B98735210103_129.pdf
- Texte
-
BULLETIN
la
de
Société des Études Océaniennes
N°
129
-
DÉCEMBRE
Anthropologie
Histoire
—
—
1959
Ethnologie
—•
Philologie
Institutions et Antiquités des Populations Maories
Littérature
Astronomie
—
PAPEETE
ot
Océanographie
—
Folklore
—
IMPRIMERIE
Sciences naturelles.
OFFICIELLE
nu
Conseil
d'Administration
Président
M. H.
Vice-Président
M. JAUNEZ
Secrétaire-Archiviste
Melle LAGUESSE.
JACQUIER.
Trésorier
M. LIAUZUN.
Assesseur
M.
Cdt. PAUCELLIER;
Assesseur
M.
Rudolphe BAMBRIDGE.
Assesseur
M. Terai BREDIN.
Assesseur
M. Martial IORSS.
Assesseur
M. Siméon KRAUSER.
Assesseur
M. Yves MALARDE.
Secrétaire-Bibliothécaire
du
Musée
Pour être reçu Membre de la Société
membre titulaire.
se
Mlle
NATUA.
faire présenter par
un
Bibliothèque.
Le Bureau de la Société informe ses membres
que désormais
ils peuvent emporter à domicile certains livres de la Bibliothè¬
que en signant une reconnaissance de dette en cas où ils ne
rendraient pas le livre emprunté à la date fixée.
Le Bibliothécaire
La
leurs
présentera la formule à signer.
Bibliothèque est ouverte aux membres de la Société et à
invités tous les jours, de 14 à 17 heures, sauf le
Dimanche.
La salle de lecture est
14 à 17 heures.
ouverte
au
public tous les jours de
Musée.
Le Musée est ouvert tous les jours, sauf le lundi de 14 à 17
heures. Les jours d'arrivée et de départ des courriers : de 9 à
11 heures et de 14 à 17 heures.
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ D'ÉTUDES OCÉANIENNES
(POLYNÉSIE ORIENTALE)
TOME I
N° 129.
—
(N° 4)
—
DÉCEMBRE
1959.
SOMMAIRE
Pages
Histoi re
Deux
documents
Tahiti
pour
servir
à l'Histoire
(Rey Lescure)
Société des
Études
de
61
Océaniennes
'
.
.
Société des
Études Océaniennes
DEUX
POUR
DOCUMENTS
SERVIR
A
L'HISTOIRE
DE
Nous donnons ici deux anciens documents
dans l'Histoire de Tahiti.
TAHITI.
qui peuvent figu¬
rer
Le
le nom de :
shewing the present of the Missionaries of
die London Missionnary Society in Tahiti »
est écrit en un anglais désuet aujourd'hui, d'un style
alambiqué
et dans un ordre dispersé. Il expose les griefs des missionnaires
anglais à l'égard des lois et ordonnances édictées par le Gou¬
Bonard et l'Assemblée Législative, restreignant leur
verneur
activité, les confinant dans leur district respectif, créant une
école pour les pasteurs en dehors de celle existant déjà,
pour
former des pasteurs à la dévotion du Gouvernement, déclarant
leurs propriétés biens nationaux. Les lois électorales sont rédi¬
gées de telle manière qu'un prêtre peut officier dans la chaire
d'un temple etc...
Que les anglais n'aient pas montré de souplesse, cela ne fait
aucun doute, mais ils ne
pouvaient accepter de gaité de cœur
de voir l'Eglise qu'ils avaient voulu indépendante devenir Eglise
Nationale. Ils s'en allèrent ne laissant derrière eux qu'un des
leurs le Rev. Howe qui jouera un certain rôle d'apaisement.
En 1860 l'Assemblée Législative demanda l'envoi de pasteurs
français pour les remplacer. MM. Arbousset et Atger arrivè¬
rent dans l'île en 1863 pour prendre une situation difficile
plus politiquement qu'ecclésiastiquement. Peu après arrivèrent
«
premier
A
sous
statement
MM. Frédéric Vernier
et John
Viénot.
Le second
document, en français, passe brièvement en revue
passé et fait la critique des actes gouvernementaux, il cher¬
che un modus vivendi. Après bien des pourparlers, un
Synode
(sorte de Parlement de l'Eglise Réformée de France) est mis
sur
pieds, une Conférence, organisme d'études, d'informations,
de contrôle, est accepté, mais tout cela traîne pendant des
le
années
La
des
avec
cession
niare V
en
de
alternatives d'avances et de reculs.
Tahiti
à
1880 redonne
la
un
France par
le dernier Roi Po-
nouvel élan à toutes
tions. Outre la
ces
tracta¬
citoyenneté française que le Roi demande pour
ses
sujets, il demande la protection gouvernementale pour
l'Eglise protestante. Il était difficile de reculer encore, et en
Société des
Études
Océaniennes
—
62
—
1884 un décret organise « le Conseil Supérieur des Eglises
hitiennes », une Discipline écclésiastique est instituée.
En 1929
trer
sous
ce décret connut un
léger
les Eglises des Iles Sous-le-Vent
le même régime.
Une tentative de
Ta-
élargissement et fit en¬
jusque là indépendantes
séparer l'Eglise et l'Etat fut tentée en 1927,
ne la ratifia pas.
Les choses restèrent
mais le Conseil d'Etat
donc
l'état, mais si le Gouvernement maintenait sa surveil¬
l'Eglise — surveillance débonnaire d'ailleurs — il
ne
prenait plus les pasteurs à sa charge, c'était au Conseil
Supérieur de subvenir à leurs frais.
lance
en
sur
Nous
donnons
deux
documents
à titre religieux
ils sont nombreux
dans le pays, qui s'intéressent à son Histoire, leurs pères ont
été acteurs dans ces débats qui, de 1840 à 1884
puis jusqu'à
1929 forment une large tranche de la vie du
peuple.
ces
non
mais à titre d'information pour tous ceux, et
Ph. REY LESCURE.
*
EXPOSE
I
MONTRANT
DES
des
*
*
LA
POSITION
MISSIONNAIRES
Missions
de
DE
LA
Londres
ACTUELLE
SOCIÉTÉ
à
Tahiti.
Malgré le fait que certaines restrictions d'un caractère des
plus déplaisants aient été imposé aux missionnaires, ceux-ci
avaient l'intention de tout endurer
jusqu'à l'arrivée du nouveau
Gouverneur, ils se proposaient de lui présenter leurs doléances
pour en demander réparations, mais étant donné la hâte avec
laquelle le Gouverneur Bonard prit ses mesures, ils jugèrent
le délai impossible, et malgré leur intention de maintenir les
choses quoiqu'il arrive, ils furent obligés de franchir le
pas
que le document ci-dessous expliquera.
Le principal de ces documents était une Proclamation adres¬
sée par le Gouvernement français aux Chefs indigènes au sujet
des missionnaires, et un second présenté
par le corps mission¬
naire à Son Excellence et dans lequel avait été
dépeint leur
position difficile dans ses relations avec le Royaume de la Reine
Pomare, appelé le Protectorat français.
Ils jugèrent nécessaire de porter tout cela à la connaissance
de ceux que des explications pourraient intéresser.
Société des
Études
Océaniennes
—
63
—
Il est rappelé que
Missions de Londres
la loi fondamentale de la Société des
(LMS) est que ses ouvriers ne s'en vont
pas pour instruire les paiens dans l'épiscopalisme, le presby¬
térianisme ou le congrégationalisme ou une autre forme d'égli¬
se, mais seulement la doctrine du salut de l'homme par le
Rédempteur crucifié, parce que les détails de la Discipline des
Eglises sont laissés aux ministres et aux convertis, et qu'ils
adoptent le système qui leur semble le plus scripturaire et le
plus adapté aux circonstances.
En conséquence de cette loi, des hommes de différentes
dénominations ont offert leurs services et ont été acceptés par la
Société. Us composent la Mission de Tahiti : épiscopaliens,
presbytériens, congrégationalistes, et ceci n'offrit
culté pour la fondation des Eglises.
aucune
diffi¬
Quand les convertis
se multiplièrent à Tahiti chaque mis¬
Eglise dans son district avec les moyens
qu'il croyait les mieux adaptés. La direction future était entre
les mains des ministres, des diacres et des membres d'église.
Aucun individu quel que soit son rang dans l'Etat, s'il n'est
pas membre ou soutien dans l'Eglise ne pensera jamais à se
sionnaire forma
son
mêler
manière
d'aucune
de
son
gouvernement.
Or,
comme le corps actuel des missionnaires le croit, la
scripturaire fut adoptée à l'unanimité. Les missionnaires
avaient, en effet, l'habitude de se réunir chaque trimestre
pour discuter les affaires de la Mission, et aussi souvent que
les circonstances le demandaient, pour établir les plans d'urgen¬
ce, mais en aucune façon ils ne se mêlaient de l'indépendance
des Eglises.
forme
Cette forme de gouvernement fut
instituée avec la fondation
l'Eglise en 1819 et continua sans interruption jusqu'en
1848. Jusqu'à ce que le Gouverneur Lavaud conseilla à l'Assem¬
blée Législative de convertir légalement les Chapelles et les
terres des missionnaires en propriétés nationales.
de
De
ce
continué à
action
et
moment
aujourd'hui
jusqu'à
restreindre la
de changer la
réunion de l'Assemblée
le
Gouvernement
Constitution des Eglises jusqu'à la
Législative en Mars dernier.
Les Eglises comme corps distincts ne furent
mais furent mêiées à la politique du pays.
Durant la discussiou
camp
a
liberté des missionnaires dans leur
plus
reconnues
du projet par l'Assemblée, l'aide de
du Gouverneur qui le représentait ne manqua pas de
Société des
Études
Océaniennes
—
faire échouer
64
chaque essai tenté
—
en vue
de
conserver
la forme
actuelle.
Comme
ce
dernier acte liait la majorité des missionnaires,
forçait soit à abandonner leurs principes en devenant
pasteur d'une Eglise Nationale, soit à s'éloigner de ces Eglises
qu'ils dirigeaient.
il les
Us
sentirent obligés d'écrire un Mémoire au Gouverneur
sujet pour lui faire saisir leurs griefs.
Il apparaîtra que la Proclamation était une explication de
la Loi citée ci-dessus et qui exclue entièrement de tout travail
pastoral ceux qui s'opposent à l'Eglise Nationale, soit qu'ils
soient arrivés récemment, soit qu'ils aient déjà exercé un
ministère antérieurement, de sorte que tous les agents de la
LMS, excepté le Rév. D. Darling, sont exclus de toutes les
chaires dans les Etals de Pomare. M. Darling pour des raisons
bien connues de lui, a pensé mieux faire en se soumettant au
nouvel arrangement et garda son poste, mais il ne lui est pas
permis de demander aux missionnaires dissidents de prêcher
pour lui.
Aujourd'hui il n'y a que trois pasteurs qui peuvent prêcher
sur
se
ce
dans les Etats.
D'abord M. Orsmond
qui était séparé de la LMS en 1844
la grande part qu'il avait prise à la politique durant
les deux années précédentes, contrairement aux
dispositions ex¬
presses de ses Directeurs, malgré une décision prise par le
corps missionnaire au début des difficultés concernant l'éta¬
blissement du Protectorat. Depuis cette période il a été aux
gages de la France et a combiné, avec son travail de pasteur,
la Direction des Affaires Indigènes.
M. Simpson est le second. Son caractère moral a été si mal
traité par divers Rapports qui lui 'étaient préjudiciables'
depuis
plusieurs années que les Directeurs jugèrent utiles de s'en sépa¬
rer
il y a un an et demi environ. Connaissant sa situation le
Gouvernement français offrit de le prendre à ses gages ; il
accepta l'offre avec toutes les conditions posées.
Le troisième est M. Darling, cité plus haut, avec une
excep¬
tion : que si la population entière est fournie de
prédicateurs
indigènes, aucun d'eux n'est capable sans aide étrangère de
conduire le peuple avec sagesse dans la règle de l'Eglise.
Les conséquences de cet état de choses, s'il
persiste, est
lamentable à constater ; le pays deviendra bientôt la
proie de
l'ignorance, de l'infidélité, de la superstition et du vice, et
pour
Société des
Études
Océaniennes
—
65
—
de progrès consistant à accepter les usages euro¬
fera que hâter, comme il est à craindre, l'extinction
de ce peuple en tant que nation.
Ceci donne aux missionnaires les
plus graves soucis ; ils
pensent que plus longtemps ils conserveront leur situation
parmi le peuple, position que les agents de la L M S avaient si
longtemps occupée, plus lointain serait le déchaînement du mal,
mais quand ils considèrent calmement
que leur patience au
sujet des empiétements passés n'a servi qu'à hâter les progrès
tentés contre leur liberté et leurs principes,
et si le dernier
essai tenté ferait d'eux des esclaves, ils ne purent se résoudre
à agir comme ils avaient fait
jusque là croyant qu'il sortirait
plus de bien d'une adhésion fidèle à la vérité qu'ils avaient
enseignée, que d'une conduite opposée dont le résultat ne serait
que temporaire.
Leur ligue de conduite sera approuvée ou condamnée selon
que les hommes auront des opinions identiques ou contraires,
mais ils peuvent espérer qu'il leur sera fait crédit
pour le désir
de montrer au peuple la connaissance d'une doctrine et d'une
pratique.
Ce qui suit est la Loi passée en Mars au
sujet de l'élection
cette
sorte
péens
ne
des ministres
Ceux-ci
:
des fonctionnaires qui doivent être élus
les chefs (huiraatira) dans le Gouvernement du Protecto¬
rat, les Gouverneurs de District, le ministre de la religion du
«
sont
par
District, les membres du Parlement.
Tous
les
chefs
dans
un
District
ont
droit
de
vote
à
ces
élections.
N'importe qui peut être élu à la charge de ministre du
s'il est agréable aux électeurs et approuvé par la
majorité ; si un étranger est choisi ( anglais ) l'élection doit
être soumise au Gouverneur Commissaire de la
République pour
approbation car c'est lui qui s'occupe des étrangers. »
District
Il doit être bien évident par ces extraits
que les explications que nous avons
de la loi en ques¬
données ci-dessus
sont une image fidèle de leurs
positions et de la Proclamation
dont nous avons parlé dans notre Mémoire au
Gouverneur,
et la réponse
qui lui a été donnée le confirmera.
tion,
PROCLAMATION
A tous les chefs
ministre dans
de District. Amis. Il
chaque District,
ce
11e doit y avoir
qu'un
ministre doit être choisi par
les chefs de District.
Société des
Études
Océaniennes
—
Si
66
—
ministre
étranger est élu, son élection sera soumise
la République pour approbation, car la
décision au sujet des étrangers ne dépend que de lui seul,
c'est ce que la Loi déclare et il est bon que cette Loi soit
strictement observée, c'est à vous de voir qu'elle ne soit pas
transgressée ni tournée par différents stratagèmes.
au
un
Commissaire
Par
de
êtes les Représentants du Gou¬
respectifs, c'est à vous d'empêcher
tout étranger ( qui s'appellent eux mêmes missionnaires mais
qui n'ont pas été élus par les électeurs du District et
dont l'élection n'a pas été approuvée par le Gouvernement
français ) de prêcher dans aucune Chapelle sous le prétexte
qu'ils y ont été invités, cette requête provenant d'une partie
insignifiante de la population du District.
conséquent,
vernement
dans
comme vous
vos
Districts
Ceux
qui peuvent aller et prêcher dans n'importe quelle
Chapelle du District lorsqu'ils y sont invités par écrit sont
seulement ceux qui ont été élus par le District suivant la Loi
et dont l'élection a été approuvée par le Gouvernement du
Protectorat s'ils sont étrangers et font l'office de ministre
dans les limites du Protectorat. Ce privilège est accordé puis¬
qu'ils sont obligés de résider dans le District dans lequel ils
ont été élus, mais ce privilège n'est pas
agréable à l'esprit
de la Loi que des étrangers visitant occasionnellement Tahiti,
se
plaçant eux mêmes au-delà de la Loi et ne se soumettant
pas à l'élection régulière et à la reconnaissance du Gouverne¬
ment du Protectorat, entrent dans les Chapelles de District et
se donnent eux mêmes comme ministres
régulièrement élus.
Si un méfait tel que celui-ci était permis et comme cela a
été tenté à Mahaena et à Papeuriri, la Loi serait violée, cette
Loi qui déclare qu'il n'y a qu'un missionnaire par District et
qu'il est nécessaire, pour qu'un étranger prenne sa place, qu'il
soit approuvé par le Gouvernement français.
Ce serait aussi
si
un
déni des devoirs des chefs et des électeurs
d'un autre District ils
requiert.
La requête par écrit demandée par la Loi et selon laquelle
il est bon pour un pasteur d'aller prêcher dans une autre
Chapelle doit l'être des indigènes seulement et des pasteurs
personne appelle un pasteur
doivent avoir une voix comme la Loi le
car
une
élus suivant la Loi.
Si ceci est bien
appliqué, alors la Loi sera convenablement
respectée, cette Loi qui déclare qu'il n'y aura qu'un seul mis¬
sionnaire par District. Le pouvoir des chefs sera bien établi et
Société des
Études
Océaniennes
—
67
—
il sera impossible aux étrangers de se placer
au
trôle du Gouvernement du Protectorat établi sur
la liberté de conscience
tion de
ne
tous
les
préservée et
sera
pasteurs de façon à
ce
delà du
eux
con¬
et aussi
complète sépara¬
qu'aucun d'entre eux
une
soit
placé sous un autre.
conclusion, je vous fais aussi connaître
En
l'on
fasse
bien
connaître
à
les
tous
mon désir que
pasteurs élus par les
districts
qu'ils seront protégés dans leurs droits par le Gou¬
vernement, qu'aucune difficulté quelle qu'elle soit ne sera élevée
entre étrangers et indigènes, que par aucun moyen les
mis¬
sionnaires
étrangers n'auront le droit de se placer les uns auautres, soit pour les commander soit pour les
réprimander.
Il est juste néanmoins que les jeunes pasteurs traitent avec
respect les plus âgés et les plus expérimentés parmi eux et
ceux
qui les ont instruits, ce respect est une chose mais la
subordination demandée aux pasteurs par un certain parti en
dessus
des
est une autre et bien
Faites
leur
différente.
bien
connaître qu'ils ont une parfaite liberté
quant aux matières religieuses dans leur propre District mais
qu'ils respectent aussi la liberté des pasteurs des Districts
voisins, mais en aucune façon ils ne se mêleront des affaires
des Districts voisins, car ceci est une cause d'ennuis, il est
nécessaire qu'on mette une fin à cela.
Faites connaître cette lettre au pasteur de votre District et
au chef et faites attention à toutes les affaires
que cette
Proclamation vous font connaître.
aussi
Papeete I mai 1852.
Le
Gouverneur, Commissaire de la République
*
*
:
Bonard.
*
Tahiti 12 Mai 1852
Pétition
Londres
au
Française
des Missionnaires de la Société des Missions de
Gouverneur Bonard, Commissaire de la République
aux
Iles de la Société.
Monsieur,
C'est
extrême regret que les signataires de cette
un
obligés dans leur situation actuelle de soumettre leurs
griefs à Votre Excellence ; leur situation est devenue si grave
qu'elle rend impraticable tout exercice de leur ministère
avec
note sont
Société des
Études
Océaniennes
—
68
—
étant donné la liberté
qu'ils avaient cru comprendre leur avoir
garantie par l'accord entre la France et la GrandeBretagne.
Cependant avant d'établir ces griefs, ils prennent la liberté
de vous rappeler l'origine et l'histoire des rapports qui existent
été
entre
les missionnaires de
la L M S et le pays.
Votre Excellence connaît bien le fait que peu
après la dé¬
Tahiti, la sympathie de bien des gens en GrandeBretagne fut excitée envers les habitants, ce qui amena l'orga¬
nisation d'une Société composée de bons éléments de dénomi¬
couverte de
nations
bateau
diverses.
la
et
Le résultat de cette union fut l'achat d'un
sélection d'un corps d'hommes pieux pour les
dans cette île. Ces
dévouées à la religion
au
printemps 1797.
et éprouvèrent beau¬
coup de vicissitudes et de dangers ( dans le détail desquels il
n'est pas besoin d'entrer ) jusqu'à l'année 1819, quand
les
premiers convertis au christianisme, après la profession de
leur foi, reçurent le baptême.
À cette date commence le rejet de l'idolâtrie et des supersti¬
tions du pays avec toute la cruauté qui s'y rapportait et dont
les traces ne sont plus que du passé.
Avec ce changement commença l'ère de la civilisation à la
fois domestique et sociale qui continue jusqu'à ce jour.
Le Code des Lois qui détruisit les coutumes païennes
et
qui donna des droits égaux à toutes les classes a été reconnu
par des hommes de différents pays comme étant bien adapté
aux circonstances et aux besoins du
peuple.
Votre Excellence sait que si des difficultés s'élevaient dans
l'application des lois, elles étaient généralement dues à l'in¬
trusion d'étrangers.
envoyer
et à la
civilisation
personnes
arrivèrent
Tahiti
Elles travaillèrent à leur tache difficile
à
C'est le lieu de
montrer le nombre croissant et
rapide des
qui visitèrent ces îles ; les importations et les exporta¬
tions qui eurent lieu avant l'année 1842 en nombre et en
valeur, elles étaient sous toute probabilité égales à ce qui
existait depuis cette période jusqu'au jour où l'on commença
l'exportation des oranges en Californie.
Un fait qui prouve que le système
religieux a instruit est
que le mode de communication du commerce et des arts n'a pas
navires
été entravé.
Vos
les
correspondants rappellent à Votre Excellence que tous
et civils ci-dessus men-
changements religieux, politiques
Société des
Études
Océaniennes
—
tionnés ont été
en
69
—
grande partie, sinon en entier, amenés par
depuis le commencement /de
doctrines et ont continué la
les missionnaires de la L M S, qui
la Mission, ont enseigné les mêmes
même discipline de l'Eglise.
Ils
l'honneur de mettre entre
vos mains,
à votre
Note contenant la nature de cette Discipline et
demandent maintenant l'autorisation d'établir autant que possi¬
ble la discrimination de la politique et de la religion.
En conséquence de cette discrimination aucune collision
n'eut lieu entre les partis par rapport à l'Eglise.
Les Chapelles ont été construites par le peuple sans qu'au¬
cune loi ne les y ait
obligés : les maisons missionnaires furent
construites par les efforts des indigènes et des missionnaires,
les terres sur lesquelles s'élevèrent tous ces bâtiments étaient
encore en possession des
propriétaires légitimes, et elles étaient
occupées suivant leur bonne volonté.
Ni les Directeurs de la L M S, ni aucun de leurs agents n'ont
occupé en vertu de leur ministère un pouce de terraiu dans
cette contrée, et en conséquence, l'harmonie la plus parfaite
régnait entre le souverain, les chefs, le peuple et les mission¬
ont
demande,
eu
une
naires. Ces derniers étaient non seulement libres de circuler
dans le pays mais étaient partout bien reçus par le peuple.
Tel était l'état de choses en 1842, à l'arrivée du Contre-Amiral
Dupetit-Thouars.
Dans le document contenant les arrangements faits entre la
Reine Pomare et le Contre Amiral, au sujet du nouveau Gou¬
vernement, se trouve le passage suivant :
Les
Eglises actuellement établies continueront d'exister,
anglais continueront leur ministère sans être
molestés, la même chose sera appliquée à l'autre forme d'ado¬
ration (catholicisme), aucune ne sera molestée ou contrainte
«
les missionnaires
dans
ses
Dans
les
croyances ».
une
mêmes
vants
lettre écrite par le Contre Amiral aux missionnaires
étaient exprimés dans les termes sui¬
sentiments
:
Personne ne sera contraint dans ses opinions et pratiques
religieuses, la liberté de conscience est un bien si précieux que
nous ne devons pas le désirer
pour nous seulement mais pour
«
tous
».
Ces sentiments sont tellement
en
harmonie
avec
leur propre
compréhension de la liberté religieuse et leur ont donné tant
d'espoir qu'ils ne seraient pas entravés dans leur œuvre comme
Société des
Études
Océaniennes
—
70
—
pasteur des Eglises et comme missionnaires du peuple, qu'ils
retournèrent à Papeete dans leurs différentes stations et rap¬
portèrent les sentiments ci-dessus au peuple qui les reçut avec
une
grande joie.
Ils continuèrent leur travail
jusqu'à ce qu'ils soient inter¬
Après la paix les missionnaires retour¬
nèrent à leurs occupations et comme la déclaration ci-dessus
faite par le Contre Amiral Dupetit-Thouars avait été confirmée
par une Dépèche des Affaires Etrangères de France du ministre
Guizot adressée à l'ambassadeur britannique à Paris, ils tra¬
vaillèrent dans l'espoir qu'ils pourraient aider matériellement
à tranquilliser le peuple et le remettre dans l'état de paix,
sauf quelques exceptions, depuis la destruction de l'idolâtrie
jusqu'à l'époque dont nous parlons.
Avec cet objet en vue, les écoles furent rouvertes, les stations
réorganisées, une grande édition des Saintes Ecritures mise en
circulation, le Séminaire pour les futurs pasteurs fut réouvert,
l'Imprimerie remise en marche pour donner des livres aux
écoles et des publications utiles au peuple ; ni le travail, ni les
dépenses ne furent épargnés pour l'avancement moral et spiri¬
tuel du peuple.
Ces faits sont de notoriété publique, tout est si simple et si
éloigné de toute intrigue que nous ressentons d'autant plus de
surprise des restrictions à cette liberté qui semble avoir été
si clairement garantie et si pressante pour eux.
Vos correspondants demandent l'autorisation de placer de¬
vant Votre Excellence les changements
principaux qui ont été
apportés dans leurs rapports de ministres de l'Evangile avec
le peuple.
1) Les Chapelles ont été converties par la Loi en propriétés
nationales de culte, de sorte que nous ne pouvons plus y offi¬
cier en toute indépendance et librement. Aucun acte de l'un
ou l'autre d'entre nous ou du
peuple avec lequel nous étions en
relations ne justifiait un tel acte ;
2) Les terres où sont leurs demeures ont été confisquées
au profit de la nation et par là les
obligations morales sous
lesquelles ils sont de les retourner à leurs propriétaires quand
ils n'en ont plus besoin, ne peuvent plus être libérées et sont
une innocente occasion de
perte de ces terres ;
3) Les demeures des missionnaires ont été converties en
propriétés nationales malgré la représentation de ce fait que
des sommes considérables ont été dépensées par les missionrompus par
la
guerre.
Société des
Études
Océaniennes
—
naires
71
—
elles, appropriation desquelles Votre Excellence était
ce serait une spoliation qui ne serait
pas permise, tandis que quelques temps après la spoliation eut
lieu sans aucune reconnaissance des droits, et un papier à
l'Assemblée Législative expliquant le cas fut traité avec dédain.
A ce dédain était ajouté l'insulte dans la Gazette du Gouverne¬
ment, qui suivit, dans laquelle il était dit que « une somme
insignifiante dépensée par les missionnaires (près de 20.000
livres ) est comparée avec les 30 années de confort dont ils
avaient joui dans leur demeure ».
La Gazette oubliait de dire que ces 30 années avaient été
vouées gratuitement à l'amélioration morale et spirituelle de
toute la nation. On négligeait aussi d'informer les lecteurs
de ce que le corps tout entier de l'Assemblée Législative
depuis son Président jusqu'au plus petit de ses membres
tenaient leur capacité d'accomplir le devoir qui leur incombait
dans cette Assemblée, de ceux qui étaient traités avec tant
d'indignité par eux et la Gazette.
4) Vos correspondants pensent que l'acte suivant est une
violation plus directe de la liberté qui leur avait été garantie
dans les termes spécifiés ci-dessus, c'est l'Acte passé par l'As¬
semblée en Mars 1881 qui empêche positivement les mission¬
naires d'exercer leurs fonctions dans une localité à moins qu'ils
n'aient été invités par écrit par le District pour le visiter.
Du fait de ce règlement plusieurs Districts sont laissés à la
surveillance d'indigènes très mal qualifiés pour un travail si
important. Les missionnaires sont dans l'embarras quant au
sens de cette loi. Ils n'ont
pas connaissance de plaintes portées
par des Districts trop souvent visités, ou qu'aucune praiique ou
doctrine désapprouvée leur aurait été enseignée. Il est vrai que
la Loi passa, le Gazette du Gouvernement éditée par l'aide de
camp de Votre Excellence et (fui est supposée exprimer vos
sentiments informa le peuple qu'il avait été gardé en esclavage.
Les missionnaires et ceux qui sont en rapport avec eux c'està-dire les étudiants du Séminaire ayant si bien visité leur
église tous les dimanches qu'il n'y avait plus d'occasion pour
sur
satisfaite de dire que
d'autres de les visiter.
Votre Excellence sait bien que l'influence que nous avons
fut seulement morale, en aucun cas politique, leur activité
eue
devrait être
un
sujet de louange et
non
de blâme.
seulement de la
Comme le succès de leurs travaux dépend
confiance du peuple, chaque effort fait pour
réussit, est
un
amoindrissement
Société des
au
Études
l'amoindrir, s'il
progrès du peuple. Si vos
Océaniennes
—
72
—
correspondants étaient étrangers au pays et sans crédit, leurs
actions pourraient être sujettes à suspicion, mais ils sont tous
des hommes dépendant de la Société aux efforts de laquelle la
nation est redevable de ce qu'elle possède depuis 50 ans.
Ceci devrait les placer au-dessus de tout cloute. Votre Excellen¬
ce sait
que vos correspondants n'ont jamais demandé que la
plus petite restriction soit placée sur le chemin de ceux qui
diffèrent d'eux en dispersant leur opinion. Tout ce qui a été
demandé à n'importe quel moment a été qu'ils aient liberté
entière et complète de défendre leurs vues quant à la vérité
divine.
5) Le dernier changement le plus important dans notre
est le fait que les Eglises ne choisiront plus leurs
propres pasteurs, que le choix sera entre les mains du District
entier, cela rendra dans beaucoup de cas le choix de vos corres¬
pondants difficile. Un article de leur croyance est que : si une
Eglise est formée c'est-à-dire un corps de personnes d'accord
pour recevoir ensemble le sacrement de la Cène et aider l'un
situation
Tautre à marcher selon la Parole de Dieu le choix d'un pas¬
l'arrangement intérieur et extérieur du corps lui
appartient exclusivement. Ils doivent par conséquent, soit nier
par leurs actes publics les doctrines dans lesquelles ils croient
et qu'ils ont enseigné, soit ne plus tenir aucun service direct
dans ces Eglises qui sont devenues maintenant entièrement
teur
et
Nationales.
Vos
correspondants
se
plaignent de la manière dont les deux
missionnaires nouvellement arrivé ont été traités.
Sur
la foi de la pleine liberté garantie par le Gouverne¬
français, les Directeurs de la LMS envoyèrent les deux
missionnaires pour aider à compléter l'œuvre. Nous vîmes
avec
beaucoup de peine les efforts faits pour occuper les
paroisses vacantes avant leur arrivée, et quand on demanda de
ne pas se hâter, il fut répondu que les nouveaux missionnaires
étaient près d'arriver et que des troubles s'élèveraient poul¬
ie Gouvernement s'ils étaient élus ; que Votre Excellence était
anxieuse que le peuple choisirait des indigènes puisque vous
avez décidé que les étrangers n'occuperaient
pas les stations.
ment
A leur arrivée
Votre Excellence se rappelle qu'après qu'ils
l'autorisation de résidence Votre Excellence a
permis qu'ils puissent chercher des suffrages dans n'importe
quelle station vacante.
eurent
reçu
Atimaono était
un
des deux districts
Société des
Études
qui n'avait
Océaniennes
pas
accédé
—
73
—
requêtes souvent pressantes de choisir un pasteur indigène.
entendant votre avis que le peuple avait la liberté de
aux
En
choisir
un
des missionnaires et leur station étant vacante, une
réunion fut tenue le 21 avril dernier. En
texte de la
plein accord
avec
le
Loi et à l'unanimité M. Lind fut élu.
Avis fut donné à Votre Excellence de
ce
choix et
vous
fîtes
l'annuler. Votre aide de camp donnait parmi
d'autres raisons celle-ci: que les missionnaires anglais sont en¬
nemis du Gouvernement et que vous ne permettiez pas à M.
Lind de s'établir. Vos correspondants regardent de tels actes
vos
efforts pour
sous
la lumière d'une violation directe de l'accord fait entre le
de Sa Majesté Britannique au
sujet de la liberté des missionnaires protestants et sur la foi
de laquelle les Révérends G. Spencer et W. A. Lind furent
envoyés par la L M S.
Vos correspondants ont été très perplexes au sujet de la
plainte que Votre Excellence a faite plusieurs fois, c'est-à-dire
que vous n'auriez pas reçu l'aide que vous étiez en droit
d'attendre des missionnaires pour civiliser le peuple, tâche
entreprise par le Gouvernement.
Gouvernement français et celui
Nous remarquons au
sujet de cette plainte
:
vos correspondants n'ont pas connaissance
relâchés dans l'éducation de la jeunesse.
1) Que
2) Qu'ils n'ont
pas
de s'être
cessé d'exhorter le peuple à l'industrie,
sobriété, à la chasteté, à la décence, à la convenance,
à l'obéissance aux Lois, même à ceux qui voulaient restreindre
leur travail, et par dessus tout ils ont inculqué l'obéissance
aux Lois
de Dieu, étant assurés que celui qui obéit à Dieu
ne peut faillir d'obéir à l'homme dans ses actions justes.
3) La Presse de la Mission a été constamment employée
depuis que la paix est revenue à imprimer avec des frais
considérables pour la Société des livres pour les Ecoles et des
informations utiles pour le peuple. Sans spécifier les travaux
à la
particuliers, pendant ces deux dernières années plus de 450.000
pages ont été imprimées et la plupart sont maintenant entre
les mains du peuple. En outre un nombre considérable de
Pentateuques et d'Evangiles ont été reçus d'Angleterre et dis¬
tribués gratuitement aux Ecoles et pour la lecture en général.
Nous n'avons pas con?iaissance que les écoles soient fournies
de livres par d'autres que par nous. Le dernier Gouverneur
avait fait imprimer un livre très intéressant et bien adapté
mais il n'a jamais été placé dans les écoles pour un emploi
Société des
Études Océaniennes
—
74
—
régulier. Votre Excellence ,a publié une traduction d'Aladin et
sa lampe et
ils savent que Robinson a été préparé à la publica¬
tion par vos soins. Il y a aussi un catéchisme catholique
romain imprimé à l'Imprimerie du Gouvernement qui dénonce
la religion dans laquelle les indigènes ont été instruits comme
une hérésie et affirme
qu'ils ne peuvent être sauvés à moins
qu'ils ne se joignent à l'Eglise de Rome.
Les cartes pour les écoles ont été d'une aide excellente aux
instituteurs et seront très utiles si elles sont bien employées.
Vos correspondants n'ont pas connaissance de quoi que ce
soit d'autre, sauf les Cartes, qui aient été fournies aux Ecoles,
tout le reste a été fourni par eux-mêmes.
Ils peuvent poursuivre leur but, ils s'appliqueront à le faire
avec
joie, mais ils ignorent totalement le terrain sur lequel
la plainte ci-dessus a été faite.
Il a plu à Votre Excellence d'ajouter un autre ordre pour les
indigènes concernant vos correspondants et cela en des termes
qui n'avaient jamais encore été employés, aussi dégradants dans
ces circonstances et
qui n'ont aucun fondement.
La loi qui permet aux églises et aux diacres d'inviter n'im¬
porte quel missionnaire qu'ils désirent ne fut pas annulée,
autant
que nous le sachions dans la dernière Assemblée,
mais dans la notice récente envoyée aux gouverneurs ce droit
leur est enlevé et donné aux chefs et aux gouverneurs de
District, et ils ont ordre de faire sortir des chapelles toute
personne qui va officier sur une invitation de ceux qu'il vous
a
plu de désigner « quelques personnes insignifiantes ».
Pour parfaire cette restriction vous avez donné ordre aux
Gouverneurs et aux chefs qu'ils n'inviteront aucun mission¬
naire qui n'a pas été invité par quelque district selon la loi
récente et reçu la sanction du Gouvernement, annulant toutes
les élections précédentes d'après lesquelles vos
correspondants
auraient pu continuer d'agir. Il a plu à Votre Excellence de
se référer au cas
qui est arrivé, dit-on, à Papeuriri et à Mahaena comme exemple de désobéissance à la loi dont vous
voulez empêcher le retour. Vos correspondants ne
peuvent
s'empêcher de marquer leur extrême surprise de ce fait,
quand l'observation personnelle de Votre Excellence sur les
lieux n'a pu trouver aucun accroc à la loi ou
quelque chose
s'en approchant qui ait eu lieu à Mahaena.
Dans l'autre cas qu'il a plu à Votre Excellence
le missionnaire à 6 mois de confinement dans
nant
Société des
Études
Océaniennes
en
condam¬
son
district
—
75
—
lui donner l'occasion de se défendre lui même. L'invita¬
d'aller à la Chapelle signée par les parties suivant la
sans
tion
Loi, une explication du
façon la plus concluante.
cas,
prouvent son innocence de la
Votre Excellence n'a pas
été capable de la confronter avec
opposée ayant été placée entre vos mains par le
Consul de Sa Majesté Britannique. Vos mémorialistes pensent
qu'une injustice a été commise, si contraire aux principes
avoués de liberté, de justice et d'égalité exprimés dans le
document comprenant les cas précédents. Ils ne peuvent com¬
prendre là qu'une détermination à chasser du champ de travail
qu'ils ont si longtemps cultivé et cela par des moyens moins
ouverts et innocents que ceux auxquels ils étaient en droit de
s'attendre des professions de candeur qui leur avaient été
évidence
une
faites si souvent.
Vos
correspondants sont si conscients d'avoir été guidés
des principes justes et droits dans ce qu'ils ont fait, et si
prudents dans leurs mouvements pour agir en harmonie avec
les Lois du pays, qu'ils demandent une enquête sur tous leurs
actes par des juges impartiaux ; ils n'ont pas le plus léger
par
doute
sur
le verdict
en
leur faveur.
Excellence le donne à entendre dans sa Pro¬
clamation les missionnaires anglais se sont mis au-dessus du
Si
comme
votre
peuple et des instituteurs indigènes, ils auraient pu le mon¬
trer pendant les 12 derniers mois par la loi qui défend aux
missionnaires d'aller sans y être invités et à moins d'une
demande. Comment en ont-ils fait usage ? Cette manière de
faire a été si peu manifestée qu'aucun de vos correspondants
n'a été désigné pendant toute l'année, excepté par sa propre
volonté, cependant aucun n'a agi sans avoir été invité au préa¬
lable.
Nous ne pouvons cacher les formes dans lesquelles on a
essayé de détruire notre légitime influence parmi les indigènes
et de
Ils
ne
rendre notre résidence dans les îles tout à fait inutiles.
peuvent comprendre les actes
lence que comme
aboutissement à
ce
récents de Votre Excel¬
but.
Les
procédés de Votre Excellence qui rendent impuissants les
vos correspondants pour aider à la civilisation du
pays et la plainte qu'ils ne vous aident en rien, n'est pas soutenable. Nous attirons votre attention respectueuse sur le fait
pénible que depuis le temps qu'il vous a plu d'empêcher
notre activité ecclésiastique parmi le peuple et de diminuer
efforts de
Société des
Études
Océaniennes
—
76
—
notre influence morale, le vice s'est
développé rapidement et
malgré les efforts très louables que vous avez faits pour les
écoles de semaine, l'immoralité a fait de terribles progrès parmi
la jeunesse.
Le jour où Votre Excellence allait à Mahaena pour inter¬
venir dans le travail de M. G. Spencelr, parmi cette partie im¬
portante de la population, plus de 50 personnes de 14 ans
et plus furent comptés en état d'ébriété sur la
plage de Pa¬
peete. C'est pour nous un sujet de grands regrets que le Gou¬
vernement du Protectorat ne s'est pas rendu compte lui-même
de la constitution libre et scripturaire des Eglises existantes
quand le Gouvernement fut institué à Tahiti.
On
pourrait montrer une série d'institutions religieuses
des dons volontaires et conduites par un Comité
indigène bien qualifié, pratique et correct, mais au lieu de
faire ce pas en avant, le Gouvernement a rejeté Tahiti en
arrière au point de vue religieux dans le passé et posé les
bases de beaucoup de difficultés pour le futur. Par ces pro¬
cédés il a taxé la Nation française en lui faisant supporter une
Eglise d'Etat à Tahiti, plus qu'inutile quoiqu'augmentant rapi¬
dement. Cette dépense peut être finalement rejetée sur Tahiti
et alors il y aura de la colère dans les cœurs et si on avait
choisi un autre moyen l'harmonie et la paix auraient seules
prévalu.
Il y a d'autres sujets sur lesquels vos correspondants peu¬
vent désirer s'appesantir mais ils s'abstiennent car ils
pensent
vous avoir déjà
pris beaucoup de temps. Rien, sauf l'urgence
du cas ne les poussait à vous importuner, leur long silence et
leur patience en sont les preuves.
soutenues par
Dans ce qui a été établi nous avons essayé
Votre Excellence la nature de notre travail,
de mettre devant
la manière dont
il a été fait, le complet changement que les séries de lois et
d'actes privés les concernant ont produit dans notre situation,
avec
les effets de ces changements sur leurs projets futurs.
Ils ont aussi essayé d'attirer l'attention de Votre Excellence sin¬
ce
qui leur apparaît comme une violation directe de la liberté
garantie à diverses époques nous concernant.
Si
Votre
Excellence
condescend
Eglises, ils
en
à
détails en
les soulager :
soit résilier leurs rapports avec les
seront reconnaissants.
considération et peut par
soit violer leur conscience,
Ils demandent
encore
prendre
n'importe quel
l'autorisation de dire
Société des
Études
ces
moyen
Océaniennes
qu'ils
ne
crai-
—
77
—
gnent aucune enquête même les plus rigoureuses dans toute
conduite présente et passée dans l'exercice de leurs
fonctions parmi le peuple, en même temps ils ne peuvent
leur
articuler l'expression de leurs craintes (
et la bonté vis-à-vis de vos correspondants
d'après l'urbanité
quand ils ont eu
l'honneur de vous rencontrer ) que par une ou plusieurs
personnes Votre Excellence ait été conduite à formuler ce
qu'elle pense être facilement prouvé : une opinion erronée
d'eux-mêmes.
Vos
les
correspondants ont l'honneur d'être de Votre Excellence
plus humbles et les plus obéissants serviteurs.
John Davies. Alexandre Chisholm. David
Barff. William Howe. Alex Lind. G. Spencer.
Darling.
John
Le Mémoire ci-dessus fut envoyé au Gouverneur le 14, et
au 17 une
circulaire fut envoyée à tous ceux dont les
du 15
figuraient
noms
au
document excepté à M. Davies.
*
*
%
Papeete
Monsieur.
J'ai
l'honneur
de
vous
15 Mai
informer
1852
conformément
ordres de M. le Commissaire de la
République Française
aux îles
Marquises et de la Société, que vous devez paraître à
Papeete clans le plus bref délai possible pour y recevoir une
communication personnelle ; à votre arrivée vous vous présen¬
aux
terez à mon
Bureau.
Acceptez Monsieur, l'assurance de
tinguée.
Le
considération dis¬
ma
Capitaine Directeur des Affaires Européennes
:
Chappe.
Se conformant à cette
réquisition, les missionnaires se ren¬
Papeete. Quand chaque membre se présenta, à son
arrivée le 20 au matin, la Note suivante fut envoyée de la
part de M. Chappe.
dirent
à
Papeete
Direction des Affaires
20
Mai
Européennes
J'ai l'honneur de vous prier d'être assez bon
inviter MM. Chisholm, Lind et Spencer de venir avec vous
Monsieur.
pour
1852
Société des
Études
Océaniennes
—
78
—
à 3 heures de l'après-midi chez M. le Procureur de la Répu¬
blique, Directeur des Affaires Européennes.
Acceptez etc....
à M.
Chappe.
Howe, résident anglais à Tahiti.
M. Darling eut une
étaient chez M. Chappe,
invitation séparée. A 3 heures ils
à son Bureau, qui leur lut une pièce
dans laquelle il était dit qu'il avait reçu du Gouverneur un
document : il les avait appelés pour leur dire que toute l'affai¬
re
était illégale, que d'après la loi française le Gouverneur
pouvait recevoir un Rapport d'individu mais non de collecti¬
vités. Il lut les articles 291, 292, 293 du Code Pénal contre
les associations illégales et leur indiqua que selon les commen¬
taires de ces lois, la réunion dans laquelle le Mémoire fut
composé était illégale, et que si leurs noms n'étaient pas reti¬
rés avant 24 heures, il serait dans la nécessité d'agir contre
eux.
Ils
lui
dirent
qu'ils s'étaient réunis comme d'habitude et
l'habitude de correspondre avec
le Gouvernement en tant que corps ; ils n'avaient jamais été
informés qu'ils avaient commis une erreur en agissant ainsi.
Il répondit qu'il n'avait rien à faire avec le passé, qu'il
était seulement chargé du présent et qu'à cela ils devaient
qu'ils avaient
eu constamment
faire attention.
Après une conversation à bâtons rompus les missionnaires
partirent promettant de revenir le lendemain matin avec leur
décision. Ils obtinrent une copie de la Loi et ses commentai¬
res, mais bien qu'ils doutassent de la validité des articles
ci-dessus, applicables à leur cas, cependant comme il y avait
peut-être une chance pour que la loi soit contre eux ils
décidèrent d'envoyer individuellement la note qui suit :
Papeete
au
Capitaine Chappe
;
21
Mai
1852
Directeur des Affaires Européennes.
Monsieur.
Puisque l'Assemblée dans laquelle le Rapport signé
les missionnaires et envoyé à Son Excellence le Gouver¬
neur, est reconnue illégale, je retire mon nom de ce document.
par
J'ai l'honneur d'être etc...
*
Société des
*
Études
*
Océaniennes
—
79
—
On remarquera que par cette note, ils n'admettent ni l'illé¬
galité de l'Assemblée, ni la négation du Rapport, et comme il
a
atteint son but, ce qui était leur grand désir, il pouvait si
nécessaires être donné au public avec les raisons pour les¬
quelles leurs noms avaient été enlevés ; ils pensèrent préfé¬
rable d'adopter ce moyen que d'aller en justice, ce qui leur
aurait fait perdre beaucoup de temps et aurait nuit à leur
cause.
Il est bon de mentionner ici qu'avant d'aller devant M.
Chappe, le 20, les missionnaires avaient rédigé une requête
signée par tous pour qu'ils aient l'autorisation de travailler
dans les limites du Protectorat n'ayant
comme missionnaires
pas de rapports avec les Eglises Nationales, mais M. Chappe
les informa que c'était illégal pour avoir été signé par tous et
que chacun séparément pouvait faire une demande. Ils firent
ainsi mais aucune réponse ne leur parvint.
Vers 11 heures du matin le 21 M. Lind fut
appelé
au
Bureau
s'il voulait maintenant accepter
le District d'Àtimaono il pouvait l'avoir immédiatement. M.
Lind répondit que si l'on n'était pas intervenu dans le premier
arrangement avant que le véritable état de choses n'ait été
discuté, il n'aurait eu aucun scrupule d'accepter, mais pour
s'y établir maintenant dans les conditions faites par la Pro¬
clamation du Gouverneur, se serait agir contre ses convictions.
de M.
Chappe
; on
lui dit
que
par M. Chappe qu'il avait reçu des
demander aux missionnaires leurs premiers per¬
mis de résidence, que de nouveaux permis leur seraient
accordés qui les confineraient à Papeete. Un sergent de police
les attendrait, et c'est à lui que les anciens permis seraient
remis et peu après de nouveaux permis leur furent accordés
comme résidents anglais à Papeete.
Il
fut
ordres
alors
informé
pour
requête pour travailler comme missionnaires non ratta¬
l'Eglise Etablie n'a pas été prise en considération, à
moins que les nouveaux permis limitant leur résidence dans
la Baie ne soient considérés comme une réponse négative polie.
Leur
chés
à
le Rapport a été donné à M. Orsmond pour
répondre, comme il a écrit une note dont traduction suit,
envoyé autour de l'île pour être signée, et dans lequel il est
dit que les noms de la plupart de ceux qui sont sous le contrôle
Il semble que
y
du
Gouvernement
et
recevant
un
salaire
du
ont été rattachés.
Société des
Études Océaniennes
Gouvernement
—
La Note porte
80
le titre suivant
—
:
Explication d'un document insultant.
1) Le Gouvernement du Protectorat ne s'est pas mêlé et
pas troublé l'ordre établi de l'enseignement ; il n'a pas
gêné le gouvernement des Eglises protestantes établies dans
les Iles. Tout cela a été laissé à la discrétion des pasteiirs et
n'a
de leur Société.
2) Mais le Gouvernement n'a pas seulement laissé et n'a
réprimé, il a grandement aidé la doctrine. Voici deux
années, il y eut des pasteurs résidents dans tel ou tel district
où il n'y en avait pas auparavant et le Gouvernement a établi
une Ecole à
Papeete dans le but de préparer les indigènes de
Tahiti comme pasteurs protestants seulement. Le Gouverne¬
ment seul supporte les frais de cette Ecole et avant
peu les
pasteurs seront nombreux dans le pays. Cette école a été placée
sous la direction de M. Orsmond le
plus vieux missionnaire
protestant. Et d'eux plusieurs « teachers » bien instruits ont
été envoyés dans cette Ecole et établis dans différents districts
où ils ont été élus d'après la Loi.
3) Si les Missionnaires de la Société disent qu'ils sont
molestés par le Gouvernement et par conséquent ne peuvent
remplir leur devoir comme missionnaires dans les Districts,
ils ne disent pas la vérité. Le Gouvernement ne les a pas
troublés le moins du monde, seulement sur la question des
pas
districts, choisissant d'autres individus
cause
ont
de leur désobéissance
renvoyé
un
aux
lois
comme
pasteurs et à
du pays, et parce
document dans lequel
on
qu'ils
leur faisait des
faveurs les établissant dans leurs lieux et dans leur ministère.
Voilà les raisons pour lesquelles ils furent déplacés. On ne
parla
pas d'eux en mal, ils sont partis d'eux mêmes puisque
le document les plaçant dans leur situation est tout à fait en
accord avec les lois du Protectorat, et non à être
transgres¬
sées.
4) Du Rapport ci-dessus il est clair qu'il n'y
fondement
a
aucun
provocations insultantes de ces missionnaires
disant qu'ils avaient été troublés et limités ; ceci n'est
pas
la vérité. Us se retirent volontairement, ceci est une façon de
parler qui montre de la déception et non de la sympathie du
cœur
ni du chagrin pour leur œuvre. Leur chemin n'a pas
été placé entre des barrières.
aux
Suit alors la liste des
signatures lesquelles,
Société des
Études
Océaniennes
comme
il
a
été
—
81
—
dit est
composée principalement, sinon entièrement, de per¬
qui, comme l'auteur de ce document, sont à la solde
du Gouvernement, c'est-à-dire les
juges et les polices, les
gouverneurs de districts. Les deux premières catégories sont
sujets de la juridiction de l'auteur de cette pièce et il a un
mot à dire sur leur salaire. Là où une hésitation à
signer
était manifestée on leur faisait comprendre
que ceux qui
sonnes
refuseraient
seraient
considérés
comme
ennemis
du
Gouver¬
nement.
Il
est
aussi
Proclamation
tégrité de
nécessaire de considérer la nouvelle Loi,
ces
à la
Rapport pour réfuter complètement l'in¬
points de vues au sujet des missionnaires.
et
au
Il est vrai que M. Orsmond et ceux
qu'il enseigne et qu'il
établit comme pasteurs sont tous assez serviles
pour recevoir
un salaire des fonds
nationaux de France, cela n'a jamais été
démenti,
seulement ces remarques sont réfutées par le
signé par le Chef du Gouvernement, la Proclamation,
mais il est pénible d'avoir à redire que son institution n'a
pas été
ouverte plus de 13 mois au lieu de deux ans et que ces hom¬
mes bien
éduqués qu'il a consacrés n'ont pas eu, pour quelquesuns
d'entre eux plus de 6 mois d'instruction ; que d'autres
n'ont même pas eu cela et sont pour
quelques-uns d'entre eux
de pauvres hommes plus ignorants
que la généralité de ceux
qu'ils doivent enseigner.
non
document
Il n'est pas non plus, comme il le dit, le plus
vieux mission¬
naire dans les Iles, dans la Mission, il y en a un ici
qui est
plus vieux de 17 ans, qui a célébré
Maître et qui, bien qu'aveugle
porté au Temple est encore plein de
tient à ses principes. Il ne peut les
qui dans l'orgueil de son cœur dit :
son
Les
cheveux
porte est
calmement
«
blancs
trouvé après
vers
la
sont
une
maison
Jubilé au service de
et infirme, et doit être
vigueur dans son âme et
abandonner comme celui
son
je suis le seul.
vénérables
quand celui qui les
vie longue et droite descendant
désignée pour tous les vivants
tenant ferme du commencement à la fin dans
sa
foi
».
Mais
quand un changement de principes et de temps, suivant les
points de vues, caractérise l'individu si distingué qui n'hésite
pas à se rabaisser lui-même en donnant son aide à un système
qu'il a condamné pendant la plus grande partie de sa vie,
hommes bien pensant ne peuvent que répéter quand ils regar¬
dent ses cheveux d'argent qu'ils sont déshonorés en couvrant
une
telle inconsistance.
Société des
Études
Océaniennes
—
M. Orsmond déclare dans
1) Que l'on n'a
82
—
document
son
:
troublé la doctrine protestante.
pas
l'impression du catéchisme romain à
l'Imprimerie du Gouvernement ? Est-ce que cela n'est pas
Qu'est-ce alors
se
que
mêler des affaires des autres ?
Qu'est-ce que le refus du Gouverneur Lavaud au sujet du
placement des missionnaires protestants dans le district de
Papeuriri par ce qu'il y avait un établissement catholique
dans le district ? N'est-ce pas se mêler des affaires des
autres ?
Il dit
qu'on ne s'est pas mêlé du gouvernement des
Eglises etc... Une phrase dans la Proclamation est une ré¬
ponse suffisante « il ne doit y avoir qu'un seul pasteur dans
chaque District et ce pasteur doit être élu par les chefs de
Districts ». La loi de l'année dernière permettait aux Diacres
et aux membres d'églises d'inviter par écrit n'importe qui à
prêcher et à donner les Sacrements.
Les paragraphes 3 et 5 sur la Proclamation détruisent ce
principe, le 3 enlève celui que l'on appellera et le 5 dit que
les chefs s'uniront pour l'envoyer chercher.
2) Que non seulement on les a laissés tranquilles et sans
opposition mais que le Gouvernement les a assistés. M. Orsmond
n'avoue pas que son Ecole fut établie en opposition à une
autre, plus ancienne, avant les troubles de l'Ile et qui avait
repris vie après la guerre dès que les circonstances le permi¬
rent et
qu'elle était en pleine action quand le Gouvernement
pensa à avoir la sienne en vue d'v avoir ceux qui seraient
instruits
encore
sous
3) Qu'ils
le contrôle de l'Etat.
se
sont enfermés et que la désobéissance aux lois
est la racine de tous
ces
troubles.
Toute la Proclamation n'est rien d'autre
qu'une suite d'inter¬
conséquent cette partie ne demande
aucun
commentaire. H ajoute « qu'on n'a pas mal parlé
d'eux ». Si « employants de petits stratagèmes cachés etc. »
est une allusion honorable à la conduite de n'importe quelle
partie.
M. Orsmond a raison, mais il a tellement l'habitude d'em¬
ployer des mots durs que ceux et d'autres semblables semblent
doux à son oreille ; la traduction donne à peine quelque no¬
tion de la dureté et de l'insinuation pleine de reproches donnés
par l'original. Il est très vrai que le désir de soumission et
férences
avec
eux, et par
Société des
Études
Océaniennes
83
—
la
non
culière
—
acceptation de l'office de pasteur sous cette loi parti¬
a
fait qu'une simple créature de l'Etat une occasion
de difficultés.
Pourraient-ils
caractère
grands, mais ils
il
ne
lui
sacrifier leurs principes et leur
fait, ils jouiraient des sourires des
peuvent le faire et par conséquent ils
comme
comme
l'a
souffrent.
Le
quatrième point est le même
demande
aucune
que
les 2 autres et
La loi nouvelle et la Proclamation sont contraires à ce
un autre document
qui a vu le jour depuis, mérite
dit et
encore
Les
aux
son
ignorance
articles
ne
remarque.
impudence.
ou son
suivants
missionnaires le 28
écrits
le
fait
ne
qu'il
plus(
*
27
plus
*
Septembre et envoyés
aucun
doute.
*
Papeete le 28 Mai 1852
Direction des Affaires
Monsieur. J'ai l'honneur de
loi du 27 Mai 1852.
européennes.
vous
adresser
une
copie de la
Art.
1er.— Aucun étranger ne sera dorénavant admis à
les fonctions publiques de ministre de la religion
dans les Eglises Nationales du Protectorat à moins qu'il ne se
exercer
conforme
2e
article, chapitre I des lois organiques sur la
religion protestante.
Art. 2.— Chaque association ou communauté dont les statuts
n'auraient pas été soumis au Gouvernement du Protectorat et
approuvés par lui, qui essaiera de se former et de tenir réunion
sera poursuivi et
les réunions immédiatement dissoutes selon
la loi sur les associations illégales. Code pénal, section 7 et
celui du 10 avril 1834 au sujet des associations.
Art. 3.— Tout étranger qui prendra, sans le consentement
du Gouvernement le titre de ministre de l'évangile dans un
district ou qui exercera ces fonctions sera poursuivi suivant
l'article 258 du Code pénal sur l'usurpation de fonctions.
Art. 4.— Tout ministre de la religion, étranger à un district
qui continuera ses fonctions après avoir été légalement révoqué,
déposé, suspendu ou interdit, sera poursuivi selon l'article 197
du Code pénal sur l'autorité publique illégalement
prolongée.
Signé : Bonard.
au
*
Société des
*
*
Études
Océaniennes
—
84
—
Avec
ce document devant lui
n'importe qui peut dire que :
qui ont trouvé le peuple sans littérature et leur eu a don¬
né ; sans instruction et les a instruits ; sans lieu de culte et
leur a appris à en construire ; sans croyance religieuse et en
a
établi, de la jouissance et de l'emploi desquels ils sont au¬
jourd'hui écartés « n'ont pas été ennuyés », démontrent une
obliquité de jugement et un besoin de principes moraux tels
qu'on espère n'en trouver que peu de spécimen.
Des faits ci-dessus il apparaîtra que par le moyen de quel¬
qu'un qui doit son éducation et ses moyens de vivre pour des
années à des amis de la liberté religieuse, le Gouvernement a
pu transformer les Eglises qui avaient été fondées à Tahiti par
les missionnaires de la LMS en Eglise Nationale et par consé¬
quent exclure sous la menace de punition ceux qui s'aventure¬
raient à diriger un Service dans n'importe quel lieu de culte
qui a été bâti sous leurs auspices, à moins qu'ils n'acceptent
de se plier sous le joug du monstre ennemi le christianisme
d'Etat. Tous les missionnaires qui ne sont pas soumis à ce
joug doivent résider à Papeete sous prétexte que l'état du pays
ceux
le demande.
Ainsi ils
sont
atteints dans leur liberté individuelle
et
des
dépenses extraordinaires leur sont infligées outre des injures
déjà reçues.
Il ne leur reste d'autre alternative que de demander encore
l'autorisation de prêcher comme dissidents. Reste à voir si
le Gouvernement Britannique admettra cette injustice palpable
envers
avec
ceux
le
dont
on
remplir leur devoir
Les
pensait qu'il serait convenable d'accorder
Français, leur assurant la liberté de
Gouvernement
sans
interférence.
missionnaires
n'ont aucune crainte quant à l'examen
serré de leur conduite rendant nécessaire la décision
prise par¬
le Gouvernement. Quel que soit le motif des mesures
prises
il
ne
peut être que préjudiciable aux intérêts de
tahitienne.
%
*
la nation
*
DOCUMENTS CONCERNANT LA SITUATION DE L'EGLISE
PROTESTANTE
NATIONALE
EN
DE
TAHITI
1875
L'Eglise Protestante Tahitienne, constituée sur le principe
Eglises Indépendantes, demeura jusqu'en 1851 sous la
des
Société des
Études
Océaniennes
—
direction
de
de Londres
règles
que
85
—
ses
fondateurs, les missionnaires de la Société
( L M S ) qui ne lui imposèrent d'ailleurs d'autres
les principes généraux communs aux principales
branches du Protestantisme.
Une
Conférence
pastorale périodique fut le trait d'union
Eglises.
Par des motifs qui appartiennent à l'histoire politique
du pays les franchises des missionnaires anglais leur furent
enlevées par la loi de 1851 qui faisait de l'Eglise Indépendante
de Tahiti une Eglise d'Etat dont aucun étranger ne put à
l'avenir devenir ministre. Les pasteurs faisant défaut au nou¬
veau
culte, l'Administration du Protectorat y pourvut en
entre les différentes
autorisant
les
électeur
«
huiraatira
»
districts
des
à
élire
ministre
qui, par son attitude et sa bonne conduite,
de confiance aux habitants du district » (loi
du 18 mars 1851, articles 1 à 6).
Un ancien missionnaire anglais démis de sa charge par sa
Société fut nommé Chef du nouveau culte, et, en cette qualité,
chargé des consécrations au Saint ministère et de l'inaugura¬
tion des Temples.
En présence de cette situation les missionnaires anglais se
retirèrent tous, sauf un qui fixa sa retraite au chef-lieu.
L'influence privée de ce missionnaire continua à s'exercer
sur les
Eglises, grâce au prestige de la reconnaissance et des
anciens souvenirs ; aussi l'Administration française dut elle le
voir figurer à toutes les cérémonies nationales pour y présider
la partie religieuse.
En 1860 une Administration aux vues élevées comprit les
inconvénients, au point de vue de l'influence française de la
situation fausse de l'Eglise Nationale avec ses ministres mal
qualifiés pour leur tâche, son chef condamné à l'impuissance
par le peu d'estime et de confiance qu'inspirait sa vie privée,
et ce ministre étranger, non reconnu, qui, par sa seule in¬
fluence, maintenait les traditions protestantes au sein de
l'Eglise Officielle. Aussi autorisa-t-elle, si même elle ne pro¬
voqua, une demande de l'Assemblée Législative du pays ten¬
dant à obtenir des missionnaires protestants français « pour
nous donner des lumières, pour prendre la direction des éco¬
les, présider les réunions de ministres de l'Eglise Nationale »
comme s'exprime
le projet de loi aux articles 4 et 6.
tout
inspirerait
«
assez
Les ministres demandés vinrent
les
fonctions
plus épiscopales
Société des
en
que
É-tudes
1863. Ne pouvant assumer
protestantes de chef du
Océaniennes
—
«6
--
culte, ils réinstituèrent les Conférences pastorales qui pendant
10 années consécutives s'occupèrent des intérêts des
Eglises
sans rencontrer la moindre
opposition de la part de l'Adminis¬
tration, dont elles simplifiaient d'ailleurs la tache en plus
d'un point.
Le chef du culte lui même, dont la charge
ne fut plus
qu'honorifique accepta de bonne grâce le nouvel état de choses
et se soumit aux décisions de la
Conférence, comme pasteur
de Papetoai. Sa charge disparut avec lui.
Le ministre anglais d'alors fut seul à se tenir à l'écart.
Cette
abstention pouvait offrir un inconvénient grave : si
personnellement il eut été très sympathique aux indigènes, les
ministres tahitiens n'eussent pas
manqué de considérer les
pasteurs français nouvellement arrivés, comme la police reli¬
gieuse de l'Administration, ce qui eut enchaîné leur action,
qui exige avant tout la confiance des Eglises.
Le successeur de ce missionnaire se
plaçant à un autre point
de vue, prit part aux travaux de la Conférence Pastorale et
par cela même renonça à exercer aucune influence personnelle
sur
les Eglises en dehors du corps
pastoral officiel.
En 1873 M. le Commandant Girard estimant
peu
rationnelle
position d'une Eglise Officielle administrée par un Corps
Officieux voulut régulariser cette situation anormale. Il de¬
manda à la Commission des
Eglises, élue en Assemblée Gé¬
nérale, de lui présenter un Projet d'organisation.
La Commission lui soumit le
projet demandé qui n'obtint
pas tout d'abord son agrément. M. le Commandant à la date du
17 février, nous faisait connaître son avis
par la lettre sui¬
vante adressée à M. le Directeur des Affaires
Indigènes :
la
Lettre de M. le Commandant Girard à M. le Directeur des
Affaires Indigènes.
Papeete (île Tahiti) 17 février 1873
Monsieur le
Directeur,
Après avoir pris communication des Statuts et Règlements
la formation d'un
Synode des Eglises protestantes
de Tahiti et de Moorea, ainsi
que de la lettre à mon adresse
que vous m'avez remise et qui s'y trouvait annexée, j'ai l'hon¬
relatifs à
de vous prier de faire
parvenir à Messieurs Vernier et
Viénot, signataires de cette lettre, ma réponse au sujet du
projet de règlement ci-joint :
neur
Société des
Études
Océaniennes
Plusieurs des
dispositions de ce projet étant contraires aux
qui régissent ces Eglises dans les Etablissements
français de l'Océanie et les Etats du Protectorat, je dois
d'abord rappeler ces dispositions légales auxquelles on doit
se conformer, tant qu'elles
n'auront pas été rapportées.
lois et arrêtés
Le principe dominant de ces lois est l'indépendance des
Eglises Protestantes, leur droit d'élire par Eglise un ministre
du culte, et de n'admettre dans leur communauté que les
individus agréés par le ministre élu par les membres de
chacune d'elles.
Ce
18
principe est particulièrement consacré
1851 sur les ministres du culte et par
du 22 mars 1852.
il
mars
par la loi du
la loi électorale
D'après les dispositions de la loi précitée du 18 Mars 1851
ne
peut y avoir qu'un ministre par district et ce ministre
doit résider dans le district où il
Les
de
leur
convient,
Aucun
districts
pour
ministre
en
sans
été élu.
d'une Eglise
leur ministre,
membres
sentement
a
peuvent toutefois, avec le con¬
appeler tel autre ministre qu'il
prêcher et officier le dimanche.
ne
peut aller prêcher et officier dans les
avoir reçu
l'invitation formelle des habitants
du district.
L'arrêté
du
protestant à
contrevenants
27
mai
2
sur
les
fonctions
de
ministre
Tahiti, sanctionne ce principe et édicté contre les
les peines prévues par les lois relatives aux
associations illicites et
L'article
1852
de
usurpations de fonctions.
aux
arrêté
porte que toute association ou
confrérie, dont les statuts n'auront pas été soumis au Gouver¬
nement du Protectorat et approuvés par lui, qui tentera de se
former ou de tenir des réunions, sera dissoute et poursuivie
conformément aux lois précitées.
cet
Dans le projet de règlement Çfui m'est soumis, l'on ne me
paraît pas s'être conformé suffisamment à ces prescriptions
légales ; son adoption aurait, je crois, pour effet de détruire
l'indépendance des églises et celle des ministres, que les lois
tahitiennes ont voulu, au contraire, garantir. Je ne puis, par
suite, y donner mon approbation.
Le
Synode constitué, d'après
association
ce
projet formerait,
confrérie, mais
non seu¬
ecclé¬
siastique qui administrerait les différentes églises protestantes
de Tahiti et de Moorea, serait leur représentant légal et aurait
lement
une
ou
une
Société des
Études Océaniennes
un corps
88
—
autorité
sous
—
le rapport
dogmatique, administratif et discipli¬
Eglises et leurs ministres.
L'indépendance des Eglises protestantes se trouverait ainsi
complètement détruite, puisque le Synode pourrait annuler
tout acte ou décision
d'église.
naire
sur
toutes les
Il en serait de même des ministres
du cuRe, le
Synode
étant seul
compétent pour reconnaître les aptitudes des can¬
didats
ordonner
et
leur
consécration, et lui seul étant au¬
ministre. Cette dernière disposition est
contraire à la loi électorale du 22 Mars 1852
et porte atteinte
à l'autorité du Gouvernement.
torisé
Je
à
déposer
puis
ne
par
un
suite approuver
une
le
pareille organisation. Si
Synode n'était qu'un Comité Consultatif, appelé à veiller
au
maintien de la discipline, à la bonne
administration et
aux intérêts des
Eglises, et à statuer sur les questions dogma¬
tiques, je pourrais en autoriser la formation : mais sous les
conditions énoncées dans le projet,
l'approbation m'en paraît
impossible, sans violer les lois en vigueur dans la colonie.
Recevez Monsieur le
Directeur, l'assurance de ma considé¬
ration très
distinguée.
Le
Commandant
Commissaire de la République
Girard.
La Commission persuadée
que M. le Commandant n'était pas
suffisamment informé, lui adressa les
lignes suivantes en
réponse à sa lettre du 17 février.
*
%
*
Lettre de la Commission des
Eglises à M. le Commandant
Commissaire de la République Girard.
Papeete le 23 juin 1873
Monsieur le Commandant.
La
Commission Permanente de l'Union des
Eglises de Tahiti
Moorea a pris connaissance de votre lettre du
17 février,
^adressée à M. le Directeur des Affaires
et
au
projet de règlement
soumettre
de
à
vos
Indigènes,
que
observations,
avions
relativement
nous
l'Eglise protestante de Tahiti.
Ap rès en avoir délibéré, la Commission
Société des
Études
eu
à
réponse
de
l'organisation
nous
Océaniennes
en
l'honneur
a
chargés,
—
Monsieur
89
—
le
Commandant, de vous adresser un respectueux
exposé de la situation que feraient à l'Eglise protestante, s'ils
étaient aujourd'hui mis en vigueur, tes arrêtés à l'observation
desquels vous semblez nous renvoyer.
En premier lieu vous nous rappelez, Monsieur le Comman¬
dant, que le principe dominant des lois qui régissent les Eglises
du Protectorat est l'indépendance des Eglises Protestantes ;
leur droit d'élire par église (la loi par district) un ministre
du culte, et do n'admettre dans leur communauté que les
individus agréés par le ministre élu par les membres de
chacune d'elles.
La loi du 22
1852, articles 1er et 9 dit en effet que
les « huiraatira » des districts
dispositions des articles qui règlent les
mars
les missionnaires sont élus par
conformément
aux
matières électorales.
Mais cette loi,
Monsieur le Commandant, est une loi d'ex¬
ception faite en vue de circonstances spéciales, qui ne se sont
jamais présentées. Comme toutes les lois de précaution elle
ne
devait durer qu'un temps. Serait-ce donc aujourd'hui le
moment de la mettre à exécution pour la première fois ?
Elle a d'ailleurs le tort, cette loi de 1852, de trop ressembler
à la trop fameuse et éphémère « Constitution civile du clergé
de France » par laquelle le Gouvernement de la Terreur
espérait désorganiser l'Eglise catholique, pour pouvoir équitablement être imposée à l'Eglise protestante tahitienne.
C'est une loi semblable que la « Sécularisation de l'Eglise
Catholique suisse » mesure si universellement blâmée. Or ce
qui est blâmable à Paris ou â Genève à l'égard de l'Eglise
Catholique ne saurait être louable à Tahiti à l'égard de l'Eglise
Protestante.
Le
principe qui parait avoir donné naissance à cette loi
seulement faux, mais, croyons nous, serait encore fatal
aux Eglises auxquelles on voudrait l'appliquer.
En effet, la loi de 1852, comme celles auxquelles nous lui
reprochons de ressembler, impose inévitablement pour conduc¬
teur, à la communauté religieuse et croyante, l'élu d'une
majorité incrédule ou indifférence.
est
non
A Tahiti
elle
de toutes les
fait
mieux
encore :
confondant les
communions
électeurs
religieuses, elle appelle (comme à
Papeuriri ) catholiques, protestants et mormons, c'est-à-dire
toutes les formes de culte connues à Tahiti aujourd'hui, à
prendre part à l'élection du pasteur de l'Eglise Protestante,
Société des
Études
Océaniennes
—
90
—
confusion d'autant plus regrettable
que
tahitienne n'est pas comme l'Eglise
l'Eglise protestante
catholique française ou
suisse,
église dite de multitude, ou chacun est admis en
baptême, mais bien une communauté religieuse
peuvent faire partie que ceux qui en approuvent les
une
raison de
dont
ne
son
principes.
Cette
circonstance
aggrave en effet la situation faite à
la loi : Que les catholiques par exemple, obéissant
à un mot d'ordre, réunissent tous leurs
suffrages sur un
même nom : que les
protestants, au contraire, en raison de
leurs principes, partagent leurs votes entre
plusieurs candidats,
il arrivera que même en
minorité, les électeurs catholiques
pourront imposer à l'église protestante un pasteur de leur
l'Eglise
par
choix.
Et peut-on
raisonnablement espérer que ce choix sera pré¬
qui répondit le mieux aux besoins de l'Eglise ?
Poussons ce principe à ses dernières
conséquences et nous
arrivons à ce résultat aussi réel
qu'il est absurde, de voir,
comme il y a
quelques années à Paea, un prêtre élu pasteur
de l'Eglise Protestante. Par mesure de bon sens il a fallu
que
cisément celui
le Chef de l'Autorité substitua
aurait pu ne
faire)
sa
volonté à
la loi
(ce qu'il
annuler cette étrange élection.
En raison de ce qui précède, la loi de 1852 assure-t-elle
comme vous l'aviez tout d'abord
pensé, Monsieur le Comman¬
dant, l'indépendance des Eglises protestantes tahitiennes ? Et
notre projet d'organisation
portait-il vraiment atteinte à cette
indépendance ? C'est ce qui nous reste à établir.
En premier lieu,
l'Eglise est incontestablement asservie aux
«
huiraatira
»
pas
c'est
à
pour
dire
aux
électeurs
de
peuvent lui
tout
culte
qui
donner un conducteur de principes radicalement
opposés aux siens, atteinte la plus grave que l'on puisse porter
à la liberté et à la
dignité des consciences.
En
par
second lieu, l'Eglise devient la chose du ministre élu
les électeurs absolument incompétents que nous avons dit.
Pas de contrôle de la
part de l'Eglise, pas de surveillance
ecclésiastique compétent. Voilà la si¬
tuation du pasteur dans
l'Eglise. II pourra à son gré admettre
les infidèles qui l'auront élu et
rejeter les fidèles qui se se¬
raient opposés à son élection — car dit la loi
(article 4) —
possible d'aucun
corps
« Les
ministres du culte choisis par les districts
prononceront
seuls l'admission des fidèles dans l'Eglise
la
ou
leur
de
rejet suivant qu'il
y aura
Société des
Études
lieu
».
Océaniennes
communauté
—
Contre
91
—
saurait protester, car le
qu'exercer le droit que lui donne la loi
qui ajoute d'ailleurs à l'article 17 « Nul ne pourra protester
contre le résultat d'une élection, à moins que la loi n'ait été
violée ». Et la loi n'aurait pas été violée, le bon sens et la
ministre
cette
ne
conduite personne ne
fait
liberté de conscience l'eussent été seuls etc...
L'Eglise recourra-t-elle à un autre ministre ? Point. Car la
ajoute « il ne peut y avoir qu'un ministre par district »
et le ministre ( dit encore la loi ) peut toujours officier dans
son Eglise s'il le
juge convenable.
Nous étions donc autorisés à dire que la loi n'assure en
aucune
façon l'indépendance de l'Eglise ; elle ne peut que
consacrer, pour le pasteur, le droit de tout faire à son gré.
Or, nous ne pensons pas, Monsieur le Commandant, que vous
ayez jamais eu l'intention de consacrer à Tahiti la situation
que nous venons d'établir, comme découlant inévitablement
loi
de l'exécution littérale de la loi de 1852.
Qu'arrivait-il
contraire avec la constitution ecclésiasti¬
soumise à votre examen ?
au
que que nous avons
Par
la
création
d'un
ecclésiastique compétent pour
religieux ; l'Eglise
n'abandonnait aucun de ses privilèges ; elle ne cessait pas plus
de s'administrer elle-même qu'un propriétaire ne renonce à
sa
propriété par la création de tribunaux auprès desquels il
peut revendiquer cette propriété elle-même.
En se donnant dos statuts qui prévinssent les désordres
l'Eglise n'aliénait pas son indépendance : elle exerçait un droit
décider
en
naturel et
corps
dernier ressort dans les conflits
se
sauvait elle-même.
En confiant à une assemblée élue par elle le soin
au maintien de la
discipline et à la pureté de la foi
par ses
ministres
de veiller
enseignée
;
En
imposant enfin à ses pasteurs certaines conditions d'éli¬
gibilité, l'Eglise tahitienne, sans toucher aux lois actuellement
en usage et tout en
réservant entière son autonomie ; prévenait
les désordres et les scandales, faisait cesser les arbitraires et
s'assurait pour l'avenir des ministres plus dignes de la charge
auguste qu'ils sont appelés à remplir.
Quant à l'autorité civile, elle ne subissait aucune atteinte.
Si elle ne dirigeait pas l'Eglise, son contrôle sur tous les
actes de l'assemblée
d'ailleurs que notre
était
réservé. Nous
Maître
Société des
a
ne
recommandé à
Études
Océaniennes
saurions
ses
oublier
disciples de
—
92
—
rendre à César ce qui est à César et que
ordonne d'être soumis aux puissances établies.
Saint Paul
nous
Nous pensons donc, Monsieur le Commandant,
qu'aucun
projet d'organisation puisse réunir à la fois plus de garanties,
de compétence, d'impartialité et
d'indépendance réelle que
n'en réunissait l'assemblée (en grande
majorité laïque) à la¬
quelle nous vous demandons de confier la direction des Eglises
protestantes tahitiennes.
C'est
pourquoi, Monsieur le Commandant, nous venons de
vous supplier d'étudier la situation des
Eglises pro¬
testantes de Tahiti ; persuadé
que nous sommes que vous
nouveau
voudrez
aussitôt
faire
les
cesser
causes
de
désordre
et
de
scandale.
de
Recevez, Monsieur le Commandant, l'expression respectueuse
nos
sentiments dévoués.
Au nom
Ch. Viénot
de
—
la
Commission
Le secrétaire
:
*
des
Eglises
:
Le président
:
F. Vernier.
*
*
Après avoir pris connaissance de la lettre de la Commission
le Commandant fit redemander les Statuts du
Synode
projeté, auquel il était devenu plus favorable.
Le 28 juin suivant la Commission des
Eglises sollicita de
M.
l'Administration
l'autorisation
nuelle des pasteurs et des
%
M. le Commandant
A M.
de
convoquer
l'assemblée
an¬
délégués des Eglises.
*-
répondit
%
par
la lettre qui suit
:
Vernier, ministre protestant à Tahiti
Papeete (île Tahiti) le 8 juillet 1873
Monsieur,
J'ai
l'honneur de vous accuser réception de la lettre
que
m'avez transmise, en date du 28 juin dernier,
pour me
demander l'autorisation, au nom de la Conférence
vous
tahitienne, de
prochain.
se
tenir
en
Assemblée
générale le
pastorale
12 août
Cette Assemblée générale doit se composer, me
dites-vous,
d'après le projet de statuts, de ministres européens, des pas¬
teurs ayant charge d'église, des ministres consacrés
qui n'ont
Société des
Études
Océaniennes
—
93
—
pas été révoqués et de deux membres laïques délégués par
chaque Eglise.
Eu réponse à cette lettre, je dois vous faire remarquer que
la Société dite « Conférence pastorale tahitienne » n'existe
pas légalement à Tahiti, parce qu'elle n'a pas été encore ap¬
prouvée par le Gouvernement.
Ainsi que je vous l'ai fait connaître par lettre du 18 février
dernier, l'arrêté du 27 mai 1852 porte que toute association
ou
confrérie, dont les statuts n'auraient pas été soumis au
Gouvernement et approuvés par lui, qui tentera de se former
ou de tenir
des réunions, sera dissoute et poursuivie confor¬
mément
aux
lois.
Cet arrêté, qui n'a pas été rapporté, est toujours en vigueur
dans la colonie et doit être observé. Les articles 291 et 292
du Code Pénal interdisant d'ailleurs toute réunion semblable.
Toutefois, afin de vous fournir le moyen de discuter le projet
que vous m'avez communiqué et qui a donné lieu aux observa¬
tions contenues dans ma lettre précitée, j'approuve la réunion
à Papeete des personnes désignées dans votre lettre, au jour
qui y est indiqué. Mais je crois devoir vous prévenir qu'il est
de mon devoir de maintenir le principe d'indépendance des
Eglises protestantes que les lois tahitiennes des 18 mars 1851
et 22 mars
1852 ont consacré.
J'admets
cependant qu'il est utile, dans l'intérêt de la morale
et de la
religion, de former une Commission de surveillance,
chargée de contrôler la conduite des ministres et de proposer
à l'autorité les mesures disciplinaires qui devront être adoptées
à leur égard, surtout quand il s'agira de suspension ou de
révocation, de faire connaître les dispositions qui pourraient
être prises, dans l'intérêt des églises, et de traiter les questions
religieuses, dans lesquelles l'Administration n'a pas à interve¬
nir.
C'est
sous ces
conditions que je serais disposé à approuver
projet de statuts. Je désirerais en outre que les ministres
ne
pussent pas remplir les fonctions de chef de district.
Recevez, Monsieur, l'assurance de ma considération très
distinguée.
votre
Le
Commandant
Commissaire
*
%
de
la
République
En vertu de l'autorisation
se
:
Girard.
*
ci-dessus, la Conférence pastorale
réunit, discuta longuement les Statuts du Synode révisés
Société des
Études
Océaniennes
—
.94
—
les observations du Commandant, et en
articles à l'unanimité des membres présents.
sur
adopta tous les
Par leur Ordonnance du 31 Octobre 1873 insérée au
Messager
Journal Officiel du 21 novembre de la même année, la Reine
et le Commandant sanctionnèrent l'existence du
corps officiel
qui devait à l'avenir diriger l'Eglise
corps ou autres « influences officieuses
*
%
aux
lien et place des
».
*
Nous, Pomare IV, Reine des Iles de la Société et dépen¬
dances, et le Commandant Commissaire de la République,
Considérant qu'il est nécessaire d'exercer une surveillance
sur la conduite des ministres des
églises protestantes, dans un
but de morale et d'ordre publics, tout en maintenant l'indé¬
pendance des Eglises consacrée par la loi du 18 mars 1851 ;
Vu ladite loi et celle du 22 mars 1852 en ce
les ministres du culte, ainsi
que l'arrêté du 27
les fonctions de ministre protestant de
Tahiti,
Ordonnons
qui
concerne
mai 1852
sur
:
Article 1er.— Est approuvée la formation d'un Synode des
Eglises protestantes de Tahiti et de Moorea, ainsi que les
statuts en date du 1er septembre
qui règlent ses attributions.
Art. 2.— Les ministres du culte qui seront nommés à l'ave¬
nir ne pourront remplir les fonctions de chef de district ni
autres fonctions publiques
que celles d'instituteur.
Art. 3.—
et
Sont maintenues les dispositions des lois, ordon¬
arrêtés
vigueur dans les Etats du Protectorat en
contraire aux dispositions qui précèdent.
Art. 4.— Le Directeur des Affaires Indigènes est
chargé de
l'exécution de la présente ordonnance, qui sera
publiée au
Messager de Tahiti, insérée au Bulletin Officiel, et enregistrée
partout où besoin sera.
nances
tout
ce
qui n'est
en
pas
Papeete le 31 Octobre 1873
Pomare
( suivent ici les statuts
).
et
Tahitiennes
*
*
On remarquera que de toute la
chapitre, celui qui
concerne
Société des
Girard
règlements du Synode dès Eglises
*
seul
—
Études
Discipline ecclésiastique un
au Mes-
les pasteurs, figure
Océaniennes
—
95
—
sager. Cela tient à deux motifs :
tration ne voulait pas intervenir
le premier est que l'Adminis¬
dans les questions purement
religieuses (Voir la lettre de M. Girard en date du 8 juillet);
et le second, que les autres corps qui constituent l'Eglise
tahitienne n'ont aucune existence « légale » dans le pays ;
et c'eut été leur en donner une
que de publier toute la Disci¬
pline, sous le pratonage de l'Ordonnance du 31 octobre,
responsabilité que M. le Commandant Girard ne voulait pas
assumer.
Outre les Statuts du Synode, l'Assemblée générale ( cette
assemblée, la première du Synode, eut lieu le 11 août 1874
avec
l'autorisation de M. le Commandant Gilbert-Pierre, luimême) des délégués des Eglises avait encore résolu de mettre
en ordre
l'ensemble des règles et coutumes religieuses en vi¬
gueur dans l'Eglise tahitienne depuis sa fondation. Cette réso¬
lution a été prise à l'unanimité des membres présents. C'est
ce recueil
qui devait être publié sous le nom de « Discipline
ecclésiastique » et à propos duquel l'Administration n'avait pas
cru
devoir intervenir.
Un
mettre
exemplaire devait être remis à chaque pasteur afin de
son action dans l'Eglise à l'abri de toute contradiction
inutile.
Les Diacres
devaient également posséder la Discipline afin
pénétrer de leurs devoirs envers l'Eglise et à la
rigueur, rappeler à ses devoirs le pasteur qui s'en écarterait.
L'Eglise, par ce mécanisme aussi simple qu'il est indispensa¬
ble au bon ordre, dirigeait sans bruit sa marche vers le
mieux », sans perdre son indépendance, le Synode n'ayant
à intervenir dans ses affaires intérieures qu'en cas de conflit
ou de violation manifeste des institutions religieuses
du pays.
de
se
mieux
«
Girard ayant dû quitter la Colonie
le Recueil de la Discipline ait pu être livré aux
Eglises, la Commission synodale comprit qu'il était de son
devoir de le communiquer préalablement au nouveau Commanmandant M. Gilbert-Pierre, qui se rendrait ainsi aisément
comj)te de la portée essentiellement religieuse de l'inoffensif
document qui suit :
( suit la Discipline ecclésiastique des Eglises de Tahiti et de
Moorea ).
M. le Commandant Gilbert-Pierre, après avoir pris con¬
naissance du document ci-dessus et pris l'avis de M. le Direc¬
teur des Affaires Indigènes déclara à l'un des membres de la
M.
avant
le
Commandant
que
Société des
Études
Océaniennes
—
96
—
commission
synodale qu'il sanctionnerait la Discipline et en
publication si la Commission synodale consen¬
l'insertion des deux clauses civiles qui suivent :
autoriserait la
tait
à
conformité des deux articles 2 et 4 des statuts organiques
Synode il est entendu :
1
que toute matière politique et administrative, ainsi que
toute autre n'offrant pas un intérêt
purement religieux est
interdite dans les assemblées
ecclésiastiques.
2
que les devoirs religieux des membres de l'Eglise
ne sauraient
les dispenser de leurs devoirs de
citoyens vis-à«
en
du
—
—
vis de l'autorité administrative
».
La Commission synodale chercha à rendre
tahitien les deux articles exigés, puis consulta
fidèlement
en
le Comité Per¬
manent qui fut unanime à déclarer
impossible l'adoption de
ces deux
articles dans un recueil purement religieux.
D'ailleurs les fausses
queraient
pas
interprétations auxquelles ils ne man¬
de donner lieu pourraient devenir préjudiciables
Eglises.
conséquence la Commission synodale adressa
dant les lignes suivantes :
aux
En
au
A Monsieur le Commandant Commissaire de la
Comman¬
République
Papeete 8 août 1874
Monsieur le Commandant
Après avoir pris connaissance de la lettre ci-jointe
adressait la Commission des Eglises Protestantes
M. le Commandant Girard voulut bien
sur
que
lui
de Tahiti,
porter son attention
la situation du culte protestant à Tahiti et à Moorea.
Persuadé, à juste titre, que l'Eglise était ouverte à tous
; qu'aucun pouvoir n'était compétent pour les répri¬
mer, il voulut bien prendre une mesure qui lui a acquis
les abus
l'éternelle reconnaissance des tahitiens.
Par
son
Il
approuvé la formation du Comité permanent, composé
Ordonnance du 31 octobre 1873, revêtue de la
signature de la Reine Pomare, il a sanctionné la Constitution
qui, sous l'inspiration des Conférences pastorales, régissait
officieusement les Eglises tahitiennes depuis
quelques années.
Il a reconnu le Synode comme la plus haute représentation
des Eglises tahitiennes.
a
Société des
Études
Océaniennes
—
97
—
des pasteurs
un,
européens et d'autant de pasteurs tahitiens plus
afin d'assurer la prépondérance de l'élément tahitien.
Il n'a fait
objection, non plus à ce que l'initiative
répression des abus, le rappel au respect de la disci¬
pline et la représentation officielle des Eglises appartint à la
Commission synodale, composée des seuls pasteurs européens,
estimant avoir une garantie suffisante de l'indépendance des
Eglises dans le fait que la Commission ne peut prendre aucune
mesure définitive, puisque chacun peut appeler de ces décisions
auprès du Comité permanent, et des décisions de celui-ci
auprès du Synode lui-même, tribunal suprême composé de
tous les pasteurs tahitiens, et de plus de 40 députés laïques
des Eglises. Il a vu en outre la sauvegarde de l'influence
française dans cet autre fait que la Commission est en grande
partie (3 contre 1) composée de pasteurs français dont il
n'a jamais eu à suspecter la loyauté.
M. le Commandant Girard avait donc pensé que l'Eglise
administrée par ses délégués élus n'était pas moins indépen¬
dante que livrée sans aucune espèce de recours aux caprices
d'un seul : il ne lui avait pas échappé non plus que l'Adminis¬
tration française elle-même n'avait rien à perdre en reconnais¬
sant une Constitution uniforme pour toutes les Eglises, cons¬
titution, qui, proclamée au grand jour, fermerait la porte aux
directions arbitraires ( allusion aux plaintes que certains direc¬
teurs des
Affaires indigènes soulevaient contre l'influence
des ministres français. Note au bas de la page); aux influences
occultes, privées et irresponsables ( allusion à l'accusation
portée contre les missionnaires anglais d'exercer privément
une
grande influence sur les Eglises. Note en bas de page )
si elles désiraient se produire.
Mais, outre la Constitution du Synode proprement dite
dont nous venons de résumer les points saillants, la nouvelle
organisation comportait évidemment une Discipline ecclésias¬
tique votée par les Synodes, dans le but de maintenir le
bon ordre au sein des Eglises.
Un chapitre de cette Discipline, le plus important, le seul
par oiï le pouvoir religieux pouvait offrir un point de contact
avec le pouvoir civil, celui
qui traite de l'élection des pasteurs
et des conditions requises pour l'obtention de cette
charge, a
dû être préparé par le Synode de concert avec l'Adminis¬
tration, ce qui explique sa publication au journal officiel.
aucune
dans la
Quant
aux
chapitres qui traitent des devoirs nlus intimes
Société des
Études
Océaniennes
—
de
membres
de
98
—
l'Eglise, le Commandant
ne
pouvait
que
se
reconnaître incompétent aussi longtemps qu'aucun article ne
toucherait au pouvoir civil ; aussi
l'impression en fut-elle
ordonnée à part par le Synode.
Des
empêchements d'un ordre purement matériel, le manque
d'imprimeur, empêchèrent seuls la Commission synodale de
publier la Discipline ecclésiastique définitivement adoptée par
le Synode de 1873, avant le
départ du Commandant, sous les
auspices duquel elle avait pris naissance.
Voilà, Monsieur le Commandant, où en était la question
de l'organisation des
pouvoirs religieux à Tahiti, lorsque
vous avez
accepté la succession de M. le Commandant Girard.
en
La déférence que nous portons au chef de l'Administration
dehors de tout motif de légalité (La commission était au¬
torisée à penser que, comme ses prédécesseurs, le Commandant
nouveau se
désintéresserait de l'administration intérieure des
affaires de l'Eglise. Note en bas de
page), nous faisait un
devoir de vous communiquer, avant de le livrer aux
le recueil des lois
puissiez
dans
un
troupeaux,
ecclésiastiques qui la régissent, afin
que vous
convaincre que chacun de ses articles est rédigé
esprit et dans un but essentiellement religieux.
vous
L'impossibilité dans laquelle
Commandant, de
Monsieur le
vous vous
consacrer
trouviez sans doute,
dès votre entrée en
pouvoir, à l'étude de la question religieuse à Tahiti un temps
que réclamait évidemment
de plus impérieux devoirs, le
désir si vif que nous manifestions nous mêmes de
pouvoir
publier immédiatement la Discipline, vous a naturellement
conduit
à
subordonner
votre
autorisation
prudence. Redoutant, à première
à
une
mesure
de
l'action de l'Admi¬
nistration sur les habitants des districts ne
put être diminuée
par la Discipline ; craignant encore que la réunion mensuelle
du Diaconat et de l'Eglise ne nuisit, dans
certains cas, à l'exé¬
vue,
que
cution des ordres de l'Administration, vous avez cru devoir
réclamer de la Commission Synodale l'insertion de deux ré¬
serves
d'un ordre purement administratif dans un recueil
d'un ordre intimement religieux.
Animée d'un esprit de conciliation peut-être excessif
d'un désir non moins vif de vous être
agréable, dans
mesure de sa
fidélité à son mandat ; de plus, pressée
par
et
la
le
temps si court qui la séparait de l'heure où elle devrait rendre
au
Synode compte de sa gestion, la Commission Synodale,
tout en déclarant son
incapacité de modifier la Discipline,
Société des
Études
Océaniennes
—
avait
pensé pouvoir
Commandant
attacher
une
99
proposer au
l'insertion
des
—
Synode, en votre nom, M. le
auxquels vous seinbliez
articles
importance réelle.
Mais restait la difficulté de rendre
en
tahitien
l'expression
pouvoirs civils ». Sur ce point la Commission s'est trouvée
aux
prises avec un obstacle insurmontable. Ses efforts les plus
soutenus, les conseils les mieux avisés dont elle a pu s'entourer
n'ont pu lui permettre de rendre l'idée contenue dans cette
expression, sans que les Tahitiens pussent comprendre autre
chose que ceci : « que tout ordre émanant d'un membre
quelconque de l'autorité française ou indigène doit passer
avant les ordres de la conscience, avant le devoir
religieux ».
«
Voilà
Monsieur
le
Commandant
que des ministres du
pourraient-, accepter sans déshonorer la religion qu'ils
professent, le corps auquel ils appartiennent.
Car, en dehors de votre contrôle, Monsieur le Commandant
il peut se produire des abus ; il s'en est quelquefois produit.
Que, par exemple, un employé inférieur s'avise, dans quelque
district éloigné, de donner un ordre qui froisse la conscience
des membres de l'Eglise, ceux-ci devraient obéir quand même,
de par la discipline ecclésiastique. L'on pourrait pousser la
plaisanterie jusqu'à démontrer à l'Eglise, la Discipline en
mains, qu'il est du devoir de ses membres ou de violer
l'observation du dimanche, ou de se livrer à quelque libation
sous
prétexte de réjouissance publique, ou tout autre acte
incompatible avec leur devoir religieux. (Les faits abondent
qui justifient ces craintes. Note en bas de page).
Vous n'avez certainement pas voulu nous demander, M. le
Commandant de compromettre ainsi notre caractère et la
dignité du Synode. Ce serait d'ailleurs de notre part une
infidélité inutile, car le Synode ne la consacrerait par le vote
des réserves en question.
Et d'ailleurs, M. le Commandant, les restrictions que vous
désirez apporter à la loi religieuse, sont écrites partout en ce
qui concerne la défense aux corps ou assemblées religieuses
de s'occuper d'intérêts politiques.
Quant à l'obéissance aux ordres de l'autorité, elle découle
de l'Evangile, le Code suprême de notre Eglise ; tous les arrêts
en
vigueur dans la colonie, comme votre autorité non contestée
sur les districts vous
la garantissent complète.
culte
ce
ne
Si l'Assemblée mensuelle souvent mentionnée dans la Disci¬
pline, bien qu'elle n'ait lieu qu'une fois
Société des
Études
par
mois, fait naître
Océaniennes
—
dans votre
100
—
esprit quelque appréhension,
nous nous
permettrons
M. le Commandant, de vous faire remarquer que la Discipline
elle-même a prévu les cas d'empêchement pour le jeudi et le
vendredi. Elle reporte dans ces circonstances la réunion au
samedi, jour où tous les travaux sont généralement suspen¬
dus. Le samedi lui-même serait-il jugé nécessaire à l'Adminis¬
tration que la réunion pourrait avoir lieu, soit dans le
temps
du repos du milieu de la journée, soit la nuit
quand tout
travail a cessé. Il n'est pas de cas où ces réunions
puissent
entraver
en
rien l'action de l'Administration.
Nullement nécessaires à
votre autorité, qui se passera avec
profit d'un semblant de patronage de la part de la Discipline
ecclésiastique, ces articles constitueraient pour nous quelque
chose
comme
Nous
de
ne
une
trahison.
donc, Monsieur le Commandant, vous supplier
les maintenir là où ils ne sauraient prendre place
venons
pas
violenter la conscience de
l'Eglise.
Eglises attendent impatiemment la Discipline, les désor¬
dres en cet état de transition sont rendus
plus terribles que
jamais par les fausses interprétations que l'on donne à ce que
l'on a retenu de la loi. Permettez nous donc, M. le Comman¬
dant de mettre fin à la crise en obéissant, par la
publication
de la Discipline ecclésiastique, aux ordres que nous
avons
reçus du Synode ; et daignez nous épargner le trop vif regret
d'avoir à exposer devant la
plus haute représentation de l'au¬
torité religieuse protestante les causes
pour lesquelles nous
n'avons pu obtempérer à ses vœux.
Recevez, Monsieur le Commandant, l'expression de notre
sans
Les
respectueuse considération.
La Commission
Viénot.
synodale
:
*
M. le
Brun
*•
—
Green
—
Vernier
—
*
Commandant, mal renseigné,
sans doute, et se mé¬
de la lettre de la Commission, répondit
par la lettre suivante qui nous a donné lieu de croire à des
préventions sérieuses de la part du nouveau Commandant
contre l'Eglise protestante.
prenant sur le
sens
Papeete le 12 août 1874
Messieurs
La
date
longue dissertation qui fait l'objet de votre lettre en
8 du courant, ne m'a rien appris sur la situation
du
Société des
Études
Océaniennes
—
101
—
Eglises de votre culte. Bien que parfaitement édifié
situation, j'ai néanmoins accordé la plus grande
attention aux développements que vous avez cru devoir donner
à la question bien simple sur laquelle vous me faites cepen¬
dant de l'opposition. J'ai donc lu votre lettre avec un vif
intérêt et, quoiqu'anirné du désir de rencontrer dans votre
argumentation des motifs sérieux pouvant me déterminer à
renoncer
aux
observations générales faites sur deux points
seulement, et dont j'ai demandé l'introduction dans le travail
d'ensemble que vous m'avez soumis, j'ai trouvé, au contraire,
qu'il était nécessaire de les exiger plus que jamais ; ce qui
n'était qu'une précaution éventuelle dans ma pensée, est deve¬
nue
depuis votre opposition systématique, une précaution indis¬
pensable.
faite
sur
aux
cette
Votre lettre, Messieurs dont je ne relèverai pas les exagé¬
rations, pas plus que les allusions (pas une allusion de la
lettre de la Commission ne peut être appliquée à l'administra¬
tion par quiconque a un tant soit peu étudié la question. Note
bas de page
) peu convenables à l'égard de mon Adminis¬
fait craindre que l'esprit de conciliation ne s'efface
chez vous, pour laisser place à une tendance de domination
que je dois arrêter à son début.
en
tration,
me
Vous donnez à la formation du Synode, que le Gouverne¬
du Protectorat a décidé, par acte du 31 octobre 1873,
une étendue
qu'elle n'a pas. Ni Sa Majesté la Reine Pomare,
ment
mon
prédécesseur M. le Commissaire de la République
Girardj n'ont entendu abdiquer, en instituant le Synode, le
droit de surveillance sur l'exercice du culte, résultant des
lois organiques du pays. Il n'est donc pas possible que l'Admi¬
nistration actuelle cherche dans une mesure de prudence
qu'elle juge utile, à s'abriter sous le patronage de votre
Discipline ecclésiastique, comme vous semblez le penser. (La
ni
Commission
en
y introduisant des clauses civiles dans la
réglementation intérieure de l'Eglise se donnait le ridicule
d'avoir l'air de vouloir patronner l'autorité civile. Ce qui ne
pourrait en rien profiter à l'Administration. Note en bas de
page).
ne
serait pas assez faible pour fausser de cette façon
principes qui veulent, au contraire, que les différents cultes
Elle
les
restent
sous
son
patronage.
C'est
par
l'application de
ces
principes qu'elle a accordé et qu'elle accorde encore à la
Commission Synodale sa protection et toute sa bienveillance.
Société des
Études
Océaniennes
—
102
—
L'Administration ne trouve pas, comme vos susceptibilités
l'ont malencontreusement imaginé,
qu'elle vous
sous
place
trahison, pour me servir de vos
propres expressions, ou qu'elle vous oblige à violenter votre
conscience ecclésiastique, ou à
accepter un déshonneur pour
la religion que vous
professez, ni pour le corps auquel vous
quelque chose
comme
appartenez,
vous
en
une
demandant
de corroborer
crivent
ce
que
pres¬
déjà les préceptes de votre Eglise ; car, vous-mêmes,
vous établissez
que la loi religieuse, écrite partout, défend au
corps ou aux assemblées religieuses de s'occuper d'intérêts
politiques, et qu'en outre, l'obéissance aux ordres de l'autorité
découle de l'Evangile, code suprême de votre
Eglise. Or, vous
reconnaissez d'une part que ce
que je vous demande est déjà
accordé par les lois constitutives de votre
Eglise, et de l'autre,
trouvez
vous
compromettant pour votre caractère comme
» et, déclarez-vous encore « d'une
infidélité inutile de votre part »
d'expliquer par des observa¬
tions générales aux fidèles de votre culte
qui ne sont pas tous,
vous en
conviendrez, assez instruits pour ne pas avoir besoin
d'être éclairés, les règles que vous avez à suivre vous mêmes
pour
et à
«
la dignité du Synode
faire observer par vos
corréligionnaires.
Certes, je ne trouve pas là la logique serrée dont vos
actes sont susceptibles, et
je dois vous avouer que votre refus
d'obtempérer peut réveiller mes appréhensions ; j'aime mieux,
comme
je l'ai dit à l'un de vous, avoir à prévenir qu'à'
réprimer.
Je tiens donc, Messieurs, à ce
que votre recueil contienne
avant toutes autres
dispositions, les observations générales qui
suivent
«
:
En conformité des articles 2 et 4
des statuts organiques
Synode, il est entendu :
1) que toute matière politique et administrative, ainsi que
toute autre n'offrant
point un intérêt purement religieux,
est interdite dans les Assemblées
ecclésiastiques :
2) que les devoirs religieux des membres des Eglises ne
sauraient les dispenser de leurs devoirs de
citoyens vis-à-vis
du
de l'autorité
administrative
».
Mais
j'ai d'autres points à discuter avec vous. Votre recueil,
Messieurs, n'est autre chose que la réunion dans une î)rochure
particulière :
1) Des actes relatifs à la formation d'un Synode des Eglises
protestantes, et publiés au « Vea » du 21 novembre dernier.
Société des
Études
Océaniennes
—
2) De
adopter.
Cette
103
—
réglementation additionnelle
la
que
vous
désirez
réglementation nouvelle est divisée en 4 parties qui
titres :
l'Eglise
ont pour
1 de
2 des Diacres
3
des Pasteurs
4 de
quelques conseils auxquels les Eglises doivent se con¬
former.
parties, une seule, la troisième, a obtenu l'approba¬
Protectorat, et se trouve au nombre
des actes publiés ; aussi prenez-vous soin de renvoyer au
numéro du « Yea » pour en recueillir le texte.
De
ces
4
tion du Gouvernement du
Vous êtes donc dispensés, Messieurs de procéder, pour les
première, deuxième et quatrième parties de votre réglementa¬
tion additionnelle, comme vous l'avez fait pour la troisième,
et vous vous bornez aujourd'hui à demander à l'Administra¬
tion l'impression de votre travail d'ensemble. (A cause nous
l'avions déjà dit, des bonnes raisons que nous avions de croire
que le Commandant se désintéresserait de l'administration
intérieure de l'Eglise. Note en bas de page).
Avant tout, il y a lieu de faire agréer par Sa Majesté la
Reine et le Commissaire de la République, les trois parties qui
n'ont pas encore été approuvées et que j'appelle votre régle¬
mentation additionnelle.
l'impression de votre recueil, je dois
d'appréciation dans laquelle vous
êtes tombés, involontairement, sans doute. Vous faites valoir
dans la lettre à laquelle je réponds, que depuis l'établissement
du Synode, des empêchements d'un ordre matériel ( l'absence,
en un mot, d'un imprimeur) n'ont pas permis à la Commission
Synodale de publier la brochure qui m'a été remise par
l'intermédiaire de M. l'Ordonnateur, pour avoir ma permission
d'imprimer et de publier.
Vous ajoutez que la déférence que vous portez au Chef de
l'Administration, en dehors de tout motif de légalité, vous
faisait un devoir de me communiquer le recueil avant de
En
vous
ce
qui
signaler
l'avoir livré
ne
une
aux
erreur
troupeaux.
oublié, Messieurs, que : « aucun écrit autre que
jugements, arrêts et actes publics par autorité de justice
peut être imprimé et publié dans la Colonie sans ma per-
Vous
les
concerne
avez
Société des
Études Océaniennes
—
mission
104
—
(Instructions du 26 juin 1860 appliquant l'Ordon¬
1828, article 433).
Je n'ignore pas qu'une décision
de mon prédécesseur, en
date du 26 février 1873, a autorisé l'un de
vous, M. Viénot,
à installer une
presse dans l'école qu'il dirige à Papeete, afin
d'imprimer et publier des ouvrages d'édu aiion morale, intel¬
lectuelle et religieuse : (M. le Commandant sachant
que le
manuscrit de la Discipline était
depuis longtemps déposé
à l'Imprimerie du
Gouvernement, nous ne comprenons pas bien
la force de l'argument ni
l'apparition ici de la presse de
M. Yiénot. Note en bas de
page ) mais cette décision contient
sous
certaines pénalités, les mêmes réserves
que la loi au
sujet des formalités à remplir pour obtenir le droit d'imprimer
et de publier.
Donc, Messieurs, ce n'est pas l'absence d'un imprimeur qui
a
pu vous empêcher de livrer votre recueil à vos
troupeaux ;
mais bien la nécessité
légale de recourir à l'assentiment de
l'autorité administrative, à laquelle
vous vous êtes adressés
tardivement, c'est-à-dire huit mois et demi après la création
de la Commission synodale.
nance
J'ai
»
du 27 août
encore
une
erreur
de votre
n'est pas la moins grave.
Vous paraissez devoir
part à relever et celle-là
vous poser en dictateurs des Eglises
protestantes, leur imposer d'une manière absolue la soumission
à votre action et les enlever même à l'action du
Gouverne¬
ment
( Dictateurs ? Est-ce parce que nous aidons l'Eglise à
s'administrer elle-même ? que tous ces justiciables du
Synode
sont jugés par leurs «
pairs » dans une assemblée générale
composée de plus de vingt pasteurs et du double de laïques ?
que nous, la Commission synodale ne pouvons rien faire
qui n'ait été ordonné par le Synode? Note en bas de page).
Cependant l'Ordonnance du 31 octobre 1873, approuvant
la formation du Synode, n'est
qu'une
celui des pouvoirs de l'autorité
simple délégation donnée
gouvernementale, elle ne
détruit nullement l'indépendance des
Eglises protestantes. Re¬
portez-vous, Messieurs, au considérant de cette Ordonnance, il
à
est
ainsi conçu
:
considérant
qu'il est nécessaire d'exercer une surveillance
des ministres des
Eglises protestantes, dans
un but de morale et d'ordre
publics, tout en maintenant l'in¬
dépendance des Eglises consacrée par la loi du 18 mars 1851 ».
Je vous invite,
Messieurs, à bien vous pénétrer des inten«
sur
la
conduite
Société des
Études
Océaniennes
105
—
lions manifestées dans
—
considérant et à
ce
vous
tenir dans la
limite des
pouvoirs qui vous sont délégués.
Vous me dispenserez désormais, je l'espère, Messieurs, de
consacrer à vous lire et à vous répondre un temps si précieux
ii mes autres et nombreuses occupations (Il faut remarquer
que le Commandant nous interdit de répondre par lettre aux
accusations de sa lettre. Note en bas de page). Il est préfé¬
rable de me demander une conférence pour régler les points
qui vous semblent litigieux. C'est le meilleur moyen d'abréger
l'examen des affaires et
Je
vous
Recevez,
tinguée.
l'offre
avec
Messieurs,
Le
de les terminer promptement.
le désir
qu'il soit accepté.
l'assurance de ma considération
Commandant
Commissaire
de
dis¬
la République
Gilbert-Pierre.
Qve
%
*
*
Synodale, comprenant que le Commissaire
République ne recevrait d'elle aucune réponse écrite à la
lettre ci-dessus, s'empressa de lui faire connaître combien elle
désirait el.e-mcmc une entrevue qui lui permit de se justifier
des reproches peu mérités qu'elle venait de recevoir. En
réponse à cette communication elle reçut le jour même la
réponse suivante :
Commission
La
de la
Papeete le 13 août 1874
Monsieur,
réponse à la lettre que vous lui avez écrite à la date
jour, au nom de MM. les membres de la Commission
Synodale, le Commandant Commissaire de la République, me
charge de vous informer que les travaux de l'inspection mobile
ne lui permettant pas
en ce moment d'accorder à la Commis¬
sion Synodale l'audience qu'elle lui demande, mais qu'aussitôt
le départ de M. l'Inspecteur colonial qui doit prendre passage
sur
la goélette « la Gazelle » il fixera le jour de cette au¬
En
de
ce
dience.
Recevez etc...
Le Chef du Secrétariat
A
la
date
du
Commandant les
22
:
août
Des Noyers.
*
%
la
Commission Synodale reçut du
lignes ci-dessous
Société des
%
:
Études Océaniennes
—
106
—
Papeete le 21 août 1874
Messieurs
Vous m'avez demandé
une
audience par lettre du 13 courant
signée au nom de la Commission synodale
secrétaire, l'un de vous.
par
M. F. Vernier,
J'ai l'honneur de vous informer
que je vous recevrai mardi
prochain 25 du courant, à 9 heures du matin.
Recevez etc...
Le
Commandant etc..., Gilbert-Pierre.
*
%
*
Au
jour fixé la Commission Synodale au complet fut reçue
M. le Commandant — M. le Directeur des Affaires Indi¬
gènes Doublé — était présent.
par
M. le Commandant débuta
par une vive sortie, d'une demien les accentuant, les reproches conte¬
nus dans sa lettre du 12 août.
Une pause s'étant faite, le Président de la Commission
demanda s'il lui était permis de
répondre : « Eh ! sans
heure, qui reproduisait,
doute,
quelque chose à répondre » reprit le Commandant
qui n'avait pas un instant soupçonné la possibilité d'avoir été
si
vous
induit
avez
en
erreur.
Commission reprit donc, un à un, les
Commandant pour en faire justice. Elle n'eut
La
démontrer au moyen des
mandant et par des faits :
pièces
que
arguments
du
de peine à
possédait déjà le Com¬
pas
1) que la Commission n'a jamais fait d'opposition systé¬
matique.
2) que les articles dont le Commandant exige l'insertion ne
sont pas du ressort d'une
Discipline ecclésiastique, et qu'ils
offrent bien, une fois traduits en tahitien, les
inconvénients
graves indiqués dans la lettre de la Commission en date du
8 août.
3)
cette lettre ne renferme d'allusion inconvenante
qui que ce soit, mais surtout envers l'Administration
qu'elle ne vise nulle part.
4) que le manque d'imprimeurs a bien été le seul obstacle à
l'impression de la Discipline, sous M. Girard, qui avait déclaré
se désintéresser de l'administration intérieure de
l'Eglise tahique
pour
tienne,
aux
en tant que cette administration
lois du pays.
Société des
Études
ne
serait pas contraire
Océaniennes
107
—
—
5) que la Commission ne peut vouloir exercer une dictature
puisque ses membres ont été unanimes à s'élever contre la
charge de chef des cultes, et à refuser la direction du culte
au
nom
de l'Administration, l'Eglise étant seule apte à la
bonne conduite des affaires.
les explications de la Com¬
possibles et il déclara les accepter. En congé¬
diant la Commission il la pria d'oublier ce qui s'était passé.
Toutefois M. le Commandant prétendit que les deux articles
qu'il avait proposé d'insérer en tête de la Discipline pourraient
M. le Commandant convint que
mission étaient
être
traduits
sans
redoutions, qu'il
communiquée
se
sous
lieu
donner
aux
inconvénients
que
nous
chargerait de cette traduction qui serait
peu à la Commission.
se
passait en août 1874. Depuis lors, la Commission
plus rien reçu, bien qu'à différentes reprises elle ait
supplié le Commandant de donner une solution quelconque
Ceci
n'a
à cette affaire.
l'époque des Assemblées Générales du Synode détermi¬
du 31 octobre 1873. Dès le mois de juin
au Commandant pour le prier de vouloir
autoriser la convocation du Synode pour le 3 août.
Vint
née par l'Ordonnance
la Commission écrivit
bien
Au
3
août
la Commission
aucune
réponse n'ayant été faite à sa lettre
écrivit de
nouveau.
plus de bonheur que la pre¬
8 octobre aucune réponse n'a été encore adressée
à la Commission Synodale, qui légalement instituée par une
Ordonnance de la Reine et du Commissaire de la République
a le droit de se sentir froissée d'un procédé que l'Administra¬
tion n'emploie vis-à-vis de personne d'autre.
La deuxième lettre n'eut pas
mière,
Il
car au
vrai
chef ministre parcourt les
signatures contre le Synode.
Mais le Synode est populaire et il n'aura contre lui qu'une
classe de justiciables : celle qui a tout à redouter des mesures
assurant l'ordre et la décence dans l'Eglise, classe à laquelle
appartient d'ailleurs le chef ministre qui promène la pétition
contre le Synode.
est
qu'en revanche,
un
districts cherchant à recueillir des
%
Société des
%
Études
*
Océaniennes
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être
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té, sont invités à devenir Membre à vie :
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qui, résidant hors de Tahiti, désirent recevoir
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TOUS
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qui,
quittant Tahiti,
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Océaniennes
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Société des
Études
Océaniennes
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Études
Océaniennes
Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 129