B98735210103_164.pdf
- Texte
-
B U L L E T I
DE
LA
Société des Ëtudes Océaniennes
TOME
XIV—N° 3
N° 164 -SEPTEMBRE 1968
CONSEIL d'ADMINiSTRATION
Mr. Henri
JACQUIER
Président
Mr. Bertrand JAUNEZ
Vice-Président
Mei:* Janine LAGUESSE
Secrétaire
Mr. Yves
MALARDÉ
ASSESSEURS
Trésorier
:
Mr. Terai BRED1N
Me.
Rudolph BAMBRIDGE
Cdt
Pierre JOURDAIN
Mr. Raoulx TEISSIER
Mr. Temarii TEAl
Mr. Maco TEVANE
Mr. Paul MO ORG AT
Pour être reçu Membre de la Société se faire
membre titulaire.
présenter
par
un
Bibliothèque.
Le
Conseil
d'Administration
informe
ses
membres
peuvent emporter à domicile certains livres de la
en
signant
une
qu'ils
Bibliothèque
reconnaissance de dette au''ycas où ils
ne ren¬
draient pas le livre emprunté à la date fixée. Les autres
peu¬
vent être consultés dans la Salle de lecture du Musée.
La
Bibliothèque
et la
salle de lecture sont ouvertes aux
jours, de 14 à 17 heures, sauf
membres de la Société tous les
le Dimanche.
Musée.
Le Musée est
à 17 heures.
ouvert tous
les
jours, sauf le dimanche de 14
BULLETIN
DE
LA
Société des Ëtudes Océaniennes
POLYNESIE
TOME
ORIENTALE
XIV—N° 3
N° 164 -SEPTEMBRE 1968
SOMMAIRE
HISTOIRE
Lucien Gauthier,
photographe
siècle. Par Patrick O'Reilly.
à
Tahiti
au
début du
ARCHEOLOGIE
La collection
de
Joseph Otcenasek au Musée
Par
Papeete.
Anne Lavondès.
V.\,.
Compte-rendu
sur le
Kenneth P; Emory. Par
Société des
numéro jubilaire du Professeur
Francis-Moeav/a Peltier.
Études
Océaniennes
Société des
Études
Océaniennes
Lucien Gauthier
photographe â Tahiti
au
Il
debut du siecle
S3 ans le 12 Septembre dernier.
prétend "diminué" depuis une certaine chute ma¬
lencontreuse faite l'automne d'il y a trois ou
quatre ans
en
taillant les arbres de son jardin. Jusqu'alors un as¬
sez
étonnant
octogénaire : alerte, vif, agile et pas un
gramme
de plus que l'essentiel ! grand marcheur, parlant
de
400
mètres
sur
le stade, de performances à la nage
dans
sa catégorie et circulant à
bicyclette. On le trou¬
vait
toujours chez lui, le sécateur ou la bêche en main,
occupé à quelques travaux de jardinage autour de la gran¬
de
maison familiale
qu'il habite' à Neuilly-Plaisance.
Qu'on y arrive sous des averses ou par le soleil, la ré¬
ception est toujours agréable. Et pour peu qu'on frappe
chez
lui
en
compagnie d'un Tahitien qui puisse lui ap¬
porter des nouvelles de l'île, c'est la joie.
Encore
qu'il aime assez peu parler de lui et argue
qu'il a perdu la mémoire, au hasard des conversations,
par bribes, aujourd'hui ceci, demain cela, en feuilletant
un
album de famille, ou en regardant de vieux paquets de
photos, j'ai fini par faire le tour du personnage et pen¬
Il
se
a
eu
se
le bien connaître.
C'est
ainsi qu'il m'a raconté que son père, un paysan
région de Pithiviers, était monté tout jeune à Pa¬
ris
pour
y devenir cuisinier dans un grand restaurant de
l'époque. Bien avant Maxim 's ; la Maison Dorée: Tortoni
de
ou
la
le Café anglais
doute.
Poussé par le vent de l'¬
aventure, le bonhomme s'était retrouvé en Californie à la
poursuite de la fortune au temps du Gold Rush. Sagement,
aidé
par un ami qui avait le sens des affaires, il avait
vite
compris qu'il était préférable de fricoter de bon¬
nes
tambouilles
pour les gens de Frisco que de secouer
dans
un
tamis des sables, qu'on espérait aurifères, audessus
d'un ruisseau inconnu des Montagnes Rocheuses. Après des malchances toujours surmontées, il s'en était
tiré
du
bon
côté et était revenu en France vers 1870,
pour
s'y marier, à 44 ans et y bâtir la maison de Neuil¬
ly-Plaisance.
sans
74
Société des
Études
Océaniennes
Un demi siècle plus tard, sous le ciel parisien, Lu¬
cien
GAUTHIER, alerte nonagénaire, raconte ses sou¬
venirs au collectionneur Bjame Kroepelien venu lui
rendre visite.
(Cliché O'Reilly)
75
Société des
Études
Océaniennes
Ainai
tembre
mais
fils, Lucien, était-il né à Paris le 12 Sep¬
ce poussé par les récits
paternels ?
son
1875. Est
après les vacances bretonnes ou cauchoises, après
alignements de Carnac, le pont transbordeur de Rouen
les
ou
les falaises
bum
une
d'Etretat,
on voit apparaître dans l'al¬
1902 intitulée : Vue de m« chambre.
1208
Clav Street. D'une des fenêtres de cette chambre on
domine
la
Golden Gate et l'Ile des Anges. Nous sommes à
San Francisco.
Le
fils a mis les pieds dans les traces
photo de
mars
Il s'en est allé
paternelles.
aux Amériques pour
appren¬
27 ans. Deux ans, il restera au
service
de la French American B«nV. On est là-bas membre
du
SjghtseerB
Club et de l'Ï.M.C.A. On a des guêtres et
une
jumelle. Les vues des picnics, de campements, d'ex¬
cursions, de hamacs et de canons occupent plus de place
dans
l'album que celles de la banque d'où
l'on voit
dre
le
Il
commerce.
a
pas¬
dans
ser,
les
enthousiasme très
un
anciens
américain, Roosevelt et
soldats
de la grande armée. 1903. On passe
Francisco à Honolulu. On voit sur¬
tout
l'ami
Lucien
Tournois en février 1904 qui passait
pour
affaires.
Tournois arrive de Tahiti où il s'occupe
de la Société Commerciale de l'Océanie.
C'est de Tournois
année
cette
de San
bientôt, que viendra l'appel. Le charme de Tahiti a
joué
lui, et le flair commercial. Peut-être aussi le sens
chez
de
l'amitié. "Que fais-tu aux Btats-Unis ?...
Mrs. Hoare
photographe anglaise de Papeete est morte...Viens donc
avec un
appareil de photo..«Il y a une place à prendre...
Et puis tu verras le
pays et les vahinés..."
la
Il
n'avait
jusqu'alors jamais regardé à travers un
dépoli ni manié de 1'hyposulphite. Il fait vite un
peu
de photo
avec un ail round man qui lui apprend les
rudiments
du métier, à développer, à
retoucher, à rendre
blancs
les nègres et sans rides les vieilles dames. Puis
verre
s'embarque
avec
le
un
18
départ.-
vapeur
s'il
-
deux
plein océan une grosse baleine
qu'il secoua le bateau comme
avait
rencontré
un rocher. Le capitaine fit faire
tour et il vit les deux troncs du cétacé
qui flot¬
coupa
Le
endormie.
demi
le Mariposa pour Papeete où il
arrive
24 tout flambant neuf, payé 30 dollars avant
d'une traversée de 14 jours, son
"Au
cours
sur
x
en
choc
en
fut
tel
taient
sur la mer très calme".
"J'ai commencé plus que modestement.
Il n'y avait même
patente de photographe alors à Tahiti. J'en pris
une
de
colporteur...Et puis, peu à peu, sur place, j'ai
pris goût à la chose. Le fils du pasteur Viénot, qui m'a¬
vait
loué
une
petite maison, me proposa un jour, pour
30
francs,
un
objectif trouvé dans les affaires de son
pas
de
76
Société des
Études
Océaniennes
Ldfodnsetu,.ipha—légrGAUTHIER)
àtroépafpleiclrtreeuials,,GdbfA'EUrTsHeInEtR,(Cus-pmhcoêghr'ayéie.
mêe
Ecrans, Lucien peut
phe
père.
C'est avec cet objectif à portrait, beaucoup
meil¬
celui de l'appareil acheté aux Etats-Unis,
que
pris la plupart de mes clichés". Appareil et
objec¬
leur
que
j'ai
tif
existent
encore
dans
une
soupente de la maison de
Neuilly-Plaisance.
Lucien
Gauthier
eut vite fait de confirmer à
Papeete
de
photographe. Il regagne la
Prance après
avoir vu le terrible cyclone de 1906
qui
ravagea toutes les îles. Les catastrophes
sa
vocation
il
débarque à San Francisco
improvisée
l'accompagnent:
de jours après le fameux
tremblement
de
terre
: "Non sans
peine, je pus trouver
un
abri
dans
un
hôtel en plein champ. J'avais
emporté
quelques photos de paysages tahitiens, assez rares à cet¬
te époque. J'en vendais aux
journaux les droits de repro¬
duction
sans
28
et
peu
c'est ainsi que je retraversai les
Etats-Unis
bourse délier". En Prance il accomplit ses
presque
jours à l'hôpital Bégin,
le
30
Juillet
de
se marie - gibus et omnibus l'année suivante pour regagner, sans
plus tarder, Tahiti avec sa jeune épouse.
Gauthier s'était d'abord installé dans
fortune,
te
barrière
à
un
atelier de
des Remparts. La maison était dans .un état de
délabrement
lamentable,
"ouverte à tout venant, plus un
carreau.
J'y installai mon lit de camp, mon seul meuble.
J'avais
comme
voisins un vieux couple de
moitié
Tahitiens,
démolie
nous
une
séparait. Nous devînmes
rapidement de bons amis. Tous les matins la bonne Teura
m'apportait dans mon lit un grand bol de thé aromatisé
de
lait
de
coco. Quand mes loisirs me le
permettaient,
le vieux Taie, m'accompagnait dans mes excur¬
sions autour de l'île".
son
tané,
Dans
la
suite, photographe patenté, il se fera cons¬
maison de bois, rue de l'Est, face à l'hôtel
Tiare.
Il réside là à côté de son
atelier-studio, de son
laboratoire et d'une boutique qui a
rue. A
truire
une
pignon sur
cô¬
propriétaire d'une auto,
une Ford,
qui portera 110 comme numéro d'immatriculation.
Photographe dans une "capitale" qui n'est au fond qu'¬
une
petite ville de
6 000 habitants, Gauthier se voit
contraint
à
toutes les spécialités de sa profession.
Le
té d'un garage aussi,
car il est
portrait bien sûr-il a vu défiler le tout Tahiti devant
objectif - mais aussi le groupe familial, les jeunes
mariés, pour ne rien dire des premiers communiants, des
nouveaux-nés, et des marins de passage.
Il
convient aussi de satisfaire les visiteurs
son
clament
joint
lequel
baies
des
vues
de l'île. A
qui ré¬
son
premier appareil, il
a
allvista.
appareil panoramique tournant, avec
il prendra ces vues en largeur de montagnes, de
de
ou
côtes qu'on trouve parfois signées de
son
un
78
Société des
Études Océaniennes
Lucien
est
re
à
GAUTHIER
la
fois,
familiale.
photographe.
Il y
s'est fait construire
maison
qui
boutique, atelier, studio et demeu¬
a même un garage pour la Ford
d u
une
(Cliché L. GAUTHIER)
79
Société des
Études
Océaniennes
nom*
Il
bes,
grimpé
raconte comment il avait
me
passé plusieurs au¬
dans le clocher du temple de Paofai,
parmi
les
excréments d'oiseaux de mer, afin de trouver l'oc¬
casion
de
prendre une vue circulaire dominante d'un Pa¬
peete
qui n'avait alors jamais vu ni avion ni hélicop¬
tère
!
d'un
Papeete sous un parfait éclairage, avant l'¬
des nuages matinaux qui s'accrochent aux re¬
avoisinants.
Un demi - siècle après cet
apparition
liefs
exploit,
Gauthier
de
montre très
se
fier de
sa
performance !
quoi. La photographie est excellente
leure
idée
des
alentours
de la ville
Il y a
et donne la meil¬
aux
alentours de
1914.
Ses
appareils
"J'ai
le dos,
sur
appris Tahiti
par
Gauthier va courir l'île.
les jambes" me dit-il en me rap¬
l'Aorai, le 8 Octobre 1917, après
portant sa montée à
plusieurs excursions préalables et des tentatives in¬
fructueuses, accompagné d'indigènes débrousseurs. Il s'en
va
photographier le lac Vairla, le Pari, les pétroglyphes de la Papenoo, découvrir certaines hautes vallées.
Cela demande de bonnes jambes ! La route de ceinture n'¬
est
pas
encore
bouclée toutes les rivières ne sont pas
encore pontées,
et la Ford du Photographe reste parfois
en panne dans le lit d'un
petit cours d'eau.
"Admirateur
sions
étaient
partout
nous
chantions
nuit".
passionné de la nature, ces rares excur¬
plaisir suprême. Avec le vieux Taie,
étions bien reçus. Souvent le soir nous
mon
avec
nos
hôtes
au
clair de
lune, tard dans la
Gauthier rapporte de ses expéditions les clichés
qu'il
aime
: grandioses paysages
artistiquement composés, avec
premiers plans étudiés, de beaux reflets d'arbres
dans
l'eau, d'opportunes lumières. Il sait pour cela at¬
tendre
le bon jour et la bonne heure, le
passage du sys¬
tème nuageux favorable, l'ondée qui éclairoit
l'atmosphè¬
re... Il ne regarde pas à des
déplacements pour augmenter
des
collections.
ses
de
Makatea
môme
des
ou
Marquises
de la Zélée,
Il
Nous avons rencontré de lui des séries
de Moorea, de Raiatea et de Bora-Bora, et
où il peut aller grâce à
un voyage,
navire de la Marine Nationale.
si peu de place à bord de la goBlette, qu'il
des chaloupes sur le pont. Il est arrivé
avec de la pacotille et parvient à obtenir
quelques sujets
grâce au troc. Il ne réussit à faire sortir de sa case un
vieux encore tout tatoué que grâce à
quelques boites d'al¬
dort
y
a
dans
lumettes.
une
Les
demoiselles
sont encore plus
exigeantes
Et quelles conditions de travail !
plaques entre deux couvertures dè
développer ses clichés avec l'eau des torrents !
pour
poser
en tenue.
Il doit
charger ses
lit
et
80
Société des
Études
Océaniennes
Premier
atelier
de L.
GAUTHIER,
rue
des Remparts#
(Cliché L. GAUTHIER)
81
Société des
Études Océaniennes
Le
magnifique marquisien tatoué, photographié
assis, un
Gauthier, a du reste été tiré
s'agissait d'un Marquisien, en¬
des plus curieux clichés de
en
studio
à Papeete. Il
gagé
chez Cardella pour y travailler
sur une plantation.
"J'avais à côté de chez moi ce
que j'allais chercher bien
loin".
J'ai bien fait rire Lucien
prenant que son Marquisien
figurait
d'Outre
Mer, à
objet
en
lui
ap¬
Musée de la France
Paris, sous un cadre de bois
sculpté par
don de Lucien Vollard
qui pensait y voir un
ayant figuré dans la case de l'artiste aux
-
Gauguin
Gauthier
au
:
un
Marqui¬
Comme Gauthier n'a commencé à
travailler à Tahiti
qu'un an après la mort de Gauguin, il ne
peut s'agir là
que d'un trucage !
Gauthier s'aventura même dans la
photographie de gen¬
re. A l'usage des touristes
qui lui réclamaient des vahi¬
nés, Gauthier tira quelques jeunes femmes
indigènes qui,
pudiques sans être trop farouches,le laissaient
faire en
riant, sachant la discrétion du
photographe
et qu'elles
s'en
iraient dans les albums de lointains
ponaa sans ja¬
mais
risquer de figurer en tenue légère, dans la
vitrine
de la rue de l'Est. Ca fait honte
!...
L'occasion, cela va de soi, fait aussi de Lucien Gau¬
thier
un
photographe d'actualité. La vie paraît
lente,
sans imprévus,
archi-paisible dans ce Papeete du début du
siècle.
Et, cependant, le cyclône de 1906 vient
en quel¬
ques
heures terriblement ravager
!
ses
Tahiti,
graves
dommages. Et cependant le bombardement
truit
une
y causant de
de 1914 dé¬
partie de la ville...Kt cependant en
1918 une
tragique ' épidémie de grippe espagnole décime en
quelques
semaines
la
population...Tout bon photographe se double
d'un
journaliste. Naturellement notre ami ne
manque pas
de réaliser des
reportages sur ces événements. On trouve¬
rait
quelques unes de ses photographies su!r le
cyclone
dans
le numéro de mars 1906 de
l'Illustration, alors le
plus grand magazine français d'information. Le
bombarde¬
ment de Papeete est lui aussi
couvert pour l'Illustration
qui déclare à cette occasion qu'elle "considère
Gauthier
correspondant à Papeete". Gauthier a raconté
ailleurs
ses
émotions lors du bombardement de la
Ville,
sa
femme
fuyant, portant dans une brouette ses deux en¬
comme
un
fants
avec
une
la
le
ville
rue
de
quelques provisions,
ses allées et venues dans
"le courant d'air était tel
dans
l'Intendance qui flambait des deux côtés
que
en
flammes
:
casque colonial trop grand, dont j'étais
affublé, s'¬
envola.
J'eus la chance de le retrouver
plus tard, légè¬
rement
cabossé...
Je passais la nuit de cette
mémorable
journée à essayer d'éteindre, avec une lance
qu'un cama¬
rade
débrouillard avait réussi è mettre en
batterie, le
82
Société des
Études
Océaniennes
feu
qui s'était déclaré dans un énorme tas de farine qui
brûlait dans la réserve du Marché Colonial» Je savais que
si celui - ci flambait, toute la rue composée de bicoques
en
planches y passerait, y compris ma maison. Une simple
saute
de
vent
aurait
suffi pour tout rallumer.
Privé
d'électricité, je pataugeais dans les détritus, boites de
conserve,
etc...Je finis par éteindre le feu mais trans¬
percé,
complètement
dormir
dans
épuisé, j'eus l'imprudence de m'énce qui me valut le plus inou¬
couloir,
bliable des lumbagos. Impossibilité absolue de bouger mô¬
me
si
les Allemands revenaient. Aussitôt remis, je cou¬
rus
voir
où en était notre maison. J'aperçus dans le
un
paquet qui n'était autre qu'un énorme jam¬
très probablement par mon vieux fétil
Taie
qui, comme beaucoup d'autres Indigènes, avait com¬
mencé
le
pillage des magasins. Passé devant un tribunal
avec
d'autres, je le défendis vigoureusement et il fut
acquitté, le jambon n'en fut pas moins le bienvenu".
On revoit encore, en Mai 1918, des clichés de Gauthier
qui illustrent un reportage du Commandant Vedel sur la
guerre
à Tahiti. Ces événements majeurs n'empôchent pas
des
reportages plus anodins et d'un pittoresque moins
dramatique :
quelques "Juillets" particulièrement bien
conduits ; quelques épisodes de la vie quotidienne.
jardin
bon
un gros
d'York
lancé
Ces
clichés, qui circulent en France, causent parfois
tracas à leur propriétaire. Si l'Illustration
était correcte et accordait des droits d'auteur réguliers
beaucoup d'autres
publications, pensant que l'auteur ne
reviendrait
jamais d'aussi loin, ne se mettaient pas en
lui
mal
de
régler ses droits. A son retour en France,
Gauthier ne manqua pas de poursuivre ces journaux négli¬
geants pour en obtenir quelques réparations pécuniaires.
Dans la môme ligne, après un demi-diècle, il est enco¬
re plein
d'une véhémente indignation contre un grand éditeur
qui lui avait accordé 75 francs pour le droit de
reproduction d'un cliché destiné à une certaine "Géogra¬
phie pittoresque". Gauthier s'aperçut avec surprise qu'il
s'agissait de grandes héliogravures scolaires destinées
à un tirage de plusieurs dizaines de milliers d'exemplai¬
res
et qu'il eut la surprise de voir accrochés, [sans son
nom,
dans
toutes les écoles de France et des colonies !
Il
y avait eu tromperie volontaire dans l'énoncé du con¬
trat... Il
protesta,
plaida, obtint gain de cause, et,
finalement
l'éditeur fut
contraint à lui payer plus de
35 000 F de droits. "Et s'il avait été honnôte, conclutil, et m'avait rétribué au prorata de ses gains réels, j'
quelques
aurais bien dû
en
ou deux cents mille".
clichés furent édités en car—
toucher cent
Un certain nombre de
ces
83
Société des
Études
Océaniennes
tes
postales
:
tant en noir qu'en couleur* La
photo en
naturelles
n'existant pas alors d'une manière
commerciale, il s'agit naturellement de
couleurs
ces
à
coloriages facti¬
et
exécutés après coup. Il y aurait toute
faire
sur
Tahiti dans la carte postale* On
une
étude
y verrait
doute
la
part prépondérante prise par Gauthier
lancement de cette mode
qui, à Tahiti aussi, connut
très vif succès au début du siècle.
sans
Gauthier
à
ses
utilisa également
frais
"modeste
en
album"
ses
France, lors de
vues
son
en
au
un
faisant éditer
séjour de 1907,
un
qu'il
offre discrètement "aux fervents
d®
la
nave nave fenua. de la terre
délicieuse". Il s'a¬
git d'une
plaquette d'un format à l'italienne, composée
de
trente-et-une photographies et illustrée
d'après des
documents
de
Tahiti
par Ed. Rocher, un ami parisien de
l'auteur, chef d'atelier à l'école Estienne, en qui l'on
discerne un dessinateur très au courant de la
mode artis¬
tique et des goûts du Jour.
Rocher composa en effet pour présenter les photogra¬
phies de son ami, une suite de décorations, bandeaux, en¬
cadrements et
vignettes, de plus pur "modern style". Que
de
palmes, de coraux, de coquillages, de feuilles de taros
et
de
fleurs de tiare,
de chevrettes môme, vues à
les
travers
courbes
Majorelle ! Tout cela contribue à
faire de cette édition,un fort agréable document
d'époque.
Nous
y trouvons, outre ces paysages très étudiés qu'aime
Gauthier
et qui sont alors de rigueur avec un personnage
sagement assis à croupetons, de dos, en premier plan et
tournant
le
dos au photographe, quelques scènes plus animées
un coin du
:
marché, la place du gouvernement ou
le
Cercle Bougainville un jour de fête. Sans compter une
douzaine de gracieuses "beautés tahitiennes" dont certai¬
nes
sont
Mfio
la
nommées. Ainsi faisons-nous
la connaissance de
modeste, de Turai l'inquiète, de Tuu la rieuse,
vahinés qui
devaient faire tourner les têtes des visi¬
de
teurs
Tahiti au temps d'Emile Loubet, des derniers
voiliers et de la belle Othéro...
On
doit
encore
à
Lucien Gauthier
photographies
exposition
Titaiina
de
—
qu'un
coloniale
une
de Paris
femme de lettres
en
autre album de
un
éditeur lui demanda
temps de l'¬
1933. On avait pensé à
qui eut
au
son
qu&rt d'heure
notoriété journalistique dans les années 20
rédiger
res
reuse
la
de la
-
pour en
présentation. Devant les exigences financiè¬
voyageuse, l'éditeur renonça à cette trop oné¬
plume féminine et demanda à Lucien Gauthier de "fai
quelque chose". Embarassé par son manque d'expérien¬
ce littéraire, Gauthier s'en tira en racontant
simplement
ses
impressions d'un premier voyage à travers l'île. Et
re
84
Société des
Études
Océaniennes
fut
ce
fort bien ainsi.
tographies
fut
par
-
rapidement
Le livre
-
Tahiti,
texte et
pho¬
L. Gauthier, publié par Calava, en 1933
épuisé. Cet ouvrage, d'un assez modeste
format
carré, contient des photographies, reproduites en
héliogravure, de la dernière période de la vie de Gau¬
thier
à
jours
une
vement
et
Tahiti. La vahiné et le paysage y tiennent tou¬
place
la
prépondérante. La photographie de
documentation
ne
se
sont .pas, encore
mou¬
imposées
fe Tahiti
*
*
*
Dans la confortable maison qu'il s'est fait construire
Gauthier
a
ouvert
un
magasin, vite devenu
un
magasin de
"curiosités'' locales. Claire et accueillante, la boutique
est
bien
achalandée les jours où le courrier d'Amérique
celui de Nouvelle-Zélande débarque sur ce wharf de Pa¬
peete des visiteurs étrangers. Il leur propose, encadrées
et agrandies, ses
photographies bien sûr et des tourni¬
quets exposent des cartes postales, mais il présente aus¬
si des
curiosités des îles. Sur les murs du studio, des
costumes de danse, des morés sont suspendus en bonne pla¬
ce.
Leurs
formes
flottantes s'opposent aux lignes plus
strictes
des objets sculptés
marquisiens : bols, casseou
tStes, massues, rames, petites pirogues à personnages.
Sur les poutres sont alignés des pilons de Maupiti. Les
pierres de haches
abondent. Voici même des objets de
l'Ile de Pâques ! Aucune concession là aux envies douteu¬
ses,
aux désirs fantaisistes de certains touristes.Notre
photographe a du goût et le sens de l'objet.
Amateur
autant
que
marchand, il ne se rappelle pas,
sans un petit pincement de coeur, quelques opérations ré¬
trospectivement regrettables. Il me raconte avoir acheté
au
début de son séjour, à un Tahitien nommé Houzet, une
canne sculptée par Gauguin, reliquat de la vante de 1903.
"Une belle cane très abondamment décorée, me dit-il, or¬
née de serpents et d'autres animaux encore". Il la céda à
un
Américain de passage qui s'était montré un bon client
du
magasin et qui lui en donna cent francs. L. Gauthier
n'a pas trop de remords d'avoir laissé partir cette pièce
qui, aujourd'hui...mais n'était alors pour lui que l'amu¬
sement
manuel
d'un
artiste
non
encore
universellement
reconnu.
ami prétend avoir été un des premiers à Tahiti
à organiser d'une manière régulière et méthodi¬
que
le commerce des nacres travaillées. Un des plus sûrs
débouchés de
l'actuel commerce touristique local. Il
a-
N0tre
à
songer
chetait
sur
le marché local des
nacres
des Tuamotu
85
Société des
Études
Océaniennes
ou
des
Samoa
la
dee Samoa lui paraissait d'une
plus bel¬
Il les envoyait travailler en Prance. Il
avait découvert à Paris, dans le
Marais, un M.
-
nacre
le couleur.
Pierre, nacrier, qui dégrossissait les pièces dont un autre artisan
plus habile, du nom de Couteau, achevait le travail de dé
coration.
Les
nacres
revenaient à Tahiti
sous
forme
de
pe
tits
objets usuels : coupe-papiers aux manches délicate ment ouvrés, cuillers, broches,
pendentifs, breloques,col
liers. Elles servaient aussi à des incrustations décora tives pour des boîtes à cigares ou de3 coffrets à
bijoux.
Lucien
Gauthier
me
sortit
un
jour avec fierté une
boîte pleine
des spécimens de ses productions. Paris, utilisant
des documents fournis par lui, décore, grave ou
sculpte
en bas-relief des têtes de vahinés, des poissons
oiseaux, des motifs floraux ou botaniques. Je vois
même
des
silhouettes qui évoquent le style des statuet¬
tes
en bois de l'île de Pâques.
Par la même occasion, il
me
fut
donné d'avoir sous les yeux un cahier où étaient
indiqués les prix demandés par les artisans parisiens
pour les différents modèles.
Versons ces chiffres au dos
sier
de
la vie économique de l'Océanie Française aux alentours
de la première guerre mondiale. Paris demandait
24 francs pour la lame du coupe-papier, "modèle paon", et
36 francs pour la sculpture de la poignée, Le coupe-pa¬
pier figurant
une
serre
d'oiseau de proie, tenant une
perle
pipi valait, à deux francs près, le même prix. Une
broche,montée,selon la taille, de six à trente francs, la
et des
vahiné
ou
l'idole destinée
au
manche de
la cuiller
en
ar¬
massif coûtait 52 francs ; une
épingle de cravate
avec
une perle est
marquée 36 francs. En ce qui concerne
les coquillages sculptés, c'est la Calédonie - une séquel
le du travail du bagne - qui recevait les commandes.
Ces objets étaient d'un bon rapport touristique.
Achat
de
la
marchandise,
frais de poste, douane, il fallait
d'ailleurs
presque doubler le prix demandé par les arti¬
sans
pour
s'en tirer. Tout cela était d'ailleurs marqué
en
dollars.
On parle à cette époque dans la
boutique de
Gauthier
plus anglais que français. Un coupe-papier de
nacre
se
vend
facilement
cinq ou six dollars, parfois
beaucoup plus s'il est bien travaillé.
A
propos de ces objets, dans un coin de la boîte, une
minuscule photographie de notre ami nous permet de verser
elle aussi, au dossier de la vie économique
de Tahiti pen¬
dant la première guerre mondiale. En 1920, dans un moment
où
les
pièces de un et de deux francs étaient devenues
fort
rares, certaines maisons de commerce de la place se
mirent
à
"battre
monnaie".
Lucien Gauthier suivit
le
mouvement.
D'où ces petits bouts de carton photographigent
86
Société des
Études
Océaniennes
OGLdA"ubUypcoThuHnoitteIiEqgrRa.e,Plp'âmIalorqss,(Cbdécjohuvpnéxes
ldl'inatéeru stcurios,dneeaacursetsi
dcoein des Maupit, GAUTHIER)
Un
vend
de
portaient : "Bon pour deux francs. Monnaie lo¬
1920", le tout signé '.'L. Gauthier". On y
voyait,
se détachant sous un paysage, un tané et une va¬
hiné.
Son
initiative eut beauoup de succès auprès du
Plus encore, elle sera une source de revenus
public.
qui
ques
Papeete
cale.
notre ami, car, malgré la mention manuscrite portée
:
"Non remboursable après le 30 Juin 1920" a
peine quelques
exemplaires lui furent ramenés.
Ses
clients
de
Papeete avaient conservé par devers eux les
bons de leur photographe comme une amusante curiosité.
pour
dos
au
*
*
C'est
1921
en
que
*
Gauthier plia bagage, vendit ses
journaux locaux signalè¬
parmi les propriétés à vendre un "magasin et
atelier bien situés, comprenant une confortable maison d'
habitation
avec
électricité, téléphone, garage pour au¬
tos, tout-à-1*égout".
fonds
et
rent
rentra
en
alors
Gauthier rentrait
avec
ses
France. Les
en
France emportant dans ses bagages
attirail
de
photographe un certain nombre de
clichés
de Tahiti dont plusieurs caisses garnissent
son
grenier de la maison de Neuilly-Plaisance.
ses trésors un
après-midi.
une
chambre du
L.
Gauthier m'a conduit voir
T0utes
taines
et
ses
plaques, toutes ses pellicules, plusieurs cen¬
doute,
m'ont paru soigneusement embalées ,
sans
peut-être titrées. Mais j'avoue n'avoir jamais
mettre
le
nez
pu
y
à loisir. Mon ami remettant toujours à
une
nouvelle visite
un
inventaire de
ses
archives, faisant ap¬
pel à une "double et incurable aversion pour
l'ordre
et
les vieux documents".
Sans avoir
même rapidement, voir ces clichés, et
pu,
très bien savoir à quels critères se référa L. Gauthier ,
lorsqu'il les choisit parmi les milliers de plaques qu'il
pu
impressionner au cours de son séjour à Tahiti, il
m'est
impossible de porter un jugement bien précis sur
l'intérêt qu'ils peuvent présenter pour les chercheurs et
a
les historiens.
porté par un auteur à ses oeuvres n'est
forcément égal à leur importance objective. Gauthier
a
certainement
conservé par devers lui, en quittant Pa¬
peete,
tous
les clichés qui lui tenaient à coeur : ces
paysages
qui lui ont demandé tant de soins, ces vues de
plages de montagnes dont il est si justement fier. Mais,
en gros,
ces paysages demeurent, les cocotiers remplacent
les
cocotiers, et la même mer vient toujours baigner les
mêmes
Le documentaliste, lui s'intéressa da rivages.
vantage à
ce qui change, aux personnes, à leurs habitaL'attachement
pas
88
Société des
Études
Océaniennes
tions
dont
qui
ils
nes
de
par
les
vieillissent et disparaissent, aux cérémonies
héros, à tout cet épisodique des scè¬
rue et de la vie
quotidienne, sans cesse modifié
sont les
moeurs
Il n'est
se
res
pas
et les mentalités.
du
tout sûr que les choix de Gauthier
soient pas
vues
portés avec plus de préférence
panoramiques et ses tableaux de la
sur
ses
ne
chè¬
nature tahi-
tienne, que vers les portraits et les scènes de genre....
Quoi
qu'il en soit, il y a dans le grenier du 2 de la
des
Ecoles, une importante source de documentation
iconographique relative à Tahiti. Les fonds Spitz et Hoarue
couvrent, pour l'Océanie française, la période allant
la guerre de 1870 à la fin du siècle. De 1895 à
1905,
les photographies exécutées
par Lemasson et Agostini font
la
charnière.
Les Sylvain et les Mackenzie nous rensei¬
gnent pour la période allant de la seconde guerre mondia¬
le
à
nos jours. Hais pour les
vingt premières années du
siècle, Tahiti n'a guère connu que deux photographes :
Bopp du Pont et Lucien Gauthier. On sait que la collec¬
tion Bopp du Pont a été détruite dans un incendie en 1 956
d'où l'intérêt particulier des séries du bon photographe
que
fut Lucien Gauthier. Il demeure le témoin, désormais
unique d'une époque qui paraît terriblement lointaine aux
actuels
Polynésiens. Sans doute Papeete avait-il beau¬
coup
moins changé de l'époque Loti à la seconde guerre
mondiale, que de 1940 à nos jours...Songeant aux photo
graphies de L. Gauthier, j'allais écrire : qu'elles ail¬
lent finir dans le fonds des archives photographiques que
constitue
le
département des estampes à la Bibliothèque
Nationale, qu'elles tombent entre les mains d'un collec¬
tionneur
ami
de Tahiti, ou qu'elles aillent enrichir un
centre
de
documentation
photographique, peu importe,
pourvu
qu'elles soient conservées ! Et bien ! Non ! Ce
serait
une
erreur,
presque un crime. Ces photos deman¬
dent
à
revoir
la
terre qui les a suscitées, l'air qui
leur
a donné naissance. D'une manière ou d'une
autre, je
leur
souhaite
de se retrouver à Papeete où
des mains
pieuses les accueilleraient volontieis pour les utiliser,
selon
leur
vocation
première et où elles ajouteraient
à ce
patrimoine culturel déjà si riche et abondant
,
mais
qu'il importe de voir s'accroître de jour en jour
pour
la plus grande gloire de la nave nave fenua. qu'ont
si bien su capter les images de notre ami Lucien Gauthier
re
de
PATRICK O'REILLY
89
Société des Etudes Océaniennes
ARCHEOLOGIE
LA
COLLECTION JOSEPH
OTCENACEK
AU MUSEE DE PAPEETE
Lb 25 octobre
1966,
le Musée de Papeete
a
fait
l'acquisition d'une collection complète d'objets ar¬
chéologiques. • Cette collection, évaluée et transmise
par Bengt Danielsson, appartenait à Joseph Dtcenasek,
propriétaire à Atimaono, p.k. 40,500, dans le district
de Papara (Tahiti, Polynésie française). Elle comprend
les principaux types d'objets de pierre représentés, à
Tahiti : .pilons, herminettes, poids de pêche, ancres,
ti'i. Cet ensemble est intéressant par le nombre des
pièces et surtout parce qu'il est assez homogène et
bien localisé.
Le matériel lithique conservé au Musée de Papee¬
te, lorsqu'il provient de Tahiti,
porte rarement une
indication d'origine plus détaillée. Réunis au hasard
de dons
et d'achats très divers,
trouvés également
dans des conditions très différentes
et le plus sou¬
vent inconnues,
ces objets n'ont guère entre eux
de
points communs, sinon leurs caractères typologiques.
C'est pourquoi
la collection J. Otcenasek représente
un apport important,
aussi bien pour les chercheurs
que pour le public qui s'intéresse à l'archéologie et
au patrimoine tahitien.
Ces
objets ont été trouvés par J. Otcenasek luipour beaucoup d'entre eux,
sur ses propres
terres.
J; Otcenasek possède un tracteur et effectue
des travaux agricoles chez lui
et chez les proprié¬
taires des environs.
La
plupart des objets ont été
ramassés au cours de ces travaux,
soit en surface,
soit à faible profondeur, et presque tous proviennent
du district de Papara.
Une partie de la collection a
été étiquetée parJ. Otcenasek et porte une indication
de provenance assez précise
(par exemple "chez nous,
culture" ou "propriété Untel"); Quelques-uns viennent
d'autres districts
de la même côte
:
Paea, Punaauià
ou Mataiea
; l'un d'entre eux a été trouvé à Faaa.
même,
et
90
Société des
Études
Océaniennes
Les pilons de la collection sont au nombre de 41
(Musée de Papeete, n°s 1621 à 1661 ), parmi lesquels il
faut compter
31 pilons entiers en plus ou moins bon
état, et 10 pilons incomplets, dont la tête a été
cassée
au
niveau
du col
au-dessous.
ou
Ces
tous
eux
pilons sont de type ancien en classique,
usagés ou même très usés; Seuls trois d'entre
ont des
dimensions
ou
des formes anormales
;
fa¬
çonnés avec des instruments de métal ou abrasés à la
meule, ils n'ont jamais été utilisés et sont visible¬
ment de facture moderne.
Si on laisse de côté ces exceptions,
l'ensemble
apparaît de petite taille : sur un total de vingt-huit
pilons complets, vingt-et-un mesurent entre 100 et
130
mm
de hauteur
et
trois mesurent entre 80 et 100
Quatre pilons seulement
font plus de 130 mm de
d'entre eux, le n° 1633, ne dé¬
passe pas 161 mmLa hauteur moyenne est de 118 mm
pour tous les pilons,
et si on excepte les quatre
exemplaires mesurant plus de 130 mm, la hauteur
moyenne n'est plus que de 112 mm.
mm.
haut et le plus grand
Parmi les pilons
incomplets, certains devaient
grande taillB si on en juge par le déve¬
loppement de la base (n°s 1658, 1659, 1660), mais il
n'est pas possible,
d'après ce seul critère, de dé¬
terminer la proportion
de pilons hauts et de pilons
être d'assez
courts.
Tous les
pilons de petite taille sont de forme
conique : le profil du corps est rectiligne, parfois
légèrement concave, rarement mixte. Ils ont une base
étroite. J; Garanger (1967» p; 7 à 19)» en faisant-le
catalogue des pilons polynésiens conservés au Musée
de l'Homme,
a mis au point une méthode d'analyse dé¬
taillée des formes qui, ajoutée au calcul des indices
importants, fournit des éléments de description et de
comparaison très précis et permet de définir les types
principaux représentés en Polynésie. C'est ce travail
de base
que nous utiliserons pour faire l'examen des
pilons tahitiens dont il est question ici. Ceux des
pilons coniques
de la collection
Otcenasek qui
sont en assez bon état pour être mesurés ont un indice
•
.
91
Société des
Études
Océaniennes
de
(1) variant
rétrécissement sommital
de 14
à
26,
de 20, J. Garanger (1967, p. 11)
trouve une moyenne identique
pour un ensemble de pi¬
lons coniques polynésiens,
les indices variant entre
16 et 25o
Par contre, les pilons coniques de la col¬
lection J0 Otcenasek paraissent particulièrement tra¬
pus :
leurs indices d'élancement (2) vont de 24
(nD
1657) à 39 (n° 1641),
La moyenne est de 31,
chiffre
inférieur à celui que trouve Garanger pour l'ensemble
des pilons polynésiens du Musée de l'Homme, y compris
avec
les
une
moyenne
pilons récents des Ties de la Société et des Mar¬
quises,
à base large
et profil
concave,
plus souvent des indices faibles34
(Garanger-1 967,
est de
11).
p.
La convexité de
qui ont le
Ce chiffre
la surface basale varie
beaucoup
pilon à l'autre. L'indice de convexité (3)
le
plus faible est de 15 et le plus grand,
qui concerne
un pilon à base bulbeuse
(n° 1647), est de 96. L'in¬
dice moyen pour l'ensemble des pilons
de faibles di¬
mensions est de 41.
Ce chiffre
est très fort,
mais
dans
cette
moyenne sont compris trois pilons à base
bulbeuse dont la convexité est très importante. Si on
les exclut,
la moyenne pour l'indice de convexité
d'un
tombe à 330
les caractères
Mais
hauteur totale,
de la base,
ne
oue
nous
venons
d'examiner,
forme conique, largeur et convexité
permettent pas à eux seuls d'établir
l'appartenance -"un pilon à un groupe culturel déter¬
miné ou même à un .type de pilons particulier
dans un
groupe donné.
(1). i.r.
(2)
•
=
=
diamètre de la base
x
diamètre minimum du
corps.
10
hauteur basale x 10
demi-diamètre de la base.
(3). i;c.
=
hauteur de la base x 100
demi-diamètre de la base.
(il faut entendre
la flèche
par
sous-tendue
"hauteur de la base"
le grand diamè¬
par
tre de la base.
92
Société des
Études
Océaniennes
C'est essentiellement
la forme
de
la tête
qui
pilon ou un type de pilons. J„ Garanretenu comme éléments principaux de classifica¬
caractérise
un
ger a
tion les caractères suivants
-
pas
de tête
-
tête
-
tête à
à
!
différenciée (pilon' élémentaire),
épanouissement axial,
épanouissement latéral.
(Garanger, 1967»
p.
12 à 1Q et
p.
43).
C'est d'après un ou plusieurs
de ces caractères
analytiques que J. Garanger (1967, p. 22 et 27) dis¬
tingue sept types polynésiens classiques,
dont deux
appartiennent aux Iles de la Société :
VA
—
V D
-
(à
barrettes latérales
et
Type Maupiti (à grand développement
l'épanouissement latéral).
de
Type tahitien
médianes),
On trouve
parmi les pilons
Otcenasek les deux formes de tête
tête
de la collection J.
:
dix-neuf ont
une
à
épanouissement latéral, trois seulement sont à
épanouissement axial plus ou moins caractérisé, six
objets sont des
pilons élémentaires sans tête dis¬
Tous les pilons de qrande taille
tincte.
et les pi¬
lons de fabrication moderne sont à épanouissement la¬
téral.
pilons élémentaires, sans tête distincte,
(n°s 1641, 1645, 1646),
pour trois d'entre eux
un sommet brut,
à surface convexe. Le n° 1644 se ter¬
mine en sommet de cône arrondi.
Le corps de ce pilon
est à profil mixte rectiligne, le point de rupture se
situant à mi-hauteur. La base est elliptique,convexe,
avec une arête basale émoussée.
La hauteur de ce pi¬
lon est de 102 mm,
les dimensions de la base, 79/68
mm
; ic = 25 ; ie = 26.
Les
ont,
Les
est
n°s
1648 et 1649 sont des pilons dont la base
bulbeuse, à surface très
convexe
et
sans
arête
basale. Le contour de la base est circulaire; Le pro¬
fil du corps est concave. Le sommet
du n° 1648 est
une
surface
olane, celui du n° 1649
est
93
Société des
Études
Océaniennes
une
surface
convexe, non travaillée.
hauteur totale, 79 mm de
diamètre
sommet
au
Pour le
diamètre
46/43
n°
de
;
1649,
la base
Le n° 1648 mesure 120 mm de
diamètre de base, 31 mm de
ic = 90 ; ir = 25 ; ie = 30.
la hauteur est
celui
de 105 mm, le
du sommet de
de 87 mm,
mm.
Des
trois
sement axial,
particulière
pilons dont les têtes sont à épanouis¬
a une forme, très
le premier fn° 1636)
et sera décrit plus loin.
Les deiix au¬
tres sont moins
caractérisés
:
le
n°
1642
a
un
corps
nettement
conique, à profil rectiligne. La base est
elliptique et convexe. Le col est bien marqué et il
est en continuité avec la tête qui le prolonge verti¬
La section transversale
calement.
du col
et
de
la
elliptique. La surface sommitale, de même
forme, est légèrement convexe. L'arête du pourtour
est entièrement émoussée.
Les caractéristiques de ce
pilon sont les suivantes : hauteur = 1 02 mm ; diamètre
de la base= 66/59 mm ; diamètre du sommet et du col =
3,1/2,8 cm ; ic = 46 ; ir = 21 ; ie = 30.
tête
est
Le n°
1647
est
pilon de très petite taille,
est à profil mixte rectiligne. La base
très convexe, avec une arête basale un
peu émoussée.
La tête est peu différenciée : la sur¬
face sommitale, de contour circulaire comme la partie
supérieure du pilon, est séparée en deux par une sim¬
ple gorge sommitale. Hauteur du pilon = 81 mm ; dia¬
mètre de la base = 63/56 mm
;
diamètre au sommet =
2,7 cm ; ic = 96 ; ir = 23 ; ie = 26.
un
dont le corps
est bulbeuse,
têtes à épanouissement latéral
ont des for¬
diverses, mais un type principal se dégage
bien que,
même à l'intérieur de ce type, les formes
ne soient pas
très homogènes. Il caractérise neuf pi¬
dont la tête est à épanouisse¬
lons sur les dix-neuf
ment latéral. La tête de ces pilons est en continuité
ou en discontinuité
avec le col. Dans trois cas (n°s
1622, 1626, 1627), la tête est en continuité totale
avec le col. Trois pilons
(n°s 1623, 1624, 1634) opt
col et tête discontinus.
Pour les n°s 1621
et 1629»
Les
mes
très
il y a
n°
discontinuité latérale seulement,
1625, discontinuité faciale.
94
Société des
Études
Océaniennes
et
pour
le
La tête est
généralement assez réduite, peu éle¬
(environ 1/6 de la hauteur totale) et peu déve¬
loppée latéralement. Elle affecte le plus souvent la
forme d'un parallélipipède rectangle,
plus ou moins
régulier, dont les arêtes sont fréquemment arrondies.
le caractère essentiel commun à tous les pilons
Mais
de ce type est la double gorge sommitale
(cf. Garanger, 1967, p. 14, IV - B 7). Sur la surface sommitale,
sont creusées, dans le sens transversal,
deux gorges
plus ou moins larges, plus ou moins profondes,
sépa¬
rées par une arête médiane. Les projections latérales
peuvent être travaillées très sommairement et ne for¬
mer qu'une protubérance convexe
(n° 1622). Dans d'au¬
tres cas (n°s 1621, 1623, 1630),
des faces latérales
sont dégagées, séparées de la face sommitale
par une
arête parallèle à l'arête médiane. Les arêtes médiane
et latérale sont alors plus élaborées et forment
des
barrettes simples (nQs 1621 et 1623)
ou
doubles (n°
1629). La surface sommitale entre les barrettes n'est
plus toujours piano-concave, mais peut être tout à
fait plane ou plano-convexa.
vée
Un
type très voisin est également représenté :
marqué par une triple gorge sommitale (cf. Garanger, 1967, p. 14, IV - B 8),
mais ses caractères
essentiels ne sont pas très différents de ceux du ty¬
pe précédent; Le n° 1628 est d'un aspect fruste, avec
de simples protubérances latérales.
Le n° 1630 porte
il est
deux barrettes médianes doubles et deux barrettes la¬
térales
simples.
Malheureusement, plusieurs pilons ont leurs pro¬
jections latérales cassées ou abimées et on ne peut
préciser à quel type ils appartiennent.
Parmi les
ment
latéral,
suivantes
à
-
1
657)
pilons dont la tête est à épanouisse¬
trouve encore les formes de tête
on
:
simple
gorge
sommitale (n°s 1631
,
à profil sommital rectiligne
(en vue faciale)
protubérances latérales peu développées (n° 1639).
-
et
1637, 1640,
î
95
Société des
Études
Océaniennes
5ur les
quatre pilons dépassant 130 mm de hau¬
n° 1629, est conique (ir = 25), Les
trois
1632, 1633, 1634) sont des pilons à
base large, circulaire, peu convexe
et dont le corps
a un
profil concave.
teur,
un seul, le
autres (n°s
Tous
ont
une
tête
à
épanouissement latéral, et
1629 et le
pour deux d'entre eux, le pilon conique n°
n° 1634, elle est à double gorge sommitale
rettes médianes et latérales.
Le
n°
1632
usé,
et à bar¬
est très
une
des projections latérales est cassée,
section transversale de la tête formait
à
La
l'origine
rectangle aux cêtés et aux angles arrondis, La
longitudinale
(dans l'axe du pilon) est un
rectahgle, La face sommitale a la même forme que la
plus grande section transversale. Le profil sommital,
en vue faciale, est un V très ouvert. Les deux
plans
de la surface sommitale sont très légèrement convexes.
Les faces longitudinales et la face latérale existan¬
te sont légèrement convexes.
un
section
Le
n°
1633
est
pilon tahitien classique dont
prisme triangulaire,
Ce type
n'est pas
rare,
il est déjà représenté au Musée de Papeete,
Peut-être
s'agit-il d'une forme inachevée du pilon
tahitien classique, à barrettes médiane et latérales,
de même que le pilon marquisien
phallique n'est, semble-t-il, qu'une ébauche du pilon bifrons sculpté de
deux têtes de tiki (cf. Bouge, 1931, p; 12, et Garanger, 1067, p. 69).
un
la tête est formée par un simple
sans
modifications
décoratives.
Nous
ne
décrivons ici
la fois intéressants
que les pilons qui sont à
et dans un état de conservation
suffisant,
1°/ Pilons coniques dont,
la tête est à épanouis¬
sement latéral.
N°
1621
Ce pilon de basalte a un corps conique, à profil
mixte, convexe dans sa partie supérieure, puis droit,
le point de rupture se situant à 25 mm de lg base.
96
Société des
Études
Océaniennes
Le
(25/30 mm), est
col, elliptique
faciale
avec
la tête et
en
en continuité
discontinuité latérale.
tête, à épanouissement latéral, est à double
sommitale avec barrettes médiane et latérales.
C'est un
parallélipipède rectangle dont les arêtes
La
gorge
latérales
et inférieures
mitale est
sont arrondies;
La face
som¬
de contour rectangulaire, avec les
grands côtés convexes. Les barrettes médiane et laté¬
rales
sont
simples, de coupe triangulaire pour la
barrette médiane, rectangulaire pour les deux autres.
Les faces latérales sont planes et forment un rectan¬
gle aux angles et aux côtés arrondis ; elles sont lé¬
gèrement convergentes.
Les
elles
faces
sont
La
convexe
plane,
longitudinales sont très réduites
planes, de forme triangulaire.
base,
faiblement elliptique (65/57 mm),
arête basale peu nette.
est
une
avec
L'objet est
en assez
bon état,
malgré
une cas¬
à la base.
sure
Hauteur totale
46
:
mm
;
largeur
ir
=
26
I\l°
1622
;
=
ie
20
=
115
=
mm
;
;
longueur de la tête
hauteur = 16 mm.
-m
=
30.
Ce pilon est en basalte.
Sa forme générale rap¬
pelle beaucoup celle du n° 1621.
Le corps
est conique, à profil mixte rectiligne,
à 20 mm de
point de rupture peu marqué se situant
l'arête basale.
le
Le
tinuité
col,
totale
La tête
très elliptique (33/22 mm), est
avec la tête.
à double gorge
en con¬
sommitale. La plus
grande section transversale et la surface sommitale
la
d'une ellipse trèg allongée.
ont
forme
Le face
est
97
Société des
Études
Océaniennes
sommitale est piano-convexe. Les gorges, sont peu
pro¬
fondes
et
déterminent une barrette médiane
et deux
protubérances latérales convexes ; les surfaces lon¬
gitudinales, latérales et inférieures sont continues.
La base est elliptique (68/54 mm), convexe, sans
arête marquée.
Elle est détériorée par plusieurs en¬
lèvements accidentels
ir
=
N°
1623
20
ie
:
34.
=
Pilon conique
profil droit.
Le col est
nuité
avec
en
basalte,
La tête
B 12
elliptique (32/27 mm) et
est à
tions latérales
A
La
simples
a
été cassée
mais
à
ras
un
disconti¬
rectangle
aux
angles
et
avec
bar¬
(Garanger,
type
l'une des projec¬
du corps et manque.
l'origine, la plus grande section
mait
en
épanouissement latéral,
cf. 1967, p. 14),
a,
le corps est à
la tête.
rettes médiane et latérales
IV
dont
transversale for¬
aux
côtés arrondis.
section
longitudinale (dans l'axe du pilon) est
semi-circulaire. La face sommitale est piano-convexe,
en continuité avec les faces
longitudinales, La bar¬
rette
médiane, de coupe triangulaire, se prolonge
jusqu'à la face inférieure. La barrette latérale
existante, en relief par rapport à la face sommitale,
forme le contour supérieur de la face latérale. Cette
dernière est plane et oblique convergente, de contour
trapézoïdal convexiligne. La face inférieure, pianoconvexe, forme un rectangle.
La base,
de contour irrégulier, sans arête mar¬
quée, est légèrement convexe. Elle est très usée et
abîmée.
ic
=
15
;
ir
=
20
ie
;
Hauteur totale =124
47
mm
;
largeur
=
28
mm
;
=
37.
;
longueur de la tête
hauteur = 20 mm.
mm
98
Société des
Études
Océaniennes
=
1626
W°
Ce
pilon,
mauvais
sez
basalte, est malheureusement
en
en
Le corps est
conique, à profil rectiligne.
Le
forme d'ellipse (37/3D mm),
col,
continuité
La
as¬
état.
en
avec
est
en
la tête.
tête est à
gorge sommitale ;
cassée à sa base,
épanouissement latéral avec double
l'une des projections latérales est
l'autre est détériorée par quelques
enlèvements accidentels.
de la tête
sont continues,
arêtes vives.
La plus grande section
transver¬
sale forme
un losange
convexiligne aux angles arron¬
Toutes les surfaces
sans
dis et la section
est
longitudinale, dans l'axe du pilon,
demi-cercle.
La face sommitale est convexoElle est traversée au centre par une barret¬
en
concave.
te
médiane double
il
s'agit plutôt d'un relief peu
séparé en deux au sommet par une
incision étroite,,
Les projections latérales, de sec¬
tion transversale elliptique, sont
perpendiculaires à
la surface sommitale.
La
projection, qui n'est pas
brisée, forme une protubérance verticale et convexe,
accentué,
en
:
arrondi,
continuité
avec
toutes
les
faces.
Les faces longitudinales
ont une forme triangu¬
laire. Les faces inférieures sont piano-convexes.
La base
est très
contour et de surface
ir
=
17 ;
ie
=
Hauteur totale
65
mm
geur
;
=
usée et
détériorée. Elle
irréguliers,
est de
33.
1 i 0
;
diamètre de la base
longueur actuelle de la tête
60 mm ;
lar¬
28 mm ; hauteur = 27 mm.
=
mm
=
=
I\l° 1629
Ce
les
pilon conique, en basalte, est olus élevé
(152 mm de hauteur totale),
autres
99
Société des
Études
Océaniennes
que
rectiiigne.
profil du corps est
Le
col,
dont la section forme un rectangle convexilignq, est en discontinuité latérale avec la tête.
Le
La tête,
à double gnrge sommitale,
a
la forme
parallélipipède rectangle, La face sommitale est
rectangulaire
;
elle comporte une barrette médiane
d'un
(l'arête médiane est séparée en deux par une
V). Les barrettes latérales parais¬
sent doubles également, mais elles sont peu visibles,
les projections latérales étant détériorées.
double
large incision en
faces
Les
de
longitudinales
sont planes,
en
forme
trapèze.
La base
est circulaire,
assez convexe,
avec une
arête basale franche.
Ce
pilon est élancé (ie
ic
=
40
;
ir
=
Hauteur totale
05
mm
tête
48 mm
;
36).
25.
=
152
section du col
;
=
=
largeur
=
=
mm
;
33/30
diamètre de la base =
longueur de la
mm ;
28 mm ; hauteur =17 mm.-
N° 1630
Pilon de basalte,
conique,
col, très elliptique
Le
tinuité
avec
à profil rectiiigne.
(36/25 mm),
est à triple
médianes doubles
tête, à épanouissement latéral,
La
gorge sommitale, avec deux barrettes
et deux barrettes latérales simples.
tales
est en con¬
la tête.
et
sommitale
Les faces sommilongitudinales sont continues. La surface
est piano-convexe.
La plus grande section transversale
est une el¬
lipse très allongée, la section longitudinale
(dans
l'axe du
pilon) est semi-circulaire.
100
Société des
Études
Océaniennes
deux barrettes médianes
Les
tlles sont
mm.
incision
relief,
en
large de 2
sont distantes de 5
séparées
deux
en
par une
Les barrettes latérales sont
courtes et en relief
par rapport aux faces sommitale
et latérales.
Les faces latérales,
de contour semicirculaire, sont planes et obliques convergentes„
mm.
La base est
lier.
est
circulaire, à contour un peu irrégu¬
convexe
(ic = 44). L'arête basale
peu émoussée.
est très
Elle
un
ir
1 9
=
>
ie
=
Hauteur totale
68
mm
3 8.
=
13
cm
langueur de la tête
;
;
58
=
diamètre de la base =
; largeur = 22 mm.
mm
M0
1637
Ce
pilon conique est en lave vacuolaire.
Le
profil du corps est très légèrement concave.
tête, à simple gorge sommitale, est en continuité
avec le col.
La plus grande section transversale' est
un rectangle convexiligne.
La face sommitale, en con¬
tinuité avec les autres faces, est piano-concave. Les
projections latérales sont peu développées et forment
deux protubérances convexes.
La
L'originalité
traverse
face
du
centre
au
est de 12
La base est
sale
les
:
tinues.
ic
mm
tête
pilon
circulaire,
est le trou qui le
de la
=
35
;
ir
;
=51
tête,
d'une
Le diamètre extérieur
convexe,
du corps
mm
=
sans
et de la base
Au centre de la surface basale
Hauteur totale
85
à la base
mm.
surfaces
cupule de 20
une
ce
à l'autre.
longitudinale
trou
de
et
est
arête ba¬
sont
con¬
creusée
de diamètre.
21
=
ie
;
122
29.
=
mm
diamètre de la base
;
section du col = 42/33
mm
; largeur = 26 mm.
mm
;
101
Société des
Études
=
longueur de la
Océaniennes
présence de ce trou, percé intentionnellement,
la cupule creusée à
Sur un pilon marquisien (cf. Garanger, 1967, p. 47, n° 32), elle fa¬
cilitait le concassage des noix calcinées d*Aleurites
destinées à la préparation de l'encre à tatouage.
La
étonne
pour un pilon. Par contre,
la base n'est pas exceptionnelle.
N°
1639
Ce
pilon de basalte est conique.
est à profil rectiligne et de section
depuis la base jusqu'au col (col = 37/29
Le corps
elliptique
mm).
La tête,
en continuité avec le col,
est à épa¬
nouissement latéral très peu développé.
Le profil du
sommet,
vue
faciale, est droit
en vue
;
il est
convexe en
latérale. Chacune des projections se résume à une
petite protubérance convexe. La tête est entièrement
piquetée alors que le reste du pilon est assez fine¬
ment abrasé,
La base.est très
avec
arête basais
une
Elle est
endommagée
elliptique (68/53 mm), convexe,
un peu émoussée et irrégulière.
par un petit enlèvement acciden¬
tel.
Une
surface plane près de la base
ou naturel de la pierre.
paraît être
un
défaut ancien
ic
=
29
ir
;
=
18
;
Hauteur totale =111
40
mm
;
largeur
=
29
ie
mm
32.
=
;
longueur de la tête
mm.
2°/ Pilons coniques dont la tête est à épanouis¬
sement axial.
N°
1636
Ce
pilon est en basalte. La
abrasée, mais piquetée.
finement
Le corps
de
surface
profil mixte rectiligne,
rupture étant très proche de la base.
a
un
102
Société des
Études
Océaniennes
n'est
pas
la zone
=
nuité
Le col, elliptique
avec la tête.
La tête est
(35/27 mm),
volume
est
en
disconti¬
L'insertion se
tout
tête
est elliptique à tous les niveaux, mais la partie in¬
férieure est plus longue et plus large que le sommet.
un
composite.
fait par élargissement progressif depuis le col,
autour de l'objet. La section transversale de la
La moitié inférieure
sont constantes
est
et
convexe
la tête
de
est formée par une
l'épaisseur et la hauteur
tout autour de l'objet.
Sa surface
la seule arête un peu marquée sépare
ellipse en relief,
dont
l'encolure de cette
partie en relief. Les autres sur¬
La moitié supérieure a la même
hauteur (10 mm)
que la partie inférieure.
Ses faces
longitudinales et latérales sont verticales.
faces
sont continues,
La transition
entre
les deux parties
est faite
surface oblique de dimensions constantes.
par une
La surface sommitale
est
elliptique et plane.
La
base,
elliptique (83/69 mm),
La
base,
elliptique (83/69),
L'arête basaie est
un
est très
est très
irrégulière
peu
convexe
convexe.
et émous-
sée. L'ensemble du pilon est en bon état.
ic
48
=
;
ir
=
23 f ie
=
30.
Hauteur totale =125
grand
21
axe
mm
;
petit axe
de la tête
Les
décrits
mm ; dimensions de la tête
:
sommet = 33 mm ; petit axe au sommet =
grand axe de la partie inférieure = 44 mm ;
de la partie inférieurs = 29 mm ; hauteur
au
=
25 mm;
pilons à épanouissement axial
plus haut (cf; supra nD 1642 et 1647).
autres
*
*
*
1 03
Société des
Études
Océaniennes
sont
pilon nD 1633, avec sa tête en forme de
prisme triangulaire, est incontestablement un pilon
tahitien classique,
d'autres exemplaires posent par
contre
un problème d'origine,
bien qu'ils aient été
trouvés
à
Tahiti.
En effet, les contacts entre les
archipels ont été nombreux à toutes les époques et il
n'est pas rare de trouver à Tahiti du matériel lithique provenant d'îles éloignées. Ainsi, des herminettes
de Tupuai (Iles Australes) ont été trouvées à Tahiti,
l'une dans le district de Mataiea (n°s 362 et 1185 du
Si le
Musée de
Papeete).
pilons à barrettes simples ou doubles sont
tahitiens, même si la tête n'est pas le volume trian¬
gulaire important du pilon tahitien classique. C'est
le cas des n°s 1621, 1623, 1626, 1629, 1630, 1634.
Les
type est abondant dans toutes les Iles de la
Bouge (1931, p; 9 et PL II A) en représente
un exemplaire provenant de Teahupoo.
Le Musée de'Pa¬
peete possède déjà plusieurs pilons de ce type (n°s
164, 166, 180, 545)
qui proviennent de Tahiti ou des
Iles 5ous-le-Vent,
Parmi les pilons de la collection
par la
Otcenasek, le n° 1621
en est le plus proche
forme de la tête,
mais ce pilon semble avoir été re¬
taillé à partir d'un pilon très usé, ce qui explique¬
rait le profil un peu aberrant du corps
et la faible
Ce
Société.
hauteur de la tête.
Les
n°s
1622, 1627, 1628,
élaborées
Iles
que l'on
de la Société.
sont
des
formes peu
trouve également dans toutes
lea
1623 est un pilon de belle
le n°
préfigurant peut-être les pilons tahitiens
classiques à barrettes.
Par
contre,
facture,
n° 1626 est un modèle peu typique, mais l'in¬
qui dédouble le relief médian de la tête lui
donne cependant une allure tahitienne. (Un modèle ap¬
prochant est figuré par Silverthorne, p. 15, fig. 4 a,
b, mais les projections latérales de la tête usont
beaucoup moins importantes).
C'est le cas également
des n°s 1629 et 1630
dont la ou les barrettes média¬
nes sont doubles. Ces deux pilons ont des
têtes d'asLe
cision
10 4
Société des
Études
Océaniennes
pect un peu fantaisiste. Le n° 1629 paraît neuf,
malgré les cassures de la tête ; le n° 1630 est peu
usé.
Le n°'1632
serait
un
pilon tahitien classique
par son corps à profil concave et sa base large, mais
la tête
dépourvue de barrettes pose un problème. Il
existe aux Iles de la Société des pilons dont la tête
est
un volume massif non décoré
; prisme triangulaire
(cf. n° 1633), trortc de pyramide, parralélipipède
rectangle; Toutes ces formes sont représentées au Mu¬
sée de Papeete.
Mais le n°
1632, avec son profil sommital en V
ouvert, la convexité plus ou moins marquée des
surfaces, les angles très arrondis, est d'un style
différent.
Il pourrait s'agir d'un pilon du type
de
Maupiti dont la.tête serait particulièrement usée ou
très
développée latéralement, mais si la base et le
ont un aspect tahitien, la tête ressemble beau¬
coup à celle
de certains pilons en corail de Rurutu
(Iles Australes) dont les projections latérales ont
une face supérieure plane.
peu
corps
1634 et 1635 sont de curieux
pilons de
probablement moderne. Ils sont tous les
deux caractérisés par des têtes
volumes et aux
aux
reliefs assymétriques.
Le n° 1635 n'est pas usé. La
tête a été taillée de façon très maladroite
avec des
instruments métalliques.
Le n° 1634, par contre,
a
certainement été utilisé.
La tête,
en discontinuité
avec le col,
est un volume assez irrégulier, triangu¬
laire, au sommet arrondi ; les faces latérales sont
Les barrettes latérales,
semi-circulaires.
de hau¬
teurs et de formes inégales, sont de facture grossiè¬
re,. ainsi que la barrette médiane, peu importante. Ce
pilon a peut-être été fabriqué à partir d'un galet
dont la forme était commode à travailler,à une époque
où, à Tahiti, on ne savait plus sculpter les pilons.
Mais ses caractères principaux
sont inspirés des pi¬
Les
n°s
fabrication
lons
tahitiens classiques.
105
Société des
Études
Océaniennes
Le n° 1636 n'est pas d'un type commun
aux
Iles
de la Société. Aucun des auteurs ayant étudié les pi¬
lons
tahitiens
signale un pilon de cette forme
(cf. Bouge, Garanger, Silverthorne)
Ni la forme de
ni le corps conique à base brusquement élar¬
la tête
gie ne sont tahitiens. D'autre part, aucune forme si¬
milaire ne paraît figurer
parmi les pilons d'autres
archipels (cf. Buck, 1938, 1944, 1957;Aitken, 1930).
ne
Le n° 1639
fait
à certaines formes des
penser
Cook, au corps conique, à la tête peu développée
(cf. Buck, 1944, p. 29-31, fig. 7). Mais un pilon
d'aspect similaire existe au Musée de Papeete où il a
été catalogué comme provenant des Iles Sous-le-Vent.
Iles
1644, avec son sommet en pain de sucre,
peut être tahitien. Bouge (pl. I D et p. 9) représen¬
te un exemplaire au sommet semblable et trouvé préci¬
sément dans le district de Mataiea, sur la côte Ouest.
Le n° 1644,
qui est très noirci et qui présente une
légère dépression au centre de la base, a pu servir à
pulvériser des noix de bancoul calcinées.
Le n°
Les pilons à base pulpeuse,
comme les n°s 1647,
1648, 1649, ne sont pas inconnus à Tahiti (cf. Bouge,
Pl. I. D; ; Garanger, p. 29-31, fig. 20 ; Silverthor¬
ne, p. 13-14),
mais ils ne sont pas particuliers à
l'archipel de la Société puisqu'on les trouve aux
Marquises et aux Iles Cook, Selon Bouge, l'exemplaire
qu'il représente serait un pilon pour enfant. P. Buck
(1944, p. 32) a entendu parler de ces formes bulbeu¬
ses comme de pilons utilisés par des femmes pour pré¬
parer la nourriture des enfants.
Silverthorne, ce serait le type le plus
simple et le plus archaïque, celui qui se rapproche
le plus des galets utilisés avec un mortier.
Selon
En
fait, il est vraisemblable
été utilisées
avec
un
mortier
ou
que ces
formes ont
tout autre objet en
pierre plutôt qu'avec une table à piler en bois.
Plusieurs pilons,
tes
(n°s 1640,
dont certains sont très frus¬
ont une base très finement
164".),
1
Société des
06
Études
Océaniennes
107
Société des
Études
Océaniennes
10 8
Société des Etudes Océaniennes
16 e 3
1649
16H*
109
Société des
Études
Océaniennes
abrasée, même si la surface du corps présente des as¬
pérités comme si cette basa avait subi une longue
usure par frottement contre un objet de même matière.
*
*
*
Les pilons coniques à base étroite sont-ils con¬
temporains des pilons classiques, à base large et à
tête volumineuse ?
rentes
Avaient-ils des fonctions
diffé¬
?
Bouge (p. 9) écrit, à propos de deux pilons pro¬
venant, l'un de Teahupoo, l'autre de Vairao :
"Les
figures A et B de la planche II sont des exemplaires
de dimensions toujours réduites
servant à préparer
végétales indigènes". Cette interpréta¬
plus couramment admise aux Iles de la So¬
ciété où tous les pilons qui ne sont pas des pilons à
grande tête et base large sont, dit-on, des pilons à
remèdes.
Cette opinion
n'est d'ailleurs pas limitée
aux Iles de la Société.
A Rurutu, dans les Iles Aus¬
trales,
"les pilons les plus anciens en pierre ou en
calcite sont d'ailleurs toujours de petite taille, ce
qui fait dire aux informateurs qu'ils ne pouvaient
être
que
des pilons à remèdes. Le mot penu, qu'ils
emploient pour désigner ces pilons, est d'origine tahitienne
et
n'appartient pas au dialecte de Rurutu"
(Vérin, 1965, p. 397). Ces pilons s'opposent aux pi¬
lons classiques en corail, tui poi. utilisés encore à
l'heure actuelle
avec
les tables à piler.
P. Vérin
pense
que
"l'invention de la table qui permettait
de
d'écraser et de malaxer
sur
grandes surfaces a
peut-être été de pair avec l'augmentation de la taille
des pilons (1965, p. 397).
les médecines
tion est la
"il est possible
Garanger (1967, p. 3),
les formes polynésiennes à base étroite et corps
conique soient le témoin d'une évolution sur place,
depuis le pilon cylindrique à mortier jusqu'au pilonbattoir
à base très développée
de la Polynésie cen¬
trale". Les pilons coniques à base étroite seraient
donc plus anciens
que les grands pilons classiques à
base large et profil concave, les pilons les plus ar¬
chaïques étant les pilons à mortier.
Pour J.
que
110
Société des
Études
Océaniennes
Mais il est probable
que
les trois-formes ont
coexisté, chacune étant affectée à des usages parti¬
culiers, certainement beaucoup plus nombreux que nous
ne l'imaginons maintenant.
Les
pilons à mortier servaient à écraser et
broyer les racines médicinales, mais également les
chevrettes, crabes ou langoustes destinés à certaines
préparations culinaires. L'abondance des pilons d'as¬
pect grossier, dont la base est abrasée par usure,
permet de penser qu'ils ne servaient pas seulement à
la fabrication des remèdes,
mais devaient avoir un
usage encore plus courant. Morrison, lorsqu'il traite
de la consommation du 'ava (kava),
dit que tout le
monde en buvait,
surtout les chefs et leur famille,
et
que
"la préparation par mâchaga est préférée à
toute autre".
Mais ce procédé fut abandonné à époque
tardive (cf. T. Henry, 1962, p. 64)
et certainement
remplacé par le pilonnage des racines.
Enfin, ce type de
d'autres usages encore
pilons pouvait servir à bien
:
broyage des appats pour la
pêche, préparation des graines de hotu (barrinqtonia)
pour
endormir le poisson, décorticage des noix de
bancoul
(aleurites)
qui fournissaient l'éclairage,
broyage et malaxage des graines,
écorces ou racines
servant de teintures ou destinées à faire des parfums
et à embaumer les morts.
Les
a
été
celle
pilons coniques, plus élaborés, dont la tête
parfois
aussi
minutieusement travaillée
des
que
grands pilons classiques, avaient certaine¬
ment un usage culinaire. L'information recueillie par
P. Buck aux Iles Cook (1944, p. 32), suivant laquelle
un type de pilon basaltique
à taille réduite et base
bulbeuse
était utilisé par les femmes
pour piler un
ou deux taros pour les enfants,
confirme un rensei¬
gnement fourni par Linton
(1923, p. 338) et Rollin
(1929, pi 109) : aux Marquises, il existait des pi¬
lons spéciaux pour préparer la nourriture des enfants.
Les femmes ont également des pilons,
plus petits que
ceux
des
hommes, pour la préparation de la popoi
(Linton, 1923, p. 338). En fait, aux Marquises comme
aux Australes,■ce sont le plus souvent les hommes qui
se livrent à cette besogne
fatigante.
111
Société des
Études
Océaniennes
qu'aux temps anciens,à Tahiti,
préparaient et consommaient leur
nourriture séparément.
Ils ne devaient pas utiliser
les mêmes ustensiles. "L'homme peut utiliser la nour¬
riture de sa femme, mais...
il ne peut toucher à au¬
cun des ustensiles
de cuisine sous peine de les rendre
inutilisables pour elle..." (Morrison, p. 173).
Il est bien
connu
hommes et femmes
possible que les femmes, plus conserva¬
trices, aient continué à utiliser les petits pilons
coniques, de type archaïque, avec des récipients tra¬
ditionnels du genre 'urnete.
plats creux en pierre ou
en bois.
Les belles tables à piler sculptées dans un
seul bloc de bois,
ainsi que les grands pilons déco¬
rés classiques, devaient surtout appartenir aux chefs
qui faisaient battre la popoi par leurs serviteurs
mâles
pendant qu'eux—mêmes absorbaient les premiers
Il est
mets
du repas.
partie de la collection
Dtcenasek, il faut signaler deux objets dont la forme
est proche de celle des pilons, mais de fonction peutêtre différente,
bien qu'il ne soit pas possible de
Pour
terminer
cette
avec
la définir de manière
certaine.
objet de basalte, de forme
oblongue, mesurant 150 mm de hauteur totale. La sec¬
tion transversale est semi-circulaire,
plus grande à
la base qu'au sommet.
Une des faces est plane, de
forme rectangulaire et à profil droit, marquée seule¬
à
mi-hauteur
ment
par
une
très légère dépression
transversale.
Les autres faces sont convexes dans le
sens transversal et planes dans le sens longitudinal,
excepté la face opposée à la face plane, dont le pro¬
Le n°
1662
est
un
fil est concave.
Le sommet est
irrégulière,
est
accidentels et il
brut, à surface convexe.
La base,
par
plusieurs enlèvements
reste qu'une très petite surface
abîmée
ne
basale, assez finement abrasée. Toutes
surfaces sont régularisées par piquetage;
112
Société des
Études
Océaniennes
les
autres
□n ne signale pas à Tahiti de masses ou marteaux
destinés à Être emmanchési
Peut-être s'agit-il ici
d'un
outil
ayant eu plusieurs usages successifs :
ébauche d'herminette
à
son
dernier stade,
hrisée à
l'épaulement puis utilisée à
pilon, puis comme percuteur.
La largeur à la base est de 82 mm,
69 mm, et au sommet, de 70 mm.
Le
n°
1663
est
ayant été
nouveau comme
au
milieu de
objet en forme de pyramide
tronquée, à section transversale carrée.
un
Les
quatre faces latérales sont planes et les
qui les séparent sont arrondies. Le sommet est
à surface oblique, mais il a probablement été
arêtes
brut,
cassé.
Le contour de la base forme
ligne, la surface est
arêtes près de la base
un
carré convexi-
légèrement convexe.
Une des
est supprimée par un enlève¬
ment accidentel.
La hauteur totale
du sommet sont de
61/59
47/45
est de 102
mm
et
mm
;
les dimensions
de
celles de la base
mm.
On
connaît
jusqu'à présent que deux objets de
type, trouvés à Tahiti ; ils ont été recueillis
par J. Garanger à Tautira,
le premier en surface, le
second en position stratigraphique.
ne
ce
Garanger pense
qu'il s'agit d'extrémités de
casse-tête. Ce type
d'objet existe à Hawaii, mais
une forme différente
(Garanger, -1964, p; 14 et
IV, n°s 1 et 2). Ces objets, qui sont donc rares,
seraient anciens,
car aucun auteur,
semble-t-il, ne
avec
PL.
mentionne
une
arme
semblable
aux
Iles de la Société.
l'ouvrage de Buck sur les Iles Cook (1944, p.
276, 280, 294, 295), il est question de casse-tête en
bois à quatre surfaces,
décrits de mémoire par des
Dans
informateurs.
Ces renseignements
sont très imprécis
et
sujets à caution,
les
parmi les
car
armes sont,
objets polynésiens, les plus mal connus et les plus
fréquemment soumis
à des reproductions fantaisistes.
exclu cependant qu'il ait existé en Po¬
lynésie un type d'armes dont l'extrémité, en pierre ou
en bois,
était à quatre pans et de section carrée.
Il n'est pas
113
Société des
Études
Océaniennes
Sinoto (communication personnelle), ces
deux, derniers objets seraient bien des pilons, mais
d'un type particulier qu'on rencontre aux Iles Hawaii
(Brigham, 1902, p. 30 et fig. 26 p; 31
;
Garanger,
1967, p. 8, fig; 4).
belon Y.
.
C'est
le
mode, de
préhension qui détermine la
générale de l'objet : les mains sont placées de
chaque cSté du corps du pilon, les pouces sur la face
interne, les autres doigts sur la face externe.
forme
La coupe transversale du corps du pilon forme un
rectangle plus ou moins allongé.
La face interne est
souvent creusée pour faciliter la préhension, et dans
la forme la plus élaborée de ce type,
le creux tra¬
verse entièrement le pilon et il ne reste
qu'une poi¬
gnée semi-annulaire qui rejoint la base sur les câtés
(cf; n° 78 du Musée de Papeete).
trouve, illustrés dans Ancient Hawaiian Stone
(Brigham, 1 902, p. 32, fig. 26), des pilons
à broyer les matières minérales ou végétales
servant
à faire
les teintures,
semblables au n° 1663 de la
collection Otcenasek.
Il
s'agit probablement d'une
forme archaïque,
ancêtre des pilons hawaiiens
à
On
Implements
étriers et semi-annulaires.
Mais certains objets
sont encore trop rares et
trop tôt pour conclure d'une manière définiti¬
à leur sujet.
il est
ve
Lorsque des specimens plus nombreux auront été
en position stratigraphique,
qu'il s'agisse:
de pilons
ou
de tout autre objet tahitien, il sera
peut-être plus facile d'en faire des études morpholo¬
giques et chronologiques plus détaillées et plus pré¬
trouvés
cises;
ANNE LAVONDES
114
Société des
Études
Océaniennes
OUVRAGES CITES
AITKEN
R. T;
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Ethnology
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I. Paris.
HENRY T.
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Tahiti
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temps anciens.
aux
Traduit
l'Anglais
par
Bertrand JAUNEZ.
Publication de la Société des Dcéa¬
nistes, n° 1
;
Musée de l'Homme. Pa¬
ris;
115
Société des
Études
Océaniennes
LINTON
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1923
-
The material culture of the Marque¬
sas
Islands,
seum»
Bernice P» Bishop Mu¬
Memoirs Vol» III, n° 5,
MORRISON J.
1966
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Journal
de James Morrison,
second
maître à bord de la Bounty, Traduit
de l'Anglais
par
Société des Etudes
Bertrand JAUNEZ.
Océaniennes. Pa¬
ris;
ROLLIN L;
(Dr).
1929
Iles Marquises.
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Les
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SILVERTHORNE
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1936
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Bernice
Bishop Museum Occasional Papers
XI, 17. Honolulu, Hawaii.
P.
VERIN P;
1965
-
L'ancienne civilisation
Iles Australes
de Rurutu.
(Polynésie
se). La période classique.
ronéotée. Tananarive,
1 1 6
Société des
Études
Océaniennes
françai¬
Edition
Compte-rendu sur le numéro jubilaire
du professeur Kenneth P. Emory
Edited by
Geneviève A. Highland, Roland W. Force, Alan Howard,
Marion Kelly, YosihitoH. Sinoto. Honolulu, Bishop Museum, 1967.
XX,594
p.,
Ml., 28 cm. (Bishop Museum Special Publication. n°
Cet important ouvrage fut préparé
du soixante-dixième anniversaire
du
56).
11 l'honneur
Emory,
directeur du Département d'Anthropologie du Bishop Museum.
Le
docteur Emory
fut un des plus éminents ethnographes parmi ceux
qui, au cours des cinquante dernières années, consacrèrent
leurs énergies à la poursuite de travaux menant à une meilleure
connaissance de l'histoire de la culture polynésienne.
et présenté
en
docteur Kenneth P.
L'ouvrage consiste en un recueil de vingt-quatre articles
rédigés par un groupe d'anthropologues spécialistes de la Poly¬
nésie,
Notons
en
plus une excellente biographie du docteur,.
Emory, rédigée avec humour et d'une manière très vivante par
son ami Bengt Danielsson..
Grâce à lui, nous pouvons mieux
connaitre
l'homme' exceptionnel
qu'est le docteur Emory qui,
aussi érudit que modeste, consacra sa vie aux recherches d'eth¬
nographie polynésienne, insufflant son enthousiasme à tous ceux
qui travaillent
avec
lui.
Un bref
compte-rendu ne peut analyser en détail un ouvrage
dense, mais nous pouvons cependant dire que les articles
présentés se répartissent en sept grands sujets, concernant :
1- La Polynésie en général. 2- La linguistique.
3- L'arch)éologie. 4. Les Hawaii. 5- La Polynésie orientale. 6- La Polynésie
occidentale.
7- Les Polynésiens des zones marginales.
Un cer¬
tain nombre d'articles traitent de sujets généraux
et font une
très bonne présentation des différents courants de pensée,
tel
l'article de Howard
sur l'origine des Polynésiens et sur leurs
migrations, qui est un travail excellent synthétisant deux siè¬
cles de spéculations
sur
le sujet tout en présentant les re¬
cherches anthropologiques de ces dernières années. D'autre part,
aussi
117
Société des
Études
Océaniennes
il montre l'intérêt des nouvelles
techniques de la linguistique,
1''anthropologie physique, de l'ethnobotanique et de l'archéo¬
logie pour la solution des problèmes de l'histoire culturelle
polynésienne. Ainsi également cet article de Biggs, qui nous
fait pénétrer dans les problèmes abordés durant ces
vingt der¬
nières années
par
la linguistique polynésienne,
ou celui de
Green discutant de l'origine des Polynésiens.
De tels articles
sont fort utiles
pour
donner une vue d'ensemble des problèmes
polynésiens et pout mieux comprendre l'intérêt de recherches
portant sur des sujets bien spécifiques comme par exemple cette
étude de Skinner
traitant
des coiffures de forme cylindrique,
de
celle
Barrow
examinant les matérialisations du concept de
l'homme-oiseau, ou celle de Finney qui reprend l'inépuisable
sujet des méthodes polynésiennes de navigation et de leurs
incidences sur le problème des migrations.
de
"POLYNESIAN
HI5T0RY" est véritablement un ouvrage
tous ceux, spécialistes ou non,
qui s'intéres¬
sent à la Polynésie
et que passionnent les nombreux problèmes
qui s'y rattachent; C'est un livre à avoir dans sa bibliothèque
comme ouvrage de référence
afin d'être bien renseigné sur les
problèmes abordés par la recherche anthropologique dans cette
région du monde.
primordial
CULTURE
pour
Francis-Moeava Peltier.
118
Société des Etudes Océaniennes
'
■
Société des
Études
Océaniennes
Le
Bulletin
Le Bureau de la Société accepte
l'impression de tous les
qui paraissent dans le Bulletin mais cela n'implique
pas qu'il épouse les théories qui y sont exposées, ou qu'il fait
sien les commentaires et assertions des divers auteurs qui,
seids, en prennent toute la responsabilité.
articles
Aux lecteurs de former leur
Le Bulletin
ne
fait pas de
appréciation.
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La Rédaclion.
Les articles
publiés, dans le Bulletin, exceptés ceux dont
ses droits, peuvent être traduits et
repro¬
duits, à la condition expresse que l'origine et l'auteur en se¬
l'auteur
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mentionnés.
ront
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ou
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110,
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Bulletin,
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ce
est
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ou
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Papeete.
envoyé gratuitement à tous
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numéro
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membres.
100 F»P.
400 F.P.
Cotisation annuelle des Membres résidant
en
frays français
Cotisation annuelle des étrangers
400 F« P.
8 dollars
Souscription Unique
Membre à vie
résidant
en
France
ou
dans
ses
colonies
4.000 P.P.
Membre à vie résidant à
Avantages de
somme
ment
i"
se
versée
l'Etranger,
80 dollars
faire recevoir Membre à vie pour cette
fois pour toutes. (Article 24 du règle¬
Bulletins N° 17 et N° 29).
une
Intérieur.
Le Bulletin continuera à lui être adressé,
-
quand bien
même il cesserait d'être Membre résidant à Tahiti.
Le Membre à vie n'a
2°ou
t
du
sa
plus à se préoccuper de l'envoi
cotisation annuelle, c'est une dépense
souci de moins.
un
En
paiement de
conséquence
sont
:
Dans leur intérêt et celui de la Société,
invités à devenir Membre à vie
TOUS CEUX
:
qui, résidant hors de Tahiti, désirent
rece
voir le Bulletin.
TOUS LES Jeunes Membres de la Société.
TOUS CEUX
qui, quittant Tahiti,
s y
intéressent quand
même
Imp.
R. BRISSAUD
ides Océaniennes
Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 164