraita
Tefa'aora
a Mai
Chef de Porapora
(1787
a Mare dit Mare a
Orateur du gouvernement
Taitete
(
-
Mare
Paofai
Société des
1865)
a
Manua dit Upaparu
Président des To'ohitu
(
1855)
-
Études
-
1842)
Océaniennes
136
RAOUL TEISSIER
Hitoti
Chef de Tiarei
Tariirii a Vehiatua
Chef de Mahina
(1770
-
(1822
Tere
a
a
Manua
1846)
Patiahia
dit
Vaitura'i
-
Tehapai
1889)
a
Mai dit Maheanu'u
Chef de Mataiea
Pasteur de Faaa
(1825
(1830
-
1895)
-
i te Matai
1886)
ete des Etudes Océani
a
Mai
137
CHEFS ET NOTABLES
Fanau'e a Ti'ihivaari'iotoa
Papeari
Chef de
(1816- 1901)
Ari'imate
Tamatoa
a
—
Teri'inavahoroa
Teurura'i
Tautu VI
-
a
Marama
Teha'apapa III
Reine de Huahine
Roi de Raiatea
(1853
Aitoa a Tumata'aroa
Chef de Paea
(1838)
1905)
Société des
Études
Océaniennes
a
Teururai
138
RAOUL TEISSIER
ALPHABÉTIQUE DES NOTICES
TABLE
A
Aimata, ou Pomare IV
Amo, Tevahitua a Hopoie
33
65
Arahu a Tafai
Ari'imanihinihi a Tati Marama
Ari'ioehau a Tati
10
88
Ari'ipeu a Fa'aitoa
Ari'ipeu a Hiro
Aro'a Teupo'oari'i
F
H
11
57
86
107
12
106
12
Hamarura'i, Vaira'atoa, Pomare a Tu
Hapoto a Hioa
56
14
Hinoi
44
19
a
Manua
Mo'u'u
Manua
Hoaore
a
Ta'atamaitai
23
15
Ho'oau
a
Maopi
15
Horo
a
a
a
Paete
Huruino
N
O
P
11
59
109
Fa'araoa
Fa'atere'au Pomare a Tu
Faitohia a Tati
Fanau'éaAroa
Fanau'e a Ti'ihivaari'iotoa
Fareahu aFareahu
Fateata a Rimapi'i a Ma'i
Hitoti
Hitoti
M
9
a
16
29
Pahutiti
Mahine a Tohone
Ma'iroto
Ma'iTetuanui
Manea a Manea
MaroaPuaiaha
Marura'i a Tauhiro
17
17
99
18
61
Matahiapo a Tanoa
Mataitai a Pa'apa'aina
25
25
Mo'u'u Ma'itui
23
Nu'utere
a
24
Tahitu
28
OriaTati
87
Paofai a Manua
Paraita
Pe'e a Pe'e
21
96
Société des
30
Études
Océaniennes
CHEFS ET NOTABLES
Pe'eueue
Piapa
a
a
Vehiatuai te Matai
119
Punuapaoa'a
Pitoma'i
31
Puhuri
Potatu a Pohuetea
R
Ri'ari'a
Roura
32
59
a
Tumatihati
Aro'a
Ruatepua, Pomare
T
65
a
a
108
Tu
a
58
Taatari'i a Tairapa a Ho'u
Taatari'i a Tairapa a Hou
Taero a Tauira'i
Taitete a Mare
Taoahere a Moeterauri
Tamahine Ori a Pee
TamatoalV
Tamatoaura a Tamatoa
69
66
Tapoa II, Teri'inohora'i
95
70
70
26
29
72
77
Tari'iri'i a Vehiatuai te Matai
Taura'atua i Patea
116
81
Tautiti, Tutene
Teara'itua a Hiapo
Tehahatu Pomare
Tehapai
a
Teratane, Ari'iaue
Tere
92
94
a
Tu
55
Mai
100
Teihotua a Aro'a
Teihotua a Tahitoe
Tehuiari'i a Area
Teraimano a Ma'i
104
a
a
Tautu
Tu,
ou
58
99
103
Pomare V
42
Patiahia
Teri'ifa'atau Pomare a Tu
Teri'ihinoiatua Pomare a Tu
Teri'itanoa a Temaehuatea
93
Teri'itaria, Pomare III
54
Teri'itaumaitera'i
Teri'itua Vahine
Tati
92
98
Taia
31
a
a
Tetu anu itepun a' a a
54
44
96
Tetuanuimanaihiva a Tatahe
Tetuaraenui o Teva a Aro'a
Teu,
V
139
ou
78
106
Tunuieaaitèatua
47
Teurura'i a Mato
Tu ou Pomare I
Tu ou Pomare II
Tuahine
Tumata'aroa a Tumata'aroa
110
48
50
Vahia a Amatahiapo
Vaitotia
Vehiatua
115
Société des
113
114
116
121
Études
Océaniennes
.
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Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 202