B98735210103_139.pdf
- Texte
-
BULLETIN
Société des Etudes Océaniennes
Phosphate»
XII
( N°
2)
1962.
Anthropologie
Histoire
—
—
Ethnologie
—
Institutions et Antiquités des
Littérature
Astronomie
—
PAPEETE
et
Océanographie
-
Philologie
Populations Maories
Folklore
—
IMPRIMERIE
Sciences naturelles.
OFFICIELLE
Conseil d'Administration
Président
M. Henri JACQUIER.
......
Vice-Président
M.
Secrétaire
Melle
Trésorier
M. Yves MALARDE.
Assesseur
M. Cdt PEAUCELLIER
Assesseur
Assesseur
M. Rudolphe CAMBRIDGE.
M. Terai BREDIN.
Assesseur
M. Martial IORSS.
Assesseur
M. Siméon KRAUSER.
Assesseur
M. Raoul TESS1ER.
Secrétaire-Bibliothécaire
un
Pour être reçu Membre
membre titulaire.
Bertrand JAUNEZ
Janine
LAGUESSE.
Musée 'Mlle
du
de la Société
se
NATUA.
faire présenter
par
Bibliothèque.
Le Bureau de la Société informe
ses membres que désormais
à domicile certains livres de la Bibliothè¬
que en signant une reconnaissance de dette en cas où ils ne
rendraient pas le livre emprunté à la date fixée.
ils peuvent emporter
Le Bibliothécaire
La
leurs
présentera la formule à signer.
Bibliothèque est ouverte aux membres de la Société et à
invités tous les jours, de 14 à 17 heures, sauf le
Dimanche.
La salle de lecture est ouverte
au
public tous les jours de
14 à 17 heures.
Musée.
jours, sauf le lundi de 14 à 17
jours d'arrivée et de départ des courriers : de 9 à
Le Musée est ouvert tous les
heures. Les
11 heures et de, 14 à 17 heures.
I
Société des Etudes Océaniennes
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ D'ÉTUDES OCÉANIENNES
(POLYNÉSIE ORIENTALE)
TOME XII
M»
139
—
(N° 2)
—
JUIN
1962.
SOMMAIRE
Pages
Archéologie
Notes
Note
archéologiques,
sur
sur
les groupes
l'île de Makatea (P. Vérin).
51
sanguins de Makatea ( Pierre
Vérin)
57
l'île
Me'etia, traduits, revisés et
augmentés par P. Vérin. ( Extraits de « Stone Re¬
mains in the Society Islands par K.P.. Emory) .
59
Quelques informations concernant les marae'de Tupai
( André Ropiteau )
81
Documents
sur
de
Histoire
Pièges à détente de Moorea
87
Bibliographie
92
Société des
Études
Océaniennes
Notes
archéologiques
sur
l'île de
IVIAKATEA.
(P. VERIN).
I.— Généralités
L'île de Makatea fait partie de l'archipel des Tuamotu.
Elle est située à 130 miles marins dans le nord-est de Tahiti
par
15° 30' de latitude sud et 148° 11' de longitude ouest.
Makatea est une île corallienne surélevée entourée de fa¬
laises de 50 à 80 m de hauteur, avec un récif frangeant. En
gros
l'île
orientée
a
du nord
couvre
la forme d'un haricot dont la partie concave est
le nord est ; elle est longue de 7,5 kilomètres
sud, large de 3 kilomètres d'ouest en est, et elle
superficie de 2.400 hectares ( lp. 1).
vers
au
une
L'île appelée Ma'atea par les Tahitiens est peut-être le
Sagittaria » que Quiros aperçut le 13 février 1606. Roggeven appela Makatea « Eyland Van Verwikking » (île de
la Distraction )
et non pas « Aurora » qui est probable¬
ment Manihi où le navigateur hollandais
débarqua le 2 juin
1722 (2 a p. 27).
«
Les hommes de Mœrenhout qui se rendirent en 1832 dans
l'île pour y faire du bois y trouvèrent des arbres de si grande
taille qu'ils ne pouvaient les transporter. Les arbres les
plus
gros
tant de
connut
Au
croissaient auprès des
ces
naguère
début
le nombre impor¬
à l'écrivain belge que l'île
population nombreuse (3. vdl 1. p 211).
marae et
structures fit supposer
une
du
vingtième siècle le gisement de phosphate
tricalcique couvrant le plateau du centre de l'île était re¬
connu
et
cette
découverte
allait
amener
l'installation
de
la
Compagnie Française des Phosphates de l'Océanie (CFPO)
qui entreprit l'exploitation des gisements et installa une in¬
frastructure industrielle.
Les habitations des immigrants furent d'abord établies à
MOUMU au nord est de l'île où se trouvait déjà un village
de
pêcheurs autochtones, puis s'installèrent à VAITEPAUA
la cuvette du centre du plateau où réside aujourd'hui
la majorité de la population ; un important village d'em¬
ployés de la compagnie et de pêcheurs existe aussi sur la côte
ouest à TEMAO, le port actuel.
dans
Société des
Études
Océaniennes
—
52
—
II.— Les sifes de surlace
Polynésie française ont vu leurs vestiges ar¬
chéologiques subir un anéantissement aussi complet qu'à Makatea. Lors d'un court séjour effectué entre le 5 et le 11 oc¬
tobre 1961 j'ai pu me rendre compte que les sites côtiers
avaient été érodés par l'action des éléments marins et que
les vestiges de l'intérieur avaient disparu à l'occasion des opé¬
Peu d'îles
en
rations d'extraction.
28 ) qui visita l'île en 1930 signale qu'à
bien préservé, Ra'iupu, avait survécu
et que l'on se souvenait de l'existence de 7 autres récem¬
ment détruits :
marae
Aro à Tearaa à l'ouest du plateau,
marae Teaotea,
Tefau, Poitia et Teihi ( à Tahue ) au centre
de l'île et marae Matapu - rei - hau et Aputera'i à Moumu.
Il ajoute que selon Teuira Henry le nom du marae du grand
chef Taruia pofatu était Tapuhina et que des manuscrits de
Emory (2
cette
époque
p.
donnent les noms de Tairoka
de marae de Makatea.
Takaroa
étant
a
un marae
et Tamapua
comme
ceux
Lors
de
mon
passage
l'existence de Ra'iupu n'était même
plus un souvenir mais les opérations d'extraction avaient
quelques années auparavant mis au jour à Pu'utiare ce qui
devait être un ancien complexe d'habitat. Dans son compte
rendu sur le site Villaret ( 5 ) mentionne l'existence de ter¬
rasses
et émet la supposition que Pu'utiare était naguère
peuplé par des habitants pré-polynésiens sans doute mélané¬
siens.
hypothèses ont été naguère formulées pour
régions de la Polynésie orientale, notamment pour
les Iles Hawaï que l'on prétendait avoir été à l'origine occu¬
pées par les négroïdes de petite taille, les Menehune. Les
fouilles ont démontré que dans le cas de l'archipel hawaïen
les premiers habitants étaient bien des Polynésiens ; de même
l'étude des matériaux osseux qui fait suite à l'article de
Villaret met en lumière le fait que les restes humains de
Pu'utiare appartiennent à des Polynésiens. L'archéologie de
l'intérieur des Iles de la Société commence à faire connaître
ces
complexes d'habitat de montagne comme par exemple les
ruines des hauteurs de Ha'apape, à Tahiti, et il serait inté¬
De
semblables
d'autres
de comparer ces types
ressant
d'habitat
avec ceux
quand le relevé des ruines effectué par
être obtenu.
Makatea
pourra
Société des
Études
Océaniennes
étudiés à
Villaret
—
III.— Abris et
53
—
grottes
les grèves de Temao et de Moumu
d'abris tandis que certaines zones
plateau et les environs du village de Moumu possèdent
cavernes
souterraines. La plupart des cavernes souter¬
Les falaises qui dominent
sont trouées, de grottes et
du
des
des environs de Moumu comme celle de Ya'i'ata sur
Taua contiennent des nappes d'eau où les lumières
visiteurs font refléter une fantasmagorie de stalactites
raines
la
terre
des
qui pendent du plafond. Ces nappes pouvaient fournir des
quantités plus que suffisantes d'eau de consommation à l'abon¬
dante population de jadis et ravitaillèrent la nombreuse co¬
lonie qui s'établit à Moumu après 1900. C'est sans doute de
cette période que date la margelle aménagée au fond de la
grotte d'Ana Pu (qui s'ouvre au pied des escaliers reliant
Moumu au plateau).
Des abris
du
sud
Utilisés
envahis
sous
roche existent
sur
la côte ouest
un
peu au
village de Temao ainsi que vers Vairehu et Tahiva.
encore
aujourd'hui par les pêcheurs ces abris sont
par forte mer et par les raz de marée qui les érodent.
La situation est analogue sur
nord et au sud de Moumu
stériles.
au
la côte est où les abris situés
( Ana Poto ) furent reconnus,
En revanche, les cavités un peu élevées dans la paroi des
falaises ont été utilisées comme sépultures. Les plus facile¬
ment accessibles contiennent des cercueils de type européen
de
planches clouées., dans lesquels le défunt a été déposé en
position couchée. Au nord du village de Moumu sur la terre
Teruaaie une large grotte située à une vingtaine de mètres,
de
hauteur
contient
dans
une
anfractuosité
9 cercueils
em¬
pilés et un autre cercueil isolé dans une cavité voisine. Emory
( 2b ) décrit une grotte au même endroit qui pourrait bien
être celle qui nous occupe actuellement où il vit « un sque¬
lette relativement peu ancien » déposé « dans la moitié d'un
vieux canot d'ati »
( inophyllum callophyllum ) avec « un
couvercle fait d'un fond de canot » du même bois. Les cer¬
cueils modernes, se trouvaient tout auprès ainsi que les per¬
qui avaient servi à hisser les dépouilles et leur contenant
jusqu'à cette endroit. Comme dans beaucoup d'autres grottes
des os avaient été placés (directement) dans de petites
ches
«
crevasses ».
Parmi
avec
les
sépultures qui sont postérieures aux contacts
Européens se trouve celle d'une anglaise dont la
ces
Société dès
Études
Océaniennes
—
dépouille
54
-
été déposée à plusieurs centaines de mètres au
de Temao là où l'imposante muraille de corail
présente deux vastes grottes superposées. Un ancien résident
de l'île m'a assuré qu'il arrivait jadis aux autochtones de se
rendre à cette sépulture située sur la grotte supérieure et de
déposer sur le cercueil des « tara » ( unité de compte corres¬
pondant à 5 francs de notre monnaie). Cette pratique était
faite avec respect et il pourrait s'agir d'une survivance du
ho'o qui consistait à remettre un présent, même symbolique,
à la personne visitée que l'on désirait honorer.
a
nord du port
Un peu
sud du chemin de pente de Temao au-dessus
occupée par M. Salmon une grotte
funéraire contient dans chacune de ses deux salles contiguës
un
cercueil moderne et, dans une cavité du plafond de la
salle la plus au nord un cercueil en bois de cocotier proba¬
au
de la maison actuellement
blement ancien.
Comme ailleurs
en
Polynésie les grottes funéraires, de l'épo¬
pré-européenne correspondent à des sépultures « diffé¬
rées ». Ce sont les ossements parfois le crâne seul, et non
le corps, qui étaient déposés. Très souvent un lieu retiré ou
inaccessible était choisi comme emplacement de sépulture afin
que les restes ne puissent être utilisés à des fins de sorcelle¬
rie ou vandalisés par les ennemis. Les nombreux cercueils
que l'on aperçoit à Moumu dans les cavités de la partie su¬
périeure de la falaise sont complètement hors d'atteinte ;
ils auraient été descendus depuis l'arête supérieure du pla¬
que
teau
à l'aide de cordes.
Les
grottes, funéraires anciennes, les plus accessibles ont
fréquemment visitées à l'époque moderne et évidem¬
ment
dépouillées des objets, voire des ossements qu'elles
pouvaient contenir.
été
Le 8
tuée
janvier 1902 Alvin Seale (4) du Bernice Bishop Mu¬
le privilège de visiter la grotte Ana Taui ra'i si¬
eut
seum
dans
la falaise du nord-ouest de l'île. Il
nous
a
laissé
la
description suivante de sa visite :
Le guide autochtone m'expliqua que cette grotte était
appelée la grotte de la mort et qu'elle était utilisée dans les
temps passés comme forteresse lors des guerres avec les
gens d'Ana'a. La grotte elle-même était constituée par une
caverne juchée à plus de 100 pieds de hauteur dans le flanc
«
de
à
la
une
falaise.
Son
immense
accès était fort difficile. Elle ressemblait
cathédrale dont les stalactites et les stalag-
Société des
Études
Océaniennes
55
—
—
mites formaient les. arches. Par endroit le plafond était fort
haut et laissait voir des salles ayant plusieurs ouvertures.
Dans une de ces salles latérales je trouvais un pilon dont la
base avait été taillée dans, la section d'un stalactite. Les
au¬
m'expliquèrent qu'il servait à pilonner les cônes
de pandanus qu'ils consommaient lorsqu'ils étaient assiégés.
Plusieurs os humains étaient éparpillés et il me fut précisé
que dans le sol qui contenait une bonne épaisseur de débris
tochtones
trouvaient
se
superficiel
étaient
en
les
ensevelis.
d'habitants
restes
Un
sondage
me confirma ce renseignement ; les ossements
mauvais état de préservation et brisés en menus
C'est là que Seale trouva un bâton en bois de
(nom botanique inconnu) utilisé pour décortiquer
l'enveloppe des noix de coco.
fragments
».
mikimiki
Seale
poursuit « Je pénétrai ensuite dans une grotte un
plus au nord. Elle était plus difficile d'accès que la
précédente et en fait il fallait pour y pénétrer abattre un
peu
arbre et s'en servir
d'une échelle. Cette vaste grotte
comme
uniquement utilisée à des fins
funéraires, J'y trouvai une quantité d'os cariés et finement
brisés mais ni crânes ni squelettes entiers. Un récipient de
forme ovale ( Bishop Museum n° 6098 ) destiné à contenir
des offrandes pour les morts, un bâton d'interdit (?) et une
noix de coco polie ( n° 6099 ) associés aux ossements furent
recueillis. On voyait des débris de nattes pourries et des
avait
été
de
de cheveux
touffes
évidence
toute
placés dans des cavités.
perches grosses comme une jambe et longues de 12
pieds barraient le haut de la grotte. Les autochtones me
précisèrent que des cadavres y avaient été attachés ».
Trois
IV.— Conclusion
de l'ancienneté du peuplement poly¬
de type quadrangulaire
plat a été fréquemment rencontrée. En outre, la présence du
type triangulaire moins archaïque atteste les contacts avec
Tahiti par migration ou par commerce. Makatea fut égale¬
Nul
ne
nésien
ment
que
les
de
en
peut douter
où l'herminette
Makatea
relation
étroite
avec
les
Tuamotu
voisines
ainsi
traditions qui relatent
et Me'etia. Cependant
reconstruire le passé de
nous l'apprennent les anciennes
incursions des guerriers d'Ana'a
bien
l'île
veau
peu aujourd'hui
la nature de
site comparable
et
vert et
étudié avant
subsiste pour
son peuplement à
moins, qu'un nou¬
à celui de Pu'utiare puisse être décou¬
sa
destruction.
Société des
Études
Océaniennes
—
56
—
V.— Littérature citée
Anonyme — Notice sur la compagnie française des
phosphates de l'Océanie, explication de Makatea ( Polynésie
Français ) 6 p. ronéotypé Makatea 1961.
1.
2.
Emory, Kenneth P. Tuamotan Stone Structures, Bishop
Museum Bull. N° 118 Honolulu 1934.
Notes manuscrites archivées au Bishop
3. Mœrenhout
—
voyage
aux
Museum
Iles du grand océan. Paris
1841
4.
Seale Alvin. Notes manuscrites archivées
au
Bishop Mu¬
seum
5.
Villaret
Pu'utiare
ciété des
(et S de Félice). Les crânes préhistoriques de
So¬
320
Makatea Polynésie française. Journal de la
Océanistes T V n° 15 décembre 1959. Paris p
à
337.
Société des
Études
Océaniennes
NOTE
SUR LES GROUPES SANGUINS DES
IMMIGRANTS DE MAKATEA
Nous devons à l'obligeance des Dr. BARBIER et SAINTMARTIN de l'hôpital de Makatea ces renseignements concer¬
nant la répartition des groupes sanguins parmi les immigrants
qui viennent travailler dans l'île des
phosphates. Les prélè-*
été effectués sur 76 sujets (tous
dans le courant du deuxième semestre 1961.
vements
ont
Iles Australes
Sujets examinés
des hommes)
G. A.
G. O.
Rimatara
3
1
2
Rurutu
8
4
4
Tubuai
3
1
2
Raivavae
1
0
1
Sous-le-Vent
Iles
8
2
6
17
6
11
Huahine
5
2
3
Maupiti
1
1
0
Raiatea
Bora-Bora
Iles du Vent
18
10
7
Moorea
1
0
1
Tuamotu et Marquises
7
3
4
Rarotonga
4
1
3
76
31
45
Tahiti
Total
indiquent une proportion très importante de
sujets appartenant au groupe A et au groupe O, alors que B
est insignifiant et AB absent. Cette répartition est conforme
à celle de l'ensemble de la Polynésie orientale — Pour une
discussion complète du problème des groupes sanguins en
Polynésie nos lecteurs pourront avantageusement se reporter
aux
deux publications suivantes.
Les
chiffres
Société des
Études
Océaniennes
—
H.
L..
Polynésia
XXVI
SHAPIRO
—
—
The
58
—
destribution of
blood
groups
in
American iournal of Physical Anthropology vol
1940.
mars
S. BORIES Etude des groupes
sanguins ABO, MN, des Types
RIi, des antigènes Kett et DUFFY et de la Sicklémie chez
les Tahitiens.
Le
Sang, Tome XXX n° 3, 1959,
p
237 à 244.
Pierre VERIN.
Société des
Études
Océaniennes
DOCUMENTS SUR L'ILE DE ME'ETIA
traduits, revisés et augmentés par P. Vérin.
( Extraits de « Stone Remains in the Society Islands
par
Société des
K.P. Emory )
Études
Océaniennes
—
NOTE
une
—
HISTORIQUE
Le volcan altier de Me'etia
à
60
se
dresse au-dessus de la
mer
altitude de
l'Est de
les îles
près de 500 mètres. Située à 60 miles à
Tahiti, l'île était autrefois le point de départ depuis
de la Société
vers
le monde des atolls des Tuamotu,
le pays
par
de TAPUHOE. C'était également la porte de Tahiti
où passaient ceux qui venaient de l'Est. L'île est située
sur
un
ancien
itinéraire du
commerce
tahitien de
la
nacre
dans
laquelle on taillait des ornements, des hameçons, des
leurres de pêche. Les. gens de Me'etia se livraient à ce com¬
merce
des Tuamotu. Wilson qui écrivait en 1797 révèle
l'état de
ces
relations commerciales dans les termes suivants
:
Maitea est vassale du chef de Tiarafaoo ( péninsule de
Taiarapu, Tahiti)... La liaison est assurée par un grand ca¬
not de guerre qui y fait un ou deux voyages chaque année,
en
profitant du vent du Nord-Ouest pour s.'y rendre et de
l'alizé pour en revenir. Dans cette île ils se procurent leurs
perles et leur nacre, des plats et des sièges en tamaanoo et
d'autres objets, Tapihoe (Tapuhoe) dont les nacres sont fa¬
meuses
se
trouve plus loin dans
la même direction. En
échange de ce qu'ils reçoivent ils apportent des clous et
tous les objets de fer qu'ils peuvent trouver ; et ces objets
sont à leur tour échangés, dans d'autres îles plus éloignées ».
«
James
Morrison
décrit
ce
commerce
dans des termes
à peu
près identiques.
Avant
l'arrivée
Européens, les habitants de Me'etia
commerce des pilons
de pierre et
des herminettes, ce qui expliquerait pourquoi tant de ces ob¬
jets de type tahitien se retrouvent aux Tuamotu dans l'Est
jusqu'à Hao et Amanu et au Nord jusqu'à Napuka.
faisaient
des
certainement
le
Me'etia a environ
élevé et fertile
cinq kilomètres de tour. Un étroit re¬
se prolonge
sur un kilomètre et demi
et forme le pourtour de la côte sud et sud-est offrant quel¬
ques possibilités aux cultures et à l'habitat. Une source au
centre du plateau et un puits sur la côte-est fournissaient
l'eau potable,
bord
Société des
Études
Océaniennes
61
—
Le
nom
-
indigène de l'île était autrefois Me'etu, A l'occa¬
sion de l'avènement de Ppmare dont le
Me'etu fut
nom
sacré était Tu,
Me'etia. L'orthographe Mehetia ( avec
un
sur certaines cartes récentes provient d'une
confusion entre le s,on dit « coup de glotte » et l'h ; erreur
à laquelle beaucoup de Français sont sujets. Dans les anciens
chants des Tuamotu on trouve l'île désignée sous le nom
de Meketu, et le nom de son grand marae Irakau.
Corney s'est fié à certains érudits tahitiens pour affirmer
que l'ancien nom de Me'etia était Tahua. Tahua provient
sans
doute d'une mauvaise transcription de Tuhiva, mot qui
lui même serait l'ancienne désignation d'un chef qui com¬
mandait jadis à Me'etia et dont le nom était Te-Kura o
changé
h ) qui apparaît
en
Tuhiva.
C'est
en 1777 que le Capitaine Wallis découvrit l'île. D'après
qui mirent pied à terre l'île avait au moins une cen¬
taine d'habitants : ils, aperçurent plusieurs grandes pirogues
doubles sur le rivage.
Les Espagnols suivirent et touchèrent Me'etia en 1772. Le
groupe qui se rendit à terre aborda en canot sur la côte
Ouest à Fatiapo (voir carte) monta sur le plateau et em¬
prunta la piste qui traverse celui-ci jusqu'à la côte Est.
Après une courte distance ils rencontrèrent les premières
plantations ( à Matahiva ).
Là ils virent cinq maisons couvertes de feuilles de coco¬
tier, dont la hauteur atteignait tout au plus dix pieds, la lar¬
geur onze à douze et la longueur 22 à 28. Les côtés de ces
ceux
maisons étaient ouverts et le sol avait été recouvert d'herbe à
l'intérieur. Dans une des huttes était accrochée une mâchoire
et il y avait dans une autre un oreiller à pieds. Ils ne re¬
marquèrent comme autres meubles que des paniers et des
nattes de feuilles de cocotiers ou de pandanus. Chaque mai¬
son était entourée d'une
palissade. Ils rencontrèrent une femme
qui suivait un jeune chien noir aux oreilles pointues. Un
peu plus loin ils notèrent un parc à porcs dans lequel se
trouvaient plusieurs beaux spécimens, dont « les limites étaient
faites de pierres larges d'un vara » ( un mètre ). A l'inté¬
rieur de l'enclos
se
trouvait
:
Une
plateforme élevée au-dessus de marches (un ahu
à gradins ) et ornementée de quelques poteaux ( unu ) sculp¬
tés de motifs parmi lesquels on remarquait surtout peur chaque
l'effigie d'un petit chien... Un peu plus loin noua aperçûmes
sept eases analogues à celles que nous venions de rencontrer.
...
«
Société des
Études
Océaniennes
—
62
—
cet endroit un Indien nous apporta deux calebasses rem¬
plies d'eau douce. Le lieu où il avait puisé celle-ci est situé
sur la
côte ,s.ud de ,1'île... Voyant qu'il y avait peu d'intérêt
à visiter cette zone et que cela risquait de nous faire par¬
courir un trajet fort accidenté, je décidais de retourner par
le chemin par lequel nous étions venus. Tout le reste de la
pente qui conduit de la colline au rivage est très, fertile et
agrémentée par une grande variété de petits arbres et de
nombreux terrains qui n'ont pas été mis en culture ».
A
Le
les Espagnols virent est sans doute
n° 4, où une ligne d'environ six
contigues de tuff rouge de 80 centimètres à un mètre
de haut se dressent le long du côté est de la cour et
tituent probablement le seul vestige apparent du mur
des
marae
ruines
que
du site
celui
dalles
vingt
cons¬
d'en¬
clos.
marae n'a d'enclos fait de pierres larges d'un
En outre, un peu au-delà de ce marae se trouve
certain nombre de sites, de maisons d'où part un sentier
Aucun
«
vara
un
autre
».
qui mène à la côte sud. Si les Espagnols avaient continué un
peu plus loin, ils. auraient sans nul doute rencontré un troi¬
sième groupe de maisons, peut-être le plus important, situé
à l'Est du
marae
Mahutoa.
Les
Espagnols notèrent qu'il y avait dans l'île des arbres
pain, des pandanus, des cocotiers, plusieurs variétés de ba¬
naniers et des. ignames. La population fut estimée à 150
âmes. Cinq à huit pirogues, vinrent au navire des visiteurs.
Les Espagnols apprirent également que « ( les naturels de
Tahiti) punissent aussi des délits par le bannissement dans
à
certaines
îles
de
leur domaine
réservées
à
cet
effet
;
ainsi
Maitu (Meetia)... qui est sujette de Vehiatua »
(chef de la péninsule de Taiarapu, Tahiti).
A Tahiti on dit aux Espagnols que Meetia avait un grand
canot, un palii « qu'ils hissent sur la hauteur afin de le
est-il
en
mettre
A
à
son
pour
l'abri du vol
tour
;
sans,
doute est-il démonté
Mœrenhout vit l'île
en
».
1829 et y envoya cou¬
du bois en 1832. Ses. gens y trouvèrent des arbres si con¬
qu'il leur eût été impossible d'en effectuer le
transport. Mœrenhout remarque plus loin qu'une dépopulation
n'a laissé que 20 ou 30 habitants en permanence dans l'île,
bien qu'il y en ait là parfois un plus grand nombre qui y
séjournent pour attendre les vents favorables.
Les Mormons firent des adeptes à Me'etia où le passage
per
sidérables.
Société des
Études
Océaniennes
—
du missionnaire PRATT est
la
terre
cienne
PONAO
63
—
signalé
subsistent
en
1851. Actuellement
les
encore
fondations
de
sur
l'an¬
édifiée avec les pierres d'un marae
( voir plus loin dans le Relevé des ruines ).
En 1905 la majeure partie de la population aurait disparu
en
mer.
L'île, désormais peu ou temporairement habitée,
resta une escale pour les bateaux, ceux de la Pacific Coconut
Products Corporation ( P.C.P.C. ) notamment, qui se dirigeaient
vers
les lieux de la plonge, y faisaient provision d'oranges
et de fruits de l'arbre à pain.
église
mormone
voisin détruit
Légendes de l'histoire traditionnelle
La
légende de Tuliiva.
Il existe
une
légende bien connue des vieux habitants des
qui relate comment et à quelle époque Meetia
passa sous la suzeraineté de Tautira (Tahiti). L'affaire se
situe au temps, du grand héros Honokura qui appartient à
l'histoire de Tahiti, des. Tuamotu et de Rarotonga et se
place 31 générations en arrière à partir de 1900 dans, la gé¬
néalogie de Punaauia. Mais la généalogie d'une famille de
Me'etia fait remonter Tuhiva à seulement 19 générations.
Ce qui est donné ici ne représente pas une transcription in¬
tégrale et stricte de la légende telle qu'elle fut écrite par
Paea de l'île d'Anaa et confirmée par Tetumu de l'île de
Tuamotu
Faite
:
Alors
que Tekura-o-Tuhiva (L'oiseau sacré écarlate de
Tuhiva) régnait à Meetia comme Chef suprême de l'île, il
était réputé pour son hospitalité.
Rua Kaua de Tautira, Tahiti, père de Honokura partit en
voyage et vint à Meetia. Quand Te-Kura-o-Tuhiva l'aperçut,
«
il lui cria
ces
mots
:
«
Ko vai ariki
Meketu-nui-ki-te-vai-ava ?
du dos
e
eke mai ai te tua
o
( Qui est le chef qui voyage
le vent) du Grand-Me'etia-à l'eau
»
(côté sous
).
Kua répondit : « Ko vau ia, o Kaua Nui » ( c'est moi, le
Grand Kaua ). Son mât avait pour nom Rua-i-havahava.
Te-Kura-o-Tuhiva reprit en ces termes son adresse : « A
haere mai ra e, e te ariki o Tahiti e ». (Venez donc chef
de Tahiti). Une fois que Kaua fut à ses côtés, Te-Kura-Tuhiva
dit: « Ka pua tou tere » (Faites-moi connaître la raison de
votre voyage). Et Kaua de répondre « J'ai fait ce voyage
pour vous rencontrer parce que j'ai entendu dire que vous
êtes un homme qui sait recevoir ».
autour
saumâtre ?
Société des
Études
Océaniennes
■—■
Te-Kura-o-Tuhiva
tuer
l'invita
la nourriture du
parer
pays
64
à
—
rester.
Il
se
mit
à
faire
pré¬
et ordonna à ses sujets d'effec¬
le nécessaire pour
bien recevoir Kaua. Une fois qu'ils
Hikuragi, le festin commença.
profita amplement et se trouva pleinement satisfait.
furent tous réunis
sur
le tahua
Kaua en
Il dit alors à Te-Kura-o-Tuhiva : « On m'avait dit que vous
étiez un homme ayant du bien et de la renommée, je me rends
compte qu'il en est ainsi. Je suis très satisfait de la façon
dont
vous
m'avez traité
».
Te-Kura-o-Tuhiva donna sa femmte à Kaua et ils dormirent
ensemble. Quand il repartit à Tautira il la rendit à son mari.
Lorsque Kaua revint à Meetia, la femme de Te-Kura-oétait de notoriété publique enceinte de ses œuvres.
Dès qu'il s'en était aperçu Te-Kura-o-Tuhiva avait dit à sa
femme: « Kua roaka to taua taki ki Tahiti « Nui » (Notre
généalogie est transférée à Tahiti).
Tuhiva
La femme donna naissance à un enfant qui fut nommé
Ruarei, ainsi que Kaua l'avait prescrit « Kia to noa'tu oe e
kîa hanau mai, e topa i te igoa nei, o Ruarei » ( Si tu es en¬
ceinte et donne naissance à un enfant, nomme le Ruarei.
C'est
hiti Nui
et
o
Kaua vivait seul dans
que
s'était rendu
rere,
on
de Ruarei
ko Tahiti Nui
Alors
dit que cette terre de Meetia est le Ta¬
( No reira i reko hia'i taua henua nei e
Ruarei).
pourquoi
Tuamotu à la
son pays
et que son fils
recherche du
guerrier Toales tribus de Raka et de Purumsama fondirent sur lui
aux
le tuèrent.
Le chant de Meetia.
Le
chant
de
Meetia,
connu et chanté naguère par ceux
l'île rappelle l'époque où elle était indépen¬
dante : « Ne laissons pas l'illustre Me'etia être
subjuguée par
les Manahuoe, prenons, garde à ce que les usurpateurs n'en¬
vahissent pas le pays de Tuhiva ».
qui ont vécu
Selon
sur
Tetumu
qui récita ce chant « Manahune » s'appli¬
de Tahiti et de Moorea. Lors d'une grande
réunion à Takume ( Tuamotu centrales ) il y a une quaran¬
taine d'années, il entendit qualifier les gens de Raiatea, Taha'a, Bora-Bora, Huahine et de toutes les îles sous le vent de
Te Marama, tandis que ceux de Tahiti et Moorea étaient ap¬
pelés Te Manahune et ceux des. Tuamotu du Nord Ouest Te
querait
aux gens
Vahitu.
Société des
Études
Océaniennes
—
65
—
Le chant récité par Tetumu et son épouse a été traduit en
anglais par Franck STIMSON dont la traduction est reproduite
en
regard du texte polynésien.
nui
Me'etu
'ava'ava
Hi'ura'i i ta'i
i
-
-
-
te
vai
-
-
Mighty
Me'etu
-
brackish
hia
'orna'
te
e
tains
of
of
resounding
spur
skies
oma'o
-
waters. !
-
cries
the
of
-
the
Moun¬
the the
-
to
woodland
-
thrush !
Horua,
ta'are,
-
,a
fati
a
Ta'u
-
( It is the place called )
Thundered
upon - by charging - combers at last
bursting upon the Rock of
(the planet) - Venus !
rua,
-
-
Rave hia Te
fahau i
Te
ara
-
-
hihi
Tu-
e
ara
-
dealer
-
of
-
blows
-
took the
ta, i
Hopuhopu
hia, Hopuhopuai'a.
-
Tu
path called The
winding - trail, the Trail
-
on
the
-
brink
-
-
of
-
the
precipice, leading on to
(the place called) Bathed in
the breakers, to (the
place called) Bathed - in -
the
'A
vehe
te
'ura
i Hi'ura'i,
'a
'A
ara,
0
Me'etu
ra
mau
-
fntii 'oi
mau-
Manahune !
hia
e
te
Rapturous
'a
o
te 'eia i te fenua
-
Ororimu
i ni'a
breaker !
were
-
birds,
-
Be
vigilant lest
vade
mai
rua
-
the sacred (flitting
over
the peak called
Spur - of - the - skies
while plucking the red. flowers of the ate a (ErytliTina) !
Let not Mighty - Me'etu be
over
run
by the Mana-
Tuhiva !
Tuorooro
1 Te -
violents
crimson
'ato i te pua o te atae,
'Eiaha
-
From
usurpers in¬
the land of Tuhiva !
above
(the place cal¬
led) The turtle-pit Orori¬
mu (Spring of moss.) shou¬
honu,
ted hither ;
'Ua tere ha'apapa Pae noa e i
ni'a i Pohatu - o - 'Oro :
Te
ara
pota'a, Temihi
Pae
-
Société des
Études
(Drafting - aim¬
lessly) pursued him all the
way to (the place called)
-
noa
Océaniennes
—
a
te
-
-
66
—
Rock
Oro, ( to )
twisting - trail, (to
the place called)
The plaint - of - the - hus¬
band, ( to ) the path there ;
tane, te ara ti'a ra ;
Thje
Te i
Paru
'o'iri
-
Te
-
tapapa, 'a heva iti e i
ana
tapairu
-
au
-
Te
-
;
-
au
fana
-
-
pure
pu'u
-
Te
pure,
-
(the woman called) Pursuingi - delight was at (the
place called) The - oiri fish, while weeping plain¬
tively (at the place called)
cave
-
teous
Te
of
-
The
Heru a'e nei au i te umu opi'o,
Na ni'a Haera'i i te haere i
-
of
-
maidens
-
beau¬
;
I have
scraped out the slowbaking oven, (He who was
called) Sky - shot - with gleams - of - light went
by way of the heights to
the place called The discolered
rapids to The -
-
;
-
kno'll
Fariu ta'u mata i mûri, ta'u i'o
ra'a tu i na pu - toru ri'i,
'ua rêva ratou i reira.
My
-
of
-
'bows
eyes glanced
then I sax
and
plets
-
;
backward,
the Tri¬
they had departed
thither.
Na maeha'a ho'i teie, O
Ra'i
-
These
ra,
ura,
Rai
-
mata, Te riro e
Meetu Hui e,
mou'a
ti'ati'a
Meetu
are the triplets : RaiuRaireia, Raimata, who
became
ferns
of
Meetu
Nui.
Nui.
Ouvrages cités.
CORNEY, B. G. The quest and occupation of Tahiti by emis¬
saries of Spain during the years 1772-1776, 3 vols., Lon¬
don, 1913.
ELLSWORTH S. Zion in Paradise. Early Mormons in the
South seas.. Logan Utah State University 1959 36 p.
MOERENHOUT J. A. Voyage aux îles du Grand Océan, Paris
1837.
MORRISSON. Le journal de James Morrison. Traduction par
M. Bertrand Jaunez, manuscrit à paraître parmi les publi¬
cations de la société des Océanistes, Paris.
Société des
Études
Océaniennes
67
-
WILSON, JAMES. A missionary
fic Ocean 1796-1798 in the
—
voyage
rhip
«
to the southern Paci¬
Duff
»,
London 1799.
Relevé des ruines
Généralités.
Le premier relevé des ruines de Me'etia a été effectué à
l'occasion du séjour de quatre jours de K. P. Emory dans l'île
du 13 au 16 décembre 1930. Emory bénéficia alors de l'aide
H. D. Skinner, archéologue néo-zélandais. Ils étaient ac¬
compagnés par Martin L. Grant, du Bernice Bishop Museum,
qui fit une étude botanique et géologique. Le séjour fut rendu
possible grâce à la précieuse collaboration de M. Krainer, pro¬
priétaire d'une grande partie de l'île. M. Krainer faisait
partie de l'expédition. A l'époque de cette visite deux familles,
autochtones vivaient à Me'etia ( notamment celle de M. Snow
aujourd'hui à Mamao, Papeete Tahiti).
de
Sans être très familiers avec les traditions de Me'etia ils
connaissaient bien les lieux où se trouvaient les ruines des
marae.
Ils y conduisirent avec obligeance les visiteurs, s'ef¬
forcèrent de faire en sorte que leur séjour soit à la fois
agréable et utile.
Emory put décrire 6 marae bien préservés et étudier, les
vestiges de 4 autres. Il nota également de nombreux sites
de maison parfois marqués par de simples terrasses et des
enclos de murs bas faits de pierres grossièrement assemblées.
Les visiteurs montèrent au sommet de l'île et descendirent
fond du cratère. Aucune structure lithique ne fut observée
dedans ou aux abords de celui-ci. L'intérieur de la cheminée
au
présente des pentes inclinées où les cendres sont couvertes
par une végétation, de fougères et de petits, bosquets de
pur au (hibuscus filiaceus). Des apa (colocasia macrorrhiza) et
quelques pieds de fe'i (musa fehi) croissaient alors tout au
fond.
Emory visita à nouveau l'île en 1934 et procéda à certaines
corrections. A son tour P. Vérin accompagné de H. Picard
se
rendit à Me'etia dans le courant du mois de mars 1961.
L'île était sans habitants et de mauvaises conditions atmos¬
phériques gênèrent considérablement les recherches. De nou¬
veaux
sites furent découverts et des sondages pratiqués. A
peu près tous les objets prélevés en surface étaient brisés
mais ils demeurent suffisamment reconnaissables pour affir¬
mer, comme l'avait déjà remarqué Emory, qu'ils appartiennent
Société des
Études
Océaniennes
C8
—
à
tous
des
—
types qui se rencontrent communément à Tahiti.
Aucun des
10
sommet de
barre transversale.
pilons observés
par Emory ne possédait à son
Cependant une tête de pilon de
ce
type fut trouvée dans l'enclos du site 4 et il existe un
pilon possédant cette particularité parmi les pièces de la
collection Picard provenant de Me'etia.
Les sites.
Site n0 1 Marée à Tamatomcto
L'ahu
faces
(Emory site 104) fig. 1
a.
tient sur la partie élevée d'une longue cour. Les
l'ahu et des terrasses sur lesquelles il repose sont
se
de
faites de
pierres taillées d'équerre. Des bandes de petits blocs
eux
aussi taillés d'équerre le traversent. Il devait
aussi y avoir des bandes de ponce car de petits blocs de ce
matériau ayant la même forme sont éparpillés, aux alentours.
Des pierres taillées et de gros galets du rivage apparaissent
à de larges intervalles, dans les murs des côtés de la cour,
de
corail
comme
marae
de
la
si
on
avait reconstruit
ceux-ci
L'extrémité de la cour
détruit.
est constituée
avec
qui
des
se
éléments du
trouve au bas
grossièrement
de haut.
A l'extérieur du bout de cette cour le sol était jonché d'un
grand nombre de petits blocs de corail qui provenaient peutêtre d'une terrasse occupant autrefois le site.
A 50 m au sud-est du marae existe une plateforme de
15 m de longueur ; 7 m de largeur, et 1 m de hauteur sur.
laquelle croissent deux liotu (barri.ngtonîa). En remontant
la crête montagneuse qui domine le marae au nord on ren¬
contre encore une grande plateforme de lave couverte de ba¬
nyans dont la face présente une protubérance carrée qui
s'avance à angle droit par rapport à la face en retrait. Des
terrasses en lave analogues à celles décrites au site 12 exis¬
tent également sur cette crête.
pente
construite
dont la face
a
un
par une terrasse
mètre cinquante
Site n° 2
grand marae à Tematomato et petit
voisinage. (Emory site 105) fig 1 b.
marae
dans le
L'ahu est bâti sur une terrasse de la partie la plus élevés
d'une longue et étroite cour entourée de murs. La partie
arrière de l'ahu n'a qu'une rangée de pierres au-dessus du
niveau du sol ; le devant et les côtés de l'ahu ont leur face
faite d'une première couche de blocs de tuff rouge mis. sur
le côté, puis dans les rangées supérieures de pierres taillées
à
angles droits,
en
tuff, basalte
Société des
poreux,
Études
corail et
Océaniennes
ponce
noire.
—
69
—
La face extérieure est
placée contre une face intérieure plus
Une grande partie de l'extrémité des murs
d'enclos du haut de la cour a été reconstruite si on en juge
par la qualité relativement médiocre du travail et les pierres,
taillées d'ahu qu'il y voit çà et là imbriquées. Toutefois dans
la partie la plus basse de la cour des sections, du mur d'ori¬
gine sont demeurées intactes. La partie nord du mur ouest
est également bien préservée. Les matériaux sont des mor¬
ceaux de
lave soigneusement assemblés sur lesquels se trouve
au sommet une
couche de galets du rivage.
grossièrement.
La partie basse de la cour n'est pas dans sa partie termi¬
nale limitée par un mur mais se prolonge par deux terrasses
sur la
face desquelles apparaît une première couche de blocs
de tuff
de
ces
construit
ment
mur
rouge.
Un vieil arbre de fer croit
terrasses.
ouest
du
Au sud de
ces
le côté d'une
grossière¬
vingtaine de mètres, le
terrasses
prolonge pendant une
sur
un
mur
marae.
plateforme pavée occupe le côté est du site, Emory
qu'il s'agit d'un site de maison fait avec les pierres du
marae
qui vient d'être décrit ou celles d'un autre marae qui
devait occuper ce lieu. Or, il existe bien à 8 mètres, à l'est
de cette plateforme pavée les ruines d'un petit édifice reli¬
gieux, de 15 m de long et 6,5 m de large orienté comme le
marae précédent. L'aliu
de 5 m sur 2 m comprend trois gra¬
Une
pense
dins
où
alternent des blocs taillés de lave et de corail.
face dans la
qu'ombrage
En
vieux hotu (barringtonia), se
dresse un dossier de 75 cm de haut et de 30 cm de large dis¬
tant de 7 m du devant de l'ahu. Là aussi, la partie sud de
la cour se termine par le gradin d'une terrasse qui dans ee
cas n'excède pas 75 cm de hauteur. Au sud de ce petit marae
une
pierre de basalte de 90 cm de large, 40 cm de haut et
15 cm d'épaisseur marque sans doute l'emplacement d'une
cour
un
tombe.
Site n° 3 Borne de limite Kararu
ou
Karuru
(Emory site 106).
Cette pierre dressée solitaire faite d'un galet de rivage cy¬
lindrique est connue sous le nom de Kararu. Elle a 90 cm de
hauteur et 1,10 m de circonférence. Son usage aurait été
celui d'une borne de limite. Une borne de la même taille,
mais brisée à sa base, est appuyée contre le mur ouest du
grand marae du site 2.
Société des
Études
Océaniennes
—
Site n° 4. Site d'un
ont
du
Le
—
dans La construction duquel
tuff rouge
rivage sad. (Emory site 107).
été
site
Deux
70
utilisées
marae
bon nombre de dalles de
un
fait
a
murs
grand
l'objet de défrichements, pour la culture.
grossièrement construits sont orientés vers
l'île, depuis les abords du sentier jusqu'à une
bas très
l'intérieur de
distance de 70 à 80 mètres. Dans
tient
à
une
1, 20
m
son
milieu le
ligne de dalles ayant 80 cm à 1, 20
de haut et 25 cm d'épaisseur.
Le haut de
dalles
m
mur
est
con¬
de large 1
m
trouve pas au
même ni¬
Dans le bas du site
entre les deux paralèles on remarque une dalle soigneuse¬
ment taillée de 1,20 m de long et de 70 cm de large, gisant
sur la surface du sol. Cet enclos n'est pas fermé "sur sa partie
nord et le mur sud qui joint près du sentier les deux murs,
parallèles est de construction bien grossière. L'ahu du maraa
n'est pas apparent. Il existe des pierres de tuff rouge qui pa¬
raissent être en position originale dans le mur sud. D'autre
part au sud-est du mur subsistent les traces d'une terrasse
bordée de pierres taillées, en face de laquelle se dresse une
pierre dressée qui affecte la forme d'un dossier. Il est pro¬
bable que les murs d'enclos ont été édifiés à une époque
relativement récente. Peut-être les larges dalles du mur est
proviennent-elles de l'ahu.
veau
car
toutes ces
elles s'élèvent
avec
ne
se
la pente.
qui occupait ce site
Ce marae aurait eu alors
un
ahu à gradins un mur d'enclos de 20 à 25 mètres, de
côté ; ce mur était peut-être fait de dalles dressées. Cette
dernière particularité est fort peu fréquente.
On
est en
droit de penser que
le
marae
est, celui que virent les Espagnols.
Site
n°
des
5.
enclos
Vaste
pierres de
Cet enclos
marae
dans
les
murs
duquel
se
trouvent
de corail et de tuff (Emory site 10).
probablement entre le site 3 et le
placé trop à l'est sur la carte de Meetia
reproduite par Emory dans le chapitre de « Stone Piemains
in the Society Islands. » (Il en est de même pour l'emplace¬
ment du site 6). L'enclos pourrait avoir été
ce site d'un
marae si l'on en
juge par une bordure de tuff qui subsiste à
marae
qui
se trouve
du site 6 est
l'intérieur.
Société des
Études
Océaniennes
Fig.
la
les
maraes
lb.—
et
Ces
Tematomato.
Perspectives de
monuments
tahitiens
côtiers
et
reconstructions de marae à
faisant transition entre
d'un type
intérieurs ; a,
sont
marae
du site 51, la
composée de rangées de pierres taillées d'équerre
d'une façon typique, l'extrémité de la cour possède un gradin par¬
ticulier à cette structure, b, marae du site 2, plus proche des
face
de
est
Tahiti que celui reproduit ,plus haut, car il pos¬
gradins ; toutefois cet ahu est entièrement composé
rangées de blocs taillés d'équerre, de même que la face de la
côtiers de
marae
sède
l'ahu
de
un
ahu
à
terrasse.
Fig. le— Pierre de corail taillée, trouvée parmi les débris de
la
face
de l'ahu du
marae
du site 2.
Société des
Études
Océaniennes
a~
a.
U
| 1
1"
/3 •
-,
:*.'y.
■>'
V
....
«Y
•;v'. •-■■•■'%;
-.'•>' «'
•'
.
■
'
.
•">'
v^.>
-.
'
■
'r:^A
'
'
'
gïgi: \^';YYY"/
'"*
"
'
.Y
:
Y
,
Y- •" y/-.'.
i i$f$
■'.
f.
m
vm
ikrmm
wmm
••
^wfrYSit>#
'
,v>"V.
--
piapM i
tmM
;
..-
,
:
■"•
-Â
y
>'■;
• f
, J
v '•*
.
m'mmmm
•
.•■
;■ -.
.■ ; r-.:
*.•
»
>•
,
;
•
-
i-.-; ••■.'" ■;
■
"
■
-
WÊÊÊ
'
'
'ri'
•
•
'
-
'
'
.
Société des Etudes Océaiiieiines
i
'
Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 139