B98735210103_108.pdf
- Texte
-
^ B "CJ 3__. X_j 33 TXUNT ~
DE
LA
SOCIÉTÉ DES ÉTUDES OCÉANIENNES
SEPTEMBRE
1954
Anthropologie— Ethnologie
Histoire
—
des
Institutions
et
—
Philologie.
Antiquités
populations maories.
Littérature et Folklore.
Astronomie
—
Océanographie
PAPEETE.—
—
Sciences naturelles
IMPRIMERIE DU GOUVERNEMENT.
CONSEIL
D'ADMINISTRATION
Président
M. H.
Vice-Président
M. Rey-Lçscure,
Secrétaire-Archiviste
Melle Laguesse,
Jacquier.
Trésorier
M. Liauzun.
Assesseur
M. le Com' Paucellier.
Assesseur
M. Terai Bredin.
Assesseur
M. Martial Iorss.
Assesseur
M. Siméon Krauser.
Secrétaire-Bibliothécaire du Musée Mlle Natua.
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LE BULLETIN
Le Bureau de la Société accepte
l'impression de tous les articles
qui paraissent dans le Bulletin mais cela n'implique pas qu'il
épouse les théories qui y sont exposées, ou qu'il fait sien les
commentaires et les assertions des divers auteurs qui, seuls, en
prennent toute la responsabilité.
Aux lecteurs de former leur appréciation.
Le Bulletin
ne
fait pas
de publicité.
La Rédaction.
aswxi&œwaw
de la
SOCIÉTÉ D'ÉTUDES OCÉANIENNE
(POLYNÉSIE ORIENTALE)
TOME IX
Xo
1 ««.-
(No 7)
S E i» T EMISEE
195 1
SOMMAIBE
Pages
Histoire.
Rétrospeclive des pavillons océaniens (V), par
277
J. Gottez
Mythologie.
Une Genèse
l)h
Tahitienne,
par
Jacolliot
307
ers.
Nouvel ouvrage sur
les Sciences Naturelles des
présenté parle Service de l'Instruction
Publique
E.F.O.
Liste des membres de la S.E.O
Société des
Études
Océaniennes
313
315
RETROSPECTIVE DES PAVILLONS OCEANIENS (V)
SOUS-LE-YENT
ILES
(1)
Elongé à l'intérieur d'une mince ellipse, dont le grand
orienté N.NO-S.SE. mesure environ 240 milles marins,
cet archipel, un des éléments constitutif du groupe des lies
axe
Société, compte, comme on le sait, une dizaine de ter¬
portent plusieurs noms. Pour éviter toute am¬
biguïté ou confusion, nous en avons dressé le tableau
suivant (a), en nous référant aux ouvrages allant de TEUIRA HENRY (1824-1834), à CIIEGARAY, dit « ATEA »
delà
res.
Certaines
(1953),
sans
oublier
au passage
PIQUENOT (1900).
cinq premières terres constituaient cinq à trois pe¬
royaumes insulaires indépendants, suivant que Raiaet Tahaa, d'une part, Bora-Bora et Maupiti, d'autre
Les
tits
tca
indépendantes l'une de l'autre.
ne désignaient que des atolls per¬
dus, habités seulement d'une manière temporaire, à l'ex¬
ception toutefois de la dernière île, Maiao-Iti, relevant
part, étaient ou non
Les terres suivantes
autrefois de la
couronne
de Huahine et rattachée adminis-
local (4) du 20 février 1904,
trativement, par un arrêté
aux Iles du Vent.
*
*
Des
mes
rapports étroits ont
*
existé autrefois entre les Royau¬
de lah'ti et les Souverains
insulaires des Iles Sous-Ie-
Vent d'une
part, et entre ces
Iles Sous-le-Yent d'autre part.
Une
sorte
de Fédération,
rope intégrée, puisqu'elle
dès le XHIe ou le XlVe
entre
se
ces
—
différents Souverains des
bien
en
avance sur
l'Eu¬
aurait commencé à fonctionner
siècle, — avait même été créée
divers chefs d'Etats maoris, afin qu'ils puissent
prêter mutuellement main forte et
assistance contre un
(1) Voir Bulletin SEO N° 97.
(a) Voir tableaux pages suivantes.
(4) Voir J.O. E.F.O.- 1904, page 118.
Société des
Études
Océaniennes
apncluiess
Noms
européns
Noms
HAVAI
UPORU
Uri FA -NUI PORA- (VSAVEAOU
Ao Atupi
Te
MAUR A
(Boencha) (UPNAH.EDI) PEDRO (Boencha)(BOCLAo- k) Charles SAUNDERS
APRINCES UL1ETÀ
OUAHINE
usel
Noms
RÀTAE
N°
97) d(épen (Bora- )
(T.HP129)39(S0pE7O7.)
1
TAHA
2
HUAHINE
3
ou
Sir
SAN
I.
BORA (425))
(P.D.
4
TUB AI Motu-Iti
ITI
MOTU
MAUPIT PUAI
TU
5
6
apnlcuiess MHAAPoE-u (Bdoérpae-nd P(dAep-1nT )Bora-Bora (ddépeen B)ora-Bora A(TrUaNBtA¬UJ-M adminstrve- Idleauusx 2dAruê0té (P19.04
Noms
MAPI
européns
Noms
T1A
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NEE
Bora
ché
—
ment Vent
février 44'0
MA
HLOoWrdE AGUSSEHN
de
I.
usel
Noms
MOPELIA
BEL IN
SGÏL Y
MIRO-
MANUAE
TE
8
7
daeutrfois 4(P.D2)
dépendait Huahine
M)AIO-T UTAPE-MN
(
9
N°
10
»
j
—
280
—
extérieur à la dite Fédération, connue sous le
« HAU
PAHU NUI » ( Gouvernement du Grand
Tambour ». Ce nom de baptême, assez étrange, pourrait
ennemi
nom
de
sans
doute,
avoir quelque rapport avec la manière de
en effet de conques ma¬
savaient, à la mer, main¬
contact de leurs doubles pirogues, par brume,
naviguer de ces insulaires. Munis
rines et de tambours sonores, ils
tenir
obsi
le
urité,
ou
temps
bouché,
sans
T.S.F., ni radar, dans
de plus de trente
longues navigations, quelquefois
jours à travers le «Grand Océan».
leurs
Ils connaissaient la
marche des astres, naviguaient sur
donnaient des rendez-vous à des
à l'avance, par certains phéno¬
mènes astronomiques ( équinoxes, solstices, etc... ) dans
des îles déterminées, et principalement à Raiatea, l'île sa¬
certaines étoiles, et se
dates fixées longtemps
crée entre toutes.
Des
cérémonies très
solennelles
se
déroulaient à cette
accompagnées de sacrifices humains et de fêtes
religieuses grandioses.
occasion,
plus des relations étroites de familles s'étaient nouées
les différentes aristocraties royales de ces îles. Rarotonga était, à cette époque, englobée dans cette Fé¬
dération ; les souverains de Tahiti y exerçaient une sorte
De
entre
de
prééminence.
temps où Pomare Vahine admit le protectorat de
Au
sur Tahiti, ce n'est donc que par un subterfuge
grossier et une déclaration non entièrement conforme
à la véracité des faits, qu'elle réussit à faire admettre
par les autorités françaises que les Iles Sous-le-Vent ne
relevaient pas de sa souveraineté. (Convention Jarnac
1847).
la France
assez
A la suite de vicissitudes diverses que nous allons som¬
mairement étudier, ces îles demeurèrent indépendantes de
puis après une période de troubles plus ou
furent définitivement et totalement annexées
France, entre 1881 et 1897.
1847 à
1880.
moins graves,
à la
complexité des faits, et au risque de
la patience du lecteur, nous serons obligés,
dans notre exposé, de procéder par groupes successifs
d'îles, ou de royaumes océaniens, et de nous répéter fata¬
lement un peu. Nous nous en excusons è l'avance.
En raison de la
lasser
un
peu
Société des
Études
Océaniennes
—
281
—
devoir faire quelques re¬
la découverte de ces îles.
De bons auteurs, Teuira Henry et à sa suite : Vincendon-Dumoulin, Arbousset, Caillot, Blin, Deschanel, Huguenin, Haurigot, Piquenot, Henrique, Raoul, n'hésitent
pas à écrire que « cet archipel a été découvert par le
célèbre navigateur Cook en Juin 1769.
La réalité est un peu plus nuancée, comme nous Tal¬
Nous
croyons,
marques
tout d'abord,
liminaires
sur
voir immédiatement.
ions
D'abord Cook avait embarqué avec lui — c'était son
droit
un pilote local « Tupia », navigateur expérimen¬
té descendant d'une illustre famille de marins.
—
donc, tant par traditions ancesdes expériences propres, toutes les îles
il en avait même dressé une carte rudi-
Ce dernier connaissait
trales, que par
environnantes
;
tnentaire,
le sable,
sur
avec
des coquillages et des galets.
Cook dans ces conditions,
pilote, et de « découvrir »
ou plutôt de
révéler au monde civilisé, des îles connues,
de tout temps, par les insulaires.
On doit, de plus, remarquer que sur les dix îles ( ou
neuf si on défalque Maiao-Iti), Cook a effectivement
reconnu et pris possession en 1769 de quatre d'entre elles
seulement, les plus importantes, sans doute : Raiatea,
Tahaa, Bora-Bora, Huahine. Il a aussi vu Tupuai, mais
n'en pas pris possession.
Cependant Wallis, dès 1767, avait découvert par ses
propres moyens, Maupiti, baptisée par lui, île de Charles
Saunders et Mopelia, nommée « Isle de Lord Howe », et
encore
Scilly, comme le prouve le passage suivant de
Il n'était donc pas difficile à
de suivre les indications de son
son
intéressante relation...
(5)
1°) (Wallis avait quitté Tahiti le 27 juillet 1767).
Le lendemain, nous vîmes la terre : c'était une île d'une
longueur de 6 milles ; au milieu se trouvait une mon¬
«
fort élevée qui semblait fertile. La position de
était : Latitude 170° 28' Sud, Longitude 151°
4T Ouest. Elle fut baptisée Isle de Charles Saunders.
2°) Le lendemain,^29 juillet, il étudia la variation de
l'aiguille aimantée, et des phénomènes magnétiques divers.
tagne
cette
île
(o) Voyage de BANKS. Tome II, page 283 et suivantes.
Société des
Études Océaniennes
—
3°) Le 30 juillet «
N.l/4 E au N.O....»
282
nous
—
vîmes de
nouveau
la terre du
Nous voulions
nous y arrêter, mais nous ne trouvâmes
de mouillage : l'île était environnée de brisans. Nous
aperçûmes de la fumée dans deux endroits, mais point
d'habitation. Il croît dans la partie sous le vent, des co¬
cotiers, mais en petite quantité.
Je l'appelai « Isle du Lord How (ou Howe)». Elle
peut avoir 10 milles de long et 4 milles de large. Elle
est située par : Latitude : 16° 46' Sud, Longitude : 15-1°
13' 0. (11 s'agit de l'île actuelle de Mopelia).
4°) L'après-midi nous vîmes une terre qui restait à
l'O. 1/4 N, et nous gouvernâmes dessus. A 5 heures nous
aperçûmes des brisans qui s'étendaient assez loin du côté
du Sud et bientôt après nous aperçûmes au S.O., une
terre basse, et des brisans qui l'environnaient de tous
pas
côtés...
Nous gouvernâmes au vent, toute la
fit jour, nous forçâmes de voiles pour
ces
bas-fonds.
nous
A
9
les nommâmes
d'îles
et
de bancs,
heures,
«
nuit, et dès qu'il
faire le tour de
les avions dépassés et
nous
les Iles de
Scilly
».
C'est
un groupe
extrêmement dangereux.
Pendant les nuits les moins sombres et
lorsque le temps est embrumé,
dessus, sans voir la terre.
un
pendant le jour
vaisseau peut se briser-
Leur
position moyenne est : Latitude 16° 28' Sud ;
Longitude 155° 30' Ouest.
Ceci se passait, rappelons-le, en 1767, donc deux ans
avant la première exploration de Cook !
Quant à l'île de Bellingshausen, ainsi que son appelation l'indique assez, sa découverte est due au navigateur
russe du même nom
(6).
Enfin Maiao-Iti paraît avoir été connue de tout temps.
Sa découverte ne saurait, raisonnablement, être attribuée
â Cook.
En
définitive,
«découvert»
Les
sur
quatre,
mérites
du
ces dix îles, Cook en a tout juste
(ou cinq, avec Tupuai).
célèbre navigateur britannique sont
(6) Voir Bulletin S.E.O. No 48. Article
sur
Commandant J. COTTEZ.
Société des
Études
Océaniennes
ce
navigateur du
—
283
—
assez grands pour qu'on ne lui attribue pas ce qui ne
appartient pas.
Sachons donc rendre à César ce qui est à César.
lui
Maintenant s'imposent, avant d'attaquer le vif de notre
sujet, quelques généralités diplomatiques sut les îles Sousle-Vent : nous croyons bon de les rappeler ci-après.
Depuis des temps quasi légendaires, ces îles faisaient
partie, comme nous l'avons déjà dit, du « Hau Pahu Nui »
(1350...1770).
étroits avec les souverains de
des îles voisines (Rarotonga, Rotuma, etc...).
Rien qu'officiellement Cook ait, en 1769, pris possession
Elles avaient des liens
Tahiti,
ou
quatre plus importantes des îles Sous-le-Vent, —
Raiatea, Tahaa, Bora-Bora, Huahine, — cette prise de
des
possession, non accompagnée d'occupation effective, n'eût,
par la suite, pas de prolongements tangibles.
Après différentes guerres intestines il semble — d'après
différents textes (7), que ces îles aient formé, vers 1830,
une
petite confédération « indépendante » de cinq îles,
en
fait, placée sous le contrôle des souverains de Tahiti
(8).
Mais les textes anciens ne se réfèrent à aucune date
précise ; dans ces conditions, il est assez difficile d'in¬
sérer ces événements dans une suite chronologique ri¬
goureuse.
Ces faits semblent pourtant pouvoir être si¬
tués entre 1830 et
1844.
Quoi qu'il en soit, lors de l'établissement, par l'Amiral
Dupetit-Thouars, du Protectorat Français sur Tahiti (1842),
celui-ci avait d'abord considéré ces îles comme dépendances
de Tahiti : il y aurait arboré le pavillon du Protectorat
(9).
se montrait historiquement exact ; il était d'ail¬
justifié par les faits : on sait que les Rois ou Ré¬
gents de ces îles étaient toujours de très proches parents
des alliés des Souverains de Tahiti.
ou
Ce lien
leurs
Cependant
sur
le conseil des pasteurs protestants
(7) CAILLOT. DESCHANEL, etc.
(8) Voir Annexe I.
(9) Voir Annexe I.
Société des
Études
Océaniennes
de
—
284
—
particulier du trop célèbre Pritchard,
dénonça cette suzeraineté.
En 1845, une déclaration péremptoire de l'Amiral bri¬
tannique Sir G. Seymour vint corroborer cette affirma¬
tion. Les insulaires se montrèrent dès lors, plus ou moins
réticents devant le Protectorat Français. Une période
de troubles s'en suivit ( Gt Bonard à Huahine).
Elle fut exploitée par la Grande-Bretagne, qui nous
l'époque,
et en
Pomare Vahine
imposa la fameuse Convention dite «de Jarnac» (Juin
par laquelle nous reconnaissions l'indépendance totale
des lies Sous-le-Vent, et prenions l'engagement solennel
de ne jamais exercer aucune action pour essayer de les
placer sous notre autorité !
Cependant, à la suite d'intrigues d'origines diverses,
certaines américaines (1858), d'autres britanniques (18811896), les dernières, et à deux reprises allemandes (18781880), il fallut envisager, dans l'intérêt même de la tran¬
quillité de nos possessions océaniennes, et pour éviter tout
intrusion de tiers, la révision de ce traité désastreux.
Après de laborieuses tractations, la Convention de Lon¬
dres (1881) nous reconnaissait le droit, moyennant cer¬
taines compensations ailleurs (10), d'exercer désormais,
1847)
influence sur les îles Sous-le-Vent, assurés cette
fois, de l'appui bienveillant de la Grande-Bretagne.
Un accord définitif, survenu en 1887, après l'évacua¬
tion des postes militaires français des Nouvelles Hé¬
brides, nous permettait dès 1888, pour e.ouper court à toute
notre
gne
ces
—
de tierce
puissance — en l'occurence l'Allema¬
(Société Godefroy), de proclamer l'annexion de
manœuvre
îles à la France.
Cette décision devait provoquer, dans certaines îles,
des réactions plus ou moins vives : en fait celles-ci ne
furent véritablement importantes qu'à Raiatea, Tahaa (in¬
surrection «nationaliste» de Tera-Hupoo).
i
organiser — après dix ans de
véritable expédition militaire, de près
de deux mois, dirigée par le commandant Bayle, Capitaine
de Vaisseau, Commandant Supérieur de la Station du Pa¬
cifique, avec le concours de plusieurs unités de la Flotte,
et de contingents militaires amenés de Nouvelle-Calédonie.
Elles
nous
longanimité
amèneront à
une
(10) Terre-Neuve, Afrique Occidentale, Nouvelles-Hébrides.
Société des
Études Océaniennes
285
—
—
Elle se terminera par la capture de Terahupoo et de
derniers partisans, la signature d'une paix définitive
avec la Reine de Raiatea-Tahaa et la mise en va'eur, dé¬
ses
sormais
pacifique, de ces îles.
populations sauront d'ailleurs, dès 1914, et sur¬
tout en 1939, témoigner de leur loyalisme par un admira¬
ble mouvement d'engagements patriotiques dans le célèbre
Bataillon du Pacifique. Cette unité s'illustrera sur tous
les champs de bataille de la guerre 1939-1945 et fera
acquérir aux Etablissements Français d'Océanie, aux Iles
Sous-le-Vent, très particulièrement, de nouvelles lettres
de noblesse et de citoyenneté française.
Leurs
*
A
*
*
RAIATEA
—
—
TAHAA
nous l'avons
déjà vu, depuis un passé reculé,
îles étaient unies à Tahiti par des liens confédéraux
remontant sans doute au delà du XlVe siècle.
Comme
ces
Quand Cook les visita, à la fin du XVIIIe siècle (1769)
avaient, chacune, leur Roi.
elles
Tahaa
riers
venait cependant
de Bora-Bora.
d'être conquise
par
les
guer¬
Cook
prit officiellement possession de ce groupe en
qu'il le rapporte dans les Relations de son
Premier Voyage (11).
J'arborai pavillon anglais et pris possession de cette
île (Raiatea) au nom de S.M. Britannique, ainsi que des
Juin 1769 ainsi
«
trois
Le
îles voisines...
26
»
juillet Cook découvre l'île Toubouai
de Bora-Bora.
Le 27 juillet
«
Trois familles forment tous
ses
au
nord
habitants
».
il est devant Bora-Bora. Il fait une visite à
Oponi Roi célèbre de Bora-Bora : il le découvre vieux
et stupide. Le Roi au lieu de venir à bord, lui envoie
trois jolies filles ce que lui, et ses officiers préférèrent ! »
Il découvre Maurua (Maupiti) « inhabitée » dit-il. Il
l'ait ensuite une description parfaite de la « hupa-hupa »,
(11) BANKS T. HT, page 37. Voyage de COOK (1769).
BAJOT : Abrégé historique et chronologique des voyages
de découvertes.
Société des
-
Paris 1829.
Études Océaniennes
—
286
—
citer tout Gook. Mais nous
de donner un court extrait
suivant... Au lecteur tant soit peu curieux,
Nous ne pouvons, évidemment,
ne saurions résister au plaisir
du
passage
en outre, de relire Gook : cet auteur a
déjà fait l'émerveillement du VXIIIe siècle, par la fraî¬
cheur et la précision de son style. Son succès mériterait
conseillons
nous
« Le 3 août
rencontrâmes une
de danseurs qui nous retinrent pendant deux heu¬
nous firent beaucoup de plaisir. Il y avait six
d'être
prolongé bien
au
delà du XXe siècle.
176.9, pendant notre promenade, nous
troupe
et
danseuses, deux hommes et trois tambours. Tupia nous
apprit que quelques uns des principaux personnages de
l'île étaient de ce nombre, qu'ils couraient de place en
res,
place, mais qu'ils ne recevaient point de salaire des spec¬
tateurs, comme les danseurs ambulants d'O'Tahiti.
sur leur tête, une grande quan¬
cheveux tressés, ornés en plusieurs
de fleurs de jasmin du Gap, et arrangés avec
goût que cette coiffure était très élégante ; elles
avaient le col, les épaules et les bras nus ; la gorge était
aussi découverte jusqu'à la hauteur de l'aisselle, et rê¬
ve tue
au-dessous d'une étoffe noire qui leur serrait le
Les
femmes
tité
de
endroits
tant de
«
portaient
tamou
»
ou
Elles avaient, placé de chaque côté de la poi¬
petit plumet noir ressemblant aux
bouquets de nos femmes.
corps.
trine, près des bras, un
Elles avaient en outre, sur les hanches, un vêtement
plissé qui se relevait sur le ventre et retombait par le bas
en
grand jupon, qui cachait entièrement leurs pieds,
qu'elles ramenaient avec autant de dextérité que nos
danseurs d'Opéra. Les plis au-dessus de la ceinture étaient
alternativement bruns et blancs et ceux du jupon tous
blancs.
équipage elles s'avançaient de côté, en fai¬
mesurés, tous bien d'accord avec les tam¬
bours qui battaient avec beaucoup de force et de vitesse.
Bientôt après elles se mirent à remuer les hanches, en
Dans
sant
cet
des pas
donnant à leur habillement
un
mouvement très vif. Elles
pendant toute la
danse, quoique le corps prit différentes attitudes.
Elles se tenaient tantôt debout, ou assises et s'appuyaient
continuèrent
quelquefois
muaient
qu'il est
en
les
mêmes
mouvements
sur leurs genoux, ou leurs coudes, elles re¬
même temps les doigts avec une promptitude
presque
impossible d'imaginer. Il faut pourtant
Société des
Études Océaniennes
—
28?
—
convenir
que le charme des danseuses et le plaisir que
goûtaient les spectateurs provenaient en grande partie de
la lubricité de leurs postures et de leurs gestes, qui
surpassaient tout ce que nous pouvons dire »...
Lorsque les Français établirent leur protectorat sur
Tahiti, en 1842, ces îles étaient considérées comme fai¬
sant partie du Royaume de Pomare Vahine, ainsi que le
prouve la relation de Mare, traduite « de l'indien » vers
1845, par le Lieutenant de Vaisseau de Robillard (12).
La Grande-Bretagne obtint, en 1847, de la faiblesse du
Gouvernement de Louis-Philippe, que la France retirât son
drapeau des Iles Sous-le-Vent, où il flottait comme sur
une
dépendance de Tahiti (13).
11 se lie ainsi les mains pour l'avenir, reconnaît l'in¬
dépendance personnelle des dites îles, et leur indépendance
par rapport à Tahiti (Convention de Jarnac), basée sur
une déclaration fausse
de la Reine Pomare, arrachée par
Pritchard. L'enquête de Bruat faite de 1845 à 1817 sem¬
ble donner des preuves indiscutables de l'appartenance de
ces
îles au Royaume de Tahiti. Nous en citons, par ail¬
leurs, de larges passages (14).
Il résulte de ceux-ci, qu'après la guerre de Taiarapu
(Tahiti) vers 1820, Pomare vint aux îles Sous-le-Vent et
Tubuais où il établit des
fonctionnaires.
toujours le régime du « Hau-Pahu-Nui », ou
grand tambour. Pomare, par la suite, y nomme rois ses
descendants ou parents de son sang, (fédération restreinte).
Donc, antérieurement à 1847, ces îles sont bien par¬
tie intégrante de la couronne de Pomare.
1) — Intriguer, allemandes : (1878-1879) l'«Ariaone»
et le
« Bismark »,
croiseurs allemands paraissent devant
ces
îles ; le Consul Godeffroy, directeur local de la cé¬
lèbre maison commerciale de ce nom, débarque à Raiatea, et installe un dépôt de charbon sur les terrains de la
aux
C'était
Société Commerciale d'Océanie.
Il reste à terre quatorze
un traité d'amitié et de commerce
Roi de Raiatea : celui-ci refuse, et nous prévient.
jours,
propose
(12) Bulletin S.E.O.- N° 97, de Décembre 1951.
(13) CAILLOT. Les Polynésiens orientaux, page 503.
(14) CAILLOT. Les Polynésiens orientaux, page 527.
Société des
Études
Océaniennes
au
—
Godeffroy
nouveau
propose
refus
du
288
—
aussi la protection de l'Allemagne
:
souverain.
Le Roi rappelle qu'il « jouit » déjà de celles de la
Grande-Bretagne et de la France.
b) Le Commandant du « Bismark » se livre, sans plus
de
succès, aux mêmes manœuvres à Bora-Bora.
c) C'est donc pour couper court à toutes ces manœu¬
vres
et intrigues que l'Administrateur Cailîet,
Inspecteur
des Affaires Indigènes, passe avec le Roi de Raiatea, le
6 avril 1880 un accord aux termes duquel le protectorat
provisoire est accordé à ces deux îles sous réserve de la
ratification ultérieure du dit accord par le Gouvernement
français.
Le signe du protectorat est le yacht tricolore venant
cantonner le pavillon ancien de Raiatea, constitué de cinq
bandes
horizontales alternativement rouges et blanches.
avril 1880 ce nouveau pavillon de protectorat est
hissé solennellement à Raiatea et Tahaa.
Le
5
Sous le gouvernement de Monsieur de Freycinet, des
intrigues britanniques se manifestent à nouveau :
II) — Intrigues britanniques. En 1881, le Commandant
Medlyeott, commandant la corvette britannique « Tur¬
quoise», apparaît: aux Iles Sous-le-Vent, et par des ma¬
nœuvres brutales d'intimidation impose au Lieutenant de
Vaisseau de Kertanguy, commandant la petite goélette
Orohena », de la station locale, d'amener à Raiatea, le
pavillon du protectorat.
La «Turquoise» réapparaît quinze jours après, les évé¬
nements précédents,
et salue les pavillons indépendants
de Bora-Bora et de Huahine, puis passe à Raiatea où elle
trouvera hissé l'ancien pavillon national et le saluera de
vingt et un coups de canon.
C'est alors qu'une révolution anti-française grave pour
notre influence se déroule à Raiatea
(Novembre 1880Avril 1881). A peu près à la même époque (Juillet 1881)
la presse néo-zélandaise déchaîne contre notre occupation
des îles Sous-le-Vent, une violente
campagne (15).
Cependant, une réaction favorable à nos intérêts se
«
(15) Paul DFJSCHANEL. Politique Française
562. Note
en
1.
Société des
Études Océaniennes
Oeéanie. Page
—
dessine
Affaires
289
—
France, avec le plus énergique Ministre des
Etrangères, Barthélémy Saint-Hilaire. Celui-ci pro¬
teste
violemment auprès du gouvernement britannique
contre les inadmissibles agissements du Commandant de la
Turquoise ».
en
«
Une
prorogation de six mois en six mois, de notre
protectorat sur ces îles de Raiatea-Tahaa est décidée, en
accord
avec
la
Grande-Bretagne (1880-1884).
Les Cabinets de Paris et de Londres se mettent finale¬
ment d'acaord pour maintenir le pavillon de protectorat
à
Baiatea,
ou
l'on dépêche Mr Chessé, Commandant des
E.F.O.
Les Lieutenants de Vaisseau de Gironde
de
(à Raiatea) et
Kertariguy (à Tahaa), après trois jours de palabres
diverses, réussissent à faire hisser solennellement le pa¬
Protectorat sur ces îles, le 25 Mai 1881 à 8
villon du
heures.
Après la cérémonie,
un
la
grand déjeuner officiel réunit
une grande
Reine, les Chefs, les autorités françaises et
partie de la population.
Cependant:
en
Europe, les pourparlers continuaient entre
au sujet des
deux cabinets français et britanniques,
différentes questions coloniales en suspens.
les
Finalement, la Convention du 10 Novembre 1887 scel¬
l'accord complet de la Grande-Bretagne et de la
France, moyennant certaines concessions mutuelles.
lait
Elle sanctionnait l'annulation de la malheureuse Con¬
de 1847 (JARNAC). Nous consentions à retirer
des Nouvelles-Hébrides nos postes militai es. La souver aine lé de la FRANCE était reconnue sur les Iles Sous-leVent.
vention
En
conséquence de cet accord, le 16 Mars 1888, le Gou¬
Lacascade rédigeait une proclamation par laquelle
il déclarait que les Iles Sous-le-Vent étaient
placées désor¬
mais sous la souveraineté pleine et entière de la France.
Cette proclamation était suivie les 16-17 et 19 Mars
1888 de la prise officielle de
possession par le Gouverneur
de ces îles, au nom de la France.
verneur
Malheureusement, cette action devait susciter — à l'ins¬
tigation d'Allemauds, d'Anglais, d'Américains et de quel-
Société des
Études
Océaniennes
—
290
—
Français, déjà établis dans ces îles, mécontents de ce
changement — des réactions plus ou moins graves.
En particulier- à Raiatea-Tahaa, un nationaliste exalté,
Tera-Hupoo, brandit l'étendard de la révolte et prend le
maquis. « Il s'enfuit dans la vallée d'Avéra avec ses par¬
ques
tisans
»...
Suit
longue période stérile et
une
avec les
Cet état de fait humiliant dure
tions et de
temporisation
décevante de négocia¬
rebelles !
près de dix ans, ac¬
compagné d'avanies multiples pour notre Pa/illon.
Finalement, une expédition militaire est décidée, sous
ie commandement du Commandant Bayle. Elle aboutit,
en deux mois, à la capture de Tera-Hupoo et de ses der¬
niers partisans, le 16 Février 1897. La paix est rétablie
définitivement.
expéditionnaire est dissout le 24 Février 1897.
cette campagne est relaté jour par
jour, par Caillot, dans son ouvrage «Les Polynésiens
Orientaux au contact de la Civilisation», Paris 1909, où
il publie, accompagné de ses commen aires, le journal des
opérations du Commandement Supérieur. Nous y renvoyons
Le corps
Le détail de toute
le lecteur.
Pendant cette
Tahaa :
période flottent simultanément à Raiatea
1) le pavillon français
timents à la
mer
—
corps
expéditionnaire et bâ¬
;
2) le pavillon du Protectorat de Raiatea, chez nos
partisans ;
3) le pavillon ancien de Raiatea chez les dissidents ;
4) épisodiquement, le pavillon de Grands-Bretagne (Tevaitoa 27-1-1896
Opoa janvier 1897 — Tahaa 27 jan¬
vier 1897
Tevaitoa janvier 1897 — Faaroa 13 février
1897).
Finalement, une paix définitive est signée avec la Reine
en juillet 1897. Elle est accompagnée de grandes réjouis¬
sances
populaires.
Au pavillon du Protectorat de Raiatea est substitué le
pavillon tricolore de la Ille République. Il flotte sans
histoire sur ces îles jusqu'à la proclamation de la FranceLibre le 2 septembre 1940, avec apparition concomitante
d'une croix de Lorraine rouge vif dans le losange blanc
—
—
Société des
Études
Océaniennes
—
291
—
du
nouveau pavillon de ce Gouvernement Provisoire, au¬
quel la IVe République substitue, finalement, les trois
couleurs traditionnelles. (1945).
*
*
*
COMMENTAIRES ET PAVILLONS
Aucun pavillon connu. « Revas-Revas ». Confédération
lies avec, vicissitudes diverses. Finalement guerre de
Bora-Bora contre Tahaa. Tahaa soumise à Bora-Bora en
1769.
des
(1)
(2)
(3)
(4)
(5)
Pavillon Britannique de l'époque «Union Jack».
Pavillon rouge sans étoiles. On parle aussi du pa¬
villon tahitien. Aucune précision sur sen pavillon.
Sans doute celui adopté par la suite pour le groupe
Raiatea-Tahaa. Voir ci-dessous époque 1847.
Pavillon du Protectorat français sur Tahiti (?) ou
pavillon français
Pavillon de Raiatea-Tahaa. Cinq bandes horizontales
égales, alternativement blanches et rouges, blanc
supérieur
au rouge
Tentatives de
échouent.
(6)
(7)
(8)
montrer
le
pavillon
Germanique
Pavillon du Protectorat, pavillon de Raiatea, can¬
tonné du yacht tricolore, solennellement arboré
h Raiatea-Tahaa, le 25 Mai 1881
Incident Kertanguy. Rétablissement pavillon ancien.
Salve par Grande-Bretagne (Turquoise)
Réparation solennelle. Pavillon protectorat rétabli
solennellement par L.V. de Gironde et de Kertan¬
guy
(9)
(10)
(11)
(12)
(13)
(14)
Tricolore
Tricolore
Raiatea ancien chez dissidents — Raiatea ( protec¬
torat ) chez nos partisans
Britannique épisodiquement
Tricolore seul
Tricolore à losange blanc. Croix de Lorraine rouge
vif
(15)
Tricolore IVme République.
Société des
Études
Océaniennes
—
292
DE
PAVILLONS
—
RAIATEA-TAHAA
Essai de Tableau
Chronologique
Evénements
Dates
1350
h
Hau Pahu Nui
1769
«
1769
Cook
1820
Confédération des Iles Sous-Ie-Vent
1842
Raialea
1842
Protectorat
»
prend officiellement possession des quatre
(ou cinq) îles qu'il a reconnues.
indépendante
français
1847
Convention de Jarnac : Iles Sous-le-Vent cons¬
tituées de trois Royaumes indépendants dont le
1847
Raiatea-Tahaa
Intrigues Consul U.S.A.
groupe
1858
1880
1881
Intrigues allemandes
1881
Mars.
Proclamation Protectorat Provisoire
réserve ratification Gouvernement. Intrigues
sous
bri¬
tanniques.
1881
Proclamation annexion définitive
Lacascade. Période de troubles.
1888
Mars.
1897
Juillet. Paix définitive.
1940
2 Septembre.
visoire.
1945
Libération... IVe
par
Gr.
France-Libre. Gouvernement Pro¬
République.
(II) HUAHINE
Le
deuxième royaume des Iles Sous-Ie-Vent, compre¬
autrefois, outre l'île principale de Iluahine, MaiaoIti, rattachée administrativement à Tahiti en 1904.
Huahine est une île haute, célèbre par la beauté de ses
nait
sites
splendeur de son lagon. Le romancier Marc
laissé un peu de lui-même, suivi de près
par un jeune officier de marine devenu, par la suite,
officier général.
et
la
Chadourne y a
Société des
Études Océaniennes'
—
L'histoire de ce
celle de Raiatea,
293
—
petit
royaume est très semblable à
cependant quelques légères va¬
riantes. Dans les temps très anciens (1350 à
1769) elle
faisait partie du « Hau Pahu Nui ».
En
ment
juin 1769, Gook la visite et en prend officielle¬
possession, au nom de S.M. Georges III. Elle avait
contracté
tuma
avec
une
alliance
amicale
avec
l'île
voisine
de
Ro-
(16).
Vers 1820, comme la plupart des autres îles de cet ar¬
chipel, elle est englobée dans une Confédération dite des
Iles Sous-le-Vent » ou des Cinq Iles : elle reçoit le
pavillon de la Fédération (rouge à cinq étoiles bleues ou
blanches ).
En 1842, elle est implicitement comprise par Dupetit«
Tliomas, dans les terres relevant du Protectorat de Ta¬
1845, la déclaration de l'Amiral britannique Sir
G. Seymour vient appuyer les revendications autonomistes
de certains insulaires. (17)
hiti. En
Le Commandant Ronard, chargé par l'Amiral Rruat,
d'imposer notre autorité, rencontre h Huahine une ré¬
sistance imprévue et y subit un échec assez sérieux...
(1845). Il est rappelé à Tahiti, en raison des événements
graves qui s'y passent, sans avoir le temps de redresser
notre situation politique.
Les choses demeurent donc en l'état, c'est-à-dire, non
réglées jusqu'en 1847, époque où la Convention Jarnac
résoud la question, en reconnaissant l'indépendance to¬
tale et définitive de Huahine, en fait, toujours gouvernée
par de très proches parents des souverains de Tahiti. On
trouve dans Teuira Henry,
une énumération très com¬
plète de ces divers souverains. (18)
Huahine arbore alors
trois larges
et blanche.
En
un pavillon national constitué de
bandes horizontales égales, blanche, rouge,
1880, le protectorat fiançais n'est
(16) TEUIRA HENRY
TAHITI,
-
(17) Commandant BONARD et
à
tort
certains auteurs.
Le
page
non
pas
129.
Amiral,
Ct BONARD
établi à Hua-
ne
comme
fut
l'écrivent,
Amiral
promu
qu'en 1853 et nommé alors Gouverneur de la Guyane.
(18) TEUIRA HENRY
-
TAHITI,
Société des
Études
pages
255-266-272 à 281.
Océaniennes
—
hine
les
:
doutent
Aux
294
—
indigènes jaloux de leur indépendance, le
re¬
encore.
de
France, les chefs répondent, assez
diplomatiquement, qu'ils sont prêts à accepter le protec¬
torat sous réserve
de l'approbation de la Grande-Bre-i
tagne, qu'ils savent hostile à ce projet. Un navire de
guerre britannique 1' « Osprey » se trouve d'ailleurs sur
avances
la
lieux.
les
Par contre, en
1888, le 21 Mars, l'annexion à la France
proclamée non sans soulever quelques pénibles inci¬
(trois morts dont un officier, plus quatre blessés).
Le pavillon tricolore remplace le vieux pavillon local
jusqu'en 1940. A la FRANCE LIBRE, au pavillon losangé de blanc, chargé de la Croix de Lorraine, rouge,
succède, en 1945 le Tricolore de la IVème République.
y est
dents
*
*
*
PAVILLONS DE HUAI1INE
—
ESSAI
EVENEMENTS
CHRONOLOGIQUE
PAVILLONS
Dates
1350
17
HAU PAI1U NUI
Cook prend officiellement
possession
Huahine
au
nom
Inconnus
(Revas-revas)
UNION JACK de l'époque
de
de
S/M Georges III
1820
Confédération
des
1-
les Sous-le-Vent
Rouge à cinq
étoiles
(bleues ou blanches) ou rou¬
ge à une étoile blanche à 5
branches
184
1842
Pavillon Tahitien
Protectorat
non
effectif
Rouge (sans étoile, dit-on)
puis rouge blanc rouge...
français...
Pavillon du protectorat
Tahiti ou
pavillon trico¬
lore
1845
1846
1847
Déclaration
Lord
SEYMOUR
Troubles. Echecs militaires Ct BONARD
Juin. Convention JARNAC Indépendance au
royaume reconnue
Société des
?
Ct
?
?
Tricolore -Huahine ancien
Trois
bandes
horizon-
taies de largeurs égales,
blanche rouge blanche.
Études
Océaniennes
—
295
PAVILLONS DE HUAHINË
—
—
ESSAI
CHRONOLOGIQUE
( suite )
EVENEMENTS
PAVILLONS
Dates
1881
1888
Le
Protectorat
çais n'est
pas
HUAHINE
21
Mars
-
tion
Proclama-
annexion
France
Fran¬
établi à
a
(troubles
Tricolore
la
lo¬
caux)
1904
Février. Rattachement
administratif de Maiao-Iti
1940
aux
lation
1945
Iles du Vent
(T ahiti)
2 Septembre. InstalLibre
IVème
de
la
France
République
Tricolore. Loïangej blanc
chargé de croix de Lorraine
de gueules
Retour au Tricolore tradi¬
tionnel
(III) BORA-BORA
Ce royaum e
comprenait outre 1 île principale de BORAplus belles de l'Océanie, peut-être la plus
belle, l'île de MAUPITI, subjuguée sous le règne de la
dernière famille royale de BORA-BORA, ve-s 1860, les
atolls de TUPUAI, MOPELIA, SCILLY, BELLINGHAUSEN
(19), et épisodiquement TAHAA (ancienne UPARU), dis¬
putée au cours des siècles entre Raiatea et Bora-Bora.
Nous savons, avec certitude (20), par les récits anciens
que BELLINGHSHAUSEN étcit x isité par la Reine de
BORA-BORA. Cet atoll ava't même reçu d'elle le nom poé¬
tique de « MIRO-MIRO », sorte de bois odorant. On y
expédiait, parfois, les déportés de BORA-BORA.
Pour les autres atolls, les textes sont moins clairs. En
core
faut-il signaler que c'est certainement par inadverBORA. l'une des
(19) TEU1RA (Henry) TAHIT, pige U2.
(20j) ATEA, Sous-le-Vent des Iles, page 142.
Société des
Études
Océaniennes
—
tance
296
—
P. DESCHANEL dit à quelques pages (21) d'in¬
MANU dépendait de HUAHINE, puis
que
tervalle que TUPUAI
de BORA-BORA.
l'occurence, que CHEGARAY
plus précis. TUPUAI MANU relevait, incontestable¬
Nous devons reconnaître, en
est
de HUAHINE. Il y a eu confusion
MOTU1TI (ou TUPUAI). Mais il est cu¬
rieux de constater comme les auteurs se copient mutuelle¬
ment. Même confusion chez PIQUENOT (page 57).
ment
de
de la
nom
couronne
avec
Comme le montre toute leur histoire, les habitants d'e
Bora-Bora étaient essentiellement des guerriers turbulents,
redoutables à leurs voisins, animés de l'esprit de conquête.
Depuis ces temps héroïques leur énergie se serait orientée
(à en croire Alain GERBAULT) vers des sports plus pa¬
cifiques que la guerre franche et joyeuse d'autrefois.
« Hau Pahu Nui», entre
1844, ce petit royaume partage toutes les vicissi¬
tudes de RAIATEA, TAHAA, jusqu'en 1847, date à la¬
quelle il arbore fièrement son pavillon national : Cinq ban¬
des horizontales égales, rouges, blanches et rouges, le rouge
D'abord élément constitutif du
1820 et
au blanc. (En somme les deux pavillons
de BORA-BORA sont complémentaires:
sés ils donneraient le rose intégral.)
supérieur
TEA
et
Nous
ne
superpo¬
relevons, dans l'histoire de ce petit royaume au¬
depuis la prise de pos¬
événement vraiment marquant,
session officielle de C90K, en juin
cun
de RAIA¬
1769.
1876, MAUPITI avait réclamé notre Protectorat, sui¬
vant en cela l'exemple de RAIATEA-TAHAA. Mais BORABORA restait hostile au projet et comme MAUPITI était
une île soumise au Royaume toujours indépendant de BO¬
RA-BORA, protégé par la Convention de 1847, nous
En
n'avions pas
voulu accéder à ce vœu.
1878 et 1879 y avaient été marquées par
quelques troubles suscités par les Allemands (22).
Les
années
Le Comandant du Croiseur
le
protectorat de
«BISMARK» propose même
l'Allemagne. BORA-EORA, les chefs refu¬
sent, faisant valoir malicieusement qu'ils jouissent déjà de
ceux de la France et de la Grande-Bretagne. Un Allemand,
(21) P. DESCHANEL. Politique Française en
(22) BLIN. Voyage en Océanie. Page 223 et
Page 461. Note 1.
Société des
Études
Océaniennes
Océanie. P. 455.
P. DESCIIÀNEL.
—
297
—
un mat de pavillon. Il
les habitants. La Reine de BORA-BORA
s'empresse (le 5 Mai) de prévenir le Gouverneur des E.F.O.
de ces événements regrettables.
En 1880, l'Administrateur CAILLET propose le pro'estorat de la FRANCE : il se heurte à une réponse aussi di¬
plomatique quévasive des chefs locaux, moralement ap¬
puyés dans leur résistance passive par la présence de la
Cannonnière britannique « OSPREY ».
Après l'établissement de notre Protector at sur RAIATEATAHAA, les habitants de BORA-BORA demeuraient assez
anxieux et méfiants. Ils demeuraient jaloux de conserver
leur indépendance. Cependant les négociaions diploma¬
tiques avec la Grande-Bretagne suivaient leur cours.
le sieur NEUFFER dresse à terre
abattu
est
par
de l'accord de LONDRES de 1887, le
Français proclamait l'annexion de BORABORA, le 16 Mars 1888, sans soulever la moindre op¬
position (24).
Le pavillon tricolore remplace le vieux pavillon royal à
A
la
suite
Gouvernement
bandes blanches et rouges
L'histoire
celle
de
de
alternées.
BORA-BORA
HUAHINE,
-
est
désormais
moins les troubles,
-
identique à
marquée, en
plus, d'un incident pittoresque, survenu au cours de la
Grande Guerre (1914-1918), dans une de ses dépendances.
Il s'agit de la création éphémère, en 1917, sur l'atoll
MOPELIA, d'une véritable colonie allemande de marins
naufragés du Corsaire « SEE ADLER », commandé pnr
célèbre Von LUCKNER.
le
A lu suite de
longues croisières dans le Paciiique, ce Cor¬
manquait de combustible et de ravitaillement. Il cher¬
chait donc quelque part un abri temporaire et discret, où il
pût se refaire (25).
Passons la parole à A on LUCKNER :
Nous choisîmes MOPELIA, dans l'archipel de la So¬
ciété. Ces îles du Sud si charmantes qu'elles soient, présensaire
«
(23) Paul DESCHANEL. Politique Française
en
Occanir,
page
524-26.
(24) Paul DESCHANEL. Politique Française
Occanie, p. 558
(25) Cte Félix de LUCKNER. Le dernier corsaire. Payot 1927,
pages 175 et 209.
Société des
Études
en
Océaniennes
—
298
—
n'offrir au marin ni rade ni ancrage.
le 29 juillet, à mesure que nous appro¬
tent l'inconvénient de
L'île fut
chions, il
en
vue
nous
semblait entrer au pays des fées. Précé¬
palmes, les bancs de corail descen¬
dant le salut des hautes
par degré sous les eaux, allumant à chaque profon¬
deur des reflets différents. L'humus fixé sur Recueil cir¬
daient,
culaire avait
formé quatre îlots et une île assez longue,
lagune ronde, profonde et calme, semblable
à quelque étang situé au bout du monde. Mais le court ca¬
nal d'accès était trop étroit pour le « SES ADLER » ; un
fort courant y régnait. Nous fixâmes une ancre sur le banc
de corail, et nous frappâmes une bonne longueur de câble
métallique pour rester à bonne distance de l'île...
entourant
«Nous
la
n'élions
plus que les hôtes en villégiature des
offraient leur charmante MQPELIA, Les
millions d'oiseaux de mer y avaient leurs nids. Les tortues
s'y rassemblaient pour leur ponte. Nous trouvâmes aussi
des poissons en quantité et des porcs abandonnés l'an der¬
nier, et retournés à l'état sauvage, ainsi que trois cana¬
ques, commis par une maison française, à la chasse des tor¬
tues. Nous ne pouvions souhaiter un meilleur lieu de ravi¬
Français qui
taillement...
Un
ras
nous
»
de
marée, le 2 Août, les jette sur le récif. Le
bâtiment est fracassé. Il fallait mettre à l'abri, des vivres
et de l'eau pour une centaine de personnes...
«
C'est ainsi
qu'au milieu des palmes prît naissance la
pavillon monta au haut du
Cécile » notre nouvelle pa¬
dernière colonie Allemande. Le
mât, et nous appelâmes « Ile
trie
».
Ils construisent
un
village
«
SEEADLERDORF
par un de leurs prisonniers, le Capitaine JURGEN
SEN et de sa jolie compagne américaine...
Le 23 Août ils lancent
tiné à
un
», aidés
PETER-
petit canot de six mètres des¬
aller chercher fortune
aux
îles de COOK, ou aux
FIJI «la
de la
Kromprincessinc CECILE», la plus petite unité
Marine Impériale allemande.
LUGKNER
abordent
nalement
s'y embarque avec cinq de ses hommes. Ils
îles de COOK, puis aux FIJI et sont fi¬
arrêtés, et internés en Nouvelle-Zélande.
aux
On peut se demander ce qu'il advint des autres naufra¬
gés de MOPELIA. Un matin, à l'horizon, parut un voilier
Société des
Études
Océaniennes
—
299
—
Français, «le LUTECE». Le second de Von LUCKNER,
KL1NG, captura ce voilier, le rebaptise « FORTUNA ».
Le 5 Septembre 1917 il fait route avec lui, sur l'île
de Pâques, avec le reste de l'équipage du « SEEADLER»
qu'il atteint le 4 Octobre. Il s'éventre sur un récif in¬
connu, non porté sur les cartes. Les Allemands vivent avec
les indigènes qui leur offrent l'hospitalité la plus généreuse.
La goélette « FALCON » les rapatrie au Chili, quatre
après, donc au début de Février 1918.
sont pris en charge par la colonie allemande du CHI¬
LI, et rentrent en Allemagne en 1919.
Quant
à Von LUCKNER, il réussit à s'évader de
mois
Ils
Nouvelle
Zélande
Décembre
en
1917,
avec
une
certaine
Arrêtés par le croiseur auxiliaire « I« MOA
B1S », au large de Kermadec il est interné à AUCKLAND,
mis en prison à MOUNT EDEN, puis transféré à LITTLETON, dans l'île Sud, au fort Jervis bâti autrefois,
goélette
dit-il,
».
«
contre les Russes ».
en Allemagne,
triomphalement.
Il rentre
cueilli
en
Juillet 1919, et
y
est ac¬
PAVILLONS DU ROYAUME DE BORA-BORA
CHRONOLOGIQUE
ESSAI
PAVILLONS
EVENEMENTS
Dates
1350
Conlédération du Hau
Pahu Nui
Rêvas Rcvas inconnus
17G9
Prise
de possession
officielle par Cook au
nom de S. M. Georges
III
Union Jack de l'époque
1820
Confédération
I-
des
cinq
étoiles
blanches;
ou rouge
Rouge
bleues
les Sous-lc-Vent
ou
â
à étoile blanche à 5 branches
1840
1842
1844
Protectorat
Français
Tahitien
yacht
ou
sur bateau
PHAETON »
Ct Maissin
à feu
«
Société des
Études Océaniennes
Tricolore,
avec
—
300
—
PAVILLONS DU ROYAUME DE
ESSAI
BORA-BORA
CHRONOLOGIQUE
( suite)
Dates
PAVILLONS
EVENEMENTS
1847
Convention
Jarnac
indépendance
recon-
nue
1875
Pavillon National BB. Cinq
:
bandes horizontales rouges
et
blanches alternées, le
ge
supérieur
au
rou¬
blanc
Soiliy. Allemands
Aux
troubles
provoquent
(voir Bulletin
223)
locaux
1881
ou
page
Convention de Londres
1882
1888
Tricolore
Annexion France, sans
contestation
aucune
1917
A
fragés
«
Pavillon allemand. Durée
Mopelia, seulement,
marins
allemands
un
mois environ
Corsaire
du
SEEADLER
nau-
»
créent
temporaire
(30 juillet-5 Septembre
une
colonie
1917)
1940
2 Septembre FRANCE
LIBRE.
Pendant
la
Tricolore à losange blanc
chargé d'une croix de Lor-
guerre du
Pacifique raine
BORA-BORA
utilisée USA
comme Base d'aviaTon
par
1945
rouge vif (gueules).
(?) épisodiquement
les U.S.A.
Retour
IVème
Repu-
Tricolore
blique
CONCLUSIONS
Hauts lieux historiques, centres religieux vénérés, terres
sacrées, d'abord, pour tous les Maoris, puis pour les Océanistes fervents, en raison de leurs ruines, restes précieux
d'un passé révolu, ces îles offrent encore, à la France, les
avantages de leurs excellents mouillages, de leurs plans
Société des
Études
Océaniennes
—
301
—
superbes et de leurs productions naturelles, facteurs
négligeables, dans l'économie des E F.O. :
toutes les îles, vanille de certaines, nacres, principale¬
d'eau
non
de
coprah
Bellingshausen, poissons savoureux
de pêche, et véritables viviers na¬
les insulaires-
de Scilly et de
lagons — réserves
ment
des
turels pour
Terres
aëdes
servi de thème h des
Gook, Ellis, Williams,
Huguenin, Caillot, Brunnel, etc... Plus
enchanteresses, elles ont
très différente :
de valeur
Ârbousset, Loti,
près de nous, Dorsenne,
lare t, Atea, ont, sur des
Le peintre
certainement, lui
rites.
Chadourne, Alain Gerbault, Vilmodes divers, chanté leurs mé¬
Morillot, ancien officier de marine, a,
aussi, été
inspiré, dans son oeuvre
ginale, par leur étrange beauté.
Quelques voyageurs n'ont pu résister
ori¬
à leur appel pre¬
nant.
Sans
vouloir remonter au
delà du Maltais
Mi quel De-
d'un siècle, par les doux
pourrions, assez facile¬
ment, citer le regretté Ropiteau, également citoyen d'hon¬
de Maupiti, toujours revenu au cours de ses er¬
lano, fixé à Maupiti, il y a près
liens d'un heureux hymen, nous
neur
peintre
Chadourne
solennellement
périodiques, vers sa terre d'élection ; le
nommé, fixé à Raiatea où il est mort ;
puis les littérateurs Segalen, Dorsenne et
;
plus récemment encore, Alain Gerbault,
inhumé à Bora-Bora ; Villaret, l'auteur du « Grand Man¬
geur de Nuages », Chegaray enfin, modestement
Atea » ( Immensité ).
Des marins devenus célèbres depuis l'Amiral Aube (26),
jusqu'à l'Amiral Decoux, en passant par les Comman¬
dants Bayle et Chocheprat, eux aussi, rapidement promus
rances
Morillot, déjà
surnommé
«
précieux.
l'Amiralat, y ont recueillis des souvenirs
Certains de leurs très brillants satellites en auraient
me laissé
: confondant un peu, dans leur ardeur
«maraamu» des Mers du Sud, et alizés des Caraïbes,
auraient, dit-on, succombé aux philtres de
«va¬
hinés» : elles se seraient d'ailleurs révélées, après
d'une origine très pure... mais antillaise !
à
mê¬
juvénile
ils
fascinantes
enquête,
Autant que
(26) Amiral
les Samoas
illustrées par un livre fameux
AUBE. Entre deux campagner, page
Société des
Études
Océaniennes
188.
de
—
Somerset
Maughan,
302
—
doute les îles Sous-le-Vent de
le titre
déjà consacré « d'archipel aux Sirènes ».
Les îles Sous-le-Vent forment, en définitive, le
complé¬
ment naturel,
historique et géographique de Tahiti : elles
devaient donc, en bonne logique, s'étonner de ce
que ces
archipels océaniens, aient été, au cours du XIXème siècle,
sans
Tahiti mériteraient-elles de partager avec ce
groupe
souvent si
arbitrairement
découp's.
très bien, en effet, pourquoi les îles de
Cook (27) si proches de toutes manières, ou même les
lointaines Tonga, ou notre présence est déjà si ancienne,
ou
encore Rotuma, unies dans le
passé, par tant de liens
puissants à « Raiatea la Sacrée » ne font plus partie du
Hau Pahu Nui » des temps immémoriaux.
Mais ceci, sens aucun doute, est une autre histoire...
Quoi qu'il en soit, bornons nous à constater que la
succession des pavillons de cet archipel reflète —- une
fois de plus. — très fidèlement le
proche passé de ce
groupe d'îles, où les questions de pavillons jouent un
On
ne
voit pas
«
rôle essentiel.
Dispersées au cours du XIXe siècle entre les grandes
puissances maritimes de l'époque : Grande-Bretagne, Fran¬
ce, Etats-Unis, Allemagne, postérieurement aux Iles-duVent, elles ont encore joui de leur indépendance natio¬
nale ; protégées par la convention de Jarnac, de 1847
à 1880, elles arborent leurs
pavillons royaux, diverse¬
ment rayés de
rouge et de blanc.
Puis par la force des choses, à la lutte d'accords
passés entre la Grande-Bretagne et la France ( Convention
de Londres de 1881) elles sont peu à peu rattachées à
l'empire colonial français entre 1880 et 1897...
Le « yacht » tricolore cantonnant, d'abord, assez mo¬
destement, certains de leurs pavillons nationaux, s'am¬
plifie à l'intérieur de ceux-ci : il finit même par se muer
intégralement en ces glorieuses trois couleurs, qui, comme
l'avait déjà rappelé en 1848 un poète fameux, ont, ici
du
moins, véritablement bien fait le
Gdt.
Membre
tour du monde.
J.
GOTTEZ
correspondant de la S.E.O.
(27) Paul DESCHANEL, page 8, Note «Archipel de COOK,
sous notre indépendance,
mais située dans notre sphère
encore
d'action
».
Société des
Études
Océaniennes
—
303
—
ANNEXE
I
ï) Document d'Octobre 1845 de FAAITA (1)
1820 (?) à l'avènement de Tapoa, pour la première fois
pavillon fut hissé à Borabora le même que celui de Tahiti,
Il portait, en plus, trois étoiles, signe de ces terres rangées
sous
le gouvernement de Faanui : Maupiti, Maupihaa, Mootu.
Ce pavillon fut hissé de nouveau, lorsque Pomare aborda à
Borabora, lors de son voyage aux îles Sous-le-Vent (1840-1841).
J'ai su, également, qu'à cette époque, le pavillon de Tahiti,
avait été hissé à Huahiae et à Raiatea, mais il n'y avait pas
d'étoile dans ces deux pavillons.
Vers
le
II) Document du 1er Octobre 1845
l'époque à laquelle le pavillon fut hissé, c'est alors que
Tapoa fut nommé roi. Il y a cinq étoiles dans ce pavillon,
comme
il y a cinq îles (dans cette confédération) : Bora-Bora,
Toopua, Tupai, Maupiti, Maupihaa.
Voici l'époque à laquelle il fut abandonné : c'est lorsqu'arriva notre protecteur, qui est le capitaine Messin (2), du bâti¬
ment à feu le « Phaéton », au nom du Gouvernement des terres
Voilà
françaises.
III) Document fourni par TEFAAORA sur
Iles SouS"Ic»Vent
la Gouvcr lement des
(3).
d'une lutte entre Bora-Bora et les autres îles alliées
celles-ci triomphèrent. Tapoa est nommé roi. Puis
Aimata bénéficie du « humaha puaa » (cuisse de porc). Toutes
les terres se tournèrent alors vers Aimata (Maupiti, Bora-Bora,
Tahaa, Pluahine, Maiao-Iti et Moorea).
A la suite
à
Tahiti,
Raiatea, seule, resta indépendante...
Tamatoa renversa Aimata et rendit les terres à ceux qui les
détenaient
anciennement...
(1) Commumqué
par
M. Rey-Lescure, le 8 juin 1949.
correspondant veut bien rappeler qu'il existe
à Papeete, au Musée, un drapeau tahitien d'avant le Protectorat.
Il est rouge avec une étoile blanche dans le coin supérieur à
gauche ». L'étoile signifie probablement Moorea. Voir aussi Bul¬
letins S.E.O.... Les documents précédents ont paru dans le Bul¬
Notre
aimable
«
letin S.E.O, No 97.
(2) Messin-Maissin, Ct du « Phaéton » (1844-1846) environ.
(3) Bulletin S.E.O. No 97 Décembre 1951 : voir aussi pages
304 308, 310. Il est question des pavillons, arborés à la mer,
par les navires.
Société des
Études Océaniennes
304
—
—
ANNEXE
TAPUAE-MANU
II
et
TUPAI
Explication d'une double confusion.
Paul
DESCHANEL
p.
442 et 455
PIQUENOT.
A) DESCHANEL
442: L
p
=
17» 40 ' S. G
=
152 » 56 1 0
.
I) TAPUAE-MANU, (ou TUPUAI-MANU)
200 habitants ;
facile à reconnaître à deux collines, dont l'une a
l'île, petite passe pour em¬
Elle n'a aucune importance. Elle dépend de HUAHINE
40 mètres d'élévation. Dans le Sud de
barcation
(1884).
—
p.
Les îles de MOTU
455
:
ITï, MAUPITI et TAPUAE-MANU dépendent
de BORA-BORA.
V) MOTU-ITI, L = 16 0 15 ' S.
Cette île
à
est
10 milles de
G
=
154° 08 ' Ot.
BORA-BORA, c'est
un
récif
sans
et couvert de quelques îlots boisés. Elle ne contient pas
d'habitants permanents. Les gens de BORA-BORA y vont pêcher,
passe
et
recueillir les
cocos.
B.) PIQUENOT
:
57.
p.
Ce que DESCHANEL ne dit pas c'est que MOTU ITI s'appelle
aussi « TUPUAÏ » (ou TUBUAI), d'où la confusion avec TUPUAIMANU.
Cette affirmation est confirmée par
la carte liminaire du livre
d'ATEA.
Voir ATEA
Sous
«
le vent
de TAHITI
ANNEXE
».
Paris 1952.
III
PAVILLONS DU IIAU-PAHU-NUI
Voir notre article Bulletin S.E.O. n° 90 consacré
aux
Pavillons
de TAHITI.
Entre
1816
et
1827
environ, POMARE, après la conclusion
de TAIARAPU, faite avec le concours des
guerriers des Iles Sous-lc-Vent, alla visiter cet archipel.
heureuse de la guerre
Celui-ci reçut alors
le pavillon de TAHITI.
Société des
Études
Océaniennes
305
—
—
des indigènes sur la description
divergents. (1)
Les souvenirs
sont
assez
de
ce
pavillon
de
d'étoiles, (blanches ?)
représentant les îles dépendant de BORA-BORA.
2e— Pour d'autres (HUAHINE, RAIATEA) c'était le pavillon
de TAHITI, sans étoiles, ou plutôt sans adjonction d'étoiles.
Ces déclarations sembleraient pouvoir se concilier de la manière
suivante : on ne peut être sûr de l'exactitude absolue de la tra¬
duction des paroles des déclarants de l'enquête 1845-1847. Au
cas où l'on pourrait
interpréter « étailes à cinq branches », au
de
cinq étoiles », le problème serait résolu.
1°— Pour
les
gens
de BORA-BORA, c'était le pavillon
TAHITI, accompagné d'un certain nombre
«
ANNEXE
IV
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
BANKS. Relation du
Voyage de WALLIS
BAJOT. 1° et 2ème voyages
découvertes.
PARIS 1774
PARIS 1836.
Tahitiens, temps anciens. PARIS
TEUÏRA Henry.
ELLIS.
—
de COOK. Abrégé de l'histoire des
1951.
Polynesian Researches. LONDON 1839
(John). A Narrative of Missi^nary Entreprises...
WILLIAMS
NEW-YORK 1838.
Tahiti
AREOUSSET.
Ct.
tour
et
îles
environnantes.
Henry de MENTIION. Vingt deux
monde. PARIS 1900
PARIS 1864
mois de campagne au¬
du
Tahiti
ARBOUSSET.
et
îles
environnantes.
HUGUENIN, Raiatea la Sacrée.
NEUCHATEL 1912
Polynésiens orientaux
CAILLOT. Les
PARIS 1864
au
contact de la civilisa-
lion. PARIS 1900
(1) Le premier pavillon de TAHITI était rouge
5 branches (1815-1827).
cantonné d'une
étoile blanche à
pavillon fut substitué le pavillon à trois ban¬
égales, rouge, blanche et rouge, «sans étoiles»,
C'est sans doute ce dernier pavillon qui a été arboré à HUA¬
HINE et à RAIATEA (comme aussi aux Tuamotus vers la même
époque- 1840, 1843, 1844,- avec pourtant yacht tricolore,
à partir de 1843.
Vers
1827, à
ce
des horizontales
Société des
Études
Océaniennes
—
306
—
BRUNEL. Aux îles Sous-le-Vent. PARIS 1906
ATEA. Sous le
BLIN.
Voyage
LOTI. Le
vent
en
de Tahiti.
PARIS
1953
Océanie, LE MANS 1881
mariage de Loti
ou
Rarahu. PARIS 1890
SEGALEN. Les Immémoriaux. PARIS 1920
DORSENNE.
Passion.
PARIS
1920-1930
PIQUENOT. Etablissements français d'Océaaie. PARIS 1884
HAURIGQT. Petites colonies. PARIS 1881
?
HENRIQUE. Colonies françaises. PARIS 1884 ?
Amiral AUBE.
Entre deux
Amiral DECOUX.
Alain
campagne;.
PARIS
Sillages dans les Mers du Sud.
PARIS 1953
GERBAULT. Les Iles du Paradis. PARIS
ALBARAN. Mon ami Alain Gerbault. PARIS
1951
1952
Mr REY-LESCURE. Lettre du 2 Juin. 1949
Gouverneur des E.F.O. Lettre du 5 Février
signée
Général p.i. » 1954
Secrétaire
Qulletins S.E.O.
:
Diverss
Société des
en
particulier 76 et 97.
Études
Océaniennes
«
DIFFRE
—
307
—
M'sr
Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 108