Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 97
- Titre
- Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 97
- Description
-
Pédagogie
- L’emploi des langues vernaculaires comme moyen d'enseignement scolaire et extra scolaire et les problèmes que pose l’enseignement en langues autres que vernaculaires dans le Pacifique du Sud, par G.J. Platten 293
- La langue maternelle, par Rey Lescure 304
Histoire
- Documents pour servir à l'histoire de Tahiti
- Document fourni par Tefaaora sur le Gouvernement des Iles Sous-le-Vent 306
- Document fourni par Maré sur le voyage de Pomare vahine 308
- L’histoire de Bora Bora et la généalogie de notre famille du marae Vaiotaha, par Tati Salmon 315
Ethnographie - Mœurs et coutumes de l'ancien Tahiti d'après le vocabulaire, par Rey Lescure 331
Dons - Dons faits à la Bibliothèque 336 - Date
- 1951
- Date de numérisation : 2017
- Format
- 1 volume au format PDF (56 vues)
- Identifiant
- PFP 3 (Fonds polynésien)
- Langue
- fre
- Editeur
- Société des Études Océaniennes (SEO)
- Relation
- http://www.sudoc.fr/039537501
- Droits
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- Source
- Société des Études Océaniennes (SEO)
- Type
- Imprimé
- extracted text
-
Anthropologie —
Histoire
—
des
Institutions
et
Antiquités
populations maories.
Littérature et Folklore.
Astronomie
—
Océanographie — Sciences naturelles
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Assesseur
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La Rédaction.
Société de$ Études Océaniennes,
de
la
SOCIÉTÉ D'ÉTUDES OCÉANIENNES
(POLYNÉSIE ORIENTALE)
TOME VIII, (No
N* »7.-
7)
DliCEMISR ïï
1951
SOTYCZMLA. I IRIE
Pages
Pédagogie.
L'emploi des langues vernaculaires comme mo¬
yen d'enseignement scolaire et extra scolaire
et les problèmes que pose l'enseignement
en langues autres que vernaculaires dans le
Pacifique du Sud, par G.J. Platten
293
La langue maternelle, par Rey Lescure
304
Histoire.
Documents pour servir à l'histoire
de Tahiti
Document fourni par Tefaaora 'sur le Gouverne¬
ment des Iles Sous-le-Vent
306
Document fourni par Maré sur le voyage de Pomare
vahine
308
L'histoire de Borabora et la généalogie de notre
famille du marae Vaiotaha, <par Tati Salmon.
315
Ethnographie.
Mœurs et coutumes de l'ancien Tahiti d'après le
vocabulaire, par Rey Lescure
331
Dons.
Dons faits à la Bibliothèque
Société des Études Océaniennes
336
oHEnasa ■■
'
L'emploi des langues vernaculaires comme moyen d'enseignement
scolaire et extra scolaire et les problèmes que pose l'enseignement
langues autres que vernaculaires dans le Pacifique du Sud (1)
en
(par G ]. PLATTEN 1951)
Les systèmes d'éducation qui prévalaient dans le Paci¬
fique Sud étaient suffisamment souples chez les popu¬
autochtones pour conserver l'expérience acquise
suffisante pour transmettre l'héritage culturel. Mais
lorsque les relations commerciales se développèrent, l'im¬
portance de la langue commença à devenir un problème.
Il fallait une langue qui puisse servir aux échanges. Cer¬
lations
et
langues vernaculaires commencèrent à jouer le rôle
joua la «'lingua franca » (au Moyen Age). Mais la
conversation par gestes avec les commerçants s'avéra in¬
suffisante et provoqua maintes méprises. C'est alors qu'ap¬
parut le «pidgin english » mélanésien, qui a encore au¬
jourd'hui ses fervents promoteurs et ses ardents détrac¬
taines
que
teurs.
Transposer les langues vernaculaires par écrit fut la
première tâche des missionnaires, mais combien difficile
à une époque où l'on ne parlait guère de linguistique et
d'anthropologie. De plus, les méthodes linguistiques va¬
riaient, mais ce qui reste aujourd'hui à faire est peu de
chose a côté de ce qui a déjà été réalisé.
En .Polynésie où la langue est à peu près partout sem¬
blable, la rédaction d'ouvrages n'offrait pas de grosses
difficultés ; en Mélanésie, par contre, l'on se trouvait en
face de langues différentes suivant les villages. Lorsqu'une
langue est parlée par une portion importante des habi¬
tants, des manuels élémentaires peuvent être imprimés,
au stade élémentaire seulement. La nécessité d'une
langue plus répandue se fait sentir pour les publications
d'un niveau plus élevé.
mais
(1) Extraits résumés d'un Rapport provenant de divers docu¬
que la Commission du Pacifique Sud a fait préparer
ments
6ur
la demande de l'UNESCO.
Société des Études Océaniennes
Dans la plupart des régions, la langue métropolitaine
(anglaise) a été trop difficile à enseigner aux indigènes
pour pouvoir l'employer comme lingua franca dès le
départ.
Il
fallait donc
choisir une langue locale qui pourrait
répandue comme langue littéraire et officielle de la
région. La lingua franca fut alors enseignée dans les
écoles de villages, écoles centrales et collèges destinés à
la formation des pasteurs - instituteurs. Les Mélanésiens
sont devenus, bilingues, souvent trili gues et
parfois polyglotes.
être
L'instruction
langue métropoli aine intervint lors¬
qu'il fallut mettre sur pied un plan de développement
social, économique et politique. Les indigènes eux-mêmes,
désiraient avoir la possibilité d'acquérir un n'veau des¬
truction plus élevé. Les autorités de langue anglaise
(Royaume-Uni, Nlle-Zélande, Austra is, U.S.A., etc.) en¬
couragèrent cet effort en le maintenant dans les voies con¬
formes au génie de la civilisation ind'gène.
1— La
en
langue vernaculaire comme moyen d'enseignement,
Un gros effort est fait dans le PS pour s'adapter ails'
évolutions dans tous les domaines, surgies depuis ces 50
dernières
années, et la question de l'enseignement s'est
placée au premier plan.
Deux écoles se présentent dont s'inspirent les puissances
métropolitaines de langue anglaise et de langue française.
Dans le3 territoires où la langue métropolitaine est l'an¬
glaise, le thème du plan d'éducation est la conservation
et le développement des meilleurs éléments de
l'héritage
culturel des indigènes. On utilise la langue maternelle
car la
langue est un apport de la culture.
En Nouvelle-Calédonie et
Dépendances et dam les Eta¬
Français de l'Océanie, l'expérience a quise e
le désir exprimé par les indigènes eux-mêmes, a amené
un autre mode de faire. L'utilisation de la
langue verna¬
culaire n'était pas une nécessité fondamentale dans le
programme d'éducation des indigènes ; la méthode adop¬
tée est celle indiquée plus loin par Nancy Robson.
blissements
Pour l'étude de la langue vernaculaire dans les régions
d'administration de langue anglaise il faut tenir soigneuse-
Société des Études Océaniennes
compte des facteurs pédagogiques et psychologiques,
rapport s'exprime ainsi :
ment
Le
Pour les enfants, apprendre à lire, à écrire et à calcu¬
ler, présente des opérations difficiles. Apprendre une lan¬
gue- étrangère est plus difficile encore. La plupart des
éducateurs dans les territoires les moins avancés du Paci¬
fique prétendent en conséquence qu'on ne doit pas atten¬
des enfants indigènes qu'ils accomplissent les deux
en même
temps. Il leur faut être capable de lire, d'écrire
et de penser clairement dans leur langue maternelle avant
de commencer à apprendre une langue métropolitaine. En
général, les éducateurs sont d'accord pour dire que les
enfants qui passent d'une éducation primaire vernaculaire
a
des études plus avancées en une langue métropolitaine,
ne
sont, en aucune façon désavantagés. L'utilisation de
la langue indigène permet le développement d'un type
d'esprit créatif plutôt qu'imitatif ; elle développe la per¬
sonnalité, elle permet l'introduction plus rapide des su¬
jets h enseigner, et par la suite, elle met les élèves à
même d'acquérir une meilleure connaissance de la langue
métropolitaine. (1)
Dans les Iles Cook, Niue, Gilbert, Ellice et dans les
Samoa américaines, l'enseignement était donné en an¬
glais dès le début dans les écoles gouvernementales jus¬
qu'à une date toute récente. On s'aperçut que le résultat
était de ff.ire pcidre aux enfants la faculté de penser clai¬
rement et d'écrire convenablement leur propre langue.
Les règlements ont donc été modifiés et l'enseignement
est donné en vernaculaire dans les écoles primaires.
Par contre, dans certains territoires néo-zélandais, la
lecture en vernaculaire dans le premier degré est ensei¬
gnée ; on app « nd à 3 enfant h s'exprimer facilement avant
d'aborder l'étude de l'anglais, le passage du vernaculaire
à l'anglais se faisant progressivement vers le 4ème ou
5ème degré, le programme se concentrant sur l'anglais,
et surtout sur l'anglais parlé dans les 7 et 8èmes
degrés.
Le Chef du Service de l'Enseignement des Iles M.F.R.
Davies conclut que les progrès dans la lecture de l'an¬
glais sont beaucoup plus rapides lorsque les difficultés
dre
(1) Ces conclusions sont les mêmes que celles faites par la
Internationale pour l'enfance africaine. Genève 2225 Juin 1931. (N.D.L.R.)
Conférence
Société des Études Océaniennes
—
296 —
mécaniques ont été surmontées d'abord dans la langue
maternelle. Il conclut : « Une connaissance approfondie
de la langue maternelle semble nécessaire en premier
lieu ».
Les résultats semblent également indiquer que les Po¬
lynésiens qui ont appris leur propre langue et étudié dans
leur langue maternelle pendant les premières années, et
n'ont abordé l'anglais que plus tard, ont obtenu un plus
grand nombre de succès à l'école de médecine de Suva
et
Nouvelle-Zélande.
en
Pacifique où l'anglais est
langue administrative (sauf à Nauru) les gouverne¬
ments et les Missions sont revenus au principe que les
premiers pas en enseignement doivent être effectués en
langue maternelle. Ceci n'exclut pas l'introduction de
l'anglais parlé de très bonne heure dans les écoles pri¬
maires si l'on dispose d'instituteurs compétents, de pré¬
férence européens.
En ce qui concerne les facteurs sociaux et culturels,
la langue est considérée maintenant comme partie in¬
tégrante de la culture aussi bien que comme le « siège
de la sensibilité et de la pensée » et dans les territoires
où 1'« association » plutôt que 1'« assimilation » est consi¬
dérée comme un idéal, tout système d'enseignement qui
sépare l'enfant de son milieu natal et crée une séparation
Dans
tous
les
territoires du
la
entre
les enfants et leurs anciens dans la
sidéré
comme
programme
mauvais.
On
a
remarqué
tribu, est con¬
lorsque le
que
de l'école faisait négliger aux enfants leur
langue maternelle, ils en venaient aisément à considérer
l'enseignement comme synonyme de l'acquisition de la lan¬
gue métropolitaine et l'adoption d'habitudes étrangères.
En ce faisant, ils arrivaient presque invariablement à
mépriser la culture indigène et à considérer leurs anciens
des canaques sans instruction, abandonnant ainsi
meilleurs traits de leur héritage culturel. Ils de¬
comme
les
viennent
étrangers
de vie tout entier
entre
au
en
membres de la
génie de leur race et leur mode
appauvri d'autant. La solidarité
est
tribu diminue, et les sanctions et
les
obligations morales sont ignorées.
faisant preuve d'une compréhension de plus en
plus grande, et en appréciation franchement de langue,
la culture et les réalisations des populations soi-disant
«
primitives », les Européens ont aidé à rendre aux in-<
En
Société des Études Océaniennes
—
207
—
digènes le respect d'eux-mêmes. Le regret qui s'éveille
en
eux
d'avoir perdu tant de leur histoire et de leurs
légendes pousse les plus prévoyants de la jeune géné¬
ration à s'asseoir à nouveau au pieds des sages gardiens
des
traditions
de
la
tribu.
écrire n'est pas forcément
ce des
traditions orales.
2—
Le
fait
de
savoir
lire
et
incompatible avec la renaissan¬
L'emploi de lingua franca indigène
d'enseignement.
comme
moyen
En
Polynésie on ne parlait dans toute la région qu'une
langue avec des variations dialectales, mais en
Mélanésie, surtout en Nouvelle-Guinée, un grand nombre
de langue voisinait. Si les indigènes devaient conserver
leurs langues, il était indispensable de mettre à leur por¬
tée une langue auxiliaire leur permettant de communiquer.
Dans le nord-ouest de la Mélanésie, l'anglais était trou¬
vé trop difficile. La Société des Missions de Londres
en arriva
à adopter une seule langue d'enseignement au
Collège de formation des Instituteurs de Lawes, elle
revint à l'usage partiel d'une lingua franca indigène le
motu ». La même expérience fut faite en Indonésie avec
une autre lingua
franca. Mais cette adoption peut faire
courir aux dialectes apparentés un danger, car ils per¬
dent alors leur identité, mais, paraît-il, les avantages
compensent les inconvénients.
A Fiji, le « bau » fut choisi, il est devenu la langue
seule
«
uniforme.
L'« abaiang »
lectes.
remplaça, aux Gilbert, les différents dia¬
franca sont employées ailleurs
D'autres lingua
avec le mcme succès.
Il faut citer deux
lingua franca naissantes qui ont leur
importance.
Le
« Police
Motu », forme simplifiée du motu utilisé
le commerce dans les régions côtières de Papua à
l'époque pré-européenne, a été adoptée et durera jusqu'à
ce
que l'anglais puisse le remplacer.
Le « Pidgin» ou «Tok Wbk » (Talk Work). Les indi¬
gènes acquièrent facilement cette langue et s'expriment
très couramment. Les mots acquièrent une valeur émotive
qui dépasse le sens littéral et prennent des significations
plus subtiles. Le vocabulaire est de 1.300 mots que l'on
pour
Société des Études Océaniennes
—
298 —
équivalents à, environ, 6.000 mots anglais ; sa syn¬
se
rapproche du mélanésien d'où son succès. Les
travailleurs retournant chez eux le répandent. Il aide à
créer un sentiment de groupe plus large et à donner aux
indigènes la conception de la Nouvelle-Guinée comme
entité. Les fonctionnaires souvent usent de cette langue.
L'Administration des territoires de NG et les Missions,
en
1927, à Rabaul, ont conclu que ce serait pendant un
certain temps la seule langue de communication possible
pour cette région. Il a même été parlé de l'adopter offi¬
ciellement, de standardiser son orthographe et de l'em¬
ployer dans la plus grande mesure possible.
dit
taxe
autorités en langage vernaculaire emploient aussi
Pidgin.
Le principal argument contre le Pidgin, et qui a sa
valeur, est que son emploi retarde l'étude, non seulement
de l'anglais, mais quelques fois même des vernaculaires.
Il est déclaré par le Dr Gapell : « insuffisant, sinon in¬
digne et dégradant, partout où il est employé peu de tra¬
vail est fait dans les vernaculaires ».
Les
le
plus grand service rendu par la lingua franca est
peut-être qu'elle transforme les sentiments de parenté
locale et de loyauté envers le village en un sentiment
de groupe beaucoup plus grand. Des élèves de tous
les secteurs linguistiques se retrouvent dans les écoles
centrales et apprennent à se comprendre mutuellement.
Les contacts personnels jouent toujours un rôle impor¬
tant. « Les dialectes divisent mais la langue unit ». Dans
certains endroits, l'élargissement des frontières géographi¬
ques et spirituelles, une unité de sentiment, un esprit et
une solidarité de groupe ont été réalisés en une ou deux
générations, alors qu'il fallait auparavant des siècles
pour la même évolution sociale.
Le
3— La
langue métropolitaine.
L'utilité des lingua franca, même des meilleures est
limitée et le processus d'élargissement et d'unification
qu'elles ont commencé doit être mené à, sa conclusion lo¬
gique par de meilleurs moyens.
La nécessité de langues efficaces s'est fait davantage
sentir et le désir de la plupart des populations indigènes
d'apprendre la langue métropolitaine est devenu plus pro-
Société des Études Océaniennes
—
299 —
les puissances européennes se sont établies
Pacifique Sud.
fond dès que
dans le
Toutes les langues indigènes du PS ont un cours trop
limité,, ne peuvent pas répondre aux besoins des contacts
modernes plus nombreux et d'un niveau d'instruction plus
élevé, ni aux aspirations culturelles des populations in¬
digènes progressistes. Seule une langue internationale
peut satisfaire ce besoin. Et les indigènes peuvent arriver
à
une
aucune
connaissance
parfaite de i'anglais sans négliger en
façon leur propre langue.
Le prince Tiingi, de Tonga, à la Conférence du PS en
1950, résuma avec beaucoup de justesse la situation dans
laquelle la plupart des communautés des îles des Mers
du Sud se trouvent aujourd'hui en disant: «le fait alar¬
mant est qu'il ne nous est désormais plus possible de
considérer notre milieu comme limité à une localité dé¬
terminée. Nous ne pouvons pas dire que le milieu du
village est le village. Nous ne sommes actuellement qu'à
6 jours de Sydney et qu'à 5 jours de Londres. Notre mi¬
lieu est maintenant le monde tout entier...
La maîtrise de
l'anglais nous donnera accès aux ouvrages courants d'ordre
général et technique. Nous devons considérer l'anglais
comme une seconde langue maternelle pour le Pacifique
et une langue d'unification pour nous tous ».
La formation des instituteurs indigènes ne peut être
assurée que dans de grandes institutions centrales et les
stagiaires doivent pouvoir prou er des meilleurs manuels
et des ouvrages sur le plus grand nombre de sujets pos¬
sible.
Comme
il
est
impossible de fonder des Ecoles Supé¬
des Universités médicales et techniques dans
des territoires à petite population et en général arriérée,
les étudiants doivent aller à
'étranger. Cette solution
rieures
et
adoptée donne d'excellents résultats.
La plupart des populations indigènes manifestent le
désir de plus en plus grand d apprendre la langue mé¬
tropolitaine. Les indigènes considèrent le système de
l'enseignement en anglais com ae le secret de la richesse
et de la puissance. Ils professent une grande admiration
pour la technique et réalisent les avantages qu'elle pourrait
leur
apporter.
Lorsqu'on les décourage d'apprendre une langue mé-
Société des Études Océaniennes
—
300 —
tropolitaine, ils concluent facilement que la puissance
métropolitaine cherche à les empêcher d'accéder à la ri¬
chesse et à la puissance et ils en gardent rancune. Samoa
offre un exemple frappant. Pour avoir supprimé l'ensei¬
gnement de l'anglais en 1946, sous prétexte qu'il était
mal enseigné dans les écoles primaires du Gouvernement
l'effectif
de
ces
écoles
tomba de
12.000 à 3.000 élèves
Cette mesure avait été considérée
comme
une
entrave à l'émancipation des indigènes. La
décision fut modifiée par la suite.
L'influence unifiante d'une lingua franca joue encore
davantage dans le cas de la langue métropolitaine. Les
populations indigènes ont des aspirations à longue échéance
à un degré croissant de gouvernement autonome. Toutefois
l'opinion générale est que, avant que ces territoires puis¬
sent devenir autonomes, il est essentiel que les autochtones
possèdent non seulement une langue qui les unissent en
une
seule communauté, mais également une langue qui
en
quelques mois.
ait
un
international.
cours
Pour cela
parle de l'anglais de base (basic english),
Pacifique manifeste peu d'enthou¬
remarquent que ce n'est pas la
langue couramment utilisée et soupçonnent qu'on leur
offre quelque chose d'inférieur. Une expérience doit avoir
on
le corps enseignant du
siasme. Les indigènes
lieu.
Journaux.
Des Gouvernements et des Missions éditent des journaux
élargir l'esprit des populations.
pour
Aux
ment
Samoa, les U.S.A. publient et distribuent gratuite¬
journal mensuel « O le Faatonau » en anglais et
le
samoan.
Les Samoa
occidentales, en langue
samoane « O
le Sa-
vali ».
La
Nouvelle-Zélande
suelles pour
îles Tokelau.
Aux
etc.
îles
publie des revues scolaires men¬
les Samoa occidentales, Cook, Niue et les
Gilbert
et
Ellice, deux
revues
vernaculaires
etc.
Radiodiffusion.
Des émissions scolaires sont diffusées
aux
Société des Études Océaniennes
Samoa occi-
—
301 —
dentales, en samoan, pendant une heure, quatre jours
par semaine. Un poste récepteur est installé dans chaque
école, tous les adultes qui possèdent une TSF se branchent
sur la station et
profitent des émissions.
A
Papua et Nouvelle-Guinée, les émissions se limitent
l'enseignement de base étant donné la multiplicité des
langues.
À Port Moresby, l'émission est consacrée à des nouvelles,
de la musique et d'autres matières éducatives ; elle fait
usage de 11 langues différentes parmi lesquelles la lingua
franca, le mo tu, le police motu, le Kuanua, et le Pidgin.
à
Enseignement visuel.
Les films jouent un role de plus en plus important. La
question est à l'étude par des experts.
Rapport sur les territoires français de Nouvelle-Calédonie
et
dépendances et des Etablissements français de l'Océanie
(par Nancy ROBSON;
Dans les territoires français du Pacifique Sud, la Nou¬
à l'Ouest en Mélanésie, et les Etablisse¬
velle-Calédonie
Français de l'Océanie h l'Est, îles de population
polynésienne, le système d'enseignement en vigueur dans
toute l'Union Française requiert que la langue d'instruc¬
tion empoyée dans toutes les écoles soit le français. Ce
principe doit être suivi dans les écoles gouvernementales
et dans les nombreuses écoles protestantes et catholiques
(fui fonctionnent dans les deux territoires. Des subventions
accordées aux écoles des Missions dépendent en théorie de
ments
cette
condition.
L'enseignement dans chaque territoire se base sur les
de cours métropolitains et est dirigé par un
membre du Service de l'Instruction Publique de la Métro¬
pole, et par des professeurs recrutés de la même façon.
Le Chef du Service est en même temps Directeur du Ly¬
cée du Territoire. En Nouvelle-Calédonie, où la popula¬
tion française approche de 20.000, le Service, a d'abord
programmes
Société des Études Océaniennes
—
à
302 —
s'occuper des nombreux enfants européens. En même
temps il est chargé des écoles mélanésiennes ; il forme
à cette fin des moniteurs
indigènes, qui étudient pendant
(l'école normale a
été récemment transférée à Nouville, dans le port de
Nouméa). Le Chef du Service et un inspecteur français
4
ans
a
l'école normale de Montravel
surveillent
le
travail
des
moniteurs.
L'Administration
a
demandé à
plusieurs reprises au Conseil Général du Ter¬
ritoire qu'il prévoie la désignation d'un fonctionnaire
qui puisse s'occuper exclusivement de l'enseignement dans
les écoles indigènes ; jusqu'à l'heure actuelle cette de¬
mande n'a pas été satisfaite. En Océanie par contre, où
la population est presque entièrement polynésienne (étant
donné que le sang tahitien est désormais fortement mé¬
langé de français, d'américain et d'anglais) le problème
ne
se
présente pas sous ce double aspect ; le Service de
l'Enseignement n'a qu'à se préoccuper de la population
indigène, et peut en outre, recruter, du personnel ensei¬
gnant de qualité nettement supérieure. Tandis qu'à Nou¬
méa, seuls les enfants européens fréquentent le Lycée,
le Lycée de Papeete est fréquenté surtout par des en-'
fants tahitiens, avec un nombre plus restreint d'enfants
venus des îles du
Groupe et maintenus au cher-lieu dans
le cadre d'un système de Bourses d'Etudes (Dans les deux
territoires d'autres Bourses permettent aux élèves doués
de continuer leurs études en France).
L'emploi du français comme langue d'instruction dans
les territoires français d'Outre-Mer découle des princi¬
pes essentiels dans la conception traditionnelle qu'a la
France
de
la
relation
existant
entre
les
Colonies
et
la
Métropole. Il présume, ainsi que l'ont fait les colonisa¬
teurs de la période d'assimilation, que l'on peut offrir
à l'indigène la possibilité de devenir lui-même fran¬
çais. En maintenant ce système, la France souligne que
les dialectes indigènes sont insuffisants, dès qu'il s'agit
d'introduire toute conception autre que les simples ; qu'en
apprenant à apprécier un vocabulaire riche et nuancé la
pensée s'enrichit ; et qu'à l'élite indigène qui a su vain¬
cre les
difficultés initiales et arriver à un point avancé
dans le système français, nulle possibilité n'est refusée.
Il est donc étroitement lié avec le système politique qui
permet à des représentants des Territoires d'Outre-Mer
de siéger au Parlement français et à l'Assemblée de l'U¬
nion Française en France.
Société des Études Océaniennes
—
303 —
D'un
autre côté, pour ce qui concerne les écoles de
villages, l'expérience faite dans le Pacifique suggère qu'ici,
comme dans certaines
parties primitives de l'Afrique fran¬
çaise, les difficultés matérielles ont amené une certaine
souplesse dans la pratique. Dans les écoles des Mis¬
sions, en particulier, il serait plus souvent exact de dire
qu'on enseigne le français que de dire qu'on sert du fran¬
çais comme langue d'instruction. (Dans les écoles chi-,
noises : quatre à Papeete, une à Uturoa, le français est
obligatoire comme sujet d'études seulement, et très peu
d'élèves sont reçus). Certaines tendances actuelles sem¬
blent d'ailleurs indiquer qu'on recherche un équilibre plus
exact entre le programme d'études primaires et le cadre
du village indigène. L'enseignement technique prend une
place de plus en plus importante ; dans chaque territoire,
la création d'une ferme-école fait partie du Plan de
Développement Décennal, et une école technique a été
créée à Nouméa et à Papeete. Les livres de textes à l'u¬
sage des indigènes de la Nouvelle-Calédonie comprennent
une
série attrayante préparée à l'usage des" écoles afri¬
caines et très bien adaptée aux îles du Pacifique.
A Montravel, les futurs moniteurs apprennent à répé¬
ter en français leurs légendes locales, ce qui permet au
professeur d'évoquer en même temps le folklore qui en¬
toure l'enfant et le respect que, traditionnellement, il
porte à la bonne mémoire et aux dons oratoires. Cette
heureuse initiative suggère aussi à quel point le talent)
et la souplesse particulière permet au professeur de faire
un
travail efficace dans le
cadre des textes
Société des Études Océaniennes
officiels.
—
La
304 —
langue maternelle
Cette nécessité de
l'emploi de la langue vernaculaire
indigène, rappelée
par le Rapport de M. Flatten, nous remet en mémoire ce
que nous écrivions dans un journal local de Tahiti en
Août 1939. En voici quelques extraits.
«
la base de l'instruction de l'enfant
h
langue française avait été imposée dans les écoles
des Français à Tahiti pour lutter contre
l'empreinte laissée par les Anglais qui avaient civilisé l'île.
Tout le monde se mit au français ; la langue tahitienne
était devenue un peu suspecte aux nouveaux arrivants
qui ne la comprenaient pas encore.
....
la
l'arrivée
dès
Depuis, quoique les conditions historiques aient changé,
en l'état : on n'enseigne le tahitien
dans aucune école libre ou publique. Il est alors arrivé
ceci : c'est que les Tahiti ens d'aujourd'hui ne parlent
plus guère le tahitien authentique mais le sabir parlé
par les Asiatiques pour se faire comprendre. La langue
tahitienne originale ne se trouve plus que dans la Bible
les choses sont restées
été fixée et
à avoir des difficul¬
où elle
a
tés à la
comprendre tant la langue a dégénéré.
on
commence
Il est bon, il est nécessaire que les
le
français, mais pourquoi
au
Tahitiens apprennent
détriment de leur langue
maternelle ?
La langue métropolitaine resserre les liens avec la
mère-patrie, donne accès à une culture supérieure, mais
il y a une grave erreur pédagogique qui consiste h sup¬
primer radicalement une langue maternelle.
Un
pays
qui perd
sa
langue originale, perd en même
temps le génie qui lui est propre ; il ne forme plus une
nation, mais un agrégat d'individus voué à la dislocation
par les apports étrangers, et c'est bien le cas à Tahiti.
L'autochtone parle en français et réfléchit en tahitien.
Dans les
qu'ils ont
écoles, les enfants passent des examens parce
bonne mémoire et non parce qu'ils ont
une
assimilé les matières
enseignées.
L'enseignement devrait s'attacher dans les petites clas¬
à l'étude du tahitien ; plus tard seulement on ap¬
prendrait le français. C'est là une vieille doctrine desJ
ses
Société des Études Océaniennes
—
305
—
Missions
Evangéliques. Elles ont été critiquées ; aujour¬
figure de précurseurs.
Aux Indes, les Anglais avaient imposé la langue an¬
glaise ; ils reconnaissent que les résultats ont été désas¬
d'hui elles font
Gomment demander
treux.
à
des
enfants de s'assimiler
langue étrangère ?
Dans bien des territoires de l'Afrique, les résultats de
étrangère dans
culture
une
cette
Je
une
méthode furent décevants.
souviens d'avoir rencontré jadis un gouverneur,
visite à une certaine Mission, où pour
me
d'une
retour
l'honorer,
on
avait fait jouer devant lui, à des petits ca¬
naques une scène du Bourgeois Gentilhomme de
lière. Ce gouverneur était sidéré... et mécontent.
Mo¬
Les Gouverneurs de certains Territoires, et non des
moindres, ont compris l'importance de la langue mater¬
nelle. Ils ont pris des arrêtés instituant l'emploi de la
langue indigène dans les classes élémentaires. Nous ne
tous sous les yeux mais nous pouvons citer
septembre 1924 pour l'Indochine ; du 29
janvier 1929 pour Madagascar. Il y en a eu un au Ca¬
les
avons
celui
pas
28
du
meroun.
La quasi unanimité est faite. Pourquoi à Tahiti ne
s'attacherait-on pas à vaincre les difficultés morales et
pratiques, et ne donnerait-on pas aussi un enseignement
élémentaire qui pourrait être avantageux ? Il y a là
une lacune à combler... »
qu'il est plus difficile que
jadis de revenir en arrière, pour des raisons matérielles
et morales aussi. Une école qui, seule, instaurerait la
langue maternelle dans ses petites classes, se verrait dé¬
Nous
sertée
nous
comme
rendons compte
ce
fut le
cas
aux
Samoa.
qu'un peuple perd de plus en plus
langue, et ne peut aujour¬
d'hui, dans sa majorité, accéder à une culture supérieure
et c'est bien dommage pour lui.
Nous
ses
constatons
usages,
ses mœurs et sa
R.L.
Société des Études Océaniennes
306
Documents pour servir à l'histoire de Tahiti (1)
Document fourni par Tefaaora sur le Gouvernement
des lies Sous-ie-Vent (2)
Tefaaora et Mai étaient les véritables princes de Bora
bora. Cette terre leur appartenait véritablement. Tout
Faanui (3) ainsi que Mai et Tefaaora ayant désiré nommer
Puni
roi; il fut trainé
avec le « Maroura » (4) et de-,
appelé Puni roi de Farerura; son règne
fut long et il mourut ici laissant sa fille Teriimaevarua
a
Puni et ensuite Teriimaevarua a Teane, qui est notre
mère par suite de la puissance de Puni. Elles furent toutes
deux puissantes et eux tous étant morts, il reste cette
présente famille c'est-à-dire nous.
Ce fut du temps de Teriimaevarua 2 que Tapoa vint à
Borabora porter la guerre parce qu'il désirait le Gouver¬
nement. Mai, Tefaaora et tout Faanui, les 4 districts au-
vint roi.
Il fut
dessous d'eux combattirent ici.
Tapoa était de l'autre part ainsi
que
Raiatea, Tahaa,
Huahine et Tahiti dans le combat contre Borabora et nous
fûmes presque détruits. Lorsque Mai se rendit auprès de
Tapoa
apporter la paix qui fut consentie par lui.
pour
C'est ainsi que
Taipoa devint roi. Il n'est point le roi
véritable, c'est seulement à cause de sa force que le gou¬
vernement lui fut acquis à cette époque et ensuite cette
humaha puaa » (5) fut donnée à Aimata par Tefaaora
«
et
Mai.
Tapoa fut ainsi renvoyé et dépouillé du gouvernement
qui fut remis à Aimata. Toutes les terres se retournèrent
vers Aimata :
Maupiti, Borabora, Tahaa, Huahine, Maiaoiti
et
Moorea.
Raliatea
seule
resta
et
cette
«
humaha
fut point acquise à Aimata et plus tard
à l'égard d'Aimata parce qu'elle avait un grand nombre
de terres. Il chercha les moyens de se Sauver et de rendre
solide son gouvernement. M. Threkeld était alors son
puaa »
ne
missionnaire.
Tamatoa
s'empara alors de
ces
«humaha
Société des Études Océaniennes
puaa»
qui
307
—
à Aimata
et
—
avaient
été
donnés
les rendit à
les détenaient antérieurement. Il dit à
ceux qui
Fenuapeho : « tiens,
prends ton gouvernement et ta terre de Tahaa, c'est toi
qui en sera le roi » et cela étant fait, Tamatoa dit à
Mai et à Tefaaora «tenez, prenez tous deux votre gou¬
vernement et votre terre de Borabora, vous y serez tous
les deux rois.
Il
dit
encore
ment
et
ta
terre
Taero «tiens, prends ton gouverne¬
de Maujpiti, tu en seras le roi ».
à
Ces paroles étant achevées, furent entièrement con¬
senties, c'est là le gouvernement actuel. Tamatoa père
étant mort, ainsi que Tapoa père et Tefaaora père,
restèrent. Le Tamatoa actuel et le Tapoa actuel et le Tefaaroa actuel, ainsi que Mai, Tamatoa et Tapoa eurent
un différend. Voici quelle fut la cause de cette querelle.
Ce fut Tahaa. Tapoa appela les gens de Faanui et Mai
consentit à lui porter secours. Ils combattirent aiors,
Tapoa fut vaincu et Tahaa ne fut point pris par lui. Il
fut chassé sur cette terre. Nous eûmes pitié de lui et c'est
cause
de cela que nous le fîmes roi. Nous ignorions
qu'il serait un roi agissant mal à notre égard et comme ii
a agi mal
envers nous à cause de cela nous l'avons re¬
poussé.
à
faire connaître la nature de
Je vais
ce
gouvernement'
Haupahu rahi » (6) ce qui signifie gouverne¬
ment de la même famille ; ayant un même code, un mê¬
me
évangile, des coutumes pareilles, un même pavillon
dans ce gouvernement, voilà quel est le pavillon : le pa¬
villon de Tahiti. Voilà l'époque à laquelle le pavillon fut
hissé, c'est alors que Tapoa fut fait roi. Il y a 5 étoiles
dans ce pavillon commje il y a 5 îles : Borabora, Toopua,
Tupai, Maupiti, Maupihaa.
C'est
le
Voici
notre
«
l'époque où il fut abandonné, c'est lorsqu'arriva
protecteur qui est le
à feu le
« Phaeton »
au
capitaine Messin du bâtiment
nom
du gouvernement des terres
françaises.
Signé : Tefaaora, prince de Borabora.
4 octobre 1845
H. de Robillard.
Société des Études Océaniennes
—
308 —
Document fourni par Maré sur
le voyage de Pomaré Vahiné (la
reine actuelle) aux îles Sous-le-Vent; sur son second
l'assemblée dans laquelle,
venus
mariage; sur
les messagers des îles Sous-le-Vent sont
apporter la paix, sur les embarcations des îles Sous-le-Vent
qui vinrent demander le pavillon de Tahiti etc...
Parole concernant la conduite de Pomaré vahiné
Sous-le-Vent
et
les
aux
îles
par lesquels la population de
les honneurs lorsqu'elle est arri¬
actes
rendu
ces
îles lui
vée
parmi elles. Tous les princes étant réellement au(7).
ont
dessous d e Pomaré vahine
Voici
la
première parole, le
voyage
de Pomaré
v
à
Raiatea.
La
population de l'île a rendu les honneurs à Pomaré,
quels sont les honneurs qui lui ont été rendus :
On la salua avec des salves de mousquetterie, et après
cela on lui apporta le « ahu oto » (8) devant elle et le
purau » (9) et le « moea » (10) signe de leur soumis¬
sion et ensuite, on apporta le « tavau » (11) composé d'une
quantité considérable de provisions, de cochons, de rou¬
leaux d'étoffes, que l'on apporta devant la reine en lui
adressant ces paroles « Pomaré voici le tavau que nous
remettons ». Ceci était encore un signe de leur dépen¬
voilà
«
dance.
Pomaré
épousa Tapoa, le mariage eut lieu à Atupii (12)
princes se réunirent là pour cette cérémonie.
Deux noms furent donnés à Pomaré, celui d'Aimata don¬
né par Fenuapeho et au nom de Borabora, et Teriitaria
qui lui fut donné par Ariipaea est un nom de Atupii.
Lorsqu'ils revinrent à Tahiti, ils mouillèrent à Moorea.
Le peuple de Moorea apporta le « ahu oto », il n'y eut
point de « tavau », mais simplement le « maa faamua »
(13).
Taiarapu (14) fut donné à Tapoa par sa femme. Po¬
maré Teriivavahi fut le nom du prince de Tapoa sur Taia¬
rapu. Tauniua, ami de Tapoa fut laissé en qualité de
gardien.
Dans le second voyage de Pomaré v à Raiatea, elle et
son mari furent visiter
la famille de Fenuapeho, parce
et
tous
les
Société des Études Océaniennes
S09 —
—
Fenuapeho était mort h la mer ; Pomaré v désira re¬
à Tahiti. Tapoa trompa alors sa femme en lui
disant « va à Tahiti, j'ai à travailler à notre embarcation
que
tourner
lorsque cet ouvrage sera terminé nous partirons ».
et
•
Pomaré vint à Raiatea, elle fit appeler de nouveau son
mari qui ne vint point. Pomaré vint à
encore dire à son mari de revenir, mais il ne vint point
encore. Pomaré vint alors à Tahiti .
Huahine, elle fit
Durant
de
ce
voyage
de Pomaré et de Tapoa, on présenta
« ahu oto » et le « tavau ».
à Pomaré le
nouveau
sollicité de se rendre à Tahiti
assemblée tenue au
mois d'août à Papara et après cette assemblée les «toohitu
(15) résolurent de chercher un mari pour la reine
afin qu'elle nous enfanta un prince.
Ils se réunirent en présence de la reine et lui dirent :
«Reine, te convient-il que nous appelions Tauteori (prinTapoa fut de nouveau
mais il ne vint point. Il y eut alors une
»
ce
«
des îles Sandwich )
Teremoemoe
voici le mari que
pour
être ton mari ?
consentirai pas h cela,
pensé
donner
à la reine, c'est Tej'ai
dit alors
« je
ne
nania.
répondirent « si nous y consentons que l'on
qu'il vienne a Tahiti. »
étant arrivé h Moorea, vint ensuite jusqu'à
Les Toohitu
écrive
une
Tenania
lettre afin
Tahiti, les gouverneurs, les toohitu et les juges de district
se
réunirent alors en assemblée et Paofai dit à Maré
«rends-toi à Mooréa pour amener
Teraimano (princesse
afin qu'elle vienne assister au mariage».
Maré dit alors « Teraimano, allons au mariage afin
que vous deux (Tamatoa) en ayez connaissance ».
de Huahine)
'
Arahu
dit à
Maré
« ne
nous
Tapoa et s'il nous dit « je ne
mariage aura lieu ».
Maré
répondit
« ces
pressons
point, appelons
viendrai point », alors le
paroles ont été recherchées par
nous ».
à Tahiti, voilà quel était le mo¬
ils venaient apporter la paix. Nous
nous réunîmes alors en assemblée dans la maison appelée
afairata » appartenant à Pomaré.
Raitupu, orateur principal des îles Sous-le-Vent dit
alors : « Tunui e aaite atua (16) Ariipaea, les neuf disL'arrivée des orateurs
tif de leur voyage :
«
Société des Études Océaniennes
-
tricts du
310 -
Porionu, leg 4 du Teva i tai, les 4 du Teva i
uta, les deux mano du Oropaa et le Taumata ite fana i
ahurai, Punua te rai tua (17) et les 8 districts de Moo-
voici une parole de Tamatoa, de Teriimaevarua, de
Mai, de Tefaaora et de Teriitaria, venant sur le «liaupau nui » (18), voila que j'ai pêche et que le sang humain
a coulé, tenez, recevez cette
paix. »
rea,
Mai
déploya et étendit à terre le purau pour recevoir
paix. Il dit ensuite « Tamatoa, Teriimaevarua, Mai,
Tefaaora, Teriitaria, voici la parole de Tunui eaa ite atua,
cette
elle
consent
à
cette
paix,
recevez
la».
Raitupu dit de nouveau « donne moi la paix et protège
moi ». Mai répondit au nom de la Reine « je consens à
tes paroles et je te protégerai».
Raitupu demanda ensuite les lois pour lui servir de
défense. Paofai dit alors à Maré : «lève-toi».
Maré dit alors au nom de la reine : « Raitupu je suis
joyeux de ce que tu me demandes ces lois, car mon désir
est de porter le gouvernement de cette Reine jusqu'aux
îles Sous-le-Vent méconnu par toi, je me tenais à distance
et ne regardais
pas vers toi et maintenant que tu me de¬
mandes ces lois, j'y consens, tiens, reçois les lois au nom
de la Reine, je veillerai sur ceux qui violeront ces lois et
je les atteindrai ».
Les princes des îles Sous-le-Vent construisirent des na¬
vires ainsi que les hommes du peuple et les étrangers
établis à Raliatea et lorsque les petits bateaux furent
achevés, ils les conduisirent à Tahiti et demandèrent le
pavillon. Pomaré répondit : j'y consens
.
De même aussi les
étrangers demeurant à Raiatea.
capitaine Johnson dont le navire s'appelait «Raiatea»
demanda le pavillon à Pomaré et les papiers pour son
bâtiment. Pritchard écrivit les papiers du bâtiment en
langue tahitienne et les traduisit en anglais. Pomaré elleImême écrivit son nom au-dessous de ces papiers des
bâtiments. J'ai interrogé la-dessus le capitaine Johnson,
il me les a fermement fait connaître, voici sa parole :
il était capitaine du bâtiment appartenant au capitaine
Hunter, anciennement. Le pavillon de ce navire était un
pavillon anglais qui avait été donné au capitaine Hunter
par le commandant d'un bâtiment de guerre anglais. Ce
commandant était myope (ou aveugle) «matapo» (19).
Le
Société des Études Océaniennes
-
311
-
ayant été conduit à Sydney, des hommes
demander au capitaine Johnson d'où il venait.
Ce navire
rent
vin¬
Ce¬
répondit : je viens de Tahiti.— Où le navire a-t-il
été construit ? — A Tahiti. Et lorsqu'il revint il quitta
le pavillon anglais et reprit le tahitien.
Cela m'a été dit par le capitaine Johnson lors du
troisième voyage de Pomaré à Raiatea avec les soldats.
Les embarcations de Atupii et de Raiatea portent le pa¬
villon de la puissance de la Reine pour lui faire honneur
et les canots transportèrent les soldats de Pomaré.
La Reine accomplit des actes de puissance en s'appropriant les provisions et les fruits cultivés à Atupii et à
Raiatea ; les propriétaires de ces fruits n'y mirent aucune
opposition. On lui apporta de nouveau le « ahu oto » et
lui-ci
le «tavau».
Lorsqu'elle arriva à Raiatea; on lui donna une grande
quantité de provisions. Les gens de Raiatea rendirent
honneur à Pomare et lui apportèrent le « ahu oto » et
ensuite le « tavau » et après cela le pavillon de Pomaré
fut hissé sur le débarcadère de Tamatoa et sur toutes
rendre honneur à Pomaré v.
Pomaré se rendit à Tahaa. On lui apporta le « ahu
oto » et le « faamua ». Taia remit ces présents à Pomaré
ensuite Taia donna Tahaa dans la main de Pomaré.
Tapuni de Moorea dit alors à la reine : « Teraitua,
les
embarcations pour
donne moi cette terre,
consentit point.
j'y demeurerai ». Mais Pomaré n'y
Ceci m'a été dit par Vaapau que j'ai in¬
terrogé sur ces paroles.
La Reine se rendit ensuite à Borabora et lorsqu'elle
fut proche de la terre, le canon retentit et le
fut hissé et les canons de Tapoa ayant été établis sur des
pieux élevés. Ce fut là qu'ils tirèrent de même
des navires de guerre et les soldats de Tapoa rendirent
honneur à Pomaré. Un homme de Borabora qui mit le
feu à la poudre de ces canons établis sur ces pieux fut
pavillon
qu'à bord
tué.
des embarcations ne viennent point
les honneurs étant achevés, la Reine se
Les hommes
re
et
à ter¬
rendit à
visiter Tapoa. Tout le peuple de Borabora
apportèrent le «ahu oto». Les soldats de
Tapoa vinrent ensuite avec le « ahu oto » et fournirent
des provisions à Pomaré et ils apportèrent ensuite le
terre
pour
était réuni; ils
Société des Études Océaniennes
—
«
tavau ».
Ils
traitèrent
312
avec
Pomaré.
Pomaré
-
de
grands égards la reine
revint
à Raiatea et Tapoa la suivit
jusqu'à
peuple de Tahiti n'apporta pas le « ahu olo»
ni le « tavau » à Tapoa
non plus le « maa paeahi » (20)
et le «maa tumu uru »
(21). On lui donna seulement le
« faamua
», des cochons et des rouleaux d'étoffes, c'est là
ce
qui fut apporté à Tapoa.
Tahiti. Le
Cette
parole est achevée. Signé Maré.
Pour
traduction
l'aide de camp
sur
l'original indien,
du gouverneur, signé II. de Robiîlard.
VOCABULAIRE.
(1) Ces documents font suite à ceux déjà imprimés dans
Voir leur origine dans le Bulletin
les bulletins 76-82-33.
76.
•
(2) Il semblerait que l'on aurait posé la question : les
Pomaré avaient-ils des droits sur les îles Sous-le-Vent ?
Les différents documents cités s'attachent à
prouver qu'en
effet la dynastie en était suzeraine, et
donnent
pour cela
d'honneur attachés aux royaux.
Ils sont peut-être tendancieux. Il faudrait connaître la
contre-partie.
(3) Faanui est aujourd'hui un district de Borabora V mais
était l'ancien nom de cette île. Borabora dans la
langue
ne
signifie rien.
(4) maroura, ceinture de plumes rouges, insigne de la
royauté.
(5) humaha puaa, littéralement cuisse de porc. Un des
les
différentes marques
meilleurs
morceaux
réservé aux royaux. Lors de l'in¬
royale, au cours d'un banquet une personne au¬
torisée se levait, brandissait une cuisse de
porc et s'écriait :
humaha puaa suivi du nom du roi proposé. Si
quelqu'un
élevait une autre cuisse de porc il y avait contestation.
Manger la cuisse de porc c'est prendre possession d'un
pays, le gouverner. Voir dans la Bible I, Samuel chapitre
tre 9, versets 22-24 une cérémonie semblable
pour l'in¬
vestiture du roi Saiil mais il s'agit ici de
l'épaule.
vestiture
Société des Études Océaniennes
-
313
-
(6) Iïau pahu rahi ou Hau pahu nui — littéralement
gouvernement du grand tambour. Représente le gouver¬
nement
collectif
de
toutes
les
îles
gouvernées
par
des
famille, au-dessous des rois de Tahiti,
que l'on appelait « Hau toere » gouvernement du tambour
rois de la même
élevé.
on faisait usage de deux
bas,
L'un,
large, le Pahu nui; l'autre
étroit et allongé le toere. Le pahu nui était d'abord frap¬
pé, le toere répondait. Par suite, dans les assemblées, les
orateurs désignaient le peuple et les chefs inférieurs par
le nom de pahu nui, et le roi sous celui de toere ; disant :
le pahu nui a demandé telle chose, le toere a répondu.
De là la dénomination de Hau pahu nui donné au gouver¬
nement de toutes les îles au-dessous de Pomaré, repré¬
sentant le tambour supérieur le toere.
fêtes et les danses
Dans les
sortes de
tambours.
(7) Rang de suzeraine donné à tort ou à raison
maré
v
sur
(8) ahu
remis
aux
les
oto,
à Po¬
îles Sous-le-Vent.
rouleaux d'étoffes d'écorces de maiore
visiteurs de rang élevé.
(9) purau, fines étoffes confectionnées avec
l'hibiscus!
tiliaceus.
(10) moea, fines nattes.
(11) tavau, voir détails bulletin 76.
(12) Atupii, ancien nom de Huahine.
(13) maa faaamua, don d'aliments à l'arrivée et au
départ de visiteurs.
(14) Taiarapu, nom tahitïen de Tahiti iti, la presqu'île.
(15) Toohitu, assemblée de district composée de 7 mem¬
bres.
Tu
(16) Tu nui e aa i te Atua, nom de Pomaré, le
qui provoque la divinité.
grand
(17) Porionuu, districts concernant aujourd'hui Parc et
Teva i tai, Teva du bord de mer — Teva i uta :
Teva du côté montagne, comprend les districts au sud de
Oropaa (districts de Puna(auia et Paea) jusqu'à la pres¬
qu'île inclusivement.
Taumata i te fana i ahurai, district de Faaa, doit sou
Arue.
Société des Études Océaniennes
314
à la queue
senterait.
nom
de poisson
-
que sa
configuration repré¬
signifierait district. Autre sens : le nombre mille.
(18) voir 6.
(18) Hau pahu nui, voir 6.
(19) matapo, aveugle.
(20) maa paeahi, paea est une espèce inférieure de maiore
indigne d'être présentée aux royaux.
(21) maa tumu uru, présents de maiore, d'aliments
Mano
offerts
aux
royaux.
R.L.
Société des Études Océaniennes
-
315 -
L'histoire de l'Ile de Borabora
et la généalogie de notre famille
du marae VAIOTAHA
(par Tati SALMON 1904) (1)
grande pierre taillée en for¬
Honu » pierre tor¬
Il y a dans cefte île une
de tortue, elle est appelée : « Ofai
me
tue,
La tradition de cette pierre est qu'elle
signe de propriété du nom: «Vavau».
Vavau fut le premier nom de l'île
rations ; il acquit de la puissance sous
représente le
pendant des géné¬
ce nom. L'origine
propriétés fut fait sous la forme habituelle de
mariages d'Ofai Honu qui prit pour femme Hohorai ;
un fils naquit, Firiamata o Vavau, à sa naissance Vavau
de
cett
devint le
nom
de l'île.
grand devint un guerrier et un naviga¬
petite île était trop étroite pour lui ; il jeta
Vavau devenu
teur ;
sa
les yeux
avec
sur
l'île proche Havai
Tetuamatatini. Ils eurent un
Havai. Ce fils est, ou
(Raiatea) et se mariai
fils, Teohu Matatua i
devint chef des 9 districts faisant
partie de l'île et les gouvernait. Vavau prit pour femme
(Rarotonga) ; un fils naquit : Manatere i te Pô,
demeura pas là, il devint un navigateur, et il
fut perdu de vue. Mais quelques temps après le nom
apparut avec le canot de Taaroa Nui Maiturai quand il
alla chercher l'amour de Taurua de Papeari, et pour
dérober l'isthme, mais il fut devancé par le jour et fut
obligé de l'abandonner. Il lui donna le nom de Manatere.
Il est connu aujourd'hui sous le nom de Taiarapu. Vavau
continua à prendre femmes, cette fois-ci ce fut Avarua
(Nile-Zélande) ; il eut deux fils : Tepou Maaruo et
Tuhohoirua ; tous deux demeurèrent. Vavau prit encore
Papauri (Nukalofa) et eut un fils Papatea. Il prit en-|
suite Tearioterai et en eut trois fils : Tiihopu et Taehau
Matai, ses deux fils demeurèrent aux Tuamotu, le troi¬
sième fils Rereihotu alla à Oahu ^(Sandwich).
Toamu
mais il
ne
retrouvé ce document parmi d'autres à in¬
bon nombre d'années en an¬
glais, mais notre Bibliothèque n'en possède aucun exemplaire.
Nous le traduisons de l'anglais et l'insérons ici vu l'intérêt
qu'il présente. (N.D.L.R. )
(1) Nous avons
sérer. Il
aurait été publié il y a
Société des Études Océaniennes
-
316
-
Du premier mariage de Vavau, un deuxième enfant
naquit, Firiamata o Hiti, qui alla à Tahiti emportant
avec
lui la pierre Hiti que l'on voit encore à Papeari.
Vavau se déclara satisfait et dit: «Je nomme la li¬
Est de mes possessions : Te Pae Roa ia Hoa ( le
mite
long côté de Hoa), et l'Ouest : Tahuhu Nui o Manua (la
perche lointaine de Manua) ».
Firiamata o Hiti prit pour femme Tetuanui de Pape¬
ari ;
ils eurent
un
fils : Tetoa
o
te Moana
ou
Terii Te-
moanarau.
Ceci
forme
la
gouvernement
ne
parenté de Vavau. Mais comme aucun
pouvait subsister sans avoir un marae
et
ses
prêtres pour régulariser l'établissement et les
droits de chaque chef de famille, un marae fut construit
à la naissance de Firiamata o Vavau, et fut appelé
Vaiotaha ; le dieu ou esprit était Taaroa, le créateur du
monde, comme le prétendaient les indigènes. Il y a une
légende que Taaroa Marae était Vaiotaha, sa mâchoire
supérieure reposait à Ahuteaiterai, marae Faretai au lieu
Manutau ; sa mâchoire inférieure reposait à Tahuea ite
Turatura ou Toerauroa (Huahine) au marae Matairea ;
sa
gorge et son estomac Tetumu et Harura a Nuu Teraotapu, marae Vaearai (Opoa à Raiatea). Ce marae ce¬
pendant fut en partie transporté au lieu Matahira, re¬
construit, et appelé Taputapuatea avec comme objet
des sacrifices à Taaroa.
Ces
4
devinrent les marae
cajpitaux, Vaiotaha
plus élevé par le rang ; les chefs dont les
généalogies partirent de ce marae furent toujours au
rang le plus élevé. A chacun de ces marae furent atta¬
chés des dieux secondaires qui devinrent les patrons des
guerriers et dont les images furent transportées pendant
les guerres et dans les voyages. Ces dieux devinrent les
marae
devenant le
racines de
ces
Les nôtres
familles.
furent
:
Raitetumu qui prit femme dans le peuple, Hina Teaapu,
fille du dieu Tane ; ils eurent un fils Raitepapa, une fille
Tepuna Aiaru ; Raitepapa prit pour femme Hinetau d'où
naquirent Raitemaremare, Terutepuea une fille.
Raitemaremare prit pour femme Hinateaata d'où na¬
quit Raitehotahota. Raitehotahota prit pour femme Hinataatai, d'où naquit un garçon Raihaamate. Raihaamate
Société des Études Océaniennes
-
317 -
prit pour femme Motu, d'oiï naquit Moeteituti, Teriiounumoana, Taaroaanui Maiturai. Ce garçon fut donné pour
le service du marae et devint l'esprit qui recevait et
gardait les âmes des chefs et cheffesses morts pendant
l'espace de temps où leurs cadavres étaient portés d'un
à un autre, suivant leurs positions durant leur
marae
vie.
Moeteitute prit comme femme Faaharanui d'où na¬
quit Moeterearea, un garçon Terihenui, un fille.
Moeterearea prit pour femme Hiaraaura, d'où naqui¬
rent Moeterauri un garçon et une fille Maraaru.
Moeterauri était aussi appelé Teruinaitera ; c'était un
guerrier remarquable autant qu'un bon marin ; il cons¬
truisit de grands canots capables d'atteindre les Mar¬
quises, à travers les Tuatao'u, et parfois les Sandwich.
On disait qu'étant sur le point de partir vers le sud,
on trouva
endommagée la barre de la livarde ; il partit
à la recherche d'une autre, arriva à l'île voisine Upolu
aujourd'hui appelée Tahaa, où l'on disait qu'il y avait
de bonnes barres à Patio. Il aborda là, vit le bois désiré
et ordonna qu'il fut coupé et apporté à la plage ; pen¬
ce travail, il franchit la
voisine. C'était la vallée*
Faraha où vivait Tepouaru et sa femme renommée pour
beauté, Faimano, avec leur suite de guerriers ; Faimano
étant une grande chefesse elle-même, avait une garde du
corps comme c'était l'usage en ce temps. Lorsque Moe¬
que ses hommes faisaient
cime le séparant de la vallée
dant
~
sa
terauri allait
vers
la
mer
pour
atteindre la plage, il vit
belle femme en train de battre
des raeines de « ^ute » pour f aire des lignes de pêche ;
il la regarda et attendit jusqu'à ce qu'elle ait fini son
travail ; alors elle alla à la rivière pour se baigner. Pen¬
dant tout ce temps elle ne le vit pas ; il ramassa et lui
lança un fruit de « allia » et cela trois ou quatre fois ;
elle attrapa un fruit et, en Eevaininanl, y trouva une'
marque faite par sa main. Elle regarda autour d'elle
avec soupçon et cria: «Où es-tu ? Si tu es un homme,
près de la rivière une
montre-toi V »
encore :
«
Qui
Il sortit alors de la brousse. Elle répéta
es-tu ? comment oses-tu troubler mon
sais-tu que
Tane de Vavau ? »
bain ?
je suis Faimano la petite-fille de
Il réfléchit que la petite fille de ce
plus haut rang que la femme du chef Te¬
i Upolu. Il répliqua, en s'approchant d'elle : « Je
chef était de
pouaru
Société des Études Océaniennes
-
318 -
un
voyageur passant par là pour aller à la plage
quand tu as demandé si c'était un homme qui t'avait
lancé des « allia » je suis cet homme. » Il entra dans
l'eau et la saisit. Elle fut très surprise de cela, elle vit
aussi qu'il était beau à regarder et un parfait étranger
pour elle ; elle dit : « Laisse-moi aller, ce n'est pas ici
une
place pour jouer comme si nous étions des poissons,
viens, je serai ton guide jusqu'à la maison».
Il la suivit ; ses gens furent étonnés de voir un étran¬
ger conduit parmi eux d'une telle façon ; ils posèrent
des questions : « Qui est celui à qui notre chef esse mon¬
suis
et
tre
de faveurs ? » Elle donna l'ordre à
fournir de nouveaux habits et de lui
tant
de lui
ses
femmes
préparer la
chef, car elle se disait : « Ceci doit être mon
parent Moeterauri que nous savons être de l'autre vallée.»
Son mari était absent pour une de ses pêches et elle
maison du
faire les honneurs de la maison. Des porcs fu¬
et des aliments préparés. Au soir, quelques
hommes de Meoterauri arrivèrent cherchant leur chef,
avait à
rent
tués
et, par eux, l'on sut que cet étranger n'était autre qu'un
grand chef et un guerrier dont on avait tant entendu
parler. Il demeura trois jours et tout ce temps vécut avec
Faimano
comme
Il lui dit à
mari et femme.
départ *. « Je sais que tu es enceinte
je désire te dire que si l'enfant est un garçon,
tu l'appelleras Arumearau ; il deviendra un grand guer¬
rier. Ton mari sera jaloux et fera son possible pour que
l'enfant meure. Aime beaucoup les bonites et les thons
et je travaillerai avec le prêtre du marae Vaiotaha pour
apporter à ton mari des vents contraires qui le retien¬
dront longtemps en mer. Il n'agira pas ouvertement pour
son
de moi et
débarrasser de l'enfant. Il serait meilleur pour toi
d'aller vivre chez le vieil Ana, il pourra mieux protéger
l'enfant que toi ». Il lui dit au revoir et partit.
se
Alors
qu'il se trouvait dans son canot de guerre TepuaHotu, il rencontra Tepouaru revenant de la pêche.
Ce chef fut très troublé en voyant ce canot de guerre
venant de sa propre plage et demanda à ses hommes
qui il pouvait être, et s'approchait, ceux-ci virent qui il
était. « Gomment, c'était Moeterauri dans son canot Tepuatere ia Hotu ! » Tepouaru salua comme c'était l'usage
tere
ia
son
interlocuteur et l'invita à retourner à Faaha et accep¬
ter
l'hospitalité de Tepouaru. Il répliqua,: «Merci beau-
Société des Études Océaniennes
-
319
-
j'en ai joui pendant trois jours.» Tepouaru fut très
jaloux et hâta ses hommes pour revenir aussi vite que'
possible.
coup,
une baie de l'île Upolu ou Tahaa de trois
profondeur et un mille de largeur, sa vallée
est large et fertile, on disait qu'elle était bien fournie
en
patates, taros, ignames et kava, la culture habituelle
de cette époque. Ceci était l'œuvre du vieil aveugle Ana ;
il était avisé et réputé pour bien gouverner, de sorte que
dans sa vallée il y avait toujours abondance ; en temps
de famine beaucoup y venaient pour y chercher de la
nourriture. Il s'était arrangé pour protéger ses planta¬
tions des voleurs à l'aide de deux guerriers Tanihaa et
Tanivaere, et le kava, le plus précieux, par le porc
mangeur d'hommes Moiri, de sorte que personne ne
pouvait rien prendre sans son autorisation. Tepouaru avait
enlevé à son père toute autorité et vivait loin de lui.
A son arrivée, Tepouaru fit une enquête sur ce qui)
s'était passé pendant son absence et sur la réception
donnée, il lui fut dit qu'elle avait été différente des
fêtes habituelles données aux chefs de haut rang qui ve¬
Faaha est
milles
de
naient
souvent
à Faaha.
Il suspecta la fidélité de sa femme et la surveilla
tement, attendant le moment où l'enfant naîtrait pour
la tuer. Il fit des plans serrés pour éviter tout insuccès.
Faimano vit tout cela et garda ses propres gens autour
étroi¬
la protéger si cela était nécessaire.
de la naissance arriva et attendu à la
seconde nuit de la nouvelle lune ; la nuit appelée Hirohiti arriva. Tepouaru était parti à la pêche le jour avant
et Faimano
partit chez le vieil aveugle Ana ; là elle
accoucha d'un bel enfant ; le vieil homme ayant entendu
que c'était un garçon demanda si l'on ne pouvait observer
sur
lui aucun signe particulier. La sage femme lui
répondit qu'il avait d'étranges yeux rouges et que son
nombril était dressé. Le vieillard prédit alors qu'il serait
un
garçon sans peur et deviendrait remarquable. Il lui
d'elle pour
Le
moment
donna le
nom
de Hiro.
Tepouaru regarda l'enfant et dit : « Comme
mon
père lui a donné un nom, il peut le regarder, et pren¬
Au retour,
dre soin de lui ».
Lorsque l'enfant grandit, le
vieillard lui apprit l'art
Société des Études Océaniennes
-
de
battre
à
Ta
320
-
la lutte ; il était si fort
de son âge ne pouvait lutter contre lui. Il
rendit au vieillard son amour. On lui
enseigna aussi les
mouvements des astres et la
navigation ; il excellait dans
tous les exercices de cette
époque.
Faimano avait trois garçons de Tepouaru et ils de¬
vinrent fort jaloux de leur plus jeune frère. Pendant une
course de
canots, ils devinrent si furieux quand Hiro les
devança qu'ils tombèrent subitement sur lui pour le tuer ;
ils le jettèrent par terre, étourdi, et posèrent une grosse
pierre plate sur son corps et le laissèrent comme mort.
Hiro cependant sortit de dessous la pierre et partit dans
la vallée du vieil Ana ( la pierre existe encore à Fahaa,
je la vis en 1901 comme aussi le pays où poussait les
ignames. La caverne de Moiri existe encore et aussi la
plateforme où vécurent Tanihaa et Tanivaere).
Lorsque Hiro arriva à l'âge d'homme, il interrogea sa
mère au sujet de son père « car, dit-il, tu ne peux pas
me
faire croire que mon père était Tepouaru car il
montra de la haine pour moi. Dis-moi le nom de mon
père. »
Sa mère lui répondit : « Quand tu auras fait des ac¬
tions de guerrier, je te le dirai. » Pour cela Hiro s'exer¬
çait à l'art de la guerre.
Un jour arriva un chef, Raatapu de Havai (Piaiatea)
avec ses
canots et ses gens. Tepouaru prépara tout pour
le recevoir comme un hôte de marque, des aliments fu¬
rent amrnassés et des
porcs rôtis. Au repas du matin du
second jour, le chef voulut du kava, les fameuses pa¬
tates et les ignames. Tepouarau ne pouvait refuser et
voulut profiter de sa chance pour se défaire de Hiro,
il l'envoya chercher et avant que son hôte ne lui dise ce
qu'il désirait, il lui dit : « Hiro, notre hôte désire voir
les patates et les ignames de Faarahi et après cela ap¬
porte du kava de Puroa.
Très bien », dit Hiro. Lorsqu'il passa chez Ana, le
vieillard l'appela : « Ou vas-tu ? » Hiro le lui dit. Le
vieillard lui signala Tanihaa et Tanivaere et le prévint
qu'il eut à frapper de gauche à droite et d'appeler d'abord
Tanihaa, l'autre serait assoupi, et il pouvait avoir le temps
de tuer le premier avant que l'autre n'arrive. Hiro ne
devait sous aucun prétexte aller chercher immédiatement
le kava, mais retourner avec les patates et les ignames.
se
massue
et
que personne
«
Société des Études Océaniennes
-
321 -
Hiro
partit, suivit les instructions du vieillard et revint
après avoir tué les deux guerriers ; il rapporta
les patates et les ignames au vieil Ana qui lui dit de les
apporter à Tepouaru et de retourner vers lui. et de ne pas
lui dire qu'il avait tué les deux gardiens. Hiro l'écouta.
Tepouaru furieux dit : « Où est le kava ? » Hiro répliqua :
Je vais le chercher maintenant. » Il y alla et revit Ana
qui lui dit que lorsqu'il arriverait sur les lieux il ferait
le plus de bruit possible et devrait jeter des branches
de kava dans la caverne pour irriter le mangeur d'hommes
dans son antre, et si Moiri ne sortait pas il ne devrait
pas essayer de pénétrer à l'intérieur pour l'en faire sor¬
tir, la place n'étant pas suffisante pour combattre. Hiro
victorieux
Quand il
arriva, après avoir fait tout le bruit possible, il entendit
les grognements du gros porc, qui ne voulait pas sortir.
Alors Hiro lança des branches de kava, cela irrita le
suivit de
nouveau
les instructions du vieillard.
porc tellement qu'il se précipita à l'extérieur ; alors Hiro
lui lança sa lance le blessant mortellement. Il ramassa
le porc qui avait encore le harpon, déracina le kava et
le plaça de l'autre côté pour équilibrer la charge, et par¬
le lieu du festin. Le vieil Ana l'attendait avec
quand il entendit Hiro, il lui dit : Sois le
bienvenu car je craignais que Moiri ne t'attrappe. » En
partant ITiro laissa là le kava demandant à Ana de le
garder jusqu'à ce qu'il revienne. Il lui demanda : « Pour¬
quoi fais-tu cela ? » Il répondit : « Oh, ils peuvent aller
maintenant en chercher puisque Moiri est tué, ceci est
tit pour
anxiété
et
pour nous
deux seulement. »
Quand Tepouaru et ses gens virent Hiro revenir avec le
porc tué, ils eurent peur et s'émerveillèrent de son succès.
Il parvint là où était Tepouaru et son hôte Raatapu. Se
tournant vers le premier, il dit: «Voilà le fameux porc
Moiri, quant au kava, je l'ai laissé chez moi pour mon
propre usage, si tu en veux, envoie tes fils en chercher
car
personne ne leur fera du mal. »
insulte pour Tepouaru et ses fils. Hiro les
quitta et revint chez lui ; la fete se termina, Raatapu par¬
tit sachant qu'il allait y avoir du trouble. A son retour
chez lui, Hiro commença à mâcher le kava, cela lui prit
un certain temps, quand il fut prêt à boire, c'était le soir.
11 donna le premier bol à Ana et commença lui-même à
boire. Le vieillard lui dit : « Ne bois pas trop, je suis
C'était
une
Société des Études Océaniennes
-
322 -
aveugle et ne peut surveiller tes ennemis. Il est certain
que Tepouaru veut attenter à ta vie. » Le kava ne fit au¬
cun effet sur Hiro tandis
que le vieillard était tout à fait
ivre. Pendant la nuit, des hommes furent envoyés pour
voir dans quel état se trouvait les deux hommes ; ils vi¬
rent Ana ivre et pensèrent que Hiro était comme lui. Ils
retournèrent faire leur rapport. Tepouaru et ses trois
fils partirent disant : « C'est le moment de tuer notre
ennemi. » En arrivant, Hiro se prétendit ivre et les trois
hommes se querellèrent pour savoir lequel lui porterait
le coup mortel. Hiro se leva et les battit, en tuant deux ;
le troisième voyant cela, courut vers son père Tepouaru
avec Hiro à ses trousses. Tepouaru entendant
la voix de
son
fils appelant au secours, courut vers lui juste au
moment
se
où
Hiro
allait
l'atteindre ;
il blessa Hiro qip,
retournant, perça
Tepouaru de
sa
Faimano
suivie de
gens,
lance.
et quand elle vit
Tepouaru mort et Hiro devait lui, elle appela à elle ses
guerriers pour le protéger au cas où les hommes de Te¬
pouaru voudraient venger la mort de leur chef. Ceux-ci,
cependant pensaient que Hiro était le fils de Tepouaru
et
que les actes qu'il venait de faire pendant ce jouit
étaient si remarquables qu'ils étaient fiers de lui et le
proclamèrent chef de Faaha. L'endroit est appelé Vaitoto
(il est encore visible aujourd'hui). Le vieil Ana entendit
parler de tout cela et conclut que Hiro avait agi en lé¬
gitime défense. Ainsi Hiro commença son règne avec l'ap¬
probation de tous.- Il ordonna de construire un nouveau
marae
et Éappela Tau i Upolu
(le temps d'Upolu). Il
vécut en paix et rappela à sa mère sa promesse de lui
di rc qui était son père. Elle le lui dit.
accourut
ses
Longtemps après, Moeterauri fut absent de chez lui
long voyage. Hiro commanda de faire un grand
canot, et pendant qu'il se construisait, un envoyé de
Raatupu, chef de Havai, vint pour lui offrir sa fille en
mariage, Vaitumarie. Hiro répliqua: «Quand j'aurai vu
mon
père Moeterauri, j'irai et prendrai ma femme, elle
est à moi à partir d'aujourd'hui ». Quand le canot fut ter¬
miné, Hiro choisit un équipage, moitié parmi les hom¬
pour un
sa mère et moitié de Faaha. Il
appela son canot
(fertile). Il laissa son peuple entre les mains de sa
mère et avec les conseils d'Ana. A son départ, le vieillard
lui donna des conseils sur la navigation qui lui furent
mes
de
Hotu
Société des Études Océaniennes
précieux. Il partit alors à Yavau pour recevoir la béné¬
diction des prêtres.
L'histoire de Hiro
comme
elle était racontée à Faaaha
termine ici.
se
Les gens
de Borabora ont la leur, comme les Pomotu ;
fait, toutes ces îles ont quelque chose à dire au sujet
de ce navigateur, nous donnerons la généalogie.
en
Hiro
ou
Arumaerau
prit pour femme Vaitumarie dont
Marama Toa
ils eurent un enfant Teihotu, connu comme
Fenuaura ; une fille Piho lté Marotaima.
Après son mariage, Hiro apprit que sa femme avait un
quoiqu'elle soit enceinte,
il la quitta pour un voyage en Nouvelle-Zélande ; avisant
les prêtres d'avoir à surveiller la naissance de l'enfant ;
si c'était un garçon de bien considérer ses yeux, s'ils
étaient rouges, de le nommer son héritier, sinon de tuer
amant, cela le rendit furieux et
la mère et l'enfant, et de lui donner le
nom
de Teihoti
(rejeton de guerrier).
Hiro trouva à Borabora Tetura
son
demi frère du ma¬
riage de son père Moeterauri avec Faatavare ; il eut d'elle
Tetura et une fille Faatauha. Tetura avait navigué avec
son
père depuis son enfance et Hiro le prit comme pilote ;
ses hommes étant jeunes et inexpérimentés. Hiro rencon¬
tra son père une seule fois car il fut tué à Tahiti par
Vehiatua, chef de Taiarapu, mort pour laquelle une ven¬
geance eut lieu plus tard. On dit que Hiro eut des gar¬
çons et des filles autre part, nous n'avons pas de détails
à ce sujet. L'assassinat de sa femme est raconté ailleurs.
Marama Toa Fenuaura
prit pour femme Maapu, d'où
deux garçons Temaru ou Faaneti, Tutau Matara o Hiro.
On raconte une jolie histoire pour montrer comment le
fit Marama tourna en tristesse, quand sa sœur
fut la première personne qu'il rencontra. Cela est
aussi raconté ailleurs.
vœu
que
Piho
prit pour femme Vairaumati d'où Hoataatama,
Urumarachau, Unumarautapu. Ce furent les deux
Tcamau
Raa
qui offrirent à Paitia, chef de Mahine de Tahiti,
Tetiaroa comme propriété comme un présent à
Temore Yalune i Pnnaauia, qui se maria avec Auaruroa
lté Papa, connu comme le grand-père du fameux géant
femmes
les
îles
Honoura.
Hoataatama
prit pour femme à Eimeo (Moorea du ma-
Société des Études Océaniennes
-
324 -
Umarea) Raimanu citée comme une
des Iles Sous-le-Vent. Hoataaiama vint la
beauté connue
voir, lui offrit
la mariage et fut accepté. Ils eurent un garçon Roometua
et une fille
Teruiaetua. Hoataatama prit une seconde
rae
femme à Borabora Tehaamaroha et eut un fils Teehotu.
Cette branche y demeure et a des descendants encore vi¬
vants.
Nous descendons de la branche aînée.
Roometua prit pour femme Teruteperetaura du marae
Fareie à Haapiti (Moorea) et eut un garçon Mataru, fils
unique.
Mataru
à
prit pour femme Terorofai du marae Farepua
Papeari, né d'eux : Tepua Otanehaurau, Terorofai, une
fille.
Tepuaotanehaurau étant la plus vieille branche de la
famille Vaiotaha, revint à Borabora et ainsi sa sœur devint la tête de la famille de Papeari qui prit le nom de
Teriinuiotahiti. Nous laisserons la généalogie de cette
branche et continuons avec celle de Borabora.
Tepuaotanehaurau prit pour femme Temuraitua du ma¬
Faretai, d'où Unutea, fille ; Matea, un garçon, Maruarui un garçon, Tumaehai.
Les deux aînés retournèrent à Papeari et devinrent les
guerriers célèbres connus sous le nom de « jumeaux aux
yeux gris ». Cette histoire sera racontée ailleurs.
Unutea se maria avec le chef Raanui de Tupuai. Ils
eurent un garçon Temau.
rae
Ceci
vint a
est
un
résumé de l'histoire de Unutea. Quand elle
Tupuai avec son mari, son frère Tumaehai la suivit,
un enfant maladif et
soigné par sa sœur ; son beaufrère le détesta parce que le euple l'aimait et parce qu'il
en devint le favori. Il le tua et mit son cadavre dans le
chaume de sa maison. Il manqua bientôt à sa sœur qui
îe chercha tout autour de l'île. A la fin, voyant sa
étant
tristesse,
lui dit où le corps pouvait se trouver. Elle
pratiqua sur lui la méthode employée à cette
époque de colorer le cadavre et le roula autour de son
propre corps, méditant sa vengeance. Pendant tout ce
temps elle était sans pouvoir à Tupuai et pour combiner
sa
vengeance devait aller, soit à Borabora, soit à Tahiti
dans son peuple.
Enfin, et après plusieurs essais de corruption, elle
on
l'obtint et
Société des Études Océaniennes
—
325
—
deux hommes qui lui donnèrent leur canot, ils
quittèrent Borabora. Ils arrivèrent à bon port. Le corps
desséché de son frère fut porté au marae pour profiter
des incantations proférées pour la préparation de la guerre,
trouva
car
Unutea avait l'intention de rassembler
une
flotte pour
Tupuai. Quand les cérémonies furent terminées à
Borabora, Tahaa et Iluahine ou ses sujets lui promirent
leurs secours, elle continua son voyage à Tahiti et arriva
à Papeari. Peu de temps après, arrivèrent des messagers
de Borabora lui rapportant que son mari, avec deux ca¬
nots, allait arriver, et qu'on les y retenait par de préten¬
dues cérémonies amicales jusqu'à ce que des ordres soient
donnés sur leur sort. Elle envoya des ordres pour le
laisser venir à Tahiti sans obstacle et qu'elle lui donne¬
rait une réception digne de sa vengeance. Raanui arriva
avec ses
gens ; une fête fut donnée et dura deux jours.
Durant cela, un grand fossé fut creusé et les deux canots
placés dedans. Les Tupuai étaient divisés en deux groupes ;
ceux
qui avaient montré des faveurs à son frère mort,
et ceux du parti du chef. Enfin le jour arriva, on battit
les tambours au marae Farepua, les prêtres étaient ornés
des insignes royaux, pour le sacrifice humain. Quand
tout fut prêt, l'ordre fut donné de saisir le chef et son
parti et de les jeter dans le trou et de le recouvrir, le
rempart existe encore où ce crime fut accompli.
Unutea prit autour de son corps où elle l'avait mis le
corps desséché de son frère, le remit au grand prêtre en
offrande et le pendit au marae disant que ce rempart hu¬
main rappellerait la vengeance d'Unutca et il demeura.
Des Tupuai qu'elle avait sauvés reçurent comme pré¬
sents des terres, de cette manière nous avons perdu cer¬
taines parties de nos terres, car ses instructions ont été
suivies fidèlement jusqu'à aujourd lui.
Unutea bâtit le joli marae de Taianapa sur Fahaa en
aller à
qu'elle y fit pour demander le se¬
aller contre les Tupuai.
Temau, leur unique fils, prit pour femme Teheatua du
marae Mihina, Raiatea, il naquit d'eux Farioe.
Farioe prit pour femme Teanua ma du marae Vaearai.
Ce mariage unit Papeari et Opoa, car le second enfant,
une fille, vint à Papeari pour y chercher un mari et appor¬
ta avec elle une pierre du marae Taputapuatea et bâtit,
avec
elle pour fondation, le marae Taputapuatea, qui
souvenir de la visite
cours
de Teihotu pour
Société des Études Océaniennes
326
-
existe
encore.
D'eux
femme
-
naquit Tumatarioe ; il prit
pour
Tutapuhau de Borabora d'où naquit Teahuitiu
qui se maria avec Motuti, ils n'eurent pas de descendants.
Tumatarioe prit une seconde femme
Taputu du marae
Vaiotaha : Mahai un garçon,
Yaeruamanaura, Tehuhioraa.
Mahai prit pour femme
Tuteraipuni du district de Taipoto, marae Mataifare, d'où leur vint Terupe un garçon.
Toutes deux Vaeruatua
dessous d'elles, dans un
Vaeraauri
et
se
marièrent
au-
inférieur, et « assis à côté »
ce
qui veut dire que leurs héritiers ne seront jamais chefs.
Terupe prit pour femme Teparotu du marae Hihae et
du marae célèbre Marae Tainui à Raiatea. D'eux
naqui¬
rent
Teupoohuitua, fille, Teupoohunaru, fille, et Teru
Marama, un garçon.
rang
La seconde fille Teupoohunaru s'unit à
du district de Tevajtoa,
Raiatea, marae
plus âgée mourut jeune) ;
Tevaitoa, une fille.
Teuatatoto, chef
Tainui (la fille
d'eux naquit Teunuhioroa de
Teupoohunaru prit un second époux Terutepo de Vai¬
otaha, d'où naquit Oro un garçon.
Qro prit pour femme Teporiatu de
Tauere, d'où naquit
Teraiotu, fille. Teraiotu prit Oromoua, chef de Taipari,
d'où Faaharamuoehau.
Teupoohunaru prit un troisième
époux Mauri, chef de Huahine, murale Matairea, d'où
Puarae, garçon.. Puarae prit pour femme Teupoorautoa,
marae
Tahuea, d'où Terahinehaamoetua i Matairea, une
fille, Terutaumihau, un garçon, Teira. Ce Terutaumihau
était un grand
guerrier, il reconquit les possessions de ses
ancêtres qui s'étaient révoltés. Raiatea était le centre de
la révolte, car c'était l'île la
plus grande et la mieux peu¬
plée. Ce chef menjait toujours au combat son frère à ses
côtés.
Terutaumihau prit pour femme Teroroaitara, d"où Tei-
hotu à la longue
face.
Pour revenir à Terutaumihau, 011 donne un récit d'un
de ses combats. Au combat naval
Tamai
Ahua
appelé
lté
(fuite dans le récif intérieur), il amena sa flotte la nuit
et bien
que l'ennemi ait été supérieur en nombre, il l'at¬
taqua durant les courtes heures de la nuit par surprise
et le nombre des tués fut
grand. Plusieurs sautèrent sur
le récif intérieur et
pensaient que l'obscurité les cacheraity les canots les cernèrent et tous furent faits prison-
Société des Études Océaniennes
-
niera.
Cette
327
-
seule bataille lui donua
un
grand prestige.
prit pour femme Tepuetua, fille de Para lté
Tahaa, d'où naquirent Teihotu Mataroa un
garçon et Pao une fille.
C'est pendant le règne de Teihotu qu'arriva un des
plus grands événements dans l'histoire des affaires de
Borabora. Ayant été obligé de s'absenter de l'île pour se
battre et garder ses Etats en pais, son peuple fut jaloux
et ceux qui le représentaient, créèrent une nouvelle orien¬
tation à ses affaires, ils voulurent briser l'austérité de
tout ce qui concernait le marae Vaîotaha. Les prêtres
du marae Fareura prétendirent être sur le même rang
que ceux de Vaiotaha. Ils attendirent le départ de Tei¬
hotu, alors commença la révolte, l'enceinte de Vaiotaha
ne
pouvait protéger personne.
Avant que les messagers n'aient atteint Teihotu qui se
battait à Tevaitoa, les rebelles avaient le dessus. Lui, ce¬
pendant revint et trouva une armée prête à le combattre
à Faanui, le principal centre insurgé. Il arriva chez lui
la nuit, emmenant quelques guerriers seulement ; le matin
suivant l'ennemi marcha contre lui. Teihotu fit ses pré¬
paratifs à son arrivée et décida qu'il attaquerait à l'aube.
Il disait : « Le lever du soleil au mont Para ne doit pas
cacher les têtes de mes lances à mes ennemis ». Avant de
partir, il prit son fils des bras de sa mère et le montra
à ses hommes disant: «Mes hommes de Vaiiape et Vai¬
otaha, ici est votre chef, regardez-le bien, vou3 aurez des
occasions de vous en souvenir, je vais au combat pour
la gloire de Vaiotaha ». Ses guerriers lui demandèrent de
combattre au dernier rang. « Non, répondit-il, Teihotu
n'a qu'une place dans la bataille et c'est à la tête seule¬
ment ». Il donna l'ordre de marche et embrassa son fils.
Il conduisit ses hommes si vite que peu purent le suivre.
Il arriva au haut de la colline au moment où le soleil
se
levait sur le mont Para. Les ennemis étaient prêts ;
connaissant son insouciance, ils avaient dressé une em¬
buscade ; un seul chef se montra et l'insulta pour qu'il
vienne combattre en un combat singulier, ce chef était;
Taeaetua. Teihotu accepta et commanda à ses hommes
de s'arrêter là et de ne pas le suivre. Taeaetua recula
jusqu'à ce qu'il l'eut amené près des hommes embusqués,
et ils le cernèrent. Teihotu combattit comme aucun chef
de son temps ne l'avait fait ; il en tua beaucoup avant de
Teihotu
Tairoa
de
Société des Études Océaniennes
-
328
-
recevoir
lui-même une blessure mortelle. Ses hommes
firent de leur mieux mais leurs ennemis étaient si
supé¬
rieurs en nombre que tous furent tués. Ils
appelèrent le
chef mort Teihotu Matanevaneva (yeux
distraits), portè¬
la plage où il fut exposé. Son garçon
envoyés à Fahaa. La révolte était main¬
tenant générale et le marae Fareura devint le
premier
marae du
gouvernement de Tevaitapu.
rent son corps sur
et sa fille furent
Pour ce faire, ils prirent les
principales pierres
Vaiotaha et reconstruisirent le marae Fareura. De
de
ses
pierres l'une représentait la tête de là plus ancienne fa¬
c'était une pierre de 6 pieds sur 4 dressée (elle
existe encore), à droite et à gauche deux
pierres, en
tout cinq. Il y avait
5 familles de qui descendaient les
principaux chefs qui gouvernaient.
Les rebelles, quand ils élirent les
principaux chefs,
ne
purent trouver un seul membre de ces familles parmi
eux, car tous ceux d'âge adulte étaient partis à Raiatea
pour se battre avec Teihotu, s'étant arrêté en arrière
quand il partit au combat.
mille ;
Taeaetua, l'usurpateur se proposa lui-même : « J'ai tué
Teihotu, cette place est à moi ». Les prêtres discutèrent
cette question et en dessous le firent tuer. Les hommes
de Faanui proposèrent que si le fils de Teihotu revenait
on
l'accepterait, il devrait alors porter le nom de Puni
qui était le nom principal du marae Fareura et gouverne¬
rait
Teraitapu.
Après de longues discussions et pour prévenir une guerre
civile, on conseilla à l'enfant d'accepter. Les Raiatea
sous
étaient
au
couronné,
centre de l'affaire. Le
non
à Vaiotaha
comme
jeune chef revint et fut
jadis, mais à Fareura.
Teihotu Matarua ou Puni prit pour femme Tetuanui
de
Borabora, d'où naquit Tetuanui Maruaiterai. Le nom de
l'île fut changé en ce temps comme
son gouvernement et
le nom de ses gouvernants. Il devint Borabora Puni et
Teraitapu.
Pour la naissance du
premier chef sous le gouverne¬
Teraitapu, ils construisirent ie marae Màrotitini
et déclarèrent
que seulement le premier né de la plus
ancienne blanche pourrait y être couronné, la seconde
branche prenant la place de la
première au cas où il
n'y aurait pas d'héritiers et ainsi de sifite jusqu'à la cinment de
Société des Études Océaniennes
-
quième. Ceci
a
329 -
été observé jusqu'à aujourd'hui en dépit
gouvernement tombé entre les mains des Français.
Tetuanuî Maruaiterai avait une sœur Tehea ; son frère
mourut sans descendance, on disait qu'il avait été tué
du
des pratiques ténébreuses des prêtres de Vaiotaha
vengeance de sa sœur Tehea. Leur père prit une
seconde femme et d'elle proviennent les rois et les reines
régnant sur Raiatea et Huahine.
Tehea se maria avec Teihotu de Anau d'où naquit une
fille Tehiatu, elle prit pour mari Tauraatua (Tati) d'où
naquirent Tepuatalaroa garçon et Matahuira un garçon.
par
comme
Tepuataaroa prit pour femme Aru Manihinihi, chefesse
Moorea, de Papeari, de Faaa, de Mahina, d'où Ariioehau, Aru Niriito fille, Teriitaumaiterai, fille.
Ariioehau se maria à Alexander Salmon, notre regretté
père. La seconde fille Aru Ninito était fiancée à Kamehameha, roi de Oahu et qujtta Tahiti avec sa suite pour
la cérémonie ; à son arrivée à Honolulu, elle trouva son
prétendant sur son lit de mort.
La troisième fille maria son fils au Chef Mai et eut
des enfants qui vivent, mes cousins.
Les branches des familles de Borabora, Raiatea et
Huahine nous reçoivent toujours et nous rendent nos
de
sur les marae, et nous acceptions les lois suivant
généalogie ; ceci est souvent discuté quand certains
se
prétendent de notre parenté. Nos prêtres ou leurs
descendants étudient la chose et je crois qu'il est im¬
possible à quiconque d'y entrer.
Nous adoptons souvent des étrangers, nous leur don¬
nons de nos noms ; quand cela est fait ils deviennent l'un
de nous en toutes choses, dans fêtes et combats, et nous
partageons avec eux tout ce qui nous appartient aussi
longtemps qu'ils restent fidèles à nos usages là dessus.
Tous ces détails ci-dessus furent réunis dans les 15
dernières années et rien n'a encore été publié. Plusieurs
se
réclament de Hiro mais quant à Hiro je crois qu'il
droits
notre
est
difficile de donner des preuves contre les réclama¬
Fahaa, écrites ici. Son marae existe toujours, la
tions de
pierre employée par son frère pour couvrir son corps,
existe, et plusieurs de ses fortes actions sont là. Mais
comme plusieurs le diront, ces choses sont des « fables ».
Société des Études Océaniennes
330 -
-
Je
réponds, « oui, mais combien de
acceptées comme des « fables ».
vos
histoires
sont
Papeete 5 Décembre 1904.
Signé TATI SALMON.
Donné à
mon
FAREURA,
TO A
I
en
frère adoplif suivant les
lui donnant le
FENUAURA
nom
usages
de
de M ARAM A
(Marama le combattant de
Fenuaura).
Société des Études Océaniennes
-
331
-
M T H 2? <0 © H A W H $ 31
Kwn
œ&saa
Essai de reconstitution des moeurs et coutumes de l'ancien Tahiti
d'après le vocabulaire (1)
LE
XX—
FOUR
POLYNESIEN.
Ahimaa (feu-nourriture) est une fosse à l'intérieur de
laquelle du bois est amassé (fata). Sur celui-ci sont
disposés des pierres plus ou moins poreuses destinées
à être portées à un certain degré d'incandescence.
Le bois est ensuite écarté, les pierres brûlantes demeu¬
rent, sur lesquelles sont disposés des paquets d'aliments
enveloppés dans des feuilles de bananiers. On y cuit
des porcs entiers.
Des troncs de bananiers toujours aqueux, quelque peu
écrasés, régularisent la chaleur par l'humidité qu'ils dé¬
gagent. Le tout est ensuite recouvert de terre et de feuil¬
les, des paquets de feuilles de l'arbre à pain épinglées
avec un morceau de
nervure de palme de cocotier ; sou¬
vent de sacs. Au bout d'un certain temps le four est
découvert, les pierres écartées avec de longues perches.
La nourriture
a
été
cuite à l'étouffée.
terme « umu » désigne aussi bien le four a chaux
pain.
On distingue plusieurs sortes de fours :
Anaana umupo, four qui nécessite une cuisson pendant
Le
à
ou
deux
nuits entières.
Umuhonu, pour les tortues de mer.
Opio, four de grande capacité et dans lequel sont cuits
milliers de fruits de l'arbre à pain.
des
pierres principales du four sont : jatii umu ti.
ce qui est destiné à la cuisson : eu, est enveloppé
dans des feuilles de bananier : rau aia. Les feuilles pla¬
cées dessus : apiu.
Les troncs protecteurs de bananiers : rauai ; oupape.
Des marques sont parfois faites sur les paquets pour
les distinguer : tauhiroiti.
Les
Tout
(1) Voir Bulletins 72-73-76-77-78-79-80-84.
Société des Études Océaniennes
332 -
-
L'état normal de la cuisson :
ama.
Le four est recouvert :
faaohu.
La
il est découvert :
éteintes : piehi.
cuisson
suffisante,
pierres sont écartées
ou
Certains porcs sont bourrés
XXI
huai
;
les
de pierres chaudes : tao.
DIFFERENTS ETATS SE RAPPORTANT A L'IN¬
—
GESTION
DES
ALIMENTS.
L'ancien nom qui signi rie l'action de
manger est : ai,
liai dans d'autres îles. Cette racine, ai, se retrouve
dans nombre de mots.
ou
A
Le
Tahiti, manger se dit : amu ; toute nourriture : maa.
lait, la mamelle, le sein : u. La nourrice : faaotc ;
le nourrisson :
aiu.
Le vocabulaire est très riche
pour exprimer les diffé¬
rents états
produits par l'ingestion de nourriture.
Amasser
des
aliments :
aoaia.
openu ;
Les
aliments qui sont offerts
(voir Bulletin No 76).
le
aux
faire
avec
visiteurs :
soin :
raanuu
Quand il y
a échange : faatete. Les provisions réunies
d'entreprendre un voyage en mer, et les vivres
pouvant être rationnés : hnapeti.
Dans l'attente de la guerre les jeunes
gens mangent
avant
avec
les vieillards : aimatua.
L'action de
ne
pas gaspiller : rnuna.
Manger en secret en se couvrant la bouche de la main :
aimautu.
Etre impatient de manger : aiaia maa.
Manger voracement les restes des autres : aihamu.
L'action de s'imposer à une autre personne
pour s'en
faire nourrir :
Le
voleur
aihamumïi.
de
provisions : aiharumaa.
Manger à la hâte : aparita. Sans s'occuper des autres :
air uma.
Saisir les
servis :
aliments
avant
que
les autres
se
soient
aliments :
jaaeo.
ne
aruta.
Envier
ce
Avoir
une
que
mangent les autres : amina.
envie violente
de
certains
Société des Études Océaniennes
-
333
-
Désir de manger :
hiaai.
désappointé lors du partage : omino.
Manger face à face : aiaro.
Se présenter dévêtu devant les autres sans se soucier
d'eux, pour un repas : aitahaa.
Etre désappointé dans l'attente des aliments : haamatea.
Etre
Etat de celui
de
nourriture :
gui est si affecté qu'il ne peut prendre
manavahuhui, manavahaehaa.
S'abstenir de certains aliments jmur cause
faaoro.
Beaucoup d'aliments consommés pour
d'invités : teiteiraupaa.
Un
gros
Etre
mangeur :
oronan.
impatient de
manger :
tonnement :
un
de maladie :
petit nombre
aiaaiamaa. Manger glou¬
aratutu.
L'amour
qui fait perdre l'appétit : faaeo.
paia. La satiété : fiu.
le souffle coufpé par l'ingestion de trop d'ali¬
Etre rassasié :
Avoir
ments
:
Avoir
fiaaea.
appétit extraordinaire comme c'est le cas des
supposées être possédées par Tii : mahue.
Manger en y revenant trop fréquemment : nao.
Troubles provenant d'une trop grande ingestion : haaun
femmes
maeo.
Mastiquer :
nourriture
Manger
opu,
est
mania.
Manger
un enfant dont la
mère : aimama.
consommation des aliments :
comme
mâchée par sa
jusqu'à
pleine
parapa.
Etre
plein : pahunena.
Manger avec tant de hâte que l'on se mord la langue :
papi, ritarita.
Ne pas manger avec d'autres hommes
pour avoir fait
auparavant cuire des aliments pour sa femme : taute.
Manger au moment de certaines cérémonies malgré
l'ordre du chef, action qui mérite la mort : aiaifaa.
Aliments portés dans des sortes de petites cages lors
d'une fête : oroapafata.
Manger des aliments impropres, comme une femme en¬
ceinte : aiaifaa.
Société des Études Océaniennes
-
334
-
Craindre de manger des aliments sacrés : hirahira.
Etre avare envers le chef : tavirimaa.
Présenter des aliments à des chefs inférieurs :
faainati.
qui est censée nourrir l'enfant d'un chef mais
qui détourne sa nourriture : ruaTilneaimaamua.
Femme
Femme
avare
neaimainoino.
Celui
XXII
qui n'invite personne à partager : ruahi-
qui fait la cuisine : faanaunau.
—
DIFFERENTES
PREPARATIONS.
Bon nombre de
pâtes sont confectionnées avec l'amidon
pia : eena, eina.
La popoi, faite de différents
ingrédients (bananes, maiorés, etc...) fermentés.
Poe, composé de taros, bananes, papayes, etc.
Natufaufau, mélange de maiore et de coco.
Tapara, fruit du pandanus qui doit amollir la banane.
Taioro, mélange de jus de chevrettes et de coco.
Miliaro, coco râpé, chevrettes, sel.
Mahi, pâte de maioré fermentée comme : tioo, que l'on
plaçait dans des fosses, parfois considérables, et qui se
conservait plus d'une année. Aux
Marquises, Hiva Oa, on
trouve encore des
vestiges de ces fosses.
Tuparu, mélange de bananes et de coco.
Action de préparer la poipoi : faarare. La
planche sur
laquelle la popoi se pétrissait : rau poi.
Le pilon servant à écraser
plantes ou aliments : penu,
en
pierre ou en bois.
Mouiller le pilon avant de l'employer
: haapai.
Panu, le récipient.
Uanane, opérer un mélange.
retiré du
Haapiha, faire bouillir à l'aide de pierres chaudes.
Paie, calebasse contenant le taioro, ou mitihue.
Faania, retourner les aliments pendant la cuisson.
Faareureu, arranger les aliments pour leAepas.
Raufau, feuilles de fau, servant d'assiettes.
Fafao, mettre dans un récipient.
Pétrir : eu; pétrir souvent eueu.
Société des Études Océaniennes
-
335
-
Arure, aliments battus en pulpe comme la popoi.
Inai, tout aliment accompagnant la viande.
Hono, nourriture ingérée après avoir bu le kava.
îiaavari, sang et lard de porc pétris ensemble.
Se servir de la
râpe à coco : faaorooro.
Les restes de nourriture : iniini.
Tohureva, les restes de pia qui, après grattage, ne vont
pas au
fond de l'eau.
Matuiraa po, repas
donné la nuit.
Maaopuroa, mets venant de loin.
Maa
laé, mets arrivant h différentes heures.
Propae, amas d'aliments pour visiteurs.
Maiai, prémices pour les chefs.
Euea, paquets d'aliments pour les hôtes.
Faahopuraavai, premiers mets présentés aux visiteurs.
Rey Lescure.
Société des Études Océaniennes
336
-
-
Ouvrages offerts à la bibliothèque
Don
du Commandant PEAUCELLIER.
Voyage de découvertes à l'Océan Pacifique du nord et
du Monde exécuté en
1790, 1791, 1792, 1793, 1794
autour
1795.
et
le Capitaine George VANCOUVER.
par
Traduit de
l'Anglais.
Ouvrage enrichi de Figures, avec un grand Atlas.
Tome I.
A Paris de
l'Imprimerie de la République.— An VIII.
Une médaille :
Cette médaille m'a été offerte par
«
sieur
Mon¬
LANGOMAZINO qui l'a découverte le 26 octobre,
1951, sous quatre mètres de terre, en effectuant des tra¬
vaux
au
pont du chef Vairaatoa, quartier Temaeo à
Papeete.
En accord
avec
lui, je l'offre à mon tour au Musée de
Papeete.
Comme
vous
L'avers
porte l'effigie
des
le constaterez
:
de LOUIS PHILIPPE 1er Roi
français.
Le
porte un médaillon sur lequel on lit :
revers
Ministère de la Marine à POHERUI »
«
« en
récompense de son courage et de sa fidélité »
«
Ce médaillon
est
1847 »
encadré de deux
figures allégoriques
gauche : Une femme symbolisant très probablement
A
la Marine.
A
droite :
commerce
de
sa
Mercure,
en
main
Le Musée
raison
sans
du
doute
timon
de
gfauche.
possède déjà, je crois,
en
tant
bateau
une
que dieu du
qu'il soutient
médaille sembla¬
ble.
11
m'aurait
été
agréable de joindre à ce souvenir du
Société des Études Océaniennes
-
une notice historique
attribution à Poherui.
passé,
son
337 -
Je
relatant les circonstances de
ce but au Service Historique
qui, par lettre du 19 décembre 1951, m'a
fait savoir que les Archives Centrales de la Marine ne
possédaient aucun document relatif au Tahitien Poherui,
et
que Monsieur Jean FAIVRE.
(spécialiste de l'his¬
toire de l'Océanie, 86 rue des Martyrs à Paris) consulté
par ses soins, après avoir compulsé plusieurs ouvrages, no¬
tamment celui de À.C. Eugène CAILLOT, n'avait pas eu
plus de succès.
Cependant, au Cabinet des Médailles, Monsieur FAI¬
VRE a pu savoir de Monsieur Jean BABELON « que cette
médaille n'existait pas dans ses collections mais qu'elle
avait été faite par Monsieur Albert BARRE pour le minis¬
tère de la marine en général, devant servir très proba¬
blement de récompense après des actes de dévouement ».
Des exemplaires existeraient encore dans la famille du
graveur, en argent et en bronze ».
me
suis adressé dans
de la Marine
Don de Monsieur Jean ROUCAUTE.
La
réglementation foncière et les différents domaines
l'Océanie des origines
dans les Etablissements français de
du protectorat (1842) à nos jours.
par Jean ROUCAUTE, Inspecteur des Domaines. Chef du
Service du Cadastre, Conservateur des Hypothèques, Chef
du Bureau des Terres.
Don de Monsieur A. CABOURET, Trésorier de la
ciété d'Etudes Océaniennes.
So¬
The Pacific Islands
A handbook
by Me CARRON STEWART & Co.
Sydney 1918.
Don de Monsieur DUFOUR.
Au service de la
Compagnie des Indes
Lettres inédites d'une famille du
Poitou
au
cle,
les Renault de Saint-Germain
Librairie LAROSE
II,
rue
Victor Cousin — Paris — 1938
Société des Études Océaniennes
XVlJIe siè¬
338 -
-
Don de Mademoiselle Aurora
Musée de Papeete.
Cours de
par
NATUA, bibliothécaire du
Linguistique Générale
Ferdinand de SAUSSURE.
PAYOT
—
Paris
—
1931
La Civilisation Aïnou et les Cultures
Arctiques
le Docteur Georges MONTANDON, Professeur d'Eth¬
nologie h l'Ecole d'Anthropologie.
•Avec 10 cartes et 112
figures dans le texte et 48 plan¬
par
ches hors-texte.
Payot — Paris 1937.
Histoire des Mutins de la
(1789-1930)
par
Bounty et de l'île Pitcairn
Charles VIDIL, Capitaine de Corvette.
Avec 8 gravures hors-texte.
PAYOT
Paris
1932
—
L'île de
—
Pâques
Alfred METRAUX.
Avec 24 planches
photographiques.
par
GALLIMARD
—
Paris
—
1941
L'île Christmas
par
le R.P. Emmanuel ROUGIER
La Vie dans les Mers
par R. LEGENDRE, Directeur
du Collège de France
du
Laboratoire maritime
Avec 41 figures.
Presses
Universitaires
de
France
—
Paris
—
1942
Histoire de l'Océanie
par
Ch., André JULIEN, Agrégé d'Histoire, Secrétaire
de rédaction de la Revue
Presses
Universitaires
Historique.
de
France
—
Paris
—
1942
Geography of the Pacific — Otis W. FREEMAN, Edi¬
tor.
Société des Études Océaniennes
-
339 —
Contributors : Neal M. BOWERS (University of Hawaii),
Robert G. BOWMAN (University of Nebraska), Edwin
H.
ce
BRYAN, Jr. (Bernice P. Bishop Museum Pacific Scien¬
Board, and South Pacific Commission), John Wesley
COULTER
(University of Cineinati), Charles M. DAVIS
(University of Michigan), Kenneth P. EMORY (Bernice P.
Bishop Museum and University of Hawaii). Otis W. FREE¬
MAN (Eastern Washington College of Education), Wal¬
ter R. HACKER (University of California and San Fran¬
cisco State College), Curtis A. MANCHESTER. Jr. (Uni¬
versity of Hawaii), Leonard MASON (University of Ha¬
waii), Anthony E. SOKOL (Stanford University), Joseph
E. SPENCER (University of California, Los Angeles),
Clifford M. ZIERER (University of California, Los An¬
geles).
New-York
John WILEY
CHAPMAN & HALL, Ltd.
—
SONS, Inc. — London —
&
Captain Bryan's Pacific war Atlas — Containing 75 de¬
of the World... also com¬
plete Index of 5000 place names,
by E.H. BRYAN, Jr.
Tongg Publishing Company — Honolulu, Hawaii.
tailed maps of Pacific Areas and
Vikings of the Sunrise by Peter H. BUCK (Te Rangi
Hiroa), Director of Bernice P. Bishop Museum — With
fifty-eight illustrations from photographs. J. B. LIPPINCOTT Company — Philadelphia — New-York. 1938
ninth impression.
The South Seas in the Modern World by Felix M.
KEESING, Professor of Anthropology, Stanford University —
With a Foreword by J.B. CONDLIFFE Professor of Eco¬
nomics, University of California.
Institute
of
Pacific
Relations
—
International
Research
Series.
The John
1945.
DAY Company — New-York.
Revised edition
Anatomy of Paradise (Hawaii and the Islands of the
South Seas) by J.C, FURNAS Issued in cooperation with
the American Institute of Pacific Relation?J William SLOANE
Associates, Inc. Publishers
—
New-York.
Société des Etudes Océaniennes
340
-
Kon-Tiki
YERDAL
Translated
-
(Across the Pacific by raft) by Tlior HEby F. H. LYON.
RAND Me NALLY & Company — Chicago
—
New-York—
San-Francisco. 1950.
Vitamin Values of Foods in Hawaii
by
Carey D. MILLER, Lucille LOUIS and Kisako YA-
NAZAWÀ.
University of Hawaii Agricultural Experiment Station
September 1947.
Technical Bulletin No 6
Hawaiian Grown
—
Vegetables
Proximate composition : calcium, phosphorus,
available iron, and oxalate content.
total iron,
by Carey D. MILLER, Winifred ROSS and Lucille LOUIS.
University of Hawaii Agricultural Experiment Station
Technical Bulletin No 5
Fruits
—
March 1947.
of Hawaii
Description, nutritive value, and use.
by Carey D. MILLER and Katherine BAZORE.
University of Hawaii Agricultural Experiment Station
Bulletin
Food'
No
96
—
October 1945.
for Health in Hawaii.
Choosing food, planning meals, recipes and menus,
by Carey D. MILLER and Helen Yonge LIND.
University of Hawaii Agricultural Experiment Station
Bulletin No 88.— Revised Edition
September 1943.
—
The
Adequacy of Diets of 38 Honolulu Families on Re¬
lief and Suggestions for Obtaining a More Adequate Diet
on a Limited
Budget.
by Martha
POTGIETER, Associate nutritionist, Hawaii
Agricultural Experiment Station 1935-42.
University of HaAvaii Agricultural Experiment Station
Bulletin No 94
—
June 1944.
Société des Études Océaniennes
-
All about the Hawaii
341
-
Experiment Station
by J.G. SMITH, Director.
Press Bulletin No 18.
Honolulu
Index
—
to
Hawaii.
Publications of the Hawaii Agricultural Ex¬
periment Station
Prepared by Elizabeth H. LANGDALE.
Extension
Bulletin No 10
United States Government
Don de Monsieur
—
June 1927
Printing Office — Washington.
Rey-Lescure.
Résumé d'Histoire Tahitienne.
Etienne MIGARD, docteur es-lettres
catalogue de la Collection Royale
dressé par Magdeleine de Bellescize, ethnologue
diplômée
par
Suivi du
de l'Université
de
Paris.
Imprimerie Juventin, Rue du Commandant Destremeau
et
Avenue Bruat. Tahiti 1941.
O
"
-
'
.
.
Société des Études Océaniennes
'
Les articles publiés, dans le Bulletin exceptés ceux dont Fau
teur a
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dioits, peuvent être traduits et reproduits,
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pour toutes. (Article 24 du Règlement Inté¬
rieur, Bulletins N° 17 et N° 29).
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r Le Bulletin continuera à
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2° Le
Membre à vie n'a plus
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paiement de sa cotisation annuelle, c'est une dépense et un souci
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Fn conséquence: Dans
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Société des Études Océaniennes
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-
B98735210103_097.pdf
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Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 97