B98735210103_127-128.pdf
- Texte
-
de
la
Société des Etudes Océaniennes
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TOME
JUIN
-
Anthropologie
Histoire
—
I
SEPTEMBRE
—
Ethnologie
—
1959
Philologie
Institutions et Antiquités des Populations Maories
Littérature
Astronomie
et
Océanographie
—
PAPEETE
—
Folklore
—
IMPRIMERIE
Sciences naturelles.
OFFICIELLE
Société des Etudes Océaniennes
Conseil d'Administration
Président
M. H.
Vice-Président
M. JAUNEZ
Secrétaire-Archiviste
Melle LAGUESSE.
JACQUIER.
Trésorier
M. LIAUZUN.
Assesseur
M.
Cdt. PAUCELLIER.
Assesseur
M.
Rudolphe BAMBRIDGE.
Assesseur
M. Terai BREDIN.
Assesseur
M. Martial IORSS.
Assesseur
M. Siméon KRAUSER.
Assesseur
M. Yves
Secrétaire-Bibliothécaire
Musée
du
Pour être reçu Membre de la Société
membre titulaire.
se
MALARDE.
Mlle
NATUA.
faire
présenter
par
un
Bibliothèque.
Le Bureau de la Société informe ses membres
que désormais
ils peuvent emporter à domicile certains livres de la Bibliothè¬
que en signant une reconnaissance de dette en cas où ils ne
rendraient pas
le livre emprunté à la date fixée.
Le Bibliothécaire
présentera la formule à signer.
La
ouverte
les jours,
leurs
Bibliothèque est
invités
tous
aux
de
membres de la Société et à
14 à 17 heures, sauf le
Dimanche.
La salle de lecture
14 à 17 heures.
est
ouverte
au
public tous les jours de
Musée.
Le Musée est ouvert tous les jours, sauf le lundi de 14 à 17
heures. Les jours d'arrivée et de départ des courriers : de 9 à
11 heures et de 14 à 17 heures.
Société dés Études Oc
menues
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ D'ÉTUDES OCÉANIENNES
(POLYNÉSIE ORIENTALE)
TOME I
Nos
127 &
128.
—
—
(Nos 2 & 3)
JUIN
—
SEPTEMBRE
1959.
SOMMAIRE
Pages
Compte rendu de l'Assemblée Générale du 5 Mai 1959
.
31
Archéologie
Rapport publié par le Conseil d'archéologie de l'Ancien
monde, par le Pr Kenneth EMORY, traduit de
l'anglais par B. Jaunez
Nouvelle Lumière
sur
la Préhistoire
Polynésienne,
33
par
42
Bengt Danielsson
Navigation
L'identité de l'île Grimwood de
Hugh Cuming,
Ha~
par
46
raid A. Rehder
Zoologie
Les
mammifères
en
Polynésie,
par
Ph. Rey-Lescure
.
49
Ben R. Fimiey
.
53
Ejinograpbie
Fa'ahe'e, l'ancien sport de Tahiti,
par
Bibliographie
L'Histoire de l'Océan
Pacifique
ration et de la Monarchie de
temps de la Restau¬
Juillet, de L. Jore, par
au
Yves Malardé
57
Rectificatif
.
Société des
Études
Océaniennes
.
58
Compte rendu de l'Assemblée Générale
du
5
Mai
1959.
La séance est ouverte à 17 h 30. Etaient
membres du conseil d'administration :
présents parmi les
Mr
Jaunez, Président p.i.,
Laguesse, Secrétaire,
Mr Y. Malardé, Trésorier p.i.,
Cdt Peaucellier, Assesseur,
Mr W. Bredin, Assesseur.
Mlle
Absents
:
Mr
Jacquier, Président, en voyage,
Liauzun, Trésorier, en voyage,
Me R. Bambridge, Assesseur,
MM. Martial lorss, Assesseur,
S. Krauser, Assesseur.
Mr
Le
Président s'excuse
du
retard
apporté à la convocation
générale, retard dû à l'absence du président, Mr
Jacquier dont on espérait le retour pendant les premiers mois
de l'assemblée
de l'année.
Il
déplore ensuite la disparition de l'un des membres émide la société d'études océaniennes, Mr Franck Stimson
qui, ayant résidé à Tahiti plus de 40 ans, avait consacré la
plus grande partie de son existence à l'étude de la langue
et de la culture polynésiennes.
nents
En
qui concerne l'activité de la société : le bulletin a
régulièrement sauf celui de décembre à l'impression
depuis plusieurs mois. Le Musée a reçu en 1958 : 731 visiteurs
ce
paru
532
contre
Le
en
1957.
Président
parle ensuite des fouilles effectuées par le
Muséum aux îles Hawaii sous la direction de Mr
Kenneth Emory, puis il passe la parole à Mr Danielsson,
lequel
fait un exposé très intéressant sur la Préhistoire
Polynésienne.
(Cet exposé est publié in extenso dans ce bulletin, sous le
Bishop
titre
NOUVELLE
LUMIERE
SUR
LA
PREHISTOIRE
LYNESIENNE).
Société des
Études
Océaniennes
PO¬
—
—
Président remercie Mr Danielsson
Le
Mr
32
Malardé
qui
résume ainsi
Recettes
:
s/dépenses
:
dent
au
et
passe
la parole à
la situation financière laquelle se
expose
:
Dépenses : 155.720.70. Excédent recettes
44.078,30. Excédent au 1-1-1958 : 95.671,80. Excé¬
199.799.
1-1-1959
L'assemblée
140.750,10.
:
approuve
les comptes et donne quitus
au
tré¬
sorier.
Le
motion demandant
que
l'entretien des sites et monuments soit confié à la société
avec
président présente ensuite
une
l'attribution de la subvention
adoptée à
une
Personne
plus la parole, il est procédé au
présents et 18 procurations déposées.
qui est de 39 est donc atteint.
ne
demandant
22 membres
vote.
Le quorum
Le
correspondante. Cette motion est
majorité de 30 voix.
sont
dépouillement des bulletins
déposés.
a
donné les résultats suivants
:
40 bulletins sont
Président
Mr Jacquier, 36
:
Mr
Vice-Président
Mr Jaunez 35
Mr
Trésorier
Assesseurs
Jacquier 4
Mr Liauzun 40
:
Secrétaire
4
Jaunez,
:
Mlle
:
:
Laguesse 40
Cdt Peaucellier 40
R.
W.
Bambridge 40
Bredin 40
M. Iorss 39
S.
Krauser
Y.
Malardé
40
39.
Ces résultats sont publiés et représentent le nouveau conseil
d'administration. Le Président remercie l'assemblée de la con¬
fiance
qu'elle veut bien lui témoigner. La séance est levée à
19 heures.
Société des
Études Océaniennes
Rapport publié
le Conseil d'Archéologie de l'Ancien Monde.
par
Région 21
—
Iles du Pacifique
No 1, 1958
Rédacteur Iiewieth P.
Emory
Section
Bernice
Ilonolulu
d'Anthropologie
P. Bishop Muséum
Traduction
—
de
Mr
Bertrand
launez
POLYNÉSIE
ILES HAWAII.
Le Bishop Muséum a procédé sur les lieux à une étude des
plus importantes structures de surface et des pétroglyphes à
travers l'archipel ; les renseignements ainsi obtenus ont été
publiés dans les bulletins ou publications occasionnelles ou bien
classés dans les dossiers du Musée. Le classement des structures,
cavernes
et lieux de sépulture,
pétroglyphes et collections
privées constitue
une
activité permanente du Muséum.
En 1950 le Musée commença les
îles sous la direction de Kenneth
avec
dans
l'Université de
une
nombre
falaise
à
premières fouilles dans les
Emory et en collaboration
Hawaii. Le premier site choisi, un abri
Kuliouou
dans
l'île
surprenant d'objets primitifs
de flore et de faune dans
un
d'Oahu
ainsi
que
fournit
un
des vestiges
sol de détritus de 30 cm[ à 1
an
20
d'épaisseur. Un spécimen de carbone prélevé dans la couche
correspondant à l'occupation la plus ancienne donna une date
de 1004, première date obtenue dans une île du
Pacifique. A
la fin de 1953, plusieurs excavations avaient été
pratiquées
sur les îles de Molokai, Lanai et Hawaii
; elles avaient pour
but
d'étendre les connaissances
sur
tout
ce
que
pouvait
ren¬
fermer le sol et d'entraîner les étudiants de l'Université ainsi
les volontaires locaux à reconnaître et travailler les sites.
alors que le Bishop Muséum établit un programme
de
cinq ans devant permettre de rassembler les renseignements
nécessaires à un cadre de la préhistoire des îles Hawaii, le
financement en étant assuré par une dotation de la Fondation
Wemier-Gren, ainsi que par des fondations locales et des
particuliers.
que
C'est
Société des
Études
Océaniennes
—
Au
34
—
de 1954 et 1955, il fut
procédé à des excavations
sable, situé à l'extrémité
Sud de l'île Hawaii, cet emplacement avait dû être un lieu de
séjour des pêcheurs d'un chef. Des fouilles furent également
pratiquées dans le sol des terrasses d'une grotte importante
située à 800 m environ à l'intérieur des terres. Dans le premier
site on trouva plus de 1600 hameçons ou fragments d'hame¬
çons, plus de 20.000 limes en corail ou en pointe d'oursin et
plusieurs centaines de fragments d'os humains, d'os de cochons
et de chiens partiellement limés en hameçons. Par comparaison
avec d'autres sites il
y avait un pourcentage extraordinaire de
pointes en os destinées à de larges hameçons de bois utilisés
dans la pêche au large, indiquant une spécialisation dans ce
type de pêche. En vue d'y installer des maisons de pêcheurs,
le sol avait été nivelé, recouvert d'un gravier de corail et
pavé à l'aide de grosses pierres usées par l'eau. Ce pavage
était recouvert d'un dépôt de 15 à 25 cm d'épaisseur, riche
en
cendres, arêtes de poissons, coquillages et objets primitifs.
Cet emplacement avait dû être abandonné avant l'arrivée des
premiers Européens car on n'y trouva ni perles de colliers
de traite, ni ferraille. Après cet abandon les Hawaiiens utilisè¬
rent cet
emplacement comme lieu de sépulture jusqu'à la
période historique. Sur ce site d'environ 20 m2, et au cours de
la période d'occupation des pêcheurs un si grand nombre de
maisons furent érigées à des époques différentes qu'il s'avéra
impossible de situer le dessin d'une maison par la position
des trous de ses poteaux. Deux échantillons de carbone prélevés
dans deux fours furent envoyés au Laboratoire de Michigan et
donnèrent l'un une date de 0 à 250 à l'autre une date de + 200
sur
cours
un
site recouvert d'une dune de
Etant donné que
le début de l'utilisation de ce site se
probablement 2 ou 3 siècles avant 1800, il faut supposer
que ces échantillons avaient été contaminés. Une date de
200 + 200 ans provenant d'un échantillon prélevé à, 1 m 20
environ de profondeur permet également de supposer une
contamination, car la stratification et les objets primitifs qui
s'y trouvaient permettraient plutôt de penser à une date
ans.
situe
semblable à celle de l'abri de l'île d'Oahu. Afin d'obtenir
date
plus plausible et aussi
une
avoir une idée plus précise
de la stratification, un autre abri situé à Waiakuhini dans
l'île d'Hawaii fut inclus dans le programme de fouilles de
Société des
pour
Études
Océaniennes
—
195G. Les résultats de
35
—
dernier abri
permirent de penser que
première période d'occupation.
En effet un échantillon de carbone
prélevé dans la couche
la plus profonde nous donna une date de + 957 + 200 ans.
Après avoir analysé les hameçons de ces 3 sites principaux,
il est possible d'affirmer
que les hameçons de la grotte
importante de l'intérieur (abri Makalai) sont semblables à
ceux provenant
de la couche supérieure du sol de Waiakuhini ;
l'on
le
ce
pourrait remonter à la
sol
de l'abri
de
Makalai est donc d'une date récente. La
a fourni des
hameçons
couche inférieure du sol de Waiakuhini
qui sont semblables à ceux trouvés dans la couche supérieure
du site de la pointe. Nous savons donc avec certitude
que
les échantillons de carbone du site de la Pointe étaient conta¬
minés
qu'en réalité ce site est antérieur à 957, et peutplusieurs siècles. Il semble que sur ce site, les
échantillons prélevés aient été altérés par les infiltrations
d'eau de mer à travers le sable, et nous nous félicitons
d'avoir pu situer ce lieu dans son époque,
grâce aux caractéris¬
tiques de ses hameçons et grâce au contrôle que la date au
être
et
de
carbone du site Waiakuhini
En
1955
nous
eûmes
nous
avait donnée.
l'occasion
de
visiter
l'îlot
rocheux
désertique de Nihoa, situé à 150 milles dans le Nord Ouest
de l'Archipel Hawaiien, et
d'y recueillir un échantillon de
charbon de bois pour obtenir une date dans un abri rocheux,
site 60 (Emory, K. P. Archéologie des îles Nihoa et
Necker,
Bulletin 53, 1928, Bishop Muséum). Cet abri avait été reconnu
au
cours d'une étude
achéologique de l'île en 1924. La date
obtenue fut de 1450 + 300 ans ce qui
correspond à ce
que l'on peut supposer de l'occupation de cette île et de l'îlot
Necker 150 milles plus loin, par un
groupe chassé des îles
principales et trouvant un refuge provisoire sur ces îlots sans
eau.
A la suite d'une série d'excavations entreprises
par
sur l'île Kauai, le
Bishop Muséum
des collec¬
équipe
1957, l'un des
tionneurs
envoya une
expérimentée occuper pendant 2 semaines, en
abris les plus importants et les plus
saccagés pour essayer
de sauvegarder une partie du sol
qui avait échappé aux pelles
et
aux
actes
pioches; le bilan de
ce
de vandalisme fut tel que
Société des
qui avait été perdu par ces
le Musée n'eut aucune diffi-
Études
Océaniennes
—
culte à faire
adopter
par
36
—
la législation locale
une
loi protégeant
les sites du territoire.
tous
avec
l'Université de Hawaii, le Bishop
possède maintenant la documentation nécessaire à
l'établissement de rapports sur 17 excavations : une sur Nihoa,
une sur Kauai, quatre sur Oahu, cinq sur Molokai, une sur
Lanai, et cinq sur Hawaii. Le produit de ces fouilles est en
cours de classement et les publications concernant ces fouilles
et leurs résultats devraient paraître en 1958.
Peu de temps avant la deuxième guerre mondiale, le Bishop
Muséum et l'Université de Hawaii procédèrent à des fouilles
dans trois anciens lieux de sépulture dans les dunes de Mokapu
sur
l'île d'Gahu. On y recueillit une collection d'ossements
représentant plus de 1000 individus. Au printemps de 1957
l'agrandissement d'un terrain de golf mit à jour un autre
lieu de sépulture dans la même région. Les fouilles dans ce
dernier site permirent d'ajouter les ossements de 108 individus
En
collaboration
Muséum
à
collection.
la
Le
Dr
Charles
E.
Snow de l'Université de
l'étude de ces ossements en 1951. En
1956 il obtint un congé d'un an pour poursuivre l'étude de
cette collection qui représente un groupe d'Hawaiiens avant
l'arrivée des Blancs. C'est grâce à la National Science Foun¬
dation, Lilly Endowment Inc., et à l'Université de Kentucky
que cette étude a pu être poursuivie.
En collaboration avec Donald Marshall, Snow a publié
récemment une Évalua'ion de crâniologie Polynésienne qui
indique les caractères distinctifs des crânes Polynésiens et
la signification probable des variations en rapport avec les
KentUcky
commença
.
contacts
Le
nant
historiques.
chien, le poulet, le cochon polynésiens peuvent mainte¬
être étudiés grâce à ce qui a été trouvé dans les fouilles.
Svihla vient de
publier
un
papier
sur
la carie dentaire chez
Hawaiien, basé sur une étude des dents faite au labo¬
du Bishop Muséum. Il ne paraît pas douteux que ces
sont dues au régime végétarien
que les Hawaiiens
le chien
ratoire
caries
faisaient suivre à
ces
chiens pour
les préparer à la consomma¬
tions.
ILES
Les
quises
MARQUISES
premières fouilles archéologiques furent faites aux Mar¬
en 1956. Thor Heyerdahl et son équipe étudièrent la
Société des
Études
Océaniennes
—
37
—
fameuse
plateforme à effigies, le me'ae de Oipona à JPuainau
Hivaoa, et passèrent une semaine à étudier et à
relever, à Taipi sur l'île de Nukuhiva, le plan du centre
cérémoniel comprenant onze effigies associées. Ils se
pro¬
curèrent des échantillons de carbone en vue de dates, et
quittèrent les lieux après les avoir dégagés, en partie restau¬
rés et redressé les effigies.
Harry L. Shapiro de PAmerican Muséum of Natural History
et associé honoraire
du Bishop Muséum procéda durant 3
semaines à des fouilles sur l'île de Nukuhiva, grâce à l'aide
financière de Mr et Mme Cornélius Crâne, qui, avec
quelques
amis, l'accompagnèrent et l'aidèrent dans son travail. Shapiro
avait, deux mois auparavant, envoyé Robert Suggs pour que ce
l'île de
sur
dernier fasse
une
reconnaissance des sites de Nukuhiva. Avant
de
s'y rendre, Robert Suggs s'était arrêté au Bishop Muséum
se familiariser avec les méthodes de travail s'étant
avérées les plus profitables. Arrivée aux Marquises, l'équipe
pour
de l'American Museiun travailla
la
côte
Ouest
également
de sable à
sur
3 abris rocheux situés
sur
de
Nukuhiva, dans la Baie Marquisienne, et
site de village qui s'étend le long d'une dune
l'entrée de la vallée de Hatuata, dans le Nord Est de
sur un
l'île.
Les abris rocheux se révélèrent extrêmement riches en objets
primitifs de toutes sortes, aussi bien de fibre et de bois
que d'os et de coquillages, et contenaient également des élé¬
ments de flore et de faune jusqu'au fond de la couche d'occu¬
pation, profonde d'environ 0 m 50. Les objets les plus nomreux
étaient des hameçons d'une seule pièce, taillés dans la
nacre, et des limes de corail et d'oursin. Des couteaux, faits
d'éclats d'herminettes brisées étaient en assez grand nombre.
Quelques hameçons étaient en deux pièces, la partie principale
en
nacre
et la pointe en os ou en nacre. Tous ces
objets
étaient à peu près d'un type constant à travers toutes les
couches des abris et dans le site de la plage.
Dans ce dernier
on mit à
jour un squelette de femme avec toutes ses articula¬
tions et couché sur un scapulum de baleine, le tout soutenu
par un cercle de crânes féminins. Des échantilllons de carbone
furent prélevés et sont au Laboratoire Lamont aux fins d'obte¬
nir une date. Robert Suggs retournera
pour plusieurs mois
aux
Marquises pour poursuivre les fouilles avant de faire un
rapport.
Société des
Études
Océaniennes
—
ILES de
38
—
PAQUES, PITCAIRN, RAIVAVAE et RAPA
Les recherches faites dans Jes îles
précitées ont fait l'objet
suivant, de Thor Heyerdahl :
L'expédition à bord du navire affrété « Chr. Bjelland »
séjourna environ 6 mois à l'île de Pâques, où des fouilles
furent organisées avec une équipe d'une centaine de travail¬
leurs. L'effort fut surtout
porté dans le périmètre Vinapu,
Orongo, Rano, Rarako et Auakena, ainsi que quelques sondages
éparpillés sur des sites de villages et des cavernes d'occupation
dans d'autres parties de l'île.
Un des travaux les plus importants fut le
dégagement du
ahu classique de Vinapu ; il
fallut 3 mois de travail avec 20
hommes pour nettoyer et reconstituer ce monument archéolo¬
gique. Au cours de ce travail on découvrit un nouveau type
de statue de section rectangulaire, différant sensiblement du
type habituel dans son exécution artistique ainsi que par le
choix d'un tuf rouge spécial. La première stratification archi¬
tecturale précise se dégagea des excavations de
Vinapu et fut
confirmée par l'examen d'autres ahus dans l'île.
Il a été possible d'établir 3 époques distinctes dans l'his¬
toire archéologique de l'île. Les constructions
mégalithiques
à blocs parfaitement ajustés
appartiennent à la première
période d'occupation ; à cette époque le ahu ne comportait
pas de statues bien que des statues — différentes de celles
de la période suivante — aient été associées au ahu
; elles
étaient probablement dressées dans la
cour, derrière le mur
de pierres. Le ahu fut alors abandonné
pour une période de
temps indéterminée, puis réoccupé. C'est à l'époque de cette
deuxième occupation que les statues bien connues de l'île
actuelle furent placées sur le ahu reconstitué. La troisième
phase de l'histoire locale commença lorsque les statues furent
renversées, les ahus bouleversés puis partiellement reconstruits,
du rapport
«
«
«
avec
des
inhumations
secondaires
sous
les
C'est
statues
couchées.
pendant cette période finale de décadence et de guerres
intertribales que — d'après les renseignements de toutes nos
fouilles
apparurent les mataa (pointes de lances d'obsidien¬
ne) .
A Orongo plusieurs excavations et un relevé
complet du
site-village cérémoniel furent exécutés. Dans le voisinage des
—
«
Société des
Études
Océaniennes
—
ruines
découvrit
39
—
mit à jour deux simples cons¬
ahu, l'une d'elles étant érigée sur les vestiges
vestiges appartenaient à la période première
d'occupation. Des coupes statigraphiques pratiquées dans une
couche de détritus permirent de
distinguer une couche infé¬
rieure de charbon de bois et de débris
séparés de la couche
supérieure par une épaisseur de terre stérile qui s'y était
déposée naturellement. La couche inférieure ainsi que la couche
de terre passaient sous les maisons
d'Orongo, indiquant que
ces maisons, telles
qu'elles existent aujourd'hui n'appartiennent
pas à la première période d'activité locale, alors que — ainsi
que l'indiquent les relations historiques — elles étaient encore
utilisées à l'époque des premiers contacts
Européens.
connues
on
et
tructions de type
d'une autre ; ces
« Directement
liés à l'un des temples
dégagés à Orongo, 011
découvrit une série de trous creusés de la main de l'homme ;
d'après des observations faites le 21 Septembre et le 21 Juin
(cette dernière faite par le Gouverneur de l'île après notre
départ) il semblerait que ces trous servaient de cadrans solaires
primitifs permettant de déterminer les deux solstices ainsi
que l'équinoxe. Dans ce même temple fut mise à jour une tête
de pierre sculptée dans un style tout à fait
nouveau, avec un
œil taillé
en
d'Orongo
on
murs
avec
cours
des
travaux
dans les maisons
découvrit plusieurs peintures sur les dalles des
et du toit et parmi celles-ci trois
représentant des radeaux
leur gréément ainsi qu'une tête humaine sur un ao avec
motif
un
amande. Au
distinctif
d'œil
pleureur ».
abrupte de l'intérieur du cratère on découvrit
une
série de terrasses de culture superposées, maintenues
par des murettes de pierres, et associées à des maisons de
pierre du type Orongo, ainsi que de nombreux pétroglyphes
dont les indigènes eux-mêmes n'avaient aucune connaissance.
«
«
Sur la pente
A
la
fameuse carrière de statues de Rano Rarako, de
grandes excavations exploratoires furent pratiquées et une
longue et profonde tranchée statigraphique fut creusée à travers
un
des monticules qui se trouvent au
pied de la pente exté¬
rieure de la montagne. On constata
que ces monticules étaient
uniquement constitués de débris et d'outils pour travailler
la pierre, provenant de la carrière. Cette dernière excavation
fut riche en enseignements sur les méthodes de travail dans
«
la carrière et donnèrent de bons
Il fut intéressant de constater que
Société des
Études
échantillons
de
carbone.
la fondation de pierre de
Océaniennes
—
40
—
la traditionnelle maison de l'homme oiseau,
signalée par Routledge, était établie sur le monticule de débris se situant ainsi
selon toute probabilité dans une troisième
période de construc¬
tion et seulement associée de façon secondaire à
l'époque
où les statues furent sculptées. De
plus les excavations de
Rano Rarako mirent à jour plusieurs statues
jusqu'alors in¬
connues, entre autres une petite statuette miniature et une
tête de pierre totalement différentes dans leur
style de la
sculpture habituelle de l'île. La découverte la plus importante
faite à Rano Rarako fut celle d'une grande effigie humaine,
agenouillée, d'un style tout à fait nouveau. Cette image hu¬
maine se tient sur les genoux, la plante des pieds
visible par
derrière, tandis que les mains sont placées sur les hanches.
On trouva également une statue à double
corps surmontée d'une
tête, tandis qu'une autre, la plus haute des statues dressées,
mesurait 11 m 50 de la tête aux pieds. On
dégagea enfin une
statue en partie ensevelie, portant,
gravée sur la poitrine et
l'estomac, l'image d'un radeau à 3 mâts avec une tortue au
bout d'une ligne de pêche.
«
L'étude, par l'établissement d'une tranchée, du fameux
fossé Poike, qui traverse presque entièrement le plateau Est
de l'île, fut d'un grand intérêt pour l'Histoire traditionnelle
de l'île. Jusqu'à ce jour en effet ce fossé avait
toujours eu une
place très importante dans les légendes de l'île où il est
décrit comme un ouvrage exécuté par les Hanau
Eepe et
destiné à être utilisé comme un immense four dans
lequel
ces derniers projetaient de
brûler les Hanau Momoko. D'après
la légende, ces derniers surprirent les artisans du fossé et les
jetèrent dans leur propre feu ; un seul homme put s'échapper.
Nos fouilles montrèrent que le fossé était un point de rencontre
de deux coulées de lave dont le fonds avait été
soigneusement
élargi et amélioré pour servir de défense. Notre tranchée révéla
en
outre que d'importants et nombreux feux de bois avaient
été faits sur toute la longueur du fossé. Il est donc fort
possible
que ce fossé ait été utilisé comme système de défense par
les gens demeurant dans les environs de Poike.
Dans les
environs
du Cap Nord ainsi que dans d'autres
lieux, notamment à Hangaroa et à Anakena, l'expédition trouva
plusieurs petites statues sculptées tantôt dans du basalte, tantôt
dans du tuf rouge, différant ainsi de la statue habituelle de
«
Société des
Études
Océaniennes
—
41
—
l'île de
Pâques sculptée dans le tuf de Rano Rarako. Ces statues
appartenaient à la période la plus ancienne et certaines furent
utilisées, entières ou en morceaux dans les constructions de la
deuxième
Il
période.
à signaler qu'un nombre considérable de bons
échantillons de carbone furent recueillis, ce
qui, nous l'espérons,
permettra de situer dans le temps les différentes périodes.
Des recherches de pollen par
forage furent
reste
également faites
profondeur de 8 m, à Raro Rarako et Rano Kao. Men¬
tionnons enfin qu'environ 600 herminettes dont
plusieurs d'un
type jusqu'alors inconnu, furent rassemblées par l'expédition.
à
une
«
Pendant le
caverne
une
court séjour à Pitcairn on découvrit dans une
carrière qui semble avoir fourni le matériau des
anciennes images de pierre de l'île. Une excavation fut
pra¬
tiquée dans une caverne d'occupation permettant de recueillir
des herminettes de pierre dont certaines d'un
type inconnu.
A Rapa des parés situés sur des sommets de collines
furent examinés et un plan des lieux établi
; un des plus im¬
portants, Morongo Uta, fut débroussé et excavé. On constata
que le paré de Rapa n'était pas seulement un fort, mais aussi
un
village fortifié comprenant à l'époque des cases en matière
végétale. De nombreuses herminettes, pilons et autres objets
primitifs furent mis à jour et la présence de nombreux fours
à revêtement de
pierres, sur les terrasses, permirent de recueil¬
lir de bons échantillons de carbone. Une des
particularités
étranges de ces villages de sommets est la présence de maraes
«
miniatures comportant un dessin de dalles verticales à l'inté¬
de niches artificielles. Des fouilles furent
également
rieur
pratiquées dans des cavernes, plateformes de maisons etc...
et mirent à jour une très belle chambre de
sépulture faite de
pierres parfaitement ajustées, dans laquelle se trouvait une
image de pierre. Des échantillons de pollen furent également
prélevés.
« Les
îles de Moro Tiri au Sud de
Rapa furent également
visitées. On y trouva des
vestiges de murs de pierres et des
cairns sur le sommet presque inaccessible de ces îles inhabitées.
À
Raivavae
un
site
de
village
terrasses
en
colline fut excavé, permettant de recueillir
d'images ainsi qu'une petite statue.
Société des
Études
un
»
Océaniennes
au
flanc d'une
certain nombre
Nouvelle Lumière
par
la Préhistoire
sur
Polynésienne
Bengt Danielsson
Tandis
que les activités archéologiques se sont intensifiées
depuis le début de ce siècle partout ailleurs dans le monde,
en Polynésie les rares spécialistes qui
visitèrent les îles pensè¬
rent tous jusqu'à, il y a une dizaine d'années que des fouilles
analogues seraient vaines. Les principales raisons invoquées
étaient le climat humide et chaud, les matières périssables
dont étaient faits la plupart des objets et outils polynésiens
et le manque supposé de couches stratifiées à cause des pluies
et des cyclones.
Ces raisons furent
acceptées comme des dogmes et les rares
archéologiques effectués en Polynésie furent par con¬
séquent, jusqu'à la dernière guerre, limités aux descriptions
des constructions en pierre, principalement des marae, se
trouvant au-dessus de la surface de la terre. Presque tous les
relevés étaient pratiquement terminés avant 1939. A cette date,
à peu près tous les Polynésiens âgés qui avaient eu une con¬
naissance directe de l'ancienne culture avaient déjà disparu.
On se trouvait donc dans une impasse et les possibilités
d'approfondir encore plus nos connaissances du passé semblaient
épuisées. Le champ était libre aux spéculations et un nombre
extraordinaire de théories sur l'origine des Polynésiens se
basant sur des comparaisons arbitraires fut élaboré.
travaux
Heureusement la situation
changé radicalement depuis la
Ce qui a donné un nouvel élan aux
chercheurs, en Polynésie comme ailleurs, est évidemment la
découverte de la méthode du carbone 14 pour déterminer
l'âge de matières organiques. Comme vous le savez tous, cette
méthode est basée sur le fait que toute matière animale ou
végétale contient un élément radioactif, le carbone 14, qui,
après la mort de l'individu, de l'animal ou de la plante,
se transforme lentement en carbone 12. Cette désintégration a
a
fin de la dernière guerre.
lieu à
gre
une
contenu
qu'un
vitesse constante
:
la moitié des atomes
se
désin-
exactement 5.600 ans. Si l'on arrive à déterminer le
en
radioactif d'un échantillon
os, un morceau
de matière
de charbon de bois
Société des
Études
organique, tel
fragment de
ou un
Océaniennes
—
43
—
l'âge de cet objet. Il ne faut cepen¬
oublier que l'analyse du carbone 14 est extrêmement
délicate et qu'on doit compter avec une certaine marge d'erreur,
variant actuellement de cent à deux cents ans dans la plupart
des cas mais qui pourra peut-être un jour, avec des techniques
plus précises, être réduite à environ 50 ans. Un autre incon¬
vénient est le prix de ces analyses qui s'élève encore à environ
250 dollars par échantillon et ceci est évidemment la raison
principale pour laquelle nous n'avons pas encore un très grand
natte, on peut donc fixer
dant pas
nombre
de
dates.
qui, le premier, utilisa cette méthode en Polynésie
d'établir une chronologie exacte fut le Professeur
Kenneth Emory du Bernice P. Bishop Muséum de Honolulu,
bien connu par ses études importantes sur l'ancienne culture
tahitienne. En 1950, il trouva au cours d'une fouille proche
de la ville de Honolulu des hameçons et d'autres objets ha¬
waiiens qui furent analysés. La date obtenue fut 946 après
J.C. Depuis le Professeur Emory a fait des excavations ana¬
logues en 17 endroits différents situés dans toutes les îles
habitées de l'archipel hawaiien. Les résultats ont été une
révélation. Bien sûr, on n'a pas trouvé de trésors comparables
à ceux de la tombe de Toutankhamon, ni même à ceux des
cimetières péruviens. Il est rare que les résultats de recher¬
ches archéologiques soient aussi spectaculaires que le grand
public l'imagine. Mais le Professeur Emory a trouvé des milliers
d'objets, principalement des outils d'os et de pierre, tels
qu'hameçons, herminettes, aiguilles de tatouage et bijoux,
ainsi que des ossements d'êtres humains, de chiens, de co¬
chons et de poulets, qui lui ont permis de reconstituer en
détails l'évolution culturelle d'Hawaii. La plupart des dates
obtenues sont autour de l'an 1.000 après J.C. Mais dans la
couche la plus profonde d'un site d'excavation à la grande île,
Hawaii, il a trouvé, à une profondeur de plus de deux mètres,
le prototype de l'hameçon hawaiien qui, à juger de sa position
stratigraphique, doit remonter à environ 750 après J.C.
Celui
pour essayer
en même temps que son collègue hawaiien, le
Roger Duff, de Canterbury Muséum, commença des
excavations analogues dans l'île du sud de la Nouvelle-Zéllande
et son ouvrage The Moa - Hunter period of Maori culture
Presque
Professeur
Société des. Études Océaniennes
—
44
—
dont la seconde édition fut
publiée en 1956 nous en donne un
compte-rendu. Dans ce cas aussi, les fouilles furent
extrêmement révélatrices et plusieurs dates exactes furent
obtenues. La plus ancienne est 1015 après J.C.
excellent
A la troisième
pointe du triangle polynésien, l'île de Pâques,
une date fixe aussi, grâce aux recher¬
ches des archéologues professionnels qui accompagnèrent Thor
Heyerdhal pendant sou expédition en 1956. Contre toute attente,
cette date est encore plus ancienne puisqu'elle est de 380
après J.C.
nous
avons
maintenant
Mais
des résultats encore plus étonnants furent enregistrés
la récente expédition de l'American Muséum of Natural
History aux îles Marquises en 1957-58, dont un résumé vient
d'être publié dans le numéro de janvier 1959 du magazine
ethnologique Mmi. Les analyses au carbone 14 révèlent que
par
baie Haatuatua
la
déjà 120
versera
ans
aussi
morceaux
de
la côte est de Nukuhiva était habitée
sur
avant J.C. ! Une autre découverte qui boule¬
beaucoup de théories actuelles est celle de quatre
poterie trouvés par l'archéologue Suggs.
Pour
compléter ce tour d'horizon du Pacifique, nous consta¬
qu'à l'ouest de la Polynésie des excavations ont été
faites seulement en deux endroits en Mélanésie, à Fiji et en
Nouvelle-Calédonie, et dans un archipel de la Micronésie, aux
îles Mariannes. Les dates les plus anciennes sont : pour Fiji
46 avant J.C., pour la Nouvelle-Calédonie 481 avant J.C. et
pour les Mariannes 1527 avant J.C.
terons
Pour
revenir
à
l'archéologie polynésienne, je veux fina¬
c onclusions
qui se dégagent des excava¬
déjà entreprises et qui, j'en suis sûr, seront confirmées
en
lement formuler deux
tions
par
les travaux futurs
:
1. Tous les
objets trouvés dans chaque couche correspondent
étape bien distincte dans une évolution graduelle, sans
rupture ni intrusion d'une culture étrangère, ce qui réfute
définitivement la théorie d'existence, à une époque
éloignée,
d'une population mélanésienne dans les îles polynésiennes.
à
une
•
2. Tous les
de
ces
objets trouvés dans la couche la plus profonde
excavations à Hawaii
prochent surtout de
et
en
ceux connus
Société des
Études
Nouvelle-Zélande
se
rap¬
des îles de l'est de la Poly-
Océaniennes
—
nésie.
Ce
fait
confirme
45
donc
lesquelles la Nouvelle-Zélande
—
les
et
traditions
Hawaii
classiques selon
été peuplées
ont
des îles de la Société.
A
de la position-clef de Tahiti il est vraiment
grand
d'entreprendre ici des excavations archéologiques sé¬
rieuses avant que des amateurs ignorants et des collectionneurs
de curiosités plus ou moins désintéressés ne
dépouillent les sites
et ne dérangent la stratigraphie. Déjà dans
un article écrit
en
1953, et dont la traduction par M. Jaunez a paru dans le
numéro 105 du Bulletin de la Société d'Etudes Océaniennes, le
Professeur Emory a esquissé un programme de recherches
achéologiques polynésiennes dans lequel il souligne l'intérêt
particulier de telles recherches et souhaite qu'on envoie rapi¬
dement une expédition à Tahiti. Les années ont, hélas,
passé
et rien n'a été fait pour la très bonne raison
que des recher¬
ches de cette envergure sont très onéreuses. Heureusement
cause
temps
cet
obstacle
a
maintenant
été surmonté
et
ces
excavations si
longtemps attendues seront enfin commencées au mois de mars
1960 par une expédition franco-américaine dirigée par le
Professeur Emory et dont tous les membres seront des spécia¬
listes qualifiés respectivement du Bishop Muséum et du Musée
de
l'Homme
obtenus
au
phérie, il
de
cours
y
bouleverseront
a
Paris.
Considérant les
des fouilles faites
dates
péri¬
raisons de penser que les résultats
nos
conceptions actuelles de la préhistoire
toutes
toutes
révolutionnaires
dans les îles de la
tahitienne.
Société des
Études
Océaniennes
L'Identité de l'Ile
de
L'un
Grimwood
Hugh Cuming
des
premiers voyages aux îles de la
l'étude et la collection de la
Pacifique est celui de Hugh
les Tuamotu, les îles de la Société, et les
eût pour seul but
faune des îles du
visité
Polynésie qui
flore et de la
Cuming, qui
îles Tubuai
a
en
1827 et 1828.
Le
nom
et
les
voyages
de Hugh Cuming sont peu connus
malacologie. Il n'est pas
son « Explorers of the
hors des études de botanique et de
mentionné par Peter H. Buck dans
Pacific ».
M. Harold St. John a donné un bref mémoire au
sujet de
M. Cuming, contenant l'itinéraire de son voyage au
Pacifique
(St John, 1940), et par conséquent je ne donnerai pas ici une
liste des îles qu'il a visitées. Il suffit de dire
qu'il traversa
vaisseau « DISCOVERER » les
Tuamotu, de l'atoll
Anaa, ensuite les îles de Tahiti, Huahine, et Raiatea,
et les îles Tubuai de Rurutu à
Rapa.
Le 10 janvier 1828 le « DISCOVERER » fit escale à l'île
Rurutu où M. Cuming a recueilli des plantes et des mollus¬
ques. Le soir le vaisseau quitta Rurutu, à cause d'un début
de tempête et par manque de
mouillage sûr. Neuf jours plus
tard il arriva à un petit atoll. Voici la
description de Hugh
Cuming, contenue dans une lettre adressée au célèbre botaniste
anglais Sir Joseph D. Ilooker : «
; on the 19 th made
a small
Lagoon Island and landed. Same végétation as at Duavec
son
Ducie à
cies
Island. Here
any
inhabitants. As this Island
wrecks of
several canoës but not
laid down in any
chart I named it Grinwoods Island after the Master of the
Discoverer. On the 25 th of january landed on Lord Hoods
we
saw
was
not
(St. John, 1940, p. 87).
Cuming est resté sur cet atoll peu de temps, probablement
un
jour, car un certain nombre d'espèces de mollusques qu'il
a
rapportés ont été décrits avec la localisation « Grimwood
Island ». L'identité de cette île est douteuse
jusqu'à présent.
St. John dit seulement qu'il s'agit
probablement d'un atoll
des Tuamotu sud-ouest. Le malacologiste
anglais E. A. Smith,
dans un article concernant une collection de
mollusques pro¬
venant de l'île Henderson, admet
qu'il n'a pu découvrir aucune
autre mention d'une « Grimwood Island »
(E. A. Smith 1913).
.
»
Société des
Études
Océaniennes
—
47
—
Il n'est pas mentionné dans le « Index to the Islands of the
»
de William T. Brigham (1900).
Pacific
Malheureusement, M. Cuming n'a pas indiqué la position de
île et le seul indice qui nous est donné de sa position
approximative est le fait qu'elle est située à neuf jours de
voile de Rurutu, et approximativement cinq jours de Marutea
cette
du Sud.
Les seules îles
sur
la
route de
Tematangi (le « Lagoon Island
roa, et Fangatau.
Rurutu à Marutea du Sud
»
sont
de William Bligh), Muru-
Il est évident
qu'il faut éliminer Mururoa, car Cuming dit
Grimvvood était une petite île à lagune, tandis que Muru¬
roa
est un atoll
assez
grand, d'environ 24 kilomètres de
longueur.
que
Si
le vaisseau faisait la même vitesse entre
qu'entre Grimwood et Marutea
du Sud, le nombre de jours passés en voyageant entre ces îles
indiquerait que l'île Grimwood pourrait se trouver dans le
voisinage de Temantangi, et que ces deux îles pourrait n'être
qu'une seule et même île. Cependant, l'île Tematangi fut dé¬
couverte par le célèbre Capitaine William Bligh en 1792 et on
peut la trouver, située correctement, sur une carte marine
dans la relation du voyage missionnaire de James Wilson au
Pacifique Sud avec le « Duff », publiée à Londres en 1797.
On doit admettre, par conséquent, que cet atoll figurait sur les
cartes marines dont disposaient Cuming et le Capitaine Grim¬
nous
Rurutu
et
supposons que
Grimwood Island
wood.
Par
contre, l'atoll Fangatau n'était noté sur aucune carte
en
usage à cette époque puisqu'il ne fut découvert
qu'en Février 1826 par le Capitaine William Beechey, et son
existence ne fut connu qu'après le retour de Beechey à Londres
en
Octobre 1828. Ainsi il y a tout lieu de croire que l'île
Grimwood, découverte par Cuming le 19 Janvier 1828, est
l'atoll Fangatau que Beechey ,a découvert le 3 Février 1826.
marine
En
cas, il faut que nous admettions que le « DISCOVEnaviguait entre Rurutu et Grimwood à une vitesse
considérablement plus grande qu'entre Grimwood et Marutea
du Sud. Il devient évident que c'est ce qui se passa si nous
nous
rappelons que le vaisseau de M. Cuming quitta Rurutu
à cause d'une de ces tempêtes, communes en
hiver, quand,
comme
on
le sait, les vents viennent du sud et sud-ouest
RER
ce
»
Société des
Études
Océaniennes
—
48
—
aussi fréquemment que de l'est et du sud-est. De la lettre de
Hugh Cuming on peut estimer facilement que pendant le
voyage de Rurutu à Fangatau le « DISCOVERER » naviguait
à une moyenne approximative de 145 kilomètres par jour,
tandis que pendant le voyage entre Fangatau et Marutea du
Sud la moyenne était approximativement de 70 kilomètres
par jour. On peut expliquer cette différence par le fait que
pendant le premier voyage le vaisseau avait vent arrière, et
que durant le second il faisait voile contre les vents alizés.
Ces moyennes sont en accord avec celles des autres traversées
entre les îles que Cuming fit, tant contre les alizés
qu'en
courant
largue.
,
Je voudrais faire mention de l'histoire de la vie de
Cuming,
voyages, et ses relations avec
dernier siècle, étude que M. S. P.
les autres naturalistes du
Dance, du British Muséum,
prépare actuellement. Quand elle sera publiée, un compte-rendu
des voyages de Cuming en Polynésie sera
peut-être de quelque
intérêt pour les lecteurs du Bulletin.
ses
*
*
*
BIBLIOGRAPHIE
Beechey, F. W.
Blossom,
—
Narrative of a Voyage to te Pacific
1825, 26, 27, 28. London. 1831
Brighain, W. T. — Index to the Islands of the Pacific. Mem.
B. P. Bishop Muséum, vol. 1, n° 2, 1900
Buck, Peter H. — Explorers of the Pacific. B. P. Bishop
Muséum Spec. Publ. 43, 1953
Smith, E. A. — On a small Collection of Marine Shells from
Henderson
Island.
Ann.
Mag. Nat. Ilist., Ser. 8, vol. 12,
409-415, pl. 9. 1913
St. John, Harold — Itinerary of Hugh
Cuming in Polynesia.
Occ. Papers B. P.
Bishop Mus. vol. 16, n° 4, pp. 81-90. 1940
Wilson, W. — A Missionary Voyage to .the Southern Pacific
Océan,
1796, 1797, 1798, in the Ship Duff commanded by Captain James Wilson
London. 1799
pp.
Plarald A. Rehder
Société des
Études
Océaniennes
Les
Mammifères
en
Polynésie.
Quadrupèdes autochtones ou importés ? C'est
de leur dissémination à travers les mers du Sud
le problème
qui se pose.
Si l'indigène garde le souvenir des grands navires qui
escalent chez eux, ils oublient parfois le passage des baleiniers,
nombreux à l'époque, transporteurs de rats, qui, à l'occasion
propice peuvent très bien « avoir choisi la liberté », mais
nous ne les voyons
pas très bien lors de leurs sévères périples
s'embarasser de chiens ou de porcs. Comment ces mammifères
arrivèrent-ils dans certaines de
ces
îles ?
L'auteur de cet article
(William Wyatt Gill B. A.) écrit en
magazine anglais « The Leisure Hour » donne
quelques faits intéressants à ce sujet.
1876
dans
un
Ph.
Rey Lescure.
*
*
*
LE RAT
généralement qu'il n'existe pas de mammifères
Pacifique autres que les roussettes (grandes chauve-
On suppose
le
dans
souris) .
ne s'accorde ni avec les traditions des insulaires,
opinions des premiers navigateurs. Se rapportant
Sandwich, le capitaine Cook dit que les quadrupèdes
Cette idée
ni
avec
Iles
aux
dans toutes les autres, découvertes dans
Sud, comprennent trois sortes : les chiens, les
et les rats (Voyages Vol I page 105). Le rat seul est
ces
lies
mers
du
dans
les
1 os
porcs
comme
universel.
environ la
de la taille
d'un rat de
Norvège.
beaucoup d'îles la race autochtone a été exterminée par
le rat importé. En 1852 un rat de Norvège mâle, solitaire,
est venu à terre à Magaia après le naufrage d'un baleinier
américain, et pourchassa ses congénères insulaires.
En réparant le plancher d'une de nos chambres je découvris
une
trentaine de rats indigènes morts. Nous eûmes la chance
d'attraper le rat meurtrier dans une trappe.
Dans certaines îles du Sud du Pacifique c'était la coutume
de protéger les cocotiers des ravages occasionnés par les rats
en établissant une sorte de paravent habilement construit autour
Il
est
moitié
Dans
Société des
Études
Océaniennes
—
du
tronc
dessons
en
de la
50
—
frondaison à
une
grande hauteur
du sol.
Quand
ôtait une dent à un enfant, la coutume était
prière dans laquelle on demandait aux dieux de la
remplacer par une dent de rat (c'est-à-dire par une dent
aiguë et forte).
d'offrir
La
on
une
plupart des îles comme Magaia, étaient littéralement
les rats ; ce petit rat était véritablement indigène.
envahies par
A
Magaia ils étaient considérés par la mythologie comme la
progéniture d'Echo (1) la déesse ironique « qui parle dans les
rochers ». Le rat est toujours chanté par les mythes anciens.
Deux
méthodes
étaient
employées
pour
se
défaire de
bêtes. Il consistait dans la confection d'un nœud coulant
fibres
de
coco,
de bancouliers.
Le
second
ces
en
l'espace ainsi entouré était rempli de noix
Les rats étaient facilement étranglés.
moyen
consistait à
creuser
une
large fosse
en
forme de bouteille avec deux chemins étroits permettant
aux bestioles de
descendre, de se régaler des noix de bancou¬
liers. Quand ce trou était bien rempli de rats deux hommes
descendaient
les
et
assommaient.
Un matin des enfants
rent
son
grimpant dans des rochers découvri¬
grotte fermée par une grosse pierre et dans laquelle
trouvait
se
de
une
corps momifié admirablement conservé. Sur
avait un trou par lequel on pouvait apercevoir
petits rats, un nid de rats se trouvait situé à la place du
un
côté il y
cœur.
Le
proverbe « doux comme un rat » existe encore à Magaia
les adultes de cette génération aient abandonné la
pratique dégoûtante de manger les rats.
bien
Je
—
que
me
Est-ce
rappelle
que
en
1852 qu'on
Jehova
sera
en
me
demanda souvent
colère si
nous
:
mangeons
des
rats ?
—
—
Pourquoi
me
demandez-vous
Parce que nous avons
cela ?
lu dans le Lévitique qu'il est défendu
d'en manger !
(1) On
grecque
ne voit pas très bien ce que venait faire cette nymphe
dans les traditions polynésiennes.
Société des
Études
Océaniennes
—
51
—
Les
garçons aujourd'hui mettent le feu aux fougères de
montagne, des myriades de rats s'en échappent à moitié
aveuglés par la fumée ; ils sont alors facilement abattus avec
Ja
des bâtons.
On
pratique cette méthode quand la
pêche impossible.
la
Ces
de
rats
se
exclusivement
nourrissent
mer
de
bancouliers, de bananes, de manioc et de
est mauvaise et
noix de
coco
et
papayes.
LE PORC
Les 7 îles formant le groupe
des Hervey, Magaia et Aitutaki,
possédant une race autochtone de porcs. Les
premiers furent débarqués en 1823 par le martyr Williams (1).
Ils furent apportés au marac du dieu principal enveloppés
des tapa les plus blancs, nourris de la nourriture des chefs et
reçurent chacun un nom, considérés comme des divinités
étrangères. Plus tard, à cause de leur saleté, ils furent mis
dans des enclos sacrés. Il fallut plusieurs années avant que
les indigènes aient envie de goûter à leur chair. L'augmenta¬
tion de ces bêtes fut si rapide qu'elles fournirent les baleiniers ;
des milliers furent abattues pour les fêtes du Mai en 1852.
A la suite de cyclones successifs leur nombre alla en diminuant.
étaient les seules
Le
originaire de Polynésie n'existe plus. C'était un
maigre, à longues pattes et non comme le « sus papuensis » que je vis en Nlle Guinée. C'est au capitaine Cook
et aux missionnaires qu'appartient l'introduction d'une race
meilleure. Le porc était indigène aux Sandwich, à Tahiti et
porc
animal
aux
îles des Amis.
Le
capitaine Cook trouva le porc à Tana, aux Mlles Hébrides
environ 300 ans que Queiros en vit à Espiritu
Santo, l'île la plus au Nord du même groupe.
du Sud. H y a
LE CHIEN
Il
était
indigène à Tahiti, à Samoa, aux Sandwich et en
capitaine Cook les décrit comme ayant des
pattes courtes et torses et les oreilles « pricked ». On les
Nlle Zélande. Le
(I) Le Rcv. John Williams qui, parti de Raiatea, apporta, le
aux archipels de l'Ouest et mourut massacré à Erro-
christianisme
mango.
Société des
Études
Océaniennes
—
52
—
nourrissait, ils vivaient en troupeaux avec les porcs et je ue
rappelle aucun exemple de l'un d'entre eux considéré com¬
me
ami de l'homme, comme un
compagnon... L'habitude de
les manger était une barrière à leur introduction dans la socié¬
té (Cook Vol 7 page 106). Encore en
parlant de Tahiti Cook
(Vol 1 page 145) les chiens qui sont élevés ici pour être mangés
ne
mangent aucune nourriture animale mais sont nourris entiè¬
rement de l'arbre à pain, de
cocos, d'ignames et de tubercules
de même espèce. Le nom indigène « uri » le fait
comprendre.
me
Le chien était inconnu
d'eux
fut
d'un porc.
Il
est
aux îles
Hervey jusqu'à ce que l'un
la « Resolution » en 1777 en échange
Les indigènes furent enchantés de l'avoir.
donné
un
fait
par
curieux
qu'aucun chien réellement bon
ne
peut vivre dans les Hervey.
Actuellement elles sont
remplies de balards.
LA ROUSSETTE
La dernière île dans le
Pacifique, vers l'Est, où l'on trouve
grande chauve-souris est Magaia. Aucune autre île du
groupe Hervey n'en possède ; elles sont très communes aux
Samoa et à l'île Sauvage. Quelle est la loi de la
répartition ?
J'en ai mesuré une ; j'ai trouvé d'aile à aile 13
pouces 3/4.
Le corps avait une longueur de 3 pouces 1/4.
cette
Il est intéressant de voir le matin des centaines de ces
créatures accrochées l'une à l'autre et suspendues aux branches
d'un arbre au-dessus des falaises perpendiculaires, à l'inté¬
rieur de l'île. Leur odeur est
insupportable.
A Samoa elles étaient vénérées
comme des dieux. A
Magaia
appréciées comme un mets délicat. J'en vis
une
qui avait été cuite ; je fus invité à en manger, mais je
refusais avec politesse. Elles abondent dans les nombreuses
cavernes calcaires de Niue et de
Magaia et se nourrissent de
fruits mûrs. On les attrape facilement à l'aube quand elles
sont encore dans un état
semi-léthargique (1).
elles
étaient
(1) Il m'est arrivé d'en manger en Nouvelle-Calédonie. Leur chair
particulier N D T.
n'a rien de très
Société des
Études
Océaniennes
Fa'ahe'e ^ancien
spori de Teihif§.
cours
de recherches sur le sport de « surfing » chez
Hawaïens, j'ai eu l'occasion de découvrir des faits peu
connus
au
sujet du sport tel qu'il se pratiquait dans toute
l'Océanie. D'abord, j'ai trouvé que le « surfing », qui peut
Au
les
défini comme le procédé de glissement sur une vague,
pendant qu'on est supporté par une planche, était un sport
ancien de la Polynésie, de la Méianésie, et de la Micronésie.
Ensuite j'ai découvert que si, comme on le sait bien, le « sur¬
fing » a eu son plus grand développement aux Hawaii, il était
aussi beaucoup pratiqué à Tahiti. Dans cet article on décrira le
surfing » de Tahiti et on le comparera avec le « surfing »
être
«
hawaïen.
beaucoup de voyageurs ont observé ce jeu et l'ont
écrivains, Cook (1), Bligh (2), et Morrison (3),
ont écrit que le sport était en vogue à la Baie de Matavai, et
le missionnaire, William Ellis (4), écrit qu'il voyait souvent
de cinquante à cent Polynésiens occupés à ce sport à Fare,
A Tahiti
décrit. Plusieurs
Huahine.
Moerenhout, le sport était pratiqué où il y
dans les récifs, et il écrit que le « surfing »
« consistait
à se laisser emporter par les vagues de la mer,
en
se tenant sur leurs sommets, amusement le plus agréable
Selon
J.
A.
avait des coupures
pour eux, de
exercice avait
tous ceux
qu'ils s'étaient créés dans l'eau.
Cet
théâtre les ouvertures dans les récifs,
lieux où la mer brise avec le plus de fureur. Parmi tous les
tours de force ou d'adresse que les hommes, en différents
pays, sont parvenus à exécutei-, je n'en connais pas qui surpasse
celui-ci ou qui cause plus d'étonnements à première vue.
En général, ils ont une planche de trois à quatre pieds de
long, avec laquelle ils gagnent la mer à une certaine distance,
guettant les vagues, plongeant sous celles qui ne sont pas assez
fortes, et en laissant ainsi rouler plusieurs sur leur tête, jusqu'à
ce qu'il en vienne une très élevée, que leur annoncent les cris
poussés de la terre, par les spectateurs, toujours réunis en
grand nombre sur le rivage. Couchés sur leur planche, ils
attendent la lame ; et, au moment où elle les aborde, ils se
donnent un mouvement qui leur en fait atteindre le sommet,
pour
Société des
Études
Océaniennes
—
d'où
54
—
les
voit, aussitôt, emportés, avec la rapidité d'une
la rive, sur laquelle on croirait qu'ils seront jetés
en
lambeaux ; mais, quand ils en sont très près,
un petit
mouvement les fait retourner et
quitter la vague, qui, presqu'au
même instant, se brise avec fracas sur le
sable, ou sur les
rochers, tandis que l'Indien, à flot, et sans jamais quitter sa
planche, part, en riant, pour recommencer son terrible jeu.
Hommes et femmes aiment à la folie ce divertissement, et
s'y exercent dès leur plus tendre jeunesse ; aussi quelques-uns
en acquièrent-ils une habitude
qui passe toute croyance. J'en
ai vu, dans de très gros temps, sauter à
genoux sur leur
planche, et se tenir ainsi en équilibre, pendant que le flot
les emportait avec une vitesse effrayante ».
on
flèche,
vers
Selon
Ellis, le « surfing », que les Tahitiens appelaient
horue, était principalement un divertissement des
adultes (6). De plus, selon Morrison, les chefs
(ari'i), les
femmes aussi bien que les hommes, étaient les
plus habiles
au
«
surfing » (7).
fa'ahe'e
ou
Ellis écrit aussi que
du
«
surfing
Comme
les Tahitiens avaient
un
dieu, Huaouri,
».
l'avons
déjà constaté, le « surfing » hawaïen
plus développée du sport. En bref, on peut
caractériser le « surfing » hawaïen comme un
sport qui était
pratiqué par les hommes et les femmes, et surtout par les
chefs, et les Hawaïens souvent se tenaient debout sur des
planches mesurant jusqu'à 18 pieds de long. Le « surfing »
hawaïen contraste avec celui de la plupart de
l'Océanie, où il
était pratiqué surtout par des
jeunes, qui se couchaient à plat
ventre sur des planches de trois ou
quatre pieds de long (9).
Cependant, à Tahiti, comme nous l'avons déjà indiqué,
c'étaient des adultes, et spécialement les chefs,
qui pratiquaient
ce
sport. Ainsi, le « surfing » tahitien, au point de vue des
participants, ressemblait au « surfing » hawaïen. Il y a un
autre point de
comparaison entre les deux, car il existe des
indications que les Tahitiens, aussi bien que les
Hawaïens, se
tenaient debout sur leurs planches. Les Tahitiens se couchaient
d'ordinaire à plat ventre, ou se tenaient à
genoux sur leurs
planches, mais Morrison écrit que les experts se tenaient debout
sur
leurs planches (10). D'ailleurs, les planches tahitiennes
nous
était la forme la
Société des
Études
Océaniennes
55
—
—
atteint le développement des hawaïennes, n'ayant
vraisemblablement plus de 5 pieds de long.
Ainsi, vu la participation des adultes et des chefs, et le fait
que les experts se tenaient debout sur leurs planches, on
peut dire que le « surfing » tahitien était presque aussi haute¬
ment développé que le « surfing » hawaïen (11), malgré les
planches plus courtes (11).
En 1888, C. F. Gordon-Cummings, après une visite de six
mois à, Tahiti, écrit qu'il n'y a pas du tout vu de « surfing »
(12). Cependant, Teuira Henry écrit en 1928 que le sport
était rarement pratiqué en ce temps-là (13). En 1956 j'eus
l'occasion de visiter Tahiti et plusieurs autres îles de l'Océanie
Française. Je vis des jeunes gens qui faisaient du « surfing »
à Takapoto, aux îles Tuamotu, et à Hiva-Ga, aux îles Marqui¬
ses, mais je n'observai pas du tout de « surfing » chez les
n'ont
pas
pas eu
Tahitiens.
Enfin, je
pose
sport de Tahiti, a
la question : Est-ce que le fa'ahe'e, ancien
complètement disparu ?
Ben
*
*
R.
FINNEY.
*
NOTES
Cook, 1784, Vol. 2, pages 150-151.
Bligh, 1937, Vol. 1, page 409.
Morrison, 1935, page 227.
Ellis, 1831, Vol. 1, page 224.
Moerenhout, 1837, Vol. 2, pages 151-152.
Ellis, 1831, Vol. 1, page 226.
Morrison, 1935, page 227.
Ellis, 1831, Vol. 1, page 226.
La documentation de ces déclarations, qui est trop longue
pour être soumise ici, est inclue dans ma thèse (M.A.),
Hawaiien Surfing, A Study of Cullural Change.
(10) Morrison, 1935, p. 226.1
(11) Vu la probabilité de la colonisation de Hawaii par les
Tahitiens, je suggère dans ma thèse que c'est d'abord
à Tahiti que le « surfing » devint un sport important,
et que c'est plus tard, quand il fut apporté jusqu'aux
Hawaii qu'il atteignit son plus grand développement.
(1)
(2)
(3)
(4)
(5)
(6)
(7)
(8)
(9)
Société des
Études
Océaniennes
—
56
—
BIBLIOGRAPHIE
Bligh, William
The
Log of the Bounty. London, 1937.
Cook, James
A
in
«
Voyage to the Pacific Océan... for Making Discoveries
the Northern Ilemisphere in... the « Resolution » and
Discovery »... London, 1784.
Ellis, William
Polynesian Researches. London, 1831.
Finney, Ben
Hawaiien
Surfing, A Study in Gultural Change. » Thèse
(M.A.) inédite à l'Université de Hawaii, Honolulu, 1959.
«
Gordon-Cummings, C. F.
Pire Fonntains, The
Kingdom of Hawaii... London, 1888.
Henry, Teuira
Ancient Tahiti.
Bishop Muséum Bulletin 48, Ilonolulu, 1928.
Mocrenhout, J.A.
Voyages
lies du Grand Océan... Paris, 1937.
aux
Morrison, James
The Journal
of James Morrison. London, 1935.
Société des
Études
Océaniennes
temps de ia Restauration
de la Monarchie de Juillet, de L. Jore.
L'Histoire de l'Océan
et
Il
vient
de
paraître
Pacifique
aux
au
Editions BESSON & CHANTE-
MERLE, Librairie G. P. Maisonneuve, 198 Boulevard St Ger¬
main à Paris, un ouvrage en deux volumes, que nous devons à
Monsieur L. JORE, gouverneur général honoraire des Colonies,
ancien Haut Commissaire de France dans le Pacifique, et qui
fut gouverneur des Etablissements Français de l'Océanie.
Cet ouvrage qui s'intitule L'OCEAN PACIFIQUE AU TEMPS
DE LA RESTAURATION ET DE LA MONARCHIE DE JUIL¬
LET, couvre la période 1815-1848. Le premier tome traite de
la Politique Française, le second de la Présence française.
Depuis près de deux siècles un grand nombre d'ouvrages ont
été consacrés à l'Océan Pacifique, mais pour la bibliographie
du Pacifique on ne trouvait en général que des ouvrages anglosaxons, fort peu favorables à la France. C'est donc dire que
cette imposante HISTOIRE DE L'OCEAN PACIFIQUE vient
spécialistes
grand Océan.
Par sa carrière administrative, Monsieur JORE a été à
même, du ant de longues années, de sillonner le Pacifique
et les îles qui s'y trouvent. Pendant plus de vingt ans, il a pu
amasser une documentation très riche et extrêmement variée ;
et après ries années de travail silencieux, mais combien pro¬
ductif, il nous livre aujourd'hui un ouvrage qui est un monu¬
ment d'hijtoire pour cette période 1815-1848 laquelle fut si
à
son
heure et comblera d'aise tous les amateurs et
de l'histoire de
fertile
en
ce
événements de toutes sortes.
française et catholique par son père, anglaise et
protestante par sa mère, Monsieur JORE était qualifié jpour
traiter de. tous ces événements en se plaçant « au-dessus de la
mêlée ». Il a su rendre son dû à chacun, répartir équitablement les responsabilités aux groupes en présence, et rester
un historien
impartial et juste, ce dont nous devons le remer¬
D'origii
e
cier vivement.
avons
lu ce livre avec un intérêt toujours croissant
première à la dernière page. Cet ouvrage marquera dans
la bibliographie du Pacifique et servira à tous les chercheurs
présents et à venir, nous en sommes convaincus. Nous ne
pouvons que conseiller vivement sa lecture à tous ceux qui
s'intéressent à l'Histoire de l'Océan Pacifique.
Nous
de la
Yves MALARDE.
Société des
Études
Océaniennes
Rectificatif
Dans le Numéro 125
s'est
(Tome X N° 12) de décembre 1958, il
d'impression dans l'article QUARANTE
NAVIGATION DANS LE PACIFIQUE, de Monsieur
glissé
ANS DE
une erreur
L. Jore.
Page 875 il faut lire
cation
Nous
nos
«
embarquement
»
au
lieu
«
d'embar¬
».
nous
excusons
lecteurs, qui,
vivement
de
nous eu sommes
cette
coquille auprès de
sûrs, auront rectifié d'eux-
mêmes.
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Le
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de
la
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accepte l'impression de tous les
qui paraissent dans le Bulletin mais cela n'implique pas
qu'il épouse les théories qui y sont exposées, ou qu'il fait sien
les commentaires et les assertions des divers auteurs qui, seuls,
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prennent toute la responsabilité.
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Aux lecteurs de former leur appréciation.
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N°
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2o
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Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 127-128