B98735210103_106.pdf
- Texte
-
Anthropologie
Histoire
—
des
—
Ethnologie
Institutions
et
—
Philologi
Antiquités/
populations maories.
Littérature et Folklore.
Astronomie
—
APEETE.
Océanographie
—
Sciences naturelles
IMPRIMERIE DU GO
Société des
/
/
Études Océaniennes
D'À DMIN IS TRATION
CON SEUL
Président
M. H. [aCQU1.BR.
M. Rey-LeSCURE.
Melle LAGUES'SE.^' '
•
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Vice-Président
Secrétaire-Archiviste
Trésorier
.i,
.
Assesseur
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•
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M. A. BONNO.
ivi. le Ce Ài1 P cucCjxiSeb
M. Terai B-4LDIN.
•
..
Assesseur
,
M. Martial Ioiîss
M. Siméon Krauser.
Assesseur
Assesseur
.
Secretaire-Bibliothécaire du Musée MUe Natua.
Pour être reçu Membre
"
membre titulaire.
*
'
,
•
de la Société se faire présenter par
s.
un
1
BlE&iOTIE
Le Bureau de la Société i:
sormais ils peuvent emporte!
la
ir j . '1 Jr tains livres de
signant une reconnaissance de dette1 en
rendraient pas le livre emprunté à la date
Bibliothèque
cas
où ils
ne
iis que dé¬
:
en
fixée.
présentera la formule à signer.
Bibliothèque est ouverte aux membres de la Société
leurs invités tousles jours, de 14 à 17 heures, sauf le
Le Bibliothécaire
La
et à
Dimanche.
La salle de lecture est ouverte au
de 14
à
17
public tous les jours
heures
MUSEE.
M
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à
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17 h.
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sauf ijs; lundi de 14 à 17 h.
: >s courriers ; de 9 à 11 et de 14
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yS^V'..-. s; yy,
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LE BULLETIN
,
Le Bureau de la Société accepte l'impression de tous les articles
qui paraissent dans le Bulletin mais cela n'implique pas qu'il
epouse les théories qui y sont exposées, ou qu'il tait sien les
commentaires et les assertions des divers auteurs qui, seuls, en
prennent toute la responsabilité.
Auxfecteurs de former leur appréciation.
Le Buiietin
ne
fait pas
de publicité.
! a
-ÇA.
ocA'té des
Ifl
Études'
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iRédact!'}*
.
ARRIVÉ
LE
23 OCT 196
SOCIETE
fTREMEHTSl
(POLYNESIE ORIENTALE)
TOME IX
1\
o
1 « 9fî.—
(No 5)
M A II S
1954
Pages
Compte-rendu de l'Assemblée Générale du
mars
9
191
1954
Art.
La vie de
Gauguin aux Marquises, par Le Bron198
nec
Géographie Musicale.
Enquête de Géographie musicale aux Iles Mar¬
quises et à Samoa, par G. de Gironcourt
212
Folklore.
La femme
fleur, par A. Massainoff
Société des
Études Océaniennes
224
Société des
Études
Océaniennes
SïMMMMMMPfè
lEJi
COMPTE-RENDU
de l'Assemblée Générale du 9 mars
1954.
La séance est ouverte à 17 h. 15. Etaient présents
parmi les membres du Conseil
M. Jacquier, Président
M. Rey-Lescure, Vice-Président,
Mlle J. Laguesse, Secrétaire,
M. Liauzun, Trésorier,
M. Martial Iorss, Assesseur,
M. Siméon Krauser, Assesseur.
Absents : le Cdt. Peaucellier, en voyage
Mr Terai Bredin.
Monsieur le Gouverneur n'ayant pu assister à l'as¬
semblée se fait représenter par M. Rouvin. 30 mem¬
bres sont présents, parmi lesquels M. N. Ilari, Prési¬
dent de l'Assemblée Territoriale.
Le Président
son
ouvre
la séance et donne lecture de
rapport.
Mesdames, Messieurs
Je viens, à l'occasion de l'Assemblée Générale vous
rendre compte ce soir de l'activité de notre Société
durant l'année écoulée et, en même temps soumettre
certains projets et certaines idées à votre apprécia¬
tion.
L'ordre du jour étant assez important et les discus¬
sions risquant d'être un peu longues, j'entrerai dès
maintenant dans le vif du sujet.
quelques instants, notre trésorier M. Liauzun
la situation financière ainsi que le pro¬
jet de budget pour 1954.
Je dois vous dire que, pour cette année nous avons
dû demander un supplément de subvention de 50.000
frs la portant ainsi de 100.000 à 150.000 Fr,s. En
effet, malgré notre volonté de ne pas augmenter nos
dépenses et malgré l'esprit de dévouement de notre
bibliothécaire Mlle Natua il devenait impossible de
Dans
vous
exposera
Société des
Études Océaniennes
t
—
192
—
continuer à lui verser des appointements mensuels
de 5.000 Frs nous. avonis cru bon de les porter à 7.000
Frs et je ine pense pas que vous désavouerez notre dé¬
cision.
L'achat d'une nouvelle machine à écrire s'impose
également et, isi l'on rappelle que ; dans notre en¬
caisse du 1er janvier 1953, il fallait déduire 30.000 Frs
versés par la Commission du Pacifique Sud pour des
travaux archéologiques, on verra que nous ne pou¬
vions rien faire de mieux que de solliciter ces 50.000
Frs supplémentaires.
Après une assez longue discussion l'Assemblée a
voté et le Gouvernement a accepté de payer ce sup¬
plément — Qu'ils trouvent ici l'expression de tous
nos
remerciements.
cependant que, si nous avons bénéficié
majorité pour cette décision, l'unanimité sur ce
point de vue fut loin d'être réalisée par les membres
de l'Assemblée et même par le Gouvernement — cer¬
tains membres émirent des doutes sur l'utilité de no¬
tre Société et le Représentant du Gouvernement fit
remarquer que nous étions dans une proportion de
90o/o à la charge du territoire.
Il s'avère
de la
nous plaçons au point de vue éducatif qui
spécialement dévolu je ne pense pas qu'on
puisse nous demander d'être une entreprise rentable
dans un avenir immédiat tout au moins, mais, d'un
point de vue éminemment pratique et réaliste je ne
crois pas que la charge que nous imposons au terri¬
toire soit sans compensation pour lui. Le nombre des
étrangers qui demandent à visiter le Musée nous en
donne une idée et si, le bâtiment actuel était dans un
Si
nous
nous
est
meilleur état de
présentation
on
s'apercevrait aisé¬
le Musée représente au point de vue tou¬
ristique un élément essentiel.
ment que
entreprise, comme la reconstruction du Marae
accomplie sous le contrôle de notre Société,
et sur laquelle nous reviendrons plus loin ne consti¬
tue pas uniquement à mes y eux — croyez-le bien.—
une réalisation intéressante d'érudit ou de dilletante—
mais également l'accomplissement d'une tâche édu¬
cative ainsi que la certitude d'avoir ajouté quelque
Une
de Paea
Société des
Études Océaniennes
—
chose
193
—
d'appréciable malgré tout au patrimoine du
territoire.
Si
que
j'insiste sur ce point c'est que je me suis aperçu
certains nous représentions assez exacte¬
pour
—
éclairés il est vrai
collectionnant de vieilles pierres discutant sur les
mœurs du passé et demandant en fin de compte une
subvention.
ment une assemblée d'amateurs
—
Je pense d'ailleurs que dans un pays aussi petit
que le nôtre une société n'est guère viable si elle
se maintient seulement sur 1111 plan unique spécialisé.
11 lui faut s'intégrer dans la vie ordinaire, intéresser
possible les différentes couches de lu po¬
pulation, prêter son concours compétent dans la vie
pratique enfin bref se rendre utile.
autant que
Notre Société peut remplir ces différents rôles,
scientifique et spéculative par son essence elle doit
se montrer éducative pour beaucoup de Tahitiens et
d'habitants des îles désirant connaître leur passé.
Mais son concours sera toujours précieux lorsqu'il
s'agira aussi bien d'art indigène que de manifestations
folkloriques ou de reconstitution historique — et de
ce côté il est à souhaiter qu'elle travaille en liaison
étroite
avec
le Syndicat d'Initiative.
Certes, l'écueil que nous rencontrons toujours pour
beaucoup de ces réalisations est l'absence de bâtiment
ou plus exactement son état de vétusté qui le rend
impropre à toute réunion. J'aborde ici cette éternelle
question particulièrement épineuse du musée.
réunion, le bureau, après étude,
pensé que le bâtiment appartenant au Gouver¬
nement et celui-ci 11e prévoyant pas sa réfection mê¬
me dans un avenir éloigné, il y aurait intérêt pour la
Au
avait
cours
d'une
Société d'en demander
la cession
ou
la location de
principe pour une très longue durée. Cette solution
permettrait à la Société d'être logée dans son bâti¬
ment, ce qui n'est pas le cas actuel, et lui offrirait
l'avantage de recevoir des dons et même de provoquer
une sou serin l ion. oublia 11e pour l'édification de nou¬
veaux
bâtiments.
C'est dans cet
esprit
Société des
que
le
me
suis permis de sou-
Études Océaniennes
—
194
—
idée au Gouvernement. L'Assemblée a
projet et, à la lecture des procès-verbaux,
j'ai pu me rendre compte que le Gouvernement et
l'Assemblée elle-même étaient favorables à cette, solu¬
tion. Cependant aucune lettre officielle n'est venue
me le confirmer. Je voudrais pourtant que dès ce soir
nous pensions envisager les modalités qui nous per¬
mettrait d'ouvrir une souscription publique. C'est je
crois le moyen qui nous permettra de recueillir des
dons substantiels car ils nous seront nécessaires.
cette
mettre
discuté le
ayant des ressources modestes
déjà promis de nous aider dans la mesure de
leurs moyens ce qui m'a infiniment touché, un en¬
trepreneur m'a déclaré qu'il pourrait faire effectuer
les travaux sans prélever de bénéfices, tout cela est
encourageant bien entendu, mais je ne me fais pas
trop d'illusions, il nous faudra un ou plusieurs mé¬
Plusieurs personnes
ont
cènes
pour
nous
permettre de réunir les millions
nécessaires.
profite ici pour rendre hommage à la mémoire
il y a deux mois
partant m'avait
déclaré qu'il comptait bien ouvrir la liste des sous¬
criptions, à son retour en nous offrant un terrain
d'une belle valeur marchande,"la mort 11c lui a pas
donné le temps de réaliser son généreux projet.
Et puisque nous sommes sur le sujet des réalisa¬
tions matérielles permettez-moi de vous dire quelques
mots de la réfection du « marae » Arahurahu à Paea.
J'en ai donné un compte rendu dans le bulletin et
un
autre dans les Nouvelles Tahi tiennes.
Actuellement les travaux approchent de leur fin.
Comme vous le savez la subvention de 30.000 Frs ac¬
cordée par la Commission du Pacifique Sud étant
insuffisante c'est le Syndicat d'Initiative en accord
avec nous qui a pris en charge le reste des travaux
à exécuter grâce au chapitre spécial qu'il dispose à
Je
d'un de nos membres à vie décédé
au
Pérou : M. Lewis Hirshon, en
cet effet.
Je
remercie
particulièrement le propriétaire des
lieux : M. René Passard qui non seulement nous a
faciliter considérablement la tâche mais nous a aidé
de
son
expérience et de ses conseils.— Ensuite le
Société des
Études
Océaniennes
—
195
—
Commandant du détachement
qui
d'Infanterie coloniale
déjà mis deux fois ses hommes à notre disposi¬
tion et qui compte nous les envoyer encore la semai¬
ne
prochaine afin de tracer une route carrossable
permettant de relier le « marae » à la route de cein¬
ture. Ce sera la première fois qu'un monument pareil
aura été refait en Océanie et si plusieurs y ont colla¬
a
boré c'est à la Société d'Etudes Océaniennes qiue re¬
vient le mérite d'en avoir eu l'idée et de l'avoir réa¬
lisée. Le Territoire ne pourra que tirer profit d'un
lieu
d'attraction
et le
simple public lui-même.
Au
sujet de
intéressant
ce marae
l'ethnologue, le touriste
j'ai pensé qu'il serait utile de
tradition de la Société des .Etudes
Océaniennes abandonnée voici bientôt quinze ans, je
renouer
avec une
veux parler de la fête du folklore. Cette fête à la¬
quelle j'ai assisté autrefois lorsque j'étais jeune offi¬
cier du Service de Santé m'a toujours semblé excel¬
lente pour réunir les membres dans une atmosphère
plus agréable tout de même et plus cordiale que celle
d'une Assemblée générale. L'occasion nous en est
offerte par la presentation de ce monument. Certes
bien des choses ont changé depuis quinze ans et je
ne sais si le «Tamaaraa»
traditionnel serait chose
possible mais on pourrait penser par exemple à une
reconstitution historique. Nous pourrions nous réser¬
ver d'accord avec le propriétaire des lieux l'exclu¬
sivité de la vente des photos ce qui nous permettrait
d'augmenter nos recettes. On pourrait de même profi¬
ter du mois de Juillet pour situer cette fête qui nous
amènerait pas mal de visiteurs. Je soumets toutes ces
idées à votre appréciation et je vomirais si possible
que des personnes compétentes et dévouées nous ai¬
dent, car j'estime que l'activité de notre Société ne
doit pas être réduite uniquement à celle des membres
du bureau.
Toujours dans le domaine des réalisations mais
un ordre différent d'idées, i'ai fait part au bu¬
reau d'un projet auquel j'ai pensé il y a longtemps.
Il consisterait à élever à Hitiaa en face de l'endroit
où mouillèrent les vaisseaux de Bougainville, c'est-àdire tout près de l'église une plaque commémorative
ou un monument modeste rappelant le passage du
dans
Société des
Études
Océaniennes
—
196
—
grand navigateur français de même qu'il en existe
un rappelant à la pointe Vénus le passage du Capi¬
taine Cook.
Une
entreprise de Marseille nous a soumis trois
devis dont l'un a été retenu par le bureau. Vous pou¬
vez voir sur la table les échantillons de pierres qui
entreront dans sa composition. Le monument démon¬
quai de Marseille pour la somme
M. Oaroure, direc¬
teur de la Compagnie des Messageries Maritimes nous
a fait savoir par M. d'Àrcimoles que isa compagnie
accepterait le transport gratuit du monument., et je
le remercie ici pour sa généreuse proposition.
té serait livré sur le
CFP. D'autre part
de 68.000 Frs
nous
Gouverneur d'autre part m'a .fait savoir qu'il
autorisait à ouvrir une souscription publique
pour
trouver cette somme en mettant
Le
à notre dispo¬
sition les services de la station locale de radio pour
informer le public. Là aussi comme vous le voyez il
ne nous reste plus qu'à trouver les fonds nécessaires,
ceux-ci fort heureusement sont relativement modeistes.
je l'espère je
proposerai de bien vouloir nommer un comité
qui serait chargé de l'exécution du projet.
En ce qui concerne notre bibliothèque je dois vous
dire qu'elle is'est augmentée dernièrement d'un fonds
appréciable. Ce sont les archives du gouvernement,
en
l'espèce les dépêches ministérielles des années
1843-44-45-46-47-48 et 49 au total 7 années repré¬
Si cette idée
vous
intéresse
comme
vous
sentant 20 volumes reliés
détériorés par les insectes
dont certains sont assez
mais dont les documents
sont en général en fort bon état.
En nous les remettant, le Gouverneur a fait certai¬
nes réserves très compréhensibles lorsqu'il s'agit d'ar¬
chives de ce genre ; elles sont sous la garde et la res¬
ponsabilité du Président qui doit conserver par de¬
vers lui la clef de l'armoire et elles ne peuvent être
consultées que par des personnes agréées par le Gou¬
verneur. Je remercie ici particulièrement le Gouver¬
neur
pour la confiance qu'il nous a marqué en
la circonstance.
Pour terminer
attention
sur
je voudrais Messieurs, attirer votre
et la nécessité qu'il y aurait
l'utilité
Société des
Études
Océaniennes
—
197
—
prosélytisme autour de nous. Trop de per¬
qui pourraient et qui devraient faire partie de
notre Société, s'en désintéressent par égoïsme ou par
nonchalance. Que chacun de nous essaie dans l'année
d'amener cinq nouveaux membres — ce qui est pos¬
sible
et nous gagnerons avec un plus grand nom¬
bre de sociétaires plus de poids et plus de considéra¬
tions auprès du gouvernement et de l'Assemblée Ter¬
à faire du
sonnes
—
ritoriale.
représentant du gouvernement a dit,en substan¬
des sociétés comme la
nôtre devraient enfin méditer le vieux dicton « aidetoi et le ciel t'aidera». Je crains fort que nous ne
puissions dans un avenir proche vivre de nos pro¬
Le
ce
à la dernière assemblée que
le
pres ressources, mais je suis persuadé que par
nombre de nos adhérents nous pourrions prouver no¬
tre vitalité et surtout notre utilité.
je vous remercie d'être ve¬
soir, et avant de passer à la discussion de
différents projets, je vous prie d'écouter le rapport
financier de notre trésorier.
Mesdames et Messieurs,
nus
ce
Le Trésorier expose
ensuite la situation financière
cpii se résume ainsi :
Recettes : 137.608,
Dépenses
Faisant ressortir un excédent
35.297
:
172.906
de dépenses de frs
prélevé sur le fonds de réserves.
au 31-12-53 : frs 87.497.
A notre crédit
à la B.I.C.
Il est procédé ensuite à l'examen des différents
points de l'ordre du jour. L'assemblée ratifie à l'una¬
nimité l'élection de M. Liauzun au poste de Trésorier.
La séance est levée à 18 h. 30.
Société des
Études
Océaniennes
—
198
—
LA VIE DE GAUGUIN AUX ILES MARQUISES
(Depuis
son
arrivée
en
1901 jusquà
sa
mort
en
1903).
GAUGUIN est
1903. 11 y a plus
décédé à Atuona (Hiva-Oa) le 8 mai
d'un demi siècle que quelques amis fran¬
çais et marquisiens l'ont conduit, un matin, à ce champ
de repos qui domine la haie des Traîtres, on a beaucoup
écrit
sur
ses
dernières années et surtout des inexactitudes.
Fresque tous les écrivains
avec
une
couronne
de la
de
basant
se
Montfreid,
se
sur
la correspondance
sont évertués à lui tresser
souffrant
les gendarmes, Gauguin,
martyr : Gauguin misérable,
faim, Gauguin persécuté
par
abandonné de tous.
mourant
11
ami de
son
beaucoup d'exagération, on sait que dans ses
lettres, Gauguin savait habilement farder la vérité en se
plaignant sans cesse : manque de peintures, de toiles, dé¬
mêlés avec les gendarmes, les prêtres et surtout demandes
d'argent dont il est, selon lui, constamment démuni.
y
a
Dernièrement la Revue de Paris
(février 1953) a publié
qui a retrouvé les livres de
compte de 1901 à 1903 de la factorerie allemande S.C.O.
aux
îles Marquises. Ces comptes montrent que
Gauguin
était bien pourvu d'argent car il pouvait dépenser
plus
un
article
du
Dr
\ illaret
d'un million de notre monnaie actuelle par an.
Ces mêmes comptes ont montré au Dr Villaret que
Gau¬
fait à la S.C.O. d'importants achats de vin, de
rhum et d'absinthe (il en donne le détail), il conclut que
le peintre est mort des suites d'alcoolisme.
L'auteur de ces lignes qui est aux Marquises depuis 43
tins, n'a pas connu Gauguin, n'étant arrivé à Atuona qu'en
1910, sept ans après son décès. A cette époque son sou¬
venir était encore très vivace et il a fréquenté tous les
amis français et indigènes du peintre. Ce sont leurs
pro¬
pos recueillis au cours de longues conversations que bon
va
reproduire ci-après, mais, donnons d'abord quelques
détails sur les lieux et sur la société européenne et indi¬
gène parmi laquelle il devait vivre.
Gauguin était déjà bien documenté sur Hiva-Oa avant
guin
a
Société des
Études
Océaniennes
—
son
199
—
départ de Tahiti ainsi qu'il l'écrit
à
son
ami de Mont-
(«Je ne vais pas là-bas au hasard»). Il n'avait eû
qu'à consulter pour cela les capitaines de goélettes, les
subrécargues, les commerçants et les nombreux militaires,
libérés à Tahiti, qui y avaient séjourné lors de l'occupation
dix-neuf années plus tôt.
Le village d'Atuona où il débarqua occupait quelques
hectares de plaine en bordure de la mer et ne datait que
de l'installation des Missions Catholiques et Protestantes,
une
cinquantaine d'années plus tôt. Précédemment c'était
le champ de bataille des belliqueuses tribus Naiki, Tiu et
Hamau. Aussi n'y voit-on aucune de ces grandes plates-;
formes sur lesquelles étaient bâties jadis les cases indi¬
gènes. Ceux-ci pour être à l'abri des raids nocturnes, vi¬
vaient en haut de la vallée, mais, depuis l'installation de
l'Administration civile, de l'ouverture d'écoles de garçons
et de filles et en raison de la sécurité que procurait la
présence de force militaire française, une grande partie
de la population de la vallée vint s'y établir. En 1901
il y avait déjà plusieurs Européens. A la Mission Catho¬
lique, Mgr Martin et souvent un missionnaire de passage,
en
face de l'église se trouvait le pensionnat des filles
comptant environ 200 élèves, tenu par six religieuses
françaises. A une centaine de mètres l'Ecole des Frères
de Ploërmel ; trois frères et une centaine d'élèves.
Du côté ouest du village se trouvait la Mission Protes¬
tante, avec le Pasteur Paul Vernier, Mme Vernier, et deux
enfants, où on enseignait également à quelques élèves.
L'Administration, placée au milieu du village, était re¬
présentée par le Dr Buisson et le gendarme Charpillet.
En face de la gendarmerie se trouvait le magasin de
Frébault, ancien sous-officier. Entire l'église et l'école des
Frères le magasin de Varney ( « l'Américain, charmant
garçon», voir lettre de Gauguin à son ami de Montfreid).
En remontant dans la vallée, on voyait deux magasins chi¬
nois : boulangers restaurateurs. Dans ce même coin, vivait
l'Annamite Nguyen Van Cam, dépoi-té politique, qui fut
l'ami de Gauguin dès son arrivée et qui l'aida à s'établir.
Débarqué le jeudi 16 septembre, Van Cam lui trouvera
une maison située au milieu du village à 1 kilomètre et
demi du bord de la mer, appartenant à un demi chinois,
Matikaua, à raison de 2 frs par jour, on y transporta ses
bagages.
freid
Société des
Études
Océaniennes
—
200
—
Gauguin voulait avoir une propriété à lui pour y bâtir
son
goût. Il y avait justement au milieu du village une
parcelle inoccupée mais elle appartenait à l'Evêque. Afin
de disposer ce religieux en sa faveur, Gauguin alla à la
messe tous les matins et joua si
bien la comédie que, 11
jours après son arrivée, FEvêque lui vendait les deux terres
convoitées, environ un hectare, pour la somme de 650
à
francs. Il l'avoue à son ami de Montfreid
obtenue, je n'ai plus reparu à l'Eglise ».
:
«
Ma
terre
Ces deux terres étaient plantées d'arbres à pain et de
quelques cocotiers et bananiers. Gauguin commença par
y tracer une ailée en partant de la route et décida de
construire à l'autre bout du côté de la mer, une case sur
pilotis de 2 m 40 de haut. On y transporta les chevrons
et planches bouvetées venus par la goélette « Gauloise »
et sous sa direction deux charpentiers indigènes Tioka et
Kekela montèrent la maison pendant que d'autres manœu¬
vres fabriquaient l'entourage en bambou et que des femmes
indigènes tressaient la toiture en feuilles de cocotiers. Ce
travail terminé on creusa devant le bout ouest un puits
peu profond, la nappe d'eau au dessous du village étant
à un mètre de profondeur. Trois ou quatre mètres plus
loin, on bâtit une baignoire en chaux et galets, surélevée
de terre de 0 m 50 et profonde d'autant.
Fin octobre, les travaux terrflihés,
chez lui,
car
Gauguin était installé
le livre de compte de Yarney à cette date
indique le paiement de la location Matikaua 30 jours à
2 frs : 60 frs. Il avait jusque là, pris pension chez le
cuisinier Ayu, mais avant son aménagement, il avait en¬
gagé comme cuisinier le nommé Kahui, jeune demi chinois,
neveu de son voisin et ami Tiolca. Un autre jeune homme,
Matahava. travaillait déjà comme jardinier.
La maison, orientée d'est en ouest, était longue de 12
mètres sur 5 m 50 de large, bâtie sur pilotis de 2 m 40
de haut. Eiie avait deux pièces à l'étage, on y montait
par un escalier de bois pour aboutir à la porte d'une pe¬
tite pièce qui servait de chambre à coucher, on la tra¬
versait pour arriver à une grande chajmbre, Fatelier,
éclairé de six grandes fenêtres, deux de chaque côté et
deux
au
bout ouest.
Le dessous de la maison était divisée
sous
la chambre à
coucher,
Société des
on
Études
installa
en
un
Océaniennes
quatre parties,
petit atelier de
—
201
—
sculpture entouré de bambous et de lattes, puis venait la
salie à manger ouverte des deux côtés et une autre pièce
également ouverte qui servira plus tard de remise pour
la voiture, la quatrième pièce, la plus grande, sous l'atelier,
servant de
cuisine, était aussi entourée de bambous et de
lattes.
On commença par
placer le chevalet dans le bout ouest
suspendre dans la chambre à coucher, une
série de tableaux d'anatomie et de physiologie sexuelle
qu'il est impossible de décrire autrement que le faisaient
les indigènes avec leur crudité de langage.
Puis, le peintre se mit au travail, malgré un défilé con¬
tinuel d'indigènes venant voir ses tableaux, la nouvelle
avait vite fait le tour du village, Gauguin du reste con¬
naissait déjà tout le monde. Parfois c'était un blanc qui
venait faire visite, pour celui-ci, il descendait à la salle
à manger offrir un verre de rhum ou un verre d'absinthe ;
si c'était le matin, le visiteur était souvent retenu à dé¬
jeuner.
Son établissement terminé, Gauguin devait commencer
à se montrer sous un jour assez différent, c'était certai¬
nement un grand artiste mais la vérité oblige à dire que
d'après les normes de la morale ce n'était pas un beau
caractère. D'esprit anarchique il détestait toute autorité
civile et surtout religieuse dont renseignement venait con¬
trarier les passions de cet homme vieillissant.
Ne manquant pas d'argent, il avait à sa disposition cinq
ou six jeunes filles de la vallée de moeurs peu
farouches
de l'atelier et à
serviteurs allaient chercher pour servir de modèle
qui restait toute la nuit. Cependant ces
jeunes filles, d'humeur fantasque se lassèrent de ces con¬
vocations et le peintre connut bientôt des nuits de soli¬
tude. Gomment faire ? Il y avait bien chez les Sœurs,
une trentaine de jeunes filles qu'on gardait jusqu'à l'âge
de 15 ans pour les soustraire à un dévergondage précoceet que Gauguin voyait défiler les jours de promenade.
L'Administration avait fait une pression morale sur les
parents pour qu'ils envoient leurs fillettes chez les Sœurs.
Gauguin ne fut pas long à découvrir qu'il n'y avait au¬
cune
obligation pour les parents domiciliés au-delà de
trois kilomètres d'envoyer leurs enfants à l'école. Il
faisait venir les parents, leur expliquait qu'ils n'avaient
que ses
à tour de rôle et
Société des
Études Océaniennes
—
à craindre
aucune
202
—
contravention
en
retirant leurs enfants
de Técoie des Sœurs.
immédiat, beaucoup de parents partirent avec
chef de Moea, district de Hekeani, retira
fille Vaeoho Marie Rose, et Gauguin la prit comme
L'effet fut
leurs filles. Un
sa
compagne. Elle avait 14 ans. C'était certainement en no¬
vembre, car dans le registre de vente de Varney, le com¬
merçant américain, nous voyons le peintre acheter 31
mètres d'indienne, mousseline et calicot, plus une machine
à coudre 200 francs pour habiller sa nouvelle conquête.
garda jusqu'au milieu de l'année suivante, où
du peintre elle retourna chez ses parents pour
accoucher le 14 septembre 1902 d'une fille qui fut enre¬
gistrée sous le nom de Tahiatikaomata Vaeoho. Elle est
d'après les indigènes qui ont connu Gauguin, son vivant
portrait. Elle vit toujours à Hekeani. Mariée à un indigène
de son village, le nommé Hapa, elle a eu une seule fille,
Tohohina, âgée à l'heure actuelle d'une trentaine d'années,
elle possède aussi les traits forts de Gauguin.
Tohohina, à son tour, s'est mariée avec un nommé Timau, et a eu 3 filles, c'est donc la troisième génération
des Gauguin, des Marquises. Deux des fillettes sont éduquées chez les Sœurs d'Atuona, et c'est un spectacle tou¬
chant de les voir, à chaque fête de la Toussaint, venir
fleurir la toile de leur illustre arrière grand-père.
Il
la
enceinte
Après la Mission, Gauguin s'attaqua à l'autorité civile,
gendarmes, lesquels d'après son point de vue,
molestaient les indigènes. Bien avant Gerbault, il voulait
les ramener à leurs mœurs sauvages à peine abandonnées.
Ceux-ci lui rendait de fréquentes visites et il leur recom"
manda, pour commencer de ne plus payer la taxe person¬
nelle de 12 francs et il prêcha d'exemple lui et son cuLinier
Kahui, et il fallut que les gendarmes fassent chez lui une
saisie et une vente aux enchères pour qu'il s'acquitta de
son
impôt comme on le verra par la suite.
A partir de son installation chez lui, il n'eut plus aucune
relation avec toute personnalité civile ou religieuse, ce¬
pendant il accueillait fort généreusement plu ieurs colons
établis depuis quelques années dans le pays. Ceux-ci par¬
tageaient son hostilité vis-à-vis des gendarmes que le pein¬
tre ne pouvait supporter. Nous citons ci-dessous ceux qui
surtout aux
furent
ses
intimes.
Société des
Études
Océaniennes
—
NGUYEN VAN GAM
203
—
—
date fut Nguyen Van Gam dont il fit la
jour même de son arrivée le 16 septembre
1901. Annamite, de bonne famille, les autorités françaises
d'Indochine l'envoyèrent comme boursier faire ses études
au lycée d'Alger d'où il sortit bachelier. Rentré dans son
Le
premier
en
connaissance le
contait-il, il fut nommé administrateur d'une
province, mais bientôt aigri par le favoritisme dont bé¬
néficiaient les fonctionnaires métropolitains, il se mit
pays, nous
à
écrire
sous
un
faux
nom
rieusement dans
cite
son
non!
une
dans
dans des feuilles annamites
grave, il fut compromis sé¬
affaire de terrorisme. Claude Farrère
son
livre 0
plus à se pmoccuh ' Y
paiement de sa cotisation an1,, Y.. c'cjst une dépense t
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de moins.
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intérêt et
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TOUS CEUX
qui, résidant hors de Tahiti, désir
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Bulletin.
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qui, quittant Tahiti, s'y intéressent quand
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Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 106