B98735210103_047.pdf
- Texte
-
Anthropologie
Histoire
—
des
—
Ethnologie
Institutions
et
Antiquités
populations maories.
Littérature et Folklore.
Astronomie
—
Océanographie
—
Sciences naturelles
Tourisme.
IMPRIMERIE
DU
GOUVERNEMENT
A PAPEETK
(TAHITI)
Société des-Etudes. Océanien
Les articles publiés dans le Bulletin ; exceptés ceux dont l'auses droits,
peuvent être traduits et reproduits
la condition expresse, que
l'origine et l'auteur en seront men¬
teur--a réservé
à
tionnés.
la
Toutes communications relatives
Société, doivent être adressées
au
Bulletin
au
Musée
Président.
au
ou
Boîte
à
110,
Papeete, Tahiti.
Le Bulletin est
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envoyé gratuitement à tous
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numéro
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Cotisation annuelle des Membres résidents
Cotisation annuelle des Membres résidents
en
50
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francs.
pays
français
40 francs.
Cotisation annuelle des
étrangers...
dollars
2
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8 shillings.
SOUSCRIPTION UNIQUE.
Membre
à vie résidant
en
Membre à vie résidant à
trente dollars.
Avantages de
me
versée
une
se
France
ou
dans
ses
colonies. 300 fr.
l'Etranger, six li/rcs sterling
faire recevoir Membre
fois pour toutes.
(Article
a
24
vie pour cette
ou
som¬
du Règlement Inté¬
rieur, Bulletins N° 17 et N° 29).
1° Le
Bulletin continuera à lui êtreadressé, quand bien
même
il cesserait d'être Membre résidant à Tahiti.
'20 L'intérêt de
revenu
Cette
modique somme assure à la Société
supérieur à la cotisation annuelle de 30 fr.
un
30 Le Membre à vie n'a plus à se préoccuper de l'envoi ou du
paiement de sa cotisation annuelle, c'est une dépense et un souci
de moins.
lin
conséquence: Dans leur intérêt
sont invités à devenir
TOUS CEUX
et celui de la
Société,
Membre à vie:
qui, résidant hors Tahiti, désirent
recevoir le
Bulletin.
TOUS LES jeunes Membres de la Société.
TOUS CEUX
qui, quittant Tahiti s'y intéressent quand même.
Société des
Études Océaniennes
de
la
w
SOCIÉTÉ D'ÉTUDES
OCÉANIENNES
(POLYNÉSIE ORIENTALE)
—
TOME V
IV» 47.
—
(N°6)
JUIN 1931Ï.
S O IMI IMI
I !E& IEJ
Fages
Assemblée Générale.
Compte-rendu de l'Assemblée générale du
2
mai 1933.
179
Ethnologie.
Les
hiéroglyphes de l'Ile de Pâques,
par
E. Ahnne
185-
Folklore.
Légende des trois tortues,
par P.
Jourdain
196
WlWïWï
CO M PTE-ltEN DU
de l'Assemblée Générale du 2 mai
lî)33.
L'Assemblée Générale annuelle de la S. E. 0., s'est tenue le 2
mai 1933,
dans la Salle des Conférences. Le Bureau était composé
de Monsieur Ed. Ahnne, Président, M. Yves Malardé, Secrétaire-
Archiviste, M. Cabourct, Trésorier, MlleE. Bodin, Bibliothécaire.
Monsieur le Gouverneur qui devait assister à la réunion a été
empêché au dernier moment et se fait excuser.
Vingt-sept membres sont présents, plusieurs s'excusent par
lettre
ou
envoient des
procurations.
La séance est ouverte à 17 h. 13 par le Président qui expose en
ces termes la marche et la situation actuelle de la Société.
Mesdames et Messieurs.
La marche de notre Société
de l'année écoulée ne pré¬
je ne m'y arrêterai pas longtemps.
Nous ne sommes point restés inactifs cependant : Notre Musée
s'est enrichi, pardons ou par achats, de nombreux
objets dont
quelques-uns très intéressants; faute de fonds, nous avons dû
laisser échapper plus d'une pièce rare ; il y a en ce moment de
belles occasions pour les collectionneurs, mais il faut faire très
attention ; les faux dieux sont plus nombreux que les vrais et
sentant rien
leur fabrication est devenue
Grâce à
au cours
de bien saillant
une
véritable industrie.
correspondant que nous avons à la bibliothèque de
Strasbourg, il nous a été possible également d'acquérir à des prix
très modérés un certain nombre d'ouvrages de valeur concernant
la Polynésie.
Enfin, notre Bulletin dont nous déplorions l'irrégularité a paru
régulièrement chaque trimestre et nous en exprimons ici tou.tenotre reconnaissance à Monsieur le
Gouverneur, à tout le per¬
sonnel de l'Imprimerie du Gouvernement et surtout à nos colla¬
borateurs dont nous voudrions voir s'augmenter le nombre.
Le Jury de l'Exposition Coloniale de Paris a bien voulu récom¬
.
un
penser nos modestes travaux
1
1
2
en nous
attribuant
:
Diplôme Hors Concours.
de Grand prix (En collectivité).
—
—
de Médaille d'Or.
les
Études Océanienne
180
—
—
Le nombre des membres de
notre Société à
ainsi :
Membres d'honneur
Résidents.
ou
de droit.
ce
jour
se
repartit
20
—
220
à Vie.
—
20
Correspondants.
Sociétés Correspondantes.
—
32
Il y a eu au cours de
l'année 32 nouvelles
admissions, 20 dé¬
ou départs,
7 décès.
Parmi ces derniers, une mention
spéciale est due au R.P. Rou-
missions
gier dont
nous
saluons
avec
respect la mémoire. Il était membre
en fut Président
pendant 4
ans et contribua
pour une grande part à l'installation du
Musée,
de la Bibliothèque et de cette salle
de Conférences où nous som¬
mes réunis aujourd'hui.
de notre Société
depuis
sa
fondation,
Mais si lebilan du
passé est satisfaisant, les perspectives d'ave¬
nir le sont moins et il est de
notre devoir de
porter à votre con¬
naissance un fait nouveau
qui ne laisse pas que de nous causer
de sérieuses
inquiétudes pour la bonne marche de notre Société.
Je ne vous apprendrai rien de nouveau en vous
disant que la
crise économique
qui sévit dans le monde n'a point
épargné nos
Iles enchantées et
que tous nous la sentons plus ou moins
passer.
Notre Société ne pouvait faire
exception à la règle et elle paye
largement son tribut.
la
Jusqu'à présent, l'Administration sous les
auspices de laquelle
S.E.O., fut fondée, assurait le traitement du
lant de la
Gardien-Surveil¬
Bibliothèque
et du Musée et de la Conservatrice-Bi¬
bliothécaire ; les cotisations des membres
étaient surtout em¬
ployées à l'acquisition de nouveaux objets
pour le Muj?ée ou
de livres pour la
Bibliothèque.
Par lettre, en date du
29 mars, Monsieur le Gouverneur me
fait connaître que, vu les
nécessités budgétaires, il se voit dans
l'obligation de licencier à partir du Ier mai ces deux
employés.
Le Musée dont notre Société a la
charge est donc, dès maintenant
privé de gardien et notre
Bibliothèque n'a plus de Bibliothécaire.
Je ne me permettrai pas de discuter ici
l'opportunité de cette
mesure; je voudrais simplement faire ressortir ce
qu'elle a de
grave, de préjudiciable non seulement
pour notre Société, mais
je le crains même pour notre Colonie. On a souvent
répété l'ada¬
ge latin "Primum vivere, deinde
philosophari'', Vivre d'abord,
Société des
Études
Océaniennes
—
on
181
—
philosophera ensuite, c'est
très juste, mais s'il est des gens
qui la vie du corps seule importe, il en est beaucoup d'au¬
tres, même à Tahiti, qui veulent cependant nourrir un
peu leur
esprit. Nous n'avons pas grand chose à offrir à ceux-ci, mais
bientôt il ne nous restera plus que le Cinéma,
et la ''upa upa".
Presque tous les étrangers de passage, dès leur arrivée, s'enquièrent du Musée et de la Bibliothèque où ils pourront trouver
des documents inédits et des
sujets d'études intéressants. Car,
ne vous y
trompez pas, notre Musée quoique petit et tardivement
constitué renferme des pièces rares et
que l'on trouverait diffici¬
pour
lement autre part.
De notre Bibliothèque et de notre Salle de lecture
nous cher¬
chons à faire de plus en
plus une source où peuvent se documen¬
ter tous ceux que passionnent les études
polynésiennes.
Et ces collections que nous avons amassées avec tant de
peine,
quelques-uns sont presque introuvables aujour¬
d'hui, que deviendront-ils s'il n'y a plus personne pour s'en occu¬
per, pour les conserver, pour les préserver des déprédations des
ces
livres dont
insectes et des convoitises
non
moins redoutables des amateurs
d'antiquités.
Sans doute quelques membres de notre
Société, quelques
dames de bonne volonté et
ayant des loisirs pourraient-ils con¬
sacrer
quelques heures à l'entretien de nos collections et de nos
livres. Mais ce n'est pas suffisant.
Si nous voulons que notre
Bibliothèque reste ouverte au moins
quelques heures par jour, notre Musée quelques jours par mois,
il faut que nous nous entendions
pour conserver un gardien.
Et puisque l'Administration ne
peut plus payer cet employé,
c'est à nous qu'incombe ce devoir.
Voici donc
que je vous propose. Monsieur le Gouverneur
promis que la subvention de 6.000 francs inscrite au Budget
de 1933 nous serait
payée. Les cotisations de 200 membres à 30
francs par an produiraient à
peu près une somme égale. Peut-être
pourrait-on également envisager une recette supplémentaire en
fixant un droit d'entrée pour la visite du Musée.
Avec ces ressources il nous serait
possible de conserver le
gardien actuel du Musée, un père de famille qui occupe ce poste
depuis 14 ans et peut donner aux visiteurs des renseignements
ce
m'a
intéressants
sur nos
gés de diminuer
sa
collections. Nous
solde.
serons
•éïi
évidemment obli¬
—
482
—
Je voudrais également pouvoir vous proposer de conserver
Secrétaire-Bibliothécaire, MUe Bodin dont l'aide nous est
très précieuse tant pour la correspondanceque nous entretenons
avec les Sociétés
étrangères que pour les renseignements qu'elle
était toujours prête à donner aux visiteurs de la
Bibliothèque
et du Musée, mais notre
Budget ne saurait suffire à lui assurer
un traitement suffisant. Peut-être
pourrions-nous provisoire¬
ment lui demander de nous continuer ses services une
partie de
la journée ou quelques
jours par semaine?
notre
Si
vous
approuvez ce nouveau modus vivendi, l'activité de
ne serait point
complètement suspendue et son
notre Société
pourrait continuer jusqu'à ce que des jours meilleurs
nous apporter de
nouvelles ressources. Ce ne sera sans
doute pas un flambeau éclatant que nous ferons briller en Oeéanie, mais au moins une» petite flamme susceptible encore de se
développer et de grandir.
œuvre
viennent
Et maintenant il est de mon devoir de vous soumettre l'état
financier de notre Société tel qu'il a été arrêté pour l'exercice
écoulé par notre dévoué Trésorier Monsieur Cabouret.
Vous verrez que ce n'est pas la
nous aucun
déficit,
ce
qui est
richesse, mais du moins n'avonsà l'heure actuelle.
assez rare
Situation financière de la S.E.O.
au
26 décembre 1932.
RECETTES.
Solde
en
Intérêts
caisse
au
31
décembre 1931
acquis
6.510 79
(mémo)
Vente de Bulletins et divers
222
Cotisations membres à vie
»
870
»
Cotisations 1931
1932
»
1.000
4.390 40
1933
110
»
13.103
19
DÉPENSES.
Musée.
Achat de tableau
(Gouwe)..
3.000 »
268 50
Montage et frais
Achats objets pour le Musée
1.287
20
4-555 7°
Société des
Études
Océaniennes
183
—
—
Bibliothèque.
Impression du Bulletin S.E.O
i.635
678
»
Don Comité Pierre Loti
500
»
Reliure
J.O., et 28 volumes...
Frais de Bureau et de port
582 50
625 25
Frais d'encaissement des cotisations
Boîte Postal (1932)
218 90
Achat de livres et manuscrits
12
années
30
»
»
4.269 65
Total des
Balance
Dépenses
Banque Indo-Chine
Banque Chin-Foo
Balance
8.825 35
2.899 20
1.378 64
4-277
84
13.103
19
Après cet exposé le Président prie les membres de la Société
exprimer leur avis sur les questions suivantes :
i°) Faut-il conserver le gardien actuel du Musée et quelles
dispositions adopter pour la garde de la Bibliothèque
debien vouloir
et
de la Salle de Lecture.
20) Comment trouver de nouvelles ressources :
Y a-t-il lieu d'augmenter la cotisation annuelle et de
faire payer l'entrée du Musée.
Sur le premier point, tous les membres sont d'avis qu'on ne
peut laisser le Musée sans surveillance et qu'il est indispensable
d'avoir un gardien pour entretenir les collections et accompa¬
gner les visiteurs. Le Bureau est chargé de s'entendre avec le gar¬
dien actuel pour lui faire une solde suffisante en rapport avec les
ressources
En
de la Société.
qui concerne la Bibliothécaire, l'Assemblée exprime le
désir, si les finances le permettent, de lui continuer une allocation
qui lui permette de consacrer une partie de son temps à la Bijqiothèque et à la Salle de Lecture.
ce
Nouvelles
Le Président n'est pas
d'avis d'augmen¬
francs qu'on a déjà de la peine à
recouvrer ; cette mesure occasionnerait sans doute des démis¬
sions et par conséquent aucun profit.
ressources.—
ter la cotisation annuelle de 30
Société des
Études
Océaniennes
—
184
—
Musée, il est décidé, sous réserve de l'approbation du
qu'il sera perçu un droit d'entrée de 5 francs pour les
grandes personnes, 2 fr. 50 pour les enfants et les militaires non
gradés. L'entrée sera libre le dimanche de 2 à 5 heures. Sur de¬
mande adressée au Président les enfants des écoles accompagnés
de leurs maîtres pourront visiter le Jeudi.
Différentes mesures sont encore proposées et discutées pour
procurer de nouvelles ressources à la Société.
Monsieur Spitz pense qu'à défaut du Service Local, la Métro¬
pole pourrait peut-être nous accorder une subvention sur le
Budget des Beaux-Arts, Monsieur Kann estime qu'il vaudrait
Pour le
Gouverneur
mieux s'adresser
au
Dr Rivet s'intéresse
Musée du Trocadéro dont le Directeur M. le
aux
Etudes Océaniennes et
a
beaucoup d'in¬
fluence et de relations à Paris, M. Rougier a eu l'occasion de ren¬
contrer ici M. le Professeur Edmondson du Bishop Muséum et
d'une conversation
qu'il
a eue avec ce
dernier, il croit pouvoir
affirmer que le Musée d'Honolulu ne refuserait pas de venir en
aide à notre Société. Le Bureau est chargé d'examiner les démar¬
ches
lités
qui pourraient être tentées auprès de ces divers personna¬
institutions, sans toutefois aliéner en aucune manière la
ou
liberté d'action de la Société.
Pour terminer, le Président
prie l'Assemblée de bien vouloir
remplacement de M. Ch. Bérard qui, ayant quitté la
a donné sa démission de Vice-Président ; les autres
membres du Bureau nommés pour deux ans restent encore en
fonctions jusqu'en 1934.
11 propose M. Georges Lagarde, Interprète, dont l'expérience
en matière d'antiquités
et une parfaite connaissance de la langue
tahitienne pourront être des plus utiles à la S.E.O.
M. Georges Lagarde est élu à la majorité des voix.
L'ordre du jour étant épuisé et personne ne demandant la
parole, la Séance est levée à 18 h. 30.
pourvoir
Colonie,
au
Société des
Études
Océaniennes
—
Les
185
—
Hiéroglyphes de l'Ile de Pâques.
Une nouvelle
qui a fait sensation dans le monde savant et qui
particulièrement les ethnologistes a été publiée
l'automne dernier dans nombre de journaux français ou étran¬
gers. Des fouilles faites récemment à Harappa et à Mohenjo-Daro,
dans le bassin de l'Indus aux Indes, ont mis au jour des inscrip¬
tions dont les caractères hiéroglyphiques ressemblent beaucoup
à ceux des fameuses tablettes de bois de rose de l'Ile de Pâques.
Un savant hongrois, résidant à Paris M. G. de
Hevesy a fait
intéresse tout
ressortir cette similitude dans
une
très intéressante communi¬
cation à l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres de Paris.
Rivet, Directeur du Muséum d'Histoire Naturelle
a bien voulu nous communiquer les
photographies de M. de
Hevesy dont on trouvera ci-contre une reproduction partielle et
rédiger à l'intention de notre Bulletin la note suivante (i) :
« L'Ile de Pâques la plus orientale de la
Polynésie et par consé« quent la plus proche de la côte américaine est célèbre
par ses
« statues
gigantesques et par ses " bois parlants
« L'imagination des
voyageurs frappée par l'étrangeté de ces
« deux éléments
ethnologiques a bâti maints romans sur leur
« origine. Le mystère de l'Ile de
Pâques est devenu un thème
M. le Docteur
«
courant de littérature.
«
«
«
«
«
«
En réalité, on sait de source certaine que
l'Ile de Pâques a été
peuplée par des Polynésiens dans les mêmes conditions que
la plupart des Iles du Pacifique et l'on a de bonnes raisons de
penser qu'ils ont eu comme prédécesseurs des Mélanésiens
c'est-à-dire des Nègres d'Océanie.
« L'existence d'une écriture que l'on ne pouvait
pas déchiffrer
localisée à cet ilôt perdu dans l'Océan Pacifique et qui ne présentait de similitude avec aucune écriture connue, a depuis de
longues années excité la curiosité des ethnographes.
«
«
(i) C'est par l'intermédiaire de M. André Ropiteau, notre dévoué
correspondant et Sociétaire que ces documents nous ont été transmis.
Les bois gravés d'après les photographies ont été exécutés par M.
Bodin Membre de la S. E. O.
—
«
«
«
«
«
«
«
«
«
«
«
«
«
«
«
«
«
«
«
—
M. Guillaume de
Hevesy vient de résoudre d'une façon que
définitive, la question. 11 a établi par une série
de comparaisons présentées par les photographies ci-jointes
que la plupart des signes consignés sur " les bois parlants " de
l'Ile de Pâques sont identiques aux caractères d'une écriture
«
«
186
nous
croyons
découverte
au cours
des dernières années dans les fouilles de
Harappa et de Mohenjo-Daro, écriture remontant au moins à
3.000 ans (1) avant Jésus-Christ.
« Comme les
signes des "bois parlants", sont nettement
moins stylisés que ceux de l'Inde, il y a tout lieu de supposer
que la migration polynésienne qui aurait apporté à l'Ile de
Pâques ces précieux documents aurait quitté l'Asie Méridionale
à une date antérieure à l'époque de Harappa et de MohenjoDaro. En un mot, que l'alphabet de l'Ile de Pâques est encore
plus ancien que celui de l'Inde.
« Grâce à la découverte de M. de Hevesy qui paraît d'ailleurs
n'être que le début d'autres trouvailles encore plus intéressantes nous nous trouvons donc, avec l'écriture de l'Ile de Pâques
en
présence d'une écriture néolithique servant d'expression très
probablement à une langue polynésienne ou proto-polynésienne, mieux
océanienne ; les travaux récents tendent
toutes les langues du Pacifique (à l'exception
du Papua etduNégrito) sont primitivement apparentées ».
encore
à montrer que
11 n'est
peut-être
pas inutile de rappeler ici que l'existence des
Pâques fut signalée pour la première fois en
1869 Par Monseigneur Tepano Jaussen, Vicaire Apostolique de
Tahiti qui, jusqu'à sa mort, en 1890, consacra tous ses loisirs à
tablettes de l'Ile de
l'étude de
ces
documents où il avait la certitude de retrouver
les derniers
vestiges d'une écriture maorie. Ce n'est qu'après
le résultat de ses recherches fut publié dans un opus¬
cule assez rare aujourd'hui par le P. lldefonse Alazard (2).
Actuellement il n'existe plus qu'une quinzaine de ces tablettes
dispersées dans différents musées : Londres, Berlin, Washington,
Vienne, Santiago, Leningrad. Mgr Jaussen en possédait quatre
sa
mort que
(1) 4.800 ans suivant M. de Hevesy.
(2) L'Ile de Pâques, Historique. Ecriture et Répertoire des lignes
des tablettes ou Bois Intelligents par Mgr Tepano Jaussen. — Ernest
Leroux. Edit. 28 Rue Bonaparte. — Paris — 1893.
Société des
Études
Océaniennes
—
187
—
qui se trouvent aujourd'hui au Musée de la Congrégation des
Sacrés-Cœurs de Braine-le-Comte (Belgique). Il les désignait sous
les
noms
suivants
: la Rame, lEchancrée, la Vermoulue et le Miro.
comprend 8 lignes de chaque côté et 1547 caractères,
La Rame
elle
mesure
90 cm. sur 10 cm.
L'Echancrée a 10 lignes sur
caractères, elle
le recto,
12 sur
le
verso et 11-35
mesure 40 cm. sur 15 cm.
La Vermoulue
a
9
lignes
sur
le recto, 8
au verso et
822 carac¬
tères.
Le Miro
a
14
lignes de chaque côté et 806 caractères ; il mesure
29 cm. sur 20 cm.
L'Evêque possédait
navire de guerre
aujourd'hui
au
une
cinquième tablette dont il fit don
rus|è Vitias. C'est sans doute celle qui
au
se trouve
Musée de Leningrad.
Les caractères de
ces
tablettes
représentent des figures d'hom¬
d'animaux, de plantes, d'objets divers tous connus à l'Ile
de Pâques et dont la signification parait assez claire : le roi se
distingue par un grand chapeau de plumes, les femmes portent
ce coquet chapeau « te pouo » dont Cook fait mention ;
le lé¬
mes,
zard
la
figure d'un Homme avec un appendice caudal ; un Maori
(savant) est représenté assis avec un « tahonga » (boule) sur le
ventre ; le ciel est représenté par un triangle souvent placé sur
une
montagne. Trois boules superposées et unies par une ligne
droite seraient, le symbole de la bonté et aussi le signe de la
gloire.
Jaussen avait groupé tous ces signes en 14 catégories ce qui
lui donnait un total de 500 signes pour les 4310 caractères de
ses 4 tablettes.
a
Cependant aucun des indigènes de l'Ile de Pâques
vaient alors à Tahiti au nombre de 160 environ ne
qui
se
se trou¬
déclarait
capable de déchiffrer les tablettes
lis
ne
que leur présentait l'Evêque.
savaient ni lire, ni écrire car tous leurs maîtres (maoris)
disaient-ils, avaient été enlevés lors de l'expédition des négriers
péruviens en 1862.
Enfin on présenta à Mgr Jaussen un Maori désigné par ses com¬
patriotes et qui se faisait fort d'interpréter les " bois parlants ".
C'était Metoro Tauaoure, né à Mahatoua, fils de Hetouki et qui
avait eu pour maîtres Gahou, Reimiro et Paovau.
Société des
Études Océaniennes
—
Voici comment
Metoro
«
«
«
«
«
«
«
«
«
«
«
188
—
Mgr Jaussen rapporte l'entrevue qu'il eut
avec
:
Un moment solennel était arrivé.
entre les mains de Metoro. Il la
Je mis
une
de
mes
tablettes
tourne, la retourne, cherche le
commencement du récit et se met à chanter: il chantait la
plus
ligne de gauche à droite. Arrivé au bout il chanta la ligne
la plus proche au-dessus, de droite à gauche ; la troisième de
gauche à droite ; la quatrième de droite à gauche, comme on
dirige les bœufs au labour. Arrivé cà la dernière ligne en haut,
il passa, du recto, à la plus prochaine ligne du verso et le descendit, ligne par ligne, comme les bœufs qui sillonnent les
basse
deux versants d'un coteau dont le labour, ayant commencé
au bas d'un versant, finit au bas du versant
opposé. Libre au
lecteur de la tourner à
chaque ligne, s'il ne peut pas lire les
signes renversés.
« Les Rapanui enseigneront, à
quelques-uns de mes lecteurs
« ce que c'est
qu'une écriture boustrophcdone, allant comme les
« sillons d'un champ.
Que ne nous apprennent-ils aussi où ils
« l'ont prise !
« Examinant de près
les caractères, je vis que les têtes étaient
« opposées les unes aux autres deux
par deux lignes ; motif de
« la lecture alternative de
gauche à droite et de droite a gauche.
« En les considérant de plus
près et en en saisissant le sens
« autant
que me le permettait la différence des dialectes, je m'a« perçus qu'ils étaient
idéographiques ou mieux Kyriologiques,
« c'est-à-dire
que chacun d'eux était la représentation d'unobjet,
« mais
je ne vis aucun signe pour relier les idées entre elles.
« Point d'animaux inconnus dans
l'île, ni d'indices antiques et
«
précieux, ou s'ils y en a jamais eu. comme le ferait soupçon« ner le
rapport du Père Eugène, il faut croire que les tablettes
« qui les
portaient sont toutes devenues la proie des flammes :
« quel malheur
qu'aucune des tablettes antiques ne soit parve« nue jusqu'à
nous! Celles que j'ai sauvées ont tout l'air d'être
« d'une époque
récente et me feraient croire aisément qu'elles
« ne représentent
qu'un reste de l'écriture d'autrefois: nous n'y
« trouvons, en effet,
que la représentation des objets physiques
« de ce petit
pays.
Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 47