B98735210103_070.pdf
- Texte
-
Bulletin
DE
société
la
des
ÉTUDES OCÉANIENNES
70
TOME VI
DÉCEMBRE
Anthropologie
Histoire
—
des
—
(N° 9)
1943
Ethnologie
Institutions
—
Philologie.
et
Antiquités
populations maories.
Littérature et Folklore.
Astronomie
—
Océanographie
IMPRIMERIE
A
DU
Sciences naturelles
GOUVERNEMENT
PAPEETE
Société des
—
(TAMITi)
Études
Océaniennes
1
Les articles
teur
publiés dans le Bulletin, exceptés ceux dont l'au¬
ses droits, peuvent être traduits et reproduits
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Société des
Études
Océaniennes
)
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de
la
OCÉANIENNES
SOCIÉTÉ D'ÉTUDES
(POLYNÉSIE ORIENTALE)
——i&Sï——
TOME VI
IV"
70.
—
(No 9)
DÉCEMBRE
19 43.
SOMMAIBB
Pages
Ethnologie.
Contribution à l'étude de l'infanticide à Tahiti
-
Paul
338
I. Nordmann
Histoire.
Le Gouvernement Provisoire de
1842, à Tahiti [fin).
355
B. Cambazard
Sciences.
Le
Régime pluviométrique de Tahiti (suite et fin).
379
J. Giovannclli
Divers.
Dons et achats pour
le Musée et la Bibliothèque..
Liste des membres de la Société
%
Société des
Études Océaniennes
389
390
;
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Société des
Études
Océaniennes
s&TBHro&oess
CONTRIBUTION Â L'ÉTUDE DE L'INFANTICIDE,
cause
principale de la dépopulation à Tahiti avant l'introduction
du Christianisme.
démographique de la période qui
(1767-1812) il faut remonter à Gook. Malheu¬
reusement son évaluation du chiffre de la population, ainsi
que celles de quelques contemporains sont pour la plupart
Pour retracer l'évolution
nous
intéresse
erronées et surtout
sans
base exacte.
navigateurs et missionnaires, à peu d'excep¬
tions près, avaient l'esprit trop rempli de préoccupations
professionnelles et confessionnelles pour pouvoir approfon¬
dir une question comme celle de l'infanticide, qui pouvait
passer à cette époque comme scabreuse et d'un intérêt très
secondaire pour le public.
Toutefois, à titre indicatif, nous donnons les chiffres de
Les anciens
Gook ainsi que ceux de
son troisième voyage.
Forster qui l'a accompagné lors de
Nombre des habitants
200.000
1769 Cook
Forster
Densité
au
120.000
192
115
80.000
77
1777 Cook
km2
Superficie de Tahiti
1.042 km2
»
»
dépasserait, celui des centres indus¬
peuplés d'Europe tels que :
Le chiffre de 200.000
triels très
la Suisse
avec
100 habitants
l'Italie
137
Luxembourg
115
Danemark
87
Pologne
89
au
km2
peut supposer qu'ils avaient pris comme base de leurs
calculs la flotte de guerre tahitienne se composant unique¬
ment d'un contingent de deux districts d'hommes valides
On
(en déduisant les femmes, vieillards et enfants). — Tahiti
aurait été divisé en 43 districts à cette époque ; or, d'après
Teuira Henry, l'île et la presqu'île n'en auraient eu que 19.
Société des
Études
Océaniennes
—
338
—
grande fertilité du pays a pu induire Cook en erreur, il
pouvait penser que cette contrée pouvait facilement nourrir
une telle quantité d habitants. Ariitaimai, dans ses mémoires,
essaye de justifier les dires de Cook en disant qu'il ne s'a¬
gissait effectivement que de deux districts. Ni Cook, ni Arii¬
taimai ne tiennent compte de la surface habitable de Tahiti.
Les régions côtières et quelques commencements de vallées
pouvaient seuls être habités. A l'intérieur, on trouve très
peu de traces d'établissements statiques (sauf la vallée de
Papenoo).
L'estimation de l'Espagnol Boenechea semble correspon¬
dre à un chiffre plus vraisemblable, soit 10.000 en 1774
La
chiffre à 16.050
en
1797
Jefferson
à
7.000
en
1802
Turnbull
à
5.000
en
1803.
Wilson
Admettons que
estime
ce
la population se montait à l'époque de la
découverte à 30.000 habitants. 11 y aurait donc eu une régres¬
sion de presque 50%. Il se peut qu'une partie de la popula¬
montagnes et les îles avoisinantes
intestines qui sévissaient
durant cette période. Rienzi avait remarqué que le district
de Matavai, qui avait été très peuplé, était désert et com¬
plètement abandonné.
La dépopulation avait atteint son maximum d'intensité
vers 1812, juste avant l'introduction définitive du Christianis¬
me. On peut émettre l'hypothèse que le processus de la dé¬
population a commencé avant la découverte, probablement
déjà au moment des migrations successives, donc avant le
contact Européen. Ce contact ne peut donc pas, pour l'épo¬
que qui nous intéresse, être une des causes essentielles de
régression. Vers la fin du XVIIIme siècle, la plupart des ma¬
ladies dites européennes étaient pour ainsi dire inconnues à
tion
se
soit enfuie dans les
à la suite des troubles et guerres
Tahiti. En 1792 il y eu une
épidémie de dysenterie après le
Moerenhout exagère probablement
population en étaient atteints. On ne
saurait donc invoquer pour cette période et rendre respon¬
sable la syphilis, la tuberculose et l'alcoolisme. Ces facteurs
pathologiques ont fait l'objet de nombreuses études dépas¬
sant notre compétence: aussi ne nous attarderons-nous pas
à les discuter et nous passerons aux autres causes qui sont:
passage de Vancouver.
en disant que 2/3 de la
Société des
Études
Océaniennes
—
339
—
I. D'ordre
politique : guerres et sacrifices humains.
économique : famines et cataclysmes.
III. D'ordre religieux,
et l'infanticide qui réunit les trois motifs. La recherche de
ces influences fera l'objet particulier de cette étude.
Les guerres, beaucoup plus fréquentes que l'on ne pour¬
rait croire, ont eu une part sensible dans la décroissance de
la population. Les passions humaines existaient à Tahiti avant l'arrivée des Blancs. Les Européens ont apporté aussi
leur contribution aux discordes politiques en prenant parti
pour l'un ou l'autre des chefs influents de l'île. Déjà les tra¬
fiquants d'armes cherchaient à faire des affaires en livrant
des canons, des fusils et des munitions. Quelques déserteurs
de bateaux leur apprirent rapidement la manière de s'en
IL D'ordre
servir.
L'habitude de sacrifier des victimes humaines est
encore
qui doit être citée. Cette horrible coutume
ne s'étendait pas seulement aux ennemis vaincus, mais aussi
aux femmes et même aux enfants. Chaque événement, tel
qu'accès au pouvoir d'un nouveau chef, mort ou naissance
dans les familles princières, mauvaise récolte ou mauvaise
pêche continues servaient de prétexte, pour attirer la faveur
ou apaiser le courroux des dieux.
Turnbull relate qu'à l'accès au pouvoir de l'usurpateur Tu,
aventurier originaire des Tuamotu, fondateur de la dynastie
des Pomare, on aurait sacrifié une quinzaine de personnes.
Il y avait même une espèce de caste dont les membres
étaient destinés à être sacrifiés et qui se résignaient tout na¬
turellement à l'approche du moment fatal. La désignation des
patients était faite par le chef ou le prêtre. C'est grâce à l'heu¬
reuse influence des missionnaires que la coutume des sa¬
une
autre cause
crifices
a
cessé.
Lesson, dans son voyage autour du Monde écrit:
En
général, les homicides sacrilèges étaient institués
but principalement politique, car les mauvais su«
jets, les perturbateurs de la paix publique, en général ceux
«
qui, pour une raison ou pour une autre, gênaient les puis« sants, étaient choisis de préférence par les chefs,
lorsque
« les esclaves faits à la
guerre venaient à manquer ». (C'était,
en fait, la Commission d'épuration avant la leLtre).
«
«
dans
un
Société des
Études
Océaniennes
340
—
—
accomplis selon un rituel com¬
pliqué et accompagnés de chants lugubres ; on peut dire qu'il
s'agissait d'un vrai "Chorus Maccabaeorum". Pour bien se
rendre compte de l'état moral de la population tahitienne et
pour comprendre son état d'esprit, il est indispensable de
connaître, sommairement du moins, la Société des Areois
ou Ariois. Cette association est une des sociétés secrètes des
Tous les sacrifices étaient
plus anciennement connues éthnographiquement.
Son origine remonte probablement à l'époque des migra¬
tions polynésiennes qui est difficile à préciser. Les Areois
semblent être apparentés à certaines institutions mélané¬
siennes secrètes. Il se peut qu'un chef Tahitien, au cours
d'un voyage en Mélanésie se.soit inspiré d'une société se¬
crète de
kula
-
ces
parages
et ait fondé
-
par
exemple des Névinburs de Male-
l'association des Areois sur une base si¬
milaire.
Les
Areois, sorte de corporation semi-religieuse semi-pro¬
fane, dont les chefs se recrutaient parmi l'aristocratie tahi¬
tienne, avaient leurs initiations, leurs mystères, leur hiérar¬
chie, leurs statuts et leurs privilèges, dont l'essentiel était
Tapu. Ils exerçaient une grande influence sur la masse
générale de la population. Les missionnaires avaient bien
compris la force qu'ils pouvaient tirer du Tapu. Rien de plus
aisé que de remplacer les exigences de l'admission dans les
Areois par de nouvelles exigences, par analogie, dans l'ad¬
mission des Etaretia (membres de l'église) Iiuguenin dixit.
Le but des Areois était non seulement religieux, mais aus¬
si politique et militaire. Lors de leur initiation, les néophytes
étaient obligés de prendre l'engagement formel de suppri¬
mer leur descendance (Hamiiton) à l'exception du premier
fils né d'un chef qui appartenait à l'association. Il faut tou¬
tefois tenir compte de la teneur de la question posée au ré¬
le
cipiendaire : "s'il était prêt à tuer les enfants que sa femme
pouvait encore avoir" (Moerenhout) ce qui laisse encore en¬
tendre que les candidats Areois mariés pouvaient conserver
leurs enfants. Les Areois de grade inférieur passaient par
une espèce de noviciat comparable aux corporations germa¬
niques d'étudiants, pendant lequel ils se livraient à une dé¬
bauche effrénée. Arrivés à
un grade plus élevé, ils s'occu¬
paient de questions plus sérieuses: religion, traditions cul¬
turelles et politiques.
Société des
Études
Océaniennes
—
341
—
l'exigence de l'infanticide chez
militaire d'élite et, selon
de Bovis, pour empêcher l'accroissement indéfini des fa¬
milles princières. Les Areois n'étaient ni plus ni moins li¬
cencieux dans leurs mœurs que les autres Tahitiens. Seule¬
ment, comme en général ils étaient beaux et bien faits, vi¬
goureux et agiles, les femmes s'en éprenaient facilement et
avaient aussi plus d'occasoins de se livrer à leurs passions.
(G. Orsmond). Sans les placer sur un piédestal moral élevé,
il est permis de dire que les Areois ont joué un rôle consi¬
dérable dans les splendeurs et la décadence de la race TaPour Forler, la raison de
les Areois était de créer
un
corps
hi tienne.
qui concerne l'infanticide, la matière est délicate
qu'il est nécessaire de reproduire, avec retenue et ce¬
pendant sans infidélité, des faits qui constatent les aberra¬
tions du sentiment étriqué chez les Tahitiens. Ces témoigna¬
ges d'une corruption profonde peuvent nous aidera compren¬
dre, et peut-être à excuser, la décadence et l'immoralité de
la race tahitienne d'aujourd'hui (selon la conception euro¬
péenne).
Le culte de l'infanticide était connu chez d'autres peuples
que les Tahitiens. Dans la plus haute antiquité, Gelon, roi de
Syracuse, ayant conquis Carthage, exigea dans un article du
En
ce
parce
Traité de Paix l'abolition de l'infanticide.
L'infanticide était admis par
les Grecs, selon Platon, Ly-
curgue, Aristotélès et la législation de Solon. Les Spartiates
le pratiquaient couramment. Nous reviendrons plus loin sur
le sacrifice des enfants pour des motifs religieux.
Nulle part mieux qu'à Tahiti, pour cette époque,
l'axiome
s'appliquer : "Mais la mortalité infan¬
tile est grande dans le peuple des amours" (Art de vivre).
L'infanticide, Uurni Tamaiti, était tellement propagé par¬
mi toutes les classes de la société, que la population devait
forcément diminuer dans une proportion effrayante.
D'après Turnbull, deux tiers des enfants aurait été occis
dès leur naissance. L'infanticide du premier né était de rè¬
gle pour tout le monde. Personne n'élevait plus de trois en¬
fants. Ellis indique qu'une femme tuait en moyenne de six
à dix enfants, dans certains cas 12 à 14 ; on a même parlé de
d'André Maurois peut
dix-neuf.
Société des
Études
Océaniennes
—
342
—
Bligh avait entendu dire qu'un Areoi et son épouse avaient
adopté et institué comme héri¬
tier un neveu. En général on tuait plutôt les filles; c'est
pour cette raison qu'il existait une disproportion entre les
sexes, c'est-à-dire peu de femmes. Andia y Varela avait cons¬
taté ce fait en 1774. Turnbull estimait la proportion à une
femme pour dix hommes. Ellis, en 1817. à4à 5hommespour
une femme, ce qui explique la polyandrie, surtout propagée
occis huit enfants et ensuite
dans l'aristocratie.
Le missionnaire Orsmond
relaté dans
avaient,
un
qui était à Tahiti depuis 1812, a
manuscrit le fait suivant: Lorsque les Areois
enfant de leur commerce avec une femme, ils le
un
tuaient, soit en lui brisant les pouces ou les gros orteils, soit
même en l'enterrant vivant.
Les Areois tuaient aussi leurs enfants pour ne pas sup¬
porter dans leur case commune les émanations des urines
de ces innocentes créatures.
D'après Lesson, une loi générale défendait toutefois de
après la sortie du sein
tuer les nouveau-nés une demi-heure
de la mère.
La
Princesse
Takau Pomare-Vedel,
dans
son
Résumé
d'Histoire Tahitienne, nous donne un détail intéressant con¬
cernant le
procédé d'infanticide. L'enfant était mis à mort
par le percement du crâne à l'aide d'un os pointu provenant
de l'oiseau de mort Uuao. Il arrivait que la mise à mort avait lieu
pendant l'accouchement. C'était presque toujours le
père qui se chargait de l'exécution. On appliquait un mor¬
ceau de Tapa (étoffe indigène) sur la bouche et le nez du bé¬
bé. Les parents parlaient d'ailleurs avec complaisance de
leurs forfaits. Lorsque les Missionnaires leur reprochaient
l'infanticide, les Tahitiens répondaient "que c'était l'usage
du pays" (Ellis). C'est un exemple de soumission automa¬
tique à la coutume (V. Théorie de B. Malinowski).
Les enfants dont on s'était défait s'appelaient Tamari HuR
liia, Umitea. Tahihia (Arbousset). L'opération était aussi le
partage de matrones qui la pratiquaient sans mystère (Cu-
zent). Un homme ayant plusieurs enfants était méprisé par ses
congénères ; on lui donnait le sobriquet de Taata Puupuuu
(de Bovis). La morli-natalité était naturellement très fré¬
quente. Aux Iles Marquises, les Divinités Iianau Upeouhu,
Société des
Études
Océaniennes
—
343
—
Pahuutehe, passaient même pour être des patrons des
faus¬
(R P. Dolmas). Aux Iles Gambier il existait un
dieu de l'avortemeuL Te Tauliiri (P. Buck).
L'avortement désiré était rapidement provoqué par l'abses
couches
sorbtion de
suc de certaines herbes habilement préparées
des Tahuas experts en la matière. En évitant la mater¬
nité et l'allaitement qui s'en suivait, les Tahitiennes se sou¬
mettaient à l'opération pour raison de convenance person¬
nelle. De nos jours encore, le fait d'avoir un enfant, légitime
ou non, est considéré comme un accident sans importance
par
dans la vie de certaines femmes tahitiennes.
Les
Fau
plantes euménagogues suivantes étaient utilisées :
ou
Hibiscus tiliaceus.
Purau
Yavai
Gossypium religiosum (qui jouit
des Tahitiennes de
gues non équivoques).
Polygonum imberbe.
mélangé avec de l'eau,
Ananas vert (Nadeaud).
Tamore
Gardénia Prenna
Painapo
Turnbull écrit
«
«
«
«
«
aux yeux
propriétés euménago¬
1804 : « Si on refléchit que la pratique de
périr, selon les calculs les plus modestes,
les deux tiers des individus qui naissent, qu'à tantdecauses de dépopulation se joignent encore les sacrifices humains, on se persuadera qu'Otaiti ne tardera pas à devenir
en
l'infanticide fait
un
désert
».
Ce même auteur ainsi que
Wilson, indiquent que l'homo¬
sexualité extrêmement répandue était une autre cause de
la décroissance de la population. On peut aussi attribuer l'in¬
fanticide à la
production alimentaire limitée du pays. Quand
production n'est pas en rapport avec le chiffre de la
population, et c'était alors le cas, l'exubérance des individus
amène forcément la famine. Les famines étaient si fréquen¬
tes autrefois que les indigènes en étaient réduits à se nour¬
rir de fougères et de ufi sauvage.
Etait-ce ce "struggle for life" qui imposait les sacrifices
et l'infanticide? Les traditions orales affirmées par des per¬
sonnes âgées disent que la population était si dense à Ta¬
hiti qu'il n'était pas rare de voir alors un seul arbre à pain
(maiore) appartenir à plusieurs familles. A l'époque de l'ar¬
rivée des premiers missionnaires, .les indigènes venaient
cette
Société des
Études
Océaniennes
—
344
—
souvent devant les Tohitus
(juges indigènes) pour revendi¬
la propriété de tel ou tel rameau. Quel délice pour les
avocats-défenseurs de l'époque !
Il semble donc que les Tahi tiens ne faisaient que pratiquer
la loi que l'Economiste anglais Maltus devait formuler au
début du XIXme siècle. Mallhus, on le sait, a établi en prin¬
cipe qu'un homme qui naît dans un monde déjà occupé, si
sa famille ne peut le nourrir, ou si la société ne peut utiliser
son travail, n'a pas le moindre droit à réclamer une portion
quelconque de nourriture. Comme il est de trop sur la terre,
quer
il doit s'en aller.
Heureusement que,
de
jours, pour nos braves "beachgéopolitique hitlérienne ne leur
est pas appliquée. Le sacrifice des enfants dans un but anthropophagique, pendant des famines, est aussi connu aux
Iles Sous le Vent. Dans Raiatea la Sacrée, Huguenin écrit
que des enfants prisonniers de guerre auraient été brûlés
dans des fours et mangés.
combers" cette
mesure
nos
de
Dans toute la
Polynésie orientale l'insuffisance de vivres
époques paraît avoir été la cause de départs mas¬
sifs, dont le souvenir est encore conservé parmi les généra¬
tions actuelles. Ce qui s'est passé à Pitcairn est un exemple
frappant. Les descendants des mutinés du "Bounty" ont été
forcés d'e quitter, au bout de 66 ans, l'île où ils étaient nés
et qui ne pouvait plus les nourrir.
à certaines
Les cataclysmes, tels que raz-de-marée, cyclones, trem¬
blements de terre étaient rares et n'ont probablement pas
causé de famines. Pour
de tremblement de terre
l'époque historique aucune relation
ne
subsiste à notre connaissance.
D'après Aritaimai, la raison de l'infanticide doit être re¬
les Areois dans leur conception religieuse.
C'est-à-dire que l'enfant, à la suite du "Tapu" de son père,
devenait tapu lui même, donc propriété des dieux. Par con¬
séquent il ne devait pas naître d'une femme terrestre noncherchée chez
divine et inférieure.
Les Areois
espéraient une compensation dans l'au-delà,
auquel les Tahîtiens croyaient (Moerenhout) en renonçant à
une postérité. Ils pensaient être agréables au dieu Oro qui
devait leur procurer une bonne place au Rohutu Noa Noa
Société des
Études
Océaniennes
—
345
—
(paradis tahitien)
avec avantages et privilèges tels qu'ils en
plan terrestre.
S'il y a corrélation entre l'infanticide et la croyance dans
l'au-delà nous devons nous reporter à l'origine des cultes
ésotériques d'initiation. L'idée de mort et de renaissance
joue un rôle important. Dans l'initiation, la puberté n'est pas
considérée comme un changement progressif d'un état qui
modifie la personnalité, mais comme quelque chose de com¬
plètement nouveau. Cela s'explique par des actes symboli¬
ques, par exemple par le changement de nom après le no¬
viciat (coutume du Pii) décrit dans les travaux de E. Ahnne.
Les Areois changaient de nom après leur initiation et leur
noviciat. Il faut considérer le processus du "mourir" et du
"devenir". Pour le "devenir" la magie doit intervenir afin
que la force procréatrice et de continuation puisse s'éta¬
blir et que les forces opposantes malignes puissent être com¬
battues. On arrive ainsi à la formule que la procréation et la
sexualité peuvent mener à la mort. Des moyens de régé¬
nération sont par conséquent nécessaires. Les motifs "mort"
et "amour" ont toujours existé en art poétique. Dans la vie
réelle, des cas pathologiques de passion violente peuvent
avaient
sur
amener
le suicide double des amants. La science médicale
le
appelle cela Affectonosmose philogénique. La théorie Freu¬
dienne du "totem et tabou" peut aussi être citée, mais cela
nous mènerait trop loin si nous entrions dans les détails
psychanalytiques et nous ne voudrions pas abuser de la pa¬
tience de
nos
lecteurs.
Nous arrivons
au
complexe d'expiation, de renoncement
et de sacrifice.
La coutume de l'offrande
ou
de
l'expiation
par
le
sang
n'é¬
tait pas seulement propre aux Tabitiens. Les Carthaginois
sacrifiaient des enfants à Moloch, les Celtes à Teutatès, les
Grecs à Zeus. Nous trouvons
passage à ce sujet dans les
Hébreux) IX, 22) : « Et en gé« néral, selon la Loi, tout, est purifié avec le sang ; sans efïu« sion de
sang, il n'y a pas de pardon ».
Peut-être l'intention de sacrifier une partie de sa propre
personne pour être agréable au dieu jouait un certain rôle.
L'infanticide peut aussi être considéré comme une espèce
de "sacrificatio carnis". C'est un peu comme dans certaines
écritures saintes
(S1 Paul
un
aux
Société des
Études
Océaniennes
—
346
—
catholiques où le malade dépose un moulage
sur l'autel du Saint qui est supposé
avoir le don de le guérir. Nous trouvons un exemple frap¬
pant de renonciation dans la jolie légende tahitienne d'un
père de famille, se donnant la mort en se laissant enterrer
vivant et se transformant en arbre à pain pour nourrir ses en¬
fants affamés en temps de disette.
Peut-être la règle ordonnant l'infanticide était-elle établie
pour libérer les Areois des liens de famille dans un but de
contrées très
du
membre malade
renoncement similaire
au vœu
de célibat et de chasteté du
clergé catholique romain. Le célibat, mais non la chasteté,
était très apprécié par les Tahitiens. Comme partout un cé¬
libat officiel, libérant des liens de famille, ne veut pas dire
forcément chasteté. L'on peut comparer les Areois aux prê¬
tres de Dyonisos et Cybele, qui n'avaient pas le droit d'avoir
des descendants, mais pouvaient s'adonner à leurs plaisirs.
Lorsque les Missionnaires Catholiques Laval et Caret, en
1835 essayèrent de s'implanter à Tahiti en lieu et place des
Missions Protestantes (Lutheroth) ils eurent un appui pré¬
cieux, en invoquant leur célibat. Ils dirent aux indigènes que
s'ils ne possédaient pas de femmes c'est que de vrais mis¬
sionnaires ne devaient pas en avoir.
Le fameux guérisseur Tiurai était très estimé des Tahi¬
tiens, sa chasteté était très renommée, il prétendait que sa
chasteté lui dormait la force (le Mana) d'accomplir des guérisons miraculeuses. (Orsmond Walker). Cependant, en gé¬
néral, les Tahitiens, comme beaucoup de primitifs, mépri¬
sent plutôt la chasteté qui ne crée rien ; d'ailleurs, ils ont
peine à y croire.
De tout temps, des sectes religieuses pratiquant la chas¬
teté ont existé tels que les Essenniens des temps bibliques
et une secte de Châtrés russes, les Skopzés.
Déjà chez Tertullian, l'un des Pères de l'église dans "de
monogamia" l'on trouve : «Le Seigneur ouvre grande la por¬
te du royaume des cieux aux eunuques ».
Le culte de l'infanticide avait été institué à Tahiti selon la
légende par les jumeaux d'origine divine Orôtetefa et Urutetefa, les Dioscures tahitiens. On les considérait comme
"Dei Minores", patrons et restaurateurs de la virilité (Goblet
d'Alviella). A Mangareva on donnait des noms de déités aux
Société des
Études
Océaniennes
347
—
—
fausses couches Mao Motu te Motau
(P. Buck). Il était d'u¬
parmi tous les primitifs du monde de tuer les
jumeaux à leur naissance.
Chez beaucoup de peuples se livrant à l'agriculture il était
de règle, cela est écrit au 2rae et 4me livre de Moïse, d'offrir
à la divinité les prémices de toutes les récoltes et du bétail.
sage comme
Les anciens Hébreux offraient aussi
fants. Le sacrifice de
son
fils par
en
sacrifices leurs
en¬
Abraham est le fait le plus
connu.
L'idée
ésotérique ne doit pas être éliminée quant au sa¬
prémices. On offrait au dieu de la guerre, le pre¬
mier ennemi prisonnier, on pensait ainsi éviter la mort ou la
capture des siens. Le pêcheur offrait sa première pêche au
dieu, pensant, avoir une bonne pêche par la suite.
Les sacrifices devaient empêcher ou gagner les guerres,
éviter les disettes, les maladies ou simplement procurer de
bonnes récoltes. Chez les anciens, dans les grandes calami¬
tés, les Chefs de l'Etat achetaient le salut du peuple en inimolant aux dieux vengeurs les plus chers de leurs enfants.
(Eusèbe, préparation évangélique, Livre 1). Les Egyptiens ne
manquaient pas de jeter en cérémonie une fille dans le Nil,
quand ils craignaient que ce fleuve ne parvint pas à la hau¬
teur nécessaire pour l'irrigation de leurs cultures (Est aliquid
sacri in ant.iquis necessitudinibus).
L'aristocratie tahitienne qui, déjà à cette époque, avait
une grande opinion d'elle-même (Moerenhout) en instituant
une espèce d'indigence d'enfants, s'était créé par cette spé¬
culation sociologique de caste une arme à double tranchant.
Elle limitait son nombre, ne voulant pas de postérité des
gens du commun, au détriment de la race, en gardant ainsi
ses privilèges et son prestige, mais d'autre part
risquait de
s'éteindre n'ayant pas de descendants. En plus elle risquait
aussi d'être absorbée par la classe des raatiras (propriétaire
terriens) qui pouvait la remplacer dans ses prérogatives et
rang. Un peu comme le "patriciat" à Rome qui a été rem¬
placé par la '-nobilitas".
Lorsqu'une femme d'une classe inférieure avait un enfant
d'un arii (noble) il était tué (Moerenhout). Si une femme arii
crifice des
.
avait
un
enfant
avec
même. Gela arrivait
un
homme du
assez
Société.des
à
ces
commun
il
en
était de
nobles dames qui ne
Études Océaniennes
dédai-
348
—
-
gnaient pas d'avoir des
crétaires particuliers de
liaisons avec leurs porteurs (les se¬
l'époque).
La caste noble des Arii restait pure de cette manière. Nous
trouvons dans les instructions aux jeunes princes de Tetunae
le précepte suivant : « Ne laissez pas altérer le sang de vos
«
parents, il est préférable de cacher votre honte en enfer ».
Pour
ainsi
avec
faire des "entrailles de dieux" les chefs offraient
se
le sang de leurs nouveau-nés quand
une femme de classe inférieure.
Nous trouvons
fants dans
un
but
se
mariaient
quelques détails sur les sacrifices des
religieux chez Wilson :
Les enfants étaient souvent offerts
exposait
ils
en
en¬
holocauste. On les
les maraés (autels des temples tahitiens) et ils
sur les pierres
qui en formaient les marches.
Les débris épars étaient supposés servir de nourriture aux
âmes renfermées sous ce tombeau. Parfois, on leur attachait
au cou une
grosse pierre et on les lançait à la mer ou même
dans les rivières des environs. (Comparer par analogie le
texte que Voltaire cite dans "Les lois des M'inos" : « Vous
sur
étaient écrasés
immolerez
pierres
aux
dieux
vos
enfants dans des torrents
Quelquefois, on les suspendait
».
aux
sous
parois du
des
rna-
raé. Les enfants tués à leur naissance étaient enterrés dans
le
marae
même.
Lesson écrit que les enfants victimes étaient ornés de col¬
liers et d'autres objets que l'on regardait ensuite comme
sacrés.
On laissait les cadavres
les lambeaux
de nourriture
plein air jusqu'à ce que
le sol où ils servaient
immondes que l'odeur attirait.
en
pourris tombassent
aux
animaux
sur
Leur sépulture dernière se trouvait être l'estomac d'un chien,
d'un porc ou
Les
dans
celui d'un oiseau de rapine.
esprits des enfants sacrifiés étaient supposés revenir
les corps de sauterelles et hanter certains lieux tapus
(Moerenhout).
A Tahiti
l'endogamie était de coutume, les chefs et nobles
eux. Il y avait interdiction absolue de con¬
tracter une union stable dans un groupe social autre que ce¬
lui auquel ils appartenaient.
L'infanticide était parfois inspiré par une colère due à la
jalousie ou pour faire disparaître le fruit d'une séduction
suivie d'abandon, mais le plus souvent pour se débarrasser
se
mariaient entre
Société des
Études
Océaniennes
—
349
—
d'enfants adultérins. Les querelles de ménage, aussi, cau¬
parfois le meurtre des enfants, par méchanceté à l'é¬
saient
gard du père.
Les femmes esclaves faites à la guerre,
tuaient leurs en¬
éviter de les voir grandir en esclavage et sacrifiés
par la suite. Il était très "fashionable" d'avoir très peu d'en¬
fants. C'était considéré comme un signe de distinction. Pour
les Areois, le fait d'avoir des enfants était une
profanation
et un crime. Naturellement une mère avait la
possibilité de
fants pour
laisser vivre
son enfant, si un non Areoi s'en déclarait le
père. L'état civil tahitien était déjà très compliqué à l'épo¬
que pré-européenne.
Andia Y Varela (voir Corney)
relate que l'adultère pour les
femmes est considéré
une
faute abominable
(tempora mutan-
tur) et est condamné sévèrement. Mais c'est le mari qui choi¬
sit la punition, surtout si l'adultère a une naissance comme
suite. Il pardonne si le fruit est immédiatement mis à mort.
Il en est de même pour les enfants naturels. L'on
peut dire
que tous les habitants de l'île étaient de naissance légitime
(more tahitiano).
Selon Quatrefages, le mari adulte jouit de tous ses
privi¬
lèges tant qu'il n'a pas d'enfant mâle. Aussitôt qu'il lui naît
un fils, il est
obligé d'abdiquer entre ses mains. Il ne conser¬
ve qu'un usufruit
temporaire de sa position précédente. S'il
était chef, il devient régent, s'il était propriétaire,
gérant.
Le fils qui vient de naître devient chef de famille. On com¬
prend quelles haines odieuses devaient être la conséquence
d'un tel état de choses. Le pére voyait souvent un
tyran dans
celui que la nature destinait à lui être subordonné ; le fils ne
pouvait conserver le respect pour celui qui était tenu d'obéir
à ses caprices.
C'est sans doute pourquoi, dans le Tahiti
d'aujourd'hui,
l'enfant est roi dans sa famille. C'est une coutume
qui sem¬
ble bien enracinée dans la mentalité indigène.
Par l'infanticide les questions
d'héritage et de succession,
compliquées depuis toujours à Tahiti, étaient tranchées d'u¬
ne façon radicale. Il n'était
pas nécessaire de recourir à une
procédure fastidieuse.
Tous les chefs des Aréois étaient de
sang
non
royal. Dans le vrai
sens
Société des
princier mais
du mot, la royauté n'a jamais
Études
Océaniennes
—
350
—
mais avait seulement été créée
parles missionnaires après la bataille de Feipi, dans
un but de suprématie politique el confessionnelle. Ceschefsne
devaient posséder aucun enfant, sous peine d'infamie et d'ê¬
tre Fao Nao Nao, c'est-à-dire exclu de la société des Areois.
Ce sobriquet avait été donné au grand chef Tati (Archives de
Papara) qui avait probablement appartenu dans sa jeunesse
à la fameuse association. Chez les Aréois. les femmes étaient
en commun. Sur trois jeunes filles grosses pour la première
fois, une au moins se faisait avorter (De Bovis).
Wilson nous donne des détails intéressants sur l'interpré¬
tation des liens conjugaux parmi les familles princières au
début du XlXme siècle. 11 nous paraît opportun d'en citer le
texte original en anglais:
« It may be proper to remark here. that Iddeah though still
« considered as the wife of Pomaré bas not. for a considérable
time cohabited with him, but with one of lier ''toutous" (or
existé dans l'ancien Tahiti,
en
1815
«
servants), whom she lias had one child and is again pregnant. Her younger sister "Whyreede" next cohabited
« with the Chief, but left him through dislike for one of infe« rior rank ; and his présent wtfe is a very stout young woman, but of what condition we could not learn.
However it is evidently clear, that they hesitate little a« bout mixing the lower orders of the people,
but if issue
« should be the conséquence of those connexions, itis rarely
« the pride of rank suffers the poor infants to live an hour
« after they are born ».
Cette étude sur l'infanticide n'est qu'un essai, et il est à
peine besoin de rappeler que les essais ne réalisent jamais
entièrement les intentions de ceux même qui les tentent.
Comme l'a si bien exprimé Quatrefages dans son ouvrage
sur les Polynésiens et leurs migrations : « Quoiqu'il en soit,
« c'est à tort que quelques voyageurs,
témoins de la rigoureuse exactitude avec laquelle les femmes obéissaient aux
«
injonctions des lois et mœurs, en ont conclu que le senti« ment maternel était affaibli chez les Polynésiens. Mille faits
« témoignent du contraire. C'était évidemment avec angoisse
«
que les mères se soumettaient à ces sacrifices inévitables
«
«
«
«
«
«
dans leur civilisation ».
Peut-être le sacrifice des nouveau-nés
Société des
aide-t-il à expliquer
Études Océaniennes
la coutume de
l'adoption des enfants à Tahiti, encore très ré¬
jours. Très souvent les parents cachaient les
enfants pour échapper au sacrifice. Il arrivait qu'ils
adop¬
taient par la suite leurs propres enfants. Ainsi
l'apparence
pandue de
nos
était sauvée.
Les Missionnaires ont pu constater que
une des circonstances
l'abolition de l'in¬
qui avait influé le
plus sur le développement des croyances chrétiennes. Les
femmes avaient accueilli avec bonheur la loi nouvelle
qui
fanticide avait été
conservait leurs enfants.
Avant l'établissement des Lois par
les Missionnaires, le
impuni. Les missions punissaient
les jeunes filles enceintes, selon la loi : No te
crime d'infanticide était
d'une amende
Faturi.
L'article 1er du Code des Lois des Missions datant de 1820
stipulait:
«
Si des parents tuent
«
un
enfant nouveau-né
enfant à naître, la mère, le père, ou
n'importe qui
ou un
été
complice, seront mis à mort ». Il subsiste des traces de
cette première loi dans quelques codes de justice
indigène
plus récents.
aura
«
Code Tahitien de 1848:
Art. 3: «Le meurtre d'un enfant conçu ou nouveau-né est
«
un
infanticide
Art. 4
«
:
«
».
Tout homme
d'infanticide
coupable d'assassinat, de parricide,
emprisonnement sera puni de mort ».
ou
Les lois codifiées de Rurutu d'août 1900:
«
Celui
qui
aura
«
tué leur enfant
«
seront
Mangarevien de 1881
L'infanticide
Dans leurs
sera
sermons
contre l'infanticide.
son,
une personne,
le père et la mère ayant
même tué l'enfant dans le sein de la mère
jugés et condamnés à la réclusion perpétuelle
Le Code
«
tué
ou
».
:
puni de mort
».
les missionnaires
Nous donnons
un
prêchaient souvent
extrait, d'après Wil-
d'une homélie du Brothers Lewis:
My ty marow no Pritane i ma t.ipperahai mydide ima po« lie te taat.a »
(orthographe de l'époque): Dieu est la parole
de l'Angleterre et dit qu'il ne faut pas tuer les enfants et sa¬
«
crifier les hommes.
L'infanticide et la Société des Areois ont
Société des
Études
Océaniennes
complètement
—
352
—
disparu de l'Océanie grâce aux Missions dont l'œuvre et le
but étaient nobles, toute de charité et de dévouement.
Nous terminerons en disant
que les Tahitiens n'avaient
et n'ont rien à apprendre quant à la débauche des
blancs,
n'en
déplaise
aux mânes de Diderot et de Rousseau. Mais
Sommerset Maugham l'a si bien écrit : « L'ancien
«Tahiti n'a jamais été immoral, parce que la morale
n'y a
comme
«
jamais été définie
».
Paul I. NORDMANN
Secrétaire cle la S. E. 0,
#
Société des
*
Études
#
Océaniennes
—
353
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etc...
Société des
Études
Océaniennes
—
355
—
EUESTOZms
LE
GOUVERNEMENT PROVISOIRE
(G septembre 1 G4 —
par
—
o
novembre
liMtîi.)
B. CAMBAZARD, ancien Magistrat à Tahiti - Docteur
en
droit
(Suite et fin.)
IV.— Les luttes
politiques.
présence.— Du côté français, elles sont rédui¬
tes : une poignée d'hommes, un peu de matériel, la
sympa¬
thie des Grands Chefs, dont le Gouvernement Provisoire ti¬
rera, semble-t-il, peu d'utilité. Au cours de cette période,
Les
fonces
en
l'aristocratie tahitierine reste dans l'ombre
;
on ne
la
verra
apparaître, toujours fidèle, mais agissante, que plus tard,
au cours de la guerre, sous le gouvernement de Bruat.
Au début, en apparence, il n'y a pas d'opposition. Pourtant
il était évident que les intérêts qui se croyaient opposés à la
domination française réclameraient protection. Les Missions
protestantes depuis trente ans avaient établi leur emprise
morale sur le pays. Le gouvernement était dans leurs mains ;
les lois provenaient de leurs conseils ; les progrès réalisés
étaient leur œuvre. La France, nation catholique, leur enlè¬
verait vraisemblablement leur monopole. De toutes façons,
la foi n'avait rien à gagner au spectacle de religions
qui se
combattent. Ainsi pensaient les missionnaires, non sans
quelque raison.
Derrière la Mission, il y avait le commerce
britannique,
non négligeable, mais sans
grande puissance locale.
En outre le Gouvernement Provisoire doit compter avec
l'hostilité de Pomaré ; non pas que la malheureuse Airnata
constituât en elle-même un obstacle sérieux, mais elle est
sous la domination de Pritchard. Crédule et vaniteuse, la
reine agit comme son mentor le lui indique, soit
qu'il l'amè¬
ne à redouter un danger réel
pour elle ou son Etat, soit qu'il
l'humilie de l'abaissement de son pouvoir. Dans la lutte de
plusieurs années qui va s'élever, et où elle connaîtra des
fortunes diverses, jamais brillantes, la reine agira souvent
sous le coup de ces deux sentiments: crainte ou
orgueil.
La cause française aurait sans doute triomphé finalement
de tous
ces
intérêts
sans
le retour de Pritchard
Société des
Études
Océaniennes
sur
la scène
—
356
—
Après tant d'études approfondies sur son compte, il n'y a
plus guère à dire sur Pritchard. Essayons pourtant de faire
une esquisse du
personnage.
Pritchard apparaît homme habile,
pratique et psychologue.
Il a su réunir dans sa
personne les divers attributs qui en
imposent généralement aux humains: la foi, le pouvoir, l'ar¬
gent Il est pasteur, consul d'Angleterre, et commerçant. Par
l'un
ou
l'autre de
ces
titres, il
exerce un
contrôle
Il est le conseiller
■
sur
le pays.
privé de Pomaré. officieusement, mais intimement; il sait avec adresse, la dominer, la persuader,
gé¬
rer ses passions.
Au moral, Pritchard semble anormal. Il
y a chez lui un
désir du but à atteindre qui tient de l'idée fixe. Ni le
patrio¬
tisme. ni le zèle religieux, ni la cupidité ne
peuvent justifier
l'emploi des moyens qu'il utilise, campagnes mensongères,
excitations aux pires violences, abus de
"pouvoir, impruden¬
ces graves dans
ses fonctions diplomatiques, rapports
dé¬
formés à son gouvernement, servilité
personnelle à l'égard
de Pomaré; tout cela ne saurait être considéré
comme de
bonne guerre, même quand il
s'agit de l'enjeu de Tahiti, pa¬
rallèlement à la paix entre les deux
ces
plus grandes puissan¬
du temps.
Energique, tenace, courageux, ambitieux, mais sans scru¬
pules, incapable de contrôler la passion maîtresse qui l'a¬
nime, tel se révèle Pritchard. A côté de lui, un
Toup Nicholas, commodore de S.M. Britannique, n'est qu'un levier so¬
lide, un instrument sûr, non une pensée.
Appuyé par le zèle religieux, le patriotisme, la docilité con¬
fiante ou craintive des indigènes. Pritchard
peut sinon vain¬
cre les Français, tout
au moins apporter une
perturbation
profonde à leur action colonisatrice.
Il
a
réussi à
ce
point de
vue: un siècle plus tard, sa trace
dans l'existence du condominium des
Nouvelles-Hébrides, dernier aspect des concessions faites
par notre pays, en conséquence de son action.
se
reconnaît encore,
#
Dès
son
entrée
*
#
fonctions, le Gouvernement Provisoire,
dirigé par la Reine, s'applique à observer une ligne de con¬
duite qui ne variera jamais,
lorsque l'opposition se révélera
en
Société des
Études
Océaniennes
357
—
plus tard
La France
:
a
acquis des droits, définis par un traité.
Sans doute, ces droits sont soumis à
celle-ci
est entièrement
entre
les
une
condition, mais
mains des Français; il
s'agit de l'acceptation du roi Louis-Philippe.
Pour le parti anglais, la condition consiste en un accord à
intervenir entre les gouvernements français et
britannique.
Afin de faire respecter le traité passé avec
Pomaré, l'Ami¬
ral du Petit-Thouars a donné à ses mandataires des
préroga¬
tives précises.
Ce sont
prérogatives
Protectorat
ses
deux éléments
ces
propres
va
-
mettre
droits
acquis parla France et
le Gouvernement Provisoire du
inlassablement en avant dans toutes
-
que
discussions.
Pratiquement, il conviendra d'enlever au gouvernement
indigène toute espèce d'action sur les agissements, les per¬
sonnes ou les biens des
étrangers.
Une réforme urgente est à faire à ce
propos, celle de la
police locale. Son action illégale a amené, bien avant le pro¬
tectorat, maintes complications diplomatiques ; elle en sus¬
cite encore. C'est ce qu'exprime le
Conseil, dans une lettre
qu'il adresse à Pomaré le 22 novembre 1842:
En effet, Madame, nous ne pouvons
plus en douter,
«
les réclamations faites par Monsieur le Commandant
de
"l'Aube", les désagréments que Votre Majesté a éprouvés
depuis quelques années, toutes les plaintes portées contre
vous
et votre gouvernement, toutes les réclamations des
suls
et
con¬
des commandants des navires de guerre,
tous les
désordres qui ont régné dans cette île, les faits enfin
viennent de
qui
se
passer sous nos yeux, tout doit être attribué
au même motif. Ce sont les abus et les excès
auxquels se
sont livrés les agents de police
qui ont amené sur ce pays
peuple, et tant de sujets
de griefs de la part des
étrangers
»
Dans la seule journée du 17
novembre, les mutoï envahis¬
sent le consulat britannique, et
y perquisitionnent sans avoir
reçu d'ordre. Ûn citoyen de cette nation est maltraité
par
eux et emprisonné. Le Conseil
réagit énergiquement. Les
agents coupables sont, destitués et punis. Le gouvernement
indigène montre beaucoup de docilité - le souvenir de l'A¬
tant de calamités pour vous et votre
miral était
encore
très récent
Société des
-
Un
nouveau
recrutement du
Études Océaniennes
—
personnel
a
lieu
sous
358
—
le contrôle du conseil
au
début de dé¬
cembre.
/
Mais les abus reprennent de plus belle dès
que les moyens
de coercition mis à la disposition des Français
sont
appré¬
juste valeur. Le gouvernement tahitien ne prend
plus la peine de répondre aux protestations officielles
ciés à leur
même
qui lui sont adressées.
On lit par exemple dans les archives du
Conseil, à la date
du 20 lévrier 1843 :
«
Nous
«
«
«
«
«
Monsieur le
avons eu
Régent,
l'honneur de
vous écrire
plusieurs lettres
qui sont restées sans réponse, et depuis plusieurs jours
des étrangers ont été arrêtés et mis en
prison sans ordre
du gouvernement provisoire et sans
que nous en ayons été
instruits. Veuillez bien nous faire connaître
quelle peut
«
être la
«
sement des
Pour
de cette
négligence et de ce non-accomplisrèglements du Protectorat ».
cause
employer le ton autoritaire, cette lettre
plus efficace.
avoir été
en
ne
paraît pas
Le Conseil essaie de mettre
en œuvre cette
politique de
d'union, où il restreint son rôle propre, dans toutes les
relations susceptibles d'exister entre les
étrangers et les au¬
tochtones. En vertu de cette règle que seules les lois t a h i—
tiennes applicables aux premiers sontcelles
qui ont été édic¬
tées avant le Protectorat, il refuse à Pomarè le droit de
pren¬
trait
dre toutes nouvelles
si
peu que ce
mesures
susceptibles de viser les blancs,
soit.
Ainsi, le 7 mai 1843, le Conseil proteste-t-il auprès de la
Reine parce qu'elle vient de décider l'établissement d'un
marché, occasion de perception de taxes. Les
étrangers étant
marché, le Conseil considère que
Pomaré est irrégulière :
susceptibles d'acheter
la décision de
au
Aucune nouvelle loi, lui écrit-il à ce
propos, affectant les
étrangers ne peut être promulguée qu'après dé¬
cision du Gouvernement Français ».
«
intérêts des
Chez les Membres du Gouvernement
Provisoire, la crainte
de voir
quelque conflit surgir entre étrangers et indigènes,
contre-coup, est si vive, qu'il en viennent à
et d'en subir le
Société des
Études
Océaniennes
—
359
-
préoccuper des relations privées des étrangers et des ta-
se
hi tiens.
On trouve par
tre officielle
«
au
exemple, à la date du 29 avril 1843, cette let¬
Consul des Etats-Unis:
Monsieur le Consul,
qu'un Amé¬
marié à une Indienne a chez lui une au¬
tre femme qui est réclamée par ses parents. Nous vous sou¬
mettons cette affaire en vous priant de chercher à prévenir
Le Gouvernement local vient de nous informer
ricain. M. Chapman,
tout résultat fâcheux
Si vraiment
ment
une
».
devise caractérise l'œuvre du Gouverne¬
Provisoire, ce doit être la formule : Pas d'histoire !
Le 25 février
1843, Pritchard débarque à Tahiti de la fré¬
gate anglaise '• Vindietive ", commandée parle comrnodore
Toup Nicholas. Il revient d'Angleterre, où il a été exposer
sans résultat, ses vues sur l'annexion de l'archipel.
Il ne se tient pas d'ailleurs pour battu sur ce point. Pour
réveiller les ardeurs impérialistes de son gouvernement, il
écrit à Lord Aberdeen, le 13 mars 1843, une lettre bien con¬
nue où il insère un argument qui fait long feu : Il a trouvé,
à son retour à Tahiti, Pomaré enfuie de Papeete, terrorisée
les Français qui menacent continuellement de la tuer.
sans fondement est prise au sérieux par le Ca¬
binet de Londres, et intégrée dans les échanges de corres¬
pondance diplomatique avec le gouvernement de Louis-Phi¬
lippe.
En même temps, Pritchard pousse Pomaré à déchirer le
pacte de Protectorat, en lui promettant le soutien de l'An¬
gleterre, soutien sur l'inexistence duquel il est fixé.
Lui-même prend une position très osée, au regard des ins¬
tructions que Londres a vraisemblablement pu lui donner.
II décide de ne pas reconnaître le Protectorat, et amène le
comrnodore Toup Nicholas à adopter la même ligne de con¬
duite. Au début du conflit, cette non-reconnaissance n'est
posée qu'à l'étatde principe. Peu à peu elle conduitPritchard
à une opposition ouverte à l'action du Gouvernement Provi¬
par
Cette histoire
soire.
Société des
Études
Océaniennes
—
360
—
Quelques jours après l'arrivée du " Vindictive
modore fait
une
le Com¬
visite à Pomaré, sans avertir le Conseil fran¬
çais. Celui-ci est mécontent, et demande à Pritcliard des ex¬
plications sur les motifs de cette visite. Pritchard n'ose,
pour cette première escarmouche, refuser une reddition de
compte.
Le Conseil lui répond, le 10 mars 1843 :
«
Monsieur le
Consul,
Si la foi des traités doit être
la souveraine de
respectée, si la signature de
îles à laquelle le Commodore anglais a
rendu tous les honneurs dûs à une Reine mérite le
respect
qu'on accorde
ces
aux
actes authentiques des puissances, il exis¬
te alors entre la France et S.M. la Reine Pomaré des
enga¬
gements par lesquels elle
a
cédé à la France
ses
relations
les pays étrangers. Sur l'autorité de ce traité, le Gou¬
vernement Provisoire à qui en a été confié l'exécution
crut,
avec
pourtant vouloir s'arroger aucune mesure offensante,
ayant le plus sincère désir de contribuer de son mieux
à l'entretien de la paix et la bonne intelligence de ce
pays,
devoir s'informer auprès de vous, Monsieur le Consul,
quel
pouvait être le but de la démarche dont vous nous donnez
une explication dans votre lettre de ce
jour, et qui, dès ce
sans
et
moment, est sans importance à nos yeux.
Nous vous prions donc de vouloir bien dire au Commodo¬
Toup Nicholas qu'aucune interprétation malveillante ne
portés à vous demander des renseignements sur un
fait dont nous devions connaître la cause afin de pouvoir en
donner l'explication à notre gouvernement si le cas l'eût
exigé ».
re
nous a
Cette mise au point ne paraît pas être du goût du Com¬
modore. Il la rectifie le lendemain en exposant que rien ne
légitimait
un
protectorat français. La discussion
le Conseil cherchant manifestement à
son
belliqueux adversaire.
«
Nous
Monsieur le Commodore,
avons
l'honneur de
tre que vous avez
courant. Nous
est
se poursuit,
temporiser et à calmer
vous accuser
bien voulu
nous
exprimons
pénible pour nous de voir
vous
Société des
Études
réception de la let¬
adresser
en
date du 12
même temps combien il
que les rapports les plus:
en
Océaniennes
361
—
inexacts
vous
ont été faits
sur
—
les événements antérieurs à
l'arrivée cle l'Amiral ainsi que sur ce
qui s'est passé pendant
séjour à Tahiti ; du reste, les documents qui font foi de
ce qui a eu lieu se trouvent entre les mains de l'Amiral et
du Gouvernement Français. Nous pensons donc, comme
vous, Monsieur le Commodore que la décision de ces affaires
doit appartenir à nos gouvernements.
Toutefois, Monsieur le Commodore, nous témoignons de
nouveau de vos efforts bienveillants pour le maintien de la
paix, de la bonne harmonie, et nous espérons que vous vou¬
drez bien recevoir nos remerciements à ce sujet ».
son
(12 mars 1843).
Le Commodore
ne
fait d'ailleurs, aucun effort bienveillant
maintenir la paix. Il cherche au contraire des
prétextes à incidents. C'est ainsi que le 9 mars, il a envoyé
a terre une troupe de marins armés. Le Conseil a dû réagir
auprès de Pritchard par une note de protestation. Affaire
analogue en août : cette fois-ci. il s'agit de marins qui ont ar¬
boré une flamme et le pavillon britanniques à terre sur une
maison privée.
Vers Mars, se place un fait qui présente quelque intérêt à
être signalé pour mieux définir la position du Gouvernement
ou non.
pour
du Protectorat.
Français, Lucas, va trouver le commandant Mallet,
frégate française " l'Embuscade ", mouillée à Papeete,
et lui demande de lui faciliter son départ de l'île, et une pri¬
se de contact avec l'Amiral. Surpris de cette démarche, l'of¬
ficier questionne Lucas et celui-ci lui annonce qu'il est char¬
gé par Pomaré d'une mission confidentielle auprès de l'Ami¬
ral ou du Roi. 11 s'agit, bien entendu, d'une mission à l'insu
du Gouvernement Provisoire. Celui-ci l'apprend d'ailleurs
de différentes sources, notamment du Consul des Etats-Unis
Blackler, à qui Lucas s'est ouvert de ses projets. Lucas ne
donne pas suite à ceux-ci, mais, trois semaines plus tard, le
Conseil, soucieux de savoir ce qui les avait motivés, enquê¬
te sur Lucas auprès de Blackler " relativement à ses projets,
Un
de la
et
son
opinion au sujet des événements qui se passaient
alors ".
Cette anecdote donne
un
indice
Société des
sur
Études
la position du Gouver-
Océaniennes
—
362
nement Provisoire vis-à-vis des
ne
semble pas que
reçu un
même dans
—
Français établis à Tahiti. Il
milieu, le Protectorat ait
ce
accueil unanimement favorable. En tous
vernement Provisoire
a
cas. le Gou¬
des adversaires parmi ses propres
nationaux, et
ne considère pas leur opposition comme abso¬
négligeable. L'hostilité sur ce point pouvait venir
moins de raisons politiques que de conflits d'intérêts
privés.
Lucas, par exemple, n'est autre que le mandataire de ce
Mauruc, gêné dans son trafic d'alcool plus ou moins licite.
Par sa position de commerçant, Moerenhout, suscitait des
rivalités et des jalousies. 11 était l'objet de fréquentes
criti¬
ques. C'est vraisemblablement de lui qu'il s'agit dans ce frag¬
lument
ment de lettre du Conseil
Commodore,
au
en
date du 8 mai
1843:
Nous
terminer cette lettre, Monsieur le Com¬
exprimer combien il est pénible pour
nous de vous voir
ajouter foi à des rapports sans fondement
qui attaquent la réputation d'un de nos membres. Toutefois
sa position sociale, le
poste qu'il occupe, doivent le mettre
au-dessus de pareilles calomnies, et
l'empêcher de s'y ar¬
«
modore,
rêter
ne
pouvons
sans
vous
».
La
personnalilé de Moerenhout est encore mise en jeu
dansune autre histoire, engendrée par un Français, Brémond,
restaurateur à Papeete, dont Pomaré était la cliente. Reine
écrit à Moerenhout, à ce propos, le 2 septembre 1843 :
«
Monsieur le Consul,
Je
m'empresse de répondre à la lettre de cejour que vous
de me faire l'honneur de m'écrire au sujet de M. Bré¬
mond qui s'est permis de faire circuler des bruits menson¬
venez
gers sur votre compte.
Aussitôt la réception
de votre lettre, j'ai fait venir chez
le réprimander et je vous envoie co¬
pie de la lettre qu'il vient de m'envoyer à cet égard.
Recevez, Monsieur le Consul, l'assurance des sentiments
respectueux avec lesquels j'ai l'honneur d'être votre hum¬
moi M. Brémond pour
ble et dévoué serviteur.
Le Lieutenant de Vaisseau Gouverneur
E. REINE.
#*#
Société des
Études
Océaniennes
militaire,
—
363
—
Pendant que le Conseil monte la garde entre les Anglais
Tahitiens, Pritchard gagne ceux-ci en la personne de
la reine. Pritchard la flatte pour obtenir sa pleine confiance
et les
Il demande pour elle au Gouvernement Provisoire l'institu¬
tion d'une étiquette, comme il sied à la grandeur
royale. Le
gouvernement s'empresse d'acquiescer à ce désir, et l'éti¬
quette est réglée à l'égard des blancs et des indigènes. Pomaré en est, en iait, la première victime.
Une autre fois, Pritchard pousse la reine à soulever un in¬
cident, parce que le titre qui lui est donné dans la corres¬
pondance officielle
ne
paraît
pas
convenable à
sa majesté.
qu'elle mon¬
cherche parfois querelle :
Nous reproduisons la réponse du Conseil, parce
tre
sur
quels points de détail
«
Nous
neur
de
avons
nous
reçu
la lettre que
écrire
en
vous
nous avez
fait l'hon¬
date du 18
juillet. Nous regrettons
été fait usage en tête de la traduc¬
formule dont il a
langue tahitienne de nos lettres officielles en date du
16 juillet et du 30 mai n'ait pas paru convenable à Votre Majesté. Nous devons à cet égard vous faire observer, Madame,
que le Gouvernement Provisoire désirant que Votre Majesté
prit connaissance par elle-même du contenu des lettres qu'il
vous adresse a cherché à vous les traduire dans la
langue
du pays, quoique ne la connaissant qu'imparfaitement; à
cela seul et à la persuasion où nous nous trouvions que tel
était l'usage parmi les Indigènes doit être attribué l'emploi
de l'expression " Pomaré " comme substitué au mot français
Madame ", mot usité en notre langue, même en s'adressant à une souveraine, et auquel nous ne connaissons
pas
d'équivalent dans la langue de Tahiti.
que la
tion
,
on se
Madame,
en
"
Du reste,
ver
le Gouvernement Provisoire, désirant vous prou¬
éloigné de l'idée de rien faire qui puisse
déplaire aura soin de toujours joindre dans les traduc¬
combien il est
vous
tions de
ses
lettres
Un de
ces
différends eut de plus graves conséquences. Il
vos
titres à votre
nom ».
(du 18 juillet 1843.)
s'agit, de l'affaire du pavillon, qui servira plus tard de pré¬
texte à la déchéance de Pomaré IV. A vrai dire, Pritchard
n'en a pas l'initiative, s'il sait l'exploiter à fond. C'est avant
Société des
Études
Océaniennes
—
364
—
le retour du Révérend,
en janvier 1843, qu'a lieu le premier
sujet : Pomaré, rentrant au port de Papeete, fait
arborer sur sa goélette les anciennes couleurs de Tahiti. Le
Conseil met l'affaire au point avec patience, estimant, écritil, qu'il s'agit là d'un " acte irréfléchi
débat à
ce
Pomaré fait
répondre par le Régent Paraïta qu'elle entend
ancien pavillon. Peut-être serait-il de bonne
politique de ne pas insister pour le moment sur cette affaire,
mais le Conseil ne l'entend pas ainsi. Il pousse sa thèse jus¬
qu'aux arguments de droit et de logique, et riposte par une
lettre sévère, le 28 janvier :
conserver son
«
Nous
Madame,
avons
vu
avec
autant
de. peine que de surprise la
lettre que
votre majesté a adressée au Régent relativement
pavillon du Protectorat; mais comme nous croyons que
l'erreur dans laquelle est tombée Votre Majesté est l'effet
des conseils malintentionnés de ceux qui cherchent à l'en¬
traîner dans de nouvelles difficultés, nous croyons devoir
l'éclairer sur un sujet aussi important et qui pourrait avoir
de sérieuses conséquences.
au
Quand Votre Majesté et les grands chefs demandèrent la
protection de la France et cédèrent toutes les relations ex¬
au Roi des Français, l'Amiral Français
conséquence nécessaire de votre demande
et des droits que vous aviez cédés à Sa Majesté Louis-Phi¬
lippe, arborer le pavillon français à Tahiti. Par égard pour
Votre Majesté, il a préféré laisser exister le premier pavil¬
lon en y plaçant les couleurs françaises, et comme sauve¬
garde, et comme signe d'alliance, pour que les autres puis¬
sances ne puissent molester Votre Majesté ni ses Etats
pour
des griefs antérieurs, ni attaquer ou arracher le nouveau
pavillon sans devenir responsable envers la France de cette
térieures de
ces
Iles
aurait pu, comme
insulte.
Ce
pavillon fut présenté aux Grands Chefs et à ceux qui
représentaient alors et depuis plusieurs années ; il fut
arboré à terre et sur la petite île, fut salué par la frégate
française, par le fort, et devint parce fait même alors, com¬
me il doit être désormais, le signe national de vos Etats, et
vous
Société des
Études
Océaniennes
—
celui de votre alliance
avec
365
—
la France dont
vous
et les vôtres
aviez demandé la
protection.
Après des actes aussi authentiques, que devront penser
le Roi, le Gouvernement Français, de
l'opposition et des obs¬
tacles que votre Majesté paraît vouloir mettre
aujourd'hui à
l'exécution des traités conclus par elle ; n'auraient-ils
pas
lieu de croire que Votre Majesté estentrainée à les
jouer, ou
à rompre ses engagements.
11 est de notre devoir de vous déclarer, Madame,
qu'on ne
manque pas à un traité sans s'attirer la guerre, qu'on ne se
joue jamais d'une nation aussi puissante que la France avec
impunité, et que si de nouvelles injures étaient laites dans
ce pays à notre nation, il
n'y aurait pas de pouvoir qui pût
empêcher la France d'en exiger réparation.
Nous vous prions donc, Madame, que votre Majesté s'ex¬
plique à ce sujet, afin d'instruire immédiatement le Gouver¬
nement et l'Amiral français ».
Après cette admonestation, la reine cède, mais à contre¬
Dès que Pritchard arrive, elle revient à la charge sous
une forme un peu différente, et réclame le droit à un
pavil¬
lon personnel. Le Conseil croit s'en tirer en éludant la de¬
mande. Il soumettra le cas, promet-il, au gouvernement
français. Pomaré n'attend pas si longtemps ; elle fait arborer
son ancien pavillon sur la maison
royale, où il flotte désor¬
mais comme le symbole du retour à l'indépendance. Le Con¬
seil, humilié et impuissant, préfère se taire désormais. Par
son manque de psychologie, il a forgé lui-même l'occasion
d'encourager ses adversaires à la résistance, et il montre sa
cœur.
réelle faiblesse.
En même temps, les relations avec les Anglais deviennent
plus tendues. Elles existaient jusque-là surtout sous forme
de discussions où la légitimité de l'occupation française était
mise en jeu. Pour le Commodore, cette
occupation trouve
son origine dans la violence et la trahison. Il déclare au Con¬
seil qu'à son avis, les Grands Chefs co-signataires de l'acte
de Protectorat méritent d'être pendus. Tel est le sort
qu'il
entend réserver à Tati, à Hitoti, et à quelques autres. Le
Conseil ne peut que relever cette sortie :
....
«
Vous
nous
permettrez aussi, Monsieur le Commo-
Société des
Études
Océaniennes
—
366
—
dore, de ne point partager votre opinion relativement à quelques chefs de cette île. Leur seul tort est d'avoir eu des sym¬
pathies pour la France, et demandé, au moment où ils étaient
engagés dans de grandes difficultés, (ainsi qu'ils l'ont décla¬
ré publiquement dans l'assemblée du 9 février
1843) la pro¬
tection de S.M. le Roi des Français, en
engageant leur sou¬
veraine à vouloir bien se joindre à eux. Aussi ne
croyonsnous pas que la
peine de la pendaison soit applicable à tout
homme qui comme eux agit dans l'intérêt de son
pays d'a¬
près ses sentiments et sa propre conscience ».
(8 mai 1843.)
Le Commodore n'en continue pas
moins à se montrer mal¬
mai 1843, il s'applique à l'étude du Pac¬
te, et en tire diverses interprétations, évidemment restric¬
tives, qu'il soumet à l'appréciation de ses adversaires. Pa¬
tiemment, ceux-ci répondent qu'ils enverront les sugges¬
tions du Commodore à l'Amiral. En
attendant, ajoutent-ils,
"il ne nous appartient pas de discuter sur les diverses inter¬
prétations qu'on pourrait donner au texte du trailé ou de la
proclamation
Cette attitude défensive, qui ne s'exprime
qu'en protesta¬
veillant.
Toujours
tions basées
sur
en
le leitmotiv du respect
des conventions n'en
des indigènes qui la prennent pour
une marque d'impuissance. A son
départ, l'Amiral aurait pu
s'en douter, en considérant les traités
qui avaient été pas¬
impose plus
aux yeux
sés vainement entre la France et Tahiti avant celui du 9
sep¬
tembre 1842 (1). Seule la force a permis d'assurer un statut
normal aux Français. Elle disparue, les conventions devien¬
nent
lettre morte.
Les
pratiques passées
peuvent que
ne
subsister.
En
en
avril, la reine manifeste à
édictant
un nouveau
nouveau son indépendance
règlement de police qui échappe au
contrôle du Gouvernement Provisoire. C'est
troubles
probables. Le Conseil intervient le 28
«
Nous
un
ferment de
:
Madame,
venons
de voir qu'un règlement de police relatif
aux
(i) Septembre 1838, par du Petit-Thouars ; juin 1839, parLaplaee;
I842, par du Bouzet.
mai
Société des
Études
Océaniennes
—
étrangers
a
367
—
été fait et affiché sans notre participation et
été même instruits.
sans
que nous en ayons
Pareille
mesure
étant tout-à-fait
irrégulière et en opposi¬
proclamation, nous
croyons devoir nous adresser à Votre Majesté en la priant
de vouloir bien donner des ordres pour
que de pareils abus
n'aient pas lieu, vu que tout ce qui est relatif aux
étrangers
doit nous être soumis afin que nous
puissions prendre des
arrêtés en conséquence ».
tion
les clauses du traité et de la
avec
Mais il
ne
faut plus compter désormais sur
accords intervenus. Pomaré
en
l'argument des
parait bien décidée à se tenir
dissidence.
C'est
ce
que constate
le Conseil deux semaines plus tard :
« Nous ne pouvons
que regretter, Madame, que vous
refusiez de prêter l'oreille à nos conseils et que vous mon¬
....
triez constamment de
nous
vous
exprimons
l'éloignement
pour tous
les désirs
que
»....
(du 10 mai 1843.)
Tel est le bilan de l'essai d'harmonie franco-tahitienne
après neuf mois de protectorat.
#
*
#
Pendant
ce temps, le Révérend Pritcbard ne manifestait
activité que par le truchement de ses porte-parole.
Lui-même s'intéresse de près à une opération riche en fruc¬
tueuses perspectives, et dont la nature
souligne un aspect
de son caractère si complexe.
pas son
Pritcbard avait ramené
avec
lui à Tahiti
une
singulière
cargaison. 11 s'agissait de pièces de cuivre. Pritchard pen¬
sait les écouler dans le commerce, comme
monnaie, après
leur avoir affecté
une
valeur déterminée.
Il
se
réservait le
pouvoir d'émission. Par ce mo ,en. le Révérend devenait, si
si l'on peut dire, établissement de crédit. 11 obtenait le
pou¬
voir de financer toutes entreprises et d'être le
dispensateur
de tous moyens d'échange. Il pouvait mettre dans ses coffres
l'argent en circulation sans qu'il lui en contât une piastre.
Sans doute fallait-il pour le succès de l'opération l'autori¬
sation du Gouvernement de la reine ; mais sur ce
point-là,
Pritchard n'était pas embarrassé. Quant à la garantie de sa
Société des
Études
Océaniennes
368
—
—
monnaie, il comptait bien également sur la reine, et proba¬
sur sa situation de
représentant du Culte, et
d'une grande puissance.
blement aussi
Il est donc concevable que
çaises
ne
fitables
la présence des autorités fran¬
lui ait pas paru désirable. Et cet obstacle à
projets n'est
ses pro¬
doute pas une des moindres rai¬
sons de son hostilité à
l'égard du Protectorat.
Pritchard ne se trompait pas d'ailleurs sur la position
qu'al¬
lait prendre le Gouvernement Provisoire. Dès
que la monnaie
est lancée sur le marché, l'accord de Potnaré
ayant été faci¬
lement obtenu, le Conseil écrit à la souveraine en lui faisant
un petit cours d'économie
politique :
«
sans
Madame,
Venant d'être témoins
sur
les ventes faites
aux
naie vient d'être mise
en
qu'on prélève de nouveaux droits
étrangers et qu'une nouvelle mon¬
circulation contre le droit des gens
(Vattel tome 1er chapitre 10,
page
Votre
Majesté que tout ce qui
la nouvelle monnaie mise
que
nulle
176),
se
en
nous devons prévenir
fait est centre le traité, et
circulation
n'ayant
cours
part ne peut que susciter des embarras à Votre Majes¬
té et de grandes difficultés pour l'avenir dans le commerce
avec les
étrangers, qui n'accepteront en aucun cas cette nou¬
velle monnaie dont rien ne garantit la valeur. Un autre in¬
convénient est encore à redouter; l'introduction de cette
nouvelle monnaie peut faire disparaître une
partie de l'ar¬
gent jusqu'ici en circulation et accepté par tous les étrangers,
et de cette manière appauvrir votre pays, en diminuant la
quantité de la seule monnaie qui puisse servir dans les échanges faits avec les étrangers.
Pour tous
Majesté de
ces
divers motifs
nous
devons solliciter de Votre
tolérer de semblables innovations, jus¬
qu'à nouvelle décision du Gouvernement Français ».
ne pas
(du 4 mai 1843.)
Inquiet pour sa
avertissement à la
combinaison, Pritchard fait placarder un
population : sa monnaie est remboursa¬
ble à vue en or et en argent. Le Révérend prend figure d'ho¬
norable banque d'émission. Il écrit au Conseil pour lui faire
part de cette précision.
Société des
Études
Océaniennes
—
369
Celui-ci lui
à
aucune
«
Nous
—
réplique sur un ton qui
proposition nouvelle :
ne
laisse d'échappatoire
Monsieur le Consul,
venons
l'honneur de
de recevoir la letlre que vous nous avez
nous
écrire
en
fait
date du 8 mai 1843, lettre à la¬
trouve jointe la copie d'un écrit que vous avez fait
plusieurs autres endroits de l'île,
pour faire connaître à chacun que vous étiez disposé en tou¬
tes circonstances à donner en or ou en argent la valeur des
pièces de cuivre que vous avez mises en circulation. Nous
voyons en outre dans votre écrit affiché que vous dites avoir
agi conformément au désir de la Reine.
A tout ceci, nous vous répondrons :
1° Que d'après le droit des gens (Vattel tome 1er chapitre
quelle
se
afficher à Papeiti et dans
X page
176), les pièces de cuivre dont il vient d'être question
peuvent être mises en circulation.
2° Dans votre position, vous né pouvez pas offrir de garan¬
tie pour les monnaies mises en circulation dans ce pays
(Vattel, tome 1er chapitre X).
3° Le gouvernement local ne nous a pas instruit de ce dont
il est question dans votre écrit.
4° Tout ceci attaquant directement les intérêts de tous les
étrangers devient par la même du ressort du Gouvernement
Provisoire et doit être suspendu jusqu'à décision du Gou¬
vernement français.
Recevez, Monsieur le Consul, nos salutations empressées ».
ne
(8 mai 1843.)
Désappointé de ne pouvoir battre monnaie, Pritchard veut
sauver la face, et éviter de passer pour avoir vou¬
lu réaliser une affaire personnelle. 11 rétorque qu'il n'a pen¬
sé en tout cela qtPà être utile, et que son stock de monnaie
était à la disposition de la reine. Il ne s'est préoccupé que
de l'intérêt public.
Le Conseil lui fait entendre qu'il n'est pas dupe, dans une
courte lettre qui ne manque pas d'ironie :
néanmoins
«
Nous
neur
de
Monsieur le
avons
nous
Consul,
la lettre que vous nous avez fait l'hon¬
envoyer, en date du 8 courant, au sujet des
reçu
Société des
Études
Océaniennes
—
nouvelles
370
—
pièces de cuivre que vous aviez mises en circula¬
mises, plus tard, à la disposition de
tion. et que vous avez
la Reine Pomaré.
En
eu
réponse,
devons
nous
l'honneur de
vous
et que nous avons
vous confirmer ce
dire dans notre lettre
que nous avons
en
date du 8
écrit à cet égard à la Reine Pomaré
mai,
».
(10 mai 1843.)
Ainsi
termina, dans l'œuf, la carrière financière de Priten garder au nouveau
régime politique une
solide rancune qui se manifesta
rapidement par un degré ac¬
se
chard. Il devait
cru
des hostilités.
*
La note
Nicholas,
«
#
*
publiée ci-après et adressée au commodore Toup
de cette aggravation de la situation:
se ressent
Monsieur le
Commodore,
D'après les documents qui viennent de nous être commu¬
niqués par Monsieur Mallet commandant la corvette fran¬
çaise 1' " Embuscade ", nous voyons avec la plus grande sur¬
prise que contrairement à toute espèce de droits, vous dé¬
clarez à
nouveau ne
pas vouloir reconnaître la validité des
traités faits par un amiral français, au nom de son souve¬
rain,
la Reine Pomaré et les Grands Chefs, et
qu'outre
engagez les sujets anglais résidant à Tahiti à ne
pas reconnaître les autorités françaises établies en vertu des
cela
avec
vous
traités et reconnues par
les consuls étrangers et
la reine Pomaré ainsi que par tous
même les résidents.
Engager vos compatriotes à une opposition aussi ouverte
à l'ordre établi, avec promesse de les soutenir,
c'est, Monsieur
le Commodore, les exciter à un soulèvement
général, et
provoquer de graves désordres dans ce pays. Placés à Ta¬
hiti par l'amiral du Petit-Thouars pour maintenir ce
qui a
France, nous devons non seulement
nous plaindre de toutes ces démarches
irrespectueuses en¬
vers le Gouvernement français, mais encore de vos
démons¬
été fait
au nom
de la
trations constamment hostiles
depuis votre arrivée sur cette
rade, quoique cependant dans toutes vos lettres adressées
au Gouvernement Provisoire, vous ne cessiez de
témoigner
de votre désir de maintenir la bonne harmonie entre les
Société des
Études
Océaniennes
su-
—
371
—
jets de
nos nations respectives, et de n'apporter aucun chan¬
gement à l'ordre établi, jusqu'à ce que les gouvernements
aient fait connaître leur décision.
Les nouvelles difficultés que vous venez
position aussi gratuite à
d'élever et l'op¬
ordre de choses que vous aviez
oblige, Monsieur le Commodore,
un
vous-même reconnu, nous
à protester
ainsi qu'il suit:
1° Nous protestons contre le droit
que vous vous arrogez
d'intervenir directement ou indirectement dans les affaires
politiques déjà réglées ou encore en litige entre la France et
la Reine Pomaré ; pareille démarche étant à la fois contrai¬
re au respect dû au Gouvernement
Français et en contradic¬
tion
avec
les lois internationales.
2° Nous
protestons contre toute démarche hostile aussi
contraire à la
opposition
paix et à la bonne harmonie
avec
en
cette île, qu'en
les liaisons intimes et les sentiments
tuels de bienveillance
mu¬
qui régnent entre les Gouvernements
Français et Britannique.
3° Nous protestons contre votre dernière démarche
auprès
des résidents anglais à Tahiti, ainsi que contre tout acte ou
transaction quelconque avec la Reine Pomaré, son
gouver¬
nement, ou les autorités locales, faits sans notre participa¬
tion.
Malgré cette démarche authentique que nous prescrit no¬
devoir, nous vous prions de croire que notre plus vif dé¬
sir est toujours, comme par le passé, de maintenir la bonne
harmonie et de prévenir toutes difficultés dans ce
pays ».
tre
(20 juin 1843 )
De tous les services assurés par le Gouvernement Provi¬
soire, Celui de la Justice était, le plus vulnérable, vu la com¬
position des jurys. En juin 1843, Pritchard prescrit à ses na¬
tionaux la grève des fonctions judiciaires.
Averti officieusement de cette
décision, le Conseil prend
l'initiative des opérations. Il demande à Pritchard le 23 juin
si, outre le Protectorat, le consul entend méconnaître les ins¬
titutions établies conjointement par la reine et l'amiral.
Deux
jours plus tard, Pritchard fait connaître qu'il
sur-le-champ:
bien ainsi. Le Conseil lui répond
Société des
Études
Océaniennes
en est
372
—
«
Nous
lettre
Monsieur le Consul,
avons
l'honneur de
vous accuser
réception de votre
date du 25 juin courant dans laquelle vous nous in¬
formez que vous vous
opposez également à ce que les rési¬
dents anglais reconnaissent le Gouvernement Provisoire et
en
soumettent
se
lois et
règlements établis par le traité et
proclamation signés par la Reine Pomaré et l'Amiral du
la
aux
Petit-Thouars.
Vous
cours
res
dites aussi, Monsieur, dans votre lettre
que le
nous
de la
justice
ne sera pas
que vous venez de
anglais dans
ces
les lois de
pays,
ce
interrompu malgré les
prendre,
îles doivent
ainsi
que
parce que tous
mesu¬
les résidents
regarder comme régis par
cela avait lieu antérieurement
se
9 septembre 1842. Nous devons vous faire observer à cet
égard que le seul mode légal aujourd'hui d'exercer la justice
parmi les étrangers et d'administrer les lois est celui stipu¬
lé par le traité et la proclamation. Aussi tout
jugement non
conforme à ces stipulations sera-t-il sans valeur et considéré
au
comme non avenu.
Nous devons donc, Monsieur le
Consul, protester contre
faites dans cette circonstance, vous
rendant responsable des suites
qu'elle pourrait avoir et du
préjudice qui pourrait être porté aux intérêts des étrangers
l'opposition
que vous
établis dans
ce
pays ».
En même
temps, pour se mettre lui-même à couvert dans
possible, le Conseil fait part au Consul Blackler
de la conjoncture née delà décision de Pritchard. Sans doute
espère-t-il jeter ainsi un discrédit sur les méthodes de ce
la
mesure
dernier
:
«
Nous
du
Monsieur le Consul,
avons
l'honneur de
vous
informer que dans notre
lettre du 17 courant, nous avions nommé un
jury pour déci¬
der dans la contestation élevée entre Messieurs Fuller et
John Orsmond.
Le
juge Taamu vient de nous faire connaître que le juge¬
avoir lieu vu l'absence de M. John Orsmond et
Hooton, qui ont refusé de comparaître, prétextant un ordre
de leur consul qui leur prescrit de ne
pas se rendre aux sornment n'a pu
Soeiété des
Études
Océaniennes
373
—
—
mations du Gouvernement Provisoire. Nous
vous
prévenons
même
temps que nous avons protesté contre l'opposition
illégale de Monsieur le Consul anglais, le rendant responsa¬
ble du préjudice porté aux intérêts des étrangers, et que
en
nous
allons aviser
dans
ce
au
moyen
d'assurer le cours de la justice
pays ».
(26 juin 1843.)
Le
palliatif annoncé dans la lettre ne fut pas trouvé sans
doute. En août, les difficultés judiciaires en sont toujours au
même point. On les trouve soulignées dans un procès qui
touchait
intérêts de Tahitiens.
aux
Le
capitaine d'un baleinier américain, 1' " Awashonks
avait refusé de payer le salaire dû à trois matelots indigènes
qu'il débarquait. Le Conseil intervint auprès de Blackter pour
que celui-ci retienne les papiers du bord, ce qui fut accordé.
Le capitaine de 1' " Awashonks " fut cité en j'ustice, mais le
juré britannique refusa de se présenter. Les pourparlers
traînaient en longueur. Impatient, Blackler rendit au bord
ses papiers, et le baleinier leva l'ancre, au désappointement
du Conseil, qui s'en plaignit à Blackler, accusant ce dernier
de mauvaise volonté.
En même
à Pritchard
«
...
temps, le Conseil renouvelait son avertissement
:
Nous
prévenons, Monsieur le Consul, que vous
responsable des dommages et préjudice por¬
qui nous ne pouvons pour le moment faire ren¬
vous
êtes désormais
tés à
dre
ceux
à
justice.
»
(22 août 1843.)
En harmonie
une
tion
l'attitude de
Pritchard, Pomaré réclame
procédure judiciaire indépendante de toute collabora¬
du gouvernement du Protectorat. Selon ses proposi¬
avec
tions, les affaires intéressant les blancs seraient soumises
encore aux
juges indigènes, mais ceux-ci choisiraient les ju¬
rés devant les assister.
Comme il fallait s'y attendre, le
ment
«
Conseil refuse formelle¬
:
Abandonner les droits
manquer aux
obligations
qui
nous
ont été conférés serait
que nous avons
à remplir.
(7 juillet.)
Société des
Études
Océaniennes
»
—
374
—
Pomaré passe outre, et met son
projet en application. Le
Conseil lui adresse l'avis suivant,
le 16 juillet 1843 :
«
Nous
Madame,
d'être informés que Monsieur Pritchard, con¬
anglais, vient d'adresser des lettres à des étrangers de
diverses nations dans lesquelles il leur dit avoir été
venons
sul
chargé
le juge Taamu de les convoquer comme jurés pour assis¬
ter au jugement d'une affaire où sont intéressés
un Américain
et un
Anglais.
Nous pensons, Madame, devoir nous adresser à votre Ma¬
jesté pour savoir qui a pu autoriser le juge Taamu à nom¬
mer un
jury sans notre participation, car nous croyons de¬
voir rappeler à Votre Majesté que
si pareil acte avait été fait
par son ordre, elle se mettrait en opposition ouverte avec
les stipulations du traité
qui existe entre elle et Sa Majesté
le Roi des Français. »
par
Le même
jour, il met Blackler en garde contre l'ineffica¬
de cette justice dissidente, lui demandant de ne
pas
fournir de jurés pour assurer son fonctionnement.
Pritchard décida l'emploi d'un
moyen terme: Il laisserait
cité
collaborer
ses nationaux au service
judiciaire du Protectorat,
les affaires pénales importantes. Il se refuse par contre
à soumettre aux tribunaux
réguliers les infractions commi¬
ses par des sujets
britanniques.
Le Conseil, lui fait
remarquer, le '22 août, que son crité¬
pour
rium des infractions est
sans
fondement rationnel
:
Il
importe que tous les délits, quels qu'ils soient, soient
punis ; et sous ce rapport, ils sont tous également im¬
portants. »
«
Le Conseil ajoute que le
privilège accordé aux sujets bri¬
tanniques en matière délictuelle peut avoir de graves con¬
séquences :
«
Il
en
résultera nécessairement
et de désordres
pernicieux à
Pritchard s'en
fait
a
juger
en
tient néanmoins à
sa
ligne de conduite ; il
Anglais, Devis, selon la procédure qu'il
fragment de correspondance qui suit, et qui
août
instituée. Le
beaucoup de confusion,
ce pays. »
un
Société des
Études
Océaniennes
—
trait
375
—
Devis, semble indiquer que les juges indigè¬
paraissaient pas trop certains de la légitimité de leur
rôle, et que Pomaré n'était que l'instrument docile de Prita
au cas
nes ne
chard.
(à Pritchard),
...
«
Les lettres que nous avons reçues nous
apprennent
c'est vous, Monsieur le Consul, qui avez fait traduire cet
étranger devant le tribunal du pays, et qui avez forcé les ju¬
ges de s'occuper de cette affaire, malgré les observations
qu'ils vous firent sur le manque de jury et les irrégularités
de ce jugement. »
(du 1er septembre 1843.)
que
Quelques jours plus tard, Pritchard refuse la collaboration
judiciaire dans un cas de vol. C'est pour le Conseil, l'occa¬
sion de le démasquer, et de souligner
qu'il savait toujours
ménager ses intérêts propres. Il en résulte une lettre bien
sentie, qui n'est pas assurément de la plume de Reine,
toujours un peu larmoyante :
«
Monsieur le Consul,
Nous devons de
portera votre connaissance que
informer que par suite de
l'op¬
position que vous continuez à faire, deux étrangers accusés
de vol n'ont pu être jugés, vu que
par vos ordres le juré an¬
glais, Monsieur CoHin, s'est retiré dès qu'il a été question
déjuger les deux personnes accusées de vol.
Nous ne vous exprimerons pas notre
étonnement, vu que
ce qui vient d'avoir lieu résulte de la
ligne de conduite que
nouveau
l'autorité locale vient de
vous avez
nous
adoptée depuis longtemps; mais
nous saisissons
cette occasion pour vous
faire différentes remarques, d'au¬
tant plus que nous sommes
portés à croire que sous prétex¬
te de vous conformera vos
instructions, vous agissez réelle¬
ment dans le but de créer des difficultés au
Gouvernement
Provisoire, en mettant des entraves à l'exercice de ses fonc¬
tions et au cours de la justice. Nous devons
cependant ex¬
cepter les circonstances où un intérêt particulier pourrait
vous faire agir, comme dans le cas
que nous vous rappelle¬
rons
ici.
En date du 19
juillet, nous avions, à votre demande et à
locale, ordonné l'arrestation du nommé
celle de l'autorité
Société des
Études
Océaniennes
—
Royal Corbine,
nous
376
—
accusé de vol. Par notre lettre du 26
juillet,
informions que Monsieur le Consul Américain
nous demandait les
motifs pour lesquels se
prolongeait la
détention du nommé Royal Corbine. Dans votre
réponse, en
date du même jour, vous nous
exprimiez votre étonnement
de ce que le Consul Américain
pouvait faire une pareille
question, vu, ainsi que vous nous le dites, que le nommé
vous
Royal Corbine
avait obtenu de vous par
surprise la somme
quatre-vingts piastres dont vous étiez responsable envers
Monsieur Smith, qui les avait
déposées entre vos mains.
Aussi demandiez-vous au
Gouvernement Provisoire à ce que
le nommé
Royal Corbine fut détenu en prison jusqu'à
plus
amples informations.
Que devons-nous donc conclure, Monsieur le
Consul, de
cette contradiction dans votre
conduite, car les personnes
qui ontcomparuhier comme accusées, l'une d'avoir volé
une
montre, l'autre d'avoir volé de
l'argent avec effraction,
de
avaient-elles commis
un
délit, moindre que celui du nommé
Royal Corbine, qui avait obtenu de vous par
surprise une
certaine somme
d'argent; ou bien prétendriez-vous, Mon¬
sieur le Consul, faire une distinction
entre les étrangers, et
vouloir
que le Gouvernement Provisoire ne fit
punir que ceux
qui commettent des délits envers vous ou envers vos
natio¬
naux.
Outre cette contradiction et
d'autres que nous ne signale¬
pas ici, nous devons vous
demandez, Monsieur le Con¬
sul, quelles doivent être les suites de cette
opposition et
rons
quelles
mesures
commis dans
on
votre
tionaux.
pourrait prendre si demain un vol était
magasin ou dans celui d'un de vos na¬
Voudriez-vous, comme dans le cas qui s'est pré¬
hier, que le coupable ne fût point
poursuivi, ou vou¬
driez-vous, comme dans le cas de Corbine, qu'il soit
détenu
et poursuivi parce
que le délit attaquerait les intérêts d'un
sujet anglais.
senté
...
(A Pritchard, du 6 septembre
1843.)
Cette lettre est la dernière
nous
avons
en
»
date, dans les archives que
consulter, faisant allusion à une divergence
politique quelconque entre le Gouvernement Provisoire et
ses adversaires. Sans
doute, le conflit ouvert est loin d'être
pu
Société des
Études Océaniennes
.
1
—
377
—
apaisé. Le Révérend marque à l'occasion ses prêches de cri¬
tiques violentes contre nos méthodes prétendues immorales.
Sur la maison
tinue à flotter.
royale, l'ancien pavillon de Pomaré IV
con¬
Pourtant, il n'est plus question dans la correspondance
officielle, que des événements englobés dans l'activité nor¬
male du Conseil, au
regard des affaires indigènes ou exté¬
rieures.
On trouve par
exemple, à la date du 29 octobre, une se¬
maine avant la destitution de Pomaré.
une lettre du Conseil
adressée à Pritchard. Cette
correspondance a trait à la mise
jugement d'un Anglais importateur d'alcool. Le
ployé ne laisse déceler le moindre désaccord entre
respondants.
en
*
#
*
ton
les
em¬
cor¬
*
CONCLUSION
On peut se livrer au jeu des pronostics, en
partant de l'hy¬
pothèse dans laquelle le Gouvernement Provisoire aurait été
laissé longtemps encore abandonné à ses seules
forces.
Sans doute, à la longue, l'opposition
britannique aurait
obligée de perdre tout caractère officiel. Le 25 septembre
1843. Lord Aberdeen, chef du
Foreign Office, avait écrit à
Pritchard de ne pas s'opposer à l'occupation
française. 11 lui
prescrivait une stricte neutralité.
Mais néanmoins, l'issue violente
qu'eut le conflit n'aurait
pu, semble -1 i 1. être évitée. Le Conseil en avait inconsciem¬
ment préparé l'accès dès le début. Il était
évident que le
Protectorat, basé sur l'argument de respect des
conventions,
argument-massue du gouverneur Reine, ne pouvait rester
stable que si les mobiles générateurs du traité
avaient sub¬
sister. Ces mobiles, c'était pour
beaucoup d'indigènes, le
été
sentiment de l'imminence d'une
répression pour les forces
françaises. Chez les Tahitiens d'alors, comme chez la
plu¬
part des naturels, la notion de futur enlevait aux consé¬
quences l'essentiel de leur valeur.
En les menaçant des clauses d'un traité
qui ne pouvait être
sanctionné immédiatement, le Conseil
consommait son cré¬
dit. A force de se
répéter, il finit par ne plus en avoir aucun.
Il ne sut pas mettre à profit l'absence de
Pritchard pour
Société des
Études
Océaniennes
-
378
—
se
rapprocher de Pomaré. Au lieu de gagner la reine
par la
persuasion et quelques concessions d'ordre
secondaire, il
prend l'aspect d'un gendarme qui applique des
consignes
sévères dont la nécessité n'est
pas perçue. Il fait ainsi en¬
tièrement le jeu souple de Pritchard.
Montant la garde devant des
principes paralysés, le Gou¬
vernement Provisoire est
continuellement manœuvré par un
adversaire dynamique et
agressif. Il se trouve bientôt dans
la situation d'un
assiégé.
Ce fut
une erreur
de l'Amiral d'avoir conféré à
Reine
sorte de
suprématie morale dans le Conseil, du fait
tions plus particulières
qu'il entretint avec lui lors
une
des rela¬
de l'avè¬
Protectorat. Reine renferma tout de suite le
po¬
tentiel du Gouvernement Provisoire
dans la citadelle de la
consigne, seule position qu'il se sentait personnellement ca¬
pable de tenir. Moerenhout, dominant ses
collègues, aurait
vraisemblablement adopté une
politique mieux façonnée aux
événements. Reine ne lui laissa aucune liberté
nement du
d'agir.
Si la France, pendant ces
quatorze mois d'occupation, avait
su maintenir aux
yeux des Tahitiens, son
sance
prestige de puis¬
conséquences
perte de vies humaines, et pour notre
dignité
invulnérable, la
guerre, et les pénibles
qu'elle eut en
nationale, auraient été
sans doute évitées.
Mais tel est le sentiment de notre
débilité que
l'Amiral du Pelit-Thouars décide de
lorsque
prendre une solution
surlendemain de l'arrivée
d'autorité, le 6 novembre 1843, au
du Gouverneur Bruat,
nul, dans l'entourage de Pomaré IV,
à part peut-être
Pritchard, dont c'est le plan, ne considère
sérieusement la menace
tangible de la flotte française, à
l'ancre dans la rade de
Papeete.
Une fois de plus, Tu, divinité de la
guerre, se penche sur
la terre, lumineuse et
douce, des fiers Tevas.
B. E.
Société des
Études
CAMBAZARD.
Océaniennes
379
—
LE
—
RÉGINE PLUVIOMÉTRIQUE DE TAHITI
(Par J. GIOVANNELLI, Chef du Service
Météorologique des E. F. 0.)
(Suite et fin)
D.
—
VARIATION DIURNE
Le
dépouillement des diagrammes de notre pluviographe
nous a permis de dresser les tableaux des
fréquen¬
de la pluie pour les 24 heures de la journée à Papeete.
0. N. M.
ces
Les courbes résultant de
ces
tableaux
nous
ont conduit
aux
conclusions suivantes.
1°— Variation diurne de l'intensité de la
pluie.
Pour les différents mois de
l'année, nous n'avons pu jus¬
règle générale précise concer¬
nant, celte variation. On note simplement un maximum ab¬
solu dans la journée et un minimum absolu dans la nuit. Pour
la saison sèche, les heures auxquelles se produisent ces ex¬
qu'à présent dégager
aucune
trêmes sont essentiellement variables. Pendant
il semble que
heures et le minimum absolu
2e.
—
l'hivernage,
l'on peut placer le maximum absolu
vers
Variation diurne de la
chutes de
vers
10
05 heures.
pluie
fréquence des
:
a) Saison sèche. — Pas de variation régulière. Il semble ce¬
y ait une fréquence maximum entre 10 et 15
pendant qu'il
heures.
b) Hivernage.
et 15 heures et
—
un
On constate
un maximum absolu entre 14
minimum relatif entre 04 et 07 heures; un
minimum absolu entre 09 et 10 heures.
En somme, en ce qui concerne la variation diurne de la
pluie à Papeete, on ne peut déduire une règle assez précise
que pour la période qui s'étend de novembre à mai. On peut
conclure, toutefois, que pendant toute l'année, il pleut plus
souvent le jour que la nuit, ce qui, manifestement, est en rap¬
port direct avec la formation, au cours de la journée, de nua¬
ges locaux (phénomènes de convention).
Société des
Études
Océaniennes
—
E.
—
LA
380
—
COMPOSANTE ANNUELLE
La méthode
d'analyse harmonique préconisée parle Pro¬
fesseur H. LABROUSTE
(1), appliquée aux séries pluviométriques de Papeete et de Papeari, permet
de déterminer cer¬
taines
caractéristiques de la composante annuelle de la pluie
dans notre région; mais le
développement complet des ré¬
sultats que nous avons obtenus dans
ce domaine sortirait du
cadre de cet article. Nous
nous
contenterons, ici, de préciser
quelques points particuliers:
1°) La composante annuelle, dégagée à l'état
pur, se pré¬
sente, pour chacune des
stations, sous la forme d'une sinu¬
soïde assez
régulière, de période bien déterminée;
2°) La composante annuelle de Papeete se différencie
de
celle de Papeari
par des écarts d'amplitude notables. Il
est,
à peu près certain
que ces divergences sont
d'origine oro¬
graphique (stations différemment situées
par rapport aux
dominants de surface), il serait
néanmoins hasardeux
de conclure que la
composante annuelle de la pluie est une
fonction directe de l'influence du
relief, bien que des résul¬
tats sensiblement
idendiques aient été
vents
tant à la méthode
obtenus
d'analyse harmonique les
métriques d'Uturoa (Raiatea) et de
A
en
soumet¬
séries pluvio-
Makatea.
sujet, il n'est pas superflu de signaler
que pour Ma¬
katea, très petite île de formes
plutôt régulières et de faible
altitude, on obtient une composante annuelle
d'assez faible
amplitude qui pourrait être
considérée, à notre avis, comme
se
rapprochant le plus de la "composante annuelle
type " de
la pluie pour le climat
polynésien ;
3°) Il ne semble pas qu'il existe de composante semi-an¬
nuelle, ce qui concorderait parfaitement avec
la courbe ob¬
tenue à partir du calcul de
moyennes.
F.
ce
—
En
VARIATIONS
PÉRIODIQUES
DE LONGUE DURÉE
Météorologie, les
seules périodes qui
correspondent in¬
contestablement à des phénomènes
physiques liés à des phé¬
nomènes astronomiques
sont 1 e jour et l'année.
O) Voir "Tables numériques
pour l'analyse des graphiques résul¬
superposition de sinusoïdes' (Les Presses
universitaires
de France-Paris
1930).
tant de la
.
Société des
Études Océaniennes
—
381
—
Dans le but de
prévoir les fluctuations climatiques et d'an¬
plusieurs semaines ou plusieurs mois à l'avance les
changements de temps, on a entrepris des recherches ten¬
dant à montrer l'existence de manifestations
météorologi¬
ques périodiques en liaison, plus ou moins directe, avec les
cycles astronomiques connus. Bien des tentatives ont été
faites; aucune, jusqu'à présent, n'a conduit à des résultats
positifs.
noncer
Il ne faut cependant pas en conclure
que la recherche des
composantes ayant une période déterminée soit inutile. Elle
ne peut mener certes,
qu'à des applications pratiques assez
restreintes, surtout lorsqu'il s'agit d'un élément aussi varia¬
ble que la pluie ; mais la découverte d'une
périodicité dans
la variation d'un élément
météorologique aurait, au point de
tel intérêt que tous les essais que l'on a
pu entreprendre dans ce domaine se trouvent justifiés.
vue
théorique,
On
ne
trouver,
un
doit pas se
avec
leurrer, néanmoins,
les éléments dont
sur
la possibilité de
dispose ordinairement,,
des ondes périodiques bien caractérisées. Il
importe, tout
d'abord, d'avoir de longues séries homogènes d'observations,
ce qui est excessivement rare. Il est
indispensable ensuite
de connaître l'origine des phénomènes météorologiques, car
il est évident que la diversité
d'origine de la plupart de ces
phénomènes peut cacher une périodicité réelle. Pour la pluie,
par exemple, il serait nécessaire de séparer les chutes dues
au
de
on
phénomène de convention de celles provenant du passage
systèmes nuageux. Ce qui complique étrangement le pro¬
blème.
Aussi, n'est-il pas surprenant de n'avoir obtenu, pour Ta¬
aucun résultat certain dans cet ordre de choses. Nous
hiti,
nous
bornerons à
indiquer brièvement
nos
diverses ten¬
recherché
quelle pouvait
tatives.
1
—
Périodes solaires.
—
On
a
être l'influence de l'activité solaire
sur
la variation des cli¬
mats, et beaucoup d'auteurs ont
vu, en particulier, dans la
pluviosité, les indices d'un cycle undécennal.
Voici pour Papeete et Papeari les
moyennes annuelles
des pluies pour les périodes correspondant aux maxima et
aux minima des taches solaires
(nombres de Wolfer).
variation de la
Société des
Études
Océaniennes
—
382
—
TABLEAU
Période
n°
8.
Papeete
A.
-
Pàpeari
Maximum des taches solaires.
1907-1900
2.325—
»
1916-1918
1
»
1926-1928
2.108mm
2.924—
1937-1939
1.695""°
2.585mm
I!.
—
759mm
Minimum des taches solaires.
1900-1902
2 592—
»
1911-1914
))
»
1922-1924
2.027—
2.899mm
1933-1935
2.103—
2.711
mm
Ce tableau ne nous permet pas
d'affirmer qu'il existe une
correspondance, si vague soit-elle, entre les pluies à Tahiti
et l'activité solaire. Il est possible
qu'un cycle undécennal
existe ; mais dans ce cas, il est
masqué par de telles ano¬
malies qu'il ne saurait être question de l'utiliser
pour la pré¬
vision, même approchée, des chutes de pluie.
2
-
Périodes lunaires
-
Influence de la Lune.
—
Rien
n'est plus tenace qu'un
préjugé. Celui de l'influence de la
Lune sur les changements du
temps se retrouve à toutes les
époques de l'histoire et, même " aujourd'hui
nombreux
sont ceux qui considèrent encore comme absolus les
vieux
dictons populaires accusant, sans façon, d'un certain nom¬
bre de méfaits, le satellite de la Terre.
Tous,
nous
toutes les
connaissons
ces
vieux dictons
langues, font intervenir tour à
couleur de la Lune
qui, rimés
comme nous nous souvenons
préceptes de Toaldo, de Mathieu de la Brome
Société des
Études
en
tour la forme et la
Océaniennes
des fameux
ou
du Maré-
—
chai
Bugeaud. Aucun de
n'a résisté à'
un examen
ces
383
—
dictons,
sérieux
aucune
de
ces
règles,
(1).
Nous n'avons pas l'intention de faire, dans cet article, le
procès de ces croyances (2). Bien des tentatives ont été faites,
sans parti pris,
pour les vérifier. Toutes ont échoué. Certains
charlatans de la Météorologie, Mathieu de la Drôme entre
autres, ont pu, pendant un temps, attirer l'attention sur cer¬
taines prédictions extraordinaires, car ils signalaient avec
soin les cas de réussite et passaient sous silence, de bonne
foi sans doute, les insuccès. En fait, si l'on détermine la pro¬
portion relative des prévisions exactes et des prévisions fausses
résultant des méthodes préconisées par de tels prophètes, on voit
immédiatement que cette proportion ne diffère guère de celle
que l'on obtient en faisant des prévisions absolument au hasard.
En ce qui concerne les observations faites à Tahiti, nous
avons
essayé de comparer entre elles les quantités de pluie
tombées aux différentes phases de la Lune. Les résultats ob¬
tenus sont contradictoires. On constate, en particulier, que
ce qui est vérifié à Papeete ne l'est plus à Papeari et viceversa. Pour certaines lunaisons, les observations de Papeete
conduisent à des prévisions diamétralement opposées à cel¬
les que l'on pourrait déduire des relevés de Papeari. Et pour¬
tant, ces deux stations ne sont, à vol d'oiseau, qu'à une tren¬
taine de kilomètres l'une de l'autre.
(1) Voir en
particulier:
A.
Angot - "Traité de Météorologie" pages 396 et suivantes (Gauthier-Villars, Imprimeur - Paris).
J. Rouch - "Les Méthodes de prévisions du temps" pages 7 à 27
(Félix Alcan, Editeur - Paris).
\ C. fi. Brazier Revue scientifique 1917 et Annuaire de la Société
météorologique de France 1915-1919.
Général Delcambre - "Les dictons populaires et la prévisions du
temps" (t.a Météorologie - janvier 1934 n° 1061.
(2)De nombreux savants, parmi lesquels nous relevons les noms
d'Arago et de Le Verrier ont, dans des mémoires restés célèbres,
réfuté' la plupart de ces fameuses règles et montré que leur vérificatjon ne provenait que d'un groupement artificiel d'observations.
Inutile d'ajouter que, pour le grand public,
Arago et Le Verrier
ontperdu leur temps. On continue à s'enthousiasmer pour quel¬
que,^ prédictions fortuites et on ne tient pas compte des échecs
-
éclatants.
Société des
Études
Océaniennes
384
—
Il est donc clair
que,
riodicité
règle
ou une
même si l'on pouvait dégager une pé¬
rapport avec les phases de la Lune,
résultat, la valeur pratique de cette
en
et on est loin d'un tel
règle serait négligeable
de temps.
3
-
La méthode
—
pour
les prévisions des changements
d'analyse harmonique.
La reconnais¬
que l'armée
peut être faite, à partir des données mensuelles, en utilisant
la combinaison
complexe d'addition s6 s5 (1).
sance
de l'existence des
—
périodes plus longues
Sans entrer dans les détails des
calculs, indiquons som¬
qui résulte de cette opération donne
pour Papeari une onde de période moyenne de 26-27 mois.
Mais cette onde ne se retrouve
pas dans la courbe de Papeete, entre 1920 et 1932. Rappelons, à ce sujet, que pour cette
dernière station, seules les observations faites
depuis avril
mairement que la courbe
1932 sont sûrement exactes.
TABLEAU
Epoques des
n»
9.
maxima et des minima de la courbe s6 s5
pour
Date des maxima
Papeari.
Ecarts
Mars 1924
Date des minima
Janvier 1925
25 mois
Avril 1926
29 mois
Juin 1927
26 mois
Juin 1926
26 mois
Août 1929
29 mois
Décembre 1930
26 mois
Décembre 1931
25 mois
janvier 1933
28 mois
Avril 1933
29 mois
Juin 1934
28 mois
Août 1935
25 mois
Juillet 1936
26 mois
Septembre 1938
25 mais
Septembre 1937
26 mois
Novembre 1939
27 mois
Décembre 1940
(i) H. Labiouste
Ecarts
26 nois
Janvier 1942
-
loc. cit.
Société des
Études
Océaniennes
—
385
—
4
Méthode des écarts accumulés.
Pour la recherche
des périodes plus longues que l'année, certains auteurs
(1)
ont utilisé la méthode dite des "Ecarts accumulés".
-
-
Dans
aux
précédente Note, nous avons montré que cette
appliquée à la série de Papeete nous avait conduit
une
méthode
résultats suivants
:
1°/ de 1920 à 1922, des années sèches
avec
pluie
en
crois¬
sance ;
2°/ de 1922 à 1924, des années pluvieuses
croissance
3°/ de 1924 à 1927, des années pluvieuses
décroissance
4°/ de 1928 à
pluies en
5°/ de 1931 à
pluies en
6°/ de 1933 à
avec
pluie
en
avec
pluies
en
;
;
1931, des années relativement sèches avecdécroissance ;
1933, des années relativement sèches avec
croissance ;
1935, des années pluvieuses avec pluies en
croissance.
Pour la série
pluviométrique de Papeari, on trouve des ré¬
comparables aux précédents.
Il semblerait, suivant cette méthode,
qu'il existe une onde
de période comprise entre 2 et 3 années, ce qui se
rappro¬
cherait assez des résultats obtenus à l'aide de
l'analyse har¬
monique.
sultats sensiblement
F.
—
LES HALOS ET LA PLUIE.
Un grand nombre d'auteurs
d'ouvrages généraux sur la
Météorologie ont montré tout l'intérêt, à la t'ois théorique et
pratique, que présente l'observation des phénomènes opti¬
ques de l'atmosphère, et on sait que, parmi ces phénomènes,
les halos doivent retenir tout particulièrement l'attention del'observation du ciel. Non seulement ils nous procurent l'oc¬
casion de poser
quelques curieux problèmes d'optique cris-
(i) E. Brazier: Réponse à l'Enquête sur les Périodicités organisée
par la Société Météorologique de France - (La Météorologie :
Novembre-décembre 1936 p. 547 et suivantes.
L. Besson : La pluie à Paris d'après
cinquante années d'obser¬
vations (Annales des Services techniques
d'Hygiène de la ville
de Paris
1924-Tome V.
G Dedebant: "Les écarts accumulés" (La
Météorologie-Mai 1934).
-
Société des
Études
Océaniennes
—
386
—
talline, mais encore, ils peuvent donner d'utiles indications
sur l'évolution du
temps. Leur présence due, en effet, à un
nuage à cristaux de glace (cirrostratus dans la plupart des
cas) est fréquement liée à un système dépressionnaire et
peut s'observer quelques heures avant le passage de la dé¬
pression. On a, ainsi un moyen simple, mais malheureuse¬
ment imprécis, de prévoir'ce
passage.
Un système dépressionnaire étant généralement accom¬
pagné de chutes de pluies, nous, avons eu la curiosité de
voir comment, à Tahiti, on pouvait rattacher la
présence d'un
halo à la pluie. Les phénomènes
optiques de l'atmosphère
ayant été soigneusement observés de 1937 à 1940, nous nous
limiterons à cette période. Pour ces quatres
années, nous
avons
noté
partissant
un
total de 353 halos solaires
ou
lunaires
se
ré-
comme suit :
146 ont été suivis dans les 12 heures de chutes de
84 ont été suivis dans les 24 heures de chutes de
65 ont été suivis dans les 48 heures de chutes de
pluies ;
pluies ;
pluies ;
et
58 n'ont pas été suivis de pluie dans les 48 heures.
Il y a lieu d'ajouter que tous ces halos n'ont
pas été obser¬
vés dans les nuages précurseurs d'une
dépression. Un cer¬
tain nombre ont été vus en fin
d'après-midi dans les cirrus
épais et les cirrostratus, provenant de la partie supérieure
des cumulonimbus formés au cours de la
journée au-dessus
des montagnes de Tahiti et Moorea. Considérés à ce
point
de vue les 353 halos de la
période 1937-1940 donnent les pro¬
portions suivantes :
Halos observés
31
en
"front" d'un système
Halos observés
naire
:
24
en
"marge" d'un système dépression¬
%•
Halos observés dans la
sionnaire
:
19
"traîne" d'un système
dépres¬
%•
Halos observés dans les nuages
26
dépressionnaire;
o/o.
d'origine orographique
:
%.
G.
—
LA
PRÉVISION
DE LA PLUIE.
La
prévision de la pluie fait évidemment partie de la pré¬
générale du temps. Celle-ci est basée sur la connais¬
sance, à un moment donné, de l'état de
l'atmosphère dans
vision
Société des
Études
Océaniennes
—
387
—
le
plus grand nombre possible de slations qui, en transmet¬
régulièrement, plusieurs fois par jour, leurs observations
à un observatoire central, permettent d'avoir les éléments
nécessaires pour dresser de's cartes météorologiques d'où
l'on peut déduire l'évolution du temps dans les 24 ou 48
tant
heures.
En Océanie
française, nous disposons d'un trop petit nom¬
stations, inégalement réparties sur une très vaste su¬
perficie, pour pouvoir entreprendre avec succès une prévi¬
sion précise du temps. On peut, toutefois, avoir une idée très
générale sur l'état, de l'atmosphère deux fois par jour, à 07
heures et à 14 heures pour l'ensemble des Iles de la Société
et prévoir, grâce à un examen attentif des phénomènes lo¬
bre de
caux,
En
l'évolution du temps.
qui concerne la pluie, il faut distinguer les pluies
orographiques des pluies dues au passage des systèmes nua¬
geux. Il est pratiquement impossible de prévoir les premiè¬
res ; par contre, il est possible 90 fois sur cent, environ, d'an¬
noncer les secondes. Pour Cela, compte tenu des indications
générales sur l'état de l'atmosphère, déduites des rensei¬
gnements reçus par radio, on s'aidera utilement de l'obser¬
vation du ciel et de l'examen des instruments météorologi¬
ques habituels. Mais, contrairement à l'opinion généralement
ce
admise, la seule observation de baromètre est insuffisante
pour la pluie, car une hausse n'indique pas toujours le beau
temps pas plus qu'une baisse n'annonce forcément la pluie.
Il n'est pas
possible d'insérer dans le présent article une
complète de la prévision de temps. Ce sera, nous l'es¬
pérons, l'objet d'un prochain travail. Toutefois, on peut déjà
préciser les points suivants :
1°) Des cirrus en forme de crochets ou de panaches se dé¬
plaçant rapidement d'Ouest en Est indiquent l'approche d'un
système nuageux avec pluies abondantes;
2°) Un voile de cirrostratus se déplaçant en sens contraire
étude
de la direction du vent
au
sol et suivi d'une baisse baromé¬
trique annoncera également des pluies abondantes;
3°) Un halo avec vent au sol assez fort accompagné d'une
baisse barométrique indiquera 9 fois sur 10, l'arrivée d'une
dépression ; mais un halo sans vent et avec une tendance
Société des
Études
Océaniennes
—
388
—
barométrique stationnaire
ne sera que 7 fois sur 10 le signe
pluie.
4°) Un ciel d'aspect chaotique, avec des nuages à altitudes
et plus spécialement des cirrus
écumeux, et un gradient ba¬
rométrique nul ou très faible précéderont généralement un
de
orage.
Dans les
nous avons
quelques pages faisant l'objet de cette étude,
tenté de donner
une
idée aussi exacte que pos¬
sible du
régime pluviométrique de Tahiti. Des nombres que
nous venons de publier, il ne faudrait
cependant pas con¬
clure que le climat de cette île est essentiellement,
pluvieux.
Il y tombe, certes, beaucoup d'eau, mais le
plus souvent sous
forme d'averses abondantes et de courte durée suivies de
belles éclaircies (1). Les jours sans soleil sont excessivement
quinzaine par an environ, soit : 4 % ; le cas le plus
fréquent est celui où la durée journalière de l'insolation a
été comprise entre 5 et 10 heures
(200 jours par an en moyen¬
ne, soit 56 %). Il n'est peut être pas superflu de rappeler à
ce propos que la durée de l'insolation annuelle
moyenne de
Papeete (6,7), est comparable à celle de Nice (7,2). On sait
qu'elle n'atteint que 4,8 à Paris.
rares, une
J. GIOVANNELLI.
Chef du Service Météorologique
des E. F. 0.
(i) Voici à titre comparatif, les
quelques stations tropicales :
Padang (Sumatra)
4-576 m/m
Macas3ar (Célèbes)
3.042
»
Tulagi Island
2.930 »
Suva (Fiji)
2.854 »
Apia (Samoa)
2.816 »
Société des
totaux annuels des pluies dans
Chrismas Island
Océan Island
Nine Island
Papeete (Tahiti)
Batavia (Java)
Études
Océaniennes
2.217
2
053
2.027
m'm
»
"
J.912
»
1.836
»
389
—
—
Dons et, Achats.
BIBLIOTHÈQUE
Forest Lore of the Maori
—
Elsdon Best.
Pangai. Village in Tonga.
Dons du Dominion Muséum
—
Wellington.
Correspondence relative to the Proccedings of the French
at Tahiti 1825-1843
London 1843.
—
Correspondence relative to the removal of M, Pritchard
from Tahiti. 1844
London. 1845.
—
Illustrated London News
Dons de M. G.
American
Polynesia
—
n°
du 10 août 1844.
Spitz.
—
E. H. Bryan, Jr.
—
Honolulu 1841.
Don de l'auteur.
MUSÉE
Un tiki
bague (ivi poo) en os humain de Hiva-Oa.
pipe en pierre
id. — Achats.
Un fourneau de
Une
pointe de harpon marquisien
en os.
Don de M. P. I. Nordmann.
Une
pierre gravée (tortue) d'Atuana.
Don de M. Leruste.
6
petites pierres de fécondité (breeding stones).
Don de M. G. Blackman
Un
petit dieu tahitien
en
—
Honolulu.
pierre.
Don de la subdivision
Société des
agricole de Pirae.
Études
Océaniennes
—
390
—
LISTE DES MEMBRES DE LA S.E.O.
Membres d'honneur.
MM.
le. Président de la
République.
Gaulle, Président du Comité de
le Général Charles de
la Libération Nationale,
le Ministre des Colonies.
Membres bienfaiteurs et à vie.
»
MM.
Bouge L.
-
Bodin H.
-
4 rue de l'Armorique, Paris XVe.
Papeete.
Cassiau P., Dr - Papeete.
Constable
-
Punaauia.
Crossland, Cyril-Dept of Zoology,
Curtiss, Antony.
Cambridge,England.
Dixson, William-33/39 Hunter StreetSydney Australie.
Gagneux A. - Paris.
Gratama. L.R. C/o Jan Kalff Cie - Lingel of Amsterdam
Hollande.
Guild, Eastliam
- Paea.
Izrastsoff, Constantin - C/o National City Bank 22 Wil¬
liam Str New-York.
Jauney B.
.lore L.
-
Punaauia.
-
Gouverneur des Colonies.
Jourdain P., Lt de Vaisseau -19 bis Bd
Delessert, Paris.
Kawananakoa, Princesse - Honolulu.
Kroepelien B. - Post box 137 Oslo Norvège.
Lanes, Enseigne de Vaisseau - 54 Bd Exelmans, Paris
XVIe.
Lecadre, Mgr, Vicaire Apostolique
-
Atuana, Marqui¬
ses.
Nordhoff
-
Paea.
Nordmann P.I.
Rougier P.V.
-
Paris.
Papeete.
Rougier Frères, 32 Bd de la Bastille,
Smith Marrison
-
Papeari.
-
Teriierooiterai T.
Theisen J. Alex.
-
-
Chef de Papenoo.
Port Huron
Van Den Broek d'Obrenan
-
28
Michigan. U.S.A.
rue
François 1er, Paris
VIIIe.
Société des
Études
Océaniennes
—
Membres
MM.
391
—
correspondants.
Blanc, Mgr.
- Tonga Islands.
Stephen. Dr - 35 rue de Grenelle, Paris VIIe.
Cottez, Capitaine de Corvette - Villa Phébus, avenue
V Hugo Arcaehon, Gironde.
DesmedtM., R.P. - Maison Mère des P. du Sacré-Cœur,
Braine-le-Comte, Belgique.
Emory Kennet- Bishop Muséum Honolulu.
Chauvet
Gerbault Alain.
Gregory H., Dr - Bishop Muséum Honolulu.
Handy - Bishop Muséum Honolulu.
Ildefonso Alazard, R.P. - Séminaire des
Châteaudun (Eure-et-Loire).
Illot Corner J.M.A.
-
Missions,
Jervois Quay, Hariis St.
Welling¬
ton.
Lacroix
Musée, rue deBuffon, Paris.
Leenhardt Maurice - 59, rue Claude Bernard,
Paris Ve.
Bishop Muséum Honolulu.
Pat O'Reilly - Procure des Missions de l'Océanie, 6
rue de Bagneux, Paris.
Richard, Dr - Directeur Institut Océanographique. Mo¬
Métraux, Dr
-
naco.
Risbec Dr
Roi
-
Les Pervenches. Bue de
Sesçois, Bois-le-
(Seine-et-Marne).
Rivet, D1'
Rollin. Dr
-
Rutlège. Dr
Muséum National. 57
Tahiti.
-
rue
Cuvier, Paris.
British Muséum. London.
3, rue Franchet d'Esperay, Casa¬
de la Roche Jean
-
blanca. Maroc.
Sûhmidt, Prof.
-
Directeur du Laboratoire de Carle-
berg. Danemark.
de la Vachery Dr - Conservateur du Musée du Cin¬
quantenaire. Bruxelles.
Mlle
Verrier Marie-Louise- Muséum National. 57
vier. Paris.
M.
W. F. Wilson
-
Cu¬
2505 Manoa Road East. Hawaii Th.
Membres résidant
MM.
rue
Alaux Jean, Paul
-
en
France
12,
rue
Alliance Française, Dteur.
Société des
ou
à
l'étranger.
Rennequin. Paris, XVIIe.
11, route Vallon. Shangaï.
-
Études
Océaniennes
—
MM.
392
—
Branquier L. - 202 Bd de la Madeleine. Marseille.
Brown, Alex. - 3427. Chesapeake Avenue Hampton,
Virginia (U.S.A.).
Gaillard Ed.
Directeur de la
-
des Nlles Hébrides
Compagnie Colonnière
Norsup (Ile Mallicolo).
Clayssen. Enseigne de Vaisseau - "'Savorgnan de
Brazza
Saigon.
Gallais Alph. - 3 rue de l'Hôtel de Ville à Vermenton
(Yonne).
Hagen Nicolas - Nouméa.
Huet. Inspecteur Général des Colonies
27 Rue Ou-
dinot. Paris.
Lebon Emile.
Capitaine Aviateur
46
-
rue
St Dizier.
Nancy.
Mme
Leeson Ida
MM.
Le Saint. Commissaire de la Marine
-
E. Mitche 11. Librarian.
Sydney.
-
12e Escadrille de
sous-marins. Toulon.
Maucorps Paul. Enseigne de Vaisseau
giviller, Versailles (Seine et Oise).
Mme
Me
Connaughey
-
(U.S.A.).M.
Moquet
Mme
Nordman C.A.
MM.
Nijolïs
-
lande.
-
39 Rue d'Ad-
C/o Rike Kumber Co Dayton. Ohio
C.F.P.O. 2
II
--
-
rue
rue
Lord Byron. Paris.
Méchain Paris XIVe.
Martinus Lange Voorhout S'Gravenbage, Hol¬
Polignac Ch.. de,
Poncelet Fernand
-
Villa Maillot, Neuilly (Seine).
16 Grande rue Marigny par Etam(Seine et Oise).
Ramsden Eric C/o Editor " The Press " Christchurch.
-
pes
-
N.Z.
Valenziani Carlo, comte,
terre de Béarn.
Vernier Albert
Yung E.
-
-
-
Château de Laas, Sauve-
102 Boulevard
Arago. Paris.
Gênes. Italie.
Membres résidents de droit
MM.
le Gouverneur
-
Tahiti.
desE.F.0.,Patron etTuteur delaS.E.O.
-Papeete.
Société des
Études
Océaniennes
393
—
—
le Chef du Service d'Administration Générale et des
Finances
Papeete.
-
MM.
le Procureur de la
République - Papeete.
Papeete.
Service de l'Enregistrement - Papeete.
le Chef du Service de Santé
le Chef du
-
le Chef des Travaux Publics et des Mines
le Chef du Service de
l'Enseignement
-
Papeete.
Papeete.
-
le Directeur de l'Ecole des Frères de Ploërmel
-
Pa¬
peete.
le Directeur de l'Ecole Centrale
le Directeur de
la
Papeete.
Indigène des Gar¬
Papeete.
Supérieure de l'Ecole de St Joseph de Cluny
peete.
çons
Mm6S
-
l'Ecole Française
-
la Directrice de l'Ecole
Filles
-
-
Pa¬
Française Indigène des Jeunes
Papeete.
Membres résidents, à Tahiti
MM.
Mlle
M.
M110
MM.
Adams Emile
MM.
Bredin W.
Ahrine Edouard
Brisson Victor
Ahnne
Brown Charles
Georges
Ahnne Emmy
Allen Igor
Auffray Hélène
Bambridge Lionel
Bambridge Antony
Mlle
Burmeister Madeleine
MM.
Cabouret A.
Carpenter G.
Charpier Jean
Charon Robert
Beecher Cari
Charousset
Belinsky
Coster
Bernast
M1110
Bolin Paul
MM.
Bolton W.W.
-
Pirae
Coster
Coulon M.
Cowan J.
Bonno A.
Curtiss
Boubée Yves
-
Pirae
Davison J.D.
Bourne J.
-
Faaa
Bouvier
Mlle
Demay H.
Dreyfus
Bouzer Emile
MM.
Drollet Alexandre
Brault Léonce
Société des
Dufour
Études
Océaniennes
—
MM.
Dumien
394
—
MM.
De Montlezun
Martin Robert
Menard Ch.
Etilagé Edouard
Micard
Ferrand Jean
Millaud Jules
Frogier Marcel
(comte)
Miller Pedro
Gandin Charles
Mme
Gérard Edouard
MM.
Miller Pedro
Moore P.
Giovannelli
Mordvinoff Nicolas
M'ne
Goupil Louise
Narigon
MM.
Grand H.
Noble M.
Guého R.
Pailloux R.
Halligan Charles
Harding
Hirshon Lewis
-
Pambrun G.
Pirae
Hoppenstedt Henri
Jacquier
Mlle
Perrier
MM.
Pétard Paul
Mlles
Pomare Terii
MM.
Poroi Alfred
Pierson
Jay
Juventin
Mlles
MM.
Poroi Vero
Auguste
Klima R.
Quesnot
Krainer M.
Raoulx Louis
Lagarde G.
Lagarde Anna
Lagarde Rose
Laguesse Emile
Layne
Mme
Reneteaud
MM.
Rey-Lescure Ph.
Simonet Henri
Smith
Irving
Smolin O.S.
Lenormand
Spitz G.
King Po
Leontieff A.
Sin
Lévy Julien
Lévy Charles
Temauri Henri
Temarii Teai
Lherbier
Tondon
Liauzun
Mme
Mme
Lorotte
MM.
MM.
Lorotte, Commandant
Tranchant
Taran
Vernier Charles
Leruste
Viénot Edmond
Mackenzie P.D.
Villierme Henri
Walker Ed.
Maiinowski L.
Manhes Ch.
Maraetefau Ch.
Walker LE.
Wilmet J.
Martin E.
White
Martin Y.
Société des
Études
Océaniennes
395
—
—
Membres résidant dans les
MM.
Bervas
-
quises.
Le Bronec
-
rabora.
Tambrun Emile
Marquises.
Preiss, Pasteur
-
Archipels.
Sandford Francis
Atuona. Mar- MM.
Raia-
-
-
Bo-
R.aia-
tea.
tea.
Sociétés
et
bibliothèques correspondantes.
Agence'Economiques des Colonies Autonomes et des
Territoires Africains
sous
Mandat
II Rue Tronchet.
-
Paris.
American
Geographical Society -156 TH ; Street Broad¬
New-York.
American Muséum of Natural History - 77. Th Street
way.
and Central Park. New-York.
Annales Coloniales
Archives
-
34 Rue Mont-Thabor. Paris.
Bibliothèque du Ministère des Colonies
-
-
Paris.
Asiatic
Society of Bengal
Auckland Institute
-
Australian Muséum
-
1 Park Street. Calcutta.
8. Muséum Auckland N.Z.
-
Sydney.
Society for the Advance-
Australian and New-Zealand
ment of Science
ne.
-
314 Albert street. East Melbour¬
Australia.
Batavia R.
Society (Muséum)
-
Library Konings plein
West 12 Batavia. Java.
Bernice Pauahi
Bishop Muséum - Honolulu 35. Hawaii.
Bibliothèque du Musée d'Histoire Naturelle - 8 rue
Buffon. Paris Ve.
Bibliothèque de l'Université de Bordeaux
-
20 Cours
Pasteur. Bordeaux.
British Muséum
(Natural History)
-
Cromwell Road
London. S. W. 7.
Bulletin du Commerce
California
-
Route 1. Nouméa.
Academy of Science
-
Golden Gâte Park.
San-Francisco.
Comité de l'Océanie Française
-
42 Rue Pasquier. Pa¬
ris, VIIIe.
Dominion Muséum
-
Société des
Wellington. N.Z.
Études
Océaniennes
—
396
—
Directeur de la France Extérieure et Coloniale
Grillon, Paris IVe.
-
2 Rue
Ethnological Survey - Manda. Philippine Islands.
Fidjian Society - Suva. Fidji.
Geographical Society of New South Wales - Sydney.
Hocken Library - University
Muséum King Street.
Dunedin. N.Z.
Institut Ethnographique International - 28 Rue Bona¬
parte. Paris.
Institut d'Ethnologie - 191 Rue St
Jacquës. Paris.
Institut Français d'Afrique Noire - B.P. 206. Dakar.
A.O.F.
Institut des Recherches
Biologiques de Perm
-
Zaini-
ka. U.R.S.S.
Koninklijk Institut-14 Van Galenstraat.
La Haye. Hol¬
lande.
*
Librarian
National
-
Library Camberra. A.C.T. Aus¬
tralie.
Marine
Biologica'l Library
Wooes Hole. Mass. U.S. A.
-
Musée d'Histoire Naturelle de Baie
Baie. Suisse.
-
Augustinergasse.
Muséum d'Histoire Naturelle - 57 Rue Cuvier. Paris.
Musée d'Ethnographie du Trocadéro - Paris.
Na Mata
Editor.
Fiji.
Library - Washington. U.S.A.
Naturel History Muséum - Balboa Park. San Diego.
-
National Muséum
California.
New-Zealand Institute
Wellington N.Z.
Peabody Muséum of Archeology - Haward. Cambrid¬
ge. U.S.A.
Polynesian Society - Box 523. Wellington. N.Z.
Queensland Muséum
-
-
Brisbane. Queensland.
Royal Antropological Institute
-
52. Upper Bedford
Place. London W.C. 1.
Royal Colonial Institute
-
Northumberland Avenue.
London W.C. 2.
Royal Geographical Society
-
Kensington Gore. Lon¬
-
Kintore Avenue, Adé¬
don S.W. 7.
Royal Geographical Society
laïde. S.A.
Société des
Études
Océaniennes
—
Science
Library
397
—
Kensington. London S.W. 7.
Washington. U.S.A.
Société de Géographie de Paris - Bd St Germain. Paris.
Société d'Océanographie de France - 32 Rue de Lisle,
-
Smithsonian Institution
-
Ferme. Bordeaux.
Société
Zoologique de France
-
195, Rue St Jacques.
Paris.
University of Washington - Library. Seattle.
University of California - Library. Berkelay. Cal.
Vanderbilt Marine Muséum
PAPEETE
—
IMPRIMERIE
Société des
Études
DU
-
Longlsland. New-York.
GOUVERNEMENT.
Océaniennes
xm
'■
I
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r.:-S .tv-i-4ni isfiV/
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'p.v.diJ
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f
tàp.oBifl/. nèûi&t.
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Mata
-
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.
Société des
Études
Océaniennes
SOCIÉTÉ
BUREAU DE LA
Président
M. E. Ahnne.
Vice-Président
M. le Dl> Rollin.
Trésorier
M. A. Cabouret.
Secrétaire-Archiviste
M. P. I. Nordmann.
Assesseur.
M. M. Rey-Lescure.
Assesseur
M. A. Poroi.
Secrétaire-Bibliothécaire-Conservateur du Musée. Mlle Ahnne.
Pour être reçu
Membre de la Société
se
faire présenter par
membre titulaire.
un
BIBLIOTHÈQUE
Le Bureau de la Société informe
sormais ils
la
ses
Membres que
Bibliothèque
où ils
fixée.
cas
dé¬
peuvent emporter à domicile certains livres de
ne
en signant une reconnaissance de
rendraient pas le livre emprunté à
dette en
la date
Le Bibliothécaire
La
et à
présentera la formule à signer.
Bibliothèque est ouverte aux membres de la Société
leurs invités tous les jours, de 14 à 17 heures, sauf le
Dimanche.
La salle de lecture est ouverte
de 14
à
17
public tous les jours
au
heures
MUSÉE,
Le Musée est ouvert tous les
jours, sauf le lundi de 14 à 17 h.
jours d'arrivée et de départ des courriers : de 9 à 11 et de 14
à 17 h.
Les
Pour tout achat de
s'adresser
au
Bulletins, échanges ou donation de livres
Président de la Société,
ou
au
Bibliothécaire du
Musée, Boîte 110, Papeete.
LE BULLETIN
Le Bureau de la Société accepte l'impression de tous les articles
qui paraissent dans le Bulletin mais cela n'implique pas qu'il
épouse les théories qui y soni exposées, ou qu'il fait sien les
commentaires et les assertions des divers auteurs qui, seuls, en
prennent toute la responsabilité.
Aux lecteurs de former leur appréciation.
La Rédaction.
Société des
Études
Océaniennes
Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 70