B98735210103_079.pdf
- Texte
-
DE
LA
ÉTUDES
M"
7Î>
-
TOME VII
JUIN
Anthropologie
Histoire
—
des
—
(N° 9)
194
Ethnologie
—
Philologie.
Institutions et Antiquités
populations maories.
Littérature et Folklore.
Astronomie
—
PAPEETE
Océanographie
—
—
IMPRIMERIE DU
Société
Sciences naturelles
GOUVERNEMENT.
BUREAU DE LA SOCIETE
Président
M. RkY-LESCURE.
Vice-Président
M. H. jacquier.
me!l* i..aguesse,
Secrétaire-Archiviste
Trésorier
Ai. A. Cabouret.
Assesseur
A4, le Com1 Paucellier.
Assesseur
M. Terai Beedin.
Secretaire-Bibliothécaire-Conservateur
du Musée Mlle A. Natua.
Pour être reçu Membre de la Société
se
faire présenter par
jun membre titulaire.
Le Bureau de la Société informe ses Membres
que dé¬
sormais ils peuvent emporter à domicile certains livres de
la Bibliothèque en signant une reconnaissance de dette en
où ils
fixée.
cas
ne
rendraient pas
Le Bibliothécaire
La
le livre emprunté à la date
présentera la formule à signer.
Bibliothèque est ouverte
et à leurs invités tousles
aux
membres de la Société
jours, de
14
Dimanche.
La salle de lecture est ouverte
Aie 14
à
17
au
à
17
heures,- sauf le
public tous les jours
heures
musée;
Le Musée est ouvert tous les jours, sauf le lundi de
Les jours d'arrivée et de départ des courriers : de 9 à 1
14
1 et
à 17 h.
de \ .\
"#> 17 hPour tout achat de. Bulletins, échange ou donation de livres
au Président de la Société, ou au Bibliothécaire du
Musée. Boîte 110. Papeete.
s'adresser
Le Bureau dé la Société accepte
l'impression de tous les articles
lui paraissent dans le Bulletin mais cela
n'implique pa< qu'il
épouse les théorie^ qui y sont exposées, ou qu'il fait sien les
commentaires et les assertions des divers auteurs qui. seuls, cil
prennent toute la responsabilité.
Aux lecteurs de former leur
appreciation;
sraalita
29?,
''
&
DE LA
SOCIÉTÉ D'ÉTUDES
W
"
; S;
|
OCÉANIENNES
ran
—
(POLYNESIE ORIENTALE)
ARRIVÉ
r--
-m——
TOME VII
i\°
79.-
(N° 9)
,1 UI N
'
~-
-
25 MAI 1973
.NREGISTRESENTSOUSNÎÏlA.
1947;
—
souvenue .A. i:e, iE
Pages
Ethnographie.
-
Essai de reconstitution des mœurs et coutumes de
l'ancien Tahiti d'après le vocabulaire. (R. L.)
303
Littérature.
L'abbé Baston
précurseur des romanciers océaniens
(H. Jacquier)
Motes de
308
géographie botanique.
Aperçu sommaire des zones de végétation à Tahiti
317
(René Papy)
Histoire locale.
Atimaono
(traduit par Janine Laguesse)
324
Folklore.
Mai, roi de Porapora, émule de Publius Ovidius Naso dans l'art de plaire aux femmes (Jay)
334
Divers.
Dons
341
Société des
>
L fr
Études Océaniénnes
>i(.'
t
*\
.»•
-
& îrfw-
$b
^P:'; f
'
,
,
ii
iffe
x>
y
:-"
!)-. -jsài
•
.
i
Société des
Études
Océaniennes
■iiW
——
BBHS——
Essai de reconstitution des mœurs et coutumes de l'ancien Tahiti
d'après le vocabulaire. (0)
XVI.
Connaissances astronomiques
L'ancien vocabulaire
sur
les connaissances
semblent
assez
(1).
nous permet de jeter un coup d'œil
astronomiques des Tahitiens. Elles
bornées si le vocabulaire n'en passe sous
celles que nous donnons sont anciennes. Depuis,
certains Européens ont voulu qu'à chaque étoile corresponde
silence
un nom
;
et ceci
au
détriment de la réalité
(2).
Les Tahitiens
"rai"
des
;
rapportaient au dieu Ru la formation du ciel
il l'aurait étendu comme une couverture au dessus
têtes.^On dit aussi que "auariiroa" était un des arbres
qui soutenait la voûte céleste. Le firmament., fair "reva".
Voici quelques constellations, "natautoru". Les étoiles
avaient pour nom générique "fetia, fetu"; les météores "opurai, putai"; les comètes "fetia ave" ; les étoiles filantes
"pao".
Parmi les constellations on distinguait; "nahuitarava a
mere" qui désignait Orion avec ses trois grandes étoiles
"huitarava".
Les Pléiades "matarii"
du Sud; près
noire "oiri".
(les petits yeux)" ; "tauha" la croix
d'elle deux étoiles "namatarua" et la tâche
Vénus était "Taurua". L'étoile du matin était tantôt Vénus
tantôt
Jupiter "fetia poipoi, fetia taiao, horopoipoi".
Mars, l'étoile rouge "fetia ura".
A la constellation "ainanu" composée de deux étoiles se
rattache la légende bien connue : ùn garçon et une fille avaient été laissés à la maison par leurs parents. Pendant que
ces
le
derniers étaient à la
pêche ils attendaient patiemment
(1) Voir Bulletins nos 72-73-76-77-78.
(2) On pourra se reporter avec profit à l'article de 31ulle J. Laguesse dans
Bulletin 75, il complétera celui-ci.
Société des
Études Océaniennes
—
304
—
la part de
poisson qui devaient leur être remise, ils avaient
déjà à la main un morceau de "uru". Les parents revinrent,
mais sous prétexte que les enfants dormaient, ils mangèrent
tout le poisson. Les deux enfants frustrés de leur part devirirent"ainanu" terme qui définit l'état de quelqu'un quiestfrustré de la nourriture/qu'il était en droit d'attendre, et le déplai¬
sir qui s'y ajouté."tes enfants s'envolèrent alors sur le toit de
la case et de là au ciel où le garçon devint "pipiri" et la fille
"reiha". Ils formèrent la constellation "ainanu".
Certaines autres étoiles portent
des noms sans qu'on sache
desquelles il s'agit. Le dictionnaire Jaussen ap¬
pelle l'étoile du matin "aaia". D'autres sont : "nahuihua, natauihe, natimaa, porohinere, tavahi, aua" (1). Le scintille¬
exactement
ment des étoiles "fetuverovero".
LA
JOURNÉE.
—
"poipoi" le matin
;
Elle était divisée
"avatea" midi
;
en
"aahiata" aube;
"ahiahi" le soir
;
"po"
la nuit.
Chaque mouvement de la nuit qui cède la place
au
jour
était nettement défini.
"Fanae" était le moment du reflux après minuit. Puis pa¬
rait la faible lueur du
jour "marumaruao", puis l'aube ''aa¬
juste assez jour pour distinguer les mouches
"rao", c'est l'heure "feaorao". Enfin le jour approche, le ciel
se teinte de rouge "feraura" puis
passe au jaune "reareao".
Le soleil parait "ra" (même terme que chez les Egyptiens,
le dieu Ra) ou "mahana", il se lève au levant 'de hitiaa o te
ra". Quand il est à moitié de l'horizon "ratanuu"; son alti¬
tude "afeafe" ; sa chaleur "ahuahu" ; quand il brûle la peau
"oooo" et si la journée est particulièrement chaude elle est
hiata". Il fait
"mahana ioio".
Midi "avatea". Le soir "ahiahi". La chute du
jour "tapemahana". le couchant "te tooraa o te ra". Le soleil dé¬
cline "toihoiho"; le crépuscule "maraorao, marehurehu, poivava, marumarupo". L'ombre du soir "ruma". C'est l'heure
raa
(I) Lo R.P. Audran a qui le bulletin doit dans le passé tant d'intéressants
sur les Tuamotu, dans le Bulletin n° o, cite comme connus des Tuamotu, les Trois Rois qu'il appelle en tahitien "taoro". I! appelle Vénus "na
panoe" et "na potu". Je n'ai trouvé aucun de ces trois nonis dans les diction¬
naires consultés,
articles
Société des
Études
Océaniennes
305
-
—
où sortent les tupapau ; il fait sombre "taiao". L'obscurité
s'installe "marumarupo, potinitini, poiri. poponiairauai a
Taaroa". Enfin parait la lune "avae, marama (aussi le mois).
Elle monte clans le ciel "hiti, eeva, aata". Le clair de lune
''uoa".
LES LUNES.
Ils
Le Taliitien
—
connaissait
plusieurs lunes.
servait aux
avaient avaient dressé le calendrier qui
en
pécheurs (1). Nous donnons ci-dessous l'un d'entre
la
lerolune
ou
nuit. Tireo
2'"a
Hiroiti,
3
Hoata,
4
Hamiama.
5
E roto hamiama.
ua
hiti te avae,
E faaoti hamiama.
7
Oreore tahi.
8
E faaoti
9
Tamatea
11
12
13
oreore.
ua
api.
hiti atoa te i'a (2).
itea rii ia aera.
E po toerau
hiti loan,
eux.
ua
ua ata te avae,- te
6
10
avae
e te
ia.
taea
e te man
Huna, ua buna te i'a, po i'a ore (4).
Rapu, ua rapu te amari o te i'a (5).
Mahuru, e tau po ia ore (6).
Hua, ua hamata o le horo o te i'a i te
i'a
atoa(3).
avae e
horo ai
te i'a.
14
Maitu,
horo te aturi
(7).
ua
horo ai
(1) Le Bulletin n° 5 contient
blable
a
un
e
te parau atoa i te avae i
calendrier des lies Tuamotu,
assez sem¬
celui-ci.
Moerenhout (Tome
2,
éd. page 182 etisq) accorde aux Tahitiens la
trouvé traces de certains noms
cités par lui, sauf en ce qui concerne
le 6nie mois "aunuhu" et le septième
"apaapa". Son calendrier des lunes offre peu de différences avec celui-ci.
L'orthographe étant fort défectueuse il est parfois difficile de rétablir les mots
comme ils sont
orthographiés aujourd'hui. Le o avant les mots est souvent em¬
ployé. Ainsi "o maido" par exemple est rétabli aujourd'hui en ••maitu'' etc.
(2) La lune parait, les poissons arrivent.
(3) Les poissons "loau" et "taea" arrivent.
(4; Les poissons se cachent.
(5) "Rapu" désigne l'idée de bredouille. Ua rapu, les pêcheurs reviennent
bredouilles.
nouv.
connaissance de 13 lunes. Nous n'avons pas
(0) "Po i'a ore" ou "po ere", suit de désappointement pour les pêcheurs.
(7) Les poissons se sauvent.
Société des
Études
Océaniennes
—
—
Hotu, ua horo te i'a e te po tanuraa au
la 15me lune.
no
306
te maa
maitai
(1).
te ata e taahi i te avae
i topa ai.
16
Marai.
17
18
Turn, uaturute i'a, e te tupaette putarate pahoe(2).
Raau hoe, po iti poto e haerea no te heva i tahito
19
Raau roto.
ra
no
(3).
20
Raau îaaoti.
21
Oreore tahi. E faatopa
22
E roto oreore.
23
E faaoti oreore. E aro no Taaroa, e po
24
E lahi Taaroa.
25
E roto Taaroa.
26
E faaoti Taaroa.
27
28
Tane, e po i'a.
Roonui.
29
Roo mauri.
ai po i'a ore.
i'a.
mate te ao, tireo te ahiahi.
représentés par "apatoa" nord,
"apatoerau" sud, "i raro", est, "i nia" ouest.
Les saisons, le solstice d'hiver (juin) "ruapoto", le sols¬
tice d'été (décembre) "ruaroa, ruamaoro".
La première récolte d'arbre à pain vers octobre "manavahoi". L'abondance ou récolte "rahune, auhune". L'hiver
ou ce qui y correspond "poai", la saison de la naissance et
de la mort "poi". La saison froide "tuanuanu
"Aoroa. rnoana, roa, reva" le firmament, la résidence du
30
Les
Motu te po, mauru
points cardinaux sont
Dieu Taaroa.
"ata", les pluvieux "otarepape", au sommet
"ohu", les cumulus "mataataro", les bas
"mahu", au bord de l'horizon "mairefatiatia", ceux au nord
"mahui i nia, mahui i raro", les blancs "puaarai,, ceux de
Les nuages
des montagnes
mauvaise augure "raiarii".
Le ciel couvert "rai atea",
tuataa", pluvieux
sombre "raipoia", infini "rai
"tuatua".
(1) Nuit favorable pour la croissance des plantes, temps "de planter,
époque.
(2) Les crabes et les crustacés se rassemblent en troupes serrées
(3) Les courtes nuits, nuit du heva, fantômes et tupapau.
che est incertaine à cette
Société des
Études
Océaniennes
la pê¬
—
307
—
La pluie "ua", un jour pluvieux "raua", là pliiie densè
"rootea", continuelle "rotu".
L'éclair "uira ", comme en décembre "uiramono" ses lu¬
eurs
éclairant l'horizon ''uirahoa hoa".
L'arc-en-ciel "anuanua". La foudre et le tonnerre
''patiri".
REY-LESCURE.
(A siçivre,)
Société des
Études Océaniennes
—
308
—
UVUmR
Ettsaaw
—
BOMBEM
L'abbé Baston, précurseur des romanciers
océaniens.
Bien peu aujourd'hui qui s'intéressent à la littérature océa¬
nienne connaissent le nom de l'abbé Baston. encore moins
publiée en 1790 à Rouen.
beaucoup l'ère du roman océanien commence à Pierre
Loti, d'autres avec plus de raison la iont remonter à Her¬
man Melville ; dans l'ensemble ont admet que ce genre litté¬
raire est né au XIX" siècle. Il faut reconnaître qu'il était à
cette date déjà fort ancien. Si la "Narration d'Omaï" repré¬
sente le type moderne du roman océanien, elle avait été
précédé depuis longtemps par de nombreuses relations
océaniennes, relations purement imaginaires évidemment
puisque l Océanie était inconnue à ces époques. Le fait sem¬
ble paradoxal et j'ai précisément tenté d'en rechercher l'o¬
rigine sinon l'explication au cours d'une suite d'articles pa¬
rus au "Bulletin de la Société d'études océaniennes'' (1). Je
renvoie particulièrement le lecteur à la remarquable étude
de Gilbert Chinard, professeur à l'Université John Hopkins,
qui, d'une façon magistrale, a mis en relief la naissance et
la formation de ce mirage océanien qui hante encore tant de
son
livre la "Narration d'Omaï"
Pour
cerveaux.
On sait la curiosité extraordinaire que
le vieux monde la découverte
devait éveiller dans
de Tahiti en 1767 et le succès
les relations de voyage de Bougainville et de
nombre d'éditions qui en furent imprimées en
rencontré par
Cook. Le
quelques années, montre assez l'empressement du public.
en plus de ces relations, que l'on pourrait qualifier
d'officielles, il en parut bien d'autres rédigées par des offi¬
ciers ou des savants ayant fait partie des expéditions, com¬
me celles de Banks et de Solander, de Vives, d'Anders Sparman, de Commerson, des Forlers, du chevalier Festche, etc..
Un lecteur intelligent, impartial et suffisamment courageux
pouvait, par la lecture de ces ouvrages se faire une idée as¬
sez exacte de l'Océanie. Ce fut probablement le cas de l'ab¬
bé Baston très épris lui aussi d'Oeéanie, à la manière de
Mais
(i)
Cf N0s 72-73 -74.
Société des
Études Océaniennes
—
Joseph Joubert son
309
—
contemporain " qui se couchait pour
mieux, dormir dans la direction de
Tahiti
était
On sait peu de choses sur l'abbé Baston sinon qu'il
chanoine de la cathédrale de Rouen et paraît avoir rempli
consciencieusement
mais ceci
relatant les aventures
les devoirs de sa charge,
intéresse moins que son livre
d'Omaï à son retour d'Angleterre.
nous
Omaï, dont le nom était tout simplement Maï, indigène de
Huahine, fut sur sa demande lors du deuxième voyage de
Cook en 1773 embarqué par le capitaine Furneaux comman¬
dant Y uAdventure". Ce n'était pas la première fois qu'un
navigateur amenait en Europe un insulaire des Mers du Sud.
En 1768, Bougainville avait ainsi accepté à son bord le nom¬
mé Aoutourou qui, après deux ans de séjour à Paris, devait
mourir de la variole sur le chemin de retour. Lors de son
premier voyage, Cook avait embarqué Tupia, grande prêtre
de Tahiti qui, à la suite de dissentiments intérieurs et de
guerre se voyait dans l'obligation de fuir. Tupia appartenait
à une classe sociale élevée, il était de plus intelligent, ob¬
malheureusement il mourrait à Bata¬
l'Angleterre. Omaï, par contre, ne
semble avoir été qu'un homme du peuple. « En partant de
Huahine, dit Cook, il n'était que "manahune" mais en arri¬
vant au Cap, il se proclama "hoa", c'est-à-dire officier du
roi et si au début il préférait la compagnie de l'armurier et
des matelots, il tâcha de s'acquérir très vite les bonnes grâ¬
servateur et instruit;
via avant d'avoir atteint
ces
des officiers.
»
Angleterre, il fut l'objet de la curiosité
plus vive, présenté au roi et protégé par les principaux
personnages, exactement comme l'avait été Aoutourou à
Paris. Après un peu plus d'un an de séjour, Omaï devait
s'embarquer sur le vaisseau de Cook lors de la troisième
expédition.
Beaucoup de personnes à Londres et des "philosophes"
en particulier avaient pensé qu'Omaï pourrait au retour
dans sa patrie améliorer la situation de ses concitoyens en
leur apportant les principes d'une morale moderne ainsi
que la pratique des arts européens, l'agriculture en particu¬
lier, en un mot faire bénéficier les insulaires de tout ce qu'il
Dès
son
arrivée
en
la
y
avait de bon dans la civilisation
occidentale. On lui remit
—
S10
des outils et des semences, les
—
charpentiers du bord lui
construisirent une maison démontable. On lui donna aussi
des chevaux, des vaches et des moutons mais ce dont il s'é-
norgueillissait le plus était un orgue portatif, une machine
électrostatique, une cotte de mailles et une armure complète.
Au fond, Omaï demeurait enfantin dans ses goûts.
Il débarqua à Huahine avec tous ses trésors, non sans en
avoir dissipé une partie à l'escale de Tahiti, ou il se montra
d'une folle générosité dans l'idée de montrer quMl était plus
riche que les Arii. Cook eut soin de lui faire délimiter une
propriété. 11 exigea également des chefs de Huahine l'assu¬
rance que son protégé - dans lequel il ne semble pas avoir
eu grand espoir-ne serait molesté d'aucune façon èt, pro¬
mettant de revenir bientôt il mit voile pour les îles Hawaï
où il devait trouver la mort. Plusieurs années s'écoulèrent
et
on
n'entendit plus parler d'Omaï
-
l'Angleterre avait à ce
jour cependant, un navire fit es¬
cale à Huahine. Il ne restait à peu près rien du bétail débar¬
qué autrefois, la distraction d'Omaï consistait à effrayer ses
concitoyens en parcourant le village de Fare au galop du
seul cheval qui avait survécu, et les indigènes supplièrent
les Anglais de les débarrasser de cet homme qui tirait, et
ne se gênait pas pour les ajuster avec ses armes à ;feu. En
1797, les missionnaires de la Société des missions de Lon¬
dres, débarqués du " Duff", tentèrent en vain de le retrou¬
ver. Il est probable qu'Omaï dût payer de sa vie ses provo¬
cations continuelles, peut-être même que son corps fut pieu¬
sement déposé sur un marae. Ainsi disparut cet individu
sur lequel les Européens avaient fondé de si grands espoirs.
L'abbé Baston ignorait évidemment les derniers rensei¬
gnements au sujet d'Omaï et d'ailleurs son livre parut en
1790. En conséquence, il imaginera une histoire de cet indi¬
gène à son retour à Huahine et durant quatre volumes il
montrera Omaï civilisant ses compatriotes, libérant sa pa¬
trie de Raiatea, faisant, régner l'ordre et la justice, en un
mot leur apportant un véritable idéal chrétien au point que,
à la fin de l'ouvrage, on ne sait plus ce qui manque à ces
moment d'autres soucis-un
populations pour être parfaitement heureuses,
n'est le baptême, discrètement sous-entendu.
Omaï n'est donc plus exactement le "bon sauvage",
braves
uennes
si ce
c'est
—
314
—
déjà le
Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 79