B98735210103_197.pdf
- Texte
-
BULLE
DE M
SOCIETE
DES CTUDES
OCEKNIENNES
N°197
TOME XVI N°10/DECEMBRE 1976
Société des Etudes Océaniennes
Société des études océaniennes
Ancien musée de Papeete, Rue Lagarde, Papeete,
Tahiti.
Polynésie Française.
B. P. 110
-
Tél. 2 00 64.
CONSEIL D'ADMINISTRATION
M. Paul MOORTGAT
Président
M. Yves MALARDE
Vice-Président
Mlle Janine LAGUESSE
Secrétaire
M.
Trésorier
Raymond PIETRI
assesseurs
Me Rudolph BAMBRIDGE
M. Roland SUE
M. Henri BOUVIER
M. Temarii TEAI
Dr. Gérard LAURENS
M. Maco TEVANE
Me Eric
M. Raoul TEISSIER
LEQUERRE
Me Jean SOLARI
MEMBRES D'HONNEUR
M. Bertrand JAUNEZ
R. P. O'REILLY
M.
Georges BAILLY
Pour être Membre de la Société
se
faire présenter
par un
membre titulaire.
Bibliothèque
Le
Conseil
d'Administration informe
ses
membres qu'ils peuvent
emporter à domicile certains livres de la Bibliothèque en signant une
reconnaissance de dette au cas où ils ne rendraient pas le livre emprunté à
la date fixée. Les autres peuvent être
consultés dans la Salle de lecture du
Musée.
La
Bibliothèque et la salle de lecture sont ouvertes aux membres de la
heures, sauf le Dimanche.
Société tous les jours, de 14 à 17
BULLETIN
DE LA
SOCIETE DES ETUDES OCEANIENNES
(Polynésie Orientale)
Tome XVI
n° 197
—
N° 10
Décembre 1976
-
SOMMAIRE
Articles
Anne LAVONDÈS.
J. TALANDIER.
—Les tambours polynésiens
—Sismicité et activités volcaniques en
Martin L. GRANT.
lynésie
—Chronologie Sommaire des principaux
voyages, collections et publications rela¬
tives à la flore des îles de la Société
1 Qpttip
629
Po¬
653
aux
90pmp qippIpq
—LANGDON Robert, The Lost Caravel
Hubert COPPENRATH.—Les derniers jours de la monarchie à
Bengt DANIELSSON.
659
665
673
Huahine
Compte rendus
Bengt DANIELSSON.
—Kurukuru, ancienne pirogue de pêche
Patrick O'REILLY.
aux Tuamotu.
681
—Du Lycée aux Réalités, Revue annuelle
publiée par les élèves de seconde écono¬
mique du lycée Gauguin, Papeete.
684
627
Société des
Études
Océaniennes
Les tambours
polynésiens
Il existait en Polynésie deux types de tambours : les
bois et les tambours à membranes.
tambours de
Les tambours de bois
taille et sous des formes diverses, le
ou à langues est répandu dans le
Pacifique occidental depuis les Iles Fiji jusqu'à la NouvelleGuinée, en passant par les Nouvelles-Hébrides et les Iles
De plus ou moins grande
tambour de bois à lèvres
Salomon.
région du Sépik, en Nouvelle-Guinée, les tambours
atteindre de grandes tailles. Ils sont souvent
abondamment décorés. Les tambours fendus sont frappés en
position horizontale, avec une baguette de bois (figure 1).
Dans la
peuvent
1,-
Grand tambour à lèvres.
Nouvelle-Guinée. New
629
Société des
Études
Océaniennes
York.
C'est probablement aux
Hébrides qu'on trouve les
Nouvellesformes les
plus grandes et les plus spectaculaires
de ces tambours fendus. Creusés dans
un tronc d'arbre et sculptés d'une tête
humaine, ils sont plantés en terre pour
être frappés en position verticale
(figure 2).
Suivant leur taille, les tambours à
lèvres sont faits d'un tronc d'arbre ou
d'un morceau de bois cylindrique
évidé, qui sert de caisse de résonance
pour les vibrations imprimées par la
percussion avec une baguette (figure
3). Dans certaines régions, les bords
des deux lèvres sont taillés
différemment de manière à produire
deux
sons
distincts.
En Polynésie, on trouve le tambour
de bois dans les archipels de l'ouest et
du centre. Selon Peter Buck (1944, p.
459), "les tambours fendus étaient
Société et
Australes et on pense qu'ils étaient
aussi utilisées
à Mangareva. Ils
étaient inconnus aux Marquises, à
Hawaii, à l'Ile de Pâques et en
Nouvelle-Zélande, mais bien établis à
Samoa et Tonga. On les trouve à Fiji et
à travers la Mélanésie. D'après sa
distribution, on peut considérer que le
tambour à lèvres s'est répandu depuis
Fiji jusqu'à Samoa et Tonga et de là
vers la Polynésie centrale et vers l'est,
jusqu'à Mangareva. Son absence,
comme celle du tambour à membrane,
en Nouvelle-Zélande, peut être attribué
à l'abandon ou au refus. Cependant,
présents aux Iles Cook, de la
son absence à Hawaii où le tambour à
membrane était utilisé, soulève la
question de savoir si oui ou non il a
atteint la Polynésie centrale avant que
les ancêtres des Maoris de NouvelleZélande et des Hawaiiens aient quitté
les Iles de la Société".
630
2.-
Grand tambour
de bois, vertical.
Nouvelles-Hébri¬
des. Centre cultu¬
rel de Port-Vila.
3.-
Petits tambours de bois et battoir. Fiji. 22 cm 5, 40 cm.
Musée de Tahiti et des Iles.
631
Société des
Études
Océaniennes
Il est probable, comme le pense Buck, que le tambour à lèvres
n'est pas très ancien aux Iles Cook. Il serait encore plus récent aux
Iles de la Société, d'où il aurait atteint les Marquises seulement à
l'époque moderne.
Connu à Tahiti
sous
le
nom
de to'ere, (tokere, aux Iles Cook), il a
beaucoup diminué de taille par rapport aux grands tambours
océaniens de l'ouest. Sa caisse est toujours pansue pour produire
un
meilleur son, mais il est parfois plus aplati, de section
transversale plus elliptique que circulaire. Cette forme lui donne
une meilleure assise au sol quand il est frappé.
fabriqué dans la section d'une branche de
(Callophyllum inophyllum) ou de miro (Thespesia
populnea), et taillé dans la masse. Une partie de la surface était
aplanie et une large fente rectiligne était creusée. L'intérieur était
évidé par cette fente, mais on laissait aux extrémités une certaine
épaisseur de bois qui fermait la caisse et limitait la longueur de
l'ouverture. La surface extérieure était soigneusement polie.
Aux Iles Cook, il était
tamanu
de bois avec deux
de bois.
Il ne semble pas qu'à Tahiti, les to'ere aient été décorés
autrement que par de discrètes incisions ou marques de propriété.
En revanche, on connaît pour les Iles Cook de grands tambours de
bois sculptés sur toute la caisse ou simplement aux extrémités.
Ces tambours proviennent de Mangaia et leurs motifs décoratifs
sont très proches de ceux que l'on trouve sur les herminettes
cérémonielles fabriquées dans la même île (BUCK, 1944, p. 264268, fig. 163-166. Ces tambours sculptés mesurent respectivement
Aux Iles de la Société, on trouve des tambours
fentes parallèles séparées par une étroite lame
64,7
cm
et 70 cm).
Un tambour à double fente est conservé au Musée de Tahiti sous
le numéro 151. Comme il provient des Marquises, il n'est
certainement pas très ancien. Sa forme est cylindrique, avec des
extrémités circulaires à surface plane. Il mesure 69 cm de long et
12,3 et 13,4 cm de section. Les fentes et la partie creusée mesurent
cm ; les fentes ont 4 cm de large et la barrette de bois médiane, 3
cm (figure 4).
52
Les musicologues classent les tambours à lèvres dans la
catégorie des idiophones, c'est-à-dire des instruments qui
produisent un son par eux-mêmes sans l'intervention de cordes ou
de membrane. Le tambour à lèvres était frappé avec une baguette.
On
pouvait faire varier le son en frappant le bord des lèvres soit au
milieu, soit près des extrémités, ou même par percussion sur
la
caisse.
On jouait du to'ere pour accompagner les danses, mais il
pouvait servir aussi à émettre des signaux sonores permettant à
632
Société des
Études
Océaniennes
4.-
Tambour à lèvres moderne To'ere. En bambou.
des gens
Tahiti.
éloignés de communiquer.
Dans son étude sur l'origine des instruments de musique, A.
Schaeffner montre comment beaucoup des activités de la vie
quotidienne sont elles-mêmes productrices de sons plus ou moins
rythmés, plus ou moins musicaux. Sa tendance est de chercher
l'origine des instruments de musique dans les mouvements
corporels et certaines activités techniques. La structure même de
certains instruments de musique n'est pas éloignée de celle de
certains objets. Si on prend pour point de départ la simple section
de tronc d'arbre évidée, la différence n'est pas très grande entre
une coque de pirogue et une grande auge en bois. La confusion est
d'ailleurs souvent faite, d'autant plus facilement que le même
objet peut avoir parfois les deux fonctions, comme dans certains
atolls de l'ouest du Pacifique. Faut-il voir dans l'un ou l'autre de
ces objets l'origine des grands tambours de bois du Pacifique
633
été
occidental, tambours qui
cheminement
vers
seraient miniaturisés
se
au cours
de leur
l'est ?
Il ne faut pas oublier qu'en Mélanésie, on pratique le pilonnage
des racines et du fruit à pain. J. Guiart écrit (1963, p. 99) : "quand
les plats sont de véritables monuments, comme à Espiritu Santo,
douze hommes accroupis peuvent pilonner en même temps les
taros
rôtis, épluchés
par
les femmes,
suivant
un
rythme
traditionnel que l'on entend à plusieurs kilomètres. Placés sur une
fosse et frappés en cadence avec une barre de bois, les mêmes plats
constituent alors une forme primitive de tambour".
Si l'on considère qu'un objet normal peut être aussi, d'une
certaine manière, un instrument de musique, on peut dire que la
Polynésie, même si elle n'avait pas, au moins dans sa partie
orientale, le tambour à lèvres, possédait cependant un tambour de
bois qui lui était propre.
On sait que les anciens voyageurs occidentaux ont été surpris
d'entendre tout autour de Tahiti, les battements rythmés des
battoirs à tapa. Or, qu'est-ce qu'une enclume à tapa, sinon un
tambour de bois, frappé avec une batte ? Le principe en est presque
le même. L'enclume est un tronc d'arbre équarri pour les besoins
de la fabrication du tapa. Elle est évidée sur une face, mais pas
jusqu'aux extrémités et forme ainsi
une
sorte de caisse de
résonnance.
les enclumes étaient posées directement sur le sol :
"Là, sont disposées des pièces de bois carrées, de vingt à trente
pieds de long, sur environ sept à dix pouces d'épaisseur, et un peu
évidées par en bas, de manière à ne porter sur la terre que par leurs
extrémités. Ces pièces de bois... sont toujours tirées du mara
(Cephalantus) qui est jaune, dur et très sonore"
(MOERENHOUT/ vol. II, p. 114).
Il semble que
La parenté entre le to'ere et l'enclume à tapa est démontrée
également par la linguistique. Si à Tahiti, l'enclume était nommée
tutua (de tutu, frapper, battre), P. Buck (1962, p. 254) signale que
"la forme dialectale de tokere à Hawai'i est koe'le, ce qui signifie le
bruit des coups légers produits par quelqu'un qui frappe sur une
enclume de bois pour la fabrication du
tapa. Les femmes
hawaiiennes utilisaient une série de battements, à la manière
d'un code morse sommaire, pour échanger des signaux... Ainsi,
tokere était un mot largement répandu en Polynésie, qui pouvait
s'appliquer à des bruits de battements répétés ou à un instrument
avec lequel on pouvait produire ces sons".
Le mot to'ere n'est pas mentionné dans le dictionnaire de
Davies (1851), mais on y trouve : "to'are, le nom d'un tambour
indigène." Il s'agit probablement d'un petit tambour à membrane,
634
Société des
Études
Océaniennes
car il est significatif de constater que les tambours à lèvres ne sont
représentés pour les Iles de la Société, ni sur les gravures
anciennes, ni parmi les objets anciens conservés dans les musées.
Cook, Bank et James Morisson ne décrivent que les tambours de
de requin. W. Ellis dans ses
Polynesian Researches (1972, p. 137-138) distingue deux sortes de
tambours recouverts de peau de requin : les grands tambours qui
étaient appelés pahu et les plus petits, qu'il appelle, de manière
surprenante, toere. Mais il ne fait pas mention du tambour de bois
tokere des Iles Cook. En revanche, il décrit un autre instrument,
très bruyant, dit-il : Yihara. "Il était fait d'un morceau de bois
taillé dans un grand bambou, comprenant deux noeuds. Au
centre, une longue ouverture était pratiquée d'un noeud à l'autre.
Lorsqu'on se servait de Yihara, on le plaçait horizontalement sur
le sol et on le battait avec des bâtons. Il n'était pas employé dans
les
cérémonies religieuses, mais seulement comme un
amusement. Ses sons étaient rauques et discordants. Par sa
forme, Yihara des Polynésiens ressemble au Toponaztli des
Mexicains décrit par J. Claverigo". T. Henry précise que l'entredeux noeuds de bambou "porte des fentes maintenues ouvertes
par une petite pièce de bois, l'on frappe dessus avec deux baguettes
(p. 283). Davies définit ihara, comme le nom d'un "instrument de
musique grossier, frappé avec des baguettes" ; généralement un
simple "morceau de bambou ouvert sur un côté".
bois cylindriques recouverts de peau
Ces descriptions sont particulièrement intéressantes, on va le
voir. Selon le musicologue A. Schaeffner "en guise de lèvres
séparées par une large fente, le petit tambour mexicain en
toponaztli, oppose deux languettes découpées dans le sens de la
hauteur du cylindre et qui se détachent nettement du reste de
l'instrument
comme
d'une caisse de résonance". Le même auteur
la Nouvelle-Guinée britannique "un tuyau de
bambou dans la paroi duquel est taillée une langue flexible ;
l'instrument est couché par terre et frappé avec la main".
signale
Les
par
sur
pour
Hawaiiens, de leur côté, accompagnaient certaines danses
le
son d'un bambou ouvert d'un côté et frappé sur une pierre ou
la terre (BUCK, 1964, p. 407-408). Il est probable d'ailleurs que
les bois frappés idiophones étaient plus nombreux
plus diverses, selon les archipels que ce que nous en
connaissons maintenant (cf. BUCK, 1938). Il faut signaler aussi
que l'arc musical était connu aux Iles Marquises et Hawaii et que
les Marquisiens connaissaient le xylophone.
les bambous
ou
et de formes
A partir
conclusion
de ces renseignements, sans vouloir proposer de
définitive, on peut suggérer l'hypothèse suivante : les
Polynésiens orientaux connaissaient d'une part le tambour à
membrane, d'autre part le bâton creux frappé* à Hawaii, et aux
635
Société des
Études
Océaniennes
5.-Tambour de bois To'ere. Marquises. 69 cm. Musée
et des Iles.
de Tahiti
Iles de la Société, le tambour à languette qui semble être une forme
primitive de tambour à lèvres. Ces derniers instruments n'étaient
pas utilisés dans les cérémonies mais pour accompagner certaines
danses. Ainsi le tambour à lèvres ne représentait pas une
nécessité. Il est probable qu'il n'est venu que très tardivement de
l'Ouest, n'a atteint Tahiti qu'à la période post-européenne et n'est
jamais allé jusqu'à Hawaii.
en usage en Polynésie centrale
les danses folkloriques. Et à Tahiti, les enfants
fabriquent toujours, pour leurs amusements, un tambour à lèvres
avec l'entre-noeud d'un gros bambou. Les deux noeuds ferment les
Le tambour à lèvres est encore
pour accompagner
extrémités.
Les
de
dimensions
l'ouverture
sont
calculées
progressivement, mais empiriquement, pour produire le meilleur
son (figure 5).
Les tambours à membranes
Le tambour à membrane est universel : on le rencontre un peu
partout dans le monde, bien que dans certaines régions bien
déterminées on en ignore complètement .l'usage.
membranophones se composent d'une caisse de résonance,
généralement en bois creusé (mais elle peut être en poterie ou toute
autre matière solide) et d'une ou deux membranes fixées à la
caisse. Ils peuvent être battus avec les mains nues ou bien avec
une ou deux baguettes. Il existe aussi des membranophones à
friction (ainsi d'ailleurs que des tambours de bois à friction), qui
ne sont pas frappés, mais frottés avec les mains ou avec un corps
Les
solide.
636
Société des Études Océaniennes
Le principal problème technique qui s'est posé à toutes les
populations utilisant des membranophones est celui de la fixation
des peaux, chaque groupe ayant résolu cette difficulté à sa
manière. Il semble que la technique la plus simple et la plus
efficace soit de placer une peau à chaque extrémité d'un cylindre et
de relier les deux membranes l'une à l'autre, la tension de l'une
assurant celle de l'autre. Mais cette méthode suppose que le
tambour soit utilisé en position horizontale ou oblique. Elle est
très répandue, ainsi que celle qui consiste à fixer la peau à la caisse
par des chevilles : ce procédé est surtout pratiqué en Afrique.
Avant d'examiner les solutions apportées par
les Polynésiens à
problème technique, il faut d'abord chercher comment se fait la
répartition du tambour à peau à l'intérieur de la Polynésie. On
constate que le tambour à membrane est un phénomène à peu près
exclusivement polynésien oriental et que d'une certaine manière
le tambour à peau et le tambour de bois, s'excluent mutuellement.
Ainsi, aux Iles Fiji, Tonga, Samoa, Ellice, on n'utilisait que le
tambour à lèvres. Si le tambour à membrane n'est pas inconnu à
Samoa, il y est très probablement d'introduction récente, comme
l'est, on l'a vu, le tambour de bois en Polynésie orientale.
ce
Aux temps polynésiens, le tambour à membrane était utilisé
dans toute la Polynésie centrale : Iles Cook, Société, Australes,
Marquises, Tuamotu, Mangareva. En Polynésie marginale,
seules les Iles Hawaii le connaissaient. Il était absent de l'Ile de
Pâques et de la Nouvelle-Zélande. Pour l'Ile de Pâques on peut à la
rigueur arguer du manque de matière première, d'arbres
suffisamment gros pour qu'on y taille une caisse de tambour. Mais
cet argument ne vaut plus pour la Nouvelle-Zélande. L'absence
simultanée du tambour à membrane et du tambour à lèvres chez
les Maoris de la Nouvelle-Zélande, reste une énigme. Le tambour à
était-il encore inconnu en Polynésie centrale quand les
émigrants maoris l'ont quittée au cours du premier millénaire
après J.C. ? Il est probable que nous ne le saurons jamais.
Pourtant la différenciation dans les formes, les modes d'attaches
et les décors, suivant les divers archipels, montrent que le
tambour à peau n'est pas très récent en Polynésie orientale et
peau
centrale.
Les tambours traditionnels
polynésiens ne sont plus connus
des exemplaires conservés dans les musées. C'est donc à
partir de ces objets qu'il faut les étudier, avec tout ce que cela
suppose de partiel : en effet seuls de beaux tambours, bien décorés,
ont été conservés, au détriment des formes courantes.
que par
Bien aue différents par certains aspects, les tambours à
membrane de Polynésie montrent des caractéristiques communes :
la caisse est en bois, d'une seule pièce, taillée dans une section de
637
Société des
Études
Océaniennes
d'arbre (généralement du cocotier) et évidée par
extrémités. Une cloison est conservée qui sert de fond à
les deux
la partie
qui forme à proprement parler, la caisse de résonance.
Souvent,
tronc
toujours, la partie inférieure, creusée, et ajourée,
constitue un piédestal, dont la hauteur est plus ou moins
importante par rapport au reste du tambour. La section
transversale est circulaire, avec parfois des diamètres différents
selon les niveaux verticaux. La caisse peut présenter, ou non, des
décors sculptés. Le pied est souvent très ajouré. Les parois
internes de la caisse et le fond sont étudiés de manière à donner un
meilleur son : l'épaisseur du fond peut varier depuis les parois
jusqu'au milieu et on distingue au centre, sur la face supérieure,
une dépression circulaire ou au contraire un volume convexe ou
conique dont l'intérieur est creusé.
mais
pas
On
peut se demander avec
A. Schaeffner, si le tambour
polynésien, à cause de sa forme souvent allongée, ne prend pas
son origine dans le "tambour-arbre" dont la base était plantée en
terre. "Bien des tambours à membrane ont en effet le bas de leur
socle enterré : l'instrument devant communiquer étroitement,
mystiquement avec le sol" (p. 175). Signalons au passage que le
tambour du "Musée de l'Homme" illustré à la planche VI de A.
Schaeffner, avec la légende "Tahiti", n'est pas tahitien, mais
typiquement marquisien, malgré sa forme élancée. Il n'est pas
certain qu'il soit en bois de cocotier.
La membrane, unique, du tambour polynésien, était
généralement faite d'une peau de requin. Mais on sait que d'autres
matériaux ont pu être utilisés : peaux de mammifères marins et
après l'arrivée des Européens, de mammifères terrestres,
particulièrement des peaux de chèvres.
plus invraisemblable d'imaginer
des peaux humaines, celles des victimes tuées à la guerre ou en
sacrifice, aient pu être utilisées, là aussi pour des raisons
mystiques.
Il n'est pas peut-être pas non
que
Fixations des cordes
Les cordes de tension et les ligatures étaient en
tressée ou en fibres d'écorce cordées (Pipturus sp.
bourre de
etc...).
coco
méthodes de fixation des cordes de tension à la
elle-même, soient originales
Polynésie (figures 6 et 7).
Il semble que les
peau,
à la
et surtout des cordes à la caisse
Bien que le principe général en soit toujours le même, on
distingue dans le détail plusieurs procédés (cf. P. BUCK, 1944, pp.
457-459).
638
Société des
Études Océaniennes
FIXATION DES CORDES DE TENSION A LA MEMBRANE
DIRECTE
COOK
HAWAII
-
TAHITI
INDIRECTE
SIMPLE
TUAMOTU
-
DOUBLE LAÇAGE
LAÇAGE
HAWAII
MANGAREVA
LAÇAGE COMPLEXE
QUADRUPLE LAÇAGE
MARQUISES
HAWAII
6.-
Méthodes
de
fixation
des
cordes
à
la membrane.
639
Société des
Études Océaniennes
FIXATION DES CORDES DE TENSION A LA CAISSE DIRECTE
DIRECTE
AUX MONTANTS DU PIED
HAWAII
A LA BASE DU PIED
TAHITI
MANGAREVA
A DES PROTUBERANCES
A LA BASE DE LA CAISSE
ILES AUSTRALES
INDIRECTE
A UN CERCLE RAPPORTE
MARQUISES
Méthodes de fixation des cordes à la caisse du
640
Société des
Études
Océaniennes
tambour.
1°) Fixation directe
-
directe
Les cordes passent directement dans des trous percés tout
autour de la membrane. Elles sont attachées à l'autre
corps
du tambour,
extrémité,
intermédiaires. La fixation se fait
directement autour, ou derrière les montants du pied, soit en haut,
juste sous la caisse proprement dite, soit à la base du pied.
au
sans
de ce type ainsi
les cordes passaient dans les
les montants du pied et sous le cercle
Aux Iles Cook et à Tahiti, les tambours étaient
que
certains tambours de Hawaii
:
intervalles situés entre
fermant la base du tambour. A l'extérieur de ce cercle de base, les
noeuds et les cordes étaient souvent dissimulés par un ornement
en
tapa ou en pandanus (tambour
d'Aitutaki, Auckland, dans
270 ; tambours tahitiens, Gottingen et British
Museum dans OLIVER, 1974, I, p. 329).
BUCK, 1944,
p.
A Tahiti et surtout aux Australes, des points d'attaches
supplémentaires, taillés dans la masse, formaient des
protubérances rectangulaires tout autour de la base. Il semble
qu'à l'origine, ces protubérances se trouvaient toujours à la base,
puis, aux Iles Australes surtout, quand des figures humaines ont
été sculptées tout autour du tambour, au point de jonction de la
caisse et du pied, on a eu tendance à faire passer les cordes sous ces
protubérances mésiales. Mais sur certains exemplaires, il reste
des traces des protubérances basales qui n'étaient plus utilisées.
De nos jours, il est difficile de distinguer nettement les tambours
des Iles de la Société et ceux qui proviennent des Australes. Dans
les premières éditions des voyages du Capitaine Cook, sur les
gravures représentant des cérémonies au marae ou des danses, on
voit des tambours tahitiens très ornementés. Les auteurs actuels
ont tendance à considérer que ces tambours et ceux qui sont les
plus souvent représentés dans les musées, proviennent de l'Ile de
Raivavae, aux Australes. Les motifs sculptés sur ces objets leur
donnent raison. Mais, d'un autre côté, les objets divers très
décorés, les pagaies en particulier, les coupes, les bâtons etc...
sculptés dans le style si caractéristique de .Raivavae, sont si
fréquents dans les musées et les collections particulières, qu'on
peut penser que certains d'entre eux au moins ont pu être
fabriqués à Tahiti, probablement par des artisans venus des
Australes à la période post-européenne, et acquis à Tahiti, par les
voyageurs. Il est probable qu'ils étaient utilisés par les Tahitiens
eux-mêmes, sinon pourquoi Webber aurait-il dessiné des
tambours de ce type dans un marae de Tahiti ? (figure 8). De toutes
façons, les formes sont voisines, la plus ancienne étant
probablement celle à fixation basale sans protubérances (figure
9).
641
éî
8,-
Tambours frappés pen¬
dant une cérémonie au
marae. Tahiti. D'après
Webber.
9,-
Tambour à membrane,
ancien. Tahiti. Musée
de Gottingen. D'après
D. Oliver, "Ancient Tahitian Society", t. 1,
fig. 10.
642
2°) Fixation indirecte-directe
Elle
était représentée à Mangareva et à Hawaii.
Malheureusement, il n'existe plus qu'un seul tambour provenant
de Mangareva. Rapporté par Dumont d'Urville, il se trouve
aujourd'hui encore au Musée de Saint-Germain en Laye. Sur ce
tambour la fixation des cordes de tension à la peau est indirecte :
une corde simple forme un laçage tout autour de l'objet, passant
dans un trou, puis dans l'autre, dessus-dessous. Les parties
visibles de cette corde forment des boucles dans lesquelles passent
les cordes de tension.
Comme le tambour ne comporte aucune partie ajourée, la
fixation directe des cordes se fait à la base, autour de nombreuses
petites protubérances qui partent du fond, tout autour de l'objet
(BUCK, 1938, p. 401).
Aux Iles Hawaii, les tambours comportaient toujours un pied,
plus ou moins important, plus ou moins sculpté (BUCK, 1964, pp.
396-401). La fixation des cordes à la peau pouvait être directe,
mais elle était le plus souvent indirecte : ou bien les cordes
passaient dans les boucles formées par un laçage circulaire,
comme pour le tambour de Mangareva, ou bien un système de
double ou quadruple laçage circulaire passant dans des trous
superposés, formait une sorte de filet dans lequel passaient les
cordes de tension.
La fixation à la caisse était toujours directe et elle se faisait au
sommet du pied : la corde descendante passait derrière un
montant du pied et remontait de l'autre côté, sur la face externe du
tambour. Même sur les tambours très décorés, les
fixées de cette manière simple.
cordes étaient
3°) Fixation indirecte-indirecte
Le meilleur exemple de cette méthode de fixation est celui des
tambours marquisiens. C'est d'ailleurs au mode de fixation des
cordes de tension que l'on reconnaît à coup sûr un tambour
marquisien, plus encore que par tout autre élément stylistique
(figure -10).
La fixation des cordes à la peau est complexe : au lieu d'un
simple laçage circulaire déterminant des boucles, on a une
véritable bande de tresses, serrées tout autour de la peau.
Plusieurs tresses parallèles (quatre ou cinq) chacune passant
dans les trous successifs dessus et dessous, enserrent la peau, ce
qui produit un effet ornemental.
L'ensemble des tresses constitue des boucles pour le passage des
cordes de tension. Chaque corde montante passe sous l'extrémité
droite d'un de ces ensembles de tresses, saute le suivant en le
643
Société des
Études Océaniennes
longeant par le haut, et redescend
gauche d'un troisième ensemble.
Mais le plus original dans
en
passant
sous
l'extrémité
le tambour marquisien est la
présence d'un cerceau de bois rapporté, fixé à la base de la caisse.
Des trous sont percés tout autour de la base de la caisse et dans la
partie supérieure des montants du pied. Par ces trous passent fies
ligatures en tresses de bourre de coco très fines qui maintiennent
très solidement le cercle contre la caisse, les faisceaux de tresses
passent derrière les montants à travers les trous et reviennent
vers l'extérieur pour se croiser sur la surface externe du cerceau.
Le croisement des tresses détermine des motifs décoratifs
en
carrés. Ce mode de fixation permettait aussi
l'insertion d'ornements particulièrement appréciés par les
Marquisiens : de petites mèches de cheveux.
triangles et
en
Les cordes de tension étaient tout simplement passées deux ou
trois fois autour du cerceau, dans les intervalles vides laissés entre
644
Société des
Études
Océaniennes
les montants et les cordes montantes étaient enroulées
plusieurs
fois autour des cordes descendantes pour former l'arrêt.
Comme
sur beaucoup de tambours polynésiens, une corde, ici,
large tresse était enroulée tout autour de la caisse, au milieu,
en faisant plusieurs tours. Cette corde annexe avait pour but
probablement de régler la tension des cordes et peut-être de
faciliter le transport du tambour.
une
Les Marquisiens utilisaient aussi pour
cordes, des ivi po'o, petites bobines
en os
régler la tension des
sculpté, souvent orné
d'un tiki conventionnel.
Un
tambour des
Tuamotu, conservé au Bishop Museum,
plus sommaire, les mêmes caractéristiques de
fixation des cordes que les tambours marquisiens (EMORY, 1975,
p. 235-336). Mais des protubérances verticales ont été ajoutées
entre les montants du pied, pour permettre une meilleure fixation
du cerceau rapporté, au corps du tambour. Ce système allie la
présente,
11.-
en
Détail
bour.
du
tam¬
Société des
Études
Océaniennes
technique du tambour mangarévien (mais les tenons se trouvent
en haut du pied) ou de celui des Australes, à la technique
marquisienne. Faut-il voir dans la présence des protubérances, le
souvenir d'une période plus ancienne, la technique marquisienne
du cerceau étant plus récente ? Comme ce tambour provenant de
Fangatau, est peut-être le seul tambour des Tuamotu qui ait été
conservé jusqu'à nos jours, il est bien difficile de répondre en ne
s'appuyant que sur un seul spécimen (figure 12).
Un cas original de tambour à fixation doublement indirecte est
celui du tambour sur cuisse particulier aux Iles Hawaii. La caisse
de résonance est une noix de coco découpée et évidée. L'ouverture
circulaire est bouchée par une peau de requin repliée sur les parois
externes de la noix de coco. Les cordes de tension sont fixées à la
peau directement par les perforations ou par le même système de
laçage que celui qui était employé pour les grands tambours
cylindriques. Elles sont tendues par un cercle de cordes entourant
la base de la noix de coco, chaque corde passant par dessus, et
remontant dessous le cercle. Pour jouer, on attachait le tambour
sur la cuisse, au-dessus du genou (BUCK, 1964, p. 401-405).
La fixation inférieure des cordes à un cercle rapporté, selon le
système marquisien, est une invention ingénieuse et originale qui
ne semble pas se retrouver ailleurs qu'en Polynésie. Peut-être
faudrait-il en rechercher des exemples parmi les populations sans
écriture de l'Indonésie.
La fixation sur un cercle de cordes, utilisée pour le tambour sur
cuisse hawaiien, représente peut-être une étape intermédiaire. Un
tambour du Bas Sépik (British Museum, dans CRANSTONE, Pl.
un cercle de corde au tiers supérieur environ de la
caisse. Le cercle paraît être maintenu en place par le bec d'un
oiseau sculpté en poignée et tendu par une cheville en os. Il sert à
la fixation inférieure des cordes de tension.
9, c.), montre
Il faut signaler enfin le cas particulier d'un tambour provenant
de Huahine et conservé au Musée de Tahiti sous le numéro 99. La
cercle souple, s'emboîte
rapporté en bois
grossier, enserre la peau tout autour de l'ouverture : les cordes de
tension sont fixées à ce cerceau, puis attachées au pied du
tambour. Mais cet objet n'est pas ancien et il ne s'agit pas d'une
méthode de fixation "polynésienne".
peau,
sur
dont les bords sont retournés sur
la caisse
comme un
un
couvercle. Un
cerceau
Les décors
La classification des modes d'attaches pratiqués
différents archipels fait apparaître certaines convergences
646
Société des
Études
Océaniennes
dans
dans
Tambour des Tuamotu. 120 cm. Bernice P.
Dessin de K.P. Emory.
Bishop Museum.
647
Société des
Études
Océaniennes
13.-
Très grand tambour. Marquises. 165 cm. Musée de Rochefort. Peau de requin. Remarquer les ornements en tapa et
les ligatures.
14.-
Tambour sculpté. Iles Australes. 130 cm.
Collection Hooper.
648
Société des
Études
Océaniennes
la solution du même problème. Mais ces affinités sont tout à fait
indépendantes des formes et des décors particuliers à chaque
groupe d'îles.
Le tambour d'Aitutaki, aux Iles Cook, illustré par Buck est plus
massif et plus pansu que l'ensemble des tambours polynésiens à
membrane. Ses décors sont discrets : ce sont des rangées de croix
et de triangles peints alternés. Un autre tambour de la même île
du pied.
On voit des motifs similaires, incisés cette fois, sur le tambour
déjà cité de Mangareva. La forme générale de ce tambour,
cylindrique allongée, est la plus proche, avec celle du tambour des
Tuamotu, de la forme originelle du tronc d'arbre. Sur ce dernier, le
présente des chevrons imbriqués sur les montants
décor est inexistant.
Si on considère que les formes très décorés proviennent toutes
des Iles Australes, il apparaît que le tambour tahitien est
dépourvu d'ornement, la seule fantaisie étant la bande de tapa
enroulée autour de la base pour
dissimuler la fixation des cordes
(figure 9).
La beauté des tambours marquisiens vient surtout de
l'harmonie, de l'équilibre des formes, de l'agencement esthétique
autant que fonctionnel, des cordes et des ligatures. Les tambours
classiques n'ont pas d'autres motifs sculptés que les cannelures
transversales régulièrement creusées tout autour de la caisse et les
deux bandes concaves de la base du pied. Mais quelques tambours
marquisiens présentent sur les montants du pied et parfois sur la
base elle-même, des sculptures en faible relief représentant des
visages de tiki et des motifs traditionnels, inspirés des dessins de
tatouages (figures 10 et 11).
On sait par les écrivains anciens, Melville (Typee) et Radiguet
(Les derniers sauvages), qu'au cours des cérémonies, les grands
tambours étaient décorés de bandelettes de tapa blanc alternant
avec des ligatures ornementales en bourre de coco brute ou teinte
en noir. Ces observations sont confirmées par l'existence de très
beaux tambours, l'un de très grande taille, conservés dans des
musées français, à Rochefort et à Lille (figure 12).
matière d'art décoratif appliqué
été atteint par les habitants des
Australes et les Hawaiiens. Si on compare l'art des deux groupes,
on s'aperçoit d'ailleurs qu'il n'est pas sans rapport. Dans les deux
cas, on trouve le même motif de base plus ou moins stylisé : un
personnage humain, bras et jambes écartés. Seul le pied du
tambour est sculpté ; aux Australes, il est très allongé et souvent
presque aussi haut que la caisse elle-même. Les tambours
hawaiiens sont plus trapus et le pied ne dépasse guère le tiers de la
Mais il est incontestable, qu'en
aux
tambours, le couronnement
a
649
Société des
Études
Océaniennes
hauteur totale.
Sur les tambours de Raivavae, les motifs forment
circulaires superposées. La paroi du pied est découpée
laissant des motifs sculptés en reliefs plats.
des frises
"à jours",
plus souvent les motifs figuratifs alternent avec les décors
figuratifs : on distingue une rangée de personnages stylisés,
avec les bras levés, une tête triangulaire où les traits du visage
sont visibles et au-dessous une série de ligne courbes séparées par
un trait vertical en une, deux, trois ou quatre rangées superposées.
Ces alternances peuvent se reproduire jusqu'à huit fois du haut en
bas du pied (figure 13).
Le
non
Les personnages stylisés et les décors non figuratifs sont
toujours séparés sur les tambours hawaiiens. P. Buck a illustré
une série de pieds décorés de motifs non figuratifs, qui vont des
simples montants verticaux à quelques rangées "d'arches" pour
les tambours de danses et jusqu'à six rangs d'arches pour les
tambours de cérémonie (BUCK, 1964, p. 397-398). Les motifs que
Buck désigne par "arches" sont des décors en ondes, découpés
dans la paroi et séparés par des "jours", comme sur les tambours
de Raivavae. Ces motifs courbes, disposés tous dans le même sens,
ou inversés d'un rang à l'autre ne sont pas sans rappeler les
courbes découpées sur les tambours des Australes : mais les
courbes sont souvent plus accentuées et il y manque la ligne
verticale.
Sur les tambours présentant des personnages, ceux-ci sont
sculptés en ronde-bosse et comme pour les sculptures bien connues
des plats ou bols en bois, ils semblent supporter sur leurs bras
levés tout le poids du tambour. Ces sculptures, par leur puissance
et leur dynamisme sont parmi les plus élaborées que nous ait
laissé l'art polynésien.
Sur le tambour très
connu
de la collection Oldman (Canterbury
de personnages, les neuf du dessus
les épaules des neuf du rang inférieur.
Entre les têtes de deux danseurs du groupe supérieur, on distingue
une tête
supplémentaire sculptée sans corps "pour doubler
l'impression de nombre", nous dit Roger Duff (p. 67). Ces têtes
proéminentes, de contour triangulaire, font nettement penser aux
têtes sculptées sur des volumes en relief à la base de la caisse des
tambours des Australes, et servant à la fixation des cordes de
Museum), il y a deux
appuyant leurs pieds
rangs
sur
tension.
Enfin, il est un trait commun à beaucoup de tambours
polynésiens, en tous cas, hawaiiens, marquisiens et des
Australes, c'est la présence sur la surface de la caisse, de
cannelures horizontales, sculptées peut-être pour rappeler la
650
texture du tronc de cocotier
original.
Ultérieurement, on tentera d'étudier l'évolution des tambours à
Tahiti, leurs formes modernes et la manière d'en jouer.
Anne
LAVONDÈS
O.R.S.T.O.M.
Bibliographie
BUCK, P. H.
-
-
Samoan Material Culture, Bishop Museum
1930.
Bull. 75,
Ethnology of Mangareva, Bishop Museum Bull. 157,
1938.
-
-
-
Arts and
Bull. 179,
Crafts of the Cook Islands. Bishop Museum
1944.
Coming of the Maori, Wellington, 1962.
The
Arts and Crafts of Hawaii,
Bishop Museum, 1964.
CRANSTONE, B. A. L.
Melanesia, A short ethnography, British Museum,
Londres, 1960.
-
DA VIES, J.
A Tdhitian and
-
English dictionary, Tahiti, 1851.
DUFF, R. ed.
-
No sort of iron, 1969.
ELLIS, W.
-
Polynésie d'autrefois. Trad.française, Paris, 1972 (Publications de la Société des Océanistes, n° 25).
A la recherche de la
EMORY, K. P.
-
Material Culture of the Tuamotu
Archipelago, Bishop
Museum, 1975.
651
Société des
Études
Océaniennes
GUIART, J.
Océanie, Paris, 1963.
-
HENRY, T.
Tahiti aux temps anciens. Trad. B. Jaunez, Paris, 1962.
(Publications de la Société des Océanistes, n° 1).
-
KOOIJMAN, S.
Tapa in Polynesia. Bishop Museum Bull. 234, 1972.
-
MOERENHOUT, J. A.
Voyages aux Iles du Grand Océan, 1837.
-
MORRISON, J.
-
Journal de James Morrison. Trad. B. Jaunez, Papeete,
1966.
OLIVER, D. L.
-
Ancient tahitian society, 1974.
SCHAEFFNER, A.
Origine des instruments de musique. Maison des
Sciences de l'Homme, Paris, 1968.
-
ca
1850
652
Société des
Études
Océaniennes
Sismicité
et activités volcaniques
en
Polynésie
Polynésie d'un réseau de stations sismologiques
grande sensibilité, a permis de mettre en évidence une sismicité
de faible énergie qui, jusque là, passait inaperçue. L'étude de cette
sismicité d'une croûte océanique, à mi-chemin de la dorsale du
Pacifique Sud-Est et de l'arc insulaire des Tonga - Kermadec,
entre dans le cadre des théories actuelles de la tectonique des
plaques, expansion des fonds océaniques.
La Création
en
à
Une courte description du réseau sera
sismicité polynésienne.
Réseau
suivie d'une étude de la
sismique polynésien
Le réseau sismique polynésien dépend du "Laboratoire de
Détection et de Géophysique" qui est un service du
Commissariat à l'Energie Atomique. Il est composé de 11
stations sismologiques réparties à Tahiti (5 stations), Rangiroa
(4 stations), Rikitea (1 station) et Tubuai (1 station). Les
informations des 9 stations de Tahiti et Rangiroa sont
retransmises par télémesures vers le laboratoire de Pamatai où
se
font les enregistrements graphiques et magnétiques
permanents. (Figure 1).
Tahiti et 1966/67 pour Rangiroa, ce
à l'heure actuelle, son équivalent dans le Pacifique.
Il n'a pas son équivalent en tant que réseau, mais aussi par la
sensibilité des stations qui le composent. Les sismographes
miniaturisés sont en effet suivis d'une amplification électronique
qui permet d'adapter la réponse des chaînes sismologiques au très
fort bruit de fond microsismique observé sur les petites îles
Créé
en
1962/63 pour
réseau n'a pas
polynésiennes. L'élimination, ou l'atténuation, de certaines
composantes de ce bruit de fond microsismique rend possible
l'utilisation de fortes amplifications. C'est ainsi que, pour les
enregistrements à courtes périodes, le déplacement du sol est
amplifié 100.000 fois à 1 Hz et, pour certaines stations, 2 millions
653
société des Etudes Océanit
amplifications utilisées
îles Cook, Raoul aux îles Kermadec, et
généralement dans les stations sismologiques insulaires équipées
de matériel traditionnel, sont environ 20 fois inférieures (5.000 à 1
de fois à 3 Hz. A titre de comparaison, les
à
Rarotonga
aux
Hz).
Ce réseau est le seul au monde à être situé dans une région
océanique éloignée des dorsales et zones de subduction ou, plus
généralement, des limites des grandes plaques tectoniques dont le
déplacement relatif provoque la majorité des séismes et
manifestations volcaniques. Cette situation exceptionnelle et la
grande sensibilité de ses stations lui a permis, entre autres
activités, de détecter et d'étudier les petits séismes polynésiens.
Sismicité polynésienne
Dans la zone comprise entre 5 à 30° Sud et 125 à 160° Ouest, nous
relevons sept régions présentant une activité sismique : (Figure 2)
-
-
-
-
-
-
-
1
2
3
4
5
6
7
-
-
-
-
-
Iles de la Ligne
Nord Ouest des Tuamotu
Nord Ouest des Iles de la Société
Tahiti et Mehetia
Nord des Iles Australes
Iles Australes
Nord des Iles Gambier
Nous avons cherché à distinguer entre l'activité sismique liée à
la tectonique générale du Pacifique Sud et la sismicité liée à un
volcanisme actif. Dans la première catégorie, entrent les
alignements d'épicentres des Tuamotu du Nord-Ouest, ceux des
Iles de la Ligne qui, en énergie, représentent l'activité la plus
importante, et ceux du Nord des Iles Gambier. En outre, bien que
l'éloignement des stations sismiques rende difficile
l'interprétation des séismes que l'on y observe, il semble probable
que la majorité des épicentres, assez dispersés, des îles Australes
ait une origine tectonique. Nous entendons par origine tectonique,
liée directement aux mécanismes de l'expansion des fonds
océaniques, que ce soit aux grandes fractures du Pacifique Sud ou
au déplacement de la lithosphère vers les arcs insulaires du
Pacifique Ouest.
ayant pour origine un volcanisme actif sont
dans la région de Tahiti - Mehetia et aux îles
Les séismes
concentrés
Australes, avec le volcan sous-marin Mac Donald. Les
épicentres du Nord-Ouest des îles de la Société pourraient aussi
avoir pour
origine
un
volcanisme actif.
Signalons que, en ce qui concerne une activité sismique de faible
énergie, du même ordre, ou inférieure, à celle de Tahiti - Mehetia
654
Société des
Études
Océaniennes
et du volcan Mac
Donald, le réseau actuel du L D G ne couvre pas
la zone précédemment citée. Des mesures temporaires,
effectuées aux îles Marquises et Australes, n'ont cependant pas
permis de déceler des épicentres autres que ceux reportés sur les
toute
figures 2 et 3.
La proximité des stations a permis une étude détaillée de la
sismicité de la région de Tahiti - Mehetia. Les essaims de
séismes en deux sites bien définis, les caractéristiques des
faisant appel à des mécanismes différents
typiques de phénomènes volcaniques, la profondeur des foyers et
leur localisation, à proximité de deux hauts-fonds, permettent de
conclure à la présence de deux volcans sous-marins actifs.
(Epicentres 4 et 10 de la figure 3).
sismogrammes
Le contexte volcanique de cette zone est aussi favorable à cette
interprétation. Les datations et reconnaissances géologiques
effectuées par Brousse, Deneufbourg, Krummenasher et
Noetzlin, situent l'activité principale du volcan de Tahiti à
quelques millions d'années, les dernières manifestations
remontant à 400.000 ans. Quelques centaines de milliers d'années
pour la presqu'île de Taiarapu sensiblement plus jeune. Enfin, le
volcanisme de Mehetia daterait de l'époque historique, soit
quelques milliers d'années seulement.
Cette
zone
de volcanisme actif est située à l'extrémité sud-est de
ces îles va croissant d'Est en
Ouest. Si l'on admet la théorie proposée par Morgan en 1970,
l'archipel de la Société et l'âge de
nous
pourrions avoir ici
un
point chaud. Point chaud secondaire
il s'agit d'un volcanisme sur son déclin et l'énergie libérée n'est
pas comparable à celle libérée, par exemple, aux îles Hawaii.
car
Mais, ce volcanisme pourrait aussi être dû à une déchirure de la
croûte, comme le propose, plus récemment, Turcotte pour
alignements volcaniques intra-océaniques
hypothèse serait, à divers titres, plus satisfaisante.
certains
;
cette
Quoi qu'il en soit, entraînés par l'expansion des fonds
océaniques, tous les volcans ou, si l'on préfère, toutes les îles de
l'archipel de la Société, s'éloignent de cette zone productive de
magma. Ce déplacement vers le Nord-Ouest, à des vitesses non
négligeables de l'ordre de 6 cm. par an (600 km. en 10 millions
d'années) rend très improbable le réveil de ces volcans qui,
rappelons-le, à une exception près, sont éteints depuis quelques
centaines de milliers d'années pour les plus récents.
Au contraire des séismes d'origine volcanique, les séismes
d'origine tectonique sont souvent uniques, ou en petit nombre,
dans un délai de quelques années. On assiste parfois à une
migration de cette sismicité suivant l'ordre chronologique dans
655
e:
correspondant à l'axe, contemporain, de
des fonds océaniques dans le Pacifique Sud,
conformément aux pôles de rotation de la plaque du Pacifique
direction
une
l'expansion
Ouest.
Il est intéressant de constater que l'on ne signale
habituellement pas de séismes en dehors des limites de plaque, ce
qui, pour le Pacifique Central Sud, correspond à la dorsale du
Pacifique Sud-Est (très approximativement orientée Nord-Sud, à
la longitude de l'île de Pâques) et à l'arc insulaire des TongaKermadec. Il faut, à notre avis, tenir compte de l'éloignement de
ces régions océaniques de stations sismologiques sensibles, la
sismicité, de faible énergie, dont nous parlons ici existe
certainement par ailleurs dans les croûtes océaniques, mais n'est
pas détectée.
Entreprise
en
Polynésie,
l'étude de cette sismicité,
mécanismes de l'expansion des fonds
océaniques, que ce soit aux grandes fractures du Pacifique Sud ou
indiscutablement liée
aux
au déplacement de la lithosphère vers les arcs insulaires du
Pacifique Ouest, devrait aider à élucider certains aspects de la
théorie de la tectonique des plaques.
J. TALANDIER
Bibliographie sommaire
-
-
BECKER M., R. BROUSSE, G. GUILLE et M. BELLON. —
Phases d'érosion, comblement de la vallée de la Papenoo et vol¬
canisme subrécent à Tahiti, en relation avec l'évolution des îles
de la Société - Marine Géologie, 16 M 71 - M 77, 1974 BROUSSE R. — Compte rendu des missions Muséum VI, VII et
IX Service Mixte de Contrôle Biologique - 1969, 1972, 1974.
-
-
Rapport spécial sur la reconnaissance
géologique générale de l'île de Tahiti - Bureau de Recherche Géo¬
logique et Minière - Mai 1963.
DENEUFBOURG G.
—
KRUMMENACHER D. et J. NOETZLIN. — Ages isotopiques
K/A de roches prélevées dans les possessions françaises du Pa¬
-
cifique
-
-
Bull. Soc. Géol. Fr, Ser 7 8
MORGAN W. J.
—
:
173
Convection plumes
-
175
-
1966.
in the lower mantle - Na¬
ture, 230, 42, 43, 1971.
-
TALANDIER J. et G. KUSTER. — Seismicity and submarine
volcanic activity in french Polynesia - Journ. of Geophys. Res.,
vol 81, P 936 - 948 - 1976.
656
Société des Etudes Océaniennes
-
TURCOTTE D. L. et E. R. OXBURGH.
Nature, vol 244, P 337, 339 - 1973.
FIGURE 1
-
—
Mid plate tectonics
-
Répartitions des stations de TAHITI et RANGIROA. Les informations de ces 9 stations sont
retransmises, en permanence, par télémesures
vers le laboratoire de PAMATAI.
657
Société des
Études
Océaniennes
FIGURE 2
-
FIGURE 3
-
Epicentres localisés dans le Pacifique Central Sud,
avec l'année où se sont produits le, ou les, séismes.
Antérieurement à 1962, la précision de ces localisa¬
tions est douteuse. On remarque l'alignement d'épicentres des TUAMOTU du Nord-Ouest.
Epicentres localisés dans la région de TAHITI
-
MEHETIA. Le diamètre des cercles est fonction de
la précision de la localisation. Les épicentres 4 et
10 sont proches de hauts fonds à 180 et 2.000 mè¬
tres sous la surface de l'océan. Ces deux hauts
fonds sont des volcans sous-marins en activité à
l'heure actuelle. Les séismes de cette région attei¬
gnent exceptionnellement la magnitude ML 3,0 et,
depuis 1962, aucun n'a dépassé ML 3,5. Il s'agit
donc
d'une
Société des
sismicité
Études
de
faible
Océaniennes
énergie.
Chronologie sommaire
des principaux voyages, collections,
et publications relatives à la flore des îles de la
Société
aux
19ème et 20ème siècles
fait suite à l'article publié, p. 602-608, dans le
ce "Bulletin". Pour faire court, toutes les
références mentionnées par l'auteur sont signalées d'après la
Bibliographie de Tahiti et de la Polynésie Française d'O'Reilly et
Reitman, publiée en 1969 dans la série des publications de la
Société des Océanistes sous le n° 14. OR 2695 signifie qu'on
Cette chronologie
dernier numéro de
trouvera
les
bibliographie,
travaux
sous
d'Orsmond
en
se
reportant
à
cette
le n° 2695.
1817 1856
J. M. Orsmond, missionnaire,
de plantes et de leurs usages
-
laissa un recueil de noms tahitiens
qui fut publié en 1928 par Teuira
Henry (OR. 2695 et 4676).
1822 - 1825
R. P. Lesson
avec L. I. Duperrey, sur la Coquille, collectionna
quelques plantes. Les phanérogames de ce voyage furent décrits
en 1829 par Brongniart (OR. 822) et les cryptogames par Bory de
Saint Vincent (OR. 822). Lesson inclut des chapitres sur les
plantes de Tahiti dans sa relation de voyage (OR. 828). Arago
écrivit le compte rendu général du voyage (OR. 819).
1826
Le Capitaine Beechey sur le Blossom.
de plantes fut rassemblée par Lay et
publié
par
1827
1828
-
Une importante collection
Collie et un compte rendu
Hooker et Arnott (OR. 2513).
Hugh Cuming fit une petite collection à Tahiti, qui est évaluée par
St John (OR. 2618 a). Ces plantes se trouvent maintenant à Kew.
1830
Le Capitaine
Waldgrave décrivit quelques plantes des Iles de la
Société, devant la Royal Geographic Society (OR. 2374).
659
Société des
Études
Océaniennes
1831 - 1834
Bertero et Moerenhout firent
qui fut décrite
par
une importante collection de plantes
Guillemin (OR. 2495).
1834
Th. Nightingale collecta quelques plantes, surtout à Huahine et
une liste des fougères de W. J. Hooker fut ajoutée comme index
botanique dans Nightingale (OR. 7539).
1835
Le Capitaine Fitzroy et Charles Darwin sur le Beagle. Darwin
nota dans son journal quelques observations sur les plantes des
Iles de la Société (OR. 2003).
1836
S. Endlicher
publia une liste de toutes les plantes connues en
de la Polynésie, de la Micronésie et de la NouvelleZélande (OR. 2457).
provenance
1836
1839
Du Petit-Thouars
-
la Vénus. Un très petit nombre de
plantes fît l'objet d'un compte rendu de Decaine (OR. 948).
sur
ses
1836
1842
Le Capitaine Belcher sur le Sulphur. Hinds et Barclay
collectionnèrent quelques plantes. Hinds publia une description
-
superficielle de la végétation dans le récit de
(OR. 929).
voyage
de Belcher
1837 - 1840
Dumont d'Urville sur l'Astrolabe et la Zélée. Des collections
furent faites par Hombron, Jacquinot et Le Guillou. Hombron et
Jacquinot éditèrent les documents botaniques du voyage (OR.
948) et Dumont-d'Urville en fît la narration (OR. 946).
1839
Expédition d'exploration U. S. sous le commandement du
capitaine Wilkes. Wilkes (OR. 995 a et b) rédigea le récit général du
voyage. Des plantes furent collectées par Pickering, Rich, et
Brackerridge. De nombreux comptes rendus sur les plantes à
fleurs furent publiées par Asa Gray (OR. 2479 - 2484) et
Brackerridge rédigea la partie fougères (OR. 2414).
1843
Virey s'intéressa à la flore des Iles de la Société du point de
économique (OR. 2718).
1845
-
vue
1847
Expédition du Galathea,
plantes (OR. 1087).
1845 - 1847
Le Dr Johnston
rédigea
avec
un
Didricksen collectant quelques
court article
sur
la Botanique de
660
Société des
Études Océaniennes
Tahiti. Ce papier fut trouvé parmi les papiers de William
Swainson et son auteur est inconnu. Rehder (OR. 2706) l'attribue à
Nadeaud, et Merrill
d'après Nadeaud.
pense en
effet qu'il s'agit d'une traduction
1847
Vesco, chirurgien de YUranie,
plantes à Paris (OR. 2304).
envoya un
certain nombre de
1848
E. Delessert écrivit une relation de ses voyages dans l'Atlantique
et le Pacifique ; on y trouve des notes sur la végétation des Iles de
la Société (OR. 1073).
vers
1850
Bidwill, Sibbald et Ribourt collectèrent quelques plantes.
1851
1853
Andersson et Ponten, botanistes sur
-
l'Eugénie, constituèrent une
petite collection. C'était une expédition suédoise et le récit en fut
écrit en suédois par Skogman en 1855. Son compte rendu
mentionne quelques plantes des Iles de la Société. Pour la
traduction allemande voir Skogman (OR. 1179).
1852 - 1857
E. Jardin (OR. 2516)
collecta un grand nombre de plantes aux
Marquises et se procura quelques plantes à Tahiti. Il publia
également un supplément à Guillemin (OR. 2519).
1855
J. Pancher et E. Vieillard constituèrent
Pancher publia un papier succinct sur la
une petite collection et
flore dans Cuzent (OR.
2688).
1856
1859
J. Nadeaud fit des collections de plantes très importantes, et
-
ainsi qu'un
Tahiti (OR.
certain nombre de notes taxonomiques (OR. 2576 -
un compte rendu des plantes utiles (OR. 2705)
état de la flore (OR. 2574), un essai sur la botanique de
publia
2706) et
2580).
un
1856 - 1863
G. Cuzent, résident à Tahiti, écrivit deux études importantes sur
les plantes utiles et médicinales (OR. 2731 - 2688) et quelques
papiers plus succints (OR. 2764
-
2883 a).
1857
Lépine,
un
pharmacien en poste à Tahiti, collecta un certain
publia au moins un article (OR. 2890).
nombre de plantes et
1857
1859
Le Commodore Wullerstorf-Urbain
-
sur
le Nouara. Jelinek fit une
661
Société des
Études
Océaniennes
petite collecte qui se trouve maintenant dans l'Herbier de Vienne.
La partie botanique du voyage fut éditée et publiée par Fenzl (OR.
1224). Voir également un article de G. von Frauenfeld (OR. 1232).
1865 - 1873
La Flora Vitiensis de Seeman (OR. 2626) contient une liste de
toutes les plantes des Iles de la Société se trouvant au British
Museum à l'époque.
1865 - 1884
H. Jouan publia plusieurs études sur les plantes utiles (OR. 2524 ;
2747 ; 2691 ;
2693
;
2345
;
4465).
1870
Le Rev. S. J. Whitmee constitua
ca
une
petite collection.
1875
Le Capitaine Spry sur le Challenger. H. N.
constitua une petite collection de plantes.
Moseley (OR. 1302)
Baker, écrivit une
description des fougères (OR. 2388).
1878
Vernier et P. Savatier, botanistes sur la Magicienne, ramenèrent
à Paris un certain nombre de plantes. L'herbier de Savatier est
maintenant à Kew ; voir Stapf (1909). Un bref récit du voyage fut
publié
par
Savatier (OR. 9049).
1886
Les pages de J. L. de Lanessan (OR. 2696) sur les plantes utiles de
Tahiti n'est autre qu'une compilation basée sur Nadeaud (2705) et
Cuzent (OR. 2731).
1886 - 1898
Emmanuel Drake del Castillo rédigea la première flore qui
comprenait les Iles de la Société (OR. 2304), un état de toutes les
plantes de Polynésie (OR. 2452), et un certain nombre de courts
articles (OR. 2325 ; 2326 ; 2455).
1891
La Flore Tahitienne de E. Butteaud
(OR. 2428) est un état, compilé
inexactitude, de la flore indigène accompagnée de notes
originales sur les plantes citées.
avec
1905 - 1906
L. G. Seurat
2716 ; 6370 ;
1909
-
publia plusieurs articles
5663).
sur
les plantes utiles (OR.
1912
Leloud, Chase et Tilden constituèrent
1910
F. W. Christian (OR. 6152)
sur les plantes utiles.
une
petite collection.
publia quelques notes, principalement
662
Société des
Études
Océaniennes
1918
Le prince
Roland Bonaparte publia une liste de
(OR. 2313 à 2315).
tahitiennes accompagnée de notes
1921
F. Brown obtint un petit nombre de spécimens. Dans
Southeastern Polynesia, F. Brown et E. Brown (OR.
étudient un certain nombre de plantes des Iles de la
que
fougères
leur Flora of
2420 - 2426),
Société bien
la flore soit principalement consacrée à toute la Polynésie du
l'exception des Iles de la Société.
Sud Est, à
1921
-
1923
Expédition Whytney
importante collection.
Quayle et Curtis constituent une
-
1922
W. A. Setchell et Parks constituent une
importante collection et
compte rendu sur les plantes à fleurs, publié par
Setchell (OR. 2360 et 2366). Maxon (OR. 2557) se chargea des
fougères et R. Viguier (OR. 2373) écrivit quelques notes générales
sur la végétation, compilée de Setchell.
rédigent
un
1926 - 1927
J. W. Moore constitua une
collection complète à Raiatea. De tout
que j'ai
de Polynésie c'est ce qui s'approche le
plus d'un herbier complet. Une description de ses nouveautés a été
publiée (OR. 2565 à 2568).
vu en provenance
ce
- 1932
G. P. Wilder collecta dans les
1926
publia
un
papier
sur
Iles de la Société (OR. 2375,2759) et
l'arbre à pain de Tahiti (OR. 2772).
1927
L. H. Macdaniels
constitua une grande collection. De
collection, Moore décrivit 14 espèces nouvelles (OR. 2779).
1929 - 1930
A. M. Adamson collecta
1930 - 1931
Récoltes de Grant, sur
1932
E. B.
cette
plusieurs plantes à Tahiti.
laquelle
sa
flore est basée.
Copeland publia un article sur les fougères de la collection de
(OR. 2438).
Grant
1934
L'expédition de Mangareva avec St John et Fosberg. Plusieurs
papiers ont été publiés sur les plantes collectées par eux. Voir E. B.
Copeland (OR. 2438 à 2440), Fosberg (OR. 2472 à 2476), Heimerl
(OR. 2499), Scherff (OR. 2633), et Sussenguth (OR. 2656).
663
Société des
Études
Océaniennes
1961
Une toute
Murray et
petite collection fut constituée à Moorea par Elisabeth
se trouve maintenant au Bishop Museum.
1963
M.-H. Sachet collecta à Tahiti et des exemplaires seront déposés
au Bishop Museum et dans l'Herbier National des E. U.
1963
J. N. Maclet commença à
continué depuis. Beaucoup
National des E. U.
collecter à Tahiti (OR. 2700) ; il a
de ses spécimens sont à l'Herbier
1967
Howard Smith collecta 186 spécimens à Moorea. Un jeu complet
des plantes à fleurs est au Bishop Museum et les fougères sont à
l'Herbier de l'Université de Michigan.
Martin Lawrence GRANT
664
Société des
Études
Océaniennes
LANGDON Robert,
The lost caravel
Pacifique Publications, Sydney, 1975
illust., cartes.
369 pp.
Après le retour d'Elcano, second de Magellan, le roi d'Espagne
fit une seconde et dernière tentative, en 1524, pour assurer sa
souveraineté sur les îles des Epices (les Moluques), en y envoyant
une flotte de sept navires, sous le commandement de Loaisa. A
nouveau,
toutes sortes de désastres se produisirent et,
seul, un des
perdit dans
l'Atlantique, un retourna en Espagne, un sombra près de la côte de
Patagonie, un termina sa course au Mexique et un fit naufrage
aux Philippines. Quant au septième navire, la caravelle San
Lesmes, d'environ 80 tonneaux, il fut aperçu pour la dernière fois
le 1er juin 1526, fendant les eaux du Pacifique.
navires arriva à destination. Des six autres, un se
Nous n'en savions pas plus sur le destin de cette caravelle
perdue avant la publication du livre de Langdon, qui relate pour
nous la suite de ses aventures, avec une surprenante profusion de
détails. Selon lui, le San Lesmes s'échoua à Amanu dans les
Tuamotu, où quatre canons furent largués, ce qui permit de
continuer sur Hao. Mais la caravelle avait subi des dégâts
irréparables et l'équipage construisit donc une nouvelle
embarcation dans laquelle il fit voile vers Anaa. Quelques-uns des
Espagnols s'y établirent et épousèrent des femmes de l'île. Les
autres poursuivirent leur chemin jusqu'à Raiatea mais, après
quelques années, gagnés par la nostalgie, certains d'entre eux
essayèrent de retourner en Espagne par le cap de Bonne
Espérance. Toutefois, ayant en chemin découvert la NouvelleZélande, ils décidèrent de s'y fixer.
La plupart
de leurs descendants héritèrent de leur caractère
aventureux et vagabond. Ceux qui étaient nés à Anaa se
contentèrent de silloner les Tuamotu. Les Hispano-Polynésiens de
par contre, atteignirent non seulement Tahiti et
Raivavae mais aussi l'île de Pâques, pourtant lointaine et isolée.
Partout les naufragés et leurs descendants introduisirent de
nouvelles coutumes, conceptions et techniques, dont l'origine et la
Raiatea,
665
Société des Études Océanienne:
véritable signification ont jusqu'à présent échappé à tous les
spécialistes de la culture polynésienne !
On est tenté de classer immédiatement
ce
livre dans la même
catégorie d'écrits fantastiques, ou disons de science-fiction
anthropologique que ceux de Francis Mazière ou de von Dàniken.
Mais ceci serait injuste pour deux raisons : d'abord parce que
Langdon est un excellent écrivain et ensuite parce qu'il ne spécule
pas bassement sur la crédulité des gens mais manque tout
simplement d'esprit critique et scientifique. Il ne faut pas oublier
non plus les immenses services qu'il a rendus à tous les chercheurs
en sa qualité de directeur du fameux Pacific Manuscript Bureau
de l'Université nationale
d'Australie.
Je tâcherai donc
d'examiner sérieusement, l'un après l'autre, les faits nouveaux
qu'il présente et les conclusions qu'il
en
tire.
La première question qui se pose est évidemment celle-ci :
Existe-t-il une preuve quelconque de l'échouage de la caravelleSan
Lesmes aux Tuamotu ? Pour Langdon, les deux canons d'Amanu
installés devant le Musée de la Découverte, à la pointe Vénus,
proviennent sans aucun doute de ce navire. En réalité, il ne s'agit
là que d'une supposition. L'autre "preuve" que Langdon monte en
épingle est encore plus curieuse : il cite l'article du Père Audran,
publié dans le BSEO, n° 22, pp. 317-8, sur les guerriers ou pirates
appelés Hiva qui, aux temps anciens, faisaient parfois des raids
dans les atolls des Tuamotu. Un de ces Hiva, qui débarqua à une
époque non déterminée à Hao, était, selon les traditions recueillies
par le Père Audran, particulièrement méchant. Par exemple, "il
s'amusait à détacher d'énormes blocs de corail de l'extérieur et à
les lancer à terre, tout comme de petites pierres. A chaque instant,
il y avait naturellement des blessés. Quand il était de mauvaise
humeur et que ça n'allait pas, il saisissait un cocotier, le
déracinait, le brisait et
comme pour narguer ses
contradicteurs
l'émiettait devant eux comme un rien." Des traditions semblables
sont connues dans presque toutes les îles Tuamotu et le Père
Audran en a trouvé à Hao, Ravahere, Marokau, Nihiru, Makemo
Fangatau. Tous les tahunga interrogés par le professeur Emory
le linguiste Frank Stimson, pendant leurs nombreuses
expéditions aux Tuamotu dans les années 1930, ont fourni des
renseignements supplémentaires sur les Hiva. Les puta tumu que
j'ai copiés moi-même en 1950 abondent également en détails sur
les exploits de ces affreux Hiva. Le Père Audran, ainsi que ces
chercheurs du Bishop Museum, sont d'accord avec les tahunga
qu'il s'agissait de pirates marquisiens. Comment Langdon en estil arrivé à identifier ces Hiva avec des naufragés espagnols ? Voici
ses arguments : 1) les pierres en question étaient en réalité des
boulets de canon, 2) seuls des Européens, incapables de grimper
sur un cocotier, l'abattait afin de se procurer des noix à boire !
et
et
666
Société des
Études
Océanienne
La tradition que Langdon cite pour prouver que les naufragés
espagnols construisirent bien une embarcation pour quitter Hao,
est aussi vague et imprécise. Elle a été notée par Frank Stimson,
en 1929, lorsque "les habitants de Hao lui racontèrent qu'aux
temps anciens, une grande pirogue de haute mer - la plus grande
jamais construite à Hao - était partie pour une destination
inconnue et n'était jamais revenue. Son nom était Tainui - tai
signifie 'océan' et nui 'grand'".
Après avoir fourni ces deux "preuves" historiques Langdon
change subitement de méthode et consacre le reste de son livre à
une analyse de la culture indigène dans le but d'y discerner des
éléments et des influences espagnols. Empruntons ses propres
mots : "Une lecture attentive des ouvrages sur le Pacifique,
publiés depuis quatre siècles et demi, a convaincu l'auteur qu'il
existe ou plutôt qu'il existait dans la culture de ces peuples des
anomalies que, seule, la survie de l'équipage de cette caravelle
peut expliquer." Ces prétendues
"anomalies" - que les ethnologues
appellent d'habitude des traits culturels - sont si révélatrices, nous
affirme Langdon, que tout lecteur finira par accepter ses thèses,
quelle que soit sa méfiance initiale. Acceptons le défi et
parcourons ensemble les dix-huit chapitres restant du livre.
Avec une certaine consternation, nous découvrons vite que
l'anomalie qui a le plus frappé Langdon n'est pas un trait culturel
mais un fait génétique archi-connu : l'existence d'un élément
blond en Polynésie. L'excellente étude de Jean Poirier, paruk dans
le Journal des Océanistes en 1952, démontre clairement que ce
n'était pas seulement en Polynésie mais aussi en Mélanésie et en
Indonésie que les premiers navigateurs rencontrèrent parfois des
individus aux cheveux blonds ou roux et à la peau blanche.
Heyerdahl cite dans son ouvrage monumental American Indians
in the Pacific de nombreuses sources supplémentaires, indiquant
qu'il existait également un élément blond parmi les Indiens
d'Amérique du Sud. Sans que nous sachions comment ni d'où cet
élément a été introduit, il est certain qu'il s'agit d'un apport très
ancien.
Langdon, cet élément blond devient presque une
car il continue à accumuler des citations de sources de
valeur très inégale, dans des chapitres aux titres journalistiques,
comme : Anneau d'or, cheveux roux et chiens de Castille, Des yeux
bleus à Taiarapu, Les grands chefs blancs d'Opoa et Les
habitants de type remarquablement européen de Fangatau. A ses
yeux, il n'existe qu'une explication possible : tous ces Polynésiens
blonds descendent des Espagnols du San Lesmes. A l'objection
que les Espagnols sont plutôt bruns, Langdon rétorque que "vingt
Pour
obsession,
pour
cent de l'équipage
était composé de Basques." Oui, peut-être,
667
céa
d'un équipage d'une cinquantaine de
hommes. Ils auraient donc - si nous allons
jusqu'au bout de la thèse défendue par Langdon - eu le temps de
parcourir tout le Pacifique, toute l'Amérique du Sud et toute
l'Indonésie, subjugant partout les femmes en un temps record et
sans la moindre opposition de leurs maris...
mais vingt pour cent
membres ne fait que dix
Si Langdon est persuadé que les naufragés du San Lesmes ont
laissé unç forte empreinte raciale, par contre, il trouve tout à fait
naturel de ne découvrir aucune trace de leur passage dans les
dialectes polynésiens - même lorsqu'ils ont fait souche dans une
île. Cette absence de mots d'origine espagnole ou basque est
d'autant plus étonnante que nous pouvons constater l'existence
de plusieurs centaines de mots d'origine anglaise dans la langue
tahitienne, due aux contacts avec des marchands et des colons
anglo-saxons au siècle dernier. Pour ne pas citer le cas de Pitcairn,
où le seul survivant des révoltés du Bounty, Alec Smith, a réussi à
imposer sa langue à tous les enfants de ses huit femmes
tahitiennes, de sorte que leurs descendants parlent aujourd'hui
exclusivement anglais. Voici l'explication peu convaincante de
Langdon : "Etant donné que le dialecte tuamotu ne possède que
quinze sons et le dialecte tahitien seulement treize, les mots
d'origine ibériques étaient facilement modifiés, au point d'être
virtuellement méconnaissables après un jour ou deux."
Le contraste entre cet effacement de la
langue espagnole et la
avec laquelle les naufragés du San Lesmes
auraient introduit toute une série de conceptions religieuses, de
moeurs et de techniques européennes est d'autant plus grand. Le
grand
*
facilité
plus frappant est surtout le caractère capricieux et désordonné de
cette acculturation, telle que la conçoit Langdon.
les deux chapitres consacrés à l'introduction
chrétiennes aux îles Tuamotu, celui, déjà
mentionné, concernant Le peuple de type remarquablement
européen de Fangatau et un autre consacré - eh, oui - à Vahitahi,
pays de la Sainte Trinité ! Langdon cite longuement l'étude bien
connue du Père Albert Montiton, parue en 1874 dans Les Missions
Catholiques, et deux études de Frank Stimson, publiées par le
Bishop Museum dans les années 1930. Ces trois études prouvent,
selon Langdon, que des fangu, prétendus d'origine très ancienne,
sont en réalité souvent d'inspiration biblique. Pour une fois, je
suis entièrement d'accord avec Langdon. Sauf lorsqu'il s'agit d'en
expliquer la cause. Pour tous les historiens et ethnologues qui se
sont intéressés à ce problème, tout a commencé en 1817 par l'envoi
aux Tuamotu des premiers évangélistes tahitiens, chargés de
convertir les pauvres païens cannibales. (The History of the
Tahitian Mission, 1799-1830 relate en détail cette aventure
Commençons
des
par
croyances
668
spirituelle). Ils furent suivis dans les années 1840 par des
missionnaires mormons américains, basés à Anaa, et des
missionnaires catholiques français, rayonnant de Mangareva.
Ces derniers emmenèrent, par exemple, en 1863, un groupe
d'habitants de Fakahina et de Fangatau à Mangareva, où ils
furent baptisés avant d'être renvoyés dans leurs îles natales. (On
trouve ce récit dans les Mémoires pour servir à l'histoire de
Mangareva, ouvrage qui contient également des renseignements
intéressants sur la conversion des habitants de Vahitahi.) Il n'y a
donc rien d'étonnant que le Père Montiton et Stimson aient trouvé
des textes en langue indigène, reflétant cette longue
endoctrination protestante, mormonne et catholique.
Cependant, pour Langdon, tout ce prosélytisme, s'échelonnant
plus de cent ans, n'a aucune importance et il a toujours recours
l'arrivée hypothétique d'un petit groupe d'Espagnols en 1526
sur
à
pour
expliquer les croyances observées dans les années
1870 et
1930 ! Mais il y a mieux : le mot espagnol Dios, Dieu, aurait été
conservé aux Tuamotu sous la forme transparente de Kiho ! A ceci
il suffît de répondre 1) que le mot Dios ne peut devenir
phonétiquement que Tio dans le dialecte des Tuamotu, et 2) que le
dieu Kiho n'a jamais existé en dehors de l'imagination
débordante de quelques informateurs malhonnêtes de Stimson.
J'estime inutile de résumer ici une polémique pénible, qui a duré
vingt-cinq années, entre ce linguiste, d'une part, et le professeur
Emory et monseigneur
Mazé, d'autre part.
Après avoir pieusement répandu des doctrines catholiques de la
plus grande orthodoxie aux Tuamotu, les Hispano-Polynésiens comme Langdon appelle constamment les descendants des
naufragés - auraient été subitement saisis d'un zèle réformateur
effréné, allant jusqu'à créer un nouveau culte - celui d'Oro ! Ceci se
serait passé (Langdon pp. 153-4) "une douzaine de générations
environ avant l'arrivée de Wallis, Bougainville et Cook," et
l'endroit choisi pour cet événement capital aurait été le marae
Taputapuatea d'Opoa. Parmi les autres innovations dont ils
seraient responsables, au même endroit et à la même époque,
mentionnons seulement un nouveau type de pirogue (le pahi à
arrondie) - bien qu'il eut été plus logique et utile, à mon avis,
d'apprendre aux hommes de Raiatea à fabriquer des caravelles
espagnoles.
coque
Pour une raison peu compréhensible, le
de naufragés du San Lesmes ne portait pas un
nom espagnol ou basque mais s'appelait Hiro. En revanche, sa
femme polynésienne aurait eu un nom en partie espagnol : Maria,
ou plus
exactement Vai-tu-maria ! Les sources utilisées par
Langdon sont les récits classiques d'Orsmond-Teuira Henry :
Mais
chef de
ce
n'est pas tout.
ce
groupe
669
Tahiti aux temps anciens et de William Ellis : A la recherche de la
Polynésie d'autrefois. Pensant avoir mal lu ces deux ouvrages, j'ai
parcouru attentivement les passages indiqués par Langdon. A
mon grand regret, je n'ai rien pu y trouver au sujet de l'arrivée à
Opoa d'étrangers à peau blanche, douze générations avant la
découverte de Tahiti, et le seul Hiro qui y est mentionné est un chef
polynésien vivant à Raiatea dix-huit générations avant 1767.
Quant à sa femme, son nom était Vai-tu-marie et non Vai-tumaria. Faut-il en conclure qu'elle était française ? Quant à Hiro,
comment pourrait-il être un naufragé basque du San Lesmes,
lorsque la source citée par Langdon lui-même indique qu'il vivait
six générations avant la perte de ce navire ? Encore une énigme
qui exaspère même le lecteur le mieux disposé.
On aurait pu s'imaginer qu'après leur intronisation comme
Grands Chefs Blancs d'Opoa, avec tous les privilèges et
avantages
que
ceci comportait, les humbles matelots du San
Lesmes s'y soient fixés pour toujours. Au contraire, ils sombrèrent
dans la mélancolie, affirme Langdon, au point de tenter un exploit
impossible : rallier l'Espagne par l'ouest, par le cap de BonneEspérance. En route, ils firent escale en Nouvelle-Zélande - ce qui
leur enleva le goût de continuer, "car trouvant le pays verdoyant
et tempéré, comme la côte et les montagnes de Cantabrie sur la
baie de Biscaye, ils décidèrent de s'y fixer. Puisque l'île était
grande, il y avait de la place pour tout le monde... C'était la fin de
leur voyage - le point terminal le plus à l'ouest atteint par les
naufragés du San Lesmes."
Comment Robert Langdon peut-il savoir tout cela ? Les
traditions maori n'en soufflent mot et les archéologues néozélandais n'ont jamais trouvé le moindre objet espagnol au cours
de leurs nombreuses fouilles. La preuve la plus tangible est un
espagnol brisé découvert en 1906 dans le port de
Wellington. Langdon réfute absolument les objections faites à ce
sujet à maintes reprises : que la ville de Wellington existe depuis
1840 et qu'un citadin aurait pu se débarrasser, avant 1906,
d'objets brisés et encombrants en les jetant dans le port. Il a
cependant consulté les spécialistes du Victoria and Albert
Museum de Londres et ceux-ci ont daté le casque à 1570-80, ce qui
signifie qu'il ne peut pas avoir été apporté par les naufragés du
San Lesmes. La réaction de Langdon est alors très révélatrice : il
pense que les spécialistes, étant anglais, se sont probablement
trompés. Mais pourquoi ne s'est-il donc pas adressé à des
spécialistes espagnols ?
casque
Les citations tendant à faire croire que les urukehu, les
individus blonds de Nouvelle-Zélande, descendraient tous des
naufragés du San Lesmes
ne
sont
pas
beaucoup mieux choisies,
670
Société des
Études
Océaniennes
le
était déjà envahi depuis plus de cinquante ans par des
matelots déserteurs de toutes nationalités. Heureusement il reste
l'évidence linguistique. Selon Langdon (p. 247), pas moins de trois
mots maori sont d'origine espagnole : pero (pero, chien), kaipuke
(buqee, bateau) et Parti, un nom qui est "une corruption du nom
poétique Hispani, signifiant Espagnol." Et voilà la
car
elles sont toutes tirées des récits du siècle dernier, alors que
pays
démonstration faite !
Aucun ouvrage sur les grandes énigmes du Pacifique n'est
complet sans un chapitre sur l'île de Pâques et celui de Langdon ne
fait pas exception à cette règle. Il nous offre, comme tous ses
prédécesseurs, une nouvelle clef du mystère des soi-disantes
"tablettes parlantes", rongorongo, dont la caractéristique
principale est qu'elles sont restées muettes. En abordant ce
chapitre, on se demande comment Langdon va s'y prendre pour
établir un lien quelconque entre la perte du San Lesmes, en 1526,
et la découverte des premières tablettes à l'île de Pâques, en 1868.
Il faut bien admettre que ce chapitre final constitue un admirable
crescendo furioso. Il faut d'abord trouver un prototype espagnol
pour cette prétendue écriture. Rien n'est plus simple, répond
Langdon (p. 259), il s'agit d'un système de sténographie
mnémotechnique, inventé par les matelots du San Lesmes, ou
bien de mauvaises reproductions de ces signes sténographiques,
faites par leurs descendants, pour s'amuser. Puisqu'ils n'avaient
plus de papier, ils ont utilisé des tablettes de bois. Même en
voulant bien partager l'optimisme de Langdon en ce qui concerne
le niveau d'instruction de ces simples matelots espagnols et
basques du 16è siècle, on comprend mal comment les HispanoPolynésiens ont pu continuer à scribouiller de cette manière
pendant trois cents ans sans jamais laisser de spécimen de
rongorongo dans les nombreuses îles où ils ont séjourné.
C'est le moment choisi par Langdon pour sortir le plus gros
lapin de son chapeau magique. Il annonce triomphalement que la
sténographie pascuane était également connue à Raivavae,
escale logique et indispensable des Hispano-Polynésiens pendant
leur longue traversée de Raiatea à l'île de Pâques. Dans ce cas
précis, il peut même nous présenter un "sage" en chair et en os,
nommé Hapai, originaire de Raivavae. Ceci fera sourire tous ceux
qui ont connu Hapai. Faut-il rappeler qu'il était employé jusqu'à
sa mort, survenue en 1952, par Frank Stimson et qu'il a passé des
années dans le bureau de celui-ci, place de la Cathédrale, à remplir
des cahiers de ses souvenirs de jeunesse. Si beaucoup de
renseignements qu'il a ainsi fourni sur les anciennes coutumes
sont authentiques, il est également hors de doute qu'il avait vu
aussi bien les copies des tablettes rongorongo, exposées dans le
vieux musée de Mamao, que les nombreux livres sur l'île de
671
les Etude
Pâques de la bibliothèque de Stimson, avant de révéler 'existence
d'une "écriture" identique dans son île natale. Stimson ne prit
jamais ces fabulations au sérieux, ce qui explique pourquoi il ne
les a jamais publiées. Il est donc très regrettable que Langdon
n'ait pas montré la même réserve.
Une autre "preuve" du même genre, montée en épingle par
Langdon, est une étude, faite en 1972, du groupe sanguin de
"quarante-neuf purs Polynésiens de l'île de Pâques". Leur sang
contient un pourcentage très élevé de protéine HLA-12 et W19.1,
pourcentage qu'on ne retrouve nulle part ailleurs dans le monde sauf parmi les Basques ! Pour apprécier la valeur scientifique de
cette étude, il suffit peut-être de rappeler qu'en 1877 - après cent
ans de contacts avec le monde extérieur - il restait seulement 110
insulaires et que si leur nombre atteint aujourd'hui 1.500 c'est en
grande partie grâce à l'apport de nouveau sang.
Arrivé à la fin de
ce vertigineux et très divertissant voyage à
l'espace, il me reste un dernier grief à faire à
Langdon : son manque d'imagination et d'audace. Puisqu'il est si
convaincu de l'influence profonde exercée sur la culture
polynésienne par quelques douzaines de matelots naufragés aux
Tuamotu il y a 450 ans, pourquoi n'a-t-il pas étudié d'autres
naufrages célèbres qui ont eu lieu dans nos eaux ? Je pense, par
exemple, aux cinq matelots hollandais laissés par Roggeveen à
Takapoto en 1722, après le naufrage de YAfrikansche Galei. Si la
thèse de Langdon est correcte, Byron, qui fit escale à Takapoto 43
ans après Roggeveen,
aurait dû y trouver un établissement
hollandais florissant, avec des canaux, des champs de tulipes et
des moulins à vent, peuplé de Hollando-Polynésiens, portant des
pantalons jaunes, des vestes bleues et des sabots... au moins le
dimanche, en se rendant au temple. Comme nous le savons tous, le
seul vestige du passage des Hollandais que put retrouver Byron
fut un gouvernail en mauvais état.
travers le temps et
Nous pouvons conclure, sans grand risque de nous tromper, que
les cinq matelots hollandais restés à Takaroa ont rapidement
connu le destin commun à tous les naufragés dans ces îles de
cannibales. Et il n'y a aucune raison de penser que les matelots du
San Lesmes auraient eu, eux, plus de chance. Si toutefois cette
caravelle s'est perdue aux Tuamotu - ce qui reste, en fin de compte,
à prouver.
Traduit de l'anglais par Mme Nicole Simonet.
Bengt DANIELSSON
672
Société des
Études
Océaniennes
jours de la monarchie
à Huahine : avril 1891—septembre 1895
D'après un registre déposé récemment
Les derniers
à la Société des Etudes Océaniennes
à
Papeete.
Ce registre était conservé par le poste de la Gendarmerie à Fare,
Huahine, d'où il est sorti en Octobre 1976, grâce à la bienveillante
libéralité du Colonel Brossard, commandant le détachement de
gendarmerie de la Polynésie Française qui l'a mis en dépôt à la
Société des Etudes Océaniennes avec permission d'en détacher
quelques pages pour la salle d'Histoire du Musée de Tahiti et des
Iles.
Il s'agit d'un registre commercial de 361 pages lignage rouge,
bleu et gris, numérotées, de 33 x 20 cm, sous couverture muette de
papier de garde, à l'huile. Ce registre dont
la couverture a
beaucoup souffert des insectes et rongeurs est en mauvais état de
conservation. Il est rédigé en tahitien, sauf quelques actes en deux
langues dans sa seconde partie, et porte comme titre : Haaputuraa
i te mauparaufaaau, ce que l'on pourrait traduire par "Recueil des
contrats". Les 274 premières pages seules en ont été utilisées.
Les actes que conserve ce
l'histoire de Huahine :
registre concernent deux époques de
1°
Les 48 premières pages nous offrent un recueil des actes
publics du Gouvernement de Huahine avant l'abdication de la
reine Tehaapapa II. On y trouve la copie des contrats passés entre
particuliers : vente, location, legs ; des "parau tapao",
naturalisation, officialisation d'une marque adoptée par un
éleveur de cochons, publications de bornage de terre ; des copies de
correspondance adressées par le Gouvernement de Huahine aux
fonctionnaires français ou aux gouvernements voisins ; Raiatea
et Bora Bora ; une lettre adressée à un particulier, le prince Hinoi.
-
Ces actes sont généralement signés par la Reine Tehaapapa
Vahine I et par le secrétaire du Gouvernement Moeruru. Parfois ce
dernier seul a signé. Parfois tous les dignitaires ont signé : la
les chefs de districts.
Les premiers actes portent un timbre illisible - probablement un
Reine, le Ministre, le Secrétaire, l'orateur et
673
Société des
Études
Océaniennes
tampon de bois gravé avec des moyens de fortune - puis apparaît
un magnifique timbre humide toujours utilisé avec une encre
rouge. Il porte les mots : TE HAU HUAHINE - ARII séparés par
deux étoiles et entourant une couronne royale reposant sur les
lettres entrelacées T V [Tehaapapa Vahiné], Le tour du tampon est
serti de petites couronnes se touchant les unes les autres. Une fois
seulement apparaît un autre timbre apposé à côté de la signature
du Vice-Résident. Même taille, même forme, même ceinture de
couronnes, mais au centre pas de couronne reposant sur T et V. A
la place de Arii, on trouve TAVANA HAU.
Le premier de ces actes est daté du 7 avril 1891 et le dernier du
1er Juin 1895. Il y a exactement 39 pièces pour 4 ans et quelques
mois. Le secrétaire Moeruru n'était pas écrasé de travail si ses
fonctions se bornaient à la rédaction des actes qui sont transcrits
dans ce registre. Quelques-uns des contrats ont été annulés par
accord des deux parties. L'acte est alors rayé par une grande croix
au
crayon
bleu
résiliation d'un
avec
dans le bas
commun
ou sur
le côté mention de la
accord.
2°.- A partir de la page 49, 11 novembre 1895,
l'administration directe.
Le contenu
intéressant : Il
on passe
à
du
registre devient alors beaucoup moins
s'agit plus que de transcriptions d'actes entre
particuliers, de procès-verbaux de bornage, etc...
ne
A côté de la signature du Vice-Résident en fonction : Dauphin,
Chechillot, etc... on trouve d'abord deux timbres : celui du Vice-
Résident et celui du HAU HUAHINE qui a perdu ses couronnes.
Ce dernier timbre ne tarde pas à disparaître. Puis bientôt on
néglige d'utiliser
un
timbre quelconque. Les transcriptions
se
terminent à la page 274 avec un procès-verbal de bornage non
daté, le précédent acte était daté du 24 juin 1931.
674
es
Etudes Océï
Le même registre a donc servi fidèlement pendant 40 ans
l'administration royale puis cette administration juridiquement
assez
curieuse qui la remplaça à partir de 1895, et enfin
l'administration coloniale française. Cette partie contient
également la transcription des contrats antérieurs à la
d'ouverture du registre, certains remontent jusqu'à 1875.
date
de 1891 à 1895, vue
première partie du registre.
La vie de Huahine
à travers la
du registre royal nous relevons quelques
qui nous paraissent particulièrement pittoresques ou qui
jettent quelques lumières sur la vie de cette petite monarchie
pendant les 4 ans qui ont précédé l'abdication de la dernière Reine.
Parmi les 39 pièces
actes
Page 3.- Un contrat entre le chinois Ata et les chefs Ioata et
Opa. Le commerçant s'engage à fournir tous les matériaux pour la
construction du temple de Fitii. La liste, les mensurations et les
prix sont précisés avec soin. Le tout payable en coprah bien sec au
taux de 2 sous la livre ou à la convenance de Ata en toute autre
marchandise, telle par exemple que des ignames.
Page 13.- Lettre adressée à l'Administrateur des Iles-sous-le"Arapi" (sic) pour lui notifier le rejet par l'Assemblée de
Huahine de la requête d'un certain Pe probablement condamné au
bannissement et qui souhaitait revenir à Huahine avec la
citoyenneté française. Motif du refus : Teuhe est morte à Tahiti
sans avoir pu revenir à Huahine.
Cette affaire est donc en relation avec la tentative de coup d'état
Vent
France qui avait proclamé reine
la princesse Temarii Maihara
Teuhe, ex-épouse de Pomare V dont il est question ci-dessous.
Teuhe était décédée le 21 août à Tahiti où elle s'était réfugiée.
fomentée par un parti hostile à la
la fille aînée de Tehaapapa I,
Page 15.- Lettre adressée au Prince Hinoi qui demandait copie :
1) de l'acte de mariage de Pomare (V) avec Temarii Teururai
2) de l'acte de naissance de la princesse Tenania née de cette
union
3) de l'acte de divorce entre Pomare et Temarii Teururai
du mariage de Temarii avec un certain Afaiau.
Réponse. Pas de trace de divorce entre
ainsi que
Pomare et Temarii. Ils
il été
la Reine
le
n'ont jamais divorcé. Quant au mariage avec Afaiau,
a
célébré par Tirini (Rev. Green) sans le consentement de
Mère et illégalement. Cette affaire semble avoir tracassé
Gouvernement de Huahine, car le registre aux pages 17-18-19
675
Société des Études Océaniennes
s'ouvre à des extraits des registres paroissiaux : le mariage de
Pomare, célébré le 11 novembre 1857 par le Rev. Charles Barff
(son fils au moment de ces transcriptions est interprète du
Gouvernement à Huahine), la naissance de la princesse Tenania
le 1er septembre 1862 et son baptême le 4 janvier 1863 par le
même Rev. Barff, enfin le mariage "illégal" célébré le 26
novembre 1877 par le Rev. J.L. Green, entre l'épouse non divorcée
de Pomare et le nommé Afaiau.
La Reine et les dignitaires ont contresigné ces transcriptions
d'actes paroissiaux.
Nous apprenons du même coup qu'il existait des actes
paroissiaux. Par la suite les paroisses protestantes tahitiennes
ont négligé de tenir de tels registres. Ces registres des
missionnaires sont maintenant conservés au siège de l'Eglise
Evangélique.
Page 21.- Le
Gouvernement
de
Huahine
répond
au
Gouvernement de Raiatea qui lui réclame un pavillon. A son
grand regret le pavillon ne peut être restitué car il n'a jamais été en
possession du Gouvernement de Huahine. Le délégué de
la
l'Administrateur le détient.
A cette occasion le Gouvernement rappelle que son domaine ne
s'étent qu'aux affaires intérieures. Les affaires maritimes et les
papaa
sont du ressort de l'Administration Française.
En réalité, l'article 3 de la proclamation du 16 mars 1888 stipule
que
sous
les "anciens" souverains des Iles-sous-le-Vent sont placés
la "Haute Tutelle" de la France, formule vague à souhait qui
laisse les mains entièrement libres à l'administration coloniale.
Page 24.- Une lettre adressée le 23 avril 1892, au Gouverneur
Etablissements Français de l'Océanie laisse deviner le
commencement d'une période de troubles.
Les dignitaires demandent le "glorieux appui" de la France, son
"aide courageuse" pour asseoir leur autorité. Le pays n'était pas
florissant au temps de l'indépendance. Sous le pavillon français
par deux fois des troubles ont éclaté, la France les a toujours
apaisés. Et voilà qu'ils reprennent.
des
Tout cela est
assez vague et on peut se demander ce
qui inspire
qui souhaite finalement voir supprimer le "triomphe
des causes de rancune de colère, de nuisance, de meurtre,
d'orgueil, de suffisance, de fausse autorité, de mécontentement, de
mépris, d'irrespect des lois et de rebellion".
cette lettre
Si l'on
se
rappelle la situation générale des Iles-sous-le-Vent à
comprend que la position de la Reine et de son
cette époque, on
Gouvernement devait être souvent difficile.
676
Société des
Études
Océaniennes
Depuis mars 1888, la souveraineté pleine et entière de la France
les Iles-sous-le-Vent a été proclamée par le Gouverneur
Lacascade qui était venu personnellement à Huahine le 16 mars,
pour la prise de possession.
sur
Mais à Avéra, le chef Teraupo refuse d'accepter cette prise de
possession, la Reine de Raiatea est sous son influence à Avéra et
une partie de la population (probablement la partie la plus
importante) penche de son côté.
Le Gouvernement français temporise et cette situation se
prolongera jusqu'à la fin de 1896 où une véritable expédition
comprenant plusieurs compagnies d'infanterie de marine doit
être organisée pour réduire les rebelles.
1888, 5 jours après la prise de
possession les indigènes ont attaqué des marins français : tuant 3
A Huahine même,
hommes et
en
le 21
mars
blessant quatre autres.
Le "Livre du Commandant
par E. Caillot
orientaux au contact de
publié
dans
Supérieur des Iles-sous-le-Vent"
son ouvrage
la civilisation", nous
"Les Polynésiens
révèle qu'en 1895,
des secours envoyés sur la demande de Tehaapapa II ont permis,
in extremis, de protéger Fare d'une expédition organisée à Maeva
par
des sympathisants de Teraupo.
de constater que Fare, la capitale du
n'est qu'un petit village insignifiant où en 1895 on
recense seulement 34 hommes alors qu'on en dénombre 109 à
Maeva, 89 à Haapu, 70 à Fitii. Par ordre d'importance de la
population, Fare ne vient qu'au 7è rang des agglomérations.
Le Gouvernement de Tehaapapa n'a pas d'autre carte à jouer
que celle de la soumission à la France, mais il n'a guère de moyens
Il est aussi important
royaume,
sujets.
Page 28.- Seconde lettre des dignitaires toujours au
Gouverneur. Celui-ci par l'interprète Cadousteau leur a signifié
son mécontentement pour "une affaire qui a eu lieu à la mi-mars à
Huahine". Réponse. Les troubles auraient été plus graves si dans
cette affaire les dignitaires n'avaient pas agi avec douceur et
sagesse. Le mécontentement du Gouverneur est injustifié car,
comme il le sait, depuis qu'ils se sont placés entre les mains de la
France, le sentiment des dignitaires n'a jamais varié. Les
dignitaires n'ont pas craint d'exposer leur vie. Ils ne cessent de
sérieux pour
imposer sa politique à ses
répandre l'influence française.
Page 29.- Lettre
(8 octobre 1892)
adressée à l'interprète
Cadousteau faisant office d'administrateur des Iles-sous-le-Vent.
Celui-ci a annoncé qu'il viendrait bientôt pour régler ce qui reste
encore à régler. On lui répond viens le plus vite possible. Ne
laisse
677
Société des
Études
Océaniennes
pas passer
octobre.
Page 30.- La Reine donne sa démission en proposant
remplaçante sa petite-fille (28 décembre 1892).
comme
Page 31.- Satisfaction de la population devant la suite qui a été
donnée par le Gouvernement français à la démission de la Reine.
On ne précise pas cette suite.
En réalité, rien ne semble avoir été réglé et ce n'est qu'à la mort
de Tehaapapa I que Teriinavahoroa Teriitaria, fille du ministre
Marama Teriifaatau a Teururai et de la princesse
Tetuanuimarama Tuamanaarii a Teuruarii, de la lignée royale de
Rurutu, régnera
exercera
paraît
ne
sous
le
nom
de Tehaapapa II. Son père Marama
la régence car la jeune reine n'a que 14 ans. Sa signature
deux fois dans le registre,
que
encore
peut-on
se
demander si c'est vraiment sa main qui a tracé cette signature
tant elle paraît ferme et régulière.
Page 32,- Lettre du 27 avril 1893 à l'Administrateur des Ilessous-le-Vent pour lui exposer, à sa demande, les dettes du
royaume.
Les dettes contractées par le Gouvernement auprès de Monsieur
Micheli étaient les suivantes :
-
-
60 tonnes de coprah pour le fare hau
4 800 Tara pour la maison royale (elle était en effet de belle
apparence telle que nous la montre une carte postale publiée
par
-
le P. O'Reilly, Tahiti au temps des cartes postales,
les bestiaux.
p.
100).
2 010 tara pour
Les 60 tonnes de coprah ont été payées.
Pour la maison royale et les
sous et demi.
bestiaux, il a déjà été payé 3 970 tara
et 67
Reste à payer 2 526 tara et 32
Pas si grave après tout,
tonnes de coprah ! à 2 sous
sous
et demi.
cela ne fait qu'une soixantaine de
la livre !
Page 37.- Lettre au Résident des Iles-sous-le-Vent pour lui
que l'Assemblée de Huahine a décidé de ne pas
reconduire dans leurs fonctions les 3 chefs coupables (de quoi ?).
annoncer
Les 3 districts intéressés
se
choisiront d'autres chefs.
Dans la même lettre du 19 juin, nous apprenons que la Reine
Tehaapapa I est décédée. Ses obsèques aurontlieule4juilletl893.
Ce long délai donne à réfléchir. Quel type de funérailles a-t-elle
reçu
? A-t-on pratiqué le tamiriraa ?
Le court règne
politique
ou
de Tehaapapa II ne voit aucune pièce d'intérêt
social s'inscrire sur le registre qui ne fait nulle
678
Société des
Études
Océaniennes
mariage le 15 mai à
royale de Bora Bora,
cérémonie dont une carte postale d'Itchner nous a conservé le
souvenir, et de son abdication, en septembre 1895.
Une décision du 30 septembre 1895 (B.O., 1895, p. 158) stipule en
effet, qu'à dater de ce jour tous les droits, pouvoirs et attributions
qu'avaient les royautés de Huahine et Bora Bora sont dévolues au
Gouverneur des Etablissements Français de l'Océanie.
mention de son accession au trône, de son
F are avec Teriitevaearai a Mai, de la lignée
Une loi promulguée le 18 mars 1898, déclarait ensuite les Ilessous-le-Vent incorporées dans le domaine colonial de la France.
On saisit ce que traduit le changement puis la disparition du
timbre "HAU HUAHINE" dans notre registre.
ce registre nous fait-il assister, derrière des apparences
brillantes, aux derniers jours d'une monarchie moribonde,
incapable de s'imposer entre un Gouvernement colonial puissant
et résolu, en dépit de sa modération, et une population dont il est
facile de deviner qu'elle est plus proche des idées de Teraupo que
Ainsi
encore
du
patriotisme français.
Nous savons aussi que ce Gouvernement a des dettes. Le "Livre
du Commandant Supérieur des Iles-sous-le-Vent" nous montre
aussi un régent auquel on est obligé de recommander
de
"gouverner avec honnêteté et
intégrité".
Le Hau Huahine ne fait plus respecter son autorité que grâce
bâtiments de la marine de guerre et à un poste qu'on est obligé
d'établir à Fare.
aux
La monarchie de Huahine dût donc opposer une bien faible
résistance à la politique assimilatrice de la France et c'est sans
doute avec soulagement que la petite reine Tehaapapa II
échangea les dettes de la couronne, les revenus incertains qu'elle
percevait tant bien que mal de ses sujets, et tous les peapea d'une
situation difficile contre une pension viagère du Gouvernement
français et des prérogatives royales purement honorifiques,
symbolisées par le pavillon aux couleurs françaises portant,
appliquées en rouge sur le blanc, les lettres T et V et le chiffre II.
Elle put alors se consacrer en toute quiétude à la vie familiale et
s'occuper de ses enfants dont le nombre ne tarda pas à s'accroître
d'une manière importante, puisque c'est en donnant le jour à son
14ème enfant qu'elle mourut le 27 avril 1917. Elle n'avait que 38 ans.
Hubert COPPENRATH
679
Société des Etudes Océaniennes
Liens de parenté entre quelques-uns des
personnages dont
il est question dans cette étude.
A—Teurura'i
ou
Ari'imate
Tehaapapa I
(roi de Huahine déposé
fille de Tamatoa IV de
de Raiatea règne après la
à la suite d'une guerre
civile) décédé le
déposition de son mari,
décédée juin 1893
14 avril 1874
I
I
T
1—Temari'i Maihara Teuhe
4—Marama Teri'ifa'atau
régent de Huahine (faaterehau)
6—Teurura'i Ariimate devient Tamatoa VI, roi
de Raiatea
B—Temari'i Maihara
Teuhe épouse succes¬
sivement
Ter a tane (alias Pomare V)
Afaiau
Aucun enfant
ne
survécut
B—Marama Teriifaatau épouse Tetuamarama (fille du roi de
Rurutu)
1—Teriinavahoroa (Tehaapapa II)
épouse Teriitevaearai a Ma'i
680
Société des
Études
Océaniennes
Compte rendu
KURUKURU,
pirogue de pêche
ancienne
aux
tuamotu
C'est avec le plus grand plaisir que j'ai revu dans le numéro 196
de notre bulletin une photographie d'un objet océanien familier :
la pirogue acquise à Fakarava, en 1884, par l'ethnographe suédois
Hjalmar Stolpe, pendant la circumnavigation de la frégate
Vanadis. Cette pièce unique occupe, depuis 1938, une place
d'honneur dans la grande galerie maritime du Musée National
d'Ethnographie de Suède, où sont exposées une centaine
d'embarcations ou de maquettes, en provenance de tous les océans
du monde. Toutes ont été décrites dans la revue de langue anglaise
Ethnos, n° 1-2, 1961, où les dimensions de la pirogue de
Fakarava sont indiquées comme suit : longueur 14 pieds,
profondeur 18 pouces, diamètre de la partie arrondie 18 pouces. En
ce qui concerne le nom vernaculaire de ce type de pirogue, il est
indiqué dans le dictionnaire tuamotu de Frank Stimson, paru en
1964, page 266 : kurukuru, défini comme "a round-nosed dug-out
canoe." Stimson a obtenu ces renseignements dans les années
1930, dans les îles suivantes : Anaa, Fakahina, Raroia, Taenga,
Hao et Amanu.
On comprend
facilement que l'auteur de la notice sur Une
pirogue ancienne de Fakarava, îles Tuamotu puisse ignorer tous
ces faits, car il s'agit du père Neyret, missionnaire actif et dévoué
aux îles Fiji, qui a certainement autre chose à faire que de
parcourir le monde à la recherche d'objets et de documents
ethnographiques. Mais dans son enthousiasme d'avoir retrouvé
une photographie de ce "type ancien primitif' de pirogue, le père
Neyret nous la communique en l'accompagnant d'une série de
réflexions malheureusement si erronées et insensées qu'il me
semble nécessaire de rétablir la vérité. Voici donc, entre
guillemets, les fabulations du père Neyret, suivies de mês
remarques, basées sur les renseignements que j'ai pu recueillir
dans les îles Tuamotu, surtout à Raroia et à Takume, dans les
années 1949-51
1°
-
"La
:
coque
de la pirogue de Fakarava a été creusée
681
Société des
Études
Océaniennes
probablement dans
un
tronc de tamanu... Le tronc utilisé était
grosse et recourbée, a été
irrégulier. La base, beaucoup plus
utilisée pour augmenter la capacité de
transport."
Il s'agit en réalité d'une
pirogue creusée dans la base d'un tronc
de cocotier, ce qui explique justement la forme
arrondie de l'une
des extrémités qu'aucun constructeur n'aurait
jamais pu réaliser
joignant des planches. A l'extrémité pointue de la DÎrogue, des
fargues ont été ajoutées avec des ligatures de nape.
en
2°
"A chaque extrémité on
peut noter une sorte de poignée
destinée à faciliter la mise à terre de la pirogue à
chaque retour de
-
pêche."
Les prétendues poignées - parfaitement inutiles
et inutilisables
pour tirer ou manier la pirogue - sont tout
simplement des crochets
pour attacher des lignes de pêche. Celui
qui est sculpté dans
l'extrémité arrondie et surélevée servait surtout lors de la
capture
des tortues, étant donné que
celles-ci sont fort lourdes et qu'elles
plongent profondément dans leur effort pour se dégager. Le
crochet sculpté dans l'extrémité pointue servait
surtout pour la
pêche à la traîne.
3°
"Le balancier est à tribord, suivant la coutume
ancienne
des Tuamotu, alors qu'il est à bâbord à Tahiti."
Le pêcheur s'installait alternativement à l'une
ou à l'autre des
extrémités de la pirogue, selon le
de
-
genre
pêche qu'il voulait
pratiquer. Il est donc totalement injustifié de désigner un côté
comme
tribord et l'autre
comme
bâbord.
682
Société des
Études Océaniennes
4°
-
"Cette pirogue est une pirogue de lagon, elle n'est pas
en haute mer. Elle est propulsée à la pagaie
perche."
Evidemment, ce n'est pas le genre de pirogue employée par les
Polynésiens pour explorer, à l'époque préhistorique, le Pacifique.
Mais ce qu'il faut souligner c'est la témérité avec laquelle les
anciens pêcheurs des Tuamotu se lançaient précisément en haute
mer sur ces frêles kurukuru, à la poursuite des tortues, des bonites
propre
ou
à la navigation
à la
et des thons. Cette hardiesse ancestrale n'avait pas encore
totalement disparu à Raroia, pendant les années 1949-51, car les
hommes franchissaient souvent le récif extérieur dans de petites
pirogues de planches bien moins solides, afin de poursuivre leur
proie, pendant des heures, en haute mer. Quant à l'idée que les
pêcheurs propulsaient leurs kurukuru dans les lagons à l'aide de
perches, j'aimerais bien savoir où le père Neyret a entendu ou lu
telle affirmation.
Je joins une épreuve plus
une
nette et claire de la fameuse
photographie de Stolpe, afin de permettre aux lecteurs du
"Bulletin" de discerner tous
ces
détails de construction.
Bengt DANIELSSON
683
Société des
Études
Océaniennes
Compte rendu
Du
lycée
aux
Réalités
Revue annuelle publiée par les élèves de seconde
du Lycée Gauguin, Papeete. René-Jean
Devatine,
Papeete, ill., cartes, plans, graphiques, 21
cm
économique
éditeur.
format
à l'italienne 1971
L'aventure est peu banale. En 1970, un jeune professeur de
sciences économiques du lycée de Papeete envoie ses élèves de
seconde faire des travaux pratiques dans diverses entreprises de
la ville : la Pétillante, le journal "les
Nouvelles", la laiterie Sachet,
les Etablissements Donald, etc. Il surveille de
près ces
enquêtes,
exige d'elles une certaine rigueur, les retape sans doute un peu et
parvient à les publier, sans bourse délier, grâce à de bienveillantes
publicités. Un imprimeur du crû, qui aime son métier, présente
une plus qu'honorable
publication. Et voilà paru le premier cahier
d'une revue que René-Jean Devatine intitule : Du
Lycée aux
Réalités.
Depuis lors, chaque année, les élèves de seconde du Lycée Paul
Gauguin ont sorti un numéro de cette revue. En 1971 ils ont traité
des Industries tahitiennes ; puis ils abordent les Formes
d'entreprise (1972) ; les Secteurs de production (1973). Le numéro
5, Agriculture et Elevage paraît en 1974, avec de curieuses
enquêtes de consommation menées par les jeunes classes du lycée.
Vous y apprendrez avec surprise que 16 % des enfants tahitiens
arrivent en classe sans avoir pris de petit déjeuner ! Et autres
choses de ce genre. C'est la Pêche qu'on aborde en 1975. Le numéro
est remarquable. Il y a là, sur la pêche au filet à
Papara, une
enquête vivante, directe et fort bien menée par une équipe qui a le
sens du détail et pas mal d'humour. Paul
Ottino, pour Tautira,
jadis, a fait plus savant, mais guère autre chose. Le chapitre
consacré à la "vente des produits de la mer au marché de
Papeete"
est truffé de statistiques et de graphiques
qui feraient honneur à
des savants patentés. Ces enfants ont même trouvé le
moyen de
nous
pêche
offrir là
un
document datant des années 20 concernant "la
thon à l'appât vivant" qui fera le régal des
ethnographes. Le numéro sorti en juin 1976 a pour titre Transport
et équipement. Il est, lui aussi,
important, nous apportant, par
exemple toutes les statistiques du trafic aérien dans les différents
aérodromes du Territoire. J'avoue avoir pris intérêt aux trois
au
684
Société des
Études
Océaniennes
pages
consacrées
l'organisation de
"trucks de Tahiti", à leur fabrication et à
entreprises artisanales.
aux
ces
En l'absence
de tout service officiel de Statistique sur le
R.-J.
Devatine a rassemblé dans les 7 numéros de sa
Territoire, M.
revue, sur des sujets très divers, se présentant dans la réalité en
ordre dispersé, une documentation ponctuelle et récente qui
demeurera utile pour les études économiques et de géographie
humaine.
s'agit là, bien sûr, de travaux scolaires ; mais ce sont des
dirigés, contrôlés, élagués et sans doute un peu retouchés
par leur éditeur. Et l'on ne peut pas demander à des élèves d'aller
au fond des problèmes de financement et d'investissement.
Il
travaux
passant : certains de ces élèves ont pris sur leurs
aller étudier les problèmes agricoles aux îles Sousle-Vent ou la pêche aux Tuamotu, etc. Ces démarches témoignent
d'un certain goût pour la recherche intellectuelle qu'on est
heureux de voir naître dans la jeunesse tahitienne. Car, s'il se
trouve parmi ces jeunes enquêteurs pas mal de Barbet, de
Lemaire, de Mortevieille, de Champenois ou de Roussel, on
rencontre aussi parmi eux un assez grand nombre de Arapahi, de
Opuhi, de Taiaapu et de Pahuatini. Tout celà est de bon augure.
Notons le
vacances
en
pour
M. Devatine voudrait, cette année scolaire 1976-77, malgré
l'accroissement du nombre de ses élèves de 2ème, accroissement
qui va diminuer les "loisirs" qu'il peut consacrer à sa revue,
préparer un numéro qui traiterait de YArtisanat en Polynésie
française : fabrication des colliers et des objets en coquillages,
travail du bois ou de la nacre, vannerie en tous genres, tifaifai. Ce
8ème numéro de sa revue compléterait, par un thème d'intérêt
général, cette importante source de documentation sur la vie
économique actuelle de la Polynésie française.
Les premiers numéros sortis de Du Lycée aux Réalités sont,
paraît-il, épuisés. Les derniers, tirés à 1 500 ou 2 000 exemplaires
peuvent sans doute encore être obtenus en s'adressant à M. RenéJean Devatine,. Lycée Gauguin, Papeete.
Patrick O'REILLY
685
Société des
Études
Océaniennes
IJ
: m■
■■/■■r■■■■■■■
■
Société des
Études
Océaniennes
■
''
■
--.o-::
Le Bulletin
Le Bureau de la Société accepte
l'impression de tous les articles
qui paraissent dans le Bulletin mais cela n'implique pas qu'il
épouse les théories qui y sont exposées, ou qu'il fait sien les
commentaires et assertions des divers auteurs qui, seuls, en
prennent toute la responsabilité.
Aux lecteurs de former leur
Le Bulletin
ne
appréciation.
fait pas de publicité.
La Rédaction.
Les articles
publiés, dans le Bulletin, exceptés ceux dont l'auteur
droits, peuvent être traduits et reproduits, à la
condition expresse que l'origine et l'auteur en seront mentionnés.
a
réservé
ses
Toutes communications relatives
Société, doivent être adressées
au
au Bulletin, au Musée ou à la
Président. Boîte 110, Papeete,
Tahiti.
Pour tout achat de Bulletins, échange ou donation de livres,
au Président de la Société ou au Bibliothécaire du
s'adresser
Musée, Boîte 110, Papeete.
Le
Bulletin, est envoyé gratuitement à tous
Cotisation annuelle des membres-résidents
résidant
en
pays
Cotisation pour 5
ses
ou
français
1 000 F CFP
4 000 F CFP
ans
Cotisation pour les moins de vingt
ans
étudiants
Cotisation annuelle
membres.
& les
250 F CFP
-
pays
étranger
-
15 dollars US
Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 197