B98735210103_105.pdf
- Texte
-
WECEM BaiE
Anthropologie
Histoire
—
des
—
1953
Ethnologie
Institutions
et
—
Philologie.
Antiquités
populations maories.
Littérature et Folklore.
Astronomie
—
Océanographie
PAPEETK.—
—
Sciences naturelles
IMPRIMERIE DU GOUVERNEMENT
Société des
Études
Océaniennes
CONSEIL
D ' AD MINIS TRA TION
Président
M. H.
V t ce-Président
M. Rey-Lescure.
Secrétaire-Archiviste
Me"e Laguesse.
Jacquier.
Trésorier.
M. A. Bonno.
Assesseur.
M. le Com1 PauCellier
Assesseur
M. Terai Bredin.
Assesseur
M. Martial Iorss
Assesseur
M. Siméon Krauser.
Secrétaire-Bibliothécarre du Musée Mlle Natua.
Pour être reçu Membre
membre titulaire.
de la Société
se
faire présenter
par
un
BIBLIOTHÈQUE
Le Bureau de la Société informe ses Membres que dé¬
sormais ils peuvent emporter à domicile certains livres de
la Bibliothèque en signant une reconnaissance de dette en
cas
où ils
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rendraient pas
le livre emprunté à la date
fixée.
Le Bibliothécaire
La
et à
présentera la formule à signer.
Bibliothèque est ouverte aux membres de la Société
leurs invités tous les jours, de 14 à 17 heures, sauf le
Dimanche.
La salle de lecture est ouverte
de 14
à
17
au
public tous les jours
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MUSEE.
Le Musée est ouvert tous les
jours, sauf ie lundi de 14 à 17 h.
jours d'arrivée et de départ des courriers : de 9 à 11 et de 14
17 h.
Les
à
LE BULLETIN
Le Bureau de la Société
accepte l'impression de tous les articles
qui paraissent dans le Bulletin mais cela n'implique pas qu'il
epouse les théories qui y sont exposées, ou qu'il fait sien les
commentaires et les assertions des divers auteurs qui. seuls, en
prennent toute la responsabilité.
Aux lecteurs de former leur appréciation.
Le Bulletin
ne
fait pis
de publicité.
La Rédaction.
Société des
Études
Océaniennes
asw&a>;is3?a»
DE
LA
SOCIÉTÉjD'ÉTUBES OCÉANIENNES
(POLYNÉSIE ORIENTALE)
TOME IX
O
Ior».-
(No 4)
OECE M lï II E
1953
sommaire
Pages
Archéologie.
Dernières recherches
scientifiques à Raroia, par
139
Bengt Danielsson
Histoire.
Notes
Les
sur
Fergus, par le Cdt J. Cottez
142
premiers Européens à Tahiti, par Rey-Les-
162
cure
Divers.
Travaux
176
archéologiques
Association internationale des
|amis de Pierre
178
Loti
Dons et
180
acquisitions
Table des matières (tome
Société des
VIII)
Études
Océaniennes
184
€ 13 é © la © Isr $ Is
•
CZ23H5HB
Dernières Recherches
par
Associate
La
mission
■
Scientifiques à Raroia
BENGT DANIELSSON
Anthropologist, Bernice P. Bishop Muséum.
scientifique américaine qui visita l'île de
Raroia, dans l'archipel des Tuamotu, l'année passée, fut
différente de la plupart des expéditions précédentes, non
seulement par son organisation et ses méthodesi de recher¬
che, mais aussi comme exemple de collaboration interna¬
tionale. A ma connaissance ce fut le premier essai d'étude
l'écologie d'une île, c'est-à-dire l'ensemble
milieu, et je pense qu'il
d'intérêt général d'en donner quelques détails.
E.F.O.
en
des
de
rapports entre l'homme et son
serait
Depuis la première apparition des Européens dans le
Pacifique, les intérêts politiques, économiques ainsi que
scientifiques furent concentrés sur des îles montagneuses,
et ce n'est qu'il y a très peu de temps qufon commença
à étudier sérieusement les problèmes des îles coraliennes.
Une'des organisations scientifiques qui insista le plus ac¬
tivement sur l'utilité d'études semblables fut la Commis¬
sion du Pacifique Sud, dont la France, comme les autres
grandes puissances colonisatrices, fait partie. La première
étude d'une île coralienne, organisée par la Commission,
fut faite en 1950-51 dans les îles anglaises Gilbert par
l'ethnologue français, le Dr. Catala, de l'Institut français
de Nouméa.
les Américains lancèrent un programme
grande échelle en Micronésie, où, en
1.950, une expédition de 13 membres, représentant 9
branches de la science, étudia à fond pour la première
fois dans le Pacifique les problèmes écologiques à l'île
Arno dans l'archipel des Marshall. L'intérêt américain
était naturellement dicté surtout par le fait que les EtatsUnis après la dernière guerre mondiale avaient reçu com¬
de
En même temps
recherches à
territoire de tutelle les centaines d'atolls de Micronésie
administrés antérieurement par le Japon. Cet intérêt se
manifesta officiellement quand l'organisation scientifique
me
Société des
Études
Océaniennes
—
140
—
Pacific Science Board, une des sections du National Re¬
Council
correspondant à CNRS français —
fut chargé d'entreprendre les recherches. Le but de ces
recherches était simplement d'acquérir les connaissances
fondamentales, et ceci ne pouvait être fait qu'à l'aide1
d'études comparatives, réalisées dans des atolls dont les
conditions naturelles et culturelles différaient le plus
possible. C'est pourquoi le Pacific Science Board décida
search
d'étudier
—
aussi
des atolls
d'établir si
en
dehors
de
la
Micronésie
possible une collaboration in¬
ternationale. Après Arno, atoll aux pluies fréquentes, on
choisit une île au climat relativement sec, Onotoa, aux
îles Gilbert. Enfin, le Dr. Coolidge, secrétaire du Pacific
Science Board, reçut en 1951, pendant sa visite à Tahiti
lors du Congrès de la Filariose, l'autorisation bienveil¬
lante d'envoyer l'expédition prochaine aux Tuamotu, chan¬
geant ainsi avec profit la scène des recherches du Paci¬
fique Ouest au Pacifique Est.
américaine
et
expédition de 1952 fut composée des membres
:
Dr. Norman D. Newell et John Y. Byrne
de l'Université de Columbia, Dr. Maxwell S. Doty et
W.J. Newhousc de l'Université de Hawaii, Dr. J.P. Morrisori de Smithonian Institution, Dr. Robert R. Harry
de Pliiladelphia Academy of Science, Bengt Danielsson,
M.A.. Bernice P. Bishop Muséum.
Cette
suivants
L'expédition arriva à Papeete au début de juin, et
déjà une semaine plus lard trois de ses membres, ainsi
que le Commandant Chavat, de la Mission Géographique
française et M, Chaîliet, chef de l'Aviation Civile, par¬
tirent dans l'avion d'Air-Tahiti pour Raroia. Le but prin¬
cipal de ce voyage fut de prendre des photos aériennes
permettant de dresser une carte détaillée de l'île. Ce ré¬
sultat fut heureusement atteint grâce à l'habileté du pi¬
lote, M. Pommier, et à l'aimable assistance du Comman¬
dant Chavat. La majorité des membres de l'expédition
arriva par la goélette de l'Administration, la «Tamara»,
à la fin de juin. Mademoiselle Aurore Natua fut libérés
de ses devoirs de bibliothécaire du Musée pour la durée
de l'expédition et servit d'assistante scientifique et d'intsrprète. Grâce à ses connaissances approfondies elle contri¬
bua activement au succès. L'expédition revint à Papeete
au début de septembre d'où elle
partit peu de temps après
pour les Etats-Unis.
Société des
Études Océaniennes
—
141
—
Les spécialistes dont l'expédition
était composée re¬
présentaient les sciences suivantes : géologie, botanique,
zoologie, ichtyologie et ethnologie. Cependant chaque mem¬
bre ne poursuivit pas ses études individuellement, mais
tous travaillèrent
en
équipe, collaborant à la solution
de problèmes bien définis à l'avance. Le rôle de
chaque
membre fut fixé et des informations furent échangées
pendant des réunions quotidiennes. En outre les plans et
les méthodes de recherche furent identiques à ceux uti¬
lisés pendant les expéditions précédentes afin de faci¬
liter des comparaisons.
Le travail de l'expédition porta, parmi d'autres, sur les
problèmes suivants : la formation de l'atoll, la croissance
et distribution des coraux, la salinité de l'eau des
puits,
les zones végétales, la composition du sol, l'identification
des poissons, la nutrition et la vie économique et
sociale
des habitants. Des grandes collections furent aussi ra¬
massées comprenant par exemple plus de quatre cents
espèces de poissons, dont plusieurs inconnus de la science
jusqu'à maintenant, quatre-vingt espèces d'algues et autant
d'espèces de plantes, soixante espèces de coraux et un
grand nombre d'échantillons de terre. Quant aux collec¬
tions zoologiques, le Dr. Morrisson déclare qu'il ramena
plus de spécimens qu'aucune autre expédition depuis celle
de Wiikes, il y a cent ans !
Les résultats de l'expédition qui, hélas, forment le seul
trésor de Raroia, seront publiés dans des numéros suc¬
cessifs d'Atoll Research Bulletin, dont les premiers sur
la
géologie (Newell), l'ichtyologie ( Harry ) et l'ethno¬
logie (Danielsson) sont déjà sous presse. Toutes les
personnes intéressées pourront les consulter au Musée de
Papeete où ils seront disponibles.
Société des
Études
Océaniennes
142
—
—
histoire
NOTE
sur
" FERGUS "
«
On
sait
sans
doute
que
Fine feathers make âne b\rd
»
Charles, Philippe, Hippolyte
Thierry », lorsqu'il cingla de la Guadeloupe, en
décembre 1834, à la conquête de son royaume marquisien
de Nuku-Iliva, emmenait avec lui deux compagnons prin¬
cipaux, l'un Vignetti, sorte de Ministre des Relations
Extérieures, et surtout des Finances, l'autre Fergus, cu¬
mulant les fonctions de Grand-maître de sa Maison Mi¬
litaire, et de Chef d'Eial-Major général. C'est de ce
«
Baron de
dernier dont
nous
nous
occuperons
très particulièrement,
aujourd'hui.
Edouard Fergus, rencontré à la Guadeloupe, où il exer¬
çait depuis début 1833, auprès de l'Amiral Arnous-Dessaulsays, les fonctions honorifiques d'aide de camp, se disait
officier polonais,
de bataillon.
du grade de major, c'est-à-dire
chef
plus naturel. On sait, en effet, qu'après la Ré¬
Pologne de 1830 et 1831, un grand nombre
de
s'étaient volontairement exilés et avaient
trouvé refuge en France.
Beaucoup de militaires avaient vu s'ouvrir pour eux,
ies rangs de bataillons nouvellement créés de la Légion
Etrangère... et c'est là, où tout simplement, nous avons
d'abord recherché la présence de notre auxiliaire polonais.
Or, à notre grande surprise, nos recherches ont abouti
aux résultats suivants
: (1)
1! existe bien aux Archives Administratives de la
Guerre, dans les dossiers des Réfugiés polonais, quelques
documents relatifs à un major polonais Fergus (sans
prénom), hospitalisé au Val-de-Grâce le 13 juin 1832,
liien de
de
Polonais
volution
«
(1) Ministère des Forces Armées - (Guerre). Service historique.
janvier 1949, signée du Lt-Colonel TRUTAT, adjoint
au
chef du service historique du Ministère de la Guerre.
Lettre du 6
Société des
Études
Océaniennes
143
—
h
la
suite d'une
fièvre cérébrale très grive,
septembre 1S82, à
il n'est fait
mée
—
se
rendre
mention de
aucune
autorisé
en
bains à Marseille, mais
son
intégration dans l'Ar¬
aux
Française.
C'est le seul Polonais du nom de Fergus, vivant à
l'époque indiquée, dont il ait été trouvé trace ».
Je me suis alors adressé à un chercheur érudit, attaché
libre à la Bibliothèque polonaise de Paris. Il a recueilli,
pour moi, certains renseignements : voici, intégralement
transcrit, le rapport qu'il m'a adressé à ce sujet, fin
«
1948
:
Fergiss, Edouard
Nous retrouvons
:
ce
nom
dans
:
1°) Erosnowski (Adolf) — Almanach historique ou Sou¬
l'Emigration Polonaise, Paris 1837-1838 et 18461847 : Fergiss Edouard, né à Augustow, demeurant à Sa¬
venir de
lins, Jura.
2n) Le relevé alphabétique n° 550 conservé à la Biblio¬
thèque Polonaise de Paris : « Fergiss Edward, Litwa ».
3°) Lettre du Commandant Cottez du 20 août 1948 :
Fergus, Edouard, né à Poniemon (Pologne), en 1803,
soit disant ancien officier supérieur polonais. On le re¬
trouve à Tahiti, en 1835, avec le titre de « Colonel »...
«
Le relevé des officiers et sous-officiers de l'armée po¬
lonaise du royaume de Pologne (1815-1830) ne comporte
de Fergiss Edouard.
un
simple soldat, il n'aurait pu arriver
au
grade d'officier supérieur que grâce à une action ex¬
traordinaire pendant l'insurrection même (1830-1831). Ce¬
pendant, l'histoire de la dite insurrection soit dans le
royaume de Pologne, soit en Lithuanie, ne nous dit rien
sur
Fergiss Edouard. Nous ne trouvons pas même son
pas
le
nom
S'il avait été
inom
!
D'après le Commandant Cottez, Edouard Ferguss serait
né à Foniemon.
Cette localité
dont
l'orthographe exacte est Poniemurt
propriété foncière, située au bord du fleuve Nié¬
men, dans le district de Wladyslawow, à 37 kins de
Kowno (Kaunas). Poniemun a appartenu, dans la seconde
est une
moitié du XVIIIme siècle à la famille Tiszkiewicz et de-
Société des
Études
Océaniennes
—
vint ensuite
lonais
la
144
—
propriété de Fergiss Constantin ( en po¬
Konstanty).
Fergiss (Konstanty-Alexander-Tadeusz), né en 1792, souspuis lieutenant dans l'armée du Duché de
Varsovie (1807-1815), ensuite Capitaine au 2nie régiment
de chasseurs à pied de l'Année du Royaume de Pologne
(1815-1830), Chevalier de la Croix Militaire d"Or.
Le relevé du contrôle des officiers polonais qui sont
entrés en France après l'insurrection de 1830-1831, con¬
servé à la Bibliothèque polonaise de Paris contient la
mention suivante : « Fergiss, Kcnstanty, Commandant du
2me régiment de chasseurs à pied». Il a obtenu, sans
doute, l'avancement de capitaine à commandant pendant
lieutenant,
l'insurrection même.
Fergiss (Konstanty) est rentré peu après, vraisembla¬
en
1833 en Pologne, il a épousé Mademoiselle
Brigitte Bialozoz, propriétaire de Poniemun. De cette
laçon, Constantin Fergiss est devenu, lui aussi, proprié¬
taire de Poniemun. Son premier fils né en 1837 s'appe¬
lait Alfred-Constantin Fergiss : il a eu deux frères :
Jerzy (Georges) et Ignacy (Ignace).
Edouard Fergiss n'était donc ni frère, ni fils de Cons¬
blement
tantin.
11
ne
serait pas
inutile d'ajouter que le nom de Cons¬
tantin Fergiss est écrit sur la liste
de Varsovie : Fergiss, et sur la
des officiers du Duché
liste des officiers du
Royaume de Pologne : Fergus.
On peut supposer qu'Edouard Ferguss peut être un
lointain parent de Constantin, résidant en France, a pro¬
fité du retour de Constantin en Lithuanie vers 1833, pour
se
servir de son grade et du titre de propriétaire de
Poniemun en contractant
turier anglo-français ».
son
engagement, avec « l'aven¬
s'agit pas uniquement d'un en¬
auprès d'un souverain d'opérette,
mais bel et bien
d'un engagement dans l'année française
(ou la marine puisque à cette époque les troupes colo¬
niales relevaient de la marine). On peut donc se demander
à quel titre, exactement, le « major » Edouard Ferguss
figurait, en 1835, dans le cabinet militaire du ContreAmiral Arnous, Gouverneur de la Guadeloupe.
Malheureusement, il
gagement de fantaisie
ne
Société des
Études Océaniennes
145
—
Nous
nous
sommes
torique de la
dossier
au
nom
—
alors retournés
Marine, qui
de Ferguss.
vers
le Service His¬
demeuré muet.
est
Le Ministre de la France d'Outré-Mer
Archives ) a pu, lui, nous donner quelques
Aucun
( Service des
renseignements
complémentaires extraits d'une collection constituée, il y
a
plusieurs années, «pour le Gouverneur Jore». Nous
nous
y référerons sous peu, pour narrer la carrière aven¬
tureuse de notre héros. Mais ces pièces
ne disent rien<
de plus sur son état civil, véritable, ou usurpé.
Essayons donc de retracer la vie d'Edouard Fergus.
11 dit être né, en 1803, à Poniemon (Pologne). Si la
date
de
naissance
est
exacte, aucun acte officiel ne
plus, par ce qui précède, nous
qu'il est fort douteux qu'il soit né au lieu qu'il
vient la
savons
su
conlirmer.
Bien
désigne.
On
ne
sait absolument rien
vraisemblable
qu'il a vécu
tain temps, et qu'il était
polonais de l'époque.
en
en
sur
lui avant 1834
France,
:
il est
moins un cer¬
rapports avec les milieux
au
Peut être a-t-il connu le célèbre Comte de LagardoGhambonas, écrivain et littérateur, grand voyageur aussi,
très répandu dans la Société Slavisante, Russe et Poionaise, de la Restauration et du Gouvernement de Juil¬
let, ami, puis, par la suite (1840) associé des Thierry,
dans leur essai de mise en valeur de la Nouvelle-Zélande.
A cette époque, vers 1830, Lagarde-Gbambonas oscillait
vraisemblablement entre la France et la
C'est du moins, ce qu'on peut déduire
blication de divers de ses ouvrages.
Grande-Bretagne.
des lieux de pu¬
Finalement, à la suite de conjonctures favorables, telles
présentation par des tiers, impressions favorables,
et engagement subséquent, il est vraisemblable de penser
que l'Amiral Arnous-Dcssaulsays, nommé Gouverneur de la
Guadeloupe le 1er mars 1831, embarque le seul Vigneti,
son
secrétaire particulier, dans sa suite dorée, lorsqu'il
fait voile pour les Antilles.
Ils débarquent, tous deux, à Basse-Terre, le 7 juillet
1831. S'il y a eu transmission irrégulière de papier de fa¬
mille, « Fergus » n'a guère pu arriver à la Guadeloupe
que
Société des
Études
Océaniennes
—
146
—
1833, date présumée du retour en
Major ».
avant
«
Pologne du vrai
Hippolyte
Quoiqu'il en soit, en 1834, Charles Philippe
Baron de Thierry » trouvera le « Major Fergus » solide¬
ment installé à Basse-Terre, voire même à Saint-Claude,
«
résidence d'été du Gouverneur, dans
l'amiral précité.
le cabinet militaire de
Au cours de cette même année, tant à Basse-Terre, qu'à
Pointe-à-Pitre, où l'on peut se rendre assez facilement de¬
puis Basse-Terre, à cheval par voie de terre, ou en embar¬
cation à voile par voie de mer, le Baron de Thierry sait
l'intéresser à ses idées grandioses de colonisation de la
Nouvelle-Zélande. Bien plus, il réussit à séduire un riche
négociant israélile, Monsieur Augustin Salomon, qui lui
avancera
des fonds.
Fergus devant quelque punch antillais bien glacé, relevé
s'enthousiasme à tel point pour
ces projets mirifiques, qu'il n'hésite pas, en décembre 1834,
à quitter ce bon Gouverneur de la Guadeloupe, de concert,
d'ailleurs avec son ami Vigneti, secrétaire du même ami¬
ral, pour suivre le Chef Souverain de Nouvelle-Zélande.
«Le Comte d'Orsay» sur son petit sloop de guerre, «le
Momus » les conduit, d'abord à Saint-Martin, puis à SaintThomas. De là, un autre voilier le « Roarer » appareille
vers la
rivière de Chagres, d'où l'aventureux Baron, sa
famille, ses tenants, et sa fortune gagnent Panama.
d'un zeste de citron vert,
déjà que le « Baron de Thierry » réussit dans
prodigieux tour de force de mettre sur pied,
en
quelques semaines, une sorte de « Syndicat » à sa dé¬
votion, qui obtint, à la suite de manœuvres demeurées in¬
connues, du Congrès de Colombie, puisqu'à ce moment,
Panama n'était encore qu'une province excentrique de la
Républiqus de la «Nouvelle-Grenade», le privilège initial
du percement de l'isthme de Darien, première idée, trop
méconnue du futur canal de Panama.
On sait
centre ce
ce
Nous insistons
car
il résulte de
cette épithète de « trop méconnue »,
la lecture de projets ultérieurs de ce
sur
gigantesque travail, que ni Monsieur Garella, ingénieur
envoyé par le Gouvernement de Juillet, ni le Prince Louis
Napoléon Bonaparte, ni même l'illustre Ferdinand de Lesseps ne citent seulement le nom de leur malchanceux pré¬
curseur.
Et
nous
avons
Société des
la preuve
Études
qu'ils le connaissaient
Océaniennes
147
—
—
bien, cependant ! Peut-être nous permettra-t-on de rap¬
peler, à cette occasion, un mot souvent cité, de Rivarol
sur « les précurseurs »
:
Quand on a raison vingt quatre heures avant le com¬
mun des hommes, on passe
pour n'avoir pas le sens com¬
mun
pendant vingt quatre heures ».
«
%
*
*
1835, Fergus nommé « Chef
avait pris ses nouvelles attributions très à
cœur, d'autant plus que son patron l'avait promu « manu
militari », du rang de Major au grade supérieur de Colonel
( et aux fonctions de Chef suprême de la nouvelle armée
néo-zélandaise ).
A vrai dire, à part le travail de chancellerie-correspon-;
dance toujours abondante, préparation de proclamations
diverses, copies de lettres, enregistrement du courrier, tant
à l'arrivée qu'au départ, les moyens militaires dont il avait
à ordonner et à coordonner l'emploi lui laissaient quelques
loisirs... car ses effectifs dormaient encore, pour l'instant,
sous
les palmes vertes des
cocotiers de Tahiti. Les
«
moyens » de sa future force armée devaient compter
quelques « rifles » plus ou moins longs : flingots ou cara¬
bines, des arme; blanches, haches, piques, coutelas, sabres,
baïonnettes, quelques fourniments, des caisses de cartouches
et surtout deux chevaux dont il fallait assurer la garde,
le transport, et la nourriture à bord de F « Active », voilier
frété à Panama par le Baron pour porter ses fidèles à Ta¬
hiti, principal relai sur la longue route d'Hokianga, (2) en
Dès
le
début de
d'Etat-Major
l'année
»
Nouvelle-Zélande.
Nous
pourrions très facilement relater la traversée de
»,
coupée de tous ses incidents : dépalage au
large d]es Galapagos, ou nos navigateurs comptaient faire
de l'eau ; ennuis suscités à bord par deux indésirables pas¬
sagers, Morel et Bertholini, « frères-la côte » de mauvais
aloi : merveilleuse escale aux Iles Marquises — du 3 au 26
juillet — où le Baron Thierry se voit proclamé Roi de
Nuka-Hiva... ; mais ce n'est pas notre propos. Nous réF
«
Active
: baie à l'ouest et au nord de la pointe septen¬
l'île Nord de la Nouvelle-Zélande, port de débar¬
(2) Hcktanga
trionale
de
quement pour
les
terres
du
atteindre la rivière d'Hokianga où se trouvaient
Baron.
Société des
Études
Océaniennes
—
148
—
tard, et restons
Fergus.
Bornons-nous à signaler que le Colonel, Chef d'EtatMajor, au cours de cette dernière escale, entre officielle¬
ment et historiquement en fonction, par la rédaction de
quelques ordres demeurés fameux, scellés du Grand Sceau
de Charles, Roi de Nuka-IIiva.
L'un est l'ordre de nomination d'un chef indigène aux
importantes questions de Capitaine de Port de Nuka-IIiva ;
l'autre est la promulgation des Règlements du port-franc
cette
servons
attachés
au
facile narration pour plus
sort de
de Nuka-PIiva.
dans divers livres plus ou moins
Nouvelle-Zélande. Ils ont été reproduits
partie, dans quelques livres modernes concernant les
On trouve
ces
textes
anciens, parus en
en
Iles
Marquises. (3)
de Nuka-Hiva, malgré son enchantement,
L'escale
fut
Appelé par son inexorable destin, le Baron de
Thierry, en appareille le 25 juillet pour Tahiti, qu'il at¬
teint le 1er août. Nous n'entrerons pas davantage dans les
divers incidents survenus à Tahiti — tant à l'arrivée de
1'1
pages
journal précédent.
Société des
Études
Océaniennes
:
—
TABLE
Enumération par
184
DES
—
MATIERES
ordre des sujets traités dans les Bulletins
de la Société des Etudes Océaniennes
TOME
VIII
Depuis le numéro 90 jusqu'au numéro 101 inclus
MARS
1950
—
DECEMBRE 1952
ACTUALITE
Contribution à l'étude des contrats
à
ploitants et propriétaires de cocoteraies,
lier.— Bulletin No 95, page 281.
passer
par
entre
ex-
P. Peaucel-
ANTHROPOLOGIE
Les sang
de
l'anglais
mêlé en Polynésie, par E. Beagleliole, traduit
Ph. Rey-Lescut-e. — Bulletin No 90, page 3.
par
ARCHEOLOGIE
Monuments
et sites
pittoresques des Etablissements Fran¬
Tahiti, Moorea, Iles Sous-le-Vent
et Iles Marquises),
par Ch. van den Broek d'Obrenan. —
Bulletin Nos 98-99. page 362.
Découvertes archéologiques h Makatea, par B. Villaret.
Bulletin No 100, page 421.
Monuments et sites pittoresques des Etablissements Fran¬
çais de l'Océanie ( 2 — Iles Australes et Archipel Gambier), p'ar Tramier. — Bulletin No 101, page 491.
çais de l'Océanie (I
—
ASSEMBLEES
GENERALES
Compte-rendu de l'Assemblée Générale du 14 février
Bulletin No 94, page 163.
1951.
—
Société des Études Océaniennes
—
185
—
Compte-rendu de l'Assemblée Générale du
Bulletin Nos 98-99, page 345.
1952,
28
mars
—
BOTANIQUE
Sur
par la ^égétation
plateau Temehani à
Bulleti/n No 94, page 182.
problème écologique posé
un
des hauts
sommets
de
Tahiti
Raiatea,
du
et
par K. Papy. —
Catalogue des plantes vasculaires de la Polynésie fran¬
çaise, par R. Robertson. — Bulletin Nos 98-99, page 371.
DIVERS
Dons.
—
Bulletin No
90,
page
34.
Nouveaux statuts de la Société d'Etudes Océaniennes.
Bulletin No 91, page 49.
Liste des membres de
page
la
Société.
—
—
Bulletin No 91,
62.
Bulletin No 94, page
200.
Exposition de Jacques Boullaire à Papeete. — Bulletin
No 95, page 229.
Inauguration du monument à la mémoire d'Alain Gerbault.
Bulletin No 95, page 231.
Bulletin No 97, page 336.
Dons.
Dons et acquisitions. — Bulletin No 100, page 458.
Dons.
—
—
—
ETHNOLOGIE
Enquête sur les hameçons anciens des îles du Pacifique,
S. Chauvet — Bulletin No 91, page 41.
par
ETHNOGRAPHIE
Mésalliance
letin No
polynésiennes,
par
E. de Bisschop.
—
Bul¬
92, page 93.
Le voyage
du radeau Kon-Tik:, par T. Heyerdahl, tra¬
Ph. Rey-Lescure. — Bulletin No 93, page 137.
Les origines de la population d'Ouvea (Iles Loyalty)
et la place des migrations en cause sur le plan général
océanien, par J. Guiart. — Bulletin No 93, page 149.
De vieux gestes, par Ph. Rey-Lescure. — Bulletin No
95. page 220,
duit par
Société des
Études
Océaniennes
186
—
Mœurs
bulaire,
et
par
De vieux
98-99, page
coutumes
—
de l'ancien Tahiti
d'après le voca¬
Ph. Rey-Lescure. — Bulletin No 97, page 331.
gestes, par Pli. Rey-Lescure.
Bulletin No
352.
—
Des fables de La Fontaine
en tahitien.
Bulletin No
page 463.
Une interprétation des coutumes
indigènes dans une
société océanienne
changeante, par L. Mason. — Bul¬
letin No 101,
page 488.
—
101,
Les musées pour
les recherches dans le
F.R. Fosberg. — Bulletin No
101, page
Pacifique,
489.
par
FOLKLORE
Légende du cocotier et du « mape » ou l'histoire de
l'anguille aux grandes oreilles, par F. Teuinatua.
Bulletin No 91,
page 45.
Une légende de
Mangareva : Maviku, par A. Massaînoff.
Bulletin Nos 98-99,
page 356.
Les oiseaux
rouge» de Oropaa. — Bulletin No 100,
page 409.
La légende de Manu et de
Pitorita, par A. Massainoff.
Bulletin No 101,
page 499.
—
—
—
GEODESIE
Chronique de la monljagne. A
géographique de l'I.G.N. à Tahiti,
letin No
de la mission
M. Jay. — Bul¬
propos
par
96, page 271.
HISTOIRE
Essai sur les pavillons
Bulletin No 90, page 11.
Milan Ratislav Stefanik
Bulletin No 92, page 85.
océaniens,
par
J. Cottez.
—
à
par
R.
—
Tahiti,
Klima.
Recherches historiques sur une
expédition militaire sué¬
doise en Océanie, à la fin du XVIIIe
siècle, par J.
Cottez.
Bulletin No 94,
page 173.
Akaroa, un coin oublié de France aux antipodes, par
II. Jacquier. — Bulletin No
—
96,
page
247.
Rétrospective des pavillons océaniens,
Bulletin No 96, page
par
260.
Société des
Études
Océaniennes
J. Cottez.
—
—
187
—
Documents pour survir à l'histoire de Tahiti,
par Ph.
Rey-Lescure. ( Document fourni par Tefaaora sur le gou¬
vernement des
Iles Sous-le-Vent ). — Bulletin No 97,
page 306.
Documents pour servir à l'histoire de Tahiti,
par Ph.
Rey-Lescure ( Document fourni par Mare sur le voyage
de Pcmaré Vahiné), — Bulletin No 97,
page 308.
L'histoire de Borabora et la généalogie de notre famille
du « marae » Vaiotaha, par Tati Salmon. — Bulletin No
97, page 315.
Histoire d'une expédition militaire suédoise dans le
Pacifique à la fin du XVIIIe siècle, 1789-1790, par
J. Cottez.
Bulletin No 100, page 425.
Deux vieux papiers. — Bulletin Nos 93-99, page 349.
—
ICHTYOLOGIE
Liste
Lescure.
de
—
poissons de
mer
Bulletin No
92,
à identifier,
89.
par
Ph. Rey-
page
LITTERATURE
Vieux
papiers de l'époque coloniale, par H. Jacquier,
de J. Laguesse. — Bulletin No 92. page 73.
traduction
METEOROLOGIE
Quelques observations météorologiques faites à Raroia
(Tuamotu) du 1er janvier au 30 juin 1950, par B. Datiielsson (F.K. de l'Université d'Upsala, Suède. — Bul¬
letin No 94, page 192).
Suite des observations météorologiques faites à Raroia
(Tuamotu) du 1er juillet au 30 décembre 1950, par B.
Bulletin No 95, page 236.
Danielsson.
—
MYTHOLOGIE
Rapprochements entre la mythologie polynésienne, la
antique, par J. Laguesse. —
Genèse et le Mythologie
Bulletin No 93, page 127.
NECROLOGIE
Teriierooiterai a Teriierooiterai a Tehuri
Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 105