B98735210103_117.pdf
- Texte
-
H° 1 1 7
-
TOME X
DECEMBRE
Anthropologie
Histoire
—
Institutions et
PAPEETE
-
1956
Ethnologie
-
Philologie
Antiquités des Populations Maoriet
Littérature
Astronomie
(N° 4)
et
Océanographie
Folklore
Sciences naturelles.
IMPRIMERIE DU GOUVERNE! IENT
Société des Etudes Océaniennes
Conseil d'Administration
Président
M. H.
Vice-Président
M. REY-LESCURE.
Secrétaire-Archiviste
Mclle LAGUESSE.
Trésorier
Assesseur
JACQUIER.
M. LIAUZUN.
.
Assesseur
.
M.
Cdt. PAUCELLIER.
M.
Rudolphe BAMBRIDGE.
Assesseur
M. Terai BREDIN.
Assesseur
M. Martial
Assesseur
M. Siméon KRAUSER.
Assesseur
M. Yves
Secrétaire-Bibliothécaire
un
Pour être reçu Membre
membre titulaire.
Musée
du
de la Société
se
IORSS.
MALARDE.
Mlle
NATUA.
faire présenter par
Bibliothèque.
Le Bureau de la Société informe ses membres
que
ils peuvent emporter à domicile certains livres de la
que
en
signant
une
reconnaissance de dette
en cas
désormais
Bibliothè¬
où ils ne
rendraient pas le livre emprunté à la date fixée.
Le Bibliothécaire présentera la formule à
signer.
La
leurs
Bibliothèque est ouverte aux membres de la Société et à
invités tous les jours, de 14 a 17 heures, sauf le
DimancheLa salle de lecture est ouverte
au
public tous les jours de
,
14 à 17 heures.
Musée.
Le Musée est ouvert tous les
heures. Les
jours, sauf ie lundi de 14 à 17
jours d'arrivée et de départ des courriers : de 9 à
ii heures et de 11 à 17 heures.
Le Bulletin
Le
Bureau de
la Société accepte l'impression de tous les
qui paraissent dans le Bulletin mais cela n'implique pas
qu'il épouse les théories qui y sont exposées, ou qu'il fait sien
les commentaires et les assertions des divers auteurs
qui, seuls,
en
prennent toute la responsabilité.
Aux lecteurs de former leur appréciation.
Le Bulletin ne fait pas de publicité.
articles
La Rédaction.
Société des
Études
Océaniennes
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ D'ÉTUDES OCÉANIENNES
(POLYNÉSIE ORIENTALE)
TOME X
No 117.-
(N" 4)
DECEMBRE
1956
SOMMAIRE
Pages
Histoire locale
Les
«
1858
informations
»
du
Messager de Tahiti
en
(J. L.)
1857-
605
.
Histoire
Notes
aux
sur
un
voyage
commercial de Marc Arnaudtizon
(1850-1854) (Comman¬
Mers du Sud et de Chine
dant J.
610
Cottez)
Histoire naturelle
Quelques notes
sur
.
630
....
636
la flore tahitienne (Y. M.)
.
.
Chronique cinématographique
Sur deux films de Francis Mazière
(Y. M.)
Hf
Société des
Études
Océaniennes
HISTOIRE
LOCALE
LES "INFORMATIONS DU MESSAGER DE
EN 1858
TAHITI"
(suite)
OUVERTURE DE L'ASSEMBLEE LEGISLATIVE DE TAHITI.
juillet, le Gouverneur Commissaire Impérial auprès
accompagné de MM. les
officiers, de son Etat-major, ,des chefs de service de la colonie,
Le
12
la Reine des Iles de la Société,
de
des Commandants de bâtiment
sur
rade et des Officiers sous
ordres s'est rendu à 2 heures du soir à la demeure
leurs
la Reine Pomare pour l'accompagner
verture de l'Assemblée législative indigène.
S.M.
de
à la séance d'ou¬
de canon a annoncé le départ de la
Impérial et le cortège s'est ren¬
du au Temple Protestant, lieu choisi pour cette cérémonie.
A leur arrivée au Temple, la Reine et le Commissaire Im¬
périal ont été reçus par une députation de vingt députés tirés
au sort la veille, ayant le Régent Paraita à sa tête.
Une salve de 21 coups
Reine et de M. le Commissaire
Toute l'Assemblée s'est levée.
Impérial ont pris place et ils
Reine et le Commissaire
La
à s'asseoir. Le Révérend A. Simpson,
Chef du Culte Protestant a fait la prière d'usage précédée d'un
ont
invité l'Assemblée
hymne chanté en tahitien par les enfants des écoles de Papeete
et de Papara.
La Reine a ensuite remis à Ariifaite, son époux, le discours
d'ouverture
tahitien
en
en
l'invitant à
en
donner lecture à
l'Assemblée.
française de
Voici la traduction
Messieurs les
ce
discours
:
députés,
Après plus d'une année d'absence de Tahiti, temps que j'ai
passé à Raiatéa où m'avaient appelé mes devoirs de mère, je
suis heureuse de
d'accord
ment
avec
me
milieu de cette assemblée que,
Impérial, j'ai réunie conformé¬
trouver au
le Commissaire
à la loi.
A la nouvelle de l'attentat du 14
janvier, j'ai adressé comme
remercier d'avoir sauvé la vie
puissant protecteur, si pré¬
l'Europe et pour ces Iles.
vous, à Dieu des prières pour le
de l'Empereur Napoléon, notre
cieuse pour
la France,
pour
Société des
Études
Océaniennes
—
606
—
L'entente la plus parfaite u*a
Commissaire Impérial et moi.
jamais cessé de régner entre le
Je lui ai prouvé ma confiance
en
embarquant avec lui, mon fils bien aimé Jsinville dans l'in¬
térêt de son instruction et pour lui faire apprendre le français.
Je n'ai eu qu'à m'en applaudir.
Continuez, Messieurs les députés, à aider le Commissaire
Impérial à améliorer nos lois, à répandre parmi le peuple
l'instruction, le goût du travail et de l'ordre. Vous remplirez
ainsi dignement le mandat qui vous est conféré par la loi et le
vœu des populations
des districts. Nos efforts communs ayant
aussi pour but de rendre ces îles heureuses et prospères, nous
pouvons compter sur la protection de la divine providence.
M.
le Commissaire
Le Toohitu Nuutere
Impérial
en
prononce
prononce un
ensuite
un
discours.
autre en réponse à ceux
de S.M. la Reine et de M. le Commissaire
Impérial.
NAUFRAGE DU WILD WAWE.
Nous devons à
vette
l'obligeance de MM. les officiers de la
américaine Yandalia et M. A. Sinclairc
récit suivant du sauvetage des
cor¬
commandant, le
naufragés du clipper américain
Wild Wawe.
« Partis
de Panama, nous mouillâmes à Nukahiva, le 3 août
dernier, afin de nous reposer un peu d'une traversée d'un mois.
La veille de notre départ de cette île arriva une goélette por¬
tant le capitaine Knowles, son maître d'équipage et deux ou
trois des matelots du navire naufragé.
Ce
capitaine nous apprit que son navire avait fait naufrage
écueils, vers le commencement de mars dernier, pen¬
dant la nuit. On s'aperçut heureusement le matin, qu'il existait
une
petite île verte à un mille environ, c'était Oneo. Les ca¬
nots furent bientôt armés et on réussit à y transporter tout le
monde. Après plusieurs courses au navire on s'était procuré
tout ce qui était nécessaire à la vie, en vivres, tentes, etc.
sur
des
Après quelques jours passés à Oneo le capitaine ignorant
la colonie anglaise avait évacué Pitcairn, partit pour cette
île accompagné de son maître d'équipage et de cinq ou six
matelots. Us y arrivèrent le jour suivant. Là un nouveau mal¬
heur les attendait, leur bateau se brisa sur un écueil, cependant
ils parvinrent à prendre terre. En parcourant l'île, ils arrivè¬
rent sur l'emplacement du village habité jadis par la petite
colonie, et à leur grand regret ils le trouvèrent complètement
désert. Que faire dans une circonstance aussi critique, le seul
que
Société des
Études Océaniennes
607
—
—
cette malheureuse position était de se met¬
besogne, c'est ce qui fut fait. Au bout de
quatre mois, une goélette de douze tonneaux était entièrement
construite à neuf et recevait le capitaine du Wild Wawe, son
maître d'équipage et deux ou trois matelots qui, après dix jours
de traversée touchaient enfin à Nukahiva où ils eurent la douce
joie de voir déployé sur la Vandalia, le drapeau chéri de leur
patrie.
moyen de sortir de
tre bravement à la
particulier de Nuka¬
services, mais notre comman¬
car il était résolu de se porter
Dans cette circonstance le commandant
hiva
s'empressa de
nous
offrir
dant le remercia de
ses
grand cœur
lui-même à la recherche de 'ses infortunés
Après
tîmes
un
en
court trajet nous arrivâmes à Tahiti d'où nous par¬
six heures après avoir témoigné notre recon¬
M. le Gouverneur et à MM. les commandants de
trente
naissance à
l'Euridyce et du
les
compatriotes.
secours
vapeur
nous avaient fourni tous
continuer si rapidement notre mis¬
le Milan qui
nécessaires pour
sion.
En sept jours nous nous trouvâmes en vue d'Oneo, mais com¬
le temps était menaçant et que la nuit tombait, le comman¬
me
put que faire savoir aux naufragés que nous étions là
les sauver ; le lendemain, de bonne heure, nous nous
approchâmes de nouveau et nous parvînmes à les embarquer
dans la même journée, de manière que le soir, nous faisions
route sur Pitcairn où il restait encore trois hommes qui n'a¬
vaient pas voulu s'aventurer une seconde fois avec le capitaine.
Le mauvais temps empêcha le commandant de communiquer
avec
l'île pendant trois jours au bout desquels il parvint éga¬
lement à enlever ces derniers naufragés.
La corvette quitta Pitcairn le 26 août et, après avoir contour¬
né les Pomotu, elle vint mouiller à Taunoa, Tahiti, le 8 sep¬
tembre, après une absence de vingt sept jours du même mouil¬
lage.
dant
ne
pour
DELIBERATION DU CONSEIL DU DIS¬
SUR L'AFFAIRE CONCERNANT
LE CHEVAL BLESSE DANS CE DISTRICT.
RESUME
DE LA
TRICT
Avis
«
Un
DE
PUNAAUIA
officiel.
prix ayant été gravement blessé dans le
Punaauia, le conseil du district et les Hui-Raatira
réunis et, après des recherches infructueuses pour
cheval de
district de
se
sont
découvrir le
coupable de
ce
Société des
méfait,
Études
se
conformant
Océaniennes
aux
dispo-
—
608
—
de l'arrêté de S.E. le
Gouverneur, en date du 12 no¬
dernier, ils ont décidé que ce cheval serait payé par la
portion du district dans laquelle il avait été blessé ».
sitions
vembre
conseil après avoir
connaissaient pas
demandé aux Hui-Raatiras présents
le coupable ou s'ils ne pouvaient pas
donner quelques indications qui aideraient à le faire découvrir,
après les réponses unanimement négatives, a déclaré que, con¬
Le
s'ils
ne
formément à l'arrêté de S.E. le Gouverneur
en
date du 12
no¬
publié dans le Yea, le district payerait le cheval
proposition de Ruea appuyé par d'autres Raatiras et surtout par
Purou qui citait le district de Hitiaa dans le¬
quel une portion seulement avait payé le cheval, appartenant
au Gouvernement, qui y fut tué, on
a décidé que la portion
comprise entre Tehuaroto et Inaipaati payerait seule ce che¬
val, parce qu'il avait l'habitude de s'y tenir sans jamais venir
dans les autres parties du district.
Àpo, un des habitants du district s'est alors levé et il a dit
qu'il savait quelque chose sur ce cheval : il a déclaré que
Maihi vahine lui avait dit avoir vu le cheval blessé près de
l'endroit nommé Yairuperupe et d'y avoir rencontré en même
temps deux garçons nommés Teurihei et Matari, qu'elle a ren¬
contré ensuite un nommé Titohi auquel elle a raconté ce qu'elle
avait vu. Les deux garçons, présents à l'assemblée interrogés
par le juge, ont nié d'avoir vu la femme Maihi ce jour là. On
a fait chercher la femme Maihi qui a confirmé tout ce qu'avait
dit Apo ; les deux garçons interrogés de nouveau en présence
vembre
blessé. Sur la
l'ont déclaré menteuse et ont nié de l'avoir rencontrée.
et
il
Tihoti
déclaré qu'il a en effet rencontré la femme Maihi
que tout ce qu'elle avait dit était vrai. Interrogé pourquoi
ne l'a
pas déclaré au commencement il s'est excusé sur le
présent
défaut
a
de
lumière.
Un
raatira
nommé Taamato
a
dit alors
qu'il pensait que Titohi et Maihi vahine étaient les coupables
parce que après avoir vu le cheval blessé ils avaient caché
cette circonstance et que le cheval avait été blessé près de
leur enclos. Le conseil, faute de preuve n'a pas pris en con¬
sidération cette accusation. Sur la proposition de IIopu et vu
la déclaration d'Apo et de Maihi vahine le conseil a réduit
encore les limites de la partie du district qui devait payer le
cheval en les établissant entre Teihituputupua et Vaifaa.
Le conseil a déclaré ensuite que le prix du cheval serait
débattu entre deux experts du côté des Hui-raatiras et deux au¬
tres du côté du propriétaire du cheval. Un Raatira nommé Terepahi a pris la parole pour approuver la décision du conseil et
Société des
Études Océaniennes
—
cette
609
—
décision a été annoncée à tous les
observation ni réclamation.
présents
sans
soulever
aucune
ARRIVEE DE M. LE COMMISSAIRE IMPERIAL GAULTIER
DE LA RICHERIE.
Par décision ministérielle en date du 25 juin 1858 M. le
Capitaine de frégate Gaultier a été nommé commandant parti¬
culier de Tahiti en remplacement de M. le commandant Poubet qui a terminé son temps de commandement.
M. de la Richerie est prochainement attendu.
LUNDI 20 SEPTEMBRE.
Son Excellence le Gouverneur des Etablissements français
d'Océanie, Commissaire Impérial près les îles de la Société,
a été reçu aujourd'hui par Sa Majesté la Reine, et lui a remis
ies cadeaux de leurs Majestés i'Empereur et l'Impératrice en
prononçant les paroles
suivantes
:
Madame,
mon maître, m'a chargé de présenter ces ca¬
Majesté,
Permettez-moi, Madame, en vous les remettant, de vous of¬
frir mes vœux pour votre bonheur et celui de vos fidèles
sujets.
Après un entretien assez prolongé, son Excellence a pris
congé de la Reine.
L'Empereur
deaux à votre
Société des
Études Océaniennes
610
—
—
HISTOIRE
NOTES SUR UN VOYAGE
aux
COMMERCIAL
ÂRNAUDTIZON
DE MARC
Mers du Sud et de Chine
(1850-1854)
sur l'Océanie m'a fait, par hasard,
jour, dans un catalogue de bouquiniste, un assez
mince ouvrage, que je crois assez peu commun, où l'on parle
des Mers du Sud, autour de 1850, à l'occasion d'un voyage de
documentation commerciale effectué par son auteur, vers cette
époque, dans ces parages.
Le but de la présente note est — en attendant d'avoir trouvé
de plus substantiels renseignements sur l'auteur — de donner
aux
lecteurs de ce Bulletin un aperçu de son voyage, et des
impressions qu'il a pû y recueillir.
La
recherche de livres
découvrir,
un
%
*
*
Ce petit ouvrage semble avoir été édité par, ou sous les
auspices, de la Chambre de Commerce de Rouen, dont il porte
le nom en exergue. Son titre exact est :
Exploration Commerciale
dans
les
Mers du Sud et de la Chine
Par M. Marc
ARNAUDTIZON
Délégué de la Chambre de Commerce
Rapport de
(Ici,
teuse,
ce
de Rouen
Délégué
un Brick, grand largue, voguant sur une mer clapopavillon tricolore à la corne).
Rouen
Imprimerie de Alfred Péron
Rue de la
Yicomté, 55
1854
(ensuite, 115 pages de texte, format in
ce
12°).
Ce titre résume parfaitement la mission dont avait été chargé
délégué, par la Chambre de Commerce de Rouen.
Société des
Études
Océaniennes
—
611
—
Cette Compagnie émue de voir péricliter son commerce
d'exportations maritimes, recherchait par ce procédé des dé¬
bouchés nouveaux pour ses produits.
Elle profite des offres aimables d'une Société créée à Paris,
par M. Victor Marzion, en 1849, pour constituer avec celui-ci
une
«r
Société Rouennaise d'Exportation », destinée à faire
connaître les produits des manufactures de la Seine Inférieure
dans ces mers lointaines. Elle groupe en peu de temps, par
appel à des actionnaires, les capitaux nécessaires, embarque
ses marchandises, et très particulièrement des tissus, sur «r l'Ar¬
che d'Alliance » (1), commandée alors par le Capitaine Cazalis, successeur du célèbre copimandant Marceau. Elle choisit
pour Délégué « M. Marc Àrnaudtizon, manufacturier connu ».
Il est chargé de faire, en cours de route, apprécier les pro¬
duits dont il avait à bord tout un stock. Enfin il doit par des
rapports détaillés, envoyés de chaque port d'escale, tenir la
Chambre de Commerce au courant des observations qu'il pour¬
faire ainsi que des desiderata des acheteurs.
ra
*
L'itinéraire du voyage est
*
*
ainsi approximativement résumé
Départ du Havre, en Avril 1850, route directe sur
:
Valparai-
so.
Séjour à Valparaiso, route directe sur San Francisco.
Navette
par
goélette locale
sur
les Sandwich (Honolulu et
Hawaï).
Départ d'Hawaï sur Taïti.
Séjour à Taïti. Route de Taïti sur Pola, une des îles de
l'Archipel des Navigateurs.
De l'Archipel des Navigateurs, route sur Newcastle (en Aus¬
tralie), et Port Jackson. Séjour d'environ six mois en Australie.
De l'Australie, route sur Pile des Pins (Nlle Calédonie).
Séjour d'une semaine à l'Ile des Pins, puis route sur Anna(Nouvelles Hébrides). Séjour d'une semaine, route sur
Shang-IIaï, avec au passage escale à Tico(jia.
tom
(1)
«
l'Arche d'Alliance
»,
navire destiné à ravitailler les missions
d'Océanie, commandée par le célèbre commandant Marceau, Capitaine
de Frégate, du 20 Octobre 1845 à fin 1849.
Voir l'article du Commandant Holley-Williams, écrit à son sujet
dans la Revue Maritime
(année 1955), et « Auguste Marceau », Capi¬
taine de
Père Mariste. Paris 1873.
Frégate,
par un
Société des
Études
Océaniennes
612
—
—
Séjour de treize mois à Shang-Haï, puis route sur Hong
Kong.
Séjour d'une quinzaine de jours à Hong Kong. Route sur
Manille.
Séjour d'environ
De Manille route
un mois
à Manille.
Macao.
Séjour de deux mois à Macao,
puis route sur Singapore. Escale d'une semaine à Singapore.
De Singapore, route sur la Réunion, escale d'une dizaine de
jours. Route directe sur Palma de Majorque.
De Majorque passage en Espagne, et retour en France.
Ce voyage avait, au total, duré quatre ans.
Nous laisserons de côté tout ce qui a trait aux Mers de
Chine pour concentrer notre attention sur les observations
recueillies par notre Délégué Commercial dans le seul Océan
Pacifique.
Nous devions dès l'abord de nos recherches, rencontrer une
première et grave déception : l'ouvrage en notre possession
n'étant qu'un résumé succint, de rapports beaucoup plus dé¬
taillés, adressés de chaque escale, à la Chambre de Commerce,
nous nous étions,
aussitôt, mis en rapport avec l'Archiviste de
cette Compagnie pour obtenir communication ou du moins ex¬
sur
traits desdits rapports.
Il nous a malheureusement
« que
guerre,
pu
Si
non
du fait de la
être retrouvés »...
ever...
Dans
à fait
répondu
ceux-ci avaient disparu, et n'ont
ces
conditions
—
sauf circonstances heureuses
et
exceptionnelles, telles
communication
tout
les descen¬
dants de cette famille d'archives conservées en double, ou dé¬
couvertes providentielles des documents égarés — il ne faut
pas
compter, comme source de documentation, sur autre chose
que le petit livre en notre possession.
Bien que assez condensé, il contient cependant quelques ob¬
servations judicieuses et encore pleines d'intérêt. Nous n'en
donnerons que les extraits essentiels.
que
*
I) CHILI
Le
%
par
*
—
du Havre à Valparaiso s'était effectué à la
incident, en cent treize jours.
L'auteur souligne « l'importance de Valparaiso débouché
naturel de l'Amérique du Sud pour les marchandises que l'on
voile,
voyage
sans
Société des
Études
Océaniennes
613
—
—
de ce pays, et aussi l'entrepôt général pour toutes
qui transitent d'Europe et de l'Amérique du Nord. De
plus il est le point de relâche et de ravitaillement obligé de
tous les navires qui doublent le
Cap Horn.
exporte
celles
«
La
population tant blanche qu'indigène aime nos produits :
espèce de pro¬
le
titre de marchandise française, pour toute
duits est une recommandation.
Ces
notre
de
populations ont
un
Chiffre d'Affaires
francs, tandis
que
goût prononcé
avec
pour
le luxe. En 1851
le Chili s'élevait à
celui des Anglais
ne
21 millions
dépassait
pas
23
millions...
Nous devons
nous mettre en garde contre l'industrie alleman¬
articles de goût qu'ils imitent fort bien, en les
établissant à meilleur marché que nous. Il est vrai que nous
leur restons évidemment supérieurs, mais nous ne devons pas
nous
reposer à l'ombre de cette supériorité, qui nous échap¬
perait infailliblement sans de nouveaux efforts pour conserver
notre rang. Les Américains sont de leur côté en concurrence
avec
les Anglais pour les tissus communs de coton... et ont
déjà souvent sur ces derniers l'avantage du bon marché ».
de,
pour nos
II) CALIFORNIE
«
Nous
suivant
—
quittâmes Valparaiso le 22 Août et le 12 Octobre 1850
nous
étions mouillés
sur
rade de San Francisco.
Les impressions qui me sont restées de la Californie ne me
font pas partager l'enthousiasme qui 'existe généralement pour
cette contrée qui a tant agité le monde depuis quelques an¬
nées...
L'histoire
apprend que la découverte de terrains auri¬
toujours, d'un heureux effet pour les pays
dans lesquels elle a eu lieu, quand surtout le précieux métal
s'y trouvait accompagné de ressources d'une autre nature, mais
indispensables au développement et à la prospérité d'un pays...
fères
a
été,
nous
presque
C'est ainsi que le Pérou, le Mexique et les contrées limi¬
trophes sont arrivées à être si riches, si célèbres, et pendant
longtemps, si avantageuses à la nation qui les possédait.
A mon avis la Californie ne se trouve pas, par plusieurs
motifs, comme un grand nombre de personnes ont semblé le
croire, destinée à un pareil avenir. En effet, il est permis de
supposer que les gisements aurifères s'y épuiseront ou du moins
s'y affaibliront bientôt, avant que la culture ait pu s'y déve-
Société des
Études
Océaniennes
—
614
lopper, de manière à remplacer
lui échappera.
climat de la Californie
Le
fertile que
celui des
ne
—
pour
le
pays
la richesse qui
peut en rendre le sol aussi
de citer...
production des mines d'or venant à y diminuer, ceux
qui y ont été attirés par un appât aussi puissant n'y étant plus
retenus par un intérêt lié au sol émigreront de nouveau dans
des contrées plus avantageuses... D'où une sorte de rétrograda¬
pays que nous venons
La
tion...
San Francisco, en 1850, était déjà une ville d'environ 50.000
âmes, dont la population a certainement augmenté depuis et
dont la consommation immense, par rapport à sa population
offre d'assez grands débouchés à nos produits...
San Francisco n'est -pas la seule ville importante de la
Californie. Beneccia sur la baie de San Francisco, près de
l'embouchure du San-Joaquin ; Stockton dans le fond d'une
baie
resserrée, formée
par
ce
même fleuve qui coule
On
pourrait
le
à fait
vers
Sud ; et enfin Sonora, sur le lieu même des placers, tout
dans l'intérieur du pays s'en trouvent... (parmi elles).
citer Sacramento et Marysville comme
importance »...
Suit une énumération des principaux tissus vendus...
Les draps de billards commencent à y trouver quelques
encore
villes de deuxième
«
débouchés.
Les vins et les
de vie y
trouvaient aussi une consomma¬
grande...
Les victuailles, les conserves et approvisionnements pour
navires, ainsi que les agrès, apparaux et peintures à l'huile y
eaux
tion suivie et très
étaient très demandés...
Je crois inutile de
rappeler les
usages commerciaux...
chapitre, non moins important est celui des incen¬
dies : ce cataclysme sera longtemps, dans des villes construites
comme
celles de la Californie, en partie en bois, dépourvues
de la ressource des Compagnies d'Assurances, et où les élé¬
ments de destruction se réunissent en si grand nombre, un
puissant obstacle au développement d'industries lucratives.
Un autre
Le chiffre des pertes
essuyées dans cette contrée, tant
sur
les
constructions qui sont devenues la proie des flammes, que sur
les marchandises consumées dans les effrayantes confiagiations
dont elle a été le théâtre n^aurait-il pas suffi, en effet à la
création de villes tout autres que ne
Société des
Études
seront, avant
Océaniennes
une
époque
—
encore
bien
éloignée,
615
celles
—
de
Californie,
y
compris
San
Francisco ?...
A
quoi bon ensuite citer les
noms
des maisons
que
j'ai don¬
nés il y a quatre ans et dont la plupart n'existent plus aujour¬
d'hui ? Je me vois donc forcé de terminer là, Messieurs, de ce
que
j'avais à
vous
III) ARCHIPEL
nale)
rappeler de
ce
nouvel Eldorado
DES SANDWICH
».
(Polynésie Septentrio¬
Après un séjour de près de deux mois en Californie, que
capitaine de « l'Arche-d'Alliance » se vit, à son regret, forcé
de prolonger, il me proposa de le devancer aux Sandwich, dans
la crainte que le retard qu'il éprouvait à San-Francisco ne
l'empêchât de faire, à cet archipel une escale assez longue
pour nous y livrer à nos études.
J'acceptai sa proposition, dont je fis part, dans le temps,
à la Chambre de commerce, et, le 6 décembre 1850, je m'em¬
barquai sur la « Catherine », goélette hawaïenne d'environ 150
tonneaux, alors en partance pour Honolulu, où nous mouillâmes
le 30 décembre après une traversée de vingt-quatre jours.
L'archipel des Sandwich est compris entre les 16° et 21°
latitude nord, et entre les 158° et 160° longitude ouest, sur la
route des bâtiments qui se rendent de Californie en Chine, et
vice versa, et renferme huit îles différentes, dont les trois prin¬
cipales sont Hawaï, Wahou, Mawi.
Ce groupe d'îles forme un petit Etat monarchique indépen¬
dant, et sous la protection collective de la France, des EtatsUnis et de l'Angleterre.
L'idiome canaque est la langue du pays; mais la langue
auxiliaire, qui est aussi celle du Gouvernement, est l'anglais.
La population de chacune de ces trois îles est à peu près
la même, et s'élève en tout à environ 72.000 âmes. La popula¬
tion entière, canaque ou indigène, des huit îles n'est que de
80.000, après avoir été, d'après un recensement officiel de
1832, dont l'exactitude m'a été confirmée _par l'évêque catho¬
lique français de WahoU, Mgr. Maigret, de 150.000 âmes.
La diminution effrayante qui est survenue dans la population
de ces pauvres insulaires est due, en grande partie, aux mala¬
dies syphilitiques dont les ont infestés les baleiniers.
Wahou n'est pas plus peuplé que Hawaï, et seulement un peu
plus que Mawi ; mais comme sa capitale, Honolulu, est la rédence du Gouvernement hawaïen, elle se trouve la plus imporle
Scfciété des
Études
Océaniennes
—
de
—
occupera presqu'exclusivement. Le
dans certains endroits, d'une fertilité
rare, et le serait presque partout si on le cultivait ; cependant,
excepté le cocotier, on ne remarque d'arbres que dans les jar¬
dins, et la seule plante cultivée avec soin est le taro, plante
légumineuse, de la famille des farineux, se plaisant dans les
endroits marécageux, et formant la base de la nourriture des
indigènes.
Mawi, de toutes ces îles la plus fertile, produit de tout en
abondance, et mérite d'être citée pour la beauté de ses arbres,
et la quantité de volailles et d'animaux domestiques qu'on
y
tante
terrain
l'archipel, et
616
nous
de cette île est,
élève.
Hawaï, la plus étendue de toutes, est presqu'entièrement
stérile, bien que ses montagnes élevées soient, depuis une
certaine hauteur jusqu'à leur sommet, couvertes d'arbres ma¬
gnifiques. Les parties basses, qui devraient se distinguer par
leur fertilité, ne se font au contraire remarquer que par leur
nature bouleversée et volcanisée, n'offrant d'intérêt qu'à l'œil
de l'observateur.
Le
Mona-Roa, qui s'y trouve, est la montagne la plus élevée
cîme, constamment couverte de neige, sous un
soleil tropical, n'a pas moins de 5.000 mètres et renferme
plusieurs volcans en activité, qui vomissent de temps à autre
de prodigieuses masses de matières sulfureuses, produisant du
souffre d'assez belle qualité. La partie Nord-Est de l'île est
plus fertile ; on y trouve le bois de sandal, dont l'extraction
est maintenant peu importante.
de l'Océanie ; sa
Revenons
Avant
à Honolulu.
qu'il
ne fût question de la découverte de l'or en Cali¬
fornie, Honolulu était déjà un point fort important par la
réunion, une ou deux fois par an, des navires baleiniers en
pêche dans ces parages.
Le chiffre de ces derniers y variait de trois à quatre cents,
sans compter les navires marchands
dont le nombre atteignait
bien quatre-vingt ou cent.
Le ravitaillement de
tous
ces
navires était
un
bel aliment
affaires de la
petite colonie qui était venue s'établir à cet
endroit ; aussi étaient-elles fructueuses et de nature à dédom¬
mager un peu d'un exil si lointain, au milieu de l'Océan Pacifi¬
aux
que.
En
1845, 1846 et 1847, l'affluence des navires devint telle¬
grande qu'elle amena, en même temps que ses avantages,
germe de décadence résultant de la cherté à laquelle étaient
ment
un
Société des
Études
Océaniennes
—
617
—
montés les
approvisionnements, aussi bien que toute espèce de
réparations. Les baleiniers se dispersèrent alors un peu : une
partie alla hiverner à Guam, dans l'archipel des Mariannes ;
l'autre à Taïti, possession française dans l'archipel de la
Société.
Les mines dror de la Californie vinrent donc fort à propos
neutraliser le fâcheux effet d'une semblable détermina¬
et l'année 1849 apporta avec
Hawaïen.
Le bouleversement inévitable qui se produisit dans le déve¬
loppement des affaires naissantes des villes de la Californie,
mais plus particulièrement de San-Francisco, eut bien son
contre-coup fâcheux sur celles des Sandwich. La régularité
qui existait dans ce pays depuis plusieurs années, aussi bien
dans la manière d'y traiter les affaires que dans les bénéfices
certains qu'elles produisaient, se trouva tout-à-coup renversée,
et entraîna dans sa chute la prospérité et la fortune de la
plupart des maisons.
Cet état de choses dura assez longtemps ; cependant, les
affaires revinrent peu à peu à leur état normal, et, aujour¬
d'hui, elles y sont de nature à nous faire regretter de ne pas
y participer davantage.
Nous en avons la preuve dans cet extrait d'une feuille de
Honolulu, où nous voyons qu'en 1853 :
6.409.755 frs
Les importations se sont élevées à :
956.855 »
Les exportations en produits étrangers à :
1.376.870 »
Les exportations en produits du pays à :
pour
tion de la part des navigateurs,
elle un nouvel essor à l'archipel
Les recettes de la douane à
Et
qu'enfin
778.200
:
»
:
10 bâtiments de guerre,
194 navires marchands,
et
535
baleiniers, de toutes nations, avaient visité
Je lisais aussi dans cette même feuille du nrnis
ce
port.
dernier,
que
les difficultés
qui s'étaient élevées, en 1848, entre le Gouverne¬
ment français et le Gouvernement hawaïen, et qui, depuis
cette époque, étaient restées en litige, venaient d'être arrangées
d'une manière satisfaisante pour les deux Gouvernements.
Comme
ces
différends étaient
survenus
à la suite des droits
à une prohibition, dont le
Gouvernement hawaïen voulait frapper les vins et spiritueux
français, les nouvelles mesures prises à cet égard sont donc,
pour nos exportateurs, d'un grand intérêt.
exorbitants,
équivalant
presque
Société des
Études
Océaniennes
618
—
—
quels sont les produits de notre sol
qui pourraient donner naissance à
quelques exportations dans ce pays.
J'intervertirai ici l'ordre dans lequel j'ai indiqué, dans les
deux rapports précédents, les produits qui convenaient aux
pays dont nous nous occupions, et je citerai en premier les
vins et eaux-de-vie comme base de transactions importantes.
Examinons maintenant
de nos manufactures
ou
Le ravitaillement des nombreux navires qui touchent à
Honolulu, forment de cet endroit un entrepôt où nos armateurs
devraient avoir des dépôts capables d'y alimenter la consomma¬
tion des vins, eaux-de-vie, approvisionnements de navires,
apparaux et agrès, conserves, toute espèce de victuailles, enfin
tout ce qui rattache aux provisions de navires ; ils y trouve¬
raient
certainement
Parmi
un
débouché avantageux.
les
produits de
placeraient également.
Dans
Les
les cotonnades
foulards
de
nos
manufactures, quelques-uns s'y
:
coton
à dessins et couleurs
occuperaient la première place ;
imprimés,
voyantes, dans les bas prix,
viendraient ensuite les indiennes fond blanc, couleurs vives,
sur
toile de Rouen et d'Alsace ; les indiennes genre vapeur,
dessins à effet ; quelques indiennes deuils, les indiennes meu¬
bles, glacées ; quelques rouenneries bas prix, en couleurs vives
et peu foncées.
Dans les lainages :
Quelques mérinos légers conviendraient. Les casimirs noirs
ou bleus s'y consomment, mais en petite quantité, ainsi que les
draperies nouveautés. On ne doit pas perdre de vue que le
climat de ces pays est un climat chaud ; que les blancs y sont
peu nombreux, et que les populations indigènes cuivrées n'ai¬
ment que les étoffes légères.
rappellera aussi que les couleurs que les Canaques
sont, en les classant par ordre de préférence
l'orange, le bleu, le rose, le jaune et le vert.
Les soieries de tout genre sont très recherchées ; il en est
de même de nos rubans dont les femmes canaques raffollent.
On
se
affectionnent
de leur part,
qui s'y vendraient bien sont : les meubles
confectionnés, sofas en crin, fauteuil* à la Voltaire
en
crin, les tables de toutes sortes, les armoires à glaces, les
glaces depuis 60 centimètres jusqu'à 2 mètres, les caves à li¬
Les autres articles
solidement
queur,
les fleurs artificielles,
Société des
en
ayant soin d'éviter les fruits
Études Océaniennes
—
619
—
les feuilles des arbres d'Europe que ne connaissent pas ces
populations ; les chaussures pour hommes et pour femmes avec
pieds très forts ; les souliers doivent être un peu couverts,
beaucoup plus grands qu'en France, et en cuir souple ; les
parapluies en soie, qui servent là plus pour le soleil que pour
la pluie ; les ombrelles pour femmes, les chapeaux pour fem¬
mes canaques, à
plumes et avec fleurs artificielles ; les pendu¬
les, la parfumerie en essences, vinaigres aromatisés, eau de
Cologne forte, peu de savons de toilette, selles de différentes
qualités, mais peu ou point pour femmes, qui montent à
et
cheval
comme
les hommes à califourchon.
ce dernier article est considérable aux
égard à l'importance de la population parce
hommes et femmes indigènes sont passionnés pour l'exer¬
La consommation de
Sandwich,
que
en
cice du cheval.
Honolulu, par un
samedi, jour de promexiade, présente le
plus pittoresque. Pendant l'après-midi, hommes et
femmes, couverts d'étoffes et de rubans aux vives couleurs,
qu'ils ajustent d'une manière originale, ne cessent, en galo¬
pant à travers les rues et les promenades, de faire croire au
voyageur qu'il est au milieu d'essaims de papillons.
tableau le
Voilà à peu près toutes les
avoir l'espoir de fournir, en
aux
Sandwich.
Le Gouvernement des
aux
marchandises que nous pouvons
plus ou moins grande quantité,
Etats-Unis
a une
grande prépondérance
Sandwich.
plus grande partie des étrangers qui y sont établis
Américains ou Anglais, et les premiers occupent pres¬
que tous les hauts emplois du Gouvernement de Tamehameha,
roi de l'Archipel. Les autres nations européennes y sont à peine
représentées et sans influence. Une maison française y faisait
autrefois des affaires importantes, mais la plus grande partie
de sa fortune s'étant trouvée compromise dans des opérations
en
Californie, elle a dû les réduire de beaucoup.
La
sont
ou
aurait cependant, comme nous avons dû nous en con¬
en lisant
le détail des marchandises convenables au
pays, moyen d'y entretenir nos relations. Une maison anglaise
été réellement frappée de cette possibilité, que je viens
a
d'apprendre qu'un de ses membres était sur le point de venir
en
France à cet effet. Ne serait-il pas plus naturel d'entreIl y
vaincre
Société des
Études
Océaniennes
—
620
—
prendre nous-mêmes
les
ressources
Je
ce que les étrangers veulent tenter avec
de notre sol ou de notre industrie ?
puis terminer ce que j'ai à vous dire sur les Sandwich,
exprimer combien je dois être reconnaissant envers
M. Crosnier, capitaine de frégate, commandant la corvette
la Sérieuse, aussi bien qu'envers tout son
état-major, pour la
bienveillance que ces Messieurs m'ont manifestée, et le bon
accueil que j'en ai reçu pendant les six semaines
que j'ai eu
le plaisir de passer avec eux à Honolulu. Ils m'ont non seule¬
ment rendu le séjour de cette escale fort
agréable, mais ils
m'ont beaucoup facilité les recherches que
j'avais à y faire.
sans
ne
vous
IV) ARCHIPEL DE LA SOCIETE (Polynésie Méridionale)
Nous quittâmes Honolulu le 16 Février 1851, et le 18 nous
étions à Hawaï, distant d'environ soixante-dix lieues. Le
22,
nous
appareillâmes
mars
suivant.
pour
Taïti où
nous
étions rendu le
19
Taïti, la principale du groupe des îles formant l'archipel
la Société, est situé par le 17e
degré latitude Sud et le
152e degré longitude Ouest ; le climat de cette île est,
par
conséquent, chaud, mais les brises qui y régnent presque in¬
cessamment, y établissent une température délicieuse à l'abri
de
du soleil. Le thermomètre varie de 28 à 32
degrés centigrades.
Quelquefois les années sont pluvieuses, et alors les pluies
ont lieu en abondance
pendant l'été, qui, dans cet hémisphère,
est en janvier, février et mars
; les neuf autres mois sont
toujours beaux.
Le sol est d'une prodigieuse fertilité ; l'arbre à
pain ou
mayoré, si utile à la nourriture des habitants, y atteint une
hauteur imposante ; malheureusement le
goyavier, beaucoup
plus petit, puisqu'il fait partie de la famille des arbustes, y
fourmille, et finira, en accaparant à son profit tous les sucs
nourriciers, par étouffer et détruire le premier. L'arrowroot,
la canne à sucre, le café, la
patate, le taro y prospèrent ; il
en
serait de même de l'indigo, de la
cochenille, du maïs, de
la vanille, s'ils y étaient cultivés.
Les orangers y croissent et s'y développent au-delà de toute
imagination, on en voit souvent parmi eux dont le tronc est de
la grosseur du corps d'un homme et la hauteur de 10 à 12
mètres. Ils sont tellement chargés de fruits que M. Bonard, le
gouverneur de ces îles à cette époque, me montra un champ,
Société des
Études
Océaniennes
—
621
—
d'une
superficie très restreinte, dans lequel on venait de cueillir
qu'il y parût.
L'île, quoique couverte de très grands arbres d'espèces va¬
riées, croissant jusque sur le sommet des montagnes qui, ellesmêmes, atteignent une élévation de 2.400 mètres, renferme
quelques pâturages susceptibles de devenir d'une grande res¬
source
pour ce pays manquant de moutons et de bêtes à
cornes.
Les cochons et les volailles sont, avec les quelques
plantes que nous venons de citer, les seuls approvisionnements
que peuvent y prendre les navires. L'eau douce y est aussi
bonne que limpide, et très facile à faire.
La population de l'Archipel est sans importance, celle de
Taïti est évaluée à 8 ou 10.000 indigènes ou Canaques de race
cuivrée polynésienne.
Le costume que les missionnaires ont fait adopter à ceux
d'entre eux qui fréquentent les Européens, est très simple :
il se compose de plusieurs mètres d'étoffes, principalement
d'indiennes voyantes, qu'ils se drapent autour du corps depuis
la ceinture jusqu'à la cheville, et qu'ils appellent « pareo ».
Les hommes conservent presque toujours nu le haut du corps,
et s'ils se couvrent, c'est avec une chemise de coton, blanche
ou
imprimée, qu'ils laissent flotter pardessus leur pareo. Les
femmes ajoutent quelquefois à leur pareo une espèce de pei¬
gnoir de même étoffe que ce dernier, qui leur enveloppe le
corps de manière à dissimuler entièrement le pareo. Les indi¬
70.000 oranges, sans
vidus
des
deux
sexes
Comme il est facile de
se
se
tiennent ordinairement la tête nue.
le figurer, cet accoutrement n'a rien
de
remarquable ni
est digne
gainville, Cook, et,
touage dont ils se
autrefois composait
d'original, ce qui est fâcheux, car la race
de ce qu'en on dit autrefois Wallis, Bouplus récemment, Dumont-Durville. Le ta¬
revêtent pour ainsi dire le corps, et qui
et compose encore, dans certaines localités,
leur costume, tout barbare qu'il soit, était certainement plus
curieux que celui qu'ils adoptent de nos jours, et s'harmonisait
bien mieux, à l'œil du voyageur, avec l'aspect physique si
pittoresque et si enchanteur qui caractérise ces différentes
taïtienne
îles.
Nous ne pouvons pas nous flatter de donner jamais à cette
petite possession française une certaine importance commercia¬
le ; elle n'est propre qu'à une station navale, qu'à l'hivernage
de quelques baleiniers et comme point d'escale des lignes de
paquebots à vapeur qui s'organiseront peut-être un jour, entre
la côte Ouest d'Amérique et l'Australie.
Société des
Études
Océaniennes
—
622
—
Nous voyons qu'en
et apportant
1850, 198 navires jaugeant 22.269 ton¬
une valeur de 3.742.766 frs, avaient
touché PAPEITI, seul port abordable pour les gros navires sur
l'île qui nous occupe, et résidence du gouverneur français,
de
son
état-major, des employés et des troupes que le Gouverne¬
ment y tient en permanence.
neaux,
Papéïti,
venons de le dire, est le port de
profondes, il est vaste, sûr, commode,
ravissant, auquel on accède des deux
côtés, selon la direction des vents. Du côté Est, on suit, pour
y arriver, un chenal de deux ou trois kilomètres de longueur,
parfaitement balisé.
comme
nous
Taïti ; les eaux en sont
et forme un hémicycle
Nous décrirons maintenant la
nature
des marchandises
que
pourrions fournir à notre petite colonie ; nous parlerons
ensuite de la manière dont s'y traitent les affaires : du
par¬
ti que doivent prendre, pour opérer leur retour, les navires qui
y apportent des chargements, et terminerons en indiquant les
noms
des quelques maisons étrangères et françaises qui sont
venues se fixer dans ce
jardin isolé, domaine de la fameuse
reine Pomaré, que nous eûmes le plaisir de voir entourée des
princesses royales de sa suite.
nous
Dans
Les
les cotonnades
indiennes à
:
effet
placeraient avantageusement.
que l'Arche-d'Alliance avait
emportées de San-Francisco, se trouvaient plusieurs balles de
meubles de Rouen, assortis, avec ou sans enluminures, que nous
ne
pensions pas pouvoir écouler, en raison de peu de cas qu'on
en avait fait dans nos trois escales
précédentes. Ce genre plut
aux
Canaques qui achetèrent promptement ce qu'en avait le
capitaine. Les bleu et blanc de ce genre avec enluminure
jaune, et les rouge et blanc sans enluminure, furent les plus
goûtés.
Les meubles à personnages ne se placeraient à aucun prix.
Les indiennes deuil, noir et blanc enlevage, se sont bien
vendues. Les indiennes bleu et blanc enlevage, également.
Les indiennes bon teint, grands dessins, conviennent, ainsi
que les indiennes vapeur, dans les mêmes dessins.
Les indiennes meubles glacés ne se vendraient qu'aux
Euro¬
péens, et, par conséquent, en très petite quantité.
Au
Les
vente
Pour
nombre
foulards
courante
donner
des
de
dans
une
se
marchandises
coton
les
ont
été
couleurs
enlevés, et seraient d'une
vives
idée de la valeur que
Société des
Études
et
dessins
tranchées.
les Canaques
Océaniennes
y
atta-
—
623
—
il suffira de dire que, dans plusieurs îles de l'Océanie, pour
de ces foulards, nous obtenions d'eux ce que nous voulions :
des armes indigènes, des curiosités du pays, cinquante ou
un
soixante beaux
qu'ils n'auraient pas voulu se donner la
10 ou 15 francs.
Taïti, par la beauté de son ciel et l'heureuse influence de
son
climat, nous défie pour nos draperies. N'y songeons pas.
Il n'en est pas de même des soieries et des rubans. Ces deux
articles conviennent admirablement, et s'y écouleraient autant
que le comporte la population des voluptueuses et coquettes
indigènes.
Les vins de Bordeaux, de Champagne, les eaux-de-vie, les
liqueurs, l'absinthe, l'eau de fleurs d'oranger, les sirops, les
conserves
et approvisionnements pour navires, l'huile d'olive,
le vinaigre, la verrerie, la faïencerie, les quincailles de toute
espèce, la bonneterie, la chaussure pour hommes et pour
femmes, les chemises blanches, les chemises imprimées, les
paletots et pantalons d'été, les ombrelles, les parapluies en
soie, sont des articles qui se vendraient avec de beaux bénéfices
à Taïti, en ayant soin de ne pas en envoyer une trop grande
quantité à la fois.
Si les affaires ne sont pas considérables dans ce petit archi¬
pel, elles y sont en revanche bien faciles. Les ventes se font
généralement au comptant, moyennant une commission de 5%.
Aucun droit de douane n'est perçu sur les marchandises.
Les frais de navigation se bornent à un pilotage de 2 f. 50
par pied de tirant d'eau à l'entrée et à la sortie des navires.
Il n'y a ni droit de port, ni droit d'ancrage ; les frais de dé¬
barquement sont presque nuls.
La langue du pays est l'idiome canaque de l'archipel ; la
langue auxiliaire est le français.
La monnaie qui a cours est la monnaie française.1
Les mesures de longueur et de capacité sont aussi françaises.
Les retours sont la partie faible de ce pays, de la prodigieuse
fertilité duquel on n'a su tirer aucun parti jusqu'à présent.
A l'exception des oranges et des citrons, qu'on expédie en Ca¬
lifornie et quelques autres produits du sol dont nous avons
parlé plus haut, on ne trouve à charger que les huiles de ba¬
leine qu'y déposent les baleiniers, et l'huile de coco qu'on ré¬
colte dans les différentes îles de l'archipel.
Pour faire ou compléter leur chargement, les navires sont
ananas
peine de cueillir
pour
Société des
Études
Océaniennes
—
624
—
obligés d'avoir, comme aux Sandwich, recours à la côte d'Amé¬
rique où ils vont prendre les denrées que nous avons signalées à
l'article de
ces
dernières.
Le chiffre des
affaires de Taïti ne comporte pas un
nombre de maisons de commerce, aussi n'aurons-nous
celles de
grand
qu'à citer
:
MM.
pour
Et
Gray, Brander, Gibson, Lucett et Colis, Hort Frères,
les maisons anglaises et américaines.
MM. Laharrague, Touchard, pour les maisons françaises.
La dernière est
une
succursale de la maison Y. Marziou et
Co, de Paris ; mais malheureusement les maisons de nos com¬
patriotes ne possédaient, ni l'une ni l'autre, assez de ressources
sur
ce marché pour lutter
avantageusement contre les étran¬
gères, et nous avons vu avec regret, à notre passage, que les
bénéfices qui se réalisaient sur les affaires de cette colonie
nous
échappaient encore.
En présence des considérations que nous avons
développées
au
sujet du Chili et des pays limitrophes, de la Californie,
de l'archipel des Sandwich et de celui de la Société, il me
semble que nos exportateurs ou nos riches manufacturiers de¬
vraient, plus que jamais, songer à l'établissement d'un comp¬
toir largement organisé, en vue de l'intérêt général, à
Valparaiso qui, comme point central, rayonnerait avec les
pays que
nous venons de
citer, pour y introduire de plus en plus toute
espèce de nos produits français qui y sont déjà si recherchés
et s'y écouleraient si bien, si la consommation
y était inces¬
samment
alimentée.
Abandonnons
maintenant
partie de l'Océan Pacifique,
contrée toute nouvelle, diagonalement opposée à la Californie, et qui, par des circonstances
heureuses, vient d'acquérir un développement exceptionnel dans
l'histoire du monde, dont l'effet sera de neutraliser, peut-être
même de paralyser, celui de cette dernière contrée,
point de
mire, en 1848, de tous les aventuriers.
pour nous
transporter
Y) AUSTRALIE
«
vers
cette
une
—
L'époque de notre arrivée
Australie coïncide avec la
contrée, dont nous indi¬
l'importance déjà grande, avant qu'elle ne se soit
en
découverte des mines d'or dans cette
querons
ressentie des effets de
.
.
.
merce
cette
découverte...
suivent de nombreuses données
de l'Australie
.
.
statistiques
.
Société des
Études
Océaniennes
sur
le
com¬
—
625
—
Les vêtements communs que l'on importe à Sydney sont
paletots, vestes, pantalons, et gilets en laine, mais toujours
d'un prix très bas. Des paletots vestes, bouses pantalons en
«
des
toile de
de
fil,
en
toile de coton très forte et
France
se
«
de taupe
peau
Les
en une
autre étoffe
particulière, sans duvet imitant le velours qui en
fabrique à Amiens et qu'on désigne sous le nom de
coton
».
eaux-de-vie et les vins
sont la branche la plus im¬
de nos exportations en Australie. Les eaux-de-vie
surtout
s'y consomment en quantité considérable et cette
quantité augmente chaque jour d'une manière surprenante.
«
portante
VI) CHINE
—
Nous
quittâmes le Port Jackson le 6 Novembre 1851 et
quelques jours après, le 20, nous étions mouillés à l'Ile des
Pins, une des plus S.E. de la Nouvelle-Calédonie, où, dans le
«
N.O., dix mois avant, deux officiers et huit hommes de la
corvette de trente canons l'Alcmène, avaient été tués et mangés
par les insulaires.
L'île des
Pins, abstraction faite de quelques écailles de qua¬
d'un peu d'holothuries, de tripang, de biche de
mer, qui entrent dans l'alimentation des Chinois riches, et du
sandal, que nous y chargeâmes pour la Chine, partie à fret,
partie pour le compte des opérations des Chambres de commer¬
ce
de Rouen et d'Amiens, n'offre rien d'intéressant pour le
lité commune,
commerce.
Nous
tallés.
y
trouvâmes quatre missionnaires français, bien ins¬
On sait qu'il y a
fait acte de prise
quelques mois, le Gouvernement français
de possession de cet archipel, et que M.
Tardy de Montravel, capitaine de vaisseau, commandant la
corvette la « Constantine », fut chargé de faire l'étude générale
de ces îles; par son rapport très étendu, qui a paru le 10 août
dernier dans le « Moniteur », on a vu que les forêts renfer¬
a
ment
des
de bois propres aux
constructions, des mines
d'or, de plusieurs autres métaux (nous ont dit les missionnaires,
dans le temps), et du charbon.
essences
Cependant, nous doutons que d'ici à longtemps notre com¬
puisse en tirer un parti avantageux ; la seule importance
qu'on doive reconnaître à cette nouvelle possession, c'est une
merce
Société des
Études
Océaniennes
—
626
—
importance toute militaire, en raison des magnifiques ports
tfu'on y rencontre et qui offrent une entière sécurité.
Le 27 Novembre, nous appareillâmes pour Annatom qui fait
partie des Nouvelles-Hébrides, et le 30, nous y étions rendus.
Nous n'avons rien à
ajouter sur cette escale à ce que nous
précédente ; les ressources et le commerce y
sont les mêmes, presque nuls ; nous y complétâmes notre char¬
gement en bois de sandal, destiné également pour la Chine.
dit
avons
la
sur
Depuis longtemps, la plupart des îles de l'Océanie fournis¬
une assez grande quantité de ce bois au Céleste-Empire et
à l'Europe, ce qui amènerait de temps à autre quelques bâti¬
ments de commerce dans ces parages ; bientôt elles verront ce
faible commerce leur échapper, par suite du fâcheux effet d'une
exploitation faite sans discernement, on pourrait dire, à la
saient
sauvage.
Après un séjour d'une huitaine, nous partîmes d'Annatom,
Décembre, et le 13, nous déposions à Ticopia, dans l'ar¬
chipel de Santa-Cruz, deux missionnaires français, au milieu
d'une population entièrement sauvage, n'ayant jusqu'alors admis
dans son sein qu'un seul Européen, celui qui aida le capitaine
le 7
Dillon à
retrouver les débris des deux
Lapeyrouse, qui périrent
celle dont nous parlons.
sur
bâtiments du malheureux
l'île de Vanikoro, tout près de
Les Révérends Père Roudaire et Anliard étaient devenus
nos
amis. Nous les
débarquâmes à midi, et, à six heures du soir,
après leur avoir fait un triste et touchant adieu, qui sera sans
doute éternel, nous les abandonnâmes, à la garde de Dieu, aux
anthropophages qu'ils avaient la volonté de convertir.
De Ticopia, nous arrivâmes sur les côtes de Chine, à
Changhaï, le 9 Février 1852, après une navigation totale de
quatre-vingt-douze jours.
Le capitaine de l'Arche d'Alliance, au bout d'un mois de
séjour à Shanghaï, part pour Batavia, pour y prendre un fret
avantageux.
Je
ne
le suivis pas... je restai avec M. de Montigny, consul
en cette ville... »
(pour compléter ma documentation
de France
sur
la
Chine).
L'auteur
cueillis
«
Je
sur
note
le
de
nombreux
commerce
renseignements techniques
des tissus
en
re¬
Chine...
quittai Changhaï fe 2 Mars 1858, (soit après plus d'un
Société des
Études
Océaniennes
—
627
—
de séjour) et Wossung le 8 sur le « Mohwack », navire an¬
glais de 500 tonneaux et le 15 j'arrivai à Hong Kong.
an
Après
un
séjour de deux mois dans les Philippines, je dus
Macao, où le Commandant de
bonté de m'engager à revenir
songer à retourner en Chine, à
la « Capricieuse » avait eu la
la fin de
vers
Juin, afin de me donner un passage
rendre en France.
sur
cette
corvette de l'Etat pour me
Je
quittai donc Manille le 3 Juin 1853, et le 21 j'étais en
Macao, que nous quittâmes, contrairement aux prévi¬
de M. de Rocquemaurel (1), que le 1er Septembre (1853).
rade de
sions
Chine, nous nous rendîmes à Singapore. Une escale de
quelques jours n'est pas suffisante pour prendre des renseigne¬
ments sur une place comme celle-là, d'ailleurs assez connue
aujourd'hui.
De
1853, nous quittions Singapore, et, le 19
Novembre, nous mouillions à Bourbon, ou île de la Réunion
colonie française, sur laquelle je n'avais à me livrer à aucune
investigation ; les affaires s'y traitant directement avec la
métropole par l'intermédiaire de nos compatriotes colons ou
européens qui y sont établis depuis longtemps.
Le
13
Octobre
La
grande fertilité du sol de cette île, son joli aspect et son
climat, font vivement regretter de n'y rencontrer, pour
les navires, que des rades dangereuses, sans un seul port.
Cet obstacle au développement de la colonie est d'autant plus
regrettable, que près de là se trouve l'île de Madagascar sur
laquelle nous avons, il paraît, des droits incontestables recon¬
nus par les grandes puissances au traité de 1815.
beau
Madagascar, d'une étendue au moins aussi grande que celle
France, avec sa position sur le passage de l'Inde et de la
Chine, sa nombreuse population indigène, aussi bien que la
fertilité de son sol, riche en substance les plus variées, ferait,
avec l'Algérie, sans aucune exception, les deux plus belles coiode la
(1) Commandant de Rocquemaurel, navigateur célèbre des Mers du
Sud, originaire de la région de Toulouse. A formé de nombreux offi¬
ciers, voir Bergasse, Dupetit Thouars et Souville... Rocquemaurel a
écrit un livre intéressant, « Dans les Mers du Sud » (2 Tomes) à
peu
près introuvable, cité par le R.P. Siméon Del mas dans son Essai
l'Archipel des Marquises.
d'Histoire de
Société des
Études Océaniennes
628
—
nies du
monde, et
nous
—
dédommagerait de
nos
anciennes
per¬
tes.
Ayons confiance, pour l'accomplissement de ce vœu si sé¬
duisant, dans l'énergique initiative du Gouvernement impérial,
et, plus encore, dans les vues éclairées et profondes du chef
de l'Etat, aussi bien que dans son patriotisme qui le porte à
veiler sans cesse, non-seulement sur la prospérité, mais aussi
sur la
gloire de la France.
Nous
quittâmes la Réunion le 28 Novembre, et nous arrivâ¬
relâche, presqu'en vue de Toulon, lorsqu'un coup de
vent, dans le golfe de Lion, nous obligea à redescendre nous
réfugier, le 27 Février 1854, aux îles Baléares, à Palma. L'état
sanitaire de la corvette se ressentait d'une aussi longue tra¬
versée ; le commandant, ayant toujours à cœur le bien-être
de ses hommes, se détermina à séjourner à Palma, le temps
nécessaire pour les laisser se refaire un peu avant de reprendre
mes,
la
sans
mer.
J'étais
portes de la Catalogne ; de vives affections m'y
je résolus de m'y rendre, et pris, en conséquence,
congé du commandant de la « Capricieuse », M. de Rocquemaurel. Les bontés et les égards qu'il eut pour moi pendant
près de dix-huit mois, sont au-dessus des remerciements qu'il
était en mon pouvoir de lui faire.
aux
attiraient ;
Vint le tour des officiers et des élèves, dont j'avais fait la
connaissance, au bout du monde, comme compatriotes ; je les
quittais maintenant comme de bons camarades. Le souvenir
d'une navigation de six mois faite ensemble, et celui de leur
amabilité, nie font émettre des vœux pour le prompt avance¬
ment de tous et
l'espoir d'en revoir
au
moins quelques-uns.
Mon court
séjour en Catalogne retarda un peu le désir que
j'avais de venir rendre compte à la Chambre de commerce de
la fin de ma mission, et ce ne fut que le 23 avril 1854, quatre
ans, jour pour jour, après avoir quitté le Hâvre, que j'arrivai
à Perpignan.
#
*
:!•-
J'ai moi-même
participé au cours des années 1921-1922 à un
maritime de propagande économique et commerciale,
voyage dit « Croisière de l'Amiral Giîly ». Il nous a menés de
l'Océan Indien aux Mers de Chine, en contournant par le Sud
et l'Ouest le continent autralien, vers Java, les Philippines,
le Japon, puis par la Mer Intérieure à la Chine ; retour par
voyage
Société des
Études
Océaniennes
—
629
—
L'Indochine, les Etats Malais, l'Egypte nous étions passés au
préalable par Madagascar et la Réunion.
J'ai donc éprouvé à la découverte de ce petit livre une sa¬
tisfaction amusée, d'autant plus que je me plaisais à naviguer,
rétrospectivement, pour ainsi dire, dans le sillage de son auteur.
Je souhaite que mes lecteurs éventuels ressentent à leur tour
devant « le Digest » succint élaboré à leur intention, au moins
une
partie de l'intérêt que j'ai trouvé à l'écrire ; ils pourront
du moins constater que certaines remarques d'Àrnaudtizon,
malgré l'inévitable empreinte du temps, — demeurent en¬
—
core
d'une très vive actualité.
Gt. J. COTTEZ.
Capitaine de Frégate (R)
Société des
Études
Océaniennes
—
630
—
HISTOIRE NATURELLE
QUELQUES NOTES SUR LA FLORE TAHITIENNE
Ceci n'est qu'une brève énumération (certainement très in¬
complète) des principaux arbres tahitiens, de ceux que l'on
rencontre le plus couramment, et dont le bois, comme l'écorce
et les feuilles, servent à de multiples usages.
La
famille des
ANACARDIACEES
nous
offre le
«
VI TA¬
(spondias dulcis) ou pommier de Cytnère, plus connu
le nom impropre d'évitier. Cet arbre qui devient très
sous
grand, offre un beau tronc bien droit. Il aime la plaine et les
basses vallées, jusque vers huit cents mètres environ. En terrain
humide, ses fruits sont très juteux. Ceux-ci, d'un goût déli¬
cieux, arrivent à maturité vers Juin-Juillet. Leur noyau est
hérissé. En août, l'arbre se dépouille complètement de son
feuillage et semble mort. Son bois, de qualité médiocre, ne sert
guère qu'à la construction de pirogues. Les feuilles du Vi
Tahiti servent en médecine indigène.
Le URU ou maiore (artocarpus incisa) est le principal re¬
présentant des ARTOCARPEES. Cet arbre, si répandu dans
toute l'Océanie, est devenu célèbre. Qui, en effet, ne se rap¬
pelle que c'est à Tahiti, où les Anglais étaient venus chercher
des plants de URU destinés à Ctre transportés aux Indes, qu'é¬
HITI
»
clata la révolte de la B0UNTY ?
,
Nadeaud, le URU aurait été importé à Tahi¬
ti par des peuples venus s'y fixer bien avant la découverte.
Cela peut se défendre, mais il n'en est pas moins vrai que le
URU est considéré comme originaire de Tahiti. Croissant dans
les plaines et près des habitations, ce bel arbre au feuillage
diversement découpé selon les espèces, fournit des fruits en
abondance. Le bois du URU, blanchâtre quand il est jeune,
tourne au gris sombre lorsque l'arbre est âgé. Les indigènes en
font des pirogues. Le URU se reproduit par rejets, sauf pour
une seule espèce dont le fruit contient des graines. Quelquesunes de ces graines peuvent arriver à germination.
Si l'on
La
en
croit
seule CASUARINEE tahitienne est le AITO
ou
bois de
(casuarina equisetifolia). C'est le Filao de Madagascar. Cet
arbre, presque toujours de grande dimension, offre rarement un
tronc droit, mais est plutôt de venue tourmentée. Son feuillage
très spécial chante dès que la brise souffle. C'était jadis, poul¬
ies Tahitiens, avec le Tamanu et le Amae, un arbre sacré. Il
fer.
Société des
Études Océaniennes
—
631
—
planté clans l'enceinte des marae, et représentait
Nadeaud, l'emblème du courage.
était
d'après
préférence sur les plages, mais on le trouve
premières collines, jusque vers deux ou trois cents
mètres environ. Son bois, excessivement dur et lourd, est pra¬
tiquement impossible à travailler. On s'en sert comme poteaux
de barrière ou pour en faire du charbon de bois. Celui-ci est de
qualité excellente et dégage une chaleur intense.
Le ATI ou TAMANU (callophyllum inophyllum) de la fa¬
mille des CLUSIACEES, se trouve en abondance sur presque
toutes les plages. Cet arbre, très grand et très beau, fleurit pour
ainsi dire toute l'année. Il ne s'élève jamais vers l'intérieur,
sauf pour une espèce qui vient parfois sur les hauteurs. Le
bois de Tamanu, de teinte acajou, très joli, est fort apprécié
Le AITO croît de
aussi
mobilier. Les feuilles et l'écorce du Tamanu entrent dans
en
la
les
sur
pharmacopée indigène.
plus ravissant
sur la Côte Est, que ces plages de
sable blanc s'étalant à l'ombre d'immenses tamanu. Ou encore
Rien n'est
que ces marae en
ruines, témoins attardés d'un autre âge, où
tamanus, arbres sacrés d'autrefois.
connait à Tahiti, le TOU (cordia subcordata) de la
famille des CORDIACEES ? Croissant sur les plages dont il
affectionne les débris madréporiques, il offre parfois un tronc
droit et magnifique. Plus souvent, sous l'effet des vents, il s'in¬
cline et prend des formes bizarres. Ses fleurs qui viennent en
octobre et décembre, sont de belle couleur rougeâtre. Ses feuil¬
les et son écorce servent pour la préparation d'un grand nombre
de médicaments indigènes. Suivant qu'il croît sur les plages ou
plus à l'intérieur, le Tou donne un bois allant du brun pale à
des teintes très foncées, presque noi e . On en fait des meubles
magnifiques et de multiples autrej objets d'exportation. Pour
avoir été coupé d'une façon intensive, le Tou se raréfie. Son
bois atteint actuellement sur le marché, des prix très élevés. Le
plus beau, sans conteste, est celui des Marquises. Presque noir,
il offre, après polissage, des veines sombres d'un splendide
s'accrochent
Qui
de vieux
ne
effet.
Dans
Tiairi
les
ou
tahi tiennes, nous trouvons le
(aleurites triloba ou Mollucana). Cet
EUPIIGRBIACEES
Bancoulier
qui pousse très droit presque toujours, atteint une grande
hauteur. Les' indigènes utilisaient autrefois ses amandes, enfi¬
lées sur un bois, pour en faire des flambeaux. Sur le plateau
arbre
de RATA
(Punaruu)
en
1935, s'étendait une immense forêt de
séparant Fautaua de Punaruu, cette
bancouliers. Vue de la crête
Société des
Études
Océaniennes
—
632
—
argenté. Sous sa voûte élevée, croissaient
qui, à l'époque, — c'était en août —
pliaient sous le poids des fruits. Ce spectacle ravissant valait
bien la peine d'une montée pénible. Nous doutons que cela exis¬
te encore aujourd'hui. L'écorce du bancoulier sert à préparer
un remède indigène souverain pour tous les maux de gorgç.
Un arbre que l'on rencontre beaucoup en montagne est le
PUA (fragrea Berteriana) de la famille de LOGANIÀCEES.
C'est un des plus beaux arbres tahitiens. Il affectionne les
crêtes ensoleillées, vers huit cents mètres d'altitude environ.
Sa fleur qui embaume, est blanche en s'épanouissant, et devient
jaune avant de se faner. Le Pua fleurit au début des mois
d'hivernage, septembre-octobre. Il existe aussi en plaine où il
forêt offrait
de
un
dôme
nombreux orangers
quinzaine
fleurit presque
continuellement. Il existait, voici
d'années,
très grande forêt de pua du côté du mont
une
une
MARAU.
La famille des MALVACEES
le FAU
PURAU (paritium
biscus tiliaceum de I). Castillo)
ou
comprend, entre autres espèces,
tiliaceum, de Nadeaud, ou hi¬
le AMAE ou MIRO (thespesia
populnea) et le Broussonetia Paperyfera. Ce dernier, autrefois
très abondant, a presque disparu aujourd'hui. Son écorce
servait aux indigènes à fabriquer le « tapa » avec lequel se
confectionnaient les vêtements. Le Purau et le Amae sont très
répandus à Tahiti où on les trouve sur presque toutes les pla¬
ges. Le Purau donne un bois très recherché en menuiserie.
Suivant l'espèce, l'âge, et surtout le sol où s'est développé l'ar¬
bre, ce bois est blanchâtre, violacé ou veiné de brun. Poli et
ciré, il donne des teintes ravissantes. Les indigènes l'emploient
à la fabrication de leurs pirogues. Il est également utilisé pour
faire du charbon de bois, mais celui-ci est de qualité inférieure.
Les fleurs du Purau entrent dans beaucoup de remèdes indi¬
gènes. Fleurs, feuilles et bois servent d'ailleurs à de multiples
usages.
Miro, qui sert beaucoup également en médecine
indigène, croît comme le Purau, sur les plages et vers l'inté¬
rieur, jusque vers 900 mètres d'altitude. C'était jadis un ar¬
bre sacré que l'on plantait près des marae. Il donne un bois,
rose lorsqu'il est jeune, du genre palissandre, et qui est appré¬
cié en menuiserie. On l'appelle à tort ici « bois de rose », alors
qu'il ne l'est pas. Le vrai bois de rose, qui appartient à la fa¬
mille des LEGUMINEUSES, est celui que les anglais nomment
TULIP WOOD et les portugais SEBASTIANO D'ARRUDA.
Le ORA ou Banian (ficus prolixa) et le MATI (ficus tinctoLe Amae
ou
Société des
Études Océaniennes
—
633
—
ria) sont tous deux des MOREES. Le premier est un arbre qui
atteint
d'énormes dimensions.
Ses racines aériennes sont très
employées dans la préparation de certains remèdes. Il croît
dans les plaines ou les vallées. Ses baies sont recherchées des
Tourterelles Vertes qui en sont friandes.
petit arbre à branches diffuses. Il recherche
assez rare aujourd'hui. Ses feuil¬
sont jaunâtres sur le dessus et rougeâtres en dessous. Le
des fruits de mati préparé avec des feuilles de Tou, donne
Le Mati est
un
les collines et semble devenu
les
suc
une
très belle teinture rouge, connue
depuis toujours des Tahi-
tiens.
Dans la famille des MYRTACEES
TI
le
se rangent le AIIIA TAHI¬
(jambosa malaccencis) le HOTU (barringtonia speciosa) et
PUARATA (metrosideros colliia).
Le Ahia
souvent
Tahiti, très
un
bel arbre
plaine et en vallée, devient
feuillage vert et luisant lorsqu'il est
commun en
au
ombragé. A l'époque de sa floraison, il se couvre d'une multi¬
tude de petites houpettes rouges qui, en se fanant, font au sol
un
beau tapis pourpre. Ses fruits, blancs ou rouges suivant
l'espèce, sont délicieux et ses feuilles, comme celles de beau¬
coup d'arbres tahitiens, servent en médecine. Le bois de Ahia
est rouge, un peu de la couleur de celui du pommier. Il est
rarement utilisé.
qui affectionne les plages, est un arbre magnifique
feuillage abondant, d'un vert sombre et lustré. Ses fruits,
comme ceux du HORA, servaient aux indigènes à ennivrer le
poisson.
Le PUARATA offre deux variétés d'arbustes qui croissent
sur
les collines, et une variété d'arbres, le M. VITIENSIS.
Ce dernier que l'on rencontre en altitude, vers 1500 mètres,
est un bel arbre, qui peut devenir de grande taille. Nous en
avons vu de beaux spécimens sur les crêtes, en arrière du Pic
Vert. Son bois est assez dur et pourrait sans doute servir en
menuiserie, mais nous ne pensons pas qu'il ait jamais été
employé. Le Puarata Vitiensis fleurit en décembre et janvier,
et sa fleur ressemble beaucoup à celle du Ahia Tahiti.
Le HOTU
au
que nous nous étendions sur le
nucifera) famille des PALMEES.
Cet arbre, richesse de notre Océanie française, est vraiment
un don du ciel. Tout en lui sert, des racines aux fruits, en pas¬
sant par les feuilles et le tronc. Son bois, très dur à travailler,
est splendide.
Il serait certes superflu
HAARI ou cocotier (cocos
Société des
Études
Océaniennes
—
63 4
—
A côté du cocotier, le FARA ou PANDANUS (pandanus
odoratissimus) des PANDA NEES, a, lui aussi, une place de
choix. Très répandu sur toutes les plages où il croît parfois
en véritables forêts, ses feuilles, selon l'espèce,servent à couvrir
les maisons ou à faire des pailles à tresser. Son fruit et sa
fleur entrent dans la confection des couronnes. La fleur du
pandanus, toute blanche, dégage line odeur délicieuse. Le bois
de pandanus, quoique peu employé, est cependant d'un très
bel effet en tabletterie et marqueterie.
(i.nocarpus edulis) se range dans les PAPILIONAfutaie, aux feuilles coriaces et aux
petites fleurs, recherche les plaines marécageuses ou les vallées
humides. Sou tronc se divise en lames profondes. Le Mape se
groupe de préférence en forêts. Son fruit, large amande comes¬
tible, est consommé par les indigènes après cuisson. Le mape
Le MAPE
CEES. Cet arbre de haute
un bois très recherché pour en faire du charbon. Il
existe, sur les bords de la rivière VAIOTE, au pari de Tautira, une allée de mape splendides qui forment voûte au-dessus
fournit
de la rivière et sembleraient presque avoir été plantés de
d'homme. Us escaladent les ruines d'un vieux marae qui
dans
cette
mains
existe
vallée.
(molinda citrifolia) famille des RUBIACEES, plus
qu'arbre, est très répandu sur les plages et
les premières collines. Il est surtout connu pour la matière
colorante que l'on retire de sa racine. Cette matière fut
étudiée, voici bien des années, par le chimiste ANDERSON
qui lui donna le nom de « morindine ». Le fruit et la
feuille du NONO servent en médecine indigène.
Le NONO
souvent
arbuste
De la même famille est le MARA (nauclea forsteri) très
grand arbre des vallées dont le bois très dur, de couleur jaune,
et imputrescible à l'eau de mer, sert à faire des poteaux de
wharf. Le Mara fleurit vers Juin-Juillet. Il sert parfois à
construire des pirogues, mais la densité de son bois le fait
peu rechercher à cette fin. Il ne semblerait pas qu'on l'ait
jamais utilisé d'autre façon.
Et pour clore
arbres indigènes,
cette trop courte
énumération des principaux
voici le TOI (alphitonia zyzyphoides) de la
famille des RHAMNEES. C'est un bel arbre des vallées ; il ne
vient jamais en bordure de mer. Il fleurit de Janvier à Mars.
Autrefois très commun à Tahiti, il semblerait s'y raréfier.
Mais il existe à Moorea. Son bois, d'une belle couleur rosée,
peut faire de beaux meubles. Il est pourtant peu employé.
Société des
Études
Océaniennes
Ce
sont
là, parmi beaucoup d'autres sans doute, quelquesarbres
indigènes. Certains, peu connus, mériteraient
peut-être alors la hache s'atta¬
querait-elle aussi à eux ? Alors, mieux vaut sans doute les lais¬
uns
de
d'être
ser
nos
sortis de l'ombre. Mais
à leurs vallées humides
tinuant ainsi à être la
ou
joie des
à leurs crêtes ensoleillées, con¬
yeux
des
coureurs
de montagnes.
Y. M.
Société des
Études Océaniennes
—
636
—
CHRONIQUE CINÉMATOGRAPHIQUE
SUR DEUX FILMS DE FRANCIS MAZIERE
Il est certes inutile que
je vous présente M. Francis MAZIEfigure déjà bien connue à Papeete et tout le
monde sait que c'est un explorateur chevronné en même temps
qu'un archéologue averti. M. Mazière a voulu nous donner
quelque chose d'absolument inédit avec son film FATUIIIYA
ILE DE LEGENDE, et il y a pleinement réussi. FATUHIVA,
du groupe Sud de l'archipel des Iles Marquises, a été choisie
par M. Mazière, parce que la moins connue et aussi la plus
proche des côtes américaines. En effet, entre Fatuhiva et les
côtes sud américaines, il n'y a que l'immense et houleux Paci¬
fique, dont les vagues, inlassablement, viennent battre les
falaises marquisiennes.
Re.
C'est
une
M. Mazière
a
donc
exploré la côte Est de Fatuhiva, prati¬
quement inconnue jusqu'à ce jour des Européens, et
il
nous
participer à des découvertes sensationnelles. Le film
un
film d'amateur, c'est dire que les images ne sont
toujours aussi bonnes qu'elles devraient l'être au point de
technique, mais cela ne compte plus devant les beautés
fait
nous
sont
est
pas
vue
qui
révélées.
Grâce à M. W.
Grelet, chef de l'île de Fatuhiva, et aussi à
apportée par M. Mazière dans ses rapports avec
les indigènes de l'île, ce dernier a pu être conduit et guidé,
sur
la côte Est de l'île, vers ce que j'appellerai les « hauts
lieux » de Fatuhiva. A cheval, par des sentiers vertigineux
cotoyant des précipices immenses, puis progressant à la force
du poignet le long de falaises abruptes, M. Mazière a pu visiter
des grottes renfermant des sépultures anciennes; dégageant par
ailleurs des paepae envahis de brousse, il a découvert des pier¬
res sculptées, et il nous
fait profiter de toutes ses découvertes.
Ce film est passionnant, non seulement pour tous ceux qui
aiment nos îles mais surtout pour ceux qui se sont penchés
sur
leur passé. Pour ces derniers, il nous apporte des docu¬
ments de choix, de véritables révélations. M. Mazière nous
retrace ce qu'a été la vie des Marquisiens d'il y a deux ou
la délicatesse
trois
cents
ans.
Pour les autres,
côtes
sauvages
le film prodigue les paysages enchanteurs :
battues de la grande houle pacifique, vallées
Société des
Études
Océaniennes
—
ombreuses
aux
coulées de lave
637
—
clairs ruisseaux,
figées
en
crêtes étroites et pics aigus,
plein ciel. C'est beau, c'est prenant.
M. Mazière nous montre aussi l'homme, le Marquisien, qui
l'a reçu, guidé, aidé ; c'est une figure que l'on ne peut oublier.
Sur cette face d'homme de Fatuhiva dont le regard d'une
étrange fixité semble tourné vers le passé, se lit cette tristesse,
cette angoisse, que l'on éprouve aux Marquises devant ces
paysages d'une écrasante
beauté, ces vallées désertes, ces
terres si peu habitées ; sur ce visage se lit la résignation devant
une vie de
plus en plus vide de sens, le regret de la vie an¬
cienne, des fastes passés. Ce visage est beau, d'une beauté qui
vous
et
serre
nous
le
cœur.
M. Mazière a,
là
encore,
fait
une
découverte
devons l'en féliciter.
Le deuxième film
présenté s'intitule TEIVA PETIT PRINCE
simple d'une journée de la
vie d'un petit tahitien de Maupiti, l'île qui était si chère au
cœur
d'André ROPITEAU. Teiva est un enfant rieur, d'un
brun petit bambino au sourire délicieux découvrant des dents
éclatantes. Nous le voyons s'éveiller à l'aube d'une belle jour¬
née, s'amuser sur la plage avec ses petits frères et sœurs,
prendre en famille le premier déjeuner. Puis, profitant du
départ de son père pour la pêche, Teiva prend lui aussi sa
petite pirogue, et va explorer, en compagnie de son fidèle et
inséparable oiseau, le lagon, le récif aux multiples splendeurs.
Il pêche. Puis, tenté, il décide de traverser le lagon pour dé¬
couvrir la grande terre. Il y aborde, et va d'émerveillements
en émerveillements. Il rentre chez lui à la nuit, fatigué mais
heureux, et s'endort sur les genoux de son père, rêvant qu'il
est devenu le petit prince des îles.
DES
ILES.
C'est l'histoire toute
Tout cela est
jeune, frais, vivant, bien fait pour plaire aux
toutes ces belles images feront très certai¬
nement rêver. Ce petit bout d'homme a tenu son rôle avec une
fraîcheur naïve qui vous enchante, une spontanéité, un naturel
inégalables.
petits français
Puisse la vie
que
pas le gâter et qu'il reste toujours l'adorable
petit Teiva que nous voyons évoluer tout au long de ce beau
livre d'images. Puisse-t-il aussi, aimable petit ambassadeur
de
nos
ne
îles de lumière, aller enchanter et faire rêver tous les
petits enfants de France.
Yves MALARDE.
Société des
Études
Océaniennes
Société des
Études
Océaniennes
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Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 117