B98735210103_135.pdf
- Texte
-
BU L L E T I N
DE
LA
Société des Etudes Océaniennes
N°
135
-
TOME
JUIN
Anthropologie
Histoire
—
—
XI
(N°
1961.
Ethnologie
—
Institutions et Antiquités des
Littérature
Astronomie
—7
PAPEETE
et
Océanographie
—
10)
Philologie
Populations Maories
Folklore
—
IMPRIMERIE
Sciences naturelles.
OFFICIELLE
Société des Etudes Océaniennes
Conseil d'Administration
Président
.
.
.
.
M. Henri JACQUIER.
.
Vice-Président
M.
Secrétaire
Melle
Trésorier
M. Yves MALARDE.
Assesseur
M. Cdt PAUCELLIER.
Assesseur
M.
Assesseur
M. Terai BREDIN.
Assesseur
M. Martial IORSS.
Bertrand JAUNEZ
Janine
LAGUESSE.
Rudolphe BAMBR1DGE.
Assesseur
M. Siméon KRAUSER.
Assesseur
M. Raoul TESS1ER.
Secrétaire-Bibliothécaire
Musée
du
Pour être reçu Membre de la Société
membre titulaire.
se
Mlle
NATUA.
faire
présenter
par
un
Bibliothèque.
Le Bureau de la Société informe ses membres
que désormais
ils peuvent emporter à domicile certains livres de la Bibliothè¬
que en signant une reconnaissance de dette en cas où ils ne
rendraient pas
le livre emprunté à la date fixée.
Le Bibliothécaire
La
Bibliothèque
leurs invités
Dimanche.
tous
présentera la formule à signer.
est ouverte
les jours,
aux
membres de la Société et à
de
La salle de lecture est ouverte
14 à 17 heures.
14
au
à
17
heures, sauf le
public tous les jours de
Musée.
Le Musée est ouvert tous les jours,
sauf le lundi de 14 à 17
heures. Les jours d'arrivée et de
départ des courriers : de 9 à
11 heures et de 14 à 17 heures.
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ D'ÉTUDES OCÉANIENNES
(POLYNÉSIE ORIENTALE)
TOME XI
No 135.
—
—
(N° 10)
JUIN
1961.
SOMMAIRE
Pages
Compte rendu de
l'Assemblée Générale du 27
245
juin 1961
Histoire
Capitaine Etienne Mar¬
Juteau)
Capitaine Irlandais Thomas Ebrill (L. Jore).
Journal de bord du
chand (Robert
Le
247
261
Archéologie
des pétroglyphes de Tipaerui (Tahiti)
Kenneth P. Emory, traduit par Pierre
Le rocher
par
281
Vérin
Divers
Archéologie et Agriculture
(Michel Fichaux)..
288
Rectificatif
Société des
288
Études
Océaniennes
COMPTE-RENDU DE
27 JUIN
DU
L'assemblée
générale
a eu
L'ASSEMBLÉE
1961.
lieu dans la salle de lecture
du
Musée.
à 17 h 30. Monsieur le Gouverneur,
représenté par M. Huber, gouverneur p.i.
présents parmi les membres du conseil :
La séance est ouverte
en
voyage est
Etaient
MM.
JACQUIER
Mlle
LAGUESSE .
.
PEAUCELIER .
TERA1 BREDIN
MALARDE.
Cdt
MM.
Président
Trésorier
Secrétaire
.
.
.
Assesseur
Assesseur
.
Assesseur.
MARTIAL IORSS
Absents
M.
M.
MM.
:
B. JAUNEZ,
LIAUZUN,
voyage
en
voyage
excusé
excusé
R. BAMBR1DGE,
S.
en
KRAUSER,
la séance et donne lecture de son rap¬
fin d'exercice, il rend compte de l'activité de la So¬
ciété pendant l'année écoulée. Plusieurs conféreuces ont été
organisées sous l'égide de notre organisme. Elles ont connu
grand succès et ont été ouvertes non seulement aux membres
mais au public. Parmi les conférenciers nous citerons le Pro¬
fesseur Kenneth Emory du Bishop Museum de Honolulu,
M. Julien Green, de l'American Museum of Natural History,
le Professeur Douglas OUiver, de l'Université de Harvard,
Le Président ouvre
port de
enfin
Président lui-même.
projets sont en cours de réalisation pour
l'amélioration des salles d'exposition du
notre
Divers
ment et
le Marae Arahurahu un
propriétaires et la Société.
Concernant
entre
les
l'aménage¬
Musée.
accord est intervenu
bulletin de décembre est encore à l'impression, mais
espérons qu'il pourra paraître très prochainement. Nous
nous
excusons de ce retard dû à des difficultés techniques
indépendantes de notre volonté.
Le Président termine eu remerciant les membres de la con¬
fiance qu'ils lui ont témoignée pendent ces deux ans et passe
la parole au Trésorier.
Le
nous
Société des
Études
Océaniennes
246
—
La situation financière
Recettes:
se
—
résume ainsi
:
231.209.
Dépenses: 163.870,50
31/12/60 : 67.338,50. Report du disponible au
1/1/60: 179.783,10. Disponible au 31/12/60: 247.121,60.
L'Assemblée approuve les comptes et donne quitus au Tré¬
Excédent du
sorier.
11
ensuite passe au vote, 54 membres sont
présents,
procurations déposées. Le dépouillement des bulletins de
44
vote
est
a
donné les résultats suivants
Suffrages exprimés
:
98
:
Nombre
de bulletins :
Bulletins nuls :
Président :
M. JACQUIER
98
Vice-Président
Secrétaire :
Trésorier :
95
:
M. JAU NEZ
Mlle LAGUESSE
M. MALARDE
Assesseurs
MM.
Cdt
MM.
obtenus
95
:
92
94
95
95
94
95
des
voix
comme
assesseurs :
DANIELSSON
R. LEHARTEL
Henri PAMPRUN
Ces résultats
VOIX
95
R. BAMBR1DGE
PEAUCELLIER
Martial IORSS
Terai BREDIN
S. KRAUSER
Raoul TEISSIER
Ont
MM.
3
95
1
voix
3
1
sont
publiés et représentent le nouveau con¬
seil d'administration. Personne
n'ayant élevé d'objections sur
la manière dont le vote a été conduit et
après incinération
des bulletins de vote, la séance est levée à 18 h 45
après que
le
Président
conseil
ait remercié les
d'administration.
Société des
membres
Études
au
Océaniennes
nom
du
nouveau
JOURNAL DE BORD DU CAPITAINE ETIENNE MARCHAND
Commandant le "SOLIDE"
trois-mâts marseillais
qui fit le premier
TOUR DU MONDE COMMERCIAL
FRANÇAIS
de 1790 à 1792
*
Journal
acheté
en
et
*
1843 par la Ville
resté inédit.
*
«
*
de Marseille
*
*
En recherchant des documents pour faire une conférence sur
Le Premier Tour du Monde Commercial Français », effectué
SOLIDE », commandé par E. MAR¬
les quatre volumes publiés par
de Fleurieu, sur ce sujet, en 1798.
Cet auteur relata l'exploit remarquable des marins de com¬
merce
marseillais sans avoir pu se procurer le journal de
bord du Capitaine Marchand. En effet, Marchand, repartit de
par
le 3 mâts, le
«
CHAND, je fus amené à lire
Marseille
au
début
de
1793
à
son journal
Ciotat. Il mourut en Mai 1793, à
après avoir confié
A la mort de cette sœur, son
bord du « SANS SOUCI »,
à sa sœur domiciliée à la
BOURBON.
frère Louis — qui avait fait
à bord du « SOLIDE » comme 3e Lieutenant —
présenta le manuscrit du voyage autour du monde à Napo¬
léon 1er, puis à LOUIS XVIII, sans résultat. Louis mourut.
Sa fille offrit le journal de son Oncle à LOUIS PHILIPPE.
Elle reçut une réponse identique aux précédentes « la relation
le voyage
pourrait être qu'une redite ». Finalement,
ce précieux manuscrit le 26 Juin
1834, pour 2.500 francs.
Il est en parfait état.
Marchand avait certainement « reçu une instruction supé¬
rieure à ceux de son métier », comme le dit GUERIN dans
son
histoire maritime de la France (PARIS 1863), car la
relation est
attrayante. Marchand dessine aussi bien que
LOTI, comme le prouvent les vues d'îles, d'objets, des cartes
de
ce
voyage
ne
la ville de Marseille acheta
insérées à la fin du tome
Société des
II.
Études
Océaniennes
Marchand montra
le
premier nos trois couleurs dans cette
partie du Pacifique ; il est le premier français qui décrivit les
Marquises. Il découvrit le Groupe N.W. ; il est le premier ca¬
pitaine au long-cours Français à avoir bouclé le tour du
monde avec son état-major et ses long-courriers.
L'existence de ce document important n'est connue que de
quelques érudits locaux, du moins je le pense. La partie con¬
cernant les Marquises présente certainement un intérêt pour
les Océanistes, car elle contient les impressions des premiers
Français qui virent et découvrirent ces îles et leurs habitants.
N'ayant pas le temps de recopier tout ce qui concerne les
Marquises, j'ai pensé que les pages relatives à la découverte
du groupe N.W. donnerait une idée de la valeur de ce ma¬
nuscrit.
Les voici
en
annexe.
Robert SUTEAU
*
COPIE
*
*
des
journées se rapportant à la découverte du
Groupe N.W. des Iles MARQUISES.
Du lundi 20
au
mardi 21 juin
1791.
la route au O.N.O. pour aller reconnaître la
j'ai déjà parlé que nous avions vue du mouillage
et qui me restait dans cette direction. Aucune carte ne mar¬
quant de terres dans cette position, je me flattai de faire une
Je
terre
donnerai
dont
nouvelle
découverte.
Pendant la nuit
jour,
nous
nous
aperçûmes
dait du O.N.O.
au
petites voiles. Aussitôt qu'il fut
île droit de l'avant qui s'éten¬
la distance d'à peu près 10 ou 11
fîmes
une
N.O. à
lieues.
Etant assuré que cette île n'avait été vue par aucun navi¬
gateur avant nous, mes officiers voulurent absolument me
faire l'honneur de lui donner mon nom et elle fut nommée.
ILE MARCHAND.
A la distance d'environ 9 lieues elle
des hachures considérables.
un
rocher
présentait des pics et
l'extrémité sud
Nous aperçûmes à
perpendiculaire qui avait la forme d'un obélisque
d'écueils
par un petit canal parsemé de rochers ou
à fleur d'eau à mesure que nous approchions.
et
séparé
Nous
vîmes
une
petite île plate
Société des
(à laquelle
Études Océaniennes
pour
cette
—
249
—
raison, je donnai le nom d'ILË PLATE) d'environ trois
quarts de lieue de circonférence, bordée de récifs et séparée
de la grande qui me parut avoir une lieue de largeur. Son
aspect ne présentait pas une forte végétation, nous n,y aper¬
çûmes ni arbre ni arbuste, mais seulement quelques plantes
ou
mousses
d'un vert jaunâtre. Quand la proximité de la
terre
principale me permit de remarquer les objets, nous
fûmes
très
présentaient des
plus belle
ornés d'arbres vigoureux. L'aspect de l'ensemble
peut plus différent de celui des Marquises ; dans
satisfaits
vallons et des coteaux
verdure
est
on
et
ne
du
coup
sans
d'œil
que
nombre couverts de la
celles-ci, le voyageur fatigué ne trouve à se reposer que par
des rochers noirs, brûlés, et portant, évidemment, l'empreinte
d'un volcan, sur lesquels il aperçoit à la vérité de la verdure
et
des arbres mais dont l'escarpement l'effraie. La pente
des collines même est bien rapide. Ici, au contraire, la cou¬
leur des rochers, la position horizontale de leurs couches,
la
pente douce des collines qui s'élèvent insensiblement
jusqu'au sommet des montagnes dominé par des pics isolés
semblables à des clochers, des vallées au milieu de l'une des¬
quelles nous avons vu un ruisseau considérable tomber ra¬
pidement de plus de 100 toises d'élévation. Tout forme
un coup
d'œil enchanteur et majestueux. Les montagnes dont
les cimes les plus escarpées se perdent dans les nues sont
revêtues de verdure et les rochers qui bordent la côte en
sont couverts jusqu'à la ligne où viennent battre les flots.
3/4 étant vis à vis de l'anse de la cascade dont je
parler gisant sur la bande S.O. de l'île et qui est
la troisième en venant du sud, je fis sonder et la sonde rap¬
porta cinquante brasses d'un beau sable blanc mêlé de gra¬
viers. Nous étions alors à 1 /2 ou 3/4 de lieue de terre. Je
suis persuadé qu'en l'accosttant un peu plus on pourrait y
mouiller. Il est vrai qu'on y aurait aucun abri quant au vent
mais la mer y est belle et comme la brise court la côte on
serait toujours le maître d'appareiller quand on voudrait.
A
11 h
viens
A
nous
de
midi n'ayant pas pu
avions la terre au nord,
observer la latitude parce que
elle fut estimée de 9° 25' sud et
longitude estimée 142° 25' 0.
le même instant la partie la plus sud de l'ile fut
relevée au ESE 1/2 S et la pointe ouest au NNO 1/2 N,
notre distance de terre était environ 3/4 de lieue. Nous dé¬
couvrîmes une autre pointe dans la même direction que
la
Dans
cette
dernière.
Société des
Études Océaniennes
—
Du mardi 21
au
250
—
mercredi 22 juin 1 791.
de suivre la côte de très près, à une heure
l'après-midi, j'aperçus au sud de la pointe NO de l'île,
un grand enfoncement qui me parut une bonne baie.
Je fis
mettre tout de suite le canot à la mer et j'en donnai le
commandement à Mr. MASSE avec ordre d'aller le recon¬
naître, d'en prendre les sondes, d'y chercher une aiguade et
d'observer le caractère des habitants. Je lui donnai un officier
pour l'accompagner et le chirurgien major.
Peu après que le canot eut débordé, nous aperçûmes une
pirogue, dans laquelle il y avait trois hommes, qui voguait
vers
le navire. M'étant aperçu qu'ils ne pouvaient pas nous
joindre parce que nous marchions, je fis mettre en panne.
Lorsqu'ils furent à une encablure du navire ils s'arrêtèrent
pour l'admirer. Nous leur fîmes alors signe d'approcher avec
un
petit pavillon blanc, ce qu'ils firent après avoir beaucoup
hésité. Je leur fis voir pour les engager à monter à bord des
clous et des miroirs auxquels ils ne semblaient mettre aucun
prix.
A la fin, le plus hardi s'y décida en tremblant. Je lui don¬
nai un miroir. Son étonnement fut si grand en se voyant
dedans que je n'entreprendrai point de le décrire. Ii ne
pouvait se lasser d'admirer tout ce qu'il voyait et il était
facile de s'apercevoir qu'il n'avait jamais vu de navire.
A 4 heures, deux autres pirogues s'approchèrent du bâ¬
timent. Elles portaient chacune trois hommes, deux d'entre
eux montèrent à bord et furent aussi étonnés
que le premier.
Après leur avoir fait quelques présents, ils retournèrent à
terre. Entre tous ils n'avaient qu'une seule lance qu'ils me
En continuant
de
donnèrent.
1/2, le canot fut de retour et fut embarqué. Nous
passé tout l'après-midi en panne ou à faire de courtes
bordées près de terre, pour nous tenir à portée de protéger
A
6h
avions
le canot.
me rapporta que la baye était bonne et
qu'elle était étroite et qu'il serait difficile d'y
aller à la voile à cause des risées qui tombent des vallées
du fond ; qu'il y avait trouvé 25 brasses d'un beau fond de
sable mêlé de graviers. Cette baye contient deux anses au nord
et une autre au sud. Elle est formée par la pointe N.O. de
l'île et par un rocher au SSE de celle-ci qui est d'une forme
horizontale, ce qui la rend très facile à reconnaître.
Monsieur
abritée
MASSE
mais
Société des
Études
Océaniennes
251
—
—
D'après la réception que les naturels firent à nos Messieurs
je la nommai la baye du BON ACCUEIL.
Je rapporterai ici quelques détails que me communiqua
Mr. ROBLET. Ils débarquèrent dans l'anse du sud sur une
grève de cailloutage où la lame vient s'étendre avec plus
de bruit que de danger. La houle ne s'y fait point sentir.
Deux ruisseaux dont l'un forme un petit étang à vingt pas
du rivage, viennent se perdre dans les cailloux et joindre
leurs eaux à celles de la mer. Deux ou trois sources jail¬
lissent du pied des rochers à l'ombre du cocotier, de l'arbre
à pain, du cresson, de la fougère et d'une multitude de
plantes rampantes qui y entretiennent une fraîcheur conti¬
nuelle. Quelques cabanes répandues çà et là, sans ordre, sur
les pentes des collines récréent la vue sans la fatiguer par
une ennuyeuse uniformité.
premiers hommes qu'on nous
l'âge d'Or, jouissent tranquil¬
lement des dons de la nature, sans ambition, sans crainte et
sans soucis, ne connaissant ni qui nous étions ni quels étaient
nos
desseins. Us vinrent cependant au-devant de nos mes¬
Les habitants semblables
aux
dit avoir habité la terre durant
sieurs avec confiance, preuve presque certaine qu'ils n'avaient
jamais entendu parler des Européens ni des vexations qu'ils
ont commises sur cette mer, ni de leurs armes redoutables.
respectables vieillards conduisant par la main des jeunes
présenter comme le signe le plus assuré
et
le témoignage le plus sacré de l'hospitalité qu'ils nous
accordaient, ces jeunes créatures, victimes d'un devoir saint,
obéissaient en tremblant et les yeux baissés aux ordres de
leurs parents. Qu'on se garde de croire que l'intérêt les con¬
duisit. Ils n'avaient aucune connaissance de nos jolis colifi¬
chets ni de notre fer qui fait tourner toutes les têtes aux ha¬
bitants des autres îles déjà counues. Ils acceptaient les dons
De
filles venaient les leur
sans
empressement et sans
dédain. Comment peindrai-je le
frappant qu'offrait à leurs regards un peuple si
doux, si paisible dont aucun n'avait la moindre apparence
d'arme et qui témoignait sa surprise par sou silence, avec
l'accueil bruyant et l'ardeur pour le vol que nous avons
éprouvée de la part des habitants des autres Marquises.
Egalement grands, également forts, leur beauté n'est pas la
même, mais comme tous les peuples qui habitent ces mers,
ils observèrent chez eux l'élégance des formes et la perfec¬
tion des contours de leurs membres. Si quelque chose manque
à leur physionomie, c'est cet air que donne le courage ou
contraste
Société des
Études
Océaniennes
—
252
—
l'habitude
des guerres. Ils se tatouent aussi, mais à
peine
ont-ils vu 10% qui aient subi cette
opération. A peine
ont-ils distingué quelques mots semblables à ceux de la
en
langue des naturels
TAYO (ami) y
Ils l'ont répété
y
que
est
après
nous
inconnu
eux
avions visités. Le même
quoique d'un
facilité mais
avec
attacher la même idée.
Les
femmes
très
différentes
de
celles
des
raissent
usage
sans
mot
général.
paraître
Marquises
pa¬
plus joufflues et plus grandes. Elles sont toutes rou¬
vertes d'une étoffe de la même nature
que la leur c'est-à-dire
de papier mûrier. Elles ne
s'oignent point à l'huile de coco
mais elles sont ornées de colliers et de
guirlandes de fleurs
ou
de plantes aromatiques très suaves. Loin de venir comme
celles de Sainte-Christine persécuter nos
messieurs effron¬
tément par les gestes les plus lascifs,
celles-ci au contraire,
se
tenaient éloignées et même séparées des hommes et sem¬
blaient céder qu'avec peine aux insistances
qu'on leur faisait
et comme forcées
par leurs parents.
M.
une
FORSTER fait sur les îles des Amis et de la Société
réflexion qui m'a paru assez judicieuse mais
qu'on ne
appliquer à celles-ci. Cet observateur croit qu'il n'y
a que les femmes du
peuple qui viennent s'offrir aux étran¬
gers. Cela peut-être vrai à l'égard de ces insulaires qui par
leur respect pour les devoirs de
l'hospitalité ayant appris
combien les suites de leurs fréquentations avec les
Européens
étaient cruelles et cuisantes ont abandonné les
témoignages
à la dernière classe du
peuple et c'est ce qu'il a vu. Mais la
disposition facile à sacrifier cette prétendue vertu qu'il prête
aux
personnes de classes plus élevées pourvu qu'on la paye,
mais cette disposition au vol
qui est commune à tous les
rangs, comment la justifier ? à moins de dire que depuis
que les premiers navigateurs y ont abordé, ils leur ont laissé
une
partie de leurs vices en y faisant connaître de nouveaux
besoins, au lieu que celles d'ici qui ne paraissent avoir eu
aucune
communication, n'ont pas encore lieu de nous craindre.
Il serait peut-être à souhaiter
pour elles qu'elles
eussent
toujours conservé cette ignorance qui fait leur bonheur.
Nous passâmes la nuit à louvoyer sous les huniers sur
l'espace de mer que nous avions parcouru pendant la journée.
A 6 h 1/2 du soir nous relevions la
pointe NO de l'Ile
MARCHAND au NE la pointe sud au SE et l'ouverture de
la Baye du Bon Accueil au est.
peut
J'oubliai de dire que
j'avais donné le
Société des
Études
nom
Océaniennes
de Pics MURAT
—
à
253
—
qui s'élèvent au milieu de cette île, du nom d'un de
les avait aperçus le premier de la baie
ceux
officiers qui
Madré de Dios.
mes
A 6h 1/4 du matin, nous relevâmes la pointe sud de l'Ile
Marchand en forme d'obélisque à laquelle je donnai le nom
de Pointe de l'Obélisque, au SE 1/2 S, la baye du Bon Accueil
au NE 1/4 E à une lieue de terre. A cette époque je fis serrer
le vent tribord amures pour reconnaître la partie nord de
l'île.
A 7 h nous aperçûmes une nouvelle terre sur l'avant qui
s'étendait du N 1/4 NE au NNO à la distance d'environ 9
lieues. Je crus aussi en voir dans l'ouest à travers la brunie.
Une demi heure après je donnai ordre de revirer au sud.
prendre possession de l'Ile Marchand
temps puisque nous en avions une
autre au nord au nom du Roy quoique je n'aie jamais pu
concevoir comment et de quel droit une nation policée pouvait
s'emparer d'une terre habitée sans consentement de ses ha¬
bitants mais, en me conformant à l'usage, je puis assurer
que mon intention était pure et qu'au lieu d'un maître je
ne croyais leur donner qu'un protecteur capable de les mettre
à couvert de l'oppression si quelque nation européenne ten¬
tait jamais de les asservir.
Quoique la mer fut très houleuse, le vent bon frais et
inconstant et que nous fussions à deux lieues de terre, à
9 heures je m'embarquai dans le canot accompagné de trois
de mes officiers et de huit matelots. Nous ne prîmes terre
qu'il midi dans une anse où nous apercevions des arbres à
un
desquels je me proposais d'attacher une feuille de cuivre
sur laquelle on lisait l'inscription suivante gravée à jour :
Mon dessein était de
et
des
autres
Le
en
même
Capitaine Etienne MARCHAND de
Commandant le navire le
a
Marseille,
SOLIDE
pris possession de cette île au nom de
SA MAJESTE
le
LOUIS XVI, ROY des
22
FRANÇAIS
juin 1791.
fûmes reçus à terre par une foule d'insulaires qui
montrèrent le même caractère de douceur et de pro¬
Nous
nous
que ceux de la veille, seulement ils nous parurent un
plus bruyants mais les bagatelles qu'on leur avait données et
celles dont ils nous voyaient chargés comme : miroirs, verbité
Société des
Études
Océaniennes
—
254
—
roteries, clous, hameçons se devaient avoir nécessairement
opéré cet effet.
Je remarquai que les femmes étaient moins jolies que ce
qu'on me les avait dépeintes quoique elles le fussent assez
pour subjuguer un homme même un peu difficile mais elles
conduisirent
se
de
la
même
manière et
avec
la
même
dé¬
cence.
Les
naturels nous offrirent de l'eau qu'ils appellent ainsi
les habitants des Marquises EVAHI et des cannes à sucre
de la grosseur du bras mais qui n'étaient pas des meilleurs
étant trop anciennes.
Je fis attacher l'inscription dont je viens de parler au
fond de l'anse à gauche à un arbre fort et vigoureux de
l'espèce du figuier des îles et après avoir confié aux insu¬
laires qui nous avaient regardés en silence et sans tenter le
plus petit vol, trois bouteilles cachetées dans lesquelles j'avais
fait renfermer la même inscription ; nous fîmes une grande
distribution de gros sous et autres monnaies de France, de
couteaux, de rassade, de clous, d'hameçons, de miroirs et
nous
nous
rembarquâmes en poussant trois fois le cri de
VIVE LE ROY auxquelles les naturels répondirent par d'autres
cris de joie, très contents de notre conduite à leur égard.
Au moment où j'allai m'embarquer dans le canot, ayant
aperçu aux oreilles d'une fille de la troupe une paire de
pendants en coquillage, je lui fis signe de me les donner,
ce
qu'elle m'accorda en marquant la plus grande joie et je
la récompensai en raison de son honnêteté.
Cette anse que j'ai nommée ANSE DE LA POSSESSION
n'est point abritée et n'offre aucun mouillage pour un na¬
vire mais il y a un beau ruisseau d'eau douce excellente.
Elle gît à environ deux lieues au NE de la pointe nord de
la baie du Ron Accueil. On ne peut pas d'ailleurs s'y trom¬
per, c'est la première anse boisée qu'on aperçoit après cette
pointe. Elle est formée à l'ouest par des masses de rochers
inclinées diversement, les uns à l'est, les autres à l'ouest
tandis que d'autres sont perpendiculaires ce qui annonce
évidemment de grands bouleversements mais la pierre qui
conserve sa
première couleur ne laisse voir aucune trace de
que
volcan.
Dans
la
partie nord qui avance un peu, les couches du
plus horizontales et laissent sur leurs bords une
espèce de plateforme d'environ huit pieds de largeur terminée
par un petit escarpement. Nous débarquâmes sur cette platerocher sont
Société des
Études
Océaniennes
255
—
forme
les
et
faire
naturels
rendirent
nous
savions comment
portèrent sur leurs épaules. Ils
service lorsque nous voulûmes nous
voyant que nous ne
descendre,
pour
—
nous
le même
rembarquer.
A
3 h
P.M.
fûmes
nous
de
à
retour
bord. Je
ne
voulus
point faire tirer de coups de fusil en faisant la prise de pos¬
session pour ne point effrayer les naturels qui certainement
ne
connaissaient pas les effets de nos armes à feu et je
fus bien aise de les laisser dans la plus parfaite ignorance
à cet égard.
A midi, la latitude observée sud de 9° 21,
La
longitude
estimée
depuis
les
Marquises était 0. de
142° 30'.
nous
avions observé quatre suites de dis¬
alpha Aigle à la Lune et dans la matinée quatre
autres suites de la Lune au Soleil qui rapportées toutes à
midi nous donnèrent le résultat moyen celle de 142° 27'.
Pendant la nuit
tances
de
On avait relevé dans le même instant :
La
pointe de l'Obélisque au SE 1/2 S.
La
pointe nord de l'île au NE 1/4 E 3° N et la
baye du Bon Accueil au E 1/2 N distance
de la
dernière.
de cette
La
pointe nord
1 lieue 1/2
l'aiguille aimantée déduite de 19 obser¬
déclinaison de
45' NE.
vations d'azimuth fut de 4°
Réaumur -f- 27
Thermomètre de Farenheit
91
Thermomètre
de
lorsque nos messieurs furent dans la
baye du Bon Accueil, ils y avaient vu des cochons et des pou¬
les qu'ils proposèrent mais que les naturels leur avaient dit
que le propriétaire était à la pêche et qu'ils ne pouvaient pas
J'ai oublié de dire que
les vendre
sans
Du mercredi 2 2
son
au
consentement.
jeudi 23 juin 1791.
Pendant le temps que
resté
sur
les bords
j'avais été absent du navire, il
brise fort inconstante.
avait
avec une
embarqué le canot, je donnai ordre de
près du vent tribord amures en forçant de
de reconnaître la terre que nous avions
aperçue le matin. Nous ne tardâmes pas à la revoir. Elle
parut une grande île assez élevée mais sans hachures.
Lorsque nous eûmes
gouverner au plus
voiles pour tâcher
me
Société des
Études
Océaniennes
A 5 h 3/4, l'île Marchand nous restait au SSE 1/2 S au SE
1/4 S. L'extrémité occidentale de la terre que nous voyions
de l'avant au N 1/4 NO distante d'environ 5 lieues.
A 6 h la mer ayant changé de couleur, je fis sonder avec une
ligne de 90 brasses qui ne rapporta point de fond.
Un quart d'heure après nous prîmes la bordée du sud et
nous
passâmes la nuit à faire des bordées dans les parages
que nous avions reconnus dans la journée avec une brise va¬
riable du ESE au ENE accompagnée de pluie et de très
fortes rafales.
Au
jour, je m'aperçus
les courants
que
nous
avaient fait
dériver dans l'ouest.
A 6 h du
l'avant
de
Marchand
matin, l'extrémité 0 de la terre que
restait
ESE 1/2
nous
NNE
au
et
nous
les Pics MURAT
avions
sur
l'île
E, distant de 6 lieues de la première.
Nous crûmes apercevoir d'autres terres dans l'O 1/4 SO. Nous
continuions toujours à suivre le vent.
A 9 h 1/2, la terre s'étant éclaircie, nous vîmes clairement
toute l'île qui
s'étendait de NE au E 1/2 N. Elle nous pré¬
senta alors le plus bel
aspect. Elle est beaucoup plus éten¬
due que l'île Marchand. Quoique élevé, le sommet des mon¬
tagnes est aplati et sans point hérissé ni pics, comme dans
celle-ci nous remarquâmes des collines en pente douce, très
boisées et d'une verdure agréable, enfin tout annonçait la fé¬
condité. Si la belle apparence d'une terre, si le climat où
elle est située, si le voisinage d'un peuple humain et pai¬
sible peuvent faire juger avantageusement de ses habitants,
j'ose assurer que jamais navigateurs n'ont trouvé d'aussi
fortes preuves en faveur de ceux qu'ils ont découverts.
C'est même une circonstance assez singulière que tous les
peuples reconnus par COOK soient caractérisés par une fierté
au
j'ai même dit
—
fin
la
une
férocité
de rencontrer étaient leur
la
—
dont il
a
été lui-même à. la
malheureuse victime,
bienveillance dont ils
Je donnai à cette île
tandisque ceux
parfait contraste
nous
le
ont
donné
venions
la douceur et
de témoignages.
que nous
par
tant
d'ILE BAUX
en l'honneur de
armateurs, à la pointe la plus sud de l'île celui de
pointe MARC et à la pointe nord celui de Pointe ELYSEE.
Mon dessein était de visiter cette île. Mais je dis avec peine
nom
mes
qu'il m'était impoossible de le faire à moins que de perdre
beaucoup de temps à louvoyer contre des vents et des courants
défavorables, ce que je ne pouvais faire car étant chargé d'une
Société des
Études
Océaniennes
la suite de laquelle je me trouvais déjà trop
parages, je ne voulus pas m'exposer aux re¬
proches d'avoir sacrifié les intérêts de mes commettants à
des découvertes dont je n'étais pas chargé. Je pris donc le
parti, je peux dire avec regret, d'abandonner mon projet et
de faire arriver sur deux petites îles que nous apercevions
dans le NO 1/2 N que je nommai les DEUX FRERES. Elles
gisent entre elles E 1/2 N et 0 1/2 S à 3/4 de lieue l'une de
l'autre. Celle de l'ouest est plus grande que l'autre et plus
élevée. Elles paraissent toutes les deux blanchies en bien des
endroits par la fiente des oiseaux qui seuls les habitent.
Nous passâmes dans l'ouest des deux. Ce ne sont que des ro¬
chers sur lesquels on aperçoit seulement de la mousse. Le
plus grand peut avoir 1/2 lieue de circuit et l'autre 1 mille.
Ils gisent au O 1/4 NO et à 10 lieues 1/2 de la pointe ELY¬
SEE sur l'île BAUX. Dans la partie de l'ESE de celui qui est
le plus est, je remarquai une petite bature mais qui n'était
guère au large,
mission
pour
tard
dans
ces
A
midi
notre
observée de 8° 50' Sud.
latitude
longitude est de Ste Christine de
La
142° 52' 30" O et
celle déduite de nos dernières observations faites devant
Marchand de 149° 49' 1/2.
Nous
nous
Dans
vants
le
trouvâmes 4 milles
même
moment
nous
l'île
plus au sud que l'estime.
prîmes les relèvements sui¬
:
La Pointe MARC
l'Ile BAUX
sur
La Pointe ELYSEE
sur
l'Ile BAUX
Le milieu de l'île BAUX
Le
Le
au
au
au
ESE 3° E
E 1/4 NE
E 1/4 SE
plus ouest des Deux Frères au
plus est des Deux Frères au NO
NO 3° N
1°2 N distant de 3 ou
4 lieues.
n'aperçûmes
Nous
pas
l'Ile Marchand parce qu'elle était
embrumée.
La
déclinaison
du compas
déduite de 17 azimuts fut de
4° 57' NE.
Thermomètre
de
Réaumur -f-
Thermomètre de Fahrenheit
Du
jeudi 23
A
taient
1 h
au
27
91
vendredi 24 juin 1 791.
3/4 les DEUX FRERES l'un par l'autre nous res¬
E 1/2 N à 1/2 lieue du plus ouest.
au
Société des
Études
Océaniennes
258
—
—
Je donnai ordre alors de
gouverner au
NNO à l'aide d'une
jolie brise de l'est.
Je croyais être sorti de ce
groupe d'îles lorsque sur les
5 heures 1/4 la
vigie cria « terre ». En effet, nous l'aper¬
çûmes tout de suite du N 1/4 NE au NNE 1/2 E. Elle parais¬
sait élevée et d'une couleur noirâtre.
Comme il aurait été très imprudent de courir
attendu qu'on croyait voir d'autres terres de l'avant
était
la
nuit
(ce qui
faux) je me décidai à passer la nuit sur les bords dans
l'espace que nous avions parcouru dans la journée.
Pendant la nuit la brise fut très fraîche du E
au
ESE
ac¬
compagnée d'un beau temps.
A
6 h
du
matin, l'île que nous avions aperçue la veille et
laquelle je donnai le nom d'ILE MASSE du nom de celui
de mon premier officier, s'étendait du NNE
1/2 N au NNE 8°
E, distance environ 7 lieues. Son aspect ne me parut
pas des
plus agréables. 11 est vrai qu'il était difficile d'en juger à
cette distance surtout
par un temps embrumé.
Une grande quantité d'oiseaux tels
que des fous, des goé¬
lettes, frégates, pailles-en-queues voltigeaient autour du na¬
à
vire.
A 6 h 1/2 nous aperçûmes à
peu près dans l'ENE de l'ILE
MASSE une seconde île à laquelle
je donnai le nom d'ILE
CHANAL du nom de mon second officier. Elle fut relevée au
NE 8° N à la distance d'environ 11 lieues. Elle
plus montagneuse et plus vive
J'aurais
vaient
désiré
ma
sur
paraissait
pouvoir visiter
route
mais
Je
la première.
que
ces
vent
deux
dai
à forcer
cet
archipel avant la nuit.
10 h 1/2, A.M., l'île MASSE fut relevée
1/2 S et le milieu à l'E 8° N tandis
A
l'E
de voiles
A
midi
NNO pour tâcher de
au
s'étendait de l'ENE 3° N
îles qui
s'y opposant je
au
me
et
trou¬
déci¬
tirer de
de l'ENE
que
1/2 E à
l'île Clianal
ENE 6° E.
latitude fut observée de 7° 54' S,
était de 7° 44 c'est-à-dire 10 milles
plus au nord.
Notre longitude estimée
13
se
me
notre
l'estime
depuis les Marquises était de 143°
celle
déduite de nos observations faites devant l'Ile
Marchand confirmée par d'autres faites le matin de 143° 10'.
La déclinaison du
compas avait été observée de 5° 3' par
onze suites
d'azimuts.
Au moment où
nous
avions observé la
Société des
Études
latitude, c'est-à-dire
Océaniennes
259
—
—
l'Ile Masse fat relevée de E 1/2 S au ESE 5° S
ESE 1/2 E, distant de 6 à 7 lieues et l'Ile
chand au E 1°4 NE 1° E distant d'environ 10 lieues.
à midi
milieu
au
et le
Mar¬
regarder ces îles absolument comme une nouvelle
puisqu'on ne les trouve marquées,comme je l'ai
déjà dit, sur aucune carte quelconque et qu'il n'en est fait
mention dans aucun journaux des navigateurs tant anciens
que modernes, j'ai donné à tout: le groupe le nom d'ILES
DE LA REVOLUTION en mémoire de celle qui s'était opérée
en
France et qui est un des événements les plus remar¬
quables de notre siècle. A midi nous en célébrâmes la dé¬
Devant
découverte
plusieurs santés.
quitter ces îles, il
position.
dicace par
Avant de
leur
paraît nécéssaire de donner
me
a 4 l'jeues dans la plus grande longueur
plus grande largeur est de 3 lieues. Elle
L'ILE MARCHAND'
du Nord
au
Sud,
sa
dix à douze lieues de tour. Le milieu gît par
142° 19 de longitude occidentale
suivant nos observations. La pointe de l'Obélisque gît au NO
1/4 0 1° 0 du monde à environ 20 lieues de distance de la
Baye du Bon Accueil est située par 9° 22 de latitude sud.
L1LE BAUX (les navigateurs qui dans la suite seront dans
peut avoir de
9° 21 de latitude sud et par
le
de
cas
mieux
reconnaître
ces
îles, trouveront peut-être
Est et Ouest séparées
la voyant dans le
NNE, japerçus un double terrein qui me paraissait éloigné de
la terre la plus près, mais ceci n'est qu'une présomption. Les
que l'île Baux forme deux îles gisant
l'une de l'autre par un canal étroit, car en
contraires m'avant empêché de
m'élever
dans l'est pour m'en assurer.) a au moins
tour. Sa pointe nord que j'ai nommée POINTE
17 lieues
vents
et les courants
assez
de
ELYSEE
8° 4.8 de latitude sud, elle est très basse. Son extré¬
mité orientale est par longitude de 142° 31' d'après son gi¬
sement au N 1/4 NO à 7 1/2 lieues de la partie 0 de l'Ile
Marchand. J'ai supposé le milieu de l'île par 8° 54 de lati¬
tude sud et par 142° 25 de longitude ouest suivant nos obser¬
vations. Elle est tant par sa beauté que par sa grandeur la
métropole des Iles de La Révolution.
Le plus ouest des 2 îlots que nous avons nommés les
DEUX FRERES gît par 8° 42' de latitude sud et par 142° 55'
de longitude ouest. Ils gisent au O 1/4 NO, 10 à 11 lieues de
l'extrémité Nord de l'Ile Baux.
Quant à l'ILE MASSE et à PILE CHANAL je les ai vues
de trop loin pour parler de leur grandeur. Le milieu de la
est
par
Société des
Études
Océaniennes
—
première gît par 8°
longitude ouest. Elle
Baux et au N 1/2 E
La seconde gît par
longitude à très peu
ENE 9° N
260
—
1' de latitude sud
est
à
16
lieues
au
et
par
142° 50' de
NNO 2° 0 de l'Ile
des Deux Frères.
7° 51' tie latitude sud et par 142° 35' de
près. Ces 2 îles se regardent entre elles
et OSO 9CI S( à 4 ou 5 lieues de distance.
Pendant le temps que nous avons resté entre les îles la
déclinaison de l'aiguille aimantée a été exactement de 4° 29'
à 5° 3' NE avec différents
compas.
Le
et
jour le thermomètre de Réaumur
la nuit
Nous
se
tenait
de 24 à 25.
nous
sommes
aperçus
que
dans les
canaux
à
-)- 27°
qui sé¬
parent ces îles, il y avait un courant qui portait tantôt dans
l'ouest et tantôt dans le NO à
peu près 1/2 mille par heure.
Aux marques que
l'on aperçoit sur les rochers qui bordent
rivage de l'Anse de la Possession (Ile Marchand) on voit
que la me^r y monte quelque fois de 2 pieds. On a observé
la même chose dans la
Baye du Bon Accueil où la mer est
très tranquille.
On peut regarder la position de ces îles comme bien dé¬
terminée à ftrês peu de chose près et je puis assurer
que les
longitudes que je leur ai assignées ne s'écartent pas d'un
quart de degré de la précision.
le
Société des
Études
Océaniennes
Le
Capitaine Irlandais Thomas EBRILL
Sauveteur de la
Le
22
avril
Frégate Française L'Artémise à Tahiti en 1839
1839, la Frégate française
«
l'Artémise
»
pla¬
Capitaine de Vaisseau Laplace et venant de Sydney ( Australie ) arrivait en rade de
Papeete, Chef-lieu de l'île de Tahiti. Ce navire accomplis¬
sait une campagne de circum de navigation pour recueillir dans
les Etablissements étrangers qu'il visitait des informations
utiles aux spéculations des armateurs et des négociants de
nos
ports, précisaient les Instructions Ministérielles, protéger
les bâtiments marchands français, recueillir des matériaux
utiles aux progrès de l'hydrographie et des Sciences phy¬
siques ; enfin, rechercher les parages, qui changeaient chaque
année, où se porteront les baleiniers français et rétablir la
discipline des équipages de ces navires. Ces Instructions
avaient été ultérieurement complétées par d'autres qui pres¬
crivaient au Commandant Laplace d'intervenir auprès des
autorités indigènes des archipels de la Société et des Sand¬
wich ( Hawaï ) pour qu'il fût mis un terme aux vexations
inspirées par des influences étrangères et dirigées contre des
missionnaires catholiques français.
cée
sous
le
commandement
Les circonstances
du
firent que
l'Artémise, sensible à l'action
puissante d'une forte brise, en raison de sa masse, fut drossée
contre des récifs de corail qui obstruent les abords du cheual
d'entrée
du port et que sa coque
fut gravement endomma¬
gée. C'est alors, écrit le Commandant
Laplace dans le relation
qu'un marin anglais vint m'offrir ses services
de ia manière la plus franche et la plus loyale. Le Capitaine
Ebrill, homme dont j'ai été bien souvent à môme d'apprécier
davantage encore l'énergie, les bonnes qualités et les moyens
supérieurs dans la pratique de notre métier, me proposa de
conduire la frégate à travers les bancs de coraux dans une
anse où elle se trouverait parfaitement en sûreté. Nous pûmes
y parvenir avant le coucher du soleil. Les Capitaiues des ba¬
leiniers anglais et américains mouillés sur rade envoyèrent
de
son
voyage,
Société des
Études Océaniennes
—
262
—
des
embarcations pour aider au remorquage de l'Artéinise. » ( 1 )
Il n'est pas douteux que si le bâtiment se tira sans en¬
combre de passes aussi dangereuses, ce fut
grâce à l'habi¬
lité, à la prudence, à la résolution du Capitaine Abrill (sic)
et aussi à sa
parfaite connaissance des fonds. (2)
Pour reconnaître les services d'Ebrill
qui refusa la moindre
rénumération pécuniaire, le Commandant Laplace lui fit don
d'un, fusil Robert, d'invention récente. (3)
De leur côté, les Officiers de la
frégate lui offrirent une
longue-vue plaquée d'argent et plus tard le Gouvernement
Français lui décerna une médaille qui malheureusement ne
parvint à Tahiti qu'après sa mort.
On
rencontre si souvent son
Pacifique qu'il
aventureuse
nom
dans l'Histoire de l'Océan
a paru intéressant de reconstituer
cette partie du Monde et de relater
nous
dans
sa
sa
vie
fin
tragique.
Fréquemment altéré sous les formes Abrill, Abril, Avril ou
Ebril, son nom était Ebrill ainsi que nous l'a prouvé sa pro¬
pre signature apportée sur différentes pièces des archives
du Consulat Britannique à Tahiti.
D'autre part, nous savons par J.A. Moerenhout
qui l'a per¬
sonnellement connu, qu'il était non pas Anglais mais Irlan¬
dais.
Enfin, nous n'avons pu retrouver aucune indication nous
permettant de connaître le lieu et la date de sa naissance
ni d'être renseigné sur son enfance et sa
jeunesse non plus
que sur l'époque de son arrivée dans l'Océan Pacifique.
( 1)
La place. Campagne de circum navigation de la frégate
pendant les années 1837-1840. 5 vol. Paris. Arthus Ber¬
—
l'Artémise
1841-1853
trand.
(2)
15
août
sant
par
de
1831,
extérieurs
des
un
deux Mondes
1840.
(3)— En
chiens
vol. V. 361.
;
Louis Reybaud. L'Artémise à Taïti. Revue des
—
l'arquebusier Robert avait créé un fusil
chargement par une culasse articulée et
à
cartouches
tout
amorcées.
La
minuscule marteau intérieur mû
l'extérieur.
sans
utili¬
percussion
par
un
était obtenue
mécanisme sensible
Nous
devons ces précisions à une
obligeante com¬
personnelle de M. Gastinne Renette, le grand armurier
parisien que nous remercions bien vivement d'avoir bien voulu ré¬
pondre à notre demande d'information.
munication
Société des
Études
Océaniennes
—
263
—
La
première mention qui est faite de lui se rapporte à
1820. Fixé depuis quelque temps déjà à Tahiti,
semble-t-il, il était alors « second » d'un voilier commandé
par le Capitaine Henry, fils d'un missionnaire anglais établi
dans l'île, et dont il devait plus tard épouser une des sœurs.
l'année
C'est
l'occasion
à
téméraire
du
récit
d'une
action
maritime
aussi
brillante qui se déroula à Toubouaï, une des
îles Australes, située au sud de Tahiti, que Moerenhout nous
le présente. ( 1 )
Un événement fort singulier y eut lieu vers 1820 ( 2 ).
On y vit un petit bâtiment d'environ quarante tonneaux
s'emparer d'un brick de guerre de dix-huit pièces de canon
qui s'était détaché de l'escadre de l'Amiral Cochrane (3), au
l'érou. Voici comment les choses se sont passées.
L'Araucano, brick chilien de dix-huit canons, le plus fin
voilier de l'escadre sous. Lord Cochrane, en avait été expédié
sur
la côte du Pérou pour approvisionner les autres vais¬
seaux en farine et autres objets
(sic). En l'absence de son
Commandant, M. Simson, descendu à terre, trente hommes, de
l'équipage, sous les. ordres d'un des officiers, se révoltèrent,
obligèrent les marins espagnols à quitter le bord et firent
que
«
«
pour les Iles Sandwich ; mais là, prévenus à temps
qu'il s'élevait contre eux des soupçons et ne sachant proba¬
blement pas trop sur quel point se diriger, ils allèrent à
voile
O'Taïti.
n'étant encore que peu fréquentée, il ne s'y
alors qu'un petit bâtiment de quarante tonneaux,
commandé par M. Henry, fils du missionnaire du même nom
«
O'Taïti
trouvait
qui avait
( 1 )
Paris.
—
pour
second M. Ebrill.
J.A. Moerenhout. Voyages aux îles du Grand
Bertrand ; 1837 Tome II P.P. 338-343.
Océan
—
Arthus
puis garantir l'exactitude de cette date que je
du reste est indifférent au
fait même ». Note
de Moerenhout — J. A. Moerenhout, Belge
de nationalité, était venu pour la première fois à Tahiti en 1829.
Il s'y fixa par la suite, devint Consul des Etats-Unis, puis Consul
de France et ne quitta définitivement l'île qu'en 1846 rejoignant
Monterey, en Californie où il avait été nommé Consul de France.
(2)—
n'ai pas
(3)
du
en
—
«
Je
ne
été à portée de vérifier, ce qui
Officier de la Marine Royale Britannique qui avait pris
Chili révolté contre l'Espagne et dont il commanda
au
la Marine pendant l'insurrection.
service
chef
Société des
Études
Océaniennes
—
264
—
Le
capitaine de l'Araucano, ou du moins l'homme qui se
tel, se rendit presque aussitôt après son arrivée, à bord
du petit bâtiment, dit qu'il allait sur la côte de NouvelleZélande à la pêche des loups-marins, offrit au Capitaine Henry
des farines en échange de plusieurs objets dont il avait be¬
soin, et, chose singulière, réussit pendant plusieurs jours à
écarter tout soupçon de ce qu'il pouvait-être. Ce ne fut guère
qu'au dernier moment que l'insubordination de son équipage
fit penser que le prétendu pêcheur u'était qu'un pirate.
M. Henry lui avait fait connaître son projet d'aller à
Toubouaï, et après avoir retardé son départ dans, l'espérance
que son compagnon suspect partirait avant lui, il dut enfin
quitter O'Taïti, d'autant plus que le bâtiment prétendait de¬
voir y rester encore quelques jours. Il y eut visite d'adieu ;
l'on se quitta dans la meilleure intelligence, mais quel ne
fut pas l'étonnement du Capitaine Henry quand, à peine
éloigné de huit à neuf in i lie s du port, il vit le « Black Brick »,
le Brick noir, comme on le nommait à O'Taïti, en sortir a
toutes voiles et se diriger droit sur lui comme pour lui don¬
ner la chasse. Il n'avait
point espoir de lui échapper en pour¬
suivant sa route, mais il se trouvait par bonheur assez près
d'Eiméo ( 1 ) pour gagner un des ports de cette île avant que
le pirate pût l'atteindre en dépit même de la supériorité de
sa
marche. Celui-ci, voyant sa proie lui échapper, vira de
bord, cingla vers l'ouest et fut bientôt hors de vue.
Quatorze jours s'étaient écoulés et croyant l'ennemi bien
loin, le Capitaine Henry poursuivit son voyage pour Toubouaï.
$n y ^arrivant, nouvelle surprise ! Le Brick de guerre y était
disait
«
l'ancre. Fuir était inutile. Il fit bonne contenance, entra
dans le port sans hésiter et mouilla non loin du brick dont
le Commandant vint aussitôt à bord, se montrant extrême¬
à
joyeux de le revoir et lui disant qu'une voie d'eau
obligé de faire ce port, mais qu'il allait partir le
lendemain. Après une courte entrevue, il descendait à terre
laissant le capitaine dans, la plus grande perplexité et dans
la plus grande incertitude sur ce qu'il avait à faire,
posi¬
tion déjà critique et rendue plus critique encore par un nou¬
vel incident. Un indien apporta à bord une lettre écrite
par
l'un des pirates, lettre faisant connaître ce qu'ils étaient,
ment
l'avait
( 1)
—
Cette île, voisine de Tahiti, porte également le
Mooréa.
Société des
Études
Océaniennes
nom
de
—
d'où
ils
265
—
venaient, leur intention de s'emparer du
petit bâti¬
le conseil donné à
son
équipage de l'abandonner pour ne pas être victime du
complot. Que répondre et que faire ? Le capitaine ne le sa¬
vait. M. Ebrill, son second, eut bientôt pris, un parti : « N'at¬
tendons pas, dit-il, qu'on vienne nous attaquer et nous prendre,
mais attaquons nous-mêmes le bâtiment armé et l'enlevons à
l'abordage. » On rit d'abord de cet avis, regardé comme une
fanfaronnade irlandaise ( car le second est Irlandais ) ; mais
iui, sérieux, explique l'affaire, en démontre la possibilité,
s'offre pour l'exécution et, du consentement du capitaine, se
cette
ment
met
nuit
même
et
concluant par
aussitôt à l'œuvre.
pirate était à terre et s'était fait suivre
On calcula qu'en conséquence,
il ne restait guère à son bord qu'une douzaine d'hommes,
sans
doute suffisants pour repousser une attaque prévue,
mais dont il n'était pas impossible de triompher par surprise.
Le soir venu, Ebrill, armé de pistolets et d'un sabre, descend
dans un petit canot où peuvent à peine tenir les huit hommes
qui raccompagnaient, dont six Indiens. Il se dirige vers le
brick d'où sur le moindre soupçon, on pouvait par une mort
certaine prévenir sa généreuse audace car on a su depuis que
tous
les canons étaient chargés à mitraille. Il approche
pourtant favorisé par l'obscurité et touche enfin au bâtiment.
Alors seulement on lui crie « qui vive ». Il ne répond pas
mais avec cette agilité qui le caractérise, il s'élance sur le
tillac, appuie l'un de ses pistolets sur la poitrine du faction¬
naire de garde, l'autre sur le front du seul officier présent
à bord et leur crie : « Vous êtes mes prisonniers ! » Dans cette
situation, soit maladresse, soit crainte de la part de ses com¬
pagnons, il se trouve pendant plusieurs secondes, absolument
isolé. Ils arrivèrent pourtant, mais il était temps, car déjà le
héros avait vu plusieurs, hommes s'élancer dans l'entrepont
pour s'armer. Aussi distingué par sa présence d'esprit que
par son courage, il remet ses prisonniers entre les mains de
deux Indiens et s'emparant avec le reste de sa troupe, de
toutes les issues par où pouvaient remonter tous ceux qu'il
avait vus descendre. « Votre capitaine, leur cria-t-il, est déjà
prisonnier à terre, toute défense est inutile ; rendez-vous et
il ne vous sera fait aucun mal. » D'après ce qui venait de se
Dasser, les pirates pouvaient-ils douter de la vérité du fait ?
ls se rendent l'un après l'autre. On s'assure des prisonniers,
iverti sur la champ du succès de l'entreprise, le capitaine
«
Le Commandant
d'une
seconde
embarcation.
Société des
Études
Océaniennes
-
266
—
Henry vient lui-mêmje à bord du brick avec le reste de son
équipage et un certain nombre d'Indiens, et quand vers mi¬
nuit, les hommes descendus à terre veulent retourner à bord,
plusieurs sont arrêtés par les Indiens et les autres faits pri¬
sonniers
en
arrivant
au
bâtiment.
Le
lendemain, après avoir pris toutes les précautions né¬
cessaires pour prévenir l'évasion des prisonniers, on engage
un
certain
nombre
de
naturels
de
Toubouaï.
On
distribue
également sur les deux bâtiments le faible équipage du ca¬
pitaine Henry et M. Ebrill ayant pris le commandement de
sa
prise, ces deux officiers revinrent ensemble à O'Taïti.
Qu'on juge de l'étonuement de leurs amis qui, malgré ce
qu ils voyaient, pouvaient à peine croire un événement si
extraordinaire : malheureusement, au lieu de partir immé¬
diatement avec sa capture pour le Chili où devaient l'attendre
les honneurs et les récompenses, le noble vainqueur, d'après
«
les
missionnaires,
laissa
son
brick à
O'Taïti
en
attendant
qu'il fût réclamé
par le Gouvernement Chilien auquel on
écrivit à cet effet mais qui ne répondit point, soit en raison
de l'état du pays, soit parce que le bâtiment ne lui parut
pas en valoir la peine. Quelques années après, les Indiens le
détruisirent et s'en approprièrent les canons qui sont encore
dans
un
îlot du centre de Papeiti, au Nord-Ouest de l'île.
capitaine Ebrill, bien loin de recevoir les récompenses et
les honneurs auxquels lui donnaient droit un des plus
bril¬
lants exploits dans, les annales guerrières d'aucun peuple aient
jamais donné l'exemple, n'en a même pas été remercié ( 1 ).
Quant aux prisonniers on les a laissés libres à O'Taïti d'où,
bientôt après, tous sont partis sur divers navires et pour dif¬
férents pays (2). Quatre années s'écoulent pendant lesquelles
on
perd Ebrill de vue. Le 2 septembre 1824, le jeune officier
arrive à Sydney, commandant le Snapper, (3), voilier de 42
Le
( 1 ) — Depuis il est allé au Chili deux fois ; il y a même vu
Simson, le premier capitaine du brick et qui, maintenant, comman¬
de l'Aquillis ; mais le Gouvernement n'a pas fait attention à lui et
personne n'a parlé de sa belle action que je serais heureux de voir
arracher
par ce peu de lignes, à l'oubli dont le menace l'injustice
l'ingratitude des hommes. ( Note de Moerenhout )
( 2 ) — Moerenhout. Tome II p. 484
( 3 ) — Le Snapper devait être un bâtiment ayant son port d'at-j
tache à Tahiti. Le Capitaine Samuel Henry, beau-frèree d'Ebrill
en
prit à son tour le commandement après ce dernier et accompli!
deux voyages en Australie avec lui en mai, novembre 1828-1830
et
Société des
Études
Océaniennes
—
267
—
chargement de marchandises diverses. Nous
il revint à Tahiti. Nous l'y retrouvons
le 7 janvier 1825, jour de son
départ pour les Iles Marquises
avec
le Lynx, ayant à son bord comme passagers des caté¬
chistes protestants indigènes conduits par le missionnaire an¬
glais Crook. Selon toute vraisemblance, il revint à Tahiti car
ce n'est
que le 24 août suivant que son arrivé à Sydney est
signalée.
Devenu ensuite capitaine de la Minerva, il fait avec ce
navire un autre voyage en Australie. Le journal de Sydney,
Australian, annonce son débarquement dans ce port le 17
avril 1826, et son départ le 7 juin pour Papeete. Le même
périodique mentionne le 4 février 1827 son arrivée avec la
Minerva. D'autre part, le « Sydney Gazette » rapporte le 27
juillet suivant qu'il avait été victime d'un vol de harengs
tonneaux
avec
un
n'avons pu savoir quand
dont
l'auteur, un certain James Dunn, arrêté aussitôt,
paraît devant le tribunal du quartier de Windsor.
Revenu
à
com¬
pour les Marquises le
archipel les catéchistes
qu'il y avait conduits en janvier 1825, mais qui n'y étaient
demeurés que quatre mois.. Retrouvés à Nuka-Hiva une nou¬
velle fois, les catéchistes avaient quitté l'île de nouveau, cette
tentative ne devait pas être plus heureuse que la précédente.
Passé sur l'Industry de 87 tonnes, il arrive à Sydney le
4 février 1828, mais ne garde pas le commandement de ce
navire que prend l'année suivante un autre capitaine nom¬
mé Curry (1). L'activité d'EbriJl pendant les années 1829 et
1830 n'a pu être reconstituée. Il se trouvait à Tahiti en 1831
lorsque le navire portant M. Doursther commerçant à Val¬
paraiso et Consul de Hollande dans cette ville, fit naufrage
à l'île d'Anaa, du groupe dit de la chaîne, aux Tuamotu.
Ebrill se porta acquéreur de l'épave quand celle-ci fut mise
en
vente à Papeete, pour la somme modique de 8.500 frs.
Elle ne valait peut-être pas davantage, écrit Moerenhout
(2), néanmoins je suis certain qu'Ebrill ne fit pas une belle
23
octobre
Tahiti, Ebrill fait voile
1827
ramenant
dans
cet
«
( 1 )
—
au voyage d'Ebrill aux Marquises
1827 sont extraites du livre de Vincendon. Dumoulin
Les précisions relatives
en
1825
et
Desgraz (qui appellent le Capitaine Sibrill). Les
ou
et
en
Nouka-Hiva.
(2)
—
Arthus Bertrand
1843. Vol.
94-95
Moerenhout. Tome 5 p.p. 331-332.
Société des
Études
Océaniennes
Iles Marquises
—
268
—
affaire. Le bâtiment, assuré en
Angleterre, ne fut en effet pas
quelque vice de forme invoqué
dans son rapport par son capitaine qui prétendait que Mon¬
sieur Doursther n'avait pas le droit de vendre l'épave en son
absence ; il était resté par hasard sur une autre ile. En réa¬
lité, il avait été furieux de la voir passer en d'autres mains
que les siennes. »
payé
par
les
assureurs pour
question suscita en tout cas de
Moerenhout, asso¬
Tahiti. « Le bâti¬
ment avait été pillé par des brigands de l'île de la Chaine ».
Invoquant les conventions passées avec la Reine de Tahiti,
avant le départ du navire, Moerenhout qui avait des intérêts
dans l'affaire rappela à la Souveraine qu'elle lui avait donné
une
lettre d'autorisation pour aller à la pêche. Elle promit
de faire restituer les objets volés et de punir les coupables.
Une de ses goélettes partit en effet pour Anaa et à son retour
on
rapporta à Moerenhout, comme un triomphe, trois vieux
habits, deux malles vides., le diplôme (?) de M. Doursther ;
mais ce qu'il y avait de pis, c'était de voir se promener libre¬
ment à O'Taïti, des gens qui avaient pris part au pillage. Je
reconnus dans cette affaire qu'il n'y avait aucun fonds. ( sic )
à faire sur la justice des Indiens, les bâtiments de guerre
pouvant seuls les mettre à la raison, et leur donner des leçons
devenues nécessaires pour la sûreté des mers et dans l'intérêt
du commerce. ( 1 )
L'acquisition du voilier
en
gros ennuis à Ebrill. Ainsi que le rapporte
cié de M. Doursther et son représentant à
C'est
précisément à quoi s'employa le capitaine Fremantle,
Royale Britannique qui vint à passer sur ces
entrefaites à Tahiti, avec le « Challenger ». Les indigènes
des Tuamotu contestaient à Ebrill la propriété de l'épave.
Ebrill répondait qu'il avait agi non seulement pour récupérer
un bien
qui lui appartenait mais aussi pour la protection des
biens appartenant à des Anglais ou à des Américains. Le
capitaine Fremantle adoptant le point de vue soutenu par
Ebrill et par Moerenhout le soutint auprès de la Reine Pomaré
et obtint satisfaction. De plus, il laissa en partant un « Mémorendum » dans lequel, après avoir rappelé les différents
cas
dans lesquels la Reine avait des obligations à remplir,
ajoutait : « Je suis d'avis que si la Reine ne fait pas tout ce
de
la
( 1)
Marine
—
Moerenhout. Tome I P.P. 331-332
Société des
Études
Océaniennes
—
qui est
lieu
en son
pouvoir
navire de guerre
A
la
fin
de
commandement
d'une
duire
prévenir les pirateries qui ont eu
il faudra qu'un
s'y rende et s'empare des délinquants» (1).
dans les îles Basses,
l'année
1831, Moerenhout donna à Ebrill le
brick, « Le Napoléon », de retour
de pêche aux huîtres perlières, pour con¬
de
campagne
ce
—
pour
récemment
encore
269
bâtiment à
son
Valparaiso. (2)
En
1832, Thomas Ebrill revenu de Valparaiso en février
passager sur le trois-mâts barque (3), «Pomaré» (4)
naviguant sous pavillon chilien, allait s'illustrer par une
comme
nouvelle prouesse.
M. Doursther, dont il a été question plus haut, n'avait pas
hésité, malgré son précédent naufrage aux Tuamotu, à re¬
commencer une
campagne dans cet archipel et avait affrété
à cette fin la Pomaré sur laquelle il s'était embarqué lui
aussi. Quelques jours après être arrivé à Tahiti, il était re¬
parti pour l'île de la Harpe. ( 5 )
Pendant
qu'ils trouvaient, M. Doursther et ses hommes
l'objet d'une agression de la part des. indigènes qui
firent prisonniers.. Par chance un certain nombre de ces
furent
les
(1)
—
J.M. Ward. British Policy in the South Pacific. Sydney
1948. p. 64
(2)
(3)
dont
—
—
les
Moerenhout. Tome I
—
330
distingue par le mot trois-mâts barque un navire
premiers mâts comportent des vergues, le troisième
perpendiculaires.
On
deux
des voiles
(4)
p.
«
On avait donné à ce bâtiment le nom de la Reine
la flatter par cette galanterie, mais il arriva tout le
d'O'Taïti pour
contraire
son
et
peuple
cette
y
malheureuse idée faillit soulever l'île,
la Reine et
ayant vu un manque de respect. Autrefois
quand
un
prenait un nom, ce nom devenu sacré, ne pouvait
être donné sous peine de mort à aucune personne ni à aucune
chose. » (Note de Moerenhout. Tome II. p. 35)
Roi
ou
une
Reine
( 5 ) — Dénommée ainsi par Bougainville, Bow island par les An¬
glais, Heao par les natifs. Cet atoll se trouve à l'Est de Tahiti, à peu
près sur la même latitude et environ par 142°-143° de longitude O.
C'est un des plus grands de l'archipel.
Société des
Études
Océaniennes
—
270
—
insulaires
originaires des îles de la Chaîne ( 1 ) qui dési¬
chez eux, proposèrent à l'Anglais Middleton
( 2 ) interprète de M. Doursther de les y ramener sur la
Pomaré » proposition qui fut aussitôt
acceptée. Une fois
parvenus au terme de leur voyage, les indigènes commencèrent
à couper les
cordages et à piller le navire. Ils auraient fini par
détruire complètement celui-ci si Middleton, au
péru de sa
vie n'avait
pas réussi en hissant la seule voile qui restait à
éloigner le bâtiment du rivage, sur quoi les sauvages qui
étaient à bord s'empressèrent de sauter dans la mer.
Par miracle, Middleton réussit à
regagner Tahiti, mais la
« Pomaré
était dans un tel état qu'il aurait fallu
plusieurs
semaines pour la réparer et lui
permettre de naviguer. Le
hasard voulut que sur ces entrefaites le
capitaine Ebrîll
[arrive à Papeete avec sa goélette de 60 tonneaux.
raient
retourner
«
»
C'était l'homme le
«
des
captifs. Débarquer
nouveau
voyage, ce fut
plus
propre pour se porter au secours
marchandises
se préparer à ce
d'un jour et demi...
Malheureusement
contraiguit à rentrer
le jour suivant son
départ et malgré notre impatience, il fallut
employer quatre jours encore à le calfater ( 3 ) et à le
mettre en état de
reprendre la mer....
ses
;
pour lui l'affaire
l'état de son navire le
Arrivé en vue de l'île, craignant
que les Indiens ne dis¬
tinguassent le bâtiment et n'éloignassent les prisonniers, (4)
«
( 1 )
ron
(2)
les
Appelées Anaa
—
à mi-distance
—
entre
les indigènes, elles sont situées envi¬
Harpe et Tahiti.
par
l'île de la
Middleton avait
insulaires.
«
été laissé libre
C'était écrit Moerenhout,
singulier, vivant depuis longtemps
s'était
fait
aimer
au
de
ses
mouvements
par
homme instruit, mais
milieu des Indiens dont il
un
patience et surtout par l'indifférence avec
laquelle il donnait tout ce qu'il avait, et même ce qu'il n'avait pas,
)car il disposait librement en faveur de ses amis de ce
qu'on lui con¬
fiait. (Tome II P. 361)
(3)
coque
par
sa
Garnir d'étoupe, de poix, et de goudron les fentes de la
d'un navire (Larousse)
—
( 4 ) — Les prisonniers avaient été débarassés de leurs biens
insulaires, mais laissés presque sans nourriture. Il n'était
assuré qu'ils ne songeaient
pas à les tuer et à les dévorer
les
le
concours
eux
des habitants
étaient allés chercher
d'une
avec
Société des
île voisine que
leurs
Études
par
pas
avec
quelques-uns d'entre
pirogues.
Océaniennes
-
271
-
Ebrill prit le parti de
s'embarquer dans son canot avec quatre
marins, quoiqu'ils fût encore à plus de quinze milles de la
passe. Alors., ne pouvant plus se cacher, il fit rames avec
force. Le
hasard voulut que
les Indiens ne l'aperçussent pas,
prisonniers toujours sur le qui-vive, l'avaient vu
depuis longtemps et s'étaient approchés de la passe autant
qu'ils pouvaient le faire, sans éveiller les soupçons de leurs
ennemis qui ne virent l'embarcation que quand elle fut dans
la passe. Ils. coururent alors aux armes. Ce moment était cri¬
tique car le canot, luttant contre le courant, on ne pouvait
songer à se servir des armes à feu. On avança pourtant, et
avant le retour des Indiens armés, on était hors de danger
quant à la mer. Cependant les Indiens arrivaient, mais lors¬
qu'ils virent le capitaine Ebrill qu'ils connaissaient, se saisir
de son fusil, un seul d'entre eux fit feu du sien, puis tous
s'enfuirent et quelques secondes après, l'embarcation était
au milieu des
prisonniers.
mais
les
Qu'on juge de la joie de tous ces malheureux ! C'était à
qui d'entre eux embrasserait le premier ses libérateurs. Le
capitaine Ebrill qui prévoyait tout, n'avait pas négligé d'ap¬
porter assez de provisions pour soulager les pauvres affamés.
Ensuite il fallut partir en toute hâte car les pirogues, de
l'autre île pouvaient paraître à chaque instant. L'embarcation
était petite ; quatorze personnes devaient alors y prendre
place ; la goélette, contrariée par le vent, n'était pas encore
en
vue
et quand tout le monde fut embarqué, les bords du
canot n'étaient pas à deux pouces (5 centimètres.) de l'eau;
mais on naviguait avec précaution et grâce au calme de la
mer, on arriva heureusement à bord de la goélette, trois
heures après avoir quitté l'île.
«
Plusieurs
des prisonniers auraient voulu partir de suite
O'Taïti, mais Ebrill crut devoir donner encore une le¬
çon aux Indiens. II revint à l'île dès le lendemain avec la
goélette, se saisit de deux ou trois de ceux qui avaient coo¬
péré à la prise de la « Pomaré » brûla toutes les pirogues
«
pour
et
les laissa consternés.
Révoqué de
de
ses
»
fonctions après les incidents que nous venons
rapporter, le capitaine de la « Pomaré »
fut remplacé
pax-
qui fut chargé de débarrasser Tahiti d'un cer¬
tain Anglais nommé Josuah Hill qui venant des Sandwich
où il s'était imposé même au Consul de Grande-Bretagne,
ie capitaine Charlton, pourtant méfiant de nature, par ses
manières hautaines et sa faconde, il s'était installé à PaThomas Ebrill
Société des
Études
Océaniennes
—
de
272
—
autorité chez le missionnaire George
retour de ce dernier, il ne quitta
pas pour autant sa maison dans laquelle il se fit donner une
hospitalité aussi généreuse que gratuite pendant une année.
S'étant rendu odieux, il fut pris au mot lorsqu'il exprima un
jour son intention de se fixer dans l'île de Pitcairn et em¬
barqué sur « la Pomaré » qui le déposa dans cette île le 28
octobre 1832 (1).
peete
Pritchard
sa
propre
en son
absence. Au
Le 5 avril 1833, Ebrill arriva de nouveau à
mandant cette fois la « barque » Maria.
En
Pitcairn,
com¬
février
1834, sa présence aux Gambier nous est révélée
Moerenhout qui revenait de Valparaiso : « Nous distin¬
guâmes la principale île des Gambier dans la matinée du 6
février 1834, à la distance d'environ 40 milles. Toute la nuit
les vents furent légers, mais les courants nous portaient un
peu, et comme le peu de brise que nous avions venait du
Nord, on se décida, si les vents tenaient en ce quartier, à
entrer par la passe du Nord-Ouest que connaissait bien l'un
des nôtres, le Capitaine Ebrill, qui depuis 1832, avait
plusieurs
fois parcouru ces parages. « Cette rédaction indique claire¬
ment qu'Ebrill était à bord du navire mais non en
qualité
de capitaine. ( 2 )
par
Le
10 février,
après avoir terminé
ses affaires, Moerenhout
des Gambier, en compagnie d'Ebrill
et le 14, il passa sur une autre navire à destination de Ta¬
hiti ; on ne peut dire si Ebrill l'imita ou non.
alla visiter l'île
En
Elson,
juin 1834,
une
retrouvons Ebrill à Pitcairn avec la
repris le commandement. Il y rame¬
nait trois Anglais : Nobbs, Buffet et Evans qui s'étaient enfuis
et s'étaient réfugiés à Tahiti,
pour se mettre à l'abri des
mauvais traitements dont ils étaient l'objet de la part
de
Josuah Hill devenu dictateur de la petite île. Devant le refus
de Iiill de les laisser débarquer, Ebrill se trouva contraint
de les garder à bord de son navire où leurs familles, demeu¬
rées à Pitcairn vinrent les rejoindre. Après avoir déposé
Nobbs et Evans aux Gambier, la Pomaré retourna à Tahiti
Pomaré
avec
( 1)
dont
nous
avait
ses
autres
—
L. Jore. Epilogue de la mutinerie du Bounty. La Grande
Révolution
( 2)
il
—
à
passagers.
Pitcairn.
Moerenhout. Tome I.
Société des
p.
90
Études
Océaniennes
—
Nous
Henry
273
-
pas expliqué pourquoi le capitaine
trouvait à bord de la Pomaré pendant le voyage.
ne
se
nous
sommes
Sept années vont s'écouler sans qu'on puisse exactement
ce
que fit Ebrill pendant ce temps. Néanmoins on
peut supposer que les capitaines Henry et Ebrill firent plu¬
sieurs voyages aux Gambler où selon Moerenhout, ils étaient
très estimés de la population locale. Le même auteur rapporte
à ce sujet que les rapports avec celle-ci, s'étaient améliorés
grâce à ces deux officiers de la marine marchande. Le chef
du groupe lui avait beaucoup parlé de Ariki ( le chef du
Dehors
le chef de la mer ) titre que le souverain de Ta¬
hiti, Pomaré, avait donné au capitaine Henry ; sous lequel
cet officier est aujourd'hui bien connu aux Gambier. Il en
pariait avec chaleur, paraissant l'aimer beaucoup. Je suis
sur
que si M. Henry voulait user de son influence, il pour¬
rait opérer les plus heureux changements dans cette île et
faire beaucoup de biens à ses habitants (1).
savoir
—
Peut-être
aussi, le capitaine Ebrill se déplaça-t-il moins
après 1834. Ce qui est certain c'est qu'il se trouvait
à Tahiti en 1839 puisque cette année-là ; il sauva l'Artémise
d'un naufrage et qu'il remplit pendant quelque temps les
fonctions intérimaires de Consul britannique à Papeete.
souvent
Nous savons, d'autre part,
qu'il avait acheté avec le capi¬
Henry dont il avait épousé une des sœurs, une propriété
en
un
point de Tahiti nommé Maïrépéhé. Au cours d'une
excursion, Moerenhout y avait passé plusieurs jours : « Je
fus reçu, avec amitié par M. Ebrill et sa femme. Je me
voyais de nouveau avec plaisir dans la maison d'un Euro¬
péen. Cette demeure, quoique construite à la hâte, en plan¬
ches, est commode et je fus charmé de la grande propreté
qui y régnait dans une chambre que j'occupai pendant mon
séjour. »
taine
«
De
canton
cieuse
Maïrépéhé, on a une vue superbe de l'isthme et du
appelé Tairabou (Taravao). Cette baie, la plus spa¬
de l'île a deux entrées, dont une large et facile...
capitaines Ebrill et Henry possèdent en ce lieu une belle
plantation de sucre ( sic ) mais leur profession aventureuse
Les
( J )
—
Moerenhout Tome 1
Société des
p.
95
Études
Océaniennes
leur
ne
permet guère
diens les
aussi fort
a
de la soigner et l'indolence des In¬
découragés. » ( 1 )
Moerenhout n'a pas indiqué
laquelle
les
Tout
que
elle
ce
droit
aucun
C'est
la date de sa visite ni celle à
deux capitaines se défirent de leur propriété.
l'on peut dire c'est qu'Ebrill n'avait plus sur
en
1842.
1828 que ce dernier avait épousé la seconde
premier mariage du Rev. William Henry (2) avec
Sarah Maben née à Tahiti en 1803, Eléanor Henry était par¬
tie pour l'Australie, sans doute pour raisons de santé à une
date que nous n'avons pas pu déterminer et mourut à Syd¬
ney le 3 juillet 1841. (3)
vers
fille d'un
Sur quel navire fit-elle la traversée ? Son mari l'accompagna-t-il ? Etait-il près d'elle au moment de sa mort ? Au¬
tant de questions auxquelles nous ne pouvons répondre. Les
précisions nécessaires ne pourraient être trouvées qu'au prix
de longues recherches dans les rubriques des journaux de
Sydney où sont mentionnés les mouvements des navires et
les
des
noms
Dans
passagers.
numéro du 17
1842, le grand journal Aus¬
tralien, le Sydney Morning Hérald, annonçait à ses lecteurs
que le Brig Star de 125 tonn., commandé par le capitaine
Thomas Ebrill avait quitté Sydney la veille à destination des
îles de la mer du Sud. Huit mois plus tard, il était retenu
dans ce port ayant pris à une escale faite par lui dans l'île
des Pins, à l'extrémité sud de la Nouvelle-Calédonie, une
cargaison de bois de santal. Trois catéchistes indigènes pro¬
testants chassés de l'île par le chef Matungu parce que
la
son
mars
(1)— Moerenhout. Tome I. p. 261. Un dessin fait par lui de la
de Maïrépéhé et des montagnes de Taïrabou, exécuté pendant
qu'il séjournait chez les Ebrill a été inséré par lui entre les pages
baie
260
et
(2)
vé
et
à
261.
Rev. W. Henry était arri¬
définitivement l'île en 1842
se
fixa en Australie où on lui confia la cure de l'église Ste Aune
Ryde près de Sydney. Il mourut le 1er avril 1859.
Né
Tahiti
à
( 3)
Dr.
—
—
G.
auteur
de
en 1770. le
1797. Il quitta
Angleterre
en
le
6
mars
Ce renseignement
Mackanen, ancien
nombreux et
a été procuré par notre ami le
professeur à l'Université de Sydney,
importants ouvrages sur l'histoire de l'Aus¬
nous
tralie.
Société des
Études
Océaniennes
—
275
—
population les accusait d'avoir introduit une épidémie dans
leur pays, se trouvaient sur le Star où Ebrill les avait ac¬
cueillis projetant de les débarquer aux Samoa dont ils. étaient
originaires, à son voyage de retour. Arrivé à Sydney le 8 oc¬
tobre 1842, le Star reprit la mer le 20 du même mois avec
un
complément de marchandises diverses. Deux nouveaux
passagers prirent place sur le navire dont un jeune homme
nommé Henry qui n'est pas autrement identifié.
.
Son
chargement n'étant pas complet, le capitaine Ebrill
prit la décision de repasser par l'île des Pins pour embar¬
quer du bois de santal. Le lendemain du jour de son arrivée,
une trentaine d'indigènes apportèrent sur le Star le bois acheté
par Ebrill mais à peine étaient-ils sur le pont, que l'un d'eux
frappa ce dernier d'un coup d'herminette entre les deux
yeux. Le capitaine tomba raide mort. Ce fut le signal d'un
carnage général. En quelques minutes dix sept personnes qui
se
trouvaient à bord furent tuées dont dix blancs (1). Les
deux catéchistes avec deux matelots, un blanc du nom de
Henry, et un Néo-Hébridais se sont réfugiés dans la cale et
tuent tous les Canaques qui tentent d'y pénétrer.
Après avoir été assiégés toute la nuit, ils croient pouvoir
parvenir, au matin, à négocier leur rachat : on leur laissera
la vie sauve s'ils montent sur le pont et mettent le bateau
à la côte pour qu'on puisse le piller plus facilement. Ils dé¬
barquèrent quand Henry eut exécuté cette clause. Vandégou,
le Chef (2) les attendait sous un cocotier avec un grand
nombre d'indigènes. ( 3 ) Un de ses fils tend la main gauche
à Henry et, tandis que celui-ci la prenait, croyant à un
geste amical, il lui broya la tête. A l'instant même i'autre
marin et l'un des catéchistes sont tués. Le dernier blessé,
se
jette aux pieds du Vandégou. Repoussé, il gagne la rive,
se
jette à l'eau et nage jusqu'à un ilôt où il se réfugie sur
un
pin colonnaire. Poursuivi par quatre hommes dans une
pirogue, il crut obtenir une promesse de vie sauve, des¬
cendit, s'enfuit encore vers la pirogue, il fut rattrapé et
tué.
»
( 1)
Snow
(2)
—
-
Rev. George Tunner-Mineteenyears in Polynesie-Lonolon J.
412-416.
186 pp.
—
Appelé
par
les Anglais Matungu.
( 3 ) — L'auteur emploie à tort le mot tayo qui est maori et ne
s'applique pas en la circonstance.
Société des
Études
Océaniennes
M. Yves Person, à qui nous avons emprunté
lignes (1) s'est efforcé de définir les motifs de
difficile à expliquer.
ces
quelques
ce massacre
Selon ce jeune auteur, dont nous résumons, ci-après la
thèse intéressante, ce serait le Rev. Thomas Hearst, de la
London Missionary Society qui le premier aurait tenté de
débarquer sur l'île des Pins le 21 avril 1840, sur un point
Runie, bien accueilli par le Chef Vandégou, le mis¬
sionnaire fit débarquer trois catéchistes. L'année suivante
le 12 avril son confrère, le Rev.
Murray arrive à l'île des
Pins, Vandégou lui envoie des vivres et l'invite à venir le
voir le lendemain ; ce jour-là l'entrevue sera orageuse. Les
premiers de Vandégou sont pour demander l'installation de
missionnaires européens, mais quand Murray réclame des ga¬
nommé
ranties de sécurité,
fureur éclate contre les catéchistes
sa
car
il
s'imagine qu'ils l'ont desservi, sur quoi Hearst fait des
promesses peut-être aventurées que la Chef prend pour un
(engagement ferme et dont la colère s'accroît quand il ap¬
prend que des catéchistes vont être débarqués dans une
autre tribu de l'île, car il entend
garder le monopole du
christianisme
et les avantages matériels qui, dans son
esprit,
liés. Mais c'est en vain qu'il tente de dissuader Murray
aussi bien, ce dernier a-t-il été aussi choqué que l'avait été
Hearst par les manières despotiques et brutales de Vandé¬
gou. Par la suite l'activité des missionnaires va se heurter à
celle des trafiquants. Un marin blanc déserteur du navire
missionnaire Camden revenu à l'île des Pins, sut convaincre
les malheureux catéchistes qu'il était
envoyé par Murray
et que leur devoir était d'aider les sajitaliers.. Us donnèrent
dans le piège, ce qui eut pour résultats de favoriser le tra¬
fic de ceux-ci et de procurer
à Vandégou d'importants bé¬
néfices. Mais les exactions que commettent les équipages lui
font prendre en haine ces hommes et par contre-coup, les
catéchistes. Il a aussi l'impression d'être volé dans ses trans¬
y sont
actions.
Au
début
de
porteur cette
(1)— Yves
découverte
fin
d'études
en
1950.
Ce
en
1953
à
à
1842, le Camden revient à l'île des Pins,
fois du Rev. Buzacott. Apprenant de lui qu'il
Person.
la
La
fondation
Nouvelle-Calédonie
de
Nouméa
et l'Europe,
de la
( 1774-1854 ). Mémoire de
présenté à l'Ecole Nationale de la France d'Outre-mer
remarquable travail a été édité sous forme de volume
l'occasion
du
Centenaire
Société des
Études
de
la
Nouvelle-Calédonie.
Océaniennes
n'amène pas avec lui les missionnaires promis par Murray,
Vandégou est fortement déçu. Ayant perdu l'espoir de les
voir jamais venir, il devient menaçant pour les catéchistes
qui sentant leur vie eu danger partent sur le Star, ainsi que
nous
l'avons noté plus haut.
A
la
seconde escale du
navire, Vandégou leur fit porter à
forme de nourriture. Ebrill qui, peutêtre se méfiait de leurs intentions, interdit aux porteurs de
monter à bord pour le
remettre aux destinataires. C'était
une
grave insulte et les porteurs furieux, firent mine de
passer outre. Ils furent frappés avec des matraques et es¬
suyèrent même des coups de feu. ( 1 )
bord
un
présent
D'après
une
seulement
sous
autre source, le vieux Chef aurait été furieux
des
prises à l'encontre de ses en¬
voyés, mais aussi parce qu'un des hommes d'équipage du na¬
vire, ayant demandé de ses nouvelles et celles de ses fils à
un
indigène de l'île des Pins, ce dernier aurait répondu par
manière de plaisanterie : « Ils sont morts ». « Tant mieux,
aurait rétorqué le marin, nous couperons le bois, avec la
population. » ( sous-entendu : sans passer par lui. )
non
mesures
les corps des victimes furent répartis
puis le navire fut pillé. Les mâts furent
coupés pour permettre l'enlèvement des voiles et des agrès
et le feu fut mis au bâtiment. Une terrible explosion se pro¬
duisit quand les flammes atteignirent la soute aux poudres,
mais personne ne fut tué. Toute la coque ayant été détruite
jusqu'à la ligne de flottaison, le navire sombra. (2)
Après le
entre
Les
massacre,
les agresseurs,
idées
exprimées par Yves Person peuvent réfléter les
chef Vandégou. Elles sont, de toute façon,
plausibles. Néanmoins on ne saurait affirmer qu'elles sont
exactes, la mentalité des primitifs étant imperméable à l'in¬
telligence des civilisés..
sentiments
Quoiqu'il
du
en
soit, le capitaine Ebrill fut très imprudent de
précisions qu'il donne ré¬
des déclarations
faites par des membres d'une autre tribu.
(2)— George Turner. Op. Cit.
( l )
sultent
—
Yves Person indique que les
du récit des
exécutants
Société des
eux-mêmes ainsi que
Études
Océaniennes
—
s'être tenu
278
—
gardes ( 1 ), et de pas avoir pris
qui s'imposaient lorsqu'on avait à
faire à des sauvages.. Ceux-ci, souvent prenaient ombrage
d'action ou d'attitudes de « Blancs » qu'ils ne comprenaient
pas dans lesquels ils voyaient une menace, une injure ou
ne
les
pas
de
mesures
la violation d'un
sur
ses
sécurité
«
Tabou
».
Le Gouvernement Britannique
ne prit aucune mesure pour
punir les auteurs responsables d'un crime dans lequel plu¬
sieurs
de
ses
nationaux
avaient
trouvé
une
mort
affreuse.
Depuis un certain temps, s'affirmait en Australie et en An¬
gleterre, l'opinion que des sanctions prononcées dans de telles
affaires contre les insulaires avaient pour résultat de pousser
ceux-ci à renouveler leurs forfaits et à exercer des repré¬
sailles contre les étrangers. Cette façon d'envisager les choses,
était partagée par des officiers de la Marine Royale, notam¬
ment par le capitaine Erskine. Enfin, l'impuissance dans la¬
quelle les autorités britanniques s'étaient trouvées lorsqu'il
s'agissait de réprimer les crimes commis par les indigènes du
Pacifique contre leurs ressortissants tout autant que ceux
commis par ces derniers contre les natifs, avait déterminé le
Gouvernement de Londres à déclarer que les sujets qui s'aven¬
turaient dans
les îles, du
Grand Océan,
le faisaient à leurs
risques et périls. ( 2 )
Comme nous l'avons rapporté plus haut, le Gouvernement
Français avait décerné au capitaine Thomas Ebrill une mé¬
daille pour lui exprimer sa gratitude des services rendus par
lui
lors
de
l'accident
survenu
à
l'Artémise.
Cette
médaille
envoyée au Consul de France à Tahiti, mit assez longtemps
à lui parvenir et ne put être remise à l'intéressé qui, selon
le rapport adressé par M. Moerenhout au Ministre de la Ma¬
rine et des Colonies le 10 octobre 1843, était absent depuis
longtemps de Tahiti, parcourant avec un brick qu'il avait
fait construire en cette île, les Nouvelles-Hébrides, la Nou¬
velle-Calédonie et autres îles Ouest de l'Australie. Déjà, de-
( 1)
Très habilement les hommes qui avaient apporté à bord
permission de conser¬
ver
les herminettes qu'ils avaient avec eux, ayant besoin, avaientils déclaré, de les aiguiser sur la meule du navire et d'enlever
l'écorce des billes, ce qu'ils n'avaient pas eu le temps de faire.
( 2 ) — J. M. Ward-British Policy in the South Pacific. ( 17861893 ) Australasian Publishing C° Pty-Sydney 1948.
—
le bois
de santal, avaient demandé à Ebrill la
Société des Etudes Océaniennes
—
puis six ou sept mois
quand en mai dernier,
d'une
trahison
Nouvelle-Calédonie.
victime
C'était
279
—
on
avait des inquiétudes sur son sort,
on
apprit de Sydney qu'il était tombé
naturels de l'île des Pins, à la
des
second voyage au
même lieu où, ayant été par¬
il eut l'imprudence de
se
fier
des sauvages habitants.
11 fut surpris à terre et massacré ainsi que tous ceux qui
l'avaient accompagné. Les sauvages surprirent ensuite ceux
qui étaient restés à bord et mirent le feu au bâtiment.
Pas une personne n'a échappé pour donner le détail de ce
triste événement dont on reçut les premières, nouvelles par
un
marin anglais qui depuis longtemps vivait avec une des
tribus sur la grande île (Nouvelle-Calédonie). Depuis, lors,
les restes du bâtiment ont confirmé cet événement tragique.
son
faitement
accueilli la première fois,
aux
démonstrations, amicales
Mademoiselle
Ebrill, âgée de 14 ans, et enfant unique
capitaine, étant revenue de Sydney après avoir
perdu en peu de mois son père et sa mère, je lui ai remis ce
lémoignage de la reconnaissance du Gouvernement Français
pour la belle conduite de son père. Le Capitaine Ebrill n'avait
point de fortune et n'ayant pu faire assurer son navire pour
ses dangereux voyages, chez les sauvages habitants de la partie
occidentale de l'Océanie, il n'a laissé à sa fille qu'une maison
de peu de valeur qu'il habitait dans cette île. »
«
de
ce
brave
Melle Ebrill
avait fait
ie voyage d'Australie à Tahiti, sur
goélette anglaise Sultana. 120 tonneaux, Capitaine Icott,
partie de Sydney le 25 juin 1843.
la
Les recherches que nous avons
devint
faites
ensuite sont demeurées vaines.
pour
savoir
ce
qu'elle
Notre ami, le Docteur
Georges Mackaness, qui a bien voulu nous apporter l'aide de
compétence, nous a appris qu'une Dame Henry, veuve
d'un petit fils du liev. William Iïenry, domiciliée comme
lui-même, Drummoyne, faubourg de Sydney, lui avait com¬
muniqué un livre de 108 pages, édité à titre privé par Mrs
A. A. Carnachan sous le titre The Spreading Tree ( l'arbre
qui s'étend ) et qui est consacré à la famille Henry, dans
lequel il est affirmé que le Capitaine Thomas Ebrill et sa
femme ne laissèrent pas de postérité, ce qui est inexact.
L'auteur du livre aurait dû écrire : sans postérité connue.
sa
ignorance permet de penser que si la fille du Capi¬
en Australie, elle n'y demeura pas
longtemps sans quoi sa famille en aurait gardé le souvenir.
Cette
taine Thomas Ebrill revint
Société des
Études
Océaniennes
—
280
—
On pourrait supposer qu'elle mourut jeune, mais, le Docteur
Mackaness qui s'est donné la peine de prendre connaissance des
« Notices »
du Département du « Registrar-General » de 1840
à
1923, n'y a pas relevé le nom Ebrill ce qui apparemment
indiquerait que Melle Ebrill ne mourut pas en New South
Wales. Il n'a pas découvert non plus son nom sur les re¬
gistres de la paroisse Ste Anne à Ryde. ( 1 )
Melle A. Menier, du service des Archives de la France
d'Outre-mer qui avec sa grande obligeance coutumière a
compulsé les registres d'Etat-Civil de Papeete de 1843 à 1914
n'y a pas non plus retrouvé sa trace.
Nous avons renoncé à savoir ce que Melle Ebrill était de¬
venue
lorsqu'on lisant l'ouvrage du Professeur A. L. korn,
de l'Université des Hawaï : The Victorian Visitors, nous ap¬
prîmes qu'une tante de la jeune fille, Ann Moorea Henry,
fille du Rev. Henry, de Tahiti, avait épousé en 1845 un com¬
merçant des Hawaï, S. F. Wunderberg d'origine allemande.
Imaginant que Miss Ebrill avait pu être emmenée à Honolulu
par Miss Henry nous, avons demandé au Prof, korn de nous
rendre le service de rechercher si elle ne s'était pas mariée
aux Hawaï,
ou tout au moins si elle n'y avait pas séjourné.
Jusqu'à présent les investigations que le Prof. Korn a faites
pour trouver trace de Miss Ebrill dans l'archipel sont de¬
meurées vaines. Peut-être un jour le hasard nous mettra-
t-il
sur
une
voie meilleure.
L.
Gouverneur
de
( 1)
la
JORE
Général
France
Honoraire
d'outre-mer
On relève seulement sur les registres de la paroisse Ste
inscription concernant le mariage, le 24 décembre 1841
d'une jeune fille, Ellen Ebrill avec un certain Joseph Andrews, de
la même paroisse. Quelle relation de parenté pouvait exister entre
la mariée et le Capitaine Thomas Ebrill.
Anne
—
une
Société des
Études
Océaniennes
LE ROCHER DES PETROGLYPHES DE TIPAERUt
(Traduit
Note
liminaire
(TAHITI)
Kennhth P. EMORY
par
Pierre VERIN)
par
:
Depuis quelque temps un pêlroglyphe des environs de
Papeete semble connaître la faveur du public. Son dessin est
apparu parmi les motifs d'une création de vêtements et un
club de Papeete l'a adopté dans son emblème.
L'étude que le Professeur Emory avait consacrée à ce
précieux vestige avait paru dans le Bulletin n° 11 de la So¬
ciété des Etudes Océaniennes ( février 1926 ) ; ce numéro
est épuisé depuis longtemps ; nous avons pensé qu'il serait
opportun de rééditer cette étude. Monsieur Vérin, de l'Office
de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer en a
effectué la traduction. De son côté la Commission des Monu¬
ments et des Sites du Territoire se préoccupe
de la protection
et du classement de ce pétroglyphe.
Le
premier pétroglyphe qui ait été remarqué et étudié à
Tahiti
se
à environ trois kilomètres du centre de
trouve
Pa¬
peete. Il Eut signaler l'an dernier à l'attention de Monsieur
Âhnne, Président de la Société des Etudes Océaniennes, et
c'est
lui-même
qui m'y conduisit
INDICATIONS
POLIR
DES
en
janvier 1925.
ATTEINDRE
LE SITE
PETROGLYPHES.
Prendre la rue du Commandant Destremeau à Papeete et
la suivre dans la direction de l'Ouest jusqu'à ce que l'on ait
traversé le pont de la rivière de Tipaerui ; prendre immé¬
diatement
mier
une
dizaine
chemin
la gauche puis le pre¬
gravir la pente pendant
jusqu'à la première intersection du
après le premier chemin
chemin
avec
sur
de
des
la
droite. Il
minutes
cours
d'eau
;
sur
faut
à cet endroit retourner
sur ses
dizaine de mètres et regarder dans le lit de la
la rive ouest on apercevra un rocher plat de
grande taille qui a basculé vers le bas.
pas sur .une
rivière : sur
DESCRIPTION DU ROCHER REPRODUIT SUR LA
Le
eaux
rocher
de
181
présente
une
centimètres
Société des
PHOTO.
surface plate et polie usée par les
long et de 119 centimètres de
de
Études
Océaniennes
—
282
—
large qui est à peu près entièrement couverte de dessins
gravés bien apparents. Bien que par fortes pluies la rivière
recouvre
le rocher les gravures n'ont pas été effacées, sauf
la figure linéaire et les figures de la partie est, la plus ex¬
posée à l'érosion.
Depuis l'époque où le rocher se trouve dans la rivière
a eu
sa surface
polie sur laquelle ont pris place les des¬
sins gravés, le cours d'eau a creusé en dessous du bloc ro¬
cheux et provoqué l'effondrement de celui-ci. ( il est à peu
près certain que cette pierre de grande taille se trouve
là parce que la nature l'y a mise ). Cette petite rivière à
forte pente est un cours d'eau jeune, géologiquement parlant,
et
éminement variable ; aussi serait-il a priori hasardeux
d'inférer une grande ancienneté de la position du rocher
puisque celui-ci est exposé de plein fouet à l'érosion. Il se
pourrait qu'il y a quelques siècles tout au plus, il était au
niveau du fil du courant ; il fut gravé à cette époque ou
ultérieurement. Les dessins ne portent pas de traces faites
par des outils en acier et ont sûrement au moins un siècle
et
d'ancienneté.
DESCRIPTION DES PETROGLYPHES.
Si les
lignes semblent être gravées d'une façon bien nette
qu'elles représentent est beaucoup moins clair. A celui qui
ce
familier
les
archives
du
Bishop Museum il n'est
guère douteux qu'il s'agit de figures humaines bien conven¬
tionnelles d'un type analogue à celui d'Hawaï et des Mar¬
quises, exécutées certainement dans le même style que les
dessins relevés dans ces archipels.
est
avec
Les
lignes presqu'effacées sur l'extrémité du rebord gauche
apparence partie de deux figures linéaires de forme
humaine, la figure supérieure se caractérisant par une grosse
tête bien marquée.
font
en
Directement
au-dessus, du grand dessin compliqué qui oc¬
la plus grande partie du rocher, se trouve une petite
figure de forme humaine de 46 cm de haut. La tête bien
marquée est entourée au-dessus par les bras ; une seule ca¬
vité arrondie représente le visage (les traits du visage de
ia figure bicéphale sont représentés par quatre cavités ar¬
rondies disposées symétriquement),
les contours du corps
sont tracés et la jambe de droite est disposée en équerre.
En revanche la jambe gauche est courbée d'une façon fort
cupe
Société des
Études
Océaniennes
Grand
pétroglyphe de Tipaerui
Société des
Études Océaniennes
Pétroglyphe récemment découvert
Société des
Études
à
Akapa, Iles Marquises.
Océaniennes
Site
ScMO-109
Société des Etudes Océaniennes
Société des
Études
Océaniennes
—
283
—
étrange et vient toucher la tête gauche de la figure du des¬
Les sillons et les cavités de cette partie du rocher
prêtent à confusion d'autant plus que certains sont à coup
sûr naturels. On risque, là où les lignes se croisent, de faire
rejoindre une partie d'une figure avec celle d'une autre fi¬
gure. Si l'on présume que la jambe gauche de la petite fi¬
gure humaine était symétrique avec la jambe de droite, cette
dernière doit donc être représentée par les traces d'une ligne
qui s'abaisse et vient presque toucher le milieu de la tête
gauche placée en-dessous. L'autre ligne à l'allure étrange
doit donc être considérée comme un élément d'une ligne si¬
nueuse
commençant depuis le haut de la tête de gauche et
se
poursuivant par une large courbure sur la gauche, puis
par une plus petite courbure vers la droite et une autre cour¬
bure vers la gauche pour se perdre, en tournant encore vers,
la droite dans le corps de la petite figure humaine. Une an¬
guille est représentée de cette façon sur le pétroglyphe d'un
rocher à Moanalua, Oahu, aux Iles Hawaï, nétroglyphe dont
un moulage existe
au Bishop Museum. Il est possible que la
ligne sinueuse du rocher de Tipaerui représente aussi une an¬
guille ou un serpent, dont on peut imaginer la tête ayant
la bouche dirigée vers le bas et touchant la tête gauche de
la figure bicéphale.
sous.
A première vue, la grande figure centrale semble être com¬
posée de deux figures humaines dos à dos et d'un symbole
suspendu entre celles-ci. Mais à Hawaï et aux Marquises,
les figures humaines, aux contours gravés sont toujours re¬
présentées de face et non de profil. Aux Marquises les li¬
mites du corps, des. bras et des jambes sont souvent repré¬
sentées par deux lignes., et à seulement quinze mètres du ro¬
cher
pétroglyphes que je suis en train de décrire il
rocher plus petit portant une figure humaine soli¬
taire à une tête gravée exactement de cette façon. Je suis
donc amené à penser que la grande figure bicéphale est dis¬
existe
aux
un
posée de face aussi bien que les deux têtes. Il faut remarquer
que la tête de gauche est située à mi-distance par rapport
aux deux points
d'où s'élèvent les bras. Si l'auteur avait eu
pour dessein de rendre les deux figures de profil dos à dos,
pourquoi les têtes n'auraient-elles pas été mises sur chacune
des épaules ?
Le
corps
deux
qu'il existe une séparation au niveau du bas du
pourrait inciter à croire que la figure se compose de
formes de profil. Mais parmi les pétroglyphes lia-
fait
Société des
Études
Océaniennes
—
le
waïens
16
b
et
—
représenté de face est souvent dessiné de
( Voir Bulletin n° 12 du Bishop Museum fig.
e).
corps
façon.
cette
284
17
expliquer pourquoi une des deux
épaules et l'autre
la droite. Connaissant la méthode fréquente de repré¬
sur
senter les
figures humaines dos à dos ou à double visage
telle qu'elle se présente pour les petites statues marquisiennes ou les mats sculptés de l'île de Pâques, je soup¬
çonne que le concept d'une figure double ou d'une figure
à deux visages regardant dans des directions opposées était
dans l'esprit de l'artiste mais qu'avec un tel but il ne con¬
naissait d'autre ressource que de placer le devant du vi¬
sage auprès de la face postérieure de ce même visage.
Maintenant
têtes
Le
est
il
placée
à
reste
au
centre entre les deux
symbole suspendu de la figure consiste en une forme
tubulaire qui s'élargit vers
rance arrondie et s'incurve
extrémité
son
en
une
protubé¬
niveau du bas
du corps. Ce tube pénètre dans toute la longueur du corps
et s'appuie sur la partie droite de celui-ci. A l'endroit ou
la forme tubulaire rejoint la jambe droite, commence le deu¬
xième élément de cette représentation symbolique compor¬
tant une longue ligne droite suspendue qui se termine par
fourchue
forme
une
à
la
vers
gauche
au
trois branches. La forme et la posi¬
symbole impliquent certainement une significa¬
rameaux se retrouve parmi
les
pétroglyphes hawaïens (voir Bulletin du Bishop Mu¬
seum n° 12 p.
104 et Pl. Vil A) et il est probablement le
signe de l'organe sexuel mâle. Je propose cette explication
pour ce cas également ; quant à la forme tubulaire elle re¬
présenterait l'organe sexuel féminin à moins que cela ne
tion
de
tion
sexuelle. Ce dessein à trois
ce
soit le cordon ombilical.
TRADITION SE RAPPORTANT AD PETROGLYPIIE.
Le propriétaire actuel du terrain sur lequel se trouve le
pétroglyphe est Madame Chechillot. Elle tient cette propriété
de ces ancêtres et porte au pétroglyphe une grande vénéra¬
tion. Son frère Monsieur Buillard communiqua à Monsieur
A. K. Richer ce qui serait la tradition s'y rapportant. Je
suis redevable à M. Richer de ce texte que je reproduis, ici :
«
ses
la
Le rocher fut gravé en mémoire de Tetauri
deux enfants, jumeaux. Tetauri vaincu s'était
vallée
de
Tipaerui. Là,
Société des
sa
Études
Vahine et de
réfugié dans
femme donna naissance aux
Océaniennes
—
285
—
jumeaux et quelque temps après la mère et
ses enfants mou¬
Ils furent enterrés sur la terre d'Oteoteroa
auprès du
d'eau et un esprit
qui a la forme d'une
rurent.
cours
anguille mons¬
protège à tout jamais. Si quelqu'un touche le ro¬
cher du lait coulera dans les rainures du dessin et celui
qui
a
transgressé l'interdit en mourra ».
les
trueuse
À
l'appui de cette tradition, il y a effectivement une
ligne sinueuse qui peut représenter une anguille au-dessus
de la
tête des « jumeaux ». Cette
ligne est si imprécise
qu'elle risque d'échapper à celui qui n'accorderait pas une
attention particulière à ce détail. Aussi
je pense que si la
tradition expliquant les gravures était d'origine récente elle
n'aurait pas fait mention de
l'anguille. Cependant le dessin
est si conventionnel et si
symbolique qu'il doit avoir davan¬
tage de signification, si ce n'est une autre signification.
DEUX AUTRES
De
PETROGLYPII ES DANS LE
VOISINAGE.
telles gravures
passé maître
en
donnent à jjenser que leur auteur était
la matière et il doit en exister d'autres à
Tahiti à moins que l'artiste n'ait été
étranger à cette île. Je
me
suis donc mis ten quête d'en découvrir d'autres dans
cette vallée même et dans la vallée voisine à l'ouest, mais
les seuls pétroglyphes que
j'ai pu trouver sont deux
figures solitaires de forme humaine
l'autre
la première est située
trois mètres du gros rocher des pétro¬
pierre plus petite aux contours plus angu¬
leux. Cette figure linéaire de 81 centimètres de haut est
gra¬
vée profondément. Elle est retournée, la tête
repose sur les
épaules, les bras dépourvus de mains et de doigts sont sur
les côtés du corps, les jambes sont à angle
droit et les pieds
inclinés perpendiculairement à celles-ci.
sur
glyphes
sur
rive
petites
:
à
une
De l'autre côté de la route et à l'est du rocher des
pétro¬
glyphes se trouve un autre rocher gravé de dimensions plus
importantes. La figure humaine qui apparaît sur la partie
supérieure a elle aussi 41 centimètres de haut mais elle est
gravée moins profondément. Les membres disposés à angle
droit sont représentés par deux lignes. Les bras sont dressés
vers le haut. Une
ligne double marque les contours du corps ;
il n'y a ni pieds ni mains. La tête et l'extrémité
opposée
du corps sont beaucoup moins nettement
marquées ; la tête
semble
et il
être
n'y
faite
d'un
cercle de 4 centimètres de
diamètre
à l'autre extrémité du corps de symbole
logue à celui du grand pétroglyphe.
a pajs
Société des
Études
Océaniennes
ana¬
—
COMPARAISON
DE
Les
pétroglyphes
ne
ou
—
AVEC D'AUTRES PETROGLYPHES
POLYNESIE ORIENTALE.
que nous venons
d'étudier n'ont rien de
gravés sur deux rochers de Vaiati ou sur
dalles du marae de Fareopu dans l'île de Pora Pora. Ils
ressemblent pas non plus à ceux de Tevaitoa à Raiatea
à ceux de Huahine que l'on peut voir aux marae Rau-
commun
Jes
286
avec
ceux
à Maeva et au marae Anini à la pointe
pétroglyphes des Iles sous le vent (archipel de la
Société) que j'ai vus représentent des motifs géométriques
ou des
figures de poisson, de tortues et de canot.
huru
et
Manunu
Teva. Ces
En revanche, une analogie profonde existe entre les pétro¬
glyphes de Tipaerui et les figures humaines gravées sur un
rocher des Marquises à Teuto, à Tahauku, Ile d'Hiva Oa,
décrites par Linton ( Archaeology of the Marquesas. Islands,
Bernice Bishop Museum, Bulletin n° 23, 1925, pages 98, 149,
et planches XV, A et D).
Parmi
tous
pétroglyphes étudiés par Linton, ces
les
dessins
profondément de tous les autres.
Il en conclut que ce pétroglyphe est le seul qui pourrait ne
pas être une émanation de l'ancienne culture marquisienne.
Le rocher marquisien est lui aussi situé sur le bord d'une
gravés de Teuto diffèrent
vallée secondaire distante d'environ trois
la mer. Il a la forme d'un dôme ; les dessins
au
nombre d'une douzaine comprennent des représentations
humaines ainsi que quelques autres figures non identifiables
rivière
dans
une
kilomètres de
rocher tournée vers l'amont
le haut de celui-ci.
Comme pour le grand rocher de Tipaerui une petite figure
linéaire est gravée en bas et à gauche de la surface qui
porte les dessins. Les autres figures humaines dont certaines
ont
soixante centimètres de longueur sont représentées de
face et avec les membres disposés à angle droit. Des lignes
parallèles délimitent les membres et les côtés du corps. Les
membres des deux côtés, sont réunis par une ligne en V mais
sans être rejoints au sommet. Les têtes sont marquées par de
petits cercles à l'intérieur desquels un eà quatre cavités
indiquent les traits.
La description qui précède s'appliquerait aussi bien aux
figures de Tipaerui gravées sur la pierre qui se trouve de
l'autre côté de la route en face du grand rocher des pétro-
et
sont
gravés sur l'extrémité du
ainsi que sur
Société des
Études
Océaniennes
—
287
—
glyphes. Elle conviendrait également
pour ce qui se rapporte aux têtes,
aux
membres
aux
contours
au
aux
grand
pétroglyplie
traits des visages,
du corps.
Linton
ajoute à la fin de sa description du rocher aux
pétroglyphes marquisiens : « les contours délicatement arron¬
dis des membres paraissent réellement aberrants
par rapport
aux
canons
artistiques des anciens Marquisiens ».
Ces deux groupes de
pétroglyphes sont les seuls exemples
de ce genre qui aient été découverts aux Iles de la Société
et aux Marquises. Tous les deux sont extrêmement
symbo¬
liques et fort bien gravés ; ils sont certainement l'émanation
d'une technique artistique de gravure des
pétroglyphes ayant
atteint un degré élevé de développement, mais le lieu d'ori¬
gine de cet art particulier demeure un mystère, tout comme
le sens des pétroglyphes qui lui aussi reste inconnu.
Papeete
Février
1926.
K. P. EMORY.
Postérieurement
à
cet
article
K.
P.
EMORY
devait
faire
paraître une étude d'ensemble sur les pétroglyphes de l'ar¬
chipel de la Société. Cette étude se trouve dans son livre
Stone Remains in the Society Islands, Bernice Bishop Mu¬
seum
Bulletin, n° 116, 1933 » pages 171 à 179. Bien des
pétroglyphes restent encore à découvrir en Polynésie fran¬
çaise. Récemment M. Falchetto a découvert à Akapa, Ile de
Nuka Hiva, d'intéressants, pétroglyphes jusqu'ici inconnus. Nous
reproduisons ici le cliché qu'il nous a aimablement communi¬
qué. On peut remarquer entre les jambes de la grande figure
humaine un chien parfaitement dessiné. Cet animal est fré¬
quemment représenté sur les pétroglyphes hawaïens dont le
Bishop Museum d'Honolulu continue cle poursuivre systéma¬
tiquement le relevé.
«
Pierre
Société des
Études
VERIN.
Papeete 1961.
Océaniennes
288
—
—
NOTE
Archéologie
et
Agriculture.
Bora Bora sur l'ilôt Tevairoa une parcelle marécageuse
vingt hectares vient d'être drainée par sept kilomètres
de fossés espacés de quarante mètres environ. Ces travaux
ont permis de découvrir une vingtaine de vestiges archéolo¬
giques : anciens fours., herminettes, ciseaux, hameçons, grat¬
À
de
toirs.
Presque tous ces, objets furent découverts à une centaine
rivage dans de la terre noire portant des bou¬
quets d'arbres alors que partout ailleurs le sable gris bru¬
nâtre porte
des broussailles. Cette relation peut s'expliquer
par la forte carence en oligoéléments, zinc, manganèse, fer,
cuivre, des atolls, carence révélée « in situ » par un essai
des jeunes cocotiers.
Les détritus laissés par les anciens Polynésiens habitants
de mètres du
développement d'une végétation qui
des siècles. Pour l'archéologue tra¬
vaillant sur un atoll au sol pauvre et marécageux, rechercher
les bouquets d'arbres sur un sol noir humifère, profond si
possible, plus bas que le niveau de l'eau, est peut-être une
bonne méthode pour découvrir les vestiges, archéologiques
les plus anciens et établir une carte du peuplement humain
ilôt permirent le
enrichi le sol pendant
de cet
a
clans
ces
zones.
Papeete, août
Michel
RECTIFICATIF
Lire
:
entré
Au lieu de
en
:
au
Bulletin
1960,
page
service
entré
en
en
Société des
FICHAUX.
N° 132 du mois de septembre
194, à la troisième ligne.
1842
service
1961.
en
Études
1882
Océaniennes
Le Bulletin
Le
Bureau
de
la
Société
accepte l'impression
articles qui paraissent dans le Bulletin mais cela
qu'il épouse les théories qui
y sont
exposées,
les commentaires et les assertions des divers
en
de tous les
n'implique
pas
qu'il fait sien
auteurs qui, seuls,
ou
prennent toute la responsabilité.
Aux lecteurs de former leur
Le Bulletin
ne
fait pas
appréciation.
de publicité.
La Rédaction.
Les
ariicles
l'auteur
à
la
a
publiés, dans le Bulletin, exceptés ceux dont
ses
droits, peuvent être traduits et reproduits,
expresse que l'origine et l'auteur en seront
réservé
condition
mentionnés.
Toutes communications relatives
la
Société, doivent
être
au
adressées
Bulletin,
au
au
Musée
Président.
Boîte
ou
à
110,
Papeete, Tahiti.
Pour tout achat de Bulletins,
s'adresser
au
Président de la
échange
Société,
donation de livres,
Bibliothécaire du
ou
ou
au
Musée, Boîte 110, Papeete.
Le
Bulletin
Prix de
ce
est
envoyé gratuitement à tous
numéro
Membres.
60 F.P.
Cotisation annuelle des Membres-résidents
Cotisation annuelle des Membres résidant
pays
ses
.
.
200 F.P.
en
français
200 F.P.
Cotisation annuelle des
étrangers
Société des
Études
4 dollars
Océaniennes
Souscription Unique.
Membre à vie résidant
France
en
dans
ou
ses
colonies,
2.000 F.P.
Membre à vie résidant
ou
Avantages de
somme
ment
lo
Le
l'Etranger, 15 livres sterling
versée
se
faire recevoir Membre à vie pour cette
fois pour toutes.
une
(Article 24 du Règle¬
Intérieur. Bulletins N° 17 et N°
Bulletin continuera
à lui
29).
quand bien
Tahiti.
être adressé,
il cesserait d'être Membre résidant à
même
plus à se préoccuper de l'envoi ou
cotisation annuelle, c'est une dépense et un
Le Membre à vie n'a
2°
du
à
40 dollars.
paiement de
sa
souci de moins.
En
conséquence
:
Dans leur intérêt et celui de
la Socié¬
té, sont invités à devenir Membre à vie :
TOUS CEUX
qui, résidant hors de Tahiti, désirent
recevoir
le Bulletin.
TOUS LES Jeunes Membres de la
TOUS
CEUX
Société.
qui, quittant Tahiti, s'y intéressent quand
même.
Société des
Études
Océaniennes
.
.
N
S
-->'
i
:
■■
,
-
H
-
y
*
vc/,v/-A;.v=:
-
;
:.;v-;:'- : '
•
\
-'.-»-ri ' !■:-. '•
:
\.\
.;',
IP^Sï^^l
!||R5»PP§»1
.
"
■
-
■
■
•«:•■
'
■v^tc7 v:^>>;::>-?'-'■ :i
*:■' \-'::'
=
?
-
,
■;
■
■
■
MHHBI
.
-
•
'
'
...
•
Société des Etudes Océaniennes
-i:
,-.
.
Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 135