B98735210103_178.pdf
- Texte
-
BULLETIN
de la Société
des Etudes Océaniennes
POLYNÉSIE ORIENTALE
TOME
MARS
XV -N°5
Société des
Études
Océaniennes
1972
-
N°178
CONSEIL d'ADMINISTRATION
Président
Mr. Henri JACQUIER
Mr. Yves
Vice-Président
Secrétaire
MALARDÉ
Melle Janine LAGUESSE
Mr. Paul MOORGAT
Trésorier
ASSESSEURS
Mr.
Me
Adolphe AGNIERAY
Rudolph BAMBRIDGE
Mr. Eric
LEQUERRÉ
Mr. Pierre JOURDAIN
Me Jean SOLARI
Mr. Raoulx TESSIER
Mr. Temarii TEAI
Mr. Maco TEVANE
MEMBRES
Mr Bertrand
D'HONNEUR
JAUNEZ
Révérant Pere Patrick O'REILLY
Pour être reçu Membre
membre titulaire.
de la Société
se
faire présenter
par
un
Bibliothèque.
ses
membres qu'ils
livres de la Bibliothèque
en
signant une reconnaissance de dette au' cas où ils ne ren¬
draient pas le livre emprunté à la date fixée. Les autres peu¬
Le
Conseil
d'Administration
informe
peuvent emporter à domicile certains
vent être
La
consultés dans la Salle de lecture du Musée.
Bibliothèque et la salle de lecture sont ouvertes aux
tous les jours, de 14 à 17 heures, sauf
membres de la Société
le Dimanche.
Musée.
Le Musée est orvert tous les
jours, sauf le dimanche de 14
à 17 heures.
Société des
Études
Océaniennes
BULLETIN
de la Société
des Etudes Océaniennes
POLYNÉSIE ORIENTALE
Notes préliminaires
à une histoire de
LA CARTE
POSTALE
A TAHITI
TAHITI
Société des
Études
Océaniennes
Introduction
La
carte postale illustrée connut à l'extrême
fin du XIXe siècle et dans
premières années du XXe une vogue extraordinaire, et pour nous
aujourd'hui, à peine croyable : elle fut vraiment la Reine du jour.
les
Les statisticiens des Postes annoncent 900 millions de cartes
ayant
circulé en 1902 ; la seule Allemagne en consomme 400 millions ! les
Français n'en utilisèrent
que
88 millions !
Tout de même
on vendait alors des cartes
postales illustrées dans tous
kiosques à journaux de la capitale. Paris, après Londres, connut
un quotidien minuscule du
format d'une de ces cartes. Il rapportait
chaque jour à ses lecteurs au verso d'une image inédite, un résumé
des nouvelles. En septembre 1903, le théâtre du Gymnase joue « une
amusante » comédie, La Carte Postale, qui renouvelle les « Jeux de
l'amour et du hasard ». La Questure du Sénat édite cette année-là
une série de 25 cartes
qu'elle envoie à tous les parlementaires ! Des
revues et des magazines paraissent
qui sont consacrés à la carte pos¬
tale, car les collectionneurs sont légion. L'album de cartes postales
500 places, 3 cartes à la page, 5,50 F — se rencontre dans toutes
les familles, avec ses pages de paysages, de types ou d'événements, et
aussi des séries sentimentales, comiques ou gauloises... Un docte
académicien voit dans la carte postale « l'instantané des faits et gestes
de l'époque » ; pendant qu'un de ses collègues, moraliste, la juge :
« une des
folies de l'époque... ce n'est plus de l'engouement, c'est de la
fureur, de la frénésie»... Et d'ajouter, fort heureusement mauvais
prophète : « Comme le journal a tué le livre, la carte postale va tuer la
les
—
lettre.
»
être le foyer par excellence de la carte postale...
ne produit annuellement qu'une centaine de mil¬
lions de cartes... Quant à l'Asie, l'Afrique et l'Océanie, sauf peut-être
le continent australien, la mode nouvelle n'y a pour ainsi dire pas péné¬
tré jusqu'à présent... ».
L'Europe
«
se trouve
Le Nouveau monde
Examinons donc à
quel moment ce raz de marée déferla sur l'Océanie,
plus particulièrement, puisque nous écrivons pour le « Bulletin de
la Société des Etudes Océaniennes » quand et comment la carte postale
et
va
s'introduire à Tahiti.
Le problème serait assez simple s'il existait des collections, même
sommaires, des cartes postales de Tahiti.
Malheureusement
nous n'avons pas su découvrir un amateur intéressé
sujet. On court les marchands pour accumuler les gares, les
ponts, les locomotives ou les tramways, les aérodromes et les ballons
dirigeables ; les personnes qui se passionnent pour les guerres, les
catastrophes, les inondations ou les tremblements de terre, — j'en
frémis — sont légion ; il y a des collectionneurs de pèlerinages, de
costumes provinciaux, de gaudrioles,
de cartes artistiques ou de
fantaisie, de « cartes de vœux » ; on rencontre des amateurs qui ras¬
semblent selon, un ordre géographique : région, département, ville,
village, île... Mais jamais, au grand jamais, je n'ai découvert un col¬
par ce
lectionneur recherchant...
Tahiti.
104
Société des
Études
Océaniennes
Les ressources des dépôts publics sont pratiquement nulles. Le fond du
dépôt légal des Cartes Postales à la Bibliothèque Nationale n'a
jamais, à notre connaissance, été méthodiquement inventorié jusqu'à
ce jour. A peine une série topographique, aux Estampes, possède-t-elle
quelques dizaines de cartes. Rien aux Archives des Colonies ; rien à la
Marine ; rien à l'ancienne Ecole Coloniale, ou à l'ancien Musée des
Colonies...
Nous
avons
notre petit fonds personnel. Il représente
auxquelles se sont ajoutés quelques spécimens
des amis. Qu'ils soient ici remerciés de leur obligeance.
donc été réduits à
exactement 249 cartes,
possédés
par
difficulté d'un autre ordre provient de l'impossibilité de dater ces
Si nous avions eu entre les mains des cartes ayant circulé par la
poste, « le timbre de la poste faisant foi », nous saurions avec exacti¬
tude quel jour telle carte a été postée à Papeete, et aurions ainsi une
indication approximative de la date de sortie de cette carte. Malheureu¬
sement, le plus grand nombre des cartes en notre possession provient
d'albums et n'ont pas circulé. A peine une vingtaine sont-elles lisible¬
ment datées, l'ensemble du lot demeurant inutilisable pour l'établisse¬
ment d'une chronologie établie par les oblitérations postales.
Une
cartes.
Force
peu
nous
sera
et à ces
donc de travailler
sur
des documents relativement
datés. Nous essaierons de suppléer à ces lacunes
imprécisions par un peu de perspicacité (!) et l'utilisation des
nombreux et
non
critères internes.
prétendons vous intéresser qu'à la
postale imprimée, à la carte postale en phototypie, c'est-à-dire,
pratiquement, jusqu'aux alentours de la seconde guerre mondiale.
Nous ne traiteront qu'épisodiquement de la carte postale photographi¬
que. Nous enregistrerons seulement sa naissance avant de la laisser par¬
tir, dans l'après-guerre, vers son glorieux destin touristique et le triom¬
phe de la couleur...
Disons tout de suite que nous ne
carte
Que le bienveillant lecteur veuille donc considérer ces quelques pages
simple essai, une tentative pour poser quelques jalons dans
une brousse encore non pénétrée.
Sa collaboration, en vue d'une
étude plus poussée, serait accueillie avec la plus sincère reconnaissance.
comme un
it
105
Société des
Études
Océaniennes
Remarques préliminaires
Nous nous intéressons principalement ici à l'image que nous
apporte
le « verso » d'une carte postale illustrée, mais cette
image est imprimée
sur un support, un « recto
», auquel nous devons également prêter atten¬
tion. On est convenu d'appeler « recto » d'une carte postale la
partie
de la carte portant l'adresse et « verso » celle destinée à l'image.
Le support sur
lequel est imprimé la carte postale, sa taille, la force
la couleur du papier, les inscriptions qu'il porte au
recto, leur
nombre, leur disposition et leurs caractéristiques typographiques sont
autant d'éléments qui vont permettre de classer les cartes
postales et
d'établir des « séries ».
et
Ainsi avons nous pu établir un certain nombre de
serviront à caractériser les recto des cartes postales.
Nous
types qui nous
avec certitude quel recto devait être
obligatoirement
les cartes postales antérieures et postérieures à 1904.
Cette date nous a donc servi de point de départ pour notre
classifica¬
tion; le recto type I est en effet en vigueur de 1892 à 1904, celui de
type II, après 1904.
savons
imprimé
sur
D'autre part les périodes pendant lesquelles les auteurs des
photogra¬
phies éditées au verso de ces cartes ont vécu en Océanie, nous ont permis
de classer approximativement les trois autres types de recto.
Enfin, pour déterminer chaque type nous avons retenu les mentions
les plus couramment employées par les différents éditeurs. 1° :« CARTE
POSTALE ».
2° : « Tous les pays n'acceptent pas la correspondance
—
(se renseigner à la Poste). — 3° : « CORRESPONDANCE»
ADRESSE », — disposées de la façon la plus simple possible. —
au verso
«
4°
et
5°. Absence de
ces
mentions.
Les variantes
typographiques, celles de la mise
utilisé...
ont
en page, du papier
permis d'établir les sous-sections a, b, c, etc. pour
chaque recto-type. On les trouvera dans le tableau placé en fin de l'ar¬
nous
ticle.
Nous remarquons que
les années 1930 qui
lignage.
les rectos se simplifient d'années en années. Vers
limitent notre étude, il ne reste d'imprimé, que le
*
106
Société des
Études
Océaniennes
Les Cartes
Tahiti.
postales de
Les cartes postales des Iles-sous-le-Vent
Albert Edouard Itchner.
et
suisse de ce nom, décédé à Papeete le 29 décembre
1939, vivait à Huahine à la fin du siècle dernier. Il s'y maria vers 1896
ou 1897 et eut sept enfants, dont le dernier est honorablement connu
à Papeete. Albert Edouard Itchner possédait un magasin à Faré, à
l'extrémité nord de Huahine. Nous en possédons, grâce à ses cartes
postales, une image datable puisqu'elle a été prise « après un cyclone »,
plus que vraisemblablement celui de 1906 qui laissa des traces dans
l'histoire locale. Les chroniqueurs de l'époque nous apprennent en effet
que le 7 février de cette année 1906, « une lame énorme pénétra dans le
village emportant les magasins à coprah des résidents Marcantoni et
Itchner ». Cette carte nous montre une partie du magasin Itchner. Nous
y voyons la moitié d'une enseigne sur laquelle nous pouvons lire :
Un commerçant
«
QUINCAILLERIE
EPICERIE
»...
Nous avons regroupé un certain nombre de Cartes Postales concernant
les Iles-sous-le-Vent et ayant toutes entre elles un air de parenté malgré
les différences évidentes dans les
des
tirages, les supports et la typographie
légendes.
Parmi le lot ainsi constitué, nous avons trouvé six cartes portant la men¬
tion imprimée : « A. Itchner, Huahine ». Elles représentent des
paysages, des groupes d'indigènes et plus particulièrement des membres
des familles royales photographiées à Bora Bora, Raiatea, Huahine,
à une époque où ces familles, avant l'établissement officiel du protec¬
torat
français, possédaient encore un semblant de prestige.
partir de ces six documents, il semble que l'on puisse déterminer plu¬
sieurs séries de cartes postales, caractérisées chacune par les sujets
A
traités, les similitudes typographiques et littéraires des légendes et l'im¬
pression des rectos ; et reconnaître en Itchner, — comme une hypothèse
de travail, — un fabriquant possible.
Première série
première série se présente ainsi : Cartes concernant les Iles-sousimprimées en phototypie noire avec une légende en rouge, sur
recto du type II c.
Une
le-Vent
un
examiner 22 cartes (OR, 20 ; BN, 2) rentrant dans ces
légendes, imprimées en rouge portent, en capitales :
«ILES-SOUS-LE-VENT
DE TAHITI», accompagné ou précédé
du nom de l'île également en capitales: «HUAHINE», 10 cartes;
«RAIATEA», 5 cartes; «BORA BORA», 6 cartes et «TAHAA»,
1 carte. Ces deux mentions sont accompagnées du titre de la vue, en
bas de casse (III. n° 1).
Nous
avons
normes
:
pu
Les
107
Société des
Études
Océaniennes
1.
—
ITCHNER.
—
[les sous-le-Vent de Tahiti. La maison du
cyclone de 1906. Type II b.
photographe après le
Cette série comporte principalement des paysages, surtout maritimes,
des habitations. Deux cartes concernent les familles royales de
Bora Bora et de Raiatea et deux autres la marche sur les
pierres
avec
chauffées,
le
Umuti », une des curiosités ethnographiques de
2). Une de ces dernières vues porte la mention
« A. Itchner, Huahine ». Le
fait de voir la maison d'Itchner figurer
sur une carte de cette série,
pourrait également être considéré comme
«
Huahine. (III. n°
une
attribution.
Si, comme cela apparaît vraisemblable, cette série est homogène, on
peut la déclarer postérieure à 1906, à cause de la tornade à laquelle fait
allusion la légende accompagnant la vue nous montrant « Faré après
le cyclone ». Une autre date pourrait nous être fournie par la
carte
figurant les « Chœurs réunis devant le Palais royal (de Huahine), le
jour du mariage de la Reine»; un bon connaisseur du Gotha poly¬
nésien fixerait cette date sans grande difficulté.
2.
—
ITCHNER.
—
Mais certaines de
ces cartes ne
108
portent pas son nom.
Type II b.
Seconde série
signe encore «A. Itchner, Huahine», une autre série de cartes
postales curieusement peu homogène par les caractéristiques de leurs
Itchner
supports.
Le
nom
une
d'Itchner figure, en bas de casse, d'un caractère
grotesque italique, d'un corps très petit, du
sorte de
bâton, incliné,
4 ou du 5.
légendes sont composées en caractères rouges et hauts. La graisse
ces caractères les différencient notablement de ceux
employés pour les légendes des cartes de la série précédente. Les cartes
Les
la hauteur de
et
portent, en capitales : ILES-SOUS-LE-VENT DE TAHITI, et le
lieu : HUAHINE, RAIATEA, BORABORA, TAHITI, ILES MAR¬
QUISES. L'ordre est parfois inversé et «ILES-SOUS-LE-VENT»
alors mis entre parenthèses. Le tout est suivi de la légende pro¬
prement dite. Ces légendes sont toujours imprimées en rouge, bien
lisiblement, soit sur le ciel, soit sur une réserve blanche figurant au
bas de la carte. On est surpris de voir le nom de TAHITI figurer sur
7 cartes car elles représentent des scènes, ou des groupes de person¬
nages, qui sont certainement des Iles Sous-le-Vent.
est
L'auteur de cette série de cartes s'intéresse principalement à la vie
locale. Le mot «indigène» est utilisé dans de nombreuses légendes :
«Famille indigène... Village indigène... Ecole indigène... Femmes indi¬
gènes lisant la Bible... Indigènes en costume ancien... Indigènes et
métis... Officiers indigènes... » Il nous montre presque exclusivement
des scènes des Iles Sous-le-Vent et souvent des scènes peu com¬
munes : un pétroglyphe, par exemple, ou la cérémonie de la marche
sur les pierres chaudes (III. n° 3).
3.
—
ITCHNER.
—
Pétroglyphes. Type I
a.
surpris de constater que cette série de cartes n'est pas imprimée
support portant au recto les mêmes inscriptions, mais certaines
du type lia, Ile et d'autres du type la. Nous avons même eu en
On est
sur un
sont
mains des cartes
imprimées
sur
des dos des deux types.
109
Nous
avons pu consulter 22 cartes
paraissant constituer cette série :
10 sont conservées à la B.N. et 12 en notre
possession. Huit concernent
Huahine, 2 Raiatea, 2 Borabora, 2 Tahaa, 7 Tahiti lato sensu, et 1 les
Marquises. Trois des cartes conservées à la Bibliothèque Nationale :
le «Pétroglyphe» TAHITI; les
jeunes femmes indigènes, et «RAIATEA
les Officiers indigènes avant la
pacification», sont coloriées. Celle des
Officiers de Raiatea
autres
est certainement coloriée à la main. Les deux
peuvent avoir été coloriées mécaniquement.
Datation
:
l'examen attentif de la
carte
:
«
Tahaa
-
Ecoles
indigènes
»,
apporté une précision sur la date de prise de vue. Cette carte
représente, devant un édifice de construction indigène avec un toit de
feuilles de cocotier en assez mauvais état, les élèves de cette école.
Chaque enfant tient à la main une ardoise où est écrit son nom. Nous
lisons : Tehia, Teora, Rai, Roo Harea, Peii,
Tiare, etc. D'autres
écoliers portent bien visiblement un livre ou un cahier ouvert. Le
maître pointe un index impératif sur la
page d'un ouvrage qu'il porte
de sa main gauche. Placé au premier
plan du groupe, mais malheu¬
reusement posé sur le sol, un tableau noir a été couvert d'une
inscrip¬
tion de cinq lignes en polynésien.
Il est fort difficile de la lire, mais on
parvient cependant à déchiffrer la date inscrite : Tenuare, 21 1895.
nous a
Les Officiers rebelles de
Raiatea, eux, ont été photographiés antérieu¬
lôfévrier 1897, date de la capture de
Teraupo et de la fin des
hostilités. Ces deux dates nous donnent, comme
prises de vues des
clichés, 1895 ou 1896.
rement au
Deux cartes postales portent un timbre à date
postale du 12 avril, et
7 mai 1905. Le recto, type II, étant devenu
obligatoire en 1902, on peut
donc vraisemblablement penser que cette série a été tirée en
Europe
à l'époque de la transition, 1902-1903 et a dû
parvenir à Tahiti vers
1903-1904.
ITCHNER, correspondant d'un
groupe
philatélique
On trouve çà et là des photographies expédiées de Huahine, portant un
timbre de 1 centime accompagné d'une marque postale : janvier,
février,
mars ou
avril 1905.
Mr. Itchner aurait-il été le
correspondant d'un groupe philatélique
français échangeant des cartes postales? Cette hypothèse est rendue
vraisemblable par le fait que ces cartes n'ont manifestement jamais
circulé et ne portent qu'un timbre de 1 centime (le 1 centime noir sur
azuré de la série des Colonies françaises), timbre ne pouvant être sus¬
ceptible d'affranchir régulièrement une carte postale. Il s'agirait donc
d'une oblitération de complaisance destinée à valoriser et à localiser
ces cartes,
par ailleurs sans doute assez difficiles à rencontrer en France.
Troisième série
Nous classerons dans ce lot seulement deux cartes; mais
typiques et
différentes des précédentes, pour demander une division
parti¬
culière... Elles portent verticalement, dans la marge gauche du verso de
la carte, en rouge, la mention: «A Itchner, Huahine.»
assez
110
ne
4.
—
ITCHNER.
—
Carte à deux images. Type
I
a.
BORABORA.
ITCHNER.
Carte à deux images Type I a.
On retrouve la même carte avec la mention « E. Hanni
5.
—
-
La
reine
leriimaeviirua
—
».
s'agit de cartes postales portant, au verso, deux images au lieu d'une.
première de ces cartes légendées en rouge, nous montre, à «RAIATEA, Le chef Teraupoo», ainsi que «La famille royale, à Avéra» (III.
n° 4). La seconde, également légendée en rouge et avec les mêmes carac¬
tères, à «BORABORA, La reine Teriimaevarua» et «Jeunes filles
endimanchées» (III. n° 5).
Nous constatons toujours cet intérêt pour les «familles royales» qui
Il
La
caractérisaient les autres séries.
question, claire jusqu'à présent, commence à s'obscurcir lorsqu'on
en
présence d'exactement la même carte que cette dernière,
avec la seule différence qu'elle porte, en lieu et place du nom d'Itchner,
celui de la mention: «E. HANNI, éditeur», placée verticalement en
rouge dans le cadre à gauche du verso de la carte.
Voyons donc qui peut bien être ce nouvel éditeur intéressé par les Iles
Sous-le-Vent dont nous avons rencontré plusieurs fois le nom.
La
se
trouve
111
Eugène Hanni.
Eugène Hanni, 1870-1908, est un commerçant suisse qui voyagea en
Océanie et passa plusieurs mois aux Iles Sous-le-Vent en
1895-1896,
y rendant visite aux «familles régnantes». Hanni rumine en effet des
projets de spéculations philatéliques et rêve de voir ces «gouvernements »
émettre des timbres dont il tirerait profit. Il est suisse,
nous n'avons
donc pas à être surpris de le voir en relations avec
Itchner, qui possède
cette nationalité; il est commerçant, nous trouvons donc naturel
qu'il
songe à faire un peu d'argent en éditant des cartes postales à une époque
le
où
mode de la carte postale a déjà pris un bon départ dans les
pays
germaniques.
Nous trouvons «E. HANNI, éditeur» sur des cartes postales
figurant des
des scènes de vie indigène, et des groupes de familles
royales, à RAI ATE A, BORABORA, MOOREA et TAHITI. Son nom
paysages,
6.— £. HANNI.
—
itfijj
7.
—
E. HANNI.
Famille
rt VBSST
—
royale à Avéra. Type I
â&fAfini
La reine de Raiatea.
a.
reine T
Type II a.
112
8.
—
E. HANNI.
figure,
—
Raiatea. Le
chef Teraupoo. Type I
a.
sur le côté gauche
du type I à quatre lignes.
L'éditeur a souvent placé deux images sur la même carte. Dans ce cas,
ces cartes sont tout à fait les jumelles de celles qui portent le nom
d'Itchner et que nous avons mentionnées plus haut. Tous les clichés
d'Hânni 'figurent avec des marges ou des blancs plus ou moins impor¬
tants (III. n° 6).
du
en rouge, presque
verso
toujours verticalement
de la carte. Elles sont, au recto,
Cette série témoigne d'un intérêt particulier pour la noblesse locale.
Deux clichés pour la famille royale de Raiatea et la reine Tuarii qui
habitaient Avéra (III. n° 7); deux cartes également pour la famille
de la reine Teriimaevarua de Borabora. Nous pouvons aussi faire
connaissance du chef Teraupoo, alors une illustre figure locale en diffi¬
cultés avec l'administration française (III. n° 8).
La carte du chef
Teraupoo pose d'ailleurs quelques problèmes. Nous
signée : «Itchner, Huahine», où ce chef est assis,
entouré de sa femme et de deux enfants, dont l'un, un garçon, est
assis sur sa cuisse droite et l'autre, une fille, porte la main sur l'épaule
de sa mère. Il porte un uniforme, quelque vareuse de marin, avec
huit boutons, et une casquette à galons. Un tronc de cocotier bloque
la scène, à droite de l'image. Or, voici que nous retrouvons dans un
cliché Hânni, ce même chef, assis cette fois-ci, mais toujours avec la
même vareuse, le même pantalon blanc et le même képi, entre deux
femmes âgées dont l'une est la même que celle que nous avons appelée
sa femme dans le cliché précédent.
trouvons une carte
Sur le vu de ces deux clichés qui ont évidemment été pris par la
même personne et avec le même appareil — le pied n'a pas été changé
de place et le soleil s'est à peine déplacé — on est en droit de se
demander
qui était-le photographe Hânni
Pour de nombreuses
raisons,
ou
nous pensons
Itchner?
qu'une bonne partie des
clichés publiés par Itchner pourraient bien être des clichés Hânni. Le
fait de voir des clichés, mal titrés par Itchner («Tahiti, Intérieur indi¬
gène», par exemple), réapparaître avec une légende plus exacte chez
Hânni, le laisserait supposer. Ou le fait de voir des clichés publiés
Hânni, être de nouveau utilisés sous le nom d'Itchner.
113
par
Oui, c'est vraisemblablement Hànni, voyageur entreprenant, ouvert, au
qui traverse l'Océanie avec un appareil photogra¬
phique dans ses valises, c'est Hânni qui s'intéresse aux tifaifai, aux
marches sur le feu, aux pétroplyphes et à toutes ces curiosités
indigènes
que le commerçant Itchner intéressé surtout par sa production de
coprah et son magasin, ne songe pas à regarder avec un œil curieux de
fait des choses, et
nouveautés.
Il ne serait du reste pas impossible que certaines séries des Iles Sousle-Vent que nous venons de décrire n'aient été publiées par les soins de
Hânni,
en
rions alors
concernant
Suisse, lors de
son retour
d'Océanie. Nous
concerneraient les Iles Sous-le-Vent.
histoire: Des recherches sont en cours.
et
nous
trouve¬
face de cette
singularité : les premières cartes postales
l'Océanie, françaises, auraient été publiées par un Suisse
en
Mais cela
est
une
autre
Mrs. Hoare.
Encore que nous
n'ayions jamais eu le plaisir de rencontrer son
il n'est plus mal chaussé que cordonnier ! — Mrs. Hoare nous
est bien connue comme
photographe. Un Hoare est attesté à Papeete,
d'abord à titre épisodique, puis d'une manière plus stable
depuis 1869.
Mrs. Hoare tenait encore boutique, rue de la Petite-Pologne en 1902.
image
—
Nous avons eu entre les mains seulement deux cartes
le nom de Mrs. Hoare comme éditrice. Il
postales portant
s'agit de modèles composites,
formés de plusieurs photographies disposées au verso de la carte. Ces
cartes possèdent la caractéristique d'avoir été tirées en simili sur du
papier couché. Au recto, le type la avec un lignage décalé sur la gauche.
L'une est intitulée simplement: «TAHITI». Elle nous montre une
série de dix beautés tahitiennes, en buste ou en
pied, présentées sous
leur nom TITI et POPOTI, TARA, TU, TETUARUA, etc. Ces
personnes sont disposées d'une
de style floral très 1900 (III. n°
9.
—
Mrs. HOA RE.
—
manière décorative dans des
9).
Beautés tahitiennes.
114
Type I
a.
ornements
L'autre
est
conservée
aux
archives des P.P. de
Picpus, à Rome. Elle
comporte au centre du verso le tableau de la famille Pomare, un mon¬
tage photographique ovale de personnages réalisés par Mrs. Hoare.
Trois autres scènes locales : «Maison indigène de TAUTIRA», la
« Rue de Rivoli », «
Papeete et le Tombeau des Pomares (sic) », entourent
ces portraits. Même recto
que le précédent (III. n° 10).
10.
—
Mrs. HOARE.
—
Famille Pomaré
et
trois
vues.
Type I
a.
Petillot. Tahiti.
10 bis.
—
PETILLOT.
—
Galerie de tahitiennes.
115
Société des
Études
Océaniennes
Une carte
postale portant la mention: «PETILLOT - TAHITI»
à la carte postale de Mrs. Hoare : même
titre, même décoration végétale très modern' style, même brochette
de 9 jeunes femmes, toutes couronnées cette fois-ci. Ces vahine se
nomment Tuhau, Nono, Tuane, Taahi, Maraa... Il semble
qu'il
s'agisse de clichés F. Homes, dont le nom figure en bas et à droite
du verso de la carte. Cette carte postale est tirée en
phototypie et sur du
papier verdâtre. Nous ne connaissons que cette carte portant le nom de
cet éditeur dont la personnalité nous est inconnue
(III. 10 bis).
ressemble
comme une sœur
Série " Colonies
Cartes
françaises "
postales dont le recto appartient
au
type Ild.
Elles sont intitulées, sur le verso : COLONIES FRANÇAISES
ETABLISSEMENTS FRANÇAIS DE L'OCÉANIE; cette mention
est
imprimée
capitales tandis que la légende proprement dite, en
parfois très incomplète. On nous montre par exemple
la plantation des Atimaono sans nous dire qu'elle est à Tahiti, ou
bien,
une vue des Iles
Marquises représentant une anse avec un warf, sams
nous dire dans quelle île du
groupe a été pris ce cliché (III. n° II).
en
bas de casse, est
11.
—
Série
Nous
«
Colonies Françaises ». Vue des Marquises. Oblitération de fantaisie.
avons
eu
en
main huit cartes de cette série. Elles
nous pré¬
de Tahiti, des Marquises ou
des Iles Sous-le-Vent, des rues de Papeete (III. n° 12) ou des
personnages
dans un décor du photographe Hoare. Cette série ne possède ni signature
donnant les auteurs des clichés, ni nom d'éditeur.
sentent des vues concernant des paysages
On trouve cette série
avec
les mêmes
noir.
Nous
avons
légendes, soit colorée, soit
en
rencontré des cartes de cette série postées à Tahiti en
est donc certainement au moins de 1904.
janvier 1905; cette série
116
Editées par des
services officiels, ou dues à l'initiative privée, il est
des cartes de ce type aient été publiées sur d'autres colo¬
nies. Une recherche en ce sens apporterait sans doute quelques préci¬
sions concernant l'organisme émetteur ainsi que la date exacte de
probable
que
parution.
12.
—
Série « Colonies Françaises ». Vue de
Papeete.
Lucien Gauthier.
Le Parisien Lucien
Gauthier, 1875-1971, viendra s'installer à Papeete
photographe en 1904. Il quittera le territoire en 1921. Il avait
joint à son commerce de photographe une boutique de curios et uti¬
lisa maintes fois ses clichés pour faire éditer des cartes postales. Celles
que nous avons recueillies peuvent se grouper en plusieurs séries.
comme
1.
Nous classerons en premier lieu trois cartes postales qui nous
paraissent les plus anciennes. Elles sont imprimées en une phototypie
très fine, en noir, sur un dos Ha. Au verso des vues, soit à bord vif, soit
en dégradé, mais qui ne remplissent pas toute la carte et laissent des
blancs généreux. Elles sont légendées en minuscules de caractères
bâton: «Papeete La Cathédrale»; «La canonnière Zélée en rade de
Papeete (Tahiti)»; et «Papeete, Le Cercle Bougainville» (III. n° 13).
Ces trois cartes portent la mention : « L. Gauthier, édit. ». De cette
même époque, Raoul Tessier, dans son étude sur Les cyclones en Poly¬
-
nésie Française (B.S.E.O., 1969, p. 222) nous montre une carte pos¬
tale : «Souvenir du Cyclone du 8 février 1906», constituée par le
montage de six vues du désastre. Nous ignorons naturellement le type
du recto, mais la reproduction nous permet de penser que cette carte
doit rentrer dans cette même série. Et qu'elle est très vraisemblablement
due à L. Gauthier.
Nous
avons
1906. Elle
serait pas
voyage
rencontré une de ces cartes, oblitérée du 20 novembre
donne la date approximative de cette série. Il ne
nous
impossible que Gauthier ait fait tirer ces cartes lors du
qu'il fît en France pour s'y marier, en 1906.
117
Papeete
13.
—
Lucien
G A UTHIER.
Le Cercle
—
Une de
ses
premières
Bougainville
Type II 6(?)
cartes.
14. Lucien GAUTHIER.
Série numérotée.
Type III f.
1
15.
TAHITI
-
Certain* ancien
Editions R. P.
Tahitienne à ombrelle
en costume
Type IV 6 (?).
118
Société des
Études
Anewrl Mtitt
at'lhr
—
Océaniennes
ancien.
2.
A
de France,
Gauthier s'établit définitivement à
maison et s'installe confortablement avec une
boutique sur rue et un studio au premier étage. L'homme a de la
méthode et nous trouvons des séries de cartes postales qui sont mainte¬
-
son
retour
Papeete; il s'y achète
une
numérotées.
nant
Nous
ignorons ce qu'ont
thier, mais nous avons
être les douze premières cartes de Gau¬
entre les mains les cartes numérotées
13 et 14. En voici la description. Sur un recto de papier vert du type
Illk, au verso des vues tirées en noir. Elles portent la mention
«PAPEETE», précédée du numéro et suivie de la légende traduite en
anglais : « 14 - PAPEETE - Un coin du Marché - A corner of the
Market ». Le nom de l'éditeur figure également au verso : « Edit.
L. Gauthier, Papeete», d'un œil inférieur à la légende. Notons en
passant que la carte 13 nous présente «la rue de l'Est» dont le
magasin Gauthier forme le plus bel ornement (III. n" 14).
pu
eu
Dans cette série numérotée, nous possédons également un embryon
de série avec les cartes 130, 140 et 149 : recto avec le type IVb; au
le titre «TAHITI»
capitales, suivi de l'indication de la vue en
en anglais.
Le nom de l'éditeur :
figure au verso. La carte postale 149 a une faute
d'impression dans le titre anglais: nous lisons «Pearls divers in a
Mamotus lagoon », pour «Tuamotus», ce qui prouverait que Gauthier
n'a pas corrigé les épreuves de ce jeu.
verso,
bas de casse et de
«Edit. L. Gauthier»
sa
en
traduction
3. - Assez curieusement
auraient tous les droits de
nous
possédons des cartes postales qui
figurer dans les séries Gauthier, tant par le
recto que le verso; cependant elles ne portent pas son nom, mais, au
recto, verticalement au bord extérieur de la partie réservée à la corres¬
pondance : «Editions R.P.». Elles sont numérotées 1, 2, 14, 15, 22,
27, 36 et 39.
A notre
connaissance, les cartes n° 1, «Costume ancien» (III. n° 15),
«TAHITI, Vers l'intérieur de l'île» sont certainement des clichés
et 15
Gauthier. Les
Un
autres le sont
vraisemblablement.
curieux, le n*1 47 de cette série : TAHITI. L'arbre à pain
généreux — The Bread, Fruit in full bearing — est coloré
présente avec des marges blanches.
cas assez
et ses
et se
fruits
Deux autres photographies Gauthier posent de petits problèmes : l'une,
«Place du Gouvernement » figurant un 14 juillet, avec un titre en rouge,
porte au verso la mention également en rouge: «Edit. L. Gauthier,
Papeete». Son recto est de type Illf.
Une
un
photographie de la poste de recto type Ilf, pourrait, si elle portait
figurer dans la série Gauthier n° 2.
numéro d'ordre,
Gauthier est
- Une autre série
IVa. Nous avons des exemplaires
4.
en
couleurs. Leur
recto est
de type
de 100 à 118. Il paraît vraisemblable
que Gauthier ait commencé une série en couleurs par le n° 100. C'est
la même présentation que dans la série I avec la différence que les men¬
tions anglaises sont en italique. Toutes les cartes portent : Edit.
L. Gauthier.
Nous y voyons
paysages de la
concerne
des indigènes, hommes et femmes, des scènes et des
ville ou des districts, à l'exclusion de tout ce qui
les Iles Sous-le-Vent et les Tuamotus. Ces clichés ont été
colorés.
119
Société des
Études
Océaniennes
5.
Gauthier avait un magasin et devait tenir compte des goûts de sa
clientèle. Il a donc édité, en couleurs, une série qu'il a intitulée : «LES
BEAUTÉS POLYNÉSIENNES». Il s'agit de vahinés photographiées
en buste dans le studio de Gauthier. Elles se
présentent de face, de
-
profil ou de trois-quarts, souvent couronnées de la même couronne
de coquillages ou parfois de fleurs. Le même collier sert également
de décoration. Les cheveux, lisses ou ondés, sont souvent flottants
sur les
épaules. L'artiste qui a colorié les photographies leur a
donné un aspect uniforme noir de jais. Il a également toujours peint
les pareo en rouge et jaune.
Ces femmes se présentent sur un fond foncé avec le titre
«LES BEAUTÉS POLYNÉSIENNES», en réserve blanche.
de la série
Egalement
en réserve blanche, les cartes sont numérotées avec le nom de la vahiné
et son île: «1. FAANUI, de Nukahiva (Marquises)» (III. n° 16),
«2. MAREVA, de Tahaa (Iles-sous-le-Vent) », etc.
La onzième de la série que notre ami Gauthier avait sans doute poussée
nous n'avons rencontré que onze photographies de
à la douzaine
cette série
est : «11. RARAU DE TAUTIRA (Tahiti)» dont nous
avions admiré les rondeurs dans une carte postale de la série 4
—
—
(III. n° 17). Nous avons trouvé trois de ces «beautés» à la Bibliothèque
qui possède les n° 2, 3 et 8, tirés en noir, et possédant le
Nationale
même recto lib.
16.
Série
—
:
Lucien GAUTHIER.
les beautés polynésiennes.
Type II b.
17.
Lucien GA UTHIER.
« Rarau
beauté polynésienne incertaine.
—
une
Type II b.
120
—
»,
Panorama surprise.
L. Gauthier réservait
aux
clients de
son
magasin
une
surprise
: un
vaste
de la rade de Papeete composé de huit cartes postales mises
bout à bout dans le sens de la longueur. Il possédait en effet un appa¬
reil panoramique Allvista qui permettait cette prise de vue specta¬
culaire : elle allait de la pointe de Fare-Ute, disons même de la pointe
de Motu-Uta, jusqu'à Faaa. Le cliché semblait avoir été pris par un
temps exceptionnellement clair avec des lointains montagneux bien
dégagés. Nous trouvons là le Papeete tel qu'il apparaissait au petit
matin, avant la guerre de 14, aux arrivants extasiés. Gauthier avait
même indiqué par des flèches les points de repère essentiels. En fait,
Gauthier n'avait pas réussi du premier coup la publication de son
panorama. Nous avons eu entre les mains un autre dépliant manifes¬
tement tiré d'après les mêmes photographies mais dans lesquelles la
personne chargée du coloriage avait pris beaucoup de libertés avec les
montagnes. Toutes les pentes de l'Aorai, par exemple, probablement
fort peu visibles sur le cliché Gauthier, avaient été supprimées et ses
lointains contreforts n'apparaissent que comme d'informes traînées vio¬
lettes à l'aquarelle.
panorama
Le
retoucheur-coloriste, dans le second cliché, a redonné de la vigueur
arrière-plans, supprimé les affleurements de récifs visibles dans la
passe, et les a remplacés par d'habiles reflets dans l'eau, des silhouettes
des montagnes. Les trois navires à quai ou à l'ancre ont été repeints
en blanc ou noir et, comme les goelettes, leur
image renversée agrandit
leurs formes (III. n° 18). Toutes les constructions du bord de mer ont,
elles aussi, été rendues plus imposantes, par des touches de gouache
blanche et des toits rouges. Les clochers du temple et de la cathédrale
ont pris des proportions moins modestes. D'habiles nuages ont été
placés dans le ciel...
aux
Vive ! le retoucheur de Mr. Gauthier, qui a profité de cette première
épreuve pour changer de place l'Aorai et lui donner une hauteur plus
imposante.
18.
—
Lucien GAUTHIER.
panorama
—
Le port
de Papeete. Une partie fort retouchée de
de Papeete.
121
son
Ce panorama a été
tiré
par
l'imprimeur Le Delay, 127, boulevard Sébas-
topol, à Paris.
présentait sous une pochette grise, avec un rabat, sous le
Papeete - Panoramic view of Papeete - TAHITI»
et pouvait être envoyé par la poste, un lignage de trois lignes avait
été préparé à cette intention, auquel s'ajoutait deux autres lignes des¬
tinées à porter l'adresse de l'expéditeur.
Peut-on classer dans les cartes postales ce «panorama de Papeete»?
Non sans doute, car ce format extraordinaire et cette présentation inu¬
sitée n'étaient pas prévus par les règlements postaux. Honorons cepen¬
dant la mémoire de Gauthier en signalant cette maxi-carte qui fait
autant d'honneur à ses capacités photographiques qu'à son amour de
Le
dépliant
titre
se
«Panorama de
:
Tahiti.
Frank Homes.
F. Homes, installé à Papeete vers 1888, épouse la veuve du photo¬
graphe C. Spitz en 1894, et reprend son atelier de photographie.
Il
prend lui-même des photographies à Tahiti, Moorea, Huahine, et en
édite
un
en cartes postales signées de son nom ; nous en
cinquantaine susceptibles d'être classées en plusieurs
certain nombre
possédons
une
séries.
1.
-
Série
OCÉANIE FRANÇAISE
le titre général «OCÉANIE FRANÇAISE», imprimé
romain vénitien gras; la légende proprement dite est
imprimée en bas de casse rouge d'un petit corps ainsi que la signature
de F. Homes, placée sur l'illustration même. Ces cartes postales sont
tirées en noir, l'une d'elles est colorée.
Cette série porte
en
rouge, en
Ile. Elles donnent des vues sur Tahiti dont
présente des paysages; elles concernent Papeete, du palais du
gouverneur à la mission catholique en passant par l'Inscription mari¬
time, les ponts, la rue de Rivoli et celle de la Petite Pologne où se
situait le magasin de Homes.
Leur recto est du type
on nous
nous présente également,
devant son décor, des tane musclés
(III. n° 19); et, en liberté, leurs vahiné seules ou en groupes, au repos
ou au travail : vannerie, fabrication de chapeaux, mariage de la vanille.
Nous apprenons avec surprise, en regardant ces cartes postales de
Homes, que les indigènes fabriquaient du charbon de bois.
Il
présente également des personnalités telles que le prince Hinoï
d'Afrique avec une tunique à brande¬
bourgs, et quatre galons sur les manches arrangés en entrelacs et volutes
décoratifs lui remontant jusqu'aux épaules.
Homes
en
uniforme d'officier de chasseurs
Nous trouvons des
et Moorea.
vues
concernant
les Marquises, types et paysages,
Enfin des représentations de gravures de Cook dont
mentionnée ici. Il s'agit de: «Anciennes danses de
fices humains» - et «Ancienne pirogue tahitienne à
l'origine n'est pas
Tahiti» - «Sacri¬
Pare»...
122
Société des Etudes Océaniennes
19.
Série
Frank HOMES.
Oceanie française ».
20.
Série
II
Le
—
Type
21.
-
—
«
—
c.
Frank HOMES.
—
Serie
«
«
Frank HOMES.
Océanie française ».
prince Hinoi. Type II
Oceanie française ».
c.
Marquisiens. Type II
c.
Quelques cartes aberrantes
Une
autre
sont
légendées
série
des paysages
Elles
sont
comporte pas de titre général. Les cartes postales
noir et représentent des scènes de la vie indigène,
et dés types humains.
ne
en
signées
en
noir : «F. Homes», leur recto
123
est de
type IIIc.
22.
—
Série
Frank HOMES.
sans
titre
général. Indigènes.
Type III c.
2 bis.
On peut rapprocher de ce type, trois cartes postales concernant
des pirogues double qui portent la signature de Homes, en noir. Le
mot TAHITI en capitales précède la légende en bas de casse. Leur recto
-
est de
type Illg.
2 ter
Certaines cartes
de type Illj.
postales, du même type, sont tirées en vert; leur
Nous rencontrons au verso, des paysages, des
scènes, uneTahitienneetun Marquisiendans un décor du studio Homes
à Papeete.
-
recto est
L'une
figure des Cotres des Tuamotus.
TAHITI.
-
Pirogue double
P. Homua
23. Frank HOMES.
—
Série de pirogues. Type III g.
124
tudes Océaniennes
3.
Printed in the county
-
of Saxony
Homes fait imprimer en Saxe, des cartes
postales tirées sur un recto
anglais type IVf où nous lisons, verticalement à gauche, « F. Homes,
Publisher». La place du timbre est
marquée en pointillés et porte
la mention «Printed in the
county of Saxony».
Les cartes que nous avons
6374 et 6375 (III. n° 24).
entre les
eues
ros
Il
s'agit du
monument
mains portent les numé¬
commémoratif, érigé
au
capitaine Cook à la
Pointe Vénus par la Royal
Geographical Society en 1901, et d'une
gravure de Cook extraite des «Voyages» et montrant Cook
«witnessing
Native Dance, Tahiti 1769». En
fait, il s'agit de la gravure repré¬
sentant des danses de
Tonga.
Leurs
légendes
sont
imprimées
en
réserve blanche
Le monument du
sur
capitaine Cook ayant été inauguré
postales sont postérieures à cette date.
24.
4.
-
—
Frank HOMES.
Séries
—
anglaises
Carte imprimée « in the
county
en
fond noir.
en
of Saxony
1901,
».
ces cartes
Type IVf.
couleurs
En anglais encore, et cette fois en
couleurs, «F. Homes, Tahiti», fait
publier des cartes postales de recto Ib.
Nous avons eu entre les mains deux cartes intitulées
toutes les deux
CORAL ISLAND, OCEANIA»,
«A
blanche,
en
porté à la main,
capitales (III. n° 25).
en
:
réserve
Il
s'agit peut-être des scènes des Tuamotus bien que la végétation et
les habitants fassent plutôt
penser aux gens des Iles Cook.
Encore en couleurs, une autre série de Homes. Le dos est
de type Ilia,
Illd, tiré dans
un
ton verdâtre.
Certaines cartes portent, dans la partie réservée à la
correspondance,
imprimé verticalement : «F. Homes, Tahiti». D'autres ont la mention
«F. Homes»
portée
au verso.
125
Ces cartes postales représentent des paysages,
une vue des Tuamotus (un paysage du récif), et
de Papeete» au temps
Imprimées
de Huahine, Mooréa,
aussi une «Cathédrale
des lices blanches.
papier légèrement gauffré, ces cartes ont la parti¬
l'exception du ciel et des nuages.
sur un
cularité d'être tramées, à
25.
5.
-
—
Frank HOMES.
Deux cartes
Deux cartes
—
Cartes
en
couleurs. Type I b.
postales hors-série
postales F. Homes ne rentrent dans aucune des
classi¬
fications ci-dessus.
L'une est
légendée
en
caractère romain vénitien gras des clichés de la
Danse TahiHomes». Le
série 1, sur réserve blanche. On lit: «LA UPA UPA tienne». La Réserve porte également l'indication: «F.
recto est du type Illi.
26.
III i.
—
Frank HOMES.
—
Carte d'événement. Inauguration
126
o
du consulat américain. Type
L'autre
—
mais peut-on lui attribuer le
nom
de carte postale
—
nous
montre, au verso, Y «Inauguration du consulat américain » à Tahiti.
Mais la mention «CARTE POSTALE»
manque sur le recto qui porte,
en haut : «OPENING DAY
December 5. 1907», et en bas : «AME¬
RICAN CONSULATE, TAHITI», dans le caractère vénitien
gras des
clichés de la série I (III. n° 26).
-
Georges Spitz.
Le nom Spitz est attesté
à 1935. Charles, mort en
parmi les photographes de Papeete, de 1883
1894, est un commerçant bien connu, photo¬
graphe de valeur dont l'œuvre, importante, a été en partie conservée
au Musée de Papeete.
Sa veuve épousera un autre photographe,
F. Homes. Ce qui fait que le fonds
Spitz réapparaît parfois sous le
nom
de Homes.
Georges Spitz, fils de Charles, est un homme organisé. Les cartes
postales éditées par ses soins sont toutes numérotées et portent le
label de sa maison: «Edition G. Spitz, Tahiti»,
imprimé en noir, à
gauche et à droite, en bas du verso de la carte. Elles sont titrées avec une
légende en français, toujours traduite en anglais, le texte anglais étant
parfois en italique. Elles sont tirées en phototypie (III. n° 27).
Nous avons eu entre les mains 14 cartes de cette série. La
première
numérotée 9 ; la dernière 100b. Elles sont imprimées en noir, hormis
les numéros 61 (III. n° 28) et 95 qui représentent
respectivement la carte
de Tahiti et celle de Moorea, tirées de la
«Géographie» de Picquenot,
est
qui sont en couleurs. Elles représentent une scène historique (9)
«Tahiti devient français»; des fêtes du 14 juillet (84, 86 et
87); des
paysages (73 et 98) et des types humains (82, 96, 100b), la ville de
Papeete (64, 67). Elles sont imprimées sur un recto du type Vb et impri¬
mées sur du papier vert.
et
Il est délicat de les dater avec exactitude. Peut-être avant la
guerre de
14 pour les premières ; certainement
après la Première Guerre mondiale
pour celles qui figurent le «Juillet», car nous voyons sur la carte 84 un
27.
—
Georges SPITZ
—
Série numérotée. Type V6.
127
Tahitien portant la
montre le drapeau
croix de guerre sur sa veste blanche; et la carte 86
étoilé américain fixé au sommet d'un poteau télé¬
graphique de la place de la mairie sur laquelle se déroule la cérémonie
(III. n° 29).
On trouve des cartes
postales Spitz plus récentes et nettement entre les
deux guerres. Elles portent au recto sous les mots CARTE POSTALE POST CARD, la formule : «Le Magasin Spitz de curiosités, Papeete.
The
Spitz Curios Shop, Papeete». Les deux cartes de ce genre que nous
possédions sont tirées l'une en violet (Sur le bord du lac Vaihiria), l'autre
en vert (En pirogue, Papeete). Cette dernière a été détachée d'un
carnet. Elles sont toutes deux une image entourée d'un liseré blanc de
5 mm environ, avec une traduction anglaise de la légende. Type
recto
IVe.
28.
Georges SPITZ.
29.
—
—
Georges SPITZ.
—
—
Carte postale représentant la carte de Tahiti. Type V b.
Un
«
Juillet
»
d'après la Première Guerre mondiale. Type V b.
128
Henry Lemasson.
Le Nantais
Henry Lemasson
sera receveur
1895 à 1904. Il fera un second
de 1912 à 1920. Il était un
des Postes à Papeete de
chef de service
séjour dans l'île comme
photographe émérite.
Nous avons rencontré deux cartes
postales reproduisant des clichés
de Lemasson.
Toutes les deux
ont un recto
analogue de type la et un verso où le
est suivi d'une légende en bas de casse
placée dans
une réserve. L'une d'elles
porte: «ILES MARQUISES - Une vue à
Atuana» au verso, ainsi que, en bas de casse : «Cliché
H.L., A. Thuret,
titre,
en
capitales,
édit., Nantes».
Il n'est pas impensable
que H. Lemasson, qui était de la région nan¬
taise, ait fait publier quelques cartes postales par un
imprimeur de
cette région.
La seconde carte figure
«Deux indigènes préparant du Coprah» qui
servi à illustrer certains timbres de la série 1913
de l'Océanie fran¬
a
çaise (III. n° 30).
30.
—
Henry LEMASSON.
épisodiques. Type I
Cartes postales
a.
129
Société des
Études
Océaniennes
Makatea
Série
concernant la
Créée
en
Nous
avons vu
Compagnie Française des Phosphates de l'Océanie.
1908, dissoute en 1965 après l'épuisement du site, la C.F.P.H.,
pendant plus d'un demi-siècle, fit de Makatea un centre important
d'extraction du phosphate.
20 cartes postales constituant une série homogène. Le
du type IVc; le verso, tiré en bistre, porte un numéro d'ordre
suivi de : «MAKATEA» en capitales et de la légende de la vue en bas
de casse.
recto est
Ces cartes nous apportent une sorte de reportage graphique concer¬
nant la vie à Makatea. Nous y trouvons des paysages, la plage et le port
de Temao (III. n° 31), des champs d'exploitation et des scènes concer¬
nant la vie du personnel d'encadrement (III. n° 32) et des travailleurs.
BHBBiPïll
31.
—
Makatea.
19
—
Au temps
MAKATEA
-
Port Témao
de la splendeur et des navires à voiles. Type IV c.
130
L'illustration, toujours
un
blanc laissé
en
en
réserve
pleine
sur
page, est
légendée
sur
le ciel
ou sur
l'image.
Les cartes portent la mention : « C. de B.
(Reproduction réservée) »,
toujours portée sur le verso, à gauche ou à droite au bas de l'image.
Le photographe fut C. de Balman, le
père de la doctoresse Andréa de
Balman, qui exerce encore à Papeete. M. de Balman fut un temps
attaché aux Phosphates, ce qui explique que ces cartes
postales, sans
doute éditées par la Compagnie, portent ses initiales.
Cette série qui a pris un intérêt certain
puisque la Compagnie a aban¬
donné l'exploitation de l'île et qu'il ne reste
plus rien de cet important
centre industriel pourrait être datée
par un ancien ingénieur des Phos¬
phates, car les procédés de chargement du minerai ont été plusieurs fois
modifiés au
cours des âges. Le type de
ces installations et la silhouette
des navires en cours de chargement semblent dater des cartes
des
années 10 du siècle.
Les missions et les cartes postales.
Missions évangéliques
En 1863, la Société des Missions
Evangéliques de Paris prend la
succession, en Polynésie française, de la London Missionary Society.
Pour sa propagande, la Société des Missions
Evangéliques, qui a son
siège 102, boulevard Arago, fit imprimer des cartes postales.
33.
—
Missions Evangéliques
Le cotre de la mission.
Type IV g.
Société des
Études Océaniennes
Nous
en
avons
trouvé une que l'on peut dater d'environ 1920 et
de la mission, le «MARA NATHA» (III. n° 33).
concernant le cotre
la Société des Missions Evangéliques fait
imprimer des séries concernant leurs écoles, jeunes filles et garçons
photographiés en groupes avec leurs maîtresses (III. n° 34), la lépro¬
serie d'Orofara et des paysages des Iles. Ainsi faisons-nous connais¬
sance, à Tahiti, d'une baie de Manava que nous n'avons pu localiser
dans cette île, que les Tahitiens et les instructions nautiques ignorent
également.
Entre les deux guerres,
Les mêmes cartes
de blanc sur leur
postales existent en sépia ou en bleu, toutes
encadrées
verso.
Elles ont été imprimées vraisemblablement par Braun et Cie, Mulhouse,
le nom de cette firme étant porté au dos des clichés concernant Orofara.
Leur recto
34.
appartient
Missions
—
au type
Evangéliques.
—
IVg.
Une classe féminine à l'Ecole protestante. Type
Pères des Sacrés-Cœurs de
IV g.
Picpus
Les Pères des Sacrés-Cœurs ont en
charge les missions catholiques en
Polynésie française depuis environ 1830.
Les
représentants français de la mission éditèrent, entre les deux
guerres, des cartes postales qui semblent avoir été
dans des petits albums d'une douzaine de cartes.
présentées également
Nous avons eu entre les mains la première série. Elle concernait les
Iles Marquises et était éditée par les Pères du Séminaire des Missions,
Châteaudun
(Eure-et-Loir), à la «Phototypie L.A.
-
CHATEAUDUN
(E.-et-L.).
Nous
possédons quinze cartes postales numérotées de 1
mission des Iles Marquises.
à 15. Elles
concernent toute la
Celles qui sont datées permettent de
de 1930. f.a mission est alors sous
situer cette édition aux environs
la direction de Mgr Le Cadre
(III. n° 35).
132
Société des
Études Océaniennes
L'album comporte une page imprimée donnant des indications sur la
mission des Iles Marquises et la quatrième page de la couverture est
consacrée à une notice sur la congrégation.
Le recto de
ces
cartes
postales est, suivant notre classification, de
type IVi.
N' 13
35.
—
Iles
Marquises.
Mgr LE CADRE, 4ma Vicaire apostolique. - Son Ecole d'Atuona, inaugurée
Cœurs de Picpus. - Séminaire des Missions. - CHATEAUDUN (E.-&
L.).
Missions des PP. des Sacrés Cœurs. Iles Marquises. Type II g.
en
-
1924-
-
-
Pères des SS
Propagation de la foi
Les Services
français de la Propagation de la Foi, établis à Paris et à
Lyon, ont édité des cartes postales concernant les missions catho¬
liques.
La Bibliothèque Nationale en possède deux
portant la mention «Edi¬
tion de la Propagation deda Foi». Elles sont intitulées MISSIONS
D'OCEANIE. Elles représentent une vallée tahitienne de la
mer,
tirée « Au fil de l'eau », et un paysage tahitien, cocoteraie avec vue sur
Mooréa.
Le
tirage est
Le
recto de ces cartes es
est
en
bistre.
de type
IVi, la mention «CARTE POSTALE»
ayant été supprimée.
Ces cartes
Max
ont
dû paraître vers 1930.
Bopp Du Pont.
Max Bopp Du Pont, 1890-1966, fut photographe et cinéaste à Papeete.
Son fonds de photographe aurait disparu lors de l'incendie de la
pharmacie Jacquier, la nuit de Noël 1957.
Nous
avons trouvé une carte
postale portant la mention : «Cliché
Bopp, Edit. Marché Colonial», en rouge, figurant verticalement dans
la marge de gauche d'un cliché encadré de blanc, légendé en rouge :
« PAPEETE
(Tahiti) - Le Quai du Commerce, côté Ouest ».
Le
recto de cette carte est
du type
Ilg (III. n° 36).
133
Société des
Études
Océaniennes
Deux autres cartes
la mention «Cliché
postales inclassables pour nous portent au verso,
Bopp» (en petit caractère bas de casse).
légendées «Baie de Papetoai - Morea [sic]» et «Pêche
l'aiguillette au harpon (Tahiti)», dans le ciel avec des caractères du
même type, mais ces cartes ne semblent pas sortir de la même fabri¬
Les deux sont
de
cation.
En tout cas,
36.
—
elles portent l'une, un recto la, l'autre Ile.
M. Bopp
Collection A. Leboucher
Nous
avons
au verso en
colonial. Type IV g.
du Pont. Editions du marché
rencontré
une
bas à droite
(Tahiti).
postale portant le nom de cette
cliché lui-même.
carte
au
Celui-ci représente « MOTUUTA - Le
traduction sous-linéaire.
firme
Lazaret dans la rade de Papeete»
avec une
Recto curieux de
En
type Ilh.
guise de conclusion.
De l'intérêt
des cartes
qu'offrirait la collection
postales concernant Tahiti
Tels sont les résultats d'une
concernant les
première enquête et d'un premier
Tahiti.
inventaire
débuts de la carte postale à
Collectionneur de routine et tout occasionnel, ce que j'ai pu recueillir
à ce jour n'a été que le fait de hasards opportuns, d'heureuses
curio¬
amicales; car je n'ai jamais
fait partie du moindre club, je n'ai jamais échangé avec personne, je
n'ai même pas cherché à entrer en relations — ils existent certainement
quelque part dans le monde — avec les amateurs d'images qui, sous un
aspect ou sous un autre, auraient pu situer Tahiti dans le champ de
sités, de dons fortuits, suite de rencontres
leurs
investigations.
134
Et
cependant, aussi modeste soit-il, l'échantillonnage ramassé est suffi¬
montrer l'intérêt que pourrait prendre une collection plus
complète, menée avec un tant soit peu de perspicacité et de persé¬
sant pour
vérance.
Je reste d'ailleurs
persuadé que cette collection nous attend, et que
dans quelque coin de France ou de Navarre, il existe un marin
ayant
cessé de bourlinguer dans le Pacifique, un gendarme
nostalgique des
îles où il a longtemps vécu, quelque retraité de l'administration
ayant
conservé un coin du cœur pour le « Paradis» de sa jeunesse,
et que sur
le rayon d'un placard de leurs habitations, nous découvririons,
classée
dans une boîte à chaussures, la série complète des cartes
postales
existant à leur époque en Polynésie française.
Ce collectionneur
Que cet article
inconnu, il
nous
nous reste
aide à l'identifier
de le découvrir...
et à le faire sortir de
sa
réserve.
A Tahiti comme ailleurs, la carte
postale aura sa place, discrète, sans
doute, mais irremplaçable, dans les sources iconographiques concer¬
nant l'histoire locale. A manipuler ces cartes
pendant quinze jours, à les
regarder attentivement, à la loupe, à les contrôler les unes par les
autres, à les comparer entre elles, c'est toute l'histoire de la ville de
Papeete, par exemple, qui surgit devant nous. Il me paraît mainte¬
nant possible, à simplement mettre en ordre et à faire défiler ces
petits
bouts de cartes, d'écrire un article sur les différents bâtiments de la
Poste à Papeete et leurs emplacements successifs; de montrer l'évo¬
lution du décor des rues, les transformations du «Juillet» au travers
des décades, etc. L'intérêt des cartes Itchner-Hânni, en ce
qui
concerne les Iles-sous-le-Vent est manifeste.
J'ignorais — et le regretté
Commandant Cottez autant que moi ! — lors de nos recherches sur les
Pavillons de la Polynésie française, les cartes représentant les membres
des familles royales, fort souvent photographiées avec leurs couleurs.
Et bien qu'ayant professionnellement feuilleté 10 000
ouvrages trai¬
tant de la Polynésie française et recensé leurs
illustrations, je n'avais
jamais rencontré — hormis deux dessins à la plume de Paul Huguenin,
l'auteur de Raiatea la Sacrée
aucune image d'une «marche sur le
feu». Les cartes postales nous ont apporté la preuve qu'un
photographe
—
en
avait observé
une
dès 1896... Et ainsi de suite...
Que dans ses studieuses archives, notre ami F. Drollet ne manque pas
recueillir, à défaut des cartes d'hier, celles d'aujourd'hui; et
qu'au Musée, la savante Aurora Natua ne laisse échapper aucune
occasion de faire entrer dans ses trésors ces modestes témoins du
passé.
C'est un peu de l'histoire de Tahiti qu'elle y accueillerait.
de
Patrick O'REILLY
135
Société des
Études
Océaniennes
'
.
J
!
/
■
-
.
.
Société des
Études
Océaniennes
:
CARACTÈRES
DE
ne' doU °
TYPOGRAPHIQUES
RECTO
recto.
PjS^ rensej"
pas
acceptée
'pays
typographiques
Caractères
inscription^
3S-.
-
Localisation
"Le Magasin
exclu?
-IT-
curiosités.
Papeete
the Spitz
étrangers.
CARTE
CORRES¬
POSTALE PONDANCE
1
a
i
MENTIONS IMPRIMÉES
TYPES
M
Papeete"
1ST
ADRESSE
CAPITALES
M
e„,d.s
TDEMIMPLABCUREENT
TRAITS
LIGNAGE
VERTICAUX
TRAITS HORI¬
ZONTAUX SOULI¬
GNANT LES MEN¬
TIONS: "CARTE
POSTALE,
CORRESPONDce,
nombre
de
lignes
justif.
justif.
Gauche
Droite
*
4
simple
décollé
ADRESSE
b
*
4
M
italique
IMPRESSION
D'ÉDITEUR
ÉDITEURS
OU
OU DE
PHOTOGRAPHE
PHOTOGRAPHES
blanc
vert
bulle
..
rert
bistre
HOMES
-
HOARE
*
*
*
*
*
*
*
LEMASSON
sauf 4'
CARTE POSTALE
PAPIER
MENTION
*
HÀNNI
HOMES
*
sauf 4*
*
c
CAPITALES
en
b. d.
c.
M
4
d
CAPITALES
en
b. d.
c.
M
3
*
*
*
ITCHNER
e
CAPITALES
M
4
*
*
*
BOPP DU PONT
Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 178