B98735210103_020.pdf
- Texte
-
cEEl
Bulletin
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Société
la
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des
II
3El
ÉTUDES OCÉANIENNES
20.
N0
AOUT
Anthropologie
Histoire
—
des
—
1027
Ethnologie
Institutions
et
—
Philologie.
Antiquités
populations maories.
Littérature -et Folkl ore.
mm
Astronomie
—
Océanographie
—
Sciences naturelles
Tourisme.
;
IMPRIMERIE
W;
DU
GOUVERNEMENT
ft PAPEETE
(TAHITI)
©
U
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réservé ses droits, peuvent être traduits et reproduits
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qui, quittant Tahiti s'y intéressent quand même.
TOUS CEUX
DE LA
SOCIÉTÉ
OCÉANIENNES
D'ÉTUDES
(POLYNÉSIE
ORIENTALE)
i-*rî
IV" 20.
-
AOUT
1927
S03VLDVL_A_XI2/S
Pages
Histoire.
I. Fakahina.
et
Etudes par le Rd. P. Hervé
Audran (suite
fin )
251
II. Notes et commentaires sur le
etc, etc, par Mme
PU, Attributs royaux
Marau Taaroa Salmon
260
Folk-lore.
I. Inventaire des Monuments
sion des Monuments)
II.' Danses, Chants et
E. R
historiques (Commis¬
272
Costumes anciens au 14 Juillet
277
Ichtyologie.
les photographies
D., Sc., D
278
grand nombre.de poissons de
I. Nos poissons d'eau douce d'après
du Professeur Johs Scmidt. Ph.
II. Nomenclature d'un
Tahiti avec leurs noms
par
tahitiens et scientifiques
280
M. Chas. Nordhoff
Pisciculture.
>
1
Essai d'introduction à Tahiti de la
truite Arc-en-ciel.
283
(Le Comité)
Musée.
285
285
Livre des Visiteurs
Les Tikis de la Fécondité
Programne.
2me
286
Fête du Folk-Lore Tahitien
Société des
Études
Océaniennes
Le Bureau de la Société
accepte l'impression de tous les articles
qui paraissent dans le BULLETIN, mais cela n'implique pas qu'il
épouse les théories qui y sont exposées, ou qu'il fait siens les com¬
mentaires et les assertions des divers auteurs qui, seuls, en
prennent toute la responsabilité.
Aux lecteurs de
former leur appréciation.
La Rédaction.
Société des
Études
Océaniennes
HISTOIRE
FAKAHIÏÏA
Etudes par
V.
—
le Rd. P. Hervé AUDRAN.
(suite et fin).
Voyages célèbres des Niahiens.
cause de beaucoup d'émigrations polynésiennes et de voya¬
d'une île à une autre fut sans doute des querelles suscitées
pour des histoires de femmes. C'est le cas de Marere et de bien
La
ges
d'autres
comme
lui.
— Il eut des relations dans cette île avec Tekopuheiariki, femme de sang royal ; de ces relations naquirent
deux enfants qui furent appelés, Tefakahira et Tuteraginui. A sa
naissance, selon une antique coutume de la noblesse du pays,
i"
sa
—
MARERE ;
mère exalta
son
fils dans
un
chant nouveau, dont on cite en¬
paroles suivantes " Nafea vau o Tekopueiariki toku arid'entendre un pareil langage dans la bouche de
sa femme, de dépit, sans doute, d'être trompé sur la qualité de
son épouse, Marere monta sur sa pirogue et s'enfuit à Takume.
Là, il s'unit à une autre femme du nom de Tepogi, dont il eut
également trois enfants : Puraga. Tetaukupu et Tefau. Mais, pour
un motif semblable au précédent, il la quitta et s'embarqua de
nouveau et vint à Fangatau. où il se lia avec une troisième appe¬
lée Mahuru, dont il eut aussi un enfant nommé Varoa.
2°
TEHU
Cet homme est resté célèbre à Fakahina non
seulement pour avoir effectué de nombreux et lointains voya¬
ges de circumnavigation, mais principalement pour avoir doté
son pays d'arbres fruitiers et de plantes alimentaires. C'est lui,
en effet,
qui au retour d'un de ses déplacements à bord de son
Takan ", importa dans cette île, le cocotier, le taro, le ape, etc...
A ce titre, il est devenu le grand bienfaiteur de ses compatriotes :
aussi son nom restera à jamais, gravé dans leur mémoire.
3° — TEFAKAHIRA ; Héritier, sans doute, des qualités de son
père Marere, et surtout de son goût pour de longs et périlleux
voyages, Tefakahira parcourut à son tour l'archipel et visita Takoto, Reao, Hao, sans compter bien d'autres îles, dont' les noms
ont été perdus. A Hao, il donna naissance à un enfant, qui fut
core
les
ki". Interloqué
—
"
—
252
—
nommé Temauri. Son
enfant
père
—
en rentrant
à
son pays, emmena
cet
lui.
avec
TEMAURI; —Après avoir grandi à Fakahina, pris de
des aventures, il suivit l'exemple de son
pére et partit. Il toucha d'abord à Marokau, où il eut. dit-on, trois
femmes: Takua, Veromatautiru et Tarapureariki. De là, il s'en
alla à Hao, où il connut Gahina.
5° — FARIUA — Celui-ci s'embarqua aussi, dit la tradition, et
s'en alla jusqu'à Vairatea. C'était un colosse ; il hissa son bateau
sur le sable et aide de son
équipage, il tua tous les habitants de
l'île. C'est sans doute pour se venger de ce massacre que les ha¬
bitants des îles voisines s'allièrent et montés sur
7 bateaux, vin¬
rent lui faire
laguerre. Maisil les vainquit et les tua presquetous.
Son vieux père était venu avec lui ; il avait eu soin de l'abriter
dans les racines d'un pandanus, et lui avait recommandé de ne
pas sortir de cette cachette. Mais le pauvre vieux, ayant ouï dire
que sop fils clairsemait les rangs des ennemis, saisi de compas¬
sion, ou je ne sais de quel sentiment, sortit de son trou. Mal
lui en prit. Quelques ennemis, échappés à Fariua, le rencontrè¬
rent par hasard, le saisirent et le tuèrent sans
pitié. Fariua,: ayant
appris la mort de son père qu'il chérissait, se rendit auprès du
cadavre tout sanglant et encore chaud, et dans Sa douleur s'etendit tout de son long sur lui pour le pleurer. Ses ennemis
profitè¬
rent de cette occasion et de cette
posture, où l'avait mis son
affolement, pour le tuer à son tour.
4°
—
l'attrait des voyages et
6°
MARUAKE
Ce navigateur est plus moderne. Il alla à
Takoto, où il prit la femme de Porotu, voulut l'enlever et l'em¬
mener avec lui à
Fakahina, où ailleurs. Porotu indigné, lui abî¬
ma
—
—
la tête. Il revint dans cet état à Fakahina et à force de remè¬
des et de
lavages, (on cite trois puits ou trous d'eau où il se la¬
vait fréquemment : " Te vai marigi, te vai totomea te tamanu
"),
il réussit à guérir sa tête à moitié fracassée. Naturellement, une
idée fixe
le
quittait plus ; venger sa blessure en tuant son enneTakume et Rairoa chercher du renfort et de là,
revint à Takoto. II y massacra
beaucoup d'habitants et entre-au¬
tres Porotu, s'empara de sa femme et revint avec elle à Fakahina.
mi. Il
ne
partit
vers
Voici la liste des
noms
i°
PO.
ont
—
—
plus célèbres pirogues des Niuhiens dont les
passé à la postérité, grâce à leurs exploits :
PUATENUKUROA.
4°— MARAMA.
—
—
20
5°
-r
—
TEVAITAU.
TUPOU.
—
—
6°
3°
—
— HOUTAKAU,
,
—"253
—
dont le capitaine était le célèbre Tehu (i).
avail pour capitaine patron, le nommé
HEKO — TERATEMARO — TEPIRI.
VI.
I,—Le
encore
—
70 — TEKORO, qui
Teata. 8°— TORONA —
Premiers visiteurs de Fakahina.
aperçu à Niuhi et dont la tradition garde
venait des Marquises. C'était un "pahi"
premier " pahi "
la
souvenance
Nuku-Hiva, disent les indigènes. On rapporte qu'une seule
et vint à terre : c'était une femme.
propositions furent aussitôt émi¬
ses à son sujet; l'une, la tuer ; l'autre, l'épargner. C'est à cette
dernière qu'on s'en tint ; elle eut donc la vie sauve. Quelques
jours après ses parents vinrent la chercher et on la laissa rega¬
de
personne à bord se jeta à la nage
Elle s'appelait MAHURU. Deux
gner son bateau.
II. — Le sort ne fut pas aussi favorable au "pahi" pomotu,
monté par Manavarere. Celui-ci venait de l'Ouest. Tout l'équipa¬
ge, sans exception, et il était nombreux — 50 hommes, paraît-il,
fut massacré et décapité. Les corps furent ensevelis dans le marae
Katipa, situé du côté du large et leurs têtes furent cachées
marae d'Oromea, non loin du lagon. " Ua taparu hia rato uta". (Ils furent attirés par ceux de l'île.)
de
dans le
tou
e
Cette exécution eut lieu
sur
l'ordre de TERAGIEIKAPU, Chef
époque, il dirigea l'opération en personne. Ce Manavarere,
était, non seulement, un capitaine expérimenté, mais aussi un
homme puissant, un athlète détaillé à lutter avec son adversaire
Teragieikapu. On eut d'ailleurs toutes les peines du monde à le
saisir. Il paraît, que lorsque il était sur le point d'être pris du
côté de la haute mer, d'un bond formidable, il se retrouvait au
bord du lagon et ainsi du lagon au large. Cependant, à la fin, il
fut saisi par son " maro " et ligoté. On l'attacha solidement à une
grosse pierre située dans un petit lac"nakana", et on essaya,
à cette
(1) D'après une ancienne et constante tradition, c'est TEHU, fils de Tetalioa
qui dans un de ses voyages à Tahiti, ou dans les îles de l'Ouest sur
son fameux "
pahi", " Takau", apporta les premiers cocos, les taros et les
ape à Fakahina. Il perdit même son ancre, une grosse pierre lourde et plate,
percée au milieu, en formé de meule, sur le rivage de Fakahina.
Cette pierre curieuse se trouve incrustée aujourd'hui dans le corail qui l'a
presque enveloppée.
De TEHU, à notre époque on compte six générations d'hommes, or, en ac¬
cordant une moyenne de 30 ans à chaque génération, ces faits se seraient
passés il y a 180 ans.
et Teahio
254
—
—
mais
en vain, de le tuer, Chaque matin, ses ennemis allaient voir
s'il n'était pas mort. Et chaque fois, ils le trouvaient respirant
encore. Un beau jour, il leur dit : " Aita vau i higa ia koutou, te
tagata ra i higa vau iana o te tagata i tapu i toku gogo pito naku
i tapu ". (Vous ne me ferez pas mourir, si ce n'est qu'en me cou¬
pant le nombril) — expression qui équivaut, dans ce langage,
à dire
qu'il était lui-même de Fakahina.
pourquoi, il fut alors épargné. Par la suite, il devint père
d'une nombreuse lignée, qui compte déjà dix générations à l'heu¬
C'est
actuelle.
re
Un
semblable s'est
présenté pour Takahi.
Fangatau. Comme lesFakahiniens et les
indigènes de Fangatau étaient parents; ceux-ci ne furent nulle¬
cas
III.
—
Pahi venant de
ment molestés:
au
contraire, ils furent bien accueillis.
VII.
—
Voyages de Paiore.
La
première visite de Paiore, régent des îles Tuamotu, avait
but d'amener les peuplades de l'Est à la civilisation. Dans
sa première visite, le régent Paiore, fut bien reçu à Fakahina.
Il rassembla la population et séjourna deux ou trois jours parmi
elle. Il y donna des réjouissances canaques et s'en alla enchanté
pour
de
sa
visite.
Deuxième visite de Paiore
en
i860.
La deuxième visite du
régent Paiore fut tragique. Son équipage
composé de dix ou onze hommes recueillis un peu partout,
il y maintenait un représentant de toutes les îles qu'il domi¬
était
car
nait.
Cette fois, à rencontre de
qu'il fit à l'occasion de sa première
descendit pas à terre, mais il permit, ou mê¬
me il ordonna à sept de ses hommes de débarquer. C'était une
imprudence et en même temps une grave erreur, dont sûrement
il se rendit compte après coup, mais trop tard. De ces sept hom¬
mes, six furent tués. C'est sous les yeux de Paiore lui-mêmeque
ses matelots furent poursuivis, saisis et exécutés, l'un après l'au¬
tournée, Paiore
tre
sur
i°
2°
—
—
30
—
40
—
50
6°
—
—
ce
ne
le récif. Voici leurs
noms
et le lieu de leur
TAPAHIHA de Fakarava.
MAHIRI de Makemo.
TAUMATA de Taenga.
TUATA de Nihiru.
TEHEI de Takoto.
TAHORO de Reao.
ciété des
Études
Océaniennes
origine:
—
2&S
—
Le
septième était TURIA de Makemo. Il se sauva, grâce à l'agi¬
ses jambes. Par une course folle, " gake", et en jetant sa
veste et son chapeau à l'adversaire qui le poursuivait, il réussit
à mettre de l'espace entre lui et l'ennemi et à rejoindre à la nage,
le côtre de Paiore. C'est lui qui confirma à Paiore la scène san¬
glante, avec toute l'horreur de ses détails.
Un historien a avancé que les habitants de Fakahina assassi¬
nèrent traîtreusement les hommes de Paiore et que ceux-ci péri¬
rent victimes de leur confiance dans des gens de même race.
(Voir histoire de la Polynésie orientale, page 389). Mais les véri¬
lité Je
tables
causes
de
ce massacre
sont les suivantes:
Insolence, arrogance et provocation des matelots de Pai¬
ore. Ils débarquèrent à l'Ouest, armés de leurs harpons et de tous
leurs instruments de pêche. De là, ils se rendirent par terre au
village situé dans la partie S. E. de l'île. En traversant le " hoa",
Tearia, ils lançaient leurs harpons en simulant la poursuite d'un
i°
—
ennemi
guerre. Arrivés sur la berge où les attendait la paci¬
fique population de l'île, au lieu d'échanger les saluts respec¬
tueux habituels en ces circonstances, ils saisirent brusquement
en
les mains des naturels avec un air de dédain, les tiraient, les se¬
couaient avec insolence en répétant " aita e faufau".
Ces matelots
profanèrent le grand marae Varokia, situé
village et poussèrent même l'impudencejusqu'à vouloir le dé¬
molir, malgré l'attitude passive, mais déjà pleine de courroux de
cette population encore païenne. Moins que cela eut suffit en
d'autres temps à provoquer un conflit.
30 — De propos délibéré, ils faillirent provoquer la mort d'un
jeune homme du nom de Kamake, qui s'amusait innocemment
à une balançoire. Ils s'approchèrent de lui, saisirent la corde de
sa
balançoire et le lancèrent avec une telle violence qu'il tomba
brusquement par terre et faillit perdre la vie dans cette chute
20
—
au
malheureuse.
4° — Enfin, la cause finale qui acheva d'exaspérer la population
déjà surexcitée par la tenue malveillante de ces soi-disant pacifi¬
cateurs, fut la tentative de séduction sur les femmes. Quand les
Fakahiniens virent les gens de Paiore essayer de s'emparer de
leurs femmes, ils ne se continrent plus, et par un accord tacite,
ils coururent sus à ces civilisateurs d'un nouveau genre, les cap¬
turèrent et les massacrèrent sur le récif, avant qu'ils eussent le
temps de se jeter à l'eau pour rejoindre leur capitaine. C'était le'
20 septembre i860.
—
2o6
—
Paiore, sur ces faits, au lieu de continuer sa tournée de pacifi¬
cation dans l'Est, comme c'était son intention, retourna à Tahiti.
Dans les terres où il toucha à son retour, il annonça le massacre
de
ses
hommes, mais
en
ayant soin de cacher le
nom
de l'île où
faits s'etaient déroulés. 11
épargna ainsi la vie de beaucoup
de Fakahiniens émigrés, pai fois en nombre, dans les îles du
grou¬
pe de l'Ouest. S'il avait eu le malheur de faire connaître lors de
son passage, l'île qui avait été le théâtre de ce
carnage, à coup sûr;
de suite et sans autre explication, les gens de Makemo, de Taemga, de Nihiru, de Fakarava, auraient pris leur revanche sur les Fa-r
kahiniens en séjour chez eux et auraient peut-être même orga¬
nisé une expédition guerrière contre Fakahina.
Arrivé à Tahiti, Paiore fit son rapport à l'Administration, avec
force détails sur le malheur qui avait frappé son
équipage.
ces
Aussitôt, dans une proclamation datée du Ier décembre 1860-,
Richerie, Commandant des Etablissements français
de l'Océani'e et Commissaire impérial, de concert avec le
gouver¬
nement du Protectorat, déclara qu'une corvette à
vapeur, le "Cas¬
sini", sous le commandement de M. Lejeune, Capitaine de fré¬
gate, irait visiter incessamment plusieurs îles Tuamotu et que,
outre un détachement de fusiliers marins, ce navire
prendrait à
son bord, le plus possible de guerriers de cet
archipel, afin d'aller
punir les habitants de Fakahina.
L'expédition eut lieu en eftet. Le " Cassini", arrivé en face de
Fakahina, contourna l'île par le Nord. Le Commandant avait fait,
en cours de route, cette recommandation aux volontaires
indigè¬
nes. « Dans cette expedition, vous devez surtout vous attacher à
faire ressortir les qualités que vous avez reçues des peuples civi¬
lises. La passion de la vengeance ne devra pas
vous dominer,
vous ne chercherez qu'à faire des
prisonniers, afin qu'ils soient
jugés, conformément aux lois ». (Proclamation de M. E. G. de
M. E. G. delà
la Richerie du Ier décembre i860).
Mais aucune mesure préventive n'avait été prise à bord du
Cassini", pour empêcher les guerriers indigènes de se jeter à
la mer, avant le moment propice. Ceux-ci, sans attendre le
signal,
avides de vengeance, tandis que le vapeur était encore en mar¬
"
che à petite vitesse, se lancèrent à l'eau avec toutes leurs armes
de guerre : harpons, couteaux, haches, etc... Ils eurent vite fait
de gagner à la nage la terre ferme, et atterrirent dans la
Nord de
l'île,
situé dans le
comme
Sud-Est,
il vient d'être dit. Pour
ces
se
guerriers Paumotu
partie
village
partagèrent:en
rendre
se
au
—
287
—
deux groupes. Les uns s'y rendirent par " gake
l'Est, les autres par l'Ouest et par " kereteki",
c'est-à-dire
par
le Sud. Leur ex¬
pédition ressemblait plutôt à une espèce de battue de bêtes fau¬
ves. En même temps que le vapeur stoppait en face de Okikakika,
nom du village de Fakahina, les guerriers,
qui avaient abordé
dans la partie opposée, arrivaient en débouchant de part et d'au¬
tre, Mais les Fakahiniens, dès qu'ils aperçurent le vapeur, n'eu¬
rent aucun doute sur le but de son voyage. Comme ils ne pou¬
vaient lutter avec avantage, ni offrir une résistance sérieuse, ils
décidèrent que le meilleur, le seul parti d'ailleurs à prendre, était
de s'enfuir et de mettre ainsi de la distance entre
eux et leurs
adversaires. Ce n'était certes pas mal jugé de leur part.
Ils gagnèrent donc tous, sans exception, un îlot nommé Ka-
ravari
(Calvaire). Mais dans leur fuite précipitée ils eurent l'im¬
prudence d'abandonner plusieurs de leurs pirogues au villageet
sur le bord du lagon. C'était une bonne aubaine
pour l'ennemi.
Les nouveaux venus s'en emparèrent et s'en servirent pour cer¬
ner cette
population réfugiée dans l'îlot et sans défense aucune.
La plupart des gens de Fakahina, intimidés, ne tentèrent pas la
moindre résistance. Seuls, deux ou trois hommes postés sur des
marahi", en avant de l'îlot, face à l'ennemi, essayèrent de lut¬
ter quelques instants. Il s'en suivit un corps à corps dans l'eau,
puis une lutte sanglante à coups de couteaux et de harpons. Des
coups de fusil, tirés sur l'îlot tuèrent aussi deux ou trois indigè¬
nes. La bataille
terminée, les Fakahiniens n'avaient en somme à
déplorer que six pertes, dont voici les noms:
"
TEFAU
et
-
TEATA
enfin, PUGA,
un
de nombreux
—
MARO
—
MAMAKEHU
—
TEREHU—
^es célèbres " Aito", de Fakahina qui, après
pugilats avec ses adversaires, tomba à son tour
frappé d'un coup de couteau par NOHORAI de Makemo, àidéde
TEMAUNU de Marokau.
Puga était déjà étendu
vie quand les marins descendirent
Voyant qu'il n'y
avait plus rien à tenter, les Fakahiniens se rendirent à discrétion.
La population fut embarquée à bord du " Cassini", et expatriée..
Au retour, en passant à Fakarava, première île où toucha le vapeur, on débarqua une partie des femmes et des enfants ; les au¬
à terre et arrivèrent
sur
sans
le théâtre de la lutte.
tres furent ensuite laissés à Anaa. Tous les hommes
d'âge, mûr
furent conduits à Tahiti pour être jugés. De ce nombre étaient
MARUAKE, sensément chef de Fakahina, MEREURU, TUGA-
RUE, FARILJA, TUANI, MATAVAI, TEAGI, TEFAKAHIRA,
—
258
—
PAEA, KANAKE, MARERE, TU, TETOHU, (c'est lui qui
pour-
suivait autrefois
Turi, et qui, satisfait du chapeau et de l'habit
que lui jeta celui-ci, le laissa s'échapper ou l'aida peut-être même
à le faire) MAOAKE, AROA, TA1TEARI1, HAUI, KEMA
Cette liste extraite de " L'histoire de la Polynésie Orientale", a
été complètement corrigée, car sur 20 noms
qu'elle contient, 7
y sont mal orthographiés; 2 noms inconnus à Fakahina — TEANO et NIURURU, n'y sont pas inclus pour ce motif.
Les prisonniers furent interrogés, mais leur culpabilité n'était
pas suffisamment prouvée, aussi on les gracia tous.
On leur fit toutefois de bonnes remontrances et
on
les engagea
à
changer leurs mœurs et à imiter les habitants des autres îles,
déjà à demi-civilisés; on leur donna également de bons conseils
et des encouragements pour développer
les plantations dans leur
île. Ils furent ensuite
congédiés.
AUUEXE
Chanson de
I.
—
geste dn roi Mahinui Tetauira du pays de Fakahina
Faatara
no
te Ariki
o
Mahinui Tetauira.
Mahinui Tetauira
naquit dans la nuit des temps.
Niuhi, l'île convoitée d'où le ciel vient en découvrant les assises
de la terre.
Cependant que résonnait le tambour en coups doubles, Mapuna
s'égara chez Rogo.
Je la vois plonger dans la mer, nager jusqu'à la mer bleue et pro¬
fonde, puis dans la mer sans limite.
Mais elle revint tomber à terre. La base de l'île se découvre.
Le roc tremble.
Belle en partant, jolie au retour.
—
Devant
Rogo,
un
kura et
un
moho semblent retenus par un fil
tressé.
Mais le sort de
Le kuriri
passe ;
roi.
Une de
Manogi est jeté. Renversée, elle était tentante.
plaintif avait repris son vol. Il chante à la grande
il chante aussi à la limite de Vavau et alors naquit ce
au
cri
arènes
s'appelle Kupakupa. L'autre se trouve près
Maragai à Kokeka. — A l'époque où MariTagaroa se tenait debout sur le dos du ciel, naquit ce roi.
mes
de l'eau courante de
—
289
—
Quand Mahia délivra les " Nuku varovaro" et les " Nuku NauMaroro", naquit ce roi
Lorsque Mapuhia se réveilla et qu'arriva un " taketake", (une
mouette) de Hiva (les îles Marquises), naquit ce roi.
Lorsque le héron qui vole, saisit le maro (ceinture royale), en face
de Hau, naquit ce roi. Mahinui Tetauira.
Lorsque Mahinui Tetauira vint au monde, il s'appuya en face de
Rogo, quand gronda son ventre.
Face en arrière ; face en avant ; Vive la trompe ! Vive le tambour
et le rauvaka !
Que tout le peuple répète à l'unisson, en remplissant le ciel de
ses clameurs de joie. Vive le roi ! Vive l'esprit du roi Mahinui
Tetauira.
II.
—
Chanson de Maruake
(Faatara
no
Maruake).
Roi et
grand roi même, qui n'a pas craint les provocations de
Rogo.
Disons le fait. Il a été renversé. Mais voici la jeune fille, la vaillante
parmi les vaillantes, " Tehetu ma te Marama ", (l'Etoile avec la
Lune). Oui! voici la jeune fille, la guerrière par excellence. A
son approche, s'élevèrent discours sur discours. Voici la jeune
fille, la brave des braves, issue d'humble famille. Oui ! voici
cette jeune fille, cette grande guerrière ! Elle s'appelle Havaiki.
—
Oui ! Havaiki.
renversée
bas.
—
Havaiki renversée
en
l'air.
—
Havaiki
Approchez et contemplez avec allégresse
et admiration l'apparition de l'enfant. —Oui! approchez et
contemplez avec admiration !
Possédant, dans la famille, le " maro " royal, (i) depuis des géné¬
rations en générations, il est né Roi.
en
—
(i). — Le " maro ", (sorte de ceinture), était le signe distinctif des rois et
prêtres dans le temps du paganisme.
des
—
260
—
ET
HÏSTOÏHE
Quelques commentaires
J'ai lu dans le n° 11 du Bulletin des Etudes Océaniennes, un
signé de Monsieur Ahnne qui a frappé mon attention
parce qu'il contient des choses en contradiction avec ce que
l'on m'a enseigné dès mon enfance.
Le milieu où j'ai été élevée m'a, par
privilège, mis souvent en
article
contact
avec
des assemblées de femmes et d'hommes
distingués
par leur haute culture tahitienne.
Avant tout, je tiens à déclarer que je ne,voudrais en quoi que
ce soit blesser la mémoire du Rd. Orsmond
qui n'a laissé que
de bons souvenirs comme missionnaire dans ces îles. Si je
dis¬
cute certaines
interprétations rapportées dans l'article "PU"
c'est pour rétablir la vérité historique.
Il faut admettre qu'il existe des nuances de la
langue
tienne qui peuvent échapper à la compréhension d'un
tahi¬
étranger
de cette
époque et même de l'époque actuelle.
en
question traite d'une coutume qu'il appelle iePii"
qui consistait en ce que les noms des Rois, des Chefs et des
Notables étaient sacrés et qu'ils ne devaient point être imités,
encore moins
appliqués à quelque personne ou quelque objet que
ce soit. Même les syllabes
composant ces noms devenaient sa¬
crées et ne pouvaient plus être employées par le
vulgaire. Or,
comme à de
fréquentes occasions, et sous les prétextes les plus
futiles, les puissants du jour changeaient de nom, il s'ensuivait
qu'une quantité de mots devenaient inutilisables et entraînaient
L'article
des modifications dans le vocabulaire tahitien. Monsieur Ahnne
dit qu'on ne plaisantait pas en ce
temps là avec ceux qui violaient
la défense et commettaient un lapsus
linguae. La mort seule pou¬
vait punir un pareil "forfait" d'où le dicton tahitien " Te taata i
hape i te
reo ra o te ohureura ia tona ioa tera te auraa o te ohureetapu ia". Ce qui veut dire : Celui qui fait une faute (d'après
lé Pii) sera appelé Anus
Rouge, c'est-à-dire qu'il devient une vicr
time pour les dieux, et l'article continué de nous dire
que c'est
surtout à l'époque de Pomare
ierque la coutume ''Piisemble
avoir été en honneur, mais qu'elle déclina quand le roi embrassa
le christianisme. En terminant il nous cite
quelques noms alté¬
rés par la coutume du " Pii ".
ura
—
261
—
Or voici la vérité
historique et traditionnelle:
d'autres pays, grands et petits, avait ses lois,
ses institutions et ses particularités.
Ces lois semblaient parfois sévères et sans fondement. Elles,
avaient en fait pour but la protection et la conservation de la pro¬
priété privée et des titres nobiliaires. Il ne faut pas non plus ima¬
giner que changer un nom ou modifier un mot se faisait à la lé¬
gère. Ces questions étaient proposées et discutées d'abord dans
le conseil de la famille royale, lequel examinait
l'opportunité de
la mesure. Cette question était ensuite transmise à un Conseil
suprême composé de trois membres, savoir : le roi, le arii, du
Hiva (la garde royale) qui était un Prince, chef d'armée, etc., le
tahua ou le grancLprêtre qui portait le nom de Teao (la
lumière).
Ce Conseil rejetait la mesure ou
l'homologuait. Cette décision si
elle était homologuée, était ensuite consacrée sur le " m.arae",
et devenait par l'effet de cette cérémonie une loi qui s'imposait
Tahiti,
comme
à tous.
On voit ainsi
quel formalisme rigoureux présidait à cette insti¬
réglementait.
La coutume que l'article appelle "Pii ", est en réalité une vé¬
ritable institution et ne peut pas être représentée en tahitien par
le mot" Pii", mais plus exactement par les expressions
ancien¬
nes: Mairi raa ioa, Topa raa'ioa, Unuhi
raa ioa. Elle consis¬
te à attribuer exclusivement un nom ou à en supprimer un et de¬
vrait à mon sens, se traduire plus exactement en français par l'ex¬
pression:" Attribution sacrée d'un nom " ou mieux" Consécra¬
tion du nom". Elle avait lieu sur le"marae". Cependant que lè'
mot " pii", est en réalité employé
pour interpeller quelqu'un avec
l'idée de faire venir à soi la personne interpellée. "Pii", ne veut
donc pas dire proclamer, ni crier dans le sens où semble
l'indiquer
M. Àhnne. Il est sans doute exact que ces consécrations ou attri¬
butions sacrées des noms étaient proclamées par des messagersqui portaient ces consécrations de noms à la connaissance de la
population. Il est vrai encore que ces proclamations donnaient
le caractère exécutoire à ces
régies. Mais ce n'est pas le mot " pii ",
qui peut traduire, non plus ce fait de la proclamation qui corres¬
pondait en quelque sorte, par ce moyen de publicité, à ce que l'on
désigne en français sous l'expression plus juridique de promul¬
tution et la
;
gation'.'
:Si l'on cherche
tien. pour
une expression rapprochée plus idoine en tahi¬
traduire:cette.formalité de la proclamation il faudrait
.
—
dire " parau
clamé.
Je ferai
262
—
poro" proclamation ou "
ua poro
hia
il
a
été
pro¬
les noms des
mais non pas
ceux des notables qui ne faisaient pas partie du cadre des princes
dont les noms seuls jouissaient de ce privilège supérieur.
M. Ahnne, d'autre part, nous parle de l'anus rouge et d'un
lapsus linguae. Qu'entend-il par là ?
11 ne nous l'explique pas: Or le supplice de l'anus rouge, s'il
s'agit du vulgaire empalement, a été pratiqué à peu près dans
tous les pays du monde et nous pourrions le traduire par " Ohure
popou oaha", et " matatuia". Ce supplice était réservé spéciale¬
ment aux vaincus de guerre et non, comme on pourrait le com¬
prendre, d'après l'article "pii", à titre de châtiment ordinaire,
s'appliquant à toutes sortes de cas.
rois et
remarquer que, d'après nos traditions,
de huiarii (les princes) étaient sacrés,
ceux
La punition infligée pour un lapsus linguae, tel que je com¬
prends le mot, était le supplice appelé le " boi-pu", qui consistait
dans l'obligation de réciter exactement un certain nombre de fois,
sans se tromper, cent fois ou plus, les noms consacrés. Si on
faisait une faute dans la récitation du "hoi-pu", le délinquant
était puni par l'enlèvement d'un œil ou des deux. Les yeux de
la victime étaient offerts à l'arii dont le nom avait été injurié par
l'emploi des syllabes prohibées.
C'est de ce suppliceque vient le nom de"Aimata" qui veut dire
droit de manger l'œil. On trouve encore devant le marae de Nuuroa une
grande table de pierre dans laquelle sont alignés les trous
du " hoi-pu ".
Il n'est pas exact, non
"Pii",
plus, de dire,
comme
l'indique l'article
cette institution des noms consacrés a été plus par¬
ticulièrement en honneur du temps de Pomare premier. Elle
que
existait dans toute
sa
cession des Pomare à la
force de nombreuses années avant l'ac¬
suprématie politique de Tahiti. Elle s'est
également perpétuée jusqu'au commencement du règne de ce¬
lui des Pomare que la chronologie historique nous désigne sous
le nom de Pomare 111, mais qui n'était en réalité que le deuxième
de la dynastie royale, comme nous allons le voir. La suppression
de l'institution des noms consacrés n'est point le résultat de la
conversion d'un des Pomare, mais bien celui de l'influence des
missionnaires qui, profitant du jeune âge de Pomare, deuxième
de la dynastie, classé sous le nom de Pomare III, et qui était un
—
enfant débile et
263
—
malade, s'immiscèrent dans les affaires publi¬
ques.
Les missionnaires
ne se sont pas rendus
compte d'ailleurs que
suppression de ces lois comportait de graves conséquences
parce qu'elle entraînait avec l'expropriation des titres, celle des
la
biens.
Cette institution n'existe
plus aujourd'hui qu'à l'état de
sou¬
venir et, toute question de préséance mise à part, eu égard à
l'évolution des mœurs, il est permis de la regretter, au moins,
au seul point de vue de la reconstitution de l'arbre
généalogique
des ancêtres. Elle
permettait en effet de suivre sur le marae, la
généalogie des grandes familles qui se perd de plus en plus et
qui est cependant fort importante, encore aujourd'hui, pour l'ap¬
plication des règles de dévolution successorale, lorsqu'il s'agit
de remonter à l'origine de propriété des biens.
A un autre point de vue et pour ceux qui connaissent bien
l'histoire, ce serait commettre une erreur de croire que celui que
désigne communément sous le nom de Pomare Ier fut le pre¬
mier roi delà dynastie des Pomare. Il n'en fut que la souche. En
réalité, fils de Teu, il était le chef de Pare et d'Arue. 11 se faisait
aussi appeler Vairaatoa ou Tu. Mais l'ère de la dynastie royale
ne s'ouvrit
qu'après la bataille du Feipi en mai 1815 dans la per¬
sonne de son fils, Tu (même nom que lui), qu'on appela Poma¬
re II, mais qui fut le premier roi de la
dynastie. Choisi par les
missionnaires protestants et les matelots du " Bounty", qui grâ¬
ce à l'emploi des armes à feu dont ils disposaient, remportèrent
une victoire facile après le meurtre de
Opuhara^, grand chef de
Tahiti et du paganisme, il accepta d'être baptisé. 11 régna de 1815
à 1821, soit six années. Encore ne fut-il pas reconnu, par l'île toute
entière de Tahiti, ce qui prouve bien qu'il n'était pas en situation
de changer les lois.
duant à estimer, bien que chrétien, que ce fut lui qui aurait
consenti une capitulation quelconque de ses prérogatives royales
ou princières, c'est bien peu connaître
son caractère. Jaloux de son
autorité jusqu'à la brutalité, il n'aurait pas au lendemain de son
accession au pouvoir suprême, inauguré sa victoire par la sup¬
pression de cette prérogative si spéciale et si élevée de la consé¬
l'on
cration des
noms.
Comme preuve irréfutable de ce
prince et de son attachement à ses
l'anecdote suivante :
qui nous est rapporté sur ce
prérogatives royales, citons
—
se
264
—
En effet, il essaya malgré le christianisme et son baptême de
faire consacrer roi (Arii Nui) sur le marae de Maraetaata Ate-
huru et de ceindre le maroura, ce
qui du point de vue païen
pour être roi dans ces
îles. Comme il ne possédait pas un marae de cette distinction
dans le district d'Arue dont il était chef, il exprima le désir de
monter sur celui de Atehuru (Maraetaata) à Paea, devenu sacré
à cause de l'image du dieu Oro qui y avait été déposée. Mais, il
fut repoussé par les gardiens qui lui dirent: « Voire nouveau
rang même ne vous donne pas place sur ce marae, ni droit au
maroura ». Furieux, Tu leur répondit: Sachez que dès aujour¬
d'hui je m'appelle "Tunui-e-aa-ite-Atua-ite-unu-ma-te-rai" (Le
Grand Consacré qui se mesure aux dieux du sommet des cieux)
et il donna immédiatement l'ordre de transporter à Tautira l'i¬
mage de Oro.
Au sujet du changement de nom de Tu, fils de Teu, en celui
de Pomare que porta le premier ce nom. ce changement a eu lieu
non pas comme il est dit dans l'article "Pii" pour commémorer
une nuit où Tu avait
beaucoup toussé, fait banal, mais bien pour
commémorer un événement plus important, la mort de son fils
préféré Teriinavahoroa dit "Teina iti" mort phtisique et emporté
en une nuit dans un accès de toux. C'est
pour des raisons ana¬
logues que ce même Tu prit premièrement le nom de Vairaatoa
pour commémorer la mort de sa fille appelée aussi "Teriinavaharoa", morte pendant une inondation où l'on fut obligé de
transporter le corps de cette Princesse sur un pied de Toa. Pour
cette raison encore que le mot Toa est devenu "Aito", comme
Po est devenu : "rui" et mare : "hota", à cause du nom de Po¬
était la seule cérémonie de consécration
mare.
Nous
venons
de voir comment il
fallait, à notre sens, entendre
frappes les noms consacrés pour l'appel¬
grands chefs et que l'on a à tort, selon nous,
l'exclusive dont étaient
lation des rois et des
dénommée coutume du "Pii". Nous
mis
également à con¬
au sujet de
l'ordre des Pomare dans l'échelle de la dynastie et au sujet de la
très petite influence qu'exerça en fait le christianisme au début de
l'accession au pouvoir des premiers Pomare relativement à la
renonciation, aux prérogatives jalousement gardées des grandes
avons
tribution notre connaissance des choses d'autrefois
familles.
Un peu de philologie complétera cette documentation prise aux
mêmes de l'histoire et en fera comprendre la portée.
sources
26o
—
—
à des questions qui pour¬
paraître entachées d'un certain personnalisme, c'est qu'au¬
trefois la famille à laquelle j'appartiens fut notoire dans l'île.
Si d'aventure, il m'arrive de toucher
raient
C'est parce que cette famille a ses racines profondes dans le passé
de Tahiti et qu'en faisant preuve de trop d'humilité, je trahirais
par là même, la cause historique que je soutiens.
L'article intitulé "PU" nous donne une liste de mots altérés ou
primitif, par la coutume dite "Pu". Il
fait remarquer que le mot Tu quoique figurant dans quan¬
tité de mots tahitiens avait déjà occasionné des changements
détournes de leur sens
nous
considérables et n'en restait pas
Ces mots sont
Tu, se
Tutua,
Tutua,
Tutau,
moins sacré.
:
tenir debout était devenu Tia
Tiatia,
battoir pour le tapa, Titia.
l'ancre, Teatau,
Tupapau, un cadavre, Tiapapau.
Tutae, excrément, Tiatae
Hotutu, colicpie
Holiatia.
Aratu, un chemin...., Aratia.
Aturufare, un poteau...., Atiafare
une puce,
un
Le mot Tu,
ment
Tu, et
pris dans le sens d'un nom royal reste invariable¬
se
traduit par
dignité^ supérieure. 11 a été remplacé
les mots Tura, Mana, Teitei.
Lorsque le mot Tu est pris dans le sens d'un attribut royal et
placé devant le nom d'un marae royal il se traduit par consacré,
par
Haamoa hia.
Consacré
sur
le
marae
(e tu i marae).
remplacé par la lettre I qui se tra¬
Le mot Tu est très souvent
duit
également par
Teriinui o-Tahiti
sur
le
marae
consacré.
e
tu i Tahiti Marae
qui
se
traduit : Consacré
de Tahiti.
Lorsque le mot I prend la place de Tu on dit Teriinui-o-Tahiti
(la le'tre I sous-entendue) Tu qui se traduit Teriinui-o-
I Tahiti
Tahiti de Tahiti.
Le mot Tia que
l'article nous donne pour avoir pris la place
tenir debout dans une position physique
lorsqu'il est substantif et veut dire alors :
traduit parse
verticale. Il est variable
de Tu
se
Position, Situation, Tiaraa.
Exemple: Tiaraa tura,
Tiaraa mana.
Pour le mot Tutua j'avoue ne pas connaître de synonymes.
—
266
—
Tû-Tû-â, la planche pour applatir l'écorce servant d'étoffe.
Le battoir se traduit par Iê.
Le mot Titia que l'article donne pour le remplacer à ma con¬
naissance se traduit par passoire.
Tutau ou tiatau se dit de deux façons.
Tupapau et Tiapapau de la même manière.
Tutae où Tiatae est un mot vulgaire pour exprimer excrément,
dans la meilleure classe de la Société on dit Repo ou Haumiti.
Aturu fare se traduit gros poteau, soutien d'une maison.
Atiafare, palissade de maison, en bambou, où de petite bran¬
che de burau.
Tous
ces noms, n'ont rien à faire avec le mot Tu,
étant des
composés comme beaucoup d'autres du même genre.
Je tiens à relever le mot Hotutu qui figufe dans la liste ci-dessus
comme un mot altéré et traduit
par le mot "colique".
Hotutu doit se traduire un rejeton consacré. Le mot Hotiatia
que l'article lui donne pour le remplacer nous est connu sans
l'H, et se traduit : se lever avec agitation, se tenir en éveil, être
aux aguets ; Otiatia est l'action de se lever subitement et non le
fait même d'éprouver des maux d'entrailles qui se traduisent par
Mamaeopu, Taviri opu.
La provenance du nom de Hotutu est du marae royal de Farepua et s'écrit Hotutu e tu i Farepua. Ce mot ne pouvait donc pas
mots
être altéré.
Parmi certains
que l'article nous cite comme ayant passé
plusieurs métamorphoses se trouve le mot Pa, comme ayant
changé en Pafai e Ato à cause de Pomare. D'après nos cita¬
tions historiques il est dit :
No Pa Arii-i-Ahurai e parau hia ia e e Aua.
noms
par
été
Pour Pa Arii de Ahurai
M. Orsmond
en
propre
en
ce
mot deviendra Aua.
outre nous cite certains mots
à la royauté et d'autres au
commun
qui appartenaient
des mortels. Il dit
Tamahine, était la fille du Roi
Potii, la fille du commun peuple
Mate, désignait la mort du roi
Pohe, la mort du villain
Rai, était la tête du roi mort
Upoo pour le vulgaire
Anuanua, était le nom de la pirogue royale
Vaa> la pirogue du pêcheur
:
—
267
—
Humi, le chien du roi, où le phoque
Uri, le chien de tout le monde.
Tamahine s'appliquait spécialement aux filles
de la famille
royale et non à la fille d'un roi seulement.
Mate désignait la mort d'un membre de la famille royale et non
pas d'un roi seul.
Rai pris dans le sens d'une tête royale était une indication de
sa haute naissance tel le marae, en tahitien : haut comme le ciel.
Le mot upoo désigne une tête royale. Ce mot appartient en
effet à une famille royale.
Pepenu pour le peuple.
Anuanua. est un des noms que ne pouvaient porter qu'une
pirogue royale, où Vaa-oa pirogue d'apparat dont Cook nous a
laissé des gravures.
Oouxe, était le
nom
de la pirogue du peuple.
l'article "PU" comme étant
le nom
pirogue royale exige des détails plus précis:
Anuanua, était le nom du Vaa-oa, pirogue royale de cérémo¬
nie spéciale aux Arii Nui de Vaiari seulement, qui portaient les
les nom de Teriinui-o-Tahiti et de Marautaaroa qui par droit
d'aînesse prenaient leur place sur le pâpâ (une plaque de pierre),
siège sacré des marae de Farepua et du marae Tahiti à Vaiari :
Le Vaa-oa Matàtua est une pirogue royale de cérémonie spé¬
ciale aux Arii Nui de Papara seulement, qui portent les noms de
Terii rere iOutu rau e tu ite rai Arorua, qui prenaient leur place
sur le papa des marae de Tooarai et de Taputuarai.
Le Vaa-oa Manuatere est une pirogue royale de cérémonie
spéciale à l'Arii nui de Temaroura dit Punaauia seulement, qui
porte le nom de Tetua-nui-e-marua-ite-rai qui prenait sa place
sur le papa du marae du nom de Punaauia.
Le Vaa-oa Tainui est une pirogue royale de cérémonie spéciale
aux Arii nui qui portaient le nom de Teriivaetua et de Tepauarii
i Ahurai seulement, et qui prenaient leur place sur le papa du
marae Ahurai, et marae Tefana de Faâa.
Le Vaa-oa Puoi-maa-fenua est une pirogue royale de cérémonie
spéciale à l'Arii qui porte le nom de Terii o Marama ite tauo o te
rai o Eimeo seulement, qui prenait sa place sur le papa du Ma•
Le mot Anuanua donné par
de la
raetefano et du Marae Nuurua à Moorea.
Le Vaa-oa Teofaest
une
pirogue royale de cérémonie spéciale
Punua Teraitua qui prenaient
aux
Arii Nui de Tefeao, Marama et
leur
place
sur
le papa du marae de Nuurua
à Moorea.
Ces
pirogues faisaient partie des attributs sacrés de
nui. Tels
Maroura
Echarpe royale
Heiura
La
Te Tootoo
Te
raau
rouge
Le sceptre
La lance
(omore)
Le coussin
Te umete
Une
L'éventail
en
Te hoe
espèce de grande écuelle
bois de Tamanu
La
pagaie
Ecope
Te ahuahu
Bol
aua
Te upea
La
Arii-
couronne
Te turua
Te tahiri
Te
ces
encore :
Le filet
signification des attributs
(allégorique)
donnée ailleurs.
les rois des autres îles et même
les simples chefs s'arrogeaient également le droit de " PU".
En voici quelques exemples :
Le district de Matavai prit le nom de Haapape à cause du roi
Vaitua, le même qui fit changer en pape, le mot vai, qui désignait
L'article
nous
dit
en
sera
outre que
l'eau.
Uru, fruit de l'arbre à pain devint maiore à cause de Uruarii.
Hara, crime devint hape, à cause de Maihara deHuahine.
Nia, dessus est devenu nu, à cause de Tenania.
Mimi, urine devint omaha à cause de Mimi arii, qui était la
sœur
de Vairaatoa.
Ha, quatre, devint maha à cause de Teaha arii de Nuutere.
Orua, deux se changea en e piti à cause de Maivarua.
Ae, monter devint paiuma, à cause de Te arii-ae-tua.
Rere, voler, devint maue, à cause de Te Ariirere.
Vahi, séparer devint ohapa, à cause de Tevaitua i patea.
Maramarama, lumière devint meremereme, à cause du chef
Marama.
Heiva, spectacle fut changé en upaupa, à cause de Ariiheiva.
Toa, arbre de fer est devenu aito, à cause de Vairaatoa
Vaho, en dehors est devenu rapae, à cause de Te Arii na vaho
roa
i te tautua i te rai.
Vairaatoa n'avait pas de sœur mais des cousins.
Hara qui se traduit par crime ne doit pas être confondu avec
Hape, Hape se traduit par (faute légère)
—
Ha, nombre quatre
atun
a
269"—
été changé
en
maha
pour
Teriihahamai-
de la famille Pomare.
un nom
Uru, est le fruit, Teuruarii se traduit
une
assemblée de Arii.
Il s'écrit de la même
façon mais se prononce autrement.
forêt, où un assemblement de arii.
Teaharii i Nuutere se traduit : quoi, quel arii ?
Le nom de Te-aha fut donné à Teriifaatau par Pomare pour
marquer sa colère contre celui-ci qu'il accusait de l'avoir trahi
au bénéfice de Vehiatua. Il chercha à le faire tuer, mais Teriifaa¬
^Uru,
le fruit, ûrû,
tau réussit à
rieux
se
une
cacher dans
un
trou de Mahi à
Faâa. Pomare fu¬
lui
pardonna jamais et dès son accession au trône, il con¬
fisquâmes biens de Teriifaatau en lui faisant dire : tu t'appelleras
désormais Teahatu pour te faire rappeler que je suis seul roi à
ne
Nuutere.
Nuutere est
place
un marae
de Mataoae à Vairao où Teriifaatau avait
mère qui était de ce marae.
Ce n'est pas Maramarama la lumière qui a subi une transfor¬
mation, mais bien plutôt Marama, la lune qui est devenu Avae
à cause de Marama de Eimeo. On en trouve l'explication dans
la citation historique ! No te Arii o Marama-ote-tauo-o-te-rai o
Eimeo e parau hia te Marama e e Avae.
No Ariimanihinihi tana tamahine o tahi e parau hia te Manihinihi e, e Manehenehe. La lune deviendra Avae pour Marama de
une
par sa
Eimeo. Pour
sa
fille Ariimanihinihi le mot
:
Indolente deviendra
Manehenehe.
Les
des rois et
Orsmond nous cite
Tahiti et de Eimeo.
Sauf quatre d'entre eux avec lesquels nous avons également des
rapports, en raison de liens de famille, aucun de ces noms ne
peuvent être traités comme nom de simples chefs.
A propos de cette liste, de noms, je considère comme un droit j
légitime de discuter l'exactitude de leur origine et de mettre les j
choses au point. Car ils appartiennent à la famille dont je suis
descendante directe par mes grand-père et mère.
Teriirere-i-Outurau-ma-Tooarai, grande cheffesse des huit Teva, Ariioehau i Eimeo et Tahiti appelée Princesse de la Paix dite
Ariitaimai, ma mère, a refusé de reprendre la couronne de ses
ancêtres par un sentiment de sacrifice à l'amitié et à la parole
donnée par son grand-père Tati dit le grand.
A titre de mise au point, qu'il me soit permis de préciser I'orinoms
comme
étant
ceux
simples chefs que M.
des îles sont purement de
.
—
•
270
—
gine historique de ces noms, à commencer par celles de ma
propre famille.
Le nom de Vaitua donné par l'article est en réalité Teriivaetua
i Ahurai, marae royal du district de Tefana que l'on appelle au¬
jourd'hui Faaa.
Teriiaeetua est en réalité Teriiaeetua i nuurua, un des Marae
royaux deEimeo appelé aujourd'hui Moorea.
Teriirere est en réalité Terii-i-outurau-i-Tooarai, un des marae
royaux de Papara (Teva i uta)
Tevahitua, est en réalité Tevahitua i Patea, un des marae royaux
de Teoropaa appelé aujourd'hui Paea.
Ma rama, est en réalité Terii-o-Marama-ite-tauo-ite-rai o Eimeo
i Maraetefano, un des marae royaux de Eimeo.
Teriinavahoroa ite tautua
o
te rai i Matahihae est un des marae
royaux de Hui-e-Taiarapu aujourd'hui appelé Tautira.
Les noms provenant des autres îles sont :
Maihara, est en réalité Maihara i Matairea, un des marae royaux
de Toerauroa appelé aujourd'hui Huahine.
en réalité Tenaniatua i Matairea, un des marae
de Huahine.
Maivarua, est en réalité Teriimaevarua i Farerua, un des ma¬
rae royaux de Vava,u appelé aujourd'hui Borabora (Faanui)
Teuruarii, est un nom appartenant à une branche cadette du
marae royal de Farehani iti e Anau, Borabora.
Au sujet des noms, Mihiarii, Ariiheîvarau, Vairaatoa ce sont
sans doute des noms "topahia", c'est-à-dire consacrés par l'ins¬
titution appelée par l'auteur de l'article coutume du "PU". Mais
s'ils ne peuvent avoir comme origine un marae royal, qui lui
seul constitue un titre régulier, ils n'en restent pas moins des
noms royaux puisque tous les trois appartiennent à la famille
Pomare de qui ces noms proviennent. Ils sont donc aussi royaux
que le nom de Pomare.
Pour finir, je relève la soi-disant piquante remarque que fait le
Révérend Orsmond en fin de l'article "PU".
Pride and irregularity go hand to hand
En ce qui nous concerne, cette remarque est dans son accep¬
tion inopportune car, l'institution n'a jamais eu comme raison
d'être la vanité ou l'orgueil. C'était tout simplement, une des
règles du protocole imposée par la loi pour marquer la sépara¬
tion radicale d'une classe supérieure avec une classe inférieure
de la Société, pour établir une hiérarchie sociale distinctive entre
Tenania, est
royaux
—
274
—
peuple. C'était une marque rigoureuse du respect
dû à un rang distingué par l'histoire et les traditions qui vou¬
laient que les Arii fussent les descendants des dieux, et qui tient
à l'état politique de la société tahitienne de ce temps. Que les
Tahitiens fussent fiers de leur rang et jaloux de le conserver,
ceci est une autre question. La vanité dans le sens futile où l'au¬
les Huiarii et le
teur, le Révérend,l'entend, n'a rien à faire dans la circonstance.
Le jugement du Révérend Orsmond est erroné par la raison
qu'une des règles dans l'instruction des Arii interdit la vulgaire
vanité qui était considérée comme une faute grave ne pouvant
appartenir qu'à un manahune, une des dernières classes de la
Société.
ces instructions (Eiaha oe ia hara hia
i te Manahune) Garde-toi du péché d'un intes¬
Il est dit dans l'ordre de
ite
aau
teoteo te au
tin vaniteux d'un Manahune.
\)
J'ai lu quelque part une interprétation de ce genre ou un étran¬
ger à l'esprit étroit pour faire sentir à Mahine, un Arii de Huahine que son peuple était au même niveau que lui, l'avait forcé
après son baptême de s'asseoir parmi son peuple.
Cet étranger ne connaissait pas les règlements mêmes qui pré¬
sidaient à la guerre et qui voulaient que la personne, le corps et
qui touchait un personnage de haute lignée ne puissent
être souillés par un contact quelconque, car selon ces prescrip¬
tout
tions
ce
:
E Arii te toto i topa e mate moa
E Arii ra e Arii ihoa ia.
Lorsque le sang est royal, même déchu, il est encore sacré.
Un Arii reste toujours un Arii.
Marautaaroa
i
Tahiti.
.
•
272
—
—
STOjbKXiORSS
NOS MONUMENTS
L'article
HISTORIQUES.
Ier de l'arrêté du ii
juin 1917 prévoit que les immeu¬
pouvant intéresser l'histoire,
l'archéologie ou l'art des populations océaniennes seront inven¬
toriés et classés par voie d'arrêté.
Notre Société a la mission spéciale de faire cet inventaire, afin
de permettre au Gouvernement de prendre les arrêtés utiles. n
Pourarriver à un résultat pratique, notre Bulletin publie la liste
de tous ces immeubles ou monuments que la Commission nom¬
mée par le Bureau a jugé dignes d'être conservés.
La commission déclare n'avoir ni le temps ni les
moyens de
faire des recherches que mériterait et nécessiterait cette étude,
aussi puisera-t-elle chez les spécialistes et savants
ethnologistes
qui depuis l'arrêté de 1917 ont consacré beaucoup de temps et
d'argent à ces recherches.
Pour le groupe de Tahiti et des Iles-Sous-le-Vent, elle s'en tien¬
dra à l'inventaire fait par M. Kenneth F. Emory,
ethnoiogiste
éruditdu Bishop Museum, après une année de recherches et d'é¬
bles
ou
monuments d'un caractère
tudes.
Pour les Iles Australes, elle
reproduira l'inventaire du regretté
indigène font au¬
Père Hervé Audran dont le talent et la science
torité.
Enfin pour les Marquises, elle puisera avec abondance dans l'ar¬
chéologie des lies Marquises, de M. Ralph Linton, qui en un vo¬
lume de 187 pages a fait une étude excessivement
remarquable
et complète de l'art marquisien. •
Aucun monument historique n'a été-signalé, ni aux Tuamotu,
ni
aux
Gambier.
Vouloir inventorier et classer tous les monuments
térêt, serait au-dessus de
Commission
taines
se
forces et de
dignes d'in¬
moyens, aussi la
borne-t-ellc à choisir les mieux conservés de cer¬
nos
îles; s'attachant à discerner les
nos
uniques en
espèce de monu¬
monuments
leur genre et surtout à faire un choix de chaque
ments afin de bien en perpétuer le souvenir.
Ce travail fait, la Société prie l'autorité de prendre les mesures
nécessaires pour que les monuments inventoriés soient efficace¬
ment
préservés et conservés.
—
273
—
INVENTAIRE
Ile de Tahiti.
Marae
Taputuarai, à Papara.
Marae Arahurahu à Paea 23 km. 1
Marae Narii, sur la mer en face de
"Te Ara
km. à l'intérieur.
Marae Tahiti, sur la terre
du Punaruu à 2
Marae du lieu dit
km. à l'intérieur.
l'école de Paea.
Tahiti" sur la rive droite
o
Ieiepaatau, vallée Tahinu sur la rivière Pape-
jours de marche à l'intérieur.
Marae Fareroi à Haapape.
Les 3 Fortins du Punaruu (2 vers le pont et le plus important
à l'embouchure du Punaruu). On peut y aller en automobile.
noo.
Deux
Le Fort de Taravao.
Petroglyph de Tipaerui à 15 minutes de Papeete.
Curiosités
La
naturelles.
grande grotte de Maraa au 27me km.
La grotte
La grotte
dé Vaipoiri à Tehaupoo.
de Rurutu.
Ile de Moorea.
Marae
—
—
—
—
—
a Mio sur la terre "Tepo"à Haapape.
Farei'a sur le rivage au même endroit.
Tepo
Nuupere toujours à Haapape.
Tetii à Afareaitu à 500 m. du débarcadère.
Teroro
à 30 minutes du rivage.
—
Tetiroa à
Opunohu, une heure de marche à l'intérieur.
Iles-Sous-le-Vent.
A Raiatea,
Marae Taputapuatea à Opoa, le plus
Tainuu à Tevaitoa.
—
A Huahine, Marae
—
iti.
Fare Tau.
—
A Borabora, Marae
—
Anini au sud de Huahine
Maununu à Maeva.
Fare Opu à Faanui.
Nonohaura à Anau.
Société des
Études
Océaniennes
célèbre.
—
274
—
Marae des Iles Australes
Ile
N°
i.
Ronofai.
N°
2.
Tonohaeata.
Tubuai
Terre " Atiahara", district de Matama.
Terre " Ativa", district de Matama.
N° 3. Pupuhi-Papara. — Au lieu dit "Huahine". Enceinte de
grosses pierres plates plantées en terre, une partie de ces pierres
gisent à terre.
N° 4. Tairoma. — Terre " Vaiomana", sise à Harema.
N° 5. Tairiura. — Terre "Tairima", sise à Mahu.
Même description que le n° 3.
—
N° 6. Faariiura.
—
Terre " Faariiura
—
sise à Tamatoa.
Même
description que le n° 3.
N° 7. Oropo. — Terre "Oropo", sise à Tamatoa. ■
Ce marae est le plus grand de tous ceux qui existent à Tubuai.
Ile Raivavae
N°
1.
Moanaheiata.
—
Terre "
Fenuaite", district de Rairua.
Deux statues représentant un homme et une femme se trouvent
au milieu de l'enceinte.
Ces statues sont hautes de deux mètres environ.
N° 2. Pomavao.
Terre " Mataharina", district de Rairua,
Raivavae. Lieu de prières.
—
Au centre de l'enceinte
une pierre servait
de siège à l'officiant.
N°3. Unurau. —Terre " Fenuaura district de Rairua. Pierres
énormes plantées en terre, un chemin dallé en pierres plates
sur
environ 100 mètres conduit à la plage.
Presque tous ces marae sont recouverts par la brousse.
MONUMENTS DES MARQUISES.
La liste suivante a été faite d'après " ARCHEOLOGY OF THE
MARQUESAS ISLAND" par Ralph Linton, 1925. Bishop Mu¬
seum, Honolulu.
Un choix de divers monuments uniques en leur genre a été fait
dans chacune des lies suivantes
:
Notes explicatives.
TOKAI veut dire
TOHUA
—
;
Autel
ou
lieu de
sacrifice.
cérémonies et danses.
Construction pour
278
—
PAEPAE
Lieu
MEAE
Etait
—
sur
un
—
lequel s'élevait une maison.
paepae dans lequel un Chef avait
été enterré.
TAHA TAPU
Emplacement d'une maison. Genre de Paepae.
Sorte de catafalque sur le Tahatapu.
Lieux où étaient déposés les restes des morts,
MOUKA
—
Forteresse.
MA
—
Trou pour la
AHU
—
TAHA TUPAPAU
crânes, etc.
fermentation et préservation du
Popoi.
dont se servaient les sculpteurs
laquelle pierre disaient-ils, se renouvellait
à mesure qu'on l'extrayait de sa carrière.
Pierre rouge
KE'ETU
lie de Nukahiva
Vallée de Hakaui :
Vallée de Meau
:
Tohua de " Ponaouoho".
Tohua de "Kanino Havaiki" à l'entrée de
la
vallée.
—
—
Me'ae de "'Atuahoho"
derrière la- Mission.
—
de Hoata
Tohua de " Hopuau". Un des
—
de Haavau
Tohua de "Kovea", à l'Ouest
plus grands.
du chemin de
Taipivai.
—
—
—
—
—
de Pakiu
de
Taipivai
—
Meae de ' ' Paetekeika". Au
fond de la vallée.
Tohua de "Tahunanui".
Tohua de "Uahakekua" traversé par le che¬
min qui va à Hatiheu.
Taha Tapu construit d'énormes pierres au
bord de la rivière.
—
—
Ma le
plus grand des Marquises, 18 pieds
creusé sur le flanc Est de la colline
près du chemin d'Hatiheu.
Tohua de "Nanahui" qui a un tunnel de 72
pieds appelé U'upo.
par 30,
—
de Hatieu
Ile de Uahuka
ValléedeHane
—
—
Tohua de"Keetupu".
Tohai de "Anitahaana" près du tohua pré¬
cédent.
276
—
Ile de
Vallée de Hakaheta Me'ae de "
—
Mouka de
—
de Hakamoui
—
Baie de Hohoi
—
Uapou
Tepaiupoho" à
"Hapava".
Paepae de " Menaha"
Cave où
se
trouvent
ou
2
3
km. de la
mer.
de " Puhepotoka".
en
pierre et de
tikis
nombreuses inscriptions murales
faites le légendaire artiste Tupa.
qu'aurait
Ile Hivaoa
Vallée de Taaoa
Tohua de "Taaoa".
Vallée de Atuona
Tohua de"Pekia".
—
Me'ae de "Puniaoha" aussi un Mouka.
Me'ae de " Ahuahu" qui possède
beaucoup
—
.
—
—
detikis
—
Vallée de Tahauku
—
un
Vallée dePunaei
—
de Puamau
—
Ke'etu excepté une tête en
avec ses tikis.
en
face le ruisseau de Teueto. C'est
monument
remarquable.
Tohua et Me'ae du village d'Utukua.
Me'ae de Oipona avec ses nombreux tikis.
Paepae de Poevau avec ses figures, les der¬
nières de l'art Marquisien.
Hanaheka Trois Taha Tupapau à 800 m. du
rivage.
—
de
grès.
Petroglyph de "Teueto".
Tohua
—
—
en
Me'ae de "Pouau"
—
La Commission des Monuments.
Société des Études Océaniennes
CHANTS, DANSES et COSTUMES ANCIENS
au
14 Juillet.
CHANTS (Himene). — Il est regrettable que Pirae nous ai
un chant de Atiu (Iles Cook) il faudrait tenir à ce que
seuls les Himenes tahitiens soient admis.
donné
(otea). — Les deux danses des femmes, chacune
composée de 10 danseuses et d'un orchestre de 7 à 8 hommes et
femmes, ont été vraiment tahitiennes, costume excepté.
Les deux otea des hommes furent plus vivants. Celui de Haapape fut fort remarqué.
Son entraîneur nous gratifia même de beaucoup de grimaces
et de tirements de langue, ce qui est bien polynésien.
Le otea de Faâa fut plus compliqué. 11 se composait de 14
danseurs jaunes, ornés qu'ils étaient, de filasses de Burao
(hibiscus tilliaceus) teintes avec du safran. Il nous donna quel¬
ques figures : un verre et le vol plané de la Frégate (Frégata
Aquila).
COSTUMES ANCIENS.— Hélas aucun ! On ne peut pas appeler
costume ancien celui des danseurs de Faaa. Notre société aurait
pourtant payé un bon prix deux véritables costumes anciens.
REMARQUES GÉNÉRALES. — La Société d'Etudes Océa¬
niennes désirerait voir revivre les plus belles danses anciennes
DANSES
avec
leurs costumes.
ailleurs, elle voudrait voir bannir impitoyablement tout
qui n'est pastahitien.
Ces touques de gazoline que bat l'orchestre sont plus que ridi¬
cules, elles sont un non sens grotesque. Pourquoi ne pas se con¬
De par
ce
tenter des tambours
indigènes tels qu'ils étaient avant l'arrivée
des
touques?
Est-ce qu'un beau buste de tahitien, luisant de monoï ne
serait pas mieux dans le ton et bien supérieur à ce buste que
blanchit affreusement un misérable tricot marin?
Un effort sérieux devrait être tenté pour faire revivre l'art de
la danse, sous peine de le voir dégénérer en une burlesque
parodie.
Rédaction.
—
278
—
ICHW^TOatOGIJE
I.— Poissons d'eau douce de Tahiti
D'après des photographies du Prof. Johs SCMIDT, Ph. D. Sc. D.
(Clichés du Bishop Museum)
Voir la
description dans le Bulletin N"
17,
Page 178.
l'ailles réduites.
1-2.
Kuhlia
marginata. ( Cuvier et Valenciennes)
3-4-5-6-7. Eleotris Jusca. ( Bloch et Schneider)
8-9
Chonophorus ocellaris. ( Broussonet )
10-11-12
Sicyopierus taeniurus. (Gunther)
13-14-15
16-17
Sicyopterus pugnans. {Grant)
Micropbis Bracbyurus. (Bleeker)
NATO
OOPU
MOO MOO
AP1RI (INAA)
APIR1
T1A1 PAPE
'/;^A
?>"M-,
ÏS'•
>'
!.
raandiecs.j
ailes
T
C&hVJ4gadvUl-.6l5(8Sp(tSiGcauirycenGgoayhnorpt)u—e)rs.s
(SSiceytop—igterduss.,)Va7leenc—its)
1-2-3
(Cuvier
tatus
—
II.—
Some of the
280
—
of Tahiti,
fishes
commoner
their native
with
names.
My lack of training in ichthyology, and my inadequate know¬
ledge of the Tahitian dialect, give my the right, I think, to apo¬
logize in advance for the errors which will certainly be found in
this short list offish. It was compiled in the hope that someone,
better equipped in both respects, would see fit to correct what
little I have done, and to carry on a task which strikes me as
well worth while.
There
in the
are
case
no one
kinds of fish I am unable to identify ;
others, whose Latin names are known, I can find
many common
of
who knows
more
than the
generic native
name.
Chas. NORDHOFF.
Paere
Àcanthocybium Solandri (Cuvier et Valenciennes)
Acanthurus Brevirostris
Acanthurus Unicornis i Forskal)
Albula Vulpes (Linnaeus)
Alectis Ciliaris (Bloch)
Ume
Herepoti
Ume Tare
Ioio
Auveveru
Apogon Menesemus (Jenkins)
Balistes Vidua (Solander)
Belone Platyura I Bennett)
Upaparu
Oiri Mai
Iheraha
Bowersia Violescens (Jordan et Evermanm
UtU
Callyodon Miniatus (Jenkins)
Carangoides Ajax (Snyder)
Carangus Elacate (Jordan et Evermann)
Carangus Helvolus (Forster)
Carangus Ignobilis (Forskal)
Carangus Melampygus (Cuvier et Valenciennes)
Caranx Speciosus (Forskal)
Cephalopholis Argus (Bloch et Schneider)
Chaetodon Fremblii (Bennelt)
Chaetodon Setifer (Bloch)
Chanos Chanos (Forskal)
Pahoro
Autea
Omuri
Cheilio Inermis
Cirrhitus Marraoratus
(Lacépède)
Collybus Drachme (Snvder)
Coryphaena Equisetis (Linnaeus)
Coryphaena Hippurus
Cypsilurus Simus (Cuvier et Valenciennes)
Dascyllus Albisella (Gill)
Decaptcrus Pinnulatus (Eydoux et Souleyet)
Diodon Hystrix (Linnaeus)
Diodon Nudifrons (Jenkine)
Société des
Pao
Rauoi
Paaihere
Pahuru
Roi
Paraha Tore
Paraharaha
Ava
Avaava
Patui Tarao
Pahoehoe
Mahimahi Taria
Mahimahi Firae
Marara
Mamo
Operu
Totara
Totara Uruaau
Études Océaniennes
—
281
—
Epinephelus Quernus (Seale)
Hapuu
Etelis Evurus (Jordan et Evermann)
Eteliscus Marshi (Jenkins)
Paru Pao
Euleptorhamphus Longirostris (Cuvier)
Flammeo Scythrops (Jordan et Evermann)
Forcipiger Longirostris (Broussonct)
A'u
Germo Germo
Paru Iihi
Araoe
(Lacépède)
Gomphosus Tricolor (Quoi et Gaimard)
Gymnosarda Alletterata (Rafinesque)
Gymnosarda Pelamis (Linnaeus)
Hemipteronotus Bald wini (Jordan et Everman)
Heniochus Màcrolepidotus (Linnaeus)
Hepatus Atramentatus (Jordan et Evermann)
Ilepatus Guntheri (Jenkins)
Hepatus Guttatus (Bloch et Schneider)
Hepatus Olivaceus
Hepatus Triostegus (Jordan et Evermann)
Histiophorus (?)
Holacanthus Bispinosus (Gûnther)
Holocentrus Diadema (Lacépède)
Holocentrus Ensifer (Jordan et Evermann)
Holocentrus Spinifer (Forskal)
Holocentrus Xantherythrus (Jordan et Evermann)
Holotrachys Lima (Cuvier et Valenciennes)
Ilyporhamphus Pacificus (Steindachner)
Julis Eydouxii (Cuvier et Valenciennes)
Julis Pulcherrima (Gûnther)
Kuhlia Alalo (Cuvier et Valenciennes)
Paraha Uturoa
Aahi
Pou Uturoa
Otava
Auhopu (Atu)
Pou Uhu
Paraha Ave
Maito
Parai
Api
Oturi
Manini
Aurepe
Atoti
Upaparu (Voir Apogon)
Maunauna
Apai
Araoe
U
Ropa
Ihe
Pou Tore
Pou
Nato
Kuhlia Taeniura.
Ahore-Patia
Lepidaplois Bilunulatus (Lacépède)
Melicthys Radula (Solander)
Monotaxis Grandoculis (Forskal)
Patui
Oiri Moana
Mulloides Auriflamma
Vete
Mvripristis Chryseres (Jordan et Evermann)
Myripristis Murdjan (Forskal)
Naucrates Ductor (Limaeus)
Ostracion Sebae (Bleeker)
Platophrys Pantherinus (Ruppell)
Polvdactyliis Sexfilis (Cuvier et Valencieunes)
Priacanthus Alalaua (Jordan et Evermann)
Promethichthys Prometheus (Cuvier et Valenciennes)
Pseudoscarus Jordani (Jenkins)
Iihi
Mu
Iihi Nato
Tiatiauri
Momoa
Patii
Moi
Maere
Mana
Uhu Mamari
Uhu Tatua Huri Vaa
Pseudoscàrus Troschelii
(Bleeker)
Pseudupeneus Chrysonemus (Jordan et Evermann)
Pseudupeneus Multifasciatus (Quoy et Gaimard)
Pseudupeneus Preorbitalis (?) (Smith et Swain)
Pterois (?) (Cuvier)
Ruvettus Pretiosus (Cocco)
Société des
Études
Uhu
Ahuru
Atiatia
Tauo
Tataraihau
Uravena
Océaniennes
282
Scar us Dubius (Bennett)
Scarus Lauia (Jordan et
Evermann)
Scorpaenopsis Cacopsis (Jenkins)
Scorpaenopsis Gibbosa (Bloc.h et Schneider)
Sphyraena Helleri (Jenkins)
Sphyraena Snodgrassi (Jenkins)
Sphyrna Zygaena (Linnaeus)
Stephanolepis Spilosomus (Lay et Bennett)
Stossodon Narinari (Euphrasen)
Synodus Varius (Lacépède)
Tetraodon Hispidus (Linnaeus)
Tetrapturus (?)
Teuthis Achilles (Shaw)
Thalassoma Duperrey (Quoy et Galmard)
Thalassoma Purpureum (Forskal)
Trachurops Crumenopthalma (Bloch)
Tylosurus Giganteus (Schlegel)
Upeneus Arge (Jordan et Evermann)
Xiphias Gladius (Linnaeus)
Pahoro Hou
Uhu Paparu
Nohu Pua
Nohu Tarao
Paoe
Ono
Taumata
Pareva
Fai
Arae
Huehile
Iheraha
(Voir Belone)
Maroa
Pou
Pou Aau
Ature-Orare
Aavere
Faia
Hauraa
Note.— Germo Germo, the albacore, has a great variety
in the Tahitian language. According to its size, this
of na¬
fish is
called Aahi Pepererau, Aahi Tumu, Aahi Mapepe, Aahi Vere,
Aahi Araroa, the last being the .largest of all. The fishermen
mes
claim to know two distinct varieties of albacore.
Note.—
Gymnosarda Pelamis. Like the albacore, this fish at
a
variety of names in the Tahitian langage, depen¬
ding on its size. The only names commonly heard today are
Auhopu (aiu) for the small fish, averaging about two kilograms,
often displayed in the market, and Toheveri for the large ones,
which reach a Weight of twenty kilograms or more.
one
time had
—
283
—
Pisciculture.
Le "Mahura" du 26 juin nous
apportait 10.000œufs de truite
arc-en-ciel, don généreux de M. Marx Greene, Chef de Fish &
Game Commission of California.
Les œufs avaient déjà plus d'un mois d'incubation, ils étaient
de la grosseur d'un tout petit pois et on distinguait les yeux des
alvins. Une période de 20 jours environ, était encore nécessaire
avant l'éclosion.
Des incubateurs avaient été
préparés à la source de la Reine,
exigences des pisciculteurs : obscu¬
rité, arrivée d'eau graduée de bas en haut, cadres-treillis pour
les œufs plongés à la profondeur réglementaire, etc, rien ne
manquait... Excepté le degré de fraîcheur voulu.
En effet, cette source, réputée si fraîche, a une température
régulière de 240 centigrade.
Les traités de pisciculture disent bien que la truite arc-en-ciel
peut s'acclimater dans des eaux vives de 240 à 250, mais ils sont
d'accord pour fixer un maximum de 120, à l'eau arrivant aux
selon toutes les données et
treillis d'incubation.
Notre
problème était donc de réduire à 120 l'eau qui coulait
à 240
Les œufs arrivèrent
7 cadres disposés par étage et entou¬
glaces dans une caisse spéciale à ces transports. La glace
en avait été renouvelléetous les jours à bord du Makura.
Une fois en possession des œufs notre première visite fut pour
la glacière.
Son Directeur M. Ferman, mit gracieusement et gratuitement
à notre disposition toute la glace dont nous pourrions avoir
besoin, ce jour là et les jours suivants.
Arrivés à la Pisciculture, le thermomètre déposé sur les cadres
indiqua 40.
Notre glace plongée en abondance dans les incubateurs, eut
vite fait de ramener leur température de 240 à 50, mais à condi¬
tion d'empêcher l'eau d'y couler.
Les œufs furent donc transférés avec précaution dans un milieu
moins froid de i°. Notre plan était d'arriver progressivement et
insensiblement à 120 et de maintenir cette même température
jusqu'à l'éclosion.
Les œufs furent trouvés en parfait état, tous d'un beau rose.
rés de
sur
—
284
—
A 14 h nous avions
déjà fait deux voyages à la glacière, la
glace fondaitcomme neige au soleil, car l'eau arrivait directement
sur cette glace à raison de i litre 1/2
par minute.
A 16 h. il devint évident qu'il fallait un minimum de 2c kgs
de glace toutes les deux heures. C'est-à-dire qu'il aurait fallu
veiller toute la nuit et tenir la glacière ouverte !
C'était l'impossible. Aussi après un dernier chargement de
glace, il fut décidé d'abandonner les œufs à leur sort.
A 17 heures, le cœur navré, nous quittâmes la pisciculture.
Le lendemain au point du jour, les œufs de roses étaient deve¬
nus
blancs. C'était la mort.
Après 3 jours, ils s'agglutinaient, il fallut les jeter.
M. Ferman, informé, eut la bonté de nous consoler en nous
promettant une salle noire dans sa glacière pour. 1928, avec tu¬
yaux traversant nos incubateurs pour donner à l'eau la tempé¬
rature voulue.
fut pas
M. Ferman
ne
MeSigogne
au nom
d'ailleurs le seul à s'intéresser à cet essai.
du syndicat d'initiative, nous avait fait par¬
venir 400 francs.
M. Bach, Directeur
général de l'U. S. S. C° avait fait transpor¬
gratis ces œufs par le "Makura".
MM. Strange et Coryell nos actifs membres correspondants de
ter
San-Francisco avaient fait toutes les démarches nécessaires pour
cet envoi.
Il
cès
paraît qu'autrefois, des truites furent introduites avec suc¬
(?) dans les hauts de la Fautaua, mais quand et comment
reste
un
secret.
Ce récit
donc été fait pour que
la relation d'une pareille expé¬
consignée dans nos annales.
Espérons que cet échec ne découragera personne, ni nos amis
de San-Francisco, ni nous mêmes et disons à
1928.
Les Carpes arrivées en novembre 1923 et janvier
1926 promet¬
tent un beau succès. Pesant 150
grs. à peine à leur arrivée elles
pèsent plus de 2 kilogs chacune, mais le plus intéressant c'est
qu'elles ont de nombreux carpillons. Ceux-ci seront distribués,
en leurs
temps, pour la propagation, aux Membres de la Société
que cela intéresse.
Les grenouilles, poissons-chats et black bass
introduits, ne
semblent pas avoir réussi; cependant on a vu dernièrement des
a
rience reste cette fois
chats et des black bass.
Le Comité de
pisciculture S. E. O.
—
285
—
T35T
juillet un grand registre dit des " VISITEURS", était inau¬
guré au Musée par M. le Gouverneur Solari et M. l'Inspecteur
Général Laperge. Ce registre sera dorénava?it en permanence
au Musée et les Sociétaires sont priés d'y inscrire leurs noms
et d'inviter leurs amis à en faire autant.
Le 3
.
Les "TU "
oa
"TIKI " de la Fécondité.
Parmi les visiteurs du mois de
juillet on peut voir la signature
J. L. YOUNG, Membre correspondant S. E.O. L'auteur de
ces lignes eut la bonne fortune de faire le tour du Musée avec lui.
Ce vétéran du Pacifique, qu'a toujours passionné le folklore
polynésien, me donna une interprétation des Tiki que je crois
de M.
devoir relater ici.
Tii, dit-il, avaient diverses significations, le plus souvent
une supplication figée dans la sculpture. L'indigène en les
voyant ne s'y trompait pas.
Ainsi, vous voyez cette statue de Raivavae (M. Young s'était
arrêté devant le n° 79). Remarquez cette main sur son ventre et son
autre main sur sa bouche, c'était un Tii pour la fécondité des plan¬
tations ; notez sa tête relevée s'adressant aux éléments supérieurs.
D'autres tii pour la fécondité des terres, avaient les deux mains
sur leur bouche. Manger, bien et beaucoup, n'était-il pas en effet
Les
c'était
l'essentiel !
Ces deux sortes de Tii étaient les protecteurs
de l'agriculture.
généralement aujourd'hui, ensevelis dans de
vieilles tarodières ou d'anciens champs de culture.
Les Tii voisins du n° 79 avec les deux mains sur le ventre (et quel
ventre) et dans la position qu'on leur voit, sont donc une suppli¬
cation figée dans la pierre, pour la fécondité de la femme.
On les retrouve
E. R.
286
—
—
PROGRAMME
DE
DEUXIÈME FÊTE
DU
LA
FOLK-LORE TAHITIEN
Premier dimanche qni suit le 9 septembre.
Cette Fête se célébrera cette année sous le Haut
Patronage de
Monsieur le Gouverneur SOLARI et sous la direction de Ma¬
dame MARAUTAAROA, ex-Reine de Tahiti, Membre de la So¬
ciété.
Dimanche
/ /
Rallye général
Les Sociétaires sont
aux
priés d'orner leurs automobiles de Fanions
couleurs tahitiennes
rouges
septembre à 10 h.
3ôme km. a Papara.
au
:
bande blanche entre deux bandes
longitudinales, toutes d'égale largeur.
A io h. visite des Marae de Papara.
Légendes de ces Marae.
11 h.
30 préparatifs du festin (tamaaraa Tahiti).
Midi
:
Présentation et services des mets tahitiens et du
ava.
Toast.
Discours de divers Chefs et Orateurs tahitiens.
Hymené Teva.
PARAU FAAITE
Les Sociétaires seuls, ayant
au
payé leur ècot, pourront participer
festin.
Leurs invités devront au préalable devenir sociétaires.
Rien d'européen ne sera présenté à ces agapes
aux
Sociétaires
tahitiennes, avis
qui croiraient devoir
se
munir.)
Vers les 15 h. fin de la Fête.
VIVE TAHITI ! VIVE LA FRANCE !
PAPEETE.
—
IMPRIMERIE DU GOUVERNEMENT.
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Société dès
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Études Océaniennes
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Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 20