B98735210103_049.pdf
- Texte
-
il
©
0
Société
la
des
1
ÉTUDES OCÉANIENNES
N°
49
TOME V
(N° 8)
DÉCEMBRE 1933
Anthropologie
Histoire
—
des
—
Ethnologie
Institutions
et
—
Philologie.
Antiquités
populations maories.
Littérature et Folklore.
Astronomie
—
Océanographie
—
Sciences naturelles
Tourisme.
IMPRIMBR.IB
A
DU
OOUVERNEMBKT
PÀPEKTK
(TAHITI)
Les articles
teur
a
réservé
à la condition
publiés dans le Bulletin,, exceptés ceux dont l'au¬
ses droits, peuvent être traduits et
reproduits
expresse, que l'origine ét l'auteur en seront men¬
tionnés.
la
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Toutes communications relatives
Société, doivent être adressées
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Bulletin
au
au
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au
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versée une fois pour toutes. (Article 24 du
Règlement Inté¬
rieur, Bulletins N° 17 et N° 29).
me
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Le Bulletin continuera à lui être adressé,
quand bien même
il cesserait d'être Membre résidant à Tahiti.
20
L'intérêt de cette
revenu
modique somme assure à la Société
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Le Membre à vie n'a plus à se préoccuper de l'envoi ou du
paiement de sa cotisation annuelle, c'est une dépense et un souci
3"
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CEUXqui, quittant Tahiti s'y intéressent quand même.
Société des
Études Océaniennes
de
SOCIÉTÉ
la
D'ÉTUDES
OCÉANIENNES
(POLYNÉSIE ORIENTALE)
TOME V
N
49.
-
(N° 8)
DÉCEMBRE 1933.
SOMMAIEB
Pages
Histoire et astronomie.
La
navigation chez les Polynésiens d'autrefois,
Jourdain
par
P.
241
Philologie.
Polynésiens et Hovas sont-ils de même race?
et L. Montagné
par
G. Lidin
v
248
Folklore.
Le Tiki Lézard
La
Les Paepae, par G. Lagarde
légende de Monoihere et de Tafai, par E. Ahnne
Histoire et
Otto de
—
259
264
géographie.
Kotzebue, par J. Cottez
267
Archéologie.
Les Statues de Raivavai, par
H. Bodin
275
Divers.
Ouvrages et périodiques reçus
Acquisitions du Musée
Société des
Études Océaniennes
'.
279
279
La
navigation chez les Polynésiens d'autrefois-
Par
l'Enseigne de Vaisseau Pierre JOURDAIN.
Les
renseignements qui suivent, proviennent pour la plupart
publié par "The Journal of the Polynesian Society "
dans son bulletin n° 145 de mars 1928.
Cet article intitulé "THE SACRED CALEBASS", écrit par le
Contre-Amiral Hugh Rodman U. S. Navy (retired), me fut com¬
muniqué par Monsieur J. F. Stimson, auquel j'adresse ici tous
d'un article
mes
remerciements.
*
*
*
Dans un ouvrage
tions " Monsieur de
intitulé "Les Polynésiens et leurs migra¬
Qiiatrefages parait démontrer que les indi¬
gènes peuplant les nombreuses îles de l'Océan Pacifique pro¬
viennent de migrations successives, involontaires et volontaires,
venant de l'Ouest, et effectuées il y a une quarantaine de géné¬
rations.
La tradition orale, riche en
légendes, ne nous donne pas mal¬
renseignements précis sur les connaissances
d'astronomie, de météorologie et de navigation des Polynésiens
des temps passés. Mais il ne faut pas ôter tout savoir à ces navi¬
gateurs qui parcouraient parfois plusieurs milliers de milles, et
qui surtout revenaient à leur point de départ.
heureusement de
*
*
L'Amiral Rodman,
*
qui stationna longtemps
aux
Hawaï nous
rapporte les connaissances nautiques des Hawaïens d'autrefois.
Ceux-ci, hardis navigateurs, faisaient périodiquement le voyage
de Tahiti.
Astronomie.
Les Hawaïens
savaient que
le soleil varie
chaque jour en déclinaison. Ils avaient donné des noms aux cons¬
tellations les plus brillantes, aux étoiles, aux planètes "vaga¬
—
bondes ".
Etant donnée la
des étoiles de
position géographique des lies Hawaï, en plus
l'hémisphère Nord, la plupart des étoiles de Phé-
Société des
Études
Océaniennes
—
m
—
misphère Sud étaient également visibles
gènes.
et familières
aux
indi¬
Ceux-ci avaient une conception fort
juste du mouvement rela¬
tif des astres. Une mention toute
spéciale était faite pour " Hokupaa " (L'étoile polaire) fixe dans le ciel. Ce dernier fait est
parti¬
culièrement utile à noter car c'est
l'origine de la " Calebasse sa¬
crée " dont nous
parlerons
plus loin.
Météorologie.
—
Vivant
sous les
s'effectuant entièrement dans la
gènes savaient
Tropiques, et leurs voyages
région des vents alizés, les indi¬
la direction des vents dominants variait entre
Sud-Est, dépendait de la saison, et que certaines
époques de l'année étaient particulièrement favorables à un
long
que
le Nord-Est et le
voyage sur mer.
Ils avaient remarqué aussi la corrélation
existant entre les vents
et la direction de la houle
et, d'après le changement de prove¬
nance des lames ils
pouvaient déceler l'approche d'une terre.
Navigation. — Instinct ou science?.
Comme l'indigène Tupaia emmené
par Cook en Nouvelle-Zé¬
lande qui savait toujours
montrer la direction de Tahiti, certains
Hawaïens semblaient avoir un sens inné de l'orientation.
Ils naviguaient par
rapport au soleil ou aux étoiles, sachant
par exemple que telle île se trouvait dans la direction de telle
etoile à son lever.
Pour certains caps, ils avaient dressé des listes
d'étoiles
se
le¬
vant dans le même azimut.
Quand il y avait des nuages, ils se basaient sur la direction des
garder une allure bien déterminée.
Certaines de leurs légendes sont de véritables Instructions
Nau¬
tiques :
vents pour
« Si vous
partez pour Tahiti, vous découvrirez de nouvelles
«constellations au-dessus de l'Océan. Quand vous arriverez à
« " Piko-O-Wakea "
(l'équateur) vous perdrez de vue Hoku-Paa
« (l'étoile
polaire)Newe(Béta de l'Hydre) vous montrera la direc« tion du Sud et la
constellation Humu (Altaïre) se tiendra com« me
guide au-dessus de vous.
On n'a pas encore trouvé
d'explication satisfaisante pour leurs
géographiques composées de bâtonnets de bois léger at¬
tachés en croix, sur
lesquels se trouvaient des coquillages fixes
cartes
et
mobiles.
Société des
Études
Océaniennes
243
—
Ils avaient
—
également des cartes astronomiques, cadransde
figuraient les étoiles.
bois
tendus de ficelles dont les nœuds
*
*
Le voyage
11 y a
¥
des Iles Hawaï à Tahiti.
environ 2.300 milles marins des Hawaïà
Tahiti.
L'Equateur se trouve à mi-chemin.
Nous avons vu précédemment les indications relatives au
voyage d'aller, facilité par les nombreux archipels entourant
Tahiti, dans lesquels il était facile de prendre des renseignements
pour terminer le voyage.
Mais au retour, l'atterrissage
à Hawaï était difficile.
Appareillant de Tahiti à l'époque des alizés de Sud-Est, les na¬
vigateurs allaient tribord amures se dirigeant vers le Nord-Est jus¬
qu'à l'Equateur et mettaient ensuite le cap sur l'Etoile Polaire.
Mais comment trouver Hawaï sur le vaste Océan?.
Sachant être trop dans l'Est, ils naviguaient route au Nord jus¬
qu'à ce que l'Etoile Polaire leur semblât à la même hauteur qu'elle
se trouve à Hawaï. (Ils se plaçaient sur le parallèle d'Hawaï car
on saitquedans
l'Hémisphère Nord la Hauteur de l'Etoile Polaire
est environ égale à la latitude).
A ce moment ils faisaient route à l'Ouest et, naviguant de fa¬
çon que l'Etoile Polaire reste constamment à la même hauteur,
finissaient par atterrir aux Hawaï dont les pics montagneux s'a¬
perçoivent de loin.
*
*
*
La ealchasse sacrée.
A l'origine, la hauteur de l'Etoile Polaire était appréciée à l'œil,
puis apparut un instrument qui donnait cette hauteur pour le
parallèle d'Hawaï.
Voici la description qu'en donne l'Amiral Rodman : (1)
«C'est une sorte de gourde de trois pieds de long, dont la base
« est sphérique et dont le corps cylindrique se referme en forme
«
de
«
cone vers
le haut.
Près de l'ouverture
«
cés à l'extrémité de deux
«
dont le
supérieure, quatre trous ont été perdiamètres rectangulaires d'un cercle
plan serait perpendiculaire à l'axe
de la calebasse.
(1) Voir cliché, page suivante.
Société des
Études Océaniennes
—
244
—
On peut concevoir
On le
l'usage de cet appareil de la façon suivante :
remplit d'eau. Le plan d'eau limité par les quatre trous
donne
un
trous
et la
niveau horizontal. On vise l'Etoile Polaire
par un des
partie supérieure dont on rogne le dessus de façon
la Polaire tangente le bord de cette cuvette. Cette opération
étant faite à Hawaï, on se retrouve à la même latitude
quand on
voit la Polaire tangenter le haut de la calebasse.
Ceci n'est plus une hypothèse.
que
«
«
«
«
«
«
Du moins l'Amiral Rodman semble le
prouver quand il écrit:
« Narurellement, ma curiosité était
éveillée de voir cette fameuse " Calebasse Sacrée " et de me rendre
compte si elle pouvait véritablement servir à
l'usage précité. Obtenant la permission, je remplis d'eau cette calebasse jusqu'au cercle de
trous et, mesurant l'angle de l'un d'entre eux avec le bord
su-
périeur opposé, je le trouvai égal à i g degrés (La calebasse étant
maintenue verticale grâce au niveau
d'eau). »
« Ainsi
quand la Polaire était tangente au bord, sa hauteur
Société des
Études
Océaniennes
245
—
était environ 19 Degrés, ce
Hawaï. Ceci permettait à
«
«
—
qui est la latitude approximative des
l'équipage de naviguer vers l'Ouest
l'assurance d'arriver à destination
« avec
».
Malgré de telles précisions, la " Calebasse Sacrée"
a ses
détrac¬
teurs.
Monsieur
John F. G. Stokes, ex-ethnologiste du " Bernice P.
un article qui suit le précédent donne les
raisons pour lesquelles il ne croit pas à la "Calebasse" en temps
que "Sextant". Se référant à certaines légendes et en la compa¬
rant à d'autres calebasses actuellement
exposées auMusem d'Honolulu, ce savant prétend que cet objet servait autrefois de
Malle de voyage" à un chef polynésien.
Bishop Muséum" dans
"
Mais la
description des deux calebasses n'est pas tout à fait la
Ayant à peu près les mêmes dimensions extérieures,
celle dont parle Mr. Stokes possède 10 groupes de 3 trous et le
plus grand angle obtenu à l'aide du niveau d'eau et du bord
supérieur est de 11° 27', alors que l'Amiral Rodman certifie avoir
mesuré un angle de 190 et n'avoir remarqué que 4 trous percés
près de l'orifice supérieur.
Je ne conçois pas qu'on puisse suspecter la probité scientifique
même.
de
ces
deux observateurs, et les différences relevées dans les des¬
criptions qu'en fait chacun d'eux suffisent pour penser qu'il ne
s'agit pas de la même calebasse. J'ai tenu cependant à mention¬
ner cette objection
pour être franc et complet vis à vis de mes
lecteurs.
Mais voici
ce
que
un
fait
nouveau
dit l'Amiral Rodman
qui tendrait
au
contraire à vérifier
:
Monsieur
Ahnne, Président de notre Société des Etudes Océa¬
communique un article paru dans la "Revue Nau¬
tique" (Numéro spécial du Salon i93i)sousla signaturede Mon¬
niennes
sieur
me
Choupaut.
Celui-ci rapporte
qu'en 1889, le Tahitien Paofai de Paea lui ra¬
les Tahitiens autrefois allaient à Hawaï. Leurs procé¬
dés de navigation y compris l'usage de la "Calebasse Sacrée",
faite à Hawaï, étaient les mêmes
que ceux décrits par l'Amiral
conta que
Rodman.
Si Monsieur
sans
avoir
eu
Choupaut rapporte fidèlement les dires de Paofai
connaissance de l'article de l'amiral Rodman paru
Société des
Études
Océaniennes
246
—
—
1927 dans les U. S. Naval Institute Proceedings, ce serait une
démonstration de l'existence réelle de la Calebasse Sacrée.
en
*
*
Le
*
Compas à veut.
Un
v
indigène de Raiatea me
description suivante
d'une sorte de " Compas à
y
fit
V&vdiYvfc;
Vent" dont les Tahitiens d'au¬
tîW
CÏê
la
trefois
se servaient pour leurs
traversées dans les Iles de la
A
Société et des Tuamotu.
L'appareil
deux noix de
no) fixées
se compose de
coco vides (Aa-
planche
pi¬
rogue. Chaque coco est percé
de deux trous à sa partie su¬
périeure.
sur
une
orientée suivant l'axe de la
Le
coco
tré dans
antérieur est
encas¬
planche verticale
perpendiculaire à l'axe de la
pirogue, les deux trous étant
situés de part et d'autre de la
planche.
Le coco postérieur est encas¬
tré dans une planche verticale
placée suivant l'axe de la pi¬
rogue, les deux trous étant de
chaque côté de la planche.
Axe [dç ^
une
L'utilisation de cet
appareil serait le suivant:
départ on connaît la direction du vent régnant.
Si on met le cap de la pirogue dans la direction connue de l'île
ou on veut se rendre, lèvent fera siffler un des
quatre trous percés
Au moment du
dans les
cocos.
En choisissant
l'époque de la traversée on a des chances que
change pas pendant le voyage II suffit donc de main¬
son cap de façon que le vent fasse
toujours siffler le même
le vent
tenir
ne
trou.
Société des
Études
Océaniennes
247
—
Si le vent
—
change, le problème
se complique. On peut conce¬
procédés, (par exemple une flèche que l'on cale
par rapport à l'axe de la pirogue quand le vent varie et on con¬
serve le
cap de départ en faisant siffler un autre trou) pour pou¬
voir garder sa route.
Mais tout ceci est du domaine de l'hypothèse et je n'ai pas ob¬
tenu de précisions suffisantes
pour donner des explications va¬
lables de ce compas éolien. En le décrivant, j'ai simplement vou¬
lu le faire connaître sans même affirmer
qu'il ait été vraiment
employé comme je le décris.
voir différents
*
*
*
11 est très difficile de retrouver maintenant
quoi que ce soit sur
les Polynésiens d'autrefois et
je terminerai par cette phrase qu'é¬
crivait en 188^ Monsieur de Bovis :
«
Tout
s'altère, tout s'efface dans ces archipels, la population,
langue, les souvenirs et les costumes; du reste, tout cela se
«
la
«
tient. Les Indiens des Iles de la Société seront bientôt
«
blablesauxGouanches
« comme
« sur une
sem-
Caraïbes dont le nom est demeuré
le seul reste lisible d'une inscription
antique gravée
et
aux
pierre aujourd'hui usée
par
les flots
».
Enseigne de Vaisseau, P. JOURDAIN.
Papeete, Novembre
1933.
•*»
Société des
Études
Océaniennes
Polynésiens et Hovas sont-ils de même race?
Le Commandant LIDIN
les
nous
a
fait tenir l'article suivant
sur
Malgache et Polynésienne :
du Bulletin de la Société des Etudes Océanien¬
nes, M. Ed. AHNNE, l'honorable Président de cette Société, a
fait paraître une note au sujet des coutumes du Pii, en Polynésie
et du Fady à Madagascar. M. Ahnne termine sa note en disant :
« Il y a là, nous semble-t-il, une preuve nouvelle et indéniable
de la communauté d'origine des Malgaches et des Polynésiens ».
« Si cette similitude de coutume et les analogies dans les deux
langages étaient une preuve suffisante de communauté d'origine
des 2 races, on devrait alors être absolument convaincu de cette
communauté d'origine après la comparaison des noms de nom¬
bre dans le langage malgache et le langage Tahitien, par exem¬
ple :
«
races
Dans le N° 40
Langage Malgache
0 se
Langage Tahitien
prononce ou
I
2
Roa
3
Telo
Efatra
Dimy
4
5
ra
u se prononce ou
i
1
A tahi
R//a
piti
Toxu
faha maha
Rima, pae
6 Enina
7
Ono
Fifo
Hit//
Va u
8 Valu
9
Sivy
Iva
10
Folo
A h//r//
Et pourtant
de ces analogies je ne crois pas qu'on puisse dé¬
indéniable de la communauté d'origine des
Malgaches et des Polynésiens. Ce qu'on peut en déduire certai¬
nement c'est qu'un contact a eu lieu entre ces 2 races, directe¬
«
duire
ment
«
une
ou
preuve
indirectement.
Que faut-il d'abord entendre par Malgache, par race Malga¬
che ?
Société des
Études
Océaniennes
—
249
—
Nombreuses sont les
peuplades de race différentes qui peu¬
plent Madagascar : Sakalaves, Betsimisarakes, Antemours, Antankares, Bares, Betsileos et Hovas.
« Les Hovas, venus à Madagascar très probablement après que
les autres peuplades y étaient déjà implantées, sont de race dif¬
férente de celles de ces peuplades auxquelles ils s'étaient impo¬
sés et qui leur étaient soumises ; vainqueurs, ils s'étaient établis
sur les plateaux de l'Imérina. Ils étaient les maîtres de Madagas¬
car et quand on parle du Malgache, c'est du Hova qu'on veut
parler, du Hova dont la langue est la langue officielle. Les lan¬
gages des autres peuplades ont fait à la langue Hova (Les Saka¬
laves, si je ne me trompe en particulier) de nombreux emprunts.
« Et on a ainsi l'exemple du contact de races différentes avec
une autre race
supérieure amenant des analogies de langage sans
que cependant on puisse déduire de ces analogies une preuve de
communauté d'origine.
« Et il en a été de même, je pense, pour les Hovas et les Po¬
lynésiens. Mais ici je passe la parole au R. P. MAZERAT qui au
début de sa grammaire Malgache (2mr Edition 1926) donne un
exposé sur les langues Polynésiennes, Mélanésiennes et Malai¬
ses, exposé dont j'extrais ce qui suit : « Il est impossible d'affir« mer que le Malgache dérive du Malais
Cependant comme
« un plus grand nombre de mots malais et certaines formes gram« maticales ont été conservées avec plus de pureté dans le Mal« gâche on peut supposer que les Malgaches primitifs sont restés
« plus longtemps en contact avec les Malais ».
« D'autre
part on peut lire également dans le même travail :
« Il est certain qu'un
bon nombre de mots sanscrits sont passés
« en
Malgache. Dans un article inséré dans le bulletin de l'Aca« démie Malgache du 2e T. 1904 le R. P. THOMAS prouve en
« particulier que les noms de nombre : 1, 2, 3, 4, 7, 100 se trou« vent avec diverses modifications phonétiques et en Malgache
« et en beaucoup d'autres langues Malayo-Polynésiennes ».
« Ainsi donc, dans sa langue, le Hova a subi l'influence du
«
sanscrit et du Malais.
«
Il
a
dû avoir contact
avec
la Malaisie et 1 Inde et c'est de l'In¬
de, très probablement, que le Hova est venu à Madagascar avec
la mousson de N.E., comme le font actuellement encore, je pen¬
se, les boutres de l'Inde venant à Madagascar (voir introduction
de la
grammaire Malgache du R. P. Mazerat,
Société des
Études
page
Océaniennes
XXII).
—
Pourquoi
2o0
—
le même contact qui a existé
également existé entre les Poly¬
nésiens, comme dans la langue Hova des analogies avec le Ma¬
lais ? Les Malais étaient de hardis navigateurs et je ne crois pas
que cette supposition puisse être taxée d'exagération. Et alors
les analogies de langage entre les Hovas et les Polynésiens se¬
raient expliquées de ce fait parce que dérivant du contact avec
le Malais. D'ailleurs ne pourrait-on pas également
envisager un
contact direct des Hovas et des Polynésiens, les premiers devant
être aussi de hardis navigateurs comme ils en auraient donné la
preuve en venant de l'Inde à Madagascar il y a au moins 2.200
«
ne pas supposer que
entre les Malais et les Hovas a
ans.
«
Voici d'ailleurs
Mazerat
un
autre extrait du mêmé travail du R .P.
paraît utile de citer encore :
« Le savant ouvrage du Dr
Codringtou montre avec la plus
« grande évidence que les linguistes
ont eu raison de considérer
Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 49