B98735210103_143-144.pdf
- Texte
-
BULLE T I N
DE
LA
Société des Études Océaniennes
Nffl*
143
144
-
JUIN
Anthropologie
-
-
TOME XII (N0s 6-7)
SEPTEMBRE 1963
Ethnologie
—
—
Sociologie
Histoire Ancienne et Contemporaine
Littérature
Sciences Physiques et
PAPEETE
-
et
—
Linguistique
de la Polynésie
Folklore
Naturelles
IMPRIMERIE
—
Océanographie.
OFFICIELLE
Société des Etudes Océariiënties
Conseil d'Administration
Président
M. Henri JACQUIER.
Vice-Président
M.
Secrétaire
Melle
Trésorier
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LAGUESSE.
Assesseur
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un
Bertrand JAUNEZ
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qu'ils
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draient pas le livre emprunté à la date fixée. Les autres
peu¬
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La
Bibliothèque
et la
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jours, de 14 à 17 heures, sauf
membres de la Société tous le3
le Dimanche.
Musée.
à
Le Musée est
17 heures.
ouvert
tous les
jours, sauf le dimanche de 14
BULLETIN
DE
LA
SOCIETE D'ETUDES
OCÉANIENNES
(POLYNÉSIE ORIENTALS)
TOME XII
No
—
( N° 6 & 7 )
JUIN-SEPTEMBRE
143/144
1963.
SOMMAIRE
Histoire
Histoire
de
la
Mamaia
hérésie
ou
1826
-
visionnaire
par
La
de Tahiti
1841
Niel GUNSON.
photo de couverture représente TATI, principal chef
Papara à Tahiti .
de
Société des
Études
Océaniennes
tftriopkète
UiamaLa
Société des
Études
en
costume
Océaniennes
Société des
Études
Océaniennes
-fftsto'we de la (ty /) Pl /j J
TAHITI
VISIONNAIRE DE
HÉRÉSIE
OU
1826-1841
par
Niel GUNSON
Gunson, maître de Confé¬
l'Université du Queensland,
est basé sur le
travail qu'il entreprit pour son
à l'Univer¬
Doctorat en Histoire du Pacifique,
sité Nationale d'Australie. L'article fut pré¬
senté
au
Dixième Congrès Scientifique de la
d'Histoife
à
ASSOCIATION
SCIENCE
PACIFIC
Dr.
du
article
Cet
rence
à
Honolulu,
Septembre 1961* Il a paru dans le
Polynesian Society" volume 71 N'2
Mamaia
La
ou
Août-
en
"Journal of
-
Juin 1962.
Hérésie Visionnaire
le premier mouvement
a
presque
millénaire
à se produire parmi les peuples du Pacifique. Ce
ne
fut pas un mouvement isolé. Le Culte de Siovili, qui en dériva partiellement, prit nais¬
été
certainement
aux
Samoa, en 1830 environ, quatre ans
le commencement du mouvement A Tahiti. Aux
Hawaii, une secte apparut vers 1833, générale¬
ment
appelée religion Hulumanu ou Hapu. En
les gens du district de HoNouvelle-Zélande,
kianga s'adonnèrent à une sorte de parodie du
Christianisme, connue sous le nom de Papahurihia
qui devient florissante dans les dernières an¬
nées de la troisième décade du XIXème siècle.
Durant
tout le cours du dit siècle,
des mouve¬
ments semblables se produisirent en Polynésie et
sance
après
en
Mélanésie.
duire
en
Ils
Mélanésie
continuent encore
en Micronésie.
à
se
pro¬
et
pour base quelques hommes qui
Peropheta, ou Prophètes. Il sem¬
blerait qu'ils
furent appelés Mamaia par déri¬
sion.
Les Tahitiens étaient très nettement sen¬
La
Mamaia
avait
s'intitulaient
sibles
au
langage figuratif et parabolique. Les
encouragèrent cette tendance et
missionnaires
leurs
sermons
raisons
et
en
étaient
souvent
métaphores.
Société des
Études
Tel
riches
en
compa¬
Tahitien,
étrei-
Océaniennes
236
gnant
sent
prétendait
Bible,
sa
perle
une
d'une
provenant
des
Oiseaux
qu'il
fosse
Ecarlates
trouvé
avait
profonde,
venus
d'une
pré¬
terre
par-delà les vastes océans. (1) Les
assemblées du culte, rivalisaient
dans
l'emploi des métaphores. Les missionnaires
ne
furent pas
longs à utiliser une telle forme
de
langage,
et Henry Bicknell, parlant des
jeunes gens qui refusaient d'accepter les prin¬
cipes du Christianisme, employa pour les dési¬
gner
le terme de "tutae'auri" ou "rouille de
fer".
(2)
étrangère
orateurs,
Ce
la
fut
terme
désigner
de
aux
tous
Société
les
et
écrite
mention
du
employé, ultérieurement, pour
jeunes infidèles dans les Iles
dans les Iles Cook. La première
"Mamaia"
terme
se
trouve
dans
J.M. Orsmond, en Novembre
1828.
Ce tract était en réplique, ou pour réfu¬
tation
"des professions de
foi quç faisaient
circuler ceux appelés Marnai a",
et il se trouvait
joint à un autre tract qu'il avait écrit sur
"l'histoire,
les doctrines et influences du
Jésuitisme".
(3) Les définitions de ce terme
un
préparé
tract
sont
toutes
définit le
Mamaia
Davies
par
en
sensiblement
sens
comme
"un
les mêmes.
fruit abor-
tif
tombé de l'arbre"
;
(4) Orsmond prétend
qu'il signifie "chute de fruits non mûrs" (5) et
Darling en donne l'interprétation suivante :
"Fruit vert qui
tombe de l'arbre avant d'être
mûr
et considéré par les
indigènes comme bon à
rien, et inutilisable pour l'homme ou l'ani¬
mal".
(6)
En
d'autres
donnée
étiquette
d'une
bablement
sermon
(1)
(2)
d'un
ce
fut simplement une
mouvement, et dérivant pro¬
analogie imagée extraite du
termes,
au
missionnaire.
29 Novembre, 1829, S.S.J. N* 97.
Probablement un Jeu de mots sur "teuteu arI I ",
Orsmond,
teurs
de
la
appliquent
aussi
sans
bien
fître
maison
du
Rot"
(C.W.
Newbury).
"les servi¬
Les
Tahltlens
le vocable "tutae'auri" (es."stercus ferrt".),
à la rouille qu'aux personnes constipées. Le mot
un
euphémisme, a une forte valeur métaphorique.
Orsmond, 21 Novembre 1828, S.S.L.
Davies "Extraits du Dictionnaire Tahltlen", 1834, S.S.L.
; 5 ) Orsmond, 4 Septembre 1832, S.S.J., N* 100.
(6) Darling, Rapport du 18 Janvier 1842, S.S.L.
(3)
(1)
Société des
Études
Océaniennes
237
Pour
comprendre
bien
ce
mouvement
il
faut
compte du profond changement social qui
s'était produit dans les Iles de la Société,
à
partir du moment de la découverte de Tahiti en
1767)
jusqu'au moment ob il commença c'est-àdire
en
1826Tant de biens matériels nouveaux
tenir
de pensée y avaient été
Polynésiens éprouvaient de
la difficulté à les exprimer en
termes de leurs
croyances antérieures
; et il leur était diffi¬
cile
saisir
sans
de
parler de concevoir les
explications fournies par les Européens, qu'ils
fussent négociants,
missionnaires ou voyageurs.
et
de
nouvelles
introduits,
que
formes
les
l'arrivée
Entre
Protestants
en
1797
premiers missionnaires
l'établissement du Chris¬
des
et
tianisme comme "religion nationale" en 1815,
les
principales doctrines du Calvinisme furent lar¬
gement diffusées parmi la population. Même si
elle continuait à manifester de l'attachement à
Oro et à Tane,
elle venait entendre les mission¬
naires prêcher et les suivait même de place en
place, cependant que beaucoup de jeunes fréquen¬
taient l'école de la mission,
apprenant à lire
et à
écrire et,
retenant par coeur, de larges
passages du catéchisme ou des Ecritures.
Toutefois, après la conversion de Pomare II
1812, Oro et Tane et leurs semblables,
com¬
mencèrent à sentir la puissance de Jehovah. Même
si les Tahitiens n'acceptaient pas l'enseigne¬
ment nouveau et les nouvelles croyances du
fond
de leur coeur,
leur fol dans la puissance des
en
été fortement ébran¬
contre les vieilles
idoles une campagne qui fut dramatiquement effi¬
cace.
Il encouragea ses sujets à s'énivrer puis,
lorsqu'ils étaient à point, on les envoyait
détruire les marae et les images. De grands feux
et
étaient allumés
les
images principales y
étaient jetées.
La statue d'Oro, le plus puis¬
anciens
lée.
dieux
Pomare
devait
II
avoir
commença
la
fut
Société,
avant d'être la
proie des flammes. Les aliments qui avaient Jus¬
qu'alors eu un caractère sacré, furent consommés
en
public par les chefs réformés. Beaucoup de
prêtres, tels que PATH, de Moorea, grand-prêtre
de Oro,se rallièrent au nouveau parti Chrétien ;
sant
des
trouée
de
dieux
balles
des
de
Société des
Iles
de
mousquet,
Études Océaniennes
238
publiquement déshonorés. Non
quelques-uns d'entre eux avouèrent
avoir "trompé les gens",
mais les missionnaires
cherchèrent, par tous les moyens, à les dénoncer
comme
charlatans et
sorciers. De même qu'à
Hawaii et dans les autres archipels Polynésiens,
il y
avait plus d'une classe de prêtres. Les
plus importants,
tout comme les chefs, avaient
ceux
des
titres
héréditaires. Par ailleurs,
communément
appelés "prophètes" ou "taura"
étaient
en
majorité des gens "inoffensifs et
hautement respectables,
qui donnaient de temps
à autre libre cours à leur inspiration en fai¬
sant des prédictiQns
inattendues et spontanées".
(1) Ces prophètes ou "interprètes des Esprits"
n'appartenaient pas à une seule classe. Comme
les prophètes de
tous temps, ils avaient cer¬
tains privilèges,
dont celui de s'opposer aux
projets royaux. Ils furent, peut-être, l'élément
le moins discrédité de l'ancienne religion.
Les
missionnaires qui parlaient d'eux uniquement
sous
le
nom
"d'oracles",
étaient tentés de
croire
qu'ils étaient
possédés du démon. "Il
est plus
que probable"
écrivaient les mission¬
naires en
1807;
que quelques-uns des prophètes
"ont été en
réalité animés par les puissances
des ténèbres".
(2) Ces missionnaires affirmaient
outre
en
que
les prophètes étaient'"la vie et
l'âme même de leur système religieux". Les Tahileur
tiens
dirent qu'ils avaient eu des pro¬
phètes "mae te po mae ou de toute antiquité".
L'inspiration n'était "limitée au sexe, à l'âge
ni au
rang", et toutes les prophéties avaient
pour
objet "les choses de la vie de tous les
jours telles que la guerre ou la paix, le retour
à la santé,
la division des terres ou les sacri¬
fices
humains".
La place particulière du pro¬
phète Tahitien dans la vie sociale contribue à
expliquer en partie l'attraction exercée par
de la Mamaia,
ceux
car,
pour employer la phra¬
séologie de Milton, le nouveau prophète, ou
"Peropheta", n'était rien moins que le prophète
furent
d'autres
seulement
(1)
12)
Jules
Remy,
Friend
N.S,
Davis,
1831,
17
1 :
rdf'lrence
avec
XIV,
Septembre 1807,
561 ff.
au
"kaula" Hawaiien, dans The
2.
S.S.J.
N* 31. Voir aussi Ellis
239
intégralement transposé - jusqu'à
la barbe. (1) Dans notre re¬
cherche des origines de l'hérésie dans la Chré¬
Tahitienne, nous ne devons pas passer
tienté
sous
silence les premiers
aspects de ce que les
missionnaires appelèrent les
"doctrines Antinomiennes".
Nous pouvons ne pas
accorder trop de
créance
à leurs
assertions que les Tahitiens
furent
"Antinomiens "
Beaucoup de ceux qui
paraissaient agir avec inconséquence, vivaient
traditionnel,
se
laisser
pousser
.
tout
du
simplement
des
bout
au passé,
ne suivant que
nouvelle religion qui leur
A cet égard, ils n'étaient
comme
lèvres
la
été imposée.
hypocrites, ni adeptes d'une "fausse doc¬
trine".
Toutefois, il y en avait d'autres qui
professaient ce qui pourrait être appelé des
principes Antinomiens, du fait qu'ils étaient
arrivés à croire en l'enseignement Calviniste
basique,
sans pour
autant avoir cessé d'être
profondément marqués par leur mode de vie anté¬
rieur.
Pomare
II, entr'autres, semblait croire
que Dieu
lui avait retiré la grace, et, qu'en
conséquence, ses égarements moraux et spirituels
étaient excusables. Les arguments dont il usait
pour répondre aux missionnaires,
étaient exacte¬
ment les mêmes que ceux employés par les Antino¬
miens dans
leurs propres
temples. (2) Naturel¬
lement, de telles doctrines prirent racine sur¬
tout
lorsque la vie sensuelle se trouvait en
direct
conflit
avec
l'enseignement éthique
religieux.
avait
ni
autre
Un
mouvement
ancien
dans
l'histoire
religieuse de Tahiti, fut le retour avoué au
"paganisme" de certains qui avaient déjà ouver¬
tement
fait profession de foi Chrétienne. Pour
diverses
raisons, ils n'avaient pas été satis¬
faits de la croyance Chrétienne,
et l'avaient
abjurée. Cette réaction est importante car elle
laisse supposer non seulement le rejet de l'an¬
cienne
religion Polynésienne, mais aussi de
l'enseignement Chrétien imposé. Il était peu
(1)
Il
y
beaucoup de comptes_rendu s de l'attitude des pro¬
Tahitiens (Taura) dans les rapports des missionnai¬
Voir particulièrement Davles, 13 Janvier 1809, S.S.d.
a
phètes
res.
N°
(2)
33 (Le Prophète de Tane à
Voir Crook, 13 Décembre 1821,
Société des
Huahlne).
S.S.J. N° 23.
Études
Océaniennes
240
probable
que
Indigènes
ces
reprissent
l'ancien
système, dans sa totalité et il est très possi¬
ble qu'ils avaient accepté
certaines interpré¬
tations chrétiennes des choses
comme
étant plus
traditionnels. Un
de ces premiers
"dissidents"
était qu'ils n'avaient aucune
crainte de la mort",
alors que le Christianisme
leur enseignait la peur de Dieu et du trépas,
à
moins
qu'ils ne fussent' extrêmement bien prépa¬
plausibles
rés
leurs
que
traits
des
l'éternité.
affronter
à
prédications
mières
avaient
récits
caractéristiques
eu
tendance
Dès
les
Tahiti,
à
railler
à
toutes
les
pre¬
Indigènes
l'idée
de
la
charnelle, alors qu'ils semblaient
avoir parfaitement admis
la doctrine théologique
sans
doute en
plus complexe de l'expiation,
raison de
l'importance donnée à la propitiation
résurrection
sacrifices
dans
leur
ancienne
religion.
de cette nature
fut
celle
de
deux
des
membres pratiquants
de
l'église de Papeete, en 1821, durant le minis¬
de Crook.
Ces deux membres,
tère
Tehoata et
Taataino, savaient lire couramment et avaient
bonne
"une
compréhension des Ecritures".
(1)
et
aux
La
plus
remarquable
d'anormal
Rien
dissidence
n'avait
été
décelé
dans
leur
sauf l'inattention, jusqu'au mo¬
ment ou ils avouèrent qu'ils étaient fatigués de
l'obédience. Crook dit "qu'ils
paraissaient"
choisi
les voies
avoir
de
l'infidélité, comme
lui
ils
le
dirent, parce qu'ils "désiraient
demeurer
païens et n'avaient pas peur de la
mort".
Crook relate
:
"Il n'y a
rien eu à faire
pour
extirper l'esprit du mal du coeur de ces
gens-là, mais il doit y avoir aussi des hérésies
parmi eux" .
comportement,
Il
avait
que
cette défection
d'origine politique, du fait
pratiquants furent impliqués dans
semble,
une
deux
que
ces
une
tentative
s'étaient
Pori
et
son,
et
cependant,
cause
de
meurtre
tatoués
le
du
roi.
En
outre, ils
Les deux meneurs,
condamnés à la pendai¬
corps.
Mooriri, furent
les quatre autres condamnés au travail
forcé
sur
les
routes,
et à une amende. Pori
parait avoir été le seul sensible troublé par
(1)
Crook,
30 Juin
1821,
S.S.J.
Société des
N*
Études
58-
Océaniennes
241
Chrétiennes
remontrances
les
bir
et,
dans son
un
déses¬
"su¬
l'E¬
avoua à Crook qu'il s'attendait à
second trépas et à être damné pour
11
poir,
(1) Pendant la Régence, Pomare III
ayant été reconnu comme souverain, le
mouvement de retour au paganisme fut plus pro¬
noncé. En fait,
il était parfaitement avéré que
"l'ère d'obédience" avait pris fin avec Pomare
II, en 1821. Le pouvoir absolu de Pomare II
avait été établi suivant les moyens
tradition¬
ternité".
enfant
(2) : supériorité des armes et manoeuvres
politiques, et le nouveau souverain se devait
nels
d'asseoir
de
ceux
sa
qui
propre
avaient
autorité.
rompu
Le
avec
signe visible
elle, était le
aux
anciennes coutumes et la raillerie de
Chrétienté, surtout en ce qui concernait la
prière. L'hostilité aux missionnaires était
aussi nettement marquée.
Lorsque Crook revint
à la presqu'île de Taiarapu,
en Octobre 1823,
il
constata que les défections étaient beaucoup
plus courantes. En Décembre, il notait dans son
journal que c'était une chose bien lamentable
que
tous les jeunes gens, à très peu d'exception
près, et que beaucoup de jeunes femmes,
fussent
devenus
très incontrôlables. On les nomme Tutae
Auri ou Rouille de fer. La plupart d'entre eux
retour
la
condamnés au travail forcé sur
faire des nattes de tissu". (3)
Il
soutenait qu'ils se tatouaient "par bravade"
et que le plus
grand nombre d'entre eux était
coupables de fornication et d'adultère. Les
chefs insistèrent pour que plusieurs des fidèles
couchassent dans la maison de Crook,
afin de se
ont
été
les
routes,
jugés et
ou
à
contre "les hommes sauvages qui vi¬
la montagne",
mais Crook jugea que
cette mesure n'était pas aussi nécessaire qu'ils
le prétendaient.
(4) Il semblerait qu'il ait eu
quelque organisation derrière ces "jeunes gens
sauvages", et que les meneurs étaient certains
chefs désireux de rétablir le Groupe des Ariois,
protéger
vent
(5)
(1)
(2)
dans
une
des
(4)
(5)
les plus
remarquables
25 Juillet 1821, S.S.J. N* 58.
Ceux-ci, bien entendu, appuyés par les canons Anglais, et
par le prestige que reconnaissaient à son père les premiers
Crook,
visiteurs
(3)
institutions
de
ces
lieux.
Crook, 12 Décembre 1823, S.S.J. N* 70.
Crook, 19 Décembre 1823, S.S.J. N* 70.
Pour précision sur cette organisation,
Société des
Études
voir Ellis I83I.
Océaniennes
242
vie
traditionnelle, dans lequel ces
jouissaient de privilèges particuliers.
Une des personnes
responsables de ce mouvement
à Taiarapu,
était Taine Vahine, fille de Inometua, le chef d'Hitiaa. Crook dit qu'elle s'était
fort mal
conduite pendant les
années passées",
et qu'elle était venue d'Hitiaa dans l'intention
de
corrompre
la jeunesse. Taine Vahine fut
jugée, réprimandée "sévèrement mais respectueu¬
sement"
lui
fut ordonné de quitter immé¬
et il
de
leur
chefs
diatement
le
district.
(1)
Après
cette admoni¬
quelques-uns des "jeunes hommes sauvages"
joignirent la communauté, assistant à certains
offices, et Crook consacra même un certain temps
à les
raisonner.
Ces gens étaient parfois appe¬
lés
"ariois", aussi bien que tutae'auris.
(2)
Beaucoup d'entre eux s'en retournèrent dans les
forets
et
les montagnes,
et même quelques-uns
des
jeunes écoliers se tatouèrent afin de se
joindre au groupe. Le 26 Février 1824, Crook
écrivait
:
"Le
comportement des tutae auris,
ainsi qu'ils
s'appellent eux-mêmes, en est arri¬
vé à un point alarmant.
Pas moins de six de nos
écoliers
sont partis
dans la montagne, et des
semaine"v (3)
gens s'en vont chaque
tion,
Toutefois, et contrairement à ce qui s'était
produit lors de la défection à Papeete en 1821,
aucun
des baptisés ou des
candidats au baptême,
s'était joint à eux. Au même moment,
ne
le dis¬
trict entier
de Ahui
succomba, dit-on à cette
résurgence du paganisme,
et on n'y trouvait
presque plus
de gens qui ne fussent tatoués, y
compris les juges. Ils se moquaient des prières
et choisissaient le jour du
Sabbat pour se ta¬
touer.
D'après Crook,
ils "abandonnent toute
religion et, bien qu'ils sachent lire correcte¬
ment,
ils ne lisent pas, ne prient pas et
n'observent pas
le Sabbat". Le caractère pure¬
ment négatif du mouvement "Tutae'auri"
est clai¬
rement marqué par le
rejet délibéré de l'ensei¬
gnement Chrétien, et la tendance à aller encore
plus loin en raillant et profanant les institu¬
tions
Chrétiennes.
Décembre 1823, S.S.J. N* 73.
Janvier 1821, S.S.J. N* 73.
) Crook, 26 Février 1821, 5.5.J. N° 73.
(1)
Crook,
21
(2)
Crook,
3
(3
Société des
Études
Océaniennes
243
les journaux des mission¬
pleins de rapports sur les
enfreintes à la loi et les complots des chefs.
Il n'est donc pas étonnant que cette agitation
ait
gagné les églises. Beaucoup de diacres
étaient chefs en même temps,
et l'appartenance
à une église était un privilège
qui entraînait
un
grand prestige dans la communauté. En réali¬
té, les membres excommuniés ou suspendus conti¬
nuaient fréquemment à s'asseoir avec les prati¬
quants pour le Repas du Seigneur,bien qu'obligés
de
laisser passer le pain et le vin sans
en
prendre. En Février 1826, Henry, de Moorea écri¬
vait qu'il
se produisait une réaction générale
contre le Christianisme dans la plupart des Iles
de la Société.
"Cette réaction a pris naissance
et s'est propagée dans les Iles-du-Vent depuis
quelque temps, et il faut constater un grand
relâchement de l'état moral et du comportement
des
indigènes, et aussi bien dans l'observance
de leurs devoirs
religieux, dans tous les éta¬
blissements de ces lies,
toutefois à des degrés
différents
; malgré tout, Je crois que la cause
de la vraie religion essentielle est en progrès.
Cette
réaction aura,
cependant, un bon résul¬
tat :
elle ramènera les choses à un niveau nor¬
mal, montrant qui est du coté du Seigneur et qui
ne
l'est point.
Il a, malheureusement, été trop
fait état des professions de
foi, et hélas, on
a
trop parlé de cet état de choses. Il est à
craindre qu'en dépit de ces grandes démonstra¬
tions
et de ces apparences favorables il n'y en
ait que peu nés dans le Seigneur et sincèrement
convertis".
(1)
Entre
naires
1821
de
et
Tahiti
1826,
sont
mentionne également que Pritchard
Juste de commencer l'exercice de son mi¬
nistère à Papeete,
"ou la réaction progressait
de façon rapide et alarmante et cela sans qu'il
soit possible de lui opposer une barrière".
Henry
venait
Ce
fut
milieu même de cette réaction que
visionnaire débuta modestement à
au
l'hérésie
Papeete. Lorsque Pritchard y arriva, en Novembre
1825, l'église était sans ministre
depuis deux
(1)
Henry,
9
Février 1826, S.S.L.
Société des
Études
Océaniennes
244
que sa congrégation savait bien
choses divines", mais il était
convaincu que
les neuf-dixièmes des membres de
son
église étaient "totalement étrangers au pou¬
voir de la fondamentale piété chrétienne.
(1)
Il
ans.
trouva
"parler
des
entre Mai et Juillet 1826, un
l'église de Pritchard, nommé
Teao, fit un rêve remarquable, à la suite duquel
il
se
mit
à
prédire que le district serait
frappé par la justice divine, en raison de la
perversité de ses habitants. Teao n'était certes
pas
le premier Tahitien à troubler la paix des
pécheurs de Papeete par ses annonces de châti¬
ments divins.Lorsque Crook avait visité Papeete,
le
Août 1824,
il avait pu constater que la
13
famille
royale entière s'était retirée sur
l'Ilot
de Motu
llta,
au milieu
de la rade, à
cause
du rêve curieux d'un homme appelé Maruae.
Ce
rêve
était qu'un grand nombre de Tahitiens
périraient sous une trombe d'eau, en expiation
de leurs péchés,
et une voix lui avait conseillé
de
se
réfugier à Moorea. (2) De tels rêves ex¬
traordinaires faisaient partie du répertoire des
prophètes de l'ancienne religion, et, meme après
l'établissement du Christianisme comme religion
nationale, de tels rêves continuaient à influen¬
cer
les indigènes.
Teao, toutefois, avait beau¬
coup plus à dire que Maruae.
Profitant de l'ab¬
sence
de Pritchard,
il se rendit au temple et
chaire afin d'avertir les gens. On ne
monta en
sait pas si Teao fit sa proclamation révolution¬
naire A ce moment,
ou après avoir été démasqué
par Pritchard. Une version affirme qu'il préten¬
dit être le Christ,
ou, plutôt,
qu'il était pos¬
sédé de l'esprit de ce dernier,
faisant aussi
ses
révélations.
(3)
Certain
des
jour
de
membres
La
doctrine
avait
d'abord
s'adressait
de
Teao
parlé
évidemment
personnes plutôt
doctrine était que
cé,
que,
dès
à
Il
de Dieu. Ceci
incroyan'ts ou à des
révolutionnaire.
courroux
des
indifférentes.
Sa véritable
Millenium avait déjà commen¬
lors, il n'y avait plus de mal en
(1)
Pritchard,
(2)
Crook,
(3)
Voir Moerenhout, 1837, 2
15
était
du
19 Octobre 1826,
S.S.l.
AoOt 182t, S.S.d. N° 76.
Société des
:
501-502.
Études
Océaniennes
245
et,
en conséquence, plus besoin de
enseignement spécifiait qu'il n'y avait
pas d'enfer,
ni de péché, de démon et de châti¬
ment futur,
et qu'en soutenant le contraire, les
missionnaires ne faisaient que mentir. Suivant
les missionnaires,
il enseignait en outre que,
le Millenium
ayant déjà commencé, les humains
pouvaient alors agir à leur guise, fabriquer des
ce
bas-monde
loi.
Son
breuvages
commettre
interdites
alcoolisés et s'enivrer
par
à loisir,
revenir aux pratiques
les missionnaires. Toutefois, un
l'adultère
et
terme" devait subsister : le rite de la
prière. Teao préconisait de plus que les vieux
hymnes et sentences païens fussent adaptés et
utilisés pour la prière. Restant dans son role
prophétique, il prédit la manifestation de si¬
gnes
visibles, indiquant la date à laquelle
devaient se produire ces manifestations.
"moyen
la prière, deux éléments du message de
prenaient indubitablement racine dans les
enseignements : l'intervention divine et le
Outre
Teao
millénarisme.
missionnaires encourageaient la croyance
manifestations visibles de l'interven¬
divine. Ainsi, en Juin 1817, Crook avait-il
Les
dans
tion
reçu
les
une
lettre
de Utami,
chef de Punaauia,
extraordinaire. Par un
soir sombre et nuageux,
il y eut un violent coup
de
tonnerre, et l'atmosphère parut s'enflammer.
Le
feu paraissait
"s'étendre de lui-même audessus de
toute la partie occidentale du dis¬
trict, rampant à la surface du sol et de la mer
proche". Au même moment, la maison du roi fut
frappée. Utami écrivit que quelques-uns crurent
que le jour du jugement était arrivé,
et d'au¬
tres, que Dieu manifestait sa colère à cause de
leurs
péchés, et s'apprêtait à détruire leur
pays par le feu. Lui-même considérait ces faits
comme
une marque
du mécontentement divin, motivé
par les
crimes des gens, et proposa pour luimême
et le district tout entier un jour de priè¬
re
exceptionnelle. Crook lui répondit qu'il
était bien "que les hommes s'éveillassent à la
décrivant
conscience
(1)
Crook,
24-
un
du
phénomène
péché".
(1)
Juin 1817, S.S.d. N* 45-
Société des
Études
Océaniennes
246
La
doctrine
du
Millenium
Christ
seconde
venue
quement
enseignées.
sionnaires
du
et
Beaucoup
considéraient
de la
spécifi¬
l'annonce
étaient
aussi
des premiers mis¬
le Millenium
comme
un
avaient interprété la
Révolution Française et la Renaissance Evangélique
en Angleterre
et en Amérique, comme des
symptômes des derniers Jours. Les hérésies Millénairiennes avaient commencé à se manifester en
Angleterre et en Amérique, caractéristiques cer¬
taines
du climat religieux de l'époque.
Crook
rapporte qu'en Juin 1817, ses sermons et "assem¬
blées oratoires"
avaient eu pour thème la pre¬
(1) En
mière et la seconde venue du Christ.
Décembre 1820,
Davies mentionnait qu'Henry lut
au
service en langue Anglaise un des sermons du
Dr.
Bogue sur le Millenium. (2)
Ils
imminent.
événement
peut-être la référence la plus signifi¬
au
Millenium, se trouve-t-elle dans
]a conclusion du
trente-et-unième rapport de la
London Missionary Society,
en 1825 :
Mais
cative
faite
de la lumière intellec¬
spirituelle dans toutes les direc¬
tions, graduellement progressive comme celle de
l'aurore qui
caractérise l'ère présente, lors¬
qu'elle est considérée relativement A LA FIN DE
LA GRANDE PERIODE PROPHETIQUE,
semble indiquer
que l'aube du jour Millénial a commencé,
et il
importe que chaque Chrétien soit bien pénétré de
l'idée que tout effort,
fait dans l'esprit de la
prière, de la foi, de l'humilité et du zèle
sacré, pour répandre le Christianisme dans le
monde, contribue, avec l'aide de la Providence,
A ce grand et glorieux achèvement".
(3)
"L'intensification
tuelle
Il
et
est
courant
est
d'une
la
de
teneur
croire
de
ce
que
Teao
rapport
était au
lorsqu'il
le Millenium était déjA commencé.
que
le style dudit rapport est
étrange ironie.
proclama
Il
permis
de
que
certain
Juin 1817, S.S.J. N* "45.
Décembre 1820, S.S.d. N* 56.
(3) Missionary Register, 182.3 : 484.
(1)
Crook,
(2)
Davies,
23
10
Société des
Études
Océaniennes
247
prière, un des autres traits originaux du
de Teao, avait aussi Joué un rflle
important dans l'ancienne religion et,
les
prières et les chants religieux, constituaient
l'élément principal de la plupart des cérémo¬
nies.
Il y avait aussi une profonde croyance
dans l'efficacité maléfique de la prière invocative.
Vers
1826,
toutefois, la prière était
considérée comme l'une des principales caracté¬
ristiques du Christianisme. Les premiers conver¬
tis, à Tahiti, avaient été appelés : "gens de la
prière", ou "bure a tua". L'hahitude de se rendre
La
du
message
dans la brousse pour y prier était la
distinctive du Chrétien, et, persécutés,
les premiers adeptes allèrent jusqu'à abandonner
la prière familiale,
et même jusqu'à la répudia¬
tion de leur
foi en public, mais lorsque cela
leur
était possible, ils se retiraient dans la
brousse pour prier
secrètement Jéhovah. C'est
cette pratique de la prière
"furtive" et soli¬
taire
qui parait avoir été ravivée par les
"Peropheta". Aux temps oh les Chrétiens persécu¬
s'étaient réfugiés dans la brousse,
tés
ils
avaient aussi eu recours à leurs prières tradi¬
tionnelles, n'étant guère familiarisés avec une
forme d'expression.
autre
Il ne faut pas non
plus oublier que les tutae ' auri, créateurs d'un
mouvement spécifiquement indigène,
ne se fai¬
saient pas faute de ridiculiser la prière.
isolément
marque
antécédents de Teao sont peu connus. Il
originaire des I1es-Sous-Le-Vent, très
probablement de Raiatea, et il vint à Tahiti
Les
était
nombre de ses
compatriotes,
Pomare II eût été restauré dans la
souveraineté de Tahiti, en 1815- Il était à la
fois un des
suivants et un des amis du roi,
et
Pomare lui apprit à lire et l'initia aux doc¬
trines Chrétiennes. Teao devint alors un lecteur
assidu, et dévora tous les livres alors imprimés
Tahitien.
Il y avait, un catéchisme, divers
en
avec
après
un
certain
que
versets de
des Evan¬
giles et des Actes, un livre de chants et au
moins quatre volumes complets du Nouveau Testa¬
ment
:
Luc, Mathieu, Jean et les Actes. Il y
ouvrages d'épellation contenant des
l'Ecriture et des hymnes,
un résumé
avait
aussi
ouvrages,
des
et
traductions
les
sermons
Société des
Études
manuscrites
étaient
d'autres
appris
Océaniennes
par
248
oeuvres
par
à leurs titres. Il est permis de
Teao connaissant beaucoup de ces
coeur. Peu après Mai 1826)
la femme
de
fut
jugée pour
grace
coeur
croire
que
Teao
Tahitien.
autre
timent
à donner
(1)
commença
mentale".
Il
d'après
et,
un
commis avec un
profond
ressen¬
missionnaire Darling,
des signes «d'aberration
le
d'évaluer
difficile
est
adultère,
éprouva
Teao
cette
opinion,
car
majeure partie des renseignements que nous
proviennent de missionnaires,
et ces
avons,
derniers étaient naturellement enclins à attri¬
la
dérangement de ses facultés à l'auteur
si blasphématoires.
Dès le mois
d'Aoflt 1826,
Darling attribuait ses prophéties
aux
effets "du déséquilibre mental" de Teao.
(2)
Dans son
rapport annuel pour 1827, il le décrit
comme
étant, toujours, "une espèce d'idiot". (3)
Des
remarques exactement semblables furent ulté¬
rieurement
faites par les missionnaires de
Nouvelle-Zélande, à l'égard de Teua prophète de
Hauhau.
L'évèque Williams, parlant de celui-ci
dit qu'il
avait toujours été "considéré comme un
fou inoffensif",
cependant que l'AumOnier Pres¬
bytérien des Troupes Impériales décrit qu'il
"avait évidemment été affligé,
pendant plusieurs
années, "d'une grande espèce de folie". (4)
buer
de
un
doctrines
second
Le
fut
1826
ce
dernier
sont
étude
toute
des
prophètes les plus notoires de
appelé Hue. Les antécédents de
beaucoup plus significatifs pour
homme
un
sérieuse
bien
de
l'hérésie.
Alors
que
la victime de ses pro¬
pres illusions,
la participation de Hue pourrait
être considérée comme l'allégeance calculée d'un
Chrétien apostat. Hue était aussi de Raiatea et
apparenté à Utami, chef, ou arii de Punaauia.
Hue et Utami étaient venus à- Tahiti,
des IlesSous-Le-Vent, afin d'aider Pomare II à réduire
l'opposition et à y installer solidement le
Teao
a
fort
Christianisme.
des
être
pu
attira
Hue
missionnaires
en
d'abord
tant
que
l'attention
brillant
Darling, Rapport, Mal 1827, S.S.L.
Darling, 24 AoUt 1826, S.S.L.
(31 Darling, Rapport 1827, S.S.L.
(g) Rapporté par Babbage 1937 : 24.
(1)
(2)
Société des
Études
Océaniennes
élève,
249
de promesses, dans la classe de Davies, A
Papeto'ai, Moorea. Lorsqu'il arriva à Punaauia
avec
Utami, ils ouvrirent ensemble une école et
y
enseignèrent comme maîtres. Davies fera la
remarque,
plus tard, que Hue avait toujours été
bon lecteur lorsqu'il était avec lui et,
un
"cu¬
rieux
en
général de connaître le sens de ce
qu'il lisait". (1) Les missionnaires Bourne et
Darling s'établirent à Punaauia en 1819, et
lorsque l'église fut fondée, Hue fut un de ses
premiers membres. Il fut aussi nommé diacre et
participait avec zèle aux activités de la pa¬
roisse.
A la réunion annuelle de la Tahitian
Missionary Society, en Mai 1823, Hue seconda
Wilson
qui rendit compte des progrès de l'Evangélisation.
plein
Mai 1826,
le bruit courut que Hue
trop librement en compagnie de personnes
perverses". Il fut suspendu de son diaconat et
Peu
avant
"buvait
de l'église de Punaauia pour intempérance
"quelques autres impropriétés".
(2) A la
écarté
et
suite
de
sa
considéré
disgrace publique, Hue semble s'être
l'ennemi personnel de Darling.
comme
qu'il était dans cet état d'esprit, Teao
plusieurs fois à Punaauia. D'après
Darling, Hue "fut en quelque sorte, la proie du
même
esprit", et embrassa toutes les doctrines
de Teao.
(3) Les deux Prophètes firent des adep¬
tes dans leur entourage.
Ces derniers conti¬
nuèrent néanmoins à écouter les sermons des
et Teao et Hue tentèrent de
missionnaires,
contredire Pritchard et Darling publiquement,
prétendant que tout ce qu'ils enseignaient, eux,
était révélation directe du ciel.
La science
infuse
au
et même l'accès
ciel, étaient des
choses
que les indigènes acceptaient de croire.
Alors
se
rendit
La
croyance
en
métempsychose,
des
même
vieilles
comme
nier
que
étaient
la possession spirituelle et la
avait survécu à la destruction
idoles. Les missionnaires euxl'avons vu, s'abstenaient de
nous
les prophètes de l'ancienne religion
possédés du démon, après avoir été
(2)
Davies, Histoire (Punaauta.i.
Darling, Rapport, May 1827,
(3)
Darling,
(1)
S.S.L.
;
Davies, op. cit.
AoGt 1826, S.S.L.
Société des
Études
Océaniennes
250
de leurs contorsions et de leurs ora¬
donc, par la suite, ils ne considéraient
plus la croyance en la possession comme une su¬
perstition en soi. Le concept que la maladie est
une
forme
de la possession,
était fortement
répandu, et avait d'ailleurs reçu quelque sou¬
récits de miracles que contiennent
tien dans les
Un des exemples les plus frap¬
les Ecritures.
témoins
cles,
se trouve dans le récit
d'Ari'ipaea Vahine, la Reine de
Huahine,
épouse en titre (1) de Pomare II.
Ari'ipaea était fermement convaincue de la réa¬
lité des errances de son esprit,
et prétendait
pants
de
la
de
métempsychose
transe
qu'elle était visitée par son amant esprit jus¬
qu'au moment ou elle commença à s'intéresser au
Christianisme et fit partie de la classe d'élè¬
ves
de Ravies.
(2) De telles anecdotes étaient
du peuple. Les rêves prophétiques persis¬
crues
tèrent longtemps après la suppression du culte
Païen.
Charter, un des missionnaires de Raiatea,
rapporte le cas de Terematai, qui demeura pres¬
que inconsciente pendant deux ou
trois jours. En
revenant à elle,
elle fit la déclaration sui¬
:
"J'ai été au ciel. J'y ai vu M. et Mme.
vante
Williams et un certain nombre de gens de Raiatea
et je désirais y
rester, mais Dieu m'a renvoyée
pour que je puisse exhorter ma famille à gagner
salut".
son
Elle était dans un état d'esprit
très
heureux et semblait totalement absorbée par
des questions spirituelles".
(3) Les propos des
missionnaires reflètent également la survivance
de
l'idée de la possession par l'esprit. Crook,
écrivant en
fait mention d'un hymne popu¬
1823,
laire qui était une traduction ou une imitation
de
Viens..." (4 J '.
"Viens, Esprit Saint,
adeptes en 1826 n'est
Il ne semble pas que les
membres
de
l'église qui avaient suivi le mouve¬
ment
cette année-là,
aient eu vraiment l'inten¬
de
tion
quitter la dite église. La plupart
d'entre eux comptaient parmi
les baptisés Chré¬
tiens
qui n'avaient pas encore été admis en
Le
nombre
11)
ly.)
(H)
des
part.
été "fiancée" à Pomare II, mais sa soeur était
épouse du Roi, et la mère de ses enfants.
A cet égard, voir Henry 1928 : 220-223Charter, aournai, pages finales.
CrooU, 2» »aî 1823» S.S.J. H* 66Elle avait
alors
(2)
exact
nulle
mentionné
la
vraie
Société des
Études
Océaniennes
251
membres.
Toutefois, le mouvement
populaire, ou bien connu,
pour que les missionnaires des autres paroisses
Crook
y prêtassent attention. En Juillet 1826,
choisit un Jour réservé A une
retraite et dévo¬
tions
individuelles, et, entr'autres choses,
pria pour le peuple, "déplorant son apathie et
aussi la sentence de Dieu sur eux en permettant
de
faux prophètes de surgir et de conduire de
nombreux captifs".
(1) Darling pensa d'abord que
ces
faits méritaient d'être rapportés aux Direc¬
teurs, en Août. Au début de Septembre, lors de
la réunion des missionnaires à Papeete,
Davies
prêcha un sermon sur le thème : "Ne vous laissez
pas
séduire par diverses doctrines étranges".
(2) En Septembre également, Utami et les autres
chefs
déportèrent les prophètes à Raiatea.
Darling écrivait, en Novembre, que, bien que la
mission
fut en paix,
et que les adeptes de Hue
continuassent A observer
le Dimanche, ils ne
cessaient cependant d'avoir une
"attitude très
distante".
(3) Après que les prophètes eussent
été bannis à Raiatea en 1826,
il y eut de légers
troubles parmi leurs adeptes,
dans les églises
de Papeete et de Punaauia.
Toutefois, la durée
du mouvement avait été assez longue pour capti¬
ver
l'imagination populaire. En Mars 1827, un
vieillard nommé Terua,
décrivait ses rêves ex¬
traordinaires aux gens de Taiarapu.
Crook rap¬
porte que le 4 Mars Terua vint à la réunion pour
la prière du matin,
et, s'approchant de la per¬
sonne
qui récitait la prière proposa de prier
"récitant à haute voix un curieux mélange d'E¬
qualité
était
de
suffisamment
critures
et
d'insanités".
Les
assistants
qu'il
dirent
s'agissait d'un "second Teao" et l'expul¬
sèrent de la chapelle.
(4) Peu avant Mai 1827,
les Prophètes
revinrent A Tahiti et reprirent
leur prosélytisme. En Mai, Darling écrivait que
Hue
continuait A faire tout le mal qu'il pou¬
vait, et qu'il entraînait des membres de son
église "sous le prétexte de se retirer dans la
Juillet 1826,
(2)
Crook,
Crook,
(3)
Darling, 20 Novembre 1826, S.S.L.
(4-)
Crook,
(1)
22
6
g
Mars 1827,
S.S.J.
S.S.J.
Société des
H*
S.S.J.
Septembre 1826,
N*
N*
80.
80.
85.
Études
Océaniennes
252
prier, se servant de toutes les an¬
expressions possibles dont beaucoup sont
blasphématoires au plus haut degré". (1) Il rap¬
portait aussi que Teao était presque vénéré de
ses
disciples. Presque tous les adeptes de Hue à
Punaauia, appartenaient à la famille de Utami ,
ce
chef lui-même s'opposait fortement au
mais
mouvement, et il promit à Darling qu'il veille¬
rait
en
personne
à ce que Hue fût ramené à
brousse
pour
ciennes
Raiatea.
Pritchard
bien
aussi
que
Darling sous-esti-
l'attrait qu'exerçait le nouveau mouve¬
ment, et la pratique du bannissement adopté-e par
les chefs,
contribua à l'extension générale de
l'héré6ie visionnaire. Les déportés de Papeete
et
de Punaauia
furent acheminés vers d'autres
missions
à
Tahiti
ou
et aussi aux
Moorea,
mèrent
Ayant purgé son église, Dar¬
était fondé à écrire, en septembre 1827,
que la nouvelle doctrine était en train de
tom¬
ber.
(2) Cependant, au cours du mûme mois, Hue
se
trouvait à Taiarapu en
train de faire des
adeptes. Alors que Crook en était absent, il
visita la mission et réussit à convaincre
"un
certain nombre de jeunes gens et même un homme
baptisé devenu apostat" de s'en aller dans la
foret, au cours de la nuit du 9 Septembre, et de
participer aux nouvelles prières afin qu'ils
"puissent se livrer à la lubricité et s'enivrer
à
leur gré, que les lois et écritures soient
abandonnées et les missionnaires bannis".
(3)
Iles-Sous-Le-Vent.
ling
L'attitude
nouvelles
des
doctrines
missionnaires à l'égard des
variait considérablement. Ce
surprenait le plus, c'était la part doc¬
que comportait l'hérésie. En Juin 1827,
remarquant que le nombre "d'erreurs blasphéma¬
toires"
commises par le peuple était "vraiment
surprenant", surtout si l'on tenait compte du
fait que les églises étaient de fondation récen¬
te
(4), Orsmond ne cachait pas son étonnement.
Ses contacts avec l'hérésie se faisaient par le
qui
les
trinale
(1)
Darling,
Rapport,
(2)
Darling,
5
Ma! 1827,
Septembre 1827,
(3)
Crook,
(9)
Oramond, 6 duîn 1827,
10 Septembre 1827,
Société des
S.S.L.
S.S.J.
S.S.J. N* 90.
N' 88.
S.S.d.
Études
Océaniennes
253
été exilés à sa
de Papeete ou
de Punaauia.
Il considérait cette pratique comme
une
persécution et soutenait qu'il pourrait re¬
prendre en main tous ceux qui lui étaient en¬
voyés. En Septembre 1829, il pouvait rendre
compte que pas une des "nouvelles lumières" ne
s'était
"manifestée» à sa mission, et que les
six ou huit individus qui y avaient été envoyés
avaient
été remis dans la bonne voie après
"quelques explications franches". (1) En Novem¬
bre 1829,
il se trouva engagé dans une contro¬
verse
avec Darling pour avoir admis
en sa propre
église quelques membres de l'ancienne congréga¬
tion de ce dernier.
De Punaauia, le jeune chef
Paraita avait été exilé à Moorea,
au début de
1828,
comme étant un
"des jeunes gens de la
truchement
de
mission
Moorea,
de
ceux
qui
en
avaient
provenance
Orsmond ne trouva rien à re¬
conduite à Afareiatu, le baptisa et
l'admit
en
son
église. Plus tard, Paraita se
rendit à Tahiti ou il
fut traité "durement". A
son
retour, il ramena plusieurs amis avec lui,
qu'Orsmond baptisa un peu plus tard. Darling en
prit ombrage et, sous le coup de la colère,
fausse
doctrine".
procher
à
sa
écrivit
à
Orsmond.
beaucoup de façons, Orsmond était en bien
aspects un original, mais il avait une gran¬
habileté dans l'art de mener les gens et,
De
des
de
qu'il eût été détaché de la London
Society, en 1844 ses rivaux mission¬
naires furent unanimes à reconnaître que c'était
sa
paroisse qui avait été administrée de la
façon la plus efficace. Sa réponse à Darling
contient un argument de poids :
même
après
Missionary
jeunes gens de la fausse doctrine
et les autres avez cru devoir envoyer
ici, jamais nous n'aurions connu ces gens. Ce¬
pendant pour autant que nous le sachions, tous
ceux
qui sont arrivés ici se sont bien conduits.
Vous avez fait du mal A
toutes les missions des
Iles
en
jugeant et en déportant ces pauvres
êtres A cause
de leurs sentiments erronés, au
lieu d'employer des moyens doux et persuasifs
"Sans
que
ces
vous
(X) Orsmond,
Septembre 1829,
Société des
S.S.d. N* 97.
Études
Océaniennes
254
Pritchard et vous
pendant quelques
mois, je suis persuadé que tout eût pu être
oublié. Mais ces pauvres gens ont été poussés à
la
et sont maintenant des ennemis décla¬
rage,
les
convaincre.
les
pour
aviez
rés".
laissés
SI
Mr.
tranquilles,
(1)
de 1830,
la mission d'Orsmond était
exempte de visionnaires, et il écrivait
que
tous les exilés avaient été amendés sans ex¬
ception et se trouvaient réunis aux autres comme
membres
de l'Eglise.
"Un peu de raisonnement
Au
début
encore
amical
et
davantage
Par
commentait-il, "fait
passion",
cinquante jugements publics." (2)
sans
que
Pritchard, à Papeete, semble
principalement recours au magistrat
civil. Peu avant Mars 1828,
il ferma l'église de
Papeete pour 3 semaines parce que Teao n'avait
pas
été déporté dans une autre île, et aussi du
fait
que
quelques membres de la congrégation,
avoir
dont
les
contre,
eu
certains
membres
l'expulsion,
mais
est
il
des
doctrines.
contribua
à
l'extension
surprenant
assez
visionnaires
Papeete
de
tenir
Le
jour
du
dans
du
mouvement.
Il
que la seule description
les districts de Pritchard
de Hugh Cuming,qui visita
Janvier et en Avril 1828. Cuming,
dit que
les visionnaires avaient trois maisons
près du port de Taunoa, oh son vaisseau était
ancré.
Il
visita ces maisons à diverses
repri¬
ses,
y
trouvant les visionnaires souvent en
prière. Il estima qu'ils étaient "très soucieux
nous
vienne
de
l'église, avaient suivi
En
ayant recours à
Pritchard purgea bien son église,
nouvelles
Journal
en
leurs
maisons
nettes et propres"/
(3)
s'y rendit deux fois et
les trouva en train de prier, mais ne put obte¬
nir d'eux aucun autre renseignement. Pour autant
qu'il put en juger, leurs voisins semblaient les
ignorer. Moerenhout rapporte également qu'ils
étaient toujours en prière et qu'ils avaient la
barbe longue.
(4)
du
Sabbat,
il
Une persécution plus vigoureuse de la secte,
s'exerça surtout A la mission de Papara. En Mai
1827, Davies avait écrit qu'il n'y avait pas
"d'innovations" doctrinales dans son église.
(5)
Toutefois, quelques exilés des au très missions
vinrent bientôt
troubler la paix de la sienne.
Une des doctrines observées par le secte,
après
(Voir renvois
en
dernière page -)
-
Société des
Études
Océaniennes
255
ses adeptes pouvaient marcher
suggéra une punition en rapport
avec
le crime, ce qui plut beaucoup A Tati, chef
de Papara,
et aux autres chefs et juges. Cuming
relate que ce genre de punition fut infligé en
Avril 1828.
Il dit que plusieurs des adeptes de
Teao, habitant "au Nord de l'Ile", avaient été
bannis par le chef de leur district,
et avaient
reçu l'ordre de se rendre "au domaine royal".
(1) Dans chacun des districts qu'ils traver¬
saient, les chefs les firent marcher sur les
récifs et franchir les passes à la nage. Un
reporter, écrivant dans le SOUTH-ASIAN REGISTER,
publié en Décembre 1828; se basant sur des ren¬
seignements fournis par les Capitaines Kent et
Henry (qui avaient quitté Tahiti auparavant,
dans le cours de la même année)
y commentait la
grande persécution de la secte à Tahiti, par les
"autorités supérieures" et,
la peur de voir ce
mouvement a même de
"presque renverser le gou¬
vernement ". Le même reporter déclarait que la
secte avait été dissoute depuis et que beaucoup
de ses membres les plus zélés avaient été con¬
damnés A marcher nu-pieds sur le récif entourant
l'Ile.
(2) En Novembre 1828, Crook qui était
encore
A Tai'arapu,
fut surpris de voir plu¬
sieurs personnes nageant dans la mer,
cependant
que plusieurs Juges les suivaient sur la plage.
Il découvrit que ceux qui nageaient étaient des
visionnaires, anciens membres de l'église de
Davies A Papara.
Tati les avait Jugés et ils
1827,
sur
était
l'eau.
que
Cela
été
acheminés
de
Papeari par la mer.
tour de l'ile, ils
devaient être conduits A la Reine Pomare.
Ils
n'avaient commis aucun
actes publics,
mais
étaient punis uniquement pour "réunion en vue de
pratiques visionnaires".
avaient
Après
avoir
"L'un
autre
un
d'entre
sur
(1)
(2)
(J)
ainsi
le
prétendait être Jésus, un autre Pierre,
Jean, un autre Marie, et quelques uns
eux
disaient qu'ils
pouvaient marcher
l'eau".
rivage,
fait
en
(3) On leur permit de venir sur le
présence de Crook, et ce dernier put
Cumtng,
Journal, 104-.
Register, Décembre 1828
Crook, 17 No*. 1828, S.S.J. »• 91t.
South
Asian
Société des
Études
!
352-353«
Océaniennes
256
que leurs yeux étalent
très enflés et
congestionnés d'avoir tant nagé. Tout comme
Orsmond, Crook s'opposait vivement à toute per¬
sécution de la secte. Lorsque les juges avaient
exprimé le désir de punir les visionnaires de
son
propre district en
raison de leurs prières,
en
Septembre 1827, il leur avait recommandé de
laisser
en
les
paix jusqu'à ce qu'ils fussent
"atteints par les lois",
ce qu'il pensait devoir
le cas
etre
(1).Pour ce qui est des marcheurs
sur
le récif,
il pria les juges de traiter "les
pauvres créatures égarées"
avec "modération et
mansuétude", leur faisant remarquer que la bonté
serait plus efficace que la sévérité.
constater
tout
les visionnaires vinrent
fois à Matavai. Entre Avril et
de cette même
année, dix-huit membres de
l'église furent jugés pour adhésion aux princi¬
pes de Teao et,
avec un certain nombre d'autres,
ils
furent envoyés
autour de l'Ile jusqu'£ ce
qu'ils renoncent à leurs vues et à leurs pra¬
tiques. Peu seulement revinrent, et un homme et
sa
furent
femme
réintégrés comme membres de
l'église. Certains s'arrêtèrent à d'autres mis¬
sions.
Ceux qui revinrent fréquentèrent l'école,
assistant
aux
services de l'église,
mais "ne
manifestèrent aucune inclination à renoncer à
leur opinion".
(2) Ces gens avaient peur de se
réunir, par crainte d'être jugés et bannis.
Wilson
rapporte que si six ou huit d'entre eux
étaient
trouvés priant ou conversant ensemble,
ils pouvaient
"être emmenés d'une manière cruel¬
le
et
jugés". Il prétend être intervenu pour
empêcher cela plus d'une fois, parce que de tels
procédés étaient "illégaux et impropres à les
Au
pour
Août
début
la
de
1829,
première
convaincre
de
leurs
L'opposition
l'hérésie
erreurs".
des principaux
visionnaire
était
chefs
Tahitiens
délibérée
et
à
sans
Ils étaient.plus profondément
inspirées par les missionnaires
que Pomare III ou Pomare IV. En tant que gouver¬
neurs
et juges
officiels, ils conservaient une
compromission.
imbus
des
(Il
Crook,
(2)
Wllion,
10
lois
Sept.
Rapport,
1827,
S.S.J.
N*
Décembre 1830,
Société des
Études
90.
S.S.L.
Océaniennes
257
été
grande partie des pouvoirs qu'ils avaient
en
grand danger de perdre sous le règne de Pomare
II.
Sous la Régence,
ils essayèrent de consoli¬
der leur puissance et d'asseoir leur prestige.
Tati
et Utami étaient,
de bien des manières, les
véritables dirigeants de Tahiti. Comme Juges Su¬
de
la
rassemblaient autour d'eux beaucoup
de leurs anciennes fonctions de
Henry décrit Tati et Utami dans le cos¬
ils
prêmes,
pompe
chefs.
leurs
de
tume
Mars
en
1832
fonctions
judiciaires,
à
Moorea
:
étaient vêtus de façon pres¬
et avaient une très respectable,
vénérable et noble apparence dans leurs longues
robes écarlates qui leur descendaient jusqu'aux
"Les
que
deux
juges
semblable
( 1)
pieds".
magistrats civils et chefs
interprétaient souvent la loi
suivant leur bon plaisir.
Comme les Peropheta
enseignaient que la loi n'était désormais plus
nécessaire, l'hérésie était une menace directe
vis à vis de l'autorité de ces chefs.
Ils consi¬
déraient cet aspect de
l'hérésie comme étant
se
une
véritable trahison et,
en conséquence,
montrèrent particulièrement sévères dans leurs
jugements. Teao et Hue furent tous les deux dé¬
portés à Raiatea encore au moins une fois, avant
1830.
Ce fut pendant ces années de persécution
que les visionnaires reçurent le nom de "Mamaia"
Etant
à
la
héréditaires,
de
détracteurs
leurs
écrivit
Les
fois
ils
son
doctrines
de
Tahitiens,
contre
rapport
secte
la
leurs
et qu'Orsmond
enseignements.
demeurèrent
substan¬
qu'en 1826, et il est dif¬
ficile de
savoir quelles étaient celles qui
existaient à l'origine,
et celles qui furent
ajoutées plus tard. La doctrine principale était
celle de l'efficacité de la prière.
Crook rela¬
tait en 1829,
que les visionnaires priaient pen¬
dant
trois jours et trois nuits consécutifs,
tiellement
les
mêmes
de leurs visions. En leur
ils prétendaient entendre de^
contempler des apparitions.
(2) Darling
afin
d'être
état
de
voix
et
favorisés
transe,
(1)
Henry,
22 Mars 1832,
(2)
Crook,
13
Avril 1829,
S.S.L.
5.S.J. N* 95.
Société des
Études
Océaniennes
258
que lorsqu'ils étaient dans leur "état
frénétique", ils se croyaient possédés eux.
mêmes
par
les esprits de Paul, de Jean, de
Pierre et de Marie,
et "percevaient des signes
visibles de différentes choses célestes".
(1) Le
observa
du South-Asian Register
reporter
doctrines
comme
suit
décrivait leurs
:
que les joies de
cette vie sont
qu'elles sont les récompenses des
leur sont données depuis les pre¬
miers
ages de la création ;
qu'Abraham, Noé ,
David et Salomon en furent plus favorisés que le
commun
des mortels.
Quant à ce qu'ordonnent les
missionnaires, c'est très bien en partie, mais,
les paroles du Christ sont dignes de foi,
si
par
contre il n'y a pas de jugement dernier pour les
fidèles, pas de punition pour les croyants qui
entreront au ciel
immédiatement, où leur carac¬
tère
humain se trouvera renouvelé,
et leurs
joies seront sans limites et éternel1 es.11 s pro¬
fessent, en outre,que toutes choses seront accom¬
plies".
(2) L'idée qu'ils étaient particulière¬
ment bénis
et jouissaient des faveurs
qui s'ac¬
cordent
à
un
peuple élu,
est un des traits
marquants de la croyance, remarquable tout au
long de l'histoire du mouvement. Leur foi agis¬
comme
une
sait
espèce de charme contre tous les
maux,
que
ce
fut le feu de l'ennemi ou les ma¬
ladies,
de la même façon que les guerriers
Hauhau
de Nouvelle-Zélande croyaient que leurs
"Ils
croient
bénéfiques,
fidèles, et
talismans
incantations
et
leurs
projectiles
de
l'ennemi.
détournaient
les
(3) Quelques-uns des
missionnaires n'ont même pas mentionné la Mamaia
dans
leurs
rapports, et seuls Darling, Crook,
Wilson
Orsmond
et
entrent
dans
le
détail
de
ses
Blossom l'écarta, comme étant "en
grande partie semblable aux stupidités de Joanna
Southcott".
(4) Toutefois, la description des
doctrines
que
fit Orsmond en 1832,
s'accorde
avec
celles
faites en 1826.
En Septembre 1832,
croyances.
Darling,
(2)
South-Asian
13)
Voir Babbage I937 : 34.
Blossom, 25 Septembre 1827,
(HI
Rapport,
S.5.L.
Décembre 1828-
(1)
Novembre 1828,
Register,
Société des
S.S.L.
Études
Océaniennes
259
l'exercice
dans
appelés
ceux
de Tahitiens
douzaines
deux
environ
pris
des
Mamaia",
à
furent "sur¬
cérémonies de
plusieurs milles de
viles
l'intérieur des ter¬
furent jugées et
bannies comme "perturbateurs de la paix commu¬
ne",
bien qu'Orsmond cite cette sentence comme
"un
exemple de persécution". C'est alors qu'il
d'Orsmond,
mission
la
de
res
décrit
Tai'arapu.
Ces
détail
en
dans
personnes
doctrines
leurs
:
leur guide,
au
réellement Dieu
lui-même, 2") que les missionnaires étaient tous
des menteurs quand ils prétendaient que 1'âme ne
meurt jamais,
3*) que le feu de l'enfer n'est
rien qu'une fiction, 4*)
que les humains doivent
manger et boire abondamment et prendre
telles
professaient 1*) que
l'inspiration, était
"Ils
moment
femmes
de
ils
dont
enseignaient
leurs
soient
devint
quantes
Les
terre
prophètes
et les
ait
Hauhau
femmes de¬
ensemble, pour que
les grains de sable
contre les mission¬
activités
la Mamaia à
de
.
comme
des
une
la
(1)
hommes
La propagande
rivage.(2)
du
les
ouvertement
vivre
enfants
naires
une
que
que
pour
Cette dernière
caractéristique des autres
mi11énariens
mouvements
vraient
envie
ont
abondante".
population
croyance a été
une
les
cette époque.
plus
mar¬
Au cours
un
mécontentement
les membres orthodoxes
et l'église,
à propos des contributions volon¬
taires à la Société des missions de Londres. Des
insinuations
furent faites,
concernant des
détournements de fonds par les missionnaires. (3)
En fait,la question était si discutable qu'Henry
jugea nécessaire de quitter sa mission de Papeto'ai
à Moorea,
en Juin
1827.
Les principaux
responsables de l'affaire furent les "tuta'e
anri", qui ne devraient pas être confondus avec
les Mamaia,
quoiqu'il soit indubitable que leurs
insinuations furent acceptées ou partagées par
les
visionnaires.
En Mars
1829,
Crook eut à
faire A l'un des visionnaires exilés à sa mis¬
des
années
s'était
sion,
1828
manifesté
lequel
lui
(1)
Orsmond,
(2)
Voir Babbage 1937
(3)
4.
et
reprochait de pousser les
Septembre 1832,
Voir Orsmond,
1828, S.S.L.
l'assemblée
1827,
parmi
S.S.J.
gens
N* 100«
: 37.
20 Mal 1827, S.S.J. N* 87, Henry, 26 Janvier
L'accusation de détournement fut aussi faite à
de Mal 1826, à Taha'a,
Bourne, 16 Mal 1826,
Société des
Études
Océaniennes
260
leurs
L. M . S . Cet
l'église de
Crook à Papeete
;
puis il avait été excommunié
et
était devenu un membre de
l'église de Nott à
Paopao, d'où il fut fréquemment exclu pour ivro¬
gnerie et immoralités. Depuis, il avait été ban¬
Pare
ni
de
et
envoyé à Taiarapu pour cause
d'adhésion aux visionnaires. A la réunion,
il
affirma que les disciples de Teao étaient
réel¬
lement inspirés par Dieu,
et un autre membre de
l'église, qu'il avait influencé, le soutint. Ce
nouvel
apostat déclarait que la bible était un
"livre noir",
mais que "leur nouvelle religion
était un livre blanc et qu'il
était bien décidé
à
la suivre".
(1) Au cours du même mois, les
à
verser
visionnaires
de
souscriptions
été
avait
homme
de
tentèrent
la
pour
membres
des
un
de
convaincre
les
membres
la
congrégation de Darling à Punaauia, de ce
qu'ils "achetaient le salut de leurs âmes" avec
l'huile qu'ils offraient.
(2) Il y eut aussi des
d'hostilité
actes
d'incendier
On
tre
entre
cile
mesurer
que
peu
chai t
Novembre
en
n'avait
"plus
(3)
des
tentatives
données
de
pour
l'hérésie
aux
1827,
offices.
que
permet¬
Marnai a,
Orsmond
Darling
des corps" et que
dégénéré que lés gens de
presque
Point".
de
l'assiduité
sur
et
Darling.
et il est également diffi¬
quelle fut l'influence du
et 1830,
déterminer
écrivait,
de
l'étendue
1827
de
mouvement
en
ouverte
maison
possède
ne
de
la
à
"prê¬
personne
Burder's
Toutefois,
exilant
les
séparatisme,
et
l'intervention de Utami,
meneurs,
jugula efficacement le
des
anciens
adeptes de ce mouve¬
fréquenter de nouveau
l'église. En Novembre 1828, Darling pouvait
écrire que beaucoup d'entre
eux
avaient reconnu
leurs erreurs.
Cependant,il savait que certains,
qui fréquentaient l'église, continuaient à prê¬
aux
ter foi
croyances des visionnaires,
et fai¬
saient usage,
en privé,
des "mots et phrases les
plus incohérentes" dans leurs prières.
(4) Un
article paru
dans le "Caledonian Mercury" du
ment
furent
incités
(1)
Crook,
(2)
Darling,
18
Mars 1829,
(3)
Orsmond,
10
Novembre
( 4 )
Darling,
Rapport,
H
Mars 1829,
à
S.S.J. -N°
95.
S.S.L.
1827,
5.S.J.
Novembre 1828,
Société des
Études
N*
92.
S.S.L.
Océaniennes
261
relate que l'église de Darling
Darling nie ce fait, préten¬
dant qu'elle ne l'avait pas été plus que celles
de Papara et de Papeete.
Pas plus de dix ou
douze membres n'en étaient partis,
et la plupart
avaient présenté des demandes de réadmission.
Dans une relation de janvier 1830,
il affirmait
que
tout le système était "mort ou presque» à
Punaauia.
(1) liais, à cet égard, le nombre des
membres de l'église
n'est pas aussi symptomatique, que celui des baptisés. L'hérésie atti¬
rait
tout particulièrement ces derniers,
ainsi
que les membres suspendus auxquels on refusait
de rendre leurs
prérogatives antérieures. Les
chiffres
avancés pour Papara,
où le mouvement
fut très marqué,
ne sont que partiellement ins¬
tructifs. En Mai 1828,
Davies avait déjà trois
ou
quatre membres qui "affichaient des idées
insensées", et dont l'un dot être suspendu. (2)
Toutefois, il n'existe pas d'autres statistiques
susceptibles de donner une idée de l'ampleur du
Juin
30
avait
1828,
désertée.
été
mouvement
dans
Wilson,
Matavai,
de
cations
en
phètes"
;
En
le
domaine
fait
dont
furent
1829,
deux
de
cette
mission.
état
de 30 excommuni¬
18 pour "adhésion aux pro¬
à nouveau réadmis.
(3)
l'hérésie visionnaire ou secte des
on
l'avait appelée, avait atteint
et dépassé
son apogée,
dans les I1es-du-vent. A
Tahiti, elle était encore assez répandue dans la
région de Matavai-Pare. Elle avait été très ef¬
ficacement contenue à Papara et à Punaauia,
où
1830,
Mamaia,
les
comme
chefs
Tati
déclarés,
totalement
asile
et
mais
dans
Utami
elle
détruite.
la
étaient
n'avait
Elle
presqu'île
de
ses
adversaires
cependant
avait
pas
aussi
Tai'arapu,
été
trouvé
où
quel¬
ques-uns des chefs se montraient sympathisants.
A Moorea,
elle ne trouvait, comparativement, que
peu
sur
de
partis
le
mouvement
Hitia'a.
des
an s
.
(4)
Il n'existe
dans
les
aucun document
de Tiarei-
territoires
Aux
Iles-Sous-Le-Vent, les doctrines
étaient plus largement répan¬
la Mamaia menaçait de détruire toute
visionnaires
dues,
et
Darling, 12 Janvier 1830, S.S.L.
Davies, Rapport, Mal 1828, S.S.L.
(3) Wilson, Rapport (Juillet ou Octobre) 1829, S.S.L.
('4 1 fn 1828,
Il est permis de croire qu'ils n'étalent
(1)
(2)
ou
trois.
Société des
Études
Océaniennes
que
deux
262
des missionnaires. En nul autre
de
la Société,
l'hérésie,
visionnaire n'atteignit une
telle ampleur qu'à
Maupiti.
(1) Elle ne fut nulle part ailleurs si
pleinement adoptée par l'église et l'état. Aucun
missionnaire Européen n'avait résidé
à Maupiti,
et la
ferveur chrétienne,
sur cette tie,
dépen¬
dait uniquement des maîtres
indigènes. Maupiti
était un avant-poste de
l'église de Bora-Bora,
laquelle se trouvait, au moment de l'éclosion de
l'hérésie, sous la supervision de Platt. Les
maîtres
enseignants indigènes, Reva'e et Farebu'a, y furent conduits en 1822. La première
église y fut fondée le 2 Mars 1823, dont leS
premiers membres furent les deux enseignants, le
principal ari'i ou souverain, Ta'ero, et cinq
autres.
Le 5 Mars 1823,
une société missionnaire
l'organisation
endroit
auxiliaire
d'huile
n'en
elle
crée
fut
donnés
commencé
eot
Iles
des
fut
sur
l'Ile
et
sous
pas
à
Lorsque
les
"Peropheta"
Iles-Sous-Le-Vent,
répandre
de
pas
tion
de
tenant
faire
1826,
en
leurs
des
bambous
cette église
d'aussi favorables auspices,
moins la seule de tout l'ar¬
adhérer entièrement
professées par Teao et Hue.
chipel
mille
Quoique
offrande.
en
furent
ils
doctrines
aux
ne
envoyés
aux
manquèrent
croyances,
et leur réputa¬
et d'avoir des
rêves
miracles
du
merveilleux, courut presque sur l'aile
D'autres, bannis de Tahiti, conti¬
nuèrent à propager les doctrines. Dès Novembre
1827,
Orsmond recevait des lettres de Platt
l'informant de ce que
tout Maupiti, sauf quatre
individus, avait embrassé l'hérésie. Reva'e et
Farebu'a avaient commis le péché d'adul.tère et
s'adonnaient
"à
la pratique de
tous les vi¬
des
vents.
ces".
(2)
Maupiti avait été jadis conquise par Ma'i,
des grands chefs,
ou "rois",
de Bora-Bora.
Lorsque l'île se convertit au Christianisme,
rétablit
Ma'i
Ta'ero, le principal ari'i de
l'île, dans ses fonctions antérieures. Il n'est
pas
facile de déterminer jusqu'à quel point
l'un
(1J
Quelquefois appelé
(2)
Orsmond,
6
Maurua.
Novembre 1827,
Société des
S.S.L.,
Études
N* >92.
Océaniennes
263
l'esprit de rebellion. Il
des premiers à adopter les
doctrines des visionnaires,
puis les chefs ét le
peuple le suivirent, tout comme ils avaient "en
masse" embrassé le Christianisme.
Réunis en as¬
semblée ordinaire,
Ta'ero et ces chefs révoquè¬
rent
le
Code
de
Tamatoa
avait
(1)
que Ma'i
introduit de Bora-Bora,
et retournèrent les lois
à Ma'i,
signifiant leur intention de n'être plus
soumis à elles.
Ils agirent suivant le principe
de Hue, prescrivant que
toutes les lois "humai¬
et divines"
devaient être
tenues pour nul¬
nes
les, et ne reconnurent plus aucune autorité aux
juges et aux chefs. D'après Cuming, Tamatoa
envoya de Raiatea une force armée pour obliger
les gens de Maupiti
à se soumettre aux lois et
à recevoir leurs juges,
mais il fut incapable de
Ta'ero
animé
fut
avoir
semble
le
restaurer
été
par
l'un
Christianisme
orthodoxe.
(2)
des visionnaires de Maupiti était
la même que celle de ceux.de Tahiti.
Pareillement, ses adeptes se réclamaient de
l'inspiration de Paul, de Pierre et de la Vierge
Marie.
Pour reprendre la phrase de Bourne,
ils
s'adonnaient tous "aux viles pratiques de l'a¬
dultère, de la fornication et de la danse." (3)
Toutefois, c'est à Samuel Crook, le fils du mis¬
sionnaire, que nous devons une relation plus
détaillée de la "folie collective de Maupiti" et
des "étranges jongleries" de la secte.
Le récit
de Samuel
Crook a probablement pour base les
La
à
doctrine
près
peu
lettres
de
Platt
dernier.
ou
Suivant
les
observations
des
fils
de
récit, les visionnaires
de
Maupiti célébraient la communion chaque
Samedi et chaque Mercredi.
(4) Cette communion
était ouverte à tous,
même aux enfants,
et nul
n'en était exempté.
Ils prenaient les femmes les
uns
des
autres
"ou
une
douzaine
d'épouses par
jour" et, en expiation, priaient jusqu'à ce
qu'ils sentissent que leurs péchés étaient pardonnés,
retournant ensuite "à leurs turpi¬
tude s "
(5)
ce
ce
.
(1)
Le
(2)
Cumlng,
(3)
Bourne,
(g)
Les
di
(5)
Code
des
Lois
de Raiatea
et
de Bora_Bora.
Journal, 10Ç.
20 Janvier 1828, Lettres d'Australie.
missionnaires faisaient en semaine un service
dans
leurs
missions.
S. Crook, 13 Mars 1828,
Société des
S.S.L.
Études
Océaniennes
le Mercre¬
264
significative, toutefois, est la doc¬
que Samuel Crook décrit ainsi :
Plus
trine
Cargo,
une
cargaison d'étoffes
grand bateau construit à
cet effet doit l'apporter d'en haut
; ils doi¬
vent avoir des multitudes
de poissons s'échouer
qui arriveront sur la grève,du vin en bouteilles
des cieux et des vaches surgissant des nuages".
"Ils
ciel
mouvements
et
un
du mi11éniarisme,
aspect
Cet
recevoir
doivent
du
venant
similaires
dans
tives, peut servir de base
terprétation plus générale
ses
les
commun à tant de
sociétés primi¬
solide pour une in¬
de ces cultes et de
sectes.
se
rendit Immédiatement à Maupiti pour
l'hérésie, mais il fut littéralement hué
et
traité par ailleurs avec irrespect. Les héré¬
tiques lui dirent qu'ils "possédaient plus de
et qu'il n'était qu'un prêcheur de
lumières"
faussetés. D'après lui, peu nombreux furent ceux
qui "résistèrent à cette illusion".
(1) De Mau¬
piti,
l'hérésie gagna Bora-Bora et menaça la
paix de l'église de Platt. Il fut contraint de
suspendre plusieurs membres "en raison de l'af¬
faire
de Maupiti"
et plusieurs autres furent
Platt
freiner
excommuniés.
femme
qui
d'un
Parmi
des
saisie
fut
assemblées
de
ces
maîtres
derniers
se
enseignants
trouvait
de
d'inspiration pendant
l'église.
Platt
la
Maupiti,
n'avait
une
des
aucune
concernant le
sexe
de l'esprit visi¬
le nom donné "aussi indéfini, quant au
genre que le mot légion".
Cependant, puisque le
pa'a, ou enveloppe de cet esprit était l'épouse
du maître,
Platt considéra cet esprit comme
femelle.
Son nom était Fa'aoti,
ou "finisseur",
et elle s'était manifestée "pour
terminer l'oeu¬
vre
de Dieu".
Cette femme dit à Platt que luimême
était un véritable envoyé
de Dieu, mais
qu'il était cependant coupable de deux crimes.
Curieux d'en apprendre davantage sur le mouve¬
ment, 11 la pria d'être plus explicite. Elle lui
dit alors qu'il
avait vendu les Ecritures "qui
n'appartenaient qu'à Dieu et devaient être don¬
nées
gratuitement" et qu'il avait incité les
certitude
teur,
(1)
Platt,
car
5
Juin 1828,
5.S.L.
Société des
Études
Océaniennes
265
à
gens
ment
des
verser
de
vue
en
la L.M.S., unique¬
intérêts. Platt
imputations, et leur dit
les possédait et qu'ils
subsides
leurs
à
propres
réagit violemment à ces
puisque l'esprit
pouvaient opérer des miracles, et que,d'autre
part, la plupart d'entre eux avaient en mains
les Ecritures,
il ne tenait qu'à eux de faire
leur propre journal,
d'imprimer et de distribuer
leurs propres
livres. L'assemblée prit fin dans
une
grande confusion et les visionnaires furent
excommuniés.
Ceci
se
passait en Juin. En Août
1828, les gens de Maupiti furent à nouveau "com¬
plètement possédés et inspirés". Ils avaient
également recommencé à faire "leurs tours de
que,
tromperies"
afin de mainte¬
intacte.
(1) En Octobre,
toutefois, Platt rapportait que "l'affreuse dé¬
mence"
de Maupiti était éteinte pour le moment.
nir
leur
"de
ou
passe-passe",
réputation
Platt
croyait
que
la principale cause de
visionnaire était le système de con¬
l'hérésie
tributions.
"Vous
entendu
parler" - écri¬
"des Prophètes de
et des Visionnaires de Maupiti,
mais sans
ignorez-vous que leur désaffection et
ressentiments ont plutôt pour cause les
vait-il
Tahiti
doute
leurs
de
avez
Bora-Bora
contributions
la
à
1830,
en
Société
et
la
vente
des
li¬
leur enseignement et leurs pratiques sont
uniquement dirigés contre elle".
(2) En fait,
vres
;
leur
des
Missions
missionnaires.
seulement
et,
des
ver
pheta
ne
ne
de
pas
Fa'aoti,
de
derniers
contre
contre
que
étaient
la
les
condamnés
fut
dans
Taua
tenir compte des
qui était venu
révélations
ache¬
"pour
Dieu".
pas
le seul Chrétien proéminent
affaire. Le principal Peroétait l'ancien diacre Taua de
cette
de Maupiti
Huahine.
(2)
de
l'oeuvre
Hue
Cl)
tournée
Londres
tant
en
l'esprit
apostat
nom
Ces
plus
de
qu'agents de la dite Société
"par conséquent chargés de détourner le bien
gens". Platt, sans doute, pensa qu'il serait
difficile
de
était
animosité
Société
avait
Matapuupuu
;il
d'abord
était
été
par
sa
sous
le
naissance,
un
connu
Platt, 28 Août 1828, S.S.L.
Platt, 15 Novembre 1830, S.S.L.
Société des
Études
Océaniennes
266
ra'atira, ou propriétaire de terres. Au temps du
paganisme, il avait été un des principaux "Arioi", succédant à son frère aîné comme prêtre
suprême de Huahine. En Août 1813, il était entré
l'école de Davies à Papeto1 ai et, plus
à
tard,
avait accompagné
Ellis A Huahine, devenant un
des membres marquants
de l'église, puis il fut
nommé diacre.
Il
fut également nommé premier
secrétaire de
la
Société des Missionnaires à
Huahine.
Ses prêches aux réunions de prières et
aux
réunions de Mai,
eurent quelque retentisse¬
ment.
Pendant les
troubles de l'hérésie,
Taua
décida de renier ses attaches avec
l'église et
se
rendit
à Maupiti,
ou il
devint "très actif
dans la propagation de ces illusions
perverses".
(1) Taua, toutefois, était une exception. Beau¬
coup des
autres principaux prêtres Arioi,
dont
Auna,
restèrent fidèles au Christianisme des
missionnaires. Au cours de la subversion
Hauhau,
en
Nouvelle-Zélande, ce furent les anciens prê¬
tres
"tohunga" qui reconnurent les premiers la
religion "Pai Marire». (2) Ce n'était pas le cas
pour la Mamaia,
mais la défection de Taua n'en
est pas moins
intéressante
doute espérait-il recouvrer
quj
avait
été
L'hérésie
les
I 1
"
il
en
Ma'i
de
visionnaires,
trances
des
consommé
de
s'étendit
En
Bora-Bora
s'attirant
boissons
sens.
du
Sans
prestige
se
un
dans
toutes
1830, les gens de
adopté ses doctri¬
unanimement
était de même
missionnaires
des
ce
part
sien.
visionnaire
avaient
et
ari ' i"
Lors
le
es-Sous-Le-Vent.
Maupiti
nes,
autrefois
dans
une
à
Bora-Bora.
joignit.aussi
surcroit
de
Le
aux
remon¬
avoir acheté et
alcoolisées avec excès.
pour
séjour
son
à Tahiti,
en
Avril 1829, il
complaisait A suivre les idées des vision¬
naires, bien qu'il semble les abandonner pendant
le ministère de Crook A
Tai'arapu.
se
les
te
(3)
guerres qui
de
l'hérésie.
habitants
fluencés
de
par
(1)
Davies,
(2)
flabbage 1937
(3)
Crook, 13 Avril
suivirent,
En
1833,
Taha'a
les
et
de
doctrines
Raiatea
Mamaia,
étaient
même
Histoire (Maurua).
:
38.
1829,
S.S.J.,
Société des
N°
Études
Pendant
il redevint un adep¬
plus de la moitié des
95.
Océaniennes
in¬
Huahine
267
fut
épargnée.
En Novembre 1828) Barff
avait "d'étranges concep¬
tions"
au
loin.
(1) Les visionnaires de Huahine
se
targuaient de prédire les événements à venir
et d'accomplir des miracles en guérissant les
malades.
Ils
essayèrent même de ranimer les
morts
"en vertu
du pouvoir que Dieu leur avait
donné». Barff considérait de
telles prétentions
comme
étant
"monnaie
courante"
pour
les gens
vivant en état de paganisme,
et pensait que le
mouvement en était une résurgence. En Septembre
1830,
il relatait que, pendant son séjour à
Tahiti, huit des membres de son église avaient
été "détournés de leur devoir par des vision¬
naires" déportés de Tahiti.
Ils avaient "poussé
leurs
rêves
de visionnaires et leur langage in¬
jurieux à un tel point qu'ils avaient insulté
les chefs de la façon la plus grossière"
et les
ne
avait
pas
écrit
avaient
leurs
fut
qu'il
menacé
de
y
"s'ils
mort
étranges".
dogmes
retourné
à Huahine,
repentis.
s'étaient
Ce
fut
pendant
Ilés-Sous-Le-Vent
de
propagea
verte,
mais
les
ce
guerres
(1830-1833)
de
nouveau
devait
n'admettaient
pas
(2) Avant que Barff s'en
ils avaient été jugés et
la
être
de
Tahiti
que
manière
le
chant
et
l'hérésie
la
du
plus
cygne
des
se
ou¬
du
t.
mouvemen
En
1829, il y avait déjà eu certains signes
la secte Mamaia aurait des implications po¬
litiques, et que les mécontents embrasseraient
que
les
nouvelles
doctrines pour leurs propres fins.
avait pris la parole, à l'assemblée
de Mai
1829, il avait essayé de gagner à lui les
autres principaux chefs
soupçonnés de favoriser
l'hérésie visionnaire. L'hostilité que la Mamaia
avait toujours manifestée vis à vis des lois,
et
contributions, plaisait à ces chefs désireux de
voir changer le Gouvernement. La Reine Pomare IV
Lorsque
(3)
Tati
et
conseillers étaient également in¬
les nouvelles doctrines, bien que
n'ayant pas participé aux pratiques visionnai¬
res.
Quelques années après la mort de Pomare II;
ses
fluencés
par
(1)
Barff,
23
Novembre 1828,
(2)
Barff,
27
Novembre I83O,
(
Elle avait succédé
3 )
en
S.S.L.
S.S.L.
1827-
Société des
Études
Océaniennes
268
la
Cour
Tahltienne
ou
"assemblée
itinérante",
qu'on aurait pu l'appeler, était devenue
remarquable par son absence dec contrainte mora¬
Pomare
IV ayant pris le pouvoir,
le.
sa cour
devint un centre virtuel de résistance
"païenne"
à l'enseignement des missionnaires.
Ces derniers
réprouvaient l'envoi des visionnaires exilés
tout autour de
l'Ile, jusqu'à la résidence Roya¬
le, estimant qu'ils ne feraient jamais qu'aug¬
ainsi
menter
la
nombre
le
Reine
En
des
décembre
"
indésirables "
autour
de
Pritchard rappor¬
tant,
l'état moral des lies : "Les missionnaires
sont
traités, par la plupart des indigènes,
comme
des menteurs,
opposés à leurs intérêts.
Depuis le moment ou, d'une façon générale,
ils
ont
embrassé le Christianisme,
il n'y a jamais
eu
de
période ou ils n'aient manifesté plus
qu'aujourd'hui le désir de retourner à leurs
anciennes coutumes.
Ils y sont encouragés par la
famille Royale.
Les suivants de la Reine sont
parmi les plus mauvais.Et elle-même se joint à
eux
pour les pratiques les plus mauvaises".
(1)
Les
.
chefs
de
1828,
les plus
favorables à la
Tai'arapu, ancien siège de
la dynastie Royale
Tahitienne. Certains de ces
chefs avaient quelques raisons d'en voulair aux
missionnaires.
Pendant son séjour à Tai'arapu,
Crook avait offensé plusieurs d'entre eux.
Beau¬
confrères il se mêlait de la
coup plus
que ses
dispensation de la loi et avait peu de sympathie
pour les coutumes
indigènes et la loi tradition¬
nelle.
C'est ainsi que lorsque les chefs pre¬
naient une décision non
indiquée dans le code,
il considérait ces activités comme "illégales".
En un cas particulier,
le Chef Vahama'i interdit
à sa soeur d'épouser un jeune homme
qui n'était
pas
baptisé. La raison invoquée par ce chef
était que son fils adoptif se
trouvait compter
parmi les amis de ce jeune homme, et que, par
conséquent, celui-ci se trouvait être le neveu
de
la soeur du chef.
Empêché de se marier, le
couple s'enfuit. Ils furent pris plus tard et
traités cruellement.
Le 10 Avril
1826, Us fu¬
rent
amenés, pour être jugés, devant Ta'aviri,
Mamaia
(1)
furent
Pritchard,
unes
de
vembre
Tahiti
ceux
de
26 Décembre 1828,
pratiques
ces
1827,
5.S.J.
N#
comme
S.S.L.
s'il
Orsmond décrit
avait
été
présent,
92«
Société des
Études
Océaniennes
quelques1er.
No¬
269
Chef-Juge du district et principal "ari'i" de
Tai'arapu. L'homme fut condamné au bannissement,
et la femme au travail
forcé, «bien qu'elle fut
enceinte de trois mois".
Crook fit des objec¬
tions
au
jugement, et proposa de permettre au
couple de se marier. Ta'aviri accusa Crook de
«s'opposer au Roi et aux Lois et d'ouvrir la
porte à la perpétration du crime".
(1) Crook
considérait
l'action
de
Ta'aviri
comme
contraire
légal. Cette cause, disait-il, était du
du
ressort
juge de district. Le jeune homme
n'avait pas été condamné aux travaux forcés,
ce
qui était en contravention à la loi, et, en con¬
séquence, Ta'aviri devait être relevé de ses
fonctions.
Crook allait infime plus loin,
préten¬
dant que Ta'aviri,
en s'opposant au mariage,
s'était immiscé dans des affaires qui n'étaient
pas du
domaine de ses attributions juridiques.
Ta'aviri dit alors qu'il en appellerait à la
cour,
et accusa Crook de s'opposer aux lois.
Ta'aviri, le chef Vah&ma'i et Turnatuna, l'un des
diacres de Crook,
écrivirent une lettre à Tati,
en
appel contre l'influence de Crook, mais Tati
se
contenta de
les désapprouver. Le
17 Avril,
Crook excommuniait Ta'aviri et suspendait les
diacres Tumatuna et Vahama'i Vaira'atoa,
le chef
souverain de Tai'arapu,
donna son aide à Crook
en
la matière, mais il était loin d'être favo¬
au
code
rable
A
à
cienne
cause
réunion
la
proposa
fut
la
"de
du
de
Christianisme.
Mai, à Papa'oa, en 1827, il
la plus habile, que l'an¬
la manière
coutume
rétablie
d'offrir
mais
des
dessein
terres
à
la
Reine
fut
percé à jour
et les membres du parlement s'y opposèrent fer¬
mement".
(2) Malgré cela,Vaira'atoa et quelquesdes
uns
chefs de Tai'arapu se montrèrent "en¬
clins
à
s'écarter des lois et à remettre en
son
vigueur beaucoup des anciennes cou turnes" . ( 3)
Lorsque la Reine et sa suite arrivèrent à Tai'a¬
rapu,
on lui présenta des monceaux de victuail¬
les et de belles étoffes,
suivant l'ancienne
trouva encore opposé
tradition. Vaira'atoa se
(1)
Crook,
10
(2)
Crook,
10 Mal
(3)
Crook, 25 Oui 1. 1827,
Avril
1826,
1827,
S.S.O.
S.S.J.
S.S.O.
Société des
H°
80.
N* 85»
N* 85.
Études
Océaniennes
270
à
1827, lorsqu'il voulut
missionnaire Buzacott, ce à
Crook
en
retenir de
quoi Crook
Avant son départ, en sep¬
tembre 1830,
Crook amena Vaira'atoa devant les
tribunaux, pour une affaire de fraude.
(1) Le
vieux
chef était peut-être réellement fautif,
mais
son
orgueil blessé rendit son opposition
aux
missionnaires quasi-définitive. D'après
Moerenhout, il déclara qu'il n'aurait de cesse,
qu'il n'ent allumé le feu de la guerre civile,
et assuré le
triomphe de la secte. Entre le mo¬
ment de l'accession
au trône de Pomare
IV et
le
force
formellement.
s'opposa
indications
Tati furent
obligés d'intervenir en médiateurs, et ils
eurent quelque peine à maintenir les lois. Tou¬
tefois, vers Décembre 1828, ils avaient consoli¬
dé
leur position au point d'être en mesure de
dicter leurs propres volontés
à la Reine. Une
l'année
de
la
la
il y eut de fréquentes
politique. Utami et
fut
circulaire
lettre
leur
1830,
tension
enjoignant de
conduite
à
tutae'auri,
les
adressée
à
tous
et
une
à
de
sa
danse
juges,
Moorea.
famille,
qui
traditionnelle
(2)
Reine
à une réunion publique tenue
fut interrogée par Pa'ofai,
juges
Suprêmes
1829,
les
réunir afin de discuter de
Reine
participer
osaient
avec
la
de
se
En Janvier
à Pare, la
au nom des
de Tahiti. On lui fit entendre
clairement que, s'il lui arrivait de contrevenir
aux
lois, à l'avenir : "la chose serait bien
simple". (3) Sa mère et sa tante, qui étaient
parmi les dirigeantes de la réaction, furent
réprimandées et un règlement fut établi, pour
la
de
suite
tutae'auri
la
se
Reine. Il fut prétendu que les
révolteraient si la Reine était
jugement,
mise
en
sans
incidents.
mais
la
réunion se
décrit
Nott
ces
termina
débats
comme
ayant été "convenables, fermes, empreints
gravité, quoique solennels et paisibles". (4)
Au
cours
de
l'année
Iles-Sous-Le-Vent, oïi
ment
influencée par
(1)
Voir Moerenhout,
1837,
1
1830, Pomare visita les
elle était considérable¬
certains membres de sa
'• 337-338«
ode. 1828, S.S.J. N° 94.
(3) Crook, 12 Janvier 1829, S.S.J. N* 95.
(9) Nott citant Crook, 15 Janvier 1829, S.S.J. N° 95.
(2)
Crook,
21
Société des
de
Études
Océaniennes
271
famille, particulièrement par Mahine, le prin¬
cipal ari'i de Huahine, qui était aussi un des
ari'i
de Moorea.
Avant de revenir de Raiatea, la
Reine
adressa
un
11es-du-Vent,
message
aux
demandant que les populations de Tahiti
et de
Moorea lui fabriquent des étoffes dont elle vou¬
lait
faire
cadeau
A
ses
parents, Tamatoa et
Mahine, qui l'accompagnaient. Ceci était con¬
traire A la loi Tahitienne,
prescrivant au peu¬
ple d'accorder A la Reine un traitement annuel.
Vara et les autres chefs de Moorea décidèrent de
donner une
suite
favorable A la requête de la
Reine et d'accomplir la cérémonie de présenta¬
tion
de
l'A'a'one
.
L'A'a'one
était
une
étoffe
spécialement tissée pour les personnes de rang
élevé, que l'on présentait enroulée, et avec des
produits locaux en abondance. La plus belle
étoffe était tenue,
entre le pouce et l'index,
par des hommes,
des femmes et des enfants mar¬
chant de chaque côté.
La Reine atterrit A Papeto'ai le 8 Décembre 1830.
Quand ils apprirent
qu'ils devaient passer en jugement, Vara et les
Chefs pensèrent qu'il était préférable d'offrir
leur appui A la Reine, plutôt que de déclarer la
les chefs d'Afareaitu
guerre. Le 20 Décembre,
furent priés d'assister
A la présentation,
ce
qu'ils firent. A leur retour de la cérémonie,
ils informèrent Orsmond que les danses avaient
eu
lieu.
Cependant, les chefs d'Afareaitu déci¬
dèrent de faire leur offrande d'étoffe sans que
"rien d'indécent ne se produise".
(1)
Utami, Tati et Pa'ofai étaient bien décidés A
s'opposer au rétablissement de la coutume de
l'hommage. Leur opposition en fut accrue par les
insultes
alors
de
Mahine
savoir
que
Orsmond,
14
et
de
Tamatoa.
Ils
firent
la Reine pourrait bien venir et
prendre elle-même les rouleaux d'étoffe 1A ou
ils se trouvaient, mais qu'il n'entrait pas dans
leurs intentions de les lui présenter,
d'autant
plus qu'on leur demandait de le faire publique¬
ment.
Ils dirent également qu'ils jugeraient la
Reine et ses parents dès
leur débarquement A
Tahiti, et qu'ils les feraient exiler. Orsmond
considérait cette opposition des chefs comme
étant "aussi puérile que la requête de la Reine
(1)
Voir
Janvier 1833,
S.S.J.
N* 1O0 (5 Janvier
1831).
Société des
Études
Océaniennes
272
enfantine*. Il soutint, en outre, que les
qui vinrent pour juger la Reine étaient en
état d'ébriété.
A son arrivée à Afareaitu, la
Reine
fit des
remontrances au peuple, pour
n'avoir pas arrêté leurs bateaux et attaché les
juges avec des cordes. L'A1a'one fut présenté à
Afareaitu le 5 Janvier 1831. Orsmond a décrit
cette
cérémonie comme ayant été parfaitement
ordonnée, et son fils ainé, qui avait été l'un
des compagnons du frère défunt de la Reine, lui
offrit trois mètres de baptiste. Par ailleurs,
affirmait que le grief que l'on faisait à
il
Pomare
de désirer s'affranchir de
toute loi,
n'était "qu'un pur
racontar". Il croya-it que
cela avait été "forgé de
toutes pièces par les
chefs, afin de donner quelque prétexte à leur
opposition sans fondement".Tout le temps qu'elle
fut à Moorea,
la Reine "punit en personne les
offenseurs et afficha publiquement son attache¬
était
juges
ment
lois".
aux
retourna & Tahiti.
Moorea, en raison
du
ressentiment que l'on éprouvait à leur égard
à Tahiti.
A la réunion de Papa'oa, en Janvier,
les chefs demandèrent que Mahine fut jugé "comme
instigateur de sédition". (1) En réponse à leur
requête, Pomare "se leva et resta silencieuse
pendant plus d'un quart d'heure et interprétant
son
attitude, les chefs, après quelques conci¬
liabules décidèrent d'abandonner leur projet".
Toutefois, ils firent clairement comprendre par
leur attitude qu'ils ne permettraient pas l'of¬
frande
Ils discu¬
d'étoffes ou de nourriture.
tèrent avec le porte-parole de la Reine pendant
plusieurs heures et proposèrent qu'elle attendit
jusqu'au mois de Mars, époque à laquelle les
lois pourraient être révisées.
C'est à ce mbment
que la Mamaia prit ouvertement le parti de la
Reine, car ses adeptes de Tahiti avaient été les
seuls A accepter de recevoir la Reine avec le
cérémonial habituel. Moerenhout dit qu'A cette
époque critique, elle vécut parmi les Mamaia,
montrant pour eux une préférence marquée.
Vairaatoa, le vieux chef de Tai'arapu qui avait
désiré la reprise du cérémonial des offrandes en
A
la
Mahine
(1)
mi-Janvier,
et
Wilson,
ses
amis
Rapport, 1831,
la Reine
restèrent
à
S.S.l. (avec
,e
rapport de 1830).
Société des Etudes Océaniennes
273
1827,
s'éleva ouvertement contre
l'assemblée et contre les lois,
la décision de
encourageant
Tai'arapu, Taaviri,
Tapuni et Rora à donner suite à. la requête de la
Reine.
En conséquence,
ils procédèrent à la
cérémonie. Les principaux
ari'i insistèrent
alors
les quatre chefs en état de
pour
que
rebellion fussent Jugés. Les rebelles évitèrent
d'être passés en jugement à Tai'arapu et rejoi¬
gnirent la Reine à Pare. Elle, à son tour, s'en¬
fuit sur le petit ilôt de Motu Uta,
dans la rade
de Papeete.
En cette affaire, craignant que les
lois ne
fussent violées, Darling, Nott, Davies,
Wilson et Henry conseillèrent les
chefs, Orsmond
fut considéré
comme
traître à ses frères et, à
partir de ce moment, ses relations avec eux
furent quelque peu tendues.
trois
des
autres
ari'i
de
menaçèrent de venir à Papeete
le chef rebelle à la
protection de la Reine. En Mars, Pomare fit
appel à William et à Barff, qui acceptèrent de
lui prêter assistance,
à condition qu'elle réta¬
chefs
Certains
en
et
armes
soustraire
de
blit les lois et renonçât à ses
demandes de
présentations de tissus. Le capitaine Sandilands, du "Comet" (1) qui se trouvait également
à Papeete,
participa à la médiation et, avec
Pritchard, essaya d'empêcher les chefs de recou¬
rir
à
la force. Ces derniers,
toutefois, ne
consentirent pas
à se séparer avant que les
offenseurs ne fussent venus à récipiscence.
La
Reine
trouva un compromis en abandonnant Vaira'atoa et Oto'ore et Ua,
deux chefs de Pare.
Utami se rendit à Motu Uta,
jugea ces trois
chefs, les destitua de leurs fonctions et les
envoya dans d'autres districts.
Les autres "va¬
gabonds" - ainsi que Wilson les qualifiait Tapuni, Ta'aviri et Rora, ne furent pas livrés.
(2) Darling affirme que les quatre chefs de
Tai'arapu qui présentèrent le tribut, avaient
tous embrassé les doctrines des Mamaia.
(3) A la
fin de Mars
1831, Darling écrivit avec désappro¬
bation, sur la "dépravée jeune Reine et son
(1)
(2)
Il
est
Intéressant de noter que Sandîlands, dans son récit,
pas mention des Mamaia, bien qu'ils aient encore
ne
fasse
été
trfes
lettres
(8)
en
évidence dans le groupe.
Wilson à Crook,
Darling,
Avril
(?) 1831, cité par Crook, 25 Mal 1831
d'Australie.
28
Avr! I
1831,
Société des
S.S.L.
Études Océaniennes
274
équipe"
donné
de
tutae'auri
Mahine,
par
Souveraine
Pare
que
d'ivrognerie.
ete
le
d'une
réunion
Mamaia
il
leurs
elle-même
rétablit
et
Il estimait
d'adultère et
vol,
revint
les
lois
Pape¬
à
au
cours
publique. Il semblerait que les
pris qu'une part relativement
troubles qui eurent lieu en 1830
aux
La
1831.
mais
Reine
de
exemple"
aidant la
en
n'aient
restreinte
et
La
"mauvais
Ta'aviri,
lois".
(1)
les
lieu
un
Avril
2
et
"bafouer
à
était
le
et
Rora
Reine
bénéficia
n'apparait
doctrines.
pas
de
leur
soutien,
ait
embrassé
qu'elle
Les
chefs rebelles de
Tai'arapu
participer aux pratiques des vision¬
naires, mais il n'en existe pas de preuve for¬
ont
pu
melle.
les
Ils
n'aimaient
arriva
pas
que
des
Mamaia.
Ce
les
fut
dans
tique
résultait
entre
Bora
de
et
Huahine
connu
d'une
de
Bora-
de
ceux
et
le
sous
le-Vent
et
ensuite
Reine
de
nom
qu'il
Tapoa
Huahine.
II.
Tapoa
trouvait
se
bataille
une
organisée
de
décida
eut
aux
lieu.
par
Utami
Peu
de
et
temps
d'attaquer les Raiatéens.
ceux
qui connaissaient
tous
avait
affirmé
serait
jamais
entièrement
avaient
vaincu
il
et
y
déclara
Mamaia
Davles
res
(2)
Une
(3)
Platt,
à
à
à
plusieurs
l'agresseur.
influencé
promis
fait
Mamaia
Iett
que
plus active. Ce
vieille querelle dynas¬
Fa'anui, ou habitants
Tahaa
(2) et la plupart de
alors
(1)
Raiatea-Tahaa
part
une
les
insulté
prit
de
guerre
Raiatea. Le chef du clan des Fa'anui
Pomare tane, mari de Pomare
IV, plus tard
était
car
la
Toutefois,
Peropheta prirent
conflit
les
certainement
pas beaucoup
lorsque Orsmond
à Tai'arapu
en
1831, il n'apparaissait
les chefs eussent partagé les croyances
missionnaires.
été
trêve
la
Tapoa
après,
Cet
acte
Tapoa,
par
sur¬
lequel
Platt
remarqua
que
plus fort de la mêlée,
en
eut beaucoup de tués.
(3) Williams
que
Tapoa avait été "poussé par les
agir comme il l'avait fait".
Crook,
30 Mars
au
I83I cité
par
Crook,
25
d'Aust raIie.
partie de Raiatea était
18
fut
Ari'ipae,
reprises qu'il ne
parait avoir été
les Marnai a, qui lui
complet. Tapoa fut
prisonnier.
avaient
été
Il
succès
un
Une
avait
Iles-Sous-
Juillet 1832,
Société des
aussi
comprise dans
S.S.d.
Études
Océaniennes
ce
Mal
I83I,
groupe.
275
fanatiques de toutes les fies
groupés autour de lui et prétendant
etre inspirés,
lui avaient prédit une victoire
facile
et certaine".
(1) C'était dans le rôle
d'augures des combats que les visionnaires
les
«Tous
s'étaient
les
étaient
directs
successeurs
des
prophètes
confiance
aveugle avait été inspirée à Pomare II et à ses
courtisans par
le prophète Metea, avant les
batailles engagées dans la première décade du
siècle. Les "Peropheta" paraissent avoir eu une
peur
superstitieuse des lieux sacrés, car ils
poussèrent Tapoa à attaquer avant que la Cha¬
pelle de Raiatea ne fut terminée.
Ils lui
traditionnels.
conseillèrent
"puisque
nuit"
Dieu
ainsi
C'est
aussi
était
de
un
le
Dieu
qu'une
faire
de
nuitamment
jour
et non de
(2)
.
Les
rapports de Tapoa avec la Mamaia sont
particulièrement curieux. Pendant le cours de
son
existence, il avait donné toute satisfaction
aux
missionnaires par sa tenue morale,
et il
était considéré comme ayant un des caractères
les plus droits parmi
les indigènes de l'archi¬
pel. Il est difficile d'éclaircir jusqu'à quel
point il fut entraîné par les prophéties des
visionnaires, mais il est évident que cette al¬
liance procéda
plutôt de nécessités d'ordre
politique. Pomare IV profita de ce qu'il était
vaincu et en disgrâce pour divorcer Tapoa et son
second mariage avec
un
jeune ari'i de Huahine
résulta en un troisième conflit,
auquel la secte
de la Mamaia fut mêlée.
Vaira'atoa mourut,
en Mars
1832,
le
juges, Ta'aviri, devint le principal
meneur
de la dissidence de Tai'arapu.
En Août
1832, Orsmond remarquait que Hitoti et Pa'ofai,
qui avaient antérieurement été des "épines" dans
le flanc de la Reine,
étaient devenus ses prin¬
cipaux soutiens.
(3) Alors que, précédemment,
Quand
chef
ils
des
avaient
Reine,
ils
écarté
tous
"fermaient
les
suivants
maintenant
les
S.S.L.
S.S.L.
(3) Orsmond, 22 Ao£?t 1832, S.S.d. N° 100.
11)
Williams,
27
Septembre 1832,
(2)
Williams,
27
Septembre 1832,
Société des
Études Océaniennes
de
yeux
la
sur
276
Le 3 Décembre,
Nott maria
jeune chef de Huahine. Ceci fut im¬
médiatement pris pour prétexte pour
raviver les
hostilités qui avaient marqué la crise de 18301831.
Aussi bien Moorea que Tai'arapu protes¬
toutes
la
infamies.
ces
Reine
au
contre
tèrent
approbation
mariage,
ce
qui
avait
la
pleine
Paofai et des autres chefs. En ce
cas,
cependant,
l'opposition se prétendait du
cOté des lois,
affirmant que la Reine avait en¬
freint
les lois sur le mariage.
Une députation
de Taiarapu ne
réussit pas à retarder l'union,
et s'en fat,
en proie
au mécontentement.
Orsmond
conseilla aux chefs d'écrire une courte suppli¬
que à la Reine,
lui expliquant "qu'ils s'étaient
opposés à ses désirs uniquement en considération
des lois,
telles qu'ils les interprétaient, mais
depuis Tahiti tout entier était d'accord,
que,
ils en étaient satisfaits et n'avaient plus
qu'à
lui
souhaiter paix,
bonheur et prospérité".
(1)
Sans
tarder, Ta'aviri suivit l'avis d'Orsmond
et écrivit la lettre d'acceptation.
La
plus
de
opposition au mariage vint des
Fanaue, le Chef-Juge de cette
île, était décidé à porter l'affaire en justice.
Tati
et les autres juges décidèrent d'entraver
l'intervention de Fanaue,
et Tati envoya cher¬
cher
Ta'aviri
pour
l'aider à cet effet. Les
chefs
de
Tai'arapu, avec l'appui d'Orsmond,
chefs
de
forte
Moorea.
conseillèrent
Pare.
neurs
à
(2)
firent
avaient
son
de
ne
pas
se
rendre
à
de décembre, tous les gouver¬
juges reçurent l'ordre de se réunir
leur influence à protéger
user de
dans
l'affaire
intentée par les
habi¬
grand nombre de ces derniers
traversée
de Tahiti,
afin de juger
la
Un
d'obtenir
et
même
au
Ta'aviri
Moorea.
de
Pa'ofai
la
pour
Reine
tants
à
la fin
les
et
Pare,
la
A
moment,
abandonné
arrivée,
mission
se
la
les
la
dissolution
chefs
mission
rangèrent
d'Orsmond
de
de
du mariage,
Tautira, qui
d'Orsmond
lors
de
du cêté de Moorea. A
Teahupo'o, il y eut
quelques
discussions. Les chefs subissaient
l'influence de l'envoyé de Tapoa et ils tinrent
une
assemblée, le 4 Janvier 1833, pour décider
Décembre 1832,
(1)
Orsmond,
(2)
Orsmond, 17 Décembre 1832,
7
Société des
S.S.d. N' 100.
S.S.d. N" 100.
Études
Océaniennes
277
rétracter leur signature de la
d'acceptation, s'il fallait Juger Moorea
ou
encore
s'unir à Tautira et affirmer leur dé¬
termination de juger Pa'ofai et ses collègues.
Orsmond réussit à les dissuader de se mêler à
cette affairq.
■
s'ils
allaient
lettre
étaient venus de Moorea pour juger
déboutés, jugés à leur tour et
condamnés à travailler aux fortifications de la
Reine.
Ils s'en retournèrent très déçus à Moorea
et Simpson remarqua,
à Pape to ' ai , une désaffec¬
tion des écoles.
(1) Beaucoup abandonnèrent "et
la loi et l'évangile"
et il est possible que les
doctrines Mamaia aient alors pris quelques
raci¬
nes.
Ceux qui se montraient en
faveur des lois
contre le mariage furent condamnés au bannisse¬
ment et au travail
forcé. On s'aperçut que quel¬
ques indigènes achetaient alors des fusils et de
poudre. A peu près à la même époque, il semble¬
rait
que Ta'aviri,
le chef-juge de Tai'arapu,
ait été jugé pour
acceptation du mariage, par
les juges de Tautira. En conséquence de quoi les
autres chefs-juges
de Tahiti dépêchèrent Tati
et
quelques autres Juges des districts pour
juger ceux de Tautira à leur tour. Le 17 Jan¬
vier, Tati et tous les juges se mirent en route
pour Tautira, via Teahupo'o "en équipement guer¬
rier". Ta'aviri, Vahama'i et les autres chefs
des districts du Sud,
décidèrent de prendre les
armes
et rassemblèrent une troupe pour aider les
gens de Tautira à résister à Tati et aux Juges.
Orsmond dit aux chefs qu'il était "pour la paix
et pour le Roi",
et entreprit de les détourner
de leurs desseins.
Ta'aviri se laissa persuader
et envoya des messagers pour rappeler les hommes
en
qui avaient déjà parcouru environ deux
armes,
milles. Orsmond tenta aussi de détourner Tati de
ses
projets. Tati, cependant, était bien décidé
à juger les juges de Tautira. Les habitants de
ce
district reçurent très
rudement Tati qui,
avec
plusieurs des autres Juges, fut même ligoté
avec
des cordes.
(2) Après cet incident, les
Ceux
Pa'ofai
(1)
(2)
qui
furent
Simpson, 18 Ma! 1833, S*S.J.
Voir Darling, 10 Avril 1833,
Société des
S.S.L.
Études
Océaniennes
278
hostilités
étaient
inévitables.
Tati
obtint
retourna à Papeari. Le
fait que Tati et ses compagnons eussent pris les
armes
contre
la loi,
fut considéré comme rebel¬
qu'on
le
relâchât,
et
de la Reine. Orsmond écri¬
demandant de requérir de Pomare
la réunion d'une assemblée générale à Tarahoe,
pour examiner à nouveau
la question du mariage,
réintégrer les chefs de Moorea dans leurs fonc¬
tions et "voir par quels moyens on pourrait ré¬
tablir
les
lois".
(1) A ce moment toute la
"fleur de Taiarapu"
était sous les armes. Une
assemblée fut tenue par Pomare, Tati et les au¬
tres
chefs, et il fut décidé que les chefs de
Tai'arapu auraient à être Jugés pour avoir
recouru
aux
armes,
et qu'ils s'estimaient satis¬
faits en jugeant Ta'aviri et Vahama'i.
(2) En
conséquence, un messager de Pomare arriva à la
mission d'Orsmond,
demandant que les deux chefs
et "tous
ceux
qui les avaient suivis" soient
jugés. Orsmond et les habitants essayèrent de
persuader les autres chefs de livrer les deux
ce qui
leur fut refusé. Orsmond était
meneurs,
tenté d'approuver leur résistance,
bien qu'elle
lion
vit
au
à
Gouvernement
Tati,
lui
à une loi de Mars 1832,
car
Paofa'i et la Reine étaient dans
leur
tort. Le 26 Janvier,
Tati envoya un autre
messager,
demandant que Ta'aviri et Vahama'i
soient livrés et,
deux jours plus tard, un cer¬
tain
nombre de Juges arrivèrent pour les Juger.
Ta'aviri
et Vahama'i
dépêchèrent des envoyés
pour inciter ceux qui étaient sous les armes A
s'en retourner chez eux. Les juges firent nette¬
ment savoir que
les meneurs n'en seraient pas
moins Jugés,
et ceci équivalait à une déclara¬
tion de guerre.
Orsmond décrit l'arrivée d'une
bande d'insurgés,
qui atteignirent sa mission le
2 Février.
11 Si étaient armés de "pique de la
la plus primitive,
sorte
de bayonnettes, de sa¬
bres et de vieux mousquets".
Il prétendit avoir
alors essayé de
les convaincre de la vanité de
toute
résistance, et s'être mis en prières avec
eux.
Le même jour, une députation de mission¬
naires
arriva, comprenant Davies, Darling et
fut
il
(1)
(2)
en
contravention
pensait
que
Orsmond, 22 Janvier 1833,
Aussi nommé Telele.
Société des
S.S.d.
Études
N* 100.
Océaniennes
279
qui
Pritchard,
essayèrent
d'obtenir la sou¬
faute de quoi ils retireraient
Orsmond de sa mission.
Ils avaient avec eux une
lettre
de Pomare,
ordonnant à Orsmond de se
retirer à Papara.
mission
aux
lois,
une
assemblée fut tenue à
demanda aux assistants qui
"était pour les lois,
l'Evangile et le Roi", et
qui était contre. Environ quarante hommes firent
savoir que,
si Orsmond devait partir, ils le
suivraient. Mais la majorité fut en faveur de la
Le
Février,
4
l'on
et
l'église
résis tance.
étaient fermement convaincus d'avoir
qu'ils eussent ligoté les chefs
juges avec des cordes et accepté de prendre les
"(Tous)
bien
raison,
le
contre
armes
Ils
firent
féraient
Roi".
(1)
savoir à la dépu tation qu'ils pré¬
plutôt que se soumettre. Le
combattre
Darling et Pritchard repar¬
rendant à une assemblée
avec
les chefs et Pomare. La guerre était immi¬
nente. Le 7 Février, Orsmond et sa famille quit¬
taient leur maison. Jusqu'ici,
rien n'a été dit
de la participation de la Manaia à cette affai¬
re.
Dans les rapports,
autres que celui d'Orsmond, la cause de l'insurrection est directement
liée à. la Mamaia.
"La raison de la conduite
obstinée de ces gens" écrivait Darling,
"semble
Être
relation avec la doctrine de ces fous
en
visionnaires. Deux hommes parmi eux prétendaient
être
inspirés, pour leur dire qu'ils étaient
sûrs
de vaincre".(2)
Ces deux hommes, qui s'in¬
titulaient eux-mêmes Peropheta,
étaient Tutuai
et Vaipai.
(3) Non seulement promettaient-ils la
victoire aux insurgés, mais ils les exhortaient
à revenir aux anciennes coutumes et à répudier
même
jour,
tirent
Davies,
Pare,
pour
entièrement
Le
mère,
grands
les
se
lois.
7 Février,
la tante de la Reine
Utami, Pa'ofai, Tati, Hitoti et les
chefs
sa
s'armèrent et prirent le chemin de
(2)
Orsmond, 4 Février 1833, S.S.d. N" 100.
Darling, 10 Avril 1833, !8 Ma' 1833, S.S.L.
(3)
Voir Moerenhout 1837, 1 ! 337*
(1)
et
autres
Société des Etudes Océaniennes
280
Tous les guerriers de Tahiti se pré¬
paraient au combat. Tati fit une tentative dé¬
sespérée pour empecher la guerre et, le 11 Fé¬
vrier, il se rendit au camp des rebelles. Il ne
put arriver à persuader Vahama'i de se rendre,
mais
Ta'aviri revint avec lui et fut jugé. Il
fut reconnu
coupable, privé de ses droits et
condamné à faire 200 mètres de route pour la
Reine.
La paix fut à nouveau rétablie, et l'ar¬
mée
se
retira. La reddition de Ta'aviri semble
avoir fait partie d'un complot organisé, un sub¬
Tai'arapu.
terfuge pour distraire la vigilance des princi¬
chefs, car, dès que l'armée eût commencé à
se
retirer vers les autres postes,
Ta'aviri et
paux
comparses
ses
décidèrent d'attaquer.
Environ
huit cents hommes de Tai'arapu poursui¬
virent l'arrière-garde de l'armée.
Ils décla¬
rèrent qu'ils n'acceptaient pas
la paix et
qu'ils étaient bien décidés à juger Pa'ofai. Le
premier combat' eut lieu le 12 Février. La fusil¬
lade dura près de
trois heures et les rebelles
furent finalement contraints à s'enfuir dans les
montagnes. Selon Darling, vingt cinq ou trente
d'entre
eux
avaient été tués, alors que les
pertes de l'armée de la Reine étaient de six.(l)
Orsmond affirme que les combattants furent sui¬
vis par des centaines
de personnes, venues là
seulement dans l'intention de piller et de dé¬
truire, et il dit que les têtes des morts furent
réduites en bouillie.
(2)
sept
ou
d'Orsmond fut en partie détruite.
planchers de la vieille et de la nou¬
velle chapelle de Teahupo'o furent enlevés pour
faire des cercueils aux morts.
Ta'aviri fut tué,
les
rebelles retournèrent chez eux et les autres
chefs
furent jugés
et bannis de Tahiti. La ré¬
pression de la révolte de Tai'arapu mit fin aux
tentatives de restauration des anciennes coutu¬
mes
de Tahiti,
et à toute agitation politique
organisée. La défaite des rebelles était, vir¬
tuellement, celle des Mamaia qui avaient prophé¬
tisé leur victoire et s'étaient groupés autour
de la personne de Ta'aviri.
Toutefois, il y eut
un
des
aspects du mouvement qui continua à susLa
Même
(1)
12)
mission
les
Darling, 10 Avril 1833, S.S.L.
Orsmond, ig Février 1833, S.S.d.
Société des
Études
N* 102.
Océaniennes
281
l'intérêt des Indigènes : car ses meneurs
prétendaient avoir des dons de guérisseurs.
Quelques uns des guérisseurs qui furent notoires
à cette
époque, peuvent très bien n'avoir eu
aucun
lien direct avec la Mamaia, néanmoins les
citer
considéraient également comme
En outre, les meneurs de la
Mamaia eux-mêmes se targuaient d'être en mesure
de faire les mêmes miracles de guérison que ceux
accomplis par le Christ. Dès Novembre 1828,
Barff avait fait mention de telles prétentions
de la part des visionnaires de Huahine.
les
missionnaires
induits
en
erreur.
1833, Darling écrivit que sa mission
touchée par Satan d'une autre manière,
et qu'un homme se vantait de pouvoir guérir les
maladies en ordonnant au mauvais esprit respon¬
sable de quitter le corps affecté. Darling dit
que cet homme avait accompli des cures en
rentes occasions,
et que les gens accouraient
(1) Beau¬
vers
lui de tous les autres districts.
coup d'entre eux
croyaient qu'il possédait un
don surnaturel.
Les maladies et la possession
par le mauvais esprit n'étaient pas seulement
associées dans les récits des Ecritures, mais on
En
avait
Mai
été
diffé¬
la même
retrouvait
association dans l'ancienne
trait
religion. Platt raconte une histoire ayant
à
l'origine d'une maladie, lors des troubles
créés par les visionnaires à Borabora en 1828.
Le soir du 20 Octobre,
un chien aurait continué
d'aboyer très bruyamment, jusqu'à ce qu'un en¬
fant de
quatre ou cinq ans eut été saisi de
convulsions. Tous les gens du voisinage, à l'ex¬
ception
d'un
seul,
affirmèrent que le chien
aboyer à- 1'approche d'un "oromatua", qui avait pris possession de l'enfant, et
ils refusèrent de croire que le dit enfant souf¬
frit de quelque maladie.
(2) Le guérisseur de
PUNAAUIA soutenait aussi que les maladies
étaient causées par les péchés des parents des
s'était mis
malades
et
esprits".
(1)
(2)
à
pratiquait
En Janvier
"l'expulsion des ti'i ou
1834,
Darling écrivait
Darling, 13 Mal 1833, S.S.L.
Platt, 21 Octobre 1828, S.S.L. Un »0roroatua«
malfaisant d'une personne défunte.
Société des
Études
était l'esprit
Océaniennes
282
qu'il avait mené ses cures trop loin,
obligé de quitter le district. (1)
avait
et
été
Les
la
Mamaia
guérison
eux-mêmes
spécialisaient
se
dans
utilisant à cet effet
des maladies,
de guérison par
qui possédaient le
•mina"
ou
pouvoir, étaient des hommes rusés,
experts en thérapeutique mentale
observateurs,
et
capables d'analyser les causes extra-physi¬
ques des maladies. La réputation des guérisseurs
Manaia sauva la secte de la dispersion complète
après l'échec de la révolte de Taiarapu, et Teao
et ses
adeptes continuèrent de guérir les mala¬
des à
leur établissement,
dans le district de
Ils
Faa'a.
étaient particulièrement spécialisés
incantations
les
la
dans
les
et
Généralement,
foi.
le
traitement
méthodes
ceux
des
maladies
C'est, éventuellement, leur
pouvoir de guérison qui fut
annihilation
de
la
foi
vénériennes.
en
cause
leur propre
de la totale
secte.
A
part la communauté groupée autour du pro¬
Teao à Faa'a, les Mamaia firent peu parler
d'eux dans les îles après 1833« En Juillet 1834,
phète
Davies
se
réfère
aux
Mamaia
comme
à
"une
espèce
antinomiens", qui avaient, au début
"eu
quelques prétentions de religion", mais que,
maintenant, cela était "à peu près abandonné"et
qu'ils se montraient à peine différents des
tutae ' auri,
"étant tout aussi immoraux". Ils
étaient peu
remarquables "en tant que classe
distincte", et il prédisait que, en raison du
fait que la nouveauté du mouvement s'était dis¬
sipée, ils "tomberaient dans l'oubli". (2)
de
(1)
sauvages
Ce
n'est peut-être
Punaaula
ait
été
la
pas pure coïncidence que, plus tard,
résidence de Tiural, le "plus grand des
guérisseurs Tahttîens", qui ne naquit pas avant 1835,
en
le placent en
1918« Les récits concernant Tiural
tradition directe avec les guérisseurs visionnaires,
et
peut-être avec la tradition de guérisseurs de l'époque préChrétienne. En dehors de ses pouvoirs de gué rl sseu r. Tiural
était renommé pour avoir le don de prophétie, et pour avoir
fait un "grand nombre de prédictions
extraordinaires", tou¬
tes
réalisées. Des légendes courirent au sujet des grands
mourut
(Voir Suite
Société des
Études
-
en
dernière pïëe -)
Océaniennes
283
A
l'assemblée
Mamaia
çues
d'avoir
de
et admises,
11 fut reproché aux
changer les formes re¬
1834,
essayé
de
et d'établir de
nouvelles doc¬
fins particu¬
l'assentiment de la majorité, (1)
Un certain nombre de lois réformatrices furent
mises
en
vigueur. Elles comprenaient une loi
Interdisant les boissons alcooliques,
et une
autre rendait obligatoire la présence à l'église
et la
fréquentation des écoles. Cette législa¬
tion
empêcha encore davantage la Mamaia de
trines
lières,
cérémonies
et
pour
leurs
sans
prospé re r.
Aux Iles-Sous-Le-Vent,
le mouvement continua
probablement plus longtemps qu'A Tahiti, bien
qu'il n'y en ait eu que peu de traces après
1834. En Novembre 1835,
Barff relatait la mort
d'un homme nommé Obu piti,
qui avait été «égaré
par la folie visionnaire".
Cet homme se repen¬
tait, sur son lit de mort, et se lamentait de
n'avoir pas
écouté les conseils de Williams.
Barff le décrit comme tellement affecté que cha¬
de ses muscles était le siège d'une "violen¬
cun
te agitation",
et qu'il avait le corps couvert
d'une abondante transpiration.
(2) Ma'i, le chef
rebelle de Borabora,
continua aussi à vivre en
état de paganisme.
Moerenhout rapporte qu'il
avait pris plusieurs
femmes et qu'il vivait
ouvertement d'une manière qui n'eût meme pas été
permise au temps de l'ancienne religion. (3) En
1835, Barff parlait de son accoutrement de sau¬
vage,
et le considérait comme "un grand meneur
en
péché et malfaisance". (4) Il vivait dans la
vallée
de
Fa'anui, oh son groupe refusait de
les lois, et oh il n'y avait aucune
du Sabbat. Hue,
le deuxième prophète
reconnaître
observance
du
mouvement,
gagner
se
noya
à
Taha'a,
en
essayant de
Huahine A la nage.
vécut A Fa'a'a
date A laquelle le mouvement fut
virtuellement terminé par sa mort et celle de la
plupart de ses fidèles. Les missionnaires consiTeao,le premier des Peropheta,
jusqu'en
(1)
W1 Iks,
1841,
TAHITI, 88.
Barff, 2 Novembre 1835, S.S.L.
(3) Moerenhout, 1837, 2 : 515.
14) Barff, 7 Novembre, 12 Novembre 1835,
(2)
Société des
Études
S.S.L.
Océaniennes
284
l'extinction de la Mamaia comme un
particulier de la Providence, et s'é¬
merveillèrent du fait. Pendant le cours de l'an¬
née
une
1841,
épidémie de petite vérole fit
rage. Les missionnaires entreprirent de combat¬
tre la maladie par
la vaccination, et réussirent
à en enrayer les progrès.
Cependant, les Mamaia
refusèrent d'etre vaccinés, insistant sur l'ef¬
dé rèrent
bienfait
ficacité
de
leurs
propres
cures.
premiers adeptes marquants de la secte
l'un des chefs et Juge Suprême de
Moorea.
Bien qu'il
fut membre de l'église, il
semblait néanmoins
regretter les vieilles coutu¬
mes.
Pendant un
séjour à Tahiti, il contracta
maladie vénérienne,
une
mais, à son retour à
Moorea, il nia toute inconduite. Puis il rejoi¬
gnit le groupe des Mamaia à Fa'a'a, lesquels,
à cette époque,
étaient réputés pour leur habi¬
leté à guérir ce genre de maladies, et,
à ce mo¬
ment, il adopta pleinement les idées des vision¬
naires.
Toutefois, au lieu de guérir, il perdit
l'usage de ses membres, et même la vue, alors
qu'il suivait leur traitement. Vers le mois de
Mai
1841,
il retourna à Moorea, avec sa femme,
sa
famille
et un prêtre^ Mamaia.
Pendant le voya¬
ge,
ils dormirent dans une maison où il y avait
cas
un
de petite
vérole. Ils n'éprouvèrent au¬
cune
crainte, persuadés d'être les favoris de
Dieu et,
en
conséquence, qu'aucun mal ne pour¬
Un
des
fut
Tere,
rait
leur
arriver.
Puis
ils
firent
la
traversée
jusqu'à Afareaitu, où ils passèrent deux nuits.
Tere crut que
la maison d'Afareaitu où ils lo¬
gèrent était si pleine d'esprits qu'il ne pou¬
vait y dormir,
et ils s'acheminèrent donc vers
Teavaro.
Quaranre-huit heures plus tard,
le
prêtre Mamaia présentait des symptômes de petite
vérole, et il mourut au bout de quelques jours.
La victime
suivante
fut la
femme de
Tere, puis
un
de
ses
beaux-fils, puis un de ses enfants en
bas-Age, suivi par une de ses soeurs et son
beau-frère, jusqu'à ce que, en tout, treize mem¬
bres
de
sa
famille eussent péri
de la petite
vérole. Lui-même la contracta, mais s'en guérit.
Howe le décrit comme
"gisant sur son lit, aveu¬
gle et boiteux, conséquence de son péché se¬
cret".
(1)
(1)
Howe,
20 Octobre,
184-1,
S.S.L.
Société des
Études
Océaniennes
285
Un
frères
des
Mamaia.
Il
était "prédicateur"
l'établissement de Fa'a'a,
Tere
de
retourna
à
apportant la maladie. Elle se propagea avec
telle rapidité que le district était presque
littéralement sans un habitant.
Plus de cent
y
une
personnes en moururent. Darling
missionnaires ne s'étaient pas
écrit que les
rendu compte
étaient si nombreux, tant qu'ils ne fu¬
rent pas "fauchés" par la petite vérole.
Une des
femmes du groupe se
rendit à Papetoai, oh treize
personnes
appartenant à la secte moururent.
-écrivait Howe- "la secte de l'erreur
"Ainsi"
était destinée à devenir la source du
trépas".
qu'ils
(1) Eliza Pritchard écrivit avec exaltation
qu'ils avaient été "soudain détruits racines et
branches",
et qu'à que1qu'endroit de Tahiti oh
un
deux d'entre eux vivaient "la maladie sem¬
ou
blait aller les y chercher,
pour qu'ils devins¬
sent ses victimes".
(2) On ne doit pas s'étonner
l'épidémie ait été si meurtrière, si
compte du refus des Manaia d'être
vaccinés, et des tentatives qu'ils firent d'en¬
rayer
le mal par leurs propres moyens. Darling
affirma qu'ils
allèrent jusqu'à "blasphémer"
de
ce
l'on
que
tient
l'idée
de
vaccination.
"le
de
Fils
"Pourquoi
vacciner
?"
ironiquement aux missionnairesDieu n'a-t-il pas été
transpercé
-demandaient-i1
s
nous,suivant ce que dit votre enseignement,
et devons-nous être
transpercés à nouveau ?".(3)
Leur moyen de guérison était de
répéter conti¬
nuellement certaines incantations,
et de répéter
certaines choses qui leur avaient été
transmises
par
les esprits qui les possédaient. Lorsque
l'épidémie commença à Papeete, ils se vantèrent,
pour
( 1)
Ib1d.
(2)
E.
Février 1812, 5.5.L. Joseph Smith, un plan¬
affirme que l'épidémie de petite vérole de
"faucha dans les quelques mois qui suivirent son appa¬
Pritchard,
teur
ISil
rition,
opposé
à
13
îles,
des
environ 150 personnes dans un seul petit district
le vaccination". Parmi les victimes qui en mouru¬
"quelques-unes essayèrent de fuir les malsons déser¬
les vallées, et furent dévorées par les cochons
sauvages". Il confirme le fait que "la racine de cette r1d ! _
rent,
tées
pour
(Yoir suite
Société des
Études
-
en
dernière page -)
Océaniennes
286
au
début,
en
étaient
cantations.
Ils
facilement guérir ceux qui
moyen de prières
èt d'in¬
considéraient la petite vérole
l'une
des
maladies
comme
de
"oniho",
nom
rait
facile
appropriés.
cercle
de
pouvoir
atteints
au
connues
d'eux
sous
le
éruption de la peau qu'il se¬
de guérir avec des remèdes indigènes
Le malade était placé au milieu d'un
une
membres
de
secte.
la
On
ouvrait
alors
pustules, pendant que les gens répé¬
taient leurs prières.
Bien entendu, l'épidémip
se
propagea très rapidement,
après qu'un ou deux
cas
traités de
telle
eussent été
façon. De trois
à
cinq personnes mouraient chaque jour à Fa'a'a,
presque
toutes enterrées sans bière. Parmi elles
se
trouva Teao qui,
comme le dit Darling "mourut
misérablement de la petite vérole dans
la brous¬
toutes
se".
ses
"Ainsi"
-continuait-il-
dans
avec
envoyés
leur
main
Outre
l'éternité
droite".
(1)
les
"ils
un
furent
tous
mensonge
dans
prétentions de guérison
miraculeuses, on ne sait
foi
de
choses des doctrines générales pratiquées par la
secte
Howe les considère comme ayant
après 1834«
des
analogies avec celles des Catholiques Ro¬
mains, et appelle les membres de la secte "des
gens préparés pour
les papistes".
(2) Ils refu¬
saient de participer à l'ordinaire de la Commu¬
nion, croyant que,
le pain et le vin étaient
réellement le corps et le sang du Christ.
Ceci
parait avoir été une nouvelle doctrine, qui a
très bien pu être suggérée par les renseigne¬
ments
fournis par le tract d'Orsmond contre les
Jésuites, ou par d'autre propagande anti-Catho¬
lique. Il était naturel que ceux qui se trou¬
et
les
cures
vaient
conflit
avec
les
doctrines
-ou
par
que
la
peu
missionnaires, Adop¬
ce
qu'ils croyaient
les
être
doctrines- de ceux condamnés par les
dits missionnaires. Darling,
lui aussi, croyait
que
les Mamaia se seraient ralliés au parti
Catholique, si l'épidémie les avait épargnés. (3)
Pendant
les
années
de
son
déclin, la secte
Mamaia n'était plus qu'une communauté réduite et
mécontente de "guérisseurs par la foi" et d'iren
tassent
(1)
Darltng,
(2)
Howe,
13)
Oarling,
20
les
Rapport, 18 Janvier 1842,
Octobre 1841, 5. S. L.
Rapport, 18 Janvier 1842,
Société des
Études
S. S. L.
S. S. L.
Océaniennes
287
réductibles.
absolument
trouva
dès
sans
La Mamaia
1833.
après
réactions
Ses
réprimées
été
toutes
antérieures
avaient
1830 et ce mouvement se
importance politique
fut une
manifestation cu¬
tout à fait inattendue du pro¬
d'un brusque changement de civilisation.
cessus
Les vraies racines du mouvement participent du
mécontentement, et des réactions qu'il provoqua.
Les
formes plus générales de ce mécontentement
n'ont
pas
toujours été les plus évidentes.
Lorsque les Tahitiens changèrent leur allégeance
d'Oro à Jéhovah,
ils reportèrent leur notion
mais
rieuse
pas
d'obligation réciproque. L'impuissance de la
religion à dispenser les richesses,
était suffisamment évidente. Une croyance répan¬
due dans les lies,
aux premiers
temps du Chris¬
tianisme,
était que le fait de savoir écrire
était
un
moyen
direct d'acquérir des biens.
avec grande déception,
Beaucoup s'aperçurent,
que les lettres qu'ils écrivaient étaient insuf¬
fisantes pour obtenir des biens alors que les
missionnaires et les trafiquants obtenaient
d'excellents résultats en usant des mêmes
nouvelle
Le même raisonnement était appliqué au
de contributions par le canal des éta¬
blissements auxiliaires de la société des Mis¬
sions de Londres. Les missionnaires enseignaient
que
la foi était plus importante que les tra¬
et que certaines bonnes actions, particu¬
vaux,
lièrement les offrandes, n'étaient comptées pour
rien
dans
le
salut. Le Polynésien, avec son
concept de réciprocité des obligations entre les
moyens.
système
cile
qui
ses
de
trouva ce principe diffi¬
les humains,
saisir. Il était mécontent d'un système
et
dieux
à
assurait pas le
lui
ne
salut en échange de
actions, parmi lesquelles la
contributions. D'autre part, beaucoup
bonnes
mécontents
tion
du
des
titre
groupes
remise
étaient
règles appliquées pour l'attribu¬
membre de l'église. Dans leurs
de
particulièrement celui connu
païens,
l'appartenance
social, et les chefs sa¬
vaient à quoi s'en tenir. Ceux qui n'étaient pas
capables de saisir la signification du système
le considéraient comme arbitraire et injuste et,
particulièrement ceux qui pensaient avoir fait
pour l'église et pour les missionnaires davan¬
sous
était
tage
le
nom
de
fonction
que
"Arioi
du
Society",
rang
quelques-uns des membres
agréés. Une
288
de mécontentement,
fut l'impossibi¬
comprendre comment les Tahitiens et les
Européens pouvaient partager le même Dieu. Il y
autre
source
lité
de
avait
élément
un
dualisme
de
très
nettement
mar¬
l'ancienne religion Polynésienne. Un
tel genre de dualisme est
typique dans les en¬
seignements de la Mamaia. Des différences fonda¬
dans
qué
mentales
dans
les
caractères respectifs et la
doivent être prises en consi¬
dération pour expliquer
le choix du Dieu domi¬
Alors que,
nant.
les pro¬
en Nouvelle-Zélande,
phètes llauhau se réclamèrent de Jéhovah comme
de
leur divinité
propre,
le Christ étant celui
des blancs,
les prophètes Tahitiens prétendirent
leur inspiration venait exclusivement du
que
Christ.
Bien qu'il n'y ait aucune preuve directe
qu'ils eussent considéré Jéhovah comme étant le
Dieu particulier
des missionnaires, il semble
qu'ils croyaient que le "Dieu des Européens"
était uniquement un Dieu diurne.
Ils parlent de
la Bible
comme
d'un
livre noir,
cependant que
leurs propres
révélations constituaient un livre
blanc.
Sans
aucun
doute,
la réaction la plus
générale contre le Christianisme ne fut qu'une
réprobation des restrictions morales et de la
sévère discipline imposées par les chefs et par
couleur
les
de
la
peau
missionnaires.
Les
doctrines
hérésie,
Mamaia
furent
essentiellement
tentative
peut-être d'"adaptation"
des
enseignements des missionnaires aux
conditions particulières inhérentes au milieu et
aux
événements. Elles crûrent rapidement à par¬
tir
de
l'Enseignement Chrétien car elles pou¬
vaient se baser sur la large part accordée dans
la Bible à la prophétie,
et à l'ambiguïté dogma¬
tique de certains de ses passages. Il n'était
plus question d'Oro ni de Tane, mais le nouveau
Christ et ses Apûtres avaient beaucoup de traits
communs
avec
leurs prédécesseurs Polynésiens.
Ce
fut un mouvement spécifiquement nativiste
(1),
une
établi
mais
moitié
ciens
11)
cadre
un
Chrétiennes
à
de
la
suivant les an¬
pensée cosmo1ogique,
MOhlmanr,
"Ariol
quelques
dans
d'idées
interprétées
cheminements
vieille
te
dans
digérées,
Suivant
sous
une
1955» 'a Mamaia fut une résurgence de la
Society", ré-lnstaurée en termonologîe et
formes
l'esprit de
la
de
ses
"nouvelle
membres
Société des
par
Études
connaissance"
l'arrivée
des
Océaniennes
Introdui¬
Européens.
289
selon
laquelle la double divinité
régnait souverainement.
de la genèse
sexuelle
tout, la Mamaia,ou hérésie vision¬
dépendu d'un grand nombre de circons¬
tances
historiques, qui ont favorisé son éclosion.
La théologie Calviniste, les mouvements de
dissidence antérieurs,
les règlements d'inspira¬
tion missionnaire,
les réactions et le méconten¬
tement d'ordre politique,
l'impossibilité de
comprendre la supériorité technique des Euro¬
péens et un contact prématuré avec les passages
des Ecritures et des doctrines ardus,
tout cela
contribua
à
donner un tremplin à un ou deux
Par-dessus
naire
a
"rêveurs
de
rêves".
POST-SCRIPTUM
L'année
la
de
1841
Mamaia
?
a-t-elle
Certes
Septembre 1961
—
marqué
oui,
s'agisse des missionnaires.
la véritable fin
autant qu'il
pour
Cependant, de s preu¬
tendraient
de la Mamaia a
longtemps dans
l'esprit des habitants des districts de Papeete
et de Punaauia,
où le mouvement avait pris nais¬
sance.
Ces traditions semblent jusqu'à mainte¬
nant sans grande valeur pour
la reconstitution
des véritables éléments doctrinaux du mouvement,
quoiqu'elles puissent fournir au psychologue ou
l'anthropologue de précieux renseignements sur
son
origine. La seule information historique à
retenir de ces récits est qu'il
est possible que
continué à survivre dans des po¬
la Mamaia ait
ches isolées dans les vallées proches de Papeete
et de Punaauia,
bien qu'il doive être tenu comp¬
te
de ce que
ces souvenirs sont antérieurs à
1841, et, de plus, du fait que les vallées de la
Mamaia étaient remplies en bananes sauvages, ou
f e ' i,
et il semblerait qu'ils les mangeaient
crues.
Au-delà, nous entrons dans le domaine du
ves
recueillies
à
Tahiti
en
Août
1961
faire croire que le souvenir
subsisté pendant beaucoup plus
à
my
the.
Société des
Études
Océaniennes
290
Gustave
Mr.
tout
Brodien,
Henry,
Jeune
homme,
de l'érudite Poly¬
souvient que, étant
neveu
Teuira
nésienne
se
début de
au
ce
il s'en
siècle,
cochons sauvages dans la
vallée de Tipaerui. Cette vallée est d'un accès
difficile, et il se rappelle avoir eu à aider
ses
chiens, à certains passages, en raison de
la forte pente.
On lui avait décrit cette vallée
comme
"te
fenua o
te mamaia",
les fe'i y pous¬
saient
en
quantité et les cochons sauvages
fut
à
la
étaient
Ralph
la
chasse
aux
nombreux.
Gardner
survivance
Punaauia.
(1)
Nous
White,
de
Le
la
sommes
de
Mamaia
récit
redevables
Tahiti,
en
dans
à
Mr.
de
ce
récit
de
le
district
de
question
fut
fait par
nommé Tutehau, qui le tenait luidepuis de nombreuses années, d'un homme
appelé Tau, alors âgé de 84 ans.Il narre comment
Tau,
alors qu'il était un tout jeune homme,
un
vieillard
même,
étant
allé
cherche
de
dans
la
vallée
de
Punaauia
à
la
re¬
plantains,
aperçut un Mamaia
semblerait également
endormi
sur
le sentier.
Il
que les
Mamaia étaient vêtus d'un pareo noir et d'une
chemise blanche,
pour être plus
difficilement
visibles, et qu'ils se conduisaient comme des
revenants, jetant des pierres et des couteaux
sur
ceux
qui suivaient ces sentiers. Tau et ses
amis, s'étant emparés du Mamaia, l'attachèrent
verte avec des cordes.
Le prison¬
avait des ongles excessivement longs,
griffa le bois jusqu'à ce que le sang coulftt.
Il
avait
aussi
"les
cheveux
irrégulièrement
longs". On le garda à l'attache sur une longe à
Taapuna pendant quatre jours ; à la fin du qua¬
trième il commença à manger, mais seulement des
fe'i
crûs.
Ceux qui
l'avaient capturé finirent
l'apprivoiser et obtinrent de lui qu'il
par
consentît à porter un pareo.
On lui apprit éga¬
lement
à parler,
puis il lui fut posé de nom¬
breuses questions au sujet de la Mamaia.
à
une
nier,
branche
qui
"S'ils
étaient beaucoup,
et nombreux.
Il
qu'ils étaient nombreux, mais ce fait
ne
pouvait être discerné à vue d'oeil, car leur
principale occupation était de grimper sur ces
plantains pour s'en nourrir. Lorsqu'ils perce¬
vaient l'odeur d'un être humain,
être humain
vivant,
eh bien, ils s'enfuyaient. Ils ne se
déplaçaient pas sur terre mais on aurait dit
confirma
(1)
Mr.
White m'a aimablement permis d'utiliser sa traduction du
verbal qui
lui a été fait II y a quelques années.
récit
Société des
Études
Océaniennes
291
qu'ils étaient des manifestations de l'esprit du
(ou des manifestations de boules de feu) ils s'élevaient,
s'élevaient de place en
car
mal
place, et ainsi de suite. Puis,
si tel était
leur désir,
ils redescendaient sur terre pour y
marcher à pied.
Ah.... et vous reproduisez-vous?
Il
répondit qu'en effet ils procréaient et se
multipliaient. Enfin, s'il vous était donné de
retourner parmi
eux,
déceleraient-ils votre
: -"Non, ils ne le pour¬
Ont'-ils des noms ? Ils en ont
jusqu'au dernier d'entre eux".
présence
raient
tous,
Il
?
de
Inutile
Plusieurs
se.
du
qu'avant la fin de ce récit,
membre communiant de l'égli¬
commentaires furent faits à la fin
dire,
devint
Mamaia
le
répliqua
plus".
un
concernant le langage des Mamaia.
récit,
pas comprendre leur langage.
auriez pu l'entendre mais ce n'é¬
tait que comme des grognements,
grognements dont
n'auriez pu dire ce qu'ils signifiaient.
vous
Oui... Peut-etre comme les animaux,
quoique ce
réel langage,
fut un
réel langage, en vérité."
"Vous
Certes,
ne
pouvez
vous
ainsi
semblerait
Il
ultérieurement,
esprits
à
un
Il
les Ma.in.aia devinrent,
de "menehune" (1),
habitant des vallées
élémentaires
qui,
avaient été leur dernier refu¬
société qui ne pouvait les com¬
moment donné
ge contre
prendre .
(l)
que
espèce
une
une
s'agit du "menehune" Hawaiien, qui ne doit pas être con¬
avec
le très différent "manahune" Tahltlen.
D'après
fondu
et Curtis, i960,
"Les Hawaiiens disaient que leur lan¬
ressemblait au sourd gnognement du chien, et que leur
rire pouvait être perçu d'une grande distance". Des rensei¬
gnements détaillés sont fournis par Luomala (I95I, particu¬
lièrement PP. 68-72). "Des hommes sauvages, réellement des
êtres humains qui furent des réfugiés de guerre ou des pros¬
crits de la société pour d'autres raisons, ont aussi fourni
matière à la mythologie océanique en ce qui concerne les
bandes forestières.
Ils errent seulement la nuit, vivant
Pukul
gage
seuls,
se
cachant
dans
l'Intérieur montagneux des îles,
Société des
Études
Océaniennes
ne
292
jamais de feu ni ne mangent de produits cuits, sont dé_
peignés, avec descheveux longs et une apparence féroce, et
dépouillent les voyageurs à Is faveur de la nuit". ( LuomaI a
font
:
I95I
83 )•
1
1928
les jets de pierres | Tahiti, voir Henry
Pour
229.
Renvois de
(1)
Orsmond
Darling,
à
copié
Janvier I83O,
(3) Cuming, Journal, 109.
(2)
Orsmond,
( g.)
Moerenhout,
(5)
Davies,
15
1837»
Rapport,
2
le 19 Novembre 1829,
la
page 25U
S. S. L.
N*
97
S. S. L.
515.
:
Mal 1827, S.S.L.
et 2 de la page 282
précédé à Punaauîa. Il
est symptomatîque qu'il
se prétendait être un fervent Catho¬
lique. Mais l'analogie ne s'arrête pas là- Tîuraî mourut des
effets d'une épidémie venue de l'extérieur de
la même maniè¬
re
Voir "PACIFIC IS¬
que les membres de l'ancienne secte.
Suite des renvois l
faiseurs
LANDS
de
merveilles
MONTHLY",
qui
-l'avaient
Novembre 1937
:
41-42-
Suite des renvois 2 et 3 de la pige 285
opposition se trouvait dans certains principes païens
non
encore
extirpés, et croyances qui animaient un certain
nombre d'indigènes de l'Ile appelés Mamaîa,
qui se trou¬
vaient dans
le district".
Il dît qu'ils pratiquaient "des
cures
suivant la méthode îrvdîgène, en succession". Sentimen¬
cule
tal
(3)
Remi
Darling,
n
î scenses,
Ross MC.,
Part
Rapport, 18 Janvier 1842,
Société des
Études
II,
pp.
41-42-
S#. S. L.
Océaniennes
B I BLIOGRAPH I E
SOURCES
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: Journal, April 1838 September 1856, M.
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MS Mitchell Library, A 1336 (Courtoisie des Di¬
recteurs).
DAVIES, John
: The History of the Tahitian Mission, MS
Library, London.
L.M.S.
LONDON MISSIONARY
SOCIETY: Australia Letters 1797
MS
L.M.S., Library, London (Courtoisie des Di¬
recteurs).
—
Seas
South
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1796
—
S.S.J.
MS
L.M.S.
Library,
London.
South Seas Letters 1796,
S.S.L. MS L.M.S. Library, London.
SMITH
Joseph : Ross Manuscript on Tahiti, MS 4 vols,
typescript, catalogued under Ross, Ernest A.R., whose
name
appears on the original manuscript. Annotated
by Teuira Henry, niece of Smith ; B.P. Bishop Museum,
Honolulu (Courtoisie des Directeurs).
Société des
Études
Océaniennes
SOURCES
ÉDITÉES
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«
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Mission
»,
Register,
Mene¬
N° 4, December, 1828,
334-358.
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