B98735210103_006.pdf
- Texte
-
'
/C
"3
Bulletin
[S
DE
a
Société
la
des
3
0
jX°
G.
SEPTEMBRE 11)22
Anthropologie
Histoire
—
Ethnologie
—
Philologie.
Institutions et Antiquités
populations maories.
Littérature et Folklore.
—
des
Astronomie
—
Océanographie— Sciences
naturelles.
Tourisme.
iw
IMPRIMERIE
DU
GOUVERNEMENT
a Papeete
Société des
(tahiti)
Études
Océaniennes
SOCIÉTÉ
D'ÉTUDES
OCÉANIENNES
•—s-&-"!———
■iv* g.
—
septembre
S OIMC
1922
.A. X IRIEJ
Editorial
Rédaction
Archéologie
Marae des Iles
Marquises
Clayssen
Philologie
Les
langues polynésiennes
en
Méla-
nésie
Rectification à l'orthographe
tains noms tahitiens
Sidney Rey
de cer¬
Alexandre Drollet
Océanographie
Poissons des îles Tuamotu
L'eau potable dans les attolls
Histoire
Mémoires d'Ariitaimai
P. Hervé Audran
Emmanuel Rougier
Astronomie
Tahiti, observatoire astronomique.
Robert Trumpler
Tourisme
Le tourisme
Océanie.
L. slgogne
Marquises
Le Bronnec
en
Visite des Iles
Littérature et Folklore
Le
M. Chadourne
lyrisme des Tahitiens
Poèmes tahitiens (traduits par la
Princesse Takau Pomare et M.
Chadourne).
Documents du " Bulletin "
Actes officiels
: Arrêté du 31 décembre 1921, confiant à
la Société des Etudes Océaniennes l'administration de
la Bibliothèque et du Musée de Papeete.
Procès-verbal de la séance de réouverture du 4
Séance
plénière du 17 août 1921.
Réunions mensuelles du Bureau.
Communications diverses.
sa tt ^
Après une interruption de trois années, le Bulletin de la So¬
ciété des Etudes Océaniennes reparaît. Ceux de nos Sociétaires
ou
de
nos
attendu
Correspondants qui ont réclamé
avec
curiosité
ce
avec insistance ou
retour voudront bien ne pas
trop s'é¬
tonner des retards et des
légers changements apportés à la nou¬
publication : renaître de ses propres cendres ne se passe
point de lenteurs, voire aussi de quelque métamorphose. Ce
qu'il importe, c'est qu'au temps et au silence, survive l'a volon¬
té d'être, de se continuer, et aussi la confiance dans l'œuvre à
poursuivre, dans le fait à réaliser.
L'impulsion initiale donnée à la Société des Etudes Océanien¬
nes par son fondateur, le Gouverneur
JULIEN, avait permis à
ce groupement, une fois
pourvu des aides morales et intellectu¬
elles nécessaires à ses premières démarches, élégamment pa¬
tronné et duement encouragé, de tracer son itinéraire dans
divers domaines intellectuels, de se mettre en route d'une belle
allure, et de fournir sans défaillance une étape de près de trois
années. Au cours de cette étape de précieuses relations futent
nouées, d'heureux échanges engagés, d'utiles collaborations
recrutées. Adressés aux Institutions scientifiques d'Europe,
d'Amérique et-d'Asie, aux personnalités des deux continents
attachées aux questions polynésiennes, les premiers Bulletins
ramènent une ample moisson de correspondances qui toutes té¬
moignent de l'utilité de l'œuvre entreprise et de l'intérêt qu'elle
velle
suscite. Des documents s'amassent, des curiosités s'éveillent ;
et sans grands moyens d'action, sans outillage scientifique, sans
technicité proprement dite, mais placé au cœur même de son
domaine d'études et doué d'expansion par la seule activité de
son
c'est
fondateur et la bonne volonté de
un
quelques adeptes zélés,
scientifique qui se forme, s'organise et
Bulletin, l'instrument fondamental de son ac¬
véritable centre
propage, avec ce
tion.
L'œuvre était viable et vivait quand vint
pulsion qu'elle tenait de
son
à lui faire défaut l'im¬
fondateur. La bonne volonté des
—
2
—
meilleurs, le désir de tous de voir durer une Institution dont le
l'archive, le conservatoire, en un mot la
mémoire de cette région du Pacifique, ne suppléèrent pas à l'é-
but même était d'être
-nergieetà l'esprit d'organisation d'un seul. L'étincelle man¬
quant qui eutanimé ce bon vouloffiet ce désir de persévérer,
l'œuvre fut laissée en route, les collaborateurs se dispersèrent,
le Bulletin cessa de paraître, la Société ne fut guère plus qu'un
nom sur la porte d'un Musée presque abandonné.
Tl'est avec" le souci de ne point jouer avec l'éphémère, de don¬
ner à la Société et au Bulletin le moyen de survivre aux contin-'
gences personnelles, qu'en août dernier un appel fut lancé. II
eut tout le succès qu'on en pouvait attendre et réunit non seu¬
lement les anciens Membres mais bon nombre de Membres nou¬
veaux, faisant ainsi la preuve du besoin réel auquel répond ce
centre d'études et de l'attraction qu'un petit cercle intellectuel est
appelé à exercer sur ceux que les spéculations de l'esprit ne lais¬
sent pas indifférents. Les premières réunions delà Société n'eurent
pas seulement pour résultat de rassembler ses éléments épars,
mais aussi de lui donner un mode de fonctionnement qui est le
pl us propre à assurer, en dehors des coups de zèle intermittents, la
continuité et l'indépendance propres à ses travaux. En effet, en
demandant et en obtenant le rattachement du Musée, accordé
par l'arrêté du 31 décembre 1921, en acquérant ainsi le droit
d'administrer et de surveiller ses collections, de désigner ellemême son Conservateur, et de disposer à son gré de la subven¬
tion annuelle servie parla Colonie; d'autre part, en se réservant
la faculté de confier à tel
ou
tel de
ses
Bulletin, la Société s'est assurée pour
Membres la rédaction du
l'avenir, par cette sorte
d'autonomie, un libre jeu qui lui laisse le mérite et la responsa¬
bilité de son effort, et lui vaudra, nous l'espérons, un durable
fonctionnement.
A la suite de ces réunions plénières, le nouveau Bureau,
chargé des initiatives et de la préparation des travaux, s'est ef¬
forcé, au cours de séances mensuelles, d'aborder quelques réa¬
lisations dont nous donnerons plus loin le détail, et en tête des¬
quelles figure la publication de ce Bulletin.
Ces modifications apportées à la^resentation du Bulletin ont
eu pour but, en la dégageant de son aspect et de son caractè¬
re de publication
officielle, de faciliter sa diffusion et sa vente.
Dans le même sens un effort sera fait, dès le prochain numéro,
pour insérer dans le- texte des reproductions photographiques
s
Etudes Océaiiîeni
des illustrations. Enfin la tentative faite
pour en élargir le
cadre, en faisant place à certaines rubriques
d'actualité,
« Tou¬
risme » entre autres, a eu en vue de
préparer le terrain à des
réalisations pratiques, telles que,,
par exemple, la mise en œu¬
vre du tourisme local.
ou
Mais cette
publication marquant à nos yeux le point de dé¬
part et le but essentiel de l'activité de la Société, il a semblé
qu'au moment d'amener à jour ce Bulletin,
s'imposaient, pour
générales qu'elles soient, certaines considérations relatives à la
bonne volonté
commune et
à la collaboration collective
que sup¬
pose une entreprise de ce genre.
Il convient en effet de
prévoir une
lorsqu'elle
objection de principe, qui,
traduit pas seulement
l'esprit de critique ou la
seule
nonchalance, peut se formuler ainsi : que peut-on atten¬
dre dans un domaine aussi
spécial que celui de l'investigation
ne
ethnologique, archéologique
ou philologique, d'un
groupement
qui compte au total une soixantaine de membres,
au nombre
desquels l'on ne trouve qu'en minorité ceux qui,
ayant avec les
lieux des attaches
durables, sont disposés à ces recherches par
leurs aptitudes, leurs professions et leurs
goûts? —Au premier
abord une réponse de
découragement tend à se formuler. Mais
si, au lieu de se placer au seul point de vue du nombre et de la
compétence des collaborateurs, l'on envisage les résultats à ob¬
tenir en raison de
l'objet des études, de sa facilité d'accès, de la
proximité et de l'abondance des matières offertes, l'on est tenté
de conclure plus favorablement à l'effort.
En effet, en un centre
où, plus peut-être qu'en aucun autre du
Pacifique, foisonnent les souvenirs des époques anciennes, où
les traditions et les coutumes se mêlent
encore à la vie quoti¬
dienne, où les témoins du passé sont nombreux qui n'auraient
que d'interroger leur mémoire, pour
glaner au jour Le jour des
trésors que seuls le
temps ou l'indifférence égarent, il n'est pas
tant besoin des studieuses recherches de
savants ou de spécia¬
listes que du concours bien
compris d'érudits, de curieux ou
d'anciens du pays.
Si l'on songe que ceux
qui ont établi les monuments les plus
doctes et les plus durables de l'histoire et de
l'ethnographie po¬
lynésienne, les Forster, les Ellis/Ies Moërenhout, les VincendonDumoulin n'étaient conduits à ces travaux
par aucune prépara¬
tion professionnelle (l'un était
Ingénieur hydrographe, l'autre
commerçant et Consul, cet autre Missionnaire) et qu'ils n'eurent
attaches passagères, ne peut-on sans am¬
si réduit fut-il, d'« amateurs éclai¬
rés », le faible effort de retenir et de sauver de l'oubli tant de
vestiges et de témoignages, encore inédits ou inclassés, qui ne
demandent que d'être recueillis.
Si l'on songe aussi que tout retard compromet cette indis¬
pensable sauvegarde, que d'année en année les derniers té¬
moins disparaissent, que les vestiges des derniers maraës sont
fouillés et dispersés, que la langue maorie s'altère d'infiltrations
étrangères, que le fil des traditions légendaires est sur le point
de se rompre et qu'avec les années sombrent les dernières
lueurs qui éclairent encore cette civilisation disparue, peut-on
avec ces
îles que des
bition attendre d'un groupe,
encore
hésiter ?
Que pouvons-nous ? — Sauver, vaille que vaille, de ce qui
qu'il demeure encore, et ne pas laisser périr ce qui vit.
s'agit que d'une œuvre de conservation, d'autant plus
ce
fut
11 ne
réalisable
peuvent contribuer. Notre but, il con¬
que les plus modestes y
vient de le rappeler, n'est pas tant de
cherche de particularités scientifiques
poursuivre une ardue re¬
que de tâcher à reprendre
le fil d'un passé dont l'histoire, les traditions et les coutumes
mêlent encore intimement leur trame à la vie de ce pays. Notre
programme envisage moins les subtilités d'une philologie com¬
plexe que l'apurement de cette langue vivante qu'est la langue
tahitienne, moins les laborieuses investigations archéologiques
que le bilan et le classement des derniers monuments. Ces pa¬
ges tendront moins à établir les origines immémoriales ouïes
chronologies séculaires, qu'à retenir dans le texte original, ac¬
compagné de traductions littérales, les fragments rompus —
légendes, chants ou poèmes — de cette geste maorie dont quel¬
ques mémoires retiennent encore des lambeaux.
Maints groupements locaux, entre les plus notoires les félibres provençaux qui sont un excellent modèle, nous montrent
ce dont est capable en faveur d'une langue, d'une littérature,
d'un pays, le zèle de simples amateurs animés d'un vivifiant es¬
prit régionaliste. Chaque résident faisant l'inventaire des con¬
naissances personnelles que sa profession, ses goûts ou simple¬
ment le fait d'avoir vécu dans ces îles lui ont permis d'acquérir,
est en mesure d'apporter sa part à l'inventaire global. Tout co¬
lon, tout ancien de la Colonie est peu ou prou un historien, par¬
fois un archéologue, souvent un érudit. Quelle contribution on
peut attendre aussi de ceux que leur mission religieuse ou leur
fonction administrative
a penché, en une observation
quotidien¬
les races insulaires des Archipels éloignés. Ainsi, à con¬
dition qu'ils veuillent y montrer quelque
goût, qu'ils veuillent
« aimer », par les seuls "
amateurs", peut se constituer un fonds
de connaissances locales plus nourri, plus riche et sans nul doute
plus vivant que celui que peuvent acquérir les Institutions scien¬
tifiques les mieux outillées.
Le rôle de ce Bulletin, dont la rédaction sera aisément assu¬
rée si l'appel que nous adressons ici à la collaboration de toutes
les bonnes volontés est entendu, sera de conserver et d'entrete*
nir ce fonds et aussi d'en faire, sans rien en aliéner, un fonds d'é¬
change. Les grandes Institutions scientifiques dont les études
Océaniennes sont le domaine, Bernice Pauahi Bishop Museum,
Historical Hawaian Society, New Zealand Institute, Polynesian
Society, pour n'en citer que quelques-unes, qui sont les corres¬
pondantes du Bulletin depuis sa fondation, ne manqueront pas
en effet de
puiser dans ce fonds des matériaux qui, par leurs
soins, serviront à l'œuvre de Science. Par la révision critique,
par Iexfiltrage et par la synthèse des données plus ou moins bru¬
tes, plus ou moins fragmentaires, mais toujours franchement
extraites de leur terrain originel, dont ce Bulletin leur apporte¬
ra le tribut, ces Institutions
pourront parfaire le travail entrepris
et nous suppléer où nous serions insuffisants.
ne, sur
Mais ce n'est pas à ce seul échange que l'on peut espérer voir
aboutir la diffusion de ce Bulletin et la collaboration des Institu¬
tions scientifiques. La complaisance manifestée jusqu'à ce jour
par nombre d'entre elles qui ont continué de .faire à la Société,
même alors que le Bulletin avait cessé de paraître, le service de
leurs publications, l'intérêt bienveillant que la plupart d'entre
elles n'ont cessé de montrer
aux premiers efforts de leur sœur
Tahiti, nous permettent d'espérer pour l'avenir la
possibilité de certaines aides matérielles de la part de centres
d'études puissamment dotés et outillés qui tendent, ainsi qu'en
témoigne la Pan Pacific Conference, à une généreuse expansion.
En retour des apports que ce Bulletin pourra faire à leur propre
fonds en matières neuves, inédites, des travaux préparatoires,
recherches, enquêtes, qui peuvent être effectués sur leurs indi¬
cations, en échange aussi des facilités que notre Société peut
donner ou faire obtenir aux nombreuses missions scientifiques
envoyées par elles, nous pouvons attendre de ces Institutions,
sans avoir à en éprouver aucune gêne de parent pauvre, certains
cadette de
concours
matériels dont elles ne
perdront pas tout le profit. En
par exemple d'enregistrer sur le disque nos « hymene » tahitiens si insuffisamment connus ou de fixer sur le film nos dan¬
vue
locales, il suffirait très probablement que la demande en soit
ou tel grand Musée, pour que nous soient confiés les
appareils nécessaires. Et ce n'est là qu'un simple exemple pris
ses
faite à tel
au
hasard des
centres
échanges effectifs, si faciles 3e la part des grands
d'études, si précieux pour nous, dont il nous est per¬
possibilité, pour péu que nous cherchions de
nqtre côté à sortir le fonds de nos connaissances ou dé nos cu¬
riosités locales et à propager ce dont nous sommes détenteurs.
Et ce faisant, en sauvant de l'oubli les traditions, les coutu¬
mis d'entrevoir la
mes, les derniers vestiges du passé, en ramenant à la lumière
des richessesqui, pour n'être pasmatérielles, n'en sont pas moins
inappréciables, en ajoutant aux multiples mirages de ces îles le
prestige de leurs titres de civilisation, ce n'est pas seulement aux
intérêts et à l'honneur de ce pays mais encore, par delà toutes
limites territoriales, au grand-œuvre d'Art et de Science que
notre effort contribuera.
ILES MARQUISES
» est à tort employé dans un sens très gé¬
improprement, s'appliquer sans distinction à
tous les vestiges de monuments mégalithiques des Iles de la Socié¬
té, des Iles Australes ou des Iles Marquises.
Dans ce dernier archipel ces monuments sont au moins de
deux sortes : les « Mè'ae >> qui étaient les lieux sacrés réservés
aux prêtres et à leurs sacrifices, et les « Koïna », sortes d'agoras.
où siégeaient les chefs et les notables.
L'étude que nous publions ci-dessous et qui est due à M. l'Ad¬
ministrateur Clayssen ne tient pas compte de'cette distinction et
confond ces deux catégories sous l'appellation de « Marae », qui
n'existe pas en dialecte marquisien.
Il pourrait en résulter dans l'esprit de certains une confu-
Le terme de
néral et
ou
«
Marae
le fait,
sioricontre
laquelle
nous mettons en
tin.
garde les lecteurs du Bulle¬
De par
ailleurs, la liste dressée est loin d'être complète et les
descriptions que l'on y trouve ne constituent pas, à proprement
parler, l'étude archéologique des « Me'ae » et des « Koïna » marquisiennes.
Un archéologue américain, Monsieur
Lynton, envoyé l'an der¬
nier en mission par le Bernice
Bishop Pauahi Museum aux Mar¬
quises où il séjourna plus d'un an, a dressé une liste très com¬
plète de ces monuments et a rédigé à leur sujet un important
rap¬
port sur le point d'être publié.
Les lecteurs du Bulletin seront tenus au courant
de ce travail,
nous avons tenu à
faire paraître dès le présent numéro l'é¬
tude préparée il y a
mais
déjà trois ans par M. Clayssen. Elle aura au
l'avantage de guider les premiers touristes des Marquises,
parmi leurs plus importants vestiges archéologiques dont, à notre
connaissance, aucun relevé n' avait jusque-là été fait.
moins
Liste de
quelques
«
i°
Maraë situé
sur
vallées d'Atikua
proprement dite).
«
Maraë
MARAËS
la terre
et de
»
»
de Pile Hiva-Oa.
D'ATUONA.
Pekiaputona»' à l'intersection des
Papuae (au fond de la vallée d'Atuona
*
«
Ce maraë est à deux kilomètres environ de la
plage. Il est
très beau et bien conservé.
Les sièges formés de,pierres destinés aux notables et les
pla¬
réservées aux prêtres existent encore. Sur une vaste
plate¬
forme en pierres où avaient lieu les sacrifices humains on
ces
encore une sorte
de cuvette formée de
voij
pierres plates dans la¬
quelle s'écoulait le sang des victimes.
Les blocs en pierres amoncelées
qui figurent en haut sont des
tombeaux séparés par d'étroits couloirs.
2° Marae
A
un
kilomètre environ dn
«
Ahuahu
»
Pekiaputona», sur la mê¬
colline, il existe un grand «paepae » (plate-forme en pierres
amoncelées) sur lequel sont placés deux tikis en bois (en fort
mauvais état) et un tiki en pierre. La
partie supérieure du corps
me
de
ce
tiki
a
été enlevée.
marae «
3° Marae
«
Pouau
))
cinq kilomètres environ d'Atuona sur
colline dominant la vallée d'Atuona,. Son emplacement est
très visible du village. Il était autrefois habité par les grands
Ce maraë est situé à
une
prêtres et prophètes qui ne descendaient jamais dans la vallée.
La route est très praticable à chéval pendant trois kilomètres
environ, jusqu'à un endroit où il faut prendre un sentier (dans
la vallée d'Atikua). A partir de cet endroit l'ascension devient
assez pénible.
Ce maraë est composé de «paepaes » en pierres reliés entre
eux par des avenues pavées. Il semble avoir été construit avec
beaucoup de soins.
Sur une des plates-formes, est placé un très beau tiki de im50
environ, en pierre rouge.
Parmi les pierres formant le bas-relief de cette plate-forme
servant de piédestal au tiki, il y a deux autres tikis en pierre
rouge. L'un d'eux, actuellement enserré dans des racines de ba¬
nyan, est fendillé.
Cette pierre rouge s'effrite très facilement.
Dans ce maraë il a été déjà trouvé deux très jolis petits tikis
doubles très finement sculptés.
J'ai également remarqué sur une des plates-formes une table
composée d'une pierre plate de plus d'un mètre carré de surfa¬
ce, supportée par d'autres pierres longues, plantées en terre.
4° Marae
«
Mapa »
Papuae, à»3 kilomètres environ du vil¬
lage d'Atuona. Ce marae n'a rien de très intéressant, à part un
tiki en pierre rouge sculpté sur une des pierres.
Situé dans la vallée de
5° Marae
«
Moutea
»
grand et fort beau, ce marae est situé sur le flanc de la
en face du cimetière dit Teivikeooho. A deux kilo¬
mètres à peine d'Atuong.
Dans ce marae il existe quatre beaux tikis en bois et un au¬
tre représentant une femme.
Très
vallée
Teai,
Ces tikis sont
encore
bien conservés.
6° Tahuteha.
Situé dans la vallée Teai, à un kilomètre environ d'Atuona.
Grande place pavée, marae, paepaes, tombeaux, pas de tikis.
Un fourneau en pierre a été trouvé à cet endroit, il y a quel¬
ques années.
7° Dans la vallée de Teueto à
Tahauku, il existe
une
pierre
fort curieuse par les sculptures qui y ont été faites.
Ces sculptures semblent représenter des danses et un sacrifi¬
ce humain. Elles sont certainement très anciennes.
A côté de cette, pierre il y a un raaraeà moitié détruit.
Au
HAUT
DE LA
VALLEE- DE PUNAE.
Place
publique de l'ancien village de « Utukua ».
au plateau dit
des « Hamaus » au haut de
la vallée de « Punae», à l'emplacement d'un
village depuis fort
longtemps abandonné, du nom de «Utukua», se trouve, au mi¬
lieu de nombreux «paepaes », une place publique complètement
pavée.
Sur cette place, il y a un tiki en pierre, haut de i m 25 environ.
La pierre, en raison de sa forme, n'a pas eu besoin d'être
taillée. Le tiki a été simplement dessiné sur cette pierre qui a été
plantée debout sur un piédestal en pierres sèches.
Sur ce piédestal il existe également, formant bas-relief, deux
tikis dessinés dans la pierre rouge facile à travailler.
Peu avant d'arriver
Vallée
de
«
Puamau
».
Au
village de Puamau, à un kilomètre de la plage, sur le bord
vallée, à gauche, il existe une plate-forme assez
élevée, formée de grosses pierres amoncelées.
Sur cette plate-forme, est posé un gros tiki en pierre de im 70
de la route de la
de haut envirbh. Ce tiki est en bon état.
Un autre tiki de om 80 à peu près est sculpté sur une
res du « paepae ».
des pier¬
Au même
endroit, à gauche de la route, dans un petit cimetiè¬
il y a deux petits tikis en pierre deom 40 environ, scellés sur
un tombeau,
Ces deux tikis sont finement sculptés et bien conservés.
Plus loin, à 2 kilomètres 1/2 environ de la plage, à gauche de
la route, sous des manguiers et des caféiers, il existe quatre gros
tikis en pierre rouge de deux mètres environ. La terre où sont
ces tikis s'appelle « terre Otoahonu ».
re,
*
NOTE.
Pour visiter les maraès d'Atuona cités
sur
cette
liste,
un
jour
suffit.
Le matin, en partant
du village à six heures, on va directe¬
ment au marae dit « Pouau ».
Au retour, on
visite
«
--v
Pekiaputona » et « Ahuahu ».
—
10
—
L'après-midi : à une heure, départ d'Atuona, visite de « Moud'abord, ensuite « Maoa». En revenant de cette excursion
on passe à « Tahuteha ».
Dans une matinée, à cheval, on peut facilement aller à «Utukuà » et, au retour, se rendre à l'endroit où se trouve la pierre si¬
tuée dans la vailée deTahauku sur la terre «Teueto».
Atuona, février 1918.
tea »
CLAYSSEN;
Les
Langues Polynésiennes en Mélanésie.
Par Sidney H.
Membre
RAY,
m. a., f. r. a. i.
Correspondant de la Société d'Etudes
Océaniennes.
premier numéro du " Bulletin de la Société d'Etudes
Leverd a publié une notice importante sur les
peuples des Nouvelles-Hédrides qui parlent des idiomes polyné¬
Dans le
Océaniennes ", M.
siens.
La notice de M. Leverd est
fondée sur les noms purement po¬
lynésiens des îles Hébrides, Banks,
Torrès et Santa Cruz, et
la physionomie
peuples. Mais la physionomie n'indique pas toujours la
langue, et la plupart des langues dans ces îles ne sont pas poly¬
nésiennes. Les grammaires sont tout-à-fait mélanésiennes, quoi¬
que les vocabulaires contiennent beaucoup de mots polyné¬
aussi
sur
les observations des voyageurs, sur
des
siens.
Dans
une
autre
notice, j'essaierai de faire
connaître les rap¬
ports des langues mélanésiennes avec les langues polynésien¬
nes. A présent, j'offre quelques renseignements Sur les langues
polynésiennes parlées en Mélanésie.
1.
Ouvea, la partie nord de l'île Halgan ou Ouvea, dans le
—
groupe Loyalty. La
nés. La partie siftl
physionomie et la langue sont polynésien^
de l'île est occupée par une tribu (nommé
Jai) qui parle une langue mélanésienne. La langue tonga est aus¬
si parlée en Ouvea, et le même idiome est parlé ça et là en lifou.
N
2.
—
ou Erronan, à l'est de Tanna, aux NouvellesLes habitants parlent une seule langue polynésien-
Futpna
Tlébrjdes.
—
-Spçîof#des Études Océaniennes
-li¬
ne, mais ils ont une physionomie
mélanésienne, tout-à-fait
semblable à celle delà population de Tanna. La
langue n'est pas
égale à la langue de l'île Horn.
3,. — Aiiiwa, une petite île au sud de Futuna, a aussi une
population évidemment mélanésienne qui parle un dialecte po¬
lynésien à peu {Très semblable au dialecte de Futuna.
4. — Mele et Vila, ^deux petites îles dans South-West Bay,
(Port-Vila), Efate. — Les habitants sont polynésiens et parlent
une
langue polynésienne.
5. — Le district Mai (ou Emwae), la partie orientale de l'île
"Three Hills" dans le groupe Shepherd, —La
langue est polyné¬
sienne, mais la population est mélanésienne. Dans une partie de
cette île on trouve la
langue Nguna.
Dans les autres îles des Nouvelles-Hébrides, M. Leverd recon¬
naît des tribus
polynésiennes, mais tous les documents linguisti¬
ques touchant ces îles sont mélanésiens. Dans les îles Malo,
Aoba (ou des Lépreux), Maewo
(Aurore) et Araga (Pentecôte)
les grammaires sont
mélanésiennes, quoique les vocabulaires
contiennent des mots polynésiens.
6.
La langue de l'île Lo (groupe Torres) n'est
pas polyné¬
sienne. Avec lés autres langues du même
groupe (Tegua, Toga
et Hiw) elle est mélanésienne.
7. — Dans le groupe Santa Cruz, les îles Taumako (ou
Duff), Anuda (Cherry) et Tikopia sont habitées par des polyné¬
siens qui parlent une langue polynésienne pure.
Les langues de la grande île Santa Cruz (Déni ou Nitendi et
Te Motu) sont mélanésiennes bizarres,
mais les vocabulaires
contiennent un certain nombre de mots polynésiens, et de par¬
ticules dérivées du polynésien.
Les langues de Vanikoro et Toupoua, au sud de Santa Cruz,
—
sont
mélanésiennes.
Dans les îles Reef (ou Swallow) la
langue Pileni ou Fileni,
parlée aux îles Fileni, Mami, Nukapu et Nupani, est polynésien¬
ne, mais la physionomie des habitants est mélanésienne. Dans
les autres îles Reef, Nifiloli, Fonofono, tout est mélanésien.
8.
La langue de Rotuma n'est pas polynésienne pure. La
grammaire ressemble bien plus au mélanésien qu'au polyné¬
—
sien.
9. Les langues de Lifou et Maré (îles Lovalty), la langue tai
(de l'île Ouvea) et la langue de.Hienghène (ou Yengen) en Nou¬
velle Calédonie, sont mélanésiennes.
—
12
—
Salomon il y a sept langues polyné¬
appartiennent principalement aux îlots atolls qui
sont le long du bord oriental- de l'archipel, mais deux langues
sont parlées au sud. Les îles et les langues sont :
a.) Iles Abgarris ouFead, langue Nuguria, à l'est de la Nouvelleio.
—
Dans, le groupe
siennes. Elles
Irlande.
b.) liés Mortlockou Marqueen, langue Tauu, au sud-est d'Ab¬
garris.
c.) HesTasman, langue Nukumanu.
d.) Ile Ongtong Java (ou groupe Lord Howe), langue Leuaniua,
nord d'Ysabel.
au
Sikaiana et Matuavi, à l'est de Mwala
e.) Iles Stewart, langues
ou
Malaita.
■
'
f.) Ile Bellona, langue Mo-ngiki, au sud-est de San Cristoval.
g.) Ile Rennell, langue Mo-ngava, au sud de Bellona.
Les langues polynésiennes de l'archipel Salomon sont exhibées dans le «Journal of the Polynesian Society ». (i)
m. Des langues polynésiennes sont parlées au bord de la
Micronésie, dans deux îlots au sud de l'archipel Caroline.
Elles sont
:
a.) La langue Nukuoro, parlée dans les îles Kap etMailang.
b.) La langue Pikiram, parlée dans l'île Greenwich.
La dernière est un jargon des dialectes polynésiens. On trou¬
ve une notice du Pikiram et Nukuoro dans le «Journal of the
Polynesian Society ». (2)
12.
Il n'y a pas de langues polynésiennes en NouvelleGuinée (ou Papouasie). Les langues citées par M. Leverd sont
très diverses. Le Maiva, Kuni (3) et Motu sont mélanésiens.
L'Ilema (Elema), Kotapu (Koita) et Koiari sont papouens. Les
langues papouennes n'ont pas de rapport avec le mélanésien
ou le polynésien. On trouve une classification des idiomes delà
Nouvelle-Guinée dans le «Report of the Cambridge Anthro¬
pological Expedition to Torres Straits ». (4)
J'ai tiré de mes manuscrits un petit vocabulaire des idiomes
auxquels j'ai fait allusion. Le p indique une langue polynésien—
(1)
(2)
(3)
(4)
Vol. xxv, 1916; xxvi, 1917.
Vol. xxi, 1912; xxiv, 1915.
M. Leverd, à a Ma\ya » et « Kumi
Vol. m, pp. 284-527.
».
,
—
rte,
le
m marque une
13
—
langue mélanésienne, et le pap.
une
lan¬
gue papouenne.
Alphabet :
i, o, u
a, e,
comme en
italien.
ë, ô
comme « e » et « eu » en
très court.
français
: «
le » et
«
leur
»; «
v
â
»
b, d, f, k, 1, rn, p, z comme en français.
ny et ng, comme « gn » et « ng » en français dans « règne » et
«
angon ».
anglais dans «finger ».
anglais dans «joke»,
ngg comme «ng» en
j, ch, wh
«
what
«
thick» et
comme en
«
church» et
».
th et dh
comme en
«
the
anglais
«
th fort» et «th doux
»
dans
».
Homme
Femme
Soleil
Lune
m.
Hienghène "kahok
hnok
hnengat
m.
Lifu
fôe, dha-
dhô
pweh
meleme, teu
chekole
m.
m.
P-
ate, trah-
Mare
many
dhiny
ngome, cha- hmenewe
hmane
du
lai
Uvea
Weasisi
at
m omo
seûnô
tehi
tangata
fafine
la
masina
mutingar
mauung
yetamimi
petan
Futuna
Aniwa
Efate
Meleet
Vila
tangata
tangata
line
fine
tamoli
tane
m.
Nguna
P.
Mai
ta, tamwoli
tangata
m.
Tangoa
m.
Malo
m.
Aoba
m.
Pentecôte atatu
Aurore
tatua
®tela
Loh
m.
p.
P
m.
P-
m.
m.
m.
m.
Pm.
Tegua
Toga
Tikopia
Tupua
m.
Vanikoro
m.
Déni
m.
Te Motu
Nifiloli
m.
ra
mrama
mrama
nguruni
k~
elo, alo
fine
rea
ngoroi
elo
fafine
mata-ra
masina
g'arai
alo
vitu
vavine
vavine
alo
vitu
vule
vavine
alo
aloa
vula
elo
mëgaga
mâgagë
mëgaga
r
atelang
ngale, marama
tamlogi
tamalogi
tangaloe
aho
alelangi
wula
tela
t&wone
lekwavina
lëkwâvinâ
lëkwëvinë
tangata
fafine, fefine
ra
marama
lumuo
aimio
nuo
jolo
lamuga
nëpala
ngëpala
neme
woie
mele
ovla
nanga
tema
ovla
nanga
tema
sime
singenba
le
pe
tela
elo
nëlo
14
—
—
Lune
Soleil
Femme
Homme
©
p.
Fileni
tai, tangata fafine
p-
Nuguria
tama
wahine
vela
akafu
la,
masina,
ra
ma-
rama
p.
Tauu
■p.
Nukuma-
p.
Leuaniua
nu
.
«
tanata
.
fafine
kanaka
la
.
malama,
ma-
rama
Sikaiana
p-
fafine, fa-
tanata,
p.'
malama, ma-
îiaa
nga'a
masina
mahina
rama
fafine
hahini
Mo-ngiki tangata
Mo-ngava tangata
p.
la
hine
tama
m.
San Cris-
noni
urao
sina
hura
m.
Mwala
inoni
hue
sato
warowaro
m.
Maiva
hau
beraura
naua
m.
Motu
tau
babine
hahine
hua
m.
Kuni
kau,
vavine
dina
dia
haiera
uva
hare
papare
ata, koita
magi
magi
vani
bata
vani
bata
toval
mu¬
bulo
y
ch au
pap.Elema
pap Koita
pap Koiari
.
.
#
ata
Eau
Feu
Œil
Oreille
y
trahman
alamek
jenin
hnangenyë
waegogo
emakan
wabaiwa
Hienghène
iak
ue, uwe
Lifu
eë
tim
Mare
iei
wi
lai
Uvea
meich
kôio
afi
matai
Weasisi
ningum
nahu
Futuna
Aniwa
Efale
afi
vai
vai
Mele el Vila
afi
vai
Nguna
kapu
oai
Mai
afi
vai
hnyikonyen
talinga
nuganemtin numatelingen
foimata
taringa
foimala
taringa
meta
talinga
mata
taringa
mata
ndalinga, ralinga
kafimata
taringa
Tangoa
g'abu
wai
mata
Malo
Aoba
Pentecôte
Aurore
hambu
avi
reu
mata, meta
mboro
wai
mata
nggwerogi
gapi
wai
mata
kpwero
avi
mbei
mata
kmbworoi
Loh
ev
pe
mëtei
Tegua
Toga
Tikopia
nav
mete
niav
pe
pe
ndalinga
ndëlingë
mëte
ndëlnë
afi
vai
kafimata
taringa
afi
kambu
.
oai,
-
ran
mata
Société dés Études Océaniennes
® pero
15
—
.
\
Feu
—
Eau
Œil
Oreille
Tupua
nivio
Vanikoro
nepie
wire
Déni
Te Motu
gnie
luwe
nie
luwe
Nifiloli
woi
Fileni
nie
keu
vai
mata
Nuguria
afi, ahi
vai
anamala
tarina
karemata.'
karemata
kautarina
maka
kalinga, karinga
•
11
io
nbona
gnia
«
ma
nggoko
talinga
.,
•
Leuaniua
ahi, afi
vai
Sikaiana
afi
wai, vai
Mo-ngiki
autarina
karimala
talina
mata
Mo-ngava
vakai *
San Cristoval
eu
wai
tunga
wai
bei
Mwala
Maiva
Motu
ndole
ndëtû
.,
Tauu
Nukumanu
singo '
mabeleng, ta -
mala
tainga-, tanginga
tanginga
karinga
alinge
vai
maa
maa
ranu
mata
Kuni
iruba
lahi
aloba
vei
Elema
hahari
macha, maks l
ma
ovohae
Koita
veni
eê
ni
Koiari
veni
eita
ni
Nez
m
ah a
Langue
fiai a
t^ia
avaku
ihiko
ifiko
Dent
Main
:
—
Hienghène
wandin
kuveman
hna-fidh
thinem
paiawhan
"nyô
karein
Lifu
Mare
cupiede
gutinene
ge
aranine
bôhôiny,
hningôiny
bohmen
nyu
hnyamen
lai
Uvea
-
isu
alelo
noamingen
nam
y
nifo, niho
lima
riev'lun
nel'limin
Weasisi
Futuna
Aniwa
Efate
Mele et Vila
ngusu
mena
mbati
usu
limena
nifo
Nguna
ngisu
mena
Mai
pali
isu
arero
nifo
Tangoa
ngalisu
meme
oru,
mbona
meme
Malo
Aoba
Pentecôte
eisu
isu
iwanakoime
in
rero
nifo
rima
rima
rero
nggwanog'i meag'i
kpweringa- mea
a ru
.
rima
aru
undu
arofi-rima
lima
lima
livog'i
limeg'i
liwo
lima
liwoi
luwo
lima
pati
no
Aurore
lisui
luemei
Loh
rnëndu
garami
lime
16
—
Langue
Nez
Tegua
Toga
Tikopia
Tupua
—
Dent
mundu
liu
men du
luwo
garame
alelo
isu, kauisu
nomboouni- mamala
via
nifo
Main
pini
pëni
rima, lima
uju
namana
mwe
Vanikoro
ngele
mea
wugne
Deni
Te Motu
Nifiloli
Fileni
no
lapu
nalapu
ninge
mungi
mû
noto
limbia
wôtende
nime
iu
alelo
nifo
Nuguria
haisu, ihu,
alelo, arelo
ngiho, niho
lima
rima
Tauu
Nukumanu
Leuaniua
keih'u
arelo
nik'o
lima
keih'u
relo
alelo
niha
lima
Sikaiana
kaiusu,
notu
mu
aihu
aisu, isu
ga-
iusu
Mo-ngiki
Mo-ngava
San Gristoval
Mwala
Maiva
Motu
Kuni
Elema
Koita
Koiari
isu, ishu
isu
ngiho, niso, lima, rima
nihd, nifu
alelo, aledo nitso, niho, lima
nig'o
aio
ima
niho, nifo
niho
ngima
barisu
meamea
pwalusu
mea
itu
udu
idu
maia
mala
maia
overa
uri
uri
mei
uri
neme
UN
Hienghène
Lifu
Mare
Iai
riho
nino
rima
nime
nihe
hise
ike
kao
ima
ima
egi
egi
ada
ima
mai
ada
Trois
Deux
Quatre
he
chas
helu
heien
povich
lue-te
kôni-te
sa
rewe
tini
eke-te
eche
khàcha
lo
kun
vak
tahi
lua
tolu
kaiyu
kisil
rua
toru
rua
toru
Mele et Vila
kadi
tasi
tasi
sikei
tasi
Uvea,
IVeasisi
Futuna
Aniwa
Efate
rua
tolu
rua
toru
fa
kuvert
fa
fa
bate
fa
tolu
pati
Nguna
sikai
ndua,
Mai
tasi
rua
toru
fa
Tangoa
ma-tea
mo-rua
ma-tolu
mo-thati
a-tea
a-ru a
a-tolu
a-vate
gai-tuwale
gai-tuwa
gai-rue
gai-rua
gai-tolu
gai-tolu
gai-vesi
gai-vasi
Malo
Aoba
Pentecôte
rua
17
—
Un
—
Deux
.Trois
Quatre
Aurore
tewa
irua
lolu
Loh
ivat
vujia
vujië
vujia
tasi, tasa
vurua
vëtal
vëvat
Tegua
Toga
Tikopia
Tupuà
Vanikoro
Déni
Te Motu
Nifiloli
Fileni
vuruë
vutël
vurua
vutal
vuvat
fa
sivia
vuvat
rua
toru
sika
iu
tuû
ti liogo
eja
eja
ali
alû
li, ali
tu
ninggi
lilù
tai
lua
lu a
tolu
tolu, toru
ha, fa
toru
ha
toru
ha
kohu, kolu,
ha, fa
ta
ru
te
lu
tahi
Tauu
tahi
Nukumanu
Leuaniua
tahi
lua
lua
kahi, kasi
hua, lua
uvâ"
Sikaiana
tahi, tasi
rua,
tasi
ngua
lasi, tahi
ngua
toru, tolu
tongu
tolu, tongu
rua
oru
kaona
fa
kogu
Mo-ngiki
Mo-ngava
San-Cristoval tai
Mwala
ta
Maiva
ha, hamono
Motu
tamôna
ta va
apue
apue
eve
Nuguria
Kuni
*
lua
fa
-
ha, fa
ha
va,
'olu
ha'i
ha'i
-rua
aihao
bani
rua
toi
hani
lua
koi, luana-
luana-ove-
kaona
irohia
oraoka-ora¬
rue
Elema
haroapu
oraoka
Koita
Koiari
kobua
abu, abugu
igau
abuti
lua
oka
Cinq
abigaga
abuti-igau
Six
aba abu
abuti-abuti
Sept
Huit
Hienghène
nim
nim-bwech
Lifu
Mare
tripi
dongo
cha-ngemen lue-ngemen kôni-ngemen
dongo-ne-sa dongo-ne- dongo-ne-tini
lai
thabûng
thabung-ke- thabung-ke- thabung
nim-balu
nim-bwein
rewe
nua-khacha
lima
Uvea^
nua-lo
tahi-ona-lupu lima-ma-lua
karilum
Futuna
Aniwa
rima
ono
tolu-ona
rima
lima
■
et
Nguna
Mai
Vila
rima
lima
rima
-
tu-
karilum-hadi karilum-kai- karilum-kisil
yu
.
ke-
pu
Weasisi
Efate
Mele
-
nua-kun
oano
fitu
fitu
va ru
latesa
larua
latolu
ono
latesa
fitu
larua
latolu
ono
fitu
varu
varu
varu
—
mo-lina
—
Six
Cinq
Tangoa
18
Sept
Huit
mo-linarave molinarabi
«
molinarabi
rua
tolu
Malo
a-li.ma
a-iono
a-bitu
a-ualu
Aoba
gai-lime
gai-limwa
gai-ono
Pentecôte
gai-ono
gai-mbltu
gai-vitu
gai-welu
gai-welu'
Aurore
tavalimwa.
lavatea
lavarua.
lavatol
Loh
tëvelimwa
lavërua
lavëtal
Tegua
Toga
Tikopia
Tupua
tëvalimë
livijia
livijië
lëvijia
rima, lima
sini
Vanik-oro
Deni
Te
Motu-
Nifiloli
Fileni
tevâlima
te
li
navlunû
navlunu
vili
lima
lëvëruë
lëvëtël
lëvërua
lëvëtël
ono
fitu
varu, waru
suo
tibi
ta
te
ta a
bi
ejame
ejamë
welenggi
ôlimë
ta pwa
ôtumë
ëlimë
ëtumë
polelu
pole
ono
fitu
valu
wo
Nuguria
lima
ono
hilu
valu,
Tauu
lima
ono
hitu
varu
Nukumanu
Leuaniua
Sikaiana
lima
ono
hi tu
varu
lima
ongo, ono
hiku, fiku
fitu, vitu
fitu, whilu
vi.tu, hitu
varu
varu
lima
ono
Mo-ngiki
Mo-ngava
ngima
ono
lima, ngima
ono
San Cristoval
rima
ono
bi'u
waru
Mwala
lime
ono
hi'u
walu
Maiva
ima
abaihao
abaihao-ha-
ababani
walu
vangu,bangu
varu,
walu
momo
tauratoi
xMotu
ima
Kuni
luana
El em a
oraoka-orao-
-
ove-
,
hitu
.
,
taurahani
.
.
lua-kaona
,
,
,
,
ka-haroapu
Koita
ada-kasiva
Koiari
abuti- abuti- abuti-abuti- abuti-abuti-
igau
N liUF
Hieng'hène
Lifu
Mare
"
abuti-igau
Dix
abuguveiti
abuti-abutiabuti-abuti
Vingt
•
Cent
kahe-kahok nimkahok
cha ate
sa re
cha handed
ngome se
nine
thabung-ke- libenyita
dongo re
ngome
khâcha-at,
lhabung-niat
at-ae-bekhot
nua-vak
]^.ea
fa-ona-tupu lua-lima
Weasisi
karilum-kuvert
atirigava
abuti
nimpovich man he
eke-ngemen lue-pi
dongo-nerewe-tubeeche
Iai
agorokiva
karilum-karilum
tahi epea
dica-naai-kadi
lima
..
enea
—
19
Neuf
-
Dix
Vingt
Cent
Futuna
-iva
Aniwa
Efate
Mele et Vila
iva
lifiti
siva
Nguna
loveti
rualima
siva
angafuru
gai-siwo
gai-siwo
sangavulu
hangvulu
ngavugairua vindolua
ngavulu-gai- vundolua
la
sangwulu
sawulu
hengawul
hengawul-
hëngëwul
hengewul
tamtangafu- tamtangafu- tajintarau
ru
ru-ma
-
tu-
ma-erua
imtangahuru
_
rualima
relima-rua
bunti
songofuru
ngofuru
mijikao
erua
ruaiima-rua ponotia
angafururua ponotia tasi
mo linarabimasangavu- ma gabulu- mangapsanthati
lu
rua
gavulu
a-sua
sangavulu
nga-laï-rua ngalsanga-
Mai
Tangoa
>■
Malo
Aoba
Pentecôte
vul
rua
Aurorç
...
Loh
vat
liv vat
mwendol
rua
na won
rua
Tegua
livat
Toga
Tikopia
Tupua
lëvivat
siva
Vanikoro
tadru
Déni
ôpuemë
epuëmë
navlu
nukolu
Nuguria
polove
eva, iva
siva, hiva
Tauu
tsiva
won
rue
toju
Te Motu
Nifiloli
Fileni
.
hënawul
hëngawurua
fuangafuru
matarua
u rau
ngavi
gau uluga
nivia-iu
fajia-sika
uga ta ru
rea
won
naplu li
tetiki, tejigi
tëtiki
naplu li
nugolu-alilu tevesiki
nakatoa-elua vesigi
napnu
.
katoa
nahulu, ka- lua-hui,ruatoa
te
rau
hui
sinahuru,ha-
..
nahuru
Nukumanu
Leuaniua
th'ivo
Sikaiana
Mo-ngiki
siwo, sivo
iva, iba
Mo-ngava
sivo
katoa
katoa-ha-
San Cristoval
siwa
tangahuru
kangua
rua-tangahu- tangarau
Mwala
Maiva
siwe
tangahulu
e ro
slwa, sivo,
tsivo
hanahuru
tipu-rua
sangafulu,
maka-rua,
singahulu
kibu-lua
katoa, sehui mata-rua
angahungu, ngua-ngakatoa
hungu
kelau
selau, hegarau
lo, katoa
noa
ru
o
ababani-ha- harau
awala
tangalau
arau rua
zinabui
rua-ahui
sinahu
momo
Motu
Kuni
taurahanita
kwaula
—
20
—
Cent
Vingt
Dix
Neuf
Elema
utube
Koita
igaguveiti
Koiari
abuti - abuti- obua
uta ahu
tinaube
abuti-abuti-
igau
tu, toi
Je, moi
il, elle,
Nous deux
lui
(inclusif)
Hienghene
wo
ndro
iek
nendru
Lilu
ini
eô
nyisho
Mare
inu
niibo, bo
nyëne
nubone,
ethewe
bone
Iai
JS£a
inya, in
u
akoe
iau
ôtu
e
kitauâ
,ia
Weasisi
iau
ik
in, o'ni
kiTau
Futuna
avau
akoi
eia
akitaua
Aniwa
Efate
Mele et Vila
avau
akoi
aia
agitawa
nanggo
akoe
nai
kinu, kinau
avau
eia, aia
nae, kinia
rawa
koia
enia
taua
Nguna
kinau
ningo, kingo
Mai
kou
kokoe
Tangoa
enau
Malo
Aoba
Pentecôte
Aurore •
Loh
iau
inew
inau
inau
nokë
engko, enigo
nia
nigo
inge
ininggo
kea
igingo
Tegua
Toga
Tikopia
Tupua
nokë
Vanikoro
ngane
Deni
ninge
nokë
avau, au
na
-
iniko
nikë
nikë
nikë
koke
ni
ia
nia
nië
nia
anggo
nimu
ngani
ninginda
endra rua
hinda garua
ginderu
gitaru
iginda irua
doro
nai, ia
taua
ii
jaa
nggita
ninggi li nonggi
ninde
Te Motu
ninge
nimu
ninde
Nifiloli
iu
imu
iji lilu
Fileni
a koe
iau, aiau
o'oe
nga'u.
konau, anau akoè
ina
aia
ia
taua
ko koe
i'oe
ko ia
ko taua
iia
igara
ioe
oi
oi
oi
ingeie
ijcure
ia
ia
ia
ita-raruotsi
ao
areo
Leuaniua
Sikaiana
Mo-ngiki
ko
San Cristoval
Mwaba
Maiva
inau
ineu
Motu
lau
Kuni
jau
Elema
arao
au
au
kitaua
.
.
..
..
—
Je,
moi
21
—
Tu,
II, elle,
toi
Nous
lui
Koita
da
da
Koiari
a
au
a
eke
Nous deux Vous
nokanabu
ILS
deux
Nous
deux
(exclusif)
(inclusif)
Hienghène
nembu
ndrau
ielu
Lifii
nyiho
nyipo
hmengo
nyude,nyido eëshë
bushengone eje
Mare
lai
ehne
Uvea
Weasisi
Futuna
Aniwa
Elate
Mele
deux
(inclusif)
nei
ôhmun
kimaua
iti'mlau
akimaua
ôbu
ôdru
kolua
kilaua
otin, ôta
kitatpu
itu'lau
ilaù
kità1
akorua
akiraua
akitea
agimaua
akorua
agrawa
agitia, agitatou
•
et
Vila
Nguna
ningita
.
mawa
korua
kinami
nimu-koro
nara-ero
kore
kanim
ninginda
rawa
tatou
Mai
maua
Tango ar
kamam
Malo
kaman?
Aoba
gamaru
Pentecôte
gimiru
kamairu
kimiru
rua
ga-
•
rua
«
enira
kamimgarua nira
rua
garua
endra
hinda
rua
Aurore
Loh
Tegua
Toga
Tikopia
Tupua
•
.
,,
,
.
këmaro
komâr
komor
komor
këmor
këmor
korua
maua
iginde
igita
iginda
daga
aru
hor
,
,
.
,
raua
tatou
ma
mea
Vanikoro
jia
getu
nggema
Deni
nggamila
ninggo li
ndea
nindë ë li
lindë
nggitu
ninggu
-
nimu ë linëmu
nonggo
Te Motu
Nifiloli
Fileni
.
ingo le
ninggu
.
kimaua
imi le
koulua
Leuaniua
Sikaiana
maua
korua
Mb-ngiki
ko
kongua
kongaua
kotatou
'amurua
i'omoro'i
irarua
ikirerue
i'ame'u
•
maua
San Gristoval 'amiria
Mwala
i'emere'i
Maiva
Motu
Kuni
Elema
,
.
ai-raïuotsi
#
t
9
indi le
na
kilaua
inde
kitatou
•
•
tatou
,
.
ikie, ikolu
aika
umui-raruo- idia-raruotsi ita
tsi
»
s
ika
elavihi
t
_
Nous
22
—
Vous DEUX
DEUX
ILS
NOUS
DEUX
(exclusif)
nokanabu
Koila
(inclusif)
jmiabu
yauabu
no
noikoa
Koiari
Vous
Nous
S
iLSj ELLES
(exclusif)
Hienghène
nemi
drawe
Lifu
eëhun
nyupun^nyipu- nyuden, angate
Mare
lai
ehnije
buhnije
buich
ôhmun
ôbun
Odrin, ôdra
Uvea
kimatou
koutou
kilatou
Weasisi
iti'ma'
akimea
itu'ma'
akaua
ila'
akiria
iele
nie
Futuna
Aniwa
agimatou, agi- akoutou,
ago-
agratou,aki-
mea
wa
Efate
Mele et Vila
kinami
kumu
nara
matou
kinami
Mai
matou
Tangoa
kanam
Malo
Aoba
kamam
kolou
nimu
kotou
kanim
kamim
ratou
Nguna
igamai
igimiu
ngere
Pentecôte
ikarnai
ikera
Aurore
kami
ikimiu
ikamu
Loh
këmem
këmi
nihë
kimi
hëmera
këmi
hëmër
matou
koulou
ratou
meto
motu
jio
nggamitu
ninggo
ningga
ingo
nggaiva
ndetu
nindë
kimatou
koutou
Tegua
Toga
Tikopia
Tupua
Vanikoro
Déni
Te Molu
rea
nara
ratou
enira '
nira
.,
ira
gamu
'
nindë
imi
indii
kilatou
Nifiloli
Fileni
Leuaniua'
Sikaiana
matou
koutou
Mo-ngiki
ko matou
kotou
kingatôu
San Cristoval
Mwala
M ai va
i'ame'u
i'amo'u
ira'u
i'emi, i'emelu
i'omu, i'omolu ikire, ikira'elu
ai
wai
umui
imwi
Motu
Kuni
Elema
Koita
Koiari
Y-,
ai
imai
-elao
,
eo
.
.
.
ia
idia
itsi
■
•
ereo
no
yai
yau
noikoa
yane
yabuia
_
23
—
RECTIFICATIONS
à
apporter à certains noms mal orthographiés
langue tahitienne.
en
Cette question n'est pas nouvelle.
Je ne fais que suivre la voie
ouverte, depuis longtemps déjà, par plusieurs personnes, notam¬
ment le très regretté Commandant
Simon, ancien Président de
la Société d'Etudes
Océaniennes, qui, dès 1917, avait commencé
travail dans le but extrêmement utile et louable de
faire dis¬
paraître de nos archives, de nos cartes marines et d'un grand
nombre d'ouvrages publiés sur Tahiti et nos
ce
possessions océad'îles, d'endroits
ou de personnes mal
exprimés dans les dialectes de Tahiti, des
îles Tuamotu, des Marquises, des
Gambier, etc...
La difficulté, très compréhensible
d'ailleurs, avec laquelle les
premiers Européens ont dû se faire comprendre à l'origine par les
insulaires polynésiens paraît être la
principale cause de ces
erreurs. L'étranger, à
quelque nation qu'il appartienne, éprouve
en effet une difficulté très
grande, sinon insurmontable, dans la
perception des sons si délicats qu'il faut savoir distinguer pour
connaître le sens d'un même mot se
prononçant de diverses ma¬
nières pour désigner des choses très différentes les unes des
autres. Comme par exemple : Oe, qui
signifie, suivant les quatremanières dont il peut se prononcer, toi,
disette, cloche, sabre.
A moins d'avoir appris le Tahitien dès la
naissance, il est à peu
près impossible à un étranger de prononcer correctement cette
langue. Les missionnaires français, anglais ou américains qui
pratiquent constamment le Tahitien, le prononcent tous d'une
manière lamentable. Et voilà pourquoi on a écrit :
Otaïti, Otakiti, Otaheiti, Taïti, pour TAHITI appelée ainsi
probablement en raison de son rapprochement del'équateur qui
se dit " Te-râ-hiti" : le Soleil levant ou Est
par excellence, parce
que c'est sur cette ligne que se coupent l'équateur et l'écliptique
au moment des.
équinoxes que les Polynésiens connaissaient
parfaitement. C'est pourquoi les Tahitiens appelaient aussi l'équinoxe de septembre
qui marque le printemps pour l'hémisphère
sud "Rahiti", qu'il ne faut pas confondre avec "Te
hitia-o-te-râ",
l'Est, l'Orient, la montée du soleil. Nous reviendrons dans une
autre étude sur cette très intéressante question.
Papeïti, pour PAPEETE, formé de la réunion des mots, Pape,
eau, et ètè, panier, Papeete, parce que la reine Pomare IV ne buvait,
nienftes, les
erreurs commises dans les noms
dit-on, d'autre eau que celle provenant de la source qui se trouve
en arrière de son ancien palais. Quand la reine se déplaçait, elle
consommait l'eau de la noix fraîche du coco ou celle de sa source,
qu'elle se faisait apporter dans des paniers renfermant des gour¬
des remplies de cette eau si pure. Encore faut-il dire que Papeete
est une appellation erronée qui a prévalu sur celles de " Vai-ete"
vque les Tahitiens emploient encore, car c'est Vai qui signifie
réellement eau, et non Pape, qui veut dire liquide. Pape est em¬
ployé à tort pour eau.
Taiarabu pour TAIARAPU. Nom de la presqu'île réunie à
Tahiti par l'isthme de Taravao.
Mehetia pour MEETIA.
Mopelia ou Mapihaa pour MAUPIHAA. Le "New Zealand
Weekly News" a même écrit récemment" Modelia".
Bora-Bora pour PORAPORA, en un seul mot. Il oQliLRas
de B en Tahitien ; ce sont les missionnaires anglais qui ont cru
devoir l'introduire dans leur dictionnaire de 1851.
Tabu pour TAPU, prohibé, sacré, destiné aux cérémonies du
culte. Larousse dit même. " Tabou".
Tubuai-manu pour TUPUAE-MANU. Ile appelée aussi Maiao. Tupuae-manu signifie "empreinte de pied d'oiseau", à cause
de l'exiguïté de l'île et peut-être aussi à cause de quelque légende
'■
sur sa
formation.
Tubuai pour
"
TUPUAI, qui veut dire sommet, crête.
RAIVAVAE, sans doute par confusion entre
Raevavae pour
Rai" et " Rae".
Anaa pour
ANA, dérivé du dialecte des Tuamotu "Ganâ" .
FAITE. Commqpour Anâ, l'a a été doublé pour
en allonger le son, ce qui est pne erreur.
Nnka-hiva, pour NUKUHIVA.
Atuana, pour ATUONA.
Mururoa, pour MORUROA.
Puka-Puka, pour PUKAPUKA.
Tehauku, pour TAHAUKU.
Cette liste pourrait être complétée par les personnes qui S'in¬
téressent à la question et qui voudraient bien y apporter leur
Faaite pour
*
collaboration.
Alexandre DROLLET.
—
25
—
Liste des poissons des Iles Tuamotn.
Par
Nom
paumotu
Kito-reru
Peti
Tamure
Moko
Tataraihau
Pugapuga
le
P. Hervé AUDRAN.
Nom français
Synancco
51. Kagu
52. Gavere
53. Hemohemo
54- Kito
Pelor
veve
Pugapugaahaga
10.
11.
12»
Chabot de mer 55. Kukina
56. Kutu
Te tahi huru (Cycloptere
57. Moko
pugapuga
lump
58. Mu
T apatai
Gai
59. Pati
Paparinoko Oxymnetre. 60. Pitika
Kokorohue- Lophote (qui 61. Tero
tarevareva
reste dans le 62. Kokoa (Tite-
(Koiro)
sable)
vul¬ Exocet ou
gairement: poisson
keteke)
13. Maroto ;
Marara
14. Korai-Tikaohutu (Pana-
pana)
vo-
lant
Henioque
■
*5- Kumukumu Holacanthe
(Mamo)
16. Korai-Kirehe Chetodon
Taurichte
17- Korai-Kire
18. Kuo (Takire Surmulet
*9-
Nom français
Cornier
48. Moemoeahi Coffre cornu
Bai bier
tara
Perche
49. Kakakuru
Lamproie
L'arbre mixte 50. Marape (Ma- Ceratodu
Pterois
rari)
(veve)
Tataraihou-
Nom paumotu
Kaveti)
Pirehi (Pati- Barbue
ki)
63.
64.
65.
Avai
Faketa
Makiki
66. Hiroa
67.
Koiro
68. Taea
69. Takape
70. Karea
7i- Karevareva
72. Remu roa
73- Tigitigia
74- Tikeikei
75- Horori
76. Ruhi
Lepisostee
Perroquet
—
Nom
20.
paumotu
26
Nom français
Fanea
(Toto- Aiguillette
(Hemiramphe)
Tarefa
Maquereau
Aahi
(Roe- Thon à ailes
courtes
roe)
Hakura
Espadon
Tavere (Tu- Anguille
na)
(Congre)
Tegatega
Rukeruke
Rouget
Vieillèdemer
Himiki
Auhopu (pi- Bonite
—
Nom
paumotu
Mataka
77.
viri)
2i.
22.
23.
24.
23.
26.
27.
28.
rara,
pa-
moa)
29. Vau
Espèce de
poisson aux
-yei
78. Karaua
Hueke
79.
80. Hami
81. Maito
82.
Kipa
83. Kikito
84. Tahiti
83. Kopa
•
86. Mumu
87. Tonu
88. Rohi
s*
89. Maraia90. Herepoti
91. Kuiru
Anguille de
récif
thon
30.
31.
32.
Paihere
Komene
(orare)
Kanae
Carengue
< 0 r-t* 0
Goujon
Carpe
Cyprin doré
Vairon
Meromero
35. Hokahoka
36. Kuo(Kokoro
hue)
37. Tamanu
34.
41.
42.
43.
44.
(poisson très
recherché
indigè¬
nes)
Mulet
Saumon
om¬
Brochet
38. Pare (ono)
39. Tuatoo(erai) Equille
Kakariuri-
O'iri
des
ble
40.
92.
Echeneide-Re-
mora
ahaga
Son petit =
Kokopu
Pugapuga- Baudroie
tutarigapiri
Tahakari
Hareng
Diodon porc
Totara
épie
93..Garea
Takire
95 - Kokotika
96. Kiari
97. Veve
98. Patiki
99. Taputapura-
94.
rahua
100.
Koioha
101.
Komuri
102.
Koperu
Nuga
Oroe
E hore
103.
104.
105.
106. Tero
107. Kiokio
108. Pakou
109.
Tarei
•
—
27
Kakavere
Fistulaire
46. Kokiri(hora- Baliste armée
tahora)
45-
47' Moemoeahi- Coffre fortifié
taramana-
hune
(Tu-
tuke)
—
no.
in.
112.
UmeKarea
Ota va
113. Naenae
114. Pake va
115. E hakega
i
i6.~E kotimu
Quelques mollusques des Tuamotu.
Nom
1.
Nom français
'paumotu
Kanoe. Para-
Poulpe
Nom paumotu
22.
po-i i parau
Pupu airohe,
vaha nui
hia tona to23
(Pekekare)
E Heke
est
Muiheki
son
vérita¬
nom
Calmar vul¬
gaire, sei¬
bes
Pupu
tohe Terebre (25)
keokeo, i Turritelle
parau hia e
(54)
Faofao
5.
Pupu
tona
cym-
^
Cyree argus;
cypree leuSiliquaire
keta-
haga
25. Kanoe kai
Argonaute
26. M ago tara
Centrophorus
27. Te tahi huru Melanocetus
Pugapuga
28. Kanoe a Hina
Ophiomu-
29. E ira
Drimonema
sium
gutu Fuseau long
keokeo
6. Piri akau
harpe
costoma
24. Muko vainoa
oiahoiaore
che de For¬
4
Pupu reho
kuru
ble
3.
Olive volute
bium
roriro:euka
2.
N om français
(pakipaki)
Haliotide, Fis-
surelle, Pa- 30. Tokakura
Stylaster
telle verdâ- 3 i. E varo (oura) Diverses sor¬
tes d'écretre
7. Pikuku
8. Kahi taratara
9.
Kahi
10.
Kahi
nuka
visses
Cardium in¬
dien
32.
Spondyle
33.
E veri toau
Pakipahi
nuka- Cardium
blanc
Peigne (il y en 34. Hemahema
a 3 sortes)
Heterenereide
Meduse
(periphylle) Beree
Syphonophore (physalie)
—
Nom
paumotu
28
Nom français Nom paumotu
14.
Korora-gugu Telline
3.5.
Kapikapi nu- Huîtres (sorte
kanaka
d')
36.
Koha
(Pa- Tridacne (Bé- 37.
hua) (gaienitier)
38.
re), etc
Hoani
Turbot canali-
15.
Hoani patara Turbot mar¬
11.
12.
13.
cule
bré
16. Hoani
17.
18.
maava
40.
Turbot
ru-
(e Hani)
%ueux
Kurearea
Pterocere
Pupu-fakati- Triton
20.
21.
Nom français
Papaka-haga- Crabe
tour¬
teau
tea
Kotemu
Spirographe
Kohiti-tara Crabe gelasine
Uga-tai (en- Bernard l'er¬
mite (de la
venimeux)
mer)
39. Kakano hitihiti
Meko
no te
kumi
Labre
(vieille
de mer) per¬
roquet de
mer
41
ki
19.
—
Varo, Koma- Homard
ga
Pupu-vahi
Casque
42, Haki
Pupu-hei-ta- Murex monora
don, Murex
fineo pine
43. Rori, ukata
Pupu tekei- Cone literarari;haka- tor; cone de
taka
Actinie (il y a
au moins 7
sortes)
Holothurie
(Biche de
mer)
Sumatra
Cétacés et amphibies des Tnamotu.
Te
Nom
1.
paumotu
Rohoi
mau
huru mago.
Nom français
Chair
Nom
comes¬
tible
12.
paumotx^ Nom français
hurakura)
Mago pota { Squale tache¬
2.
Ruruki
té de
3.
Gahugahu
cles, le plus
(mago taehae)
4. Tagukukau
5. Takapuna
terrible de
tous
13.
Tamata roa
(huru afa-
14.
Arava
6. Parata
7.
Torire
cer¬
ta
Roussette
8. Havana
mo-
15-
kamoka
9.
10.
11.
Tapete
17.
Moemoe
Tutu (mago-
18.
L'Eau
11 serait
Mago
Squale renard
Torpille narke
TaperetaMyliabate
ahaga
aigle
Pataha ahaga Trygon violet
16. Fafarua
potable dans les Attolls.
intéressant, à divers points de vue, d'avoir des don¬
au sujet de l'eau potable ou eau douce dans les
nées, des faits,
attolls.
Voici ma propre expérience à ce sujet :
A l'île Fanning (40 N par
1590 O), qui est un attoll avec lagon
où la mer pénètre par une profonde
passé, il y a de l'eau douce
à profusion. Un moulin à vent installé à
50 mètres de la mer, à
la station du Câble,
pompe jour et^nuit une bonne eau potable,
d'un puits de 2 mètres de profondeur. 11
y a vingt ans que cette
pompe fonctionne. Après des sécheresses de deux ou trois ans
l'eau en devient dure, mais jamais salée.
Tout autour de l'île des puits ont été creusés
pour les besoins
des travailleurs. La largeur de terre de la mer au
a
lagon
une
moyenne de 400 mètres.
A l'attoll Washington,
*
qui est à quelque 70 milles au Nord de
Fanning, il y a un lac intérieur d'eau très" douce et dont la plus
grande profondeur est de 7. à 8 mètres. Ce lac d'eau douce est
l'ancien lagon l'eau douce a chassé l'eau de mer, aussi ses bords
sont-ils couverts d'une végétation tout à fait extraordinaire.
Il va sans dire, qu'on trouve de l'eau douce
partout où l'on creu¬
se un
puits, même dans les dépôts rocheux de phosphate; mais
alors il faut en percer la couche et arriver jusqu'au sable coral¬
lien. Ces roches de phosphate, de couleur un peu chocolat, ne
donnent aucune couleur ou odeur à l'eau, puisqu'ils ne la con¬
tiennent pas ; elle vient de par côté ou de par dessous, son ré¬
servoir semble être le corail ou son sable.
Voici maintenant des observations sur l'île de Christmas
est un des plus grands attolls de notre Océan.
qui
Lorsque le Capitaine Cook la découvrit, le jour de Noël 1877,
il eut beau faire
des puits à divers endroits, on ne put
potable. L'île était aussi sans végétation, à
peine quelques arbrisseaux.
trouver
creuser
aucune eau
30
Or, 60 ans après, les naufragés du brick Briton, relatent qu'ils
trouvé une eau à la rigueur potable, quoique saumâtre.
1858, le Capitaine Hooper, du brick Dïlnlop, qui y va
d'Honululu pour y charger les bois échoués du Fremont, raconte
qu'il réussit à-creuser des puits qui donnèrent une eau suffi¬
samment bonne pour les chevaux et les mules qu'il avait ame¬
y ont
En
nés.
Trente
après, les propriétaires de l'île Fanning, distante de
milles, essayèrent de venir prendre possession de Christmas
et y plantèrent quelques cocotiers, mais ils y trouvèrent l'eau
tellement saumâtre, qu'ils durent apporter leur eau
pourboire
de Fanning, n'utilisant celle des puits de Christmas que pour la
ans
150
cuisine.
.
,
Les cocotiers
plantés par les Greig de Fanning ayant cepen¬
dant réussi, une Société d'Australie décida de planter l'île et
commença par construire une immense citerne en ciment. Cette
citerne n'a jamais été utilisée, car peu de temps après, en 1902,
la grande firme " Lever Brothers" prit en mains le développe¬
ment de l'île et y amena des travailleurs de Manihiki,
Penryn
et autres habitants d'attolls ; ceux-ci creusèrent des
puits comme
ils avaient vu faire et depuis l'eau potable n'a jamais manqué.
En 1909, un grand cargo, 1 'Aeon, y échoua vers la pointe
Sud-Est à un point où il n'y a pas encore de végétation. Ils
étaient plus de 80 naufragés dont 30 passagers. On trouva de
l'eau potable à 40 mètres du rivage, juste à côté de la grande
barrière de corail roulé sur laquelle viennent se briser les va¬
gues. Le Capitaine fit creuser un puits à ioo,mètres à l'intérieur
au milieu de coraux brisés, et à 4 mètres ils arrivèrent à une
nappe d'eau délicieuse et digestible.
En 1915, alors que l'île venait d'être 3 ans sans pluie, que des
cocos n'avaient plus d'eau ou qu'elle était même salée, il ne fut
pas difficile de trouver de l'eau bien potable à quelques 60 mè¬
tres du rivage, à une profondeur de 1 à 3 mètres, selon les empla¬
cements
Plusieurs
petits lacs d'eau douce furent également découverts
plusieurs endroits un trop plein d'eau douce se déversait
dans le lagon à marée basse. Aussi les quelques arbrisseaux
de Cook étaient devenus légions.
et
en
Remarques et considérations.
Il semble
qu'il n'y ait
pas
de saisons de pluies à Christmas,
—
31
—
mais des cycles de 3 en 3 ans. La différence étant très
grande,
puisque durant le cycle pluvieux on enregistre une moyenne de
70 inches (25 m/mà l'inch) pour l'année, contre 12 inches pendant
l'autre cycle.
Il
semble pas que ce soit l'eau de mer filtrée
qui arrive dans
car, si c'était le cas, l'eau des puits serait toujours au
même niveau de la mer, or nous avons des
ne
nos
puits,
puits au-dessous de
niveau que la marée n'influence
pas. D'autres sont au-dessus,
c'est la majorité, et ils sont tous plus ou moins
influencés, va¬
riant de 2 cm. à 6 cm. ; ceux qui
te sont
ce
davantage deviennent
saumâtres à marée haute pour redevenir doux à marée basse.
Ceci n'est pas dû à un mauvais
filtrage, mais à
un
mélange
forcé de l'eau de mer qui pousse l'eau fraîche : le fonds du
puits,
à marée haute est plus saumâtre que le haut du
puits. Ceci est
pour les mauvais puits, faits en sol ou sable trop poreux et ad¬
mettant
trop vivement la poussée d'eau de mer. Ceci n'a pas lieu
des puits creusés par exemple dans des agglomérats com¬
posés de sables coralliens et coquilles soudés ensemble par un
ciment naturel. J'ai cru observer que ce ciment se formait très
vite après de fortes pluies. C'est ce ciment qaturel
qui transfor¬
me l'attoll dans certaines de ses
parties en véritable citerne gé¬
ante. Un puits creusé dans ces
parages sera toujours "bon.
Un sourcier d'attoll n'aura pas d'autre
baguette divinatrice
qu'une barre à mine. S'il sait une sorte de cuvette en pente dou¬
ce avec de l'herbe
toujours verte et surtout des tubas ou tourlourous, sa barre à mine n'ira pas très profond avant d'être
mouillée et de permettre de goûter... Le tourlourou fait ses
puits aux meilleurs endroits. Il est souvent sur la lisière de l'ag¬
glomérat qu'il ne peut plus percer et c'est cet agglomérat qu'il
est bon de creuser pour une eau
supérieure.
A observer que si l'on dépasse la couche d'eau
douce, on ar¬
rive à l'eau salée et l'eau du puits ne vaudra plus rien... Il ne faut
pas ouvrir sa citerne à l'eau de mer...
Voilà donc un attoll qui, il y a 145 ans, n'avait pas d'eau douce
et presque pas de végétation, jet, grâce à des relations
de nau¬
fragés et autres, nous en -suivons la transformation par étapes.
Aujourd'hui, elle est un immense réservoir d'eau potable et a
une forte
végétation. Si le travail d'un siècle a pu rendre un at¬
toll habitable, alors que Cook le disait inhabitable, on
pourrait
arriver à calculer approximativement le peuplement des attolls
des Tuamotus, à condition toutefois qu'on réunisse de suite les
pour
observations de
qui y arrivèrent les premiers. 11 faudrait re¬
naufragés, les faits et données des pre¬
miers colons et missionnaires ainsi que les récits des plus vieux
indigènes encore existants. Si ces attolls ont la même origine,
ceux
cueillir les relations de
comme
c'est à croire, on doit encore se souvenir de la transfor¬
mation
en eau
comme
à Christmas ;
végétation quia dû se faire très rapidement
elle a dû être d'autant plus rapide qu'il y
pleuvait davantage. Ainsi Washington est différent de Fanning
et celui-ci de Christmas, le premier recevant jusqu'à 3 mètres
d'eau par an, contre 1 m. à Fanning et 40 cm.' à Christmas.
Mon intention, en écrivant ces lignes, est de provoquer chez
nos amis des attolls des investigations à ce sujetet j'espère
que
quelques-uns voudront bien me faire le plaisir d'y répondre.
Je me permets même de leur signaler quelques points pour
les guider dans leurs recherches et réponses ; par exemple :
Continue-t-on à essayer de creuser des puits ?
Quels genres de puits? Sont-ils bons ? (Mon expérience m'a
prouvé que les puits en bois, caisses ou tonneaux ne valent rien,
le ciment vaut un peu mieux ; le meilleur est fait de vieux co¬
raux taillés, avec margelle et couvercle pour empêcher les cra¬
bes d'y tomber).
Ce que j'ai remarqué pour Christmas est-il juste pour tel et
et
en
tel attoll ? Quelle différence ?
L'eau obtenue a-t-elle de la couleur ? De l'odeur ? Comment
alors est le sol ? Quelle sorte d'agglomérat ?
A quelle distance de la mer et du lagon est
le puits ?
qui n'ait pas d'agglomérat et qui ait
de bons puits ? (J'appelle agglomérats, ces roches très dures fai¬
tes de sable, débris de coraux et de coquilles, qui viennent jus¬
que dans la mer sur les rivages de nos îles). Dire si on a vu de
ces agglomérats se former.
Enfin, toutes choses qui vous paraîtront intéressantes et cu¬
rieuses de nature à aider à conjecturer l'âge de nos attolls, l'eau
douce et la végétation en étant deux des principaux moyens.
De par ailleurs le résultat pratique de cette petite étude serait
Connaissez-vous
un
attoll
de faire connaître la manière de trouver et utiliser ces immenses
citernes naturelles qui sont ou qui doivent être dans nos attolls.
Emmanuel ROUGIER.
AT. B.
—
Prière d'adresser toute
sieur l'Abbé E.
correspondance à
Rougier, à Papeete.
ce
sujet à Mon¬
—
.
33
—
Higvoiai:
Mémoires
d'Âriitaimai.
Ariitaimai, par son père Tapuataaroa i Teraimaru, était la
petite-nièce de Amo et de Purea, l'Oberea de Cook et de
Wallis,
qui régnaient plus ou moins complètement sur l'île à l'arrivée des
navigateurs anglais. Cousine de Pomare IV, elle fut la mère de
Marau Taaroa qui épousa Pomare V. Née en
7820, elle mourut
.
dans les premières années du siècle, laissant
d'abondants
nirs et des notes nombreuses, s'étant
appliquée, tout
souve¬
long de sa
orales, gé¬
au
vie, à conserver p'ar écrit les innombrables traditions
néalogies, coutumes, légendes, que sa génération, sur le point de
disparaître, emportait
avec
mains de leurs
elle. Ses notes ont été recueillies des
dépositaires légaux par les soins du distingué M.
Adams, petit-fils de M. Qiiincey Adams ,' ancien Président des
Etats-Unis. Revus et remaniés par lui,-au moins dans la
forme, les
souvenirs d'Ariitaimai parurent
pour la première fois en 1893.
Une deuxième édition en
langue anglaise parut à Paris en 1901.
C'est à cette édition qu'
appartiennent les quelques très rares
« Mémoires d'Arii¬
exemplaires que l'on trouve aujourd'hui des
taimai
».
L'heureuse fortune qui a permis à la"Société des Etudes Océa¬
niennes d'acquérir de la succession de M. Tati
Salmon un exem¬
plaire des « Mémoires » nous met à même d'en
entreprendre,
dans
le Bulletin, la traduction en
langue française.
Les « Mémoires d'Ariitaimai » nous
pont parcourir l'histoire de
Tahiti depuis les origines jusqu'aux
jours du protectorat. Ils
nous décrivent la constitution
aristocratique de la Société tahitienne à l'époque des premiers
voyageurs, complétant et illustrant
de détails
pittoresques, d'anecdotes et de descriptions minutieu¬
ses, les relations de Cook, de Wallis et des autres
découvreurs de
Tahiti. Bien que remaniés, travaillés et
démisme, par'Adams,
composés jusqu' à l'aca¬
Mémoires » n'en constituentpas moms
un document autochthone
sur l'histoire de Tahiti, et, à ce
titre,
il est unique. A ce
titre, toujours; et comme toutes les sources his¬
toriques, il est sujet à la revision critique et appelle des commen¬
taires que nous serons
toujours heureux de publier.
ces «
Rappelons que. la très remarquable Histoire Chronologique
de Tahiti
entreprise par M. Leverd dans les premiers Bulletins,
travail si malheureusement
interrompu par la mort de l'auteur,
faisait de nombreux emprunts
aux «
Mémoires'd'Ariitaimai
RU C.
/
Société des
Études Océaniennes
».
—
34
—
Chapitre^61".
de Papara avaient un nom, suivant la
européenne, je suppose que ce nom serait Teva, car
nous formons un clan, et Teva est le nom de notre clan. Sur l'a
carte de Tahiti, les quatre districts du sud-ouest, depuis Papara
jusqu'à l'isthme, sont toujours inscrits sous le nom de « Te Te¬
va i uta » (les Teva de l'intérieur) et toute la péninsule de TaiaraSi la famille et les gens
coutume
désignée sous le nopa
pu, au delà de l'isthme, est
i tai » (ou les Teva de l'extérieur).
dé « Te Teva
groupement, ont dû compter en surface plus
milles; mais les quatre districts qui appartiennent aux Te¬
de l'intérieur: Papara, Atimaono, Mataiea et* Vairao, couvrant
Les Teva et leur
de 80
va
milles de la côte, devaient compter, sur
environ 30
la même
échelle, environ 30 milles seulement; ce sont là les districts qui
formaient « le home » de la famille de Papara, dont le chef,
lorsque Wallis et
Cook arrivèrent, était
l'Ariirahi ou grand chef
du clan des Teva.
Quiconque a essayé de raconter l'histoire de Tahiti s'est tou¬
jours trouvé aux prises avec la difficile conception de ce qu'était
la royauté à Tahiti, conception presque inintelligible aux Euro¬
péens, et, jusqu'à ce que l'on fasse abstraction de l'idée de gou¬
vernement telle qu'elle est conçue en Europe, l'on se mépren¬
dra toujours sur le régime de nos îles.
Nos chefs étaient des'arii, non des rois. Par conséquent je
n'emploierai pas le mot roi, et, pour éviter toute espèce de ma¬
lentendu, j'appellerai les chefs par leur titre indigène de arii, ou
de arii rahi dans le cas des grands chefs..
Quoi qu'un arii rahi pût faire ou ne pas faire, il avait le droit,
particulier à son rang, de porter la ceinture de plumes, symbo¬
le de prééminence, comme l'étaient la couronne et le sceptre de
la royauté en Europe.
A
A Tahiti, les chefs de deux familles avaient le droit de cein\
dre le Maro-ura, ou ceinture de plumes rouges. Ces familles
étaient celles de Vaiari et de Piinaauia. Le grand chef de Vaiar}
était appellé officiellement Teriinui o Tahiti, celui de Punaauia,
Tetuanui e Marua ite rai. Le grand chef de Papara avait seul le
droit de porter la ceinture de plumes jaunes, le Maro-tea. Ces
grands chefs étaient sacrés ; partout, où ils paraissaient les arii
; ou chefs de rang inférieur se découvraient jusqu'à la ceinture en
*
signe de respect, et, comme le sol même où se tenait un Ariirahi
devenait sien, ils étaient toujours portés sur des épaules d'hom7
Société des Études Océante,n
—
88
—
lorsqu'ils se déplaçaient et sortaient de chez eux, afin
qu'ils
prissent pas acquérir la propriété de leurs voisins.
Cepen¬
dant, tout sacrés qu'ils étaient, probablement
aucun, qu'il fût
Teriinui, Tetuanui ou Teriirere, ne conservait ce caractère dans
l'île entière. Ils étaient sacrés
seulement au milieu de leurs
pro¬
pres sujets, ou chez leurs alliés
par mariage. Cook vit Teriirere
de Papara avec son
père et sa mère (Amo et Purea) à Matavai
(Haapape) qui n'était pas un district des
Teva; il vit cependant
les chefs du district se découvrir à
l'approche de Teriirere; ceci
était dû à une alliance entre les deux
familles. Je doute que Te¬
riirere ait été conduit au delà de
me
ne
Haapape, ou à Hitiaa, car, dans
majorité des districts de l'est, il était un
étranger et n'avait ni
un
siège' dans leur mara.e, ni un droit à l'hospitalité de leurs
chefs.
la
■
La marque distinctive des
Teva était
leur union. Eux
seuls,
regardaient comme un clan et avaient une sorte
d'alliance, faible de tous temps, assez réelle cependant
pour les
rendre impopulaires en dehors de
leurs propres limites. Les
dans
nos
îles,
se
huit districts des Teva
reconnaissaient Teriirere ou Temarii de
Papara comme leur tête politique, malgré que Terii nui o
Tahiti,
le chef de
Vaiari, leur fut socialement supérieur, et Vehiatua de
Taiarapu quelquefois politiquement plus puissant qu'eux. Lors¬
que Teriirere i
Tooarai, le chef de Papara, envoyait ses messa¬
gers pour convoquer les districts des
Teva, les districts venaient;
ces convocations étaient si
singulières que cela demanderait
tout un volume
d'explications.
En premier lieu, les
messagers étaient des personnages poli¬
tiques tels que je n'ai jamais entendu parler de semblables nulle
part ailleurs. Ils étaient sous-chefs, Iatoai. Combien de
Iatoai
appartenaient autrefois à Papara? je ne sais, mais, de nos
jours,
il y à deux
sous-districts de Papara : Faina et Oropaa. Faina a
huit Iatoai; Oropaa six. Le
corps entier des Iatoai dans chaque
district est connu sous le nom de
téresse à
Hiva, et pour quiponque s'in¬
l'origine des choses, ils forment la partie la plus inté¬
ressante de notre vieille
société^ car les Hiva de; Papara auraient
pu être la source de toutes les institutions modernes
de Parle¬
ment, service civil, armée, justice, police, etc... Les Iatoai étaient
des chefs de
combat, c'est-à-dire des guerriers de choix. Une par¬
tie de leurs fonctions
consistait dans le devoir de punir ou de
venger les insultes offertes au grand chef; ils pouvaient
aussi, et
le firent
quelquefois, déposer et exiler un grand chef, en nom-
—
mer un
dans
autre ou
ce sens
36
—
remplacer son prédécesseur. Leur intervention
l'origine des événements les plus dramati¬
est à
ques de l'histoire de l'île. >
Les messagers que Teriirere
i Tooarai envoyait pour convo¬
de Papara ; ils for¬
district même, un
les Teva de l'intérieur, le troisième pour les Teva de
Ils portaient en service un nom officiel ; ils héritaiént
quer les Teva étaient les Iatoai ou sous-chefs
maient trois catégories : un messager pour le
autre pour
l'extérieur.
de leurs
fonctions, mais ces fonctions pouvaient être
remplies
par n'importe quel membre de la famille pour représenter la
tête en charge.
Le messager qui convoquait les Teva de l'intérieur se rendait
Vaiari
ou Papeari, ainsi que le district est communément ap¬
à
pelé (vai et pape signifiant tous deux : eau). Ce messager se
rendait auprès du grand chef Terii nui o Tahiti, qui avait droit
au Maro-ura, la ceinture de plumes rouges, et était l'aîné de la
branche supérieure des Teva. Le messager délivrait son messa¬
ge, non pas à Teriinui o Tahiti, mais à Maheanuu i Farepua ;
l'homme était le même mais le titre différent. Maheafiuu venait
alors à Papara avec Teihotua de Mataiea etTeriifaatau d'Atimaono, et ces trois chefs, avec Teriirere, composaient les quatre têtes
des Teva de l'intérieur.
rendait auprès de Vehiatua i te ma¬
Taiarapu, et Vehiatua convoquait les chefs des Te¬
va de l'extérieur. Lorsque le clan était convoqué, les noms des
districts étaient rarement mentionnés ; seuls les noms officiels
des grands chefs figuraient, ces noms étant en réalité les titres
de leur rang. A Taiarapu, par exemple, les. grands chefs du pre¬
mier district convoqué (Vairao et Toahotu, près de l'isthme)
étaient Teahahurifenua, celui de Pueu, Tetuanui maraetaata,
celui d'Afaahiti, Tetuanui moearu. Ces chefs ou cheffesses repré¬
sentaient les quatre Teva de l'extérieur et venaient à Papara
lorsqu'ils étaient sommés par Teriirere i Tooarai.
Les Teva avaient un cri commun ou signal d'appel :
« Teva te ua, Teva te matair
« Teva te mamari, e mamari iti au na Ahurei. »
Teva la pluie, Teva le vent,
Teva les œufs (de poisson), les œufs chers à Ahurei.
Cela signifie, je suppose, que Teva est fort et prompt comme
la pluie et le vent, et nombreux comme les œufs de poisson.
A l'époque delà visite deWallis, en 1767, Amo,, ou plus exacLe troisième messager se
tai de Hui et
Soeiété des Etudes Océaniennes
—x37
—
tement Tevahitua i
Patea, était grand chef de Papara et des Teva ;
Teriirere, né vers 1762, qui était le grand
chef, car Amo n'exerçait le pouvoir qu'en qualité de
tuteur, con¬
formément à la coutume
indigène qui faisait de l'aîné de la fa¬
mille la tête de la famille dès sa naissance. Le
pouvoir d'Amo
comme grand chef
dépendait beaucoup de sa bonne entente
avec Vehiatua et les
Jeva de l'extérieur. Mais les pouvoirs du
grand chef reposaient sur des éléments si divers et si chan¬
geants, qu'exception faite des symboles, il n'y avait rien de
per¬
manent. Les noms de Arii, de Ariirahi
signifiaient beaucoup ; le
en
réalité c'était sonfils
droit
au Maro-tea ou au Maro-ura
signifiait encore davantage; le
siège dans les marae était d'une grande importance; le droit
d'imposer un rahui ou tabu était essentiel, le pouvoir de convo¬
quer les Teva pour une conférence ou pour la guerre était
par¬
ticulier au grand chef de Papara; la force militaire des Teva était
irrésistible quand elle était une ; mais c'était à ses liens de fa¬
mille que tenait delà façon la
plus décisive l'influence d'un
grand chef. Nulle part au monde le mariage n'était d'une por¬
tée politique et soçiale plus
importante qu'à Tahiti. Les femmes
louaient un rôle considérable dans l'îlç. En l'absence aelilsHes
filles héritaient des chefferies et de la
propriété des terres qui y
étaient attachées, ainsi que des noms des chefs et de leurs ti¬
tres.
Une cheffesse de haut rang était aussi
indépendante de son
mari que d'aucun autre chef. Elle avait son
siège ou trône dans
le marae même, à l'exclusion de son mari
; et si elle était ambi¬
tieuse, elle pouvait gagner ou perdre le pouvoir pour ses en¬
fants, ainsi qu'il arriva à l'amie de WalHs, Oberea (Purea), notre
grand'tante, et à sa nièce Tetuanui reia-ite-rai-atea, la
mère du premier Pomare.
arrière
Les alliances de la famille de
Papara s'étendaient sur l'île pres¬
sur lesquels
Papa¬
ra
exerçait son autorité de chef de clan partaient depuis la Palis¬
sade de Taiarapu (1), à l'extrême sud de
l'île, jusqu'à la bordure de
Teoropaa le grand district situé près de Papara sur la côte ouest.
Teoropaa comprenait deux divisions appelées aujourd'hui Paea
et Punaauia, couvrant
quelque vingt milles de la côte. Sur ceuxci, l'influence de la famille de Papara-s'exerçait plus décisive que
que toute entière. Les huit districts des Teva
(1) Lç
«
Pari
»
actuel.
/
^
—
les Teva de
38
—
de Taiarapu. Au delà de Puna(la queue
du poisson), district indépendant quoique en général allié à
Papara. Tournant la queue du poisson au coin nord-ouest de
l'île, à côté de Faaa, venait Pare dans lequel se trouve la ville
moderne de Papeete, autrefois simple village du Porionuu, au¬
sur
auia venait Faaa
v
I
l'extérieur,
ou
ceux
Tefana i Ahurai, district très étroit
jourd'hui capitale des possessions françaises de l'Océanie. Pare
et son district voisin Arue, appelés les Porionuu, étaient com¬
mandés par un chef et étaient indépendants de Papara. Au delà
des Porionuu venait Teaharoa, large région qui comprenait toute
la côte est, où l'influence"de Papara était faible. 11 n'y avait
pas de grands chefs de ce côté de l'île, qqi se trouve être le côté
où les bateaux anglais et français apparurent. Vehiatua à Taia¬
rapu était un grand chef, ceux de Vaia'ri et de Papara également,
ceux de Punaauia et de Tefana i Ahurai aussi, le chef de PareArue pouvait être considéré comme important ; mais, entre les
Porionuu et l'isthme de Taravao, 48 kilomètres, toute la région
appelée Teaharoa ne contenait aucune chefferie de première
classe. Hitiaa seul était un district considérable, mais son chef
n'avait pas droit au Maro-ura, et n'était jamais à la tête d'une
grande confédération;
Ainsi les Teva n'étaient pas seulement puissants par eux-mê¬
et leurs alliés, mais aussi par la faiblesse de leurs adversai¬
res. Le chef de Papara ne fut jamais chef de toute l'île.
Lorsqu'il
mes
convoquait les districts sous sa dépendance, à la guerre, à une
fête ou au conseil, le chef de Papara convoquait les Teva de l'in¬
térieur et de l'extérieur et les Oropaa, mais non pas Tefana, les
Porionuu ou Teaharoa. La royauté que- les Européens s'entêtè¬
rent à leur attribuer, à lui ou à un autre chef qui se trouvait à
ce moment là être son rival, ne fut
jamais acceptée par les indi¬
gènes que lorsqu'ils le furent, forcés par l'influence européenne,
les armes à la main; mais les Teva, unis, ne cessèrent jamais
d'être le parti le plus puissant de l'île.
Chapitre II.
L'origine ainsi que la signification du nom de Teva est perdue.
plus ou moins connu à différents endroits et dans
différentes langues. Fiji a une petite tribu ou clan de Teva, mais
on dit que ceux-ci ne sont
pas d'origine polynésienne.
Traditionnellement, nos Teva prétendent descendre du Dieu
Requin. Il y a plusieurs générations, un chef de Punaauia appelé
Le mot est
Société
des-Études^ Océaniennes
/
Temanutunuu épousa une cheffesse de Vaiari du nom
de Hotutu ;
il en eut un fils, Terii i te moana rau. A la
naissance de l'enfant
Temanutunuu, le
père partit sur sa pirogue pour les îles des
Tuamotu à la recherche des
plumes rouges (ura) pour faire le
Maro royal du jeune prince.
D'après l'histoire il est donc acquis
qu'avant l'existence du premier Teva, Punaauia et Vaiari avaient
déjà leurs
le
marae
propres chefs et leurs marae. La légende précise
que
de Punaauia fut fondé pour ce même
jeune prince Terii
père Temanutunuu, afin qu'il pût ceindre,
sur son propre marae,
le maro-ura fait avec les plumes recueillies
lors du voyage aux Tuamotu.
Qn dit que le nom de Punaauia
est venu du meurtre d'un
parent dont le corps avait été rjoulé
comme un poisson!
itemoanarau,
parson
Durant le
long voyage de Temanutunuu aux Tuamotu, voyage
qui lui prit plusieurs mois, un visiteur parut à Vaiari, il fut natu¬
rellement reçu par la cheffesse Hotutu. Ce
visiteur, notre ancêtre,
était un demi-dieu; il n'était
qu'à moitié homme, l'autre moitié
étant poisson : un dieu requin. Il
nagea de l'océan à travers le
récif dans la rivière de Vaiari où il vint à terre
et se présenta
comme Varimatauhoe. La cheffesse le
reçut avec l'hospitalité
coutumière. Varimatauhoe habita avec Hotutu
; leur intimité
dura quelque temps.
Un jour le chien de Hotutu vint
auprès de sa maîtresse et lui
lécha la figure, nous dirions aujourd'hui
qu'il l'embrassa, mais,
à cette époque, le mot était inconnu des
Polynésiens qui ne s'em¬
brassaient pas mais^
se touchaient le nez pour se saluer ou se
donner une marque d'affection.
Voyant cela, l'homme requin se prit à réfléchir ; après avoir
tourné et retourné le sujet dans son
esprit, il décida que la faute
était si grave qu'elle exigeait de
lui, lui un raffiné, l'abandon de
Hotutu
: «
Vous
dit-il,
vous
chien.
»
avez
été infidèle à votre mari
pourriez donc tout aussi bien
faveur, lui
tromper avec le
en ma
me
(i)
Les hommes ont, de tout temps été
ingénieux à trouver des
raisons les autorisant à abandonner la femme dont ils sont fati¬
gués. Celle-ci suffit à l'homme requin qui s'en alla vers la
redevint
poisson et nagea à la
rivière,
mer.
En chemin, il rencontra la
(i) Une autre version est que l'arrivée intempestive du chien auprès
indiquait le retour de Temanutunuu que le chien avait suivi
de Hotutu
dans
son
voyage.
—
40
—
pirogue du mari, Temanutunuu, qui revenait des Tuamotu; il
lui. Temanutunuu, regrettant d'avoir
perdu le plaisir de la visite d'un hôte si distingué, et obéissant
aux lois de la
générosité excessive qui était la çaractéristiqué'des
mœurs de l'île, invita Varimatauhoe à revenir ; mais l'homme
i requin refusa poliment, donnant pour excuse que Hotutu aimait
i trop les chiens.
Quelle que soit l'origine de cette légende, elle démontre que
les indigènes considéraient Vaiari comme la source de leur aris¬
s'arrêta pour converser avec
tocratie. Non seulement le maraeet le maro-Ura de Punaauia se
réclamaient de Vaiari, mais Papara aussi, suivant de près, car
lorsque Varimatauhoe fut sur le point de quitter Hotutu, il lui
dit : « Vous me donnerez un enfant. Si c'est une fille elle vous
appartiendra et vous lui donnerez vôtre nom ; si c'est un fils,
l'appellerez Teva; la pluie et le vent accompagneront sa
naissance ; partout où il ira, la pluie et le vent annonceront sa
venue. Il sera de la race des ariirahi, vous lui ferez élever un ma¬
rne que vous appellerez Mataoa
(les yeux sacrés), là il ceindra ïe
maro-tea. Il faudra qu'il soit connu comme l'enfant d'Ahurei (le
vent qui souffle de Taiarapu). » Un garçon naquit, suivant la pré¬
diction annôhcée par la pluie et le vent. Le nom de Teva lui fut
donné, Mataoa fut élevé où Teva ceignit le maro-tea. Le nqm de
Teva vint de ce garçon. Quand et comment il fut donné au hlan,
je ne lé sais ; nous savons seulement qu'il a dû être donné par le
*ariide Papara ou de Vaiari. Jusqu'à aujourd'hui les Teva voya¬
gent rarement sans pluie et sans vent, de sorte que lè terme de Te¬
va rarirari est
employé, Teva mouillé. Plors ce qui a trait à ses père
et mère on sait peu de chose de Teva lui-même
; il dût être un re¬
marquable personnage s'il,faut en croire les gens de Vaiari qui
vous montrent encore l'endroit ou il vécut enfant,
la place de son
premier bain, et les différentes eaux où il pécha en chemin lors¬
qu'il vint à Papara, et qui se montrent vexés si le moindre doute
est manifesté sur l'origine Vaiarienne de Teva. Dans notre famille
il estadmis^ue
non seulement Teva était de la famille de Vaiari,
mais qu'il ceignit le maro-tea en raison de cette descendance,
et qu'il établit son marae à Mataoa en transférant son
siège de
pierre ou trône du marae de Farepua.
•
Pour faciliter l'intelligence de ces choses aux
étrangers qui
pourront lire ces mémoires, je dirai ici que chaque arii ou chef,
grand ou petit, jouissait de quatre prérogatives inhérentes à son
rang. Seuls ceux qui ont été mentionnés pouvaient ceindre le
vous
—
41
—
mâro-ura, et seuls les grands chefs pouvaient ordonner les sacri¬
fices humains ;
ou
un
mais tous,
mont ; un
outu,
sans
distinction, possédaient un moua
promontoire ; un tah.ua, ou lieu de
réunion, et un mjrae, ou temple. L'es arii, grands et petits, étaient
trop nombreux pour être énumérés, et leur moua,
outu, tahua
et marae se trouvaient à
chaque mille de la côte. Mais les marae
les plus anciens et les
plus importants, dont les autres n'étaient
que des rameaux, étaient au nombre d'une douzaine environ.
Il convient de les avoir
présents, car ils sont la preuve du rang
et servaient de titres de
propriétés dans toute l'île. Tous ceux
qui ont lu les voyages de Cook ou les livres des missionnaires
sur Tahiti, Hawaii et les autres
îles de la Polynésie, savent qu'un
marae était une enceinte fermée
avec un autel consacré à
quelque dieu; mais aucun de ces livres n'a
expliqué l'importance\
ou
sociale du marae, ni
qu'il représentait, plus que toute autrê
chose, la famille, le dieu étant une question secondaire ; et mê¬
me
le droit
sacrifices humains n'avait rien à faire avec le
l'indigène, la famille et les traditions anti¬
ques étaient seules à compter. C'était alors une société aris¬
tocratique dont les rites religieux étaient rigoureusement aristo¬
cratiques et la position sociale d'un homme dépendait de la
rang
du
aux
marae. Pour
pierre
sur
Cook
en
laquelle il pouvait s'asseoir dans l'enceinte du marae.
grandement embarrassé lorsqu'à
son
départ de Raiatea, en juin 1774, le chef Oreo lui demanda
le nom de son marae. Un homme
qui n'avait pas de marae ne
pouvait pas être un chef, et Cook était regardé comme un grand
chef. Sa seule ressource fut de donner le nom de sa
paroisse
londonienne. Forster, en répqnse à la même
question, se méprit
complètement sur son sens(i): « La dernière prière d'Oreo était
que je revinsse; lorsqu'il vit qu'il ne pourrait en obtenir la
pro¬
messe, il demanda le nom de mon marae (lieu de sépulture). Tout
étrange que fût la question, je n'hésitai pas une minute pour lui
dire : Stepney, la paroisse dans
laquelle je vis à Londres. On me
le fit répéter plusieurs fois
jusqu'à ce qu'ils aient pu le prononcer,
puis Stepney, le « marae no Tote », se répéta dans une .centaine
de bouches à la fois.
J'appris ensuite que la même question avait
déjà été posée à Monsieur Forster par un homme sur la plage ;
mais il donna une réponse différente et certainement
plus appro¬
priée, en disant que «quiconque allait sur la mer ne pouvait dire
personne se trouva
où il serait enterré.
»
(1) Second voyage de Cook, 1774.
Société des
Études Océaniennes
.
(•
\ i
-
—
Vaiari avait deux
42
—
fameux et très anciens.'L'un était ap¬
pelé Farepua et avait la particularité d'être le seul marae dont
les décorations étaient entièrement faites de ura, ou plumes rou¬
ges. (i)
L'un des titres du
marae
grand chef Vaiari était Maheanuu de Farepua.
Son autre titre de Teriinui appartenait à un marae appelé Tahiti.
Le nom du marae Tahiti nous a intrigués. (2) Q_ue le marae ait été
nommé d'après l'île ou l'île d'après
fication du mot dans les deux cas ?
quelle était la signi¬
l'ignore. Si c'est le diminu¬
tif iti, comme dans le mystérieux Hawaiki d'où viennent les NéoZélandais, peut-être que le nom, à son origine, était Taha iti, ou si
la terminaison est Hiti, cela pourrait signifier seulement du côté
de l'est, et indiquerait quelque Taa de l'est. Dans tous les cas le
nom a dû être pris à une période très reculée,
par Vaiari, comme
tine sorte de propriété. Tahiti a dû être un nom d'origine vaiarienne, car après que d'autres grands chefs se furent élevés à un
rang égal, aucun chef de Vaiari, tout fier qu'il eût pu être de sa
famille, n'aurait pu, d'après la courtoisie qui marquait les ancien¬
nes relations sociales, se dire' le seul
grand noble de toute l'île,
c'est-à-dire Teriinui
0
le
marae,
on
Tahiti.
Papara, comme nous l'avons déjà dit, tint son marae de Mataoa
de Vaiari et le chef de Papara était Teriirere i Tooarai ou Temarii
Tauraatua i Mataoa par droit de naissance ; mais le ma¬
d'origine dans le territoire connu sous le nom de Papara se
trouvait être dans le petit sous-district appelé Amo, à un mille
de la mer, près des montagnes. Le marae d'Amo était appelé Ta-^
putuarai. De ce marae, une pierre fut prise pour fonderie ma¬
rae de Tooarai
près du rivage. Près de ce marae, presque dans
la même enceinte, Purea et Amo élevèrent pour leur fils Teriirere
la grande pyramide de pierre dont je reparlerai plus loin, et
qui surprit Cook et Sir Joseph Banks, à la pointe de Mahaiatea.
Quelques-uns des principaux noms ou titres des chefs de Pa¬
para attachés à leurs marae étaient Teriirere i Mahaiatea, Aromaiterai i outurau ma Tooarai, Tuterai i Taputuarai. Mais le chef
ou
rae
(1) Le ura était le symbole même de la royauté, comme la pour¬
Europe.
(2) Tahiti s'appelait autrefois Hiti nui pour l'île principale, c'està-dire Hiti la grande, et Hiti iti, Hiti Jaipetite,
pour la presqu'île.
C'est le marae de Tahiti, construit pour Teriinui o Tahiti,
qui donna
son nom à l'île en
signe de supériorité.
pre en
—
43
—
élu dp la famille avait droit à tous les
et
marae.
Avec chacun de
sièges
sur le marae allaient les terres attachées
et les droits attachés au tout.
noms
au
ces
titre
Atahuru était le district voisin
ou
dePapara; il n'apparte¬
Tevà, mais aux Teoropaa.Paea avait deux marae prin¬
cipaux: Maraetaata et Teraiapiti. Le district suivant, Punaauia,
avait un marae du même nom, ainsi
que je l'ai déjà dit. Faaa ou
Tefana avait le marae Ahurai. Pare-Arue, où
les Purionuu avaient
le marae Tarahoi à Arue,
auquel appartenait les Pomare. Le dis¬
trict suivant, Haapape, avait le marae
Fareroi, et Hitiaa le marae
nait pas au
Hitiaa.
Ces douze
de Tahiti
nui, ou grand Tahiti, étaient, bien
entendu, tout-à-fait indépendants de la péninsule de Taiarapu:
Tahiti iti, oupetit Tahiti. A Taiarapu, les anciens districts étaient
beaucoup changés par la guerre, et les noms n'ont pas conservé
leur ancienne signification. Autrefois, l'extrémité sud de la
pé¬
ninsule comprenait 2 districts, Taiarapu et HuL formant une
chefferie appelée Teahupoo, dont le grand chef portait le titre de
Vehiatua, et dont le marae était Tâpuanini ou Matahihae. La par¬
tie du nord, Vairao et Afaahiti, n'avait pas une même
tête, mais
la chefferie de ,Vairao Tetuaumeretini avait le marae Nuutere. La
partie est contenait autrefois une grande et très puissante chef¬
ferie appelée Tautira, laquelle fut conquise et sa
lignée de chefs
éteinte par Vahiatua. Le grand marae de Tautira était
particuliè¬
rement consacré au grand dieu Oro, auquel les sacrifice? hu¬
marae
mains étaient offerts.
Grâce
le rang social des chefs était si connu ou si
d'erreurs graves étaient possibles. Sur
fondation la généalogie devint une science, la seule science
aux
facilement
cette
marae,
connu
que peu
des îles.
La
généalogie absorba toute l'histoire et fit de la loi son champ
Les chefs pouvaient s'en aller dans les îles lointaines et
disparaître pendant des générations ; mais si leurs descendants
revenaient et pouvaient prouver leur droit au siège du marae fa¬
milial, ils étaient admis à jouir de tous les privilèges et de toutes
les propriétés qui étaient leur héritage. D'autre part, s'ils
ne pou¬
vaient soutenir leurs prétentions et si leur imposture était dé¬
propre.
couverte, ils étaient mis à mort sans merci. Les relations de fa¬
mille étaient affirmées ou contestées aussi sérieusement
que des
titres légaux et étaient souvent affaires de vie ou de mort.
Chaque
famille gardait sa généalogie secrète pour se
des
protéger
impos-
—
teurs çt tous
server
44
—
les membres de la famille s'unissaient pour
^con¬
pure.
La
plus puissante cheffesse de l'île, comme Purea ouMarama,
Tetuanui reia ite rai atea, était aussi indépendante du contrôle,
ou
de
son
mari qu'aucune princesse indépendante d'Europe; elle
qu'il lui plaisait et personne n'y faisait au¬
avait autant d'amants
cune
objection ; mais elle
ne
pouvait mettre au monde un enfant
que l'on savait n'être pas de l'origine des arii. Chaque enfant qui
naissait d'une telle union était mis. à mort à l'instant même de
I
sa
naissance.
Toutes
ces
bribes des coutumes de l'île sont racontées
p6ur
la famille de Papara était, d'après la tradition, une
branche cadette de la famille de Vaiari, et plus jeune même que
Punaauia. Cependant Wallis trouva le chef de Papara politique¬
ment supérieur aux deux familles qui ceignaient le maro-ura j et il
en avait été ainsi depuis plusieurs
générations. A une époque du
passé,Aine révolution avait renversé Vaiari et mis Papara à sa
place, toutefois, tout en prenant le gouvernement politique, Pa¬
para ne pouvait prendre la supériorité sociale, car, aussi long¬
temps que durerait la société, le marae de Farepua demeurerait
le plus ancien et supérieur à tous les autres marae de Papara et
montrer que
des Teva.
Ici encore, la tradition vient nous dire comment Papara conquit
la direction, mais, comme d'habitude la tradition est indifférente
aux
dates et
aux
détails, elle rapproche ce qui est éloigné et
que ce qui l'amuse. Ainsi que l'histoire est racon¬
tée de bouche en bouche, cette affaire a dû avoir lieu il y a une
ne conserve
vingtaine de générations, lorsque le grand chef de Vaiari et Mataiea était" Hurimaavehi et Papara son tributaire. Le chef de Pa¬
para était appelé Oro, non le dieu auquel les généalogies font re¬
monter l'origine des êtres humains, mais le chef du petit district
d'Amo que j'ai déjà mentionné comme étant le possesseur du
marae de Taputuarai. Amo est maintenant une forêt d'arbres à
pain, et de cocotiers, mais, à cette époque, il devait avoir une force
de quelques centaines de guerriers, et comme il se trouvait sur
les limites de Mataiea il devait se garder de toute attaque; son
chef était un grand guerrier.
Les belles femmes furent toujours d'un grand intérêt dans la
société de l'île, elles étaient belles quasi par profession. Dans les
grandes occasions, elles nageaient dans les brisants pour se faire
admirer. Devant leurs maisons leurs pères élevaient une espèce
Société des Etudes Océanienne
—
4Î>
—
de
plate-forme ou terrasse appelée « paepae », pavée de pierres
plates, où la jeune fille s'asseyait, et les étrangers s'arrêtaient pour
la regarder et discuter sur la blancheur de sa peau et la rondeur
de ses formes. Une telle beauté était à cette époque la fille de Panee
d'Amo, un ami intime du père d'Oro, Tiaau. Sa réputation dë
beauté parvint jusqu'aux oreilles de Hurimaavehi à Vaiari, ainsi
qu'on pouvait s'y attendre, étant donné que les différents districts
n'étaient séparés que par une distance de ioà 15 milles environ
et que les gens n'avaient, en dehors des combats, de la pêche,
des courses en montagne pour le feï ou les bananes sauvages, du
chant et de la danse, que peu de choses à faire si ce n'est de cau¬
ser.des uns et des autres. Hurimaavehi, comme la plupart des
chefs tahitiens, avait un faible pour les jolies femmes ; il fit enle¬
ver la fille pour la
porter à Vaiari.
Panee, le père, ne sachant ce qu'il était advenu de sa fille, cher¬
cha dans toutes les directions, et, s'arrêtant sur la limite de
Mataiea, questionna tous les passants jusqu'au jour où deux
hommes parurent à qui il demanda d'où ils venaient :
« De Vaiari » répondirent-ils.
« Comment va Hurimaavehi et son entourage
?»
De question en question, il arriva enfin au sujet qui l'inté¬
ressait
«
:
Quelle nouvelle beauté
avez-vous
à Vaiari?
»
Vous
parlez de beauté, » répondirent les étrangers, « une
beauté merveilleuse vient d'apparaître là-bas, elle appartient à
«
Hurimaavehi. »
« Est-elle bien traitée ?
«
»
Non, il l'a abandonnée
aux
domestiques,
porcs et aux poissons de la mer. »
A ceci, Panee entra en fureur, il se
aux
chiens, aux
précipita dans Mataiea, atta¬
qu'il rencontra, tua cinq des gens de Hurimaavehi,
et, pour rendre sa querelle plus violente encore, chargea les deux
voyageurs d'un message insultant pour le chef de Vaiari : la mort
en était la seule vengeance possible. Puis, ayant rendu la
guerre
certaine, il retourna précipitamment vers son ami Tiaau et lui
raconta ce qui était arrivé. Ils se dépêchèrent versOro pour le pré¬
venir que Hurimaavehi arrivait avec ses guerriers.
Oro dormait sous l'influence du ava. C'était là l'ivresse préfé¬
rée des chefs tahitiens, celle dans laquelle il ne fallait jamais les
troubler. Seul un chef guerrier pouvait rejeter soudainement l'in¬
fluence du ava et partir au combat. Ce qui fait voir quel grand
qua tous ceux
—
46
—
'
guerrier étaitOro : il donna ses ordres à l'instant même. A l'un
il dit : « Grimpez au haut de ce cocotier et veillez ! » Le palmier
le plus élevé était l'observatoire du
village tahitien. A l'autre il dit :
Cachez-vous
hommes dans le marae ! Lorsque vous
Hurimaavehi, emparez-vous de lui ». On peut encore voir le
mur du marae
près des fondations de la maison du chef, couvert
d'arbres et perdu dans la forêt ; il dût être non seulement une
cachette des plus appropriées, mais la seule place ressemblant à
un fort dans le
voisinage.
Les préparatifs d'Oro furent rapidement faits. Avec des voisins
aussi rapprochés la guerre était une affaire soudaine. Une marche
secrète la nuit par le rivage, ou en pirogue en
longeant la rive,
pouvait amener une force hostile avant le jour d'un bout à l'au¬
tre de l'île depuis Taravao
jusqu'à Faaa. Maint district était sou¬
dainement attaqué, ses habitants massacrés, les maisons brûlées
et tous les porcs enlevés dans un raid de
quelques heures. Géné¬
ralement une alerte de quelques minutes était suffisante pour
appeler les guerriers sous les armes et précipiter les femmes et
les enfants au loin dans les montagnes ; il est probable que les
guerriers étaient, réunis dans le marae, et que les femmes et les
enfants se trouvaient en sécurité dans les bois quand Panee cla¬
ma du haut de son cocotier
qu'il voyait approcher les lances des
guerriers de Vaiari.
Le plan de bataille d'Oro réussit. Hurimaavehi vint, fut attaqué
et battu ; Oro Se conduisit comme si ses plans avaient mûri d'a¬
vance, car il donna la chasse au chef de Vaiari à travers la contrée
jusqu'au delà des montagnes. Hurimaavehi se réfugia dans le dis¬
trict voisin de Hitiaa, à 30 milles au delà des
champs de combat,
pendant qu'Oro s'emparait de chaque district qu'il traversait et
le déclarait sujet de Papara.
D'après la légende, Oro poursuivit ses conquêtes jusqu'à Hitiaa,
sur les terres
que prétendait posséder T eriitua, chef de Hitiaa, lors¬
que Teriitua s'interposa ; une dispute s'ensuivit. Oro insistant sur
une limite, Teriitua sur une
autre, ils convinrent de s'en remettre
à leur dieu ; mais Oro prit
la précaution de cacher son ami Aia
dans un trou près de là limite qu'il réclamait, cependant que Te¬
riitua négligeait de prendre la même
précaution. Lorsque Terii¬
tua appela, son dieu ne
répondit point ; mais lorsque Oro appela :
« Est-ce ici ? »,
son ami, sous terre, répondit comme un écho :
« Ici », et la limite fut fixée et demeura telle
qu'elle existe encore,
donnant aux Teva le contrôle entier de l'isthme de Taiarapu.
«
avec vos
verrez
.Société des
Études .Océaniennes
„
im: .a. ie&^ie: s
Ahuahu
".
Ahurai
Amaama
Ativavau (Maraetaatâ) ....
Fanautaitahi
Fareia .............
.
Farepua
Fareroi
Hitiaa
Mahaiatea
Manunu
Papara.
Paea à Teoropaa.
Eimeo.
Eimeo.
Vaiari.
Haapape.
....
Hitiaa.
....
Maraetaata.
Maruia.
Matahihae
Matai rea
Mataoa
Matarehu.
Natoofa
Nuurua
Nuutere
.
.
Ativavau à Paea.
Teahupoo"
Afareaitu à Eimeo.
Papara.
Papara.
Poutini.
Punaauia
Punuatoofa
Afareaitu à Eimeo.
Varari à Eimeo.
Vairao.
(?) Punaauia.
.
.
Pûteaio Tepuoteaio
Raîànaunau
Ravea
Tahiti
.
Tapuanini
Taputapuatea
Taputuarai.
.
Punaauia.
Toura ? Eimeo.
Atitara à Paea.
Pare Arue.
Tautira et Teahupoo.
Vaiari.
Teahupoo.
Pare Arue, de Raiatea.
Amo à Papara.
Arue.
:
Tarah'oi
Tefano. Maraetefano
.
Haàpiti à Eimeo.
Tepuote. (Puteaio).
Teraiapiti
Tooarai. Outuraumatooarai.
Tuturuarii
Umarea
Vahitutautua
Vaiotaha
Papaya.
Papara.
Papara.
...
Outuraumatooarai. (Tooarai).
.
Papara.
Tefana.
Paea.
.
Papara.
Punaauia.
Afareaitu à Eimeo.
Vaiari.
Haapiti à Eimeo.
{A suivre.)
_
NOTE.
48
—
L'on
nous a fait observer
que la liste de marae qui vient
chapitre II des Mémoires offre des lacunes et ne donne
point les marae de Tahiti et Moorea dans leur ordre d'importance.
Grâce aux indications de Madame Marau
Taaroa, nous avons rétabli
—
à la suite du
cette liste de la manière suivante':
Liste des
marae
arii de Tahiti et Moorea.
TAHITI
Vaiari
(Papeari).
Farepua, Tahiti, Raimatitinoa,
Matairea, Teaoroa, Teaotea, Vaiolaha, Hitiaa, Taputapuatea, Vahitutautua, Teauo]Atei, Vaitumarua, Toatitioa,Tahirirau, Paepaetetuaira, Vairoto, Papaaroha, Faniu, Hotuarere, Tohutohu, Oira,
Vaipuane, Fanàutoerau.
Papara.
Taputuarai, Manunu, Na mataoa o Tahiti,
Ahuahu, Teraimaru,
Fareura, Te pu Maruia, Amaama, Matarehu, Tinitua, Tetianina, Hitapu, Ahatu, Tooarai.
Te
(Punaauia).
Tuturuarii, Tahiti,. Poutini, Pu¬
maro ura
naauia, Vaiotaha.
Temanotahi (Paea).
Teraiapiti, appelé aussi Maraetaata; Patea, Teputeaio.
Hitiaa.
Hiti.aa.
'Matavai
oit
Haapape.
Fareroi.
Tautira.
Matahihae, Tapuanini, Ravea.
Tehaupoo.
Tehaupoo, Matahihae, Tapua¬
nini1.
Vairao.
Poutini, Nuutere.
Mahaena.
Aifa.
Taumata
Tefana i Ahurai
(.Faaa).
Ahurai, Tefana.
Pare Ante.
Raianaunau, Tarahoi, Taputa¬
puatea.
MOOREA
Haapiti.
Marae Tefano, Punaauia, Vaio¬
taha, Taputapuatea, Tenuufaa-
Maatea.
Putunina, Teahuraai.
tauuira'j Fanautaitahi.
Varari à
Teavaro.
Haapiti.
Marae Tefano,
Nuurua; Fareia.
Afareaitu.
Umarea, Matairea, Natoofa, Ho-
Tehapatu.
Faatoai.
Taputapuatea.
rora.
Farepua futle premier marae élevé à Tahiti par l'armée des dieux
de Vaiari ou des
ténèbres, dit la?*légende. Fanautaitahi, à Haapiti,
fut le dernier construit.
Société dès
Étiides Océaniennes
TAHITI, OBSERVATOIRE ASTRONOMIQUE
Le passage récent à Tahiti dé une Mission
d'observation astro¬
nomique nous a donné l'occasion de poser au savant qui en était
chargé, M. Robert TRUMPLER, du "Lick
Observatory" (Uni¬
versity of California), diverses questions au sujet de la valeur
de Tahiti
M.
Observatoire astronomique. A notre
enquête
bien voulu répondre par l'étude suivante
que
heureux de publier au Bulletin.
comme
Trumpler
nous sommes
a
Depuis la fameuse visite faite par COOK pour observer le
pas¬
sage de Vénus, Tahiti a plusieurs fois été choisie comme
Station
par des expéditions astronomiques :
rappelons entre autres la
mission STEFANIK. Sur la colline au-dessus
de Papeete s'élève
encore le
bâtiment, malheureusement abandonné
aujourd'hui,
qui était destiné à servir d'Observatoire permanent à ces
Mis-,
sions astronomiques. Quelles sont donc les
raisons qui tendaient
alors et tendent encore
aujourd'hui à faire choisir Tahiti pour
l'étude des astres ?
Pour les'expéditions
qui ont visité Tahiti, il s'agissait en gé¬
néral de l'observation d'un
phénomène d'intérêt
me
le passage
de Vénus
spécial, com¬
éclipse totale du Soleil. Les pas¬
disque solaire se produisent quatre
ou une
sages de Vénus devant le
fois dans une période de
243 ans et ils ont dans le passé été de
haute importance
pour déterminer la distance de la Terre au So¬
leil. Pour obtenir cette constante
fondamentale de l'astronomie
avec
une
grande exactitude, il faut que le passage de Vénus soit
observé à plusieurs endroits
séparés de grandes distances. Pour
le passage de Vénus en
1769 une Station d'observation au mi¬
lieu de l'Océan
Pacifique était très avantageuse, devant collabo¬
rer avec de semblables
Stations en Sibérie, aux Indes, en Euro¬
pe et
hiti.
Les
en
Amérique. C'est
,
ce
qui
a
décidé la visite de Cook à Ta¬
•
éclipses totales du Soleil sont visibles seulement sur une
bande très étroite delà surface de la Terre.
Quoique les éclipses
du Soleil soient nombreuses
dans l'Océan Pacifique, il n'y en a
—
50
—
de totale à Tahiti. La région de totalité passe bien
plus souvent sur d'autres îles. L'on sera donc conduit à choisir
1 une de celles-là comme emplacement d'une
expédition. Mais,
même dans ces cas là (comme en 1908 pour l'expédition de
Flint Island), Tahiti pourra servir comme point de départ, ou
bien pour des observations de comparaison avant ou après l'éclipse (comme en 1922 pour l'éclipsé du 21 septembre passant
par l'Australie).
Evidemment, dans la région centrale de l'Océan Pacifique, ré¬
gion d'une superficie énorme, Tahiti offre les conditions les plus
favorables pour une expédition astronomique. 11 y a d'abord la
facilité de l'accès et du transport des instruments par un Ser¬
vice régulier de bateaux* à vapeur ; puis un climat facile à sup¬
porter par des astronomes étrangers.; on y trouve le confort dé¬
sirable pour le séjour, de l'aide pour l'érection des instruments,
et enfin les conditions atmosphériques ne Sont probablement
pas moins favorables qu'à d'autres endroits dans la zone tropi¬
que rarement
cale.
*
comptent aussi pour le maintien d'un Obserpermanent, surtout la situation géographique. 92 °/0 des
Ces avantages
vatoire
-
^Observatoires astronomiques se trouvent au Nord de l'Equateur
et une grande partie des constellations australes leur est inac¬
conséquent cette région du ciel a été beaucoup
étudiée, ce qui empêche souvent des recherches statisti¬
ques sur la structure de notre Univers sidéral. Une augmenta¬
tion des Observatoires au Sud de l'Equateur est indispensable
pour le progrès de l'astronomie, et la latitude de 17 1 /20 ae Tahiti serait sans doute avantageuse.
En longitude les Observatoires actuels sont aussi mal distri¬
bués qu'en latitude. Cependant la longitude d'un Observatoire
est en général considérée peu importante, excepté dans quel¬
ques cas spéciaux. Pour des phénomènes changeant rapidement,
comme des étoiles nouvelles, des étoiles variables, des comètes,
etc., il est important d'obtenir des observations continuelles
pendant plusieurs jours. De telles séries d'observations peuvent
être fournies seulement par la coopération d'une chaîne d'Ob¬
servatoires bien distribués en longitude. Supposons par exem¬
ple qu'une étoile variable peut être observée à Paris de 7 heu¬
cessible. Par
moins
'
res à 11 heures du soir jusqu'à son coucher à l'horizon. A Wa¬
shington cette étoile sera visible après qu'elle s'est couchéeàParis ;
en Californie elle
pourra être observée après qu'elle est devenue
—
84
—
invisible à Washington; Tahiti
pourrait reprendre les observa¬
tions de l'étoile quand elle est
au-dessous de l'horizon de la Ca¬
lifornie, au moment où Paris est en plein soleil.
Après Tahiti un
des Observatoires aux Indes
pourrait compléter la chaîne. Pour
des recherches de cette
espèce, un Observatoire permanent à
Tahiti, remplissant une grande lacune dans la distribution
des
Observatoires, pourrait rendre des services bien précieux.
Pour le choix de la situation d'un
Observatoire permanent, il
faut donner une
large place aux conditions
atmosphériques,
surtout à la
proportion des nuits claires ainsi qu'à la stabilité et à
l'homogénéité de la température de l'air pendant la nuit
; c'est
une condition nécessaire
pour obtenir des images bien définies
avec un
grand télescope. Jusqu'à présent il y a peu d'informa¬
tions statistiques sur ces
points. Le nombre des nuits claires à
Tahiti est sûrement inférieur à celui des
grands Observatoires
de Californie, mais il
peut-être égal ou supérieur à celui des Ob¬
servatoires de France.
Les Observatoires
astronomiques, pour la plupart, sont situés
près des centres de la vie intellectuelle et sont généralement at¬
tachés à des Etablissements
d'enseignement supérieur. Cela, en
raison de considérations matérielles
importantes. Les Institu¬
tions de recherches
scientifiques demandent un support finan¬
cier régulier. Les
dépenses
qu'elles nécessitent
ne
peuvent guè¬
être supportées que
par, un centre pourvu de ressources con¬
sidérables, qui connaisse et apprécie la recette intellectuelle de
ces recherches. Les travailleurs
scientifiques, de leur côté, ont
besoin de l'encouragement et de
l'impulsion donnés par un
milieu intellectuel et de l'intérêt
public s'attachant à leurs tra¬
re
vaux.
Un Observatoire situé à un endroit isolé comme
Tahiti ne sau¬
rait remplir les conditions de cet ordre. Il
y aurait probable¬
ment avantage à l'organiser comme une filiale d'une
grande Ins¬
titution d'Europe ou
d'Amérique. Une connection de ce genre
lui fournirait un fort
appui moral et matériel et en même temps
garantirait la continuité des travaux, même si les changements
de personnel étaient
plus fréquents.
Rarotonga, 16 juin
1922.
Robert TRUMPLER
_
52
—
TWuniBmrn
L'actualité de la question « Tourisme », son importance pour
l'avenir de nos Etablissements, le fait que son objet essentiel, à
savoir la connaissance de leurs richesses pittoresques, histori¬
artistiques ne sort pas à proprement parler du cadre de
Bulletin, nous ont amené à ouvrir cette rubrique nouvelle qui
s'efforcera de contribuer à la mise 'en œuvre, à la réalisation
ques ou
ce
pratique et au développement du
tourisme local.
général qu'a
C'est ainsi que nous avons fait suivre l'aperçu
bien voulu nous tracer de la question M. Sigogne, et une première
étude documentaire due à
Vobligeance de M. Le Bronnec, d Atu-
ona.
où une escale aux Marquises ouvrira aux globe-trot¬
jusqu'à aujourd'hui si difficile de ces îles lointaines,
ce travail rendra les plus grands services à ceux qui voudront
parcourir et visiter en détail leurs merveilleux paysages.
Le jour
ters l'accès
Le
•
tourisme
en
Océanie.
Le tourisme en Océanie a surtout été jusqu'ici le privilège de
quelques rares globe-trotters ou de quelques intrépides yachters. Des peintres, des écrivains, des savants y sont venus étu¬
dier ce point du globe, dont l'histoire n'avait aucun point de
contact avec celle du monde civilisé, dont les habitants n'en
avaient pas moins trouvé un état social parfaitement équilibré.
Le succès des œuvres artistiques, littéraires ou scientifiques sur
ce sujet montre l'attrait du public pour l'Océanie, mais le tou¬
risme reste à créer. Il ne demande qu'à se diriger vers des hori¬
zons nouveaux, pourvu que les conditions voulues soient ré¬
unies. Pour favoriser le tourisme dans nos îles, il importe donc
d'étudier ces conditions et leurs possibilités de réalisation.
Il faut, avant tout, se garder de confondre le touriste et l'ex¬
plorateur. Ce dernier part à l'aventure, attiré par la passion de
l'inconnu. Il est préparé à y consacrer un temps indéterminé et
à se contenter des moyens d'existence qu'il rencontrera.
Qu'il soit dévoré par les cannibales, les requins ou les mous-
£oeiété des Çtudes Océaniennes
—
53
—
tiques, qu'il reste des semaines ou des mois-sur le
rivage d'une
plus ou moins déserte à attendre un bateau
pour le trans¬
porter, qu'il ait à dormir sur des sacs de
coprah, à consommer
île
des vivres inédits et à renoncer à
fatfx-col,
l'usage des souliers
n'est pas cela qui arrêtera
gager sur la même voie.
ce
son successeur
ou du
de s'en¬
Le tpuriste est d'une toute autre
étoffe. Avant de s'embar¬
quer, il tient à savoir ce qui va se passer.
Montrez-lui, si vous
lé pouvez, les
photographies de tout ce qu'il pourra contempler,
décrivez-lui les impressions qu'il
pourra ressentir avec ou sans
bonne volonté, documentez-le sur
l'histoire du pays, les mœurs
des habitants, les saisons et le
climat; en un mot, faites la pu¬
blicité indispensable. Pour être
parfaite cette publicité doit com¬
prendre un programme des excursions avec.indication de la du¬
rée et des moyens de
transport, renseignements précis sur les
plages et les rivières où il pourra se baigner, les
montagnes ac¬
cessibles, les pêches qu'il
se
reposer,
Enfin,
ra
s'instruire,
se
pourra tenter, les lieux où il pourra
divertir, etc.
publicité bien faite devra indiquer ce qu'on trouve¬
dormir, pour manger, pour se blanchir, etc..., avec
des prix et adresse des fournisseurs recommandés. Cette
une
pour
aperçu
recommandation étant faite naturellement de la manière la
impartiale et non suivant la générosité de chacun à
plus
l'égard du
syndicat de publicité.
"
t
Fatigué de travailler ou de ne rien faire chez lui, quelqu'un,
quelque part, se décide à quitter son milieu habituel pour un
temps déterminé et à affecter à cette opération une somme aus¬
si déterminée. C'est ainsi
que naît le touriste.
Il cherche où il
pourrait se procurer le maximum de bon
temps dans ces limites de temps et de crédits, sans courir d'a¬
ventures.
.
.
La
.
'
publicité le guidera et lorsqu'il reviendra chez lui, s'il a été
satisfait, il en fera part à ses amis, ce qui établira peu à peu la
vogue. Il faut donc, après-avoir été attiré, que le
voyageur soit
bien accueilli. La recherche et
l'organisation des moyens maté¬
riels de satisfaire le touriste sont donc
également de première
importance.
Tahiti, avec son climat délicieux, ses plages tranquilles, ses
montagnes pittoresques, ses pêcheries de perles, ses habitants
hospitaliers, a tous les éléments naturels requis, mais l'organi¬
sation fait défaut.
*
—
54
—
•
»
touristique de la Société d'Etudes Océaniennes es¬
au moins le programme de l'action à entrepren¬
de contribuer à faire connaître les principales attractions
La section
saiera de tracer
dre et
du pays.
Sans espérer
pouvoirjamais faire atteindre
au
charme de la
réalité, nous essaierons,'ultérieurement, de fixer dans ces pages
quelques descriptions des paysages, des excursions, des fêtes
indigènes, et en général de tout ce qui peut intéresser l'étran¬
ger.
Mais il
ne sera peut-être pas inutile, avant d'aborder ces des¬
criptions, de rappeler certaines suggestions faites par les tou¬
ristes qui sont venus antérieurement, au point de vue des instal¬
lations matérielles.
Donnez-nous, disent-ils, de petits nids simples et proprets,
disséminés dans la verdure d'un parc, avec restaurant-au cen¬
Donnez-nous,dans .ce cadre, quel¬
hyménés ou oteas. Organisez-nous quelques pêches ou
quelques excursions. Donnez-nous, en un mot, ce que chacun
de vous, aime à avoir dans ce pays, et nous reviendrons avec
nos amis jouir, dans votre beau pays, de la liberté, de l'air, de la lu¬
mière et du repos que nous ne pouvons plus trouver chez nous.
tre, plage et terrains de jeux.
ques
L. SIGOGNE.
-
/
Le Tourisme
aux
Iles
Marquises.
Parmi les nombreuses îles du
Pacifique, le groupe des Mar¬
quises est peut-être sans égal sous le rapport de la beauté et du
pittoresque. Il est difficile de trouver ailleurs tant de paysages
si variés dans un espace si limité. Des paysages chaotiques, nus
et rocailleux, succèdent à d'autres couverts de verdure et d'om¬
bre ; des falaises à pic, inabordables, alternent avec des plages de
sable ou de galets, des vallées édéniques avec des montagnes et
des mornes aux formes étranges. Des milliers d'animaux sau¬
vages, chevaux, bœufs, chèvres, moutons et porcs, errent en li¬
berté dans les terres désertes et abandonnées des îles et font de ces
solitudes d'extraordinaires terrains de chasse. Les baies et côtes
tournées à l'ouest sont excessivement poissonneuses : l'on peut
pratiquer dans leurs eaux des pêches fructueuses
dés indigènes rendent plus attrayantes encore.
que
les procé¬
—
55
—
Les communications entre
les Marquises et
Tahiti, depuis
l'époque du S^François (1913-1918) jusqu'à ces
temps
derniers,
étaient rares. Des goélettes de
Papeete y faisaient cinq ou six
voyages par an. Il ne fallait pas compter sur des
voyages
surtout à l'aller ; les navires
directs,
trafiquaient d'abord aux Tuamotus
n'arrivaient aux Marquises
qu'après un temps plus ou moins
long. L'espacera bord, réduit par le chargement, était très limité
et rendait le voyage
très fatigant.
Actuellement, en dehors de ces" navires, une goélette subven¬
tionnée y fait 9 voyages
par an.
Les goélettes venant deTahiti touchent
quelquefois à Taiohae,
mais le plus souvent à
Atuona, chef-lieu de l'archipel, dans l'île
et
Hiva-oa.
Hiva-oa.—^ Hiva-oa est l'île la
plus importante, la plus peupléë, sans contredit la plus pittoresque dans son ensemble et la
plus accessible. Elle possède plus de 200 .kilomètres de routes
ou sentiers muletiers dont une
route de ceinture et une route
dans le milieu.de l'île.
•
C'est aussi à Atuona qu'est le
siège de l'Administration et de
presque toutes les maisons qui commercent dans
l'archipel.
Deux ou trois goélettes
partent de ce
point à peu près tous les
mois, à la recherche du coprah, et permettront, après un
séjour
à Hiva-oa, de visiter le reste de
l'archipel.
Les excursions, se feront de
préférence à cheval
des Marquises montant et descendant sans
cesse
entretenues 'sont
car
les routes
et assez mal
pénibles pour le piéton. Les chevaux
nombreux, chaque famille indigène en
possède 4 ou 5 et les loue de 10 à 20 francs par jour suivant la
distance à parcourir. Dans les
vallées, le touriste couchera chez
des indigènes qui lui seront
indiqués au départ.
domestiques
assez
sont très
Arrivée à Atuona.— L'arrivée dans la baie
des Traîtres of¬
aux
voyageurs un spectacle grandiose. Une immense mu¬
raille de pierre nue, d'environ
1.300 mètres de hauteur, coiffée
d'un toit verdoyant,
surplombe la baie et forme autour des val¬
lées deTaaOa et d'Atuona un double
hémicycle. Au fond de la
baie à gauche, la vallée
fre
deTaaoa,
en
amphithéâtre, disparaît sous
les palmes ; au nord de la
baie? derrière l'îlot Anakee, s'ouvre la
vallée d'Atuonaavec ses contreforts arcboutant la
montagne. Une
cocoteraie d'environ 1 kilomètre carré cache le
village. La baie
d'Atuona, longue et peu profonde, exposée aux houles d'Est et du
Sud, n'offre pas de mouillage. Un mamelon peu élevé la
sépare
Tahauku, profond de près d'un kilomètre. C'est le
portd'Atuona et le meilleur mouillage de l'île. Les deux côtés
de l'anse de
piquetés de cocotiers. A gauche, taillé dans l'argile blanche
on voit la route d'Atuona à Tahauku. Un petit escalier
débarcadère est de ce côté, mais faute d'aménagement il n'est
praticable que par beau temps, sauf aux personnes aux muscles
assouplis.
S'il y a de la houle il faut débarquer du côté droit et passer la
sont
et rouge,
rivière
assez
abondante de Tahauku. La route de Tahauku à
kilomètres et demi, est la mieux entretenue
plus jolies de l'archipel. Elle domine une partie de la
cocoteraie de Tahauku, la lagune que forme la rivière derrière
la plage, la/baie jusqu'à la pointe de Kaledo d'où l'on a vue sur
la baie des Traîtres, les îles Mohotane, Fatu-Hiva et Tahuata
que l'on aperçoit dans le lointain. En la suivant l'on a tout
Atuona étalé devant soi. Cet endroit était le lieu favori des pein¬
tres Gauguin et Lemoine.
On contourne la pointe et on est bientôt à Atuona. Qu'on ne
s'attende pas à trouver un noyau de ville, ciest tout juste un pe¬
tit village. Cinq ou six maisonnettes en bois où logent les
agents de l'Administration, les magasins de la Compagnie Na¬
vale, des Comptoirs Français, Donald et Société Française, 5
boutiques chinoises, la Mission Catholique, une dizaine de mai¬
sons indigènes. Tout cela installé à droite et à gauche de la rou¬
te parmi les cocotiers, manguiers, arbres à pain et autres plan¬
tes tropicales. Un petit ruisseau traverse le village. Le reste de
Atuona, longue de 2
des
et
une
la
population indigène habite un peu partout dans la vallée, le
plus souvent à proximité des plantations.
Pas encore d'hôtel, il faut se mettre en quête d'un gîte et de
quoi se restaurer. Le plus simple est de s'adresser à l'un des
agents de maisons de commerce, chez lesquels on trouve à peu
près ce qui se vend à Papeete. Celui-ci fera venir les indigènes
ayant des maisons à louer, débattra le prix de la location et
leurs services comme cuisiniers, guides, blanchissage et fourni¬
tures de chevaux pour les excursions.
Le Marquisien accueillera le touriste plutôt par curiosité que
par besoin d'argent. Tous ses actçs seront le sujet de conversa¬
tions sans nombre de la part des indigènes assis à l'ombre d'un
arbre et des vahinés
au
bord de la rivière.
Le touriste installé pourra faire autour d'Atuona
de nombreuses et intéressantes promenades : i° Visites aux
Tiki.
—
tiki (i) assez nombreux dans le haut de la vallée d'Atuona. Les
tikis sont des idoles marquisiennes en bois ou en
pierre gros¬
sièrement sculptés.
Vaikae.
—
2°
Promenade et
baignade à Vaikae, petite chute
bassin très profond situé dans la profonde
gorge
tikua. Ce Vaikae joue un très grand
rôle dans les
d'eau
avec
d'Alégendes et
chants des
indigènes d'Atuona. En descendant, on verra le « TaTapu » ou place des fêtes et sacrifices. Un indigène explique¬
ra les cérémonies, les emplacements réservés aux chefs et à leurs
familles, aux « Tahua » (prêtres), et aux sacrifices ; avec un peu
d'imagination on peut évoquer ces farouches et lugubres réu¬
ha
nions.
Feani.
30 C'est le nom du sommet le plus élevé de toutes
Marquises, placé entre les vallées d'Atuona et Taaoa. La rou¬
te d'Atuona à Hanamenu y monte. Taillée dans le roc à
pic pen¬
dant plusieurs centaines de mètres, cette promenade n'est pas
possible pour les gens sujets au vertige. De là-haut, par temps
clair, on voit toutes les îles Marquises, sauf l'île Masse, mais rien
que le coup d'œil sur les vallées environnantes vaut la montée.
On remarquera sur ces hauteurs une végétation inconnue dans
—
les
les vallées.
Taaoa.— 40
Excursions à Taaoa-. En une journée on visitera
kilomètres. Un assez joli sentier, à flanc
de coteau, dominant la baie des Traîtres, y mène. Un kilomètre
avant d'arriver au village on passe un petit col taillé dans le sou¬
fre et la pyrite ; à côté 2 fontaines aux eaux boueuses et bouillon¬
nantes. L'asphyxie est à craindre si on se penche trop près de
cette vallée distante de 7
leurs bords.
La vallée de
Taaoa, avec quatre grands ruisseaux, est la mieux
plantée de tout l'archipel ; on ne voit par¬
tout que cocotiers, maiorés et champs de taro. Il n'y reste plus
qu'une trentaine de Marquisiens, les indigènes qu'on y rencon¬
tre sont pour la plupart des Rapa, Raïatea ou Tahitiens qui y
font le coprah « à moitié ».
Qyelques endroits «Tapus», aux énormes paepae (plate-forme
de pierre), sont à voir, ainsi que l'emplacement de l'arbre légen¬
daire, sur lequel vivaient tous les oiseaux des Marquises. Les
arrosée et la mieux
(1) Voir plus haut, à la rubrique
M. Clayssen.
par
«
Archéologie
»,
la liste établie
—
58
—
branches de cet arbre
rent toutes
géant, dit la légende, en tombant
les îles et donnèrent à chacune un oiseau
touchè¬
particu¬
lier..
La
plage de Taaoa est très longue, mais exposée
d'Est et du Sud, elle est recouverte presque partout
lets.
houles
de gros ga¬
aux
Au retour, à mi-route, une visite s'impose à Lacharme,
philo¬
sophe marquisien. Cet original, fatigué de la guerre et de rouler
au monde, s'est fixé en cet endroit dans'une
petite plantation
d'où il jouit d'une vue splendide, et il essaie de convertir tous
ceux qu'il rencontre à une vie
simple et contemplative et à une
alimentation dont les fruits forment la base principale.
Tahauku.
L'embouchure de la Tahauku est distante d'en¬
viron 3 kilomètres d'Atuona dont, avec son affluent Vaipae, elle
fait presque le tour. En partant de la plage la route
pîasse dans
—
jolie plantation de cocotiers pendant 2 kilomètres ; on
sentier qui passe la rivière à plusieurs reprises;
une jungle épaisse lui fait
partout un dôrhe de verdure. Sur la
gauche on trouve bientôt le profond canyon du Vaipae qui
possède deux cascades très abondantes et hautes de 150 à 200
une
continue par un
mètres.
?
•
Cinq cents mètres après Vaipae
hauku dans
gorge à pic
du plateau
un
on arrive aux chutes de Ta¬
endroit où la vallée se resserre en une profonde
large d'une centaine de mètfes. La rivière descend
de Haamau d'une hauteur de 200 mètres environ en
trois sauts successifs. Le bruit de l'eau tombant en fumée blan¬
che dans des bassins sombres et profonds, dans ce décor sauva¬
ge, est tout à fait impressionnant. Il est regrettable qu'il n'y ait
pas de
visiter
sentier aménagé, permettant d'aller
ce
sans
trop de fatigue
beau site.
Dans la vallée de
Tehueto, au retour, on verra uœpaepae gi¬
gantesque : trois terrasses superposées en partent pour aller
aboutir, 400 mètres plus loin, à un énorme monolithe recouvert
de sculptures grossières. Les 2.000 habitants actuels des
Marqui¬
ses ne pourraient certes
pas faire de pareilles constructions en
deux années, alors que ceci est probablement l'œuvre d'une seu¬
le tribu d'autrefois.
Tombe
Gauguin.
—
C'est
au
cimetière de la Mission Catho¬
lique
que dorment les restes de Gauguin parmi de nombreuses
tombes d'indigènes qui furent les
compagnons de ses derniè¬
res années.
Jusqu'à ces mois derniers, il fallait recourir à la
Soçiété des Études'Océanienne!
—
59
—
'mémoire d'un vieux
pour retrouver
Marquisien ou à la complaisance d'un Père
l'emplacement de sa tombe, (i)
Voyage autour de Hivaoa.— iTe étape: Atuona-Hanaiapa,
/6kilomètres.—La route est relativement bonne.
Après avoir gra¬
vi les hauteurs de Tahauku, on traverse leplateau
ou Haa-
d'Aimoa
la seule terre plate de l'île. On a perdu la mer de vue, on est
entouré de montagnes, sauf du côté sud, où le mamelon de Manavai sépare des coteaux de Haamau. Recouvert d'une forêt de burau, pandanus,bambous, etc., très arrosée, d'une étendue d'en¬
viron 5.000 hectares, Me plateau d'Aimoa suffirait à nourrir le
double de la population
actuelle^des Marquises. TJne dépression
au nord forme le col de
Tevaitapu, où la route passe dans la
vqllée de Hanaiapa. Cette vallée, assez ouverte du côté Est, est
bordée d'une montagne à pic à l'ouest et d'où de nombreuses
cascades descendent dans la vallée. Sillonnée par
3 ruisseaux,
elle est pleine d'ombre et de fraîcheur. La baie
large et profonde
forme le meilleur mouillage du côté Nord de Hiva-oa. Une énor¬
me roche à forme de tête de.
nègre semble veiller à l'entrée. Du
côté ouest une jolie chute de 100 mètres de haut tombe à la
mer,
mettant un ruban argdnté à la falaise nue.
mau,
2™'étape: Hanaiapa-Hanapaoa, 20kilomètres.— Les9 kilomè¬
qui séparent Hanaiapa de Hanatekua traversent un plateau
découvert d'où la vue s'étend jusqu'à l'îlot Fatu-Huku et l'île
Ua-Uka. La vallée de Hanatekua possède une jolie plage de
sa¬
ble blanc, une rivière, quelques cocotiers, une église
et des ca¬
ses marquisiennes en ruines ; la brousse
envahit routes et plan¬
tations. C'est l'image même des Marquises.
La route grimpe sur un autre plateau très élevé coupé en son
milieu par un canyon très profond, la végétation devient rare,
dë l'herbe, des fougères et des goyaviers rabougris. De nom¬
breux troupeaux de chèvres et quelques bœufs sauvages fuient
à l'approche des voyageurs. On monte jusqu'au col i îtmtehoa
(Nez de l'ami) qui possède un superbe panorama. Devant soi. à
500 métrés en bas, la rade, en forme d'équerrefdeHanapaoa, et
sa vallée recouverte d'une
épaisse végétation d'où émergent
quelques têtes de cocotiers ; plus loin les mamelons à dos rond
tres
(1) L'abandon où
trouvait la tombe de Gauguin fut signalé dans
M. de Poyen Bellisle, Administrateur des Iles
Marquises. Le bureau de la Société des Etudes Océaniennes, saisi,
depuis que ces lignes ont, été écrites, a fait graver une plaque commémorative qui a été scellée sur la tombe du grand peintre.
se
le courant de 1921 par
Société des
Études Océaniennes
de Motuua et
Nahoe, et enfin un pic, dont la silhouette rap¬
château-fort en ruines, qui domine Puamau ; l'horizon
est barré ensuite par la pointe de Matifenua,
longue de plusieurs
miles semblable à une immense digue brûlée
par le soleil.
Par un chemin qui suit les escarpements de la
montagne on
descend, en surplombant la baie jusqu'au village de Hanapaoa,
une des plus
grandes et fertiles vallées de Hivaoa : une grande
rivière recouverte de cresson, des plantations
peu nombreuses,
quelques indigènes perdus dans la brousse et maladifs, une
atmosphère de mort et d'abandon. Un éboulement récent dans
une gorge profonde et
encaissée en haut de la vallée y a formé
un petit lac, le seul
qui existe aux Marquises. La plage recou¬
verte de gros galets est
dangereuse pour toutes les embarca¬
tions. Il y a-quelques tikis en
pierre.
pelle
un
3e étape : Hanapaoa-Puamau, 25 kilomètres.— En quittant
Hanapaoa le touriste passera, d'abord dans la vallée de Hanaki,
déserte actuellement, simple renfoncement entre deux
puis¬
sants
contreforts, puis par la vallée,de Motuua longue, ver¬
doyante et bien arrosée ; les habitants ont subi le même sort que
ceux de Hanahi. Un mamelon
peu élevé et l'on est à Nahoe ; une
vingtaine d'habitants y vivent encore faisant le coprah et éle¬
vant des porcs en liberté.
Quelques kilomètres et l'on est dans
la vallée de Eaoné, inhabitée
également, si ce n'est par quelques
centaines de chèvres et des porcs sauvages. On la "remonte de¬
puis la plage jusqu'au sommet, d'où l'on domine toute la val¬
lée de Puamau.
Puamau a la forme exacte d'un cirque ou manquerait un
quart
d'arc de cercle. L'amphithéâtre
s'étage en gradins autour de la
baie. Une muraille à pic, de plusieurs centaines de mètres d'élé¬
vation, isole entièrement Puamau à l'est de l'île. C'est une gran¬
de vallée très peuplée, mais les
indigènes,
depuis quelques an¬
nées, sont décimés par la tuberculose. La plage de Puamau est
la plus jolie de tout Hivaoa.
On visitera à Puamau, sur la
plage même, le village de ségré¬
gation des lépreux. Un endroit «Tapu» sur lequel sont élevés
d'énormes tikis hauts de plus de 2 mètres. D'après les
Marquisiens, c'était la taille moyenne de leurs ancêtres.
Trois routes aboutissent à Puamau, celle de la côte nord
que
nous venons de parcourir, celle de la côte sud et celle du mi¬
lieu de l'île qui se rejoignent
sur, la muraille qui enclôt la
vallée et descendent
par le même escalier.
—
61
—
,
Si le voyageur est fatigué il pourra retourner à Atuona
par la
qui mesure 39 kilomètres de Puamau à Atuo¬
na. Elle suit
pendant une vingtaine de kilomètres l'arête centra¬
le de l'île à des hauteurs variant de
700 à 1.000 mètres, avec vue
sur les 2 côtés de l'île
; elle offre d'un bout à l'autre un point de
route des crêtes
vue
merveilleux.
4me étape: Puamau-Hekeani, /7 kilomètres.— Après avoir gra¬
en
zig-zag qui monte la muraille à pic, on quitte l'em¬
branchement de la route des crêtes, on descend ert
serpentant
vi la route
autour de nombreux contreforts couverts de
fougères arbores¬
centes pour arriver à un coteau où l'on distingue la vallée en¬
tière de Hanaupe, en direction nord-sud, où elle a la forme d'un
immense V prolongé de la montagne à la mer. Une intense vé¬
gétation recouvre le haut de la vallée et le font disparaître sous
les palmes des cocoteraies. La baie étroite mais profonde offre
un assez bon
mouillage. La route traverse la vallée en son mi¬
lieu pour remonter sur le bord opposé.
Des coteaux
aux
formes arrondies et
un
vallon bien arrosé et
recouvert de cocotiers
sépare Hanaupu de Hekeani ; on remarque
indigènes en ruines et de plus nombreux
tombeaux juchés sur les plus hauts sommets des coteaux.
Hékéani est une vallée caillouteuse et peu importante par ellemême, mais servant de débouchés aux plantations faites sur les
hauteurs environnantes. Elle possède un groupe de banyans de
de nombreuses
toute
cases
beauté et
une
source
très abondante
sur un
côté de la
baie.
5e étape : Hekeani-Atuona, 30 kilomètres. — De
route monte au plateau et village de Moea, le seul aux
qui
ne soit pas au
est situé à environ
Hekeani la
mer ou dans le bas des
mètres de hauteur, mais son
bord de la
Marquises
vallées. 11
200
élévation
mis ses habitants à l'abri de la tuberculose ; ils ne sont
plus qu'une trentaine, en place des centaines d'il y a quelques
décades. Les survivants ont de jolies maisons en bois au milieu
de leurs plantations. Que le touriste ne s'avise d'y passer la
nuit. Sa demande d'hospitalité sera bien accueillie, mais le len¬
demain matin on viendra lui montrer que son cheval a cassé sa
corde et s'est enfui dans la brousse. La tribu des «Moea» est
n'a pas
très friande de la viande de cheval et ils vont à des distances con¬
sidérables,
par
des chemins connus d'eux à travers la montagne,
indigènes des plus gros sujets de lëur cava¬
délester les autres
lerie.
—
Du
plateau de Moea
on
62
—
descend dans la vallée abandonnée de
Ututihe où l'on remarquera une petite cascade. Il faut mainte¬
nant escalader la crête très élevée
qui de Ututihe à Hanapaoa
sépare
comme d'une cloison la partie orientale de l'île. En 75 la¬
cets la route atteint le sommet. Parvenu au faîte le voyageur
trouve
immense
tout le chemin parcouru
depuis la
vivent sur ces crêtes
escarpées et fuient dans les précipices à la moindre alerte.
Quelques plantations de cocotiers ont été créées dans 2 ou 3
vallons; les indigènes des vallées voisines y viennent fréquem¬
ment fabriquer et distiller le jus de coco. Moyennant la pro¬
messe de ne pas les dénoncer au
gendarme, ils vous feront goû¬
ter cette liqueur, qui, cueillie fraîche est très agréable à boire. Le
produit distillé a le goût du bambou vert qui sert d'alambic,
mais est très apprécié des indigènes.
De longues pentes conduisent à Hanahehe, vallée sans eau et
caillouteuse. Quelques banyans superbes. Une dizaine d'habi¬
tants. Plus loin on coupe la valléé de Hanaha en son milieu. Ici
la tuberculose n'a laissé que des tombeaux. Les pentes s'adou¬
cissent, mais la végétation diminue, à part quelques futaies de
une
vue sur
veille. Des centaines de chèvres sauvages
bois de fer.
Hanamote, à 8 kilomètres d'Atuona, est une assez jolie petite
encore une vingtaine d'indigènes. Ils
pratiquent
l'élevage du porc en liberté et possèdent des meutes nombreu¬
ses pour la chasse au
sanglier dans les immenses terres aban¬
données qui les entourent.
Punae, petit vallon à mi-route d'Atuona, est remarquable par
ses futaies de bois de fer. On repasse Tahauku et
l'on est de re¬
vallée où vivent
tour à Atuona.
Hanamcnu.— Voyage, à Hanamenu par le Canal du Bor¬
delais; 60 kilomètres environ. — On part par Taaoa et on passe
du côté du canal que la route dômine en contournant coteaux et
vallées dans
une
voit le canal et
vraie forêt de bois de fer. Par des clairières on
face la côte de Tahuata doucement inclinée.
en
Autour des
petites baies aux plages argentées de Hanamenino
etHanahevane, comme deux oasis dans les coteaux nus qui les
entourent.
Après
'•
/
vingtaine de kilomètres on descend presque à pic
dans le canyon profond et étroit de Hanauaua. Une cascade
haute de'près de 500'mètres y descend; sur le versant opposé, la
route continue à tourner des croupes et des vallons.
une
Société des Études Océanienne:
—
Pendant
63
—
quinzaine de kilomètres le chasseur
éveil. Grâce à leur éloigneraient de tout
chèvres et les porcs sauvages se sont multipliés
tamment
une
sera
cons¬
en
village, les
eji ces endroits
par milliers. Des indigènes deTaaoa et d'Atuonay viennent bien
de temps à autre faire des hécatombes, mais le
plus souvent dé¬
daignent ce menu gibier pour s'attaquer aux bœufs qui naguè¬
re s'y comptaient
par milliers et quMlsont presque exterminés.
Du plateau de Ahau, le so-ir au soleil couchant, Tahuata sem¬
ble entouré d'un lac aux eaux bleues sombres, son relief
puis¬
sant se détache avec une grande netteté ; en se
retournant, on
verra quelques troupeaux de chèvres et de bœufs
profiter des
dernières heures du jour, tandis que le sommet du Feani se cou¬
vre
de nuages et va sans cesse en s'assombrissant. C'est un
pay¬
d'une incomparable beauté.
Hanamenu, au Nord-Ouest de l'île, est le seul endroit habité sur
cette partie de l'île d'une soixantaine de kilomètres s'étendant
deTaaoa à Hanaiapa. La vallée est enfermée entre deux mu¬
railles de pierre. Celle de gauche, complètement à pic, est d'une
curieuse structure. De la base au sommet les couches de pierre
sont disposées les unes sur les autres avec une grande régulari¬
té. Une jolie plage de sable d'où part une bande de terre plate
profonde d'environ 7 à 800 mètres, couverte de cocotiers et d'ar¬
bres à pain, une longue et profonde lagune où aboutit le torrent
de Hanamenu, sur la gauche, une source à grand débit, à droite,
qui devient un ruisseau aux eaux froides et limpides, contri¬
buent à donner à Hanamenu une atmosphère riante et fraîche au
milieu de ses montagnes arides.
sage
Les
indigènes d'Atuona et Taaoa
y
viennent fréquemment
fabriquer le jus de
passer quelques semaines, chasser, pêcher et
coco. C'est le « Trouville » de Hiva-oa.
LE BRONNEC.
{A suivre.)
Le
lyrisme des Tahitiens.
Le
besoin, commun à la plupart des peuples jeunes, d'orner
l'éloquence, de magnifier par les Images ou les symboles,
d'amplifier par le rythme parlé ou chanté les sentiments inti¬
mes et les passions collectives fut
particulièrement fécond chez
les peuples de race Maorie, notamment chez les Tahitiens.
Cet instinct poétique qui, aux périodes heureuses, animait leur
vie au point qu'il n'en était aucune manifestation, — guerres,
combats, fêtes, travaux, cultes, cérémonies,— qui ne fut impré¬
gnée d'effusion lyrique, n'a guère laissé, pour indubitables
qu'elles soient, que les traces de son ancienne fécondité. Au lieu
du monument poétique qu'eût édifié une tradition écrite, la tra¬
dition orale, s'affaiblissant d'âge en âge, n'a conservé que des
fragments disjoints. L'oubli des rites, des formules consacrées,
l'ignorance où l'on se trouve aujourd'hui du caractère sacré que
conféraità certains mots retirés de l'usage courant le choix qu'en
faisaient les arii se les attitrant par un droit suzerain s'exerçant
sur le langage commun, l'impuissance où nous sommes de dis¬
cerner les valeurs de sens quasi héraldiques attribuées à certains
noms d'insignes, d'objets ou de vêtements sacrés, et d'évaluer,
d'autre part, l'ampleur métaphorique du langage poétique, en¬
par
fin l'évolution et l'altération du dialecte tahitien sont
cause
que
fragments eux-mêmes paraissent aujourd'hui obscurs à ceux
qui possèdent le mieux la langue, et qué les plus riches images,
les plus vivants symboles perdent aujourd'hui, pour ceux qui
les déchiffrent, au moins la moitié de leur double sens.
Mais l'on peut sans trop de regrets se résigner à cette demiconnaissance, à cette demi-intelligence de textes qui, pris tout
bonnement au pied de la lettre, nous révèlent encore des beauces
—
68
—
tés
poétiques dont leur acception réservée et leurs allusions se¬
risqueraient, si par chance leur hermétisme nous deve¬
nait accessible, de voiler, d'atténuer ou d'éteindre l'éclat.
Aussi,
tant pour en faire mieux ressortir le lustre littéraire
que pour
ne pas risquer une interprétation
parfois chanceuse de leurs
énigmes et de leurs gongorismes, les traductions de poèmes
qui seront données ici se restreindront-elles au sens le plus lit¬
téral, le moins figuré, le plus simple, le plus concret. Nous es¬
saierons toutefois, par notes, lorsqu'aucun doute ne
subsistera,
crètes
de restituer la clef de
Avant de passer
ces arcanes.
à ces essais de traduction, le moins que l'on
puisse faire en présence des textes poétiques parvenus jusqu'à
nous est de mettre quelque ordre et quelque clarté dans la som¬
me littéraire
qu'ils nous présentent. Or, aussi nombreuses
étaient les sources d'inspiration du lyrisme tahitien, aussi nom¬
breux sont les modes ou genres poétiques où il s'exprime. Pas¬
sions guerrières, sentiments religieux, patriotiques, amour de
la nature, amour, angoisses de la vie et de la mort trouvent, se¬
lon le cas et assez souvent suivant le cérémonial, le mode litté¬
raire qui s'adapte à leur fougue, à leur solennité, à leur délica¬
tesse ou à leur ténuité. Relevons d.ans leur variété quelques
types fondamentaux; certains ne sont pas sans présenter avec
tels ou tels de nos modes classiques des analogies qui nous ai¬
deront à les définir: les « faateni-teni », les « parapore», les
« rauti », les « anau », les « patautau » et les « ute ».
Le « faateni-teni» correspond assez exactement à l'ode ; c'est
un chant de
glorification. Qu'il célèbre un dieu, un chef, un pays
ou la nature, il s'adresse à son
objet, l'invoque. La déclamation
de ces poèmes faisait souvent partie d'un cérémonial.
Parmi les « faateni-teni » il convient de faire une place spéciale
aux chants à la louange d'une terre : les « pari-pari fenua ».
Les « parapore » sont des récits poétiques, sortes d'épopées
généralement plus romanesques qu'héroïques. Relatant des faits
légendaires, exposant un événement historique, comprenant
tantôt toute une période d'histoire (l'avènement d'une famille
par exemple), tantôt racontant une bataille ou évoquant une
simple idylle, ce sont de véritables mais fragmentaires chan¬
sons de geste qui pourraient établir la légende maorie, si le cy¬
cle n'en était complètement émietté.
Fréquemment ces récitations poétiques appartenaient en pro¬
pre aux familles nobles qui s'en servaient comme d'archives, de
—
66
—
papiers de famille » établissant par elles leurs origines, leurs
parentés, leur droit aux insignes, aux sièges dans le marae, leur
suzeraineté ou même, avec les «pari-pari fenua», leurs titres de
propriété. Le caractère privé de ces documents oraux, pour aboli
qu'en soit l'usage, leur vaut encore souvent d'être tenus se¬
crets au fond des mémoires qui appréhendent leur divulgation,
comme s'il en pouvait résulter, au détrimentde leurs détenteurs,
un
dommage matériel, une perte pécuniaire ou une diminu¬
«
tion de condition.
Relevant littérairement de cette
s'en
distinguant
tant
en
catégorie épico-lyrique mais
par leur caractère, on peut dire« homérique»,
raison de leur fougue lyrique que des circonstances qui
accompagnaient la déclamation, viennent les«rauti-tamai».
Déclamés au front des armées en présence comme prélimi¬
naire nécessaire de la bataille, par les poètes orateurs les plus
puissants en stature et en faconde, ils exhortent les dieux et les
combattants, célèbrent les victoires anciennes, appellent aux
présages, jettent le défi aux adversaires et font monter de part
et d'autre la colère, la soif du sang ennemi et toutes les fumées
guerrières, élevant sur la bataille qui va suivre un nuage sacré.
Avec leurs images eschyléennes, leurs vocables antiques, leurs
métaphores et leurs symboles, les «raouti» nous montrent sous
ses couleurs primitives les plus hautes-et dans sa forme la plus
ample, le lyrisme des Tahitiens.
Ce lyrisme se trouve d'ailleurs plus vraiment « lyrique », au
en
où
coutume d'entendre le
mot, dans ces com¬
plaintes, ces méditations solitaires que sont les « anau ». Son¬
geries d'un peuple enfant au seuil de la vie et de la mort, argu¬
ments de mélancolie sur la fragilité des sentiments, la vanité
des choses, contemplations de la nature, adieux résignés à ce
qu'au fil des heures le temps retranche à la vie, dans les «anau»
s-e décèle l'âme à la fois inquiète et soumise de la race maorie et
le rêve éternel qu'elle nourrit fa-ce à l'horizon marin.
C'est la face opposée du tempérament tahitien que nous mon¬
trent sous le jour le plus cru d'ailleurs, et en pleine alacrité, les
« patautau»
qui sont des paroles à danser. Strophes rapides aux
rythmes pressés ou phrases brèves indéfiniment répétées en un
crescendo d'excitation et de gaîté dont l'inspiration franchement
érotique tantôt revêt un réseau plus ou moins transparent d'allu¬
sions, tantôt se dénude de tout équivoque pour libérer le langage
volubile de l'instinct, les «patautau» amorcent la danse et l'acsens
nous avons
—
67
—
compagnent. Alors que parmi les «taurearea» assemblés sur
la plage ou dans la ténèbre des
grands manguiers noirs, au sor¬
tir du «fare putuputu
raa», pèse la gêne d'une attente indécise
du plaisir en suspens, soudain la
première phrase soudainement
moduléed'un«patautau», escortée defifre, accordéon ou guitare,
éveille les premières étincelles d'un feu de
joie long à s'allumer
comme à s'éteindre.
Sourde, rauque, la modulation rassemble les
attardés, unit les voix en une sorte de refrain saccadé auquel un
halètement guttural sert de basse de
soutien, et brusquement,
du groupe obscur, bouquet humain lié
par le rythmeet qui déjà
ondule, la danse jaillit. Dans la nuit tahitienne la «upaupa»
commence.
Paroles à danser
: toute danse ou à
peu près en est
accompagnée, et, parmi les plus expressives, les
«paoa»,ces pantomimes si vivantes et si claires, qui figurent au¬
jourd'hui encore aux programmes des fêtes publiques les plus
précédée
ou
officielles de Tahiti.
Entre ces deux extrêmes du caractère
maori, entre cette dis¬
position songeuse qui s'épanche dans les«anau»et la gaieté
presque salace qui déborde des «patautau», il y a un état de
sensibilité intermédiaire, plus quotidien et tout en
nuances, qui
a aussi son
expression poétique, son mode particulier : de tous
le plus connu, le « ute». Définir le «ute» ce serait fixer cet insai¬
sissable qu'est l'humeur tahitienne, dont chaque instant fait
varier la nuance et jouer le reflet. Petit lied
plutôt fredonné que
chanté, improvisé plus que composé, avec le « ute » éclot le germe
tendre que contient chaque minute du cœur tahitien. Désirs furtifs, joies menues de la vie quodidienne, pitiés, tristesse pas¬
sagères, inquiétudes de l'attente, plaisirs sans cause, amitié du
chemin familier, de la terre natale, des objets coutumiers, gaieté
que cause un visage nouveau, c'est une gamme indéfinie ; un
parfum passe, une bête joue, un nuage se défait : un «ute» naît.
Emotion fugace passant du cœur aux lèvres, rêve devenu mu¬
sique aussitôt qu'ébauché,le «ute» tahitien n'est comparable,
pour sa brièveté, sa légèreté, sa demi-teinte, qu'à ces poèmes
japonais qui tiennent en une phrase et qu'un seul mot nuance.
Mais cette grâce fragile, le «ute» ne la tient point comme ceuxci d'un subtil artifice, mais d'une éclosion spontanée.
Vahinés
au bord de la rivière ou dans la solitude de la case, à l'heure où
la main oisive délaisse la tresse ou l'accordéon, chercheurs de
feï dans les couloirs feuillus de la vallée, matelots accroupis à
l'avant des goélettes, par les soirs de calme, «taurearea»couron-
68
—
nés de «tiares»
—
s'égaillant dans la nuit: tels sont les poètes
anonymes, innombrables, de ces
Choses légères, paroles entre le
chansons.
rêve et la musique, tendresses
entre la joie et la mélancolie, musiques en sourdine, nuances
et jeux, ces poésies éphémères, ailes à peine membrées nées d'un
beau jour à son déclin, nous donnentde l'âme polynésienne au
terme de ses migrations la pulsation encore tiède et le suprê¬
me
battement.
M. CHADOURNE.
8
POÈMES
T^IEÏZTXIEIETS
RAUTI
TAMAI
Traduction littérale.
E vanaa'aitu
e
Une invocation
te vanaa
o
Tumataaroa
vers
te Atua
uru
l'invocation du Dieu
te vanaa o te
toi grand
Taaroa (i)
mate ahu
qui provoque la mort ardente
Arii
l'invocation du Roi
te
vanaa a
Teahio
l'invocation de Teahio
te
vanaa a
te tuturi ma te paepae
l'invocation du tuturi
te
vanaa a
(un prêtre)
(2) et du paepae (3)
te fatu moana
l'invocation du Maître de l'Océan
a te upea matatini
l'invocation du filet aux yeux
te vanaa
mille
(1) Tumataaroa : le dieu Taaroa.
(2) Tuturi : siège d'honneur au Marae.
(3) Paepae : plate-forme de pierres.— Dans les marae ces plate¬
formes se trouvaient soit dans l'enceinte, soit à l'entrée du marae
où les victimes
aux
humaines étaient
sacrifices humains.
déposées. Il s'agit ici de l'appel
—
69
—
i huria i te ahoahuri fenua
qui
a
été jeté
sur
i tafifia i te tu
l'ouragan
moana-
pour encercler le grand Océan
te vanaa a Ruaroroirai
l'invocation de Ruaroroirai
vanaa i nia i te rai tahua
l'invocation en haut au tahua (4) du ciel
te
e pono te pono
conduis le convoi
e pono ite fare ai tairriai ia Ihi te ae
et conduis à la maison mange
guerre
Ihi le destructeur
ia Ihi te toa
Ihi le
te
guerrier
Fanaura toa i te Pû maruia
l'invocation de Fanaura guerrier du Pû Manda (5)
te vanaa i te tootoo(6) ia
Ruaiaipao
vanaa a
l'appel
bâton de commandement : Ruaiaipao
piripiri mai te aere i tai e
assemble pour rapprocher ici la troupe qid
est à la
au
faarava i te
i te
en
aro 0
mer
Aua
face d'Aua (7)
i tai i te avâava
vers
la mer, dans la
tutia
ae
i te
pahu
petite passe
e au
redresse% le pahu (8)
teina rii e
cadets chéris
mes
ei fau tei te upoo
que
ei ruuruu tei te tua
le fau (9) soit sur la tête, que corde soit sur le dos
(4) Le «tahua» était le lieu d'assembl|e où le Arii donnait audience
sujets.
(5) Le «Pû Maruia» : marae arii de Papara.— Le Maraé désigne
ici la famille, la « Maison » à laquelle il appartenait.
(6) Le « tootoo » était avec le «tuturi», le «tahua», le «outu», le
«moua» (V. notes) les attributs du Arii et les symboles de son au¬
à
ses
torité.
(7) Aua
: nom
abrégé de «Auarii
la famille des Arii de Punaauia.
(8) Pahu : haut tambour,
(9) Fau : coiffure guerrière.
roa»,
arii de Tautira apparenté à
—
eitaumi
70
—
(io) tei te aro
soit sur la poitrine
que plastron
ei tatua i te
manava
la ceinture pour
taia
ua
taia
le ventre craintif
Petea, taia Huaroro ia To Porahu ta'u Omore
a
craint Petea, craint Huaroro To Pooahu
e
ofai
une
o
Tu
o
ma
e
Lance
te amiomio
pierre Tu
aux
reflets changeants
oti i te fara
(i i) aoaoa, tapu i te niurohiti
pour couper le pandanus élancé pour couper le cocotier
e
e vaa raau e
une
tia nei
pirogue bois qui est debout ici
O Atea ote
pô te vahine, o te ao te tane
c'est Atea la nuit la femme, le jour le mari
te tia nei Honoura i te
se
pû Maruia
(12) sur le Pû Maruia (5)
tient debout Honoura
te apoapo
il
nei te manava oa taurearea
attrape au vol le salut des jeunes gens
te ori nei te heiva
o
te tamai
se
danse la danse de la guerre
te
piripiri ma te aere i ta e
rapproche la troupe qui est à la
se
ma
Tainanu tumataata maitai i te
de Tainanu
mer
aro o
(12) le héros valeureux
en
Aua
face de Aua
iritia i te
pahu e au teina rii e
faites retentir le palm mes cadets chéris
e
arii hoi ite pua ia uta e au teina rii e
Roi vraiment du corail intérieur mes cadets chéris.
un
(10) Taumi
de plastron protégeant la poitrine.
signifie ici les lances dont les fûts étaient généralement
en bois de
pandanus.
(12) Honoura et Tainanu : héros fameux, fils d'Aua.
(11) Fara
:
: sorte
—
71
—
Traduction libre.
Une invocation monte vers toi,
grand Taaroa (i) :
l'invocation du Dieu qui
provoque la mort ardente
l'invocation du Arii
l'invocation de
Teahio, le prêtre,
l'invocation du tuturi (2), l'invocation du
paepae
l'invocation du maître de l'Océan
l'invocation du filet
aux
milliers
(3)
d'yeux
jeté sur la tempête
emprisonnant dans
ses mailles la force de l'Océan,
l'invocation de Ruaroroirai.
Monte l'invocation vers le tahua
(4) du ciel.
Conduis la troupe, conduis vers la maison
qui
se
nourrit de
guerre
Ihi le destructeur, Ihi le
guerrier.
L'appel de Fanauura à la maison royale de Maruia (5)
fait se lever le sceptre (6) Ruaiaipao.
Rassemble, rassemble, en présence d'Aua(7),
la troupe qui est à la mer, dans la petite
passe.
Et vous, ô mes cadets chéris, redressez le
pahu (8),
Casquez vos têtes (9), ceignez vos reins,
le taumi (10) sur la poitrine, serrez fort le ventre
qui a peur.
Petea a eu peur, Huaroro a eu peur de ma lance To Porahu
Tû fait luire ses reflets changeants, Tû la pierre lisse
qui coupe le pandanus élancé (11), Tû qui coupe le niurohiti.
Et voici que se dresse la pirogue de guerre,
O Atea (Déesse) de la nuit, le jour est ton époux.
Sur le Pu Maruia se tient Honoura (12),
Il attrape au vol le salut des jeunes gens.
Le branle est donné à la danse de guerre,
et
s'empresse la troupe du rivage
(12) le Valeureux.
Aua est présent.
Faites retentir le pahu,
O mes cadets chéris,
autour de Tainanu
car
c'est
un
roi du marae, o mes
un
roi du corail intérieur
cadets chéris
(t. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12).—Voir notes correspondantes
de la traduction littérale.
72
—
—
PARAPORE
Teura i te Onohi.
(i)
Traduction littérale.
Faa rarahi te
ura
i te rai
e
(2)
Agrandisse% la pourpre du ciel
aha te matai
e
e
Teura i
iho
maru
Quel est le vent Teura qui a ombragé ici
i
marumaru
qui
a
e ru
iho i nia ia'u nei
e
Teura
ombragé ici sur moi-même
ai to
aau e
Teura
0
e
Teura
e
qui fait tressaillir tes entrailles 0 Teura
e
pau ai tau aho ura iaia
qui épuise mon souffle embrasé pour toi
o
te fa mai
il
surgit là-bas
0
Tau Arii
ra e
oe
toa i tai e Teura
un roc au
large
0
e
Teura
Punuateraitua
c'est le mien arii toi Punuateraitua
e ru au e
hauriria
oppressée je suis et frissonne
e
hau taua mai nei i to'na aroha
l'épouvante vient de son
amour
tahi tiaraa to puru
aiai no Mara ua haapae ia
une fois apparu ton visage beau
de Mara m'éloigna
0 ana tiare, o ana hei anoa
tu es grotte fleur, tu es couronne
toujours
a
eaha
ra e
noaa'i tena
mea
comment
posséder cette chose
te mateono ei pono ite rau 0 te ura
la passion qui dirige l'élan multiple des flammes
(1) Cette récitation poétique se rapporte au malheureux mariage
de Punuateraitua, Arii de Moorea et de Teura i te Onehi sa cousine.
Teura, cette Yseult tahitienne, ne partageait point la passion de son
époux. Dans ces strophes alternées, ils se lamentent l'un et l'autre
de leur tragique destin.
(2) On peut interpréter cette figure poétique comme l'ordre donné
pour les préparatifs du mariage, «ura», plume rouge, étant l'orne¬
ment des cérémonies et
l'insigne royal par excellence ; « rai », ciel,
pouvant désigner le marae.
%
73
—
tuia i te onini
ura o
—
te rai
allume le sommet
pourpré du ciel
piri mai to'na aroha ia'u nei e Teura e
que s'unisse ici son amour à moi ô Teura
ia
e
hitu tau
o
te hinaaro
sept périodes celles du désir
tau
te
poheono
passion (3)
pohe na pohepohe noa na hoi Teura i te Onohi
a été accablée, a été accablée vraiment
Teura i te Onohi
e varu
o
huit de la
i te tai
raa
cC avoir
i to aroha
pleuré
faa rarahi te
sur
ura 0
na
ton
oti
e
amour
là accompli
te rai e
Agrandisse% la pourpre du ciel.
Traduction libre.
Déployez la
pourpre du Ciel.
Quel est le vent, ô Teura qui a porté ici cette ombre,
qui a porté ici cette ombre sur moi-même, ô Teura,
qui te fait tressaillir jusqu'aux entrailles, ô Teura,
qui épuise mon souffle embrasé de toi.
—
«
,
Voici,
Teura,
que là-bas, au large, un roc surgit.... »
C'est Toi, toi, mon seigneur, Punateraitua.
Cela m'oppresse et je frissonne
—
o
«
Quelle épouvante
me
vient de
son amour! »
Une fois apparu, ton visage si beau
m'éloigna de Mara,
O fleur des grottes, ô couronne éternelle des
grottes.
—
«
Comment posséder cette chose !
La passion qui conduit l'élan
multiple des flammes
embrase le sommet pourpre du ciel.
Ah ! que ton amour vienne s'unir
—
«
au
mien, ô Teura.
»
Sept sont les périodes du désir,
huit
avec la passion.
succombe, elle succombe en vérité, Teura i te Onohi,
sous le faix de ton amour
qui s'accomplit...»
Elle
Déployez la
(3) Le
pourpre
à peu près
consume.
sens est
la passion
qui
du ciel !
celui-ci
:
la phase suprême du désir est
74
_
—
AN AU
(Complainte).
Traduction littérale..
Farara(i)
Abattu
un
ra e e matai iriate matai Tumatuma tei tairi iho nei
vent irrité le vent Tumatuma qui a frappé ici
i nia iau
e
Teihoa
maintenant
te matai taua
le vent pas
e
tia
me
vau e
sur
e
moi ô
mon
ami
ote mate i pau
ai tau aho i te
ami, de la mort, qui a épuisé mon souffle à ta
pa'rau ino no oe i tae mai e
nouvelle mauvaise de toi qui est arrivée
ore
haere
tapea hia
vau e
te oto, ua
lève moi pour marcher, retenue moi par
hautaua,
le chagrin, est
hauriariatau tino e
épouvanté, est frissonnant mon corps.
Au
ae
Matarii
ma
i nia e, aue
ua
hoi te aroha
te
o
Nagent les Pléiades 'en haut, Oh ! vraiment la peine de la
taa
e raa
taua e hoa e
séparation
e au ae o
nagera
Faahu
Faahu,
(2) e
Muriaha (2) 0 Neehu(2) i nia
Muriaha, Neehu en haut,
au ae o
nagera
e ore
ma
Apoto ra te anave i
Devenu court le fil a
deux 6 mon ami,
nous
anei tau aroha
pensée
ne se
e piri atu ia oe
rapprochera-t-elle de toi ?
mahiti ai te pea i mau, i mau mau
fait s'ouvrir le filet qui tenait, qui tenait
ai hoi taua nei
vraiment
Hiti
ae
te mahana i nia e, reva
Se leva le soleil
en
e
nous
atu hoi oe i una
haut, fen allas toi là-bas
hoa
e
deux ô mon ami
e
(1) Farara évoque l'image, difficile à rendre, des branches d'arbres
couche le vent.
(2) Faahu, Muriaha et Neehu sont trois mois de,J'année tahitienne.
que
—
75
—
e noho hoi oe i una, e, moe atu hoi oe i
habitas toi là-bas, disparus toi là-bas
eihea
ou
ra vau
imi ai ia
moi chercher toi?
? ei raro anei i te
papa rii rii e
bas est-ce dans les profondeurs de l'Océan
oe
en
Ua tia mai te matai
est levé le vent du
una e
ei roto anei i te tau
vana
?
est-ce dans les
de la
mer
caves
te mûri aroha ia oe,
o
i matatara iho ai taua
regret pour toi, qui a détaché nous
nei
e
deux,
tau
ipo
o mon
e
aimé.
Traduction libre.
S'est abattu
est
vent
Je
un
vent de
venu
fondre
colère, Le vent Tumatumaqui
sur moi, ô mon ami,
ennemi, vent de mort, épuisant mon souffle
à la triste nouvelle qui de toi m'est venue.
me
lève pour partir, le chagrin
et l'effroi
me
tiennent
au
me
retient, l'épouvante
corps.
Nagent là-haut les Pléiades (i). ... ô angoisse de
sépare, nous deux, ô mon ami.
ce
qui
nous
S'en iront, nageant, Faahu, Muriaha etNeehu (2).... mais
ma pensée,
elle, se rapprochera-t-elle de toi ?
Devenu court le fil
nous
a
lâché les mailles du filet
rassemblait,
nous
deux, ô
mon
qui
ami.
Là-haut le soleil s'est levé, tu t'es en allé là-bas, tu
es parti habiter là-bas, tu as disparu là-bas...
Où te
chercherai-je désormais ? tout en bas aux fins fonds
de l'Océan, dans les caves de la mer ?
Il s'est levé le vent de
détachés,
(1) Matarii.
(2) Noms de mois.
tion littérale,
?
—
peine, celui qui nous
deux, ô mon aimé...
ma
nous
a
Voir note correspondante dans la traduc¬
—
76
—
UTE
Traduction littérale
Outu Roro Vaihi te fenua
Pointe
roro
Vaihi la terre
O te riorio
Le riorio
(i) iti tai aoe
petit chante au jour
O Temuri e, raue, manaonao e,
O Temuri, ô inconstante, ô inquiétante.
Afea mai
oe
tau vini
Quand viendras-tu ô
ura e
mon
(2)
vini rouge
Ua riro
A été
paha atu oe e
prise peut-être toi là-bas.
Traduction libre.
Pointe Roro, terre Vaihi.
Le
petit riorio (1) chante
le jour.
Temuri, ô inconstante, ô inquiétante,
quand vas-tu venir, ô ma perruche rouge (2)?
Peut être on t'a prise là-bas
avec
O
( Traduit du tahitien par la Princesse Takau POMARE
et M. CHADOURNE.— Droits réservés.)
*
(1) Riorio : sorte de grillon. La croyance est établie que le chant
communique la pensée des morts. C'est un petit bruit doux
et saccadé, qui s'interrompt par instants. L'appel du riorio est suivi
d'une sorte de dialogue entre le riorio et ceux qui par lui parlent
avec leurs morts. Les silences de l'insecte sont interprétés
aussi bien
que son chant.
(2) Vini ura : petite perruche dont l'espèce a disparu de Tahiti de¬
puis une dizaine d'années.
du riorio
—
BBCUM^ireii
77
—
BU
»
ACTES OFFICIELS
ARRETE
confiant à la Société des Etudes Océaniennes l'adminis¬
Bibliothèque et du Musée de Papeete.
tration de la
(Du 31 décembre 1921.)
Le G-ouverneur,
p.
i.
des
Etablissements
l'Océanie,
de
Vu le décret
organique du 28 décembre 1885,
Gouvernement de la Colonie ;
VuTarrêté du 1er janvier 1917, créant
Océaniennes et un Musée
une
concernant le
Société des Etudes
historique, ethnographique
que y annexé;
Vu l'arrêté du 28 décembre
vateur du dit Musée ;
Vu l'arrêté du 4
1918, créant
juin 1919, créant
une
Papeete ;
un
français
et économi¬
emploi de Conser¬
Bibliothèque publique à
Vu la décision n° 570, du 1er
septembre 1919, nommant un gar¬
dien-surveillant de la Bibliothèque et du Musée de la
Colonie, mo¬
difiée par celle du 24 janvier 1921
;
Vu la délibération en date du 12 août
1921, de la Société des
Etudes
Vu
seil
Océaniennes;
l'urgence et sous réserve de
ratification ultérieure
en
Con¬
d'Administration,
Arrête
Article 1er.
:
L'administration de la Bibliothèque et du Musée
Papeete est confiée à la "Société des Etudes Océaniennes".
Art. 2.
A compter du 1er janvier
1922, les crédits prévus au
Budget local au titre : « Bibliothèque et Musée », sauf en ce qui
concerne le traitement du
gardien-surveillant, seront mis, sous
forme de subvention, à la disposition de
la "Société des Etudes
Océaniennes" qui en disposera au mieux de ses intérêts et de ceux
—
de
—
des
II
Bibliothèque
et Musée.
justifié, chaque année, de l'emploi de ces crédits.
3.
Sont et demeurent rapportées toutes dispositions con¬
au présent
arrêté, notamment celles prévues par l'arrêté
sera
Art.
traires
—
susvisé du 28 décembre 1918.
Art. 4.
—
blié partout
Le
présent arrêté sera enregistré, communiqué et pu¬
où besoin sera.
Papeete, le 31 décembre 1921.
THALY.
Approuvé
en
Procès
verbal
-
Conseil d'Administration le
21 mars 1922.
de la Séance de réouverture du
4
août 1921.
L'an 1921, et le 4 août à 16 heures, les Membres de la Société
d'Etudes Océaniennes se sont réunis dans la salle de leurs déli¬
bérations, Avenue Bruat, sur la convocation du Gouverneur des
Etablissements français de l'Océanie, Président d'honneur.
Entouré des Consuls des Etats-Unis d'Amérique et d'Angle¬
terre et de son Conseil d'Administration, le Gouverneur prend
la parole : après avoir remercié les Membres de la Société d'avoir
répondu en aussi grand nombre et avec un tel empressement à
l'appel qui leur a été fait, le Chef de la Colonie retrace l'histoire,
courte mais brillante, de la Société, rappelle son but, ses pro¬
jets, ses premiers travaux et indique son désir de voir repren¬
dre, par ce groupement, son activité et répondre aux espoirs
qu'il avait fait naître.
Passant à l'examen des nouvelles mesures qui vont aider à
faire revivre la Société et parmi lesquelles se trouvent naturel¬
lement indiquée la réception des nouveaux Membres : Membres
d'honneur, Membres correspondants et Membres résidents, le
Gouverneur définit le but et trace le programme
reconstituée.
Ce but,
de la Société
être ambitieux, c'est, en dehorsde tou¬
particularités scientifiques, le bi¬
lan à établir des traditions, des coutumes, des monuments et
des témoins d'un passé mêlé encore à la vie de ce pays, l'apure¬
ment de la langue maorie, en un mot la mise à jour de l'inven¬
taire intellectuel de la Colonie, œuvre conservatoire semblable à
celle que poursuivent en Provence et en Limousin les Félibres
fondés par Mistral.
Ces matériaux ainsi rassemblés par les soins d'une Société qui
qui
ne
doit
pas
te recherche ardue et subtile de
est avant tout
« un
cercle d'amateurs érudits et éclairés» pour-
—
79
—
ront dans la Colonie et par l'entremise des
grandes Institutions
scientifiques françaises ou étrangères avec qui il importe de
nouer des relations
effectives, servir au grand œuvre de la
Science.
Le Gouverneur fait alors savoir à l'Assemblée
que l'ordre du
nouveaux Membres résidents.
Lecture est donnée de la liste des
personnes qui ont demandé
leur inscription :
jour appelle la réception des
MM.
Antier, Bertrand, Beunier, Billard, Cassiau, Chadourne,
Chevolot, Collombet, VintBrander, Deflesselle, Eymeric, Fain,
CouverneurGuédès, Gentil, Madame Grey, de Haas, Kérouault,
Liot, LeGayic, Langlois, Rascalon, Rennetaud, Sasportas, Stimson, Thaly, Tischembach, Yerex, Whithey.
L'Assemblée vote à l'unanimité l'inscription de ces trente et
un nouveaux Membres sufla liste des
Membres résidents de la
Société d'Etudes Océaniennes.
Il est ensuite
bureau
MM.
procédé
par
voie d'élection à la constitution du
:
Sigogne et Deflesselle ainsi
que le docteur Cassiau, qui
plus grand nombre de voix aux deux premiers
de scrutin, déclinent l'offre de la présidence et remercient
ont obtenu le
tours
l'Assemblée.
Ils
désignent à
ses
suffrages le docteur Sasportas qui est élu
par acclamations.
Le docteur Sasportas prévenu par
téléphone exprime son re¬
gret de n'avoir pu assister à la séance et fait connaître son accep¬
tation.
M. l'Abbé
Rougier est élu Vice-Président au deuxième tour de
scrutin.
Monsieur Sigogne demande la parole et
expose que le rôle du
Secrétaire, qui est le plus chargé, se divise en deux parties bien
distinctes
: d'une
part la rédaction du Bulletin, d'autre part la
partie relative à l'administration de la Société, réception et expé¬
dition de la correspondance, rédaction des
procès-verbaux, con¬
vocations, etc.
Il conviendrait donc, et c'est là la
proposition que M. Sigogne
demande à l'Assemblée d'adopter, de nommer en plus du Se¬
crétaire prévu par les statuts un Secrétaire de rédaction du
Bulletin.
L'Assemblée adopte cette manière de voir et élit Secrétaire
:
M. Le
Brazidec, et Secrétaire de rédaction du Bulletin : M. Cha-
dourne.
M. de La Vallée est élu Trésorier.
Le bureau de la Société se trouvant ainsi définitivement cons¬
titué, le Gouverneur prend la parole et souhaite la bienvenue
à M. et Mrae Handy, du " Bishop Museum " d'Honolulu, M.
Routledge, du" British Museum", M. Beck, du" Museum deNewYork", dont la collaboration, dit-il, sera sans nul doute précieuse
à la jeune Société. M. le Gouverneur propose d'offrir à ces sa¬
vants étrangers le titre de Membre correspondant.
La Société ratifie par vote à mains levées cette proposition.
MM. Handy, Routledge et Beck remercient l'Assemblée de
l'honneur qui leur est fait et l'assurent de leur active collabora¬
tion.
M. l'Abbé
Rougier déclare alors la discussion ouverte sur le
paragraphe de l'ordre du jour : «Discussion cfrjn pro¬
gramme d'action en vue de la réapparition du Bulletin de la
dernier
S. E. O. et de l'extension à donner au Musée».
M. O. Walker demande la
parole et expose que la S. E. O. et
le Musée étant des œuvres connexes devraient avoir des rela¬
tions bien déterminées. Ce n'est pas le cas actuellement, le Mu¬
sée et la Société coexistent sans lien commun. M. Walker émet
l'idée que le
M. l'Abbé
Musée soit rattaché à la Société.
Rougier répond que vu l'heure tardive et l'absence
de documentation sur ce sujet qui n'était pas prévu à l'ordre du
jour, il est préférable de remettre cette discussion à une-date
ultérieure.
adoptant cette façon de voir s'ajourne au ven¬
la discussion du programme d'action et de la
proposition de M. Walker.
L'Assemblée
dredi
12
août pour
La séance est levée à 18 h. 15.
Le
Président,
Dr SASPORTAS.
Séance
plénièrc du 12 août 1921.
La séance est ouverte à 17
heures 30.
procède à l'appel nominal des Membres, puis le
prend la parole pour remercier la Société de l'honneur
Le Secrétaire
Président
Le Secrétaire,
M. LE BRAZIDEC.
—
qu'elle lui
fait
81
—
le désignant pour la présider et l'assure de
au noble but
qu'elle s'est proposé.
Lecture est ensuite donnée du
procès-verbal de la séance du 4
août qui est approuvé par l'Assemblée.
Le Secrétaire communique à l'Assemblée diverses
lettres :
son
a
en
entier dévouement
i° Une lettre de M. L. de
Pomaret, Président du Conseil des
Eglises tahitiennes, s'excusant de ne pouvoir assister à la séance ;
Trois lettres de M. l'Abbé
Rougier, Vice-Président de la
Société, proposant à l'Assemblée l'attribution à M. le Professeur
H.Gregory, d'Honolulu, du titre de Membre correspondant. Fon¬
dateur de la " Pan Pacific Union "
; M. Alexandre Hume Ford, son
secrétaire, le titre de Membre correspondant; M. le Prince Ratu
Sukuna, le titre de Membre correspondant.
M. Pierre-Victor Rougier,
qui fait don à la Société d'une som¬
me de 200 francs, le titre de Membre bienfaiteur.
M. l'Abbé Rougier
dépose sur le bureau de l'Assemblée le
compte-rendu de la première conférence scientifique tenue par
la "Pan Pacific Union" en août
1920, pour être déposé à la
Bibliothèque.
20
Le Président déclare la discussion ouverte
du Bulletin et l'extension à lui donner.
sur
la
réapparition
M. Chadourne expose un
nécessité,
Société
plan de travail et particulièrement la
pour faire œuvre utile, de répartir les Membres de la
diverses Commissions ayant chacune un
en
champ d'in¬
vestigation déterminé.
M. Sigogne demande qu'il soit fait un effort
pour réunir une
collection de photographies de «marae », de divinités
marquisiennes, de tatouages et en général de tout ce qui peut intéres¬
l'histoire locale.
M. Chadourne répond
ser
qu'il a déjà fait plusieurs démarches au¬
près des savants étrangers qui visitent nos îles pour obtenir
d'eux des exemplaires des photographies qu'ils prennent. Il
y a,
dit-il, beaucoup à obtenir dans cette voie et tous les Membres
sont invités à enrichir
par leurs démarches personnelles les col¬
lections de la Société. Le Secrétaire de rédaction expose
que les
publications reçues par la Société sont en majeure partie de lan¬
gue anglaise et adresse un appel aux Membres de la Société qui
possèdent cette langue, pour qu'ils traduisent dans les Revues
étrangères les articles dont il serait intéressant de publier des ex¬
traits ou des comptes-rendus. MM. A. Drollet, Dr.
Cassiau, O.
Walker, Lagarde promettent leur collaboration.
—
82
—
La discussion est alors ouverte sur
le rattachement du Musée
à la S. E. O.
M. Chadourne expose
mer
ainsi
:
qui peut se résu¬
propriété de la Colonie et serait
le projet du Comité
«Le Musée resterait
géré par la Société». Après un échange de vues auquel prennent
part MM. Deflesselle, Lagarde, Sasportas, Sigogne et Walker, le
Président met aux voix le projet du Comité. Ce projet est adopté
à la majorité des voix et sera présenté, sous forme d'un vœu,
au
Gouverneur.
L'ordre du
jour étant épuisé, M.
Drollet prend la parole pour
tendant à ce que
proposer à l'assemblée d'émettre un vœu
l'Administration prenne, le plus tôt possible, un arrêté
sant formellement l'exportation, à quelque titre que ce
interdi¬
soit, de
objets, sans distinction, appartenant au domaine de l'ar¬
chéologie et de l'histoire de toutes les îles dépendant des Etablis¬
sements français de l'Océanie ; cela à l'effet de mettre fin à l'en¬
lèvement par des étrangers ou des personnes de passage dans
nos îles d'une quantité considérable d'objets antiques trouvés
dans nos îles ou achetés des indigènes qui en ignorent totale¬
ment la valeur historique ou scientifique.
M. Drollet ajoute qu'il ne vise, bien entendu en aucune ma¬
nière, les mille et un objets de curiosité fabriqués actuellement
par les indigènes pour les vendre aux touristes de passage, tels
que petites pirogues, ouvrages en paille ou même imitations
d'objets antiques.
Le Président répond à cette proposition en disant que l'arrêté
en question existe et il en donne lecture.
M. Lagarde fait observer à M. le Président que l'arrêté dont il
vient d'être donné lecture ne vise absolument qu'une certaine
catégorie de monuments et pierres portant des inscriptions et
que c'est ainsi que des personnes quittant la Colonie ont pu em¬
porter dans leurs bagages un grand nombre d'objets non spéci¬
fiés dans l'arrêté en question.
M. Walker prenant la parole dit qu'il craint que la mesure de¬
mandée par M. Drollet soit un peu trop arbitraire et par suite
inapplicable dans la pratique. Il ajoute qu'il ne voit pas com¬
ment, s'il décidait de quitter la Colonie pour aller vivre ailleurs,
on lui interdirait d'emporter avec lui des objets anciens qui sont
depuis un siècle dans sa famille, ces objets étant sa propriété
personnelle.
M. Billard intervenant dit qu'il a vu appliquer une mesure du
tous
—
83
—
genre de celle proposée par M. Drollet dans une colonie d'Afri¬
que d'où il est interdit d'exporter des fétiches.
Pour clore la discussion, le Président invite M. Drollet à étu¬
dier la question et à soumettre à la prochaine réunion le résul¬
tat de ses recherches.
M. Chadourne estime que l'on ne peut concevoir cette inter¬
diction que
dans les limites d'un classement préalable et qu'il
appartient à la Société des Etudes Océaniennes de préparer ce
classement.
M. Drollet
répond qu'une classification de ce genre existe dans
juin 1917.
M. Chadourne fait observer que si elle paraît insuffisante on
pourrait proposer de la compléter, à condition de préciser et de
fournir une énumération sans laquelle toute interdiction serait
l'arrêté du
11
arbitraire et de
non
effet.
Réunions mensuelles du Bureau de la Société
d'Etudes Océaniennes.
Le Bureau de la Société d'Etudes Océaniennes se réunit dans
local
(Bibliothèque de la Société d'Etudes) le Ier mardi de
chaque mois.
son
Les réunions tenues
au cours
du ie£-semestre de 1922 ont eu
objet la préparation du Bulletin et l'admi¬
Bibliothèque et du Musée (aménagement, entre¬
tiens, acquisitions).
A signaler au nombre des acquisitions décidées et effectuées
par le Bureau de la Société d'Etudes, les acquisitions suivantes :
i° Plaque de marbre et pierre tombale placées sur la tombe de
Paul Gauguin, artiste français mort à Atuona (Hiva-Oa).
20 Mémoires d'Ariitaimai, provenant de la succession de M.
principalement
pour
nistration de la
Tati Salmon.
3° Tiki des Iles Marquises (Statue de bois sculpté
d'un me'aè d'Atuona et mesurant environ im7o).
4° Pierre de sacrifice, provenant
provenant
d'un me'aè des Iles Marquises.
50 Umete ancien, provenant de Papara.
6° Une hache de
mon).
pierre, (donnée par Mademoiselle Hotutu Sal-
__
7° Gravures et
Société et les Iles
84
—
publications diverses sur, Tahiti, les Iles de la
Marquises, acquises de la Librairie ancienne et
au
i
moderne.
m
1t m
COMMUNICATIONS DIVERSES
Depuis qu'a paru le N° 5 de notre Bulletin (mars 1919) il est
ou plutôt il a été créé dans une île sœur de Tahiti, à Honolulu,
une Union dite PAN PACIFIC que je demande la permission de
présenter aux lecteurs du Bulletin.
*
La PAN PACIFIC UNION me semble unique dans son organi¬
sation, puissante dans ses ressources et surtout admirable dans
né
ses
buts.
organisation est trop vaste et trop compliquée pour la re¬
ressources sont telles, grâce à des legs, dons et re¬
venus, qu'il lui est possible de se montrer généreuse et de rendre
service à de pauvres et nouvelles Institutions comme la nôtre.
Quant à ses buts en voici les principaux :
1.— Appeler en conférences des Délégués des divers peuples
du Pacifique pour discuter et faire avancer les intérêts communs
à ces peuples.
IL
Maintenir à HAWAI et chez les autres peuples du Paci¬
fique des bureaux d'information et d'éducation sur tout ce qui
peut intéresser les habitants du Pacifique ; par là disséminer dans
le Monde tout ce qui a trait au progrès et aux opportunités des
terres du Pacifique et promouvoir le contort et les intérêts des
Son
later ici. Ses
,
—
visiteurs.
III.
D'aider et
—
d'encourager les diverses nationalités du Pa¬
cifique à
se mieux comprendre et à combiner leurs efforts pour
l'amélioration des vrais intérêts de leur patrie, et ce faisant de ré¬
pandre autour d'eux et dans tout le Pacifique, l'esprit de coopé¬
ration fraternelle entre et parmi toutes les races.
IV.
D'encourager et d'aider les diverses races du Pacifique à
participer à des Expositions locales, à augmenter leurs produits
—
et à créer chez
V.
—
De
Musées de
eux
toutes Les industries utiles.
posséder et construire des Palais d'Exposition, des
Commerce, ouverts à tout le Pacifique, de créer des
—
85
—
dioramas, des bibliothèques et de rassembler tout
aider
ou
VI.
—
ce
qui peut
servir à l'éducation et à l'instruction.
D'établir et maintenir
un dépôt d'informations de toutes
sortes, sur : les terres (agriculture), le commerce, les industries
des divers peuples du Pacifique où pourront se former, comme
collège, les hommes qui
en un
VII.
se
destinent à leur exploitation.
D'obtenir et enrôler toute
—
coopération utile soit des
Gouvernements, soit des particuliers.
VIII.— Enfin d'amener toutes les
Nations, peuples ou races
les liens de leur commerce et de
leurs relations par une entente de plus en plus cordiale.
de l'Océan
A lire
Pacifique, à
resserrer
lignes on serait porté à dire : Utopie! C'est ce qu'on
de dire à M. Alexandre Hume FORD, créateur
de l'Union, lorsqu'il débuta il y a quelques années. Aujourd'hui
la Pan Pacific Union a fait ses preuves.
Déjà plusieurs conféne
ces
manqua pas
férences
sont
se
réunies à Honolulu. Ce sont de véritables
Congrès. Des revenus de centaines de mille de dollars assurent
la vie et les dépenses annuelles de cette gigantesque entreprise:
sciences, commerce, industrie, journalisme, etc., selon la confé¬
rence
appelée.
Il est bien
térêt à
nouer
se
permis d'espérer que notre Société trouvera un in¬
parenté de nos Iles avec Hawai et à
réclamer de la
de solides relations
avec
la Pan Pacific Union.
Le Directeur et créateur de cette Union, M. A. H.
Ford, est un
correspondant de notre Société, et avec ses hommages
il nous envoie pour la Bibliothèque les 3 volumes en
anglais
relatant les travaux de la dernière Conférence sur l'Education,
Membre
tenue à Honolulu
en
août 1921.
Le Professeur Herbert
Gregory, Président de la Conférence (il
magnifique Musée d'Honolulu et Membre
correspondant de notre Société) a résumé ainsi les travaux de
est aussi Directeur du
l'assemblée
:
I.— Connaissances actuelles des diverses branches d'Anthro¬
pologie, Biologie, Géographie, Géologie et sciences qui s'y rat¬
tachent, concernant les régions baignées par le Pacifique.
II.—Recherches qu'il serait bon
d'inaugurer.— Plans détaillés
à établir pour toute étude se
rapportant à d'autres sciences, et
par corrélation obtenir une plus grande utilisation des ressources
du Pacifique.
—
86
—
coopération afin d'éli¬
de temps, de forces ou talents et d'argent.
IV.— Meilleure manière d'utiliser les fonds disponibles et de
III.— Chercher la meilleure méthode de
miner les pertes
les augmenter.
questions ont été traitées d'une façon magistrale
mais je signale tout spécialement les cha¬
pitres suivants que beaucoup ne manqueront pas d'aller consul¬
ter à la Bibliothèque :
Relations des races du Pacifique.
Pêcheries du Pacifique.
Exploration systématique du Pacifique.
Toutes
ces
dans cette Conférence,
Volcans et tremblements de terre.
Météorologie.
Pacifique et ses courants.
Formation des régions du Pacifique.
Cartes du
Emmanuel ROUGIER
Vice-Président de la S. E. O.,
Membre Correspondant de la Pan
Pacific Union.
W
Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 06