B98735210103_030.pdf
- Texte
-
ŒETj
Bulletin
Leet
DE
il
Jli
Q
Société
la
des
Ia
ÉTUDES OCÉANIENNES
ÎÎO
i\ °
TOME
III
AVRIL
(N° 8)
lî>2î>
«r^OOts»
Anthropologie
Histoire
—
des
—
Ethnologie
—
Philologie.
Institutions et Antiquités
populations maories.
Littérature et Folklore.
Astronomie
—
Océanographie
—
Sciences naturelles
Tourisme.
IMPRIMERIE
A
DU
OOUVÏRKEMENT
PAPKKTK
(TAHITI)
ides Océaniennes
©
publiés dans le Bulletin, exceptés ceux dont l'au¬
réservé ses droits, peuvent être «traduits et reproduits
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2° C'est la seule manière de recevoir le Bulletin pour ceux qui
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rte
versée
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résident pas .dans
nements.
S"
la Colonie": puisqu'on ne reçoit pas d'abon¬
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*
à la Société un
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40 Le Membre à vie n'a plus à se préoccuper de l'envoi ou du
paiement de sa cotisation annuelle, c'est une dépense et un souci
revenu
de moins.
En
cbiiséqucnoe: Dans leur intérêt et
à.devenir Membre à vie:.
:
celui de la Société,
sont invités
TOUS CEUX
ê,
.
.2».
SOMMAIRE
F AGES
Histoire.
Journal de Maximo Rodriguez (traduction de M. Ch.
Pugeault (suite)
223
Ethnologie.
Note du R. P. Siméon Del mas
au
sujet du chant de
cannibales " Ami Hune "
234
Folk-lore.
Légende d'Hikuéru, communiquée parle Capitaine V.
Brisson
236
Philologie.
Noms anciens de certaines Iles,
communiqués
par
le
Cap. V. Brisson
Etude
des
238
comparative Polynésienne concernant les
jours de lune par le P. Hervé Audran
noms
260
Divers.
Visite du Bateau
non
magnétique " Carnegie "
261
Société des Études Océaniennes
W l
•
SAC
•
C¥jr C
nsitoim^
JOURNAL DE MAXIMO RODRIGUEZ
Premier
Européen ayant habité Tahiti (Tautira).
(Suite.
—
Voir u° 28.)
(8 février).
Ce matin
nettoie les abords de notre maison où toutes
on
sortes de débris s'étaient accumules. Vehiatua et
nèrent
Taitoa
déjeu¬
avec nous.
L'après-midi
et nous
nous semons une
planche de persil et de pourpier
remarquons que nos semis de laitues et de brocolis sont
bons à
transplanter.
Hinoy, frère d'Otu vint nous apporter deux belles lan¬
goustes ; les Pères lui ayant demandé ce qu'il désirait en échange
de ces deux belles pièces, Hinoy répondit qu'il ne voulait en tirer
aucun bénéfice et que c'était un cadçau d'ami. Toutefois le Père
Géronimo lui tendit deux biscuits (dont les indigènes sont très
friands) mais Hinoy ne voulut pas les accepter en disant qu'il
avait chez lui de nombreux mets indigènes tandis qu'à nous les
biscuits étaient indispensables.
Le soir
Dans la nuit Vehiatua eut
viteurs vint
nous
chercher
le soulager.
Nous partons avec le
une
nous
très forte crise. Un de
priant d'apporter
un
ses ser¬
remède
pour
Père Géronimo: de tous côtés c'est
un
indescriptible de gens', poursuivant des cochons pour
offrir à " Teatua ", tandis que d'autres pleurent et se lamentent
vacarme
les
avec
la mère de Vehiatua. A l'extérieur
comme
à l'intérieur de la
maison
grande cohue d'indigènes. Nous entrons. Vehiatua repose
sur les
genoux d'un indigène, d'autres lui frottent et massent les
jambes. Debout des serviteurs éventent le malade avec de grands
bouquets de feuilles d"uru". Nous tâtons le pouls de Vehiatua,
les battements en sont très faibles, Vite je retourne à la Mission
et rapporte deux onces d'huile d'amande (Vehiatua n'aurait jamais
voulu se laisser donner un lavement) et nous lui faisons boire
cette huile avec
deux rasades d'eau chaude.
Au bout d'un moment le malade
se
met à vomir de
grandes
224
gorgées de bile d'où nous concluons que son estomac est en très
mauvais état; la température reste très élevée.
Nous allons
nous
coucher
en
recommandant bien de venir
nous
quelque chose de nouveau se produit. L'Evangile de
Saint Jean (de la messe de demain) sera dédie au rétablissement
chercher si
de la santé du malade.
Un peu plus tard dans la
chandelle disant que
une
nuit un indigène vint nous demander
celle que nous avions apportée était
achevée.
Rien de
N. O.
ou
nouveau
pendant le reste de la nuit. Toujours vent du
"toherau ".
(9 février).
Ce matin, de bonne heure, je vais voir Vehiatua. Je m'aperçois
qu'il a quitté la couchette de la pirogue où nous l'avions installé
bien à l'abri de l'air. Il était maintenant en plein courant d'air
avec un tas de gens autour de lui et des pousses de bananiers
alignées à ses pieds. Plusieurs petits cochons, les pieds ficelés
gisaient à terre,
Je dis à Vehiatua qu'on avait eu tort de l'enlever de sa couchette
et qu'il était inutile que nous nous occupions de lui, puisqu'on
ne voulait pas suivre nos conseils. Mais mes observations ne
servirent à rien et voyant une légère amélioration dans l'état du
malade, je me. retirai. Je vis alors que le "tahua" emportait les
cochons que l'on devait immoler.
L'après-midi avec le Père Gcronimo nous allons explorer la
vallée ; nous voulions également rechercher une bonne terre pour
faire des murs en torchis, mais notre promenade fut écourtée
par la pluie.
On continue la barrière du jardin : il ne manque plus que trois
"varas" pour qu'elle soit terminée. Nous donnons quelques
boutons de verroteries aux indigènes qui nous ont portés sur
leur dos pour traverser la rivière: ils en parurent très contents.
Pendant la nuit, vent du N.O., pluie et forte houle.
(10 février).
Brise du S. W.
matin. On.nettoic
partie du jardin pota¬
ger en prenant bien soin d'arracher les racines d'arbres. Puis
nous semons une planche de brocolis, de laitues,, de melons et
d'autres légumes.
On nous apporte cinq langoustes. Hinoy frère d'Otu, déjeune
ce
une
,
Société
des, Études Océaniennes
225
L'aprés-midi
termine la barrière du jardin. Je nettoie
passablement rouillés.
Toute la journée fréquentes averses. Un vieux hangar tout
près de notre maison s'affaisse. La nuit vent N O., et averses.
avec nous.
on
aussi deux fusils de chasse
;
•
.
(i i février).
,
-i.f
;
Ce matin
légère brise du S. W. Un groupe d'ingenes nettoie
grand carré de notre jardin. A midi oh leur tait
cadeau de petits hameçons et de boutons de verre opaque^.
Même travail l'après-midi, malgré la sieste des Pères. Ces der¬
niers apprenant qu'Otu et ses deux frères avaient passé par-des¬
sus la barrière de la maison (parce que sachant la
porte de sortie
fermée et ne voulant pas réveiller les Pères, je les y avais autori¬
sés) leurs Révérences se mirent à m'attraper si violemment que
que je fus vraiment navré d'avoir donné pareille autorisation aux
et débrousse un
chefs.
Malgré cette algarade, le marais que les indigènes utilisaient
leurs plantations de t'aro, fut comblé d'une façon
parfaite.
Vent S. O. pendant le jour, avec ondées ; même vent la nuit,
mais sans pluie.
autrefois pour
.(12 février)
Les Pères disent la
commence mon
nativement
avec
messe
de très bonne heure.
Aujourd'hui je
service à la cuisine, une semaine sur deux, alter¬
le matelot, ceci en punition infligée
par les Pères,
parce que le jour précédent,
frères de passer par-dessus la
l'ai dit plus haut.
j'ai permis à l'Arii Otu et a ses
barrière de la maison, comme, je
Mais il faut mettre les choses
au point. Notre
regretté Com¬
mandant, avant de mourir, après avoir demandé l'avis de ses of¬
ficiers, décida de laisser avec nous, un matelot d'âge et de bon¬
ne conduite, uniquement
pour s'occuper de notre cuisine, parce
qu'ainsi, j'aurais plus de loisir pour prendre des notes sur le pays
et ses
On
aux
habitants.
nous
oiseaux
apporte du poisson. L'après-midi je vais à la chasse
avec le Père
Narcisse; pas un n'entra dans notre gi¬
becière.
Vent du N. E. aujourd'hui avec ondées et forte mer. La nuit
même vent et grosses pluies.
(13 février).
Ce matin les Arii Vehiatua et Otu décident de
/
partir
pour
.Vaio-
v
—
22G
—
(Vehiatua laissera sa mère, mais Util em¬
monde).
Après avoir pris congé de nous, Vehiatua me fit demander à
part par un de ses serviteurs et de nouveau me fit ses adieux.
Devant moi, il ordonna aux gens de la vallée d'Ataroa et en
particulier à son chefTeruru, de pourvoir largement à tous nos
besoins, soit eh provisions soit en personnel pour notre service.
Il réitéra ensuite ses protestations d'amitié à mon égard et me
pria de dire aux Pères qu'il était très peiné de les quitter; qu'il
espérait qu'en changeant de district sa santé s'en trouverait mieux
et qu'en conséquence nous ne devions pas nous affecter de son
départ.
Je communiqué cette conversation aux Pères et ces derniers
prient Vehiatua de donner des ordres pour que les parents de
Manuel renvoient leur fils à la Mission, car son congé de sept
jours est terminé. Vehiatua promit de s'occuper de l'affaire.
Nous transplantons des brocolis et nous semons du riz, du
tabac, du pourpier et de l'ail.
L'après-midi, avec le Père Geronimo nous faisons venir le Gar¬
dien Chef de la vallée, Teruru, pour qu'il donne des ordres à ses
gens de nous fournir des bambous et de gros poteaux pour en¬
clore une cour. Teruru promit de nous donner satisfaction dans
ten avec leurs suites.
mènera tout
deux
son
jours.
(14 février).
Journée de calme, sans vent. Jardinage. Nous préparons des
planches pour nos semis. A midi en guise de récréation je vais
rendre visite aux quelques indigènes restés près de chez nous.
Dans l'après-midi Manuel arrive avec son père: nous le rece¬
vons avec joie. Le père Geronimo demande à Manuel son emploi
du temps et comme Pautu. ce dernier répond qu'il n'avait jamais
eu l'intention de nous quitter. Mais comme les Pères lui adres¬
saient des reproches pour avoir dépassé le nombre de jours de
congé, Manuel crut qu'il allait recevoir le fouet aussi il s'enfuit
et ne parut pas à l'heure du souper.
Nous demandons à la mère de Vehiatua d'envoyer un de ses
serviteurs pour chercher le jeune homme et l'informer en même
temps qu'il n'était nullement dans notre intention de le corriger.
(15 février).
Violent vent S. E.
ce
matin.
A midi la mère de Vehiatua vient
nous
voir et
nous
apporte
du
poisson frais : elle
nous
dit qu'elle
nous
considérait comme ses!
fils.
L'homme
qui avait été à la recherche de Manuel revient et an¬
dernier est en fuite avec son père : l'envoyé a bien
dit au jeune homme qu'il ne serait pas corrigé.
Les gens de la vallée apportent sept paquets de bambous
pour
nonce
que ce
la barrière de la
mais
ne
cour.
Le Père Narcisse
rapporte rien. Nuit
sans
va
chasser
avec
le matelot
incident.
(16 février).
Averses et violent vent du nord
ce matin. La mer est houleuse.
On apporte encore des paquets de bambous et du bois à brû¬
ler pour la cuisine. Pluie et même vent toute la nuit.
(17 février).
La mère
de Vehiatua vient
nous
voir et
nous
conseille de
paver les abords de notre maison pour la protéger de l'humidité.
Mais comme nous voulions utiliser pour nos escaliers de gros¬
pierres taillées qui faisaient partie d'un "marae" ou temple
appelé Guayotaha (Vaiotaba), où les Arii reçoivent, leur investi¬
ture, la dame s'y opposa formellement, disant qu'utiliser une
pièce quelconque d'un marae est un crime et que leur dieu la pu¬
nirait. Nous passons outre cependant et sans tenir compte de ses
ses
larmes
Opo
nous
montons notre escalier.
dit alors qu'elle ne remettrait plus les pieds chez
nous parce qu'elle
n'oserait fouler des pierres appartenant à un
marae. Cependant elle nous fit
envoyer un peu de poisson frais
que nous lui avions fait demander en lui disant qu'il nous était
défendu de manger de la viande, aujourd'hui parce que c'était
jour de jeûne et on lui expliqua ce que c'était que le jeûne.
Nous allons nous promener dans l'après-midi avec le Père Géronimo, puis travail au jardin. Nous transplantons des légumes.
Le Père Narciso est indisposé : il souffre continuellement de
nous
et de son ventre ballonnés.
Nous trouvons de la bonne terre pour
cela tout près de notre maison.
son estomac
des
murs en
torchis et
(18 février).
Pluie
''
matin et vent du Sud. Les indigènes appellent ce vent
maarai". Travail au jardin : nous plantons quelques graines.
ce
L'après-midi je vais voir quelques gens d'Otu qui désiraient
je leur, parle de nos pays. La conversation tomba ensuite,sur
que
—
22S
—
anglais qu'ils appellent " OtuteLes indigènes
dernier était propriétaire du district de Matabae
(Matavai). Mais je les détrompai sur ce sujet et leur donnai à pen¬
ser que ce commandant anglais ne mettrait jamais plus les pieds
dans cette île tant que les Espagnols seraient là.
Malgré cela ils s'attendaient à le voir revenir dans 17 mois, sui¬
le Commandant
me
dirent que ce
calcul. (1)
l'après midi on. administra trois lavements au Père Nar-
vant leur
Dans
ciso.
Puis
on
sortit dehors, pour
la mettre
au
soleil, la malle de
ro-
chets.
(rç février).
La
messe
est dite avant le lever du soleil. Le ciel est
chargé de
nuages. Quelques averses venant du S. E.
Le frère de l'Arii Otu nous fait présent
d'un peu de poisson
qui est indisposée, me fait appeler
pour me dire qu'elle me fera conduire à l'endroit où s'est enfui
Manuel. Elle est très fâchée que ce jeune homme lui ait menti;
ainsi qu'à nous, au sujet de son retour.
Le soir, le Père Geronimo sort pour se promener aux abords de
la Mission, mais il est obligé de rentrer à cause des averses:
frais. La mère de Vehiatua,
(20 février).
Ciel serein
légère brise, du N. E.
petit carré du jardin pour y semer des graines mais
comme la pluie se met à tomber j'abandonne ce travail.
Le vent passe au N. W. Grosses averses. Nous abattons un
cocotier qui se trouve trop près de la maison.
L'après-midi deux serviteurs de Vehiatua arrivent et nous di¬
sent qu'ils avaient reçu l'ordre d'amener Manuel mais que ce
dernier avait, tellement peur de nous, qu'ils avaient renoncé à l'a¬
mener et qu'ils l'avaient laissé chez son pèie, à
peu près à une
lieue de notre maison et qu'il serait bon que j'aille le chercher.
Je rendis compte de la chose aux Pères mais aucun d'eux n'a¬
vait encore pris de décision à la tombée de la nuit.
Je leur dis qu'en une demi journée il serait facile de faire cette
Je bêche
avec
un
course'mais
aucun
d'eux
ne
voulait venir
avec
moi et ils
ne vou¬
laient pas que
je parte seul. J'insistai pour qu'on aille chercher
Manuel, disant que si ce jeune homme venait à être perdu pour
(1) Cook revint
en
effet 17 mois, après cette conversation de Maximo.,
—
229
—
je serais mal noté par son Excellence le Vice-Roi. Mais les
me dirent " de ne pas parler sur ce ton-là ; que je cherchais
à me donner de l'importance et qu'en fait de supérieurs il n'y
avait qu'eux, que je n'étais qu'un interprète et que c'est pour cet
emploi seul que j'avais une solde du Roi.
Finalement je leur dis que je renonçais à aller chercher le
jeune homme puisqu'en définitive mon avertissement suffisait
pour ma sauvegarde Je n'insistais donc plus et restais soumis.
nous,
Pères
(21 février).
Ciel serein.
Jolie brise du S. E.
La mère de Vehiatua vient dire aux Pères
voyer chercher Manuel et que
elle-même avec moi. Et ce tut
s'ils
une
qu'ils doivent
en¬
ne veulent pas y aller elle ira
nouvelle cause de dispute....
de ses serviteurs chercher Manuel.
Dans la soirée le serviteur revint et me ditque Manuel ne revien¬
drait qu'à la condition que j'aille le chercher. Je fus donc obligé
d'envoyer un deuxième serviteur pour dire à Manuel qu'il n'avait
rien à craindre et qu'il vienne dans une maison voisine où j'irai
lui .parler. Je ne rendis d'ailleurs pas compte aux Pères de cet ar¬
rangement qui aurait certainement donné lieu à une nouvelle dis¬
Finalement
Opo
envoya un
cussion.
La mère de Vehiatua vint ensuite nous faire ses adieux. Elle
retrouver son fils retombé malade. La fa¬
partir aussi le lendemain : tous ensemble
ils vinrent nous dire au revoir en nous disant qu'ils ne revien¬
draient qu'au retour de la Frégate...
Nuit sans incident. Pluie et éclairs pendant la nuit...
pour Vaiaotea
mille d'Otu décide de
partait
(22 février).
chargé de nuages. Coups de vent du N. W.
départ de la fa¬
mille d'Otu : nous les trouvons en train d'embarquer. Ils nous
reçurent très amicalement et Opo se mit à pleurer parce qu'elle
allait nous quitter.
Je demande a Opo de me céder trois de ses maisons dont je
voulais utiliser les matériaux pour faire un abri corridor (vérandah) tout autour de la maison; les Pères lui demandent aussi
d'enlever deux petites cases pour les transporter dans le jardin
potager. Opo accorda tout cela avec plaisir.
Ciel
Avec le Père Geronimo nous allons assister au
Nous
revenons
ensuite à la Mission et une heure
après,
avec
—
230
—
quelques indigènes que je pus trouver, deux des dites maisons
étaient transportées chez nous. La troisième,
trop lourde poui;
pouvoir être soulevée par le peu de monde .que j'avais .sous la
main, fut laissée en place,
Je fais transporter également de grandes pierres .soigneusement
taillées et destinées sans doute au " maraeV.. Avec .elfes
je cons¬
truisis le foyer de.notre cuisine -et,dallais un peu de La, maison.
Les indigènes nous.donnent du poisson frais et deux
régimes
.
de bananes,
Vers la fin de la
,
,
v
journée, nous allons
Père Geronimo. Nous
ne
promener avec le
nous
rencontrons presque personne :
solitude,
Il reste
.
-,
.
c'est la
.
,
-
,
tout huit
indigènes. Ccux.que nous rencontrons nous
préviennent de bien nous tenir su,r nos gardes à.cause. d.es valeurs
en
qui profiteraient de notre solitude pour
du mal.
■
Malgré nos chiens qui aboient
prêts à toute éventualité,
au
voler
nous
-
ou nous,
faire
.
moindre bruit
.
.
nous
dormons
i,
.
(23 février).'' '' '
-
:t •!:-
m
s ' v-
Belle journée. Calme. Je vais à la
pêche. Nous tirons trois fois
qu'un peu de poisson. Notre filet.à cin¬
quante " varas" de long. Deux indigènes commencent à monter
les vérandahs. A .midi le côté regardant la mer était en
partie ter¬
miné. Nuit sans incident.
A '
le filet mais
ne
prenons
...
>'
•
'■
■
(24 février).,
•
•
...
f
.
•>'
On termine la véranda h.
Je fais transporter la troi berné mai¬
son,.celle où habitait O'tu, par dès indigènes de passage, du •dis¬
trict d'Otiarei ; il y avait avec eux un chef de Moorea. Il me fallut
user de menaces
pour faire enlever la maison, qu'ils ne voulaient
pas toucher parce qu'un Arii l'avait habitée. •' •
' Dans l'après-midi nous apprenons que Vehiatua est très'ma¬
lade et qu'il ne peut plus faire un mouvement. OiVnods dit aussi
que Taytoa et deux indigènes allaient venir chercher la malle cfue
Pautu avait donnée à Vehiatua. Cette malle devait 'être'offerte
Tcatua.
'
'
'
(25 février)
'
'
a
'1
.
...
Taytoa arrive vers .huit heures du matint(if nous, confirme,
l'aggravation de la maladie de Vehiatua,: il vient chercher la.malle,
que nous avions en garde pour l'offrir en présent à leur dieu. IL
été des
Études
Océaniennes
—
231
—
porteur d'ordres pour le gardien du filet de Vehiatua; cet
nous fournir tout le poisson q-ue nous désirons :
c'est pôur cette raison que le filet lui a été confié.
Vehiatua demandait que j'aille le voir avec un Pèrq, mais répon¬
se fut donnée qu'il était impossible de laisser la maison seule à
cause des voleurs et, que d'autr'e part; moi absent; il 'n'y aurait
personne pour servir d'interprète ; que seul le retour de Manuel
à la mission permettrait ce voyage.
Taytoa dît qu'il tacherait de faire revenir le fugitif puis il déjeuna
avec nous. Pendant le repas il mit de côté un oiseau rôti et un
est
homme doit
peu de miel pour
Avant de nous
Vehiatua.
quitter Taytoa me prit à part et m'engagea à
avec sa pirogue, disant que le jeune hom¬
reviendrait pas à la Mission si jè n'allais' moi-même le
venir chercher Manuel
me
ne
chercher.
Je partis et trouvai Manuel
endormi dans
sa case.
En entendant
qui me suivaient il fut pris de peur. Je le pris à
part ét lui dis que ni lui, ni son père n'avaient motif d'avoir peur
de nous,'qu'il savait bien que nous ne lui voulions pas de mal,
mais il persistait, à dire qu'il avait des raisons dé nous craindre
parc'e qu'il avait entendu certaines paroles du matelot qui est
avec nous, paroles qui lui-avaient donné à réfléchir sur nos in¬
le bruit des gens
tentions.
Je fais tous mes efforts pour détruire ces fâcheuses appréhen¬
sions et il se décide enfin à me suivre. Mais voici que ses parents
viennent à lui et le supplient de ne pas partir, disant que nous
allions Renfermer à Ta Mission et que la Frégate, à son retour,
l'emmènerait pour toujours. Et ManueT préféra écouter ses pa¬
rents. Alors les gens de la suite de Taytoa se mettent en colère
et disent â Manuel et à'son père que Vehiatua'lcs punira et leur
enlèvera leurs propriétés. Mais tout cela ne servit à rien et je re¬
partis seul.
En arrivant à la Mission jé fis partd.b tous'ces événements aux
Pères.
t
plus grande partie de la journée nous avons eu du
avec quelques ondées. La nuit le vent passe au S.
Pendant la
vent N. W.
Nuit
sans
incident.
(26 février)
Messe de bonne heure.
Taytoa
va
Belle-journée, par vent d'Est.
rejoindre Vehiatua. 11 emporte pour son Arii une
jeune truie
que nous avons élevée, du miel et un oiseau rôti.
Nous lui-faisons cadeau de deux petits cochons de lait, un mâle
et une femelle.
soin de
Taytoa méritaitbien cela, car il a toujours eu grand
bêtes.
On travaille à la vérandah. Nous tuons
nos
un de nos petits cochons
les indigènes nous préparent à leur façon, nous le trouvons
très bon ainsi préparé.
Vent d'est la journée. Nuit sans incident, sauf
qu'il nous fallut
monter au grenier pour mettre fin au vacarme des rats
poursui¬
vis par nos chats.
que
(27 lévrier).
Belle
journée. Travail aux vérandahs et aussi à la barrière du
jardin. L'indigène occupé à ce dernier travail ne va pas vite et est
gourmandé. On nous apporte tout le poisson que nous désirons
et.dès la sortie du filet.
On travaille aussi au jardin : nous transplantons des tomates
et d'autres légumes. On fixe la cloche et désormais
l'Angélus
partie de la vérandah est terminée : nous donnons
un
hameçon monté sur une chaîne à l'indigène qui a fait ce tra¬
vail. Le soir nous plantons de l'ail, malgré que nous en ayons
déjà une planche qui lève. Nuit sans incident.
sonnera.
Une
(2S février).
.
Nous
transplantons
aujourd.'hui. Nous
Avant .d'aller
nous
des tomates. Rien de particulier
de la pluie dans la soirée.
encore
avons
coucher il faut absolument que nous mon-
tiops.au grenier pour faire peur aux rats. Nous nous apercevons
alors .que les rats ont rongé les boudons des jarres d'huile. Dans
l'une d'elles
un
rat est encore vivant. 11
jartes:au: rez-de-chaussée. Nuit
Mois de
sans
nous
faut descendre
nos
incident.
mars
1775.
(ier mars).
Beau temps..
Vent d'Est le matin et S-E le soir.
un petit
échafaudage pour nous
Nous montons
réparer
une
partie du toit
en
permettre de
feuilles de cocotiers qui laisse filtrer
l'eau.
Nous descendons
commencé à
nos
chandelles du
les'grignoter. Travail
au
grenier: les rats avaient
jardin. Nous trouvons du
—
233
—
pourpier indigène qu'ils nomment "aturi"1 (i). Nuit sans incident;
.
-
■.
,
■■
.
V
(2 mars).
Vent du Sud. Temps serein. Les indigènes comme suite aux
ordres donnés par Taytoa nous apportent quatre paniérs de 'Ba¬
nanes mûres. Nous pilons du verre et le mélangeons à une pâte'
de farine pour tuer les rats. Pas de pluie ici, mais il a dû pleuvoir
beaucoup dans le Sud de l'île. Nuit sans incident-.
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Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 30