B98735210103_045.pdf
- Texte
-
1932
Anthropologie
Histoire
—
des
—
Ethnologie
Institutions
et
—
Philologie,
Antiquités
populations maories.
Littérature et Folklore.
Astronomie
—
Océanographie
—
Sciences naturelles
Tourisme.
IMPRIMERIE
A
•
DU
GOUVERNEMENT
PAPEETE
(TAHITI)
-Société des' .Et«des'Sçéaiïièlctrie&. :
L'es articles
publiés dans le Êilllêiin. exceptés ceux dont l'au¬
réservé ses droits, peuvent être traduits.et reproduits
à la condition expresse, que l'origine et l'auteur en seront men¬
teur a
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2
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six livrés sterling ou
Mc&bi'c à vie résidant à l'Etranger,
dollars.
trente
Avantages de se faire recevoir Membre a vie pour cette som¬
versée une fois pour toutes. (Article 24 du Règlement Inté¬
me
rieur, Bulletins
N° 17 et N° 29).
Bulletin continuera à lui être adressé, quand bien même
il cesserait d'être Membre résidant à Tahiti.
i° Le
20
à la Société
supérieur à la cotisation annuelle de 30 fr.
L'intérêt de cette modique somme assure
revenu
y Le Membre à vie n'a
paiement de sa cotisation
un
plus à se préoccuper de l'envoi ou du
annuelle, c est une dépense et un souci
de moins.
In
sont
Dans leur intérêt;..et celui de la Société,
Membre à vie:
CEUX qui, résidant hors Tahiti, désirent recevoir le
coiiséqueinM' :
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TOUS
Bulletin.
TOUS LES jeunes
TOUS
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CEUXqui, quittant Tahiti s'y intéressent quand même.
ciété dès
Etudes-Océiinieniies
8*&8!>&28$&$r
DE
SOCIÉTÉ
LA
D'ÉTUDES
OCÉANIENNES
(POLYNÉSIE ORIENTALE)
TOME V
TV
45.
(N°4)
DÉCEM1ÎRE
-
1032.
SOUVCIVE AIRE
Pages
Antliropologie et Folklore.
Notes
sur
l'île
Maupiti
par
A. Ropiteau
113
Histoire.
Bataille de Taravao
marine
(suite),
:
par
Journal d'un soldat d'Infanterie de
Mullot
130
Archéologie.
Note
sur
la vallée de
Vaita, par H. Silverthorn
140
Philologie.
-
Proverbes tahitiens, par
E. Ahnne
142
Divers.
Ouvrages et périodiques reçus
Acquisitions du Musée
Société des
Études
144
145
Océaniennes
AlfTl-ÏI^O!»Oï.0©!^ 3BT STO&S&OH
Notes
sur
l'île
Maupiti
5/ Extraits «le bibliographie.
Maupiti fut découverte par Cook en 1769; — Boenechea la vit
1774 et l'appela San Antonio, et depuis lors, de nombreux
voyageurs en font mention, sous différents noms : Maurua, Maouroua, Mouarua, Marua, Morua, Mobidie, Naupiti.
De Rienzi
L'Univers pittoresque. — Océanie. Tome 2,
en
page 395 : Maupiti se distingue des autres
îles de l'Archipel par une belle variété de
dolerite ;
—
elle est située par 16 degrés,
degrés, 34' Ouest; su¬
27' Sud et 154
perficie : 26 km. carrés.
Vincendon Dumoulin. Iles Tahiti. Pages 128 et suivantes :
Eilis remarque que c'est la seule île
de
l'Archipel où l'on trouve avec un peu
d'abondance des terrains de formation
primitive.
D'après Turnbull (Voyage around the
world, page 192), le fruit de l'arbre à
pain y est meilleur que partout ailleurs.
Il cite le seul fait qui soit parvenu jus¬
qu'à nous sur l'histoire particulière de
cette île : la tentative qui eut lieu au
commencement de ce siècle (i9me siècle)
de s'emparer du bâtiment de sa Majesté
Britannique le "Porpose ", et qui, com¬
me on le pense, échoua.
La dernière île qui renonça au culte de
ORO fut Maurua: le ChefTefouara de
Borabora visita ses habitants (vers 1816)
et commença leurconversion (Voir Mis¬
sionary Register for the year 1819).
Moerenhout,
page 515:
En 1830, Maupiti
adopta la doctrine des
Mamaia.
Société des
Études
Océaniennes
114
—
Lesson.
—
Voyage autour du Monde
quille", page 448:
sur
la " Co¬
Mr. de
Blosseville, doué d'un esprit
profita de ce que le
brick de Mr Deps, 1
Endeavour", se
rendait dans cette île pour la visiter et
en dresser une carte
qui porte le cachet
d'exactitude que ce jeune officier savait
aventureux et actif
donner à tous
Note
1/
: on
ses
travaux.
trouve communément dans
cette île un crustacé nommé "
dans l'Inde et
cipaye
qui est le " pagure voleur "
des naturalistes
:
les
insulaires disent
qu'il se nourrit principalement des cocos
tombés sur le sol et qu'il parvient à l'aide
de leurs trous à les vider presque com¬
plètement.
Volume 2, page 2 : à cinq heures, nous
étions à 9 miles deMaupiti dont les mon¬
tagnes sont de dolerite et que couvrent
des prairies de musa; les habitants s'a¬
donnent à la
préparation des bananes
ficelées et c'est pour eux la principale
source d'un commerce d'échanges.
Cook.
traduction
Année
française.
1769:
cette île s'appelle
elle est petite, environnée par¬
tout d'un récif, il n'y a aucun havre qui
puisse servirMe mouillage. Fdleest inha¬
bitée (sans doute est-ce une erreur de
traduction du terme " inhabiteted " ?) et
les productions sont les mêmes que cel¬
Maurua ;
les des îles voisines.
On peut
tance
s'élève
au
milieu de Maurua.
Troisième voyage : un
oiseau parti¬
culier, que les plumes blanches rendent
très précieux, fréquente les collines de
Mourooa ; — et quoique cette terre soit
—
*
apercevoir à 10 lieues de dis¬
montagne haute et ronde qui
une
Société des
Études
Océaniennes
-
415
—
plus éloignée d'O-Tahiti etd'Eimeo
que
le reste des îles de la
voit
Société,
on y
quelques-unes des pommes dontje par¬
lais tout à l'heure (?).
Page 316: Dieux de Mourooa : OTOO,
EEWEIAHOO (IU I VAIAHU E).
A
Wilson.
missionary voyage to the southern
Pacific Océan on the ship "Duff". Pre¬
liminary discourse XLI1 :
La petite île de Maurooa, s'étend k peu
près à 4" leagues", de Borabora, dont
elle est sujette. Elle est entièrement en¬
tourée d'un
récif, et en son centre s'élè¬
montagne. On dit que les
gens de Tahiti viennent y chercher des
ve une
René La
Bruyère.
haute
perles.
Le dernier voilier dans l'Océan Pacifique.
Page 249 :
Nous passions devant Maupiti sans nous
y arrêter. Je ne sais par suite de quel
compromis tacite entre les indigènes et
les Français, l'île Maupiti semble être
restéecommeen dehors de notre sphère
d'action. Les Européens n'y vont que
fort rarement et les bateaux de guerre
n'y paraissent jamais.
Tous les cinq ans, les Polynésiens des
îles voisines se réunissent à Maupiti pour
une sorte
d'étrange pèlerinage. Si je dois
en croire un de mes camarades
auquel
cette histoire fut racontée par un ancien
adepte de la religion animiste en état
d'ivresse, les Tahitiens qui se rendent pé¬
riodiquement à Tahiti y sont poussés
par le désir d'accomplir les anciens rites
de leurs aïeux; — la glorification du
cannibalisme elle-même ferait partiedu
programme de ces fêtes, et si personne
n'est sacrifié du moins fait-on le simula-
Société des
Études
Océaniennes
crede
l'anthropophagie et des offrandes
humaines
sur
le
rien que
!
marae....
cela
!
La hauteur de Maurua (environ 800 pied.1-)
a
été déterminée par M. F. D. Benett
Darwin.
(Géographie Journal, vol.
11111, page
220)
Dans
quelques allusions rapides et su¬
perficielles, quelques auteurs signalent
la présence de perles à Maupiti.
POPULATION
DE MAUPITI
D'après quelques renseignements recueillis dans l'île — mal¬
approximation incertaine ! — il semble
que le nombre total des habitants s'élevait autrefois à près de
rooo: cette population était repartie dans les 9 districts de l'île,
Tefarerii (Marae Royal), Vaiea, Petei, Vaitia, Faanoa, Taatoi,
Atipiti, Hurumamu, Temateinaa.
Dès le début de l'évangélisation, les missionnaires groupèrent
presque tout le monde dans un seul village, Atipiti, principale¬
ment pourdes facilités de culte: vers 1810-1820, il y avait environ
600 personnes à Maupiti ; —à cette date les cotres, et même une
petite goélette faite dans l'île et munie d'une voile en pandanus!
venaient facilement mouiller en face d'Atipiti, ou accoster à la
jetée de Tefarerii, tandis qu'aujourd'hui, cette partie du lagon est.
inaccessible : les corauxont poussé dans l'ancien chenal jusqu'il
heureusement tousd'une
—
moins d'un mètre de la surface de l'eau.
été transporté, pour des raisons de facilité d'em¬
placement et de salubrité, sur la côte Est, où il est actuellement :
tous les habitants sont groupés dans ce village, à l'exception de
quelques rares familles vivant sur leurs terres, « à la campagne ».
Les recensements ci-joints de la population en 1897 et en 1931,
faits avec le maximum de précision, présentent un état vivant
de la situation démographique de l'île.
Avant de commenter un peu ces chiffres, il faut remarquer que
cette petite île (25 km. carrés, simple montagne avec très peu de
terrain cultivable sur ses pentes et une bande de lagon) petite îlePuis le village a
pauvre ou tout au
moins
sans
Société des
richesses intéressantes
Études
Océaniennes
a
moins
su-
—
117
—
bique la plupart des autres îles d'Océanie, les iufluences étran¬
gères ; — les visiteurs habituels de ces archipels—commerçants,
colons, fonctionnaires/touristes
n'y viennent que très rare¬
ment, d'autant plus que la seule passe de l'île est souvent impra¬
ticable ; il n'y a aucun résident blanc, et les 2 commerçants
chinois, avec leurs aides, sont établis depuis longtemps avec leurs
familles tahitiennes. Dans ces conditions, quelques anciennes
coutumes tahitiennes sont mieux conservées qu'ailleurs : ainsi
le respect de l'autorité civile — le Chef — et le respect de l'auto¬
rité religieuse— le Pasteur.
En considérant les chiffres du recensement de 1931, on voit
d'abord qu'il y a 254 personnes au-dessous de 20 ans, pour 184
seulement au-dessus de 20 ans, donc prospérité remarquable
des naissances, — et, ensuite, correspondant à ces deux " tran¬
ches de vie", il n'y a que 15 personnes dans la première nées
hors Maupiti, tandis qu'il y en a 44 dans la deuxième : ceci tient,
en
grande partie, à ce que des hommes et des femmes (des hom¬
mes surtout) sont venus se marier dans l'île à un âge supérieur
...
à
20 ans
Ainsi,
il
reste
et
se
sont fixés.
total, 59 personnes sont nées hors Maupiti, — donc
438 — 59= 379 personnes absolument originaires de
au
Maupiti.
Or, si l'on tient compte des chiffres du recensement de 1897
et des résultats de l'état civil depuis cette date jusqu'à l'année
1929, on constate que la population de l'île devrait être, s'il n'y
avait pas eu d'arrivées ou de départs, de
542 (population en 1897) -j- 216 (excédent des naissances) = 758
Comme il n'y a actuellement que 379 " Maupitiens d'origine ''
il est permis de déduire que, depuis 30 ans environ,
758 — 379 = 979 habitants ont quitté l'île, soit la moitié de la
population d'origine.
Enfin, un dernier rapprochement de chiffres:
il y a, actuellement, vivant dans l'île, 59 personnes venues
du dehors ; — admettons que, depuis 1898, un nombre équiva¬
lent d'océaniens du dehors soient venus dans l'île et y soient
morts (ce chiffre de 59 est certainement au dessus de la réalite,
je le prétends par expérience personnelle) ; — il serait donc ve¬
nu à Maupiti, au total, depuis 30 ans :
59 + 59 =118personnes " du dehors" (chiffre grand maximum) ;
on
peut donc maintenant conclure que, durant cette période
—
—
Société des
Études
Océaniennes
118
—
—
de 30 ans
envisagée, Maupiti a donné aux autres îles de l'Océanie
un excèdent net de: 379—/18=261 personnes.
Une des premières explications de cet exode semble résider
dans le fait suivant: toutes les familles arrivant à un degré de
parenté assez rapproché, il y a une grande difficulté d'union dans
l'île ; — beaucoup de jeunes gens partent dans les îles voisines
Française
travailler et se marier, ils trouvent des conditions de vie
plus agréables et ne reviennent plus — beaucoup de jeunes lilies
font la même chose
et, pour cette question de mariage, le
nombre des départs est considérablement plus
important que
pour
—
celui des arrivées.
D'autre part,
il faut noter que l'attirance des îles plus moder¬
Raiatea, Tahiti — se fait de plus en plus sentir.
Bref, l'exemple de cette petite île nous donne la conviction
que le peuple tahitien, dans des conditions d'existence aussi tahitiennes que possible, est toujours capable, non seulement de
très bien se soutenir, mais encore de prospérer —
ajoutons non
seulement en quantité, mais aussi en qualité.
nes
—
..
RECENSEMENT OE LA POPULATION El JUIN 1931
Hommes
Femmes
Totaux
au
dessous de
73
71
144
de
10
à
20 ans
59
51
110
de
20
10 ans
.
à 30 ans
34
30
64
de 30
à 40
ans
26
16
42
de 40
à 50 ans
23
9
32
de 50
à 60
ans
19
M
33
de 60 à 70 ans
6
5
11
au
dessus de 70 ans..
2
Totaux généraux..
242
Société des
Études
—
196
Océaniennes
2
4^ 00
—
Nés hors
419
Moins de 20 ans Plus de 20 ans
Maupiti
Ilcs-Sous-le-Vent.
1.
aux
2.
à Tahiti
3.
étrangers
—
26
4
13
—
5
13
44
Totaux
RECENSEMENT DE LÀ
11
(chinois)
POPULATION EN i897.
Hommes
Femmes
Totaux
109
ans:
63
44
14 ans :
51
à 50 ans:
plus de 30 ans :
138
65
118
35
26
116
256
61
Totaux
289
243
342
moins de 6
de 6 à
de 14
généraux
Détails de
l'État Civil
:
Naissances
Année
—
—
—
—
—
—
—
1901
16
18
1902
13
1903
16
1904
17
1903
16
8
1906
11
4
1908
10
'5
15
1909
i6
4
1910
18
1911
13
22
16
8
1907
—
—
—
—
—
"
9
14
7
12
5
10
14
15
1900
—
—
18
1898
1899
Décès
1912
Société des
Études
6
10
Océaniennes
420
—
Année.
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
1913
7
20
1914
12
4
1915
14
1916
'9
7
6
1917
15
4
1918
17
H
1919
13
16
32
1920
1921
12
12
1922
20
10
1923
20
7
1924
18
5
1925
18
7
1926
22
1927
23
1928
24
9
1929
14
12
Totaux
7
10
308
524
Excédent des naissances
Maupiti
2
:
sur
les décès
:
524
—
308
=
216.
Pierres et lieux remarquables
en juin
1932.
existant
1/ Marmite — Vaioura fenua — Dans une grosse pierre lisse,
ayant la forme d'une énorme galet, trou rond bien découpé de
25 cm. diamètre et 15 cm. profondeur.
2/ Cailloux —Vaioura fenua, qui seraient deux femmes sor¬
cières ayant le don de prédire l'état de santé des nouveaux arri¬
vants dans l'île, avant même qu'ils aient accosté.
3/ Dessins de tortues— Haranai fenua, gravés sur de gros
cailloux situés dans le lit d'un ruisseau.
4/ Trou du genou et de la verge de Ninahcre — pêcheur au
flambeau très fameux, que l'on verrait encore de
temps en temps,
la nuit, se promener sur la mer.
5/ Guerriers de Huahine — MAOAÎEA et MAOATARAURI,
pour combattre deux guerriers de Maupiti très réputés:
arrivés à Maupiti, ils voient que les 2 guerriers sont seulement
venus
Société des
Études
Océaniennes
2
petits crabes, ils ont
honte et restent sur
place, transformés
rochers.
en
6/ Trou du lézard.
i te
ure o
—
pio
fenua, représentant Terai Va¬
Oheva fenau : et trous appelés " Te
était un homme de Maupiti).
Tahiti " —(Tahiti
7/ Deux pierres — Hurumanu
sa pirogue, Terai, femme de Tahiti, voulait pour
un
homme de Maupiti qu'elle avait entendu vanter, Putotoura ; —
elle va en pirogue à Maupiti et aborde à l'endroit appelé
:
mari
hiné et
Patito
lui répond qu'il habite" à l'endroit
où l'on voit la rosée du soir" et on lui indique le chemin ; —ar¬
rivée:! Hurumanu, elle voit la rosée, trouve Putotoura et le prend
pour mari. — La pierre représentant Putotoura a été récemment
elle demande
Putotoura: on
chemin.
8/ Poisson Nohu — Teharaa
enfouie dans le
fenua, ce n'est qu'une pierre d'une
signe particulier.
9/ Trompe ou " pu " — Faretupa fenua, trou dans une grosse
pierre qui aurait servi autrefois à sonner le ralliement de tous
forme très
banale, sans aucun
de l'île.
io/ Siège en pierre — Vaimoo fenua, grosse pierre ayant,
hauteur, un plan coupé sur lequel on peut s'asseoir, le haut de
la pierre formant dossier : c'est là qu'un prêtre
des fils de Roi ; — sous le siège il y a un trou où l'on
le
cordon une fois coupé et pour le lavage de l'opération, on pre¬
nait de l'eau dans une petite source spéciale, située tout à côté.
11 / Marae Vaiahu — Marae Royal :
a/ la partie principales été faite par 4géants : Paura,
les habitants
à micoupait le cordon
mettait
Pahu-
niu, Patepaau,
Pareu.
b/ la partie sud, formant un
été faite par un homme
petit carré qui s'avance dans
appelé Borabora, de l'île Borabora : il avait été condamné à ce travail par le Roi Tapoa pour
avoir fumé quand cela était interdit (ce Roi avait interdit de fu¬
et de boire de la bière : il avait même fait briser toutes les
la mer, a
mer
bière).
c/ côte sud-Ouest, un trou
marmites à
dans une pierre représente l'en¬
plantait l'étendard du marae.
d/ extérieur sud-Ouest, à coté du trou de i'étendard, un
petit puits d'eau douce était réservé pour le Roi , ce puits s'ap¬
pelait Mapunatoerauroa.
droit où l'on
e/ trou aux poissons, dans le haut du
quatre grandes dalles de corail
formé par
Société des
Études
Marae. Ce trou était
placées de champ et
Océaniennes
disposées
en rectangle, une 5me dalle servait de couvercle — l'en¬
semble était orienté vers la
passe. Il y avait 4 poissons, propriété
du Roi : un thon, une bonite, un" vau " et un " oroe"
;
quand
pêcher en haute mer, les prêtres posaient l'un des pois¬
sons, selon la pêche projetée, au fond du trou, à
plat, la tête un
peu relevée et dans la direction de la passe : on
prenait alors cer¬
tainement beaucoup de poissons — à moins
que quelqu'un mal
intentionné tourne le poisson dans l'autre
sens, et alors on ne
prenait rien du tout
f/ la pierre aux flambeaux (vairaa mori tuitui) était une
dalle plantée verticalement dans le marae :
l'arête supérieure
était formée de petites boules
qui s'éclairaient la nuit ; ces boules
ont été toutes cassées, la dernière tout
récemment, cette année.
Il parait que l'on voit encore, certaines nuits, des feux
sortir de
cette pierre
—
on
allait
g/ cérémonie du couronnement du Roi :
districts de Petei, Vaitia, Faanoa, Taatoi et Atipiti
Les 5
nissent
au marae
de Toahihia pour remettre le " maro"
puis ils le portent,
se
au
réu¬
Roi
;
les épaules des hommes, au Marae de
Vaiahu. En cours de route, un
géant, Faahci, se joint au cortège
quand le Roi passe près de son marae ; — plus loin, un autre
géant, Manutahi, et encore plus loin un 3™19 géant, Tetoanui faa—
teretere ite hiu
près de leur
0
sur
Marua,
marae.
joignent
se
On continue
au
cortège quand il
passe
arrivés au marae Vaiahu, on
trouve réunis là les 4 autres districts
Hurumanu, Temateinaa,
Tcfarerii et Vaiea ; — un orateur des
5 districts dit aux 4 autres
districts " Voici notre Roi ''. Cinq
g ands Chefs portent le Roi
sur un
siège posé
;
milieu du Marae, appelé Papaiaruea, et lui
appelée Manavataia, ensuite un sceptre ap¬
pelé Tootoohui i te rai, puis un un oreiller appelé Fefeû, et un
éventail appelé Nunaa e hau
; — quand tous ces insignes sont
remis, la population acclame le Roi : c'est fini.
12/ un mur, de 4 pieds de haut, était construit autrefois
(il en
reste
beaucoup de vestiges, tout autour de l'île et à 25/30 mètres
au
plus du bord de mer, pour parquer les porcs du côté du la¬
gon et les empêcher de venir du côté de la
montagne, dans les
maisons et plantations.
13/ les pierres plates — matarea
que l'on trouve sur le mur
au
donnent la ceinture
—
de ceinture et souvent
sur
les
Société des
maraes
Études
faisant office de
pavage,
Océaniennes
proviennent du rocher appelé Faatau (on
à la montagne).
14/ les pierres à peints —
en trouve
aussi quel¬
ques unes
l'île mais les meilleures
se
se rencontrent un
peu partout
trouvent dans le district de
dans
Tefarerii.
Entre autres
places, on peut en trouver:
a/ dans une plantation de manioc appartenant à Punua, à
mi-pente de la montagne, à Tefarerii : en creusant la terre de 10
à 30 centimètres, on rencontre des cailloux ronds de
petites di¬
mensions
assez semblables à des
galets —certains plus allon¬
gés ou plus gros, mais tous ont la même surface lisse.
b/ à 500 mètres environ à l'Ouest de l'éperon de la mon¬
tagne, au bord du chemin, près de la maison dePunua, on peut
ramasser des morceaux aux arêtes
vives, à côté de très gros
blocs ; — c'est là que l'on faisait autrefois la première taille des
pierres de la façon suivante :
Un homme montait sur l'un des gros blocs, hauts de un. à
1111,50 et laissait tomber une pierre sur une autre pierre placée au
pied du bloc : selon leur solidité respective— et en répétant plu¬
sieurs fois l'opération — ces pierres se cassaient en morceaux.
Les morceaux jugés convenables étaient ensuite taillés à tout
petits coups avec des éclats tranchants : c'était un travail d'a¬
dresse et de patience, ayant ses spécialistes ; — il fallait, pour
finir un penu, environ un mois de travail
—
Maupiti
1
:
Liste des Maracs existant
en
juin 1932.
FAREM1RO, à Faremiro fenua: près de l'école, complètela construction de la route : il reste le " cail¬
tement détruit pour
lou du chien ", d'où sortent des chiens fantômes!...
2 ??? à Paetaha fenua.
3
4
"
7
9
11
13
AHUNEE, à Hutuae fenua.
RA1MAE et 5 FAREMIRO et 6 POUR A : à Atifaaroa fenua.
ATIPAE, à Atipae fenua, 8 OTU, à Taurere fenua.
??? tout près du marae Otu 10, MARAAMEA, Maupai fenua.
TAPUHOE, Tapuhoe fenua. 12 H1T1A, Rcua fenua.
Vaipahu fenua. 14 MUUPURE, Farefau fenua.
VAEHAA. Tepaearioi fenua. 16 TEAHUTAPU, Apapaterai
15
fenua.
Société des
Études
Océaniennes
—
m
—
HARUMARUMA, Tatoi fenua.
17
18 PATUPOIA, Mahui
et
Peao fenua,
19
2i
23
25
27
TEFAATAEA, Atipiti fenua.
20TOAHIHIA, Atipiti fenua.
MÀNUTAPIl, Manutahi fenua.
TEOOARAI, Hurumanu fenua. 24 AHFFIRAI, Ahitirai fenua.
??? Vaimoo fenua. 26 VAIAHU, Puatitioura fenua.
HAMAHU, Vaiahu fenua, 28 TEREVA, Tereva fenua.
FAAHEI, Faahei fenua. 22
29 FARERUA ou PIHAETOHORA,
NAA, Faretupa fenua.
Patito fenua. 30 RAIVA-
bord de la mer ou à proximité
immédiate, sauf Atipae, Teahutapu et Tereva dans la montagne.
N. B. Tous ces
Maraes sont au
de Maupiti.
Anciens Dieux
grande quantité de dieux: ils sont
ou bien, on ne veut pas en
voici quelques indications:
Il y avait autrefois une
maintenant presque tous oubliés,
parler aux étrangers
Taaroa — Grand Dieu —
Oro
Dieu de la guerre —
Tauturuea — Dieu pour les pirogues —
Tutaahue — Dieu pour les requins —
Raatapu et Raatea — Dieux pour les brigands —
Tumao — Dieu ??? ; — Ruanuu — Dieu ???.
Te vahine nui tahurai — Déesse du feu —
—
Tevahine reureuamoa—
le chemin.
Déesse de la forêt, qui
indique
Tupapaus :
Moreroa i te
matai tanefaatohora
-
Apuroa i te matai tanefaatohora Ururoa i te matai tanefaatohora Ces trois tupapaus appartiennent au
Te vahine Tnauriroa i raivanaa.
Histoire de
La femme
Farerua.
Hotuliiva.
à Maupiti. Elle a
à Matairea (Huahine), sur son
Hotuhiva est née à Puaitetirioura,
voyage en mer pour aller
tambour nommé "Taimoana".
fait
marae
un
Société des
Études
Océaniennes
—
m
—
Lorsqu'elle arrive àMatairea (l'endroit où elle accoste s'appelle
"Paorie"), le Roi Teaonuiinaruia, habitant à Aiatupunaa Maheva,
avec sa femme Hotuaitu
(cette femme est enceinte) — a un
songe qu'il y a quelqu'un apporté par la mer à Maheva.
Cette nuit là le Roi n'a pas pu dormir et le matin de bonne heure
il va à Paorie, sur le rivage de l'îlot du côté de la haute mer: il
voit la femme Hotuhiva qui dort, à l'ombre des feuilles de "puatca", un peu fatiguée à cause de son voyage en mer; — il la
prend et l'emporte dans l'intérieur de l'îlot et donne l'ordre à sa
population de faire un marae pour cette femme; — lorsque le
marae est fini, il prend la femme et la met sur ce marae, qu'il
appelle "manunu'' —.
La première femme du Roi, Hotuaitu, entendant parler que le
Roi avait pris une nouvelle femme, part en colère à Havai et
épouse Raatetuahuruhuru : elle était enceinte du Roi et accouche
—
— c'est un garçon —.
Quand l'enfant est un peu grand, il demande à sa maman :
« Où est mon père»? elle lui répond « il est allé à la plantation
dans la forêt ». L'enfant ne voyait jamais son père — Raatetua¬
huruhuru revenait à la maison pendant la nuit et partait de bonne
heure avant le jour, parce qu'il avait du poil sur le dos (tua-dos.,
d'un enfant
huruhuru-poil) et avait honte de se montrer.
Et le fils disait toujours : je veux aller voir mon père, et la ma¬
man disait : il ne faut pas aller, c'est un homme cruel.
Le fils dit « Je vais quand même » ; alors sa maman lui donne
quelques conseils « quand tu vas à la plantation, il ne faut pas
appeler le nom de ton père tout de suite, mais il faut faire le tour
de la plantation d'abord ; si tu vois son dos, tu sauteras dessus,
en appelant à ce moment là le nom de ton papa; et s'il veut te
mettre devant sa figure, il ne faut pas aller, et s'il te dit — je ne
te connais pas —, tu lui diras — je te laisse et je m'en vais —».
Le fils part dans la plantation ; il en fait le tour, voit le dos de
son père et saute dessus en criant le nom de Raatetuahuruhuru.
Le père lui répond « je ne te connais pas », le fils dit « je te laisse
et m'en
vais
».
Il retourne à la maison vers sa maman et
«
mais qui est mon
vrai père
» ;
—
lui demande encore
sa maman
lui dit «ton vrai
père était le Roi Teaonuimaruia » et elle ajoute « il a épousé une
nouvelle femme, il ne faut pas aller le voir, parce qu'il a interdit
à tout le monde de l'approcher ; il a même interdit que les chiens
Société des
Études
Océaniennes
—
126
—
aboient, que les cochons grognent, que les coqs chantent, qu'une
personne allume le feu — tout cela pour rendre puissants les
enfants du Roi ».
Le fils dit «Je vais quand même » et la mère lui donne quel¬
ques renseignements « j'étais enceinte de toi au moment où il a
eu un son ;e qu'il y a quelqu'un apporté par la mer à Maheva;
et la femme qu'il a maintenant n'est pas sa vraie femme ».
nouveaux
Le fils part ; son nom est
Atupii,
parce
qu'il
a
crié sur le dos
père Raatetuahuruhuru ; il arrive à Maheva, accompagne
de quelques garçons de son âge ; en marchant au bord de la mer,
ils s'amusent de temps en temps dans l'eau et chantent tous en¬
semble en se baignant :
A tae mata puupuu rircrire
A piti mata puupuu fi ; eri te
de
son
"
"
"
"
Ua
uaa
te tiare
Ua ahiahi
Le Roi entendant le bruit fait par les enfants envoie des gueriiers pour les tuer ; Atupii répondit à ces guerriers « allez dire au
Roi qu'il faut tuer d'abord mes frères cadets et après il me tuera,
fils aîné ». Les guerriers vont dire cela au Roi et le Roi
— Atupii dit encore aux guerriers la même chose ;
alors le Roi leur commande de lui amener Atupii et demande à
ce garçon « (lui est ton père? » — Atupii répond « C'est toi mon
père » ; le Roi lui dit « Tu n'es pas mon fils » ; Atupii répond
« Ma mère était enceinte quand tu as eu un songe qu'il y a quel¬
qu'un apporté par la mer à Maheva et le lendemain tu es allé à
moi,
son
les renvoie ;
Paorie et là tu
as
trouvé
une
femme couchée
sous
les feuilles de
puatea ».
Lorsque le Roi entend cela, il prend le garçon et le met sur ses
pleurant, parce qu'il sait maintenant que ce garçon
;
le Roi donne l'ordre à la population de préparer
un grand repas pour son fils, et lève toutes les interdictions qu'il
avait ordonnées pour honorer les 8 enfants qu'il avait eus avec
genoux en
est son fils
sa
—
nouvelle femme.
Mais lorsque
cela
les 8 enfants de la nouvelle femme apprennent
en colère et volent au ciel : c'est pour
qu'on avait nommé « Nahui tarava ia mere oiahoi o matarii »
cette
nouvelle, ils s'en vont
les 8 districts de Matairea
(Huahine).
Société des
—
Études Océaniennes
—
J 27
—
Histoire cles montagnes
dcMaupiti.
Il y avait 4 montagnes qui étaient les enfants de la terre Maupiti: 3 garçons—Hutuvaeroa, Hutuparoa, Taharae — et une
Tille
—
Urufaatiu
—.
Urufaatiu était beaucoup plus petite que les garçons, elle
honte et voulait se grandir ; pour cela, elle envoya ses frères
cher du poisson ;
Hutuparoa va au Sud, vers la passe ;
■
et Taharae
à l'Ouest ;
—
avait
cher¬
Hutuvaeroa va au Nord
—
Quand les garçons sont descendus près du bord de la mer,
Urufaatiu en profite pour faire chanter le coq, et les 3 frères sont
restés chacun à leur place, en bas, tandis qu'Urufaatiu était en
haut
;
—
Et Urufaatiu
taahi i te tinei
a
o
été nommée « Teroroahuata i te Urufaatiu tei
Maurua » — soit « La femme à la robe de nuage
qui habite Urufaatiu et qui abaisse les trois supérieurs de Maupiti ».
jX.B. Ces 4 montagnes portent toujours les mêmes noms et
sont en plein accord avec l'orientation et les hauteurs respectives
données par la légende. (1)
Histoire de Tuturu.
Raiatea, fait son four, prend son harpon
; — il voit un "nape", le harponne et le
poisson se sauve dans la mer profonde : à ce moment, ce n'est
plus un "nape", c'est un requin. Tuturu retourne à la maison et
mange ses "uru" sans poisson.
Un autre jour, il va pêcher en mer; tout d'un coup, il voit
s'approcher un requin (c'est le requin Tahana), qui mord la piro¬
gue et la fait couler ; le requin mange une jambe de Tuturu et
s'éloigne un peu ; quand il a fini de manger une jambe, il revient
et mange un bras. Tuturu lui dit « C'est assez, laisse-moi une
jambe et un bras ». Quand il a fini le bras, le requin revient;
Tuturu, homme de
■
de bambou et
va
pêcher
fantastiques se faisaient dans les ténèbres
instantanément dans leur état par la venue du jour, —
annonçant le jour, suffisait aussi à arrêter aussitôt tout le
(1) On sait que tous ces travaux
et
qu'ils étaient arrêtés
le chant du coq
merveilleux.
Société des
Études
Océaniennes
Tuturu lui dit
encore « laisse-moi maintenant, ta colère n'est donc
et le requin prend quand même une jambe ; — et
l'homme lui dit « Prends-moi tout entier, je souffre », mais son
cœur tombe dans le corail, sans que le requin s'en aperçoive et
pas
finie ?
» ;
reste là.
Les deux
requins-Rois de Opoa, en promenade, voient ce cœur
l'emportent dans leur trou à Opoa : après quelques temps, ce
cœur devient un requin.
Lorsqu'ils voient ce petit requin, les deux requins-Rois sont
très contents, pensant que c'était un de leurs enfants. Ils le nour¬
rissent et il devient plus grand qu'eux-mêmes : alors, l'un des
requins-Rois veut le manger, craignant d'être mangé par lui ; —
et
l'autre dit
« non ».
—
Le
requin Tuturu leur demande d'aller chercher le requin Tahana : ils le trouvent à Tahaa et viennent prévenir Tuturu ; —
celui-ci leur dit de lui faire la chasse et lui-même se poste dans
la mer
sa gueule est la passe d'Uturoa.
Les deux requins-Rois font la chasse et Tahana se sauve dans
le lagon : il veut sortir en mer parla passe d'Uturoa et entre dans
la gueule de Tuturu, qui le mange. —
—
Histoire du eaillou
Tatuapuha.
Rua i te po,
Roi de Maupiti, avait épousé une femme qui n'était
de sang royal ; — la population, mécontente, emporte les
insignes du Roi à Raiatea. —
Plus tard, fatiguée de n'avoir plus de Roi, la population veut
rentrer en possession de ces insignes et envoie les géants de
Maupiti les chercher à Raiatea. —
Les géants partent sur la pirogue Teopiriahu : il y a en tout 7
géants et 2 hommes.
Arrivés à Raiatea, les 2 hommes restent à Pufau et les 7 géants
vont à Opoa.
Parmi les 2 hommes de Pufau, l'un d'eux, Hataiau est inter¬
pellé par Tu, un Roi de Raiatea, qui lui demande : «d'où es-tu ? »
Hataiau répond « Je suis de Maupiti » — « Es-tu bien de Mau¬
piti ?» — « Oui » — « Q_uel est le nom de ton marae » — « C'est '
Vaiahu », et par là Tu voit que Hataiau est de sang royal. (2)
pas
—
(2) Le Marae Vaiahu élait l'ancien Marae Royal.
Société des
Études
Océaniennes
Tu lui dit alors
«
Cueille de l'ava maohi, et emporte-le au re¬
Maupiti ; — Quand vous serez arrivés à la passe, deman¬
géants de s'arrêter dans un des îlots ; — s'ils acceptent,
descendez tous à terre; — mâche la plante et mets-en dans les
bols, mais dans le tien, fais un trou pour que le liquide puisse
s'écouler;
puis mangez et buvez tous, et quand les géants
commenceront à être ivres, dis-leur qu'il faut continuer la route :
tu mettras alors l'avant de la pirogue dans la direction de ton
Marae ; si un géant, ivre, te dit de mettre la pirogue en direction
de Tehutu, tu lui diras que la pirogue est bien dans cette direc¬
tion ; si un autre géant crie de diriger la pirogue vers son Marae,
tour à
de
aux
—
lui dire oui aussi
».
les géants reviennent de Opoa
insignes royaux, et tous rentrent en pirogue à Maupiti.
Arrives à la passe, Hataiau demande que l'on s'arrête à un îlot,
pour boire et manger un peu : les géants acceptent et l'on s'arrê¬
te à une place appelée "Ofera". —
Hataiau fait ce que lui a recommandé Tu ; — on mange et on
boit;
quand les géants commencent à être ivres, Hataiau dit
de continuer la route, et les géants, ivres, ne peuvent plus
s'asseoir, mais se couchent dans le fond de la pirogue.
Hataiau, tenant le gouvernail, met le cap sur le Marae Vaiahu ;
le géant de Vaiea demande de mettre la pirogue en direction
du Marae de Vaiea: Hataiau répond oui; — puis chaque géant
demande qu'on mette la pirogue sur son Marae : Hataiau repond
oui à tous, mais la pirogue continue en direction de Vaiahu.
Le vent est bon, la pirogue file bien et elle arrive vite près du
rivage ; — les tambours de Vaiahu frappent pour fêter l'arrivée ;
les géants sont alors réveillés par le bruit, et, se rendant compte
où ils sont, ils ont honte et partent sur leurs terres, tandis que
Hataiau apporte les insignes du Roi sur le Marae Vaiahu.
L'endroit où la pirogue a accosté est juste sur un gros caillou,
dans lequel elle a, par le choc, tracé une marque que l'on voit
toujours aujourd'hui: ce caillou s'appelle Tatuapuha et se trou¬
ve à quelques mètres du marae Vaiahu.
Quand Tu eut fini de parler,
avec
les
—
—
André ROP1TEAU.
Société des
Études
Océaniennes
—
130
—
bxs^oius
VOYAGE Ei\ OCEAN IE
(suite).
Bataille de Taravao.
La reine Pomare retirée comme je l'ai dit chez M. Pritchard,
missionnaire, et consul anglais ne voulait point la protection
française, et excitait ses sujets a la révolté, elle ordonna aux
principaux chefs de défendre aux naturels de nous vendre des
vivres, mais ces chefs ayant été connus on les fit prisonniers et
on les envoya à bord des bâtiments de guerre qui étaient en rade
et après les y avoir retenus pendant quelque temps on leur donna
la liberté.
Voyant qu'on avait fait leurs principaux chefs prisonniers, les
Canaques excités par les Anglais se préparaient à une attaque,
alors le Gouverneur qui était resté à Tahiti, trouvant le pays plus
beau, donna des ordres pour parer à l'attaque des naturels, et
dès lors la paix cessa à Tahiti.
Le 18 Février 1844, nous embarquâmes à bord de la corvette
l'Embuscade'' au nombre de 130 pour aller taire un camp sur
l'isthme de Taravao, situé à environ 18 lieues de Papeete. A notre
"
aperçûmes le bateau à vapeur
mouillage, ce bâtiment fut obligé de
nous prendre en remorque, car les vents contraires s'étant élevés
à midi nous ne pouvions aborder. Aidés par "Le Pliaéton " nous
pûmes jeter l'ancre à 4 h. 1 /2, nous étions accompagnés du Gou¬
verneur du commandant Bréa et M. Mariani, capitaine d'étatmajor. Le même jour on nous fit débarquer et nous formâmes
une
ligne de tirailleurs depuis la mer jusqu'aux brousses, que
nous nous mîmes à couper, mais la pluie tombait avec tant de
violence, que l'on fut obligé de nous faire retourner à bord, o.ù
nous passâmes la nuit sur le pont, exposés à l'impétuosité de l'air.
Le lendemain à 4 heures du matin, nous étions à terre, occupés à
couper des brousses, nous ne quittâmes l'ouvrage que le soir,
pour retourner à bord. Le 20 nous fûmes encore à terre : à 5 heures
du matin, nous suivîmes un petit sentier qui nous conduisit dans
une plaine où se trouvaient plusieurs cases de diverses dimen¬
sions, on nous fit cerner ces cases au pas de course, mais elles
arrivée devant cette terre, nous
"
Le Phaéton"
qui était
au
Société des
Études
Océaniennes
—
431
—
Après avoir pris des mesures de sûreté, nous
une de ces habitations qui servait d'église
aux naturels, et on se mit à couper dans un circuit de 200 pas
les brousses qui entouraient notre nouvelle demeure, pendant
que nous travaillions le Gouverneur demanda 20 hommes pour
l'accompagner dans une excursion.
Ce détachement avait pour guide deux naturels, dont l'un fut
arrêté au moment où il allait prendre le devant pour aller prévenir
une bande de Canaques campés à une demi-lieue de là. Avertis
de cette circonstance, le Gouverneur et le Commandant se con¬
sultèrent et prirent le parti de rejoindre, la colonne, pour se re¬
poser ; les hommes montaient la garde pendant la nuit, les fac¬
tionnaires ciui occupaient un circuit d'une demi-lieue étaient
relevés d'heure en heure, la pluie tombait avec violence ce qui ne
contribuait pas peu à nous fatiguer, une fois les brousses coupées
il fallut travailler aux fossés, on se mit à l'œuvre avec ardeur.
Le premier coup de pioche fut donné le 4 mars, et le 20 mars,
les fossés avaient leur profondeur. Nous avions mis aux deux
extrémités du camp des gabions remplis de terre. Le 21, pendant
le repas de midi, deux coups de fusil furent tirés sur le factionnaire
de la porte du camp. De suite, tout le monde courut aux armes,
mais rien ne se faisant entendre on se mit à l'ouvrage. A peine à
l'œuvre, trois coups de fusil se firent entendre de nouveau, alors
on prit les armes et on envoya deux détachements, de chacun
25 hommes, visiter les alentours.
L'un d'eux composé de matelots fut attaqué et forcé de rentrer
au camp avec un homme de moins. L'autre composé de volti¬
geurs ayant aperçu l'ennemi et ne se trouvant pas en force ren¬
tra promptement et avertit le commandant que l'ennemi n'était
pas à dix minutes du camp ; on s'empressa de boucher avec du
bois, des planches, des brouettes les endroits qui laissaient à
découvert des hommes, puis avec nos hamacs mis entre deux
planches, nous fîmes des espèces de remparts derrière lesquels
nous nous placions. Les sentinelles avaient été doublées, l'une
d'elles avertit qu'elle venait de voir un matelot s'enfuir dans les
brousses (c'était un déserteur, mais on l'ignorait) ce qui fut la
cause que le sergent-major prévenu par ce caporal allait s'enfon¬
étaient désertes.
nous
cer
établîmes dans
dans les brousses pour ramener
mença
valeur
le matelot quand le feu com¬
de toutes parts, les insurgés combattaient avec tant de
qu'ils forcèrent un détachement de 25 hommes placé sur
Société des
Études
Océaniennes
mamelon, à changer de position. Ils firent aussi tous leurs
efforts pour rentrer dans le camp, mais une fusillade bien soute¬
un
et
quelques boulets envoyés par "l'Embuscade", les repous¬
toujours avec perte, le combat dura jusqu'au soir. Les Ca¬
naques se retirèrent alors avec beaucoup de pertes, nous pas¬
sâmes la nuit sur les parapets, et nous entendîmes les naturels
qui
pour se rallier, car ils avaient de très mauvais chemins à passer, ti¬
nue
sèrent
raient continuellement. Le lendemain on rendit les honneurs
funèbres à deux de nos camarades qui avaient
perdu la vie dans
avions à bord
de 1' "Embuscade", dont le commandant avait
expédié une em¬
barcation au Gouverneur pour l'avertir
que nous avions été atta¬
qués (depuis quinze jours M. Brua était retourné à Papeete). Le
23, un détachement de 23 hommes fut envoyé en découveite;
l'officier qui commandait le détachement de
25 hommes ayant
aperçu 8 Canaques les fit prisonniers et les ramena au camp, ils
étaient chargés de munitions. M. Martin fut
envoyé avec un nou¬
veau détachement
pour remplacer le premier, après une demiheure de marche, ils aperçûrent le bateau à
Vapeur yLe Phaèton"
qui venait en toute hâte. Bientôt il fut au mouillage, il était
envoyé par le Gouverneur, ayant à son bord 50 hommes, 3 pièces
de canon et des vivres
; on aida les hommes à porter les muni¬
tions jusqu'au camp, puis tout étant
tranquille, on ne laissa dans
les fortifications que le monde nécessaire
pour les garder, on fit
embarquer le reste à bord de la goélette "La Papeete" et on fit
voile pour Tahiti, où on nous
débarqua le 25 à une heure de
l'après-midi.
Pendant que ces choses se passaient à Taravao,
l'intrigue des
Anglais prenait une grande étendue à Papeete. M. Pritchard exci¬
tait les Canaques à se révolter et à
mépriser les ordres des Fran¬
çais. M. Daubigny qui, pendant l'absence du Gouverneur com¬
mandait en chef, irrité de la conduite des canaques
fit brûler
toutes leurs embarcations, incarcérer le consul
anglais qu'il avait
pris en flagrant délit et l'obligea à s'embarquer sur le navire de
sa nation qui mouilla
dans la rade de Papeete. Ils auraient même
fait brûler toutes les productions du pays si le Gouverneur n'é¬
cette
attaque, et
on
transporta six blessés que
nous
tait arrivé.
Les
Canaques n'avaient plus envie de combattre, mais leur
toujours conseillée par les Anglais, les obligeait et repro¬
chait leur inaction aux habitants de la Grande-Bretagne qui lui
reine
Société des
Études
Océaniennes
—
133
—
de monde pour chasser les
plus tard nous verrons".
disaient " Vous avez assez
dessus vos terres,
Français de
Voyant la guerre sur le point d'éclater, car les insurgés s'étaient
réfugiés à Mahaena, la reine demanda au commandant
du brick
anglais s'il voulait la recevoir à son bord ; celui-ci s'em¬
pressa de souscrire à sa demande, mais à peine cette royauté
était-elle à son bord qu'elle s'ennuya. Elle fit demander au Gou¬
verneur la permission de descendre à terre, mais elle craignait
disait-elle qu'on ne la maltraitât, M. Brua s'empressa de la rassu¬
rer, lui disant qu'elle rentrerait dans toutes ses possessions et de
plus qu'il aurait à lui offrir plusieurs présents que lui faisait le
roi des Français, alors elle fit répondre qu'on pouvait aller la
chercher, le lendemain, à 11 heures du matin.
Le Gouverneur avait à cette heure, fait charger toutes les pièces,
afin de recevoir selon son rang cette reine d'outre-mer. M. Mariani,
plusieurs officiers français, et les principaux chefs Canaques se
rendirent au Ketch, mais la reine n'était plus dans les mêmes
dispositions. Elle voulait bien disait-elle aller à terre, mais le com¬
mandant du brick exigeait une somme de 10.000 francs pour les
frais qu'elle avait faits depuis son entrée à bord.
Les Français ne furent pas les dupes de ce subterfuge, ils virent
bien dans ces paroles, une réponse dictée parles Anglais. Aussi
le conseil étant rassemblé, il fut résolu d'aller attaquer les insur¬
gés à Mahaena.
de guerre
Combat de Mahaena.
reçurent l'ordre d'embarquer, partie à
Phaèton", partie à bord de la fré¬
gate " L'Uranie", aussitôt les troupes à bord, on mit à la voile,
mais les vents étant contraires, le bateau à vapeur eut peine de
prendre la frégate à la remorque; à peine hors de la rade, il la
largua, suivit les côtes. Etant arrivé le soir à Haapape, il y passa
la nuit, il quitta son mouillage à 8 heures du matin et le 10 il jeta
l'ancre devant Mahaena. La frégate qui avait pris le large, son
commandant craignant de se briser sur les récifs n'arriva qu'à 4
heures du soir, aussitôt mouillée elle s'embossa ; à 5 heures arri¬
va la goélette de guerre la "Clémentine" ayant à son bord une sec¬
tion de voltigeurs détachés à Taravao et 30 matelots de la corvette
"L'Embuscade". Aussitôt elle s'embossa, puis elle remit ses
troupes à bord du "Phaèton", afin que le débarquement put
Le 15 Avril, les troupes
bord du bateau à vapeur "Le
Société des
Études
Océaniennes
s'effectuer
avec
plus de promptitude. A notre arrivée devant Mahaena, les insurgés travaillaient avec une ardeur incroyable à leurs
fortifications, alors le Gouverneur leur envoya quelques boulets
et quelques paquets de mitraille et ils furent
obligés d'abandonner
leur travail.
Pendant la nuit pour empêcher les naturels de circuler à leur
aise, le bateau à vapeur et la frégate tiraient deux coups de canon
de demi-heure en demi-heure. Le lendemain
17 après avoir passé
la nuit sur le pont, nous fûmes réveillés à
4 heures du matin, et
à 5 heures nous descendîmes dans les
chaloupes qui se tenaient
à bâbord tandis que les
pièces de tribord tiraient continuellement
tant pour
empêcher l'ennemi de s'opposer au débarquement,
lui tenir nos mouvements cachés. Au signal donné,
nos embarcations conduites
par de vigoureux matelots se diri¬
gèrent vers la terre, la mer était si mauvaise que nous craignions
à tout moment de nous voir
engloutir. Enfin nous abordâmes,
non sans
grandes pertes, deux de nos embarcations se brisèrent
sur les récifs
; ce coup de mer coûta la vie à un matelot et pensa
nous faire
perdre la moitié de notre monde, qui ne dut son salut
qu'à la valeur héroïque de nos marins. Les voltigeurs débarqués
les premiers reçurent l'ordre d'aller
s'emparer d'un mamelon qui
dominait la plage, afin de
protéger le débarquement, mais à peine
avaient-ils atteint le faîte de cette petite
montagne que les insur¬
gés tombèrent sur eux à l'improviste. Surpris par cette attaque
les voltigeurs commençaient à battre en retraite,
quand M. Mar¬
tin qui les commandait leur fit faire
volte-face, en criant: à la baïon¬
nette ! Ce cri fut répété par tous les hommes
qui, s'encourageant
les uns les autres, s'emparèrent de la
position occupée par l'enne¬
mi, qui prit la fuite en désordre, abandonnant 4 morts et 3 bles¬
sés sur le champ de bataille. Le
débarquement étant fini, M. Mar¬
tin revint avec son monde se remettre sous les ordres de M.
Bréa,
notre chef de bataille qui se tenait à l'endroit d'où devait
partir
la colonne d'attaque. Ce brave commandant s'était
déjà mis en
route, laissant une forte arrière-garde en cas de retraite. Le Gou¬
verneur s'empressa de
complimenter les voltigeurs, puis leur
montrant un petit mamelon où flottait le
pavillon ennemi : c'est
là leur dit-il qu'il faut grimper.
Aussitôt M. Martin et ses hommes partirent au
pas de cour¬
se. C'était un
plaisir de les voir grimper la montagne, déjà l'un
d'eux allait s'emparer du précieux drapeau,
quand un Canaque
que pour
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Études
Océaniennes
allié, envoyé par le Gouverneur, arracha le pavillon et descendit
la montagne sans avoir
reçu la moindre blessure, ce qui parut
surprenant, car les naturels, s'apercevant de la trahison, diri¬
geaient sur lui tous les coups et nous qui n'étions point préve¬
nus, nous tirions aussi sur lui. Cette manière d'agir du Gouver¬
neur avait un
peu ralenti la valeur des voltigeurs qui conservè¬
rent néanmoins leur position.
Pour le reste de la colonne elle
était
en
bien triste situation
:
les naturels tiraient
sur eux sans
qu'ils puissent riposter; le commandant s'en étant aperçu nous
lança au pas de course sur la première redoute, mais à l'aspect
de cette fortification d'un nouveau
genre, nous nous mîmes à
reculer. S'apercevant de notre retraite, l'Uranie
envoya quelques
boulets et ranima notre courage : à la voix de notre commandant,
nous marchâmes une seconde fois sur
l'ennemi, les tambours
battaient la charge et la musique jouait la Marseillaise excitant
l'enthousiasme des troupiers qui enlevèrent cette redoute à la
baïonnette. Nous n'eûmes pas autant de réussite devant la se¬
conde, nous fûmes obligés de battre en retraite, après avoir per¬
du plusieurs de nos camarades, et déjà nous faiblissions, quand
les voltigeurs toujours placés sur le mamelon, nous avertirent
que l'ennemi fuyait. Alors nous redoublâmes d'ardeur et décou¬
ragé, nous eûmes bientôt enlevé les deux autres redoutes et
poursuivi les fuyards jusqu'au fond des ravins. De notre côté
nous étions
vainqueurs, mais les tirailleurs étaient tellement en¬
gagés que sans un renfort que leur envoya le commandant ils
auraient été infailliblement massacrés, mais à la vue des auxi¬
liaires, l'ennemi prit la fuite et nous restâmes maîtres du champ
de bataille.
Il y avait 78 canaques morts dans une redoute et
46 blessés.
Pour nous, nous souffrîmes beaucoup de cette affaire, nos pertes
furent évaluées à 70 hommes dont 36 morts tant sur le lieu de
l'attaque qu'à la suite de leurs blessures. A 5 heures le feu avait
cessé, nous passâmes le reste delà soirée à enterrer nos morts et
à conduire nos blessés à bord, ce fut le spectacle le
p'.us triste
et le plus effrayant
qui ne soit jamais offert aux yeux des hom¬
mes.
La mer était excessivement grosse, les lames en furie firent
chavirer deux embarcations qui étaient
remplies de malades et
malheureux étaient exposés sans force à la fureur des flots.
Aussi auraient-ils perdu Içs restes d'une vie chère à la patrie,
ces
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—
sans
ver
le courage et
avec
une
136
-
parvinrent à les sau¬
remplis, on forma des
sommeil dont on avait bien besoin
la valeur des matelots qui
peine inouïe. Les devoirs
postes, puis on se livra au
pour réparer nos forces.
Pas un coup de tusil ne se fit entendre pendant la nuit. Le len¬
demain nous visitâmes minutieusement les lieux de l'attaque et
les alentours et voyant qu'il n'y avait plus rien à faire, on nous
fit réembarquer. Nous jetâmes un regard douloureux sur la terre
de Mahacna où nous avions laissé sans vie plusieurs de nos ca¬
marades, le même jour à 9 heures du soir nous étions mouillés
devant Papeete. Le Gouverneur et le Commandant furent à terre
annoncer notre victoire, pour nous, nous ne descendîmes à terre
matin. Les blessés furent
que le 23, à 6 heures du
dans une mauvaise case qui
fut de suite réparée, et
transportés
qui depuis
d'hôpital. Avant le combat de Mahaena les malades al¬
laient sur une petite île située en face de Papeete.
Après un tel échec, les naturels du Pays se rassemblèrent, et
ils résolurent de se rendre. Ils firent part de leur résolution à la
Reine, qui d'abord en fut satisfaite, mais les Anglais lui ayant
promis du secours, elle leur fit défendre de se rendre. Alors les
insurgés se révoltèrent et allèrent même jusqu'à commettre un
lâche assassinat sur la personne de trois Français qui habitaient
depuis longtemps Tahiti. Le Gouverneur ayant eu connaissance
forfait leur fit dire que s'ils continuaient à agir ainsi, il ferait cou¬
de ce per les arbres à pain, mais cette menace loin de les in¬
timider comme on l'espérait, ne fit que les aigrir d'avantage, et
on se prépara à aller leur donner une forte leçon.
a
servi
Affaires de
Haapape et de Faaa.
juin, à 11 heures du matin, nous reçûmes l'ordre de
prêts à embarquer dans le courant de la nuit. Nous
étions satisfaits, car depuis quelque temps nous étions très mal
nourris, les magasins aux vivres étaient complètement épuisés,
nous étions réduits aux biscuits pourris et au lard empoisonné,
nous étions aussi obligés de nous contenter d'un quart de vin,
car les magasins étaient dépourvus de ce liquide qui nous était
remplacé par un bougaron d'eau-de-vie. Le bateau à vapeur par¬
tit le 29, à 3 heures du matin et nous nous mîmes en route patterre à 3 h. 1/2. Nous allions à Papenoo où l'ennemi était, disaiton, retranché.
Le 28
nous
tenir
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—
A
137
—
lieue de Papeete notre
avant-garde rencontra un poste
Canaques, mais ils prirent la fuite. Arrivée à Haapape, la co¬
lonne fit halte et après que le Commandant eut fait placer des
une
de
sentinelles où il était nécessaire, et avoir recommandé aux offi¬
ciers qui commandaient l'ayant et l'arrière-garde de veiller avec
le plus grand soin, entra dans une grande et belle case située
sur le bord de la mer et en face les habitations des missionnaires
anglais ? Cette case se trouvait remplie de provisions que les na¬
avaient laissées ; nous en profitâmes et nous nous jetâ¬
mes principalement sur les cocos dont le lait est assez désalté¬
rant et qui se trouvait bien à propos, car nous avions tous une
grande soif, ensuite quelques cochons furent tués et cuits dans
les cailloux à la mode des naturels, et mangés presque saignants.
Après une heure de repos, nous partîmes pour Papenoo, mais
à peine notre arrière-garde avait-elle fait 200 pas qu'elle fut vi¬
goureusement attaquée, elle fît aussitôt volte-face, la colonne
rétrograda au pas de course, et dans un clin d'œil nous eûmes
enlevé la position de l'ennemi qui s'enfuit dans les brousses en
continuant toujours le feu.
Le Commandant nous voyant ainsi exposés fit prévenir qu'au
troisième coup de canon, tout le monde s'élancerait au pas de
course dans les brousses, pour faire changer l'ennemi de posi¬
tion. Ce qui avait été prévu arriva, l'ennemi fut repoussé et ne
reparut pas et nous n'entendîmes plus un coup de fusil.
La colonne se composait d'une compagnie de matelots, d'une
quarantaine d'artilleurs de la 30e compagnie d'infanterie, d'une
turels y
section de la 28° et d'une de la 27e formant un effectif de 400
hommes. Bien que ce combat ne fut qu'un combat de tirailleurs,
perdîmes cependant 10 hommes sans compter les blessés,
qui durent dépasser ce nombre. La maison des missionnaires
anglais qui fut notre ambulance pendant l'affaire, fut encore no¬
tre camp pour la nuit, les blessés furent pansés dans les cham¬
bres, les officiers se couchèrent sous la galerie et nous dans la
nous
cour, sur
l'herbe.
Le lendemain, à 6 heures du matin, notre petite colonne se
remit en route pour Papenoo. Nous nous attendions à une vi¬
résistance de la part des insurgés, aussi notre avantgarde fut-elle bien surprise de ne trouver à une demi-lieue de Pa¬
penoo que quelques cases désertes, il n'y avait pas longtemps
qu'elles étaient abandonnées car il y avait encore du feu. Le Gougoureuse
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Océaniennes
—
138
—
prévenu de cette circonstance, s'apercevant, que nous
après ces sauvages nous fit faire volte face
et nous dirigea sur Haapape, où il espérait nous faire reposer un
peu, mais à peine dans cette baie nous vîmes arriver un canot
venant de Papeete, il était expédié au Gouverneur pour l'avertir
qu'on s'était battu pendant la nuit à Faaa baie située à une lieue
de Papeete mais du côté opposé de Haapape. A cette nouvelle le
Gouverneur donna ordre de faire embarquer tout le monde à
bord du bateau à vapeur, nous avions fini l'embarquement à mi¬
di, et à 4 heures nous étions en rade de Papeete.
verneur
courions inutilement
Parvenus à la hauteur de la
entonna
"
frégate " l'Uranie", la musique
saluâmes par trois cris de
laquelle nous descendîmes immédia¬
la Marseillaise. Puis
Vive le Roi " la terre
sur
tement.
nous
*
Aussitôt
débarquée, la compagnie de voltigeurs, partit pour
juin au soir, M. Daubigny fut prévenu qu'un nombre
d'insurgés étaient réunis à Faaa dans l'intention de venir attaquer
Papeete. Malgré le vif désir du commandant particulier, il n'osa
pas risquer une sortie qui aurait pu nous coûter bien cher, car
une grande partie de notre monde était à Haapape, la garnison
de Papeete était bien faible.
Faaa. Le 29
Cependant M. Daubigny fit demander M. Bonnard, comman¬
frégate "ïUranie", et après une courte conférence, ce
dernier réunit tout le monde qu'il avait à bord et partit pour Faaa
à la tête de 160 hommes. A: rivé à la hauteur du camp occupé
par les hommes de son équipage, il forma une avant et une
arrière-garde et continua sa route. Parvenue aux premières cases
de Faaa son avant-garde fut vertement attaquée par des insur¬
gés cachés derrière une forte palissade. Plusieurs matelots furent
tués et blessés aux premiers coups de feu. M. Bonnard se porta
sur le lieu de l'attaque avec tout son monde, bientôt la palissade
fut franchie et l'ennemi dispersé. Cette victoire nous coûta 4
morts et 10 bléssés au nombre desquels était le commandant.
dant de la
Au bruit de la guerre
Mme la Gouvernante et plusieurs autres
françaises s'étaient réfugiées à bord de la frégate "l'Ura¬
nie". Nos braves marins après avoir remporté la victoire, enterdames
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rèrent leurs morts et retournèrent à bord
avec
leur commandant
qui s'empressa de rassurer MmB la Gouvernante, qui revint à terre
peu de temps après.
(A suivre).
MULLOT.
du jer
Soldat à la
Compagnie
régiment d'infanterie de marine.
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Océaniennes
—
NOTE
SUR LA
par
140
—
VALLÉE
DE VAITA
H. Silver thorn (i)
Tout récemment, il m'a été
visiter la vallée de Vaita
possible, à différentes reprises, de
qui est située, par mer, à environ 15 kilo¬
mètres de Tautira.
Rarement cette vallée est accessible
l'accès
en
en
embarcation et par terre
est extrêmement difficile.
Dernièrement
(Bulletin de la S. E. O. it 43 mai 1932), dans une
article de Monsieur Lidin sur la vallée de Vaiote,
le Professeur Emory mentionnait que cette vallée était particu¬
lièrement riche en vestiges archéologiques des "raatira".
Il ne m'est pas possible de déterminer si la vallée de Vaita a
été habitée autrefois par cette classe de la société tahitienne,
mais il n'est pas douteux que Vaita dépassait en prestige Vaioté.
Bien que la vallée elle-même soit plus petite, les ruines qu'on y
rencontre sont plus étendues et bien conservées. Les"marae"
même dans leur état actuel conservent des restes de leur primi¬
tive grandeur; certains de leurs murs s'élèvent encore à 5 ou 6
pieds de hauteur.
11 y a quelque temps, j'ai pu tracer un plan quelque peu super¬
ficiel du premier marae qui s'étend du rivage vers l'intérieur au
nord de la rivière. Ce marae ainsi que deux ou trois autres situés
plus haut dans l'intérieur de la vallée semble avoir été un des
plus importants. Des restes d'habitations : murs et plates-formes
pavées commencent au rivage et se continuent sur une longueur
de 45 mètres jusqu'aux ruines plus complètes du marae.
Je n'ai pu recueillir aucun renseignement précistouchant le nom
de ce marae. A un mille environ plus loin, vers l'intérieur, et du
même côté de la rivière se trouve un autre marae qui un jour
fut certainement un des plus importants de toute la vallée. Les
restes couvrent une superficie d'environ 150 mètres sur 50. Les
pierres dressées près desquelles le grand prêtre et sa femme
avaient coutume de se tenir pour la prière sont en place dans
l'une des chambres de la partie pyramidale de ce monument.
J'espère pouvoir bientôt visitera nouveau ce marae et plusieurs
note
ajoutée à
un
Société des
Études
Océaniennes
—
autres ruines
441
—
parmi les plus importantes et en dresser un plan
suffisamment exact.
Vu les difficultés d'accès que cette
vallée présente aujourd'hui
autrefois, pour beaucoup d'Européens, ses ruines ont été
moins bouleversées et détruites que celles de la plupart des autres
vallées de Tahiti.
comme
Il n'est pas
rimenté
un
douteux qu'elles offriraient à un archéologue expé¬
champ d'études historiques et archéologiques.
vaste
H. S.
(r) M. Henri Silverthorn qui s'est fixé à Tautira depuis un certain
temps déjà a tout particulièrement exploré cette extrémité de la pres¬
qu'île qu'on appelle communément "le Pari" et qui est d'un accès
très difficile. Il en a rapporté d'intéressantes observations et a fait
don au Musée de Papeete de deux ''tii" tahitiens qui, quoique d'une
fracture un peu grossière, sont d'une authenticité incontestable.
Note de la Rédaction.
-o-
Société des
Études Océaniennes
f>HI$,
Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 45