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Text
BULLETIN
de la Société
des Etudes Océaniennes
TOME XVI
N°8/NUMERO 195 JUIN 1976
�CONSEIL
D'ADMINISTRATION
M. Paul MOORTGAT
Président
M. Yves MALARDE
Vice-Président
Mlle Janine LAGUESSE
Secrétaire
M. Raymond PIETRI
Trésorier
ASSESSEURS
Me
Rudolph BAMBRIDGE
M. Henri BOUVIER
Dr. Gérard LAURENS
Me Eric LEQUERRE
Me Jean SOLARI
M. Roland SUE
M. Temarii TEAI
M. Maco TEVANE
M. Raoul TEISSIER
MEMBRES D'HONNEUR
M. Bertrand JAUNEZ
R. P. O'REILLY
M.
Georges BAILLY
Pour être Membre de la Société
se
faire
présenter
par un
membre titulaire.
Bibliothèque
Le Conseil d'Administration informe
ses
membres qu'ils
à domicile certains livres de la Bibliothèque
en
signant une reconnaissance de dette au cas où ils ne ren¬
draient pas le livre emprunté à la date fixée. Les autres peu¬
peuvent emporter
vent
être consultés dans la Salle de lecture du Musée.
La Bibliothèque et la salle de lecture sont ouvertes
membres de la Société tous les
aux
jours, de 14 à 17 heures, sauf
le Dimanche.
Mu sée
Le Musée est ouvert tous les jours,
14 à 17 heures.
sauf le dimanche de
�■
■
'
Wï0Êwê
Société des
Études Océaniennes
�"
Société des
Études
Océaniennes
�BULLETIN
DE LA
SOCIETE DES ETUDES OCEANIENNES
(POLYNESIE ORIENTALE)
TOME XVI
No. 195
-
-
No. 8
JUIN 1976
SOMMAIRE
Compte-rendu de l'Assemblée Générale du 3 Mars 1976.
Les Tahitiens de Nouvelle-Calédonie en 1974
Nécrologie
:
—
A. Goldlewski.
651
Société des
Études
Océaniennes
Jean Fages
�PROCES VERBAL DE L'ASSEMBLEE GENERALE DU 3 MARS 1976
L'Assemblée
a
eu
lieu dans la salle de lecture du Musée, le
3 Mars 1976.
La séance est ouverte à 17 h 30. 35 membres sont présents et
21
procurations déposées.
Etaient présents parmi les membres du Conseil d'Administration :
M. Y. Malardé, Vice-Président
Mlle J. Laguesse, Secrétaire
M. P. Moortgat, Trésorier
M. R. Teissier, Assesseur.
Me J. Solari.
Le Vice-Président donne lecture de
son
rapport de fin d'exercice:
Mesdames, Messieurs,
En ouvrant cette assemblée
générale de notre Société, mon pre¬
hommage à la mémoire de notre regretté
Président Henri JACQUIER. Comme vous le savez Monsieur Jacquier
est décédé au mois de Novembre dernier, après une longue et doulou¬
reuse maladie. Jusqu'à la fin, il m'a entretenu des problèmes de notre
Société comme de ceux du nouveau Musée de Tahiti et des Iles qu'il
avait tant aidé à voir le jour. Sa joie aurait été de voir enfin tout cela
terminé, mis en place, et de participer au démarrage. Cette joie lui a
été refusée, mais Henri Jacquier restera pour nous, sociétaires des
Etudes Océaniennes, comme l'exemple d'un des meilleurs présidents
que nous aurons connus, actif, entreprenant, de culture étendue, et
toujours si plein d'entrain et de projets. Que son souvenir demeure en
nous et en ces lieux où il venait presque quotidiennement. Son nom
restera attaché à ce vieux Musée qu'il aimait, comme au nouveau
qu'il avait tant désiré. L'un de nos prochains bulletins lui sera con¬
sacré, et des voix plus autorisées que la mienne lui rendront un
hommage mérité.
mier devoir
sera
de rendre
(L'Assemblée observe
une
minute de silence)
Me voici donc devant vous, Mesdames et
Messieurs, au titre de
vice-président des Etudes Océaniennes, pour vous parler de notre
Société, vous communiquer ses comptes, et enfin vous demander
d'élire
son nouveau
Bureau.
652
Société des
Études
Océaniennes
�Nous aurions dû tenir cette assemblée plus
vons
pu
le faire, et
nous vous
tôt, mais nous n'a¬
demandons de bien vouloir nous en
excuser.
Au cours des deux dernières années, notre Société a poursuivi
chemin, sans bruit certes, mais avec efficacité. Notre Bulletin a
paru, légurièrement. Vous y aurez trouvé des articles intéressants et,
dans le dernier paru, la liste des dons reçus et achats faits
par la
Société. Au fil des jours nos collections se sont enrichies. Le cata¬
logue du Musée avait été dressé par Mme Lavondès. C'est un ouvrage
important et d'une aide précieuse pour tous les chercheurs. Il deman¬
dait toutefois une mise à jour, et c'est à quoi
s'occupe dès à présent
Mme Lavondès qui va y faire entrer tout ce que
nous avions amassé
son
deux
trois dernières années. C'est un plaisir pour moi, à cette
occasion, de remercier vivement et devant vous Mme Lavondès, du
gros travail effectué par elle, et de l'aide très appréciée qu'elle nous
a toujours apportée bénévolement et avec une si
grande compétence.
Il est vraisemblable que nous vivons les derniers mois, la dernière
ces
ou
année
peut-être, dans ce vieux bâtiment qui, malgré son manque de
place et sa "non-fonctionnalité", nous était devenu cher. Après,
nous serons là-bas, à Punaauia, dans de nouveaux bâtiments et de¬
vrons nous y habituer.
Cela ne veut pas dire pour autant que la SEO sera absorbée par
ce nouvel organisme. Pas du tout. La SEO conservera son individua¬
lité, son autonomie. Le Bulletin continuera de paraître. Notre Société
ne fera qu'apporter au nouveau Musée de Tahiti,
ses collections qui,
je le souligne, resteront sa propriété.
Le moment est donc venu de vous entretenir de ce nouveau Musée
de la Punaruu. Par délibération de l'A.T. 74-27 du 7 Mars 1974 portant
création d'un établissement public territorial dénommé MUSEE DE
ET DES ILES, un conseil d'administration de 21 membres
était nommé. C'est donc ce conseil qui s'est réuni pour la première
TAHITI
fois le 25 Août 1975
présidence du Gouverneur Videau, et qui
vice président, c'est-à-dire moi-même et
M. René Leboucher. Je vous rappelle en passant que la représentation
de notre société au sein de ce conseil, est de six membres.
Le Directeur du Musée, nommé par le Gouverneur, est M. Henri
a
nommé
son
sous
président et
la
son
LAVONDES.
Remarquons au passage que M. Lavondès qui appartient à
l'ORSTOM, a été mis gracieusement par cet organisme, à la disposi¬
tion du Territoire, pour remplir ce poste de Directeur.
La conservatrice du Musée est Madame Anne LAVONDES qui
beaucoup travaillé dans les années passées, au profit
653
Société des
Études
Océaniennes
de notre
a
so-
�à l'ORSTOM, nous a été prêtée à titre
poste de conservatrice au nouveau Musée. Que
l'ORSTOM soit vivement remercié pour tout cela. Mme Lavondès est
certainement la personne la plus au courant des collections de notre
société, puisque c'est elle qui les a maniées, triées, étudiées, clas¬
sées, répertoriées. Elle vient d'ailleurs de prendre livraison de toutes
les pièces encore en attente ici, afin de les enregistrer dans le nou¬
veau catalogue en préparation. Ce catalogue, une fois terminé, fera
l'inventaire de toutes nos richesses et sera un précieux outil de
travail pour les chercheurs.
A Punaauia, nous devions, à l'origine, être les seuls bénéficiaires
des nouveaux bâtiments. Par la suite il a été rétrocédé deux salles à
ciété. Elle aussi, appartenant
gracieux
pour
tenir
ce
l'association TENETE.
Bien des choses restent
Musée
:
maison du gardien,
à faire
encore
pour
terminer le
nouveau
d'un système d'alarme dans les
pose
salles, jardins, etc...
Tout cela se poursuit en ce moment et on peut raisonnablement
espérer être prêts pour la fin de cette année ou au début de l'année
prochaine. Nous attendons de Monsieur DESIRIER, décorateur, les
plans nécessaires à l'achat des vitrines et à l'exposition des salles.
Voilà Mesdames et Messieurs, où nous en sommes actuellement
pour ce Musée de Tahiti et des Iles.
J'en reviens maintenant à notre société, et M. Moorgat notre
trésorier, va vous donner lecture de son rapport financier. Je
donc la parole à M. Moorgat.
Le Trésorier expose la situation financière qui se résume ainsi :
Disponible au 1er Janvier 1975
:
1 605 777
Recettes de l'année
:
1 132 006
dévoué
passe
2 737 783
1 073 755
Dépenses de l'année 1975
Disponible
Vous
mande si
au
1er Janvier 1976
1 664 028 Frs
d'entendre l'exposé de notre trésorier. Je vous de¬
êtes d'accord sur ces comptes et, dans ce cas, donner
venez
vous
quitus à notre trésorier.
L'Assemblée donne quitus au Trésorier.
Je vous remercie d'avoir approuvé les comptes de
nous
passons
maintenant
au
la Société et
dernier point de l'ordre du jour de l'as¬
semblée.
Au terme de l'article 8 de
aujourd'hui
un nouveau
bureau
nos
statuts, notre assemblée a à élire
pour
être distribué des bulletins. Vous
les années 76 et 77. Il
avez
le droit de modifier
654
Société des
Études
Océaniennes
va vous
ces
bulle-
�tins si vous le désirez, en rayant des noms pour les remplacer par
d'autres. C'est votre droit le plus absolu.
Voici le résultat du vote :
Suffrages exprimés 56
:
Moortgat 50 voix
Président
P.
Vice-Président
Y. Malardé 55 voix
Secrétaire
Mlle J.
Trésorier
R. Piétri 55 voix
Assesseurs
R.
Laguesse 56 voix
Bambridge 55
Dr. G. Laurens 51
Me E.
Lequerré 55
Me J. Solari 51
M. R. Sue 54
M. R. Teissier 55
M. T. Teai 55
M. M. Tevane 55
séance : 34 voix.
Ata, représenté, et candidat, en
séance, à la présidence a obtenu 6 voix.
Mesdames, Messieurs, je vous remercie au nom du nouveau bureau
de la confiance que vous lui accordez. Nous ferons de notre mieux
pour ne pas décevoir vos espérances. Encore merci à tous d'être
M. H. Bouvier, candidat en
M. Alexandre
venus.
Personne
n'ayant fait d'objections sur la manière dont le vote a
bulletins de vote sont incinérés. La séance est levée
été conduit, les
à 19 heures.
655
Société des
Études
Océaniennes
�)
■
.
656
Société des
Études
Océaniennes
�LesTahitiens de Nouvelle-Calédonie
en 1974 Jean F AGES
ABSTRACT
This is
an
examination of
an
aspect of the problem of migrations
is to trace back the history of the
Its purpose
migratory movement towards New Caledonia, to bring out the mecha¬
nisms and problems of this emigration, to describe the community and
to bring out its place within the framework of Caledonian society.
In 1974, New Caledonia's Tahitian community is in full demogra¬
phic expansion in spite of a slowing down of the stream of migration.
Highly concentrated within Noumea's urban zone or scattered about
in the inland mining centers, it forms a minority ethnic group with a
none
the less remarkable economic importance. Its insertion into
Caledonian context has been fairly smooth, although there still remain
in French Polynesia.
a
few
problems. Far from its
sources,
of close contact and communications
but invigorated by maintenance
with the original environment, it
adapted to local living conditions. Although of heteroge¬
composition, at least outwardly, it puts up a real homogenous
front due to cultural continuity, providing it with a specific and origi¬
is becoming
nous
nal place
within the framework of the multiracial Caledonian society.
La Polynésie Française a toujours été affectée par une très
grande mobilité géographique de sa population. Ce phénomène déjà
ancien, s'est brutalement amplifié depuis une dizaine d'années, et a
débordé le cadre
géographique du territoire. En effet, pendant long¬
temps, l'essentiel des migrations humaines furent des migrations qui
s'exerçaient à l'intérieur du territoire et, accessoirement, s'établis¬
saient avec la métropole. L'essor économique de la NouvelleCalédonie a profondément modifié la direction des courants migratoi¬
res
et
déplacé les pôles d'attraction. Aux migrations internes, tou¬
jours importantes, sont venues s'ajouter des migrations vers l'exté¬
rieur qui ont donné naissance, en Nouvelle-Calédonie, à un foyer de
peuplement tahitien.
657
Société des
Études
Océaniennes
�problème mal connu car
flux migratoires sont difficiles à
à ce sujet butent sur l'absence de
données spécifiques et sont uniquement basées sur les données des
recensements généraux de la population. La Polynésie n'échappe pas
à cette règle, et les phénomènes migratoires qui l'affectent sont bien
mal connus à Tahiti. Il s'avère difficile, voire impossible, d'obtenir
des renseignements précis sur l'importance, la nature et les mécanis¬
mes des migrations tant intérieures qu'extérieures. Pourtant, la sortie
de travailleurs et de capitaux, la présence d'une importante commu¬
nauté tahitienne à l'extérieur, constituent des réalités inquiétantes
et méritent que l'on aborde ce sujet qui pourrait se révéler source de
Le
problème des migrations est un
l'observation et la mesure des
réaliser. Les études consacrées
difficultés dans l'avenir.
Nouvelle-Calédonie.
la Nouvelle-Calédonie sont un
fait ancien mais qui n'a acquis une grande importance qu'au cours
des dix dernières années. Elles sont subordonnées aux péripéties de
l'économie calédonienne et s'inscrivent dans l'histoire de la recher¬
che de la main-d'oeuvre nécessaire aux besoins de ce territoire.
I
-
Les migrations tahitiennes vers la
Les migrations tahitiennes vers
Les bases économiques
sentiellement
sur
de la Nouvelle-Calédonie reposent es¬
les industries minières et
métallurgiques qui re¬
quièrent une main-d'oeuvre importante et qualifiée, introuvable sur
place. La Nouvelle-Calédonie est, en effet, une terre très faiblement
peuplée (1), et la majeure partie de la population d'origine mélané¬
sienne vit dans les tribus et s'adonne à des activités agricoles. Ceci
explique l'incessante quête de main-d'oeuvre qui fut faite à travers le
Pacifique et qui a été à l'origine de mouvements migratoires organi¬
sés ou spontanés. Selon les périodes, il fut fait appel à la maind'oeuvre "importée" (2) : des Nouvelles-Hébrides et des Salomon, de
la Réunion et des Comptoirs Français de l'Inde, du Japon, de la
Chine, de l'Indonésie, de l'Indochine. Ces "importatiops" plus ou
moins contingentées ont subi des aléas multiples liés à la conjonc¬
ture économique ou politique (départ des Vietnamiens entre 1962 et
1964), et ont toujours été étroitement surveillées, voire codifiées,
afin d'éviter la formation de minorités étrangères trop importantes
pouvant poser à terme de graves problèmes politiques.
(1) En 1974, la population atteint
tants au km2.
(2) J. MORET
:
131 665 habitants soit 6,93 habi¬
Les Asiatiques en
la Société d'Etudes
Nouvelle-Calédonie. Bulletin de
historiques de la Nouvelle-Calédonie, no. 19,
1974.
658
Société des
Études
Océaniennes
�taries, des mouvements migratoires largement spon¬
développer à partir des années 1960 en provenance des
territoires français du Pacifique : Wallis, Futuna, la Polynésie
Ces
sources
tanés vont
autres
se
Française. S'exerçant à l'intérieur d'une structure politique commune,
ces migrations sont totalement libres, voire politiquement encoura¬
gées, car elles apportent une solution au problème de l'emploi dans
chacun des territoires. La formation d'un important peuplement poly¬
nésien ne présente pas d'inconvénients majeurs, du moins sur le
plan politique, et évite la fixation des étrangers.
La communauté tahitienne (3) s'est mise en place au cours de
trois périodes étalées sur une vingtaine d'années. Avant 1955, le
courant migratoire était de faible importance et il ne reste, à l'heure
actuelle, que peu de témoins de cette époque. Entre 1955 et 1963, les
grands travaux d'infrastructure (barrage de Yate, réseau routier), et le
développement des productions de Nickel provoquent la venue de
nombreux Tahitiens dont beaucoup feront souche dans le territoire.
1964 marque le début d'une période de récession économique, consé¬
cutive à l'effondrement des cours mondiaux du nickel, au cours de
laquelle les migrations tahitiennes vers la Nouvelle-Calédonie mar¬
quent le pas. Cette année-là, le C.E.P. s'implante en Polynésie et
crée.de nombreux emplois qui contribuent à désamorcer les migrations
vers l'extérieur, voire à inciter quelques Tahitiens à revenir en Poly¬
nésie. A partir de 1968, l'émigration vers la Nouvelle-Calédonie re¬
prend massivement jusqu'en 1971, pour retomber ensuite. Cette nou¬
velle vague s'explique par un rétrécissement du marché du travail
polynésien après la réalisation des grands travaux d'équipements
civils et militaires et par une formidable reprise de l'économie calé¬
donienne qui incite le territoire, les sociétés industrielles, et les
particuliers à investir et à élaborer d'ambitieux programmes d'équipe¬
ment. Tous ne verront pas le jour, car, en 1972, la stagnation écono¬
mique s'installe, freinant les mouvements migratoires. Jusqu'ici large¬
ment positifs, les soldes migratoires s'inversent et de nombreux
retours vers la Polynésie s'organisent.
L'histoire des migrations tahitiennes vers la Nouvelle-Calédonie
est toute en dents de scie, fidèlement calquée sur celle de la conjonc¬
ture économique. Impulsions et coups d'arrêt se succèdent, liés à
l'instabilité d'une économie trop fortement dominée par la seule pro¬
duction du nickel.
(3) Le terme Tahitien est employé ici avec le sens qui lui est donné
en Nouvelle-Calédonie. Il désigne un ressortissant de la Polynésie
Française, quelle
que
soit
son
île d'origine.
659
Société des
Études
Océaniennes
�I
la ventilation des arrivées des TahiNouvelle-Calédonie est difficile à établir. Le recensement de
1969 donnait les résultats suivants :
Faute de données récentes,
tiens
ai
Dates d'arrivées des Tahitiens résidant
1963
-
1959
-
1963
14,4 %
9,1 %
8,1 %
1967
1968 - Mars 1969
Non déclaré
Ces données mettent
-
en
Nouvelle-Calédonie
1.0 %
37,5 %
29,9 %
Avant
1950
1960
en
lumière l'ancienneté du courant migratoire,
mais elles sont trop anciennes pour rendre compte des
cents. De 1969 à 1974, le solde migratoire entre les deux
sensiblement évolué, mais reste largement
excédentaire
apports ré¬
territoires a
:
Balance des mouvements migratoires entre
la Nouvelle-Calédonie et la
Polynésie
1969
+
994
1970
t
810
1971
*
723
1972
-
1973
tion.
-
246
192
(6 mois)
1974
v
119
Total (1969
1974)
t
2 208
Cet apport important de population modifie la précédente ventila¬
En 1974, on peut avancer que plus de la moitié des migrants
d'origine tahitienne est arrivée en Nouvelle-Calédonie entre 1969 et
1974. Les migrations humaines entre la Polynésie et la NouvelleCalédonie sont anciennes ; toutefois, seules les plus récentes sont à
l'origine de la croissance démographique d'une communauté tahitienne,
dont la majorité des membres résident en Nouvelle-Calédonie depuis
moins de dix
Il
-
ans.
La communauté tahitienne
:
données statistiques.
1) Les effectifs et les caractéristiques
tienne.
de la population tahi¬
population tahitienne est une composante minoritaire de la
population calédonienne. En 1974, elle comptait 6 742 personnes, soit
5,1 % de la population totale (3,3 % en 1969). Son importance relative
La
660
Société des
Études
Océaniennes
�s'est donc
A
accrue
très sensiblement
la lumière des
au cours
différents
l'évolution démographique du
groupe
apparaît ainsi
1955
1 700 personnes
1963
2 542
1969
3 346
1974
6 742
de cette période.
recensements
et
dénombrements,
:
La croissance démographique, lente et continue jusqu'en 1969, a
son rythme s'accélérer brutalement depuis cette date.
Evolution
démographique des principaux
1963
-
1969
groupes
ethniques (en %)
1969
-
1974
Accroissement
Moyenne
Accroissement
Moyenne
global
annuelle*
global
annuell e*
Tahi tiens
31,6
Wallisiens
98,4
Mél anésiens
14,4
Européens
14,2
4,68
12,10
2,27
2,25
101,5
65,0
10,3
40,5
15,04
10,58
1,99
7,04
16,3
2,55
30,9
5,53
Nouvelle-
Cal édonie
(*) Accroissement
annuel
en
retenant
vu
l'hypothèse d'une évolution
régulière.
Globalement, la population tahitienne de la Nouvelle-Calédonie a
en cinq ans. La croissance moyenne annuelle a dépassé 15 %
contre 4,68 % entre 1963 et 1969. Aucun autre groupe ethnique n'a
connu une pareille croissance au cours de cette période.
Ces résultats demandent réflexion et interprétation. En effet,
pendant longtemps, l'essentiel de la croissance démographique a eu
sa source dans les mouvements migratoires
dont les soldes ont été
largement positifs jusqu'en 1971. Après cette date, les soldes migra¬
toires s'inversent et la population continue de progresser (1) ; les
mouvements migratoires ne sont donc plus à l'heure actuelle le facteur
déterminant de la croissance démographique du groupe tahitien. Les
mouvements naturels semblent désormais prépondérants. Ce phénodoublé
(1) Estimations
1973, tableau
du Service de la
p.
Statistique. Annuaire statistique
12.
661
Société des
Études
Océaniennes
�mène n'a rien de surprenant ; les taux démographiques qui prévalent
au sein de cette population atteignent 4,42 % pour la natalité, et,
environ, 0,40 %
pour
la mortalité (2), provoquant ainsi
une
croissance
annuelle supérieure à 4 % par an.
Dans ces conditions, si les
apports de population représentent
démographique au cours de la période 19691974, la croissance naturelle représente 35 % des effectifs (30 % en
1969), ce qui est l'expression d'un remarquable dynamisme démogra¬
phique. La population tahitienne fait souche en Nouvelle-Calédonie ;
65 % de l'accroissement
un
tiers
au
moins de
ses
membres est né dans
ce
territoire. Ces
com¬
portements laissent bien augurer du développement du groupe tahitien.
Sa croissance et, donc, son avenir ne sont plus désormais liés aux
seuls mouvements migratoires, et son importance ne peut que s'ac¬
croître dans le futur. Ces changements sont, semble-t-il, liés à l'évo¬
lution des structures démographiques du groupe. Le dénombrement de
1974 ne fournit pas de renseignements sur les structures démographi¬
ques des différents groupes ethniques. Nous ne pouvons que rappeler
ici les données statistiques les plus récentes : celles du recensement
de 1969.
La structure par âge fait apparaître l'extrême jeunesse de la po¬
pulation d'origine tahitienne :
moins de 20 ans
53,0 %
20 40 ans
33,7 %
40 60 ans
12,2 %
60 ans et plus
0,9 %
Non déterminé
0,2 %
Les moins de 20 ans représentent plus de la moitié de la population
contre 45,9 % aux adultes. Ces résultats sont caractéristiques d'une
population constituée par apports migratoires. Il aurait été intéressant
de comparer cette situation avec celle de 1974. Compte tenu de l'évo¬
lution démographique depuis 1969, on peut penser que la tendance
générale va dans le sens d'un rajeunissement de la population. Lesmigrations, qui sont le plus souvent le fait des jeunes adultes, les
plus aptes à procréer, et les excédents des naissances ont contribué
à écraser la pyramide des âges et à en étaler sa base.
-
-
-
-
-
-
-
La
pyramide des âges établie pour Nouméa en 1969 présente un
une population migrante : étalement de la base,
profil normal chez
fort rétrécissement
au
sommet. Elle met
en
évidence
un
déficit de
jeunes adultes (20-30 ans) par rapport à ceux de la tranche
d'âge
supérieure (30-40 ans). Ce phénomène constitue la démonstration de
(2) M.E.S.E., p. 4-6.
662
Société des
Études
Océaniennes
�l'ancienneté du courant migratoire et son ralentissement entre 1964
et 1968. A l'heure actuelle, le profil doit être
plus régulier car les
migrations de la période 68-74 ont largement contribué à atténuer le
déficit des jeunes adultes.
En 1969, la répartition par sexe faisait apparaître une légère
prédominance du sexe masculin : 51,8 %. Le taux de masculinité (1)
de l'ensemble de la population était voisin de 101. Dans la population
de 15 ans et plus, ce taux atteignait 115, principalement en raison du
nombre important de célibataires mâles. Les hommes émigrent donc
plus que les femmes, mais l'émigration des Tahitiens vers la NouvelleCalédonie n'est pas, comme on l'a trop souvent dit, une émigration
es sortie! lement masculine. Dans le cas où le chef de famille
part
seul, sa famille le rejoint très vite.
2) La répartition géographique de la communauté tahitienne.
La communauté tahitienne est géographiquement très inégalement
répartie en Nouvelle-Calédonie (Annexe 1).
Répartition géographique de la population tahitienne
19 6 9
Nouméa
Mont Dore
Effectifs
%
2 319
69,4
10,2
1,8
1,8
9,4
3,3
2,1
0,8
1,2
339
Dumbea
61
Pai'ta
62
Thio
Canal a
313
112
Houailou
71
Poya
28
Ailleurs
41
Total
19 7 4
3 346
Effectifs
%
4 453
66,1
17,9
2,6
1,1
4,3
2,1
1,7
2,9
1,3
100
1 203
173
80
286
145
121
189
92
6 742
100
Elle est fortement concentrée dans la zone urbaine de Nouméa et
concentration s'est accentuée entre 1969 et 1974. En 1974,
cette
86,6 % des Tahitiens résidaient dans les communes urbaines de Nou¬
méa, du Mont Dore et de Dumbea, contre 81,4 % en 1969. Leur impor¬
tance relative s'y est également accrue puisqu'ils représentent désor(1) Taux de masculinité
:
nombre d'hommes pour
100 femmes.
663
Société des
Études
Océaniennes
�de la population urbaine (5,5 % en 1969). Il faut voir là
récents. En effet, la plupart
des migrants se sont installés de préférence dans la zone urbaine
(Nouméa + 92 %, le Mont Dore + 255 %) où leurs effectifs se sont
accrus de 114,3 % entre 1969 et 1974. Dans le même temps, la popu¬
lation tahitienne résidant à l'intérieur de l'île, a progressé de 45,6 %
mais 8,1 %
l'incidence des mouvements migratoires
seulement.
Cette
dernière population
est disséminée à l'intérieur de la
Nouvelle-Calédonie et ses implantations sont différentes de celles de
1969. Une concentration apparaît toutefois sur la côte Est (Thio,
Kouaoua, Poro) et
sur
la côte Ouest (Nepoui). Ces implantations sont
étroitement liées aux exploitations des gisements de- nickel et en
reflètent les aléas. Ainsi, observe-t-on une légère régression de la
population de Thio, correspondant à un ralentissement des activités
minières dans ce secteur, et une augmentation des effectifs sur les
autres centres, en particulier à Nepoui.
Cette répartition dans l'espace présente, en outre, un grand inté¬
rêt sociologique. En effet, les Tahiti ens vivant en brousse sont très
différents dans leurs comportements et leurs mentalités de ceux qui
vivent à Nouméa. Ainsi que nous pourrons le voir par la suite, l'ho¬
mogénéité du groupe est, en ce domaine, fortement altérée.
3) Les activités
socio-professionnelles.
a) Les salariés
la population active d'origine tahitienne est
composée de salariés. Leur nombre s'est fortement accru entre 1969
et 1974 (+ 160 %) alors que, dans le même temps, l'ensemble de la po¬
pulation tahitienne progressait de 101,5 %. Il existe, donc, une forte
poussée du salariat tahitien. Il représente, en 1974, 8,1 % des sala¬
riés de Nouvelle-Calédonie, contre 4 % en 1969 et 6,5 % en 1971.
L'évolution de la main-d'oeuvre salariée reflète l'histoire des
migrations tahitiennes vers la Nouvelle-Calédonie : on y retrouve les
phases mentionnées plus haut, à savoir : accroissement de 1955 à
1963, ralentissement marqué de 1964 à 1967, reprise avec accélération
du iythme de 1968 à 1974. Le fléchissement du courant migratoire
observé en 1972-1973 n'a pas ralenti la progression du salariat tahi¬
tien, alors que, dans le même temps, les effectifs de la main-d'oeuvre
salariée de Nouvelle-Calédonie stagnent et même régressent. Dès
lors, l'on peut supposer que cette progression est due, soit à la proLa majeure partie de
664
Société des
Études
Océaniennes
�Evolution de la main-d'oeuvre salariée d'origine tahitienne
(Source
:
Inspection du Travail et des Lois sociales)
Masculin
1955
1964
31.12.67
31.12.68
Total
F éminin
-
-
169
-
-
812
-
-
854
706
239
945
31.12.69
30.09.70
1 277
286
1 563
1 479
334
1 813
31.12.71
1 760
389
2 149
31.12.72
1 833
430
2 263
30.09.73
1 791
449
2 240
30.06.74
2 073
369
2 436
gression générale de l'activité (1) de la population tahitienne, soit à
la venue au salariat d'une fraction de la population ne travaillant pas
encore ou ayant des activités indépendantes, soit encore à la con¬
jonction de tous ces facteurs.
Les salariés tahitiens représentent 9,2 % du salariat masculin de
la Nouvelle-Calédonie et 85,1 % du salariat tahitien. Si le salariat
masculin a connu une progression continue et régulière, à l'inverse
le salariat féminin progresse très lentement et semble beaucoup plus
sensible aux crises. Représentant 14,9 % du salariat tahitien, il est
en
régression
par
rapport
au
salariat masculin, et,
en
1974, il est
retombé à son niveau de 1970.
La main-d'oeuvre tahitienne a toujours été recherchée sur le
marché du travail calédonien. Travailleur, habile, qualifié, le Tahitien
est souvent
préféré à d'autres travailleurs et tire le plus souvent
un
bon parti de ses qualités. La qualification professionnelle des sala¬
riés tahitiens est, en effet, meilleure que celle des salariés apparte¬
nant à d'autres
groupes ethniques, les Européens mis à part. Alors
la majorité des salariés Mélanésiens, Wallisiens et Néo-Hébridais
occupent des emplois de manoeuvre, les salariés tahitiens occupent
des emplois d'ouvriers. Ils tiennent ainsi une place privilégiée, in¬
que
termédiaire entre celle du
/,\
manoeuvre
et celle du cadre.
Population active
t—,—-—^
;—
rn—
de la populaPopulation en age de travailler
tion tahitienne était de 59,2 % en 1969.
r
,
,,
...
( 1) Le taux d activité
,
-pc
665
Société des
Études
Océaniennes
,
,
�I
Situation
AU 30 JUIN 1974
AU 30 SEPTEMBRE 1970
MO
0
13,5
Tahitiens
22,2
Mélanésiens 61,5
Wallisiens
59,5
N. Hébridais 90,5
Européens
MO
s
C
Cadres.
=
Manoeuvres
J
socio-professionnelle des salariés (en %)
;
33,1
57,7
14,3
28,7
8,4
0
=
MO
C
M
E
M
E
0
C
43,1 4,7 5,1 11,5 32,2 46,1 3,4 6,6
38,8 47,3 13,2 0,4 0,2
19,2 0,7
59,3 18,3 22,1 0,1 0,2
24,0
62,4
27,1 10,2
11,5
81,6 13,2 4,8
1.1
-
-
-
-
-
-
Ouvriers
-
-
-
-
-
E
;
L'analyse du tableau précédent
=
Employés
révèle
une
;
M
=
Maîtrise
;
sérieuse dégradation
qualification au cours des cinq dernières années. En
1970, les manoeuvres représentaient 22,2 % des salariés, mais 38,8 %
en 1974. Inversement les ouvriers n'en représentent plus que 47,3 %
contre 57,7 %. Il faut voir là l'influence des migrations récentes qui,
à l'inverse de ce qui se passait antérieurement, ont été le fait de
personnes ne bénéficiant pas d'une solide qualification profession¬
nelle. Il faut dire aussi que quelques Tahitiens pourtant qualifiés
(chauffeurs d'engins, soudeurs, maçons, électriciens etc...) ne trou¬
vent pas, par suite de la crise actuelle, les emplois auxquels ils
pourraient prétendre. Ils acceptent alors des travaux de manoeuvres
dans d'autres corps de métier.
La répartition des salariés selon les secteurs d'activité montre
une diversification de plus en plus grande, que traduit le tableau cidu niveau de
contre
être faites : le bâtiment a connu un
développement important, alors que dans le même temps le secteur
industriel régressait substantiellement. Ce phénomène reflète les
aléas d'une conjoncture économique marquée par la récession des
activités liées au nickel. Le bâtiment connaît encore une relative
prospérité car les programmes immobiliers en cours ont été, pour la
plupart, lancés au moment où la situation économique était floris¬
sante. Une crise dans ce secteur serait lourde de conséquences pour
les salariés tahitiens, et ceci d'autant plus que c'est ce secteur qui
a absorbé la plupart des migrants de la période 1969-1974.
Bien que tendant à une plus grande diversification, la maind'oeuvre salariée reste encore très concentrée dans trois secteurs
Deux constatations peuvent
principaux :
666
Société des
Études
Océaniennes
�5,4
%
27,3
37,8
9,2
666
920
225
3,3
0,6
14,3
2,1
100
1974
Efectifs
16
131
436
7,1
50,2
15,4
783
241
4,1
3,0
0,4
15,8
4,0
100
1969
7
Efectifs
47
111
64
62
248
563
1
8,6
%
dl'aacteivé Idnsp:euctio
51
2
%
(IAnmn-x'réuLdTraoesvciaslteil)
80
347
5,3
55,3
3,3
3,7
0,4
18,1
5,3
100
1964
3
Efectifs
43
43
30
27
70
5,3
%
812
147
449
35,5
59,2
-
_
-
-
-
100
1955
9
Efectifs
60
-
100
-
_
-
-
169
Sect urs (Sources
Mines
divers PTruabvlicusx libéerats Elevag
Industrie Bâetimtn Transport Profesin comerials Agricu-ltre PSeucbteluicr
-sj
CD
CD
o
a
O
t/2
VI
r*
o
CL
VI
P
S*
S
3
ffc
Divers
Total
�le bâtiment emploie 37,8 % des salariés en 1974 contre 15,4 %
-
en
1969 et 5,3 %
en
1964
;
les industries auxquelles on peut adjoindre une activité amont,
les mines, occupent 32,7 % salariés contre 50,2 % en 1969 et 55,3 %
en 1964. Le plus gros employeur de ce secteur est La Société "Le
Nickel" qui emploie 554 employés (26,7 % des salariés tahitiens) en
-
1974 et qui fut, pendant
longtemps, le plus grand débouché
main-d'oeuvre tahitienne (Annexe 2)
pour
la
;
les professions libérales et commerciales emploient 14,3 % des
salariés contre 15,8 % en 1969 et 18,1 % en 1964.
La répartition par sexe selon les secteurs d'activité fait appa¬
-
raître
une
ventilation très différente.
Masculin (%)
Bâtiment
43,2
30,4
10,5
6,1
6,0
2,2
1,6
60,8
9,1
14,4
100 %
100 %
Industries
Transport
Mines
Employés
Secteur public
Divers
Total
Féminin (%)
6,3
9,6
-
-
Si la diversification des activités est relativement
grande chez les
principaux), il n'en va pas de même chez les
En effet, le salariat féminin apparaît très concentré dans le
des employés (commerces essentiellement) puis très dilué
hommes (3 secteurs
femmes.
secteur
dans toutes les autres activités.
b) Les employeurs et
Cette fraction de la
les indépendants.
population active est très mal connue. Au
dernier recensement (1969), elle représentait 12,3 % de l'ensemble et
près de 80 % des actifs de cette catégorie occupaient des professions
ressortissant à trois secteurs d'activité : les transports (25,7 %), les
commerces (26,5 %), le bâtiment (27,2 %).
Pour appréhender la situation en 1974, il nous a semblé utile de
recourir, comme en 1971, à l'analyse du fichier des patentes ; ce
moyen nous paraît être, en effet, un bon indicateur des activités non
salariées. Le dépouillement de ce fichier n'est pas exhaustif car il
n'a porté que sur les communes regroupant l'essentiel de la popula668
Société des
Études
Océaniennes
�étant
tion tahitienne (1). En outre, ce fichier
en
pleine réorganisation,
patentes
le temps
il n'a pas été possible de déterminer la date à laquelle les
ont été délivrées et, de ce fait, de suivre une évolution dans
des activités soumises à la délivrance d'une patente.
1971, le nombre des patentes délivrées aux Tahitiens se
atteignait à 609 mais 3 communes supplé¬
mentaires ont été prises en compte
En
montait à 259. En 1974, il
Patentés tahitiens
(Source
:
Fichier des patentes
-
:
Service des Affaires Economiques)
Juillet 1974
Mars 1971
Nombre de patentes
%
Nombre de patentes
%
163
63,0
14,6
406
9
66,6
18,4
3,1
5,9
1,5
3,0
1,5
609
100 %
Nouméa
Mont Dore
38
Dumbea
44
Thio
14
Canal a
Houailou
Poya
17,9
5,4
-
-
-
-
259
Total
19
-
-
112
36
9
18
100 %
augmentation de 135 % pour l'ensemble, et
117,3 % si l'on reprend les mêmes communes qu'en 1971. Les activi¬
tés indépendantes ont donc plus que doublé en trois ans. Cette crois¬
sance est à mettre en rapport avec la croissance démographique de la
communauté tahitienne, mais elle a d'autres causes. Il arrive souvent
que certains patentés soient en fait des salariés déguisés, ou des
salariés voulant se réserver le droit d'effectuer, en dehors de leurs
activités normales, quelques travaux de tacheronnage. Ceci explique,
en particulier, le nombre élevé de patentes délivrées à des ouvriers
spécialisés non-entrepreneurs. Nous pensons en outre qu'il faut voir
dans cette augmentation des patentes, une réaction des Tahitiens aux
aléas de la conjoncture économique. La récession économique les a
conduit à rechercher des activités, souvent secondaires, dans les¬
quelles l'esprit d'entreprise, le dynamisme, et la débrouillardise peu¬
vent donner nature à profit et apporter un supplément de gain.
On observe donc
une
(1) Il s'agit des communes de Nouméa, le Mont Dore,
Canal a, Houailou et Poya où résident 97,5 % de la
hitienne.
669
Société des
Études
Océaniennes
Dumbea, Thio,
population ta¬
�(Source
:
Répartition des patentes par secteurs d'activité
Fichier des patentes - Service des Affaires Economiques)
Juillet 1974
Mars 1971
Nombre de patentes
%
Nombre de patentes
%
99
38,3
25,5
23,2
11,9
1,1
106
25
17,4
32,2
31,8
14,5
4,1
100 %
609
100 %
Transport
Bâtiment
66
Commerce
60
Services
Divers
31
3
259
Total
196
194
88
le secteur des transports (loueur de voiture, contracteur
Dans
mine, roulage) le nombre des patentés s'est maintenu, ce qui cor¬
respond, en fait, à une forte régression, du moins en valeur relative.
Ce secteur, qui est étroitement dépendant des activités minières, n'a
pas connu le développement des autres secteurs. En poussant cette
ventilation plus loin, on observe une diversification accrue des
activités. Cette diversification est très grande à Nouméa où l'on dé¬
nombre plus de 60 catégories de patentes (30 catégories en 1971) con¬
tre 28 au Mont Dore et moins de 10 ailleurs. Dans les centres miniers,
sur
plupart des patentes concernent des activités liées à la mine ;
zone urbaine, les activités sont plus diversifiées. L'activité
féminine, qui y est plus grande qu'en brousse, facilite cette diversifi¬
cation et représente bien souvent une deuxième activité du ménage.
La répartition des patentes en fonction des groupes ethniques
la
dans la
fait
apparaître
une
spécialisation à l'intérieur des
Ventilation des
(Source
:
patentés selon le
Fichier des Patentes
-
ethnique
Juillet 1974
Effectifs
%
Effectifs
%
168
64,8
23,6
11,6
363
163
59,7
13,6
26,7
100 %
609
100 %
Demis
61
Chinois
30
Total
groupe
Service des Affaires Economiques)
Mars 1971
Polynésiens
groupes
259
83
670
Société des
Études Océaniennes
�Les
Tahitiens
d'origine chinoise concentrent leurs activités
urbaine. Leur nombre a fortement augmenté depuis 1971
et ils détiennent maintenant 26,7 % des patentes. Il semble que leur
dans la
zone
arrivée
en
Nouvelle-Calédonie ait été plus tardive que celles des
généralement au commerce (marchan¬
générales, marchands ambulants, restauration), ce qui a néces¬
sité, de leur part, un investissement important pour le rachat ou, le
plus souvent, la création des fonds de commerce. Leur habileté com¬
merciale, ajoutée à leurs grandes capacités de travail, leur ont permis
de s'installer avec succès. Les "chinoises" s'adonnent à la couture,
à la maison ou en magasin, ou tiennent des commerces d'articles de
autres Tahitiens. Ils s'adonnent
dises
confection et de mode féminine.
"Demis", du moins, quand on peut les identifier avec préci¬
tels, détiennent 13,6 % des patentes et ils sont spéciali¬
sés dans quelques activités (entreprise de roulage, entreprise de ma¬
çonnerie etc...) qui nécessitent, au départ, un gros investissement en
matériel. C'est ce groupe qui a les plus grandes difficultés à suppor¬
ter la crise actuelle. Leur mentalité d'entrepreneur les avait conduit à
développer leurs entreprises en recourant au maximum au crédit.
Certains ont dû vendre une partie de leur matériel ou entreprendre une
reconversion. Un entrepreneur est même rentré à Tahiti avec tous ses
Les
sion
comme
camions.
spécialisation des Tahitiens d'origine polynésienne est moins
grande et leurs activités ne nécessitent pas, dans la majorité des
cas, l'emploi d'un capital initial important. Leur nombre a fortement
augmenté depuis 1971, même si leur importance relative, comme celle
des Demis, a diminué. Plusieurs causes expliquent ce phénomène.
D'abord, la présence en Nouvelle-Calédonie d'une communauté poly¬
nésienne plus nombreuse. Ensuite, comme cela a été dit plus haut, le
La
certains patentés sont, en fait, des salariés. Dans le roulage
particulier, certains patentés occupent des emplois de chauffeurs
et peuvent avoir une part sur le camion ; les gains sont alors fonction
du travail et du rapport du camion. Il y a là une forme d'association
qui présente un caractère original et que l'on peut également rencon¬
trer dans d'autres professions. Le bâtiment est de celles-là, d'où le
nombre élevé d'ouvriers du bâtiment possédant une patente de nonentrepreneur ; ils sont parfois des associés, à parts inégales, d'entre¬
preneurs déclarés comme tels. Ainsi, par exemple, dans le cas d'une
entreprise de maçonnerie dans laquelle travaillent cinq membres de la
famille de l'entrepreneur, chacun possède une patente mais est, en
fait, le salarié de l'entrepreneur.
Enfin, l'augmentation du nombre des patentés relève d'une adap¬
tation à la crise économique. Certains salariés se prémunissent d'une
fait que
en
671
Société des
Études Océaniennes
�perte éventuelle d'emploi en prenant une patente qui, le cas échéant,
leur permettra d'exercer une activité indépendante régulière ou occa¬
sionnelle.
nombre des patentés est à rapprocher de
Cette augmentation du
celle des salariés. En valeur relative, la population active a progres¬
plus que la population tahitienne dans son ensemble. Ce
être obtenu que par un accroissement de l'emploi et
une progression de l'activité. Il est l'expression des remarquables
facultés d'adaptation des Tahitiens à la vie économique de la
sé beaucoup
résultat n'a pu
Nouvelle-Calédonie.
4) Les
revenus
et les achats fonciers.
tahitien occupe une "position charnière" dans la vie
de
la Nouvelle-Calédonie. Il se situe entre celui des
économique
Européens, groupe économiquement dominant, et les autres groupes
ethniques, groupes économiquement défavorisés. Cette position, due
à leur meilleure qualification professionnelle ou à leur esprit d'entre¬
prise, lui assure des revenus monétaires intéressants.
L'éventail des revenus n'est pas connu avec précision. Nous
pensons cependant que, chez les Tahiti ois, il doit être très largement
ouvert. Bien qu'il n'existe pas de Tahitiens à la tête d'une grosse
fortune, certains commerçants ou entrepreneurs, s'assurent des reve¬
nus importants. A l'inverse, certains ont des revenus si faibles que
l'on peut se demander où est leur intérêt: rester en Nouvelle-Calédonie
ou au contraire retourner en Polynésie. Mais peuvent-ils envisager et
entreprendre un départ ?
Le groupe
En
1968,
une
enquête de la Mission d'Etudes Socio-Economiques
(M.E.S.E.) avait évalué les
revenus
moyens
annuels des Tahitiens de
Nouméa à 542 000 FCP contre 745 000 FCP pour les Européens,
429 000 FCP pour les Wallisiens et 378 000 FCP pour les Mélané¬
siens. Depuis cette date, les revenus des ménages ont connu une
évolution, ne serait-ce que sous l'influence de l'inflation. Une nou¬
velle enquête sur les budgets familiaux et les revenus s'imposerait
donc. Il est prévisible que ses résultats seraient comparables à ceux
de 1968 sur un point tout au moins : l'écart des revenus entre les
différents groupes ethniques, et la place enviable occupée par le
groupe tahitien dans cette répartition. Un sondage portant sur 142
familles tahitiennes résidant dans les cités de la S.I.C.N.C. (cités
Lenquette,
revenus
-
-
-
Tindu, Saint-Quentin) fait apparaître la fourchette de
suivante
:
moins de 50 000 F/mois
36,7 %
42,2 %
21,1 %
50 000 à 70 000 F/mois
plus de 70 000 F/mois
672
Société des
Études Océaniennes
�Les recoupements que l'on peut établir à partir de sources différentes
confirment cette répartition. Dans le bâtiment, secteur qui occupe un
grand nombre de salariés, un manoeuvre gagne environ 40 000 F par
mois, un ouvrier 50 000 F, un ouvrier spécialisé 60 000 F ; salaires
auxquels il convient d'ajouter les prestations sociales (allocations
familiales) et, éventuellement, les avantages en nature (logement et
transport gratuits).
Comme la plupart des migrants, les Tahiti ens sont venus en
Nouvelle-Calédonie pour gagner de l'argent et accéder à une vie
qu'ils fassent une part à l'épargne, ils
dépensent largement dans le territoire. Dépenses courantes et obliga¬
toires mises à part, ils font une grande consommation de biens dura¬
matérielle plus facile. Bien
bles et
d'équipement
pour
l'achat desquels ils recourent généralement
payeurs, les organismes de
prêts nécessaires à l'achat des
véhicules, des biens d'équipement ménager, voire de biens d'équipe¬
au
crédit.
Considérés
comme
de bons
crédit leur consentent facilement des
ment
industriel
ou
commercial.
Il existe cependant une autre
catégorie d'achats, plus importants
plus significatifs quant au comportement du groupe. Il s'agit des
achats fonciers qui sont un bon indicateur de la position socioéconomique du groupe. Pour cette raison, nous avons procédé à un
relevé des achats fonciers effectués par les Tahiti ens en NouvelleCalédonie entre 1960 et 1974 (1).
et
Le nombre des achats
fonciers est resté stationnaire pendant
longtemps puis s'est brutalement accru en 1970. Ces achats sont
effectués par des Tahiti ens résidant en Nouvelle-Calédonie. Toute¬
fois, à partir de 1970, on a observé un nombre important d'achats ef¬
fectués depuis Tahiti par des Tahitiens non résidents (2).
(1) Certains Tahitiens achètent "sans voir" depuis Tahiti par
l'inter¬
médiaire des cabinets d'affaires. Dans l'autre sens, des démarcheurs visitent
et leur
régulièrement les Tahitiens de Nouvelle-Calédonie
proposent des achats à Tahiti.
(2) Le relevé des mutations foncières
Service de
a
été fait
sur
les registres du
l'Enregistrement, des Domaines et des Hypothèques.
Comme pour les patentes, aucune indication ethnique n'est fournie.
Le repérage a été effectué au moyen des patronymes ; cela ne pose
guère de problème pour les personnes d'origine polynésienne mais
est plus délicat pour les Demis à noms fiançais ou anglo-saxons
et pour les Chinois dont les noms ont été francisés après naturali¬
sation. Malgré les vérifications faites, le relevé des mutations,
comme celui des patentes, ne peut être rigoureusement exhaustif.
Les valeurs indiquées sont des valeurs minimales.
673
Société des
Études
Océaniennes
�Mutations foncières effectuées
par
Année
en
Nouvelle-Calédonie
les Tahitiens (1960 à juin 1974)
Superficie (m2)
Nombre
1974
21
61 863
1973
36
162 116
1972
56
77 602
1971
1970
103
49
600 212
328 789
1969
19
40 416
1968
15
55 489
1967
19
42 451
1966
19
47 496
1965
19
65 674
1964
9
50 510
1963
4
18 634
1962
5
5 879
1961
2
2 261
1960
2
3 801
Ces achats correspondent à un but pratique (accession à la pro¬
priété) mais ils revêtent, également, un aspect spéculatif. Cela est
surtout vrai pour les non-résidents, mais aussi pour ceux qui habitent
1
e
territoire.
La plus
la périphérie
banlieue Est
terrains sont
grande partie des achats porte sur des terrains situés à
de la ville : Ducos (9,7 %), quartiers Nord (20,4 %), la
(51,1 %), où réside la majorité des Tahitiens et où les
relativement bon marché. Pour certains, les acquisitions
sont faites pour des résidences secondaires, en particulier vers le
Mont Dore, Robinson, Plum. Les transactions portant sur des terrains
ou des constructions situées en ville sont beaucoup plus rares. Ces
achats, très onéreux, ne sont pas toujours à la portée des Tahitiens
de Nouvelle-Calédonie (8,2 % des transactions mais 24,6 % du montant
de transactions). Ils sont le fait des Tahitiens non-résidents et sont
l'expression de placement à caractère spéculatif.
1970 et 1971 ont vu les achats progresser très fortement. Ceci
correspond aux années de prospérité économique de la NouvelleCalédonie, au cours desquelles l'importante majoration des revenus
a amplifié les placements immobiliers. La crise économique de 1972
les a ensuite ramené à un niveau plus modeste. La valeur globale des
investissements fonciers est très élevée
:
320 millions
674
Société des
Études
Océaniennes
en
15
ans
dont
�Les transactions foncières effectuées
par
Localisation
Nombre de
des achats
en
Nouvelle-Calédonie
les Tahitiens (1960-Juin 1974)
Superficies
transactions concernées (en m2)
Montant des
transactions (5)
millions FCP
en
-
-
Ducos
37
9,7
62 521
4,0
16,4
5,1
31
8,2
21 126
1,4
78,6
24,6
(Quartiers Nord)
77
20
20,4
5,3
51,1
5,3
103 402
Banlieue Nord (2)
6,6
14,8
50,3
22,9
72,9
13,9
122,8
15,2
22,8
4,4
38,4
4,7
1 563 193 100 %
319,8
100 %
Nouméa
(Sud, Est, Centre)
-
-
-
-
Nouméa (1)
193
Banlieue Est (3)
Ailleurs (4)
20
Total
378 100 %
231 770
786 852
357 522
(1) Nouméa (quartiers Nord) : 4è km, 6è km, 7è km, Montagne Coupe,
lOè km, lié km.
(2) Banlieue Nord : Tonghoui, Dumbea.
(3) Banlieue Est : le Mont Dore (Pont des Français, Yahoué, Auteuil,
La Conception, Robinson, Plum.
(4) Ailleurs : reste de la Nouvelle-Calédonie.
(5) Le montant des transactions n'est donné qu'à titre indicatif, les
prix ayant fortement varié entre 1960 et 1974.
240 millions pour les trois dernières années.
A ces transactions effectuées en Nouvelle-Calédonie, il faudrait
ajouter celles qui ont été effectuées
en
Polynésie
par
les Tahitiens
de Nouvelle-Calédonie. Pour les années 1970-1973, 143 transactions
ont été enregistrées (1) :
44 transactions concernaient des ventes de terre ou de droits
indivis ;
-99 transactions dont 45 pour la seule année de 1971 concer¬
naient des achats de terre.
-
Ces achats obéissent à
acheteurs
:
assurer
la
une
double préoccupation de la part des
possibilité d'une installation à Tahiti
en cas
de retour, tout en effectuant un placement de leur argent. La plupart
de ces achats sont localisés dans le Tahiti rural : Papara, Taravao,
(l)Les observations
Faaa et Pirae et
ne
ne
portent
pas
sont données
sur'les communes de Papeete,
qu'à titre indicatif.
675
Société des
Études
Océaniennes
�presqu'île et sont, très souvent, effectués dans le cadre des lotisse¬
ments
existants. Peu de transactions concernent les autres îles et,
quand il
y en a,
il s'agit davantage de ventes de terres
de droits
ou
indivis que d'achats. Ceci tendrait à prouver que les Tahiti ens de
Nouvelle-Calédonie prévoient volontiers une installation à Tahiti
plutôt
dans leur île d'origine.
qu'en matière d'achats fonciers, la communauté
tahitienne soit assez partagée ; certains, les plus nombreux, achètent
en Nouvelle-Calédonie, d'autres en Polynésie. Ces choix
impliquentIl
que
semble donc
ils une décision de fixation définitive ou de retour à terme ? Nous ne
le pensons pas, car ces choix sont révisables à tout moment Certes,
l'achat d'une terre, surtout s'il est suivi par la construction d'un
logement, peut constituer la première phase d'un
processus
de
fixation.
En fait, dans la majorité des cas, il semble que l'achat
foncier soit l'expression d'un comportement sociologique et économi¬
que.
Acheter
terre est le but de tous les Tahiti ens, car cet acte
une
est la manifestation d'une réussite sociale et
économique. Il permet,
outre, de sauvegarder la valeur de l'épargne tout en facilitant la
solution du problème du logement. Pour ces raisons, la valeur écono¬
en
mique des investissements fonciers est très importante (1). Elle rend
compte de l'intérêt que le Tahiti en porte aux affaires foncières et
d'une position socio-économique privilégiée qui permet au groupe de
se constituer un très important patrimoine foncier.
ill
-
L'émigration
:
modalités et problèmes.
la Nouvelle-Calédonie n'est qu'un des aspects
géographique qui affecte la population de
la Polynésie. Mais pourquoi cette émigration vers un autre territoire ?
Avant 1960, la circulation des hommes donnait naissance à des
migrations de type circulaire, qui après un temps plus ou moins long,
ramenaient les migrants dans leurs îles d'origine. Cette circulation
était en effet liée aux activités du secteur primairelagriculture, pêche,
exploitation minière) et revêtait un caractère temporaire ou saisonnier.
Après 1960, des types et des flux migratoires nouveaux appa¬
raissent, liés aux secteurs secondaires et tertiaires. Avec l'implantaL'émigration
vers
du problème de la mobilité
(1) Ces investissements ont atteint 60 millions de francs CP
nésie
la période 1970-1973 et 240 millions
Calédonie pour la période 1971-1973.
pour
676
Société des
Études
Océaniennes
en
en
Poly¬
Nouvelle-
�tion du C.E.P. (1)
Polynésie, les grands travaux entrepris à Tahiti
en
les sites des Tuamotu, demandent une main-d'oeuvre qu'il faut
aller chercher dans les îles. L'équipement des sites donne naissance
et
sur
à des migrations organisées de type circulaire. Les travailleurs sont
recrutés dans les îles et transportés à Hao, Moruroa, Fangataufa, aux
Gambier. Sans
qualification au départ, ils apprennent sur le tas un
à l'issue de leur contrat, ils sont ramenés dans
les îles où les salaires, injectés dans l'économie locale, servent à la
métier bien payé puis,
satisfaction de besoins
nouveaux
dont certains traduisent des compor¬
de l'évolution des structures
tements ostentatoires mais révélateurs
économiques insulaires.
Cette
mobilisation de main-d'oeuvre
se
fait
détriment des
au
activités
traditionnelles
nouveaux
modèles de consommation dont l'introduction dans les îles
a
été facilitée par le
qui
ne
sont pas
en mesure
développement du salariat. Dans
de soutenir de
ces
conditions,
le ralentissement, voire la fin des travaux sur les "sites" (2), désa¬
morce les migrations circulaires et précipite les migrations vers la
ville, qui apparaît alors
comme
le seul lieu où existe
un
marché du
travail salarié assez important et ouvert pour accueillir des travail¬
leurs bénéficiant d'une qualification et d'une expérience profession¬
nelles
nouvellement acquises.
L'évolution économique et sociale
n'est pas identique dans tout le territoire et un déséquilibre de plus
en plus grand s'établit entre Papeete, et les îles. L'écart des modes
et des genres de vie s'accentue entre le pôle tahitien et les archipels
périphériques. La pression démographique, qui est à peu près égale
partout en Polynésie, devient de ce fait de plus en plus déterminante
dans les îles les plus éloignées et les plus pauvres. De cette façon,
des migrations durables et urbaines s'organisent vers les régions
économiquement fortes (Papeete, Nouméa) où le travail est abondant.
L'émigration vers la Nouvelle-Calédonie obéit au même proces¬
sus que l'émigration vers Papeete. Elle est justifiée par une nécessi¬
té économique, par la recherche d'un travail salarié ou non, généra¬
teur d'un genre de vie calqué sur celui des sociétés de consommation,
et dans lequel l'argent joue un grand rôle. Aucun frein administratif
ou politique ne peut l'entraver car la Nouvelle-Calédonie est un terri¬
toire français dans lequel le migrant tahitien a le même statut politi¬
que et juridique qu'en Polynésie. Encouragée par le territoire, parfois
organisée par les entreprises, l'émigration ne présente donc aucune
(1) Centre
d'Expérimentations du Pacifique.
(2) Les "sites" sont les atolls des Tuamotu
sur
lesquels ont lieu les
expérimentations atomiques.
677
Société des
Études
Océaniennes
�difficulté pour des personnes désireuses de voyager, d'aller ailleurs,
alléchées par une publicité parfois trompeuse, faite par des parents ou
déjà installés qui promettent des gains importants et une
facile. Les raisons économiques et psychologiques
sont les moteurs d'une émigration dont l'amplitude a augmenté lorsque
le travail est devenu difficile à Papeete et abondant en Nouvelledes amis
vie matérielle plus
Calédonie.
1) Les modalités de l'émigration.
de foyer d'émigration privilégié en Polynésie. A
l'origine, les îles du Vent, les îles Sous le Vent et les îles Australes
(Rurutu en particulier) fournissaient l'essentiel de la population mi¬
grante. Les migrations étaient alors modérées et concernaient une
main-d'oeuvre qualifiée, très souvent formée à Makatea ou à Papeete.
Dans les années 1968-1971, l'aire migratoire s'est élargie vers les
Tuamotu et les Marquises, si bien qu'à l'heure actuelle, tous les
archipels sont représentés au sein de la communauté tahitienne de
Il n'existe pas
Nouvel 1 &-Cal édoni e.
qu'elles sont spontanées ou organisées, les migrations
différents. Les migrations organisées
ne sont pas rares. Elles se sont produites au cours de périodes de
forte activité économique au cours desquelles la main-d'oeuvre man¬
quait en Nouvelle-Calédonie. Les entreprises calédoniennes (nickel,
travaux publics et bâtiment) ont alors engagé par contrat les travail¬
leurs intéressés. Ces contrats présentaient des avantages pour les
deux parties contractantes : les travailleurs minimisaient les risques
(voyage payé, travail et parfois logement assurés) et les employeurs
s'attachaient une main-d'oeuvre abondamment sollicitée par la concur¬
rence dès son arrivée à Nouméa. La plupart des migrants sous con¬
trats étaient originaires des îles (îles Sous-le-Vent en particulier)
et leurs départs s'effectuaient en groupe mais sans les familles (1).
Le lieu de travail pouvait ne pas être Nouméa mais au contraire l'un
des centres miniers de l'intérieur (Nepoui, Poro, Kouaoua, Thio). La
vie y est fort différente de celle de Nouméa, moins attrayante, si bien
que certains employeurs pensent qu'elle convient mieux aux ruraux.
Avec la crise économique et la surabondance de la main-d'oeuvre, ce
type de migration a cessé et rares sont les contrats signés en Polyné¬
Selon
revêtent alors des aspects très
sie.
(1) On peut également classer dans cette catégorie, les Tahitiens qui,
résident aux Nouvelles-Hébrides (Forari) se sont vus proposer des
contrats de travail pour les centres miniers de Nouvelle-Calédonie
par
la Société Le Nickel (S.L.N.).
678
Société des
Études
Océaniennes
�Dans leur majorité, les migrations tahitiennes sont des migrations
spontanées. 80 % au moins des départs se faisaient sans contrat et
les migrants s'occupaient eux-mêmes, par l'intermédiaire de parents
ou d'amis déjà installés, de trouver un emploi. Les frais de
voyage
étaient couverts par les économies ou le plus souvent avancés par la
famille.
Les départs depuis les îles d'origine (Tahiti mis à part) ne re¬
présentaient qu'une minorité de cas et étaient à mettre en relation
avec les migrations organisées. En fait, la plupart des migrants ont
transité par Papeete, qui joue ainsi un rôle de ville-relais, où ils ont
vécu plusieurs mois, voire quelques années. Dans 75 % des cas, le
chef de famille est
parti seul pour régler les problèmes d'emploi et de
logement. Dès qu'il a pu réunir l'argent du voyage, environ six mois
après, il a fait venir sa famille.
Le mécanisme des migrations tahitiennes vers la NouvelleCalédonie est un mécanisme qui ne présente pas une très grande com¬
plexité. Son fonctionnement est maintenant bien réglé, et ne déroute
guère les candidats au départ. A l'heure actuelle, les courants migra¬
toires n'atteignent pas une grande ampleur et les mouvements de po¬
pulation enregistrés entre les deux territoires relèvent beaucoup plus
des relations familiales que d'une émigration.
2) Les problèmes posés par l'émigration.
Les problèmes auxquels se heurtent les Tahitiens de NouvelleCalédonie sont nombreux et tous ne peuvent recevoir une solution. Les
difficultés les plus souvent mises en avant par les personnes interro¬
gées sont les suivantes :
1971
1974
Cherté de la vie
78 %
98 %
Nostalgie du
Logement
70 %
pays
Travail
On constate donc
une
44 %
30 %
63 %
évolution entre 1971 et 1974
à l'évolution de la situation
fait
74 %
53 %
l'échantillon des
au
cours
qui tient, certes,
de la période, mais aussi, au
interrogées a été élargi aux
problèmes sont différents.
La cherté de la vie est un phénomène général, lié à l'inflation
mondiale et qui affecte toute la population. Peut-être, les Tahitiens y
sont-ils plus sensibles que les autres groupes ethniques, car elle
affecte leur capacité d'épargne et ceci au moment où les revenus
augmentent peu (diminution des heures supplémentaires) et où le
travail devient plus rare. Ce fait explique-t-il qu'un plus grand nombre
de Tahitiens aient la nostalgie de la Polynésie ? Peut-être, mais
que
personnes
centres miniers de l'intérieur où les
679
Société des
Études
Océaniennes
�gardons-nous de toute extrapolation abusive.
Les problèmes les plus importants restent, tout de même, ceux
du travail et du logement. Si l'insertion des Tahitiens est bonne au
plan du travail, elle reste médiocre au plan du logement
En 1971, le niveau de l'emploi était tel que tout Tahitien qui le
désirait trouvait facilement un emploi. Toutefois, certains se plai¬
gnaient des conditions de travail, différentes de celles de la Polyné¬
sie, et, pour lesquelles, une adaptation plus ou moins longue était
nécessaire. En 1974, les conditions de travail semblent avoir été
parfaitement assimilées ; par contre, l'emploi est préoccupant. La
stagnation économique a entraîné une diminution du niveau de l'em¬
ploi : les entrepreneurs du transport (roulage) ou du bâtiment tra¬
vaillent au ralenti,les mesures de licenciements touchent les salariés.
Au cours du troisième trimestre de 1973, 87 Tahitiens ont fait une
demande d'emploi auprès de la COFREMI pour aller travailler à
Koumac : 35 de ces demandeurs étaient des chômeurs, les autres
avaient une activité mais n'occupaient pas l'emploi correspondant à
leur spécialité. De janvier à juillet 1974, 160 Tahitiens (soit 20 à 30
par mois) ont été demandeurs d'emploi à l'Office de la Main-d'Oeuvre,
et la plupart de ces demandes n'ont pas été satisfaites.
Aux chômeurs officiellement recensés, il convient d'ajouter les
travailleurs privés de leurs emplois et qui se "débrouillent", soit en
effectuant du tacheronnage, d'où l'intérêt de posséder une patente,
soit en travaillant, en dehors de leur spécialité, à des tâches de
manoeuvres mal rémunérées. Les professions les plus touchées sont
celles du bâtiment (tous les corps de métier), des transports (chauf¬
feurs), du génie civil (conducteurs d'engins) et celle des employés
(bureaux, commerce) où les femmes prédominent Certaines, qui n'a¬
vaient pas jusqu'ici d'activités régulières, se mettent en quête de
travail afin d'augmenter les revenus du ménage. Leurs qualifications
sont souvent inexistantes, ce qui les amène à postuler des emplois
de femmes de ménage ou de serveuses.
D'une façon générale, il semble que l'emploi en milieu tahitien
connaisse quelques difficultés et se soit dégradé depuis 1971. Ceci
explique les retours de 1972 et de 1973. Toutefois, la position des
Tahitiens sur le marché du travail reste bonne, et, en tous cas, plus
satisfaisante que celle des autres groupes ethniques.
A
ces inquiétudes immédiates, viennent s'ajouter celles qui ont
provoquées par la déclaration de l'Assemblée territoriale du
30 juin 1974 '(Annexe 3). Cette déclaration était en fait "une propo¬
été
tendant au rapatriement des personnes non originaires
qui ne peuvent justifier d'un emploi stable". Cette
proposition n'a pas encore été suivie d'effets, mais elle a inquiété
sition de
du
voeu
Territoire
680
Société des
Études
Océaniennes
�plus d'un Tahitien, en particulier les chômeurs, mais aussi, ceux qui
sentent leur emploi menacé. Outre la crainte de se voir refoulés en
Polynésie, certains voient dans cette proposition une mesure de
défiance à leur égard et un geste inamical qui constitue une menace
quant à leur installation en Nouvelle-Calédonie. D'autres pensent que
cette proposition ne les vise pas directement et fondent leur augmen¬
tation sur les liens politiques qui unissent les députés Pidjot et
Sandford, et qu'ils interprètent comme une garantie quant à leur pré¬
sence
dans
ce
territoire.
Sans être mauvaise, la situation de
l'emploi est préoccupante et
inquiétudes contribuent à entretenir une certaine morosité. De
fait, nous n'avons pas retrouvé en 1974 ce climat d'euphorie, certes
générale, qui régnait en 1971 ; beaucoup de Tahitiens se déclarent
soucieux et réservés quant à leur avenir, mais peut-être cèdent-ils à
un pessimisme assez général dans le territoire. Quoiqu'il en soit, le
travail constitue en 1974 une préoccupation plus grande qu'en 1971. A
cette époque, le problème le plus important était le logement et non
le travail. Actuellement, les priorités sont inversées.
Le problème du logement n'est toujours pas réglé en 1974 mais il
a trouvé un commencement de solution. Il n'est plus aussi aigu, sauf
pour les catégories économiquement défavorisées qui ne peuvent pas
ces
le régler seules. La réalisation de nombreux programmes immobiliers
a contribué à desserrer le marché. Les logements sont faciles à trou¬
(ils sont même excédentaires) et les loyers, bien
ver
qu'élevés,
ne
plus aussi prohibitifs. De nombreux Tahitiens ont acheté des
terrains et construit des maisons. Si l'on y ajoute ceux dont le logement est fourni par les employeurs (1), on comprend mieux pourquoi le
logement n'est un problème que pour 44 % des personnes interrogées
sont
contre 53 %
Il
en
reste
1971.
encore
beaucoup de mal-logés, soit
parce
qu'ils
ne
peuvent pas faire face aux loyers, soit parce qu'ils ne veulent pas
quitter leur domicile actuel et, malgré les nuisances, préfèrent rester
à proximité de leur lieu de travail. Aussi, après 15 ou 20 ans de pré¬
sence
en Nouvelle-Calédonie, nombreux sont ceux qui n'ont pas
encore trouvé une solution satisfaisante au problème du logement. Une
politique de logements sociaux a été mise sur pied, mais il ne semble
pas que le Fonds Social de l'Habitat, qui en assure sa réalisation,
soit en mesure de faire face à la demande. Trop peu de logements
sociaux sont créés, et après leur répartition en fonction des groupes
(1) C'est surtout le
cas des Tahitiens résidant dans les centres mi¬
Nouméa, c'est plus rare, encore que quelques entreprises
assurait le logement de leurs employés.
niers. A
681
Société des
Études
Océaniennes
�ethniques,
peu nombreux sont les Tahiti ens qui ont pu y accéder. Les
conditions d'attribution (5 ans de salariat et 5 ans de présence dans
le territoire) et les prix constituent des obstacles pour ceux qui sont
arrivés depuis peu ou qui ne jouissent pas de revenus importants (1).
recours à des méthodes de constructions industrielles pourrait en¬
traîner un abaissement des coûts (2). De même la participation des
Le
intéressés
travaux de montage ou de finition, ce qui ne présente
de grandes difficultés pour des travailleurs dont beaucoup occu¬
pent un emploi dans le bâtiment, et la technique des logements
évolutifs iraient dans le même sens et pourraient permettre à un plus
grand nombre de régler ce problème.
Lors du recensement de 1969, l'enquête sur le logement des
ménages Tahitiens donnait les résultats suivants :
aux
pas
Résidences principales par commune, et selon la modalité
de jouissance (mars 1969) (en %)
Nouvelle
Calédonie
-
-
-
-
Nouméa
Mont
Dore
Centres
miniers
Propriétaire ou co¬
propriétaire du logement
20,1
13,7
67,4
13,6
Locataire
59,6
16,8
2,8
72,5
10,8
2,5
19,2
3,8
5,8
25,4
55,3
3,4
0,7
0,5
3,8
100 %
100 %
Logé
Logé
par
par
l'employeur
des parents
ou amis
-
Non déterminé
100 %
Total
Ces données sont
.
2,3
100 %
anciennes et depuis
lors, la communauté
toutefois nous pensons que les tendan¬
ces de 1969 sont très voisines en 1974, à savoir que
la plus grande
partie des ménages vit dans des logements de location (surtout à
Nouméa), sauf dans les centres miniers où le logement est fourni par
l'employeur, et au Mont Dore où les propriétaires de logements prédo¬
tahitienne
a
plus
que
assez
doublé
;
minent (3).
(1) Une villa de type F 4 sur un terrain de 5 ares revient à 3 065 000 F
soit 100 000 F d'apport personne] et 180 mensualités de 27 128 F
682
Société des
Études
Océaniennes
�La cohabitation gratuite ou payante chez des parents ou des
encore très importante : 27 % des candidats à un logement
amis est
du Fonds Social de l'Habitat étaient dans ce cas.
Certains habitants,
à des bidonvilles dans
lesquels l'entassement des familles et donc la promiscuité constituent
des conditions de vie détestables. Dès lors, on comprend mieux les
efforts de certains pour acquérir terrains et logements, même s'il faut
recourir pour cela à un endettement supérieur à 10 ans. En juillet
1974, 239 Tahitiens étaient emprunteurs à la Société Immobilière et
du Crédit de la Nouvelle-Calédonie (SICNC) pour des opérations
à Ducos
ou au
Val Rolda, ressemblent fort
immobilières.
Le problème du logement constitue encore une des principales
difficultés auxquelles les Tahitiens ont à faire face lors de leur
installation
en
Nouvelle-Calédonie. Il amène à poser un
plus général qui est celui des
problème
migrations et des structures d'accueil.
migrations, parce qu'elles sont spontanées et incontrôlées
butent sur le problème des structures d'accueil nécessaires à la bonne
insertion du migrant à la vie professionnelle, sociale du territoire. De
même le passage brutal d'une vie rurale à une vie urbaine provoque
bien des difficultés. Le migrant doit régler chacun de ses problèmes
seul ou par l'intermédiaire du groupe.
La nomination auprès du Haut-Commissaire, d'un conseiller
technique pour les affaires tahitiennes et wallisiennes a largement
amélioré la situation. Pourtant, tous n'ont pas encore trouvé le chemin
de ce service qui s'applique à conseiller utilement et à résoudre la
plupart des problèmes. Ceux-ci sont nombreux : problèmes administra¬
tifs de toutes sortes, problèmes touchant au Code du travail tels que
salaires insuffisants ou impayés, droits aux congés, inscriptions à la
CAFAT, mais aussi problèmes nés des abandons de foyers, du nonpaiement des pensions alimentaires, problèmes judiciaires etc... La
liste en est longue ; elle n'est pas spécifique à la communauté tahi-
De telles
(2) Une étude de la Société Le Nickel (SLN) réalisée au cours du pre¬
mier semestre de l'année 1974 concluait à la possibilité de fabri¬
quer en
matériel préfabriqué,
un
pavillon de type F 5
pour
le prix
dépenses de complément étaient estimées à
1 500 000 F. Le prix global de la construction était estimé à deux
millions. La prise en charge par les intéressés d'un certain nombre
d'opérations, et en particulier du montage, entraînerait un abaisse¬
ment notable de ces prix.
de 595 000 francs. Les
(3) Ce fait corrobore la constatation faite à propos des
terrains qui sont fort importants dans cette commune.
683
Société des
Études
Océaniennes
achats de
�tienne, mais elle témoigne des difficultés
rencontrent dans leur vie
IV
que
beaucoup d'individus
quotidienne.
La vie de relation.
-
La
communauté tahitienne constitue
une
minorité ethnique au
sein de la société multi-raciale
qui est celle de la Nouvelle-Calédonie.
l'extérieur, elle présente une très grande homogénéité, et les
autres groupes ethniques emploient le vocable général "Tahitiens"
pour désigner tout individu appartenant à cette communauté. En fait,
Vue de
les Tahitiens ont reconstitué
en
Nouvelle-Calédonie
une
micro-société
polynésienne à l'intérieur de laquelle on trouve la diversité, les anta¬
gonismes et les stratifications qui sont celles de la société en Poly¬
nésie française, et auxquelles il faut ajouter celles qui sont nées de
l'implantation en Nouvelle-Calédonie.
1)
L'hétérogénéité de la communauté tahitienne.
l'intérieur, la communauté tahitienne se révèle hétérogène
et très peu structurée, en tous cas beaucoup moins homogène et
structurée que, par exemple, la communauté wallisienne.
Diverses causes expliquent cet état des choses.
Une hétérogénéité des origines géographiques. Contrairement
Vue de
-
au
terme utilisé, les Tahitiens
de Nouvelle-Calédonie
ne
sont pas
tous originaires de Tahiti. Certes, Tahiti fournit le plus gros contin¬
gent des Polynésiens, mais les autres îles ont alimenté largement
les courants migratoires. Cette distinction a son importance car de
grandes disparités économiques et sociales existent entre les archi¬
pels polynésiens, ce qui ne manque pas d'avoir une réelle influence
sur les individus.
En outre, l'hétérogénéité géographique implique
une diversité linguistique ; en effet, les langues vemaculaires ou
dialectes (Rurutu, Paumotu, Mangarévien, Marquisien) sont encore
très vivaces, malgré la prépondérance du Tahitien (1) qui fait office
de langue véhiculaire. Toutefois, l'installation en Nouvelle-Calédonie
implique l'usage du français, ne serait-ce que pour avoir les contacts
élémentaires avec les autres groupes ethniques. Le français est lar¬
gement pratiqué, mais certains doivent encore se servir d'interprètes
et recourir pour cela à l'aide de leurs enfants ou de toute autre per¬
sonne.
-
Une hétérogénéité
té tahitienne n'est pas
ethnique. Comme en Polynésie, la communau¬
ethniquement homogène. Elle est composée de
(1) Le Tahitien est pratiquement compris par tous les Polynésiens car
c'est la langue utilisée à la radio, et la langue liturgique de
l'Eglise Evangélique de Polynésie.
684
Société des
Études
Océaniennes
�Polynésiens, de Chinois, de Demis (Demis
Chinois/Européens, Demis
Européens/Polynésiens). A cette classification biologique, qui de¬
meure bien incertaine car le métissage est très important, se superpose
une différenciation des catégories ethniques reposant sur des critères
sociologiques tels que les genres de vie, les comportements économi¬
ques, les choix linguistiques, les niveaux de la hiérarchie socio¬
professionnel la Ces critères servent aux individus pour se déterminer
quant à leur appartenance ethnique, mais une différenciation systéma¬
tique est difficile à effectuer car elle reste subjective et liée à des
phénomènes psychologiques.
Une hétérogénéité religieuse. La plupart des Tahitiens sont de
religion protestante, religion qui «prédomine dans les archipels des
Australes et de la Société. Les autres sont de religion catholique
(Tahiti, Tuamotu, Marquises) mais appartiennent aussi aux Eglises
des Saints du Dernier Jour, Adventiste ou Sanito. Les protestants
sont très fortement structurés, et leurs liens avec la Polynésie sont
très grands, car leur paroisse constitue le 8ème arrondissement de
l'Eglise Evangélique de la Polynésie Française. Elle est organisée
selon le modèle polynésien, et possède ses pasteurs et diacres tahi¬
tiens, ses lieux de culte (Temple de la Vallée du Tir), ses chorales
et Ecoles du Dimanche, ses mouvements de Jeunes (Ui Api, UCJG).
Les autres églises n'ont pas de spécificité polynésienne.
Une hétérogénéité politique. Les clivages politiques observés
en Polynésie française se retrouvent au sein de la communauté tahitienne de Nouvelle-Calédonie. D'un côté les partisans de l'autonomie,
voire de l'indépendance, de l'autre les anti-autonomistes. Toutefois,
la politique ne joue pas un très grand rôle au sein du groupe (aux
élections de mars 1973, il y avait seulement 973 électeurs tahitiens
inscrits dans la commune de Nouméa) ; certes, elle fait l'objet de
conversations à l'intérieur du groupe, mais la plupart de Tahitiens,
conscients de leur position "d'étrangers au territoire", préfèrent
éviter un tel sujet qui pourrait être l'occasion de heurts avec les
autres communautés vivant en Nouvelle-Calédonie.
Une opposition brous se-ville. La répartition géographique des
Tahitiens dans le territoire contribue à accroître l'hétérogénéité du
groupa II existe, en effet, deux communautés tahitiennes : celle de
la ville (Nouméa et sa banlieue) et celle de la brousse, concentrée
dans les centres miniers de Thio, Kouaoua, Poro et Nepoui. Parce
qu'elle est moins connue et qu'elle présente des caractères originaux,
il est nécessaire de présenter ici cette dernière.
La communauté tahitienne des centres miniers est, dans l'ensem¬
ble, constituée par des Tahitiens qui ont quitté la Polynésie il y a
15 à 20 ans. Beaucoup sont passés par Makatea où ils ont acquis une
-
-
-
685
Société des
Études
Océaniennes
�formation professionnelle, puis sont partis, soit pour la NouvelleCalédonie et depuis lors résident en brousse, soit pour les NouvellesHébrides où ils ont travaillé aux phosphates de
Forari, avant d'être
recrutés par la Société Le Nickel et de s'installer à
Nepoui ou Poro.
Peu sont retournés en Polynésie depuis leur
départ, et ceux qui
l'ont fait n'y ont séjourné que peu de
temps, soit pour des congés,
soit pour un événement important. Aussi ont-ils
conservé l'image très
fortement idéalisée d'une Polynésie ancienne, celle dans
laquelle ils
grandi. Ils sont conscients et fiers d'avoir conservé les valeurs
de leur terre natale, et avouait bien volontiers ne
pas comprendre les
jeunes Tahitiens qui arrivent. Ils les jugent "peu intéressants" et
les accusent d'être "des fauteurs de trouble". Eux
qui pratiquent
largement l'accueil et l'hospitalité sont déçus de ne point retrouver
ont
vertus traditionnelles chez les nouveaux venus.
Beaucoup ne
réalisent pas l'évolution qui est celle de la
Polynésie, ils savent
seulement que c'est très différent d'avant, et le retour
qu'ils prépa¬
rent (achat de terrains ou de
maisons), en attendant la retraite, leur
fait un peu peur.
ces
D'un point de vue matériel, leur situation est meilleure
que celle
des Tahitiens de la ville. Leurs emplois sont
stables, leurs salaires
élevés (bien que la diminution des heures supplémentaires ait forte¬
amputé leurs revenus), les avantages en nature importants (loge¬
ment, eau, électricité, fournis par la SLN, approvisionnement satis¬
faisant assuré par les Economats de la SLN).
Certes, la vie des
ment
miniers n'est pas comparable à celle de la ville. Les distrac¬
étaient rares avant l'arrivée récente de la télévision. Mais ce
genre de vie assez monotone les satisfait pleinement et, aux dires
des intéressés eux-mêmes, est préférable, car elle les met à l'abri de
l'agitation et des besoins de la vie urbaine. Ces sociétés de brousse
centres
tions y
sont mieux structurées et ont, à leur
tête, un responsable qui sert
d'intermédiaire vis-à-vis des autorités civiles ou de
l'employeur ; le
responsable assure en outre une fonction de police à l'intérieur du
groupe, sermonnant les fautifs et s'ingéniant à aplanir ou à éviter les
conflits pouvant survenir tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la
communauté. Ce rôle de leader est bien souvent occupé par les diacres
de l'Eglise Evangélique ; l'autorité morale conférée
par leur fonction
vient ainsi renforcer leur influence sur le
groupe. Une telle organisa¬
tion n'est pas sans rappeler celle qui prévalait et
qui prévaut encore
dans la Polynésie rurale et dans laquelle les autorités des chefs de
districts et des pasteurs assurent la cohésion des communautés.
Aux Tahitiens de la brousse, s'opposent ceux de la ville chez
lesquels la cohésion n'est
beaucoup moins collectifs
très grande. Les comportements sont
l'individualisme triomphe. Il faut dire
pas
;
686
Société des
Études
Océaniennes
�les familles sont le plus souvent limitées au couple et aux
parfois même font défaut (célibataires). Aussi les rapports
qui conditionnent normalement l'existence des cellules familiales
fonctionnelles, sont plus limités qu'en Polynésie. La religion, les
sports, le travail permettent des regroupements mais rien n'assure
une structuration totale du groupe. On retrouve là une organisation
sociale de type urbain dans laquelle les liens entre les individus
que
enfants et
sont
très lâches.
"jeunes-vieux". Comme dans toutes les socié¬
tés, il existe dans la communauté tahitienne, des conflits de généra¬
tion opposant les jeunes aux vieux. Ces conflits sont d'autant plus
aigus que les jeunes ont tendance à se mettre un peu à l'écart des
adultes. Beaucoup, nés en Nouvelle-Calédonie, ne connaissent pas
la Polynésie, n'en parlent pas la langue, ignorent tout de la culture
polynésienne ou du moins de ce qu'il en reste, et se sont adaptés aux
conditions de vie locales. L'intégration ethnique, amorcée par la
scolarisation (1) est plus grande chez eux que chez les adultes. Mais
-Une opposition
s
era-1-elle durable ?
Le
conflit des
existe parfois
générations est renforcé par l'opposition qui
"anciens", arrivés il y a une quinzaine
entre les
d'années, et les "nouveaux"-arrivés depuis peu. Les "anciens ont
fait leur trou", sont installés et, parfois, prennent quelques distances
avec le reste du groupe. Les "nouveaux" n'ont pas toujours pris la
mesure des problèmes qu'ils rencontrent et redoutent une mise en
tutelle. Leur position n'étant pas définitivement assurée, ils sont
très circonspects.
La communauté tahitienne est dans ses composantes, hétérogène
et peu structurée. Toutefois, face à l'extérieur, elle affiche une
cohésion remarquable qui lui est donnée par sa position minoritaire.
Le réflexe de minorité permet une restructuration de la communauté,
et explique sa position monolithique vis-à-vis des autres communau¬
tés. Il n'y a pas là une contradiction, il y a seulement deux attitudes
du groupe correspondant, l'une à sa structure interne, l'autre à sa
dynamique externe.
Pour ces raisons, la vie de relation du groupe tahitien est très
différente selon les milieux avec lesquels elle s'exerce. Elle est
intense avec le milieu d'origine et à l'intérieur du groupe, elle est
par contre très limitée avec les autres groupes ethniques.
2) La vie de relation
La vie de relation
le milieu d'origine.
la Polynésie Française est très forte et
avec
avec
(1) Voir Annexe 4
687
Société des
Études
Océaniennes
�revêt des aspects multiples et variés. Les Tahitiens de NouvelleCalédonie sont très fiers de leur pays d'origine et de sa culture.
Aussi sont-ils soucieux de garder le contact avec leurs familles et
d'une façon plus générale avec leur pays natal. Cela se traduit :
-par une correspondance avec la famille : 82 % des personnes
interrogées déclarent écrire régulièrement et 87 % recevoir de la
correspondance. En fait, ces déclarations sont trompeuses car, en
poussant les questions plus loin, on s'aperçoit que régulièrement
signifie 2 à 3 lettres par an, ce qui, en définitive, est bien peu.
Quelques-uns déclarent éviter d'écrire car cela les expose à des
sollicitations de la part de leur famille et à des envois d'argent
qu'ils ne jugent pas nécessaires ;
par la lecture des journaux de Tahiti : 32 % des interviewés
déclarent recevoir des journaux qu'ils prêtent ensuite à leurs amis.
Le journal protestant diffusé par la paroisse reste encore un des plus
lus. D'une façon générale, il existe une grande avidité à recevoir des
nouvelles du pays. Beaucoup, en particulier en brousse, écoutent
régulièrement Radio-Tahiti, et la plupart souhaitent que la télévision
fasse une part plus grande aux nouvelles et reportages en provenance
de la Polynésie ;
par les retours en congés : 34 % des Tahitiens interrogés
déclarent passer leurs congés à Tahiti. En fait, la majorité prend ses
congés sur place et ne rentre qu'exceptionnellement en Polynésie.
Cela dépend des revenus mais aussi de 1 importance de la famille, ou
éventuellement, des accords passés avec l'employeur. Par contre, ils
envoient volontiers leurs enfants à leurs familles à l'occasion des
congés. Ces retours coïncident souvent avec les fêtes du "Tiurai"
-
-
(Juillet)
de fin
d'année. En outre, les Tahitiens de NouvelleCalédonie reçoivent fréquemment la visite de leur famille.Ils financent
parfois
ou
ces
voyages
liens familiaux
qui sont,
pour eux,
l'occasion de
resserrer
les
;
les transferts d'argent dans les deux sens. 45 % des per¬
interrogés envoient de l'argent à Tahiti ; dans 95 % des cas,
ce sont les parents qui en sont les
bénéficiaires, tant pour leurs
propres besoins que pour ceux des enfants qui leur ont été confiés.
Pour le reste, il s'agit de paiements de dettes, de remboursements de
prêts ou d'achats de terres. Toutefois, ces envois d'argent sont moins
fréquents et réguliers que ne le disent les intéressés. Du 1.7.1973 au
30.6.1974, soit 12 mois consécutifs, le montant des mandats payés en
Polynésie et provenant de la Nouvelle-Calédonie a atteint 50 580 200
FCP (1). Il faudrait y ajouter une quarantaine de millions
provenant
d'opérations effectuées par les chèques postaux et le montant des
-
par
sonnes
688
Société des
Études Océaniennes
�opérations effectuées par les banques qui demeure inconnu. Ces trans¬
ferts monétaires sont relativement importants mais ne jouent pas un
rôle déterminant dans l'économie polynésienne. Dans l'autre sens, peu
régu¬
de personnes reçoivent de l'argent de Tahiti, du moins de façon
lière. Lorsque c'est le cas, il s'agit alors du versement de locations
de maisons ou de terres.
3) La vie de relation à l'intérieur du groupe.
La vie de relation à l'intérieur de la
intense. Elle révèle
communauté tahitienne est
grande cohésion du groupe et elle traduit la
de préserver leur originalité et ses caractéristi¬
une
volonté des Tahiti ens
vis-à-vis des autres communautés. Elle se manifeste de diverses
ques
façons :
par l'entraide et la solidarité. Ces vertus traditionnelles de la
Polynésie sont beaucoup moins pratiquées que par le passé. Il faut
-
l'accroissement des effectifs tahitiens freine certaines
certaines occasions mais sont
de plus en plus pratiquées dans un cadre familial. C'est l'accueil des
fetii (parentèle) que l'on aide et que l'on guide pendant quelques
temps. C'est éventuellement la préférence donnée aux commerçants et
artisans tahitiens, et parfois l'aide apportée à celui qui est dans le
dire
que
initiatives. Ces vertus subsistent en
besoin ;
les activités récréatives qui maintiennent vivace la commu¬
premier se trouve dans le désir de conserver
une identité culturelle et sociale, voire de vivifier un héritage culturel
commun. La plupart des contacts amicaux sont recherchés à l'intérieur
du groupe. Tout peut donner lieu à des réunions : la religion par le
culte, les prières, les fêtes et kermesses, le sport grâce aux associa¬
tions sportives, les loisirs surtout, passés en commun à Plum ou à
Robinson à jouer, à pêcher, à discuter, à manger du "maa tahiti", les
fêtes enfin qui donnent lieu à une "bringue" (1) et toutes ces réu¬
nions sans autre objet que de "gratter" la guitare et de chanter des
chansons de Tahiti. Toutefois, à l'exception d'un groupe de danses
tahitiennes qui a été constitué à Poro, il n'existe pratiquement pas
-
par
nauté et dont le ressort
de manifestations réellement
folkloriques.
Ces manifestations se déroulent le plus souvent à l'intérieur des
quartiers habités préférentiellement par les Tahitiens. Elles contri¬
buent à recréer une atmosphère tahitienne que tous recherchent et
incitent les migrants à se regrouper avec les autres membres de leur
(1) Fête de famille surtout, mais aussi les fêtes comme celles du
Juillet auxquelles les Tahitiens participent activement. Au Juillet
de 1974, 15 baraques sur 28 étaient tenues par des Tahitiens.
689
Société des
Études Océaniennes
�obéir à ce réflexe. Cela explique la consti¬
"Petit Tahiti" à Ducos où les Tahitiens,
sans être majoritaires, font sentir leur présence. En effet, l'habitat
tahitien tranche heureusement sur les autres et est représentatif de
celui du milieu d'origine : maisons légères aux couleurs tendres,
fleurs à profusion autour des constructions propres et bien tenues.
Cela tranche sur le reste du quartier, notamment en ville. En banlieue
(Plum, Robinson) le paysage a bien souvent été transformé et rappelle
étrangèrement celui des districts ruraux de Tahiti.
Pour renforcer la cohésion du groupe, le structurer et lui donner
plus de poids vis-à-vis des autres communautés, une association de
Tahitiens a vu le jour. Reprenant les projets élaborés par les asso¬
ciations créées antérieurement mais qui n'avaient jamais régulièrement
fonctionné, elle se propose de vivifier la vie interne du groupe, de
faciliter l'accueil et l'intégration des Tahitiens arrivant en NouvelleCalédonie, et de mettre sur pied une structure représentative du
groupe tout entier pouvant se poser en interlocuteur valable devant
1 es Pouvoirs Publics. La construction d'un Foyer Tahitien financé à
la fois par la Polynésie, par la Nouvelle-Calédonie, et par l'Associa¬
tion elle-même, viendra matérialiser les efforts de cette association.
Par son action, il lui restera alors d'être reconnue par tous les mem¬
bres de la communauté ; et il ne lui sera pas facile de recueillir
l'adhésion de tous. En effet, rivalités et conflits existent à l'intérieur
du groupe. Ces conflits opposent les "jeunes et vieux", mais surtout,
"anciens", arrivés il y a une quinzaine d'années, et "nouveaux"
arrivés depuis peu. Les rivalités, les tensions, les jalousies sont
nées de ce choc psychologique.
groupe. Tous avouent avoir
tution de quartiers, tel le
4) La vie de relation
La vie de relation
humains
dans
une
l'extérieur.
l'extérieur pose le problème des rapports
avec
avec
société multi-raciale.
Elle
est
très limitée
en
Nouvelle-Calédonie. Le groupe tahitien vit en "autarcie" ignorant les
groupes qui l'environnent. Les contacts sont généralement superfi¬
ciels et le plus souvent limités au travail. Certains
événements,
comme les grèves, les conduisent à se solidariser avec les
autres
groupes
ethniques.
Les mariages inter-ethniques sont peu nombreux ; ils sont ac¬
ceptés en ville mais franchement désapprouvés en brousse. On observe
cependant quelques unions avec le groupe wallisien ethniquement
très proche, ou avec le groupe européen. C'est avec ce dernier
que
les unions sont les plus fréquentes,
mais le plus souvent elles sont à
sens
unique
;
elles
se
font
en
effet entre Tahitiennes et
690
Société des
Études
Océaniennes
Européens.
�l'ensemble, les relations avec les autres groupes ethniques
nulles. Cela apparaît jusque dans les bagarres qui oppo¬
sent les différents groupes ethniques. Les Tahitiens observent une
stricte neutralité. On les sent désireux d'éviter les heurts qui re¬
vêtent, bien souvent, en Nouvelle-Calédonie une coloration raciste.
En effet, les clivages raciaux y sont importants et les appréciations
fonnulées entre groupes ethniques sont significatives de cet état
d'esprit.
Il aurait été intéressant de rapporter ici comment le groupe tahitien est perçu par les autres groupes ethniques. A défaut d'enquêtes
conduites sur ce thème auprès des différentes ethnies, nous donne¬
rons, avec les réserves d'usage quant à leur généralisation, les
appréciations que nous avons pu saisir au hasard de nos entretiens.
Le "portraiLrobot" du Tahitien apparaît ainsi : ... "Le Tahitien
est venu en Nouvelle-Calédonie pour jouir d'une vie meilleure, et
"faire de l'argent" afin d'acheter un terrain ou une maison à Tahiti
où il repartira dès que possible. Pour atteindre son but, il économise
au maximum et vit mal (bidonvilles). Alcoolique, joueur, voleur, im¬
Dans
sont presque
pliqué dans des affaires de moeurs ou de coups et blessures, il se
considère en pays conquis et, de ce fait, est peu aimé. Certaines
personnes trouvent déplacée la maintenance de certaines coutumes
polynésiennes lors de fêtes ou même lors des enterrements et la
persistance du particularisme ethnique. Elles préconisent une sélec¬
tion des migrants au départ afin d'éliminer les individus susceptibles
de poser des problèmes de travail (chômage) ou des problèmes sociaux
particulièrement nombreux en milieu tahitien.
Des griefs bien précis sont formulés contre les Tahitiens inoccu¬
pés qui vivent de jeux ou d'activités non déclarés, contre ceux qui
vivent de la pêche dans le lagon (coquillages, poissons) et qui sont
accusés de détruire la faune et le récif...".
Certes, il est possible de rencontrer isolément chacun des cas
énoncés ci-dessus. Toutefois, la généralisation est abusive, et
aboutit à présenter les Tahitiens dans leur ensemble, d'une façon
péjorative. Ce profil, obtenu, il est vrai à l'aide des opinions négati¬
ves est peu flatteur, et, bien sûr, peu conforme à la réalité. Il a,
cependant, le mérite de faire apparaître le peu de perméabilité entre
les groupes ethniques et le degré d'ignorance et d'incompréhension
qui en découlent.
Minoritaire, la communauté tahitienne cherche sa place au sein
de la société calédonienne, tout en conservant son originalité et en
maintenant ses liens avec la Polynésie où se trouvent ses racines.
Toutefois, il serait faux de croire que la communauté tahitienne se
complaît dans une sorte de passivité ou de nostalgie du "paradis
691
Société des
Études
Océaniennes
�perdu". Bien au contraire. Elle est persuadée qu' elle a un rôle à
jouer en Nouvelle-Calédonie et est bien décidée à courir sa chance.
Son dynamisme, sa position socio-économique suffisent à le démontrer
et dénotent une "agressivité" certaine. Tout en préservant au maxi¬
mum son originalité, elle essaie de s'adapter aux réalités calédo¬
niennes. En outre, il faut considérer que certains Tahitiens sont en
Nouvelle-Calédonie depuis plus de 20 ans et que bon nombre d'entre
eux y sont nés. Aussi commence-t-on à voir
apparaître une nouvelle
catégorie de Tahitiens, qui sans renier leurs origines polynésiennes,
ont la volonté d'affirmer leur personnalité. C'est là le
signe, sinon
d'une totale intégration à la société calédonienne, du moins d'une
évolution,certaine et du dynamisme du groupe.
V
-
Avenir de la Communauté Tahitienne.
Au moment de conclure, il est inévitable de poser le problème de
l'avenir de la communauté tahitienne en Nouvelle-Calédonie. Le
tahitien va-t-il
se fixer définitivement et se développer encore,
disparaitra-t-il à terme ? Son avenir se situe sur le plan des
rapports de force d'attraction propres à chaque territoire. Dans la
mesure où la force d'attraction de la Nouvelle-Calédonie l'emportera
sur celle de la Polynésie,on peut penser
que la communauté tahitienne
prospérera. Son évolution est liée aux conjonctures économiques tahi-
groupe
ou
bien
tiennes et calédoniennes. L'histoire des migrations tahitiennes est
d'ailleurs celle des péripéties des économies de
chaque territoire.
Les phases d'expansion économique en Nouvelle-Calédonie ont
coïiicide
des phases de ralentissement en Polynésie et favorisé
développement des courants migratoires. En effet, ces migrations
sont, dans leur ensemble, des migrations de travail et se trouvent
donc fortement influencées et rythmées
par les conjonctures écono¬
miques de deux territoires, Les retours vers la Polynésie observés en
1972 et 1973 avaient laissé croire un instant à la
possibilité d'un
reversement du flux migratoire. Cette tendance ne s'est
pas poursuivie
en 1974 et, à l'heure
actuelle, il semble que les migrations vers la
avec
le
Nouvelle-Calédonie ont atteint un seuil d'équilibre.
L'avenir de la communauté tahitienne
paraît solidement assuré.
Le groupe tahitien a su faire sa
place dans l'économie et la société
calédonienne, et il faudra compter avec lui. Sa présence sera durable,
voire définitive.
Cela ne signifie pas,
obligatoirement, qu'il y aura
fixation définitive des individus ; ceux-ci
peuvent en effet être
continuellement remplacés, les arrivées
compensant les départs.
Actuellement, 82 % des personnes interrogées déclarent vouloir
une
692
Société des
Études
Océaniennes
�retourner en
Polynésie dès
que
possible et,
en
tous cas, au moment de
la retraite.
La perte de
l'emploi
ne
les conduira pas systématiquement à
ils sont conscients des difficultés qu'il y
aurait à se reclasser dans ce territoire. Il y a là un profond change¬
ment par rapport à 1971, date à laquelle 73 % des personnes que nous
avions pu interroger, déclaraient qu'il était préférable de partir en
cas de chômage. Malgré tout, certains Tahiti ens surveillent le marché
du travail en Polynésie et l'évolution des grands projets d'aménage¬
ment. Ils nous ont dit être intéressés par la construction du barrage
de la Papenoo qui nécessitera une main-d'oeuvre abondante et qui, de
ce fait, pourrait être l'occasion d'un retour en Polynésie.
Si la plupart des Tahiti ens envisagent de revenir un jour en
Polynésie (mais le voudront-ils vraiment et le pourront-ils égale¬
ment ?), certains, en particulier ceux qui viennent des archipels'
périphériques, paraissent plus favorables à une installation défini¬
tive. La vie en Calédonie leur plaît1, et elle a fourni à beaucoup des
possibilités de promotion économique et sociale. En 1971, des gens
de Rurutu (Australes) nous avaient dit : "Si nous sommes bien ici,
nous y resterons ; nous avons une vie agréable et de meilleures pos¬
sibilités pour la scolarisation et l'avenir des enfants. Pourtant, ce
serait bien d'aller mourir dans notre île". En 1974, de telles opinions
existent toujours. Elles permettent d'entrevoir ce que sera, peut-être,
l'avenir de la communauté. Par une évolution naturelle et grâce, sur¬
tout, à la scolarisation, les Tahitiens tendront à être absorbés dans
un ensemble culturel
plus vaste. Cependant, nous ne pensons pas
qu'ils perdront totalement leur identité en particulier culturelle. En
effet, malgré les grandes facultés d'adaptation des Tahitiens, une
intégration totale est difficile à concevoir. D'abord, parce que la
société calédonienne est multi-raciale et pluri-culturelle. Ensuite,
parce que la communauté tahitienne entretient des relations très
fortes avec le milieu d'origine, et même à l'intérieur du groupe. En
outre, elle est sans cesse vivifiée par les continuels apports migra¬
toires qui lui permettent de ne jamais être coupés de ses bases et de
rester un ensemble vivant et dynamique susceptible de conserver ses
particularismes et son unité culturelle. En évoluant, car elle évoluera
forcément pour s'adapter aux réalifés locales, la communauté tahi¬
tienne maintiendra sa place au sein de la société calédonienne et
pourra être un trait d'union entre les deux territoires.
Jusqu'à maintenant, nous l'avons dit plus haut, les migrations
tahitiennes ont obéi à un rapport de force d'attraction. L'avenir
pourrait, en fait, être envisagé tout autrement. En effet, la Nouvel]erentrer
en
Polynésie,
car
693
Société des
Études
Océaniennes
�Calédonie et la Polynésie ont des économies largement
complémen¬
beaucoup à gagner à mettre en commun leurs
ressources, ce qui permettrait, non seulement, une plus grande circu¬
lation des hommes, mais aussi, un développement des
échanges com¬
merciaux et une plus grande circulation des produits et des biens
entre les deux territoires. La présence d'une
importante communauté
tahitienne en Nouvelle-Calédonie pourrait alors jouer un rôle décisif
et faciliter la mise en oeuvre d'une telle
politique.
taires. Elles auraient
Jean FAGES
Centre ORSTOM de Papeete
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694
Société des
Études
Océaniennes
�ANNEXE
REPARTITION GEOGRAPHIQUE DES
DE
1 9
19 6 4
Population
totale
Boulouparis
Bourail
Tahiti en s
totale
4 453
59 052
7
800
2 423
9
3 145
17
112
3 725
145
61
2 524
3 559
1 304
Houaiïou
Kaala-Gomen
Population
2 319
Canal a
Farino
Tahiti ens
1 4
41 853
846
Dumbea
Hienghene
TAHITIENS
NOUVELLE-CALEDONIE
Communes
Nouméa
161
195
-
-
173
-
1 845
1
1 819
3 475
71
3 791
121
1 324
9
1 296
-
-
2 557
1
2 581
6
Koumac
1 907
6
2 424
2
La Foa
1 333
5
1 871
Koné
Moindou
291
Mont-Dore
4 809
Ouegoa
1 323
Paït'a
Poindimié
Ponerihouen
Pouembout
Pouebo
Poya
356
-
339
-
62
2 522
2 481
1
587
28
331
3 176
Touho
1 474
Voh
1 424
Yate
1 113
Belep
551
Ile des Pins
978
5
3 922
80
2 224
1 692
-
1 281
-
1 203
1 471
652
-
1 472
10 120
-
20
2 408
-
1 948
Sarramea
Thio
2 693
387
-
313
-
-
10
3 127
-
-
189
-
286
1 670
2
1 577
10
15
1 386
692
-
-
-
1 159
-
7 215
-
3 789
-
-
3
Lifou
6 837
Maré
3 410
Ouvea
2 001
1
2 734
3
100 579
3 346
131 665
6 742
Total
:
695
Société des
Études
Océaniennes
-
1
�ANNEXE
PERSONNEL
Effectifs 1974
:
TAHITI EN
DE
LA SOCIETE
Situation de famille
LE NICKEL
550 millions (toutes charges comprises)
:
:
346
Mariés
Célibataires
141
Divorcés
10
Séparés
5
Union libre
48
Veufs
Enfants à charge
professionnelle
3,7
88,1
6,2
1,8
Employés
Maîtrise
l'entreprise
4
1 759 soit 3,2 %
:
Manoeuvres
Ouvriers
Ancienneté dans
2
554 employés
Masse salariale moyenne
Qualification
:
:
0-4
ans
200
5-9
ans
88
176
10
-
14
ans
15-19
ans
20
et
ans
%
%
%
%
85
1
+
Répartition géographique:
Nouméa
Thio
444
24
Kouaoua
Poro
31
14
Nepoui
41
696
Société des
Études
Océaniennes
par
famille.
�ANNEXE
NOUVELLE-CALEDONIE
:
3
&
DEPENDANCES
ASSEMBLEE TERRITORIALE
No. 102 du 31.5.74
RAPATRIEMENT
PERSONNES NON-ORIGINAIRES DU TERRITOIRE
NE PEUVENT JUSTIFIER D'UN EMPLOI STABLE
PROPOSITION DE VOEU TENDANT AU
DES
QUI
habitants du Territoire, particulière¬
originaires, hommes et femmes, qui sont en quête de travail
et qui n'en trouvant pas manquent de ressources,
Considérant que de nombreuses personnes non-originaires du Terri¬
toire, les unes de moralité douteuse, les autres de qualification in¬
suffisante ou nulle, les autres encore sans emploi régulier et stable,
sans même souvent de domicile véritable, sort répandues à travers le
Territoire ou vivent à Nouméa aux dépens de l'économie locale à
laquelle ils n'apportent rien,
Considérant qu'en Métropole, les Pouvoirs Publics ne les tolèrent
pas et exigent des certificats de domicile et des certificats d'em¬
plois authentiques délivrés sous la responsabilité des employeurs,
Considérant les .dépenses budgétaires faites par le Territoire en
1973 et en 1974 pour venir en aide aux éléments de la population
lésés par la crise économique,
Considérant que le nombre des
-
ment des
-
-
-
L'ASSEMBLEE TERRITORIALE
dans
-
sa
séance du
Invite l'Administration à faire vérifier par les services de police et
de gendarmerie, la situation de tous les non-originaires de la
Nouvelle-Calédonie
et
Dépendances
;
à. faire exiger
par
lesdits
services, la présentation d'un certificat de travail délivré sous la
responsabilité de l'employeur ; à faire confronter lesdits certificats
avec les déclarations des salaires à la CAFAT ; à exiger des nonsalariés la présentation d'une patente ou tout autre attestation d'une
situation régulière ;
-
Demande le rapatriement dans leur lieu
personnes en
situation contraires
aux
d'origine, de toutes les
présentes conditions ;
697
Société des
Études
Océaniennes
�-
régime des cautions et de voyages de
aux cautionnés avant toute admission dans le
d'une personne qui en est non-originaire ;
Demande la restauration du
rapatriement payés
Territoire
-
Réclame la restauration de l'article 94 du Code du Travail Outre-Mer
dans
son
texte
primitif.
ANNEXE
Enseign ement
Les effectifs tahitiens
Nouméa
Primaire
Secondaire
Technique
Supérieur
Total
au
30.6.74.
Intérieur
Iles
Total
1
1 565
578
986
104
84
22
-
10
3
-
-
-
610
1 177
1
126
94
3
1 788
Evolution des effectifs
Primaire
1963
566
1965
673
Secondaire
31
-
Technique
_
-
Total
597
673
1967
791
66
22
879
1969
895
80
34
1 009
1970
1 105
75
57
1 237
1974
1 565
126
94
1 785
698
Société des
Études
Océaniennes
:
4
�■
■
699
Société des
Études Océaniennes
�NECROLOGIE
Aleksander Lech Gold!ewski
—
1905-1975
—
Professeur Titulaire de la Chaire des Sciences Humaines de
l'Université de Wrockaw, Pologne, est décédé récemment.
Il avait effectué des recherches anthropo-ethnologiques en 1938
Marquises, ainsi qu'aux îles de la Société - Les résultats de ses
publiés "Structure anthropologique des
Polynésiens, Micronésiens & Mélanésiens".
Au cours des années 1963-1964, il séjourne à Paris.
Il publie en 1970 dans "Przeglad Anthropologiczny" (Revue
d'anthropologie) "Liens sérologiques dans les combinaisons des
groupes ABO, MN & Rh, entre les populations de l'Océanie et des
habitants de l'Indonésie, et de ceux de la côte pacifique d'Amérique",
travail qui ne conforte pas la thèse de Thor Heyerdahl.
Auteur de nombreux travaux consacrés à l'Océanie, il projetait
un ultime voyage en Polynésie
Saluons la mémoire de ce savant et
homme de bien, qui dans des conditions de travail souvent difficiles,
a porté un intérêt
scientifique soutenu, aux populations des Mers du
aux
travaux fondamentaux ont été
...
Sud.
700
Société des
Études
Océaniennes
�Le Bulletin
Le Bureau de la Société accepte
l'impression de tous les
dans, le Bulletin mais cela n'implique
pas qu'il épouse les théories qui y sont exposées, ou qu'il fait
sien les commentaires et assertions des divers auteurs qui,
seuls, en prennent toute la responsabilité.
articles qui paraissent
Aux lecteurs de former leur
Le Bulletin
ne
fait pas de
appréciation.
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La Rédaction.
Les articles publiés, dans le Bulletin, exceptés ceux dont
a
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duits,
à la condition
expresse
l'origine et l'auteur
que
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Toutes communications relatives
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à la Société, doivent être adressées
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Président. Boite 110,
Bulletin,
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Le Bulletin, est
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Cotisation annuelle des membres- résidents
ou
résidant
en
pays français
Cotisation pour
5 ans
Cotisation pour
les étudiants
les moins de vingt
1 000 F CFP
.
ans
250 F CFP
.
Cotisation annuelle
4 000 F CFP
&
-
pays
étranger
-
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15 dollars US
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Dublin Core
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A name given to the resource
Bulletin de la Société des Études Océaniennes (BSEO)
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La Société des Études Océaniennes (SEO) est la plus ancienne société savante du Pays. Depuis 1917, elle publie plusieurs fois par an un bulletin "s’intéressant à l’étude de toutes les questions se rattachant à l’anthropologie, l’ethnographie, la philosophie, les sciences naturelles, l’archéologie, l’histoire, aux institutions, mœurs, coutumes et traditions de la Polynésie, en particulier du Pacifique Oriental" (article 1 des statuts de la SEO). La version numérique du BSEO dispose de son ISSN : 2605-8375.
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An unambiguous reference to the resource within a given context
2605-8375
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A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
Établissement
Université de la Polynésie Française
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 195
Description
An account of the resource
Compte-rendu de l'Assemblée Générale du 3 mars 1976 652
Les Tahitiens de Nouvelle-Calédonie en 1974 - Jean Fages 657
Nécrologie : A. Goldlewski 700
Source
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Société des Études Océaniennes (SEO)
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Société des Études Océaniennes (SEO)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1976
Date de numérisation : 2017
Relation
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fre
Type
The nature or genre of the resource
Imprimé
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
PFP 3 (Fonds polynésien)