Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 26
- Titre
- Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 26
- Description
-
Ethnologie
I. Pêche par jet de pierres (Tautai taora ofai) par M. L. J. Bouge 73
II. La Création (Documents recueillis en 1849 Par M. Lavaud) 78
Histoire - Notes sur Huahine et autres Iles-Sous-le-Vent par R. P. Joseph Chesnau (suite et fin) 81
Folk-lore - Teiti a Toakau (Légende de Magareva) 99
Pisciculture - Truites "Arc-en-Ciel" (E. Rougier) 107
Programme - Troisième Fête du Folklore Tahitien 110 - Date
- 1928
- Date de numérisation : 2017
- Format
- 1 volume au format PDF (44 vues)
- Identifiant
- PFP 3 (Fonds polynésien)
- Langue
- fre
- Editeur
- Société des Études Océaniennes (SEO)
- Relation
- http://www.sudoc.fr/039537501
- Droits
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- Source
- Société des Études Océaniennes (SEO)
- Type
- Imprimé
- extracted text
-
Bulletin
DE
I la Société des jj
©
0
20
TOME
III
AOUT
(N° 4)
I 0 2Si
Anthropologie — Ethnologie — Philologie,
Histoire
Astronomie
—
Institutions et Antiquités
populations maories.
Littérature et Folklore.
—
des
Océanographie — Sciences
Tourisme.
IMPRIMERIE
A
DU
GOUVERN F MENT
PAPE ETE
(TAHITI)
naturelles
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à la condition expresse, que l'origine et fauteur en seront men¬
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Société des Études Océaniennes
DE
LA
SOCIÉTÉ D'ÉTUDES
(POLYNÉSIE
ORIENTALE)
TOME III
IV* 26.
—
OCÉANIENNES
(No 4)
AOUT 1026.
s o im: zm: .a. 1 irie
Pages
Ethnologie.
I. Pêche par jet de pierres
L. J. Bouge
II. La Création.
(Tautai taora ofai) par M.
73
(Documents recueillis en 1849 Par M.
78
Lavaud)
Histoire.
Notes sur Huahine et autres Iles-Sous-le-Vent par R.
P. Joseph Chesnau. (suite et fin)
81
Folk-lore.
Teiti a Toakau (Légende de Magareva)
99
Pisciculture.
Truites " Arc-en-Ciel" (E. Rougier)
107
Programae.
Troisième Fête du Folklore Tahitien
Société des Études Océaniennes
110
STEEMTOSLOeXS
La S, E. 0
séum
a eu la bonne fortune de recevoir du
Bisbop Mu¬
Honolulu l'article très intéressant qu'on va lire communi¬
qué par M. L. J. BOUGE en 1918, alors Chef de Cabinet, au¬
jourd'hui notre Gouverneur.
Il est à souhaiter que les
Agents spéciaux s'inspirent de cette
initiative et nous envoient des renseignements précis sur les cou¬
tumes indigènes avant qu'elles ne disparaissent ou se
transforment.
La rédaction.
Pê:he par jet do
pierres
"Tautai taora ofai"
PO'RA PORA
(Renseignements recueillis et précisés par M L. J. BOUGE.)
La pêche «
Tautai taora ofai », (tautai — pêche, taora — jeter,
pierre: pêche par jet de pierres), d'après les traditions
anciennes, ne se fait qu'en l'honneur d'un personnage de marque
en visite à Pora Pora, ou la veiile d'une
grande fête.
Les préparatifs comprennent la confection d'immenses rou¬
ofai
—
leaux de feuilles de cocotiers et de toilettes de circonstance. Autre¬
fois les « vahine
» (femmes) étaient, pour cette
cérémonie, ha¬
billées de blanc ; aujourd'hui l'uniformité a fait place aux couleurs
les plus voyantes
La veille du jour fixé pour la pêche, une grande partie de l'île,
tout ce que Pora Pora compte de jeunes et de
venu
vigoureux, est pré¬
d'avoir à se réunir à Vaitape, centre de l'île.
Le lendemain, un peu avant le lever du soleil, les « pu »,
(Tri¬
Variagatum. L.), servant de trompes, se font entendre par¬
tout, pendant que sur la place de Nunue plusieurs « pahu »
(tambours indigènes creusés dans un tronc de cocotier), lancent
leurs sons aux échos de la montagne. C'est
l'appel d'avoir à se
préparer et à se réunir au lieu indiqué,
Les pirogues de leur côté, au nombre de 100 à 150, affluent de
toutes les directions. Dans le village de Nunue, c'est un va et vient
frénétique. Les « vahine » en « pareu », (lavalava) multicolore
ton
.
Société dés Études Océaniennes
_
74
—
par dessus la robe blanche, rose, jaune ou bleue, une couronne
de « Tiare » (Gardénia tabitiensis) et de feuilles de « Ti » (Dra-
terminalis), sur la tête, des fleurs de gardénia, de laurierde flamboyant aux oreilles, se dirigent vers la plage où
les attendent ies grandes pirogues et les « tane » (hommes).
Ceux-ci n'ont pour tout vêtement qu'un « pareu », à la ceinture
et pour ornement une épaisse couronne de feuille de « Ti », pi¬
quée de fleurs diverses qui tombe sur les épaules et qui les pré¬
servera des rayons du soleil.
Hommes et femmes montent sur les esquifs qui filent, rapides,
sous l'action des pagayes manœuvrées par des br ic, musclés ou
la poussée du vent dans les petites voiles blanche." que certains
possèdent.
Pendant que la flotille file sur l'eau tranquille de la rade de
Pora Pora, un chant indigène se fait entendre, partant des pirogues
en mélopée, tantôt grave, tantôt douce, le « himene » tahitien.
Sur la plate-forme d'une pirogue double un homme et une fem¬
me dansent à la grande joie des spectateurs qui encouragent
de leurs cris et de leur battement de mains le jeu de contorsions
de hanches du «tane » et de la « vahiné » ; c'est la « upaupa »,
danse locale aussi vieille que la pêche « Tautai taora ofai ».
La flotille est arrivée sur l'îlot Motu Tapu (petite île sacrée) si¬
tuée à 2 milles environ du village de Nunue. C'est là qu'une cin¬
quantaine de pêcheurs venus pendant la nuit ont tressé les rou¬
leaux de feuilles de cocotier, cueillies sur l'îlot voisin Toopua et
qui seront bientôt utilisés. Tout le monde présent, la prière est
faite. On demande à « Te Atua » (Dieu), d'être bon et de faire en
sorte que la pêche soit fructueuse et qu'aucun accident ne se pro¬
coena
rose ou
duise.
Le Chef de la pêche (en général un vieil indigène qui a de l'ex¬
périence et de l'autorité) donne ses ordres. Les pirogues sont di¬
rigées vers l'extrémité Sud de Toopua, où il les fait déployer en
demi-cercle à i ou 2 mètres les unes des autres ; lui debout, sur
sa pirogue que manœuvre un indigène, se place au centre à 100
ou 150 mètres en avant.
Sur chaque pirogue se trouve assis un pagayeur et, debout, à
l'avant, un indigène (parfois 2) tenant à la main une corde de un
mètre 1/2 à 2 mètres de longueur au bout de laquelle est fixée
une
grosse pierre noire pesant 2 ou 3 kilos, parfois plus, selon
la force du pêcheur. Le chef tenant à la main un long bambou
au bout duquel est fixé un « pareu », lève et abaisse son éten-
Société des Études Océaniennes
—
75
—
dard improvisé. A ce signal, les indigènes à l'avant des pirogues
lancent ensemble et avec force leur pierre dans l'eau et la retirent
aussitôt.
A chaque nouveau signal, ils recommencent le mouvement.
Pendant ce temps les pirogues avancent lentement et il en sera
ainsi durant une heure 1/2 sur un parcours de 2 à 3 milles.
Le plus grand silence est observé par les pêcheurs.
Le spectacle est beau et grandiose.
Le jet
une
régulier des pierres chasse les poissons en avant dans
direction qui les conduira au réduit où ils seront finalement
enfermés.
Pendant que les «ta ne ». sont allés en pirogues vers l'îlot Toopua, les femmes sous la direction d'un indigène ont pris deux
rouleaux de feuilles et se sont dirigées vers la cuvette naturelle
de coraux à un
1/4 de mille du pe'bt îlot Motu Tapu, situé en
deçà des récifs près de la passe principale.
Le bord supérieur de cette cuvette de forme allongée dépasse
la surface de l'eau de 40 à 50 centimètres; elle-même mesure
5 mètres de long sur 4 mètres de largeur, sa profondeur la plus
grande est d'environ un mètre. Une seule échancrure, profonde
d'un mètre, permet à la mer d'entrer et de sortir à volonté.
La force des brisants avec le temps a rongé quelque peu les par¬
ties supérieures de ce réservoir improvisé mais les dégâts ont été
réparés à l'aide de blocs de coraux superposés.
Les rouleaux de feuilles de cocotier sont placés à l'ouverture
de la cuvette et déployés en entonnoir sur toute leur longueur
dans la direction des pirogues qui approchent; l'extrémité d'un
rouleau arrive à la ligne des récifs et l'autre sera atteint par la
droite des pirogues. Les « vahine », sont placées assez rappro¬
chées l'une de l'autre sur ces deux lignes de verdure pour main¬
tenir le barrage de feuilles et empêcher les poissons qui pénètrent
dans l'entonnoir, de fuir. Les deux femmes aux extrémités sont
distantes d'environ 80 mètres. C'est dans cette entrée que le pois¬
son s'engagera, poussé par les pirogues.
A l'échancrure de la cuvette, de chaque côté, on place habi¬
tuellement les deux plus fortes « vahine » présentes. Elles seront
l'objet de grasses plaisanteries de la part des pêcheurs.
Cependant, la ligne des pirogues s'est rapprochée mais au fur
et à mesure de leur avance un certain nombre reste en
arrière car
quelques-unes suffiront pour garnir la distance de 80 mètres qui
sépare les extrémités des feuilles enroulées.
Société des Études Océaniennes
—
76
—
Les signaux
du chef se sont faits plus répétés et les pierres
le corps des pêcheurs ruissellent de sueur et
d'eau de mer. Enfin une trentaine d'esquifs restent en ligne ; les
pagayeurs et pêcheurs des pirogues devenues inutiles et restées
en arrière se jettent à la mer et vont aider les « vahine », dont
le visage souriant annonce une bonne pêche. Les pirogues mon¬
tées ontatteint les premières « vahine», qui ont de l'eau jusqu'aux
tombent plus vite;
seins.
L'entonnoir est ainsi fermé. Par groupes compacts,
les pois¬
pénètrent dans la cuvette, poussés par les indigènes des der¬
nières pirogues qui à leur tour se sont jetés à l'eau. A ce moment,
les extrémités des rouleaux de feuilles sont rapprochées et sou¬
dées, puis la branche de droite est tirée à gauche et celle de gau¬
che tirée à droite dans un mouvement de croix pliante dont les
deux parties finiront par se juxtaposer pour faire une fermeture
à la cuvette; les deux grosses femmes s'assoieront sur le tas de
feuilles pour mieux obstruer l'entrée du réservoir où le poisson
est maintenant prisonnier.
C'est alors une joie délirante et bruyante surtout si la pêche
sons
est fructueuse.
Le produit est offert par le chef au personnage qui honore la
pêche.
Suivant la coutume océanienne, celui-ci l'offre à son tour aux
indigènes organisateurs.
Le plus autorisé saisit dans la pirogue son harpon préféré et
le présente à l'invité en lui disant « Mauruuru » (Merci), prends
ce harpon, pique les poissons qui te
plaisent, ils sont à toi.
Le geste et la politesse accomplis, la curée commence; munis
de harpons, les plus adroits transpercent un
grand nombre de
poissons.
Le produit de la pêche, mis ensuite dans les pirogues,
est porté
sur l'îlot Motu Tapu, où
le partage s'effectue non sans avoir re¬
mercié « Te Atua », dans une prière écoutée en silence.
Papeete, le 15 septembre 1918.
BOUGE.
NOTE. — Pendant que s'imprimait ce récit, Monsieur le Gouverneur Bouge,
l'aviso " Cassiopée ", assistait à un « Tautai taora ol'ai- », organisé en son
honneur.
sur
Société des Études Océaniennes
—
77
—
Locality on Porapora resorted to for the driving of fish into a
trap, by means of splashing stones.
A, the barrier reef submerged up to depths of lofeet and dotted with coral heads rising tothe surface, B, water 12 to 18 feet
deep. C, water 30 feet or moore indepth. a, canoë offishing lea¬
der; b, chasing canoës deployed in a semi-cricle; c, canoës closing in to meet the lines of coconut Ieaves extended from the
trap; d, line of coconut Ieavesheld by women standing close together; e, a natural basin, 3 fcct deep, The cdge of the basin rises above the water level except at the entrance and at several
gaps on the rim, which are closed with blocks of coral.
Plan made by L. J. BOUGE.
Cliché dû à la gracieuseté du P. P. Bishop Muséum d'Honclulu.
Société des Études Océaniennes
—
DOCUMENTS
Recueillis
78
—
ETHNOLOGIQUES
par
M.
LAVAUD
Commissaire de la République aux Iles de la Société
^Communiqués par M. René BRUNEAU
la S. E. 0. à Paris.
Membre Correspondant de
La Création.
Document donné par
l'indigène Mare. Manuscrit du / 6 juillet
1849. La traduction est de Gaussin. (1)
E te Tavana ë Lavaud ê.
la ôra na oe i te Atua.
Teie te parau ta oe i faaue mai ia'u nei.
A
O Gouverneur! ô Lavaud ! Salut en Dieu !
Voici les paroles que tu m'as demandées :
Taaroa nui tuhi maite, Taaroa, le grand ordonnateur, est la cause
de la terre. Taaroa est Toïvi, il n'a point de père, point de
mère,
point de postérité.
Taaroa restait dans le néant: il n'y avait alors ni terre, ni ciel,
ni mer. La terre flottait sans direction, agitée comme l'eau au
souffle du vent : elle n'était point fixée. Taaroa dit alors : Voici
que le ciel erre dans l'espace, que la terre informe flotte et
vacille dans les profondeurs de l'abîme.
Elle est haletante
comme le plongeur au fond de la mer
; elle
attend, informe, vacillant dans les profondeurs de l'abîme.
"Taaroa vit alors que la terre était devenue terre,
que la mer
était devenue mer et que le ciel était devenu ciel.
Taaroa restait Dieu et contemplait son œuvre, lorsque la terre
"/ t emportée au loin.
ILdit alors : « O Tronc ! viens ici ». Mais le tronc lui répondit :
3« Je n'irai pas, je suis le Tronc de la terre ». — O Base! viens
ici ».
Je n'irais pas, je suis la Base ou le fondement de la
terre ».
« O Rejetons ! venez ici ». — « Nous n'irons
pas,
nous sommes les rejetons de la terre». — « O Racine mère !
viens ici ».— «Je n'irais pas, je suis la Racine mère de la
—
—
(1) Le texte tahitien avec une autre traduction en face peut être consulté
archives de la Société. ..hayon des Manuscrits.
aux
Société des Études Océaniennes
79
—
terre ». —
«
—
O Radicules ! venez ici ».
nous sommes
— « Nous n'irons
pas,
les radicules de la terre ».— « O Racines cheve¬
lues ! venez ici». « Nous n'irons pas, nous sommes les racines
chevelues de la terre».
Alors Taaroa
secoua la terre, mais la terre ne fut
pas ébranlée.
Taaroa cria à longue voix : « Qui est sur la terre? » Et la voix
de Taaroa fit écho dans les vallées, et il lui fut répondu
: « C'est
moi la terre stable, c'est moi la montagne inébranlable, c'est
moi le sable.. » Taaroa demanda ensuite: «Qui est vers la
mer ? « Et il lui fut
répondu : « C'est moi les rochers de la haute
mer, les récifs qui croissent dans la mer,
le corail de la mer...»
«Qui est au-dessus» Il lui fut
répondu : » C'est moi la nue éclatante, c'est moi le ciel écla¬
tant» Enfin Taaroa demanda :«Qui est au-dessous? » Et il lui
fut répondu : « C'est moi la caverne (l'enfer), la caverne dans
le tronc, la caverne dans la base... »
Taaroa demanda
encore :
—
L'âme de Taaroa resta Dieu : son
nom est Teharuru papa,
c'està-dire le murmure de la base de la terre. Alors Taaroa vit qu'il
n'y avait pas d'homme sur la terre et, en bas, il aperçut Tepaparaharaha(déesse à la chevelure flottante sur l'épaule) : elle leva
les yeux vers Taaroa et lui sourit.
...Voici le germe de Taaroa! regardez l'origine, regardez!
observez l'origine, observez ! considérez l'origine, consideie/, !
veillez l'origine, veillez !...
Teapoirai de Taaroa (la partie courbe du ciel) s'étendit sur Tepaparaharaha...
La femme est l'os de l'épaule de Taaroa....
Un autre nom de la femme est Tefaimeraro...
de mêmeque Taaroa est appelé aussi Tefaimainia....
D'eux
naquit Oneura (le sable rouge), vient ensuite Onemea
(le sable blanc) : ce furent les sables de la terres.
Puis naquit Oro, qui est devenu un dieu et demeure au-dessus
de la voûte du ciel.
Vint ensuite Tane, vint ensuite Teiri, vint ensuite Tefatu, vint
ensuite Moe, vint ensuite Ruanuu, vint ensuite Tu, vint ensuite
Toahiti, vint ensuite Tauutu, vint ensuite Temeharo, vint en¬
suite PunuateFatuti.ri et ce sont les seuls qui naquirent dieux.
Puis naquit une femme dont le nom fut Hina tutupo (Hina qui
bat l'écorce pendant la nuit) : sa fonction était de battre l'écorce
de l'Aute pour la cohorte des dieux.
Voici le pehe ou chant de Taaroa lorsqu'il étendit Havai,
...
Société des Études Océaniennes
—
comme on
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—
étend de l'herbe sur le sol, lorsqu'il étendit la terre:
«Etendez-vous, sables rouges! étendez-vous, sables blancs!
Fleurs du cocotier, épanouissez-vous ! Oh ! les gémissements,
les cris de douleur de la terre dans le travail ! 11
appela Pani,
qui était son ami. Pani lui dit : « O Tupuaitu, qu'y-a-t-il ? Les
feux de Marnai sont éteints ; le coq de Raroata, le chien d'Arava
et le cochon de Fetuna se sont tus. On n'entend plus que le
Tutua de Mauoro où Hina tutupo bat l'écorce de l'Aute pour
les vêtements des dieux et de Taaroa. » Mais Taaroa se mit à
gronder, et dit à Pani: «Ce Tutua me bourdonne dans les
oreilles.» Pani lui répondit : «C'est Hina qui bat l'écorce de
l'Aute. ».— «Va la trouver et dis-lui de cesser, qu'elle trouble
l'ava du Tupuaitu. » Pani alla trouver Hina et lui dit de cesser,
qu'elle troublait l'ava du Tupuaitu. Hina lui répondit: « Je ne
cesserai pas, je bats l'écorce de l'Aute pour les vêtements des
dieux, pour Taaroa, pour Oro. pour Tane, pourTeiri, pour
Tefatu, pourMoe, pourRuanuu, pour Tu, pourToahiti, pour
Temeharo, pour Punua te Fatutiri. Pani revint et fit savoir au
Tupaitu que Hina ne voulait pas cesser. Taaroa ordonna de
nouveau à Pani d'aller
parler à Hina. Par trois fois, Pani se
rendit vers Hina. La colère le gagna parce qu'elle ne voulait pas
écouter sa parole. Il prit le "le" et la frappa sur la nuque : elle
mourut. L'âme de Hina s'envola dans le ciel. Elle reçut le nom
de Hina-nui-aia-i-te-marama, c'est-à-dire la grande Hina pre¬
nant possession de la lune, et depuis Hina demeura dans la
lune.
Société des Études Océaniennes
—
81
—
Histoire de Huahine et autres Iles Sous-le-Vent
Notes rédigées par le Rév. Père
Joseph Cliesneau, de 1907 à 1914, avec la
précieuse collaboration de M. Pascal Marcantoni de Huahine dit FauraaNui
Atupii e vau Matairea.
( Suite et fin )
Ilau Arii
Mato et
(Royauté).
Tebaapapa.
Chef suprême Teriitepoarei fils de Oro se fit
appeler Mato
(rocher). Il se joint à une femme de Huahine iti nommée Faatuarei vahine. Elle est pour lui ce
que les indigènes appellent
« Vahine metua
», c'est-à-dire sa première et légitime épouse. Il
lui confère le titre de reine. C'était la fille du
principal chef guer¬
rier de Huahine iti qui avait son
pumarae à Tiva. Le nom de ce
pumarae est Fareti. Le pumarae est le marae souche où remon¬
tent toutes les
généalogies d'une même famille. De cette union
naquirent deux enfants: l'aîné se nomma Teriitaria t.
dette Turaiarii
et la ca¬
v.
A l'arrivée de Cook à Huahine en
176g c'est cette Faatuarei qui
était reine et âgée d'une quarantaine d'années. Elle habitait Mae-
Fort grandes furent sa surprise et son admiration à l'annonce
de l'arrivée de ces hommes blancs sur d'immenses
pirogues à
voiles. Elle se fit raconter le tout dans les moindres détails et de
va.
ce
jour en mémoire de ce fait extraordinaire, elle s'appela Tehaa-
papa. Mato son mari la délaissa pour s'unir à Tetuavcroa fille de
Moohono grand-prêtre de Huahine. Cette Tetuaveroa
aussi Rereao lui donna trois
Mahine et une fille Rereao.
appelée
enfants, deux garçons Tenaniaet
*
*
Mahine
—
*
Taaroarii— Teriitaria*
Moohono demande à Tehaapàpa la
royauté de Maiao iti pour
petits fils Tenania et Mahine, sur son refus il lui déclare la
guerre, réussit à la détrôner et donne son royaume à ses deux
petits fils. Il veut alors les faire sacrer roisàTaputapu atea, alors
sous la domination de Faanui. Il se
prépare longuement à la guerre
ses
Société des Études Océaniennes
—
81
—
mais est néanmoins vaincu à Hooroto — Raiatea vers 1775.
Il y
ainsi que Mato et la majeure partie de ses aito (héros).
A cette nouvelle Tehaapapa engage la lutte contre Tenania et
Mahine restés à Huahine. Elle veut recouvrer la royauté de
est tué
l'île. Cinq fois elle renouvelle la lutte et cinq fois elle est
obligée
de se retirer sans avoir obtenu le résultat voulu. Peu après, Tena¬
nia, épouse Idia et va à Tahiti,
et de Maiao à son
laissant la royauté de Huahine
frère Mahine.
A l'arrivée des premiers ministres protestants anglais à Huahine
c'est ce Mahine qui était roi et assez âgé ; il était né probablement
1767. Il se maria à quatre femmes : l'enfant de la première
celui de la seconde fut étranglé à sa naissance
d'après les principes de la secte des mamaia. Celui de la troisième
femme nommée Taoav. fille du chef de Fareihi vécut assez long¬
temps et devint roi de Huahine : c'est Taaroarii. Sa quatrième fem¬
me ne lui donna pas d'enfant. Lors de l'expédition de Mahine à
Moorea, pour soutenir Pomare, il avait emmené avec lui son fils
Taaroarii et l'avait nommé roi de Moorea sous la tutelle de Po¬
mare. Au retour de Mahine et de ses guerriers à Huahine et grâce
à lui le protestantisme fut accepté par la plus grande partie de la
population, le reste désirant continuer à servir ses dieux d'après
les anciens usages. La famille Tefaatau vahine l'aînée des huit fut
la première à adhérer au protestantisme et Raiahauti ainsi que
Mahine furent du nombre des quatorze premiers indigènes qui
reçurent le baptême le 19 septembre 1819. Ce Raiahauti eut une
fille qu'il appela Tinomana en souvenir d'une grande pierre du
même nom que ses ancêtres, d'après la tradition, auraient appor¬
tée de Rarotonga. Cette pierre se voit encore actuellement àMaeva près du temple protestant. A cette époque Mahine retire le ti¬
tre de roi à Taaroarii pour le donner à une de ses parentes qui
devint reine sous le nom de Teriitaria,Taaroarii vit cela d'un très
mauvais œil, et lui qui à son retour de Moorea avait par vengeance
noyé le fils du meurtrier de son beau-père Mehao, s'adonna de
plus belle aux pratiques et aux coutumes païennes. Pour le faire
avec plus de liberté il se retira avec ses amis à Tiva, la pointe sud
de Huahine iti. Les ministres protestants européens Barff et Lesplattes ainsi que Mahine et les nouveaux convertis qui formaient
la grande majorité de la population forment le projet de mettre
fin à ce scandale et d'inciter, de pousser même les récalcitrants à
embrasser la religion protestante et à se conformer à ses ensei¬
gnements. On se rend donc à Tiva et là on réussit à s'emparer
vers
mourut jeune,
•
Société des Études Océaniennes
—
83
—
d'eux sans verser de sang et on les condamne y compris Taaroa-
rii, à se rendre de Tiva à Farenuiatea en marchant sur les récifs
les mains liées derrière le dos et recevant de temps à autre des
coups de more (écorce de purau); à Fare, ils furent condamnés
à extraire du corail de la mer, à faire des routes et à battre l'é-
faire des habits. Taaroarii se soumit à tout, mais n'é¬
surtout à la plonge du co¬
rail, il y attrapa une maladie de poitrine dont il mourut très peu
de temps après le 10 octobre 1821. Environ trois mois après sa
mort Matafaaino son épouse donnait le jour à une fille que l'on
appela Maihara (mal provenant du péché) en souvenir du péché
de son père et de la maladie qu'il avait prise en purgeant sa peine.
Après ia mort de Taaroarii, Teriitaria continua à être reine sous
la régence de Mahine jusqu'à la mort de ce dernier survenue le
2 février 1838.
A cette époque le port de Farenuiatea à Huahine, servait de
port de relâche et de ravitaillement à de nombreux baleiniers
européens et américains et plusieurs y passaient même toute la
corce pour
tant pas habitué aces rudes travaux,
la morte saison. C'est cette relâche des baleiniers dans l'un des
ports de Huahine qui explique que cette île figure sur les ancien¬
nes cartes de ces
parages plutôt que Raiatea, bien que cette der¬
nière île soit plus grande, plus peuplée et plus au centre de l'ar¬
chipel des îles Sous-le-Vent de Tahiti.
Les baleiniers quittaient en général l'Europe deux par deux et
se rendaient directement vers le pôle sud. A partir
du mois de dé¬
cembre les baleines commençaient à remonter petit à petit vers le
nord, les baleiniers les suivaient et aux mois de Mai ou Juin se
trouvaient à la hauteur de Huahine. Quand la pêche ne donnait
plus ils se rapprochaient de cette île, jetaient leurs ancres sur un
plateau de corail qui se trouve au Nord-Ouest de Huahine, en de¬
hors des récifs non loin de la pointe Tefaao et y attendaient un
vent favorable pour rentrer dans la baie de Fare. Ils se trouvaient
à Huahine des animaux de basse cour, des légumes frais, du su¬
cre, du bois et même un petit port de radoub naturel. A cette
époque les habitants de Huahine élevaient de nombreux cochons
et les échangeaient volontiers contre de la poudre et des armes à
feu. Voici le
cours ordinaire de ces
échanges: il fallait dix co¬
chons d'une cinquantaine de kilos pour un canon, cinq pour une
espingole, deux pour une canardière et un pour un fusil à capsule.
Pour quelques brasses d'indienne les baleiniers se procuraient
près des indigènes des bananes, des ignames, des patates douces
Société des Études Océaniennes
84
—
—
etc. Les légumes frais d'Europe et le bois leur étaient fournis par
les quelques
matelots que les baleiniers laissaient généralement
dans l'île à cet effet. Le sucre leur était fourni parles trois usines
qui existaient à Huahine, l'une à Maroe, l'autre à Faie et la troi¬
sième à Haapu. Plus tard une quatrième s'installa à Haavai. Le
commerce de Huahine était florissant et cette île exportait du
sucre de cannes, des oranges et du porc salé aux Etats-Unis à
San-Francisco et en Australie. Des bateaux des îles Sandwich ve¬
naient aussi y faire leurs chargements de bois de fer (aito). Près
du temple protestant existe une petite anse bien abritée et très
calme qui leur servait
de port de radoub pour caréner leurs na¬
séjour dans l'île les bateaux d'une même
compagnie transbordaient leur pêche sur un ou deux de leurs
navires, les chargeaient complètement et les expédiaient à leur
point de départ. Les autres quittaient l'île pour le pôle sud au
mois d'août et de septembre pour s'y livrer à la pêche de la ba¬
leine. A Huahine, ils s'étaient approvisionnés pour une nouvelle
saison de pêche et s'y étaient donné rendez-vous pour la morte
vires. Pendant leur
saison suivante.
*
*
*
Teulie I.
Quelque temps après la mort de Taaroarii son mari Mataifaaun fils qu'elle appela Teururai.
ino s'unit à un blanc et en eut
Elle réussit à succéder à Teriitaria et devint reine sous le nom de
Teuhel. C'est sous son règne qu'a lieu en janvier
1846 la bataille
de Maeva entre la France et Huahine.
En mettant ses états sous la protection de
la France, la reine
de Tahiti Pomare IV prétendit que l'archipel des îlesSousde-Vent
faisait partie. Comme elle était originaire de
Raiatea étant la
la France se fia à son témoignage
et au mois de janvier 1846 envoya deux navires VUranie et le
Phaêton commandés par Bouard, pour établir le protectorat sur
ces îles. La reine Teuhel gouvernait alors Huahine. Elle refuse
d'accepter le protectorat en disant que Huahine formait un ro¬
yaume indépendant et non vassal de Tahiti. Elle reconnaitque
Pomare IVest sa parente et qu'en cette qualité elle a pu dii e qu'elle
était reine de cet archipel, comme elle,' Teuhe, peut dire qu'elle
est reine de Tahiti ; ce qui appartient à un parent étant censé ap¬
partenir à tous ses parents sans toutefois créer un droit réel. Elle
en
du
oi Tamatoa le grand,
Société des.Études Océaniennes
plupart des indigènes à Maeva, ce qui poussedonnée est un faux-fuyant, et de part et
d'autre on se prépare au combat. Dans l'espoir de cerner les in¬
digènes et de les vaincre plus facilement, les français forment le
plan de les prendre entre deux feux en les attaquant simultané¬
se retire alors avec la
à croire que la raison
ment au nord du
côté de Faïe et au sud du côté de Farenuiatea.
le combat trop tôt et se trouve
pleine retraite avant l'arrivée de celui deFare. Les indigènes
lui avaient ménagé une réception à laquelle il était loin de s'at¬
tendre: ils l'avaient en effet reçu à coups de fusils et de canons
dont plusieurs français, de la marque "Ruelle"'. Leurs coups
avaient bien porté et un certain nombre de marins furent tués ou
blessés. La lutte ne se poursuivit pas, car un ordre arriva de Papeete rappelant immédiatement YUranie et le Phaèton à Tahiti
où on craignait un soulèvement. Cependant, avant de quitter
Huahine un traité fut conclu à Vaiaro près d'une source qui se
trouve dans la plantation actuelle de M. Pothier à Fare. Par ce
traité les français et les anglais s'engageaient à respecter l'indé¬
pendance de Huahine et à ne pas en prendre possession sauf le
cas où ce petit royaume se donnerait librement et volontaire¬
ment soit à la France soit à l'Angleterre. Le gouvernement de
Huahine ratifia ce traité. Avant de partir on enterra sur place
les marins et les indigènes mortsau champ d'honneur. Plus tard
en 1887. le Capitaine de Frégate Villemsens recueillit le reste de
ces braves et les inhuma tous ensemble dans un tombeau situé
au nord de Maeva. La parcelle de terrain où est ce tombeau a été
concédée à la France par un indigène du nom de Aimata et se
trouve dans l'enclos actuel de la Mission catholique heureuse et
fière de pouvoir veiller et prier sur la tombe de ces braves qui ont
versé leur sang sur cette terre lointaine où ils dorment leur der¬
nier sommeil à l'ombre de la croix. Au mois d'octobre 1906, la
Zélée", a incrusté au pied de cette croix une plaque de bronze
où sont gravés les noms de ces braves : « A la mémoire de Clappier enseigne de vaisseau, Guieu, Niel, Mao, Quillichiny, Mallet,
Le détachement de Paie engage
en
"
Hagembach, Py, Guigou, Lesson, Debreuille, Girard, Leroy, Moncade, Blay, Coquelin, Tromeur, Debois, Avenard, Leepart, ma¬
rins de YUranie ; Marchand marin du ; Phaèton Bouchy. Cabarrogue, Pagenot, soldats tués au combat de Maeva 17 et 18 janvier
1846 ».
Voici la couleur des drapeaux de Tahiti et des îles Sous-le-Vent,
drapeaux reconnus à cette époque par la France et l'Angleterre.
Société des Études Océaniennes
—
86
—
Leurs raies sont toutes horizontales et intercalées. Tahiti etMoorea ont deux raies
rouges et une raie blanche dans le milieu ;
Huahine et Maiao ont deux raies blanches et une raie
rouge dans
le milieu; RaiateaetTahaa ont trois raies blanches et deux raies
rouges; Borabora, a quatre raies blanches et trois raies rouges
et Maupiti a quatre
raies rouges et trois raies blanches.
*
îjc
îj<
Teriitaria.
—
Teururai.
A la mortdeTeuhe I, sa fille Maihara lui succède sous le nom
de Teriitaria. Elle avait adopté auparavant un petit fils de Pomare IV.
Cet enfant fils de Tenania, se nommait Ariiaue ou Tearii-
aue, et devint plus tard roi de Tahiti, sous le nom de Pomare V.
Teriitaria avait un demi-frère Teururai. Intelligent, cet enfant fut
pris en affection spéciale par le pasteur protestant anglais qui lui
donna une éducation et une instruction conforme à son rang. Ce
jeune homme profita des leçons qui lui furent données et comme
ne montrait pas assez
d'énergie à réprimer les péchés
'tes d'ivresse et autres, M. le pasteur Barff, dit la tradition
a'accord avec un ancien chant de Huahine, l'engagea à disputer
la couronne à Teriitaria. Teururai, se crée donc des partisans et
vers 1865, engage la
lutte contre la reine. Vainqueur, il prend le
Teriitaria
titre de roi et exile Teriitaria à Tahiti où elle mourut connue sous
le nom de Ariipeu vahine. Plusieurs des partisans de la reine fu¬
rent aussi exilés et leurs biens
ses
confisqués au profit du roi et de
amis. Ces biens confisqués (en très grande partie aux familles
Atupii et Atitiao l'aînée et la cadette des huit), Teururai, en don¬
nait la jouissance presque totale à ses partisans à la condition
formelle que lorsque dans les discussions de terre on demande¬
rait quelle est cette terre, ils déclarent que c'était une terre Amaa
ou
Atea. A cette déclaration les vieux chuchotaient bien bas en
guise de protestation : Atupii et Atitiao. Mais la volonté du roi
vainqueur faisant loi, ces terres sont devenues amaa et atea,
arrondissant considérablement la part de ces deux districts peu
fortunés venus de l'extérieur et postérieurement ajoutés aux
huit.
L'exil de Teriitaria et de quelques-uns de ses partisans
poussa
Raiti, grand orateur et grand chef de la famille Atupii à se rendre
aux Etats-Unis à
San-Francisco, pour proposer aux Américains de
venir prendre possession de Huahine, Ayant plus de terres qu'ils
Société des Études Océauieiines
—
87
—
n'en pouvaient exploiter, ils déclinèrent ses offres et il dut
rentrer
à Tahiti ayant échoué dans sa mission. 11 veut se
rendre alors à
Boraboia où vivait une partie de sa famille. Le navire sur
lequel
Teururai, apprend que Raiti est
à bord et envoie les
grands du royaume pour essayer de le faire
il s'embarque touche à Huahine.
descendre à terre et de le retenir. Peine inutile, Teururai en
per¬
rend à bord du navire et à force d'instance et de
pro¬
messes réussit à le faire
débarquer et à le faire rester dans l'île.
sonne se
Raiti, l'un des derniers survivants de cette époque lointaine est
mort au mois de janvier
1915, à l'âge de 90 ans. Il est enterré au
pied du marae Manunu, à l'endroit où l'on déposait jadis 'es vic¬
times. Une médaille d'honneur et de fidélité lui fut
accordée
pour en perpétuer le souvenir dans sa famille.
Teururai épouse Maerehia femme de Tahiti du district de
Papeuriri-Mataiea. Il en a de nombreux enfants : Marama t., Ariimote t., Metuaaroha,
Maraetaata, Teuhe v., Tapiria, Teheiura
v.,
Vairatoa, Turaiarii, Tefaaora.
En 1874, des chinois
débarquent à Huahine. Ils venaient de la
vallée d'Opunohu (Moorea) où
ils avaient contracté des engage¬
ments avec M. Micheli,
capitaine au long cours, italien d'origine.
Ils s'empressent de se mettre sous la
protection du Roi. Les lois
du pays édictaient qu'un
étranger venant se mettre sous la pro¬
tection du Roi ou de la Reine devenait comme un être sacré
qui
ne devait être rendu à ses
ayants droit où à son gouvernement
à n'importe quel prix. Cette loi était si
rigide qu'un peu plus
tard des gouvernements
européens voulant se faire remettre des
fugitifs et des déserteurs n'obtinrent aucun résultat bien que
menaçant la minuscule royauté de la toute puissance de leurs
armes. Ces chinois s'étant mis sous la
protection du Roi se
croyaient en toute sûreté. De fait quand leur maître se présenta
pour les rapatrier il reçut du Roi un refus poli mais formel. Y r
beau insister, il n'aboutit à rien. C'est alors
que dans sa colère il
dit aux indigènes : « Vous ne voulez
pas me remettre mes chi¬
nois, eh bien ! soit ! Je m'en retourne, mais je ne tarderai pas à
revenir mon bateau chargé de
serpents, de tigres, de lions et au¬
tres animaux féroces, je lâcherai tous ces animaux dans votre
île; libre à vous de les mettre aussi sous la protection de votre
Roi ». A cette annonce Teururai et la
plus grande partie de son
peuple furent saisis d'une grande frayeur et après une longue
délibération il fut convenu qu'on rendrait les chinois afin de se
préserver de pareille invasion. Les chinois furent rendus, mais
Société de^ Études Océaniennes
88
—
Teururai ayant désobéi
—
à la loi fut peu après déclaré déchu du
trône.
*
*
*
Tehaapapa I.
Sa femme Maerehia lui succéda sous le nom de
et prit pour Ministre son fils
Tehaapapa I
Ariimate. 11 occupe se poste de 1875
1885 époque où son frère Marama lui succède, devenant luimême Roi de Raiatea sous le nom de Tamatoa Tautu.
Sous le règne de Tehaapapa 1, les allemands voient leur com¬
merce se développer dans l'archipel et vers 1880 une dizaine
de goélettes battant pavillon allemand sillonnaient ces mers.
Tout en faisant du commerce ils faisaient de la propagande en
faveur de leur gouvernement. En 1884, un navire de guerre alle¬
mand, 1 ' "Adriade", vint jeter l'ancre dans le port de Fare et
entra en pourparlers avec la Reine en vue de conclure un traité
de commerce entre les deux peuples. Bien conseillée la Reine
refusa, alléguant qu'elle avait déjà un traité celui de 1846 avec
la France et l'Angleterre, qu'elle et son peuple en étaient satis¬
faits et désiraient s'en tenir là. L'Allemagne écartée, la France,
aidée de quelques colons de Huahine surtout de M. Marcantoni
marié avec une fille de la famille Atupii, put travailler plus fa¬
cilement à étendre son influence et depuis 1884 un navire de
guerre stationna dans cet archipel. Pendant les années 1886
et 1887 l'amiral Marc de S1 Hilaire sur le Duquesne et le com¬
mandant du Bourrayne M. Villemsens travaillèrent beaucoup
dans ce sens. Aussi quand le 22 février 1888 arriva à Huahine
à bord de \ A or ai M. Tournois, lieutenant et aide de camp de
M. le Gouverneur Lacascade, les esprits étaient bien disposés
en notre faveur. M. Tournois invite donc à bord la Reine et les
chefs et à deux heures de l'après-midi les préliminaires de l'an¬
nexion de Huahine à la France étaient signés, mais signés avant
d'en avoir donné connaissance à la population. Une partie de
celle-ci mécontente de n'avoir pas été avertie fomenta une révol¬
te qui éclata dans la nuit du 22 au 23 février 1888. La Reine et
les Chefs furent déposés par les rebelles vainqueurs, un gouver¬
nement de défense contre l'annexion fut établi ayant à sa tête
comme Reine Teuhe II l'une des filles de Tehaapapa I. Qu'on s'en
tienne disaient-ils au traité de 1846. Deux partis existaient donc
dans l'île, le parti légitimiste et le parti chauvin-révolutionnaire,
quand M. le Gouverneur Lacascade arriva à Huahine pour prenà
Société des Études Océaniennes
—
89
—
16 mars 1888, la prise de
possession officielle eut lieu aux applaudissements d'une bonne
partie de la population. La Reine et les Chefs furent confirmés
dans leurs charges et sur sa demande M. le Gouverneur promit à la
Reine Tehaapapa I de repasser à Huahine dans quelques jours
pour prendre les principaux émeutiers et les transporter à Tahiti.
Défait, le 23 mars suivant le Décrès était de nouveau sur rade. Les
émeutiers se voyant sur le point d'être pris firent feu sur la com¬
pagnie de débarquement tuèrent son commandant l'enseigne de
vaisseau Denot ainsi que deux marins et en blessèrent cinq. Le
lendemain 24 on arrive à une entente: le pavillon français de¬
vait continuer à flotter sur Huahine abritant sous ses plis les deux
partis existant dans l'île. Dès le soir, le Décrès, repartait pour Ta¬
hiti, emportant le corps de l'enseigne de vaisseau Denot. — Les
deux marins furent inhumés à Farenuiatea. Le départ du croi¬
seur français laissa les deux partis en présence.
Pendant les deux années que la " Taravao ", commandée par le
dre officiellement possession de l'île le
Lieutenant de vaisseau Thibault, stationna à Huahine, la situation
entre les deux partis fussent
1890, le parti rebelle devint d'une arro¬
fut tolérable bien que les rapports
tendus. A partir de mai
gance insupportable. Le "l^olta", vint en conséquence àHuahine
le 22 juillet. Le soir il y eut grande conférence entre les deux partis
lendemain dégénéra en
émeute. Les insurgés eurent le dessous et la reine Teuhe 11, son
et la continuation de la séance remise au
ministre Tau et sept de ses chefs furent faits prisonniers par Marama
en
et envoyés à bord du
Volta. Exaspérés les rebelles battent
retraite et refusent catégoriquement de désarmer malgré l'ul¬
français qui leur ordonne de le faire le 24 avant midi
peine de se voir bombardés par les canons français. Ce jour
là le canon tonna pendant quatre heures et tua trois personnes.
timatum
sous
Plusieurs maisons furent incendiées. A la tombée de la nuit, les
rebelles se soumirent, livrèrent leur poudre et350 fusils. Le 6 août
les navires
quittaient Huahine, emportant la reine des rebelles
Teuhe II.— Deux mois plus tard, un combat se livrait de nouveau
et le parti rebelle. Celui-ci eut le des¬
de ses adversaires en blessa plusieurs etfit prison¬
entre les partisans français
sus, tua trois
nier Marama le Ministre de la reine Tehaapapa I. Marama prison¬
nier fut remis par les rebelles à un français M. Marcantoni, et cela
pour faire voir clairement qu'ils n'en voulaient pas à la France
mais au parti indigène qui leur était opposé. Marama a été un
homme de parole et
foncièrement dévoué à la cause française.
Société des Études Océaniennes
90
—
—
Pour elle il s'est battu à plusieurs
reprises, pour elle il a exilé
à Tahiti, sa propre sœur Teuhe
II, la reine des rebelles et ne l'a
jamais autorisée à remettre les pieds à Huahine. Ce dévouement
mérite d'autant plus
d'éloges que
personnellement il penchait
pour l'Angleterre. Lors de la signature de la prise de
possession
de Huahine il dit en effet à la reine
Tehaapapa 1 sa mère : Ma mère,
mon opinion et mon désir
personnels étaient de nous donner
plutôt à l'Angleterre qu'à la France, mais là où tu vas je vais moi
aussi, tu es pour la France eh bien ! je veux être moi aussi pour
la France. C'est après ces
paroles qu'il apposa sa signature au bas
de l'acte de prise de possession. Les faits ont
prouvé qu'il a tenu
te.1
France se devait de punir les rebelles
qui avaient battu
les partisans français et tait
prisonnier Marama le 6 octobre. Dès
le surlendemain la "
Vire", arrivait de Raiatea et le io quittait
l'île ayant à son bord 14 des
principaux rebelles, exilés aux îles
Marquises. Jusqu'à la mort de Tehaapapa I en 1893 un calme re¬
latif régna dans l'île.
*
*
*
Tehaapapa II.
A la mortde la reine
Tehaapapa I de nouveaux troubles éclatè¬
Marama essaya de faire nommer reine une de ses filles.
La population refusa en disant: Ta mère
Tehaapapa a donné
Huahine à la France, nous n'avons
rent.
—
plus besoin de reine, nous vou¬
lons que ce soit la France qui nous
gouverne. Marama passa ou¬
sous le nom de Te¬
haapapa II. Cette nomination fut ratifiée par la France et le" Pour¬
tre et avec ses partisans nomma sa fille reine
voyeur", fut envoyé à Huahine pour rétablir l'ordre dans l'île.
Les rebelles se retirèrent alors dans les
montagnes où on ne les
inquiéta pas et le " Pourvoyeur ", repartit laissant l'île dans le
statu quo. En septembre
1895, l'île de Huahine se déclare en Ré¬
publique sous la souveraineté de la France sans aucune restric¬
tion. L'Aube",
CommandantChocheprat, ayant à son bord, l'Ad¬
ministrateur Desailles, arrive à Huahine avec ordre de M. le Gou¬
verneur Papinaud, d'accéder au désir de la
population. La reine
Tehaapapa II, abdique alors et reçoit une pension mensuelle de
200 francs. Ses chefs sont aussi
pensionnés.
*
*
*
IndigénÊLÎ.
On procède alors à l'élection de nouveaux chefs
qui devaient
gouverner l'île sous la haute direction du
représentant de la
Société des Études Océaniennes
91
—
—
France. L'élection se fit dans le plus
grand calme et pour mani¬
population nomma un français, M,
Marcantoni, Chef d'Atupii, premier district de Huahine. C'est
sous l'habile direction de M.
Dauphin, qu'ils commencèrent à
gouverner l'île en se conformant à une loi indigène approuvée
par la population et parla France. Ce mode de gouvernement
provisoire dure encore et est connu sous le nom d'indigénat.
Les français et les étrangers relèvent de la loi
française. Plusieurs
fois les indigènes ont demandé
l'abrogation de l'indigénatet ma¬
nifesté leur désir de devenir français et d'être soumis la loi
à
fran¬
çaise. Les autorités n'ont pas encore jugé à propos de satisfaire
fester son contentement la
ce désir.
L'état civil de Huahine n'a été créé et ne fonctionne
que
depuis l'indigénat.
★
*
*
Xote. diverses.
Ariimate, fut Ministre de la reine Tehaapapa I de 1875 à 1885
A cette date, il fut élu roi de Raiatea, sous le nom de Tamatoa
Tautu. 11 gouverna Raiatea jusqu'en 1888, année où il rentra à
Huahine pour cause de santé. Lors de l'abdication de la reine en
1895. il fut nommé chef de Amaa-Tefarerii, sous le nom de
Ioata " et le demeura jusqu'à sa mort en
1903.
Marama fut ministre sous les reines
Tehaapapa I et Tehaapapa
Il de 1885 à 1895. A cette date, il fut élu chef de
Atea-Tefarerii,
et le demeura jusqu'à sa mort en
1908. De son premier mariage
"
avec
la fille du roi de Rurutu il eut de nombreux enfants, entre
autres Tehaapapa
II. A la mort de Ariimate son frère, il épousa
femme, fille du Chef de Papenoo (Tahiti). Cette femme est
ainsi connue sous les noms de Ariimate vahine, Tamatoa Tautu
vahine ex-reine de Raiatea, Ioata vahine et Marama vahine. On
pourrait ajouter son nom de jeune fille et probablemement plu¬
sieurs autres noms : la coutume de ces îles
impose en effet un
nouveau nom
presque après chaque date importante de la vie.
Cette coutume complique singulièrement l'établissement de l'i¬
dentité d'un personnage présenté et connu sous une foule de
sa
noms différents.
L'inégalité de la durée des jours de l'année avait poussé les in¬
digènes à rechercher le jour le plus long et le plus court de l'an¬
née. Le plus long, le solstice d'été s'appelait le « ruaroa
», et était
indiqué par la pointe de Maeva qui est en face du marae Matairea et à laquelle ils donnèrent le nom de « teraroa »
; le plus court,
Société des Études Océaniennes
—
92
—
le solstice d'hiver, le « ruapoto », était
indiqué par la pointe de
Rapoto. Ces deux caps indiquaient donc le jour le plus long et
le plus court de l'année.
La planète Vénus appelée Taurua ou plus ordinairement Fauranui servait à les guider en mer. Pour se rendre à Tahiti, ils par¬
taient en général sur une pirogue double, au lever de cette pla¬
nète et quand le soleil se levait, Tahiti était en vue. Sur ces
piro¬
gues doubles, outre les rameurs il y avait encore les pousseurs de
fond à l'aide de gaffes ou de perches. Pour le faire en pleine mer
ils attachaient à leurs perches une grosse
gourde vide et fermée
hermétiquement. C'est à l'aide de cette perche garnie d'une gour¬
de qu'ils poussaient et gouvernaient la
pirogue.
Le retour périodique .les jours longs et courts leur avait per-^
mis de se rendre compte
l'époque la plus favorable à certaines
cultures et à la coupe des arbres. Ils plantaient les ignames au
moisd'octobreetde no'^mbre. Plantées plus tôt, elles ne pous¬
saient pas bien faute de pluie, plantées plus tard elles n'avaient
pas le temps de mûrir avant que les insectes ne les attaquent, ou
ne donnaient que de la verdure. Quand les
ignames étaient mures,
c'est alors qu'ils plantaient les patates douces et arrivaient ainsi
.
à avoir une bonne récolte.
Le moment le plus favorable à la coupe des arbres pour faire
des pirogues ou autres travaux était les mois de juin, juillet et
août. C'est en effet la saison morte et la vie ne circule presque
plus; s'ils les .oupaient à une autre époque, la sève était trop
grande et de_ nouches noires appelées huhu, y déposaient leurs
œufs qui à l'éclosion formaient des vers qui perçaient le bois.
Dans ce cas, pour obvier à cet inconvénient ils mettaient alors le
tronc de l'arbre tout entier dans la vase pendant quelque temps.
Cela suffisait à arrêter la sève et à empêcher l'œuvre néfaste des
huhu et des tarets.
*
*
*
MAIAO.
La royauté de Huahine avait sous sa souveraineté l'île Maiao
iti, appelée Tupuai manu et Teanuanua i te rai (arc-en-ciel, phé¬
nomène qui s'y produit fréquemment à cause de son lac inté¬
rieur), cette île était soumise aux lois de Huahine et était gouver¬
née par une reine appartenant à la famille Tefaatau vahine, l'aî¬
née de la famille Atupii. Lors de l'annexion de Huahine elle
par¬
tagea son sort,
Société des Études Océaniennes
—
93
—
RAIATEA.
Haavaii et Taputapuatea (l'éloignée
sacrée), elle est plus connue aujourd'hui sous le nom
de Raiatea (ciel serein ou ciel éloigné).
Cette île s appelait jadis
deux fois
Tautu règne sur Raiatea sous les noms de Tamatoa-Tautu
et
où avec l'aide de Borabora il eût tait la
conquête de cette île vers 1770. A sa mort Tamatoa le Grand lui
succède et a lui-même pour successeur un autre Tamatoa. En
1832, la victoire de Vaitoare place Tahaa sous la domination de
Raiatea. Une des filles de Tamatoa le Grand va à Tahiti s'unit à
la famille royale et devient reine de Tahiti sous le nom de Pomare IV. Taitoe I succède à Tamatoa et règne sur Raiatea jus¬
qu'en 1835. A cette époque Tamatoa V prince de Tahiti, petit-fils
de Pomare IV, succède à Taitoe I. En 1865, sous prétexte que le
roi était au dessus de la loi et que tout lui était per nis il tire en
état d'ivresse sur un indigène et le tue, cet acte amena sa déché¬
ance. 11 rentra alors à Tahiti et participa plus tard à l'expédition
des Marquises commandée par Dupetit-Thouars. Le pouvoir ren¬
tre alors dans la famille des Taitoe et Taitoe II règne de 1865 à
1880. Sous son règne a lieu àUturoa l'inauguration de la factore¬
rie allemande de la Société Commerciale de l'Océanie en 1877. Le
Bismarck", navire de guerre allemand était venu à Raiatea pour
les fêtes. Le " Segond", navire de guerre français y vint aussi.
Certains indices et certaines menées faisaient craindre que l'Alle¬
magne ne prenne possession de l'île à > occasion de ces fêtes et
ne hisse le pavillon national. Les indigènes protestèrent de leur
désir de rester indépendants et de ne nas vouloir se donner à
l'Allemagne. Ces protestations et la présence du navire de guerre
français portèrent leur fruit et seul le pavillon commercial alle¬
mand fut hissé au mât de la factorerie de la Société Commerciale
de Tapoa depuis le jour
"
de l'Océanie.
En 1880, Taitoe II, perd son titre de
roi pour avoir accepté le
protectorat français, sa fille lui succède sous le nom de Teriinavahuroa. Elle règne de 1880 à 1884, date de sa mort. Après un
interrègne de plusieurs mois les Raiatéens vont en 1885 à Huahine
demander le prince Ariimate et l'élisent roi de Raiatea sous le
nom de Tamatoa Tautu. Il règne de 1885 à 1888. A cette date, il
rentre à Huahine pour cause de santé et y meurt en 1903. La
France prend possession de l'île Raiatea le 17 mars 1888. En quit-
Société des Études Océaniennes
94
—
—
tant Raiatea, Tamatoa Tautu avait laissé le
gouverne.nent entre
les mains du vice-roi Tavana de Tahaa. Tavana
gouverné jus¬
premier arron¬
dissement d'Uturoa jusqu'à sa
mort, le 4 février 1906. Il était
décoré de la Légion d'honneur.
a
qu'en 1898, et il fut à partir de cette date chef du
Au moment de l'annexion de Raiatea le
parti des Teraupistes,
ainsi nommé du nom de son chef
Teraupo, élit comme reine
Tuarii vahine fille de Taitoe II. Elle fait
opposition à la France,
jusqu'en 1897. A cette date, a lieu l'expédition de Raiatea, ex¬
pédition narrée par divers auteurs. Les Teraupistes sont vaincus,
une partie est exilée et leur
reine Tuarii est pensionnée
par le
Gouvernement français jusqu'à sa mort en
1911.
*
*
■¥■
TAIIAA.
Anciens noms de Tahaa.
i°
—
Upolu. Il a également une baie
de ce nom. — 20 Oahu, une baie
porte également ce nom.
★
*
PORAPORA
*
ou
BORABORA.
Porapora s'appelait autrefois Vavau (odeur putride), et peut(tapis). Un autre de ses noms est Faanui (gran¬
de et illustre
vallée). C'est cetté vallée qui se subordonna l'île en¬
tière. Cook lui donne le nom de Bola-Bola.
Voici, dit-on l'origine
de ce nom qui lui est resté. Les
indigènes de cette île, grands par¬
leurs, étaient toujours en assemblée et en discussions sans
fin,
annoncées par ces mots
Apooraa, apooraa (assemblée assem¬
blée). Cook entendant sans cesse ce nom le donna à l'île et écri¬
vit ce nom à peu près comme il l'entendait:
Bola-Bola devenu
Porapora et dernièrement Borabora.
A Tahiti, Cook
apprend qu'il y a des îles à l'Ouest. II prend à
son bord un ou deux
indigènes du nom de Tupia et de Ore ou
Ori, et il part à la découverte de ces terres.
En 1769, à l'arrivée de Cook à Borabora deux
familles se par¬
tageaient le gouvernement de l'île : la famille des Mai qui
régnait
sur
Vaitape et Anau et la famille des Puni qui régnait sur Faanui.
Bien reçu par la famille des
Mai, Cook prend un des membres
de cette famille, un jeune homme nommé
Taimano et l'emmène
avec lui en
Angleterre.
être aussi Vauvau
Société des Études Océaniennes
—
95
—
A cette même époque vivait à Raiatea un jeune homme ambi¬
tieux et entreprenant nommé Tautu. Il était de l'illustre famille
des Oro, famille où se recrutaient les grands
prêtres prophètes
de TaputapuateaàOpoa. Il réussit à s'attacher des partisans et à
se
former un clan, il songe alors plus que jamais à donner libre
à ses instincts guerriers, mais trop faible encore pour agir
seul, il cherche à faire alliance avec d'autres chefs. Dans ce but il
rassemble ses guerriers, équipe une flotille de pirogues et fait le
tour deRaiatea en faisant résonner son pahu, tambour de guerre ;
son
espoir est déçu : personne ne se joint à lui, aucun des chefs
guerriers ne lui dit d accoster. Ne perdant cependant pas confiance
il pousse jusqu'à Tahaa.Là aussi son espoir est déçu et ne pou¬
vant accostera terre il se réfugie sur l'un des îlots qui se trouvent
en face de Patio, îlot
qui de ce fait s'appelle encore îlot Tautu.
Borabora se dresse en face de lui. Il en est séparé par un bras de
mer de quelques milles seulement. Son humeur guerrière le
pousse à franchir cette distance et peu après par un temps favo¬
rable il met le cap sur Borabora où il accoste à Anau. Il recom¬
mence de plus belle à faire raisonner son pahu, mais là comme
àRaiateaetà Tahaa les chefs guerriers font la sourde oreille. Il se
dirige alors sur Vaitape et de là sur Faanui, son pahu ne cessant
de se faire entendre. Il a beau longer la cote, personne ne lui dit
d'accoster. Découragé il se dirigeait déjà sur l'îlot qui se trouve
près de la passe de Faanui quand les deux frères Puni et Anau
cours
arrivent au rivage. Les sons du pahu étaient parvenus jusqu'à
leurs oreilles dans la vallée et, ils venaient se rendre compte de
cela signifiait. Ils se rendent au marae Marotiteni et deman¬
dent aux tahua ce que signifiaient ces sons de pahu. On leur
ce que
répond que c'est le jeune Tautu, qui sui ant la côte avec les
siens demande alliance et aide. Un vea (messager), est aussitôt en¬
voyé à Tautu pour lui dire de faire volte face (fariu mai) d'accosteret de faire part de ses projets. Heureux et content Tautu met
pied à terre au marae Marotiteni, offre aux grands chefs de Faanui
ses pirogues, ses armes et ses guerriers et propose de faire alliance
avec eux. Puni accepte ses offres et l'alliance est conclue sur le
champ. A moi Vaitape! a moi Anau ! s'écrie alors Tautu. Ce cri
parut de bonne augure et Tautu d'accord avec les chefs de Faanui
se prépare à l'attaque de ces deux villages. Puni et Tautu mar¬
chent sur Vaitape, remportent la victoire et détrônent la famille
des Mai. Anau a le même sort et Borabora tout entier est placé
sous l'autorité et le régime de Faanui. C'est le régime des neuf;
Société des Études Océaniennes
—
96
—
Tevaitapu l'aîné, Tiipoto, Amanahuné, Ativahia, Nunue, Hitiaa,
Atilia, Anau et Atinihia.
Après avoir soumis Vaitape et Anau, ils se rendent à Tahaa et
descendent sur l'îlot d'où Tautu s'était embarqué en se rendant à
Borabora. Les gens de Raiateaet de Tahaa se préparent à la lutte
et rassemblent leurs forces. Pendant ces
préparatifs un jeune hom¬
me deTevaitapu, chef
des cent, faisait le fier et bravait souvent
ceux de Tahaa et de Raiatea. Ceux-ci demandent alors
quel est
ce jeune blanc-bec si insolent. On leur
répond que c'est Taetua
chef descentet clairon de l'armée ennemie. Ah ! c'est lui ! disentils. Eh bien ! nous le mangerons comme du poisson cru dont on
rejette toutes les écailles les remplaçant par une épaisse couche de
poe(plum-pudding indigène). «E amu matou ia'na mai te ia ota i
tapoa hia i te poe ». Le jour de la bataille arrive. Le combat se li¬
vre a Murifenua. Taetua fait des
prodiges de valeur et la victoite
rcsteàceuxde Borabora. En souvenir de la menace des Raiatéens
Taetua s'appela depuis ce jour Tapoa nom qui est resté dans la
famille jusqu'à son extinction. Vaincus Raiatea et Tahaa tombent
la dépendance de Faanui. Puni est nommé roi de Borabora
et Tautu roi de Raiatea et de Tahaa. Mais ces trois îles sont sous
sous
l'unique législation de Faanui, le régime des neufs.
Entre septembre 1773 et avril 1774, Cook revient d'Angleterre
et se rend à Borabora. Il.veut remettre Teraimano, le jeune hom¬
me
qu'il avaitemmené alorsque, sa famille, quatre ans aupara¬
vant détenait la royauL 'e Vaitape. II est surpris de voir la famille
des Mai déchue de ses dro.'s souverains et de voir Puni roi uni¬
que de Borabora. Ne pouvant déposer le jeune homme à Borabora
d'où sa famille était e: ù m, il le transporte à Raiatea. Il ne peut le
débarquer car Tautu ennemi des Mai y était roi. 11 se rend alors
à Huahine. Il y est très bien reçu par son ami Ori grand chef de
Tauraimuri. Cook peut laisser Teraimano dans cette île dans le
district d'Atupii à Farenuiatea. Avant de continuer son voyage il
lui construit une maison et le comble de présents. Pendant la
construction de cette maison les indigènes volent aux ouvriers :
de Cook des pointes et divers outils. Ils les transportent secrète¬
ment à Tiva, les donnent au grand prêtre Moohono qui les sème
avec l'espo:
; les voir pousser et fructifier près du marae Fareti, marae consacré à Hiro le dieu des voleurs, levarua ino, le
mauvais esprit.
Voici à titre de curiosité l'un des exploits du dieu Hiro. II lui
prit un beau jour la fantaisie cle voler une montagne entière le
Société des Études Océaniennes
—
97
—
mont Tabu (moua Tabu), mon tagne sacrée,
et de la transporter
et devait avoir
achevé son travail avant le chant du coq. Le voilà donc à l'œuvre
travaillant dur et suant à grosses gouttes, car déraciner une
montagne et la transporter toute entière n'est pas un mince
travail. Tout entier à son œuvre, il ne s'apercevait pas de la
fuite des heures nocturnes. Enfin la montagne est déracinée-et
joyeux il s'empresse d'emporter son butin sacré quand arrivé au
au
loin.
tout fin voleur il opère la nuit
nord de Huahinc un formidable cocorico retentit à ses oreilles.
Surpris et abasourdi, Hirolâche prise et le mont Tabu tombe au
nord de Huahine et y prend immédiatement racine. Furieux le
dieu jure de se venger sur le coq au chant par trop matinal. Ce
coq il le reconnaît parfaitement, c'est son coq à lui qui perché
sur une montagne de Tahaaà quelque vingt milles de distance
annonce le retour du jour. A peine rentré Hiro le frappe avec
tant de violence que le pauvre coq ne tarde pas à disparaître sous
terre, seule la crête reste visible, coq colossal s'il faut en juger
par cette crête qui métamorphosée en rocher se voit encore en
mémoire de la vengeance du dieu Hiro sur l'une des arêtes des
montagnes de Tahaa non loin de la passe de Tahotu.
Vers 181o à 1-815, le vieux roi Puni de Borabora songe à faire
son testament.
A cet effet, il tue un cochon de lait, fait de la poe
et prépare tout ce que la coutume exige dans les grandes circons¬
tances. Le tout étant cuit à
point au four indigène, il met luide larges feuilles étendues par
terre, prend le petit cochon qu'il coupe en deux de la tête à la
queue, divise aussi la nourriture en deux parts égales puis appelle
sa fille Tehea et son fils Temarii. La table est mise, leur dit-il,
faites honneur au repas. Il va alors s'asseoir à quelque distance
et de là contemple ses enfants prenant leur repas. La fille douée
d'un superbe appétit et trouvant les mets à son goût avale glou¬
tonnement sa part et dérobe même une partie de celle de son frère
qui, prenait son repas avec plus de modération. Lorsque les deux
enfants furent pleinement rassasiés, le vieux roi s'approche d'eux
même la table consistant
et leur donne
en
connaissance de son testament. S'adressant à sa
fille il lui dit: toi, tu seras reine, car vu ta gourmandise, ta glou¬
tonnerie et ton manque de retenue tu es impropre au gouverne¬
ment, s'adressant à son fils il lui dit : toi tu seras régent car plus
posé, moins gourmand et plus maître de toi-même tu es propre
au gouvernement et en ta qualité de régent tu pourras conseiller
et diriger ta sœur la reine. C'est cette même Tehea fille de Puni
Société des Études Océaniennes
—
98
—
que, Mahine de Huahine proposa comme femme à Pomare III,
quand chassé de son trône de Tahiti vers 1812, il s'était réfugié
à Moorea. Ce Mahine avec le secours des
guerriers des îles-Sousle-Vent, où il avait une nombreuse parenté réussit à faire re¬
monter Pomare III, sur le trône de Tahiti vers
1815. La famille
Puni gouverna longtemps la belliqueuse île de Borabora.
A la mort de Tautu, Raiatea élit roiTamatoa le
grand et se dé¬
clare indépendant de Borabora. Il est reconnu roi
par Faanui après
a bataille de Hooroto vers
1830. Raiatea se battit contre Borabora,
Tahaa et Huahine et remporta la victoire. Selon une coutume très
ancienne le grand Oro tahua rahi
deTaputapuatea, grand prophè¬
te et chef des mamaia voulut
passer entre les combattants. Se cro¬
yant invulnérable comme ses prédécesseurs, il se fit transporter
sur les lieux
etlàmalgie en grand âge se met en devoir d'user de
son privilège,
mais hélas malgré son invulnérabilité une balle
l'atteignit et le tue. En sa neironne périt le dernier des grands de
prophètes d'Opoa Tapm.apuatea.
Quelquesannéesplus tard Tamatoa entreprend la conquête de
Tahaa, la bataille se livre à Vaitoare(i832). Borabora vaincu
perd
la souveraineté de Tahaa. C'est dans cette bataille
que le dernier
des Tapoa reçut une balle au genou, ses amis lui sauvèrent la
vie en l'emportant dans la brousse. Plus
tard, il réussit àaller
à Huahine en cachette et y mourut vers
1840.
Vers 1876 et 1877, Borabora recouvre la souveraineté de Maupiti (Maurua la nueue froide). Les îles Scilly conquises aussi par
Borabora au
nt dû, selon l'antique
coutume, être partagées
.
entre les neuf districts souches de Borabora.
A l'époque de la prise de possession de Borabora
par la France
le 19 mars 1888, la reine était Teriimaevarua fille de Tamatoa V
roi de Raiatea de 1835 à 1865 et
prince de Tahiti.
FIN.
Société des Études Océaniennes
—
99
—
j'ox^x^hï:
Vieille légende de Magareva sur Teiti a Toakau.
Communiqué par le Capitaine Victor Brisson.
(L'original en Mangarévien est déposé aux archives de la Bibliothèque S. E.O.)
Le père de Teiti a Toakau s'appelait Tuikura, sa mère Toakau.
Ils vivaient tous deux ensemble, Toakau devint enceinte, au
bout de trois
mois, elle accoucha avant terme d'un "putoto"'
(placenta).
Toakau prit ce Putoto, le déposa sous les racines d'un " hotu "
et
n'y pensa plus.
Tuikura ignorait absolument ce qui était arrivé à sa femme.
A cette époque, un esprit des ténèbres vint à pa
.er. II s'appe¬
lait Moegaroa.
Il aperçut ce " putoto" qui rampait comme un lézard.
Il lui tendit sa canne et le toucha, le "putoto" s'enroula autour.
Il l'emmena chez lui, dans le royaume des ténèbres et le confia
Il l'adoptèrent.
Lorsqu'il fut grand, on l'appela Teiti a Toakau. C'était un gar¬
à sa fille, Toamoegaroa.
çon.
Dans la journée, Toamoegaroa
prenait soin de cet enfant. La
nuit, il dormait auprès de son grand pèm Moegaroa.
Un jour, Moegaroa dit à sa fille :
Prends bien soin de l'enfant, je va's à la guerre, lorsqu'il se
réveillera et qu'il me demandera, ne lu
's pas où je suis.
Et Moegaroa part. Au matin, lorsque Teiti a Toakau se réveille,
il demande à sa mère: où est mon grand-père? Toamoegaroa
lui répond : Il est là.
L'enfant la crut et ne
prit pas la peine de chercher son grand-
père.
Un instant après, il revint dans la maison, auprès de sa mère
qui tressait une natte.
Il la pria de ui faire un harpon, un "oto" (petit harpon).
Toamoegaroa lui fit un petit harpon elle l'amarra, avec une
fibre de pandanus prise dans son rouleau de tresse. L'amarrage
tournaitde gauche à droite. Quand le harpon fut terminé, elle le
remit à son fils.
Société des Études Océaniennes
—
100
—
Ce dernier s'empressa d'aller
jouer autour de la maison.
Teiki a Toakau lança son
harpon vers le ciel.
Ce harpon tomba dans l'œil du roi
que son père combattait.
Le roi s'enfuit avec le
harpon dans l'œil.
A ce moment, on cherche le héros à
qui appartient le harpon
avec son
ammarage de gauche à droite.
Moegaroa pense à sa fille, il revient en hâte chez lui et lui de¬
mande : " As-tu donné
quelque chose à ton fils ?
Elle lui répondit : Cet enfant m'a demandé de lui faire un "oto"
pour s'amuser, je lui en ai fait un et je l'ai ammaré avec du
pandanus de ma tresse,
l'amarrage tournant de gauche à droite.
Moegaroa fut convaincu de suite que le harpon appartenait à
son
petit-fils : Il s'écria : Ce harpon appartient à ce lézard tombé
de l'autre monde ! Teiti a Toakau entendit ces
paroles et se mit à
pleurer de s'entendre traiter de lézard.
Il se mit à pleurer fort, sa mère
essaya de le calmer mais en
vain.
Elle lui dit: Tu veux sans doute retourner dans l'autre monde
d'où tu viens, comme dit ton
grand-père? Et que tu es un lézard
tombé de l'autre monde?
Oui, lui répondit Teiti a Toakau. Toamoegaroa s'en fut avertir
père en lui disant : Cet enfant pleure de plus en plus, il est
son
inconsolable et veut retourner dans l'autre monde.
Moegaroa lui
répondit : s'il pense ainsi, qu'on le laisse faire.
Sa fille s'écria: Ne le laissez pas partir,
si cet enfant arrive dans
l'autre monde, on lui demandera chez
qui il demeurait. Quand
il répondra : J'habitais chez
Moegaroa ; on ne le croira pas, on lui
dira : Sûrement, si tu avais demeuré chez
Moegaroa, il ne t'aurait
pas laissé partir sans son "mana" (puissance miraculeuse).
Parce que Moegaroa est roi,
grand héros et sa puissance est
grande.
Moegaroa s'écria: Que veux-tu alors?
Sa fille répondit : Le mieux serait de lui donner une
partie de
ton "mana", appellé à
Magareva "Igogo".
Toamoegaroa revient auprès de son fils et lui dit: Mon chéri,
je consens à ce que tu retournes dans l'autre monde, c'est ton
pays natal, mais je ne te laisserai pas partir sans biens. Ton
grand-père va te déléguer une partie de son " mana".
Pour cela, il te faut avoir du
courage, exécute les ordres de ton
grand-père.
Il te commandera de monter sur un
cocotier, réserve œs forces,
Société des Études Océaniennes
—
car à ce
401
—
moment un vent terrible soufflera des
quatre points du
ciel.
La mère ayant ainsi parlé, Moegaroa arriva sur ces entrefaites
et commanda à Teiti a Toakau de monter sur un cocotier.
Et lorsque
l'enfant atteignit le sommet, un fort vent s'éleva
venant des quatre points du monde.
Teiti ne succomba pas à cette épreuve.
Et lorsqu'il regagna la terre ferme, Moegaroa le conduisit à la
mer
et lui donna l'ordre de plonger. L'enfant plongea et remonta
à la surface. Son grand
père lui demanda ce qu'il avait vu sous
l'eau.
Il répondit: J'ai vu un homme avec un harpon dans l'œil.
Moegaroa lui dit : Plonge encore, arrache ce harpon et apporte
le moi.
L'enfant fit ce que son grand-père lui ■_ jmmandait.
Teiti a Toakau revint près de sa mère qui l'attendait.
Elle s'écria : O !
mon
fils, lorsque tu
.
aras dans l'autre monde,
tu marcheras au bo. j. de la mer, lorsque tu
verras un hotu (arbre) arrête toi, c'est ta maison natale.
Son discours terminé, la mère embrasse son enfant et le quitte
avec un profond chagrin.
Teiti part et quitte la maison. C'est un jour de grande douleur
ton vrai pays natal,
pour Toamoegaroa.
A son arrivée dans l'autre monde,
Teiti marcha au bord de la
mer, il aperçut le grand arbre " hotu", et s'assit dessous.
A cet endroit, deux enfants jouaient avec le sable de la plage,
appelé à Magareva " tutae potiki tiki ", ils construisaient des mai¬
sons de sable, mais elles ne tenaient pas et s'éboulaient sans cesse.
Teiti témoin de leur vains effort leur proposa de construire
leur maison. Les enfants acceptèrent avec joie.
Par la puissance de son " mana" Teiti, érigea rapidement une
joliemaison, les enfants pénétrèrent à l'intérieur et furent charmés
de la beauté de cette maison. Ils coururent prévenir leur mère.
Ces deux enfant étaient les frères de Teiti ; ils dirent à leur
mère :
Allons à la plage voir une belle maison !
lève-toi ! Lève toi!
La mère se lève et va à la plage, la maison n'existait plus, Teiti
l'avait démolie.
Toakau gronde ses deux enfant de l'avoir dérangée inutilement.
Elle retourne chez elle, après son départ, les enfants disent à
Teiti
Société des Études Océaniennes
—
10!
—
Fais nous encore une maison.
Teiti exauça
leurs désirs, cette-maison était encore plus belle
que la précédente, ornée à l'intérieur de jolies choses, les enfants
ne se lassaient
pas de l'admirer.
Ils demandèrent à Teiti : Qui sont tes
Il leur répondit :
kau.
parents ?
Mon père se nomme Tuikura, ma mère, Toa-
Mais ce sont nos parents, s'écrièrent les enfants.
C'est cependant les miens, leur affirma Teiti.
La conversation terminée, les enfants
préviennent leur mère
que la maison est encore reconstruite.
Ils l'invitent à la voir.
La mère
chasse.
refuse, les gronde de la déranger sans cesse et les
Ils disent alors à leur mère: Un enfant sur la
plage nous a dit
que son père s'appelait Tuikura, sa mère Toakau.
La mère n'attacha aucune
importance à leurs dires.
Tuikura était à la pêche, quand il revint à la maison il
prépara
le repas. Quand il fut rassasié il commanda à ses deux
enfants
d'aller à la plage chercher leur couverture.
Lorsque Teiti les vit
venir, il rendit la couverture si pesante, qu'il ne purent la trans¬
porter. Elle était trop lourde. Ils la laissèrent et revinrent à la
maison.
Lorsque Tuikura les vit revenir les mains vides, il leur deman¬
répondirent qu'elle était trop lourde
pour eux et qu'ils l'avaient laissée à la plage.
Le père, étonné leur dit : Comment
; c'est la même couverture
que vous portez tous les jours. Retournez, allez la chercher.
A leur arrivée sur la
plage, Teiti leur dit : Laissez moi porter la
couverture. Ils acceptèrent. Arrivés à la
maison, le père leur
demande si la couverture est là. Ils
répondent Oui. Tuikura leur
demande: Comment avez vous pu
l'emporter?
Ce n'est pas nous qui l'avons portée
c'est un jeune garçon qui
da où était la couverture. Ils
est là.
Hélas! s'écria Toakau présente, faite entrer ce
pauvre petit
orphelin et donnez lui à manger!
Ils s'empressèrent autour de lui et le firent
manger.
Toakau dit à son mari : Les enfants m'ont bien raconté une
histoire
sur ce garçon, il leur a dit
que ses parents s'appelaient
Tuikura et Toakau !
Tuikura lui dit : C'est un être humain, on
peut donc lui parler.
Société des Études Océaniennes
—
103
—
Quand Teiti fut rassasié, Tuikura l'interrogea: Enfant, qui
sont tes
oère et mère ?
Teiti répondit:
Mon père se nomme Tuikura, ma mère Toa-
kau.
Comment, s'exclama Tuikura, ce sont nos noms et voici nos
enfants ! Cependant, leur répondit Teiti, ce sont bien mes noms
de famille. On ma toujours assuré que je m'appelais Teiti
a Toa-
kau.
L'enfant leur expliqua
l'histoire de sa naissance, tel qu'elle
est dite au début de cette légende.
Après avoir entendu ces détails, Tuikura demande à sa femme :
Que penses-tu des racontars de cet enfant?
Je crois que cet enfant dit la vérité, répondit sa femme.
Tuikura demanda encore a Teiti : Ou demeurais-tu et
pourquoi
es-tu revenu ici ?
J'habitais chez Moegaroa, répondit l'enfant. Je suis revenu ici
lézard tombéde l'autre
monde, ce qui m'a mis en colère.
Après avoir bien réfléchi, Tuikura dit à Teiti : Maintenant, nous
sommes sûr que tu es bien notre fils.
Assieds toi dans la maison près de tes frères.
Le soir de ce jour, Teiti demanda à son père : Où est ta maison
parce que mon grand-père m'a traité de
consacrée?
Le toit de ma maison sacrée, répondit le père est abimé, l'eau
passe au travers quand
il pleut.
Cela ne fait rien, dit Teiti, allez-y tous les deux l'arranger,
je
y dormir cette nuit.
Suivant son désir, ses parents s'en furent réparer la maison et,
veux
lorsque ce travail fut terminé, le père dit à son fils: Regarde,
cette maison est en très mauvais état. On voit les étoiles au tra¬
vers
du toit.
L'enfant leur répondit: Cela ne
fait rien. Je dormirai ici cette
nuit.
Au milieu de la nuit, Toakau fut réveillée par les grondements
du tonnerre,
son fils
les éclairs, la pluie et le grand vent. Elle pensa à
et réveilla Tuikura en lui disant:
11 fait mauvais temps, viens avec moi et allons
voir notre en¬
fant.
Arrivés près de la maison, ils sont surpris de la voir éclairée à
l'intérieur par une brillante lumière. La mauvaise maison en ruine
était transformée en une belle maison neuve,
Société des Études Océaniennes
—
104
—
Ils furent très étonnés de voir leur fils dormir
et se dirent : Il a
profondément'
réellement habité avec Moegaroa qui est un
tout puissant et dont
la renommée est grande!
Au matin, la maison avait
repris sa forme primitive.
génie
Teiti reste ce jour auprès de ses
parents et de ses frères.
arrivée, ses deux frères partent pour
Takuaro, à l'île appellée Teturu pour faire la récolte.
Le lendemain matin, le père dit à Teiti : Va
aussi, toi, cueillir
La saison des " uru " étant
des "uru".
Le lendemain, Teiti partit
lette auprès d'une
"
pour Taku aro, commença sa cueil¬
montagne et ne prit que de petits fruits appelés
porori" à Magareva.
En revenant à Takutua avec un
panier de fruits, Teiti le jette
par dessus la colline, ces petits "uru" entrouvent la terre et tra¬
versent la
montagne jusqu'à la mer.
Le peuple de Taku s'émerveille de ce travail
magique.
s'appelle Terua ma kai tagata.
Et les pierres qui le recouvrent
s'appellent "Tokairi".
Dès que la renommée de Teiti eut
dépassé Magareva et fut
connue sur les terres lointaines de l'Océan
d'Atu Hiva, un génie
Le nom du trou a maiorede Teiti
des ténébres nommé Pouatake, vint le
provoquer au combat.
Rencontrant Teiti, il lui dit: Ta renommée est venue
jusqu'à
moi, puisque tu es un "aito", combattons ensemble !
J'accepte ton offre, répondit Teiti, à condition que tu commen¬
ces la lutte,
puisque Pouatake est un génie puissant.
Le pouvoir (mana) de Pouatake réside dans le feu. Bientôt l'île
entière de Magareva flambe.
Teiti est rempli d'effroi, sa pensée se trouble au
spectacle de
l'incendie. Il s'enfuit sur le sommet de la
Il croit même qu'il va mourir, car le
la montagne.
montagne.
feu gagne le sommet de
Toamoegaroa voit tout cela, elle est saisie de pitié en songeant
à son fils adoptif qui est
presque mourant.
Elle appelle son père Moegaroa.
Elle lui dit. Pouatake va certainement tuer Teiti.
Que veux-tu faire, lui dit son père?
Toamoegaroa lui répondit:
Prends la sueur sous ton aisselle et
jette là sur Magareva.
Moegaroa prit la sueur sous son aisselle et la jeta sur l'île.
Magareva en fut submergée, à la vue de cette inondation, Poua¬
take, effrayé se cacha dans un caillou.
Société des Études Océaniennes
—
lôo
—
Et aussi dans le bois d'où nous voyons sortir
l'intérieur du caillou, à l'intérieur de la pierre.
Pouatake se demandait où était Teiti.
le feu, le feu à
Sur ces entrefaites, arrive un autre génie appellé Teiti a Pie.
Ce génie avait la forme d'un
poisson hérisson (totara), il veavait également
venait d'un autre pays avec son ami Paou qui
pi forme d'un poisson.
Ta renommée est venue jusqu'à Atu Hiva, dit-il c'est
pourquoi
je suis venu jusqu'à toi.
Nous devons lutter ensemble, Pouatake accepta. Teiti a Pie,
aux flots
marins de recouvrir Magareva. L'île fut
commande
inondée.
A la vue de cette inondation, Teiti se transforme en oiseau,
en
attendant son heure dernière.
L'ami de Teiti a Pie lui dit: Nous ne pourrons jamais en venir
à bout,
allons nous en, sans cela il nous tuera.
Pie lui répondit: Ne crains rien, nous pourrons toujours nous
échapper à la nage, dans le lagon de ce pays.
Teiti a Toakau par son pouvoir magique fit reculer la mer.
Quand le lagon fut sec, le totara était emprisonné dans les mailles
du filet de Teiti a Toakau.
Quand à son ami, il s'enfuit, mais avant de partir, il dit au to¬
tara: Mon
ami, tu vois ce que c'est d'être entêté, je t'avais pré¬
qu'il fallait nous échapper, regarde maintenant dans quel
état tu es. Reste ici et meurs. Moi, je me sauve !
Quand Teiti a Toakau rencontra Pie, il le subjugua en lui
disant: Tu es victime de ta témérité, mais pourquoi as-tu une
venu
dent cassée?
C'est pour avoir mordu la montagne de Tahiti, lui répondit Pie.
On dit à Magareva que cet endroit est l'isthme de Taravao
(te puku o Tehiti).
Vint ensuite le roi de Viriga (qui est Atituiti, district de Rikitea). Son nom était Hei a Roto.
Rencontrant Teiti, il lui recommanda : lorsque les gens de
Taku arriveront, je te conseille de les laisser tranquilles, surtout
ceux
de Hei a roto de Taku.
Un beau
couronne
jour, les gens de Teiti s'en furent à Atituiti quérir la
faite d'ongles humains.
Ils furent faits prisonniers et Hei a Roto donna l'ordre de les
massacrer.
Et ces hommes étaient les préférés de Teiti a Toakau.
Société des-Études Océaniennes
—
Au
su
de ces
106
—
nouvelles, Teiti vit combien on l'avait trompé.
pour le tuer.
11 envoya ses hommes chercher ce Hei a roto
Ils arrivèrent de nuit à Atituiti.
La mère de Hei a roto entendit le bruit de la barque s'échouant
sur
le rivage.
Elle appella son fils : O Hei !
J'entends des hommes sur la plage.
Ce sont des jeunes gens qui vont à
Viriga se baigner, lui répon¬
dit Hei a'roto.
O Hei ! j'entends du bruit sur
la plage.
Un jeune homme de Viriga qui passait fut témoin de l'enlève¬
ment.
A peine avait elle fi ni de parler que Teiti arrive avec ses hommes.
Il capture Hei a roto et se saisit de la couronne de "maiiu".
S'adressant aux gens de Hei, il leur dit: Venez demain matin
voir mourir votre roi !
Au moment de la capture de Hei, sa mère s'écria: O Hei ! Adieu,
o mon fils !
Demain tes gens viendront portés par les vagues de la
mer !
Le lendemain matin, le peuple de Viriga se rendit à Taku, sur
l'ilot Ina et fut témoin de la mort de Hei a roto.
Il est bien mort et la
couronne
de "maiiu"
devint la pro¬
priété de Teiti a Toakau.
Te Hopea.
IONE
MAMATUI,
Rikitea, 1926.
Société des Études Océaniennes
—
107
—
FXSGIClJ&ri7R3B
Truites "Arc-en-Ciel".— Nos membres correspondants de
San Francisco MM. Strange et Coryell nous ont o* œnu 25.000
œufs de truites-arc-en-ciel.
Ces œufs arrivèrent le 23 juin par
immédiatement déposés à la glacière.
1 e" Tahiti", ils furent
M. Ferman, que nous ne saurions trop remercier, avait
organisé
petite pisciculture dans une des chambres noire de sa glacière.
Douze mille œufs firent doucement déposés dans deux bacs
sur des claies spéciales.
Une eau claire cascadait d'un bac dans l'autre, à raison de 1 à
2 litres
par minute.
La température de l'eau était constante, 70 centigrade.
Les œufs étaient arrivés en très bonne condition, tous d'un
beau rose vif. Ils restèrent dans cet étal
1 samedi au jeudi sui¬
vant et puis soudain, le vendredi au matin : tous blancs! moits!
Que s'était-il passé durant la nuit? C'est ce que nous ne pouvons
nous expliquer.
Mais ce n'était là que la moitié des œufs reçus. Voyons ce que
devinrent les 13.000 autres.
Le mercredi 27 juin, ils étaient transportés dans les hauts de
une
la Fautaua par 3
prisonniers sous l'intelligente direction de
M. Guého.
Le transport se fit dans une caisse aménagée de telle sorte que
les claies reçues de San Francisco, étaient entourées de glace. Ils
étaient donc dans un parfait état quand ils furent déposés dans
trois parcs
faits immédiatement dans le lit de la Fautaua, dans
la demie obscurité d'une falaise et d'arbrisseaux. Elévation 500
mètres, Température de l'eau 190 à midi. Œufs recouverts de 6
à 8 cm. d'eau. Tous répandus sur des cailloux et graviers très
propres où l'eau arrivait à profusion à travers les pierres des
parcs.
Les clôtures de ces parcs sortaient de l'eau de 15 à 18 cm. afin
d'empêcher chevrettes et anguilles de venir troubler l'incubation.
Ceci permettait aussi de couvrir ces parcs de branchages
destinés
à tenir les œufs dans une plus grande obscurité.
Huit jours après, jour pour jour, la plupart des alvins étaient
nés, or l'incubation normale aurait dû être de 20 jours au moins
il faut attribuer cette
rapidité à la température de icfau lieu de
Société des Études Océaniennes
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-108
—
7° qui est celle conseillée et pratiquée par tous les pisciculteurs.
Une autre visite 13 jours
après, permit de se rendre compte
qu'il restait
peine quelques sujets traînant péniblement leur
jaune vésicule ombilicale. Je dis "péniblement", car plus l'éclosion
est rapide, plus faibles sont les alvinsConclusion : Pour la 2mô fois, échec complet de l'incubation
à
Papeete.
Réussite partielle dans les hauts de la Fautaua à
500 m. Proba¬
bilité de succès si au lieu de
500 m. les œufs étaient déposés à
1.000 m. avec une
température de i2nà 14°.
Ce rapport sera
envoyé à MM. Anderson et Eug. Bennett,
Executive Officer de Fish & Game commission
California, qui
offrirent gracieusement ces œufs à la Société
pour la Colonie.
11 va sans dire que des lettres de
remerciements leur furent im¬
médiatement envoyées ainsi qu'à
M. Bach, General Managerde
l'U.S.S.C0, qui fît transporter gratuitement ces œufs par le
"
S.S. Tahiti."
{jtambusia Affinis. —Voici mes observations au
sujet de ce
destructeur de larves de moustiques,
appelé aussi Million Fish,
rapide multiplication.
11 ne faut
pas mettre de Gambusia, là où l'on veut conserver
des chevrettes et des poissons car il
dévore tout ce qui est minus¬
cule, larves et œufs de toutes sortes, il s'attaque même à ce qui
a vie. C'est ainsi
qu'il dévore ses propres petits aussitôt après
à cause de sa
leur naissance.
Il faut donc réserver le Gambusia Affinis
pour les
les bassins où l'on ne veut ni chevrettes ni
étangs ou
cyprins ou autres
poissons. D'ailleurs dans les bassins où il y a des poissons rouges
(cyprins) il ne peut y avoir de moustiques, le Gambusia y est
inutile.
L'eau courante détruit le Gambusia. 11 lui faut de l'eau
stagnante
tranquille, il aime la vase et les mares et s'y propage effroya¬
blement vite (une portée tous les
24 jours) tandis qu'il ne peut
pas se multiplier dans les eaux claires et
rapides.
Voici une curieuse observation
que j'ai faite à deux reprises:
« J'avais sur ma
table, dans un bocal, deux Gambusia femelles.
Je les avais prises pleines. Chacun sait que ce poisson est vivipare.
Après qu'elles eurent laissé échapper leurs petits, l'une 17
l'autre 19, qu'elles dévorèrent du
reste, je leur donnai un mâle.
Chez les Gambusia, la femelle est 2 ou
3 fois plus grosse que le
mâle, et celui-ci a des couleurs très vives d'arc-en-ciel.
ou
Société des Études Océaniennes
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109
—
Au bout de quatre jours elles avaient tué le mâle à force de lui
mordiller la tête.
Vingt-trois jours après, elles donnaient naissance à un certain
nombre de.petits qui cette fois naquirent pendant mon absence.
Comme les premiers ils furent dévorés. Il faut dire que les 2
mères n'avaient pasd'autrcs nourriturequs les microbes de l'eau
que je renouvelais deux fois par jour.
Au lieu de leur donner un autre maie, je
les séparai chacune
dans un bocal.
Quel ne fut pas mon étonnement de voir après dix jours
grossir et donner naissance le 24me jour, l'une à 13
petits et l'autre à 15.
Elles avaient donc des œufs à leur intérieur, fécondés à l'a¬
leur ventre
vance ?
Pourquoi ceux qui ont
curieuse expérience ?
des Gambusia
ne
ferait-ils pas cette
Carpes,— En 1927 œufs et alvins furent dévorés, dans mon
bassin, par les Gambusia qui y étaient millions : comme je viens
de détruire ceux-ci, j'espère un succès pour 1928.
Poissons-Chats, Blaek-Bass, Grenouilles. — Il n'en
plus. Je blâme les anguilles.
reste
Emm. ROUG1ER.
Société des Études Océaniennes
110
—
—
PROGRAMME
DE
TRXOS3CEME
FETE
EU
LA
FOLKLORE
TAHXTIEN
(jlous le (Haut patronage
de (Monsieur le
(Gouverneur /ÈOuge
(/Direction de (M. ç/orss, (Membre résident,
dans le //District et chez le
(h/hef de <////unaauia.
et sous la
«p
Le Dimanche 9
septembre
A
10
heures.
—
1920
Ralliement général au Marae qui se trouve
près du Fort, sur la plage, 2me chemin après le pont du Punaruu. (Cechemin sera
indiqué par deux pavillons tahitiens).
A 10 heures 15. —
Légende et histoire du célèbre Marae de
Taputapuatea" et de celui de "Maruapo".
A 11 heures ^o.— Chez le Chef Tenania, ouverture des fours
tahitiens et préparation du "poe".
"
A midi.— Présentation et service des mets tahitiens selon l'an¬
cienne coutume.
Discours en français.
Discours en tahitien et légendes.
Hyménés anciens.
PARAU FAAITE—AVIS.
M. Zane GREY, fera filmer toute cette fête.
Les Sociétaires sont instamment priés d'orner leurs automo¬
biles de fanions aux couleurs tahitiennes ; bande blanche, entre
deux bandes rouges longitudinales et toutes d'égale
longueur.
SEULS les Sociétaires ayant le reçu de leur écot (30 fr.) pour¬
ront participer au
festin.
Leurs invités devront au préalable devenir Sociétaires.
Rien d'Européen ou popaa ne sera présenté à ces agapes tahi¬
tiennes afin d'observer autant que possible les rites et traditions
des anciens.
Vers les 15 heures: photographie.
VIVE TAHITI ! VIVE LA FRANCE !
Papeete — Imprimerie
du
gouvernement.
Société des Études Océaniennes
BUREAU DE LA SOCIETE
Président
Abbé Rougier
Vice-Président
M. Deflesselle
Conservatrice du Musée.
Mme L. Goupil
Assistante Conservatrice
M11(3 E. Bodin
Bibliothécaire
Mlle F. Brault
Trésorier p.
M. C. Machecourt
i
Secrétaire-Archiviste..
.
Secrétaire de rédaction.
Pour être reçu Membre
membre titulaire.
M. E. Ahnne
.
M. Y. Malardé
.
de la Société
se faire
présenter par
un
BIBLIOTHÈQUE
Le Bureau de la Société informe ses Membres que dé¬
sormais ils peuvent emporter à domicile certains livres de
la Bibliothèque en signant une reconnaissance de dette au
cas
où ils ne rendraient pas le
livre emprunté à la date
fixée.
Le gardien
de la Bibliothèque présentera la formule â
signer.
LE BULLETIN
Le Bureau de la Société accepte l'impression de tous les articles
qui paraissent dans le Bulletin mais cela n'implique pas qu'il
épouse les théories qui y sont exposées, ou qu'il fait sien les
commentaires et les assertions des divers auteurs qui, seuls, en
prennent toute la responsabilité.
Aux lecteurs de former leur appréciation.
La Rédaction.
Pour tout achat de Bulletins échanges ou donation de livres
s'adresser au Président de la Société, Boîte 110, Papecte.
Société des Etudes Océaniennes
- Médias
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Fait partie de Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 26