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-
Bulletin
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ÉTUDES OCÉANIENNES
63
TOME VI
JUIN
Anthropologie
Histoire
—
des
—
(No 2)
1938
Ethnologie
Institutions
—
Philologie,
et
Antiquités
populations maories.
Littérature et Folklore.
Astronomie
—
Océanographie
—
Sciences naturelles
VWWWNAWWV
Tourisme.
IMPRIMERIE
A
DU
GOUVERNEMENT
PAPEETE
(TAHITI)
SOCIÉTÉ
BUREAU DE LA
Président
M. E. Ahnne.
Vice-Président
M. G. Lagarde.
.......
Trésorier
M. A. Cabouret.
Secrétaire-Archiviste
M. le D1' Rollin.
Assesseur
M. M. Iorss.
!..
Assesseur
M. W. Malinowski.
.
Secrétaire-Bibliothécaire-Conservateur du Musée M. H. Bodin.
Pour être reçu Membre
membre titulaire.
de la Société
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Le Bureau de la Société informe ses Membres que dé¬
sormais ils peuvent emporter à domicile certains livres de
la Bibliothèque en signant une reconnaissance de dette au
cas
où ils
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rendraient pas
le livre emprunté à la date
fixée.
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présentera la formule à signer.
Bibliothèque est ouverte tous les jours, aux membres
de la Société de 9 à 11 et de 14 à 17 heures, sauf le Diman¬
che où elle n'est ouverte que l'après-midi.
La salle de lecture est ouverte au public tous les jours
de 9 à 11 et de 14 à 17 heures, sauf le Dimanche où elle
n'est ouverte que l'après-midi.
La
MUSÉE.
Le Musée est ouvert le Jeudi et le Dimanche de 14
et les
à 18 heures
jours d'arrivée et de départ des courriers. Mêmes heures.
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s'adresser
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Société, ou au Bibliothécaire du
Papeete.
Président de la
110,
LE BULLETIN
Le Bureau de la Société accepte
l'impression de tous les articles
qui paraissent dans le Bulletin mais cela n'implique pas qu'il
épouse les théories qui y sont exposées, ou qu'il fait sien les
commentaires et les assertions des divers auteurs qui, seuls, en
prennent toute la responsabilité.
Aux lecteurs de former leur
appréciation.
La Rédaction.
DE
SOCIÉTÉ
LA
D'ÉTUDES
OCÉANIENNES
(POLYNÉSIE ORIENTALE)
TOME VI
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(N° 2)
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i î>:î h.
SOMMAIRE
Pages
Etlmoloffie.
De l'état actuel de la vie tahiticnnc par
André Ropiteau.
31
l'emploi des possessifs (adjectifs ou pronoms) dans
langue tahitienne par Alexandre Drollet
34
LinfjiiUliquo.
De
la
Tourisme.
Quinze jours en montagne par J. et Y. Malardé
39
Sciences naturelles.
Les
araignées de Maupiti recueillies par A. Ropiteau.—
Lucien Berland
47
Histoire.
La Vérité
sur
Tahiti, par Louis Jacolliot (suite)
49
Littérature.
Esquisse tahitienne, poésie par Mme Tranchand-Deli-
66
gny
Divers.
Création d'un centre d'Etudes Océaniennes
au
Musée
68
de l'Homme
Société des
Études
Océaniennes
ET sxrosiO'ezzs
Exposé succint
De l'état actuel de la vie Taliiticnnc
'
aux
lies Tahiti.
Il n'y a pins un seul Taliitien aux Iles Tahiti, pourrait-on
dire, sans doute, si l'on parlait strictement au point de vue
delà race pure : en effet, les métissages qui commencèrent
tout de suite avec les premiers découvreurs, Wallis etBougainville, se sontsi bien développés depuis un siècle et de¬
mi,
avec
tant de visiteurs enthousiastes-sous la douce
com¬
plicité des mœurs océaniennes si accueillantes-que mainte¬
nant chaque habitant des " îles d'amour" a dans ses veines,
plus ou moins de sang anglais, ou allemand, peut-ctre es¬
pagnol, beaucoup français, beaucoup plus encore chinois-et
de combien d'autres origines, de tous les points du mon¬
de.
...
Mais, si l'individu a subi tant de caprices du sort, du moins
supérieures du pays sont restées immuablement
les mêmes : les barrières de récifs entourent toujours les îles
de leurs ceintures protectrices, à l'intérieur desquelles s'en¬
roulent les lagons calmes ;-sur les plages de sable blanc, se
penchent toujours les longues palmes des cocotiers ; dans les
sous-bois immobiles d'arbres à pain, de manguiers, au mi¬
lieu de mille herbes folles, la nature conserve toujours sa
même physionomie, souriante et grave à la lumière du
jour, étrange et presque effrayante dans la nuit tropicale-si
bien que malgré les influences étrangères qu'il a subies, le
Tahitien d'aujourd'hui, qui est né et qui vit dans ce Pays,
conserve encore beaucoup du Tahitien d'autrefois.
Moins encore qu'aux changements ethniques partiels, il
ne faut pas s'arrêter aux apparences immédiatessi, aux
îles Tahiti, on s'habille à peu près selon les modes d'Euro¬
pe, si l'on possède auto ou phono, si l'on discute des der¬
niers films d'Hollywood ou des nouvelles internationales
de la B.adio, cela n'empêchera pas de rêver pendant des
heures sur la véranda du bungalow, d'aimer les fleurs pour
les forces
Société des
Études
Océaniennes
—
32
-
le bonheur de s'en parer, ou bien, le soir, d'avoir peur
la nuit, dans le Pays le plus tranquille du monde.
de
En somme,
la vie tahitienne d'aujourd'hui est une juxta¬
position curieuse des deux vies les plus différentes que l'on
puisse supposer: d'une part, un fond d'existence des pre¬
miers âges (il n'y a pas plus de cent cinquante ans, ces îles
en étaient encore à l'âge de la pierre polie, amélioré seule¬
ment par les avantages naturels de la latitude) ; d'autre
part, un plaquage plus ou moins important, plus ou moins su
perficiel, de la civilisation moderne.
Sans doute, rien de bien grand ne peut sortir d'un tel mi¬
lieu cultural, hybride où ne s'affirme aucune tendance prin¬
cipale : mais, serait-il bien sage de vouloir réunir intime¬
ment aux destins principaux de l'humanité ces fout petits
groupements humains, vivant en marge des grands pays,
sur de toutes petites
terres isolées dans l'immensité de l'O¬
céan ?
Pour
nous,
vivant la vie
servir de noire
mieux,
tahitienne, l'aimant, et voulant la
qu'elle apparaît en ce
harmonieuse, et qu'elle est en fait l'une des
vies les plus heureuses, généralement parlé, que l'on puisse
trouver au monde d'aujourd'hui;
Nous croyons aussi qu'il vaut mieux laisser les valeurs
tahitiennes demeurer le plus possible ce qu'elles sont main¬
tenant, sans développement trop sensible de l'une au détri¬
moment
nous pensons
assez
ment de l'autre ;
Et notre
expérience océanienne nous fait même souhaiter,
la bonne conservation de cet équilibre heureux, que
certains souvenirs du passé soient fortifiés, en fonction in¬
verse du développement des emprises du présent: par exem¬
ple, que la langue tahitienne ait une place plus importante
dans l'instruction publique, quand les langues et la pensée
étrangère se développent rapidement ; que des écoles d'art
et technique indigène soient créées, quand la production in¬
pour
dustrielle occidentale et orientale tend
non
seulement à sup¬
planter la faible production locale, mais aussi à déformer le
goût et les aptitudes naturelles des Tahifiens, que des en¬
couragements sensibles soient accordés aux familles qui res¬
tent sur les terres de leurs pères, quand la ville multiplie
ses attraits trompeurs,
Société des
Études
Océaniennes
Cette forme de
mesure
est
règles de l'esprit français
précisément une des plus belles
et l'on peut dire que c'est grâce
à la colonisation française, avec toutes ses séries de petites
erreurs, mais avec son grand idéal d'humanité, que cette
situation du
ct
ne
conservé,
sans
«
serait-ce
:
juste milieu » a pu s'établir et durer à Tahitiqu'au nom de ce charme des îles si joliment
au nom
de
ce
bonheur océanien vraiment vivant,
doute modèle de sagesse pour bien
faut que
la garde
d'autres pays, il
longtemps, très longtemps encore, continue là-bas
bienveillante, profondément humaine, de la Fran¬
ce.
Note
hâtive, présentée au Congrès International
tion Culturelle des
de
pour l'Evolu¬
Peuples Coloniaux—Exposition Internationale
Paris, 1937.
Paris, 28 septembre 1937.
André ROPITEAU,
Société des
Études
Océaniennes
De
l'emploi
Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 63