B98735210103_156-157.pdf
- Texte
-
BULLETIN
DE
Société
N"
Etudes
des
157
156,
—
TOME
-
SEPTEMBRE
Anthropologie
LA
-
—
Sociologie
et
-
7, 8)
—
Linguistique
Folklore
Physiques et Naturelles
PAPEETE
(N°«
Contemporaine de la Polynésie
Littérature
Sciences
XIII
DECEMBRE 1966
Ethnologie
Histoire Ancienne et
Océaniennes
IMPRIMERIE
—
Océanographie.
OFFICIELLE
Conseil d'Administration
Président
M. Henri JACQUIER
Vice-Président
M. Bertrand JAUNEZ
Secrétaire
Mlle Janine LAGUESSE
Trésorier
M. Yves MALARDE
Assesseur
M. Cdt Pierre JOURDAIN
Assesseur
M.
Assesseur
M. Terai BREDIN
Assesseur
M. Siméon KRAUSER
Assesseur
M. Raoul TEISSIER
Rudoiphe BAMBRIDGE
reçu Membre de la Société
membre titulaire.
Pour être
par un
se
faire présenter
Bibliothèque
ses membres qu'ils
domicile certains livres de la Bibliothè¬
que en signant une reconnaissance de dette au cas où ils ne
rendraient pas le livre emprunté à la date fixée. Les autres
peuvent être consultés dans la Salle de lecture du Musée.
La Bibliothèque et la salle de lecture sont ouvertes aux
membres de la Société tous les jours, de 14 à 17 heures, sauf
Le Conseil d'Administration informe
peuvent emporter à
le Dimanche.
Musée
Le Musée est ouvert tous les
14 à 17 heures.
jours sauf le dimanche de
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ D'ÉTUDES OCÉANIENNES
(POLYNÉSIE ORIENTALE)
TOME XIII
N°
—
(N° 7, 8)
SEPTEMBRE, DÉCEMBRE 1966.
156, 157
SOMMAIRE
Pages
Compte rendu de l'asssemblée générale du
645
11 août 1966
Recensements officiels de la
çaise (Une bibliographie
Polynésie fran¬
Robert C.
par
651
Schmitt)
le fonctionnement de l'école de
1889 (communiqué par M. le
Pasteur Charles Vernier)
Rapport
sur
Raiatea
en
657
Histoire
La France dans l'Océan
Pacifique
-
Tahiti
(C. de Varigny)
661
Divers
Dons et
acquisitions
688
Table des matières du Bulletin de la Société
des
n°
Etudes
Océaniennes du n° 118
au
693
143 inclus
Société des
Études
Océaniennes
»
■
■
Société des
Études
Océaniennes
COMPTE RENDU DE
L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
DU 11 AOUT 1966
L'assemblée
générale
a
lieu dans la salle de lecture du Mu¬
sée. La séance est ouverte à
Etaient présents
tration
17 h 30.
parmi les membres du conseil d'adminis¬
:
M. Jacquier, Président
Mlle Laguesse, Secrétaire
M. Y. Malardé, Trésorier
Me R. Bambridge, Assesseur
M. Terai Bredin, Assesseur.
Absents
:
M. Jaunez, en voyage
M. Martial Iorss, décédé
M. S. Krauser, excusé
Cdt. P. Jourdain, en voyage
Cdt. P. Peaucellier, en voyage.
La séance est ouverte à 17 h 30. Le
de
son
rapport
président donne lecture
annuel.
Mesdames,
Messieurs,
d'abord à m'excuser pour avoir tardé cette
l'assemblée générale. J'ai dû le faire car nous
désirions obtenir certaines précisions au sujet d'un projet qui
Je
tiens
tout
année à réunir
intéresse tous au plus haut point : celui de l'édification
d'un nouveau musée. Je vous ferai part dans un instant des in¬
formations assez précises que nous avons pu recueillir sur ce
nous
au cours d'une réunion qui s'est tenue il y a
semaines mais, auparavant je voudrais vous entretenir
tence de notre société durant l'année écoulée.
point
quelques
de l'exis¬
avons malheureusement éprouvé une grande perte avec
disparition de Martial Iorss, membre de notre comité. Nous
lui avions délégué la présidence de la commission de Toponymie
et certes, nul autre n'était plus qualifié pour occuper ce poste.
Je ne vous apprendrai rien sur cet ami sympathique, jovial,
linguiste hors pair à qui nous avions recours si souvent et en
tant d'occasions. Que sa famille veuille bien trouver ici l'hom¬
mage reconnaissant de la Société des Etudes océaniennes.
Nous
la
Société des
Études
Océaniennes
—
646
—
Notre Bulletin trimestriel, baromètre de notre activité, a
malencontreusement subi un certain retard dans sa parution,
et ceci n'est pas tout à fait de notre faute. Comme vous le
l'imprimerie du gouvernement — je veux dire l'impri¬
officielle
cpii réalise ce bulletin, est surchargée de
travail, et ce n'est pas notre modeste publication qui pourrait
prétendre à un rang de priorité. En fait, nous ne pouvons
l'imprimer qu'en acquittant des heures supplémentaires aux.
compositeurs et aux typographes.
savez,
merie
—
ethnologue appartenant â l'ORSTOM
connaissez bien et qui, à deux reprises a travaillé
ce
territoire, a soutenu l'an dernier en Sorbonne une
d'ethnologie sur Rurutu. Il nous a aimablement proposé
Monsieur Pierre Vérin,
que vous
dans
thèse
de consacrer deux numéros de notre bulletin aux îles Australes.
Ce sont les numéros concernant le troisième et quatrième tri¬
mestre 1965. Ils viennent d'être imprimés aux presses univer¬
sitaires de Tananarive. L'université malgache en règle une
partie et notre société le complément. Je crains cependant
qu'étant donné la longueur des communications maritimes entre
Madagascar et Tahiti que ces numéros n'arrivent bien après
la parution de ceux concernant les deux premiers trimestres
1966.
Pendant que nous parlons de publications je voudrais à ce
sujet féliciter et remercier particulièrement M. Bertrand Jaunez
notre vice-président qui, ayant terminé l'impression de
traduction du journal de Morrisson a confié la moitié du
tirage à la Société des Etudes océaniennes qui revendra les
exemplaires à son profit.
Vous savez sans doute que M. Camus, directeur de l'ORS¬
TOM, au cours de son passage à Tahiti en 1963, avait décidé
de faire procéder à l'inventaire des collections du Musée, par
sa
spécialiste, muséologue, Madame Lavondés dont le mari
l'ORSTOM. Madame
jours a, durant deux
ans, mesuré, décrit, photographié, et répertorié tous les objets
de nos collections. Son travail représente un inventaire méticu¬
leux et scientifique de tout ce que le territoire possède ici
et dont nous sommes les gardiens. Pour ce travail remarquable,
qui ne nous a rien coûté, je voudrais remercier ici à la fois
une
lui-même ethnologue au service de
Lavondés qui nous quitte dans quelques
est
Mme Lavondés
A
ce
et
le directeur de l'ORSTOM, M. Camus.
sujet, je voudrais vous résumer
l'histoire de notre
musée.
Société des
Études
Océaniennes
—
L'arrêté
du
1er
647
—
janvier 1917 qui fondait la Société des
Etudes Océaniennes, créait en principe le Musée en spécifiant
à l'article 4 que « La colonie... devra mettre à sa disposition
les locaux et le matériel mobilier nécessaire pour ses réunions
et la conservation en lieu sûr de ses archives, ouvrages de
bibliothèques, collections etc... ».
Un autre arrêté (11 juin 1917) organisait « la conserva¬
tion des monuments et objets ayant un caractère historique
ou
artistique intéressant la Société d'Etudes Océaniennes et
interdisant l'exportation des fragments et objets de même
nature ». Il était complété par celui du 17 octobre 1917 qui
disposait à l'article 2 «le bâtiment B dépendant de l'ancienne
caserne d'infanterie et comprenant un rez-de-chaussée sur étage
avec vérandah sur la façade et couverture en tuiles sera provi¬
soirement affecté au logement des services des chambres d'agri¬
culture, de commerce et de la Société d'Etudes Océaniennes,
ainsi qu'aux collections archives et bibliothèques en dépen¬
dant
».
Le don d'une remarquable collection privée — celle du
Frère Alain Guitton des écoles chrétiennes — permit au nou¬
veau musée de se constituer. Cependant le local qui lui avait
été alloué était non seulement exigu mais il servait de lieu
de passage pour se rendre dans d'autres locaux. Malgré qu'un
arrêté en date du 28 décembre 1918 ait créé un emploi de
conservateur, fonction purement honorifique d'ailleurs, on con¬
çoit que dans ces conditions et en raison de la terrible épidémie
de grippe pulmonaire qui en 1918 décima et désorganisa tota¬
lement le territoire, certaines pièces avaient pu disparaître,
moins toutefois qu'une légende l'ait prétendu par la suite.
Un pointage opéré récemment sur les documents de l'époaue
que la presque totalité des pièces provenant
collection du Frère Alain, est actuellement présente au
ceci malgré les avatars de trois déménagements.
montre
de la
Musée,
en 1921, par un arrêté du 18 décembre que, sur l'insti¬
gation de l'écrivain Marc Chadourne — à l'époque Chef de
Cabinet du Gouverneur Guedes — que la Société d'Etudes
Océaniennes fut chargé de la gestion du Musée et que les
crédits afférents lui furent délégués.
Par la même occasion, le gardien-surveillant du Musée, un
agent des travaux publics, émargeant au budget de ce service,
passait sous l'autorité de la Société d'Etudes Océaniennes.
Un premier catalogue fut publié en 1926 (c/o : Bulletins
SEO N° 14, N° 15, N° 16). Cette tentative de recensement
C'est
Société des
Études
Océaniennes
—
il
avait
faut
scientifique ;
cette époque.
Entre
le
648
-
reconnaître, plus de mérite que de valeur
spécialiste ne se trouvant sur place à
aucun
temps le Musée avait déménagé pour être installé dans
où se trouve actuellement le
demeurer jusqu'en 1933 date
bâtiment plus adéquat : celui
Service Judiciaire. Il devait y
un
à
laquelle il lui fallut déménager une seconde fois pour aller
dans l'ancienne résidence
à Mamao
du Secrétaire Général du
Gouvernement. Cette demeure de style
lieu; d'un parc qui avait été le jardin
colonial située
au
mi¬
botanique créé en .1895
le pharmacien de marine Raoulx avait grande allure.
par
réparations urgentes étaient nécessaires
entreprises et l'immeuble continuant à
se
dégrader devenait peu à peu une ruine lorsqu'en 1956
sa
démolition fut décidée autant par mesure de sécurité que
pour faire place à un Hôpital dont la construction devait
être dix ans plus tard entreprise. Rien n'avait été prévu pour
reloger le Musée, et l'Assemblée Territoriale ne semblait guère
s'en soucier lorsque le Gouverneur Toby décida de s'en occuper
personnellement. Le Territoire loua à cet effet, Rue Bréa, un
immeuble assez modeste destiné à un usage commercial. C'était
sans
aucun doute trop petit, mal éclairé et nullement conçu
pour abriter un Musée mais c'était à tout prendre préférable
à la solution qui consistait à mettre définitivement en caisses
Malheureusement des
elles ne furent jamais
livres et collections.
Charles Van Den Brock ethnologue amateur,
l'occasion de passer cinq années auparavant en
Océanie au cours d'un voyage autour du monde sur son Yacht
« La
Korrigane » revint à Tahiti. M. Van Den Brock avait
travaillé quelques temps au Musée de l'Homme sous la direc¬
tion du Professeur Rivet, il entreprit aidé de sa femme Régine,
de cataloguer et de mettre en valeur les collections du Musée.
Quoique très incomplet ce devait être jusqu'à ces derniers
temps le seul catalogue existant.
En
1939
qui avait
On
donc que le travail réalisé par Mme Lavondés
lacune importante et arrive à point pour permet¬
chercheurs de passage de consulter avec profit un
voit
comble
tre
M.
eu
aux
une
catalogue élaboré rationnellement. Malheureusement, la dispo¬
sition et la présentation des collections demeurent ce qu'elles
étaient auparavant c'est-à-dire un entassement d'objets assez
peu visibles dans un local trop exigu et n'offrant, aux profanes
tout au moins, qu'un intérêt assez relatif.
Société des
Études
Océaniennes
—
Durant
plus de vingt
649
—
les pouvoirs publics
nous avaient
périgrinations,
le
celui qui en
ce
moment pour reprendre une exception consacrée, tombe
sous
la pioche des démolisseurs. En apprenant l'an dernier
cette décision irrévocable nous avons été profondément déçus
et un sentiment d'amertume, je l'avoue, se développa en nous
constatant que la Métropole édifiait au même moment à
en
grands frais à Nouméa un Musée d'Ethnologie. En être rendu
à ce point après cinquante ans de travail et d'efforts persé¬
vérants était tout simplement décourageant. Je reconnais avoir
manifesté ma déception à Paris l'hiver dernier au Musée
ans
dans l'idée de voir, après toutes ces
musée installé dans l'ancien palais Pomare,
entretenu
de l'Homme.
Mais, et ceci je l'espère constituera la partie positive de
exposé, tout vient de changer, car ou Ve plan d'aménage¬
ment du Territoire il est prévu un complexe touristique à
Outumaoro où un Musée d'ethnologie doit normalement pren¬
dre sa place.
Le 7 juillet dernier se tenait à l'office du Tourisme une
réunion où étaient présents Madame Lavondés, M. Prévôt,
M. Régaud tous deux architectes, M. Ata, représentant l'office
du Tourime, enfin moi-même.
Je .n'entrerai pas dans les détails des réalisations de ce
complexe qui doit comporter un jardin botanique, un centre
de métier d'art, un village polynésien, et un aquarium. Je
vous
donnerai simplement les chiffres concernant le projet
mon
du Musée et dont le montant s'élève à 50 millions CFP
—
900 m2
Expositions
Installations scientifiques et techniques (2
laboratoires et 2 bureaux supplémentaires plus
une
salle d'accueil pour les chercheurs de
—
150 —(— 96
passage)
—
—
reau
=
Administration
supplémentaire
servateur)
gardiennage (un bu¬
assistant du con¬
192 -f- 20 =
salle de lecture (une ré¬
—
pour un
Bibliothèque —
serve supplémentaire
et un Centre de Docu¬
mentation)
160 -f- 128 =
—
—
294 m2
206 m2
Réserves
212 m2
288 m2
:
200 m2
2.100 m2
(avec circulation)
2.500 m2
Salle de conférences
Total
Société des
Études
Océaniennes
:
—
650
—
Comme
comme
on le voit, si ce projet
prend corps et voit le jour,
je l'espère fermement, nous n'aurons pas à regretter
d'avoir attendu si
Je
vous
longtemps.
rappelle aussi que l'an prochain
célébrera le
Wallis le 19
également le cinquantenaire de la Société
on
200e anniversaire de la découverte de Tahiti par
juin 1967. Ce
sera
d'Etudes Océaniennes fondée comme vous le savez en 1917.
C'est donc un double anniversaire que je vous proposerais
de célébrer par une fête folklorique qui pourrait se ^passer
au Marae Arahurahu
par exemple. Nous pourrions en discuter
par
la suite. Je
pense
que
l'Office du Tourisme pourrait à
occasion nous venir en aide, en particulier procéder à la
réfection des constructions édifiées il y a dix ans auprès du
Marae et dont la Société d'Etudes Océaniennes a la charge.
cette
Mesdames, Messieurs, je vous remercie de votre attention
je passe la parole à notre trésorier qui va vous faire un
exposé de notre situation financière.
et
Le
trésorier
résume
ainsi
expose
ensuite la situation financière qui
se
:
Report disponible
au
1-1-65
frs
Recettes de 1965
182.679,00
973.504,00
1.156.183,00
Dépenses de 1965
712.207,00
Disponible
443.976,00
au
1er janvier 1966
L'assemblée approuve les comptes et donne quitus au tré¬
sorier qui donne lecture ensuite du projet de budget pour
1966.
Le
président reprend la parole, il doit être procédé au rem¬
placement de deux assesseurs : le regretté Martial Iorss et
le Cdt. Peaucellier qui a quitté définitivement le territoire.
Il est proposé le Cdt. Nay et M. Temarii Teai, celui-ci étant
l'un des plus anciens membres de la société. Leur nomination
sera
ratifiée par la prochaine assemblée générale.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 18 h 45.
Société des
Études
Océaniennes
Recensements Officiels de la Polynésie française
Une
bibliographie
par
Robert c. schmitt
Cette
bibliographie annotée donne la liste des principaux rap¬
de recensements officiels pour la Polynésie française
depuis le plus ancien établi en 1848 jusqu'au plus récent,
établi en 1962. Y ont été inclus également des publications
officieuses renfermant des indications ne se trouvant pas dans
les rapports officiels.
Toutes ces publications peuvent être consultées à Papeete ou
à Honolulu, principalement au Musée de Papeete, au Bernice
P. Bishop Museum, et au Gregg Sinclair Library de l'Univer¬
ports
sité de Hawaii. Les bibliothécaires de
ces
institutions
ont
ap¬
aide précieuse à l'établissement de cette bibliogra¬
phie, à savoir Mesdemoiselles Aurora Natua, Margaret Titcomb
et Janet E. Bell ; M. Raoul Tessier apporta également son
porté
une
concours
inestimable.
Les totaux de population indiqués par ces recensements ont
été résumés dans les deux tables de statistiques ci-jointes ;
la première indique les chiffres par circonscription ; la deuxiè¬
donne les chiffres pour chacune des îles du Vent.
On peut trouver des études de ces recensements dans des
articles et des monographies de R. Teissier, Mac Arthur, et
de l'auteur, parmi d'autres.
me
INFORMATIONS GENERALES
Ministère
des Affaires Economiques et Financières, Institut
National de la Statistique et des Etudes Economiques, et Mi¬
nistère de la France d'Outre-Mer, Service des Statistiques.
Supplément Série Etudes N° 35. Bulletin Mensuel de Statisti¬
que d'Outre-Mer. Les recensements démographiques dans les
pays d'Outre-Mer (Etude méthodologique). (Paris Janvier 1957).
1) Raoul Teissier, «Etude démographique sur les Etablisse¬
ments français de l'Océanie, de Cook au recensement des 17/18
septembre 1951 », Bulletin de la Société des Etudes Océaniennes,
N° 102, Tome IX (N° 1), mars 1953, pp. 6-31.
2), Norma Me Arthur, The populations of the Pacific islands.
Part I : Territories of french Oceania (Camberra : Université
Nationale d'Australie, Département de démographie, 1955), pp.
I-68b. Ronéotypé.
3) Robert C. Schmitt, Population trends in Hawaii and french
Société des
Études
Océaniennes
—
652
—
Polynesia. Romanzo Adams Research Laboratory, Université
de Hawaii, Rapport N° 29. Mars 1961. 22 pp. Ronéotypé.
1er Février 1848
« Tableau
du recensement des îles
1er février 1848 »
Taiti et Moorea fait le
Bulletin officiel des E.F.O., N° 5, réédition du Bulletin officiel
des E.F.O., 1847-1849 (Papeete, Imprimerie du gouvernement,
pp. 325-341.
au-dessus de 14
Donne également des
1864),
et
Population indigène
par
âge (au-dessous
ans) et sexe, pour Tahiti et Moorea.
renseignements pour 1860.
1er
Septembre 1857
Etat de la population des îles Tahiti, Moorea, et Tetiaroa
au
1er septembre 1857 », Messager de Tahiti, 8 novembre
1857. Population par sexe divisée en quatre larges groupes
«
d'âges (vieillards, âge mur, adultes, et enfants), pour Tahiti,
Moorea, et Tetiaroa.
G. Guzent, îles de la Société, Tahiti (Rochefort : Ch. Tèze,
1860),
pp.
35-40. Table I identique à celle du Messager de
; tables 2 et 3, même présentation par
Tahiti, 8 novembre 1857
district.
I860
X. Caillet, op. cit. Population océanique par âge (au-dessous
et au-dessus de 14 ans) sexe et situation conjugale, et popu¬
lation européenne par nationalité, pour Tahiti et Moorea. Date
exacte non
indiquée. Donne également des renseignements pour
1848.
1er Janvier 1863
« Recensement
de 1863 », Messager de Taiti :
ciel des E.F.O., 2 mai 1863, p. 91. Ensemble de
pour
Journal offi¬
la population
Tahiti et Moorea.
335-336. Enumeration
Moorea et population
estimée (des deux sexes) pour les Marquises, les Tuamotus et
les Australes. Population étrangère, par nationalité pour l'en¬
Annuaire des E.F.O. 1863, op. cit., pp.
de la population par sexes pour Tahiti et
semble des îles.
1868 et 1872
Il n'a pas
été trouvé de recensement pour ces années.
1er Janvier 1876
Annuaire
des
E.F.O.
Société des
1877
(Papeete
Études
:
Imprimerie du
Océaniennes
gou-
—
653
—
1877), pp. 86 et 91. Population par nationalité
Tahiti et Moorea.
vernement,
pour
1881
de la population des îles Tahiti et Moorea,
1881, «Messager de Tahiti: Journal officiel des E.F.O.,
23 février 1882, p. 64. Population par âge, (au-dessus de
15 ans et au-dessous) sexe, situation conjugale, religion et
nationalité, pour Tahiti, Moorea et Tubuai. Date exacte non
indiquée.
«
Recensement
année
30
Juin
1887
1888 p. 217 ; 1889, p. 152 : 1891,
239. Population par âge (en dessous et audessus de 14 ans), sexes et situation conjugale pour Tahiti,
Moorea, les Marquises, les Gambiers, Tubuai, Raivavae, et
Rapa ; population totale, seulement, pour l'archipel des TuaAnnuaire des E.F.O. pour
168
p.
1892,
;
j).
motus.
30
Juin
1892
Journal officiel des E.F.O. 22 décembre 1892, p. 421.
lement dans l'annuaire des E.F.O. pour 1893, p. 185 ;
Ega¬
1894,
189 ; 1895, p. 187 ; 1896, p. 187, 1897 p. 182. Population par¬
(au-dessus et au-dessous de 14 ans), sexe et situation con¬
jugale jpour Papeete, le reste de Tahiti, Moorea, les Marquises,
les Gambiers, l'archipel des Tuamotus, Tubuai, Raivavae, et
Rapa.
p.
age
30
Annuaire des E.F.O. pour
p.
188
;
dessous
pour
Juin
1898
p. 191 ; 1902, p.
au-dessus de 14 ans)
1901,
et
1897
p.
190
1889,
;
sexe
192
p.
193. Population
par
;
1900,
âge ,(en
et situation conjugale
Papeete, le reste de Tahiti, Moorea, les Marquises,
les
Gambiers, l'archipel des Tuamotus, Tubuai, Raivavae, Rapa
et les îles Sous-le-Vent ; totaux estimés pour les pays non
énumérés (Maiao,
des Tuamotus.
Rurutu, Rimatara, et partie de l'archipel
30
Annuaire des E.F.O. pour
p.
245
dessous
;
1906,
et
nationalité
p.
259
au-dessus
p.
p.
259
;
1904,
p.
243. Population
221
par
; 1905,
âge (en
14 ans) sexe, situation conjugale,
12 régions les plus importantes.
de
tou race pour
officiel,
1902
1903,
1907,
;
30
Journal
Juin
Juin
1907
23 avril 1908, p. 127.
Société des
Études
Egalement dans
Océaniennes
654
—
—
1908, p. 243 ; 1909, p. 249 : 1911,
251. Population par âge (en dessous et au-dessus de 14 ans),
sexe, situation conjugale, nationalité ou race pour 13 régions.
l'annuaire des E.F.O. pour
p.
29 Décembre 1911
Journal
Egalement dans
1915, p. 318-319.
Population par âge (en dessous et au-dessus de 14 ans), sexe,
situation conjugale, nationalité ou race, pour 14 régions.
officiel,
des
l'annuaire
27 juin 1912,
E.F.O. pour 1912,
242.
p.
p.
253
;
1916
Le seul témoignage d'un recensement pour 1916
liste par nationalités pour Tahiti et de plus un
consiste
en
total toutes
Papeete indiquée dans l'ouvrage du Dr.
une
comprises pour
Les Etablissements français de l'Océanie, extraits
de l'agence générale des colonies, nos 267, 268,
270, imprimerie administrative, AG. C. 980, 1931, p. 64. Les
mêmes chiffres furent publiés dans le commissariat des E.F.O.
Dans les eaux du Pacifique. Tahiti et ses archipels (1931), p. 64.
races
L. Saportas,
des bulletins
1er Juillet
1921
65. Egalement dans le commissa¬
65. Population pour 12 des
régions les plus importantes, 1921 et 1926. Pas d'indications
sur
l'âge, sexe, situation conjugale ou nationalité.
Dr. L.
riat des
Sasportas,
E.F.O.
;
op.
op.
cit.
cit.,
1er
p.
page
août
1926
officiel, 1er juillet 1927, pp. 263-264. Population
âge (en dessous et au-dessus de 14 ans), sexe, situation con¬
jugale et nationalité ou race pour 12 régions.
Journal
par
1er Juillet 1931
Journal officiel, 16 janvier 1932, pp. 47-48. Population par
âge (en dessous et au-dessus de 14 .ans) et sexe pour 13 ré¬
gions. Les indications concernant la situation conjugale et la
nationalité sont incomplètes ou contradictoires.
3 Mai 1936
officiel, 16 janvier 1938, p. 63. Population totale
Papeete ; population par âge ( au-dessous et au-dessus de
14 ans) sexe, situation conjugale et nationalité pour le reste
de Tahiti et 12 autres régions.
Journal
pour
Société des
Études
Océaniennes
—
655
—
1er Novembre 1941
Journal
tionalités
officiel, 22 juillet 1942, p. 208. Population par na¬
(pas d'âge, sexe ou situation conjugale) pour 14
régions.
10 Juin 1946
national de la sta¬
tistique et des études économiques et ministère de la France
d'outre-mer, service des statistiques, supplément série statis¬
tique, n° 11, bulletin mensuel de statistique d'outre-mer.
Ministère de l'économie nationale, institut
Résultats du recensement de 1946
—
Territoires d'outre-mer
français de l'Océanie. 1ère partie : Population
océanienne. 15 juillet 1950.
N° 12... 2ème partie : français d'origine métropolitaine et
étrangère 1er novembre 1950.
Etablissements
Ces rapports
donnent des renseignements étendus
sur
l'âge,
la situation conjugale, la religion, la catégorie de
travailleur, nombre d'enfants nés, nombre d'enfants survivants^
nationalité et lieu de naissance par circonscription, île et district.
Ministère de la France d'outre-mer, Polynésie française ; Plan
directeur d'aménagement de l'agglomération de Papeete.
Rapport d'enquête monographique par Robert Auzelle, Pa¬
peete août décembre 1950. Les chapitres I et II comprennent
des renseignements démographiques pour Papeete, y compris
des statistiques pour des petits quartiers. (I. pp. 12-13) non
publiés ailleurs.
17 Septembre 1951
le
sexe,
Ministère des finances et des affaires économiques, institut
national de la statistique et des études économiques, et minis¬
tère de la France d'outre-mer, résultats du recensement de
Territoires d'outre-mer, 4ème partie : Oceanic. (En¬
1951
semble de la population) (Décembre 1954) — Donne des ren¬
—
seignements complets sur l'âge, sexe, race, nationalité, statut
conjugal, religion, occupation, travail, nombre d'enfants vi¬
vants. Niveau d'éducation atteint, et lieu de naissance par
circonscription et district.
13 Décembre 1956
Service de statistique chargé des relations et de la coopéra¬
tion avec les Etats d'outre-mer, République française, terri¬
toire de la Polynésie française, recensement général de la popu¬
lation
(décembre 1956) résultats définitifs.
Société des
Études
(Paris, décembre
Océaniennes
—
656
—
1960). Renseignements sur l'âge, sexe, nationalité, statut conju¬
gal, occupation, lieu de naissance, année d'arrivée dans le
territoire, naissances, niveau d'éducation, travail, catégorie et
type, famille et parentés par circonscription et district.
9 Novembre 1962
Polynésie française, population de la Polynésie française par
circonscription. Recensement du 9 novembre 1962. Tables ro¬
néotypées. Polynésie française, population de chaque circons¬
cription par sexe et groupe d'âge (avec 9 autres tables). Ro¬
néotypée d'étendue semblable au recensement de 1956.
Table 1. Population
tion 1848 à 1962.
An ée
Total
Iles
du
Vent
(1)
de la Polynésie française
Iles Sous-leVent
(2)
Iles
circonscrip¬
par
Iles
Tuamotu
Gambier
Marquises
(3)
Australes
(4)
i
1) Population de Maiao estimée à 200 en 1897 et 1902.
2) Total pour 1902 comprend 450 personnes non énumérées.
3) Total pour 1897 comprend approximativement 850 per¬
sonnes
non
énumérées.
En
1931
sont
exclus
Hereheretue
et
Hao.
4) Non compris Rapa en 1931 et avant 1887, Rimatara en
et avant 1897, Rurutu avant 1897, et Raivavae avant
1887. Rimatara et Rurutu estimées à 930 habitants pour 1897.
1946
5) Comprend 43 habitants non indiqués par cir¬
conscription.
1931
—
Table 2.
CD
s(D
C
<
Population des îles du Vent
I
lies
du
e
Tahiti
:
(1)
Moorea
Vent
l'île
1848 à 1962.
Makatea
Maiao
Papeete Districts
1) Comprend Tetiaroa.
1860
2) Considère que les 630 étrangers du
—
groupe comme
étant à Tahiti.
1863
—
3) Non compris 400 militaires, l'administration, et
leurs familles.
1902
—
4) Population de Maiao estimée à...
Société des
Études
Océaniennes
Rapport
sur
le fonctionnement de l'école de Raiatea
en
Nous
recevons
de
1889
Monsieur le
Pasteur
Charles
Vernier
la
lettre suivante.
J'ai le
plaisir de vous envoyer ci-joint la copie d'un rapport
j'ai trouvé dans les archives de la famille JAULMES. Monsieur Edouard JAULMES qui a été aux lies Sousle-Vent à la fin du siècle dernier, a laissé une relation inté¬
ressante de son séjour à Raiatea en 1887 et 1889, à un moment
où des troubles se manifestaient aussi bien à Raiatea qu'à
«
manuscrit que
Tahaa.
A un moment où l'instruction a pris un développement si
important et où le Lycée d'Uturoa va bientôt donner ses
premiers bacheliers, il sera peut-être intéressant de connaître
les tout-débuts de la culture française aux temps agités du
Chef Teraupoo et du Vice-Roi Tavana.
Si
croyez que ce rapport peut encore avoir de l'intérêt
les amateurs de l'histoire de notre fenua natal, je vous
prie d'en disposer de la meilleure façon ».
vous
pour
Nous
l'intérêt
remercions
Monsieur
le
Pasteur
qu'il porte à notre société et
membres liront
avec
intérêt
ce
Charles
nous
Vernier
espérons
de
que nos
rapport que nous publions ci-
après.
Le 10 avril 1889, une commission composée de MM. Alby,
résident des îles Sous-le-Vent, Tavana, Vice-Roi, Fustier, lieu¬
tenant de vaisseau commandant la « Vire », Durosoy, lieute¬
nant commandant le port de Raiatea, Brodien, industriel s'est
réunie sous la présidence de M. le Cdt Fustier pour inspecter
l'école française d'Uturoa.
Cette école qui fonctionne depuis un peu plus d'une année,
comprend actuellement plus de 80 élèves. Fondée au moment
de l'annexion, par M. Jaulmes, envoyé en mission aux îles
Sous-le-Vent, elle a dû subir le contre coup des événements
qui se sont produits à Raiatea. Elle s'ouvrait au mois de
mars 1888, mais par suite du départ des habitants du village,
ne laissant qu'une cinquantaine d'hommes armés, elle fut brus¬
quement supprimée et seulement reprise au mois d'avril. Plu¬
sieurs fois, par suite des départs et retours successifs des
Société des
Études
Océaniennes
—
658
—
habitants, elle fut interrompue encore. Enfin, vers le mois de
juillet 1888 elle s'organisa telle qu'elle existe actuellement.
La
période d'instruction
ne
comprend donc
pas
plus de neuf
mois.
l'instituteur Jaulmes
M.
a
su
dès
son
arrivée
se
concilier
l'affection et l'estime des habitants, évincer sans
le froisser l'ancien instituteur indigène et changeant le sens
des précédentes études fonder une école exclusivement fran¬
çaise, où toutes les explications sont données dans cette lan¬
gue, et vraiment destinée à servir puissamment les intérêts
français dans cette partie de l'Océanie. Les murs de l'école
peu
à
peu
existaient seuls. Il lui fallut par ses propres moyens se pro¬
curer
un matériel scolaire à
peu près suffisant quoique en¬
core
incomplet.
La commission a constaté avec stupéfaction la bonne tenue
des élèves dont la déférence et le respect qu'en toute circons¬
tance ils montrent à leur instituteur, l'ont particulièrement
frappée. L'école est mixte, elle se compose de 2 divisions.
Dans la première qui comprend environ 16 garçons et 14
filles, se trouvent les enfants de 10 à 15 ans — la 2ème com¬
prend les plus petits (55 environ) et pour son instruction M.
Jaulmes se fait aider par un de ses élèves, le jeune Tamuta
de Mataiea (Tahiti) qui montre à cette tâche beaucoup d'in¬
telligence et de dévouement.
Les élèves de la 1ère division ont été successivement inter¬
la lecture, l'écriture, le calcul, la géographie et le
joint au présent rapport.
La commission n'a pu, sans un heureux étonnement, constater
les surprenants progrès accomplis par ces élèves. Il y a un an,
pas un seul ne savait un mot de français, quelques uns seule¬
rogés
sur
chant. Le programme est
ment
lisaient
ou
écrivaient
en
tahitien 1
Actuellement ils
répondent en français avec une très satis¬
questions usuelles qui leur sont po¬
sées, écrivent une petite dictée dan3 cette langue et savent
conjuguer l'indicatif présent d'un verbe de la première conju¬
gaison. Ils possèdent une assez grande quantité de mots qu'ils
savent dire indifféremment en français et en tahitien. Appelés
au tableau
ils ont répondu sans faute et avec une étonnante
rapidité aux questions posées sur la numération et la table
de multiplication.
L'école compte au nombre de ses élèves une jeune fille
sourde et muette à qui M. Jaulmes a su cependant enseigner
faisante prononciation aux
Société des
Études
Océaniennes
659
—
—
les
mêmes matières qu'à ses condisciples grâce à la méthode
phonomimique. Cette jeune fille peut maitenant se faire com¬
prendre de ses camarades et écrire en regardant les signes qui
lui sont faits, une phrase ou des chiffres. Le sentiment de la
commission
a
été unanime
devant de semblables résultats et,
particulier, ceux obtenus avec cette jeune fille dont les
progrès ont fait l'étonnement des tahitiens aussi bien que
en
celui de la colonie européenne.
Les élèves ont aussi répondu à toutes
les questions princi¬
pales concernant la France, ses colonies, leur propre pays et
quelques parties de l'Europe. Enfin ils ont chanté en suivant
au
tableau les notes indiquées suivant la méthode Chevé.
Ils ont aussi fait entendre
un
chœur à deux parties.
La 2ème division n'a pas donné de moins bons résultats. Grâ¬
ce à la méthode phonomimique dont se sert M. Jaulmes les
élèves savent tous leur alphabet et lisent au tableau les lettres
mots
épelés, même de petites phrases ; les moins forts dont
quelques uns ont à peine 2 ou 3 mois de présence connaissent
cependant leurs lettres et peuvent les énoncer sur le tableau.
Le calcul, (addition et soustraction de nombres inférieurs à
10) leur est aussi enseigné avec le chant.
et
Tous ces résultats, la commission a été unanime à le recon¬
naître, [Sont dûs au particulier dévouement de M. l'instituteur
Jaulmes et
pagateur. Il
leur
aux
excellentes méthodes dont il s'est fait le pro¬
a su
prendre
cesse
qui lui manquait et
ce
sur ses
élèves l'ascendant nécessaire,
rendu la tâche attrayante et facile en se mettant sans
à leur portée, multipliant les exemples, improvisant tout
a
ne
craignant
pas
d'ajouter
aux
heures
de classe des répétitions particulières, consacrant tout son temps
et tous ses efforts à l'amélioration de son œuvre.
La classe de Raiatea est certainement à la hauteur des
meilleures de Tahiti et ses succès en si peu de temps obtenus,
sont le meilleur garant de son avenir.
La
commission
tient à constater que le matériel scolaire
insuffisant, que les résultats eussent peut-être été
encore
supérieurs si M. Jaulmes eut eu à sa disposition les
tableaux nombreux, leçons de choses, géographie, numération
etc... dont abondent les écoles de France et qu'il est impossible
à n'importe quel prix de se procurer ici. Elle fait des vœux
pour tpie cette école, appelée à rendre tant de services, ne
soit pas oubliée dans la répartition de ces objets qui sont
indispensables pour ouvrir l'intelligence et le sens pratiaue
des élèves tout en rendant plus fructueux et moins pénible
est
encore
Société des
Études
Océaniennes
—
660
—
professeur. En signalant à M. le gouverneur des
français de l'Océanie tout le plaisir qu'elle a
eu
à constater de si beaux résultats, la commission croit de
son devoir de la prier instamment de vouloir bien témoigner
tout spécialement de sa haute satisfaction à M. Jaulmes pour
les résultats vraiment surprenants qui ont couronné ses efforts.
Ce témoignage sera pour lui une récompense de tous ses soucis
et un précieux encouragement à persévérer dans la voie qu'il
le travail du
Etablissements
a
brillamment et si fructueusement suivie.
Les membres de la commission.
Signés
:
Alby
;
Tavana, Fustier, Durosoy, Brodien.
Société des
Études
Océaniennes
LA FRANCE DANS L'OCEAN PACIFIQUE
par
(1)
-
TAHITI
C. de VARIGNY
Le 8 mars 1843, le maréchal Soult, duc de Dalmatie, président
du conseil des ministres, recevait les deux lettres suivantes :
«
Monsieur le
maréchal,
«Voici une communication étrange que je reçois confiden¬
tiellement par un négociant qui promet de la tenir secrète jus¬
qu'à nouvel ordre. Je ne l'ai reçue d'aucune autre source, et
je n'ai nul
de l'expliquer. M. du Petit-Thouars aurait
pris l'initiative de ce procédé.
Recevez, je
vous
prie, monsieur le maréchal, l'hommage de ma haute et
respectueuse considération.
à
tout
moyen
fait
«
A
«
Monsieur
Baron Roussin.
»
Chaucheprat.
Monsieur,
Je reçois à l'instant, par voie de Lima et de Londres, des
lettres de Valparaiso, 30 octobre, et Lima, 14 novembre.
Elles contiennent des nouvelles fort importantes et que M. le
«
ministre
de la marine
sera
probablement content, sinon d'ap¬
prendre, du moins de savoir.
« L'amiral
du Petit-Thouars était arrivé le 29 octobre des
îles Marquises ; outre ces îles, il avait pris possession des îles
de Tahiti. Il paraît avoir été entraîné à cette mesure par l'avis
qu'il avait
du
reçu que
d'autres devaient s'en
emparer.
L'amiral
Petit-Thouars
préparait de nombreuses dépêches pour le
gouvernement, et elles ont dû partir par le navire le Vicomte
de Chateaubriand. Ma correspondance de Lima, qui m'est par¬
Panama, a devancé ce navire.
comprends toute l'importance de la nouvelle que je
vous
transmets, et si nul autre que moi ne l'a reçue, vous
pouvez assurer M. l'amiral Roussin que je ne la communiquerai
venue
«
par
Je
à nulle autre personne que vous.
«
Recevez, etc.
«
(1) Cet article
Livraison du 15
a paru
mars
Roux de
Clausay.
»
dans «La Reine des deux Mondes».
1881.
Société des
Études
Océaniennes
—
La nouvelle était exacte.
de la France, le 1er mai
sud-est des îles Marquises,
et du groupe nord-ouest,
662
—
Après avoir pris possession, au nom
1842, de l'île Touata et du groupe
le 2 juin suivant, de l'île Nukahiva
le contre-amiral du Petit-Thouars
s'était rendu à Tahiti. Pomare .IV
d'inextricables difficultés. Née le 28
épousé,
en
s'y débattait au milieu
février 1813, elle avait
1834, Ariifaite, le plus bel homme de son royaume,
Son autorité, mal assise, était contestée par
quelques-uns des chefs principaux ; à ces embarras intérieurs
s'ajoutaient les querelles religieuses et les convoitises ina¬
vouées des grandes puissances maritimes. L'occupation par la
France des archipels voisins décida la reine à recourir à tune
mesure extrême qu'elle considérait comme une mesure de pro¬
tection. Le 9 septembre 1842, elle adressait à l'amiral du
mort
en
1873.
Petit-Thouars la lettre suivante
«
:
Parce que nous ne pouvons continuer à gouverner par nousdans le présent état de choses, de manière à conser¬
la bonne harmonie avec les gouvernements étrangers, sans
mêmes
ver
à perdre nos îles, notre autorité et notre liberté,
les soussignés, la reine et les grands chefs de Tahiti,
nous écrivons les présentes pour solliciter le roi
des Français
de nous prendre sous sa protection aux conditions suivantes :
«La souveraineté de la reine et son autorité et l'autorité des
chefs sur leurs peuples sont garanties ;
nous
exposer
nous,
règlements et lois seront faits au nom de la reine
signés par elle ;
«La possession des terres de la reine et du peuple leur sera
garantie. Les terres leur resteront. Toutes les disputes relati¬
vement au droit de propriété ou des propriétaires des terres
seront la juridiction spéciale des tribunaux du pays ;
« Chacun
sera libre
dans l'exercice de son culte ou de sa
religion ;
«Les églises existant actuellement continueront d'être, et les
missionnaires anglais continueront leurs fonctions sans être mo¬
lestés ; il en sera de même pour tout autre culte : personne ne
pourra être molesté ni contrarié dans .sa croyance.
A ces conditions, la reine Pomare et
tenant encore par mille racines, les appétits sensuels comprimés
mais non éteints ; et de l'autre, leurs compatriotes, avides de
gain, impatients de tout contrôle, bien autrement redoutables
les Kanaques. Plus religieux que politiques, plus
qu'expérimentés, les missionnaires voient dans leur
pour eux que
croyants
Société des
Études
Océaniennes
670
—
propre
domination le salut de la
—
race
qu'ils convertissent
;
ils
taillent dans la Bible une sorte de gouvernement théocratique ;
ils empruntent aux lois de Moïse un code civil ; ils croient
pouvoir réformer les
mœurs
à
coups
de décrets.
C'est ce que tentaient les missionnaires américains aux îles
Sandwich. Aux Sandwich, comme à Tahiti, ils se trompèrent ;
mais
une
partie de leur
de leurs fautes il
ne
œuvre
reste que
subsiste encore aujourd'hui, et
le souvenir.
Pomare III vécut peu. Sa sœur Aimata lui succéda, en 1825,
le nom de Pomare IV. Elle avait alors douze ans.
C'est sous son règne que s'accomplirent les événements dont
sous
nous
parlé et que, par l'acceptation du protectorat, la
prit pied dans l'Océanie.
avons
France
Les Missionnaires et les résidents
anglais ne pouvaient voir
inquiétude et sans dépit le protectorat de la France
s'étendre sur un archipel civilisé et colonisé par eux. Ils avaient
mis à profit le long délai exigé alors par les communications
avec
l'Europe ; les actes de l'amiral du Petit-Thouars étaient
subordonnés à la ratification du roi et n'avaient jusque-là
qu'un caractère essentiellement provisoire. Ils s'en autorisèrent
pour agir sur l'esprit mobile de la reine et des principaux
chefs, leur démontrer que l'établissement du protectorat n'était
autre chose que l'aliénation et la perte de leurs droits de sou¬
veraineté. Pomare, jusqu'alors de leur part l'objet d'une consi¬
dération passablement dédaigneuse, devint tout à coup une
reine, sœur, par le rang, de la reine d'Angleterre, investie de
droits et de responsabilités sacrés. Les bâtiments anglais lui
rendirent les honneurs dus aux souverains, et n'eut pas de peine
sans
à
la
faire
Tahiti, elle
revenir
se
sur
réfugia
sa
aux
détermination
première. Quittant
attendant les
Iles Sous-le-Vent,
événements.
En France, le gouvernement regrettait que l'amiral n'eût pas
purement et simplement arboré le pavillon français au lieu
du pavillon du protectorat. On estimait l'attitude prise comme
dangereuse, en ce sens qu'elle compromettait la France, vis-àde l'Angleterre sans lui donner une compensation réelle
par une prise de possession définitive. Ces regrets, connus
ou devinés par l'amiral, le décidèrent à profiter des circons¬
tances nouvelles que lui offraient le revirement de la reine et
la résistance des grands chefs.
En arrivant à Tahiti, le commandant Bruat se trouva en
présence d'un désaveu de l'acte du 9 septembre 1842 et d'une
vis
Société des
Études
Océaniennes
-
résistance
à
G71
-
main
armée, soutenue et encouragée par les
Anglais. La lutte s'engagea avec vigueur ; des rencontres san¬
glantes eurent lieu à Mahauta, à Punaauia, et les hostilités ne
cessèrent que par la prise du fort de Fautaua, emporté par
les Français.
En France, l'opinion publique s'émut. Le gouvernement, qui
comptait sur une occupation pacifique et qui redoutait des
complications avec l'Angleterre, manifesta hautement son déplai¬
sir. L'amiral du Petit-Thouars fut désavoué et son rappel
décidé.
Nous trouvons dans la Revue rétrospective une dépêche de
l'amiral qui prouve bien que la passion de parti faisait fausse
route
affirmant
qu'il n'ait fait qu'exécuter des instructions
prenant possession des Etats de Pomare, et que son
désaveu, bien ou mal entendu, n'était pas une lâche contra¬
diction du cabinet du 29 octobre, ni une comédie à laquelle
l'amiral n'eût pu se prêter sans compromettre son honneur.
Cette dépêche est datée du Callao, 6 juillet 1844.
en
secrètes
«...
en
J'espère dans la justice du roi et de
son
gouverne¬
S'ils ont été prompts à me frapper, ils me réhabiliteront
sans doute lorsqu'ils connaîtront toute la
vérité, lorsqu'ils auront
sous les yeux le tableau des
intrigues mises en jeu pour rendre
illusoire le protectorat de la France, lorsqu'ils verront que
ment.
si
je laissais subsister le pavillon couronné que l'on avait fait
Pomare, l'autorité protectorale eût été plus tard un
pouvoir subalterne aux yeux des étrangers, hérissé de diffi¬
cultés et d'embarras pour la France, dont le gouvernement
n'eût pas tardé à se fatiguer. Ils reconnaîtront enfin je l'espè¬
re, que dans une position aussi difficile qu'inattendue, livré
à moi-même a 4.000 lieues de France, je ne pouvais agir
hisser par
autrement sans forfaire à l'honneur
les intérêts du roi et du pays ».
et
sacrifier
indignement
« On
a dit que j'ai
outre-passé mes instructions ; mais Votre
Excellence sait fort bien que je n'en avais d'aucune espèce,
et
je n'ai donc
pu
les suivre et
encore
moins les outre-passer.
Je n'avais pour guide que cet invariable et antique mandat
de tout chef d'escadre : protéger les intérêts français, et faire
respecter notre pavillon. Je m'y suis religieusement attaché et
je n'en ai point forcé l'interprétation ; dans l'isolement où je
me trouvais, pour bien me pénétrer des
intentions du gouver¬
nement, je priai M. le commandant Bruat de me communiquer
ses
instructions, qu'il mit officieusement à ma disposition
pendant trois heures.
Société des
Études
Océaniennes
—
672
—
documents
m'apprit le regret éprouvé
le gouvernement de ce que je n'eusse pas mis d'abord le
pavillon français au lieu du pavillon du protectorat ; je crus
dès lors remplir ces instructions en mettant à profit des cir¬
constances que l'intrigue et la mauvaise foi avaient fait naître
pour prendre mon premier arrêté par lequel j'ai placé le pa¬
villon français sur tous les points de protection et de défense
des îles de la Société et réservé le pavillon du protectorat pour
tous les monuments civils d'un usage commun ; j'ai suivi en
cela la pratique observée par les Anglais à Corfou et dans
«
La
lecture
de
ces
par
les îles Ioniennes
».
II
La question religieuse compliquait singulièrement la question
politique. Le 4 mars 1797, les premiers missionnaires protes¬
tants avaient débarqué à Tahiti et commencé, dans des condi¬
tions exceptionnellement favorables, leur œuvre de propagan¬
de religieuse. En 1798, cincr nouveaux missionnaires anglais
étaient venus les rejoindre, huit autres arrivaient en 1801. En
1805, ils adoptaient, d'accord avec Pomare II, l'alphabet tahitien et faisaient imprimer à Londres le premier livre desti¬
né aux écoles, dont le nombre croissait chaque année. Des résis¬
tances partielles, des révoltes locales entravaient, sans l'arrêter,
l'œuvre de propagande. Lorsque, en 1824, le commandant Duperrey visita Tahiti à bord de la corvette la Coquille, il fut
frappé des changements survenus. « L'île de Tahiti, écrivaitil dans son rapport officiel, est aujourd'hui bien différente de
ce
qu'elle était du temps de Cook. Les missionnaires ont tota¬
lement changé les mœurs et les coutumes de ses habitants.
L'idolâtrie n'existe plus parmi eux, et ils professent généra¬
lement la religion chrétienne. Les femmes ne viennent plus à
bord des bâtiments ; elles sont d'une réserve extrême lorsqu'on
les rencontre à terre. Les mariages se font comme en Europe,
et le roi lui-même est assujetti à n'avoir qu'une épouse. Les
femmes sont admises à la table de leurs maris. La secte infâ¬
me
des Arreoys n'existe plus ; les guerres sanglantes crue ces
peuples se livraient et les sacrifices humains n'ont plus lieu de¬
puis 1816. Tous les naturels savent lire et écrire ; ils ont entre
les mains des livres de religion traduits dans leur langue et
imprimés soit à Tahiti, à iUljéta ou à Eimeo. De belles églises
ont été construites, et tout le peuple s'y rend deux fois par
semaine avec une grande dévotion pour entendre la prédica¬
tion. L'on voit souvent plusieurs individus prendre note des
passages les plus intéressants des discours ».
Société des
Études
Océaniennes
—
673
—
A la même époque, un mouvement identique se produisait
îles Sandwich sous l'impulsion des missionnaires améri¬
cains. En Europe, on suivait avec une curiosité sympathique
aux
cette initiation de
peuples barbares à la civilisation ; on ren¬
publiquement hommage aux efforts heureux des missions
protestantes. En 1826, M. Guizot, faisant ressortir les carac¬
tères qui distinguent des missions catholiques les missions pro¬
testantes, s'exprimait ainsi :
dait
« Le
premier de ces caractères, celui qui me frappe d'abord,
c'est que nos missionnaires ne vont point faire de conquêtes
profit d'une église déjà puissante ; ils n'étendent point
ecclésiastique ; ils n'impor¬
tent pas même, chez les peuples qu'ils s'appliquent à convertir,
une
discipline extérieure déjà réglée, un gouvernement écclésiastique tout fait. Ils leur portent, seulement la foi et la mo¬
rale de l'évangile ; ils prêchent une doctrine pour les esprits,
une règle pour les actions ; ils travaillent à réformer l'homme
intérieur, l'homme moral, l'homme libre : c'est à Dieu seul
et à l'évangile qu'ils lui demandent de se soumettre ; ils lais¬
sent ensuite à la parole qu'ils ont semée le soin de faire le
reste et d'organiser la société chrétienne selon les lieux, les
circonstances, les possibilités. J'en pourrais citer de nombreux
exemples : le plus récent est celui qu'à offert l'île Tahiti, où
la société tout entière, religieusement et moralement réformée
par les missions évangéliques, a réformé à son tour son orga¬
nisation extérieure et civile spontanément et comme il lui con¬
venait. Les missions catholiques ont porté aux païens la foi et
un maître,
tandis que les missions évangéliques leur portent
au
la
domination d'un gouvernement
la foi et la liberté
».
L'établissement du protectorat devait fatalement modifier
état de choses, non par le fait du gouvernement français
cet
d'alors,
peu
Isoucieux de propagande religieuse, mais
par
l'impos¬
sibilité matérielle et morale de dénier libre accès dans l'archi¬
pel
aux
missionnaires catholiques impatients de
se
mesurer
leurs rivaux et de leur disputer leurs conquêtes. Déjà
Chateaubriand avait prêché la croisade nouvelle et signalé
au
zèle de la société des missions ces terres peu connues :
avec
«
Tahiti, écrivait-il dans la préface de son Voyage en Amé¬
rique, a perdu ses danses, ses chœurs, ses mœurs voluptueuses.
Les belles habitantes de la nouvelle Cythère sont aujourd'hui,
leurs (arbres à pain et leurs élégants palmiers, des puri¬
sous
taines qui vont au prêche, lisent
naires méthodistes, controversent
Société des
l'Ecriture
du matin
Études
des mission¬
soir et expient
avec
au
Océaniennes
—
674
—
dans
un
grand ennui la trop .grande gaîté de leurs mères.
imprime à Tahiti des bibles et des ouvrages ascétiques ».
On sent percer dans ces appréciations le déplaisir que lui
causent les progrès du protestantisme et la nonchalante insou¬
ciance avec laquelle il juge les faits religieux qui ne répondent
pas à son sentiment du beau. L'auteur du génie du christia¬
nisme ne va pourtant pas jusqu'à regretter ouvertement les
changements survenus, mais d'autres affirmaient ce qu'il ne
disait pas et reprochaient aux missionnaires anglais d'avoir
substitué au paganisme antique des mœurs sévères. Un des
compagnons de voyage de Dupperey, M. Lesson, correspondant
de l'Institut et chirurgien en second à bord de la Coquille,
appréciait ainsi les résultats obtenus :
On
« Le cachet
qui caractérisait ces peuplades a disparu sous un
vernis de dissimulation que leur a porté la ferveur du rigoris¬
me
des prêtres protestants. Si les missionnaires, de quelque
couleur qu'ils soient, sont aujourd'hui un vrai non-sens parmi
les populations civilisées, que pense-t-on que doivent être ces
hommes
sans talent, sans élévation dans l'âme, à idées rétrécies
bigotes, agissant comme des énergumènes au milieu des
peuplades de la mer du Sud, leur portant, disent-ils, le pain
de l'évangile, pain lourd et indigeste pour des estomacs qui
n'y sont pas préparés ? Combien je regrette, pour ma part,
la physionomie native des peuplades océaniennes que gâte
chaque jour le contact des Européens ! Certes, cette vie molle
et efféminée des Tahitiens, ce libertinage qu'on leur reproche,
et
encore loin de celui de nos villes et de la corruption
de notre civilisation. Chez eux l'habitude convertissait en un
cérémonial de politesse cette prostitution dont on a exagéré
les résultats !»
étaient
Si les
uns
reprochaient aux missionnaires protestants d'en¬
les indigènes et de substituer au libertinage commode
et facile d'un passé regretté l'austérité des mœurs présentes,
d'autres, au nom d'intérêts privés, se disaient lésés et récla¬
maient une règle moins sévère. Le commerçant suivait le
missionnaire et trouvait fort mauvais que l'observance du di¬
manche, les services religieux, la fréquentation des écoles,
empêchassent les indigènes de se consacrer au travail qu'il
attendait d'eux et qu'il rétribuait peu. A Tahiti, comme aux
îles Sandwich, la vie est facile ; l'indigène trouve en abon¬
dance et sans labeur ce qui est nécessaire à son existence. La
douceur du climat l'affranchit de toute prévoyance. Les besoins
limités et facilement satisfaits n'éveillent point en lui d'idées
nuyer
Société des
Études
Océaniennes
—
675
—
de convoitise, d'ambition, de richesses ;
efforts à s'assurer le strict nécessaire et
aussi borne-t-il
comprend-il
fallu éveiller
peu
ses
la
nécessité d'un travail rémunérateur. Il a
en lui
des besoins nouveaux, créer des exigences matérielles, élargir
son horizon borné à la satisfaction des appétits pour l'amener
à défricher la terre, à cultiver le sol, à planter, récolter, à
ses îles pour s'embarquer à bord des navires baleiniers,
aller fabriquer sur des îlots déserts l'huile de noix de
cocos. Ce fut l'œuvre du temps ; elle est loin d'être achevée,
à Tahiti surtout ; au début, elle fut lente, difficile, et les
commerçants impatients se joignaient à ceux qui regrettaient
les mœurs faciles pour accuser et dénigrer l'œuvre des mis¬
quitter
pour
sionnaires.
dénigrements étaient de nature à encou¬
les missionnaires catholiques, dont le zèle n'avait d'ail¬
pas besoin d'être stimulé. Une première tentative faite
Ces accusations, ces
rager
leurs
en
1826 aux îles Sandwich avait échoué. Le gouvernement
local s'était "refusé à laisser débarquer les missionnaires catho¬
liques. Le 2 juin 1833, un décret de la propagande, con¬
firmé par le pape Léon XII, confiait à la maison mère de
Picpus la tâche gigantesque de convertir au catholicisme tou¬
tes les îles de l'Océan Pacifique, depuis les îles Sandwich jus¬
qu'au tropique antarctique et depuis l'île de Pâques jusqu'à
l'archipel Roggewein, dont Kotzebue et Krusenstern avaient
cependant 'déjà démontré la non-existence.
A la fin de 1833, les missionnaires catholiques s'embar¬
quaient à Bordeaux pour le Chili et de là gagnaient les îles
Gambier, première étape sur la route de Tahiti. En 1836, ils
abordaient à Papeete et sollicitaient une autorisation de séjour
qui leur fut refusée. Contraints de s'éloigner, ils réclamaient
et obtenaient l'intervention de la France. Le capitaine du
Petit-Thouars, commandant la frégate la Vénus, imposait en
1838 une convention en vertu de laquelle les missionnaires
catholiques devaient être admis à Tahiti et traités sur le
même pied que les missionnaires protestants.
A Tahiti et aux îles Sandwich, la situation était la même.
L'année précédente (1837), le commandant du Petit-Thouars
avait exigé et obtenu du roi Kamehameha III la libre admission
des missionnaires catholiques. Dans les deux archipels, la lutte
s'engageait entre les missions protestantes et les missions ca¬
tholiques, qui se disputaient la suprématie. Elle atteignait
promptement un degré de violence qui mettait en péril les
institutions et le gouvernement lui-même. La question reli-
Société des
Études
Océaniennes
—
676
—
gieuse
se
compliquait d'une question commerciale dont la
France avait pris l'initiative et qui menaçait d'une
dépopula¬
tion rapide les îles de l'Océanie. En
1830, le commandant
Laplace exigeait
mettre
les
effet du gouvernement des Sandwich d'ad¬
à un droit d'entrée qui ne
pouvait
100 de la valeur.
en
eaux-de-vie
excéder 5 pour
En
agissant ainsi et en engageant son gouvernement dans
voie, le commandant Laplace croyait-il, de bonne foi,
ouvrir aux 'produits
français un débouché de quelque impor¬
tance ? S'il le crut, et c'est sa seule
excuse, il se trompa fort.
Imposer par la force l'admission des missionnaires catholiques
et la
libre introduction des eaux-de-vie, c'était créer dans
l'esprit de ces populations une choquante confusion d'idées,
cette
mettre
une
protestants
arme
et
la honte était
Nous avons pu
redoutable dans les mains des missionnaires
prendre l'initiative d'une mesure fiscale dont
pour la France et le profit pour l'étranger.
constater par nous-même les
tristes résultats
obtenus, l'impopularité qui en rejaillit alors sur notre pays,
et qui subsiste encore. En vertu des traités conclus
avec l'An¬
gleterre et les Etats-Unis, toute concession faite à la France
devait s'étendre de droit à leurs nationaux. Il
les spiritueux anglais et
en
résultait que
américains, tels que le genièvre, l'eaude-vie de grain, antérieurement prohibés, entraient dans la con¬
sommation après avoir acquitté le droit de 5
pour 100 de la
valeur. La France n'ayant aucun commerce direct avec les
îles,
le traité restait lettre morte en ce
qui la concernait ; mais
il n'en était pas ainsi pour
l'Angleterre et surtout pour les
Etats-Unis. Chaque année, plusieurs centaines de navires ba¬
leiniers américains relâchaient dans le port de Honolulu et
débarquaient des spiritueux dont la consommation partout et
toujours dangereuse pour les indigènes, le devenait plus encore
par l'abus résultant du bon marché et par l'excessive chaleur
d'un climat intertropical. Si la France s'était
proposé pour
but de développer le commerce de ses
rivales, de hâter la
dépopulation de l'archipel et d'assurer la prédominance des
Etats-Unis aux îles Sandwich, elle n'eût pu
adopter une me¬
sure
d'une réussite plus prompte et plus infaillible. En
peu
d'années, la mortalité fit des progrès tels que force fut bien
de
se
rendre à l'évidence et de résilier cette clause du traité.
Mais, aujourd'hui encore, dans toute l'Océanie, les adversaires
de l'influence française ont constamment à la bouche le dic¬
ton de : French priests and french brandies
prêtres français,
eaux-de-vie françaises.
.
Société des
Études
Océaniennes
—
677
—
La question religieuse à elle seule soulevait déjà bien assez
de difficultés et, en apparence, d'insurmontables complications.
On le vit par le retentissement de l'affaire Pritchard, dont les
discussions passionnées, en France et en Angleterre, mirent
un
moment
péril l'entente cordiale des deux
Louis-Philippe. A la distance où nous
en
trône du roi
théâtre des
événements
et
de
ces
événements
pays et
sommes
eux-mêmes,
le
du
on
de si petites causes aient pu produire de si grands
effets, et qu'une rivalité religieuse dans un coin perdu de
l'Océanie ait soulevé des passions si vives. Pour le comprendre,
il faut tout d'abord se rendre compte que la lutte n'était pas
circonscrite à l'île de Papeete, mais qu'elle s'engageait simul¬
tanément sur les principaux points de l'Océanie. Aux îles Sand¬
wich, les missionnaires américains avaient évangélisé l'archi¬
pel, fondé des temples, des écoles, converti la totalité de la
population. A Tahiti, les missionnaires anglais avaient fait
de même. Le protestantisme s'était implanté dans l'Océanie,
il y était maître, partant jaloux d'une suprématie conquise par
de rudes labeurs, des sacrifices considérables et un dévouement
auquel on ne saurait trop rendre hommage. Appelé, accepté
par ces populations alors barbares, il avait introduit la civi¬
lisation, prêché la religion chrétienne, converti les chefs et le
peuple, substitué des lois sages à d'atroces coutumes, triomphé
de mœurs dissolues, proclamé la sainteté du mariage, du ser¬
ment, le respect de la vie humaine, fait cesser les guerres de
tribus à tribus et régner l'ordre et la paix. Leur œuvre ache¬
vée, sur ces terres par eux conquises, initiées à la civilisation,
les missionnaires protestants se voyaient tout à coup menacés
par des concurrents qui proclamaient hautement leur œuvre
mauvaise, leurs doctrines fausses, leurs dogmes impies et qui
prétendaient tout détruire pour tout reconstruire à nouveau.
Ils eussent été plus que des hommes, ils eussent douté d'euxmêmes jet de leur foi en n'opposant pas une résistance vigou¬
reuse
à ces tentatives. Les chefs et le peuple leur étaient
acquis ; les uns et les autres repoussaient ces nouveau-venus
qu'on leur imposait par la force, et qui se présentaient à eux
sous
de fâcheux auspices. Ils encouragèrent ces dispositions
s'étonne que
hostiles. Abrités derrière les droits incontestables des chefs
ou
du roi, ils opposèrent une résistance sourde à l'admission
missionnaires catholiques, et quand la force eut triomphé
des
cette
résistance, ils luttèrent
avec
énergie
pour
entraver
de
une
propagande active.
On
a
souvent
gieuse n'a
pas
agité la question de savoir si la rivalité reli¬
résultat d'aviver la foi et de hâter
eu pour
Société des
Études
Océaniennes
—
678
—
la conversion
au christianisme des peuples de l'Océanie.
Témoin
pendant quatorze années de ces luttes, nous dirons en toute
sincérité ce qu'il en est. Appelé à prendre une part active, en
qualité de ministre dirigeant, dans le gouvernement de l'ar¬
chipel le plus important de l'Océanie, de celui où ces luttes
ont eu le champ le plus vaste, nous exposerons
le résultat de
notre expérience et de nos observations. Gela nous sera d'au¬
tant plus facile que nous comptions dans les deux camps des
amis sérieux, des hommes dont le zèle et la foi nous ont laissé
des souvenirs d'estime et d'admiration.
Les Kanaques sont facilement accessibles aux idées religieuses.
Isolés pendant des siècles du re3te du monde, perdus au centre
de l'Océanie, face à face avec les plus terribles phénomènes
physiques dont leur ignorance leur cachait les lois, sur ces
terres vierges d'une admirable beauté, sous ce climat incompa¬
rable, ils créèrent de toutes pièces une théogonie cruelle et
barbare. Comparativement simples au début, leurs rites reli¬
gieux n'offrirent bientôt plus qu'un mélange confus de prati¬
ques bizarres dont la signification se perdait dans la nuit du
passé. Des dieux tyranniques et capricieux gouvernaient sans
merci une population sans règle morale. La terreur tenait lieu
de foi. Des cérémonies sanguinaires, des restrictions imposées
par les chefs et les prêtres pu gré de leur fantaisie, formaient
un
ensemble religieux qui ne reposait que sur l'aveugle su¬
perstition du peuple et le despotisme non moins aveugle de
ceux qui le gouvernaient. Les
Kanaques croyaient à une autre
vie, si Ic'est y croire que de redouter un pouvoir toujours mal¬
faisant attribué
aux
morts.
Un Dieu naissait de chacune de leurs frayeurs. La déesse des
volcans engloutissait leurs villages, dévorait leurs récoltes, se¬
mait sur son passage la stérilité et la mort. On retrouve dans
leurs traditions des notions vagues de la création du monde,
d'un déluge, mais ils n'avaient ni la croyance simple et nette
des Indiens de l'Amérique à l'existence d'un grand Esprit,
maître souverain des cieux et de la terre, ni
l'idée païenne d'un
dieu, maître des dieux, trônant, comme le Jupiter antique, dans
l'Olympe soumis à ses lois. Aucune idée philosophique ne se
dégageait du chaos informe de leurs superstitions.
A Tahiti, la secte odieuse et grotesque des Arreoys protestait
à sa manière contre un culte sanguinaire, érigeait la débau¬
che en loi, l'infanticide en droit, et promenait de tribus en
tribus ses triomphales orgies et ses vices dégradants. Mais, en
dépit de ces revendications insensées de la chair contre des
Société des
Études
Océaniennes
—
679
—
pratiques superstitieuses et cruelles, le fond religieux subsis¬
et dur pour tous. La forme en revanche, s'effon¬
drait de toutes parts. Chefs et peuple étaient las de ces
croyances et de ces rites ; ils accueillirent comme des libé¬
rateurs les premiers missionnaires qui leur révélèrent une re¬
ligion de paix et d'amour. Si austère dans la forme, si dogma¬
tique dans le fond que puisse paraître le ^protestantisme aux
races méridionales de l'Europe, il fut avidement reçu par ces
races indigènes, plus frappées de la simplicité de son culte, de
l'ensemble de ses prescriptionns que de son manque de céré¬
monies et de pompes extérieures. Les missionnaires américains
et anglais débarquaient sur ces îles avec leurs familles ; leurs
femmes secondaient leurs efforts set promptement conquéraient
.par leur exemple, par leur douceur et leur charité, les femmes
indigènes réduites à un indescriptible état d'abjection. Elles
les [relevèrent à leurs propres yeux et à ceux de leurs maîtres ;
elles leur enseignèrent le respect d'elles-mêmes, la sainteté du
mariage, leurs devoirs et aussi leurs droits, qu'elles ignoraient.
En peu d'années, tout était changé. Il n'en fallut pas dix pour
convertir les Sandwich et les archipels du Sud.
tait sévère
Des succès si
rapides n'étaient pas sans danger. Les mission¬
quelques-uns du moins, ne s'en tinrent pas
là. Ils avaient converti, ils voulurent gouverner. La confiance
des chefs et du peuple leur rendait la tâche facile, mais ils ne
surent [pas résister à la tentation naturelle de fonder un gou¬
vernement théocratique. Ils rêvèrent, eux aussi, leur Paraguay.
Ce fut leur faute. Derrière eux marchait l'avant-garde de
la civilisation, négociants aventureux, matelots sans aveu, émigrants de toute classe et de toute condition, pour qui toute
terre nouvelle est une Golconde ; acharnés à la poursuite du
lucre, spéculant surtout sur les vices des indigènes, âpres au
gain et le demandant à tous les métiers, ils s'irritaient des
restrictions imposées par les missionnaires, dénigraient leur
œuvre
et leurs prétentions à gouverner, lesquelles, par des
fautes inévitables, affaiblissaient leur prestige religieux.
naires protestants,
agissant comme ils le firent, en donnant à leur propa¬
gande, au fond très désintéressée, l'apparence de convoitises
politiques, les missionnaires protestants s'engagèrent dans une
voie dangereuse. On le vit bien aux Iles Sandwich où, mena¬
cés par le catholicisme au point de vue religieux, par l'immi¬
gration européenne au point de vue politiqque, ils en furent
amenés par une série de fautes à se poser en champions de
En
l'annexion
aux
Etats-Unis et
Société des
en
adversaires décidés du
Études
Océaniennes
gouver-
—
680
—
auquel ils n'avaient plus part. On le vit à Tahiti, où,
l'empire des mêmes influences, ils revendiquèrent l'inter¬
vention de l'Angleterre et suscitèrent sous main des résistances
qui aboutirent à une guerre civile. Reconnaître leurs torts,
ce n'est pas
condamner leur œuvre. Elle eut deux phases. La
première mérite l'admiration, la seconde impose des réserves.
Est-ce à dire que l'importation du catholicisme dans ces
îles, déjà converties à la foi chrétienne, fut un bien ? Non,
à n'examiner que le côté religieux. Quatorze années de notre
vie se sont écoulées parmi ces peuples, et nous devons dire
que la foi parmi eux a été s'affaiblissant, que les missionnaires
catholiques ont bien réussi à ébranler leur confiance dans le
protestantisme, mais que, sauf dans un petit nombre de cas
exceptionnels, ils n'ont pas substitué une croyance à une autre.
Année par année, nous avons pu constater cet affaiblissement
de la foi, ce détachement des idées religieuses, cette facilité à
admettre, du protestantisme, ce qu'en disaient les prêtres catho¬
liques et du catholicisme, ce qu'en disaient les pasteurs pro¬
testants. En voyant les hommes de race blanche en qui, pen¬
dant de longues années, ils avaient eu une confiance absolue,
se combattre, se dénigrer, s'accuser réciproquement d'ambition
et de convoitises déguisées sous le masque de la religion, les
Kanaques en sont venus à ne plus les croire que dans le mal
qu'ils disent les uns des autres et à donner créance à ces aven¬
turiers qui, enveloppant dans une même haine la religion et
ses ministres, leur prêchent de
parole et d'exemple le mépris
nement
sous
de l'une et des autres.
Lorsqu'en 1860 l'Angleterre, jalouse de la suprématie
merciale
des
Etats-Unis
aux
îles
com¬
Sandwich, entreprit de la
envoyant à Honolulu une
combattre, elle crut bien faire en
anglicane dirigée par l'évêque Staley. La reine Emma
appartenait à l'église anglicane, le roi s'y ralliait ; leur exem¬
ple entraîna l'adhésion des principaux chefs et d'une partie de
la population indigène, toujours prête à suivre l'impulsion
venue de haut. Dans ces symptômes significatifs
d'indifférence
religieuse et d'engoûment passager, l'évêque Staley et son
clergé ne virent que des conversions nombreuses, qu'un signe
des temps, qu'un éclatant triomphe remporté sur l'austérité
méthodiste et sur l'église catholique. La presse religieuse an¬
glaise retentit de chants de victoire. Qu'en advint-il ? Après
la mort de Kamehameha IV, les églises anglicanes se vidèrent ;
on prêcha dans le désert, et les Kanaques revinrent à l'indiffé¬
rence
dont la rivalité des sectes est la principale cause. A
mission
Société des
Études
Océaniennes
—
quelque point de
681
—
l'on se place._ on admettra jqu'il eût
peuples rester protestants, mais chrétiens,
de cesser d'être protestants sans devenir catholiques, et
les faihles recrues ainsi faites ne compensent pas le déta¬
vue que
mieux valu pour ces
que
que
chement des
masses.
m
En
1866, l'auteur de
lignes reçut une intéressante commu¬
de nos établissements dans l'Océanie.
Frappé des progrès rapides du commerce et de l'agriculture
aux îles Sandwich, le gouverneur nous écrit pour nous demander
de le renseigner sur les mesures prises par nous. A huit cent
lieues de distance, tous deux, compatriotes, appelés à gouver¬
ner des populations de même race, sous des climats identiques,
nous pouvions et nous devions nous prêter un mutuel concours.
ces
nication du gouvernement
Il se heurtait aux difficultés que nous avions rencontrées au
début ; mais alors qu'aux îles Sandwich nous entrions dans une
voie de prospérité commerciale, à Tahiti tout languissait. L'im¬
migration était nulle, les bras manquaient aux plantations péni¬
blement fondées, les capitaux faisaient défaut, et les efforts
les plus persévérants aboutissaient à des résultats nuls. L'exa¬
men
auquel nous dûmes nous livrer alors nous permit de
constater les causes d'infériorité et d'impuissance qui pesaient
et pèsent encore lourdement sur notre colonie. En les signalant
içi, non pas au nom de théories préconçues, mais au nom d'une
expérience acquise par quatorze ans de travail, d'études et
de tâtonnements, nous pensons faire œuvre utile. Pourquoi
les moyens qui ont porté si haut la prospérité des îles Sand¬
wich, rétabli leurs finances, créé un mouvement commercial,
agricole et maritime important, attiré l'émigration, seraient-ils
inefficaces dans nos archipels du Sud ? La race est la même,
le sol est le même, mêmes aussi le climat et les productions.
Le budget des recettes et des dépenses
1879 par un chiffre de 900.000 francs.
de Tahiti se soldait
Ce chiffre est pres¬
que décuplé aux Sandwich. L'exportation de sucre atteint à
peine 20.000 frs, elle dépasse 8 millions à Honolulu. On compte
en
dans l'île
de Tahiti trois usines à
sucre
et
deux machines à
égrener le coton ; aux Sandwich, il y en a plus de cent, et
nombre de plantations sucrières donnent un bénéfice net de
200 à 300.000 francs par année. Et cependant, aux îles Sand¬
wich, le gouvernement local a dû tout faire par lui-même,
résister aux convoitises américaines, maintenir son indépen¬
dance, éviter de donner prise par une mauvaise administration
Société des
Études
Océaniennes
—
682
—
à des
plaintes, à des conflits qui mettaient en danger l'autono¬
cela, assurer la sécurité des biens et des personnes,
créer une police, une armée, une magistrature, encourir de
grosses dépenses, tandis qu'à Tahiti, le protectorat résolvait
toutes ces questions, assurait ces services et permettait de
faire concourir toutes les forces vives au développement ma¬
tériel du pays, assuré de son indépendance garantie par une
grande puissance. Que de fois avons-nous vu, aux îles Sand¬
wich, nos efforts entravés, contre-carrés par les représentants
de l'Angleterre et des Etats-Unis, par les réclamations des
gouvernements étrangers prétendant s'immiscer dans des ques¬
tions d'administration intérieure, désireux d'exercer leur in¬
fluence et de faire prévaloir leurs idées. Quand, au nom du
mie ; pour
gouvernement, nous affirmions hautement notre volonté bien
de nous tenir en dehors des questions religieuses, de
arrêtée
limiter le rôle de l'Etat à l'impartialité la plus stricte, la
France nous reprochait de ne pas encourager le développement
de la mission catholique ; les Etats-Unis nous accusaient d'en¬
l'œuvre de propagande des missionnaires protestants,
l'Angleterre réclamait pour les anglicans des privilèges et des
traver
droits
A
[nouveaux.
résistances à la libre admission
qui les frappait ; à Londres
et à Washington, on réclamait la prohibition absolue ; les jour¬
naux américains entretenaient une
agitation annexionniste, met¬
taient leur gouvernement en demeure d'agir et de s'emparer
d'un archipel civilisé par leurs missionnaires et où leurs comp¬
toirs, leur commerce, leurs capitaux et leur immigration pri¬
Paris,
on
s'irritait de
des eaux-de-vie et
au
nos
droit élevé
maient tous les autres. C'est
au milieu de ces difficultés chaque
jour renaissantes qu'il fallait diriger, gouverner, imprimer l'im¬
pulsion, développer les ressources matérielles d'un pays dont la
prospérité croissante éveillait les convoitises étrangères, et dans
lequel on chercherait vainement aujourd'hui un adulte ne
sachant pas lire, écrire et compter. Nos établissements de
l'Océanie, Pacifique du Sud n'ont pas eu à traverser ces
épreuves. Le champ était libre. On pouvait agir sans crainte
et sans entraves. Le problème était autrement simple. Pour¬
quoi et comment n'a-t-on abouti qu'à de si médiocres ré¬
sultats ?
Une première faute a été de confier au début l'administration
de la colonie naissante à des hommes mal préparés par leur
éducation première à cette tâche délicate. Nous prions ici nos
lecteurs de ne pas s'y méprendre : nous n'attaquons personne,
Société des
Études
Océaniennes
—
683
—
discutons un principe. Nul n'a plus que nous le respect
des admirables qualités de notre marine, mais nous tenons pour
certain que ces qualités mêmes ne sont pas compatibles avec
l'administration d'une colonie. Elevés dans le respect d'une
nous
discipline sévère, d'une hiérarchie très marquée, dans le senti¬
d'une responsabilité absolue et du droit à une obéissance
passive de la part de leurs inférieurs, nos officiers de marine
ne sauraient, du jour au lendemain, s'affranchir
d'une tradi¬
tion qui fait leur grandeur et leur force morale. Dans quelque
situation que vous les placiez, ils y apporteront les idées, les
habitudes, la discipline dont ils sont imbus depuis leur enfance,
et ces qualités admirables dont, à l'époque de nos revers, ils
ont donné dans Paris assiégé l'étonnant spectacle. Ceci dit,
rendons-nous compte de ce qu'est une colonie et de ce qu'est
ment
Tahiti.
Situés à plus de 3.000 lieues de distance de la métropole et
dehors des grands courants commerciaux, les archipels de
la Société Isont habités par une race molle, indolente, vivant
sans besoins Isur un sol sans culture.
Une terre riche, fertile,
un climat tropical tempéré par les brises de l'Océan, des mœurs
en
faciles, l'oisiveté, bercent et endorment l'activité humaine. La
population, rare et clairsemée, trouve sans efforts à sa portée
tout ce qui est nécessaire à une existence d'où le froid et la
faim sont bannis. Nuls besoins de luxe ; la nature seule en
fait les 'frais ; l'air, la lumière, la chaleur, les beaux sites,
les fleurs éclatantes et leurs parfums, les fruits, savoureux
sont à fous sans labeur et sans peines. Tout est facile, sauf le
travail ; tout est simple, hormis l'effort. Transporté dans ce
milieu, l'européen lui-même sent son énergie faiblir, les res¬
sorts de sa volonté se détendent ; volontiers, lui aussi, il s'aban¬
donnerait à cette influence molle et dissolvante, n'était que
d'autres besoins, d'autres ambitions., le stimulent et le pressent.
L'homme civilisé ne revient jamais à l'état de nature ; il peut
retomber à l'état de bestialité, ainsi le font ces matelots dé¬
serteurs, ces écumeurs de mer jetés par le hasard des vents
et des flots sur les îles de l'Océanie, vivant avec les sauvages,
plus sauvages et plus cruels qu'eux, mais il n'est pas d'exem¬
ples de l'homme civilisé retournant à l'état simple, d'ordinaire
contemplatif, des races primitives. Au milieu d'elles, il est
meilleur ou pire qu'elles, mais il jest autre.
Dans
ces
archipels dépeuplés
par
le contact
avec
la civili¬
sation, - - nous en avons dit la cause, - - la population décroit
chaque année. On peut, par des mesures énergiques, ralentir,
Société des
Études
Océaniennes
—
684
—
arrêter pour un
temps cette dépopulation ; nous en avons fait
îles Sandwich, mais il n'est, croyons-nous, au
pouvoir de personne d'en supprimer les causes. Cette loi fatale
l'expérience
suit
aux
Afrique, en Amérique, en Océanie, nous la
L'immigration seule comble les vides,
superposant lentement une race à l'autre en attendant l'heure
son
cours
la
retrouvons
;
en
même.
de la substitution absolue. On
sait
comment
se
recrute
l'im¬
migration sur ces terres lointaines. Les aventureux de toute
classe, les déclassés de toute origine, les impatients, ceux que
la
civilisation
comprime,
ceux
à qui
une
organisation sociale
savante et
compliquée mesure l'air, la place et l'espace, ceux-là
forment l'avant-garde. Derrière eux, les spéculateurs hardis,
les négociants en quête de débouchés nouveaux, les émigrants
maîtres d'un petit capital, désireux de le convertir en grandes
propriétés, les gens de métier alléchés par la perspective
de gros salaires et de petites dépenses.
Tels sont les éléments dont se compose une colonie naissante,
éléments hétérogènes et disparates dont il s'agit de tirer le
meilleur parti possible, qu'il faut diriger dans leur voie et
réunir dans un effort commun : le développement moral, in¬
tellectuel et matériel du pays. Qu'on ne s'y trompe pas, il ne
s'agit pas là de l'emporter de haute lutte, de lancer à l'assaut
de la barbarie toutes ces forces brutales (et impatientes, d'abattre
l'Indien à coups de fusils comme dans le Far-West, pour
s'approprier son champ, ou l'Inca pour lui ravir son or. L'œuvre
est autre, bien autrement compliquée, mais aussi bien autre¬
ment humaine : protéger l'indigène contre la violence ou la
fourberie, tout en faisant leur place à ces nouveaux venus ;
dans la lutte
entraîner
qui sont
qu'elles
danger dans
contre
la nature
ces
forces
violentes
civilisation comme la nôtre parce
y restent souvent sans emploi et que la discipline
militaire leur répugne, mais qui deviennent une bonne fortune
pour une colonie. Ce sont les rôdeurs de prairies qui, les pre¬
miers, s'enfonçant dans les plaines de l'Ouest:, ont découvert
et colonisé le Kansas, l'Arizqna, conquis le Texas et annexé la
un
une
Californie aux Etats-Unis. Ce sont les rudes bûcherons du
Maine qui ont peuplé la région des grands lacs, de même que
l'écume de Londres a envahi l'Australie et: donné un continent
à une île. Qu'étaient ces Espagnols, compagnons de Balboa,
aventurier
lui-même, qui, les premiers, franchissant le Darien,
découvraient le Pacifique et en prenaient possession au nom
de la couronne d'Espagne ? et les soldats ou matelots d'aven-
Société des
Études
Océaniennes
-
685
—
ture, qui dépensaient au loin et au profit de leur pays une
énergie
sans
emploi dans leur
Etant donnés
ces
pays
même ?
éléments divers, et ce sont invariablement
les inêmes que
l'on retrouve à la naissance de toutes les colo¬
nies, on peut se former une idée juste des mesures générales
à prendre et des aptitudes multiples de ceux appelés à les
mettre en oeuvre. Il n'y a 'rien là qui ressemble au mécanisme
savant d'un Etat social tout organisé, dont les rouages fonc¬
tionnent sans choc et sans heurt, en vertu d'une impulsion
partie de haut et par l'intermédiaire d'une hiérarchie où cha¬
cun a Son rôle, sa place
assignée. Il faut créer, il faut gouver¬
ner, mais sans faire sentir trop lourdement la main ; il faut
laisser une large part à l'initiative individuelle, accepter les
ennuis qu'elle cause en compensation des services qu'elle rend,
éviter les conflits, détendre autant que possible les liens d'une
discipline trop rigoureuse, tolérer beaucoup, s'effacer souvent,
n'intervenir qu'en cas d'absolue nécessité et alors avec une
énergie proportionnée aux résistances.
Ce n'est là le fait ni d'un soldat, ni d'un marin, et l'histoire
de nos colonies le prouve. Esclaves de la discipline, exécuteurs
fidèles des ordres qu'on leur transmet, ils ont administré nos
colonies avec zèle et dévouement, avec une intégrité absolue,
mais sous eux et par eux nos colonies sont restées stationnaires ; or, toute colonie qui ne progresse pas, recule. Le
repos, le statu quo sont l'apanage des nations parvenues à
leur apogée, et qui n'ont plus qu'à descendre.
Pénétrons plus avant dans le détail des faits. Pourquoi l'im¬
migration affluait-elle aux Sandwich et faisait-elle défaut à
Tahiti ? Aux Sandwich, on l'encourageait, on l'appelait, on
la facilitait. L'émigrant n'avait pas, en débarquant, à demander
de permis de séjour, à justifier de ses moyens d'existence.
Il pouvait jailer, venir, sans être entravé dans sa liberté d'ac¬
tion. Les règlements de police étaient simples ; du moment
qu'il s'y conformait, il était en règle. A Tahiti, ou exigeait
de lui des formalités sans nombre. H n'était que toléré au
début ; de là à être isurveillé il n'y a pas loin. Il devait jus¬
tifier de ses moyens d'existence, expliquer d'où il venait, ce
qu'il entendait faire, à quel genre d'industrie il comptait se
livrer. J'assistais un jour sur les quais de Honolulu au débar¬
quement d'une goélette arrivant de Tahiti. Parmi les passagers
je reconnus à ses allures un compatriote ; je l'interrogeai en
français ; tout heureux de trouver quelqu'un qui parlât sa
langue, il me raconta son histoire. Après un séjour au Chili,
Société des
Études
Océaniennes
—
686
—
il s'était rendu à
Papeete. A peine débarqué, on lui demanda
questions s'il avait des capitaux. « Si j'en avais,
je ne viendrais pas ici ». Cette brusque réponse parut un peu
séditieuse. On l'accueillit assez mal ; ennuyé des formalités
qu'on exigeait de lui, il se lassa ; quinze jours après, il partait
pour Honolulu. Je le revis deux ans plus tard. Il avait gagné
une assez jolie somme pour un ouvrier, environ 25.000 francs,
et possédait en outre un terrain
qu'il plantait en cannes à
sucre, à la suite d'un contrat passé avec une plantation voisine
qui lui achetait ses produits. Il me dit qu'il espérait dans cinq
ans
avoir assez d'argent pour établir un moulin.
entre
autres
Ce n'est pas là un fait isolé. Une petite île dépendant de
l'archipel Hawaïen est louée à bail, pour un long terme, par
une famille
anglaise précédemment établie dans l'archipel de
la Société. Le chef de cette famille disposait de capitaux assez
considérables et voulait se livrer à l'élevage du bétail. Il
faut pour cela de grands terrains. Promené pendant six mois de
l'un à l'autre, découragé par les exigences méticuleuses de
l'administration tahitienne, il çvait, lui aussi, quitté notre
colonie pour émigrer aux Sandwich.
On
bien faire,
effet, en transportant dans notre colo¬
prescriptions administratives de la
métropole. Elles ont, dans une certaine mesure, leur raison
d'être en France, elles ne l'ont pas là-bas. Ces rouages sont
trop compliqués ; il y aurait avantage à les simplifier et à
diminuer du même coup le nombre des fonctionnaires. Sauf un
très petit nombre, il y aurait avantage aussi à les recruter
parmi les colons eux-mêmes, plus directement intéressés aux
progrès commerciaux et au développement agricole du pays,
dont le sol est admirablement approprié à la culture du coton
et de la canne à sucre. En 1875, Tahiti exportait pour plus
d'un million de francs de coton égrené, dont 247.000 en France.
Dans le premier semestre de 1878, l'exportation était tombée
à 31.000 francs pour la France. L'industrie sucrière ne produit
presque rien, alors qu'aux îles Sandwich elle est une des prin¬
cipales Sources de la prospérité du pays et que chaque année
on crée des plantations nouvelles. Les bras et les
capitaux font
défaut à l'agriculture ; l'immigration seule peut amener les
uns
et les autres. C'est elle qu'il importe d'encourager, et
c'est elle que nos prescriptions méticuleuses, nos exigences
bureaucratiques tiennent le plus souvent à distance. Le sol
n'est pas plus riche, le climat n'est pas plus doux, la vie n'est
pas plus facile aux Sandwich que dans notre colonie nouvelle.
nie
a
les
,cru
traditions
et
en
les
Société des
Études
Océaniennes
—
687
—
Si
l'immigration s'y porte de préférence, si les capitaux y
affluent, si l'exportation grandit chaque jour, la cause en est
moins dans le traité de réciprocité conclu avec les Etats-Unis
et qui assure aux sucres hawaïens la libre admission sur le
marché de San-Francisco que dans une législation très simple,
des impôts modérés, la mise en valeur des terres et des lois
de naturalisation qui permettent à l'émigrant de s'identifier
avec la
population et de prendre part, comme électeur et com¬
me éligible, isous certaines conditions de sens électoral
à la vie
politique du pays. Les lois ne créent pas l'immigration, elles
l'attirent ou la repoussent. A Tahiti, on n'a rien fait pour
l'attirer. Redoutait-on, dans l'état précaire que constituait le
protectorat, l'introduction d'un élément étranger hostile à son
maintien ? Peut-être. Ces préventions doivent disparaître au¬
jourd'hui. La France n'a plus rien à redouter de ce côté. Ces
archipels sont terres françaises ; il dépend de nous qu'ils
deviennent riches et prospères. Abandonnons, parmi nos anciens
errements, ceux que l'expérience a condamnés, empruntons aux
pays voisins les mesures qui leur ont si bien réussi. Un champ
nouveau
s'ouvre à notre activité et à nos efforts ; il est de
nature à
tenter de nobles ambitions.
C. DE VARIGNF.
Société des
Études
Océaniennes
DONS ET ACQUISITIONS
DONS
:
A
recently discovered marae in the Tuamotu Group
by Bengt Danielsson
Journal of the Polynesian Society
Extract from vol. 61, Nos 3 and 4, Sept. - Déc. 1952
The Polynesian Society
Wellington, New-Zealand.
Raroia
Happy island of the South Seas
by Bengt Danielsson
Translation from the Swedish by F.H. Lyon
Rand Mc Nally and Company
Chicago, New York, San Francisco, 1953.
Contributions
to Marquesan archaeology
by Bengt Danielsson
Journal of the Polynesian Society
Extract from vol. 63, N° 1, March 1954
The Polynesian Society
Wellington, New-Zealand.
Work and life
Raroia
on
by Bengt Danielsson
An acculturation study
from the Tuamotu Group,
French Oceania.
George Allen and Unwin Ltd.
London, 1956.
Forgotten islands of the South Seas
by Bengt Danielsson
Translated by F.H. Lyon
George Allen and Unwin Ltd.
London, 1957.
L'amour dans les
mers
du Sud
Bengt Danielsson
Traduit de l'anglais par Evelyn Mahyère
par
Librairie Stock
Paris, 1957.
Société des
Études
Océaniennes
—
7
—
8
—
689
—
A unique Tahitian stone
figure
by Bengt Danielsson
Journal of the Polynesian Society
Extract from vol. 66, N° 4, December 1957
The Polynesian Society
Wellington, New-Zealand.
Terry in Australia
by Bengt Danielsson
Translated from the Swedish
by Reginald Spink
Illustrations by Pierre Heyman
George Allen and Unwin Ltd.
London, 1958.
9
—
From raft to raft
by Bengt Danielsson
From the narrative of Alain Brun
Translated from the Swedish
by F.H. Lyon
Doubleday and Company, Inc.
Garden City, New York, 1960.
10
—
rendez-vous d'Eric de Bisschop
Bengt Danielsson
(From raft to raft)
Traduit de l'anglais par Janine Claude
Avec 4 plans et documents photographiques
Le
dernier
par
René Julliard
Paris, 1962.
11
—
12
—
13
—
The voyage
of the Flying Bird
by Margaret Titcomb
Illustrated by Joseph Feher
Dodd, Mead and Company
New York, 1963.
Recherches
archéologiques dans le district de Tautira
(Tahiti, Polynésie française)
par José Garanger (CNRS)
Mission archéologique ORSTOM-CNRS en Polynésie
Rapport préliminaire, 1964.
Récits marquisiens
par
H. Lavondès
Kehueinui
dits par
Société des
Études
Océaniennes
-
690
—
Texte établi et traduit avec la collaboration
de S. Teikiehuupoko
Centre ORSTOM de Papeete, Tahiti
Publication provisoire, 1964.
14
—
Last
days in Paradise
by George Farwell
The Travel Book Club
121, Charing Cross Road
London W.C. 2, 1964.
15
—
Recherches
archéologiques aux Nouvelles-Hébrides
José Garanger (CNRS)
Mission archéologique GRSTOM-CNRS en Océanie
Rapport préliminaire, 1965.
par
16
—
Ethno-Histoire de
par
Rangiroa
P. Ottino
Centre ORSTOM de Papeete, Tahiti
Publication provisoire, 1965.
17
—
South Seas Paradise
by Julian Hillas
The Travel Book Club
121 Charing Cross Road
18
—
London W.C. 2, 1965.
Récits marquisiens (2e série)
par
H. Lavondès
dits par Yarii, Kehueinui, Pouau, Totio, Tahiahuiupoko
Texte établi et traduit avec la collaboration
de S. Teikiehuupoko
Centre ORSTOM de Papeete, Tahiti
Publication provisoire, 1966.
19
—
Gauguin in the South Seas
by Bengt Danielsson
Illustrated
20
—
Doubleday and Company, Inc.
Garden City, New York, 1966.
Catalogue des collections ethnographiques
et archéologiques du Musée de Papeete
par A. Lavondès
avec
la collaboration de A. Natua
Avant-propos de H. Jacquier, Président de la Société
des Etudes Océaniennes
Centre ORSTOM de Papeete, Tahiti
Publication provisoire. 1966 - 12 exemplaires.
Société des
Études
Océaniennes
—
ACQUISITIONS
1
—
2
—
691
—
:
Voyage autour du monde
entrepris par ordre du Gouvernement
sur la corvette La Coquille
par P. Lesson
Membre correspondant de l'Institut
P. Pourrat Frères, Editeurs
5, rue des Petits Augustins
Paris, 1839 - 2 volumes.
En Océanie
Aylic Marin
Bayle, Editeur
16, rue de l'Abbaye
Paris, 1888.
par
Charles
3
—
Histoire des mutins de la Bounty
et de l'île Pitcairn 1789-1930
Charles Vidil
Capitaine de Corvette
Payot
106, Boulevard Saint Germain
par
Paris, 1932.
4
—
Mangareva
L'histoire ancienne d'un
par
Missionnaire
—
—
îles Gambier
Librairie orientaliste Paul Geuthner
12,
—
aux
Maison des Pères des Sacrés Cœurs
Braine-le-Comte (Belgique)
Tahiti
par
Vavin
Vie, 1938.
rue
Paris
5
peuple polynésien
Honoré Laval
aux
temps anciens
Teuira Henry
Traduction de Monsieur Bertrand Jaunez
Publication du Musée de l'homme
Paris.
6
—
La
par
mer
Léonard Engel et les Rédacteurs de Life
Traduction de Pierre Germa
1962.
Société des
Études
Océaniennes
—
7
—
692
—
Grammaire tahitienne
Martial lorss
Imprimerie Officielle
Papeete, 1963.
par
8
—
Les
par
poissons
F.D. Ommaney et les Rédacteurs de Life
Traduction de Madame Françoise Cousteau
1964.
9
—
A
dictionary of some Tuamotuan dialects
Polynesian language
by J. Frank Stimson
with the collaboration of Donald Stanley Marshall
The Peabody Museum of Salem, Massachusetts
of the
—
—
The
Royal Institute of Linguistics and Anthropology
Martinus Nijhoff
The Hague, 1964.
10
—
Les oiseaux
par
Roger Tory Peterson et les Rédacteurs de Life
Serge Ouvaroff
Traduction de
1965.
11
—
Les
plantes
Frits W. Went
et les Rédacteurs de Life
Traduction de Nathalie Gara
1965.
par
Société des
Études
Océaniennes
SOCIETE
DES
ETUDES
OCEANIENNES
Table des matières du Bulletin du N° 118
au
Nu 143 inclus
Acquisitions
Bulletin N°
141,
page
192.
Archéologie
Rapport publié par le Conseil d'Archéologie de l'Ancien
Monde, par Kenneth P. Emory, traduit de l'anglais par Ber¬
trand -Taunez
Bulletin Nos 127 et 128, page 33.
—
Nouvelle lumière sur la préhistoire polynésienne, par
Danielsson
Bulletin Nos 127 et 128, page 42.
Bengt
—
Iles Wallis, par Bernard
181.
Dernières recherches archéologiques en Polynésie Française,
par Pierre Vérin (ORSTOM) Bulletin Nos 133 et 134, page 205.
Le rocher des pétroglyphes de Tipaerui (Tahiti), par Ken¬
neth P. Emory, traduit par Pierre Vérin — Bulletin N° 135,
page 281.
La plate-forme d'archer et le marae de Afareaitu, Opunohu,
Moorea, par Roger Green —■ Bulletin Nos 136 et 137, page 310.
Notes archéologiques sur l'île de Makatea, par Pierre Vérin
Bulletin N° 139, page 51.
Documents sur l'île Meetia, traduits, révisés et augmentés
par Pierre Vérin (Extraits de « Stone remains in the Society
Islands », par Kenneth P. Emory) — Bulletin N° 139, page
Découvertes archéologiques aux
Villaret
Bulletin N° 132, page
—
—
59.
Quelques informations concernant les marae de Tupai, par
Ropiteau — Bulletin N° 139, page 81.
Prospection archéologique préliminaire de Tetiaroa, par Pierre
Vérin
Bulletin N° 140, page 103.
André
—
Découverte
archéologique aux Iles de la Société, par Kenneth
Emory et Yosihiko Sinoto — Bulletin N° 140, page 125.
Travaux archéologiques en Polynésie Française pendant les
années 1961-1962, par Pierre Vérin — Bulletin N° 141, page
P.
167.
Archéologie et agriculture,
288.
par
Michel Fichait x
—
N° 135, page
Société des
Études
Océaniennes
Bulletin
—
694
—
Art
Charles Alfred Le Moine, peintre de la
1872-1918,
par
Patrick O'Reilly
Assemblées
Polynésie Française
Bulletin N° 126.
—
Générales
Compte rendu de l'Assemblée Générale du 3 juin 1957
Nos 118 et 119, page 641.
Compte rendu de l'Assemblée Générale du 5 mai 1959
—
Bulletin
—
Bulletin Nos 127 et 128, page 31.
Compte rendu de l'Assemblée Générale du 30 mars 1960
149.
Compte rendu de l'Assemblée Générale du 27 juin 1961
Bulletin N° 135, page 245.
Compte rendu de l'Assemblée Générale du 2 octobre 1962
Bulletin N° 141, page 141.
—
Bulletin N° 131, page
—
—
Bibliographie
Bulletin N°
124,
859.
128, page 57.
137, page 323.
Bulletin N° 139, page 92.
page
Bulletin Nos 127 et
Bulletin Nos 136 et
Botanique
Enumération des
plantes introduites à Tahiti depuis la dé¬
jusqu'en 1885, par Henri Jacquier — Bulletin N°
130, page 117.
couverte
Correspondance
Lettre de Monsieur C.A. Elliot
—
Bulletin N° 121, page 742.
Démographie
Contribution à l'étude de la
par
H. Voisin
—
démographie des îles Marquises,
page 171.
Bulletin N° 141,
Divers
Quarante années
Nos 136 et
137,
en
page
Océanie,
325.
par
Edouard Foley
Découverte d'un serpent à Huahine, par
tin Nos 136 et 137, page 330.
A propos
Bulletin N°
d'un ouvrage
142, page 214.
Société des
sur
Meetia,
Études
—
J. Domard
par
Bulletin
—
Bulle¬
Pierre Vérin
Océaniennes
—
—
Note
par
sur
un
cas
Louis Bégon
—
695
—
d'empoisonnement
Bulletin N° 142,
par
page
poissons toxiques,
217.
Dons
Bulletin N° 131, page
Bulletin N° 142, page
178.
227.
Ecologie
Observations
P.H. Fisher
d'écologie littorale
Bulletin Nos
—
Iles de. la Société,
137, page 301.
aux
136 et
par
Ethnographie
Faahee, l'ancien sport de Tahiti, par Ben R. Finnev —
128, page 53.
Bapprochements ethnographiques, par J. Cottez — Bulletin
Nos 136 et 137, page 293.
Pièges à détente de Moorea, par Boger C. Green — Bulletin
N° 139, page 87.
Bulletin Nos 127 et
Folklore
Légende de Tevaiteitei, par Emile Teriieroo Hiro
113.
Légende de Havai, par Emile Teriieroo Hiro
—
Bulletin
N° 130, page
—
Bulletin
Nos 136 et 137.
Le
page
tapioi,
211.
par
Emile Teriieroo Hiro
—
Bulletin N° 142,
Géographie
Note
140,
sur
page
l'île
Tetiaroa,
par
Raoul Teissier
—
Bulletin N°
97.
Histoire
Notes
sur
un
voyage
commercial de Marc Arnaudtizon aux
(1850-1854) par J. Cottez — Bulle¬
Mers du Sud et de Chine
tin N° 121, page 723.
Un pays de dieux : Atiu. par
N° 122, page 757.
Ph.
Rey-Lescure
—
Rétrospective des pavillons océaniens, par J. Cottez — Bulle¬
122, page 762.
Jean-Baptiste Rives, de Bordeaux, aventurier hawaïen, par
Cottez
Bulletin N° 123, page 792.
Jean-Baptiste Rives, de Bordeaux, aventurier hawaïen, par
Cottez (suite et Tin) — Bulletin N° 124, page 819.
tin N°
J.
J.
Bulletin
—
Société des
Études
Océaniennes
696
-
-
Quarante ans de navigation dans le Pacifique. Le capitaine
long cours bordelais Arnaud Mauruc (1800-1872), par L.
fore
Bulletin N° 125, page 863,
Rectificatif
Bulletin Nos 127 et 128, page 58.
au
—
—
Extrait
des
souvenirs du Contre-Amiral Motet
(Charles,
Bulletin N° 125, page 877.
Deux documents pour servir à l'histoire de Tahiti, par Ph.
Rey-Lescure — Bulletin N° 129, page 61.
L'aventure de Tuwari, par Rey-Lescure — Bulletin N° 131,
page 155.
Edouard)
—
Peut-être du
les
origines de Paul Gauguin, par
162.
Yigneti, Commissaire de 1ère classe de la Marine, par J.
Cottez
Bulletin N° 132, page 183.
Rectificatif
Bulletin N° 135, page 288.
Journal de bord du Capitaine Etienne Marchand, par Robert
Juteaud
Bulletin N° 135, page 247.
Le capitaine irlandais Thomas EbriU, par L. Jore — Bulletin
N° 135, page 261.
J. Cottez
—
nouveau
sur
Bulletin N° 131, page
—
—
—
Marins
français à Tahiti,
142, page 197.
N°
Histoire de la Mamaia
1841),
par
Niel Gunson
Pierre Jourdain
par
—
Bulletin
hérésie visionnaire de Tahiti
ou
Bulletin Nos 143 et 144,
—
(1826235-
pp.
292.
Histoire
Une
Henri
Littérature
et
correspondance inédite de Paul Gauguin, présentée
Jacquier — Bulletin Nos 133 et 134, page 215.
Histoire
Les
(J.L.)
—
«
informations
»
Bulletin 117,
—
du
page
locale
Messager de Tahiti
605.
Les « informations » du Messager de Tahiti
Bulletin Nos 118 et 119, page 646.
dossier
Le
120,
Les
«
Paul
la succession
Gauguin
1857-1858
en
1859
en
—
(J.L.)
Bulletin No:
673-712.
pp.
(J.L.)
de
par
informations
—
»
du
Bulletin N° 123,
Messager de Tahiti
779.
en
Quelques naufrages oubliés,
page 847.
par
J. Laguesse
—
124,
Société des
1859-1860
page
Études
Océaniennes
Bulletin N°
—
697
Histoire
—
naturelle
Quelques notes sur la flore tahitienne,
117, page 630.
par
Yves Malardé
—
Bulletin N°
Littérature
Le
134,
Morai, par
240.
Ph. Rey-Lescure
—
Bulletin Nos
133
et
page
Membres
de la
Société
des
Etudes
Océaniennes
Liste des membres de la Société des Etudes Océaniennes.
Bulletin Nos
Bulletin N°
118 et 119, page
142,
page
659.
219.
Muséologie
La
Bibliothèque du Bishop Museum de Honolulu, par Mar¬
—
Bulletin Nos 136 et 137, page 316.
Note sur la fabrication du tapa dans l'île Rurutu, par Pierre
Vérin
Bulletin N° 141, page 187.
garet Titcomb
—
Navigation
La boussole des navigateurs
Bulletin N° 121, page 720.
A.
polynésiens
L'identité de l'île Grimwood de
Redher
Bulletin Nos 127 et
—
(Rey-Lescure)
Hugh Cuming,
128, page 46.
par
—
Harald
Nécrologie
Le Gouverneur L.J.
Bouge
—
Bulletin N° 132,
page
200.
Sciences
Conférence
121,
du
Professeur
Plans
Petterson
—
Bulletin
N°
715.
Maiao (un ensemble d'articles réunis par Pierre Vérin) —
Bulletin N° 138, pp. 3-47.
Notes sur les groupes sanguins de Makatea, par Pierre Vérin
Bulletin N° 139, page 57.
Observations scientifiques faites à Tahiti à l'occasion de
l'année géophysique internationale 1957-58, par G. Nay —
Bulletin N° 123, page 813.
page
—
Sociologie
Mariage et résidence dans trois districts de Polynésie Fran¬
çaise, par Michel Panoff — Bulletin N° 140, page 129.
Société des
Études
Océaniennes
—
Table
698
des
—
matières
Bulletins de la Société des Etudes Océaniennes
117
Bulletin Nos 118 et 119, page 654.
Nos
102 à
—
Voyage
Jeanne Baret, la première femme autour du monde,
par
Henri Jacquier — Bulletin N° 141, page 150.
Aller et retour Brest-Papeete
1860, par J. Laguesse —
Bulletin N» 141, page 157.
Zoologie
Les mammifères en Polynésie, par Ph.
letin Nos 127 et 128, page 49.
Société des
Études
Rey-Lescure
Océaniennes
—
Bul¬
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Le Bureau de la Société accepte
l'impression de tous les
qui paraissent dans le Bulletin mais cela n'implique
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2.000
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dans
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l'Etranger, 15 livres sterling
ou
40 dollars.
Avantages de
somme
ment
se
versée
faire recevoir Membre à vie pour cette
fois pour toutes. (Article 24 du règle¬
une
Intérieur. Bulletins N° 17
et
N°
29).
Le Bulletin continuera à lui être adressé, quand bien
même il cesserait d'être Membre résidant à Tahiti.
1°
-
Le Membre à vie n'a
2°ou
t
plus à
se
préoccuper de l'envoi
du paiement de sa cotisation annuelle, c'est
un souci de moins.
'En
une
dépense
conséquence
sont
: Dans leur intérêt et celui de la Société,
invités à devenir Membre à vie:
TOUS CEUX qui, résidant hors de Tahiti, désirent
rece¬
voir le Bulletin.
TOUS LES Jeunes Membres de la Société.
TOUS CEUX qui, quittant
même
Tahiti, s'y intéressent quand
Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 156-157