B98735210103_014.pdf
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5
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Société
la
des
II
études océaniennes
N°
14.
AOUT
Anthropologie
Histoire
—
des
—
1926
Ethnologie
Institutions
et
t—
Philologie.
Antiquités
populations maories.
Littérature et Folklore,
Astronomie
—
Océanographie— Sciences naturelles.
Tourisme.
IMPRIMERIE
£
DU
PAPEETE
GOUVERNEMENT
(TAHITI)
1 l\\r
5115
5
BUREAU constitué le 28 décembre 1925.
Président
Abbé Rougieb
Vice-Président
M. Deflesselle
Conservatrice du Musée
Bibliothécaire
M™* l. Goupil
Trésorier p.
M. A. Wot.ff
i
Secrétaire-Archiviste..
M. Ably
M. O. Walkee
.
Secrétaire de rédaction
M. E. Ahnne
Pour être reçu Membre de la Société
membre titulaire.
se
faire présenter par
un
Les sociétaires sont toujours les bienvenus aux réunions du
Bureau qui ont lieu chaque Jeudi qui suit le
départ des Courriers,
à 17 heures, dans la salle de la
Société, Avenue Bruat (Sous le
Musée).
Tous les membres de la " Société d'Etudes Océaniennes"
sont
cordialement invités à se rencontrer une fois l'an,
en quelque
lieu historique ou Marae pour
y commémorer les anciennes tra¬
ditions et les us et coutumes louables du
Pays Tahitien.
Société des
Études
Océaniennes
DE
SOCIÉTÉ
LA
D'ÉTUDES
(POLYNÉSIE
OCÉANIENNES
ORIENTALE)
—■—s-*-;—•—
IV" 14.
AOUT
—
1926
soimiim: àibe
Pages
Histoire.
Notice
et
sur
les Iles-Sous-Le-Vent. fX. Caillet)
(suite
fin)
81
Folk-lore.
Légende. Mapu Nui
ou
Mapu Teretere de Takume...
86
Sciences naturelles.
I. Les
moustiques
91
II. Médecines tahitiennes
(Raau)
95
Correspondance.
a) Découverte d'une grotte à Rurutu (Collombat).
b) Les anguilles (E. Lévy)
..
97
98
Nécrologie.
Dr H. B. Guppy
Musée de
99
Papeete.
Catalogue du Musée
100
Programme.
Fête du Folk-Lore Tahitien
Société des
Études
;..
Océanit
..
105
TsT OTICE
SUR LES ILES
SOUS-LE-VE\T
ou
Groupe \T. O. de l'archipel tahiiieu
(Extrait des
Histoire
les
ou
des maoris.
papiers de Xavier CAILLET suite et fin.)
écrits vers 1890.
analytique des événements qui ont bouleversé
Iles-Sons-le-Vent
d'avril
1880
à
septembre
1890.
L'administration éclairée et bienveillante des officiers de
ma¬
rine
qui ont dirigé le Protectorat français du royaume tahitien
jusqu'en 1865 avait eu pour résultat de nous en attacher les In¬
digènes. C'est à eux que nous devons cette influence de bon aloi,
laquelle y était propagée franchement mais sans bruit jusque
dans l'archipel de Cook dont Povarii, le chef le plus important
se montrait disposé à prendre notre protectorat.
Grâce à cette influence Raiatea-Tahaa, se couvrait de notre pa¬
villon protecteur le 9 avril 1880. Vers la même époque, Huahine,
Maiao iti, promettaient d'en faire autant aussitôt l'annulation
du traité de 1847, lequel nous liait à l'Angleterre au sujet deces
îles. Maupiti demandait notre protectorat, mais Borabora refu¬
sait de couper la tête de son pavillon pour y mettre le yatch
français.
En résumé, les
fiers maoris de ces îles, adoptaient presque tous,
pavillon de leur pays orné des couleurs françai¬
ses, mais ils tenaient à leur indépendance, à leur autonomie que
devait garantir le nouvel emblème.
Malheureusement pour ces insulaires, l'Amiral Marc de SaintHilaire, fut obligé de quitter Tahiti en février 1888 pour remet¬
tre le commandement au chef de la Division, à l'Amiral
Lefèvre.
Le Gouverneur civil profita de ce moment pour tenter une ex¬
pédition aux Iles-Sous-le-Vent.
l'idée de voir le
11 avait obtenu de la vieille reine de Huahine et des chefs de
cette île une
pièce qui lui aurait permis d'agir si elle avait été
Société des Etudes Océanienne!
—
82
—
sanctionnée suivant la loi du pays, par
l'assemblée générale des
Hui-raatira, et signée par les membres du Conseil d'état. Quel¬
ques jours avant, il avait fait signer àPapeete une demande d'an¬
nexion de Raiatea-Tahaa, par quelques chefs déchus et par l'ex¬
représentant à Tahaa du roi Tamatoa VI.
Ces pièces pensait-il devaient lui suffire pour justifier en France
sa conduite au
groupe nord-ouest.
Pendant que ces préliminaires de prise de possession étaient
ainsi engagés, les populations des lles-Sous-le-Vent en ayant eu
connaissance déposèrent sous prétexte de trahison, la vieille reine
de Huahine, trop sensible aux offres d'argent et acclamèrent sa
fille Teuhe, qui devint par la constitution du pays, la reine légale
de ce petit royaume.
Dans les autres îles du groupe, les Hui-raatira, n'ayant plus
confiance en nous, se tinrent armés en attendant les événements,
qui ne devaient pas tarder à s'accomplir. En effet le 16 mars 1888,
le Gouverneur civil arrive à l'im'proviste à Huahine, avec toutes
les forces dont il pouvait disposer, il fait entourer le mât du pa¬
villon, situé près de la maison royale, au bord de la mer, puis,
sans saluer ce pavillon ami, et malgré les protestations de la
reine Teube, il le fait amener et remplacer par notre emblème
dont il compromet ainsi la dignité.
Le 17 mars à Raiatea, il traite sans plus de ménagements le pa¬
villon français du protectorat que les indigènes de cette île avaient
arboré d'eux-mêmes en 1880 et que leur garantissait un traité li¬
brement consenti et signé de bonne foi par les autorités compé¬
tentes.
Enfin, le 18
mars,
il traite Borabora
comme
il
a
traité Huahine.
A la suite de cette
des marins du
expédition qui a coûté la vie à un officier et à
Dècrès, la population de ce groupe rompit tou¬
tes relations avec nous. Devant cette attitude
hostile, il
a
fallu
pour garder notre drapeau construire à Raiatea le fort Tavana.
et mouiller un stationnaire dans chacune des îles principales, à
Huahine, Raiatea, Borabora. Cette manière insolite de faire des
Français avait froissé les subtilités nationales de ces populations
et surexcité leur
fibre
patriotique.
croit le Journal Officiel, le Gouverneur
aurait été reçu avec enthousiasme dans ces îles, qu'une foule
d'arrêtés désorganisent, comme si elles s'étaient annexées. En
réalité, toutes ces élucubrations de cabinet étaient rédigées pour
Paris, car jusqu'en juillet 1890, les autorités indigènes de ces
Cependant, si l'on
en
—
83
—
petits Etats ont continué à s'administrer en dehors de nous. Elise
en
signe de protestation arboré leur pavillon national en face
ont
du nôtre.
Cette persistante protestation de sociétés aussi
faibles, contre
qui avions la force, rendait la situation de nos stationnaires
aussi froissante que ridicule. Le gouverneur probablement
pressé
par le ministère résolut d'en finir. Les navires de la division du
Pacifique étaient sur rade et on attendait l'amiral. C'était donc le
moment d'agir.
On avait sous la main un prétexte d'entrer en lutte. Un tahitien nommé Mabine, ancien cavalier d'escorte de la Reine
Pomare,
venait d'être une seconde fois expulsé de Huahine, où il avait
rempli les fonctions de juge.
nous
Le Gouverneur donna l'ordre
de
au
Commandant du "Volta",
l'imposer au gouvernement de Huahine.
Le 22 juillet le refus du gouvernement de Huahine de revenir
sur la sentence prononcée contre le nommé
Mabine, soulève le
conflit prévu. En exécution des ordres précis, donnés à Tahiti
par le Gouverneur, les navires le yoit a, le Volage et le Taravao,
ouvrent le feu pour appuyer le mouvement
provoqué par nos
quelques partisans contre ce qu'on appelle les Dissidents.
Les Indigènes s'attendaient si peu paraît-il à cette attaque,
que
la Reine et une partie de ses chefs se trouvaient dans la maison
royale, située près du débarcadère lorsqu'ils furent surpris et
faits prisonniers par nos partisans. Le 23, le Commandant Huaguet, ayant à bord la Reine prisonnière, et une partie de ses chefs
aux fers, donne 48 heures aux autres chefs
pour déposer les ar¬
mes et expédie le
Volage à Papeete. Le 25, aussitôt le retour du
Volage, les navires reprennent l'offensive, 3 heures après cette
démonstration, les chefs font leur soumission et le lendemain
matin toute la population du district vient à bord du Volta,
déposer les.armes et se rendre à discrétion.
Ce même jour, le Cbamplain, quitte Papeete
pour se rendre
aux lles-Sous-le-Vent. Ce bâtiment est suivi deux
jours après par
la Vire, dont la machine venait d'être démontée, venant de faire
le voyage de Nouméa.
Le 29 juillet les Indigènes de Borabora, mis en demeure de se
rendre, font leur soumission au Commandant J. Gaillard du
Cbamplain.
Le iur août l'Amiral arrive à Papeete, le
3 août- le Cbamplain,
rallie le pavillon amiral.
C'est
Commandant
au
volue la tâche difficile de
Dupré, de la station locale qu'est dé¬
réconcilier avec nos ex-protégés
nous
de Raiatea-Tahaa, retranchés dans leur vallée à'Avéra. Pour fa¬
ciliter le rapprochement nous ne devons pas avoir recours au
Consul anglais. Les indigènes sont fatigués d'être constamment
sur leurs gardes et ils accepteraient tout arrangement qui ne
blesserait pas leur amour-propre national, mais il est impolitique
de les exalter par des menaces de faire tout bombarder et tout
anéantir. Nous ajoutons qu'il serait indigne de nous de provo¬
quer un incident pour leur chercher une mauvaise querelle d'alle¬
mand. Les chefs de Huahine les plus compromis sont en prison
à Papeete. On y allait mettre aussi la reine Teuhe, mais cette in¬
fortunée
princesse,
Pomare V
son
sœur de
mari divorcé.
Tamatoa Vf, s'est réfugiée chez
Tamatoa VI est du sang des
anciens rois de Raiatea-Tahaa ;
d'attaquer ses sujets.
Par une amère dérision, le Gouverneur accorde à la mère de
Teuhe, reine déchue par ses sujets à Huahine et à Teriimaevarua,
reine de Borabora en résidence à Papeete, la faveur personnelle
d'arborer le pavillon du Protectorat sur leurs demeures, pour
en
1888 il
nous
a
refusé
avoir vendu leurs
signatures.
En résumé le succès que viennent d'obtenir nos navires dans
les petites îles de Huahine et de Borabora fait honneur à nos ma¬
coûté la vie qu'à un seul homme,
indigène de Huahine; Quelques-uns prétendent qu'un autre
leurs compatriotes est mort des suites de ses blessures.
rins,
un
de
car
cette expédition n'a
ANNEXION
Promulgation de /'annexion à Papeete,
24 mars
1881.
Le 24 mars au lever du soleil 3 coups de canon de la batterie
du Mont Faiere, retentissent dans la ville. A ce signal, Papeete
sort de son calme et prend subitement un air d'animation et de
gaieté. Chaque citadin se prépare à fêter de son mieux la solen¬
nité du jour. Dans la rue de la Petite-Pologne et dans les rues ad¬
jacentes, les boutiquiers français et étrangers arborent nos cou¬
leurs. Les chinois du quartier du Marché font pétiller leurs feux
d'artifice. Il est à peine 7 heures et déjà sous les ombrages de la
rue de Rivoli et tout le long des quais accourent les curieux, tous
se dirigent vers la manutention, un des plus importants et des
plus anciens édifices de Papeete. C'est en face de ce monument,
dans un pavillon élevé la veille que le Chef delà Coloniedoit pro-
mulguer le décret d'annexion. L'emplacement ne pouvait être
mieux choisi pour cette cérémonie. Là se trouve un arbre qui a
servi il y 3 près d'un siècle à abattre en carène, la frégate Y Artémise. On sait que ce grand bâtiment de guerre, venant de se
défoncer
sur un
avait été conduit
des récifs isolés de Tiarei, et coulant bas d'eau
sous
la direction d'un
indigène
par
la passe de
Taunoa, dans le port de Papeete. M. le Capitaine de vaisseau
La Place, Commandant de cette frégate n'eut qu'à se louer de
l'accueil que lui fit dans cette circonstance, le gouvernement de
la Peine Pomarè. L'arbre de t'Ariémise, est aujourd'hui le centre
bosquet dans lequel on vient respirer la brise et jouir de la
la plus grande des distractions de Papeete.
1/2 les compagnies de débarquement du Chas¬
seur etdu Giiicheu, prennent position en enveloppant dans un
grand carré aux angles ouverts, le pavillon qui doit servir d'estra¬
de. La 72e batterie avec ses pièces s'aligne du côté de la mer. Une
foule de curieux se groupent sur les flancs et dans l'intérieur du
carré militaire. Parmi eux on distingue des colons Européens de
toutes races. Sur leurs physionomies graves et attentives on lit
un sentiment général de satisfaction. La grande majorité des
spectateurs se compose de Tahitiens. Tous paraissent être
enchantés d'assister à une fête, dont ils ignorent d'ailleurs et la
portée et la signification.
On voit que les soucis de notre civilisation n'ont pas encore
touché ces bonnes et franches figures polynésiennes. Des grou¬
pes de jeunes Tahitiennes aux yeux noirs, pétillants de malice,
circulent de tous côtés. Elles ont cueilli en route quelques fleurs
qui leur suffisent pour orner leurs belles chevelures nattées,
leur toilette est gracieuse comme leur démarche. Elles jouissent
aussi de la fête. A 7 h. 45 le Roi et le Commissaire de la Répu¬
blique, Commandant Chessè, s'avancent en grande tenue ac¬
compagnés des Consuls d'Angleterre, d'Amérique, de Danemark
et d'Allemagne. Ils prennent place sur l'estrade avec un nom¬
breux cortège d'officiers et de fonctionnaires. Au milieu d'un
profond silence le Commandant prononce d'une voix émue quel¬
ques paroles
et promulgue le décret d'annexion à la France, des états de Pomad'un
de la Rade ;
Vers 7 heures
vue
re
V. Le décret est traduit en tahitien
au
milieu du bruit du
canon.
bien certain que les indigènes y aient prêté une profonde
attention tous entière à l'admiration de nos troupes et au pre¬
mier coup de canon tous se sont précipités sur le quai pour
11 n'est pas
—
assister
aux 21
coups
86
—
traditionnels. A la fin delà cérémonie, les
troupes formées en colonnes par sections défilent, musique en
tête, devant le Roi et le Commandant Chessé. Cette manœuvre
Capitaine Pi\on, a été remarquable
la belle tenue du détachement, c'est ce qui a le plus frappé
la population tahitienne dont on connaît l'esprit guerrier. Dans
la journée on pouvait voir un grand nombre de personnes por¬
tant la cocarde tricolore, la ville s'était pavoisée aux couleurs
françaises et le soir les illuminations splendides attiraient un
grand nombre de promeneurs, surtout dans l'avenue du gou¬
vernement qui était féériquement éclairée par des lanternes vé¬
exécutée
sous
les ordres du
par
nitiennes et des
Vive la France.
verres
—
de couleur et retentissait des cris de:
Vive Chessé.
Xavier CA1LLET.
Lieutenant de Vaisseau
en
Retraite.
Tahiti-Iriti.
Août 1890.
LEGENDE
Mapu Nui ou Mapu Teretere de Takume.
Mapu le grand ou Mapu le voyageur est fils de Varoa Nui, roi
Kuraigo, originaire de Fagatau. Il naquit non à
Tepukamaruia (Takume) comme le répètent plagiairement plu¬
sieurs auteurs, mais à Marupua, aujourd'hui appelé Fagatau.
de Takume et de
Voici
sa
chanson de geste:
E
«
«
«
«
«
Ko
ko
Faateniteni
no
Mapu Teretere
Mapu tere e tama fanau o Varoa. E tu ana i tera
matagi. Puahiohio te maoake, fakaritorito maoake
taku rima nei raki taku rakau nei ra ko "Rapaheuiraki te Ragi".
Rigirigi te horotaku vaka. Puehuehu te tau ama mahina, ki te
tau Katea ; e tere ana ki te tai roa ki te taipoto e toa raga taua ;
e tere ana ki te atu motu, ki te ata ahiahi, turâga heiva a te toa
tagi reka i taku vaka ia "Tagohe" e vaka te eki tera Gataua.
«
«
parau
hiti
vau
rere te
—
—
vau kaMapu teree mau ana ki taku rakau i Rapaheuira ki
Ragi ei hauhau i te "upoko o te toa haka atua atu. Ko vau
ko Mapu Tere, he toa raga taùa, he toa tagi reka.»
«
Ko
«
te
«
87
En voici la traduction
:
«
C'est moi Mapu le navigateur, fils légitime de Varoa'. Je demeure là bas sur le confin où souffle le vent. Le vent d'Est est
«
fécond
«
Ragi" a apaisé ce vent d'Est. Ma barque file tout doucement.
Les deux balanciers Maliina et Katea ont été fort agités. Elle
«
«
en
trombes. Ma main tenant
son
bâton "Rapaheuira ki
te
la mer lointaine (tai roa), sur la mer rapprochée (tai
poto). Et guerrier vengeur, je naviguai jusqu'aux îles lointaines.
« perdues dans les nuages du soir pour y porter la guerre au guer« rier qui convoite ma pirogue "Tagohe", sise près de Gatauâ;
« C'est moi Mapu le voyageur. Je tiens prêt mon bâton " Rapa« heuira ki te Ragi " pour scalper la tête du guerrier qui osera
« se faireDieu (ou se diviniser). Oui, C'est moi. Mapu le voyageur,
« le guerrier qui
aime à tirer vengeance, le guerrier au cri si
« joyeux. »
Mapu était désigné aussi parfois sous le nom de Tuahakarere.
11 était grand guerrier et habile navigateur. De là, son surnom de
Mapu Teretere. Il naviguait sans cesse d'un côté ou de l'autre.
Le principal mobile de ses voyages était de faire la chasse à
l'homme pour se repaître de chair humaine. C'était un cannibale
de premier ordre.
C'est en ce temps qu'abordèrent à Takume trois bateaux mon¬
tés par des anthropophages. Dans leur nombre, il y avait trois
''kaite" remarquables. lisse nommaient respectivement: Fatoga,
Terehu et Toga. Ils neurentpas de chance. Tous les trois furent
exterminés avec leurs équipages. Ce fut le brillant début des
nombreuses victoires de Mapu.
«
vogua sur
«
Le
nom
Après
de
ce
sa
lance était Rautetoa.
glorieux fait d'armes, il entreprit un voyage à Tahiti
pour visiter son père Varoa Nui qui s'y trouvait depuis un cer¬
tain temps. Il se rendit, à cet effet, à Raroia. De là, il partit du
côté de Taharoa. A ce qu'îl parait, il eut pas mal de démêlés avec
d'îles. 11 aborda également à l'île appelée
sous le nom de Niau. 11 y fut mal ac¬
cueilli et traité en ennemi. Les habitants de l'île le poursuivirent
et le cernèrent dans la brousse dite Uuti. Mais il bondit par dessus
ses ennemis et se sauva. C'est à cette occasion qu'il fut appelé
par ceux de Niau Mapu Rere : Mapu qui vole.
les habitants de
Faau
connue
ce
groupe
aujourd'hui
88
—
A
—
départ de Niau, il voulut, sans douté, gagner Tahiti,
voyage, mais par un hasard de la navigation fréquent
en ce
temps là, il tomba tout à fait à l'Ouest, de l'autre côté
même des Iles-Sous-le-Vent au large de
Maupihaa. Cette île.est
désormais célèbre par latin qu'y a eu le fameux bateau
pirate
son
but de
son
allemand "Seaadler". Elle est aussi réputée pour ses tortues. Sa
géographique est par i6°S2' L. S. et 156° 20' longitude
Ouest.
situation
Le bateau de
Mapu avait
pour nom
Tagohe. C'est
sur ce
pahi
paumotu qui n'était autre chose qu'une pirogue double portant
un petit abri en feuilles de
pandanus démontable à volonté et ser¬
vant de refuge durant les mauvais
temps que Mapu arriva en face
de
Maupihaa.
Mapu
a
Maupihaa.
L'île
qui n'est habitée que transitoirement de nos jours paraît
peuplée en ce temps là. Les habitants de l'île l'ayant
aperçu arriver, coururent à leurs lances et debout sur le récif l'in¬
terpellèrent en ces termes : Ke vai kee? Qui es-tu?
Il leur répondit : Ke vau teie, ke Mapu Teretcre i te tuâ o Maupiha C'est moi, Mapu le voyageur au large de Maupihaa. Gahegahe te rauere o te himene : Le bruissement des feuilles de pan¬
avoir été bien
danus s'est fait entendre: Ke hahihakite rauere ote tamanu. Les
feuilles de tamanu se sont desséchées. Takina i Vaereta nei, te
fenua teie e te pereherere. Me voilà arrivé à Vaereta, le
pays ou
le nombre des tortues peut être comparé à celui de la
porcelaine,
semée
le
rivage.
Durant son séjour à Maupihaa, Mapu eut la chance
d'attraper
un "Kura". C'était un oiseau rare dont le
plumage rouge écarsur
late était fort recherché par
les rois et les chefs comme ornements
jours de fêtes. A cette occasion, il changea même, parait-il,
le nom de son bateau. Désormais, il l'appellera
pendant quelque
temps "Manukura" " L'oiseau rouge " pour perpétuer le souvenir
de cette heureuse capture. A chaque fois qu'on
l'interrogera sur
son identité il ne manquera
jamais de faire mention de cet oiseau
de bonheur dans sa réponse. C'est pour lui dorénavant un
point
des
d'honneur.
Fakatere, Fakatere
Koi, tegaruroa
Koi, te garu poto
Koi, te garu e lieke
Fakatere, Kaikava (bis)
Dirige (Gouverne) droit (bis)
pendant) la longue lame
la laine courte
la lame qui porte en haut
Gouverne bien, Kaikava (bis)
—
—
89
—
Tuahakare.re. Ivaikava (bis)...
I
na
kare
Tuahakarere, Kaikava
longue lame
Tagohe, fend hardiment la volute.
Sur la'
roa....
Tikotikoti, Tagohe, i gapeau..
C'est
au
qui était
village actuel de Temarie qu'il débarqua. Temanava
sur
le récif lui cria
:
Ko vai koe ?
ko
—
vau
Te ahu-a
Qui es-tu ?
teie ko
a
Mapu Maroa...
te lai ki l'are ika
c
huna
i Matiti
Teahioragi papatoa ki tono
na
Hiro kakatitekirioTautu kia
hume ake ai toku nei ariki..
Taliuhu
o
le
ragi te'kura
ki taku rima
taku
manu
e e
m au
aha i hau
kitea. kuraê.
.
a
.
.
C'est moi Mapu Maroa.
L'écuxneur de mer qui habite la demeure des poissons cachés à Matiti.
Je suis le Teahioragi £apatoa qui décidaHi.ro à aller mordre la peau de
Tàutu afin d'en revêtir
mon
roi.
Je suis le l'ai ta go du ciel dont la
a saisi un kura. Comme il
bien apprivoisé, mon cher
main
est
oiseau,
mon
kura.
Taitoaaaga taku.
kitea e
poti teiteipo tumaa è.
manu
kotiki taratara tua Ici
tei aroha
Mapu aborda donc à Anaa (Gana) où il livra bataille et exter¬
un bon nombre de la population de l'île. Il y a quelques
années, un vénérable vieillard de cette île. nommé Matuanui à la
tète bosselée (Pepenu puku) en témoignait encore devant ses
jeunes compatriotes en ces termes ironiques : « Pourquoi êtes« vous si bouffis d'orgueil, jeunes gens d'Anaa ? Ignorez-vous,
mina
«
s<
«
par hasard, que vous n'êtes que les
abandonnés par les Fangatau ? E toea
restes dédaigneusement
anake kotou no to Faga-
tau. »
Après avoir soumis Anaa à sa domination, Mapu tira une bor¬
jusqu'à Hao. De là, il gagna Raroia et Takume où il s'établit
définitivement et y laissa de la progéniture. 11 construisit un mau¬
solée pour le corps de son père a l'endroit connu sous le nom
dePaetaha. Ce lieu fut désormais appelé "Ote pa Varoa". Ce
devoir de piété filiale accompli. Mapu continu ses courses marines.
C'est en ce temps là qu'arriva à Takume un cannibale du nom
de Tané, de provenance, sans doute, des îles de l'Est. Ce fut le
guerrier Teragiheikapu qui l'attaqua et le tua avec sa suite.
dée
P. Hervé AUDRAN.
Société des Études Océaniennes
—
90
—
Taiohae, le
21
juin 1916.
Au R. P. Hervé Aitdran.
Puisque vous me faites l'honneur d'une consultation, je vous
réponds: "Ao Marama" n'est pas marquisien, Marama esttahiticn. J'ai bien un Marama parmi mes ouailles, mais c'est un enfant
né d'un tuamotu, un nom d'homme et non pas un nom géogra¬
phique.
Mais
nous avons
Ao et Mciàma et les deux mots sont souvent
employés unis avec la particule nei qui signifie ci (marque de
précision et de rapprochement).
AO signifie bien des choses et en particulier règne, gouverne¬
ment, jour (diurne) du matin au soir.
MAAMA avec l'accent sur l'A qui dénote la suppression d'une
consonne souvent du K. parfois du R, signifie lumière, clarté,
instruit.
Enfin, AOMAAMA NEI signifie ce " mondéci".,
"univers-ci"
dire" ce règne de lumière qu'est ce monde ci". Voici dans
quel sens AOMAAMA est un nom de lieu aux Marquises.
Nos anciens marquisiens ne connaissaient que les Marquises,
mais ne les appelaient pas Marquises. Chaque île avait son nom
spécial sans nom commun à toutes et elles composaient leur
monde, leur univers. Mais la particule ci semble indiquer opposi¬
tion à quoi ?
i° Peut-être à tel pays d'origine, qui serait un autre univers
un autre règne de lumière, le havaii que quelques uns veulent être
pour
savai des Samoa
ou
Havai.
Peut-être que
nei (ci) n'est qu'un ampliatif d'abondance qui
n'indique pas un autre règne de lumière, mais cet havaii où vont
après la mort les misérables ; c'est bien un règne mais de ténè¬
bres et non pas de maàma
Reste-t-il quelque doute que celui qui a pris AO-MARAMA
pour le nom des îles Marquises a tait une confusion l II n'a pas
tout à fait tort, mais il s'en faut qu'il ait raison. Ce n'est pas d'au¬
jourd'hui que je cherche un nom canaque commun à nos îles. Je
n'en ai jamais découvert.
Nous avons une vallée dite AO-TUPA. Voici pourquoi. Tupa
est l'hercule marquisien. Une fois pourtant, sa sœur Hina s'es¬
sayait. Tous les deux travaillaient la nuit seulement. Tupa élevait
un tas de pierres fantastique qui est encore curieux (on dirait un
20
.
•sphinx égyptien) dans une vallée séparée de Taio-Hae située à
l'Est par une crête sur laquelle Hina équilibrait une dalle de belle
dimension. Naturellement, par sa position, elle vit poindre l'au¬
rore plus
tôt que son frère, aussi fidèle qu'elle à ne pas travailler
le jour et elle l'avertit de l'aube en disant: Ao-Tupa (Tupa, le jour)
resté à cette vallée
duant à la rectification de l'orthographe
et le nom est
des noms, à vos deux
une autre. L'île, en face de
Taio-Hae, s'appelle Ouapoou que nous écrivons Uapou en don¬
nant à chaque U le son de OU français. L'Administration nous a
suivis quant au premier U mais clic a, par erreur, supprimé l'O.
notes
on
peut en ajouter au
moins
française il faudrait écrire Ouapoou.
fait, je dis que. écrivant et pronon¬
çant canaque nous mettons Uapou, ce qui signifie "deux co¬
lonnes" : Ua : deux et pou : colonnes. Ou bien il y a colonnes, Ua
signifiant aussi : il y a. C'est une allusion aux fameuses colonnes
de pierres de l'île.
L'Administration écrit Uapu, ce qui signifie "chemin". Radi¬
calement Uapu signifierait : i° deux trompes ; 2° il pleut par
hasard ! Mais ainsi prononcé, cela ne signifie pas l'île.
je ne me suis pas arrêté à rapprocher Marama de Meamea qui
signifie en marquisien lune et mois lunaire. Dommage que Aomeama n'existe pas. Nous y pourrions voir l'origine de vos Tini
Tagata. Mais en marquisien màama ne veut point dire lune. Pour
lune, nous n'avons que Meama et Mahina."
P. SIMÉON DELMAS.
Pour écrire et prononcer à la
Mais personne ne l'a jamais
I.
—
Les
moustiques.
pamphlet remarquable" Mosquitoand Malaria Control" divise les moustiques en deux grou¬
pes Anopheline Group et Cuieinc Group.
Le premier est le propagateur de la Malaria, le second sans être
aussi pernicieux, cause bien des ennuis.
M. Louva G.
LENERT, dans
son
U semble que jusqu'ici l'ANOPHELES n'a pas été introduit à
Tahiti. Il est donc important de surveiller son introduction et
pour
cela de le connaître.
exprimons ici toute notre reconnaissance au BUREAU
Nous
—
92
—
l'HYGIÈNE (Board of Health) de Sacramento, Californie, qui
la courtoisie .de nous prêter les clichés suivants pour nous
montrer les différences entres les Anopheles et les Culex.
Ce cliché représente le type du moustique Culex (aedes dor¬
de
a
eu
sal i s).
(a) montre le scutellum des Culex. distinctement échanc-ré.
(h) montre celui des Anopheles qui est sans échancrure ce qui
le distingue des autres.
ANTENNAE
THORAX
thorax
HEAD
KHEE-
THORAX
^
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\ éCUTELLUM
\
5EGMEHT
HALTERE
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Ilistoiee de la vit? du
Moustique
.
Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 14