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Text
BULLETIN
de la Société
des Etudes Océaniennes
TOME XVI
N°3et4 / NUMEROS 190et191 / MARS et JUIN 1975
1728-1779
�CONSEIL
D'ADMINISTRATION
M. Henri JACQUIER
Président
M. Yves MALARDE
Vice-Président
Mlle Janine LAGUESSE
M. Paul MOORGAT
Secrétaire
Trésorier
ASSESSEURS
M.
Adolphe AGNIERAY
M. Rudolph BAMBRIDGE
M. Eric LEQUERRE
Me Jean SOLARI
M. Raoul TESSIER
M. Temarii TEAI
M. Maco TEVANE
MEMBRES
D'HONNEUR
M. BERTRAND JAUNEZ
R. P. PATRICK O'REILLY
M. GEORGES BAILLY
Pour être Membre de la Société
se
faire
présenter
par un
membre titulaire.
Bibliothèque
Le
Conseil d'Administration informe
ses
membres
qu'ils
à domicile certains livres de la Bibliothèque
en signant une reconnaissance de dette au cas où ils ne ren¬
draient pas le livre emprunté à la date fixée. Les autres peu¬
peuvent emporter
vent
être consultés dans la Salle de lecture du Musée.
La
Bibliothèque et la salle de lecture sont ouvertes aux
jours, de 14 à 17 heures, sauf
membres de la Société tous les
le Dimanche.
Mu sée
Le Musée est ouvert tous les
14 à 17 heures.
jours, sauf le dimanche de
�BULLETIN
DE LA
SOCIETE DES ETUDES OCEANIENNES
(POLYNESIE ORIENTALE)
(No. 3 et 4)
TOME XVI
No. 190 ET 191
-
MARS ET JUIN 1975
SOMMAIRE
Vie
économique
Origine géographique de la production des fruits et légumes vendue
sur le Marché de Papeete - 1974 - 1975 par Jean-Marie Cambacèrès et
Claude Robin eau.
Hi stoi
re
La découverte de la Nouvelle-Calédonie
(Septembre 1774)
sier.
461
Société des
Études
Océaniennes
par
G. Pi-
�462
Société des
Études Océaniennes
�Jean-Marie CAMBACERES (1)
Claude ROBINEAU (2)
ORIGINE GEOGRAPHIQUE
DE LA PRODUCTION DES FRUITS ET LEGUMES
VENDUE SUR LE MARCHE DE PAPEETE
1974
-
1975
(1) Service de l'Economie Rurale de la Polynésie Française
(2) Centre ORSTOM de Papeete
463
Société des
Études
Océaniennes
�'
?:l;
-,
•
464
Société des
Études
Océaniennes
�La présente note résulte d'une enquête entreprise conjointement
J.-M. Cambacérès Ingénieur au Service de l'Economie rurale et
Cl. Robineau Directeur de Recherches à l'ORSTOM sur le marché de
Papeete en août-septembre 1974 et janvier-février 1975.
Cette enquête s'inscrit dans le cadre d'ensemble d'une étude du
marché (1) et fait suite à une enquête identique sur l'origine des pro¬
duits vendus effectuée en 1968-1969.
par
Polynésie française atransfert de la montagne vers la
plaine de la production maraîchère et en particulier le délogement de
cette production des pentes qu'elle occupait depuis des décennies
Le Vie Plan économique et social de la
vait parmi ses objectifs agricoles le
dans les districts urbains. Un des résultats de l'étude est de souli¬
gner
ville
le déplacement de cette production des communes proches de la
vers les communes rurales de la Côte Sud de Tahiti-nui et de la
Presqu'île.
Pour
cédé
sur
ce
faire et
en
s'inspirant de l'enquête 1968-1969,
on a pro¬
des bases identiques à une recension exhaustive de
l'origi¬
produits entrés sur le carreau du Marché municipal, ce, durant
deux mois, puis dans chacune des deux saison sèche et humide du
climat tahitien qui conditionne le rythme de la production végétale.
Les résultats de la présente enquête exprimée en chiffres abso¬
ne
des
lus sont les suivants
:
Résultats de
l'enquête 1974-1975
Enquête (2 mois)
Produits
Entrées totales
année 1973
Tubercules et féculents
70,340 t
546,221 t
Légumes
83,817
968,084
119,711
2652,947
Fruits
Un des premiers
résultats est de montrer la prééminence de Ta¬
hiti dans l'approvisionnement
du Marché.
(1) ROBINEAU CL, 1975, Papeete, premier
marché de Tahiti, Paris,
ORSTOM, Travaux et Documents, sous presse.
465
Société des
Études
Océaniennes
�MARCHE
DE
PAPEETE
GEOGRAPHIQUE
ORIGINE
DES
AUSTRALES
TUBERCULES
AUSTRALES
LEGUMES
FRUITS
466
Société des
Études
Océaniennes
APPORTS
�Origine géographique par
ORIGINE
Tubercul es
et
féculents
archipel
Légumes
Fruits
74,3 %
1,7
88,2
Iles du Vent ( Moorea, Maiao
(
Total
47,48
27,38
76
88,2
74,86
Iles Sous le Vent
22,46
11,65
25,13
1,54
0,15
0,01
( Tahiti
Australes
100
100
100
Ensemble
végétale vendue sur le Marché ne vient des
archipels (Tuamotu-Gambier ou Marquises). La production de
légumes des Australes très faible (80 t) est dirigée comme on le sait
sur le marché de Pirae sauf retour possible de ce marché sur Papeete.
Dans la production des îles Sous le Vent qui aboutit au marché, celle
venant de Huahine représente la plus forte part due aux cultures im¬
portantes de taro, pastèques et melons, Raiatea-Tahaa envoyent no¬
tamment un peu de taro et des citrons. Quant à Moorea, la totalité de
la production d'ananas enregistrée sur le marché en provientAucune production
autres
La suite des présentes remarques concerne
exclusivement l'île
de Tahiti.
ANALYSE
Tubercules
et
féculents
plus fort district approvisionnant le marché est Papara (22 %
faible Mahaena (0,7 %) ; les autres districts les
plus importants sont Mataiea (12 %) et Afaahiti (11 %) suivis de Tautira et Papeari (9 %), Pueu (6 %) et Tuahotu (5 %) ; on obtient une
zone concentrant 73 % des apports de tubercules et localisée à la
Côte Sud de Tahiti-nui, à l'isthme et à la Côte Nord de la presqu'île.
Le
de Tahiti), le plus
467
Société des
Études
Océaniennes
�MARCHE
ORIGINE
PAPEETE
DE
GEOGRAPHIQUE
DES
TUBERCULES
WPS?
4fy
468
Société des
Études
Océaniennes
APPORTS
�PDAEET
MARCHE
ADGPEOORARPHTSIQSU
ORIGNE
3k2m
1
0
�que
En ce qui concerne le taro, Mataiea et Papeari représente pres¬
la moitié de la production (48 %). Avec Papara et Teahupoo (18 %
et 10 %
localisé
respectivement), l'essentiel de la production (75 %) apparaît
sur les Côtes Sud de Tahiti-nui et de la presqu'île.
patates douces en revanche sont concentrées sur deux
Papara (42 %), Afaahiti (27 %).
Les
pôles
:
Légumes
1
es
Papara est le district le plus important (35 %), les
apports sont quasi inexistants étant Faaone et Pueu.
En dehors de
districts où
Papara, les principaux districts apporteurs sont A(13 %), Paea (11 %) et Mataiea (7 %).
faahiti (22 %), Faaa
Ces résultats prennent tout
leur
sens en
les comparant à ceux de
l'enquête 1968-1969 précitée.
Les diverses productions
ment des mêmes districts et
rer comme une
Choux
verts
certaine
:
maraîchères
l'on observe
ne
proviennent pas égale¬
l'on pourrait considé¬
ce que
spécialisation.
Papara
44%
F aaa
20 %
Paea
11 %
Mataiea
8 %
Tuahotu
7 %
L'ensemble allant de Paea à Mataiea représente 63 %.
Concombres
:
Afaahiti
55 %
Papara
22 %
9 %
6 %
Mataiea
Faaa
Salades
:
Papara
49 %
Paea
16 %
Faaa
12%
Mataiea
Ensemble de Paea à Mataiea
Tomates
:
11 %
:
76 %
Papara et Afaahiti 37%
Paea
9 %
F aaa
7 %
470
Société des
Études
Océaniennes
�Concombres et tomates se trouvent concentrés sur Papara et Afaahiti. Pour le reste, on observe autour de Papara une zone qui
englobe les deux districts voisins de Paea et Mataiea.
471
Société des
Études
Océaniennes
�EPATPE
APORTS
DES
32km
1
0
QUE
TS
�Fruits
S'agissant de cueillette (puisque l'enquête porte sur Tahiti et
la production trop momentanée des agrumes, en juinjuillet) les apports de fruits se répartissent à peu près sur tous les
districts avec cependant une légère concentration à Papara, Paea,
Mataiea (38 %) et (à cause des mangues) Mahina (15 % ; 40 % des
mangues).
n'a pu saisir
COMPARAISON AVEC 1968-1969
:
UNE MIGRATION DE LA CULTURE
Les
vendus
résultats de l'enquête concernant l'origine des produits
Marché de Papeete en 1968 (1) permet de faire une com¬
au
paraison
avec ceux
de l'enquête actuelle.
Tubercules et féculents
Si les extrêmes restent les mêmes
avec
sensiblement des
pour¬
centages identiques (Papara : 22,07 % en 1968, 21,85 % en 1974 ;
Mahaena : 0 % en 1968, 0,66 % en 1974), d'importantes modifications
enregistrées par ailleurs : de fortes baisses se sont produites
dans les districts de Punaauia (1,72 % en 1974 contre 11,16 % en
sont
1968), Paea (3,76 % contre 11,66 %) et Papeari (8,55 % contre
21,27 %) ; de fortes hausses ont été enregistrées dans les districts de
Mataiea (12,30 % contre 6,51 %), Afaahiti (10,52 % contre 0,02 %),
Tautira (8,90 % contre 3,66 %) et Pueu (5,86 % contre 2,03 %).
Malgré
et féculents
ces
a
variations, l'origine des productions des tubercules
que celle des légumes.
beaucoup moins changé
Cultures maraîchères
L'origine géographique de la production de légumes a totalement
changé de 1968 à 1974. Elle peut se résumer à deux grands phéno¬
mènes
—
:
diffusion de la culture maraîchère à tous les districts
glissement des cultures de Papeete, Faaa, Punaauia vers
Paea, Papara, Afaahiti.
—
473
Société des
Études
Océaniennes
�Diffusion de la cultu
-
re
maraîchère.
La culture maraîchère était concentrée
sur
7 districts
en
1968,
dont 5 urbains
(Papeete, Faaa, Punaauia, Paea, Arue) représentaient
87,27 % de la production, les 2 autres (Papara, Mataiea) bien que
situés en zone/rurale ne représentant que 12,73 % de la production.
Aujourd'hui, on peut affirmer que tous les 21 districts de Tahiti
(aujourd'hui communes ou sections de communes) sont touchés par
les cultures maraîchères, bien que certains ne le soient que très
faiblement (Pueu, Faaone, Hitiaa et Mahina ne représentent à eux
quatre que 0,09 % de la production).
-
Glissement des principaux centres
de production.
Les deux principaux centres de production en 1968 étaient Faaa
(39,52 %) et Punaauia (20,92 %) ; actuellement les deux centres prin¬
cipaux sont Papara (34,63 %) et Afaahiti (22,48 %). La zone urbaine
(Arue, Pirae, Papeete, Faaa, Punaauia, Paea) produisait 87,27 % en
1968 ; elle ne produit plus actuellement que 30,88 %.
Papeari, Afaahiti)
12,73 % des approvisionnements, fournit à
En revanche, la zone rurale (Papara, Mataiea,
qui ne fournissait
présent 66,01 %.
que
de production met en évidence la ré¬
menée par le Service de l'Economie rurale de¬
puis le début du Vlè Plan, à savoir : remplacer la culture maraîchère
de pente installée sur les collines de la zone urbaine par une culture
maraichère en plaine.
Cette inversion des
zones
ussite de la politique
Cette constatation corrobore les résultats obtenus
au
niveau de
la production totale de légumes (2) :
Cultures
en
montagne
Cultures
en
plaine et hydroponiques
Total Tahiti
1971
1974
1980 t
1 270 t
622
1 288
2 602
2 559
474
Société des
Études
Océaniennes
�Fruits
distribue
enquêtes,
en dépit des variations qu'elle fait apparaître souligne certaines per¬
manences. Toutefois, la multiplicité des fruits, la localisation très
étroite de certaines espèces, et à certaines périodes de l'année, et à
certains districts rend difficile la comparaison du fait qu'à la diffé¬
rence de l'enquête 1968-1969 qui a duré douze mois, celle de 1974En 1968
comme
en
1974, la production des fruits
se
dans toutes les parties de Tahiti. La comparaison des deux
1975 n'a porté que sur deux.
En 1974
comme en
les Communes de
nui
avec
la
1968, les
gros
producteurs de fruits demeurent
sur la Côte Sud de TahitiMahina, Arue, Papeete, Faaa,
Papara et de Teva-i-uta
zone
urbaine notamment
Punaauia et Paea.
Claude ROBINEAU
Jean-Marie CAMBACERES
Claude, 1975, Papeete, premier marché de Tahiti.
socio-économique, Paris, ORSTOM, Travaux et Documents
presse).
(1) ROBINEAU
Etude
(
sous
(2) CAMBACERES
Jean-Marie,
1972,
Statistiques agricoles de la
Polynésie française, 1974, Bulletin de statistiques agricoles.
No. 3, Service de l'économie rurale.
475
Société des
ÉtndéS
Océaniennes
�,
476
Société des
Études
Océaniennes
•
�LA DECOUVERTE DE LA NOUVELLE-CALEDONIE
(SEPTEMBRE 1774)
Quoique les articles de notre bulletin soient en principe dédiés
uniquement à la Polynésie, il nous a paru intéressant d'offrir à nos
lecteurs
la traduction du récit de la découverte de la NouvelleCalédonie extraite de la relation du second voyage de Cook. Ceci
permet également de rendre hommage à
qui Tahiti doit une partie de sa renommée.
nous
ce
grand navigateur à
LIMINAIRE
NOTE
Le récit du second voyage du Capitaine COOK, au cours duquel
il découvrit la Nouvelle-Calédonie (septembre 1774) a été traduit en
français à Paris, en 1778. L'ouvrage, qui comporte cinq volumes, n'a
été réédité que deux fois, à Lausanne en 1796 et à Paris en 1829. Il
est donc devenu rarissime : on ne le trouve que dans certaines bi¬
bliothèques publiques
ou
privées
;
il
ne
figure
pas
à la bibliothèque
Bernheim à Nouméa.
Au surplus, cette traduction de 1778 est
incomplète, imparfaite
mauvais mélange du récit de COOK et
de celui du naturaliste allemand George FORSTER. Elle n'est ac¬
compagnée que d'une carte et de quelques illustrations.
et souvent
infidèle
Les lecteurs
niens, n'ont donc
sur
:
c'est
un
français, et en particulier les lecteurs néo-calédo¬
aucune possibilité de se documenter sérieusement
les circonstances exactes de la découverte de l'île.
C'est pour combler cette lacune que la Société d'Etudes Histo¬
riques de la Nouvelle-Calédonie a chargé M. PISIER, qui est à la fois
un de ses membres et un de nos sociétaires, de
rechercher, présenter,
traduire et annoter, à l'occasion du bicentenaire de la découverte de
l'île (septembre 1974), les principaux documents anglais sur la ques¬
tion.
Un grand nombre de ces documents -manuscrits, imprimés, ico¬
nographiques, cartographiques- sont inédits. Ils ont fait l'objet d'un
livre de 230 pages qui a paru à Nouméa en juin 1974. Son auteur,
notre sociétaire, M. PISIER, a bien voulu nous en donner un condensé.
477
Société des
Études
Océaniennes
�LES CIRCONSTANCES DE LA DECOUVERTE
C'est au cours de son deuxième voyage
circumpacifique (17721775) que, le 4 septembre 1774, le navigateur anglais James COOK
découvrit la Nouvelle-Calédonie. A cette date il navigue
depuis deux
ans. Il a exécuté ponctuellement les instructions de
l'Amirauté an¬
glaise, à savoir :
1°) profiter des mois de l'été austral (novembre à mars) pour
s'avancer le plus possible vers le pôle Sud à la recherche de l'hypo¬
thétique continent austral (sa mission principale) et 2°) utiliser les
mois de l'hiver austral (avril à octobre) pour parfaire, et si possible
compléter, la connaissance des fies tropicales. C'est ainsi que
COOK a, une première fois, exploré l'antarctique (secteur de l'O¬
céan Indien) pendant l'été 72-73, puis il est remonté vers les basses
latitudes et a parcouru les fies polynésiennes. Il a, une seconde
fois, navigué au bord de la banquise antarctique (secteur du Pacifi¬
que) pendant l'été austral 73-74, puis est remonté vers la Polynésie.
Il y est remonté un peu plus tôt que l'année précédente car il a une
arrière-pensée : pousser vers l'Ouest de la Polynésie afin de complé¬
ter la connaissance des Nouvelles-Hébrides dont la
partie Nord (San¬
to) a été touchée par QUIROS en 1605 et traversée par BOUGAIN¬
VILLE en 1768 et de là, regagner sa base de Nouvelle-Zélande en
parcourant une vaste étendue marine de plus de 1.200 milles nauti¬
ques, totalement inconnue. Ce programme il l'a réalisé point par
point : il a quitté les fies Tonga fin juin et touché le Nord des Nou¬
velles-Hébrides le 17 juillet De cette date jusqu'au début septembre
Ï1 accomplit cette remarquable campagne
hydrographique des Hébrides
qui reste un chef-d'oeuvre et qui rappelle, à une échelle plus modeste,
l'exploration de la Nouvelle-Zélande effectuée au cours du premier
voyage (1768-1771). La campagne achevée, il décide de naviguer au
Sud vers la Nouvelle-Zélande. Dans une lettre à l'Amirauté expédiée
du Cap le 22 mars 1775 (1) il écrira : "l'exploration de ces fies (les
Nouvelles Hébrides) terminant tout ce que je me proposais de faire
sous les tropiques, en
conséquence, je courus vers le Sud dans l'in¬
tention de faire relâche en Nouvelle-Zélande, mais, le 4
septembre, à
la latitude de 20°, je "tombai" (fell in) sur un grand
pays que j'ap¬
pelai la Nouvelle-Calédonie..." Cette indication est confirmée par
son journal de voyage à la date du premier
septembre 1774. Elle sou¬
ligne que COOK a découvert la Nouvelle-Calédonie sans s'y atten¬
dre. Et il est important d'ouvrir à ce sujet une large parenthèse.
(1) Lettre de COOK à l'Amiralty Secretary, Adm.
Record Office, Londres.
478
Société des
Études
Océaniennes
1/1610, Public
�1
Depuis près de deux cents ans, les auteurs français répètent à
BOUGAINVILLE a "pressenti" la Nouvelle-Calédonie et
que COOK écrivit que le récit du navigateur français le guida, en
1774, vers cette île inconnue. De l'avis unanime, c'est donc un fran¬
çais qui serait "l'inventeur" de la Nouvelle-Calédonie. L'affirmation
n'est mise en doute par personne, même par des historiens de la
marine, voire des amiraux !
l'envie que
Or, c'est une erreur manifeste. On pourrait penser qu'elle procède
de l'esprit cocardier des français, heureux de penser que c'est un de
leurs compatriotes qui orienta le navigateur anglais vers
cette terre
française. Mais, en l'occurrence, si les français s'emparèrent volon¬
tiers de l'erreur, elle ne leur est pas
imputable. C'est un Allemand
qui la commit, le jeune naturaliste George FORSTER, embarqué avec
son père à bord de la
Résolution, le vaisseau de COOK. Dans sa
relation du second voyage de COOK et à l'occasion de la découverte
de la Nouvelle-Calédonie, George FORSTER écrivit en effet : "M. de
BOUGAINVILLE fait observer qu'il rencontra une mer entièrement
calme et que plusieurs pièces de bois et de fruits flottants
passèrent
son vaisseau : c'était à peu près au Nord-Ouest de la terre
que nous découvrions maintenant et que cet habile et intelligent na¬
le long de
vigateur avait conjecturé devoir être dans cette direction."
Un
an
après,
en
1778, les Français firent paraître
une
traduction
du deuxième voyage de COOK qui est, comme on l'a vu, la seule tra¬
duction parue jusqu'à ce jour en France. Or, cette traduction est un
mélange, une mixture de COOK et de FORSTER et le texte de l'un ne
se distingue du texte de l'autre que par de discrets guillemets. Les
guillemets ont même disparu dans l'édition de 1829. Les lecteurs
français confondirent les deux textes et attribuèrent à COOK la phra¬
se de FORSTER citée plus haut. C'est donc de cette confusion que
date la légende qui veut que COOK ait affirmé que BOUGAINVILLE
avait conjecturé l'existence de la Nouvelle-Calédonie et par consé¬
quent l'avait orienté vers la Grande Terre. La première erreur consis¬
te donc à attribuer à COOK ce qui revient à FORSTER.
si FORSTER avait dit vrai. Mais c'est
magistrale et l'on s'étonne que des historiens de la marine,
souvent des marins, ne s'en soient pas aperçus par le simple examen
Ce
ne
serait pas si grave
une erreur
de la carte de BOUGAINVILLE. Il suffit
données nautiques
de
ce
dernier
pour se
en
effet de vérifier les
convaincre qu'il n'a
479
Société des
Études
Océaniennes
coor¬
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C/1
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&
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©
©
©
C/3
�la possibilité de pressentir la Calédonie. Il en était bien trop éloigné.
Son récit et la carte qui l'accompagne (2) ne permettent aucun doute à
sujet. BOUGAINVILLE déclare avoir cessé de voir la terre au Nord des Hébrides - le 29 mai 1768 et avoir
constamment fait route à l'Ouest, en suivant le 15ème degré de lati¬
tude Sud, vers l'Australie, avec un vent d'Est et de Sud Est "très
frais". Dans la nuit du 4 au 5 juin, soit près de huit jours après son
départ des Hébrides, il aperçut devant lui "un petit Dot de sable qui
s'élève à peine au-dessus de l'eau". Il le nomma la "bature de
Diane". Elle est située à 149° 50' de longitude Est. Après cette
découverte BOUGAINVILLE continue à courir prudemment vers
l'Ouest jusqu'au 6 juin après-midi où il se heurta à une chaîne de
récifs et de brisants s'étendant sur plusieurs milles. Ces récifs por¬
tent depuis lors, sur la carte, le nom de "récifs BOUGAINVILLE".
Us sont situés à 15 degrés de latitude Sud et à environ 146 degrés de
longitude Est, c'est-à-dire près de la Grande Barrière australienne,
dans le renfoncement que forme le continent australien à l'extrême
Nord du Queensland. Après les avoir reconnus longuement, BOUGAIN¬
VILLE décida le 7 juin au matin d'infléchir sa route vers le Nord
c'est-à-dire vers la Nouvelle-Guinée. C'est à ce moment qu'il écrit
(page 257) : "la rencontre consécutive de ces brisants vus depuis
trois jours, ces troncs d'arbres, ces fruits, ces goémons que nous
trouvions à chaque instant, la tranquillité de la mer, la direction des
courants, tout nous a suffisamment indiqué les approches d'une gran¬
de terre et que même elle nous environnait déjà dans le Sud-Est.
Cette terre n'est autre que la côte orientale de la Nouvelle-Hollande"
(nom que l'on donnait alors à l'Australie).
ce
c'est-à-dire Santo,
Le récit de BOUGAINVILLE et
équivoque
il n'a, à
sa
position
ne
prêtent donc à
moment, pu soupçonner l'existence
de la Nouvelle-Calédonie. La grande De se trouvait effectivement
dans son Sud-Est mais à environ 1000 milles nautiques à vol d'oiseau,
soit à environ 1852 kilomètres, soit à une distance largement supé¬
rieure à celle qui sépare Nouméa de Brisbane !
aucune
:
aucun
On se perd en conjectures sur l'erreur grossière qu'a commise
George FORSTER. Et l'on s'en étonne d'autant plus qu'il connaissait
bien le récit de BOUGAINVILLE puisque c'est son père qui l'avait
(2) BOUGAINVILLE, Louis Antoine, Comte de - Voyage autour du
monde par la frégate du Roi la Boudeuse et la flûte l'Etoile en
1766, 1767, 1768, 1769, Paris, Saillant et Nyon, 1771.
481
Société des
Études
Océaniennes
�traduit
en anglais en 1772 et que ce récit figurait dans la bibliothèque
de la Résolution. Les Anglais ont souvent écrit - et COOK l'a laissé
entendre dans son récit - que les FORSTERS n'étaient pas des sa¬
vants sérieux. Ils avaient
sans
doute raison. En tout état de cause
les Français doivent se résigner à l'idée que COOK n'eut pas besoin
de BOUGAINVILLE pour découvrir la Nouvelle-Calédonie. C'est par
hasard qu'il la rencontra sur son chemin en regagnant la NouvelleZélande.
Mais avant de passer au récit même de cette découverte, il est
nécessaire de décrire maintenant le bateau que commandait COOK et
les hommes qui s'y trouvaient.
LE BATEAU
Plusieurs auteurs, et non des moindres, ont écrit que COOK
commandait les deux navires de l'expédition, la Résolution et 1'Ad¬
venture, lorsqu'il toucha les côtes calédoniennes. C'est une erreur (3)
COOK avait été séparé de 1'Adventure au cours d'une tempête au large
de la Nouvelle-Zélande en fin octobre 1773. Il ne la retrouva qu'en
Angleterre en 1775. C'est donc un seul navire, la Résolution,
virent apparaître les naturels de Balade le 4 septembre 1774.
C'était
un
que
superbe trois-mâts, dont COOK ne cessa de vanter les
qualités et qu'il utilisa d'ailleurs à nouveau pour son
troisième
voya¬
C'est lui-même qui l'avait choisi parce qu'il avait été construit à
Whitby, en Angleterre, par les ateliers Fishburn, d'où était sorti
l'Endeavour, le vaisseau du premier voyage. Il était d'ailleurs du
même type que l'Endeavour, quoique plus grand, et présentait les
mêmes caractéristiques, indispensables aux yeux de COOK : il était
ge.
d'une grande contenance et permettait de stocker un volume important
de provisions ; son tirant d'eau était faible ; on pouvait le caréner
facilement
ge ;
en le couchant simplement sur un bord, le long d'une pla¬
enfin il était très manoeuvrier et cette qualité essentielle, on le
(3) Depuis deux cents ans la plupart des auteurs
ou
journalistes, commettent
en
général quatre
français, écrivains
erreurs lorsqu'ils
traitent de la découverte de la Nouvelle-Calédonie par COOK
:
été guidé par BOUGAINVILLE (voir supra) - 2) COOK
commande la Résolution et 1'Adventure - 3) COOK a abordé l'Ile
des Pins - 4) COOK a abordé l'îlot Améré avant de contourner
1) COOK
a
l'Ile des Pins.
482
Société des
Études Océaniennes
�1
-
La Résolution dans les "Downs" (la rade
au large de Deal dans le Sud
l'Angleterre), d'après la très belle peinture à l'huile exécutée par le
peintre anglais Francis HOLMAN le 26 et le 27 juin 1772, soit peu de
temps avant le départ du second voyage. L'original de cette peinture se
trouve à la Bibliothèque D1XS0N à Sydney. C'est de la dunette en haut
de
du mât central
que
le midship COLNETT aperçut la Nouvelle-Calédonie
remarque nettement à l'avant du navire la figure
le 4 septembre 1774. On
de proue
2
-
qui est reproduite ci-dessous.
Figure de proue de la Résolution, conservée au Dominion Museum à
Wellington (Nouvelle-Zélande). Cette tête sculptée d'animal (un chien ?
un loup ? un cheval marin ?) dut intriguer considérablement les indigènes
de Balade. Peut-être crurent-ils à une représentation totémique.
483
Société des
Études
Océaniennes
2
�3
3
-
vue de l'arrière. Très belle aquarelle du midship Henry
ROBERTS, exécutée a l'âge de 15 ans (original en couleurs à la Biblio¬
thèque MITCHELL, Sydney). Tel dut apparaître le vaisseau de COOK
aux indigènes montés sur des pirogues doubles qui le suivirent jusqu'à
son mouillage sous le vent de l'îlot Poudioué à Balade.
La Résolution
484
�permettra à COOK de se tirer de très mauvais pas, notamment
Grand Récif Sud de la Calédonie. Ce navire avait été construit en
verra,
au
1770 et il était par
conséquent récent. Il mesurait à la flottaison en¬
viron 35 mètres mais faisait près de 45 mètres du gaillard d'arrière à
l'extrémité du bout dehors de clin foc ; sa largeur maxima était de
mètres. La hauteur du plus grand
mâts de hune et de perroquet, dé¬
passait 40 mètres. Il jaugeait 462 tonneaux. Enfin, il était armé de
12 canons. Il avait fière allure ainsi qu'on pourra s'en rendre compte
au vu des tableaux de Francis HOLMAN et du midship ROBERTS, qui
illustrent ce récit et dont hélas on ne peut reproduire les couleurs.
9
m
50 et
son
tirant d'eau de quatre
mât (le mât central), y compris les
LES HOMMES
la "ship's
91 marins, 21 soldats ("marines") et 7 passagers civils.
119 hommes sont à bord de la Résolution et composent
company"
:
(officiers, sous-officiers et gabiers) ont tous été choi¬
COOK lui-même. Il fallait des hommes
d'une trempe exceptionnelle pour faire face aux difficultés, aux dan¬
gers et aux privations d'une longue campagne sur un grand trois-mâts.
COOK, si avare de compliments, fera toujours l'éloge de son équipage.
Seize d'entre eux ont d'ailleurs déjà fait campagne avec lui au cours
de son premier voyage.
Au-dessus de tous il faut citer, bien sûr, le capitaine COOK luimême : Sa figure est trop connue pour qu'on insiste. Il convient ce¬
pendant de rappeler succinctement qu'il a 46 ans, qu'il est grand
(1 m 82), svelte et robuste, que c'est le fils d'un simple journalier
qui a débuté comme matelot et s'est rapidement imposé grâce à son
travail et à ses aptitudes. Il a appris tout seul les mathématiques et
l'astronomie et a fait preuve de dons extraordinaires de navigateur et
d'hydrographe. Il a bien d'autres qualités, qui complètent le portrait
de l'homme. Elles ont été gravées sur le mémorial qui lui est dédié à
Vache Park dans le Buckinghamshire et dont voici la traduction :
"... il possédait au plus haut point les qualités requises pour son
métier et les dons nécessaires aux grandes entreprises, alliés aux
hautes vertus des hommes les plus éminents. Lucide et réfléchi dans
ses jugements, intelligent et sagace dans ses décisions, diligent et
vif dans l'action, persévérant, d'une prudence constante, infatigable
au travail, inébranlable dans les difficultés, impassible devant les
déceptions, ingénieux et inventif, toujours maître de lui et apte à
appréhender et dominer toutes les situations avec sang froid". Si l'on
Les marins
sis
avec
soin par le capitaine
485
Société des
Études
Océaniennes
�ajoute qu'il était taciturne, sobre et très humain - tant avec ses su¬
bordonnés qu'avec les naturels des pays visités - on aura dans un
raccourci assez complet le portrait de l'homme qui découvrit la
déjà célèbre par son premier
circumpacifique (1768-1771) au cours duquel, outre ses esca¬
les polynésiennes, il fit l'hydrographie complète de la Nouvelle-
Nouvelle-Calédonie. A cette date il est
voyage
Zélande et de la côte Est de l'Australie.
côtés quatre excellents officiers - Le premier lieute¬
COOPER, compétent et expérimenté (il devint contre-amiral) Le deuxième lieutenant CLERKE, qui participa aux trois voyages de
COOK et mourut en mer, de phtisie, au cours du troisième ; bon offi¬
Il
a
à
ses
nant
cier et bon écrivain,
ainsi qu'on le
verra
d'après l'extrait de
son
Journal de Voyage - Le troisième lieutenant PICKERSGILL, qui ve¬
nait aussi de l'Endeavour et qui était spécialiste des expéditions sur
les petites embarcations : c'est lui qui dirigea l'expédition de
bio. Romantique et enthousiaste, il n'a malheureusement rien
Balaécrit
sur la Calédonie
Enfin le "Master" ou Maître de navigation, Joseph
GILBERT, qui a rang d'officier après les lieutenants, très apprécié
par COOK en tant que navigateur et cartographe.
-
Au-dessous, on trouve une bonne douzaine de midships ou élèvesofficiers, tous très jeunes (certains n'ont pas quinze ans) et parmi
lesquels on peut citer ELLIOTT (qui écrira un récit pittoresque),
ROBERTS, excellent dessinateur (voir en hors-texte son tableau de la
Résolution, exécuté à quinze ans !) ; Isaac SMITH, le neveu de Ma¬
dame COOK, bon dessinateur et cartographe, qui finira Amiral ;
George VANCOUVER, qui sera plus tard l'hydrographe de la côte
Nord-Ouest du Canada, dont la capitale porte son nom ; enfin James
COLNETT qui s'immortalisera non par sa carrière, qui tut moyenne,
mais par le fait qu'il aperçut le premier le pic et le promontoire ca1 édoniens qui portent son nom.
Au-dessous viennent les sous-officiers et marins, tous expéri¬
mentés et spécialisés, dont il n'y a pas grand chose à dire, sinon que
l'un d'entre eux, le matelot GRINDALL, finira Amiral en 1810, et que
le second canonnier MARRA se singularisera en imprimant clandesti¬
1775 le premier récit du second voyage. Pour la
petite histoire, il est plaisant de constater qu'il y avait dans l'équi¬
nement à Londres
page
en
deux gabiers prénommés COOK et dont l'un s'appelait même
James COOK !
486
Société des
Études
Océaniennes
�!
4
-
Capitaine COOK par Nathaniel DANCE. Magnifique peinture à
couleurs particulièrement réussies, qui est exposée au Na¬
tional Maritime Museum à Greenwich (Angleterre). Portrait exécuté en
1776, soit peu de temps après le retour du second voyage. Le docteur
D. SAMWELL, l'un des médecins du troisième voyage, écrit que le por¬
trait est très ressemblant, le seul de tous ceux qu'il a vus, précise-Pil,
qui ressemble à COOK.
Portrait du
l'huile,
aux
487
�7
5
-
S
Portrait de Charles
exécuté
peu
CLERKE, second Lieutenant, par John TAYLOR,
après le retour du second voyage en 1776. Original en la
possession de R. de C. Nan KIVELL.
6
-
Portrait du
midship Isaac SMITH devenu Amiral, provenant de la collec¬
(Bibliothèque DIXSON, Sydney) (inédit).
tion du Dr. HOBILLCOLE
7
-
8
-
Le
midship HENRY Roberts, excellent dessinateur
d'origine inconnu.
et
cartographe. Pastel
Le midship George VANCOUVER, le futur fondateur de la
Colombie Britannique. Il n'a que 17 ans en 1774.
capitale de la
488
Société des
Études
Océaniennes
�9
-
Portrait
RUSSEL.
de William WALES, l'Astronome de l'expédition, par John
Peinture à l'huile exposée au National Maritime Museum a
(Angleterre). Le portrait date de 1894 ; il est donc de vingt
au second voyage de COOK. Mr. WALES a 60 ans et il a
prit de l'embonpoint. Il observa une éclipse de soleil sur l'îlot Poudioué, le 6 septembre 1774. Personnalité éminente, il était très écouté
par COOK. Excellent mathématicien, il finira Directeur de l'Ecole ma¬
thématique du Christ's Hospital.
Greenwich
ans
10
-
postérieur
Portrait de William HODGES,
datant de 1793, soit postérieur
dessin au
de 20 ans
crayon
au
de George DANCE,
second
voyage
de COOK.
Original à la Royal Academy of Arts, Piccadilly, Londres. HODGES
était le peintre officiel de l'expédition. C'est à lui que l'on doit la
plupart des portraits et paysages exécutés en Nouvelle-Calédonie en
septembre 1774 et dont on trouvera la reproduction en hors-texte.
489
Société des
Études
Océaniennes
�11
-
SPARRMAN, botaniste et médecin suédois, 26 ans
cm Cap à la solde de Johann FORSTER. Anders
SPARRMAN arriva au faîte des honneurs dans son pays et finira mem¬
Portrait de Anders
en
1774, embarqué
bre de l'Académie
illustres
voyage
12
-
Royale de Stockholm. Ce portrait, extrait des"hommes
vivants", Paris, 1787, est postérieur de 13 ans au second
de COOK.
Johann REINHOLD et
George FORSTER, le père et le fils, gravure de
d'après un dessin de J. RIGAUD. Localisation inconnue.
Reproduite par J.C. BEAGLEHOLE, face page XXXIX. George FORS¬
TER est représenté dessinant un oiseau. Il a laissé d'excellents
dessins de plantes et d'animaux de Nouvelle-Calédonie, qui sont con¬
D.
BEYEL
servés
au
British Museum à Londres.
490
Société des
Études
Océaniennes
�Enfin, à part, il faut citer le chirurgien de marine PATTEN,
ex¬
cellent praticien qui, dit-on, sauva la vie de COOK, gravement
malade
en février 1774. Il n'a malheureusement rien écrit sur la
Calédonie.
Rien à dire des 21 soldats de marine, dont on n'eut pas à utiliser
les services en Calédonie, sinon que le lieutenant EDJCUMBE venait
de 1'Endeavour et était apprécié de tous.
Par contre, les cinq passagers civils (il y avait en plus 2 domes¬
tiques) composent un ensemble de personnalités marquantes ou pitto¬
resques : - L'astronome William WALES, 40 ans, a été embarqué à la
requête du Bureau des Longitudes (dont il finira Secrétaire). Excellent
homme (il était très estimé par COOK), bon écrivain - il a laissé un
journal intéressant - et surtout excellent mathématicien et astronome.
Il avait tout particulièrement la charge de s'occuper des quatre chro¬
nomètres du bord, notamment du fameux
nouveau
chronomètre dit de
Kendall, dont la marche fut si parfaite qu'elle fit du second voyage
de COOK un des plus importants de l'histoire de la navigation. On
dit que le chronomètre de la Résolution marche encore de façon par¬
faitement exacte à l'Observatoire Royal d'Angleterre (4). - Le jeune
peintre de 28 ans William HODGES avait déjà une réputation de pay¬
sagiste bien établie. Il était malheureusement médiocre portraitiste.
Il accomplit une oeuvre considérable pendant tout le voyage et notam¬
en Nouvelle-Calédonie. C'est à lui que l'on doit presque
toutes
les illustrations qui accompagnent le récit de COOK. - Le naturaliste
ment
allemand Johann Reinhold FORSTER fut le "cauchemar" de COOK et
de toute
l'expédition. Prussien d'origine écossaise, ancien pasteur,
C'est un savant médiocre (5) et d'un tempérament exé¬
crable. On le dépeint dogmatique, sentencieux, prétentieux, soup¬
il
a
45
ans.
çonneux, revendicateur... et rhumatisant... COOK le tint résolument à
l'écart. Il l'appelle par moquerie "le philosophe".
(4) Werner Forman et Ronald Syme
Paris, 1971. Voir
page
-
Les
voyages
du Capitaine COOK.
16.
(5) Un auteur anglais a tenté récemment de réhabiliter
pher"
volume
sa
mémoire.
Reinhold FORSTER : the neglected "philoso¬
of COOK'S second voyage. Journal of Pacific History,
2, Canberra, 1967.
Voir Hoare ; Johann
491
Société des
Études
Océaniennes
�n'a que 20 ans est terrorisé
père dont il est l'assistant et dans l'ombre duquel il vit. Il
recueille du même coup une bonne part de l'antipathie que suscite
son père. C'est sous l'influence de celui-ci qu'il commettra la mal¬
honnêteté de publier son récit, d'ailleurs assez bon, six semaines
Son fils, George FORSTER, qui
-
par son
avant COOK.
-
botaniste et médecin suédois SPARRMAN (26
Enfin le jeune
ans) ancien élève de Linné, a été embarqué au Cap comme assistant
et à la solde de FORSTER père. Mais il est réservé et sait se tenir
écrira en suédois un bon récit, fort ap¬
et qui n'a été traduit en anglais que récemment
(1953). Il finira membre de l'Académie Royale des Sciences de Stoc¬
dans
une
ombre prudente. Il
précié dans
son pays,
kholm.
Il est bon de souligner, pour terminer, que tous ces
hommes sont
l'antarctique et
scorbut. Le fait
est si rare à l'époque qu'il vaut la peine d'être noté. Ce résultat est
dû aux préparatifs minutieux de COOK et à l'obligation qu'il a impo¬
sée à tous d'ingérer quotidiennement des aliments antiscorbutiques
tels que le malt, la choucroute, le chou salé, la compote de carottes
et une sorte de bière concentrée. Ce succès, ainsi que l'usage du
chronomètre de Kendall, firent date dans les annales des grands
bonne santé. Après deux ans de navigation dans
sous les tropiques, aucun d'entre eux n'est atteint de
en
voyages.
la première fois
aborder la Grande Terre calédonienne.
Tels sont les hommes de l'Occident qui, pour
dans l'histoire, vont
LE SEJOUR A BALADE
C'est le dimanche matin 4 septembre 1774 que la vigie, le mid¬
massif montagneux surmonté d'un pic, au
aussitôt Cap COLNETT, nom qu'il a
conservé jusqu'à nos jours. COOK fit route dans sa direction et dé¬
couvrit peu à peu une grande terre s'étendant du Sud Est au Nord
Ouest. A 17 heures, il se trouva encalminé à près de trois lieues (6).
Il aperçut des voiles près de la côte mais aussi une chaîne de bri¬
sants qui semblait continue, entre la Résolution et la terre. Il décida
donc de passer la nuit à louvoyer, sous une légère brise de Sud Est.
ship COLNET, aperçut
un
Sud Sud Ouest. COOK le baptisa
(6) Pour les non initiés
lieue marine équivaut
aux termes nautiques, on rappellera que la
à 3 milles nautiques, soit environ 5.555 mè¬
tres.
492
Société des
Études
Océaniennes
�13
-
Cette
carte
générale delà Calédonie
celles de
a
été dressée
par
COOK, d'après
collaborateurs : l'astronome WALES,
le lieutenant PICKERSGILL, le maître GILBERT et les midships
ROBERTS, SMITH et VANCOUVER. C'est la carte officielle du voyage.
Elle a été gravée par W. PALMER et reproduite sur la planche III qui
sa
propre carte et
ses
le récit imprimé de COOK, volume 2, face à la page 25.
indiquée mais les degrés en latitude et en longitude
sont indiqués avec précision, ce qui permet de la déduire. On distingue
avec netteté le trajet de la Résolution. On voit que COOK est passé à
quelques dizaines de milles des Loyautés sans en soupçonner l'exis¬
tence. On lit en haut : Sandy I s îlot de sable ; Observatory island = îlot
Poudioué ; sea-coast seen from Balade = partie de la côte Ouest vue
accompagne
L'échelle n'est pas
(du haut des collines) de Balade.
493
Société des
Études
Océaniennes
�14
et
15
-
anonyme, mais vraisemblablement dessiné par
COOK, gravé et reproduit sur la planche XI de son récit imprimé, volume 2, face page 38. Scale of miles z échelle en milles nautiques ; wa¬
tering place = aiguade de l'Ouest ; mangroves = la mangrove (palétu¬
viers) ; village =. hameau de Baiao ; observatory island - îlot Poudioué,
sous le vent duquel COOK a indiqué son mouillage par une ancre. On
voit aussi indiquées les différentes profondeurs en fathoms (brasses)
depuis la passe de Balade jusqu'au mouillage. Si l'on compare ce plan
Plan du havre de Balade,
au
croquis moderne ci-dessous, on remarque en
haut à gauche le début
Récif de COOK ; au-dessous, de gauche a droite, le plateau
de Tiari, le plateau d'Amoss, la passe d'Amoss, le récif de Balade, la
passe de Balade, et le Grand Récif Pouma. En bas à gauche sont indi¬
quées l'île de Pam et la vallée du Diahot.
du Grand
15
494
Société des
Études
Océaniennes
�16
iWlBaplpammndiè,lbC1ac7ergnvé¬redau4unstdt.,CàJM1jinqs9q6.'(LdABéocuraoiSutevemrshtFiI(dn1éos9nlvca)g.àRimtbntdr:oppeehmrteagsqnuqiutlàbé(Pi'égo;ndasi),,Bljequtsevè(dPV6EaNm;pm0GuA4i.YéblttrlesoaigruneùvcàdlFcrp;lnetahfemtsOdrmanoouvou¬itie.àdprbrlgèxues,naqeargtêctéhs,àlàdmu;onoiufviéNfbdorursltee.
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16
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^
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X'\A/' ""
^.V/CZ
L
&/L
-
'jfâd£*f}uBL
CerO
Page du Journal de
taine (British
J f~
voyage
^
de COOK écrite de la main même du Capi¬
aux
mai¬
calédoniennes. On lit en haut : "Upon the whole their houses are
better calculated for a cold than a hot climate etc..." (En général leurs
sons
adaptées à
un
+ %**
o/i
u
mt/feuf
n«-i//Lv£.;
^vJetL^J-n
Museum, Londres). Il s'agit du folio 280 relatif
maisons sont mieux
»' «m
(TTl-l
■»fs/^Ar^A'Yi a
^
I$C**v ^
/~/v$ul.> /uuétj ' vV^^L»
j£*-oyiA^
A&Jfe&*y&&rt/iL4L*y gi^jf
yC
^
17
txxdf-rfrjuA
t/ r on
"fi^t*~rri'
^ ?
aAul
climat froid qu'à
un
etc...).
496
Jce
climat chaud,
<t4fAU*i..AM^
�J
Au matin, il se rapprocha encore et aperçut une passe à travers
les récifs. C'est la passe de Balada En même temps, une douzaine
de pirogues à voile vinrent à sa rencontre. COOK mit le bateau en
panne
et envoya deux embarcations explorer la passe, sous le com¬
Sans doute alarmés, les
mandement du lieutenant PICKERSGILL.
occupants des pirogues firent demi tour et
se
tinrent
sur
le récif.
PICKERSGILL revint bientôt et déclara que la passe était saine. Il
dit aussi qu'il était entré en contact avec les occupants de deux pi¬
rogues à qui il distribua quelques présents et qui lui donnèrent en
échange quelques poissons, d'ailleurs pourris. COOK s'engagea donc
hardiment à travers la passe et en remontant un petit vent de Sud Est,
il vint mouiller sous le vent de l'îlot Poudioué, à environ un mille de
la terre. Les indigènes montés sur les pirogues qu'ils avaient tirées
sur les récifs, semblèrent ébahis de l'adresse avec laquelle un si
gros bateau sans balancier, était manoeuvré et, comme l'écrit plai¬
samment l'astronome WALES "dès que nous les eûmes dépassés, ils
hissèrent tous leurs voiles et
nous suivirent, si bien que - autant
qu'on puisse illustrer de petites choses par des grandes - nous res¬
semblions à un bateau de guerre convoyant une importante flotte de
navires marchands". L'ancre était à peine jeté que la Résolution fut
entourée par une vingtaine de pirogues. Elles se tinrent d'abord timi¬
dement à quelque distance, puis, à la vue des présents que leur of¬
fraient les marins anglais, quelques indigènes s'enhardirent et le
bateau en fut bientôt rempli. Ils visitèrent le vaisseau avec une vive
curiosité manifestant le plus vif intérêt pour les longs clous en fer et
l'étoffe rouge et furent stupéfaits devant les cochons et les chiens
dont ils semblaient n'avoir
aucune
connaissance.
Au début de l'après-midi CÛOK se rendit à terre avec deux em¬
barcations armées, accompagné par un indigène qui s'était spontané¬
ment attaché à sa personne. Il débarqua sur une plage de sable (7), au
milieu d'une foule de gens, dont la plupart n'étaient pas armés et à
Les femmes portaient une simple mini-jupe autour des
un étui pénien et un turban en fibres noircies.
Le grave COOK se permet d'ailleurs une plaisanterie en écrivant que
"en somme, ces hommes ne se couvraient que la tête et la queue".
peu
près
nus.
hanches et les hommes
Le Grand Chef de la
région, TI BOUMA, qui était présent, fit
(7) La plage de Koulnoué Dalan, qui se trouve au pied de l'actuel
piton qui porte le monument de la prise de possession de l'île
la France.
497
Société des
Études
Océaniennes
par
�faire silence et prononça
un petit discours composé de courtes phra¬
semblèrent approuver. COOK ne le comprit pas car la langue de Balade n'avait
pas le moindre rapport avec les
langues des autres îles où il avait débarqué - mais il lui sembla
ses,
que ses gens
favorable. D'ailleurs l'accueil de tous fut souriant et courtois. TI
BOUMA l'appela Ti COOK, la particule Ti étant honorifique et réser¬
vée
aux chefs. COOK distribua des
présents, des gros clous en fer,
des perles de verroterie, du tissu, des médailles, etc... Il voulut en
donner à des femmes, mais on l'en empêcha. Il fit alors
comprendre
qu'il avait besoin d'eau et de ravitaillement. On lui indiqua une aiguade en direction de l'Est, à environ 2 milles, et il s'y rendit à
travers les palétuviers en empruntant l'embouchure de la rivière de
Balade. Il parvint à un hameau, le hameau de Baiao,
qui fait partie de
l'actuelle commune de Balade, et reçut le même accueil
que sur la
plage du débarquement. Il admira lés tarodières irriguées par un sys¬
tème ingénieux de canaux partant de la rivière de Balade. Le
jeune
FORSTER tira un canard, à la plus grande surprise de tous ces
gens
qui n'avaient aucune notion des armes à feu. On trouva bien l'aiguade,
mais elle
révéla très incommode. Quant au ravitaillement en vivres
put en obtenir et nota l'extrême indigence de ce peuple.
COOK souligna qu' "il était facile de voir qu'ils avaient
peu de chose
à offrir, à part leur bon naturel. A cet
égard ils dépassaient tous les
peuples que nous avions déjà rencontrés ; et bien que nos besoins
n'en fussent pas satisfaits, cela nous était
agréable et nous tranquil¬
lisait".
frais, il
se
ne
Le mardi 6 septembre COOK envoya le lieutenant PICKERSGILL
à la recherche d'une autre aiguade signalée à l'Ouest. Elle se révéla
parfaite et proche du rivage. Au début de l'après-midi, l'astronome
WALES, le lieutenant CLERKE et COOK lui-même observèrent une
éclipse de soleil
sur l'îlot Poudioué. C'est pourquoi il le
baptisa
îlot de l'observatoire (observatory island), nom
qu'il porte sur les
cartes anglaises. Le même jour mourut le boucher du
bord, Simon
MONK. Il fut immergé le lendemain. C'est le premier européen mort en
terre calédonienne.
Le mercredi 7
septembre COOK et les FORSTERS firent l'ascen¬
Vengaya qui culmine, très abrupt, au-dessus du
mouillage de Poudioué (600 m). COOK signale la grande pauvreté du
pays, marécageux dans le bas, rocailleux sur les pentes, couvertes
d'une herbe longue et de niaoulis qui lui rappellent les eucalyptus
d'Australie. Arrivé au sommet, il aperçoit la mer de l'autre côté de
sion du massif du
498
Société des
Études
Océaniennes
�18
499
Société des
Études
Océaniennes
�18
-
Paysage de la région de Balade, dessiné "d'après nature" en septem¬
bre 1774 par William HODGES, gravé par W. BYRNE et reproduit dans le
récit imprimé de COOK, planche 50. Le dessin est assez fidèle : on
voit à droite des palétuviers, des canards sauvages et des coquillages
qui indiquent que l'on se trouve au bord de la mer. Le grand, arbre à
gauche est
doute
banian. Sur
une branche une perruche. A ses
héron de nuit. Les huttes en nid d'a¬
beilles sont véridiques à l'exception de l'entrée qui est beaucoup plus
haute qu'en réalité. Tous les observateurs ont noté qu'il faut se pencher
à demi pour y pénétrer. On remarquera les chambranles sculptés, dont
les figures ont rappelé àWALES le Dieu Terme des Romains. La plaine
est à moitié marécageuse. On n'y voit que de rares plantations. Au
loin, sur les premiers contreforts des collines, des niaoulis à tronc
blanc et à feuillage clair. Les personnages sont bien observés : l'hom¬
me assis est nu, mais porte un long chapeau
cylindrique teint en noir.
Les deux femmes ont sur le dos la planchette porte-bébé au portebagage. Elles ont les cheveux courts, portent la jupette en franges et
une cabbasse d'eau douce. Au loin, les escarpements dénudés des col¬
sans
un
pieds des feuilles de taro et
un
lines de Balade.
Ce paysage
de la Grande Terre est, chronologiquement, le
premier qui ait été dessiné.
19
-
"Homme de Nouvelle-Calédonie, de face et de profil". L'homme de face
chapeau cylindrique teint en noir, sur lequel est fixé le doigtier
pour projeter les lances, et autour duquel s'enroule la corde de la fronde.
porte un
20
-
21
-
"Homme de Calédonie portant
un
chapeau cylindrique de couleur claire".
"Femme de Calédonie". Elle porte les cheveux courts. On distingue le
tatouage décrit par FORSTER, qui va du dessous de la lèvre inférieure
à la pointe du menton.
Ces trois dessins
au
crayon
exécutés
par
William HODGES à Balade
en
dépôt à la Bibliothèque Nationale de l'Australie
(National Library of Australia) à Canberra. L'un d'entre eux (l'homme
au chapeau de couleur claire) est inédit. Les deux autres ont été
gravés
et reproduits dans le récit imprimé de COOK
(23), planches 39 et 48.
septembre 1774 sont
en
500
Société des
Études
Océaniennes
�l'île d'où il conclut que l'île ne doit pas dépasser 50
km de large. Il
aperçoit la plaine de Ouégoa, où résidait TI BOUMA, et au nord, la
grande île de Balabio. Il admire la côte aux pieds de la colline du
Vengaya, la gamme des couleurs de l'eau sur les récifs et les hauts
fonds et cet homme si peu poète, se laisse émouvoir par ce "paysage
enchanteur". FQRSTER quant à lui herborise et il est le premier à
noter la grande richesse minéralogique du sol. Us revinrent à bord
pour déjeuner sans avoir obtenu de vivres frais de tous ces pauvres
gens, peu nombreux et misérables. L'ordinaire du bord resta le même
les salaisons embarquées en Angleterre.
étaient pourris, ce qui
explique que COOK ait donné l'ordre de préparer pour le repas du
soir un poisson qui n'avait pas belle mine, mais qui semblait frais.
C'est son secrétaire qui en avait fait l'acquisition dans la matinée.
Les FORSTERS mirent COOK en garde, mais celui-ci déclara qu'il
avait mangé le même en Australie. On leur prépara donc le foie. Il fut
apprécié, mais vers trois heures du matin, COOK et les FORSTERS
furent pris "d'une faiblesse extraordinaire accompagnée d'un engour¬
dissement de tous les membres". Us furent sauvés par un vomitif
puissant que leur administra le médecin PATTEN mais ils furent
malades plusieurs jours. Ce poisson était un tétrodon, espèce parti¬
culièrement vénéneuse au su de tous les indigènes. Mais comme le
note COOK "personne ne dit rien tant au moment de la vente qu'a¬
près la vente". On se demande encore aujourd'hui si les indigènes
n'ont pas tenté de tester l'action de ce poisson sur ces hommes
blancs dans le but de savoir s'il s'agissait bien d'hommes comme
eux. Quoiqu'il en soit cette grave intoxication gêna beaucoup COOK
et les FORSTERS pendant les jours suivants passés à Balade.
FORSTER s'en plaint amèrement car la faune et la flore lui sem¬
blaient si diverses et particulières qu'il eût aimé en faire un cata¬
logue complet. Cela n'empêcha pas d'ailleurs le fils FORSTER de
faire un grand nombre d'excellents dessins que l'on peut admirer au
et
on
continua à manger
Même les poissons vendus par les indigènes
British Museum de Londres.
Le jeudi 8
septembre COOK,
encore
très faible, resta à bord. Il
reçut des présents de la part de TI BOUMA. Il lui envoya en échange
un couple de chiens, qui, dit COOK, "le transporta de joie". Ces
chiens sont sans doute, écrit COOK, les "Adam et Eve de leur es¬
pèce dans le pays".
Le vendredi 9 septembre COOK envoya le lieutenant PICKERSGILL et le Maître GILBERT, avec la chaloupe et le cotre, explorer la
côte Nord Ouest et l'île de Balabio. Lui-même resta à bord à se
soigner.
501
Société des
Études
Océaniennes
�Le
samedi
également, mais FORSTER avait bien récupéré et
s'en alla herboriser.
Le dimanche PICKERSGILL et GILBERT revinrent. Ils déclarè¬
rent avoir été très bien reçus par
les indigènes de Balabio. Mais ils
n'étaient pas d'accord sur le point de savoir s'il s'agissait de l'ex¬
trémité Nord de la Grande Terre ! Tous les deux cependant estimaient
qu'il n'y avait
pas
de
passage pour
le navire
par
cette voie, tant il
y
avait de hauts fonds et de récifs.
Le lundi 12 septembre COOK fit l'effort d'aller à terre
pour pren¬
dre congé de H BOUMA. Il alla jusqu'au hameau de Baiao, mais ne
put rencontrer TI BOUMA qui devait se trouver à Ouégoa. COOK
voulait lui donner un couple de cochons, car il pensait
qu'ils proli¬
féreraient rapidement et qu'ils augmenteraient le standing de vie de
ce peuple misérable. En l'absence de H
BOUMA, COOK décida d'en
faire don au Petit Chef de Baiao. Mais ce ne fut pas sans difficulté
car ces cochons causèrent une
frayeur extrême au Petit-Chef et à tous
les habitants. Il est vraisemblable que, comme les chiens,
ces co¬
chons sont les ancêtres de tous les cochons de la partie Nord de
l'île.
Dans
l'après-midi, COOK fit graver sur un arbre, près de l'aigual'Ouest, une inscription témoignant du passage de la Résolution
"afin d'attester qu'ils étaient les premiers découvreurs de ce
pays".
de de
Il est curieux de préciser que, dans son
manuscrit, COOK écrit "j'en
pris possession au nom de Sa Majesté" mais qu'il barra cette phrase
dans son livre imprimé.
Enfin, il ordonna que l'on hissât toutes les embarcations à bord
prêts à prendre la mer le lendemain matin".
afin d' "être
Au
cours de son bref
séjour, COOK fit une description sommaire
habitants, de leurs maisons coniques, de leurs cultures, de leurs
pirogues (les bateaux les plus lourdauds qu'il ait jamais vus) etc...
Tout cela est trop connu pour qu'on y insiste. Ce
qu'il faut souligner
c'est que COOK ainsi que tous ses compagnons ne tarissent
pas
d'éloges sur le caractère des gens de Balade. Ils insistent tous sur
des
leur affabilité et leur honnêteté. Ils insistent sur la chasteté des
femmes (mais FORSTER et SPARMANN précisent que cette chasteté
n'est sans doute que la crainte des représailles des hommes). Per¬
sonne ne
parle de leur cannibalisme, sauf le docteur PATTEN qui le
502
Société des
Études
Océaniennes
�Société des
Études
Océaniennes
�-
"Parures
et armes,
etc... de Nouvelle-Calédonie". Dessin de CHAP¬
de RECORD, d'après des esquisses de William HODGES.
Planche 20 du récit imprimé de COOK (23).
On remarque
1) une lance ; 2) la partie de la lance
sculptée
en forme de
visage humain ; 3) le chapeau cylindrique en fibres tressées
et teintes en noir, orné de
plumes et entouré de la corde de la fronde,
dont une boucle retombe à droite et Vautre extrémité en
forme de gland
retombe à gauche sur l'épaule du
porteur ; 4) Peigne et grattoir à che¬
MAN,
gravure
5) garcette ou doigtier pour projeter les lances. Une extrémité
se
termine par un gland et l'autre par une
boucle. Le lanceur enroule le
doigtier autour de la lance, introduit le doigt dans la bouche et lance
son arme à qui il
peut imprimer un mouvement de rotation
qui augmente
veux ;
sa
vitesse
;
6 et 7) Casse têtes de différentes formes
; 9) petite hache de pierre.
cultiver la terre
;
8) pioche
504
Société des
Études
Océaniennes
pour
�pressentit après avoir été tâté d'une façon non équivoque par un
groupe d'hommes. La question se pose donc toujours de savoir pour¬
quoi les gens de Balade se conduisirent si bien avec les gens de
COOK et si ma] avec tous les occupants des bateaux qui mouillèrent
à Balade jusqu'à l'intervention française en 1853.
difficultés avec eux
obligé d'user souvent de ses armes : ils se montrèrent hostiles,
voleurs, menteurs, violents, et étalèrent leur cannibalisme sans la
moindre retenue. La plupart des baleiniers et santaliers eurent maille
à partir avec eux. Le santalier CHEYNE en 1842 se tira de justesse
d'un coup monté pour piller sa goélette. Monseigneur DOUARRE et
ses missionnaires durent fuir, en 1847, non sans avoir perdu le frère
Biaise. Et en 1849 le cotre santalier Mary fut pris d'assaut et tout
l'équipage massacré. On se perd en conjecture sur la différence de
leur comportement vis-à-vis de COOK d'une part, et de tous ceux qui
le suivirent d'autre part. A mon avis, on n'a donné aucune explica¬
En 1793 DENTRECASTEAUX eut les pires
et fut
tion satisfaisante.
VERS LE GRAND RECIF NORD
lever du soleil, la Résolution appa¬
au jugement du Maître GIL¬
BERT, qui estimait qu'il n'était pas possible de contourner l'île en
deçà des récifs, COOK sortit du lagon par la passe de Balade et mit
le cap vers le Nord. Il pensait pouvoir arrondir la Grande Terre audelà de l'île Balabio. Il suivit dans ce but le grand récif qui commen¬
ce après la passe d'Amoss et qui porte aujourd'hui le nom de Grand
récif COOK et qui a cent milles de longueur. COOK l'ignorait, bien
sûr. Il dépassa Balabio puis aperçut au large, à l'Ouest, les îles
Bélep qu'il crut pendant un moment être l'extrémité de la Grande
Terre. Mais le récif continuait vers le Nord Ouest. Il vit une passe
Le matin 13
reilla
avec
un
septembre
au
fort vent d'Est. Se fiant
qui ne lui sembla pas sains et qu'il évita judicieusement : la fausse
grande passe. A la nuit tombante le capitaine s'éloigna légèrement et
passa la nuit à louvoyer.
Le 14 septembre au lever du soleil il se rapprocha du grand récif
pour constater qu'il continuait à courir jusqu'à perte de vue. La Ré¬
solution le suivit sur des milles et des milles sans trouver d'ouver¬
ture, sauf une petite passe barrée par un îlot sableux (l'îlot Ongomboua). Et bientôt il ne vit plus les Bélep ni aucune terre mais une
immense étendue marine parsemée de récifs et de hauts fonds. Vers
le soir il louvoya
à
nouveau au
large.
505
Société des
Études
Océaniennes
�Le 15 il se rapprocha pour constater à nouveau
que le Grand
Récif n'en finissait pas. Découragé, COOK
s'imagina que l'étendue
marine entre la Calédonie et l'Australie
qu'aucun navigateur à sa
-
connaissance n'avait jamais empruntée - était barrée par des récifs et
des hauts fonds et qu'il ne pouvait continuer à
naviguer en tournant
le dos à la Nouvelle-Zélande qui était son objectif. C'est
pourquoi il
décida soudain de virer de bord et de regagner la côte Est de la Calé¬
donie. Il joua de malchance car il n'était guère
qu'à une vingtaine de
milles de la Grande Passe, qui lui aurait
permis de contourner l'île et
d'explorer
sa côte Ouest. Il eût persisté s'il avait connu alors le
du capitaine français SURVILLE qui en 1769 était passé entre
la Calédonie et l'Australie. Il n'en eut connaissance
qu'au Cap par le
capitaine CRQZET, en 1775. Et il écrivit alors dans son manuscrit :
"le voyage du capitaine SURVILLE dissipe une erreur
que j'ai com¬
mise en m'imaginant que les hauts fonds situés à l'extrémité Ouest de
la Nouvelle-Calédonie s'étendaient vers l'Ouest aussi loin
que la
Nouvelle Hollande (l'Australie) ; il prouve que la mer est libre dans
voyage
cet espace et que nous vîmes l'extrémité Nord Ouest de
ce pays"
(la Nouvelle-Calédonie). Il revint donc sur ses
pas et gouverna vers
le Sud Est. Mais il se trouva encalminé peu après la passe
Ongom-
bua, et poussé par une forte houle vers le récif dont il n'était éloigné
de 3 milles. Il dut mettre la pinasse et le cotre à l'eau pour hâler
le bateau vers le large. Les hommes de l'équipage se succédèrent
pendant vingt quatre heures et le lendemain le navire se trouva hors
de danger. Mais l'alerte avait été chaude et COOK prit la
précaution
de longer dorénavant de loin le récif barrière. C'est alors
que com¬
mença sous des brises faibles, la longue et fastidieuse descente le
long de la côte Ouest du 16 au 20 septembre. C'est au cours de cette
lente navigation qu'est née la célèbre discussion entre COOK et les
naturalistes FORSTER, père et fils. Chacun a pu
remarquer sur la
côte (en particulier depuis la baie de KouaKoué) des "élévations en
forme de tour" qui "ressemblent aux mâts d'une flotte de vaisseaux
au mouillage" selon
l'image de COOK lui-même. Il s'agit, bien sûr,
de pins colonnaires. COOK, qui n'en a jamais
vus, a d'abord "sus¬
pendu son jugement". Puis il a très vite opté pour des arbres. Par
que
contre les
"philosophes", comme les nomme COOK en manière de
moquerie, soutiennent mordicus qu'il s'agit de colonnes de basalte
et ils s'entêtent, malgré les
dénégations polies, mais un peu sarcastiques de COOK et de ses officiers. La discussion va rebondir en
approchant du Sud où les pins colonnaires sont de plus en plus
nombreux (8).
506
Société des
Études
Océaniennes
�Faute de vent la Résolution "se traîne" le long de la côte Est.
Ce n'est que
le 23 septembre à l'aube que COOK croit en voir la fin,
au loin la pointe Sud de Goro, qu'il baptise Promontoi¬
re de la Reine Charlotte (nom de la Reine d'Angleterre, épouse de
George III). Il va dès lors manoeuvrer pour tenter de la doubler.
en
apercevant
Le 25 septembre le temps est toujours très beau et une faible
brise d'Est Sud Est souffle. COOK
se rapproche de terre très lente¬
louvoyant et avec beaucoup de précaution, car on aperçoit
des brisants le long de la côte. Au coucher du soleil il voit, au-delà
du Promontoire, une petite île basse entourée de hauts fonds : c'est
sans doute l'îlot Kié. C'est à ce moment que la vigie annonce, à
douze lieues à l'Est, l'apparition d'une nouvelle terre. C'est Kounié
ment
ou
en
l'île des Pins.
Mais toute l'attention du capitaine est
centrée
sur
le Promontoire
de la Reine Charlotte qu'il veut doubler. Il s'en éloigne pour la nuit.
L'ILE DES PINS
Le lendemain, 26
rapprocher de
distingue pas, à
fort sagement par
chaîne de récifs
surmontés de petites fies basses (Kié puis Améré). Il souligne que
ces îlots sont couverts de ces "élévations" dont il a parlé à plu¬
sieurs reprises et que chacun s'accorde à reconnaître pour des ar¬
bres, sauf "nos philosophes". D'où rebondissement de la discussion.
Notons au passage que les pins colonnaires de Kié et d'Améré sont
si hauts et si serrés qu'ils ressemblent réellement à une muraille de
colonnes basaltiques et que "nos philosophes" doivent marquer un
point. Quoiqu'il en soit COOK ne trouve pas de passage dans la bar¬
rière corallienne. Au coucher du soleil il est encalminé et du coup
septembre, COOK
essaye
de
se
très près du canal de la Havannah. Mais il ne le
cause des brisants, ce qui est classique (9). Il finit
renoncer à tenter le passage. Il longe alors une
(8) WAT,ES, l'astronome de l'expédition, note ironiquement que
M. FORSTER a vraiment une excellente longue vue qui fait hon¬
neur à son constructeur.
première fois
le HMS (Captain
(9) Ce passage très dangereux ne sera emprunté pour la
qu'en octobre 1850 par un grand navire anglais
Erskine) qui lui donna son nom.
:
507
Société des
Études
Océaniennes
�fort inquiet de
bien davantage
trouver si près des récifs pour la nuit. Il le serait
s'il savait qu'il se trouve très près de l'entrée de la
passe de la Sarcelle et de ses dangereux courants. COOK
respire
quand à 19 heures se lève une légère brise du Nord. Il en profite pour
gouverner au large afin de passer la nuit tranquille, loin des récifs.
se
Il remarque que ceux-ci semblent constituer une chaîne
vers "la terre dont la colline a été
aperçue hier et
ininterrompue
qui semble
indiquer qu'il est nécessaire de la contourner". C'est ainsi
Kounié s'impose cette fois à l'attention du capitaine
COOK.
nous
que
Le lendemain il est d'autant plus décidé à
répondre à cette invi¬
tation, qu'une brise du Sud-Ouest s'est levée et pousse vers l'Ile des
Pins.
Mais c'est ici que les difficultés vont commencer. Le
vent
tourne bientôt à l'Est Sud-Est et forçit très vite et très fort.
C'est le
classique "coup d'Est" que ceux qui ont navigué dans ces régions
pressentaient en lisant COOK. Le vent est maintenant "droit dans le
nez" et pour doubler l'île, il faut
louvoyer au plus près du vent
("beat to windward"). COOK va
engager une dure bataille qui durera
près de 36 heures. Il devra compter avec le ressac, avec le courant
qui porte à la terre et surtout avec ce malencontreux atoll deNokanhui
qui prolonge l'île dans le Sud-Est et oblige à de nombreux bords
sup¬
plémentaires. Pour s'élever au vent, COOK s'est beaucoup éloigné au
Nord-Est. A deux heures du matin du 27 septembre il vire de
bord
dans l'espoir de pouvoir doubler Kounié aux
premières heures du jour.
Son espoir est déçu : il se trouve vers les dix heures du
matin en
face de Koutomo. Il en admire au
passage les grands pins et il est
maintenant si certain que ce sont des arbres que c'est à ce
moment
qu'il décide de donner à l'île le nom qu'elle porte encore : Isle of
Pines, Ile des Pins. Mais il se trouve coincé dans le cul de sac
entre Koutomo et l'atoll Nokanhui. Il doit virer de bord
et reprendre la
dure bataille contre le vent, qui
forçit encore. Ce sont les bords les
plus difficiles, ainsi que tant de voiliers après COOK en feront l'ex¬
périence, COOK a le plus grand mal à gagner au vent et sa carte nous
montre des bords presque "carrés". La lutte durera
toute la journée
et toute 1 a nuit.
Et
ce
bord tiré
n'est qu'au matin du 28 septembre
qu'après un très grand
large (ce qui est le plus sage) la Résolution peut enfin
au
508
Société des
Études
Océaniennes
�23- Ce croquis anonyme
la carte
également
Museum à Londres.
ROBERTS. Le
de l'île des Pins (le premier en date) accompagne
anonyme
Add. M.S. 15500.14 conservée
au
British
Croquis et carte portent la facture du midship Henry
croquis est accompagné de la mention suivante : "The
(l'Ile des Pins,
à un mille). Il a
donc été dessiné le 27 septembre au moment où la Résolution s'est ap¬
prochée très près de la partie Est Nord Est de l'Ile des Pins, dans le
renfoncement'que forme la pointe de Oro et le demi-atoll Nocanhui, dont
of Pines the highest part bearing Wbs one mile"
la partie la plus haute étant située à l'Ouest quart Sud
Isle
on
aperçoit le récif à gauche.
24-
"Paysage de l'Ile des Pins" dessiné par William HODGES le 28 sep¬
tembre 1774, gravé par W. BYRNE et reproduit dans le récit imprimé de
COOK (23), planche 31. Ce paysage a été dessiné a la jumelle puisque
COOK n'a pas abordé l'Ile des Pins. Si l'on exclut le personnage, assez
ridicule, qui semble sortir d'une mythologie gréco-latine, le paysage est
assez véridique. On remarquera le pic Nga au fond et à droite l'îlot hé¬
rissé de pins colonnaires, caractéristique de l'Ile des Pins.
25
Croquis de l'Ile des Pins,
-
vue
du Sud,
par
le Maître GILBERT (inédit).
509
�26
àddIi'sa'lvlsnut,hOearcimounnfqéte.lid'gpcépqh¬oerumnatlRlesbsrcnèFORSTE.
dBAmootéaury emnviirloe l''éîtlooit lboeparladgte lesciogmnale
L'îlot
-
26
o
en
deurécnifal dedroite qui lution,
rieur
�dépasser les îlots Ana et Ami de l'atoll de Nokanhui et du même
coup "vaincre" l'île des Pins. COOK peut maintenant gouverner à
l'Ouest, aux allures portantes, et il se donne le plaisir de longer la
côte Sud de l'île à deux milles de distance : il voit ainsi défiler les
îlots Alcmène, Bayonnaise, Infernal, et en arrière plan "la colline"
(le pic Nga). COOK note que l'île est habitée (il voit sans doute de
la fumée s'élever de terre) et que le pic Nga constitue un amer remar¬
quable,
unique. Il
doute pas les innom¬
sommet et contem¬
pler avec stupeur l'énorme pirogue sans balancier qui, toutes voiles
dehors, "range" leurs récifs... COOK voit des passes entre les îlots
mais il ne songe pas un instant à aborder. Son intention est de gagner
au plus vite la côte Ouest,
en doublant son extrémité (l'île Ouen)
qu'il aperçoit au Nord-Ouest
parce que
ne
distingue
brables Kouniés qui doivent être groupés
sans
à
son
LES DIFFICULTES AU GRAND RECIF SUD
pas
en
La Résolution "fonce" dans cette direction. COOK ne se doute
dans quel guêpier il s'engage. C'est une sorte d'immense nasse forme de triangle isocèle - dont les bords sont formés d'une part
par la chaîne de récifs qui va de l'extrémité de la côte Est jusqu'à
l'île des Pins (que COOK vient de longer), d'autre part par le Grand
Récif Sud, et dont le fond, proche de la Grande Terre et de l'Ile
Ouen, est infesté d'îlots, de récifs et de hauts-fonds. COOK ignore
tout cela, bien sûr, et en particulier l'existence du Grand Récif Sud.
Le vent est maintenant très fort, plein Est, et le soleil
qui descend
l'Ouest gêne l'observation. C'est inquiétant. Par contre le vent
portant, on fait beaucoup de chemin, et pour l'instant la mer
semble claire de tout danger. Pas pour longtemps. Car vers quatorze
heures la vigie signale à 40° environ sur bâbord, deux petites îles
basses. Elles semblent reliées par des brisants et, détail plus grave,
ces brisants semblent aussi reliés à ceux
que COOK voit droit devant
vers
est
et à
ceux
qu'il
laissés
loin
tribord (la
est blanche, il y a
distinguer brisants et déferlantes). C'est
le fond de la nasse. Les commentateurs de COOK
et le plus éminent, Mr. BEAGLEHOLE lui-même
estiment qu'il est impossible
d'identifier ces îlots et de reconstituer ce qui est arrivé à COOK au
cours de l'après-midi et de la nuit du 29
septembre 1774. La carte
dressée par le capitaine ainsi que son récit, peuvent en effet laisser
incertain. Cependant si l'on considère la carte récente établie
par
a
des mascarets et
on
au
sur
mer
doit mal
-
-
M. GUILCHER dans le volume I de
et
l'expédition SINGER POLIGNAC
photographies aériennes du
prises pendant la dernière guerre par l'aviation amé-
surtout si l'on examine la
Grand Récif Sud
série de
511
Société des
Études
Océanienne
�ricaine (Service des Mines, Nouméa) le doute ne semble plus permis :
les deux îlots apparus sur bâbord sont très certainement l'îlot Ndo
(ou Baïonnette) et l'îlot To tea (qui sont tous les deux boisés). En les
apercevant COOK croit (ou espère) qu'ils forment l'extrémité du récif
parallèle à la côte Ouest II infléchit donc son cap et gouverne au
Sud-Ouest pour les doubler. Ce faisant il vient buter sur le Grand
Récif Sud, dont il aperçoit alors le prolongement vers le Sud-Est. Son
réflexe est logique : il fait serrer le vent au maximum et longe de
près la barrière corallienne dans l'espoir qu'elle va finir et qu'il
pourra la contourner. Il ignore bien sûr que récifs, bancs de sable et
hauts-fonds se prolongent sur près de vingt cinq milles et que leur
direction est de plus en plus Sud-Est. C'est-à-dire dans la direction
d'où vient le vent. Au bout d'une heure et demie de navigation dange¬
reuse "au près serré" au vent des récifs, COOK doit virer de bord
sous peine de s'écraser dessus. Il se dirige alors vers le Nord. Mais
il sait que le Nord est également parsemé de dangers. Il l'a constaté
en venant. Aussi vire-t-il à nouveau vers le Sud. En
vain, car il se
retrouve dans la même périlleuse position. Le capitaine constate alors "mélancoliquement" que sa situation est critique : le vent d'Est
est déchaîné (strong gale, écrit-il) ; nu fort courant porte sur la
chaîne de récifs où s'écroulent, à moins d'un mille, des rouleaux
mugissants. Des hauts-fonds et des brisants ajoutent à la confusion,
et le soleil couchant gêne de plus en plus la visibilité... COOK sait
qu'il est impossible de revenir sur ses pas et de remonter un tel vent.
Il songe un instant à mouiller. Il fait sonder et trouve à sa surprise,
des fonds de sable. Mais il y renonce de crainte de chasser sur ses
ancres et d'être drossé sur les récifs. Il
accepte donc courageuse¬
ment la situation et décide de passer la nuit à tirer des petits bords
dans cette région dont il a pu repérer de jour les principaux dangers.
Et la nuit tombe rapidement et sinistrement. Affreuse nuit où, chacun
fait son devoir, les dents serrées, les vigies dans les mâts, les guet¬
teurs sur l'avent, et toutes les bordées sur le pont ; car il faut parer
immédiatement à la manoeuvre, au risque de périr. Et cela dure une
dizaine d'heures pendant lesquelles la Résolution est irrésistiblement
poussée vers le fond de la nasse. Les officiers de COOK ont laissé
des relations impressionnantes. "Nous passâmes la nuit, écrit l'as¬
tronome WALES, au milieu de ces terribles récifs, croyant à chaque
minute que le navire allait être jeté sur l'un d'entre eux. Pour cou¬
ronner le tout, la nuit fut excessivement noire. Notre situation ne
pouvait être enviée par personne sinon peut-être par le criminel qui a
déjà la corde au cou". "... Nous nous trouvâmes dans la plus dange¬
reuse des situations, écrit le midship ELLIOTT. Nous avions à
peine
512
Société des
Études
Océaniennes
�?; ;
paré
aux
■
-
.
dangers signalés
sait à
nouveau
étions
comme
par
le hurlement
dans
un
:
-
les vigies dans les mâts
que
retentis¬
brisants droit devant ! En réalité
filet de brisants (ou de récifs)
sans
nous
autre pos¬
sibilité que de faire demi-tour, ce qui était impraticable à cause du
vent. Et celui-ci forçit encore avec le coucher du soleil ! Quelle que
fut la direction choisie, on ne pouvait naviguer plus d'une heure sans
entendre le rugissement des brisants ! Ce fut vraiment la plus anxieu¬
et la
plus périlleuse des nuits". Quant à COOK lui-même, il se
: "ainsi nous passâmes la nuit en proie à de ter¬
ribles appréhensions de tomber sur l'un des nombreux dangers qui
nous entouraient". Le récit est sobre et sans emphase, comme d'ha¬
bitude, mais l'expression "terribles appréhensions" est lourde de
sens quand on connaît le sang froid du capitaine. Il suffit de survoler
les lieux pour comprendre les affres qu'il a connues et les risques
qu'il a encourus. C'est miracle que la Résolution n'ait pas terminé
son voyage sur le Grand Récif Sud.
se
contentera d'écrire
MOUILLAGE A AMERE
Aussi aurait-on admis sans peine qu'à la faveur du jour, ce
29 septembre 1774, et le vent ayant molli, COOK eût cherché à se
tirer de
ce
mauvais pas et
à
gagner
l'Est,
par
petits bords
:
il
en
venait et il savait que la mer, au Sud de l'Ile des Pins, est claire de
dangers. Mais "telle est la passion scientifique" (Beaglehole), tel
est aussi le désir de confondre définitivement les FORSTER, que le
capitaine décide de gouverner au Nord, vers cette chaîne de récifs qui
relie l'Ile des Pins
au
gée à l'extérieur il
y a
Promontoire de la Reine Charlotte. H l'a lon¬
trois jours et il croit pouvoir trouver un abri
petites îles basses couvertes de pins colonnaires "J'étais alors presque las, écrit-il, d'une côte que je ne
pouvais explorer plus longtemps sans risquer de perdre mon bateau et
de ruiner toute l'expédition, mais j'étais déterminé à ne pas la quitter
avant de satisfaire ma curiosité sur la nature de ces arbres qyi avaient été le sujet de nos spéculations". C'est ainsi que, par bon
vent de travers et en évitant quelques dangers, il parvient à la hauteur
de l'îlot Améré : il découvre avec satisfaction que l'îlot n'est pas
relié à la chaîne des récifs et qu'il peut s'engager sous son vent. Et
bientôt, par un bon fond de sable, il mouille à un mille environ de la
petite île. (Ce mouillage porte depuis le nom de mouillage de COOK).
Il est huit heures du matin. Il y goûte la volupté du calme plat que
connaissent bien tous ceux qui ont relâché sous Améré par gros alizé.
Mais, sans désemparer, la baleinière est mise à l'eau et on gagne
l'îlot à force de rame : en fait de colonnes de basalte, on trouve des
sous
le vent d'une de
ces
.
513
Société des
Études
Océaniennes
�sortes de
grands sapins ! COOK
a
le triomphe modeste et
ne
dit rien
des réactions des FORSTER. Ceux-ci commencent aussitôt à herbori¬
ser. La moisson semble d'ailleurs abondante et variée si bien que
COOK baptise l'îlot "Botany island" (Ilot Botanique), nom qui lui est
longtemps resté. D'ailleurs cet îlot est ravissant et chacun ne pense
plus, après la terrible nuit, qu'à savourer son calme et sa beauté. Le
charpentier de marine abat quelques pins qui paraissent particulière¬
ment aptes à confectionner des espars dont le bateau a besoin. COOK
prend des relèvements et baptise Promontoire du Prince de Galles ce
qu'il croit être la pointe extrême de la côte Ouest et qui est en réa¬
lité l'île Ouen. On trouve des serpents annelés jaune et noir, des
pigeons et des tourterelles d'une espèce inconnue (sans doute le
Notou). On constate aussi, par des traces de feux récemment éteints,
que des hommes étaient là il y a peu de temps. Ils devaient pêcher la
tortue car on trouve des carapaces. Il y a également l'épave d'une
pirogue "semblable à celles de Balade" mais construite en pins
colonnaires. COOK s'étend alors longuement sur les pins colonnaires. Certains qui ont 50 cm de diamètre et près de 25 mètres de haut
pourraient fort bien faire un mât pour la Résolution, selon l'avis du
charpentier. COOK souligne l'étroitesse des branches de l'arbre.
"C'est ce qui a conduit nos philosophes à la croyance extravagante
qu'il s'agissait de colonnes de pierre" écrit-il. C'est la dernière
nasarde décochée aux FORSTER, avec circonstances atténuantes.
longuement - on sent qu'il a un peu mau¬
pourquoi il est déterminé à abandonner l'explora¬
tion de la côte Ouest de la Nouvelle-Calédonie : les risques à courir
sont trop grands (le souvenir du Grand Récif Sud reste cuisant) et cela
demanderait trop de temps ; et puis la saison est trop avancée : il
doit être dans les hautes latitudes pour l'été austral ; et puis la ba¬
leinière n'est pas en assez bon état ; et puis il a pu constater que la
côte Ouest est bien parallèle à la côte Est ; enfin (il le notera un
peu plus tard) il espère retrouver l'Adventure en Nouvelle-Zélande...
Son ton est presque justificatif : "après ces explications, conclut-il,
peu de personnes, je pense, me blâmeront"... En vérité l'Ile des
Pins et surtout le Grand Récif Sud ont réussi à fléchir l'obstination
légendaire du capitaine COOK.
COOK explique alors
vaise conscience
-
EN ROUTE VERS LA NOUVELLE-ZELANDE
Le lendemain matin 30 septembre, après une nuit magninque,
il
flux d'Est est apaisé et que souffle une gentille
brise du Nord-Est. Il en profite pour appareiller et gouverne vers le
Sud. Mais ses ennuis ne sont pas tout à fait finis. A midi, le vent lui
constate que
le
gros
514
Société des
Études
Océaniennes
�28
27
et
d'instructions secrètes qui lui avaient été données le
25 juin 1772 par l'Amirauté (voir BEAGLEHOLE, 19, page CLXVll)
28
COOK avait
27
-
Aux
termes
pour mission de distribuer parmi les populations des pays
visités, des médaillons, qui devaient témoigner de son passage. D'a¬
près une brochure publiée à Birmingham en 1926 (ASSAY Office, Bir¬
mingham, 1926), on sait que ces médaillons avaient été dessinés par un
nommé MATTHEW BOULTON, de la firme BOULTON et FOTHERGILL
et frappés avant le départ de la Résolution. Ils étaient en or, en argent,
en
cuivre, mais surtout en bronze.On a vu, par
les récits de COOK et de
compagnons que de nombreux médaillons furent distribués à Balade
1774. On n'en a retrouvé que deux qui sont en bronze, l'un en 1884
ses
en
disparu) et l'autre en 1950 sur les rives du Diahot, qui
famille de colons. Il est conforme au modèle que
conserve la Bibliothèque MITCHELL à Sydney et qui est reproduit cicontre. L'avers présente le portrait de George III, accompagné de la
à Koné
(qui
est aux
mains d'une
a
surprenante et
incroyable inscription
:
eeGeorge III, King of Gr. Britain,
Ireland, etc..." (George III, Roi de Grande Bretagne, de
France et d'Irlande, etc...). Le revers représente les deux vaisseaux de
l'expédition, la Résolution et I'Adventure, et, en exergue, la mention
"Sailed from England March MDCCLXXII" (partis d'Angleterre en mars
France and
M DCCLXXll).
On
se
perd
en
conjectures,
sur
les raisons qui ont poussé les
autorités anglaises à rappeler, à l'occasion
du second
voyage
de COOK,
prétendus droits de l'Angleterre sur le trône de France,
alors occupé par Louis XV. Et il est assez cocasse de constater que
les Anglais ont pris possession de la Nouvelle-Calédonie au nom de la
les anciens et
France.
On
voit
sous
le portrait de George III
les initiales F.B.
(BOULTON-FOTHERGILL).
Ces médaillons ont 44 mm.
de diamètre. Ils sont ici légèrement
agrandis.
515
Société des
Études
Océaniennes
�29
-
en France, dans le parc du Châ¬
Jeurre, près d'Etampes. Classé monument historique.
Monument élevé à la mémoire de Cook
teau de
516
Société des
Études
Océaniennes
�manque
et il
se
trouve encalminé à neuf milles d'Améré. La houle et
au "coup d'Est" poussent la Résolution vers le
le courant consécutif
grand delta parsemé de récifs que l'on voit à nouveau briser
partout. La journée est angoissante. Aussi est-ce avec soula¬
gement que l'on accueille la petite brise du Nord-Ouest qui se lève à
la nuit et qui permet de gouverner au Sud-Est. Et bientôt en pleine
nuit, à trois heures du matin, c'est la bourrasque d'Ouest (on la
sentait venir...). Le vent forçit très vite. Il est accompagné de
grains violents et de pluie. Aussi la Résolution, bien arrisée, gagne
très vite le Sud-Sud-Est A l'aube du 1er octobre 1774 le vent est si
fond du
un
peu
gale) et la mer si grosse (a great sea, écrit COOK) que le
voilier défile à toute vitesse à douze milles du Pic Nga. Pour la
fort (hard
au passage du "monstre
qui s'élance vers le large, abandonnant cette
COOK a baptisé New Caledonia... (10).
seconde fois les Kouniés assistent ébahis
couvert
de voiles"
Grande Terre que
(10) COOK n'explique pas le choix de ce nom fait d'un mot anglais et
d'un mot latin. Là Calédonie est le nom ancien de l'Ecosse et
c'est donc le
nom
de Nouvelle Ecosse que COOK voulut donner
à
pays. Mais il existait déjà une Nouvelle-Ecosse sur
antique du Canada. C' est pourquoi COOK eut recours à
l'ancien nom ; mais au lieu de l'appeler Nova Caledonia, qui
sonnait mal, il préféra l'adjectif anglais new à nova. On a dit que
la Calédonie lui rappela les collines de l'Ecosse, mais son bio¬
graphe, M. BEAGLEHOLE, assure que COOK, à sa connaissan¬
ce, n'avait jamais vu l'Ecosse. D'après M. BEAGLEHOLE,
COOK ne chercha qu'à utiliser le nom d'une région de la GrandeBretagne comme il venait de le faire pour les Nouvelles-Hébrides
et dans le voyage précédent, pour les Nouvelles Galles du Sud
ce nouveau
1 a côte atl
(New South Wales)
en
Australie.
517
Société des
Études
Océaniennes
�A titre de conclusion je signalerai
qu'il
y a
des monuments
com¬
mémorant le souvenir du capitaine COOK un peu partout à travers le
monda On les rencontre surtout en Grande Bretagne et dans les pays
anglo-saxons. Mais il y en a en terre française : à Tahiti et même
France, au château de Jeurre, près d'Etampes, non loin de Paris.
en
En Nouvelle-Calédonie il n'y a ni monument ni même une stèle
en l'honneur de COOK. C'est une lacune regrettable.
commémorative
Elle
va
être comblée par le Comité pour la commémoration du Bicen¬
tenaire de la découverte de la Nouvelle-Calédonie, qui s'est créé à
Nouméa et qui a inclu dans ses nombreux projets la pose d'une stèle
à la mémoire du génial navigateur anglais qui révéla cette
au monde occidental.
grande île
G. PISIER
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deuxième Lieutenant. Journal
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519
Société des
Études
Océaniennes
�.
'
;
.
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Bulletin de la Société des Études Océaniennes numéro 190-191
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Histoire - La découverte de la Nouvelle-Calédonie (Septembre 1774) par G. Pisier 477
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