Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 212
- Titre
- Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 212
- Description
-
Articles
- C. Beslu - La circulation monétaire en Polynésie Française 677
- G. Cadousteau Les Teva 727
Comptes rendus d'ouvrages
- Tahiti Nui, Change and Survival in French Polynesia, 1767-1945, 59
- Robin, Pétron et Rives, Les Coraux 59
- Philippe Ménard, Les problèmes du développement à l'échelle d'une société polynésienne. Le cas des îles Wallis 60
- Olaf Blixen, Figuras de hilo tradicionales de la Isla de Pascua correspondientes salmodias 61 - Date
- 1980
- Date de numérisation : 2017
- Format
- 1 volume au format PDF (66 vues)
- Identifiant
- PFP 3 (Fonds polynésien)
- Langue
- fre
- Editeur
- Société des Études Océaniennes (SEO)
- Relation
- http://www.sudoc.fr/039537501
- Droits
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- Source
- Société des Études Océaniennes (SEO)
- Type
- Imprimé
- extracted text
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X.
DE M
SOCIETE
DES ETUDES
OCEKNIENNES
N° 212
TOME XVIII
—
N° 1 / n° 212 Septembre 1980
Société des Études Océaniennes
Société des études océaniennes
Ancien musée de Papeete, Rue Lagarde, Papeete, Tahiti.
Polynésie Française.
B. P. 110
-
Tél. 2 00 64.
Banque Indosuez : 21-120-22 T — C.C.P. 34-85 PAPEETE
CONSEIL D'ADMINISTRATION
M. Paul MOORTGAT
Président
M. Yves MALARDE
Vice-Président
Mlle Janine LAGUESSE
Secrétaire
M. Raymond PIETRI
Trésorier
assesseurs
Me Rudolph BAMBRIDGE
Me Jean SOLARI
M. Henri BOUVIER
M. Roland SUE
Mme F. DEVATINE
M. Temarii TEAI
Dr. Gérard LAURENS
M. Maco TEVANE
Me Eric LEQUERRE
MEMBRES D'HONNEUR
M. Bertrand JAUNEZ
R.P. O'REILLY
M. Raoul TEISSIER
Pour être Membre de la Société se faire présenter par un membre titulaire.
M.
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arrivé
:
!
ll
15 DEC 198n f
-
tNRECISTREMENÎ SOUS
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ DES ÉTUDES OCÉANIENNES
(Polynésie Orientale)
TOME XVIII
-
N° 1 / n° 212
Septembre 1980
SOMMAIRE
C. BESLU
La circulation monétaire
en
G. Cadousteau
Polynésie Française
677
Les Te va
727
Comptes rendus d'ouvrages
733
Société des Études Océaniennes
i
I
.
Société des Études Océaniennes
677
La circulation monétaire
en
Polynésie Française
C'est sans doute du fait de son abondance dans les eaux de l'Océanie
française que la porcelaine "monnaie" (cypraea moneta) n'a jamais été
employée commfe telle en Polynésie.
En effet, si ce coquillage, très répandu et universellement
connu, a
largement servi dans les échanges à l'intérieur de continents comme l'Asie
et l'Afrique, il ne pouvait avoir aucune valeur dans ces minuscules îles ou
le moindre rocher
en
cache bon nombre.
Avant l'arrivée des Européens dans ce pays magique, point n'était
nécessaire de commercer ; un troc des plus simples suffisait amplement
aux besoins très réduits des insulaires.
Lequel des navigateurs occidentaux qui découvrirent et redécou¬
introduisit la première pièce de monnaie : Wallis,
Bougainville, Cook... ?
plutôt Bligh si l'on en croit cet extrait des récits
du commandant de la célèbre Bounty...
vrirent Tahiti y
...
"Teina engage la conversation en me demandant
travailleurs sont rétribués en Angleterre pour leur labeur.
comment
les
Beaucoup, ditil, doivent être employés à la construction des navires et que reçoivent-ils
en échange ? Des porcs, des vêtements, des noix de coco ? Le fait
qu'il ait
vu l'argent du docteur et
que moi-même je lui ai donné un seizième (?) de
dollar me permet de lui expliquer que tout le monde est
payé avec ces
pièces, aussi bien pour un travail effectué que pour des marchandises
Le "Un Peso" ou piastre
chilienne de 1877
Société des Études Océaniennes
678
vendues, qu'elles ont une grande valeur et que tout ce que nous portons,
nous l'avons obtenu grâce à elles. A ces paroles il me répond
d'un air
malin : "Si c'est le cas, je vais apporter ma pièce* à Pettover et acheter une
chemise". Pettover est le canonnier Peckover qui s'occupe du troc pour le
ravitaillement du navire".
La mode de
avec eux
l'époque voulait que les "Découvreurs" transportent
des médailles frappées avant leur départ à l'effigie de leur roi ou
à la leur propre afin de marquer leur passage par une distribution massive
de
ces
aux
pièces d'or, d'argent, de cuivre mais surtout de bronze, aux rois,
chefs et en général à tous ceux qui semblaient détenir une importance
quelconque au sein des sociétés à "apprivoiser".
De nos jours, la seule véritable "découverte" que nous puissions
faire, c'est celle d'une de ces précieuses médailles et il y en a encore
quelques-unes au fond des tiroirs chez certaines vieilles familles princières
de Polynésie.
Exemple de médaille distribuée par Cook
Les
baleiniers, santaliers et autres navires d'aventuriers qui
nos îles avant et après les découvertes "officielles"
n'ap¬
portaient quand même pas avec eux que les maladies et l'ivrognerie, mais
laissaient sans doute des traces moins "polluantes" de leur passage... de
menus cadeaux parmi lesquels il serait fort étonnant
qu'il n'y figura pas
quelques piécettes des pays d'origine ou des pays de relâche des marins et
touchèrent
déserteurs...
Le troc des matières premières, objets, nourriture etc... se transforma
très vite en
échanges mercantiles contre du "sonnant et trébuchant" de
indigène
au début du règne
de Pomare, avant l'arrivée des français.
toutes sortes dont l'usage était déjà répandu parmi la population
(») Pièce donnée en souvenir, peu de temps avant, par le Commandant.
Société des Études Océaniennes
679
Un des premiers soins des autorités coloniales fut
d'essayer de mettre
l'imbroglio monétaire d'alors. On trouvait en effet des
pièces d'au moins neuf pays différents :
Espagne (ou pièces frappées pour les colonies espagnoles)
États-Unis
de l'ordre dans
—
—
—
—
—
—
—
—
—
Chili
Pérou
Bolivie
Mexique
Angleterre
Italie et État de l'Église
Suisse
On retrouve de temps en temps de ces pièces qui sont difficiles à
classer faute de pouvoir être replacées dans un contexte sûr.
Deux
importantes trouvailles fortuites sont cependant d'un grand
étude car il s'agit dans les deux cas d'une certaine
quantité de pièces enterrées globalement dans un but bien défjni à une
date ne devant pas excéder un an après la date marquée sur la pièce la
plus récente :
secours
pour cette
D'abord la découverte d'une bouteille enfouie dans les fondations du
temple de Mataiea lors de sa construction en 1875... donc pièces datables.
Ensuite celle de 234 pièces d'argent trouvées encore à Mataiea lors de
de réfection sur un terrain appartenant également à l'Église
travaux
Évangélique donc vraisemblablement enfouies là pour les mêmes raisons,
soit l'édification d'un temple mais plus ancien encore puisque les dates
relevées sur les pièces vont de 1800 à 1845, nous indiquant une date
approximative de 1846 pour la mise en terre du sac contenant ce trésor.
C'est à partir de cette dernière trouvaille dont j'ai eu l'honneur et la
chance de faire l'expertise que l'on peut se faire une idée de la proportion
de pièces de chaque pays ayant cours sur le Territoire à sa prise de
possession par la France.
TRÉSOR
DE MATAIEA
-
DÉTAILS*
Les pièces les plus anciennes et incontestablement les plus
intéressantes sont celles des Colonies Espagnoles (Péru). Ce sont
malheureusement aussi les
plus abîmées (1800-1821).
Frappées en Espagne ou dans l'une de ses Colonies avant leur
indépendance elles eurent cours sur presque toute la terre ; soit telles
quelles, soit avec une surcharge particulière au pays utilisateur. Certaines
furent même découpées en plusieurs morceaux, quelquefois en triangle
comme les parts d'une tarte ou trouées à
l'emporte-pièce, le centre et le
tour prenant chacun une valeur différente. On peut dire que les effigies
des deux rois d'Espagne qui figurent sur l'avers de ces pièces, Charles IV
(*) Toutes les pièces de ce trésor sont visibles au Musée de Tahiti & des lies.
Société des Études Océaniennes
680
fils Ferdinand VII, furent les plus massacrées du monde. De plus
rois eurent le malheur d'essayer de régner à l'époque de "l'aventure
et son
ces
espagnole" de Napoléon 1er et ils furent évincés au profit du frère aîné de
celui-ci : Joseph Napoléon. Cependant, le profil de Ferdinand VII
continua à apparaître plus ou moins officiellement sur les monnaies de
métropole et des Colonies.
PÉROU (colonie)
Légende : Hispan. et Ind. Rex. M. (x) R.J.J. (ou autre atelier)
2 Reaies
Année
Lieu de
8 Reaies
frappe
Atelier
Année
Lieu de frappe
Atelier
1800
Lima
IJ
1813
Lima
RM
1808
Lima
PJ
1817
Lima
JJ
1816
Lima
JP
1820
Lima
JJ
1821
Lima
CG
Avers et Revers de la pièce
10
II
12
13
14
la plus ancienne
15
16
Le 8 Reaies le mieux conservé
Société des Études Océaniennes
17
18
681
Avers
PÉROU (République)
allégorie de la Liberté
:
Revers
:
armoiries du Pérou entourées de lauriers
Légende : Répub. Peruana. Cuzco (ou Cuz) (x) R.MB,
(ou autre atelier)
4 Reaies
Année
Lieu de
8 Reaies
Atelier
frappe
1835
Cuzco
B
1836
Cuzco
B
(- au total :
Année
Lieu de frappe
Atelier
1833
Cuzco
Bo.Ar
1835
Cuzco
B
1841-42-43
Cuzco
MB
17-4 reaies et
16-8
reaies)
|2
|3
4 Reaies
l|iill|iiii|iiiijmi|i!ii|iiii|imjiiiijiui|""i
Il
12
13
14
15
8 Reaies
H
|
(CUZCO en entier)
Société des Études Océaniennes
|4
15
II
682
C'est la Bolivie qui apporte au trésor le plus grand nombre de pièces
(111) dont curieusement 70 de 1843. Ce sont des 4 et 8 Soles en argent
900/1000°, toutes frappées à Potosi mais dans six ateliers différents
amenant de nombreuses variétés dans la gravure qui représente sur l'avers
le buste de Simon Bolivar, la tête laurée à la façon des Empereurs romains
et au revers deux lamas couchés de chaque côté de l'arbre de la Liberté sur
un
fond de ciel étoilé. Date
au
revers.
BOLIVIE (République)
Légende : Républica Boliviana./T. (x) S. 18xx.LM
(ou autre atelier)
8 Soles
4 Soles
Année
Lieu de
frappe
Atelier
Année
Lieu de
frappe Atelier
1829
Potosi
JM
1835 à 39
Potosi
LM
1830
Potosi
J
1840 à 43
Potosi
LR
1830
Potosi
JL
1844-45
"
Potosi
R
4 Soles
(1830)
16
17
8 Soles
(1844)
Société des Études Océaniennes
683
Les 25 pièces du Mexique sont toutes des 8 Reaies ; leurs dates
s'échelonnent de 1835 à 1843 et elles sont issues de quatre lieux de frappe :
Zacatecas, Durango, Guadalajara, Chihuahua (les deux frappées dans
dernière ville sont les plus rares du trésor). Six ateliers participèrent
cette
à la conception de ces pièces ce qui explique, comme pour la Bolivie, qu'il
y
ait un grand nombre de variétés.
Elles portent sur l'avers un bonnet phrygien avec l'inscription
"Libertad" en bandeau, sur fond de rayons solaires et au revers l'Aigle
mexicain posé sur un cactus, tenant un serpent dans son bec.
MEXIQUE (République)
Légende : Républica Mexicana
8 Reaies
(argent 903)
Année
Lieu de frappe
Atelier
Année
Lieu de frappe
Atelier
1835
Zacatecas
OM
1842
Durango
RM*
1836
Chihuahua
AM
1842
Guadalajara
JG
1837
Durango
RM
1842
Zacatecas
OM
1838-40
Zacatecas
OM
1843
Guadalajara
MC
1841
Chihuahua
RG
1843
Durango
RM
1841
Durango
RM
1843
Guadalajara
JG
(*) 2 pièces de Durango (1842) ont l'avers et le revers dans le même sens.
10
II
12
13
14
15
16
Société des Études Océaniennes
17
18
686
Si le 25 cents des États-Unis de 1831 ne représente qu'un classique
buste de la Liberté, le revers de cette pièce montre un aigle minutieuse¬
gravé. C'est en numismatique (maladie très répandue aux U.S.A.)
pièce recherchée car le tirage des "quarter" était encore très limité à
cette époque. C'était le 1/2 dollar, largement répandu (7 dans le trésor)
qui servait de monnaie de base à toutes les transactions. La dernière pièce
de ce pays qui date de 1837 vit sa frappe affinée et sa teneur en argent
passer de 892,4/1000* à 900/1000*.
ment
une
U.S.A.
Légende : United States of America/25 C.
50
cents
(1824 à 1835)
Légende : United States of America/50 C.
et
dans
une
banderole
:
"E PLUR1BUS UNUM"
Société des Études Océaniennes
687
En
quelle circonstance ces 234 pièces furent-elles enterrées ?
Certainement, comme nous le disions plus haut, au cours de
l'inauguration d'un édifice religieux. Il est curieux de constater qu'il n'y a
aucune pièce française...! Est-ce le reflet de l'opinion publique de l'époque
...?
Le monde entier était
marasme.
en
ébullition et Tahiti
n'échappait pas au
Guerre
Un courant anti-français était savamment entretenu...
d'influence, guerre de religions, guerre tout court.
La monnaie française eut certainement beaucoup de mal à
s'implanter ; la "piastre" restera encore longtemps l'unité commerciale et
même semi officielle puisqu'après des tribulations entre les Pritchard,
Laval et autres Caret, le premier représentant de la France, Dupetit
Thouars, exigea de la reine Pomare, en réparation à l'outrage fait à la
nation française :
"Qu'une somme de 2000 piastres fortes d'Espagne soit versée dans les
24 heures de la présente notification dans la Caisse de la frégate Vénus
pour servir à indemniser..."
Le célèbre Pritchard fut d'ailleurs souvent mêlé à des histoires
d'argent. Les appointements alloués par le gouvernement britannique au
représentant de Sa Majesté à Tahiti ne permettaient pas à ce dernier de
subvenir aux besoins de sa famille ; aussi George Pritchard cumulait-il les
fonctions de Pasteur, Consul de Grande-Bretagne et... commerçant (il
avait ouvert un
petit magasin à Papeete).
Dans son livre "George Pritchard, l'Adversaire de la France à Tahiti"
(Librairie Larose), L. Jore nous donne à la page 111 ce petit commen¬
taire
:
"L'usage de la monnaie se répandit, à vrai dire, assez rapidement,
aussi la petite quantité de celle qui avait été introduite à Tahiti fut-elle vite
très insuffisante pour les besoins normaux. Marc Wilks (Révérend
français) a défendu G. Pritchard d'avoir rapporté avec lui 2.500 Livres
Sterling de pièces de cuivre en vue de faire rentrer dans ses caisses toute la
monnaie d'argent qui se trouvait dans l'Ile, refusant ensuite de la remettre
en circulation... D'après cet auteur Pritchard aurait seulement rapporté
une contre-valeur de 20 Livres Sterling de "sous". Après l'institution du
Protectorat, les autorités françaises se seraient opposées à l'usage de ces
pièces et le Consul aurait en conséquence conseillé aux indigènes de les lui
rapporter, promettant de les échanger contre des pièces d'argent...! Qui
croire ?"
Vincendon Dumoulin, dans un des premiers livres écrits sur Tahiti,
déclare : "La monnaie la plus appréciée était la piastre espagnole, mais les
*
habitants ignoraient la valeur de l'argent à un tel degré qu'il n'était pas
de les voir offrir deux piastres ternies pour une seule bien brillante et
rare
tous les objets en leur
en
possession, quelle que fut la valeur, étaient évalués
"dalla" (déformation de dollar en hawaiien) ou "tara" (en tahitien). Un
coco,
étaient
régime de bananes, des coquillagess, une lance, un cochon
proposés pour le même prix.
un
Société des Études Océaniennes
688
Les échanges commerciaux se faisaient surtout avec les États-Unis, le
Chili
et la Nouvelle-Zélande et l'on peut dire que si le franc était la
monnaie officielle, la monnaie courante était faite de pièces de tous
métaux (surtout or et argent) qui ne portaient pas une frappe française.
Correspondance des principales monnaies en cours,
en Océanie, vers 1830
CHILI
(les plus répandues)
1/2 Real ou médio (argent)
1 Real (1/2 piécette) (argent)
2 Reaies (1/2 piécette) (argent)
1/2 Piastre ou 4 reaies (argent)
:
1 Piastre
8 reaies
ou
1 duro
ou
ou
1 peso
(argent)
1/8 Doublon ou 16 reaies ou 1 escudo (or)
1/4 Doublon ou 2 escudos (or)
1/2 Doublon ou 4 escudos (or)
1 Doublon
ou
16 duros
ou
8 escudos
ou
1
once
0 F. 25
0 F. 50
1 F. 00
2 F. 50
5 F. 25
10 F. 00
20 F. 00
40 F. 00
84 F. 00
(Le Chili adopta le système décimal en 1835. Les deux formes eurent
cours
simultanément)
(bronze)
1 Centavo
1 Décimo
10 centavos
(argent)
1 Peso ou 10 décimos (argent)
2 Pesos ou 1 escudo (or)
1 Condor ou 10 pesos ou 5 escudos (or)
ou
ESPAGNE
1 Real
0 F. 05
0 F. 50
5 F. 00
10 F. 00
50 F. 00
:
4 quartos ou
8 octavos ou 34 maravedis (argent) 0 F. 50
(argent)
1 F. 00
1 Duro ou 1 piastre ou 8 reaies (argent)
5 F. 00
1 Escudo ou 2 duros ou 16 reaies (or)
10 F. 00
1 Once ou 8 escudos (or)
84 F. 00
(après 1810)
1 Pesetas (argent) = 4 reaies (billon)
8 Reaies (argent) = 20 reaies (billon)
ou
1 Peseta
ou
2 reaies
PÉROU :
2 Reaies
4 Reaies
1 Peso
(argent)
(argent)
ou
1 Escudo
8 reaies (argent)
16 reaies (or)
ou
Société des Études Océaniennes
1 F. 00
2 F. 50
5 F. 00
10 F. 00
689
BOLIVIE
:
4 Soles
ou
1 Peso
ou
reaies (argent)
8 soles
(argent)
1 Escudo ou 2 pesos ou 16 soles (or)
(adopte le système décimal en 1864)
1 Boliviano
=
2 F. 50
5 F. 00
10 F. 00
100 centavos
MEXIQUE :
1 Real
ou
4 cuartillos
ou
8 octavos (argent)
8 reaies
(argent)
1 Escudo ou 16 reaies (or)
1 Once ou 8 escudos (or)
1 Peso
ou
0 F. 50
5 F. 25
10 F. 00
84 F. 00
GRANDE-BRETAGNE :
Penny = 4 farthings (bronze)
Shilling ou 12 pence (argent)
1 Florin ou 2 shillings (argent)
1/2 Couronne (argent)
1 Couronne ou 5 shillings (argent)
1
1
1 Livre
(Sovereigh) ou 20 shillings (or)
ÉTATS-UNIS
1 F. 10
2 F. 20
2 F. 65
5 F. 30
25 F. 20
:
(avant 1800) - 1/2 Penny (Connecticut, Massachusetts, New Jersey,
New York, Vermont, Virginia) - cuivre
(après 1800)
1 Dime ou 10 cents (argent)
0 F. 53
1/2 Dollar ou 50 cents (argent)
2 F. 65
1 Dollar ou 10 dimes ou 100 cents (argent)
5 F. 30
5 Dollars (or)
26 F. 00
10 Dollars (or)
52 F. 00
20 Dollars (or)
104 F. 00
On voit donc qu'une légère plus-value était donnée aux pièces anglosaxonnes, cependant,
le change pour toutes ces monnaies pouvait varier
de -F 15 à + 30 %, surtout dans les petites valeurs, suivant les époques et
surtout
suivant les marchands...!
donc à "travailler" au contact (et au profit)
européens, c'est-à-dire à recevoir une rémunération pour un travail
accompli. Leur salaire restait malgré tout très faible et ils continuèrent
encore longtemps à troquer entre eux les produits de consommation
courante. Ils étaient d'ailleurs un peu perdus au milieu de toutes ces
Les tahitiens apprirent
des
devises et
se
faisaient facilement rouler.
Société des Études Océaniennes
690
La population européenne, comme il était de mise à cette époque,
tenait à garder ses habitudes et sa façon de vivre à l'occidental. Elle
touchait très peu aux produits locaux, préférant faire importer à grands
frais objets et nourriture. Cependant, une certaine classe seigneuriale
locale se croyait obligée, bien influencée en cela par les missionnaires,
d'imiter les popaa*. C'est ainsi que l'on peut voir sur des gravures et
même
des photographies anciennes les familles régnantes poser,
pieds en cap à la mode victorienne dans des habits qui, s'ils
étaient peu seyants, n'en coûtaient pas moins for cher.
sur
attifées de
Le chapitre consacré aux "petits commerçants" de l'excellent
de Patrick O'REILLY "TAHITI AU TEMPS DE LA REINE
ouvrage
POM ARE" nous permet de citer quelques exemples de prix entre 1855 et
1865
:
(étiquettes traduites en francs...)
a) produits locaux
:
F 50 à 2 F le kilo de viande 1er choix
2 F 50 le poulet
1
2 F 50 à 3 F la douzaine d'oeufs
1 F à 1 F 50 le kilo de poisson (1 F la filoche)
0 F 50 à 1 F le paquet de cocos, ignames, taros, patates,
maiore, fei et autres fruits et légumes locaux abondants
sur le marché mais très peu prisés des européens.
b) produits d'importation :
20 F le vin de Bordeaux (la caisse de 12 bouteilles)
20 F la bière (la caisse de 12 bouteilles)
20 F l'huile d'olive (la caisse de 12 bouteilles)
7 F 50 le kilo de saucisson de Lyon
2 F le kilo de sucre...
20 F
12 F
un
une
ombrelle
12 F
une
21
une
paire de chaussettes...!
paire de chaussures vernies...
F
parapluie en soie
10 F pour un repas
850 F
un
675 F
une
Sachant
de banquet officiel...
piano
voiture américaine
avec
harnais, à 2 places...
qu'un fonctionnaire gagnait à l'époque entre 160 et 220 F
par mois on est obligé de constater que la vie était déjà très chère à Tahiti.
Devant la prolifération et le succès des monnaies étrangères, les
autorités françaises tentèrent de redorer le franc aux yeux de la
population locale.
(*) Les blancs.
Société des Études Océaniennes
691
Le premier acte officiel est l'Arrêté n° 2 bis du 20 novembre 1843 FIXANT LE COURS DE LA PIÈCE DE CINQ FRANCS DANS LES
ILES DE LA SOCIÉTÉ.
Nous, Gouverneur des Établissements français de l'Océanie.
Considérant que, dans les transactions qui se font dans le pays
achat de vivres, de denrées, et généralement toutes les
opérations de commerce, même avec les étrangers, la pièce de
cinq francs est reçue au même taux que la piastre forte ;
Que, quand on a voulu imposer à la piastre forte le cours
de cinq francs quarante centimes, les négociants ou fournisseurs
qui avaient soumissionné pour cent francs ont demandé
cent huit francs ;
Qu'il est de notre intérêt de conserver à notre monnaie
la plus forte valeur qu'elle ait acquise ;
pour
Le Conseil du gouvernement
entendu ;
ARRÊTONS :
La pièce
de cinq francs, monnaie de France, sera étalon
de monnaie à Taïti, et aura une valeur égale à la piastre forte
dans les transactions du gouvernement, et dans tous les paiements
la trésorerie de la colonie.
arrêté sera adressé à M. le Chef du service
administratif qui y donnera cours.
à effectuer par
Le présent
Signé : BRUAT
On peut penser en lisant l'article 2 de l'Arrêté suivant du 25 août 1844
LA CIRCULATION DE LA MONNAIE DE
la réserve à l'égard du franc français était toujours aussi
forte un an après.
"ORDONNANT
BILLON" que
1
Les pièces de cinq et dix centimes seront admises comme
appoints dans les paiements.
Art. 2
Toutes les personnes qui exercent un commerce papenté ne
pourront se dispenser de les recevoir.
Le lundi de chaque semaine, depuis sept jusqu'à neuf heures du
Art. 3
matin, on pourra se présenter au Trésor, pour échanger cette monnaie
contre des piastres, à raison de cinq cents centimes par piastre.
Art.
-
-
-
Il eut fallu, pour arrêter cette invasion de monnaies étrangères, une
importation massive de pièces françaises ; or, tout au long de cette
histoire de la monnaie ce sont "les fonds qui manquent le plus !" et il
faudra malgré tout compter sur cet argent non national pour arriver à
rétribuer les fonctionnaires indigènes et métropolitains dont le nombre ira
sans
cesse
croissant.
L'Arrêté du 29 janvier 1847 "FIXANT LE TAUX DE LA PIASTRE
DANS LES PAIEMENTS A
FAIRE AUX INDIGÈNES" en est un
preuve.
Établissements français de l'Océanie,
de la Reine des Iles de la Société,
Attendu que jusqu'à ce jour les indigènes à la solde
Nous, Gouverneur des
Commissaire du Roi près
du gouvernement ont pu être payés avec des pièces de cinq francs,
Société des Études Océaniennes
692
mais qu'aujourd'hui la rareté de cette monnaie forcera de les solder
piastres, encaissées au taux de 5 F 25 l'une,
Attendu qu'il importe de ne pas déprécier notre monnaie
aux yeux des indigènes, en donnant à la piastre une valeur
supérieure à celle de la pièce de cinq francs...
en
ARRÊTONS :
Art. 1
-
Les piastres seront données aux indigènes au taux de cinq
francs l'une,
Art. 2
Les paiements n'auront lieu en piastres qu'en cas de complet
épuisement des pièces de cinq francs.
-
La caisse du gouvernement était souvent vide, le "standing" de la
Reine et de sa cour plutôt dispendieux et il fut nécessaire de trouver des
astuces pour
récupérer de l'argent ou au contraire éviter d'avoir à en
donner.
Tous les
Celui
—
—
—
—
—
petits péchés furent exploitables :
ou celle qui dansera nu = 3 dollars d'amende
Danses répréhensibles, excitant à la débauche, au vol,
à l'ivresse ou à la corruption des jeunes gens... = 50 brasses
de route ou tout autre travail pour le gouvernement
Adultère
:
Homme = 5 cochons ou 10 dollars
Femme = 10 dollars (pas de cochon
?)
Entremettage = 7 cochons
Toutes les femmes qui se rendront à bord des bâtiments
sans
en
avoir obtenu l'autorisation devront fournir 10 brasses
d'étoffe
—
indigène
Exportation du gros bétail sans autorisation = 100 à 200 F
d'amende...
...quel travail pour les mutoi...
Plus profitable mais aussi plus dangereux était la non observance
d'un statu quo comme celui de Bora-Bora en 1846... "La somme de mille
quatre cent cinquante francs, montant de la caution fournie par ies
habitants des districts de Faanui, est confisquée au profit de l'État ?..."
Il serait fastidieux de donner la liste de tous les Arrêtés pris, au sujet
des pièces étrangères, entre 1843 et le 29 décembre 1911 date du dernier. Il
bonne vingtaine plus autant de lettres moins officielles
Gouverneur et le Ministère de la Marine et des Colonies.
y en eut une
entre le
Il faut
cependant en citer deux :
Celui du 10 mai 1847 : FIXANT LE COURS LÉGAL DES PIÈCES
D'ARGENT ET DE CUIVRE :
Nous
Considérant que l'introduction de la monnaie
française dans les EFO, concurremment avec les monnaies des
républiques américaines, a donné lieu à quelques difficultés
de supputation qu'il importe de lever, en déterminant d'une
manière précise le rapport des différentes pièces en circulation
avec l'étalon de monnaie
fixé par notre arrêté du 20 novembre 1843.
Société des Études Océaniennes
693
ARRÊTONS :
d'argent et de cuivre dont la nomenclature est
ci-dessous présentée seront désormais les seules ayant cours dans
les EFO, et leur valeur sera réglée au centième de l'étalon adopté,
d'après le tarif suivant :
Pièces d'argent
Les pièces
Demi-piastre
50 centièmes
Pièce de 2 francs
40 centièmes
25 centièmes
Double réal
Franc
Réal
...
Demi-franc
20 centièmes
12 1 f2 centièmes
10 centièmes
6
Medio
1/4 centièmes
5 centièmes
Quart de franc
Pièces de cuivre
2 centièmes
Décime
1 centième
Pièce de 5 centimes
Signé : BRUAT
Et celui du 18 décembre 1847, abrogeant le précédent :
SANT LE
ÉTABLIS¬
SYSTÈME MONÉTAIRE DÉCIMAL DANS LES E.F.O.
Nous
Considérant qu'il y a nécessité d'introduire dans les E.F.O.
le système monétaire décimal ;
Considérant que diverses observations nous ont été adressées
sur le cours actuel de la monnaie en circulation dans lesdits EFO
et sur la dépréciation dont le commerce frappait quelques-unes de
ces
monnaies ;
Considérant, en outre, qu'il est de l'équité, aussi bien que
de l'intérêt des consommateurs et des commerçants, d'établir
règle fixe et invariable dans le taux des monnaies en circulation
Établissements...
ARRÊTONS :
A dater du Tr janvier 1848, lefranc sera étalon monétaire et
Art. 1
aura seul cours légal et forcé, avec ses divisions décimales et ses
multiples, dans les E.F.O.
Art. 2
Toutes dénominations de monnaies, autres que celles qui
résultent du système monétaire décimal, seront interdites dans les
actes publics ainsi que sur les livres et registres de commerce,
annonces et affiches.
Art. 3
La pièce d'or, dite doublon, au titre de 901 m. valant 16
piastres fortes, et ayant le poids légal de 272 décigrammes, sera reçue
et donnée au trésor de la colonie, aussi bien que dans les transactions
commerciales, pour 84 francs.
Ses subdivisions n'auront que la valeur ci-après :
Le demi-doublon
40 F
Le quart de doublon
20 F
10 F
Le huitième de doublon
une
dans les
-
-
-
Société des Études Océaniennes
694
Art. 4
-
La piastre d'argent, dite piastre forte d'Amérique, sera reçue
de la même manière pour la valeur de 5 fr. 25 cent.
Ses subdivisions sont fixées comme suit :
2 fr. 50 c.
1 fr.
0 fr. 50 c.
Le medio ou demi-réal
0 fr. 25 c.
Art. 5
Les pièces dé billon françaises de 5 et 10 centimes seront
seules admises comme appoints de la pièce de 5 francs dans les
paiements soit au trésor, soit dans le commerce. Personne ne pourra
les refuser sous peine d'une amende de 10 francs.
La
demi-piastre
La piécette ou double réal
La demi-piécette ou réal
-
Signé : LA VA UD
très théoriques, ne furent guère efficaces et il fallut
beaucoup d'écrits et de patience pour arriver à donner la priorité à
l'argent français.
Ces mesures,
encore
Pourtant les pièces nationales avaient un meilleur "aloi" que celles
d'Amérique du Sud, particulièrement celles du Pérou et de Bolivie dont la
teneur en métal précieux était des plus fantaisiste.
Le "Messager de Tahiti" du 26 octobre 1856 nous dit :
"Les pièces se composent presque exclusivement de demi-piastres
frappées aux coins mêmes des gouvernements de ces deux États. La mode
de falsification n'est pas la même au Pérou et en Bolivie ; au Pérou, il
consiste à changer les proportions de l'alliage ; en Bolivie, on introduit
une rondelle de cuivre au centre de la pièce qui se trouve ainsi composée
d'un disque de cuivre recouvert d'une feuille d'argent d'un demimillimètre environ d'épaisseur. Le son de ces fausses monnaies est aigu,
cuivrique, et s'éteint presque aussitôt qu'il est produit, selon le plus ou
moins de perfection obtenu dans l'adhérence des deux métaux qui la
composent".
Le Messager de Tahiti étant à l'époque un journal simili officiel, ce
n'était peut-être que le l'intox... ? Quoi qu'il en soit l'Arrêté du 14 mars
1857 ordonne le retrait de la circulation des pièces d'or de 5, 10, 20 et 50
dollars
et
fausses
et d'une
des
demi-piastres péruviennes et boliviennes comme étant
valeur intrinsèque au-dessous de leur valeur nominale.
On peut s'interroger sur la raison de la décision ministérielle du 1er
juillet 1880 "Portant défense d'utiliser aux Iles Marquises d'autres
monnaies que celles d'or et d'argent ayant cours légal"... cela veut il dire
qu'on n'y acceptait pas de petite monnaie ?
C'est possible car, en général, les petites pièces étaient boudées par la
population et le Gouverneur Julien ne manque pas de le préciser dqns une
lettre adressée
"
au
Ministre
en
1905
:
qui concerne notamment la mise en circulation des pièces
d'argent françaises de 20 centimes dont un stock d'environ 8000 francs
encombre le caveau du Trésor, Monsieur Coridon estime, avec raison
selon moi, que cette monnaie ne rencontrerait aucune faveur auprès des
indigènes, en raison de ses dimensions extrêmement réduites qui la
En
ce
Société des Études Océaniennes
695
rendent
difficilement maniable. Elle n'aurait donc aucune chance de se
substituer à la pièce chilienne de 50 centimes dont elle représente à peu
près la valeur et que dans la pensée du Département elle serait appelée à
remplacer dans les transactions commerciales. Sortie du Trésor ou elle
coopérerait au service des payements, elle ne tarderait pas à y faire retour
à la première occasion, avant toutes autres, ou bien elle serait perdue par
ses détenteurs indigènes dont l'insouciance et la négligence ne sont pas le
moindre défaut... (sic).
L'expérience en a été faite par Monsieur le Trésorier-Payeur et la
circulation de la pièce de 20 centimes s'est circonscrite entre les guichets
du Trésor et les parties prenantes des mains desquelles elle sortait pour
revenir aux mêmes guichets"....
L'argent "frais" envoyé de métropole n'arrivait qu'au compte-gouttes
le Trésorier était obligé de calculer au plus juste pour pouvoir payer les
et
le Gouverneur
trois cent mille francs de traites, dites
militaires et les fonctionnaires. C'est le 5 juin 1846 que
donne l'ordre d'émettre
pour
"traites de bord".
Le mouvement est
lancé
;
les émissions de papier iront en
s'emplifiant.
Après ces traites de bord ce sont les "traites coloniales" également
émises sur le territoire, en 1847, puis les "traites du Trésor" (primata et
duplicata) envoyés de France.
Les "bons de caisse"
(arrêté du 25 juillet 1865) sont lancés par le
Trésor pour échanger contre les "condors" chiliens qui continuent à
menacer la monnaie nationale par leur surhausse. La valeur métallique de
bons est assurée par ce
ces
précieux dépôt.
Qu'advenait-il des pièces étrangères ainsi reversées au Trésor ?
ou
Elles étaient expédiées en France, revendues à des banques privées
refondues. La somme récupérée était retournée au Territoire.
intégralement reproduite ci-dessous est très
La lettre ministérielle
significative.
Négociation
des pieces r-dor
v,,
du Chili renvoyées en France
,
,
x.
de la Marine
,
.
et
^
,
,
,
des Colonies
Direction
des Colonies
Paris, le 10 mai 1869
A Monsieur le
Commandant des
Établissements
français de l'Océanie,
Monsieur le Commandant,
En
réponse à votre lettre du 29 octobre dernier n° 217, j'ai
Société des Études Océaniennes
696
l'honneur de vous informer que M. le Ministre des finances m'a fait
connaître le résultat de la
négociation des pièces d'or du Chili
que vous avez renvoyées en France.
Ces monnaies ont été négociées
&
à MM. Raphaël BEREND
Cie, banquiers à Paris, au taux de 3093,30 le kilogramme et
ont
produit la somme de 183.021,28.
La refonte de la monnaie n'eut produit au prix du tarif
soit 3089,86 le kilogramme que celle de
182.817,74
Il en résulte pour la colonie une atténuation
de perte de
...:
203,54
Mais, d'autre part, il y a lieu de déduire du prix de vente
(183.021,28) une somme de 470,50 payée par le trésor pour les frais
de transfert de Toulon à Paris, ce qui réduit à 182.550,78 le montant
net encaissé par le caissier payeur central et pour lequel il a été
délivré un récépissé que je vous prie de faire remettre à
M. le Trésorier payeur de la colonie.
Il y aura donc lieu de couvrir ce dernier sur les fonds du service
local de la différence entre le montant de l'envoi constaté par
procès-verbal (194.586 f.) et le montant du récépissé précité
(182.550,78) soit 12.035,22.
Je saisis cette occasion pour vous faire connaître ma manière
de voir en fait de circulation monétaire aux colonies.
En général, on doit chercher à n'avoir dans les caisses du trésor
que de la monnaie nationale. Toutefois, il peut arriver que les
transactions commerciales amènent l'introduction dans la colonie de
nombreuses pièces étrangères, et, dès lors, la réception et la cession
de ces monnaies par le trésor deviennent une grande facilité pour
le Commerce. Mais, dans ce cas, il est essentiel qu'elles ne soient
reçues ou délivrées que pour la valeur intrinsèque qui leur est
reconnue par la monnaie de Paris. Car, si pour une raison
quelconque, on se voit obliger de les retirer de la circulation,
le budget local n'a presqu'aucune perte à supporter.
Dans tous les cas, elles ne doivent être reçues ou délivrées
qu'à titre facultatif, car il importe de se réserver toute liberté d'action
à ce sujet.
Tels sont, Monsieur le Commandant, les principes dont je crois
devoir vous recommander l'application.
Recevez, Monsieur le Commandant, l'assurance de ma
considération distinguée.
Signé :
d'État
au Département de la Marine et des Colonies
L'Amiral Ministre Secrétaire
Le 10 avril 1866, la Caisse Agricole est transformée en banque de
prêt avec, bien entendu, l'autorisation d'émettre des bons, garantis par la
valeur du coton et des terrains en sa possession. Imprimés localement sur
papier ordinaire, ces bons furent rapidement réduits à l'état de chiffons et
il y eut de nombreux retirages pour remplacer les défectueux.
Société des Études Océaniennes
697
prit une importance considérable ; elle émis également des
La C.A.
"bons hypothécaires" garantis par ses immeubles. Tous ces billets
avaient
la monnaie nationale et faisaient évidemment
une sévère concurrence à ceux émis par le Trésor. Une dépêche
ministérielle du 3 mai 1878 s'inquiète de la quantité de bons émis par la
cours
au
même titre que
C.A.
Un autre moyen
de faire entrer des devises dans le pays était le
1861) mais il était
1,25 et
5 % suivant l'utilisation plus ou moins intensive de ces mandats.
"mandat poste colonial" (la Poste fonctionnant depuis
alors frappé d'une taxe très variable (bénéfice du change...!) entre
En
1880, il fut décrété que toutes les monnaies étrangères qui seraient
marchandises et
introduites dans les EFO seraient considérées comme
frappées du droit "d'octroi de mer"...!
La lutte contre la concurrence des pièces étrangères était d'autant
plus difficile que celles-ci avaient été introduites dans toutes les îles et qu'il
était très délicat, par exemple, de faire payer des taxes et impôts à des
gens qui ne possédaient pas de monnaie nationale... ainsi un arrêté de
1893 autorisait les comptables d'Uturoa, de Bora-Bora et de Huahine à
accepter "provisoirement" des piastres chiliennes et péruviennes, au taux
de 2 F l'une, en paiement des impôts.
1904, tous les prix de la place ainsi que les salaires des ouvriers,
domestiques étaient encore établis sur la base de la piastre
chilienne. Les droits frappant les monnaies étrangères étaient pourtant
En
manœuvres et
énormes à cette époque là :
mer
soit
au
15 % de droit de douane et 15 % d'octroi de
total 30 % de taxe.
Ce n'est que le 29 décembre 1911 que l'on interdit formellement et
définitivement l'utilisation de ces monnaies ; les contrevenants s'exposant
à une amende de 100 francs et à 15 jours de prison...
L'inondation de devises étrangères d'une part, la fuite de la monnaie
française engendrée par le déséquilibre entre les importations et les
exportations d'autre part, amenèrent le Gouvernement local et le
ministère des Colonies à se pencher sérieusement sur le problème et à
envisager différentes solutions.
Les propositions étaient faites par le Gouverneur
après consultation
du Conseil Privé et du Conseil d'Administration. La décision appartenait
au
Ministre.
Par
une
lettre du 9 mai
la
est-il précisé :
1904, le Gouverneur COR propose
création d'une monnaie locale non-exportable car,
"l'expérience a depuis longtemps démontré que les billets de la Banque de
France et les monnaies métropolitaines étaient inévitablement destinés à
disparaître de la circulation".
Cette monnaie spéciale devrait servir à la fois d'instrument pour les
transactions commerciales et de moyen de libération envers les caisses
publiques.
Société des Études Océaniennes
698
Projet : Émission de quatre jetons en nickel (2 F., 1 F., 0 F. 40, et
20) et d'une pièce de 5 F. en argent ou en alliage.
Cette monnaie fiduciaire devait avoir la forme extérieure des pièces
chiliennes et une valeur commerciale "à peu près identique". La pièce de 5
francs porterait en exergue la mention "Établissements Français de
l'Océanie" et "la gravure d'une tête tahitienne couronnée produirait une
heureuse impression sur les indigènes".
Dans sa réponse à cette demande du Gouverneur, le Ministre des
Colonies donne le coût d'une telle opération :
1ère hypothèse :
Fabrication de 180.000 jetons de 5 F. en nickel allié, du poids de 15
grammes et du diamètre de 33 millimètre :
Frais d'établissement de coins portant une effigie
6000
Frais de fabrication (matière comprise)
9386
Frais de sacs et d'emballage
243
—
0 F.
—
15639
—
2ème
hypothèse :
Fabrication
en
nickel allié de 180.000 jetons de 5
F. du poids de
15 grammes et du diamètre de 33 millimètres ; de 100.000 jetons de 2 F. du
poids de 9 grammes et du diamètre de 28 millimètres ; de 50.000 jetons de
1 F. du poids de 6 grammes et du diamètre de 24 millimètres ; de 100.000
jetons de 0,50 du poids de 3 grammes et du diamètre de 21 millimètres.
Frais d'établissement des coins portant une effigie,
pour les 4 coupures
12000
Frais de fabrication. Pièces de
Frais de fabrication. Pièces de
Frais de fabrication. Pièces de
Frais de fabrication. Pièces de
Frais de sacs et d'emballage
5 F
2 F
1 F
0 F. 50
9396
3447
1269
1419
378
27909
Auxquels il conviendra d'ajouter les frais de transport de Paris à
Marseille et les frais de camionnage au départ de l'Hôtel des monnaies et
à l'arrivée
au
port d'embarquement, soit environ 260 F.
En outre, les frais de transport par mer devraient être calculer d'après
le
poids du métal et non d'après la valeur attribuée aux jetons.
Tous les frais de l'opération devront être supportés par la Colonie car
elle est faite
uniquement dans l'intérêt de cette dernière...
Une autre solution envisagée était la création d'une banque ayant la
possibilité d'émettre des traites et des billets locaux négociables en
métropole.
La
Banque de l'Indo-Chine était déjà implantée dans plusieurs
raisons similaires et son introduction à
Tahiti semblait être la solution, idéale ; celle-ci prenant en charge aussi
Territoires français pour des
Société des Études Océaniennes
699
bénéfices de l'opération (donc : économie pour le
bien les frais que les
budget territorial).
Au début de 1903, un agent de la B-I à Nouméa (M. MARSOT) est,
Ministère, envoyé en mission à Tahiti pour juger de
l'opportunité de la création d'une telle succursale, et un Arrêté du 20 mai
1904 promulgue le décret du 24 février 1904 "créant une succursale de la
Banque de l'Indo-Chine à Tahiti".
sur
la demande du
La solution était donc trouvée !
C'est
le
30 novembre
1905 qu'eut
lieu l'ouverture de toutes les
opérations.
Les premiers billets tirés par l'Agence centrale de Paris étaient déjà
prêts ; il suffisait d'y ajouter le nom de la Colonie (décrets du 21 /01 /1875
3/04/1901).
5 FRANCS
grand billet rouge
et du
—
—
-
20 FRANCS
—
100 FRANCS
2ème
Émission
5 F. type rouge - émission 1914
Format : 140 X 106 mm
(& 1923)
: rouge sur fond blanc
Filigrane : profil de femme casquée
Recto : 2 femmes assises ; inscription PAPEETE à droite
Verso : mention des pénalités ; encadrement de motifs divers
dont un dragon dans le haut.
Couleur
20 F. type vert - émission 1914
Format : 166 X 86 mm
Couleur
vert sur
:
(1923)
fond blanc
Filigrane : dans le coin gauche
de Bachus à demi couché sur l'"Opulence"
gauche sous le filigrane - parties centrale et
droite réservées aux inscriptions.
Recto
:
sorte
dans le coin
100 F. type marron - émission 1914 (une
et 1920 (deux signatures imprimées)
Format
Couleur
:
:
mm
sur
fond blanc - jaunâtre
encadrement de motifs divers
et un
bœuf
Verso
:
aux
120
marron
- à gauche et à droite
éléphant - au centre : deux femmes allongées avec un tigre
Recto
un
206 X
:
signature manuscrite)
au
quatre
centre le cercle
du filigrane (profil de tête de femme) -
coins : les pénalités.
Société des Études Océaniennes
700
100 Francs de la 2ème émission
(2 janvier 1920)
BANQUE DE L'INDO-CHINE
PAPEETE (TAUmi, 1s 2 Janvier 1020.
CENT
CENT
FRANCS
FRANCS
en monnaie
UAdm'-Directeur,
Uu Administrateur,
La banque de l'Indo-Chine était désormais la seule à pouvoir émettre
après la première guerre mondiale, le manque de
petites devises amena les autorités à autoriser la Chambre de Commerce
des EFO à émettre pour 30.000 F. de coupures de 2 F., 1 F., 0 F 50, et
0 F. 25 (arrêté du 29 décembre 1919).
"BONS" remboursables à vue en billets de la banque de l'Indo-Chine
des billets pourtant,
—
—
Format
et
—
120 X 75
:
mm
(+
ou
-
2 mm)
N° d'ordre et signatures du Secrétaire et du Président à la plume
à l'encre violette
Non
filigrané - Cachet de la Chambre de Commerce au verso.
inscriptions noires sur papier fort bleu-gris
inscriptions noires sur papier fort bleu-gris
1 franc : inscriptions noires sur cartoline beige
2 francs : inscriptions n-oires sur cartoline beige
25 centimes
:
50 centimes
:
Société des Études Océaniennes
701
CHAMBRE DE COMMERCE
DES
à*i\*B*.l8«*-a*KTS VX.\rsÇAl9 »* t'OCKASIB
Arr*«* 4*
<N»
»»•»-
/fé>M
3t>*
1 fr.
stlUK n.
ÏJn franc,
Remboursable à vu - en Billets <1<*> in
Banque
de ri»do-Chine.
Le Secrétaire,
le Président,
WÊËœm
^ >v
«ÊB«E li.
C/j
/f t/fY? ? /
(coll. J.C. Raoulx)
Cette émission se révéla d'une part rapidement trop faible et d'autre
part le papier cartonné utilisé se détériorant facilement, il fut procédé à
une nouvelle émission de 300.000 F de Bons de dessin et de constitution
différents
(arrêté du 30/04/21).
Ils furent retirés en 1924 "après réception de métropole de jetons (?)
de 2
—
—
F, 1 F, 0 F 50, et de pièces de 0 F 25, 0 F 10 et 0 F 05".
Format
:
127 X 80
mm
Les signatures du Secrétaire et du Président (quand elles figurent) sont
apposées à l'aide d'un timbre de caoutchouc (encre bleue et noire)
vert sur fond jaunâtre - N° d'ordre en rouge
1 F - orange sur fond jaunâtre - N° d'ordre en noir
2 F - lie de vin - N° d'ordre en noir
0 F 50
Société des Études Océaniennes
702
(coll. J.C. Raoulx)
Banque de FIndo-Chine et de la Caisse Agricole,
banques privées s'installèrent à Tahiti :
La banque André KRAJEWSKI (et ALLGOEWER) fondée avant
1914 et qui dut fermer pendant la guerre. Elle fit imprimer du papier
monnaie qui n'eut jamais cours légal.
La banque CHIN-FOO qui sombra, elle aussi, dans une énorme
banqueroute mais dont le propriétaire mis un point d'honneur à
En dehors de la
deux autres
—
—
rembourser tous
créanciers.
ses
Banque "ANDRÉ KRAJEWSKI" (1920)
non
émis
118 X 72
Format
:
Recto
Femme assise couronnée, tenant un rameau dans la
:
mm
main
gauche, appuyée du bras droit sur un médaillon dans lequel figure la
BON POUR UN FRANC dans le coin droit.
valeur en chiffre
-
25 centimes - brun
50 centimes
1
franc - rouge
2 francs
Au début de ce siècle, le commerce à Tahiti porte essentiellement sur
l'exportation des produits du pays : coprah, vanille, oranges, nacres et
perles acheminés principalement sur les USA, la Nelle-Zélande et le Chili.
La
balance commerciale était
déjà déficitaire.
Érronés ou men¬
Ministre
songers sont les dires du Gouverneur ROBERT qui écrivait au
en novembre 1919 : "Les importations sont sensiblement
moins importantes que les exportations. Elles représentent annuellement
un chiffre de 8.000.000 de francs contre 12.000.000 de francs d'expor¬
des Colonies
tation"...?
Société des Études Océaniennes
703
Les petits épargnants ne plaçaient pas leurs modestes économies à la
banque qui ne leur garantissait qu'un taux d'intérêt des plus minimes (0 %
à la BI, 3 % à la CA) ; aussi vit-on dans les années "30" un important
trafic monétaire donner puissance à des usuriers qui prêtaient à des taux
pouvant aller de 30 à 40 %.
C'est l'époque des faillites retentissantes comme l'affaire KONG AH
qui amena bien du remue-ménage dans notre petite localité. On voit
d'ailleurs souvent revenir les mêmes noms dans ces scandales ou les
dénommés ROUGIER, oncle et neveu (dont le premier fut, pendant un
temps, Président de la Chambre d'Agriculture) se taillent, semble-t'il, la
part du lion !
Y eut-il des fraudeurs à Tahiti ?
L'application des lois réprimant "le trafic des monnaies et espèces
du
14/01 /1920) le laisserait croire. La maladroite destruction des archives du
Palais de Justice de Papeete lors de sa dernière reconstruction ne nous
permet malheureusement pas de dire s'il y eut beaucoup de contre¬
nationales" et "la fonte des monnaies d'or et d'argent" (arrêté
venants ?
On trouve
malgré tout trace d'un détournement de fond qui aurait
été commis lors de l'expédition en avril 1920 par l'agence centrale de la BI
de trois caisses contenant des formules de billets de banque à destination
de la succursale de
Papeete.
Ces caisses arrivèrent à Sydney le 21 juin par le SS. NALDERA puis
furent acheminées sur Wellington ou elles prirent le SS. TOFUA qui
arriva à Papeete
le 1er août.
qu'il manquait dans deux des caisses :
20 fr. (lettre Z, série 5)
300 coupures de 100 fr. (lettre F, série 7)...
On constata alors
—
—
98 coupures de
Trois ans plus tard, on arrêtait à Papeete le dénommé PAGE Henri,
marin sur le SS. TAHITI, qui tentait d'échanger 58 billets de 100 fr.
provenant du vol de 1920... mais il n'était que le N ième revendeur et le
reste fut considéré comme perdu "corps et biens".
5 F.
—
Banque de l'Indo-Chine (fabriqués par la Banque de France)
Type polychrome 1927
Format
150 X 94 mm
:
brun-rouge/lilas sur fond bleu pâle
Filigrane : tête de tonkinois vue de profil
Recto : à gauche dans un rond, profil de femme casquée en pendant, à droite, le filigrane
Verso : même disposition des cercles ; filigrane à gauche
et un gros chiffre 5 à droite - article 139 au centre.
Couleur
:
Société des Études Océaniennes
704
BANQUE DE L'iNOQ-CHiNE
CINQ FRANCS
PAYABLES EN ESPECES
AU PORTEUR
r
L'ARTICLE 139
DU CODE PÉNAL PUNIT
DES TRAVAUX FORCÉS
CEUX
QUI
CONTREFAIT
AURONT
OU
FAL-
| SI FI É LES BILLETS |
1 DE BANQUES AUTO- |
3 RISÉES PAR LA LOI. ï
20 F.
—
Banque de l'Indochine (fabrication B. de F.)
Type polychrome 1928
Format
180 X 94
:
Couleurs
mm
violacé et vert clair au recto
vert, jaune et brun au verso
Filigrane : à gauche : profil d'une tête de tonkinois
—
:
rouge
Recto
:
à droite
Verso
:
PAPEETE verticalement à gauche ; paon et
:
tête de femme laurée - valeur
au
centre
papillons
signé PRÉSIDENT et DIRECTEUR GÉNÉRAL
b) signé DIRECTEUR et ADMINISTRATEUR
Deux versions : a)
Société des Études Océaniennes
705
I BANQUE DEL INDOCHINE
I
PAYABLES EN ESPÈCES AU POKIEUR
]
PAPEETE
LE
100 F.
—
—
—
PRÉSIDENT.
l.R DIRECTEUR GÉNÉRAL.'
Banque de l'Indochine (fabrication B. de F.)
Type précédent surchargé
Surcharges noires horizontales et verticales
Pas de signature en dessous des surcharges verticales
Le Caissier et Le Directeur
Banque de l'Indochine (fabrication B. de F.)
Type polychrome 1931
100 F.
—
Format
—
205 X 120
:
Couleurs
:
mm
fond jaune, vert, marron,
lilas - chiffres rouges
Filigrane : profil d'une tête de tonkinois
Recto : au milieu, un buste de femme laurée, Minerve dans la main
Verso : au milieu, temple d'Anghor-Vat dans un grand cercle
Trois versions : a) signé : PRÉSIDENT et DIRECTEUR GÉNÉRAL
b) signé : PRÉSIDENT et ADMINISTRATEUR
c) signé : PRÉSIDENT et VICE-PRÉSIDENT
Société des Études Océaniennes
706
100 F.
—
Banque de l'Indochine (fabrication B. de F.)
Type polychrome 1931
Le même que le précédent mais imprimé "NOUMÉA" surchargé
"PAPEETE".
La valeur du franc
pacifique étant la même que celle du franc
métropolitain, certains billets de la B.I. qui ne furent émis que pour
un seul Territoire eurent malgré tout cours
dans tous les autres. C'est
le
cas
100 F.
—
du billet de
NOUMÉA décrit ci-dessous.
Banque de l'Indochine
Type 20 piastres d'Indo-Chine - polychrome (1928)
Valeurs rayées - surchargé "CENT FRANCS" et "NOUMÉA"
Format
156 X 84
:
Couleurs
multiples - chiffres en bleu (rayés) ;
banque en rouge
Recto : femme casquée tenant dans ses mains une couronne de laurier
au centre avec, au fond, 1a silhouette d'un
guerrier grec.
nom
:
de la
Société des Études Océaniennes
707
500 F.
—
Banque de l'Indo-Chine (fabriqués par la Banque de France)
Type polychrome 1927 - Émissions : 27 - 12 - 1927 et 8 - 3 - 1938
Format : 218 X 150 mm
Couleurs : bleu, violet et jaune
Filigrane : tête de femme de face
Recto : à gauche : femme debout, un rameau dans la main gauche,
la droite appuyée sur un écu (coq)
à droite : filigrane entouré de fruit - fond : bateaux au port
Verso : femme debout à droite
à gauche : filigrane entouré
de plantes - fond de bateaux
-
-
BARQUE, de t'IRiOO CHINE
CINQ CENTS
FRANCS
-.s
PAYABLES EN ESPECES
A VUE. AU PORTEUR
(coll. Mongardé)
Société des Études Océaniennes
708
1000 F.
—
Banque de l'Indochine (fabrication B. de F.)
Type polychrome 1938
Format
—
210 X 120
:
Couleurs
brun
mm
jaune - bleu clair - vert pâle
Filigrane : tête de femme vue de face
Recto & verso : scènes de la vie indigène (marché) - filigrane au centre
Deux versions : signatures "PRÉSIDENT"
et "DIRECTEUR GÉNÉRAL"
signatures "PRÉSIDENT" et "VICE PRÉSIDENT'
:
-
Timbres "PÉCULE" Sp. 4 (1924-1939)
:
r»A^T^ ikiin
fÏBU|S|MÉ^ ::C1L,OCEANIE^
L'ocËANiE J? :(LL'OCEANIE J? :C1L-oceanie_J?
f^U|S£H^îf?
^DU^MÊf^
.L'OCEANIE J)
L'OCKANIE
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L'OCEAN I1E,
^abussemë^
_L'0CEAN1E„
:
: ^BLÏpïÊ^ : ^BUpM^
C L'OCËANIE Jj : ^êUSS^ME^
L'OCËANIE J? - jL L'OCEANIE 13 :kl L'OCËANIE
BS 1SS3 iHig
Société des Études Océaniennes
^L'OCEANIE
igss!
.,1
709
Il y eut entre
1920 et 1939 une importante immigration de mainasiatique (phosphates, canne à sucre, coton et autres essais
d'implantation), particulièrement des Tonkinois. Ces gens, comme
beaucoup d'autres marins, avaient touché de nombreux ports avant
d'arriver à Tahiti et avaient obligatoirement au fond de leurs poches
quelques piécettes provenant de leur propre pays ou des pays d'escale et il
n'est donc pas rare de découvrir, oubliées dans un vieux tiroir ou perdues
dans un jardin, des pièces de Chine, des Indes, du Siam...etc... dont les
dates de frappe s'échelonnent entre 1880 et 1920 ; jamais cependant de
grosse valeur.
d'œuvre
La Chambre d'Agriculture délivra à ces immigrants des contrats de
travail
sous forme de livrets individuels dans lesquels il était spécifié
qu'une partie du salaire serait obligatoirement prélevée et transformée en
timbres qui, collés sur un livret annexe, seraient remboursés à l'expiration
du contrat soit sur le territoire si l'ouvrier décide de s'installer en tant que
résident libre, soit dans son pays d'origine lors de son retour... ?
En consultant ces livrets on peut se faire une idée des salaires
pratiqué durant cette période d'avant la deuxième guerre mondiale.
Les timbres utilisés étaient tout simplement des vignettes postales
provenant de vieux stocks sur lesquelles fut apposée la surcharge
//
yyes-
<CX
¥
IMMIGRATION
Enga^isle ;
PÉCULE
(Valeur)
Recruteur ;
F-,
A..
LAPICQUE
HAIPHOItQ
Il y eut
4 valeurs :
10
F/20 F
20 F/5 F
30 F/4 c
60 F/30 c
ARTE
CARTE
OUV. • COrllH.
OUV.
CONTR.
•00192
M
Société des Études Océaniennes
710
Salaire
Art. 9
Avances
-
-
Pécule - Crédit
Le salaire mensuel minimum est fixé
-
Pour les hommes
comme
suit
(à partir de 18 ans)
1ere et 2e années
80 francs
3e année
90 francs
4e et 5e années
100 francs
..
Ouvriers rengagés
120 francs
Pour les femmes
lere et 2e années
(ou filles à partir de 18 ans)
50 francs
60 francs
70 francs
80 francs
...
3e année
4e et 5e années
Ouvrières rengagées
A
A
:
partir de 15 ans
partir de 12 ans
Garçons
Filles
50 frs
40 frs
30 frs
30 frs
Il est payable le premier jour du mois suivant, et est dû même lorsque
l'ouvrier ne travaille pas, en dehors des cas prévus ci-dessus, du moment
qu'il était prêt à travailler.
L'ouvrier recevra au moment de la passation du présent contrat une
avance
de Dix piastres (10 $ 00) qui sera retenue par quart sur les salaires
de quatre
Cette
premiers mois, au taux officiel de la piastre.
portée au double si le travailleur est marié et
accompagné de sa femme.
avance
art. 10
-
sera
L'engagiste tiendra un registre où il inscrira les journées
de présence au travail des gages dûs les journées retranchées et le motif,
les rations fournies et
l'époque de délivrance des effets d'habillement.
Ce
registre sur lequel seront également consignés les paiements
effectués, sera présenté aux agents de l'Administration à toute réquisition
de leur part.
Les salaires sont
décomptés par trentième de salaire mensuel.
Art. 11
Il sera prélevé d'office, chaque mois, sur le salaire acquis
les ouvriers en vue de la constitution du pécule leur appartenant en
propre une somme de vingt francs pour les hommes adultes et de dix
francs pour les hommes et les adolescents de moins de 18 ans.
-
par
Cette somme sera versée mensuellement à un compte pécule qui
fonctionne dans les conditions fixées par un arrêté du Gouverneur de la
Nouvelle-Calédonie, Haut-Commissaire de la France
aux
Nouvelles-
Hébrides.
A l'expiration de son contrat, la totalité du pécule sera versée à
l'ouvrier à son retour en Indochine (5 piastres à Haiphong et le reste au
Chef-lieu de sa province d'origine) ou au Bureau de l'Immigration, s'il le
Société des Études Océaniennes
711
demande et à la condition qu'il contracte un engagement d'un minimum
de 2
ans.
Toutefois, le pécule sera remis immédiatement au travailleur qui,
l'expiration de son contrat, accepterait de se fixer dans un
arrivé à
groupement rural en
qualité de résident libre.
La coupure avec la métropole
occasionnée par la deuxième guerre
obligea le Gouvernement des Établissements Français de
l'Océanie à faire imprimer localement des "Bons de Caisse".
mondiale
—
BON DE CAISSE DES ÉTABLISSEMENTS FRANÇAIS
LIBRES DE L'OCÉANIE
7 4
1242 - sujet : croix de Lorraine dans un écusson surmonté d'un
flambeau tenu par une main.
-
—
—
—
—
-
50 CENTIMES - orange et vert
1 FRANC - jaune et vert
2 FRANCS
-
bleu
BON DE CAISSE DES
25
-
—
—
—
—
sujet : guirlande de feuilles et fruits sur les côtés bas - entourant les inscriptions et valeurs marquées
9 - 1943 -
vagues en
au
ÉTABLISSEMENTS FRANÇAIS
L'OCÉANIE
DE
centre
50 CENTIMES - orange
1 FRANC - vert
2 FRANCS - bleu
2 F 50 - rouge
Société des Études Océaniennes
712
BON DE CAISSE
Format
.
-,
109 X 72
:
fL
* "
«»Mi* w» tm0
«
-
1943
mm
■'
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Recto
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-
[
»!?*}
« WÏ,*Tlf-
é***t
Verso
(coll. Carbayol)
Société des Études Océaniennes
713
Ces
petites coupures n'étaient cependant pas assez nombreuses et
rendre la monnaie certains commerçants s'octroyèrent le droit
d'émettre des bons de leur fabrication, simples bouts de carton (avec
quelquefois un timbre-poste de la valeur correspondante) portant au
pour
verso
le cachet de la Société...
D'où l'Arrêté N° 260 du 24
mars
1942
:
ARRÊTÉ n° 260 a.g.f. interdisant dans la colonie l'émission
particuliers et les commerçants de "Bons" destinés à suppléer
le soi-disant manque de monnaie d'appoint.
par les
(Du 24 mars 1942)
LE GOUVERNEUR DES
ÉTABLISSEMENTS FRANÇAIS
LIBRES DE L'OCÉANIE, OFFICIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
Vu le décret organique du 28 décembre 1885 concernant le
gouvernement de la colonie et les actes modificatifs subséquents ;
Vu la
proclamation du 2 septembre 1940 ;
Vu le décret du 6 mars 1877, modifié par celui du 20 septembre 1877
rendant
applicable dans les colonies, le code pénal métropolitain ;
Vu le décret du 22
mars
1880 concernant les émissions, par
l'Administration locale des Établissements français de l'Océanie, de "bons
de caisse" ;
Vu le décret du 25 août 1937, modifié par le décret du 25 avril 1938
relatif à la répression de l'augmentation illégitime des prix ;
Vu l'arrêté du 22 mai
1940 relatif à la carte de commerçants
étrangers ;
Considérant les circonstances présentes résultant de l'état de guerre
besoins d'une plus grande quantité de monnaie divisionnaire pour
les transactions intérieures de la colonie ;
et les
Considérant l'émission de "Bons de caisse" de 2 fr. et 1 fr. déjà faite
par l'Administration locale, sous les garanties prescrites, et son intention
de procéder à d'autres émissions dans les mêmes conditions ;
Vu la tendance de plus en plus marquée par certains commerçants
"en rendant la monnaie" de faire l'appoint au moyen de simples
"bons"
portant leur signature ;
Vu
nécessités de faire respecter
les
tendant notamment à éviter la hausse
Le conseil
les décisions administratives
illicite des prix ;
privé entendu le 23 mars 1942,
ARRÊTÉ :
Article 1 - Est interdite sous les peines énoncées ci-après l'émission
autorisation spéciale, par les particuliers et les commerçants, de bons
destinés à suppléer le soi-disant manque de monnaie d'appoint.
sans
dispositions de l'art. 1 ci-dessus,
officiers de police judiciaire, ainsi que par tous
les agents assermentés qualifiés pour dresser les procès-verbaux en
matière de hausse illicite des prix.
Art. 2
-
Les contraventions aux
seront constatées par les
Société des Études Océaniennes
714
Art.
3
Les contraventions
aux dispositions de l'art.
1 ci-dessus
1 à 100 fr. et d'un emprisonnement de 1 à 5
jours ou de l'une de ces deux peines seulement, sans préjudice des peines
applicables pour hausse des prix, s'il y a lieu : s'il s'agit d'un commerçant
étranger, sa carte spéciale de commerçant pourra lui être retirée
définitivement ou pour une période déterminée, par simple décision du
-
seront punies d'une amende de
gouverneur.
Art. 4 - Le
présent arrêté, provisoirement exécutoire, devra être
prévus.
Il sera enregistré, communiqué et publié partout ou besoin sera.
converti
décret dans les délais
en
Papeete, le 24 mars 1942
ORSELLI
Le Gouvernement de la France Libre fit ensuite imprimer les billets
de la
Banque de l'Indochine en Australie puis aux États-Unis.
5 F.
Banque de l'Indochine
—
Type "Minerve" - fabriqué en 1944 à Sydney
Format
Pas de
Recto
au
:
mm
bleu foncé et vert clair
filigrane
:
femme laurée portant une Minerve dans la main droite
article 139 dans le coin en haut à gauche
centre
Verso
148 X 95
:
Couleurs
:
-
temple d'Angkor-Vat dans un grand cercle central.
Société des Études Océaniennes
715
20 F.
—
Banque de l'Indochine
Type australien - fabriqué à Sydney en 1944
Format
160 X 63
:
Couleurs
mm
jaune, sépia et brun foncé
Pas de filigrane
Recto : buste de femme laurée à gauche, radeau à voile au centre,
indigène assis à droite
Verso : masque stylisé au centre sur fond de feuilles et de fruits (uru)
100 F.
—
:
Banque de l'Indochine
Type vert - 50 piastres surchargé 100 francs (fabrication US)
Format
Couleur
153 X 63
:
:
vert
-
fond blanc (R = N° d'ordre et de
(V = lettres bleues)
Pas de
Recto
vendeuse tonkinoise offrant
ses
gâteaux
bas relief d'Angkor
Deux versions : signature manuscrite
Verso
—
filigrane
:
:
signature imprimée
Société des Études Océaniennes
série en rouge)
716
1000 F.
—
Banque de l'Indochine
a) sans date d'Émission (1943)*
Type bleu - 100 piastres surchargé 1000 francs (fabrication US)
Format
Couleur
178 X 76
:
:
bleu
mm
(inscriptions de surcharge noires)
Pas de filigrane
—
*
Recto
:
Verso
:
partie du temple d'Angkor (Bouddhas)
à paniers
file de porteurs du fléau
b) avec dates d'Émission (1945 & 1954)
- date d'émission en haut, à droite, sous PAPEETE
Même type
Deux versions
:
La
signature de droite est manuscrite
signatures sont imprimées.
Les deux
Société des Études Océaniennes
717
PAPEETE
™w i^maw»;
yg £ *1 f ,* gJ
^^MfiSBl
(coll. J.C. Raoulx)
Jusqu'à la deuxième guerre mondiale, le Franc Pacifique équivalait
France n'étaient
pas acceptés par les commerçants de la place, ils étaient facilement
échangeables, franc pour franc, à la Banque.
Les pièces de monnaie courante étaient celles de la métropole.
On s'aperçut, à la fin de la guerre, qu'à la suite du trafic
presqu'
exclusif avec les U.S.A. durant celle-ci et de l'occupation des troupes
américaines à Bora Bora, le Franc Pacifique était passé sans bruit dans la
zone dollar (44 FCP
pour 1 $).
Le problème se posant d'ailleurs pour tous les Territoires d'OutreMer, on promulga le 25 décembre 1945 un Décret fixant les nouvelles
valeurs des monnaies particulières à ces pays.
au
Franc Métropolitain et si les billets de la Banque de
ARRÊTÉ n° 1125 c, promulguant un acte du pouvoir central.
(Du 25 décembre 1945)
L'ADMINISTRATEUR EN CHEF DES COLONIES,
GOUVERNEUR P.I. DES ÉTABLISSEMENTS FRANÇAIS
DE L'OCÉANIE,
Vu le décret organique du 28 décembre 1885, concernant le
Gouvernement de la Colonie, et les actes modificatifs subséquents ;
Vu la dépêche ministérielle n° 511 du 10 septembre 1931 relative à la
promulgation et à la publication dans les colonies des lois, décrets,
instructions
et
arrêtés ministériels ;
Vu le télégramme n° 449/CH du 24 décembre
1945 du Ministre des
Colonies,
ARRÊTÉ :
Article 1
Est promulgué dans les Établissements français de
l'Océanie, pour y être exécuté suivant ses formes et teneur, le décret du 25
-
décembre
1945 fixant la valeur de certaines monnaies des territoires
d'outre-mer, libellées en francs.
Société des Études Océaniennes
718
Le présent arrêté qui entrera immédiatement en vigueur
enregistré, communiqué et publié partout où besoin sera, et vu
l'urgence par voie d'affiches et du "Bulletin de Presse".
Papeete, le 25 décembre 1945
Art. 2
-
sera
HAUMANT
DÉCRET fixant la valeur de certaines monnaies
des territoires d'outre-mer, libellées en francs.
(Du 25 décembre 1945)
Le Président du Gouvernement
provisoire de la République
française,
proposition du Ministre des finances et du Ministre des
Sur la
colonies ;
Vu le sénatus-consulte du 30 mai 1854 ;
Le conseil d'État entendu,
DÉCRÉTÉ :
A compter du 26 décembre 1945, les monnaies libellées
Article 1
francs des territoires d'outre-mer suivants : Afrique Occidentale
-
en
française, Afrique Équatoriale française, Cameroun, Togo, Somalis,
Madagascar, ont une parité de cent francs de ces territoires pour cent
soixante-dix francs. Ces monnaies constituent le groupe des francs des
Colonies françaises d'Afrique (Franc-F-A-).
Art. 2
A compter du 26 décembre 1945, les monnaies libellées en
francs, de la Nouvelle-Calédonie, des Nouvelles-Hébrides et des
Établissements français de l'Océanie, ont une parité de cent francs de ces
territoires pour deux cent quarante francs. Ces monnaies constituent le
groupe des francs des Colonies françaises du Pacifique (Franc-C-P-).
Art. 3
La monnaie libellée en franc de Saint-Pierre et Miquelon a
la même parité par rapport au franc, que les Colonies françaises
d'Afrique.
-
-
Art. 4
-
Le Ministre des finances et le Ministre des colonies sont
chargés de l'exécution du présent décret, qui sera publié au Journal
Officiel de la République française.
Fait à Paris, le 25 décembre 1945
C. DE GAULLE
Par le Président du Gouvernement
de la
provisoire
République Française :
Le ministre des finances,
R. PLEVEN
Le ministre des colonies
Jacques SOUSTELLE
Cette parité passe à 4,32 le 25 janvier 1948 et à 5,5 quelques mois plus
tard (elle retombera à 0,055 lors de la réactualisation du Franc Français
en
1959).
Société des Études Océaniennes
719
Les premières pièces originales en alluminium portent la légende
"ÉTABLISSEMENTS FRANÇAIS DE L'OCÉANIE". Elles sont émises
par le Trésor.
VALEUR
ANNÉE
TIRAGE
MÉTAL
50 C.
1949
795.000
Aluminium
1 F.
1949
2.000.000
Aluminium
2 F.
1949
1.000.000
Aluminium
5 F.
1952
2.000.000
Aluminium
Essais pour toutes les valeurs, en aluminium et en
C, 1 F. et 2 F.
Piedforts en aluminium.
cupro-nickel pour
les 50
20 F.
—
Banque de l'Indochine (fabrication B. de F.)
Type polychrome - 1951
Format
—
132 X 72
:
Couleurs
brun, vert, bleu et orange - inscriptions en rouge
Filigrane : profil de tête de tonkinois
Recto : Buste de berger - troupeau de moutons et gardiens
Verso : Buste de provençale - motifs divers - fruits
Trois versions : signé "PRÉSIDENT' et "DIRECTEUR GÉNÉRAL"
"PRÉSIDENT' et "ADMINISTRATEUR"
"PRÉSIDENT" et "VICE-PRÉSIDENT'
:
Société des Études Océaniennes
720
Le Décret N° 67267 du 30 mars 1967 fixe le statut de l'INSTITUT
D'ÉMISSION D'OUTRE-MER qui est responsable des émissions de
billets pour les Territoires français.
Le premier billet imprimé par cet Institut pour la Polynésie est un
100 FRANCS (1969) qui remplacera petit à petit les autres billets de
même valeur encore en circulation. Il disparaîtra lui-même au profit d'une
pièce émise en 1976.
^
100 F.
—
-
I.E.O.M.
Type polychrome (couleur dominante : brun-jaune)
Format : 140 X 75 mm
Impression : gravure ou offset
Filigrane : tête de Marianne avec bonnet phrygien
Recto : vue du port de Papeete - Moorea - Vahine jouant de la guitare
à droite
Tiki à gauche
Verso : vue de Nouméa
tête de femme canaque à gauche
-
-
-
—
Deux versions
:
avec
ou
sans
la mention
"RÉPUBLIQUE FRANÇAISE"
Société des Études Océaniennes
721
500 F.
—
-
I.E.O.M.
Type polychrome - mars 1970 - (couleur dominante : bleu)
Format
:
150 X 80
mm
Filigrane : profil de Marianne avec bonnet phrygien et
Recto
centre, paysage des
F
Marquises - pirogues à voiles à droite, buste d'un pêcheur marquisien
Verso : au centre, paysage de Nelle-Calédonie (Hienghène) à gauche, tête d'homme des Iles Loyauté.
:
au
INSTITUT D'ÉMISSION
û'OUTRE-MER *>,
;
.iÉ DIRECTEUR
\ OÊNÊFAt.
RRÏStOENT DO CONSEIL
DE
SURVEIllANCE.^-
CENTS FRANCS
Société des Études Océaniennes
722
1000 F.
—
-
I.E.O.M.
Type polychrome (couleur dominante : rouge-orange)
Format
:
160 X 85
^
Filigrane : profil de Marianne avec
Recto
:
case
^
ancienne tahitienne - tête de vahine à droite
Verso : église de Vao (Ile des Pins) - case de réunion
—
Deux versions
:
avec ou sans
la mention
"RÉPUBLIQUE FRANÇAISE".
INSTITUT
D'ÉMISSION D'OUTRE-MER
fttiHiT mT1 0 5 0 4 0 2 6 3
l
MILLE
'oêuép.Ai
.
^.
FRANCS
11 III II'III IIIWIIIIIIBilliill—llllllll II
INSTITUT
D'ÉMISSION POUTRE-MER
l
Société des Études Océaniennes
(Nelle-Calédonie)
723
5000 F.
—
-
I.E.O.M.
Type polychrome (couleur dominante : vert)
Format
:
170 X 90 mm
^
Filigrane : profil de Marianne avec
^
de trois mâts sous filets de pêche Buste de Bougainville à gauche - sextant à droite.
Verso : au centre, une pirogue pontée calédonienne sur fond de pins
colonnaires
Buste de l'Amiral Fébvrier-Despointes à droite.
Recto
:
au
centre, une flottille
-
INSTITUT D'ÉMISSION
D'OUTRE-MER
0 0 0 8 7 5 1 1 2
t
RlèlJBLIOUE FRANCAJ0 r'
MILLE FRANCS
.
T7n°A k
INSTITUT
D'ÉMISSION
D'OUTRE-MER HP
Société des Études Océaniennes
724
MÉTAL
VALEUR
ANNÉE
50 C.
1965
500.000
Aluminium
1 F.
1965
4.300.000
Aluminium
1 F.
1975
2.000.000
Aluminium
1 F.
1977
2 F.
1965
2 F.
1973
2 F.
1975
*
—
—
—
TIRAGE
1.750.000
1.000.000
OBSERVATIONS
avec
I.E.O.M./avers*
avec
I.E.O.M./avers
Aluminium
avec
I.E.O.M.
Aluminium
avec
I.E.O.M.
avec
I.E.O.M.
avec
I.E.O.M.
avec
I.E.O.M.
Aluminium
2 F.
1977
Aluminium
2 F.
1979
Aluminium
5 F.
1965
1.520.000
Aluminium
5 F.
1975
500.000
Aluminium
10 F.
1967
1.000.000
Nickel
10 F.
1972
300.000
Nickel
avec
I.E.O.M.
10 F.
1973
400.000
Nickel
avec
I.E.O.M.
avec
I.E.O.M.
10 F.
1975
1.000.000
Nickel
20 F.
1967
750.000
Nickel
20 F.
1969
250.000
Nickel
20 F.
1970
500.000
Nickel
20 F.
1972
300.000
Nickel
avec
I.E.O.M.
20 F.
1973
300.000
Nickel
avec
I.E.O.M.
20 F.
1975
700.000
Nickel
avec
I.E.O.M.
20 F.
1977
Nickel
avec
I.E.O.M.
50 F.
1967
600.000
Nickel
50 F.
1975
500.000
Nickel
avec
I.E.O.M.
100 F.
1976
Cuivre
avec
I.E.O.M.
I.E.O.M.
=
Institut d'Émission d'Outre-Mer
Essais pour les 10 F., 20 F. et 50 F. en nickel
Piedforts pour les 10 F., 20 F. et 50 F. en nickel; argent et or
Fleur de coin
Société des Études Océaniennes
725
Annexe à l'arrêté n° 115
TABLEAU DES MESURES
LÉGALES
Loi du 18 germinal an
III
NOMS
SYSTÉMATIQUES
VALEUR
Mesures de
Myriamètre
longueur
10,000 Mètres
Kilomètre
1,000 Mètres
Hectomètre
100 Mètres
Décamètre
10 Mètres
Mètre
Unité fondamentale des poids et
mesures*, dix-millionième partie
du quart
du méridien terrestre
Décimètre
Dixième du mètre
Centimètre
Centième du mètre
Millimètre
Millième du mètre
Mesures
agraires
Hectare
Cent
Are
Cent mètres carrés,
ares
ou
10,000 mètres carrés
carré de 10 mètres de côté
Centiare
Mesures de
Kilolitre
Hectolitre
Centième de l'are
mètre carré
100 litres
Décalitre
10 litres
Litre
Décimètre cube
Décilitre
ou
capacité pour les liquides et les matières sèches
1,000 litres
Dixième du litre
Mesures de solidité
Décastère
Dix stères
Stère
Mètre cube
Décistère
Dixième du stère
Poids
1,000 kilogrammes, poids du mètre cube
d'eau et du tonneau de
mer
kilogrammes, quintal métrique
1,000 grammes, poids dans le vide
100
Kilogramme
d'un décimètre cube d'eau distillée
à la
Hectogramme
Décagramme
température de quatre
degrés centigrades**
100 grammes
10 grammes
Société des Études Océaniennes
726
Poids d'un centimètre cube d'eau
Gramme
à quatre
degrés centigrades
Décigramme
Centigramme
Milligramme
Dixième de gramme
Centième de gramme
Franc
Cinq grammes d'argent au titre
Millième de gramme
Monnaie
de neuf dixièmes de fin
Décime
Dixième du franc
Centime
Centième du franc
(*) L'étalon prototype en platine, déposé aux archives le 4 Messidor an VII, donne le longueur
quand il est à la température de zéro.
(**) L'étalon prototype en platine, déposé aux archives le 4 Messidor an VII, donne dans le
vide le poids légal du kilogramme.
du mètre
Arrêté du 31 mai 1847 interdisant d'utiliser sur
le Territoire tous autres poids et mesures que ceux .indiqués
dans le tableau ci-dessus
BIBLIOGRAPHIE
Archives de l'Administration locale
-
Papeete
Le "MEMORIAL POLYNÉSIEN" - Éditions "Hibiscus" - Papeete 1978
Alexandre SALMON
(1820-1866) et sa femme ARIITAIMAI - Publi¬
cations de la Société des Océanistes n° 11
-
Paris 1964
au temps de la reine POMARE de P. O'REILLY - Société des
Océanistes n° 37 - Les Éditions du Pacifique
Tahiti
of World Paper Money par Albert PICK - Krause
Publications, IOLA WISCONSIN, USA
Standard Catalog
Standard
Catalog of World Coins par Chester L. KRAUSE & Clifford
Krause Publications, IOLA WISCONSIN, USA
MISHLER
-
Coins of the World (1750-1850) par William D. CRAIG - Western publi¬
shing Compagny, Inc. - RACINE WISCONSIN, USA
Société des Études Océaniennes
727
Les Teva
ancienne
dynastie tahitienne
Il est écrit dans la Genèse qu'Adam donna un nom à tous les
animaux. C'est dire l'importance primordiale du nom et presque sousentendre que ce qui n'a pas de nom n'existe pas. On peut expliquer cette
sentence à l'ancienne dynastie tahitienne
d'existence pour beaucoup
qui, faute d'avoir un nom n'a pas
de nos contemporains.
A quoi faut-ilNimputer cette lacune ? tout simplement au fait que
l'ancienne civilisation tahitienne n'avait pas adopté le principe du nom
patronymique. Chaque personne recevait une appellation qui pouvait
remémorer un ancêtre ou un épisode saillant de son existence, et, pour
faire connaître à quelle famille elle appartenait, elle devait réciter sa
généalogie.
Dans les familles aristocratiques, les noms étaient rattachés au marae
ancestral, le fait de pouvoir se rattacher à un marae servait de titre de
noblesse et de
propriété.
La nouvelle dynastie qui commence avec Tu Vairaatoa, qui adopta le
nom
de Pomare, a suivi les principes européens. Ainsi, elle a conservé le
nom
de Pomare qui à l'origine n'était qu'un surnom et utilisé les numéros
II, Pomare IV etc... Remarquons que le principe
européen fut mal appliqué puisque l'on ne dit pas Bourbon IV ou
d'ordre
:
Pomare
Bourbon XIV mais bien Henri IV et Louis XIV.
Cette dynastie étant la dernière en date est aussi la seule connue des
européens. Pourtant son règne n'a pas duré un siècle alors que l'ancienne
dynastie remonte à la nuit des temps ; ses fondateurs sont d'ailleurs
appelés "Arii no te pô", les princes de la nuit.
Parmi les plus anciens l'histoire a retenu les noms de Taaroa-TahiTumu pour Havaiiki (Raiatea), Ofaihonu, et surtout de son fils Vavau le
célèbre navigateur qui donna son nom à l'île aujourd'hui appelée
Porapora.
En effet, on trouve à l'origine deux dynasties, l'une établie à
Havaiiki, l'autre à Vavau, elles fusionneront par la suite.
Société des Études Océaniennes
728
La première intronisation d'un souverain retenue pas nos traditions,
est celle de
Teraiho'aho'a-ia-Tane descendant de Taaroa-Tahi-Tumu. Il
ceignit le maro ura et le maro tea à Opoa sur le premier marae royal
connu, le marae Vaearai.
les anciens polynésiens le "maro ura" et le
depuis les temps mythiques, correspondent à la
couronne royale des européens. Ce sont des symboles sacrés du pouvoir,
considérés comme d'origine divine, gardés par les grands prêtres dans
l'enceinte du marae royal.
Rappelons
"maro
tea",
que pour
connus
Teriho'aho'a-ia-Tane, Terii-maro-tea épousa la
princesse héritière de Vavau, Tetuanuireia-na-ahu-e-rua o Vaiotaha,
descendante de Ofaihonu, et fonda la dynastie des "Arii Maro tea" de
Le fils aîné de
Vavau.
Avant cette époque des chefs guerriers de Havaiiki avaient effectué la
conquête de Hitinui appelé plus tard Tahiti, alors habitée par les
Manahune, eux aussi des polynésiens, mais de culture inférieure.
Après la conquête, Firiamata o Hiti, fils de Vavau, avait quitté son
île natale (Vavau) pour venir s'établir à Hitinui. Il y épousa Tetuanui i
Vaiari fille d'une puissante famille
manahune et qui avait pour père un
guerrier de Havaiiki, de leur union naquit Tetoaotemoana alias
Terii te moana rau qui épousa Hiti de Punaauia.
chef
On peut dire que la dynastie tahitienne des Teva commence
véritablement avec le Fils de Teriitemoanarau, nommé Tetuna'e nui et
surnommé le
législateur. En effet, Tetuna'e le législateur fut le premier
prince de cette lignée à ceindre le "maro ura" et le "maro tea" sur le marae
de Farepu'a qui avait été construit à son intention à Vaiari. Il tenait
légitimement le "maro ura" et le "maro tea" de son grand-père Firiamata
o Hiti fils de Tetuamatatini, princesse héritière de Havaiiki et donc
titulaire des deux "maro", et petite-fille de Taaroa-Tahi-Tumu. C'est le
début du règne des "Arii rahi" à Tahiti, soit vers le Xe siècle.
Tetuna'e nui épousa Heumaiterai i Vaiotaha fille de Teriimarotea, ce
qui renforça encore les liens entre les trois dynasties de Havaiiki, Vavau et
Hitinui ; en fait il s'agit d'une seule et même famille.
Les
conquérants venus de Havaiiki avaient débarqué à Vaiari qui
devint le centre politique de Hitinui, puis ils firent la conquête de l'île
entière. Par conséquent, Tetuna'e nui régna sur toute l'île à laquelle il
donna ses lois. On peut parler d'un royaume unifié du vivant de Tetuna'e
nui, mais cette situation devait se modifier après sa mort puisqu'il institua
le principe des apanages pour ses petits enfants.
A partir de ce moment, des cadets de la famille royale reçurent des
principautés où ils devinrent pratiquement indépendants, tout en
reconnaissant la suzeraineté de Vaiari. C'est le début du "Hau Matati'a",
c'est-à-dire une organisation du type féodal ou seigneurial.
Société des Études Océaniennes
729
Le fils de Tetuna'e nui, Aumoana i Farepu'a épousa Teuraiterai
princesse héritière d'Aimeo (Moorea), fille du grand Marama (Les
Marama sont une famille princière apparentée à la famille royale des îles
sous le vent).
De leur union naquit Tetuna'e 2ème du nom, pour lequel fut édifié le
marae
Tahiti, situé à la limite de Vaiari du côté de la presqu'île appelée
alors Hiti-iti. Ce prince fut consacré sur le marae Tahiti, ceint du "maro
ura" et du "maro tea", et reçut le titre de Terii nui o Tahiti ce qui signifie
le grand roi de Tahiti (Arii nui maro ura sommet de la hiérarchie des
"arii")
Terii nui o Tahiti épousa sa petite cousine Terânui i Vaiotaha,
princesse héritière de Vavau (Porapora). Ils eurent plusieurs enfants dont
la célèbre princesse Hotutu qui se maria avec Temanutunu'u grand chef
de Punaauia. De leur union naquit Teriitemoana rau, pour lequel sera
édifié le marae Punaauia (situé à l'embouchure de la Punaru'u)
Temanutunu'u étant parti pour les îles Tuamotu à la recherche de plumes
rouges, ne donna plus de ses nouvelles pendant plusieurs années. Durant
son absence un prince de Opoa Varimatauho'e du marae Vaearai vint à
Vaiari et fut reçu par Iotutu. Celle-ci croyant son mari décédé vécut dans
l'intimité de Varimatauho'e.
lorsque son mari revint des îles. Obligé de la
quitter, Varimatauho'e lui fit ses dernières recommandations : si elle
mettait au monde un fils, il devrait être appelé "Teva" et sa naissance
serait annoncé par l'éclair, le tonnerre, le vent et la pluie.
Elle était enceinte
D'où le célèbre cri de ralliement et de guerre :
Teva te mata'i, Teva te mamari
na Ahurei
Teva la pluie, Teva le vent, Teva les œufs de poisson,
Des œufs chers à Ahurei (déesse du vent)
Teva te ua,
Mamari iti
au
A la naissance de l'enfant qui était bien un fils, Hotutu fit édifier à
Papara le marae Matao'a, (qui appartient encore à la famille) dont la
pierre de base provenait du marae royal de Farepu'a... Son fils Teva fut
consacré "Arii nui maro tea" sur ce marae et régna par conséquent sur
Papara.
Il eut plusieurs enfants de deux lits et grâce à l'appui de sa mère, il les
fit régner sur différentes principautés :
Feu ou Vaiari sur Vaiari iti (Atimaono), Mataiea sur Vaiuriri,
Afaahiti sur Faahitirai, Vaira'o sur Vaiuru, Hui et Taiarapu ("Une fille)
sur le reste de la presqu'île.
Ce sont donc les enfants de Teva qui ont donné leurs noms à ce qui
est devenu
par
la suite districts puis communes. Étant donné cette
situation et la grande notoriété attachée à Teva, on peut fort bien donner
son nom
à la dynastie des anciens rois de Tahiti bien qu'il n'en ait pas été
le fondateur.
Société des Études Océaniennes
730
Teva craignant que des dissenssions ne surgissent entre ses enfants,
demanda à sa mère Hotutu souveraine régnante, d'organiser une grande
assemblée à Papara. A cette occasion fut établi une fédération groupant
les principales principautés et une alliance défensive dont Teva prit la tête,
et connue sous le nom de "Te Api
Nui o Teva". (La grande Alliance des
Teva).
Cette fédération comprenait Papara qui en était le centre, Atimaono,
Mataiea, Vaiari, formant le Teva i uta, et Afaahiti, Vaira'o, Hui et
Taiarapu formant le Teva i Tai. Ces huit principautés constituant ce
qu'on appelle "Na Teva e vau" chantées encore de nos jours dans les
Tara va.
A ce propos nous voudrions faire justice d'une formule "le clan des
Teva" utilisée sans discernement par Ariitaimai (mais peut-être est-elle
due à Henry Adams, de toute façon, le vocabulaire ethnologique était loin
d'être fixé à cette
époque là).
Rappelons la définition du dictionnaire (Robert) : Clan =
Groupement social primitif, que nous compléterons par la rubrique
"clan" de l'"Encyclopédia Universalis" : - Le lien du clan au totem est très
général, mais non pas absolument nécessaire : (On peut trouver des clans
sans totems, mais non des totems sans clan : Marcel
Mauss). Enfin, il ne
faut pas oublier que "clan" fait partie de la terminologie de l'observateur
et non de celle des sociétés étudiées
à l'exception pour une certaine
période de l'histoire de l'Écosse et de l'Irlande.
-
Nous avons vu que les Teva constituaient une grande alliance ou une
fédération ; en
l'espèce, le terme de clan est par conséquent tout à fait
impropre.
Après la mort de la reine Hotutu, son petit-fils Hurimaavihi ; lui
succéda à Vaiari mais à la suite de sa conduite scandaleuse il fut déchu
par
père Teriitemoanarau et le grand prêtre Teao suivant les lois
dynastiques. Teriitemoanarau choisit l'aîné de Teva pour lui succéder ;
mais Aumoana devait remplacer son père à la tête de la principauté de
Papara, et c'est ainsi que le pouvoir politique passa à Papara.
son
Cependant, Vaiari conserve une suprématie de prestige et une
religieuse en tant que berceau de la monarchie et de la religion
avec le marae de
Farepu'a, premier marae royal dont les autres marae
principaux de Tahiti ne sont que des rameaux.
autorité
En effet, ces principaux marae ont été édifiés par des princes issus de
Tetuna'e nui le
législateur, avec des pierres de base provenant de
Farepu'a ; ces princes régnaient sur l'autre partie de Tahi,ti... Environ un
siècle après la mort de Teva, Teriitua prince de Hitiaa et Tetuanui e
marua i te rai
prince de Punaauia se rendirent à Vaiari où régnait alors
Terii nui o Tahiti, pour demander les mêmes droits
que Papara, c'est-àdire un gouvernement politique
indépendant, tout en reconnaissant la
suzeraineté de Vaiari.
Société des Études Océaniennes
731
Cette demande fut agréée par le grand conseil de Vaiari présidé par
Terii nui o Tahiti et le grand prêtre Teao. Ainsi furent créées deux
fédérations mineures :1e Teaharoa et le Te Oropaa.
Le Teaharoa comprenait Hitiaa (tête de la fédération) Mahaena,
Tiarei, Papenoo, Mahina et Te Porionu'u - appelés "Te ono e tau" par la
suite. Te Oropaa comprenait Tefana, Punaauia (tête de la fédération) et
Atahuru (Paea).
Depuis cette époque Tahiti fut partagée entre trois fédérations dont
celle de Teva demeurait de loin la plus importante, tant par son autorité
politique que par sa force militaire. Tant que les Teva demeurèrent unis et
respectèrent les clauses de la Grande Alliance, ils furent imbattables.
Cet ordre de choses, c'est-à-dire la féodalité tahitienne reconnaissant
l'autorité spirituelle et morale de Vaiari et l'autorité politique de Papara,
se
maintint jusqu'à
l'arrivée des européens.
Celle-ci provoqua un profond ébranlement de la société tahitienne et
l'autorité des "Arii" commença à être contestée. Lorsque Wallis débarqua
à Tahiti en
avec
1767, il fut reçu par la reine Purea qui régnait alors à Papara
le roi Amo.
Profitant du trouble causé dans les esprits par la venue des
européens, Vehiatua, prince de Taiarapu et vassal d'Amo, forma une
coalition avec Tutaha de Atahuru (Paea) et Teu de Porionu'u, pour
attaquer Papara. Amo Tevahitua i Patea surpris et ayant à combattre sur
deux fronts fut vaincu et Tutaha s'empara de la ceinture royale de plumes
rouges le "maro ura" qu'il porta à Atahuru sur son marae, le Maraetaata.
Environ vingt ans après, Pomare, premier du nom, fils de Teu,
attaqua Atahuru et emporta à son tour le "maro ura" sur son marae de
Pare. Vers 1791, Pomare fit consacrer son fils Tu, arii nui de Tahiti, ceint
maro ura. C'est le début virtuel de la nouvelle dynastie, celle des
Pomare, qui est contestée par les principaux arii ; son autorité était forte
quand elle était soutenue par la présence des européens, mais en leur
absence elle se trouvait dépossédée de son pouvoir et de ses richesses.
du
En
1807, Pomare II fut obligé de s'enfuir à Moorea, et Tahiti revint
l'autorité des Teva sous le règne de Opuhara petit neveu du roi Amo
Tevahitua i Patea. Mais Pomare II revint en force à Tahiti en 1815 et en
sous
représentant de la nouvelle religion et de la nouvelle société il
triompha, grâce aux armes anglaises, des défenseurs de l'ancienne
tradition, à la célèbre bataille de Fei pi à Atahuru.
tant que
Opuhara, dernier héros d'une lignée ininterrompue de Arii nui et
d'illustres guerriers, fidèle à sa foi et à ses ancêtres, est tué à ce combat.
C'est la fin du règne de la dynastie des Teva. Leur prestige n'en demeura
pas
moins très grand, à tel point que les Pomare eurent le souci constant
de se les concilier notamment par des alliances matrimoniales. Pomare II
alla même jusqu'à proposer à Tati l'ancien, frère de Opuhara, de lui
remettre la royauté de Tahiti ; mais Tati déclina cette offre car il savait
Société des Études Océaniennes
732
qu'il n'était plus possible de gouverner selon l'ordre traditionnel, la
mentalité des tahitiens étant complètement bouleversée
depuis l'arrivée
des européens et du christianisme.
Suivant la politique constante
Pomare IV maria tous ses enfants
de la nouvelle dynastie, la reine
sauf un
à un prince et à des
princesses Teva. La dernière reine de Tahiti, Marau Tati-Salmon, et la
reine de Raiatea, Moe Tati-Mai, étaient nées
princesse Teva. Ainsi l'on
peut prétendre que l'ancienne dynastie à continuer de régner par les
femmes jusqu'à la fin de la royauté tahitienne en 1880.
-
-
Depuis cette époque, la lignée des Teva est représentée par les
familles Tati, Salmon, Mai, Lagarde, Fenuaiti,
Le-Gayic, Brémond,
...
G. Cadousteau
de l'Académie Tahitienne
Société des Études Océaniennes
733
Comptes rendus d'ouvrages
Tahiti Nui,
Change and Survival in French Polynesia, 1767-1945. Honolulu,
University Press of Hawaii, 1980, 380 p., cartes, illustr., bibliogr., index.
La maison d'édition University Press-Honolulu annonce la parution de cette
Histoire de Tahiti, par le Professeur Colin Newbury, de l'Université d'Oxford et
membre
correspondant de notre Société.
une documentation abondante et utilisant pour la première fois
originelles en tahitien, ce livre présente une étude approfondie de
l'évolution économique, sociale et politique de la Polynésie Française.
Fondé sur
des archives
Tous les
Océanistes, ou simples amateurs de l'histoire du Pacifique y
nouvelle interprétation de la société à travers son passé, et un
portrait exact des personnages qui ont construit ce territoire.
trouveront
une
Robin, Pétron et Rives, Les Coraux. Les Éditions du Pacifique Papeete. 1980.
19 X 13,5 cm., 144 p., index., très nombreuses illustrations.
On cherche vainement les défauts de ce petit ouvrage, ce qui revient à dire
qu'il ne présente à nos yeux, que des qualités.
Des données claires sur la naissance et le développement du corail, l'histoire
du monde racontée par le corail,
la place des coraux dans la vie de l'homme, les
différentes espèces (150 variétés sont reproduites, mais il en existe 2500),
constituent des chapitres présentés simplement, avec un vocabulaire scientifique
réduit au minimum, agrémentés de schémas didactiques.
Les conseils pratiques sont
donnés aussi bien pour les blessures faites aux
hommes, que pour la collecte, le traitement et le transport des coraux (les formes
arborescentes seront
noyées parmi la sciure ou le riz, mais il faut une boîte
rigide...).
La région la plus exubérante est constituée par l'Indo-Pacifique : Philippines,
Barrière australienne 80 genres et 500 espèces, la Calédonie
300 espèces, et la Polynésie Française 35 genres et .120 espèces.
64 genres, la Grande
60 genres et
plus connues et les plus courantes qui nous
proposées, celles que tout promeneur sous-marin pourra identifier, donnant
ainsi un intérêt supplémentaire à sa découverte du jardin des mers.
Fort heureusement ce sont les
sont
Un seul mot pourrait qualifier les nombreuses pages réservées à la
photographie : enthousiasmant.
P.
S.ociété des Études Océaniennes
Moortgat
734
ivIénard
Philippe, Les problèmes du développement à l'échelle d'une société
polynésienne. Le cas des îles Wallis. Paris, I.E.D.E.S., 1978. 98 + 8 f., cartes,
tableaux, bibliogr., 30 cm. (Thèse pour le doctorat III cycle, PanthéonSorbonne).
L'auteur, ingénieur I.S.T.O.M. passa une année à Wallis comme volontaire
Utilisant comme données de base les rapports des ingénieurs
Gaudillot (1959), Poissenot (1962) et Pasquelin (1968-69), il tente de cerner les
perspectives dans lesquelles se poursuit l'action de mise en valeur de ce modeste
territoire français du bout du monde.
de l'Aide technique.
Wallis compte 6 019 habitants et Futuna 3 173. "Une
population plus disposée
farniente qu'à l'action". Le climat de
type équatorial connait de fortes pluies
d'octobre à mars, avec 3 ou 4 mètres de
précipitations annuelles. La température
varie entre 20° et 34° 5. Ce climat, humide et chaud, ëst heureusement
tempéré par
les alizés. La superficie de l'île est de 75 km2. 45
% des sols sont incultivables ou
sans mise en valeur
possible ; 30 % fournit une réserve
au
forestière ; 25 % sont
des cultures vivrières plus ou moins intensives,
associées ou non au cocotier. L'île comporte 10.000 têtes de volaille
; 8.000 porcs,
élevés à la bonne ; et quelques centaines de chevaux
qui se voient peu à peu
remplacés par des véhicules automobiles. L'électrification de l'île se poursuit. Un
hôpital a été mis en service. Un artisanat local se manifeste par la fabrication de
nattes, éventails et autres objets de vannerie. L'art du tapa
est stimulé par les
écoles ménagères des religieuses et devrait trouver un débouché sur
le marché
touristique calédonien.
occupés
par
des villages
ou
L'habitat traditionnel est en pleine évolution :
adoption du plan rectangulaire
européen à la place de l'ovale polynésien, remplacement du bois par le parpaing et
le ciment, substitution de tôles aux feuilles de
pandanus pour le toit.
L'île, convertie au catholicisme par Mgr Bataillon en 1840, a conservé la foi.
grandes fêtes annuelles de Wallis sont des fêtes paroissiales des trois
districts. L'encadrement religieux est essentiellement
polynésien. On compte 9
prêtres, 3 frères et 32 religieuses originaires de l'île. Et c'est un évêque wallisien qui
en assure la direction
depuis 1974.
Les trois
Il faut noter la présence d'une importance
colonie de Wallisiens en NouvelleCalédonie. Ils sont venus là attirés par le besoin de main-d'œuvre du "Nickel". Ces
wallisiens de l'extérieur sont du reste plus nombreux - environ 15 000
-
de l'île. Ils forment
que ceux
homogène qui a conservé ses façons de vivre il
envoie chaque année des sommes importantes aux
parents demeurés sur l'île
natale : 30 millions CFP en 1973 par la
poste, sans compter l'argent rapporté par
les migrants revenant dans l'île en vacances
; il participe aux mêmes offices
religieux, fait venir par voie maritime et aérienne des produits vivriers - taros,
ignames, arbre à pain, ananas - qui ne poussent pas en Calédonie.
un
groupe
L'ouvrage se termine par une "liste des importations" pour 1976, p. 99 et 100,
farine et céréales, boissons, matériaux de construction,
combustibles,
appareils mécaniques, voitures automobiles, etc..., et une "bibliographie" de 28
références. Puis-je faire remarquer à l'auteur que j'avais, en son
temps, compilé
une
bibliographie de Wallis et Futuna qui lui aurait évité bien des recherches et
l'aurait mis en présence de documents et de sources
qu'il semble ignorer ?
surtout
P. O'Reilly
Société des Études Océaniennes
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Blixen Olaf, "Figuras de hilo tradicionales de la Isla de Pascua correspondantes
salmodias" MOANA
Vol. 11 n" 1,
-
Estudios de
Antropologia Oceania - Montevideo -
1979, 106 p., bibliogr., illustr.
Le Directeur de cette publication d'Études d'Anthropologie Océanienne,
résidant à Montevideo - Uruguay, publie dans ce numéro quelques résultats des
recherches faites par lui-même à l'île de Pâques dans les années
1971, 1973 et 1978.
Olaf BLIXEN a recueilli, avec l'aide des plus vieux informateurs locaux, les
figures de ficelle (dénommées KaiKai à l'île de Pâques), leurs méthodes
d'exécution ainsi que les psalmodies et récits traditionnels associés à leur
exécution.
Ce travail épuré est très significatif, spécialement par l'analyse comparative et
critique qu'il fait de ses propres recherches ainsi que celles des autres spécialistes.
L'auteur estime que l'île de
Pâques a conservé près de 30 figures à caractère
pré-européen. Le nombre de figures plus important, trouvé par
d'autres chercheurs, est le résultat de contacts postérieurs avec les îles de la Société
et le produit de quelques créations contemporaines. Elles témoignent de' la
conservation d'une certaine capacité créative des insulaires malgré une très forte
acculturation, dont les causes ne font pas l'objet de cette étude.
traditionnel
Mr BLIXEN fait l'examen et l'interprétation des textes des psalmodies qui
accompagnent ces jeux de ficelle. Il souligne que ces jeux, dont on ne comprend
plus une partie des textes en raison de leur archaïsme (et/ou déformations) sont
actuellement réduits à un simple passe-temps. Pourtant, à l'époque pré¬
européenne, elles furent des activités extra-ludiques avec un caractère magique si
grand, qu'on leur attribuait un facteur de "puissance" ou "mana" capable
d'influencer la nature.
Certains de ces récits sont dépositaires de la mythologie locale et de quelques
événements de l'histoire des luttes tribales de l'île de
Cette intéressante étude, est
Pâques.
accompagnée d'une importante bibliographie.
Maeva Navarro
Département de Français de l'Université du Pacifique sud.
Ce département créé depuis trois ans constitue le seul organisme public
d'enseignement du français à Fidji. A côté des cours destinés aux étudiants
résidant sur le campus de Suva (215 inscrits), il exerce les tâches normalement
dévolues à une Alliance Française ou à un Centre Culturel.
rappeler que l'Université du Pacifique sud n'est pas un
fidjien, mais une institution régionale desservant onze États et
physiquement implantée dans sept pays du Pacifique sud anglophone, sous forme
d'annexes ou de campus. Chaque annexe est reliée par satellite au Centre d'Études
Il est bon de
établissement
Société des Études Océaniennes
736
par correspondance (Extension Services) dont dépend également le département
de français. Pour toucher son public, le Centre
d'enseignement par corres¬
pondance dispose de moyens technologiques considérables (centres émetteurs-
récepteurs radio et vidéo, ordinateurs, téléscripteurs, reproduction à distance de
documents illustrés, studios d'enregistrement de programmes,
etc...) mis en place
par les États-Unis, qui ont gracieusement donné à l'Université par l'entremise de
la Nasa, l'usage du satellite géo-stationnaire ATS-1
(programme Peace). Le
département de français a recours à tous ces moyens modernes pour toucher un
public clairsemé dans les autres pays anglophones de la région.
En ce qui concerne l'enseignement du français
par correspondance, le
développement d'un matériel spécifique (leçons enregistrées sur cassettes et vidéo¬
cassettes) a commencé avec la production d'une méthode adaptée au contexte
local, French Language for the Pacific, et se poursuivra en 1981, avec la
nomination d'un troisième professeur détaché sur le
campus. Cet enseignement
par correspondance est complété par des stages linguistiques de courte durée,
organisés dans les différentes îles.
aux
Dans une deuxième étape, le département de
français s'efforcera de répondre
besoins des pays anglophones du Pacifique sud, dans les domaines suivants :
formations de professeurs locaux - formations de
secrétaires-interprètes bilingues,
et stages intensifs pour fonctionnaires. Un Institut de
universitaire de l'USP de Port-Vila (Vanuatu).
Langues est prévu à l'annexe
Thar She Went
: an interim index to the Pacific Ports and islands
visited by
American whalers and traders in the 19th
century, being a supplement to
"American Whalers and Traders in the Pacific : A Guide to Records
on
Microfilm". Edited by Robert Langdon - Pacific
Manuscripts Bureau.
Research School of Pacific Studies. Australian National
University.
Canberra 1979.
Société des Études Océaniennes
.
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