Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 83
- Titre
- Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 83
- Description
-
Histoire
- Documents pour servir à l'histoire de Tahiti (fin) (Rey Lescure) 461
- Lettres sur Tahiti par un aspirant de marine en 186. 473
Navigation - A la dérive de l'île de Pâques aux Tuamotu (H. Jacquier) 495
Divers - Nécrologie 499 - Date
- 1948
- Date de numérisation : 2017
- Format
- 1 volume au format PDF (46 vues)
- Identifiant
- PFP 3 (Fonds polynésien)
- Langue
- fre
- Editeur
- Société des Études Océaniennes (SEO)
- Relation
- http://www.sudoc.fr/039537501
- Droits
- Les copies numériques des bulletins diffusées en ligne sur Ana’ite s’inscrivent dans la politique de l’Open Data. Elles sont placées sous licence Creative Commons BY-NC. L’UPF et la SEO autorisent l’exploitation de l’œuvre ainsi que la création d’œuvres dérivées à condition qu’il ne s’agisse pas d’une utilisation commerciale.
- Source
- Société des Études Océaniennes (SEO)
- Type
- Imprimé
- extracted text
-
83 - TOME VII (N° 13)
JUIN
I 948
Anthropologie — Ethnologie — Philologie.
Histoire
—
des
Institutions et Antiquités
populations maories.
Littérature et Folklore.
f
Astronomie — Océanographie — Sciences naturelles
PAPEETE.—
IMPRIMERIE DU GOUVERNEMENT.
v
■
Vù
-
,::i
3'
Société des Etudes Océanienues
4P
■BUREAU DE VM SOVJ&E
Président
M
i>K lÈESB^M'CURÉ.
.
•
,
Vitie-Président
f " •«
'|?
M1
$1; H". Jacquier.
Secrétaire-Archiviste..
Melle Laguesse.
.
Trésorier. T.".....
M. A. Cabouret.
Assesseur.
M. le Com1 Paucellier.
Assesseur
M. Terai Bredin.
$
Secrétaire-Bibliothécaire-Conservateur du Mftsée MUe A. Natua.
Pour être reçu Membre de la Société
membre titulaire.
se
faire
présenter par
un
BIBLIOTHÈQUE.
Le Bureau de la Société informe ses Membres
que dé¬
sormais ils peuvent emporter à domicile certains livres de
la Bibliothèque en signant une reconnaissance de dette en
cas où ils
fixée.
ne
rendraient pas le livre emprunté à la date
|
I
|
Le Bibliothécaire
présentera la formule à signer.
La Bibliothèque est ouverte aux membres de la Société
et à leurs invités tousles
jours, de 14 à 17 heures,
sauf le
Dimanche.
La salle de lecture est ouverte au
public tous les jours
de 14 à 17 heures
il
I
MUSÉE.
Le Musée est ouvert tous les
jours, sauf le lundi de 14 à 17 h.
Les jours d'arrivée et de départ des courriers : de
9 à 11 et de 14
à 17 h.
Pour tout achat de
s'adresser
au
Bulletins, échange ou donation de livres i
Président de la Société,
ou
au
Bibliothécaire du
Musée, Boîte 110, Papeete.
LE BULLETIN
Le Bureau de la Société
accepte l'impression de tous les articles
qui paraissent dans le Bulletin mais cela n'implique pas qu'il
épouse les théories qui y sont exposées, oiu qu'il fait sien les
cohnmentaires et les assertions des divers auteurs qui, seuls, en
prennent toute la responsabilité.
Aux lecteurs de former leur
appréciation.
La Rédaction.
'•
,;S
0
O.É.S.T.O.M.-PAPEETE
ARRIVÉ LE
23 OCT 1969
SOCIÉTÉ
:
ENREGISTREMENTSOUS
(POLYNÉSIE- ORIENTALE)
TOME VII (No 13)
8 3. -
JUIN
1348.
Pages
Histoire.
Documents pour servir à l'histoire
de Tahiti (fin) (R.ey
Lescure)
Lettres sur Tahiti par un aspirant de marine en 1864.
461
473
NaArigation.
A la dérive de l'île de Pâques aux Tuamotu
(H. Jac495
quier)
Divers®
499
Nécrologie
Société des Études Océaniennes
IC/fâT
HISTOISl^
——B83B——
Documents pour servir à l'histoire
de Tahiti. (')
2- Traduction d'un document fourni par Mai et
sur
le voyage de Pornare aux lies sous
Faaita
le Vent.
L'année 1816 était près de la fin lorsque Pomare vint
dans
le brick anglais à deux mâts la
Mathilda. Ce navire n'était point entré dans le port de Huahine, il alla à l'ancre au port de Hamene dans l'île de Tahaa.
les terres sous le Vent sur
reçut les salutations de la famille
royale et de tous les hommes, et Tamatoa a Fao, alors roi
de Raiatea vint aussi dans cet endroit ainsi que Fenuapeho,
prince de Tahaa. Il (Pomare) demeura là pendant deux se¬
maines et fit route ensuite sur Raiatea et ce fut dans cette
île qu'il fut établi par tous les hommes de Raiatea et de Ta¬
haa comme souverain véritable et là également eut lieu la
cérémonie du "Pupu" (fin du mot déchiré) don de la terre.
Le Humahapuaa (1) fut aussi donné à Pomare par les rois.
Les princes de Borabora, Mai et Tefaaora ayant alors ap¬
pris cela envoyèrent leurs messagers Hinai et Buaiuru qui
apportèrent à Pomare le "Humahapuaa" pour signe de ce
qu'il était également reconnu comme souverain de cette
terre dont le gouvernement fut donné à la fille de Pomare
qui reçut le nom de Aimata, nom royal en cette île, et étant
retourné à Tahiti, Pomare envoya aux princes de cette île et
à ceux de Raiatea un grand nombre de pirogues qui appor¬
tèrent le Tarahu, et le messager royal Temarama vint éga¬
Ce fut là que Pomare
lement.
Moi, dont le nom est écrit ci-dessous, je fais savoir ferme¬
ment que les paroles
écrites ci-dessus sont véritables, j'étais
(1) Voir Bulletin n° 82.
(2) "Humahapuaa" voir Bulletin 76, note 65, page 205.
Société des Études Océaniennes
—
là moi-même et
462
—
je vins sur le bâtiment qui fut construit ici
par Pomare.
Le 19 septembre 1845.
Signé : Faaita, Mai.
Traduction certifiée conforme par H. de Robillard, aide
de camp du Gouverneur.
3 - Voyage
de Pomare à File Raivavae.
Voici une autre terre qui fut acquise à Pomare,
c'est Rai¬
vavae^). Pomare s'y rendit sur un navire étranger et aborda
à Raivavae. Le roi de Raivavae donna sa
Pomare dit alors :
terre à Pomare.
J'y consens, voici votre roi, Para, soyezlui bien soumis, observez aussi avec soin la Parole de Dieu (2)
«
et les lois delà terre ».
Pomare revint à
Tahiti, aborda à Tautira ; cette terre de
Raivavae devint comme un lieu de débarquement, et lui étant mort le trouble vint sur les différentes terres. Teriitaria
prit et retint la sienne, Tamatoa retint la sienne, Fenuapeho
retint la sienne, Tefaaora, Taero et Teriimaevarua retinrent
les leurs.
Voilà la
source
de la détention de ces terres,
ce
sont les
missionnaires (3).
4r - Traduction d'un document îourni par le Capitaine
Henry sur les circonstances qui ont accompagné le
voyage de Pomare 2 aux îles sous le vent (4).
Environ vers l'année 1815 le Brick "Mathilda" toucha sur
les récifs d'Eimeo
(5) quelque peu dans l'ouest du port de
père de la reine Pomare actuelle, se
rendit avec ses gens
pour dégager le bâtiment.
Taareu. Le roi Pomare,
(1) Raivavae.
(2) Pomare avait été baptisé eu 1819, plusieurs années après sa première
.
demande.
(3) Ce passage mériterait de plus amples explications. Seraient-ce les mis¬
sionnaires anglais qui auraient persuadé les différents rois des lies sous le
Vent à secouer le joug de Pomare et à rester indépendants.
(4) Fils du missionnaire Henry. Il était capitaine de goélette.
(5) Autre nom de l'île Moorea.
Société des Études Océaniennes
—
463
—
M.M. Wilson et Georges Bicknell (1) et moi étions égale¬
ment à bord.
C'était un très beau jour et la mer était
très
calme, le navire put avec le secours des indigènes être re¬
tiré de dessus les récifs.
Comme il était trop tard pour entrer dans le port, nous
restâmes à bord et nous nous trouvâmes au matin à 40 mil¬
les sous le vent de l'île. Le vent de S E. ayant augmenté du¬
rant la nuit et soufflant très fort le matin. Pomare voyant à
quelle distance nous nous trouvions de terre, engagea le ca¬
pitaine à laisser porter sur Huahine ou sur quelqu'autre des
Iles sous le Vent. Ce à quoi le capitaine consentit volontiers,
Huahine. On s'efforça
lendemain de gagner le mouillage en de¬
dans du port de Huahine. assisté par un grand nombre de
pirogues, mais on ne put y atteindre. Le jour suivant nous
étions très près de Raiatea et de Tahaa et nous entrâmes
dans la partie du vent de Tahaa, nous mouillâmes dans une
baie très profonde où nous restâmes pendant trois semaines.
Les habitants eurent bientôt appris que Pomare était à bord
et se rassemblèrent de tous les côtés de l'île ainsi que de
Raiatea et de Borabora apportant continuellement de nom¬
breux présents d'étoffes, nattes, cochons et provisions de
et l'on orienta
immédiatement pour
toute la journée du
toutes sortes.
De Tahaa nous
allâmes à Tapaehapa, dans l'île de Raia¬
tea, où la plupart, des habitants
des trois îles se réunirent
pour voir et féliciter Pomare en grande
cérémonie. Raiatea,
Tahaa, Borabora et Maupiti furent remises à Pomare par
leurs chefs respectifs qui le déclarèrent souverain au dessus
de tous les autres. Pomare accepta.
alors appelé
Ihorai (Morceau dé¬
chiré) était garde dans un marae à Tipaehapa. Pomare le
nomma "petit Pomare" (2) déclarant qu'il le ferait le mari
Le Tapoa actuel,
de sa fille Aimata actuellement reine Pomare.
grand marae dans l'île
l'île s'étant prolongé environ
pendant un mois, nous partîmes pour Huahiné où nous resAprès cela Pomare visita Opoa,
Raiatea, et notre séjour dans
(1) Missionnaires de la Société des Missions de Londres. Ils apportèrent le
christianisme dans les îles.
(2; Pomare iti.
Société dejs Études Océaniennes
—
464
—
tâmes deux semaines. Les habitants attendant Pomare pré¬
paraient des présents considérables et le reçurent avec beau¬
coup de respect, lui remettant également Huahine et Maiaoiti (1). Nous retournâmes à Tahiti avec un bon vent après
une absence de 3 mois. Pomare débarqua à Punauia (2) juste
assez à temps pour prévenir la guerre ; les idolâtres s'étant
armés contre ceux qui avaientembrassé lareligion chrétien¬
ne (3). Toutefois la guerre éclata peu de temps après.
Papeete, septembre 1845.
Signé : S. P. Henry.
Pour traduction de l'original anglais, l'aide de camp du
Gouverneur: deRobillard.
5 - Traduction d'une lettre de M. W. Henry, mission¬
naire établi à Eimeo au capitaine P. S. Henry (4).
J'ai reçu la copie de votre document concernant le voyage
que le roi Pomare, vous même et d'autre personnes fîtes aux
Iles sous le Vent entrainés en dérive sur le brig "Mathilda",
ainsi que les
circonstances qui accompagnèrent cet événe¬
ment.
Après l'avoir considéré avec soin, je pense du mieux que
je me rappelle les informations que je reçus à cet égard de
vous et du Rév. Wilson, à votre retour, aussi bien que du
roi lui-même, je pense que votre rapport est exact.
J'ai reçu de même et attentivement examiné et considéré
votre rapport ou document sur l'achat de deux navires pour
le roi et les circonstances qui ont accompagné et suivi l'a¬
chat de ces bâtiments, et tout autant que ces choses me re¬
viennent en mémoire, vos renseignements sont, je pense,
généralement exacts, mais je n'appouve pas la manière dont
vous exprimez si librement votre opinion sur les motifs
(1) Petite île entre Moorea et Huahine.
(2) District voisin de Papeete, anciennement Àtahuru.
(3) Les paiens avaient décidé l'extermination des chrétiens ; ce fut la guerre
dite de Narii 1815. Les paiens furent défaits. Le christianisme vainqueur
s'implanta définitivement à Tahiti,
(4) Ce document daté d'Eimeo 15 octobre 1845 semble se rapporter au do¬
cument précédent parlant de faits passés en 1815 et daté do Papeete 1845.
Société des Études Océaniennes
—
465
—
d'après lesquels les missionnaires ont engagé Tamatoa à
agir ainsi qu'il l'a fait à l'égard du roi et de la prohibition,
et quelles que pussent être les idées et opinions admises
concernant l'autorité de Pomare aux Iles sous le Vent avant
le commencement du jeune Pomare 3. Ce prince, que j'oi¬
gnis à cette occasion et sur la tête duquel feu mon révérend
frère Nott plaça la couronne (1), fut seulement proclamé
et considéré comme roi de ces Iles Géorgiennes et non des
Iles sous le Vent.
principalement dû à l'in¬
les Rév. Daniel Tyermann et Georges Benett (2) qui étaient présents au couron¬
Ceci, toutefois, fut, je pense,
fluence des membres de la députation,
nement.
W. Henry.
Pour la traduction
de l'original anglais : H. de Robillard.
6. - Le couronnement de Pomare (3).
Voici la troisième parole :
Tous les rois et princes vinrent
d'Atupii, de Tahaa, de Bo-
rabora, de Maurua et s'assemblèrent à Tarahoi sur la plate¬
forme (marae) construite à
Vairota.
princes et les chefs se réunirent en assembléé.
Hitoti dit alors : Teriitaria, Tamatoa, Fenuapeho, Mai, Tefaaora, Taero, Teriimaevarua (4) voici une porole : Portezvous le gouvernement de ce roi jusqu'à la mer sombre ou
bien seulement jusqu'à la mer transparente qui touche à ce
rivage (5), ne nous cachez pas votre pensée !
Teahoro, orateur pour Tamatoa et les autres répondit: 0
Tu eaai te Atua, vous tous chefs, ne soyez point fâchés, lais¬
sons cela, Pomare est véritablement le roi c'est là notre penLes
(1) Pomare 3 fut couronné en 1824.
(2) Inspecteurs venus de Londres ; ils étaient à Tahiti en 1821.
(3) Ce document fait suite à celui du voyage de Pomare à Raiatea.
(4) Hitoti orateur de Pomare, s'adresse à tous les princes des Iles sous le
Vent.
(5) La mer sombre, profonde, où il n'y a plus de coraux "ereere tape raoa-
na" en opposition à la mer claire parce
qu'au-dessus des récifs "taitea" ; ex¬
pression pour dire : au loin et auprès, Iles sous le veut et Tahiti.
Société des Études Océaniennes
—
466
—
sée à cause de la parole des missionnaires qui nous ont de¬
mandé : ne consentez point. A cause de cela nous ne l'avons
pas fait. Maintenant laissons de côté ces terres, Pomare est
véritablement le grand roi, ne parlez point, les missionnaires
seraient fâchés.
Hitoti dit alors : J'y consens.
Tati prit la parole et dit,
s'adressant aux chefs de Moorea
Punuaiterai e aa, Taaroarii, Mahine, Tepau, Arahu, combieq loin s'étendent les limites du
gouvernement de ce roi jusqu'à la mer sombre ou bien jus¬
qu'à la mer transparente ?
Mahine répondit: Portons-les jusqu'à Tahua iti oana (1).
Tati dit alors stipulant à son tour pour Tahiti et Taiarapu (2) :
« Ce gouvernement s'étendra de Tahua iti oana
jusqu'à Metu (3) pour être fermé là »
Les princes de Raiatea portèrent Pomare dans la céré¬
monie (4). Mahine portait la Bible, Les princesses de Raia¬
tea apportèrent les "tiare" et des "oro" (5) et les semèrent
sur la route pour en faire un chemin au roi et Pomare fut
et stipulant pour leur île :
oint.
Ces actes accomplis par les princes de Raiatea, de Atupii,
de Borabora furent comme le signe véritable de la puissance
de Pomare au-dessus d'eux.
7 - Couronnement de Pomare 8
(21 avril 1824).
Programme du couronnement de Pomare 3 et de l'emploi
des rois et des chefs dans cette circonstance.
Il y aura deux classes de personnes qui y fonctionneront:
des laïques et des hommes de Dieu.
1- Ceux qui
prépareront les fleurs et les bouquets seront:
(Atiau v), Terai mano v (fille de Tapao l'ancien
mais d'une seconde femme, Tehea), Taehau v (fille de Fenuapeho et femme de Paitihia) et Tehapai v (femme de TeManihinihi
(1) Nous ne connaissons pas encore la signification de ce terme.
(2) Presqu'île de Tahiti dans le sud.
(3) Voir note 1.
(4) Se rappeler que Pomare 3 à son couronnement était encore un enfant
puisque né en 1820.
(5) Plantes odoriférantes.
Société des Études Océaniennes
—
467 —
faaora). Elles parsèmeront la terre de fleurs sur toute la
route.
Après viendront les femmes et les
2-
enfants des mis¬
sionnaires.
Après viendra Mahine qui portera la Bible. A sa droite
3 -
marcheront M.M. Taimann et Nott. A sa gauche
M.M. Be-
nett et Henry.
Après viendront les missionnaires,
Après eux viendra Utami qui apportera les lois. A sa
droite marchera Paofai et à sa gauche Paraita.
4-
5-
Après viendra Tati qui portera la couronne(l). Haapoti
6-
marchera à sa droite et Onee à sa gauche.
Après viendra Pômare et ceux qui doivent le porter.
7 -
Ceux du coté droit seront :
Vaitumataata (Tefaaora),
Heivae (frère de Tapoa l'ancien),
Taaviri chef de Taiarapu.
Ceux du coté gauche seront :
Teupoopari (frère du père de Teramai), Puni (neveu de Puni
l'ancien), Roura fanuae (chef de Mahaina).
A la droite de Pomare marcheront:
Teriitaria v. reine de Huahine, Maihara v, sœur de Teriitaria
et Tenania v, sœur de Teriitaria v.
A
sa
gauche marcheront:
Taaroa v, Teremoimoi, mère de Pomare 3, Aimata v, la pré¬
sente reine sœur de
Pomare 3, Teratane v,
fille de Teutou,
de Teriitaria.
sœur
8- Après viendront, marchant à droite: Pomare hunoa
(le présent Tapoa) etTamatoa, roi de Raiatea.
A gauche: Tahitoe, frère de Tamatoa.
9- Après viendront: Fenuapeho, chef de Tahaa qui por¬
tera la Bible sur laquelle on devra poser la couronne. Pahititia portera l'oint.
Suivront tous les chefs et tous les juges.
10
Le cortège se rendra par l'intérieur à Paratea ou aura
-
lieu le couronnement de Pomare 3.
rois et les chefs et les mission¬
de la Société.
12- M. Crook fonctionnera en qualité de prêtre et devra
la prière. M. Henry versera l'oint sur la tête du roi et y pla¬
11- Là se réuniront les
naires et les juges et ceux
cera
la couronne.
(1) Actuellement au musée do Mamao.
Société des Études Océaniennes
—
468
—
13- M. Nott lira les lois et publiera le pardon de tous les
condamnés, prisonniers et coupables. M. Wilson conseillera
et M. Jones chantera l'hymne sacré.
Après cela M. Wilson priera de nouveau et là finira la céré¬
monie. On retournera à Outouaiai où on priera, M. Henry
fonctionnera; il prêchera sur le texte: Glorifions le roi et
craignons Dieu.
le roi. M. Davis priera,
8. - Sur la guerre
Voici
une
de Raiatea.
autre parole concernant la guerre de
Raiatea.
Tahaa d'une part dontTapoa était roi, Mai et Tefaaora pro-
tégèrentTapoa ; Raiatea, d'autre part, dontTamatoa fils était
roi, Teriitaria le secoururent. Tahaa fut alors vaincue, Tapoa pris et cette guerre fit place a la paix.
Raitupu vint alors à Tahiti avec tous les orateurs. Voici
quel était le but de leur venue ; c'était d'apporter la paix à
Tahiti entre les mains du gouvernement très puissant (dé¬
bordant de force) afin que Tunui eaaite atua le reconnut.
Voici leur parole : Tunui e aaite atua Ariipaea, les 8 dis¬
tricts du hiva, du Teporionu, les onze districts de Faaa, Punauia, les quatre de Teva i uta, les quatre de Teva i tai et
les 8 d'Eimeo, tenez, voilà la paix, qu'elle soit pour vous ar¬
rêtée et réglée car j'ai péché (1).
Le "purau" fut alors déployé par Mai comme devant con¬
tenir cette paix.
Voici une autre parole. Ils demandèrent des lois, cette
parole venait des différents rois. Mai dit ensuite : Teriitaria,
Tamatoa, Teriimaevarua, Mai, Tefaaora, Taero, voici la pa¬
role de Tunui e aaite atua, il consent et consent tout à fait,
tenez, recevez la paix, tenez, recevez les lois de la terre,
portez-les à Raiatea, je vous défendrai.
Tamatoa fut nommé roi, ceux de Tahiti ne se rendirent pas
à Raiatea pour lui faire honneur.
Tapoa fut nommé roi et ceux de Tahiti n'y allèrent pas
parce que c'est un gouvernement moins grand que celui de
Tahiti.
(i) Divisions territoriales. Voir Bull. 76 p. 203 notes 6 et 10.
Société des Études Océaniennes
—
469 —
9. - Traduction d'un document fourni par le
capitaine Henry.
Dans le courant de l'année 1820 Pomare le père de la reine
d'acheter pour lui de quelque
négociant de Sydney un navire qui serait payé en porc salé.
Pomare mit le Tabou ou interdiction pour les cochons de
Tahiti et à Eimeo et envoya aussi ce tabou à toutes les Iles
sous le vent ce qui fut accepté par les chefs et le tabou mis
en vigueur en 1821.
J'arrivai avec le commandant du brig "le Gouverneur Macquarie" que j'avais acheté pour Pomare.
Je retournai à Sydney avec 90 tonneaux de porc salé à Ta¬
hiti. En quittant Tahiti je passai à Eimeo et j'entendis dire
par les hommes d'une embarcation arrivée des Iles Sous le
Vent, que Tamatoa avait été engagé parles missionnaires à
acheter un navire pour lui même et à se rendre indépendant
de Pomare ainsi qu'à retenir les cochons pour payer son pro¬
pre bâtiment.
Je laissai le brig à Eimeo et vint à Tahiti dans une embar¬
cation. Je trouvai Pomare à la pointe Vénus et je lui dis ce
Pomare actuelle me chargea
que j'avais entendu de Raiatea. Cela le mit
fort en colère, il
quelques temps sans prononcer une parole; il envoya
chercher Teremoemoe et Ariipaea de vexation et de honte.
Pomare considéra cela comme un acte de rebellion et il me
dit de rapporter des fusils et de la poudre de Sydney ; il
m'ordonna aussi de passer à Raiatea, de voir Tamatoa et de
savoir si ce qui avait été dit était ce qu'il avait l'intention de
faire. Tamatoa m'apprit que cela était vrai, qu'il avait rete¬
nu les cochons d'après l'avis des missionnaires, mais il me
répondit qu'il était honteux (quelques mots déchirés) de Po¬
resta
mare.
J'avais à bord deux naturels
(quelques mots déchirés)
avait condamné à la déportation sur l'île Palmerston,
mis à terre à
je les
Raiatea pour montrer à Tamatoa le déplaisir
de Pomare.
J'ai vu la cérémonie du couronnement
de Pomare 3 en
1824. Tous les principaux chefs des Iles sous le Vent vinrent
domination de Pomare
y assister, reconnaissant la
sur
les îles et les lois, à ce que je crois, demandées pour
Société des Études Océaniennes
toutes
les îles
—
sous
470
—
le Vent. Le pavillon de Tahiti flottait généralement sur
toutes les embarcations et sur les
petits bâtiments apparte¬
Raiatea et des autres îles. J'ai vu le pavil¬
lon hissé en terre en certaines occasions, il n'était point
d'usage avant une époque récente de donner des papiers
aux canots et navires appartenant aux îles. On les délivrait
nant aux gens de
à Tahiti.
Lorsque Pomare actuelle visita les Iles sous le Vent tandis
qu'elle vivait à Tapoa, les chefs de ces îles remirent à Po¬
mare le gouvernement de toutes les Iles sous le Vent, quoi¬
que cela eut été antérieurement fait pour son père. La cou¬
tume voulait que le "pupu" (don) fut renouvelé parce que
c'était la première fois que Pomare visitait les îles depuis la
mort de
père.
Lorsque je retournai à Sydney sur le brig "Gouverneur
son
Macquarie" déjà mentionné j'eus un différend avec le pro¬
priétaire et je l'abandonnai.
J'affrétai alors un grand navire de 450 tonneaux et je re¬
vins à Tahiti, mais je ne pus réussir à rapporter les fusils et
de la poudre ainsi que Pomare me l'avait demandé. Lorsque
je retournai à Sydney sur le navire "Westmoreland" Pomare
voulut encore que j'achetasse un autre bâtiment qui fut bien
armé dans le but de combattre Raiatea (quelques mots dé¬
que
chirés) j'arrivai avec le commandant du brig
j'avais acheté pour Pomare mais à mon grand désappointe¬
ment, je trouvai que Pomare n'était plus (1). Je remis entre
les mains d'Ariipaea qui remplissait les fonctions de.
J'avais à bord une grande quantité d'objets
environ
9.000 livres. La plus grande partie fut partagée par Ariipaea
entre Tahiti, Eimeo et une part fut aussi envoyée à toutes
les-îles sous le Vent.
Reconnaissant par ce fait la totalité des îles de la
Société
rangée sous un seul gouvernement, celui de Pomare.
Il n'est dans mon opinion, aucune autre cause que l'in¬
tervention des missionnaires qui ait pu occasionner quel¬
comme
ques altérations ou différences dans les rapports établis en¬
Ils considéraient avec ja¬
tre les Iles sous le Vent et Tahiti.
lousie le
pouvoir croissant de Pomare et firent tout leurs
(1) Pomare 2 mourut en 1821.
Société des Études Océaniennes
—
471
—
efforts pour décider Tamatoa à se séparer de Pomare, ce
dont Tamatoa s'est plus tard repenti et dont il tenta de s'ex¬
cuser au
couronnement de Pomare 3.
Papeete, 20 septembre 1845.
Signé : S.P. Henry.
Pour traduction sur l'original anglais:
H. de Robillard.
10 - Snr le pavillon (1).
Une autre
parole sur le pavillon de Pomare vahine à Ta¬
hiti (2).
Les princes de Raiatea, de
Alupii, de Tahaa, de Borabora,
ainsi que les hommes du peuple et
les étrangers construisirent des embarcations. Ils vinrent à
Tahiti et demandèrent le pavillon. Pomare consentit. Les
étrangers demandèrent aussi le pavillon et que le nom de
Pomare fut écrit sur les papiers des navires afin qu'ils ne
fussent point saisis par les navires de guerre. Pritchard (3)
écrivit les papiers des navires et le nom de Pomare et ils fu¬
rent donnés. Pomare, elle même, donna le pavillon. Ce pa¬
villon est allé également jusque sur toutes les petites terres.
Une parole de Pomare vahine première.
Le jour où le pavillon a été amené et où fut hissé le pa¬
de Maurua, de Maiaoiti
villon véritable de la France, Pomare envoya un messager
nommé Tauine pour faire connaitre à tous ses chefs que
le
pavillon avait été amené et le pavillon français hissé.
Voici une parole : « Tu diras, Tauine, à tous les chefs: si
les français viennent élever le pavillon, que les hommes
n'agissent pas, nous serions en faute ; s'ils prennent les fruits
et les provisions, laissez les prendre sans résistance ; si ils
prennent les femmes, laissez les prendre sans résistance,
ne nous donnons point de torts, ne maltraitons pas les fran¬
çais, nous ne serions pas secourus par l'Angleterre.
(1) Lorsque Pomare vahine demanda le protectorat, de la France en 1842
le pavillon français fut hissé sur l'ilôt de Motu-Uta, sa
résidence.
(2) Pomare vahine régna de 1827 à 1844.
(3) Pritchard arriva à Tahiti en 1824 et la quitta environ vers 1844.
Société des Études Océaniennes
Pomare dit de même à Ariipaea et à Tamatoa,
elle leur
ordonna de parler à un homme, afin qu'il écrivit cette parole
et qu'elle fut envoyée à Raiatea et à Atupii.
Tamatoa lui même écrivit, et cette parole fut envoyée aux
Iles sous le Vent, ainsi conçue : si les français arrivent et
bissent le pavillon, laissez faire aussi, n'agissez point, ne
maltraitez pas les français, nous serions en faute.
Cette parole est achevée.
Société des Études Océaniennes
—
473
—
Lettres sur Tahiti par un aspirant de marine en 1864.
Les lettres que nous publions, furent écrites par l'aspirant
de marine Charles Antoine à ses parents pendant les années
1864 et 1865. Nous les tenons de l'enseigne de vaisseau Emi¬
le Antoine, son petit-fils, membre de notre société qui a bieri
voulu les rechercher et nous les communiques.
De même que le journal intime de
Loti nous apprend dés
détails curieux sur la vie tahitienne à cette époque, dé mô¬
me
les lettres de l'aspirant Antoine écrites huit ans avant lé
passage du futur académicien, sont intéressantes par toutes
sortes d'observations et de remarques souvent judicieuses
concernant le gouvernement, la reine et la petite cour tahi¬
tienne. Ceci est de la petite histoire, mais
sur
elle a l'avantage
la grande d'avoir été vécue.
L'auteur, lorsqu'il écrivait ces lettres, avait à peine vingt
et il ne se doutait guère qu'elles seraient publiées plus
ans
tard, précisément à Tahiti. Aussi on pardonnera à sa jeu¬
nesse - un défaut dont on se corrige, dit-on, tous les jours certains jugements catégoriques et sans appel concernant
des faits ou des personnages. Nous avons dû supprimer
quelques passages intéressants et même amusants mais qui
risquaient, encore maintenant, de froisser les susceptibili¬
tés.
Nous avons crû bon d'indiquer en renvois à certains pas¬
sages
des extraits du " Messager de Taïti " de la même é-
poque. On pourra ainsi remarquer la concordance des dates
et aussi la curieuse différence existant entre un événement
jugé du point de vue
vue
officiel et le même jugé du point de
d'un particulier.
d'ailleurs ci-dessous la lettre de l'enseigne
qui donne tous les renseigriements
concernant son grand-père.
«Je vous envoie ci-joint la copie intégrale des lettres que
mon grand-père Charles Antoine, aspirant de deuxième clas¬
se, à bord de la frégate "la Sibylle", écrivait à ses parents,
à l'occasion des escales que fit ce bâtiment à Taïti en 1864
Nous joignons
de vaisseau Antoine
et 1865.
Société des Études Océaniennes
—
En
474
—
1864, "la Sybille" était commandée par le capitaine
de vaisseau Pouget
qui avait été commissaire impérial aux
Établissements français d'Océanie à une date antérieure.
A son second voyage, c'est sous les ordres de monsieur
Mottez, capitaine de frégate, que la frégate fit une relâche
plus courte que la précédente.
Ces lettres d'un
jeune aspirant à ses parents, lorrains de
souche, donnent beaucoup de détails de .métier. Il
s'agit de faire comprendre en partie à ses parents qui n'ont
jamais vu la mer, quelle peut être la vie du canard qu'ils
ont couvé. Elles donnent aussi les impressions d'escale et
des descriptions. Elles sont parfois amusantes de naïveté.
Pour moi elles sont pleines d'intérêt.
vieille
A part cela, vous verrez qu'au fond le monde se renouvelle
mais
change pas. Vous verrez que la rumeur publique
prêtait à "la Sibylle" l'intention de faire un bal quand il
n'en était pas question à bord. Vous verrez que ceux qui ont
tenu les rênes d'un pays ont toujours tout, inventé de leur
temps. Vous verrez aussi que les appareillages, déjà, n'a¬
vaient pas lieu au jour dit. Il est vrai qu'il s'agissait alors
de quelques 80 jours de traversée.
La frégate " la Sibylle" fit ainsi deux fois le tour du mon¬
de. Elle partait de Brest avec du matériel et des passagers
civils et militaires. Après relâches à Ténériffe, au Cap, elle
débarquait quelques matériels et passagers à Bourbon, puis
ne
à Nouméa où elle refaisait une partie de son plein de passa¬
d'où elle revenait en France
Rio-de-Janeiro.»
gers qu'elle complétait à Taïti
par le Cap Horn et
29 décembre. — Non sans peine, nous sommes arrivés en
de Taïti samedi soir 26. Le lendemain (1) nous étions à
quelques milles de Papeete au lever du soleil, le calme nous
a pris, nous commençâmes à dériver jusqu'à 10 heures, envue
(4) Messager de Taïti - Du samedi 2 janvier 1664. — Navire de guerre
Frégate française à voiles "Sibylle" commandée par
M. le Comte Pouget, capitaine de frégate, v de Port-de-France (Nouvelle-Ca¬
lédonie) en 36 jours, 165 pass.
entré 27 décembre.
Société des Études Océaniennes
—
m
—
8n la brise se leva et à 3 heures nous étions à l'entrée de la
passe. C'est une coupure dans le récif de coraux qui entou¬
l'île. Nous allions droit dans la passe, tout d'un coup les
re
changent, nos voiles masquent, nous voilà forcés de
reprendre le large. Nous y tirons un petit bord et nous reve¬
nons faire un nouvel essai. Nos efforts furent couronnés de
succès, sur son erre la Sibylle alla mouiller dans une char¬
mante petite baie parfaitement abritée. Nous sommes assez
près de terre. Tout ici a un bel aspect, le mouillage est au
pied de hautes collines couvertes de verdure et très acciden¬
tées. Les environs sont plantés de cocotiers et bananiers, la
vents
campagne est très jolie. Hier je suis allé avec Monsieur Potlongue promenade. Nous avons marché sur
une route abritée par des orangers et des goïaviers, tantôt
tier faire une
longeant la mer, tantôt à quelque distance de la plage abri¬
tée par des collines à pic. De distance en distance, on trou¬
ve un ruisseau d'eau bien fraîche et délicieuse : voiià une
rencontre qu'on apprend à apprécier quand on navigue et
qu'on en est réduit à boire de l'eau à moitié chaude et pas
toujours très claire. Les Taïtiens sont de fort braves gens,
tous ceux qu'on rencontre vous saluent, ils ont l'air fort
doux et très hospitaliers, ils ne sont pas laids comme les
Calédoniens mais comme ces derniers ce sont des gars bien
taillés. Ils logent dans des cases en bambous proprement
faites et bien tenues. Les Taïtiennes sont coquettes et il y en
a qui, malgré leur teint plus que cuivré, sont assez jolies
dans leur genre. Elles ont des cheveux magnifiques et ont
l'habitude de mettre des fleurs et des couronnes sur leur tê¬
te, elles se parfument avec une fleur odoriférante appelée
monoï (sic.) et elles sentent fort bon.
Nous sommes allés jusqu'au village de Punavia où a été
livré un des combat qui nous a assuré la possession effecti¬
ve de l'île. Vous savez que nous ne sommes ici que comme
protecteurs du royaume de Pomaré
—Le village est près
d'une rivière qui devient un fleuve lors de la saison des gran¬
des pluies, nous y avons pris un bain. En sortant du bain
nous avons diné, c'est bien facile à faire, on n'a qu'à cueillir
des goïaves, on choisit les plus mûres et on les mange. Nous
avions une galette de biscuit dans notre poche, quant au li¬
quide nous n'avions qu'à nous baisser pour en prendre, l'eau
Société dés Études Océaniennes
—
476
—
la côte est bordée
moins vastes appartenant soit à des
Européens, soit à des Taïliens, on y voit généralement des
bananiers, des cannes à sucre, des ignames, des cocotiers,
des manguiers: des orangers, des citronniers et quelques
autres plantes ou arbres dont les noms m'échappent ou me
sont inconnus. Nous n'avons pas vu de légumes européens,
on ne cultive
pas non plus dans l'île les arbres fruitiers de
l'ancien monde si ce n'est dans les jardins des Français éta¬
blis à Papeete.
Nous avons dévergué nos voiles et on les a mises en soute.
Toutes les cordes servant à la manœuvre et non indispensa¬
bles pour tenir les mâts et les vergues sont dépassées et en
cale, voilà qui annonce une toute petite relâche.
Le commissaire impérial (1) près la Reine (titre officiel du
gouverneur) a fait à notre arrivée une démonstration qui lais¬
se assez voir ses intentions au sujet de ses relations avec
notre commandant. Quand la frégate a été signalée, il a fait
de la rivière était très potable.— Toute
de plantations plus ou
allumer les feux du •' Latouche-Tréville", aviso de la station
locale, et il est parti pour les îles Pomotou qui, comme vous
ne le savez pas, sont aussi sous notre protectorat, il ne re¬
viendra que dans les premiers jours de janvier. Mais le père
Pouget n'en est pas moins décidé à rester ici jusqu'au 23
janvier.
On dit que nous danserons et que nous serons fêtés à terre
grâce à notre musique qu'on demande déjà à Papeete. Ils
n'ont pas la moindre vérinette de sorte que la nôtre va faire
fureur. Lorsqu'elle joue le soir, la population
vient sur les
quais pour l'entendre, aux couleurs elle joue l'hymne natio¬
nal, on ne se refuse rien, c'est comme sur un navire amiral.
4 janvier 1864. — La nouvelle année a commencé d'une
assez drôle de manière sur la " Sibylle
A 10 heures du
matin, le commandant reçut la visite des deux députés en¬
voyés par les Taïtiens, qui témoignaient du désir de ces der¬
niers de faire leur visite au pacha. Tout enchanté de la cho¬
se il leur envoya son canot. En plusieurs vo- ages il amena
une quarantaine de Taïtiens parmi lesquels on remarquait
(lj Navire de guerre sorti. 26 décembre. L'aviso à hélice Latouche-Trévil¬
le commandé par M. Hubert lieutenant de vaisseau portant le guidon de M.
le Commandant Commissaire impérial, allant à Anaa.
Société des Études Océaniennes
—
477
—
surtout des femmes. Au son d'une musique plus ou
moins
guerrière la bande se rua cliez " Tavana Poutet" (c'est ainsi
qu'ils appellent le bonhomme). Celui-ci dans toute la joie de
son cœur leur fit. bonne figure mais se trouva embarassé
quand, au bout d'une demi heure, tout ce monde ne parut
rien moins que disposé à partir. Pour s'en débarasser, il fit
appeler les musiciens du bord sur le ponf alors les Taïiiens
se précipitèrent sur le pont, et en avant deux. La partie fut
belle pour l'équipage, on l'invita à faire les honneurs du ba¬
teau. Alors commença une de ces bacchanales près desquel¬
les, je suis sûr, celles des romains n'étaient rien. L'Étatmajor disparut peu â peu et laissa l'équipage prendre un
quart d'heure de bon temps. Enfin à 2 heures on ramena
la multitude à terre et tout redevint calme.
Le soir, la musique fut envoyée chez l'un des principaux
négociants de ia ville chez lequel dînait le commandant. Là
encore, il y eut grande fête, les invités de la maison dan¬
saient tandis qu'au dehors les matelots permissionnaires
faisaient sauter les indigènes. Le père Pouget descendait
lui-même dans la foule, encourageait les danseurs, caressait
le menton aux danseuses. Depuis, ces espèces de bals im¬
provisés en plein air se sont renouvelés. Chaque fois que la
musique va à terre, c'est une nouvelle fête. Bref le comman¬
dant et notre équipage passent le temps assez gaiement.
Nous sommes allés au 1er janvier souhaiter la bonne an¬
née au commandant. Il nous a annoncé qu'il avait bonne
envie de voir maintenues entre lui et nous les bonnes rela¬
tions que nous avions eu jusqu'à ce jour et il nous a serré la
pince à tous. Après nous il a reçu une foule d'autorités in¬
digènes et autres. Les Taïtiens chefs de district sont venus
voir l'ancien protecteur.
Quant aux réjouissances promises à l'Etat-Major, nous les
comptons facilement jusqu'à ce jour. La rumeur publique dit
pourtant que la ''Sibylle" donnera un bal aux principales au¬
torités. On attendra probablement que ses réparations de
grément soient terminées, nous commençons aujourd'hui à
mettre sur le pont la mâture haute et les vergues, on va visi¬
ter tout et remettre en état ce qui serait avarié. Depuis que
nous sommes au mouillage on a déjà bouché une petite voie
d'eau en transportant sur le même bord nos canons, nos
Société des Études Océaniennes
caisses à eau, nos chaînes, les bagages de la batterie, on a fait
prendre à la frégate une inclinaison qui a permis aux calfats
de remettre de l'étoupe dans l'ouverture formée par deux
bouts de bordages. Celle qui y était, ayant pourri, n'empê¬
chait plus l'eau de pénétrer à l'intérieur.
7 janvier.-— Je suis allé hier faire une bien jolie promenade
en compagnie de 3 de mes collègues. J'ai été voir la cascade
de Fataoa(l). La partie a été très agréable, nous étions partis
de bonne heure, dès que nous eûmes quitté la plaine, la rou¬
te devint magnifique et la marche fut très facile pendant la
moitié du chemin. Nous longions sur sa rive gauche, la ri¬
vière dont nous allions voir la source et nous étions dans une
vallée très profonde. De temps en temps nous arrivions dans
des endroits où les arbres étaient moins serrés. Alors nous
avions des vues soit sur le fond de la vallée, soit sur les mon¬
tagnes à pic que nous avions à nos côtés, tout cela couvert
d'une belle végétation encore mouillée par la rosée ou arro¬
sée par de l'eau claire tombant par petites cascades. Quand
nous avions envie de nous rafraîchir, nous n'avions
qu'à
cueillir des oranges ou des citrons, ces derniers surtout se
trouvaient à profusion. Après avoir marché deux heures et
demie et avoir monté pendant à peu près 1a. moitié du
temps, nous arrivâmes en vue de la cascade. J'ai bien" re¬
gretté de n'être pas plus artiste que je ne suis, j'ai pris un
croquis du charmant paysage que nous avions sous les yeux,
mais je n'ai pu le rendre aussi fidèlement que j'aurais voulu.
Monsieur P. vient de faire le tour complet de l'île. Entre
autres choses curieuses qu'il m'a racontées, il m'a dit avoir
été frappé de la distinction de plusieurs des chefs des districts
qu'il a traversés. Ils lui ont fait un accueil charmant, sont
même allés le prier d'accepter leur hospitalité, il est arrivé
chez l'un d'eux le jour où celui-ci donnait un grand dîner aux
Taïtiens de son district: il a été placé à la droite du chef et
a assisté à un repas servi à l'européenne où on buvait le Bor¬
deaux tout comme en France, Il parait que les indigènes
(i) Ibid. Du samedi 30 janvier 1864.— Des pluies continuelles ont
régné à Faiitahua du 18 au 25.
Les semaines précédentes étaient au beau temps, ce qui a permis
aux officiers de la frégate
"Sibylle" d'aller visiter le poste de Fautahua et surtout la cascade de ce nom.
Société des Études Océaniennes
—
sont très flattés
479
—
quand leurs chefs les invitent à ces sortes
de fêtes. La table était de trois cents couverts et tous ceux
qui s'y tenaient, semblaient avoir à cœur de se montrer di¬
gnes de l'honneur que leur chef leur avait fait.
Dans un autre village il a déjeuné dans la case d'un me¬
nuisier. Celui-ci parlait français, il a bien fait entendre qu'il
ne voulaitpas accepter d'argent et que lorsqu'on étaitle "taïo"
l'un de l'autre, ce n'était pas ainsi qu'on reconnaissait les
services rendus. Quand Monsieur P. l'a quitté, il lui a pro¬
mis qu'il viendrait le voir et qu'il lui apporterait des poulets.
13 janvier.— Le séjour à Papeete devient de moins en moins
attrayant, quelle que soit la beauté d'un pays on s'en lasse
toujours quand on n'y connaît personne et qu'on a pour abri
quand on descend à terre que la maison d'un débitant ou
d'un cafetier. C'est que tel est le cas dans lequel nous nous
trouvons presque tous. Le Commandant ne nous a fait faire
aucune conrfaissance ici, il ne nous a même pas présenté au
Gouverneur qui est revenu dernièrement sur le "LatoucheTréville " (1). Un jour j'ai été envoyé lui faire une commis¬
sion de service, il était à dîner chez un négociant, alors il
m'a fait l'honneur de m'introduire dans la case, mais depuis
je n'ai plus eu de nouvelles de ces braves gens,
Notre vieux a repris ses habitudes de Bourbon. Il a une
maison à terre, il y passe presque tout son temps, ne s'oc¬
cupe pas plus du bord que s'il lui était complètement étran¬
ger et ne songe pas à tenir les promesses qu'il nous a faites
si souvent depuis près d'un an. La relâche de Taïti devait
être si agréable que personne n'en voudrait plus partir:
je crois qu'on n'aura pas grand effort pour nous en arracher.
Nous y laisserons probablement une bonne partie de nos
disciplinaires. Il y en a 42 qui ont demandé à rester ici com¬
me colons. La frégate "Isis" en avait débarqué quelquesuns qui ont plus ou moins réussi. Pusieurs de ces derniers
sont devenus de vrais canaques, ils vivent dans la monta¬
gne, demi-nus, dans des cases en bambous, ils mangent du
maïore, du feï, qu'ils vont chercher dans les bois et boivent
(l) Ibid. Du samedi xô janvier 1864.— M. le Commissaire impéri¬
Papeete, samedi dernier 9 du courant, de retour de
la visite d'inspection qu'il était ailé faire dans l'archipel desTuamoal est rentré à
tu.
Société des Études Océaniennes
—
480
—
de l'eau claire quand ils n'ont rien de mieux. C'est une
vie
qui doit plaire à quelques-uns de ces hommes là, leur indis¬
cipline en fait des gens en retard en civilisation, ils trouvent
donc ici moyen de vivre selon leurs appétits et leur goût.
Le "Latouche-Tréville " part aujourd'hui pour Bora-Bora,
île de l'archipel Sous-le-Vent (1). Il va chercher la Reine de
ce
pays. Elle s'est mise en ribote et a fait quelques infidéli¬
son mari. Les missionnaires anglais, plus intolérants
tés à
que les nôtres, l'ont emprisonnée. Comme c'est une fille de
Pomare on va réclamer la parente de notre protégée
14 janvier. — Hier je suis allé dîner au Gouvernement. J'y
ai passé une soirée très agréable. Monsieur et Madame Gau¬
thier de la Richerie sont plus aimables que Monsieur et Ma¬
dame Guillain. Le dîner était admirablement servi, il a été
gai et, sauf une ou deux balourdises que notre bonhomme
a lâchées, on s'est assez amusé, le vieux n'a pas manqué de
lancer un ou deux coups de pattes au gouverneur, "de son
temps oui vraiment, tout allait mieux qu'à présent". Il fini¬
ra par passer pour radoteur, on ne l'écoutera plus. Qu'on
parle d'ordonnances, d'actes publics, d'agriculture, de n'im¬
porte quoi, de carottes, de choux, il trouve moyen de contre¬
dire ou de dire que c'est lui qui l'a fait quand il était là, il
perd de temps en temps de belles occasions de se taire.
J'ai fait la connaissance d'un sous-lieutenant d'infanterie
de marine (2), aide de camp du gouverneur, nous étions voi¬
sins de table. Il doit me faire monter à cheval, je suis curieux
de voir la tête que Jean l'Ours fera sur son bidet.
19 janvier. — Jean l'Ours a vite croché dans le pommeau.
Au trot je ne suis pas vaillant, mais au pas je vais très bien.
Je montais un cheval des lanciers de la Reine, il a gagné un
prix de course au 15 août dernier.
(1) Ibid. Du samedi 16 janvier 1864.— La reine Pomare est partie
dernier, à 4 heures du soir sur l'aviso à vapeur le LatoucheTréville, mis à sa disposition par M. le Commissaire Impérial, pour
se rendre à Bora-Bora, voir sa fille Teriimaevarua, reine de cette île.
mercredi
(2) Le sous-lieutenant d'infanterie de marine Le Maître, père du
directeur actuel de la B.I.C. à Papeete.
Société des Études Océaniennes
—
m
—
LaReine(l) estrevenue dimanche 17 desIles-Sous-le-Vent.
de fille et sa bru, reine d'u¬
ne autre île du même archipel. On lui a rendu les honneurs
dus à son rang. Les navires sur rade ont fait un feu de file
de toute leur artillerie. Les matelots étaient rangés sur les
bastingages, ils ont crié cinq fois " Vive l'Empereur". Tout
cela s'est fait au moment où la Heine, escortée par le com¬
missaire impérial délégué par la France, quittait le "Latouche-Tréville". A terre, on l'a saluée de 21 coups de canons,
la troupe en grande tenue formait la haie jusqu'à son palais,
ses lanciers en tète. Habituée déjà à ces salamalecks, Pomare reçoit ces honneurs avec une dignité qu'on trouverait peu
souvent chez les canaques. Vêtue d'une robe d'indienne,
couverte d'un chapeau de paille à plumes, pieds nus, elle
marchait à la tête du brillant état-major de la colonie, ayant
Elle ramenait sa petite brouillée
à sa droite Monsieur de laRicherie.
20 janvier. —
Aujourd'hui j'ai mal aux cheveux. Hier l'E¬
major de la frégate a été invité à un bal donné en son
honneur chez un des habitants notables de Papeete. J'y suis
allé. Bien qu'il y ait peu de danseuses,, j'ai fait mon devoir
consciencieusement et je m'en ressens. En France on ne
danse pas tous les jours avec des Reines. Pomaré IV était
au bal avec sa fille, la reine de Bora Bora, avec la reine de
tat
Raiatea et une autre de ses filles.
(i) Ibid. Du samedi 23 janvier 1864.— L'aviso à vapeur
Latouche-
Tréville est arrivé à Papeete, venant de Bora-Bora, dimanche dernier
17 janvier, ayant à son bord la reine Pomare et sa fille Teriimaevarua
reine de Bora-Bora.
A deux heures de l'après-midi, la Reine, accompagnée de M. le
Commandant Commissaire Impérial, qui s'était rendu à bord, est
descendue à terre avec le cérémonial traditionnel.
Au moment où le canot, abordait le
quai, le Latouche-Tréville a
fait feu de toute son artillerie, et les hommes de l'équipage, debout
sur les bastingages, ont répété taois fois le cri de: Vive l'Empereur!
rendu les mêmes honneurs.
attendaient la Reine et le
Commissaire Impérial au débarcadère, et les ont ensuite accompa¬
gnés jusqu'au palais au milieu des divers corps de la garnison for¬
mant la haie, au bruit d'une salve de vingt et un coups de canons
tirés par la batterie de terre.
La Reine a reçu immédiatement toutes les personnes qui compo¬
La frégate Sibylle a
Les autorités françaises et tahitiennes
saient le cortège.
Société des Études Océaniennes
—
482
—
Elles étaient vêtues de robes de satin blanc et rose et se
tenaient fort bien. Elles dansent parfaitement. Elles sont un
lour les. Il ne faut pas s'en étonner, une d'elles pèse
hommes européens. Mais aussi on a l'avan¬
tage de pirouetter avec un élan irrésistible. Le tout est de
peu
autant que deux
les mettre en mouvement. Pomaré et son autre fille étaient
vêtues l'une d'une robe de soie noire, l'autre
d'une grande
tapa (robe du pays sans ceinture) en velours noir qui lui
donnait l'air majestueux. Je ne m'attendais pas à leur voir
un
maintien aussi digne.
On
a
dansé jusqu'à 3 heures du matin. J'ai la gloire d'a¬
voir aidé à éteindre les chandelles.
Le monsieur
qui nous recevait est un anglais. Sa femme
nous ont fait passer une soirée
et lui sont fort aimables. Ils
bien agréable. Le confortable ne laissait rien à désirer. Près
du salon se trouvait servie une fable couverte de gâteaux, de
rafraîchissements. On y conduisait les dames après chaque
danse, on les servait et après on retournait soigner la bête.
C'est la musique
du commandant qui devait faire les frais,
n'ont
plus pu jouer à partir de minuit ou une heure.
25 janvier. — J'ai assisté à un autre bal depuis le dernier
jour où j'ai écrit. Il était donné par un anglais marié à Une
métisse fort jolie femme, malheureusement un peu jaune
mais ces messieurs les artistes, s'étant trop rafraîchis,
encore
de teint. Chez eux se trouvait réunie une société com¬
posée d'européens, de métisses et de tahitiens. Elle était
agréable, cependant, elle se ressent un peu de la torpeur de
la race indigène, on ne trouvait pas dans la maîtresse de mai¬
son cette activité
qui distinguait celle qui nous a reçus le 19
et pourtant, il faut lui reconnaître, une grande amabilité.
Les rafraîchissements étaient distribués généreusement.
Notre hôte en a d'ailleurs les moyens. C'est un des
princi¬
paux commerçants de l'île, il a à lui seul une dizaine de na¬
vires occupés au grand cabotage dans les archipels voisins
et même à la navigation au long cours, ils vont à San-Francisco et à Sidney porter le sucre et les perles qui, par leur
exportation, font le commerce le plus important du pays.
Ils portent aussi des oranges en Amérique, c'est une des
branches les plus productives du commerce du protectorat.
Ce qui m'a intéressé au plus haut point, c'est l'arrivée du
Société des Études Océaniennes
—
483
—
courrier
qui m'a apporté 3 lettres. Maintenant si vous ne
à Rio de Janeiro, il n'est plus temps de le
faire, et il faut attendre l'arrivée en France de la frégate.
Notre relâche à Tahiti doit se prolonger jusqu'à la fin de
février. Le vieux s'amuse beaucoup ici. Il redonne son fa¬
meux prétexte de Bourbon, il attend le prochain courrier pour
savoir si la guerre européenne est allumée.
Je ne vous plains pas quand vous me parler de la gelée,
je voudrais bien qu'il y en est de temps en temps dans ce
pays, surtout vers midi. La température moyenne de ce mo¬
ment de la journée est de 30 ou 31°. Je m'y suis fait et main¬
tenant je marche en pleine campagne à n'importe quelle
heure du jour. La seule ressource que l'on est ici estla pro¬
menade. Le pays est beau comme je vous l'ai déjà dit.
Les cancrelats commencent à devenir importuns. Heureu¬
sement le Cap Horn les fera disparaître, et, d'ici là, j'espère
qu'ils ne commettront pas trop de dégâts. En attendant ils
nous empoisonnent car ils répandent un parfum détestable
qui rend notre faux pont peu habitable.
Je réponds maintenant au bout'de lettre de papa. Je par¬
tage en tous points sa sympathie pour la cause polonaise et
pourtant, je redoute une guerre car où en seraient les finan¬
ces de la France. Si cependant elle a lieu, je désire y pren¬
dre part non plus comme conducteur de voitures de troupes
mais sur un navire armé en guerre pour de bon. J'ai pris en
haine le métier de train des équipages de l'armée de terre
et je ne suis pas le seul dans la flotte. On a trop fait des états
majors des bâtiments, des compagnies de restaurateurs faits
pour nourrir les officiers de troupe passagers, on a été jus¬
qu'à les accuser de spéculer sur la bouche de ces derniers
ce qui suffit à dégoûter pas mal de gens fiers de l'honneur de
leur arme et de leur épaulette. Puisque l'Empereur a beau¬
coup fait pour les marins, peut être reconnaîtra- t-il un jour
l'inconvénient dont je vous parle.
5 février.— Le trois de ce mois a été un jour comme la " Si¬
bylle " n'en voit pas assez. La frégate avait complètement
changé d'aspect son gaillard d'arrière et sa dunette étaient
transformés en salle de bal. Plusieurs jours à l'avance, les
aspirants avaient été envoyés avec des corvées prendre du
feuillage et des palmes dans les propriétés de la Reine. Tout
m'avez pas écrit
Société des Études Océaniennes
—
484
—
cela devait rentrer dans la décoration du navire. Elle
était
faite par un lieutenant de vaisseau
que le commandant avait
prié de s'en charger. La salle de bal était splendide. Tous
les pavillons de timonerie, les
petites armes du navire, la
verdure habilement disposée, faisaient un ensemble ravis¬
sant. Les tentes fermaient l'enceinte et fermaient le toit.
On
sentait
plus la petitesse du navire, tout avait pris un as¬
pect grandiose.
ne
Les invités ont été
épatés quand ils sont montés à bord.
Le vieux avait failli faire tout
manquer, en voulant en faire
à sa tête. Il avait réussi à faire
un
vrai bouge.
C'est le jour
du bal que tout a été réinstallé et mené à bonne fin.
A 8 heures les canots de la
frégate et ceux du " LatoucheTréville " sont allés prendre les invités. Ils ont amené d'a¬
bord la Reine et toute sa bande, le commissaire
sa
impérial et
famille, les consuls anglais et américains. J'ai eu l'hon¬
d'aller chercher monsieur de la Ricberie et sa femme
et de les amener à bord. La
musique a reçu les grandes au¬
neur
torités en leur jouant les airs nationaux.
Le quadrille d'honneur a été dansé à 8 heures et demie.
Jusque là le canot avait amené le monde. Nous allions pren¬
dre les dames
au
bas de l'échelle pour les aider à monter.
Les .danseuses avaient des toilettes
magnifiques. C'étaient
les dames blanches, métisses, tahitiennes
qui forment la so¬
ciété de Papeete. On a dansé
jusqu'à 3 heures.
Un peu après minuit, le vieux a fait
souper. Sous le rap¬
port des rafraîchissements, les choses ont été faites large¬
ment mais l'absence d'une maîtresse de maison se faisait
sentir. Les domestiques n'étaient pas
dirigés, les danseurs
étaient forcés d'apporter eux-mêmes aux dames et aux de¬
moiselles. Les appartements du commandant étaient bien
petits. Il a fallu souper en plusieurs bordées, on conduisait
une dame mais il
n'y avait plus de place, il fallait la ramener
bal. Vers la fin, la danse s'est un peu ralentie, l'entrain
manqué, alors on a commencé à partir. La Reine Pomare
adonné l'exemple. Il a été fatal, malgré tout ce
que nous
au
a
pu faire on l'a suivie de bien près.
Pourquoi faut-il que ces jours aient un lendemain? C'est
le revers de la médaille, il est bien triste. D'abord il faut se
dire que c'est fini, on dit adieu à ses danseuses. Les
jours
avons
Société des Études Océaniennes
—
485
—
qui suivent un bal me sont bien ennuyeux. Gomme jusqu'ici
je me suis beaucoup amusé quand j'ai dansé, j'ai presque du
regret quand tout est fini.
Mon pauvre habit de grande tenue est perdu. J'ai attrapé
une vingtaine de tâches de bougies et elles ont été mal en¬
levées. Voilà une soirée qui me coûte cher: elle rapporte
100 francs au tailleur.
Maintenant, il faut penser à des choses sérieuses. Nous
partons le 16 février et nous ferons peut-être une traversée
peu agréable. Nous prenons encore des passagers au poste.
Notre gamelle est plus pauvre que jamais. Ils vont crier ce
sera
tout amusant,
mais, heureusement, nous nous rappro¬
cherons de Brest, ce sera une consolation.
Si nous partons à l'époque annoncée nous serons en Fran¬
ce vers
le 18 juin.
24 février.— Nous
à la mer depuis le 19 (1).
La
Sibylle " ne voulait plus quitter la rade de Papeete. Nous
avions dû partir le 16 mais nous avions vent debout. Le 17
il y avait dans la passe un vent favorable mais le comman¬
dant qui, je crois, avait envie de rester, chercha une querelle
quelconque au commissaire impérial. Toute la journée ils
échangèrent des lettres jusqu'à 3 heures. Alors on établit les
voiles, mais c'était pour faire preuve de bonne volonté, car
il faisait calme. Le 18, le vent n'était pas aussi bon, il y avait
une grosse mer dans la passe. On signala au " Latouche-Trésommes
"
ville " d'allumer ses feux et de venir nous donner les remor¬
ques. Celles-ci étaient déjà raidies, nous allions partir quand,
sur l'avis du commandant commissaire impérial, on tint bon
l'appareillage. Il avait déclaré qu'avec la mer qu'il y avait,
nous nous jetterions inévitablement sur les coraux de la
passe qui est très étroite. Vingt-quatre heures eussent suffi
pour démolir complètement notre pauvre "Sybille" si le
malheur eût voulu qu'elle touchât en sortant, tant la passe
était mauvaise ce jour-là. Enfin le lendemain 19, la frégate
sous
toutes voiles sortit des récifs et on dit adieu à Taïti. Il
y avait
cinquante jours que nous nous battions les flancs,
(1) Ibid.— Du Samedi 20 février.— La frégate transport la "Sybille" est
partie de Papeete le 19 courant pour opérer son retour en France.
Société des Études Océaniennes
—
486
—
dépensant l'argent du budget de la marine et tout cela pour
quoi et pour qui?
Nous emmenons comme matelot un taïtien
qui s'est enga¬
gé pour aller voir la France. Il y a beaucoup d'habitants de
Taïti et des Pomotou qui demandent à faire la même chose.
Ils sont très désireux de voir la métropole dont ils ont en¬
tendu dire tant de merveilles. Il y en a, dit-on,
qui n'ont
plus voulu la quitter. Malheureusementils ne supportent pas
notre climat et beaucoup meurent
phtysiques. Il ne faut pas
trop s'en étonner, c'est ainsi que, dans leur pays même,
beaucoup de Taïtiens quittent ce monde, bien que ce soit des
gaillards bien taillés et très forts, ils ne vivent pas très vieux,
en général et beaucoup meurent de
consomption.
Depuis notre départ, nous avons eubeautemps. Mais com¬
me le commandant ne
peut pas se décider à s'arracher du
protectorat, il a failli relâcher encore dans une île qui se trou¬
ve à 150 lieues au sud de Taïti. Elle
s'appelle Toubouaï. Il
est venu mettre en panne devant Toubouaï et a
envoyé à
terre des embarcations qui lui ont rapporté des cochons, de
la volaille, des bananes, etc.
Papeete a laissé des souvenirs dans nos cœurs qui ne sont
pas encore effacés. A chaque instant on entend l'un ou l'au¬
tre rappeler madame ou miss une telle. Les bals
auxquels
nous sommes allés nous avaient fait faire assez
ample con¬
naissance avec toute la société de Papeete. Elle se
compose
de quelques blanches, anglaises pour la plupart, de métisses
et de tahitiennes. Les métisses surtout nous ont
prodigué
leurs amabilités. Il y a dans leur nombre plusieurs miss
qui
cherchent des épouseurs et une ou deux ne dédaigneraient
pas un officier de marine. Du reste, il faut se hâter de le dire,
tout chez elle n'est pas calcul, par elles-mêmes elles sont fort
gentilles. J'ai un souvenir de l'une d'elles qui, en quittant la
"Sibylle" le jour du bal que le commandant a donné, m'a
gratifié d'un bouquet. Je l'ai conservé précieusement et quoi¬
qu'un peu sec il est encore fort joli. Quant aux taïtiennes j'en
emporte un spécimen. J'ai la photographie de 3 personnes
de la famille royale, entre autres la Reine. J'aurais désiré
avoir la signature sur la carte, mais le jour où je suis allé la
voir, je n'ai pu la rencontrer. Ce n'est pas difficile d'obtenir
une audience de Sa Majesté dans ce
pays-ci. On entre et on
Société des Études Océaniennes
—
487
—
présente tout seul, c'est bien simple. Quand on ne connaît
se
pas la langue du pays, on demande un interprète, ou bien si
parle l'anglais, on cause avecPomare par l'intermédiaire
de sa bru qui la quitte rarement. C'est une bonne femme.
on
Elle a dû être bien dans son
ser,
temps, elle commence a pas¬
elle prend beaucoup d'embonpoint...
Grâce à notre court séjour à Taïti,
je commence à appren¬
dre la langue
du pays. Ainsi je sais dire bonjour (laorana),
fiche-moi la paix (maniania) etc... C'est un langage assez
facile et les Européens qui habitent les îles du protectorat
sont peu de temps à l'apprendre. Sa grammaire est des plus
simples, ainsi "are" veut dire viens, venir, aller quelque
part, je vais, tu vas, etc... Lesétrangers divers qui compo¬
sent la collection des résidents de Taïti s'entendent en par¬
lant taïtien, ainsi
un
chinois et un prussien se comprennent
peuvent avoir n'importe quel discours. Le moniteur de
Taïti est écrit moitié en français et moitié en taïtien. Presque
et
tous les indigènes savent lire et écrire leur langue,
les carac¬
les nôtres. Dans presque toutes
les cases on trouve quelques livres parmi lesquels une bi¬
ble ou un psautier, selon qu'on est chez un protestant ou un
catholique, et un petit livre de cantiques dits hyménés.
Tous les soirs ils se réunissent dans chaque village dans
une case qui est généralement celle du maître d'école qui est
tères qu'ils emploient sont
aussi maître de chant. Les femmes s'assoient en rond autour
d'un lumignon fait avec un verre plein d'huile de coco et une
mèche, les hommes s'assoient derrière et on chante la gloire
du seigneur. Ils ont de très beaux airs et font une assez belle
musique. Dans le nombre de leurs chants ils ont en un qui
au Commandant protecteur, un au¬
tre sur l'air de la " Reine Hortense ". Ils ne manquent jamais
de le chanter aux officiers français qui vont entendre les hy¬
ménés. Dans les grandes occasions, ils se réunissent en assez
grand nombre pour être une centaine de chanteurs, c'est gé¬
néralement quand ils reçoivent la Reine ou le Commissaire
impérial.
Je voudrais vous parler aussi des chefs de districts. Mon
opinion a singulièrement changé à leur égard. Du reste, il
faut bien l'avouer, dans la famille royale on voit souvent des
est un salut à Pomare et
choses fort drôles
-
Société des Études Océaniennes
—
488
Le prince qui est en France
—
s'appelle Joinville. On m'a dit
qu'à son départ,
on avait lait des fêtes magnifiques et que
tous les districts lui avaient
apporté des provisions en si
grande quantité que l'équipage et les différentes tables de
en avaient à ne plus savoir qu'en faire.
Quand il s'est embarqué, il y a eu "fête lacrymale" : une
quantité innombrable d'indigènes des deux sexes étaient
la frégate " Isis "
réunis et chacun versait des
pleurs, la même scène émou¬
vante se renouvelle chaque fois
que la Reine ou un prince
arrive ou part.
Pomare est très riche. Outre les
vingt-cinq mille francs
qu'elle reçoit du gouvernement français, elle possède de son
côté de cinquante à soixante raille francs de
rente, elle a des
coins de terre dans tous
ses Etats. Dans la case
bite en attendant qu'on achève son
qu'elle ha¬
palais, elle jouit d'un cer¬
tain confort qui n'est pas à dédaigner. Elle a un salon de ré¬
ception où on remarque son portrait (1), celui de l'Empereur,
ceux du maréchal StArnauld, de l'amiral Bonard et de
quel¬
ques autres qui, sauf ce dernier, sont parfaitement indiffé¬
rents à la Reine. Sur un guéridon au milieu du
salon se trou¬
ve un
stéréoscope magnifique avec toutes les vues principa¬
les de Paris, c'est un cadeau de
l'Empereur...
Nous sommes en mer, route vers la France. Adieu la
"douce" température deTaïti. Bientôt les brumes et les
gla¬
ces du Cap Horn puis Rio
de Janeiro où je
posterai cette let¬
tre...
18 juin 1865. — Bien que j'ai revu Taïti avec
plaisir je re¬
prendrai la mer sans peine. Ce pays qu'on appelle le Para¬
dis de l'Océanie a du reste
beaucoup changé. Le successeur
de Monsieur de la Richerie qui avait été attendu ici comme
le Messie parce
qu'on comptait qu'il reviendrait sur les ac¬
prédécesseur et en atténuerait la rigueur au pro¬
fit des indigènes, a trompé tout le monde. Monsieur de la
Roncière, ancien gouverneur de St-Pierre et Miquelon se
montre plus violent que le dernier commandant.
Nous avons profité de notre séjour sur la belle rade de Pa¬
peete toujours unie comme une glace pour boucher une petes de son
(1) Peint par Girard, actuellement au Musée de la Société d'études océa¬
niennes.
Société des Études Océaniennes
—
489
—
tite voie d'eau. Nous avons conduit la
frégate le long d'un
quai et
nous l'avons inclinée de façon à éventer la portion
voulue de carène. Après le déchargement du matériel,
la fré¬
gate s'est trouvée tellement légère que nous avons été for¬
cés d'embarquer un lest de galets. Nous emportons en Fran¬
ce
70 balles de coton. On
a
commencé la culture de cette
plante il y a 15 mois, elle donne les plus beaux résultats.
Les espérances qu'on a conçues à la suite des essais ont sti¬
mulé l'ardeur des indigènes eux-mêmes qui se mettent à dé¬
fricher et à planter. C'est pour encourager les petites bour¬
ses que le gouvernement
prête les cales de ses frégates et
autres bâtiments pour l'exportation des produits.
24 juin 1865.— C'est le 31 mai (1) à midi qu'on a laissé
tomber l'ancre en rade de Papeete. Nous sommes entrés à
la remorque du Latouche-Tréville. 11 faisait calme, il est ve¬
nu nous prendre à
quelques milles de la passe fort près du
récif extérieur. Nous avons trouvé au mouillage la frégate
l'Isis " qui, partie de Calédonie quinze jours après nous,
avait eû la chance de doubler la Nouvelle-Zélande par le
nord et était arrivée à Taïti le 18 mai. Sa traversée, prise
comme terme de comparaison avait fait faire toutes espèces
de suppositions sur notre compte. Il était temps de se mon¬
trer, le courrier de juin aurait porté quelques nouvelles plus
ou moins sinistres. Depuis plusieurs jours le <k Latouche-Tréville " avait ses fourneaux chargés, il était prêt à appareiller
pour se porter sur le premier point où on nous signalerait.
Au grand étonnement de tous, la frégate est arrivée sans
"
avaries et avec tout son monde en bonne santé.
On nous a fait bon accueil. Tous ceux qui savaient ce que
c'est qu'une traversée de 56 jours avec des temps forcés sont
venus nous souhaiter
rins de la
la bienvenue et parmi eux tous les ma¬
place.
La relâche nous a paru bien agréable à tous, il nous fallait
peu de repos et il ne nous a pas manqué sur le beau lac
qu'on nomme rade de Papeete. Il y faisait bien un peu chaud
un
mais nous avions la ressource des bains et nous en avons
(i) lbid 17 juin 1865.— Bâtiment de guerre sur rade - 31 mai. Fré¬
gate à voile " Sybille " commandée par M. Mottez, capitaine de fré¬
gate.
Société des Études Océaniennes
—
490
—
profité. Le commandant qui entend bien les choses, a laissé
tranquille et aussi libre que possible.
tout le monde aussi
Dès le lendemain de l'arrivée, nous avons commencé à en¬
voyer le quart de l'équipage et des passagers à terre chaque
jour, cela a duré jusqu'à l'avant veille du départ.
Sauf le halage de la frégate le
long du quai de l'arsenal
l'équipage n'eut pas de gros travail à faire depuis le déchar¬
gement jusqu'aux derniers jours de la relâche. Chaque jour
on travaillait au
gréément, au calfatage, ou bien on peignait,
bref on s'occupait de chose qui n'exigeaient à bord
que la
présence d'un officier de garde, de sorte que tous les autres
profitaient pour prendre la clé des champs.
On s'est beaucoup promené,
plusieurs ont fait de grandes
excursions à cheval, à pied, en pirogue. Te suis retourné à
la cascade de Fataua, une de mes
promenades favorites de
en
l'année dernière.
Nous étions à Tahiti pour la saison des fruits, nous avons
mangé des bananes et des oranges à profusion. Je ne reve¬
nais jamais de me baigner sans
manger deux ou trois oran¬
ges que je ramassais sur mon chemin.
Quelle différence entre cette relâche et la précédente (Port
de France,
Nouvelle-Calédonie). Ici une belle campagne, tou¬
jours ou presque toujours éclairée par un beau soleil inno¬
cent bien que fort chaud. En ville et hors de la
ville, de bra¬
ves gens qui aiment à rire et
qui sont en général fort serviables. Vous rencontrez des Taïtiens sur votre route, ils ne
manquent pas de vous souhaiter la bienvenue. la ora na,
vous
disent-ils, ce qui signifie: vivez longtemps.
En Calédonie,
l'établissement français a un aspect misé¬
rable qui contribue à attrister une campage assez triste, sè¬
che, peu cultivée, quoique non stérile, et si vous rencontrez
kanack, vous avez le désagrément de voir passer un vi¬
lain magot qui vous regarde de travers, ou bien c'est un ca¬
lédonien des missionnaires, il vous dit bonïou mais il n'a
qu'une très faible part d'amitié à accorder à ce qui ne por¬
te pas une robe noire, c'est à quoi il
est dressé.
Les petites fêtes qu'on nous a données l'an
passé, ne se
sont pas renouvelées. L'un des
négociants anglais qui nous
avait reçus venait de partir en
Angleterre avec toute sa fa¬
mille, il est allé faire un tour au pays. Le Commandant des
un
Société des Études Océaniennes
—
491
—
Etablissements français de l'Océanie et son aimable épouse
ont peu
attirés chez eux : 3 personnes du bord seule¬
Son salon était, disait-on, fort triste,
les manières affectées de sa dame le rendaient
peu agréa¬
ble. Pour parler un peu politique et vous renseigner sur son
compte, il faut dire qu'il est frère d'un contre-amiral qui a
usé de son influence pour le tirer d'un fort mauvais
pas, et
le faire ensuite ce qu'il est. Pour ce qu'on veut bien
appeler
une peccadille de
jeunesse, monsieur de la Roncière a été
condamné à 10 ans de travaux forcés, dit-on
(1). On a dé¬
nous
ment ont été reçues.
brouillé
affaire
et la renommée dit qu'il n'a même pas
été cassé de son grade d'officier de cavalerie et qu'il fut en¬
son
voyé à Cayenne en punition, ayant conservé ses droits de
citoyen. Plus tard il revint sur la scène comme inspecteur
colonial en Algérie, on en a fait ensuite un gouverneur de
colonies. Bref tout cela n'a pas l'air d'être très clair. Le fait
de sa condamnation est exact : on ne s'explique pas comment
on en a fait un haut fonctionnaire par la suite.
Peu de jours après notre arrivée il a mis en prison
pour un
mois un lieutenant de marine de nos anciens
passagers qui
avait été la victime d'un gredin dont on vient de faire justice.
Cet acte de rigueur avait indisposé beaucoup de person¬
nes et à l'occasion d'un punch offert par le
cercle des officiers
aux nouveaux arrivés, on avait battu froid au
pacha. Dix
jours s'étaient écoulés, le malheureux officier se risqua à
hasarder une lettre dans laquelle il réclamait à juste titre un
jugement plus équitable du Commandant. Plusieurs person¬
nes ouvrirent les yeux à ce dernier,
parmi lesquels Monsieur
Mottez. ïl s'aperçut qu'un individu qui remplissait les fonc¬
tions de Secrétaire Général (très importantes à Taïti) l'avait
trompé, il revint sur le passé, leva la punition, la fit annuler
et s'excusa auprès du lieutenant. Ce qu'il fit de mieux ce fut
d'annoncer à son Secrétaire Générai qu'il fallait faire ses
malles et qu'il partirait parla première occasion. Cette nou¬
velle fut reçue avec plaisir par tout le monde.
La personne qui est appelée à remplacer ce brave mon¬
sieur est un officier de marine qui habite le pays depuis plu¬
sieurs années, lui porte beaucoup d'intérêt et est connu pour
(i) Voir le livre de Paul Reboux f! L'affaire La Roncière
Société des Études Océaniennes
—
492
—
bon esprit. Son calme impertubable sera
son
an remède à la
probablement
violence de Monsieur de la Roncière qui s'em¬
porte facilement. On croit qu'il y aura du changement d'ici
peu, on a bon espoir. Le Commissaire Impérial.est arrivé
dans les Iles de la Société avec d'excellentes intentions et de
bonnes idées, il peut faire beaucoup de bien.
Dans mes lettres de la dernière
campagne, je vous ai pro¬
bablement parlé de l'arrivée à Taïti d'un certain monsieur
Stewart qui venait avec des capitaux et avec l'intention de
cultiver les terres qu'il pourrait acheter. Ce monsieur était
le représentant d'une compagnie dont le siège est à Lisbon¬
ne.
Il avait deux millions pour s'établir à Taïti. Le Gouver¬
d'alors sut apprécier le bien qu'il pourraitfaire au
pays,
il favorisa tant qu'il put ses démarches et insista près
de la
neur
Reine pour la décider à céder ou à faire céder des terres.
Ce ne fut pas chose très facile, elle était travaillée par un
parti contraire dans lequel se trouvait le plus riche commer¬
çant du pays vexé de voir s'établir un concurrent.
Malgré tout, ce monsieur Stewart trouva des terres. On se
mit à défricher, le goïavier avait tout envahi. La chose sem¬
blait extrêmement difficile, on s'attendait à voir
employer
plusieurs années à couper les arbres et à extraire les raci¬
nes. On fit plus simplement: on se contenta de
couper.les
troncs des arbrisseaux et on sema du coton. Il vint très bien.
On fut très étonné de voir que cette culture causait le des¬
sèchement des racines de goïavier. On commence à récolter.
Trois cents engagés chinois travaillent au défrichement
qui
toujours, et récoltent. Il y a 16 mois qu'on a semé les pre¬
mières graines, et la récolte est déjà assez abondante
pour
va
qu'on puisse faire de petites exportations. L'entreprise di¬
rigée par cet anglais, prospère. Il a donné le branle aux Taïtiens, aux petites bourses, et la concurrence qu'il fait aux
anciens résidents a fait baisser sensiblement les prix des
denrées de nécessité première (farine par
attend
exemple). Il
achèveront de mettre en culture les terres
dont il est possesseur. Dans quelques années tout
rapporte¬
ra et jusqu'à présent c'était dame nature
qui, seule, s'était
chargée de ce soin.
Quand on a vu que les choses allaient si bien, on a com¬
mencé de toutes parts à défricher et à cultiver. Monsieur de
700 Chinois qui
Société des Études Océaniennes
—
493 —
la Roncière a eu alors la bonne idée de faire aider les petits
propriétaires en faisant fonctionner d'une certaine manière
la "Caisse agricole" fondée par son prédécesseur.
Quiconque a du coton l'apporte dans un établissement si¬
tué à Papeete. On le pèse et on le paie tant du kilo quelle
que soit la quantité qu'il présente. La Caisse Agricole se
charge d'exporter le coton et de le faire vendre. S'il y a bé¬
néfice tous frais payés, il est réparti proportionnellement au
dépôt. Voilà pourquoi on nous a donné plusieurs tonneaux à
transporter, c'est que le fret sera moins cher au profit des
cultivateurs. On a alors imposé tout indigène qui ne cultive¬
rait pas les terres dont il est possesseur. C'est peut-être allé
trop loin. De hautes considérations peuvent sans doute ame¬
ner une
telle mesure
Bon nombre de Taïtiens se sont facilement décidés à tra¬
vailler. D'un avis unanime on s'accorde à constater un pro¬
grès sensible. L'avenir change de face pour les Iles de la So¬
ciété, les Marquises et les Iles voisines. Dans quelques an¬
nées, quand l'Amérique aura repris son calme et cultivé ses
champs, le coton baissera de prix, mais alors le sol sera dé¬
friché à Taïti et sera prêt à recevoir une autre culture, celle
du sucre ou du café. Les républiques de la côte occidentale
d'Amérique du Sud s'y approvisionneront puisqu'elles ne
produisent pas ces denrées. En modifiant cette belle instal¬
lation de la Caisse Agricole, les petits cultivateurs gagneront
encore leur vie. Ainsi le pays qu'on appelle le Paradis de
l'Océan Pacifique est destiné à mériter son nom. Ses habi¬
tants primitifs et leurs mœurs faciles auront disparu, leur
patrie sera devenue un vaste champ, son climat, sa fertilité
et sa situation la rendront encore une
belle terre.
27 juin.— Je devais aller visiter la plantation de Monsieur
Stewart elle
se
trouve de l'autre côté de l'île par rapport à
Papeete. Le directeur de l'Arsenal, monsieur Bonnet, lieu¬
tenant de vaisseau, dont j'avais fait la connaissance il y a un
an
et
demi, est lié avec ce monsieur, il m'avait présenté à
lui et il était convenu qu'il devait me conduire chez lui. Mais
Monsieur de la Roncière et sa femme accompagnés de plu¬
sieurs personnes
parmi lesquelles étaient Monsieur Mottez
iëté des Études Oeéaniei
—
494
—
étant allés à Atimaono où est l'établissement
(1) il fallut d'a¬
bord remettre la partie. Monsieur Bonnet fut
ensuite nommé
commissaire impérial d'un conseil de
guerre qui le retint à
Papeete.
J'ai beaucoup regretté de quitter Taïti
sans
avoir
vu
les
terrains nouvellement défrichés. D'abord
j'ai manqué une
belle occasion de m'amuser: Monsieur Bonnet est un
excel¬
lent compagnon et son ami
reçoit fort bien les visiteurs, sur¬
n'ai pu voir une cho¬
se que l'on dit très
remarquable et magnifique d'ordre, d'en¬
tout ceux qu'il lui amène. Et de
plus je
tente et de hardiesse.
Les affaires du conseil de
guerre et ses suites avaient fait
remettre le
départ au 21. On était prêt pour le jour dit, on
prit toutes les dispositions d'appareillage, on hissa les hu¬
niers et on attendit la brise
pour lever l'ancre et sortir. Elle
leva mais d'une mauvaise direction. On resta au
mouil¬
se
lage, Vers 3 heures comme elle n'avait pas changé, on renon¬
ça à partir le
21, on serra les voiles et, le soir, le comman¬
dant permit aux officiers de descendre. Pour ne
pas être pris
comme la veille le 22
(2) on profita d'une brise de terre pour
sortir. Le "Chevert" et
l'"Euryale", deux transports de la
station locale nous avaient
envoyé leurs canots, on mit les
nôtres devant aussi et la frégate sortit à la
remorque des em¬
barcations et avec un souffle de brise dans ses voiles.
Quand on fut à une distance du récif qui ne laissait aucune
crainte, on rappela les canots et on attendit la brise du lar¬
ge. Elle vint à 10 heures, on mit en route.
(1) Ibid. Du Samedi 17 juin 1865.— Dimanche 11, le Commissaire
Impérial est parti à 2 heures, emmenant dans sa voiture M. le capi¬
taine de frégate Mottez, commandant la
"Sibylle'-'.
Mme la Comtesse de la Roncière a suivi
ces
messieurs une heure
après
L'établissement Soares devient un but de
voyage de plus en plus
Les travaux de défrichement et d'ensemencement
sont
poursuivis avec m e remarquable activité. La fécondité de la terre
intéressant.
paie largement le travail auquel se livre plus de 600 ouvriers.
M. Stewart,
l'intelligent gérant de l'établissement, l'a montré dans
tous .ses détails à M. Mottez
qui n'a pu qu'exprimer une réelle admi¬
ration des résultats obtenus en
une
seule année. Il a avoué ne s'être
pas fait une idée de la grandeur de l'entreprise et du
prodigieux dé¬
veloppement qu'elle a pris.
(2) Ibid. Du Samedi 24 juin — La frégate à voiles "Sybille " estpartie de notre port avant-hier à 7 heures du matin.
Société des Études Océaniennes
—
495
—
HAVIOATlOir
■■
■■iggjgna
A la dérive de File de
Pâques aux Tuamotu.
Une aventure de mer récente justifie ce titre un
peu évocateur, Un cotre de 9 mètres emporté par le mauvais temps
et monté par sept
indigènes a quitté la côte de l'île de Pâ¬
ques le 24 décembre 1947 pour se retrouver le 30 janvier à
Reao, dans l'archipel des Tuamotu. Ainsi, quelques mois
après la randonnée du "Kon-Tiki" ces Polynésiens accom¬
plissent à leur tour, mais bien involontairement un voyage
d'Est en Ouest dans le Pacifique. Ceux qui
soutiennent le
principe de migrations dans ce sens y verront évidemment
un
fait nouveau permettant de-confirmer leur théorie. Nous
bornerons à donner ici le récit succinct d'un rescapé
le navire " Orohena
Nous espérons
pouvoir donner dans un prochain numéro du bulletin un
nous
ramené à Tahiti par
compte-rendu plus détaillé et peut être plus exact fait par
un
membre de notre société qui se propose d'interroger le
reste de l'équipage se trouvant encore en ce moment à Reao.
"
Le Pascuan que nous avons pu joindre se nomme Leonar¬
do Pakarati, il est âgé de 36 ans et ne semble plus
les
porter
épreuves qu'il a subies. Malgré les nom¬
breux croisements qui ont eû lieu à l'île de
Pâques, il repré¬
sente un bel exemple de
type Polynésien, à la peau un peu
plus foncée que celle des Tahitiens, détail à noter, il possè¬
de une dentition absolument parfaite.
Nous pensions avoir besoin d'un interprête parlant espa¬
gnol mais l'indigène s'exprime fort bien en tahitien qu'il
parle lentement et avec un léger accent. Comme nous ma¬
nifestions une certaine surprise à ce sujet il nous a répondu
que son séjour au milieu des habitants de Reao lui avait suf¬
fi pour adapter le langage Pascuan au langage Tahitien, il a
même ajouté que pour nous il était sans doute aussi facile
d'adapter l'espagnol au français et vice versa ce qui est mal¬
traces
des dures
heureusement moins aisé.
Le petit
côtre
a été construit à l'île de Pâques et d'après
l'indigène, semble être la plus grosse unité de
la flotte pascuane. Ce jour-là le 24 décembre, Pakarati était
les dires de
Société des Études Océaniennes
—
496
—
occupé à pêcher à bord du côtre à quelques milles de la cô¬
en
compagnie de 6 autres indigènes dont il nous a donné
les prénoms et les âges :
te
Santiago, 36 ans; Iotefa, 45 ans; Diego, 11 ans;
Mariano, 10 ans ; Dominico, 53 ans, Akutino, 56 ans;
Le vent se leva tout à coup avec
force et ils tentèrent de
rapprocher le plus possible de la côte. La manœuvre ne
pouvait cependant se faire qu'en louvoyant et après un ac¬
cident de voilure ils furent rejetés au large. Le mauvais
temps devait persister deux jours durant lesquels ils tâchè¬
rent de se maintenir à la cape. Le vent cessa alors
brusque¬
ment les abandonnant au milieu d'une mer
agitée. L'île étant
toujours en vue, l'espoir revint et au moyen d'avirons et en
se faisant
remorquer par un'youyou du bord, ils s'en rap¬
prochèrent. Ils s'aperçurent que tous ces efforts leur permet¬
taient à peine de lutter contre le courant. L'un d'entre eux
se décida à embarquer dans le
youyou pour se rendre à ter¬
se
re
afin de chercher de l'aide. Il ne fallait d'ailleurs
compter
que sur une embarcation appartenant au résident chilien et
propulsée au moyen d'un moteur hors-bord. L'indigène at¬
teignit l'île car la nuit suivante ils virent un feu allumé sur
la côte à un endroit convenu. La tempête reprit
alors comme
précédemment et l'allure de cape fut reprise, en dérivant
encore considérablement. Pendant tout ce
temps on pou¬
vait apercevoir l'île presque tous les jours mais le 3
janvier
elle disparaissait définitivement.
Depuis le départ ils avaient consommé le peu de vivres
embarqué ainsi que la provision d'eau. A deux reprises la
pêche devait être fructueuse et le sixième jour il plût abon¬
damment. Ce furent, paraît-il, durant toute la traversée les
seules occasions de ravitaillement
en vivres et en eau. Le
bateau ne possédait ni cartes, ni compas, cependant tout
le
temps que la côte fut en vue ils remarquèrent que le sens
de la dérive ne changeait guère car le soleil se levait exac¬
tement derrière l'île. Sans doute après le dixième
jour perdèrent-ils totalement courage car ils tentèrent à peine de
réparer la voilure et se laissèrent porter avec le seul foc.
Deux d'entre eux avaient bien fait autrefois le voyage de
Tahiti sur la goélette "Tahitienne" mais leurs idées étaient
Société des Études Océaniennes
—
497
—
très vagues sur la position des îles et
leurs distances. D'ail¬
leurs le manque complet d'instruments ne permettait pas
de suivre une direction à peu près constante. Leur seule con¬
duite fut de s'en remettre littéralement" à la grâce de Dieu".
Les souffrances de la faim et surtout de la soif sont dans
ce cas facilement
imaginables. Nous avons pourtant noté un
procédé curieux qui leur permettait de diminuer considéra¬
blement la soif, cette méthode avait déjà été expérimentée
par le capitaine Bligb lorsqu'il parcourut près de 3000 milles
dans le canot de la "Bounty " mais nos Pascuans ne le te¬
naient certainement pas de la relation de Bligb: il suffit de
demeurer immergé jusqu'au cou dans la mer et cela pen¬
dant une heure et plus même. Sans avoir essayé le procédé
nous pensons que
la surface relativement considérable de
la peau qui comme on le sait, est loin d'être iipperméable
peut jouer le rôle d'un filtre sélectif.
C'est le 30 janvier qu'ils aperçurent l'atoll de Reao. Dans
sursaut d'énergie et malgré leurs membres presque dé¬
charnés, ils arrivèrent à s'en rapprobher et à la tombée du
jour réussirent à mouiller à l'entrée d'une petite passe dans
le récif. Cet effort les avaient épuisés et ils demeurèrent
un
prostrés jusqu'à ce qu'un habitant de Reao vint à la nage
examiner cette embarcation inconnue qui arborait un étran¬
ge pavillon. Sans doute l'aspect effrayant de l'équipage mitil en fuite l'indigène car il ne répondit même pas aux appels
les plus pressants. Un moment après une pirogue vint cepen¬
dant les accoster, leur aventure était terminée. Ils furent ac¬
cueillis avec bienveillance par les habitants et soignés par
l'infirmier du service de Santé. Guénolé. On sait que les lé¬
preux des Tuamotu sont isolés à Reao. Ces pauvres déshéri¬
tés
portent peut être chance aux navigateurs en détresse
puisque le capitaine Eric de Bisschop fut déjà sauvé dans des
conditions presque identique à Molokaï où se trouve la gran¬
de léproserie des îles Hawai.
Au passage du navire du gouvernement "Orohe?ia" deux
d'entre eux prirent passage à bord pour se rendre à Tahiti,
les autres sont demeurés à Reao afin de remettre leur ba¬
teau
en
état. Ils doivent l'amener bientôt à Papeete. Il y a
certainement peu de chances que le
petit côtre refasse en
Société des Études Océaniennes
—
498
—
inverse la distance qu'il a parcourue représentant sur
la loxodromie plus de 1.200 milles.
sens
Comme
Ulysse et ses compagnons nos Pascuans retour¬
abord d'un autre navire et pourrons
dire "nous avons fait un beau voyage".
neront dans leur patrie
H. JACQUIER.
Société des Études Océaniennes
—
499
—
•mwwmmrn
CSS
NÉCROLOGIE
Le capitaine
de corvette Robert Jeanpierre membre à vie
Papeete le 4 juin 1948. Com¬
mandant de la marine dans les Etablissements français d'O-
de notre Société est décédé à
céanie
en 1936 et 1937 il devait revenir récemment en 1947
dans ce pays qu'il affectionnait particulièrement. Par sa mè¬
re
il descendait d'une lignée de
ne
de vaisseau Aristide
marins célébrés : le capitai¬
Ûupetit-Thouars tué à Aboukir en
1798 sur le "Tonnant", le vice-amiral Abel
Dupetit-Thouars
qui devait établir le protectorat français en Océanie et le
contre-amiral Bergasse Dupetit-Thouars pacificateur des îles
Marquises.
Aviateur de grand mérite le commandant Jeanpierre avait
accompli autrefois une traversée remarquable de l'Atlanti¬
que sud,
il repose aujourd'hui dans cette terre tahitienne où
s'illustrèrent ses ancêtres.
A
sa veuve madame Robert
Jeanpierre, à sa mère mada¬
Jeanpierre née Dupetit-Thouars et à sa famille, la Socié¬
té d'Etudes Océaniennes présente ses condoléances émues.
me
Au moment de mettre sous presse nous
apprenons le dé¬
cès
survenu
à
Papeete le 9 juillet du général de division
Léontieff Commandeur de la Légion d'Honneur.
Membre à vie de notre Société, le général Léontieff lui
avait toujours porté
le plus grand intérêt.
Nous perdons en lui un sociétaire d'une haute culture et
d'une exquise courtoisie.
A
sa
famille
nous
présentons toutes les condoléances de
la Société d'Etudes Océaniennes.
Papeete
—
Imprimerie du Gouvernement.
Société des Études Océaniennes
m
■
v:
m
.
'
1
: i
.
-
■
■
Société des Études Océaniennes
Les
articles publiés, dans le Bulletin exceptés ceuxdont l'au¬
teur a
réservé ses dioits, peuvent
à la condition expresse
être traduits et reproduits,
que l'origine et l'auteur en seront men¬
tionnés.
Toutes communications relatives au Bulletin, au Musée ou à
Société, doivent être adressées
la
au
Président. Boîte no,
Papeete, Tahiti.
ÏT
Le Bulletin est envoyé gratuitement à tous ses Membres.
Prix de ce numéro
30 F.
P.
Cotisation annuelle des Membres-résidents
100 F.
P.
Cotisation annuelle des Membres résidant en pays
100 F. P.
français
3 dollars.
Cotisation annuelle des étrangers
SOUSCRIPTION UNIQUE.
Membre à rie résidant en France ou dans ses colonies. 1000 F.P.
Membre à vie résidant
à l'Etranger, six
livres sterling ou
trente dollars.
Avantages de se faire recevoir Membre a vie pour cette som¬
versée une fois pour toutes. (Article 24 du Règlement Inté¬
rieur, Bulletins N° 17 et N° 29).
me
i° Le
Bulletin continuera à lui être adressé, quand bien même
il cesserait d'être Membre résidant à Tahiti.
à se préoccuper de l'envoi du du
paiement de sa cotisation annuelle, c'est une dépense et un souci
20
Le Membre à vie n'a plus
de moins.
Kn conséquence: Dans
leur intérêt et celui de la Société,
sont invités à devenir Membre à vie:
TOUS CEUX qui, résidant hors de Tahiti, désirent
Bulletin.
TOUS LES jeunes Membres de la Société.
TOUS CEUX qui, quittant Tahiti, s'y intéressent
recevoir le
Slp||
£
quand même.
- Médias
-
B98735210103_083.pdf
- Collections
- Bulletin de la Société des Études Océaniennes
Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 83